:
Merci, monsieur le président. Je suis heureux d'être ici ce matin.
Je suis accompagné de mon sous-ministre, David Marshall. Est également présent M. Terry Williston, qui s'occupe des acquisitions relatives aux forces armées à TPSGC.
[Français]
Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de votre invitation et je me réjouis de participer à votre étude sur l'approvisionnement en matière de défense.
Cette étude est compatible, monsieur le président, avec l'engagement qu'a pris le nouveau gouvernement du Canada en ce qui a trait à la responsabilité. Le ministère de la Défense nationale est l'un de nos clients les plus importants. Je suis fier d'affirmer que répondre aux besoins des femmes et des hommes des Forces armées canadiennes constitue la priorité absolue du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Permettez-moi de commencer mon allocution en énonçant sans équivoque que notre gouvernement s'est engagé à faire preuve d'équité et de transparence relativement au processus d'acquisition. Ces principes sont maintenant garantis par la Loi fédérale sur la responsabilité et sont appliqués à l'ensemble des acquisitions, militaires ou de tout autre ordre, effectuées au sein du ministère que je représente. L'application de ces principes ainsi que d'autres dispositions de la Loi fédérale sur la responsabilité, comme la nomination d'un nouvel ombudsman de l'approvisionnement indépendant et l'ajout obligatoire des dispositions liées à l'intégrité dans tous les contrats, constitue les fondements de nos efforts visant à mettre de l'ordre au sein des marchés publics.
Je suis certain que le comité est très bien informé du rôle que joue mon ministère à titre de principale division en matière d'approvisionnement pour le gouvernement. Par conséquent, je m'abstiendrai d'entrer dans les détails à ce sujet. Je me contenterai de préciser que nous fournissons des services relatifs aux contrats et à l'approvisionnement à plus de 100 ministères et organismes fédéraux. Le volume de nos transactions fait de TPSGC le premier responsable des achats au pays.
[Français]
Comme je l'ai déjà fait remarquer, le ministère de la Défense nationale est notre principal client. Chaque année, le montant des transactions que nous concluons avec celui-ci représente environ la moitié du chiffre d'affaires du ministère. Par exemple, au cours de l'exercice 2005-2006, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a géré quelque 24 000 nouveaux contrats et modifications de contrat du ministère de la Défense nationale, dont la valeur totale était de 7,6 milliards de dollars. Ces transactions étaient de nature très variée. Il pouvait s'agir de contrats extrêmement complexes liés à des systèmes d'armes sophistiquées ou de l'achat d'articles plus standards. Mentionnons également les contrats de services de tous types portant, notamment, sur l'exploitation et l'entretien d'installations en haute mer ou sur les services d'entretien élémentaires dans les bases des Forces armées canadiennes partout au pays.
La tâche du ministère de la Défense nationale revient à définir ses propres besoins en matériel militaire et en services, à proposer une stratégie d'achat, ainsi qu'à déterminer les caractéristiques techniques relatives aux soumissions et à l'évaluation de ces dernières. Ce ministère agit également en qualité d'autorité technique pour ce qui est des contrats. Il en gère les dépenses, approuve les marchandises et les services achetés, et autorise le paiement.
[Traduction]
Le rôle de mon ministère est également clairement défini, monsieur le président. En vertu de la Loi sur la production de défense, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada a le pouvoir exclusif d'acheter des produits militaires. C'est à nous qu'il revient d'élaborer la stratégie d'achat finale, de préparer les documents de demandes de soumissions, de superviser le processus d'appel d'offres — c'est-à-dire de procéder à l'évaluation organisationnelle et financière, ainsi qu'à la négociation du contrat —, de demander l'approbation du contrat et de le signer. Une fois cela fait, nous avons un rôle permanent lié à l'interprétation des contrats et à la négociation de toutes modifications qui s'avéreraient nécessaires.
Bref, alors que le MDN a le pouvoir décisif concernant ce dont il a besoin, la responsabilité de conclure des contrats incombe à Travaux publics.
[Français]
Comme le comité le sait peut-être, le Canada est l'un des rares pays où une telle séparation des rôles existe. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, l'armée s'occupe elle-même de ses achats.
Au Canada, cette séparation des rôles remonte à près de 70 ans. Nous sommes convaincus que cette séparation est fondamentale pour veiller à ce que le processus soit équitable et soit perçu comme étant équitable. En séparant les fonctions de détermination des besoins et de conclusion des contrats, la démarche canadienne permet à la société civile d'exercer son droit de regard tout au long du processus d'achat. C'est le fondement de notre façon de faire des affaires au Canada.
