:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je suis heureux de venir discuter avec vous du processus d'acquisition de la Défense. Vous conviendrez sûrement, comme vous avez rencontré nos militaires en Afghanistan, que l'approvisionnement est crucial pour que les Forces canadiennes disposent de ce dont ils ont besoin pour s'acquitter de leur importante mission.
Au cours des années, le comité de la défense de la Chambre des communes a fait de l'excellent travail pour les membres des Forces canadiennes. Il a pris le temps de bien examiner des enjeux importants, comme la qualité de vie de nos militaires, l'état de préparation opérationnelle des forces et, évidemment, la mission en Afghanistan. Je suis heureux de m'entretenir avec vous au début de votre examen du processus d'acquisition de la Défense.
[Français]
Je dois vous dire que c'est une étude qui, à mon avis, aidera les hommes et les femmes de nos forces armées. En effet, les membres des Forces canadiennes ont été trop longtemps aux prises avec des problèmes de sous-financement, de pénurie d'effectifs, et d'équipements désuets et vieillissants.
Je me sens privilégié que l'on m'ait donné la chance, il y a un peu plus d'un an, de m'attaquer à ces problèmes et d'apporter des changements. Je suis heureux de pouvoir contribuer à la modernisation et à la revitalisation des Forces canadiennes.
[Traduction]
Notre gouvernement achète l'équipement rapidement et de façon plus transparente. Nous offrons les bons outils à nos militaires, à un prix convenable pour les contribuables canadiens et dans l'intérêt des entreprises canadiennes.
Je m'explique. Je crois que vous allez tous admettre avec moi qu'il est grand temps d'investir dans les Forces canadiennes. En fait, il y a tellement d'équipement à acheter et à remplacer que mon ministère est soumis à d'énormes pressions pour raccourcir les délais de livraison et simplifier le processus d'acquisition.
Durant la campagne électorale, nous avons promis de rebâtir les Forces canadiennes et, depuis un an déjà, nous avons travaillé fort en ce sens pour respecter notre engagement.
[Français]
Comme les membres de ce comité, le premier ministre est conscient de l'importance des Forces canadiennes pour notre pays. Comme vous, il est déterminé à revitaliser nos forces armées après des années de négligence et à faire en sorte que le Canada demeure une force productive dans un monde agité et dangereux. Notre premier ministre envisage un rôle de premier plan pour nos forces armées. Il comprend que, pour réaliser la vision du gouvernement, qui est de doter le Canada de forces armées efficaces, il faudra que les Forces canadiennes soient bien équipées.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, notre gouvernement fait tout ce qu'il peut pour fournir à nos militaires en uniforme les outils nécessaires au succès de leur mission. Or, monsieur le président, un système d'acquisition efficace et fiable est crucial à ce sujet.
Voici franchement la situation dans laquelle se trouvent nos forces armées. Le ministère de la Défense nationale et les Forces canadiennes ont un parc immobilier qui vaut des milliards de dollars. Il comprend à la fois des camions et des avions de chasse, des navires de guerre, des casernes et des immeubles à bureaux. Les gouvernements précédents n'ont pas investi les fonds nécessaires pour maintenir ces biens immobiliers en bon état de fonctionnement et, depuis plus de 10 ans, le MDN et les Forces canadiennes investissent deux fois moins qu'ils ne le devraient dans leurs biens immobiliers, pour restructurer le capital.
Après des années d'un sous-investissement important, il y a énormément d'équipement à remplacer.
[Français]
Des aéronefs, des camions, des navires et d'autres équipements militaires importants qui auraient dû être remplacés il y a longtemps sont toujours en service. Une grande partie des équipements actuels des Forces canadiennes doivent être remplacés ou reconstruits.
[Traduction]
Le ministère de la Défense nationale a examiné avec soin le processus d'acquisition militaire. Il sait que l'échéancier pour la livraison du nouvel équipement laisse à désirer. En effet, il faut compter neuf ans entre le moment où un besoin est déterminé et l'octroi du contrat, puis six ans de plus pour faire fabriquer et livrer l'équipement. Les militaires attendent longtemps, trop longtemps l'équipement et les systèmes dont ils ont besoin. Souvent, quand ils les reçoivent, la nouvelle technologie les a déjà rendus désuets.
Monsieur le président, il est évident que c'est trop long. Il est prioritaire d'accélérer le processus d'acquisition et d'en améliorer l'efficacité.
[Français]
La rapidité est importante en matière de sécurité. En effet, les menaces sont changeantes et imprévisibles, et il faut être en mesure d'intervenir sans délai.
Nous ne pouvons nous permettre d'attendre 15 ans avant de fournir à nos militaires les outils dont ils ont besoin pour faire face à ces menaces. Nous sommes conscients que nous devons nous montrer ouverts et responsables, notamment sur le plan financier. C'est pourquoi nous avons entrepris de changer les choses.
[Traduction]
Il est certain que la réforme du système d'acquisition de la Défense est une tâche ambitieuse. Bien des facteurs sont en cause et certains échappent au contrôle du ministère. De plus, le système est tributaire de l'efficacité du processus d'acquisition lui-même, qui fait intervenir non seulement le MDN, mais aussi d'autres ministère fédéraux — qui ont leurs propres objectifs, échéanciers et procédés.
Il reste que nous réalisons des progrès. J'aimerais attirer l'attention du comité sur ce que le ministère de la Défense nationale fait pour améliorer le processus d'acquisition.
[Français]
Premièrement, mon ministère participe activement à l'initiative du Secrétariat du Conseil du Trésor sur la réforme de l'approvisionnement militaire.
[Traduction]
Nous cherchons à assurer la stabilité en matière de planification, en présentant un plan abordable et durable pour la Défense. Nous voulons définir, au-delà de nos besoins immédiats, les besoins futurs des Forces canadiennes en matière d'immobilisations et déterminer comment l'industrie canadienne pourrait le mieux y répondre.
Nous voulons également acheter plus de produits de série. Le système d'acquisition pourra réagir de façon plus responsable si on réduit le travail d'élaboration de prototypes et de personnalisation des produits. C'est ainsi qu'au lieu de soumettre des critères techniques détaillés et trop particuliers, nous avons établi nos besoins sur le plan du rendement stratégique, puis invité l'industrie à venir nous expliquer comment elle pouvait y répondre. Le ministère gagne énormément de temps s'il n'a pas à élaborer des critères techniques trop en détail.
Nous veillons à l'intérêt des entreprises canadiennes. Chaque dollar des contrats octroyés sera investi dans l'activité économique du pays par les entrepreneurs.
Enfin, et surtout, la transparence et la responsabilité restent pour nous une priorité dans nos efforts pour améliorer un processus sclérosé depuis longtemps. Nous devons, dans toutes nos décisions, gérer les fonds publics de façon responsable.
Par exemple, pour nos achats récents, nous avons publié nos besoins de niveau élevé et invité les entreprises à réagir; nous avons ensuite évalué chaque proposition de façon équitable dans l'intérêt des contribuables canadiens.
Notre gouvernement a pris des mesures pour revitaliser nos forces armées. Il y a à peu près sept mois, en juin dernier, nous avons annoncé notre intention d'acquérir des navires de soutien interarmées, des avions de transport stratégique et tactique, des hélicoptères de transport moyen à lourd et des camions. L'annonce faite vendredi dernier concernant la signature du contrat pour l'achat de C-17 est une mesure concrète pour fournir aux Forces canadiennes l'équipement dont elles ont besoin quand elles en ont besoin.
Cet été, à peine un an après l'annonce de nos intentions, le premier de ces avions atterrira à la base militaire de Trenton et les Forces canadiennes prendront livraison de ce premier appareil qui sera suivi de bien d'autres. Nos forces auront alors des moyens rapides, fiables et souples de déplacer les militaires avec leur équipement lourd rapidement sur de longues distances parce qu'il est essentiel qu'elles puissent répondre aux urgences nationales et internationales. Nous n'aurons plus besoin de compter uniquement sur des avions nolisés. Actuellement, ces avions de transport stratégique coûtent aux contribuables plus de 100 millions de dollars par année.