Il semble que le comité ait déjà été informé par d'autres sources de certains importants projets d'achat en cours qui visent le renouvellement du matériel militaire de nos Forces canadiennes. Plutôt que de revoir ces projets en particulier, je voudrais consacrer le reste de mon intervention d'aujourd'hui aux efforts actuellement déployés en vue de rationaliser le processus d'acquisition de matériel militaire.
[Traduction]
Il s'écoule en moyenne plus de 15 ans entre le moment où le MDN détermine une lacune opérationnelle et le moment de la clôture du contrat. Bien que la plus grande partie de ce temps serve à décider ce qui est nécessaire, par opposition à l'acquisition réelle du produit ou du service, il y a lieu d'apporter de sérieuses améliorations à toutes les étapes du processus.
Nous avons collaboré étroitement avec le ministère de la Défense nationale pour mettre en oeuvre un certain nombre d'initiatives visant à rationaliser le processus. Permettez-moi de vous en citer quelques-unes, à titre d'exemples: adopter un processus concurrentiel fondé sur le meilleur résultat de rendement et dans le cadre duquel on présente à l'industrie des critères obligatoires de rendement élevé et on l'invite à proposer des solutions; adopter le concept de point de comptabilité unique pour l'acquisition fondée sur le rendement dans le cadre de laquelle l'entrepreneur principal unique est non seulement responsable de l'acquisition du matériel, mais il doit aussi assurer le soutien technique à long terme concernant ce matériel; et finalement, recourir, dans la mesure du possible, à l'acquisition de matériel standard éprouvé, par opposition aux technologies qui sont encore au stade du développement et qui présentent des risques plus élevés.
Toutes ces initiatives visent à améliorer le processus d'approvisionnement existant. Elle ne le contournent pas. Notre rôle de surveillance et de remise en question demeure inchangé. Les principes fondamentaux d'équité et de transparence demeureront le fondement de nos pratiques d'approvisionnement en matière de matériel militaire.
Ces nombreuses améliorations ont permis de réduire l'échéancier des projets de grande envergure, de l'étape de la définition à la clôture du contrat. En effet, si les grands projets prenaient généralement plus de 15 ans à se réaliser par le passé, les grands projets d'acquisition de matériel en cours de réalisation ont, en revanche, nécessité moins de sept ans.
Nous avons prouvé qu'en situation d'urgence, il était possible d'acquérir du matériel rapidement et à des coûts concurrentiels. Par exemple, l'été dernier, nous avons acheté 50 nouveaux véhicules de patrouille blindés en un temps record et avons ainsi contribué à renforcer la sécurité des Forces canadiennes. Une équipe de projet intégré chevronnée a fait un appel d'offres ouvert et, à la suite du processus d'évaluation, a accordé le contrat de 60 millions de dollars en huit semaines. Les véhicules ont été livrés dans un délai 75 p. 100 plus court qu'il n'en aurait fallu normalement, et une économie de 7,2 millions de dollars a été réalisée sur une période de deux ans.
[Français]
Il est cependant possible d'en faire davantage en matière d'acquisition de matériel militaire, et c'est ce que nous devons faire. L'an dernier, le premier ministre a dirigé le travail d'un certain nombre de ministres ayant un rôle à jouer au chapitre de l'acquisition de matériel militaire, y compris moi-même, afin de trouver des façons de simplifier le processus.
Au niveau des fonctionnaires supérieurs, un comité directeur interministériel, formé de sous-ministres adjoints, présidé par le Secrétariat du Conseil du Trésor et regroupant les ministères concernés, travaille à améliorer l'établissement des besoins, l'attribution des contrats et les interactions du gouvernement avec l'industrie pour la prestation des biens et services.
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et le ministère de la Défense travaillent actuellement de concert pour élaborer et mettre en oeuvre une stratégie intégrée qui permettra de surmonter les difficultés en matière de recrutement, de maintien en service et de formation auxquelles font face les personnes chargées de la gestion de projets et des achats du gouvernement fédéral pour le secteur militaire.
Nous avons su prouver, par le passé, que nous avions la capacité d'agir vite en adoptant rapidement des mesures destinées à soutenir nos troupes en Afghanistan et à acquérir de nouveaux atouts importants pour les Forces canadiennes. Le plus difficile pour nous sera de veiller à ce que le processus d'acquisition de matériel militaire s'effectue plus rapidement sans que l'intégrité du processus ne soit mise enjeu ou qu'il n'y ait de trop grands risques à courir.