Nous aurons nos propres avions; ainsi, les Forces canadiennes auront les moyens de réagir à une crise, et nous ne serons plus à la merci des taux du marché qui alors décuplent.
[Français]
C'est le début d'une ère nouvelle pour les Forces canadiennes. Le gouvernement a entrepris de fournir aux Forces canadiennes les équipements dont elles ont besoin. Nous avons pris un engagement ferme en faveur des Forces canadiennes. Nous avons accéléré considérablement un processus qui était long et compliqué.
[Traduction]
Nous avons épargné des millions de dollars et assuré une bonne utilisation des fonds publics en achetant des avions de série qui ont fait leurs preuves au lieu d'opter pour une nouvelle technologie avec les risques et les retards qu'elle entraîne souvent.
Mais nous n'avons pas encore fini. Nous préparons l'achat d'autre matériel essentiel. Comme je l'ai indiqué, nous comptons remplacer notre flotte vieillissante de Hercules. C'est indispensable pour effectuer de façon efficace et fiable le ravitaillement de nos opérations à l'étranger, comme en Afghanistan.
Le MDN aurait dû commencer à remplacer ses avions Hercules il y a des années. La flotte de Hercules du Canada a accumulé plus d'heures de vol que celle de n'importe quel autre pays dans le monde. Certains de ces avions sont en service depuis le début des années 1960 et il est probable qu'ils soient immobilisés au sol d'ici 2010 en raison de leur usure. Il y en a déjà quatre qui sont interdits de vol.
Nous avons aussi besoin d'hélicoptères de transport moyen à lourd pour déplacer des militaires ainsi que de l'équipement lourd ou des fournitures dans des théâtres d'opérations dangereux. Il faut transporter nos soldats par la voie des airs en raison des mines et des embuscades qui les menacent dans ces endroits.
Nous remplaçons nos camions de transport moyen, qui sont utilisés depuis les années 1980 et ont dépassé leur durée de vie prévue. Ces camions sont l'élément essentiel de la logistique militaire et de la mobilité de nos forces autant dans les situations d'urgence ici au Canada que pour les opérations à l'étranger.
Nous comptons accroître les capacités de notre marine avec l'achat de navires de soutien interarmées. Ces nouveaux bâtiments vont remplacer les deux pétroliers ravitailleurs d'escadre de la Marine qui ont aujourd'hui plus de 35 ans et sont difficiles à entretenir.
Nous allons aussi remplacer de vieux navires par d'autres plus polyvalents. Ces navires vont constituer pour les Forces canadiennes une précieuse ressource de transport maritime stratégique. Leur capacité à fournir un soutien aux forces déployées à terre accroîtra notre efficacité opérationnelle.
Le temps presse pour atteindre ces objectifs essentiels. Si l'on n'agit pas tout de suite pour remplacer l'équipement, nos militaires auront de graves problèmes dans un proche avenir. Investir dans la défense, c'est investir dans notre avenir.
[Français]
Tous nos projets d'acquisition représentent un besoin urgent pour nos soldats, nos marins et nos aviateurs, hommes et femmes, ainsi que pour les Canadiens.
[Traduction]
Le facteur temps est important pour tous nos projets.
Monsieur le président, je tiens à souligner que toutes ces acquisitions ont été soumises à un processus équitable et transparent. Le MDN a donné aux éventuels fournisseurs l'occasion de manifester leur intérêt et leur aptitude à répondre aux exigences de rendement des forces.
Pour notre contrat d'achat de C-17, par exemple, le gouvernement a publiquement invité les entreprises à lui proposer des moyens d'atteindre le haut niveau de rendement exigé. Les propositions ont été évaluées de façon équitable. Je veux donner aux Canadiens l'assurance que le processus d'acquisition a été assujetti à une vérification militaire, civile et politique à toutes les étapes.
Dans les prochaines semaines, votre comité sera informé des rôles que chacun des ministères a joué et de la façon dont nous avons collaboré pour réaliser les projets d'acquisitions militaires dans des délais appropriés, de façon transparente et équitable. Vous apprendrez également comment le gouvernement a amélioré le processus d'acquisition et quels sont ses plans futurs à ce sujet. Ces améliorations permettront à mon ministère de gagner des années de planification et d'élaboration tout en réduisant les risques auxquels nos forces sont exposées et les coûts pour les Canadiens.
Les Forces canadiennes se sont débrouillées avec les moyens du bord pendant trop longtemps et l'acquisition de cet équipement a trop tardé. Je suis certain que votre comité va examiner de près les acquisitions. Je sais que les contribuables canadiens n'en attendraient pas moins vu les sommes d'argent visées et les répercussions bien concrètes de ces mesures pour nos militaires.
J'espère que votre comité, tout en tenant compte du passé, va reconnaître les nos défis actuels et futurs en vue de fournir aux Forces canadiennes les outils dont elles ont besoin.
Mesdames et messieurs, je suis convaincu que vous comprendrez alors pourquoi le gouvernement prend les mesures nécessaires pour revitaliser les Forces canadiennes.
[Français]
Je suis fier d'avoir la possibilité de faire ma part pour mieux protéger les intérêts canadiens et l'aide du Canada chez nous et à l'étranger.
[Traduction]
Je suis fier que notre gouvernement fasse passer les intérêts du Canada en premier comme il l'a promis.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Quand je regarde le général Hillier assis à côté du général O'Connor, je ne peux m'empêcher de me demander ce qui s'est passé en quelques mois pour qu'on ait finalement besoin des avions C-17.
Je me rappelle que je m'étais particulièrement intéressé à cela à plusieurs reprises. Évidemment, on peut parler contre le gouvernement précédent, mais nous avions un plan de 13 milliards de dollars. Nous avions travaillé avec l'ensemble des partenaires pour nous assurer d'avoir, comme tout le monde ici le souhaite, le meilleur équipement pour nos troupes.
Aujourd'hui, on vient nous dire qu'on est pressé d'avoir des avions C-17 et qu'on veut penser d'abord au Canada.
[Traduction]
Général Hillier, vous avez déclaré publiquement que nous n'en avions pas vraiment besoin et que vous envisagiez, au départ, seulement avoir accès à ces avions, ce qui veut aussi dire les louer.
Il a été question de l'équipe d'intervention en cas de catastrophe. Le problème à ce sujet, c'est que nous n'avions pas l'équipement à l'époque. C'est le processus décisionnel de nature politique qui a donné l'impression que nous retardions les choses.
[Français]
Que s'est-il passé, général Hillier, pour que la Défense nationale veuille maintenant des C-17? On sait très bien que l'OTAN a déjà acheté trois de ces avions, qu'on aurait pu faire partie de cette entente pour les obtenir et que vous aviez une entente probante qui vous aurait permis d'obtenir ce genre d'appareils en 48 heures.
[Traduction]
Maintenant, on veut donner la priorité au Canada. Cela veut dire que vous devez faire passer les intérêts du Canada en premier. Protéger les intérêts du Canada — et c'est ma définition de la souveraineté — veut aussi dire qu'il faut pouvoir entretenir l'équipement.
Dans le cas des C-17, en raison des règles sur la propriété intellectuelle, nous devrons investir beaucoup d'argent, à Trenton, pour assurer l'entretien de ces appareils.
Monsieur O'Connor, pourquoi avons-nous vraiment besoin de ces avions? Selon moi, on pourrait investir ces 3,4 milliards de dollars dans l'équipement de nos militaires, l'achat de camions... Je ne comprends pas votre point de vue. Pourriez-vous me l'expliquer?
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Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord souhaiter la bienvenue au ministre de la Défense nationale.
Monsieur le ministre, vous avez dit dans votre discours que c'était le début d'un temps nouveau pour les Forces canadiennes et vous avez évoqué l'urgence tout au long de votre discours.
Nous pensons qu'il s'agit peut-être du début d'un temps nouveau pour les contribuables québécois et canadiens, étant donné la façon dont vous travaillez à ces choses actuellement. Le Bloc québécois est extrêmement critique par rapport à ce qui se passe, et je m'explique.
D'abord, lorsqu'on achète du matériel militaire, il faut que ce soit fait sur la base d'une politique de la défense. On se demande alors quel type de matériel on veut avoir pour se conformer à cette politique. Cela s'appelle le Plan de capacités de défense ou, en anglais, le Defence Capabilities Plan.
Vous nous annoncez des achats de 21 milliards de dollars alors qu'on ne nous a pas encore présenté le Plan de capacités de défense. Et de quelle façon vous nous l'annoncez! C'est votre ministère, monsieur le ministre, qui établit le type de contrat. Pour Boeing, vous avez sélectionné le contrat par adjudication. Cela veut dire qu'on n'a laissé de chance à aucune autre compagnie. Quand je parle de Boeing, il ne s'agit pas seulement des C-17, mais aussi des hélicoptères Chinook. C'est un contrat qui est encore plus coûteux que celui des C-17.
Le contrat a été annoncé le 7 juillet, pendant le Farnborough International Air Show. Soit dit en passant, à cette date, tout le monde était en vacances. J'appelais les compagnies et je leur disais qu'on n'était pas au courant, qu'on n'avait pas entendu parler de cela. Voici ce que le contrat d'adjudication dit:
Le présent avis constitue un énoncé d'intention de la part de l'État de ne demander des propositions pour quatre avions de transport stratégique qu'à la société Boeing et de ne négocier qu'avec elle, parce qu'elle est la seule que nous connaissions qui puisse fournir des appareils répondant aux exigences techniques énumérées ci-dessus.
Les contrats d'adjudication sont le premier problème, car on n'a pas fait appel à un processus équitable, juste et ouvert. On fait son lit avec une compagnie et on lui dit qu'on veut des avions.
J'ai déjà raconté cette anecdote au Comité de la défense. Lorsque j'ai voulu acheter ma première voiture, mon père m'a dit qu'il m'accompagnerait. J'avais vu une Camaro rouge décapotable extraordinaire — Dieu m'en défende, monsieur le président, car aujourd'hui, je la choisirais certainement bleue —, et je l'aimais. À notre arrivée au garage, mon père m'a dit qu'il me laissait faire. J'ai dit au vendeur que je voulais cette auto, que c'était elle que je voulais et nulle autre. Mon père m'a dit alors qu'on s'en allait. Quand on est sortis, il m'a dit de le laisser faire maintenant et de regarder comment on s'y prenait. Nous sommes allés dans trois garages différents. Il a dit au vendeur qu'il aimerait peut-être avoir une voiture pour son fils et lui a demandé le prix qu'il demandait, tout en lui disant qu'on était allés voir ailleurs et que les prix étaient excellents.
Quand on dit qu'on veut transiger seulement avec Boeing, par la suite, on ne peut plus négocier quoi que ce soit avec cette compagnie. On perd notre levier de négociation.
Vous avez un autre moyen de choisir qui vous voulez: les exigences. En anglais, on dit requirements . Par exemple, lorsqu'on dit qu'on veut un cargo non pas de 19,5 tonnes mais de 39 tonnes, on écarte automatiquement tous ceux qu'on ne veut pas et on garde ceux qu'on veut. Ce sont des problèmes fondamentaux. Il y a aussi les délais de livraison. Vous exigez des délais de livraison et, ce faisant, vous écartez des gens.
Prenons le contrat de 15 ans dont vous parliez plus tôt. On a dû attendre 15 ans avant d'obtenir les hélicoptères maritimes Sikorsky. Les Sikorsky ne seront pas livrés à temps. Il y aura un retard de cinq semaines et demie et vous êtes censés appliquer une pénalité de 100 000 $ par jour de retard. Or, vous avez dit que vous ne le feriez pas. Quel message cela envoie-t-il à Boeing? Que vous avez écarté des gens à cause des délais de livraison, mais que vous n'appliquerez pas de pénalité en cas de retard.
Vous comprendrez, monsieur le ministre, qu'il y a un problème majeur. Le ministère a dit aux compagnies américaines qu'elles pouvaient faire tout ce qu'elles voulaient, que si elles voulaient appliquer les ITAR, elles pouvaient le faire. D'ailleurs, un stagiaire vénézuélien chez Bell Helicopter vient d'être congédié. Ce stagiaire n'a pas été congédié en raison de son incompétence, mais parce qu'il travaillait justement à des projets auxquels les Américains ne veulent que les gens en provenance des 20 pays figurant sur leur liste travaillent.
Vous avez donné aux compagnies tout ce qu'elles voulaient. Les ITAR en son un bon exemple. Vous leur avez dit qu'elles pouvaient construire les appareils où bon leur semblait. C'est grave, car 60 p. 100 de l'industrie aérospatiale se trouve au Québec et on devra se contenter de la moitié des retombées, peut-être de moins. Vous leur avez dit également qu'elles pouvaient livrer quand elles le voulaient, sauf dans le cas des Sikorsky.
Vous avez raison, monsieur le ministre. Si on veut que les contribuables en aient pour leur argent, il ne faut pas attendre 15 ans. Cependant, il y a une différence entre acheter immédiatement ce qu'il y a sur les tablettes et attendre 15 ans. Vous avez choisi de prendre le balancier d'un bord et de l'amener complètement de l'autre. Cela n'est pas dans l'intérêt des contribuables.
Vous comprendrez qu'on soit un peu offusqués, comme on l'a démontré vendredi passé.
J'aimerais que vous me disiez que je devrais commencer mon intervention de cette manière, que j'ai entièrement raison et que la prochaine fois, on ne fonctionnera pas de cette façon.
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En ce qui concerne l'aspect du contrat et des avantages, vous devrez vous adresser à ces ministres. Ce sont eux qui vous en donneront les détails.
Tout d'abord, de mon point de vue, ce n'est pas le ministère de la Défense qui détermine si c'est un processus compétitif ou non. C'est l'affaire de Travaux publics. Mais de notre point de vue, un PAC ou SIQ est un processus compétitif. Une fois les exigences définies, n'importe qui dans le monde peut se présenter avec le produit, et s'il peut prouver que ce produit répond aux exigences, il y a compétition.
Alors ce n'est qu'une affaire de tri; tout dépend des exigences. On émet les exigences. Si plusieurs compagnies peuvent y répondre, alors en fait, on fait une compétition. S'il se trouve qu'une seule compagnie répond aux exigences, le sort en est jeté.
Je ne définis pas les exigences; c'est l'armée qui les définit, et littéralement, je n'interviens pas sur ce plan. Je ne change pas le moindre chiffre, pas un seul point. Ce sont des exigences qui passent par un processus très rigoureux, à ce ministère et à d'autres, où des officiers de l'armée doivent justifier ce que sont les exigences, et leur raison d'être.
Une fois les exigences acceptées, elles sont transmises à Travaux publics, qui décide du processus. Quand une compagnie est choisie, c'est Industrie Canada qui entre en jeu, avec les avantages industriels.
L'autre chose que vous avez demandée, c'est si on avait songé, en quelque sorte, à faire plaisir aux États-Unis. Ce n'est pas le cas, peu nous importe, à l'armée et à moi-même, d'où viennent les produits, dans la mesure où ils répondent aux exigences et où ils sont le meilleur choix, ou au meilleur prix. Il se trouve en ce moment que l'aéronef que nous choisissons pour le transport stratégique est américain. L'aéronef tactique est américain, les hélicoptères sont américains. Mais qui sait avec quel camion — en fait, les camions, parce qu'il y en a deux projets, en cours — nous allons nous retrouver? Et qui construit le bâtiment naval? Nous ne savons pas encore. Il reste deux équipes. Ils ont commencé avec quatre équipes. Nous n'avons aucune idée de qui va l'emporter.
Selon nous, c'est un processus compétitif.