Je veux que le comité sache que je m'engage à élaborer une approche améliorée et plus efficace pour l'acquisition de ce matériel. Cette approche permettrait aux ministères ayant un grand rôle à jouer en matière d'approvisionnement de planifier et de coordonner leur travail de façon continue. Il faudrait, à cet égard, continuer à bien connaître le noyau de fournisseurs et les capacités de ces derniers, tout particulièrement au Canada, bien entendu. Il faudrait aussi que l'approche soit souple afin que l'on puisse apporter des rectifications en cours de route si les besoins, les connaissances et les méthodes d'approvisionnement changeaient.
[Traduction]
En conclusion, monsieur le président, l'essentiel reste de trouver des manières plus rapides et plus efficaces de fournir aux Forces canadiennes les outils dont elles ont besoin pour effectuer leur difficile et souvent dangereux travail sans gaspiller l'argent des contribuables.
J'encourage toute suggestion du comité à ce sujet, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue, monsieur le ministre. En ce qui concerne les deux représentants qui vous ont précédé, je voudrais d'abord mentionner que j'ai eu le privilège de travailler au même ministère qu'eux, et qu'une réputation de probité orientée vers les résultats les précède.
Monsieur le ministre, bien qu'on ait clairement constaté que votre rôle consiste à préparer les termes de référence, à acheter les équipements, et que celui de la Défense nationale consiste à bien définir les besoins, je voudrais lire une brève citation:
[Traduction]
On a très peu souvent l'occasion de dire du bien du gouvernement dans les journaux. Je m'empresse donc de féliciter Ottawa de s'être écarté de la boîte de pandore des rivalités régionales...
[Français]
C'est seulement pour revenir sur les échanges qui ont eu lieu.
Ce que je retiens ce matin — et c'est une première pour notre gouvernement —, c'est que maintenant, lorsque des achats militaires sont faits, c'est un dollar pour un dollar. Par conséquent, chaque fois qu'un dollar est investi dans les équipements militaires, il est injecté au pays. Je suis heureux que vous nous l'ayez rappelé.
Je voudrais aussi vous dire que je suis allé en Afghanistan et que je suis monté à bord des Nyala achetés cet été. Ce sont vraiment des véhicules sécuritaires, qui sont appréciés par le ministère de la Défense nationale.
Ma question est très simple. On vient d'adopter le projet de loi sur la responsabilité. J'aimerais savoir, dans un premier temps, s'il a des répercussions dans le processus général d'acquisition de Travaux publics Canada, mais aussi dans celui des approvisionnements pour la Défense nationale, qui concernent nos travaux?
:
Les impacts de la Loi fédérale sur la responsabilité sont d'ordre général et pourraient donc s'appliquer autant au ministère de la Défense nationale qu'au ministère de la Santé ou au ministère des Affaires étrangères.
En ce qui concerne les grandes lignes ou les changements importants qui touchent mon ministère et les fournisseurs, il y a deux éléments: la création d'un poste d'ombudsman de l'approvisionnement et l'élaboration d'un code de l'approvisionnement.
À l'heure actuelle, ce code est en ligne et disponible aux fins de commentaires jusqu'au 7 mars sur le système MERX. C'est un système d'acquisition en ligne, un peu comme un eBay pour l'État, afin d'acquérir les biens et les services. C'est un code qui régira les relations contractuelles et autres entre les fournisseurs et l'État. Il établira les bases en vertu desquelles nous ferons affaire ensemble, c'est-à-dire l'État et ses fournisseurs.
Quant à l'ombudsman de l'approvisionnement, c'est un poste qui a également été créé en vertu de la loi. Cette personne sera appelée à conseiller le ministre et à recevoir également des plaintes. Il ne s'agira pas de plaintes de personnes qui ont perdu un contrat, parce que la majorité d'entre elles doivent s'adresser à un tribunal, soit la Cour fédérale ou le Tribunal canadien du commerce extérieur, le CITT. L'ombudsman pourra aussi recevoir des plaintes de gens qui ont peut-être gagné un contrat, mais qui trouvent que la façon de traiter du ministère laisse à désirer, que les versements, les émoluments qui leur ont été promis ne sont pas versés. Comme je le disais plus tôt, il veillera également à conseiller le ministre quant aux améliorations à apporter au système d'approvisionnement en général.
Voilà, monsieur Blaney, les deux grandes modifications ou améliorations introduites par la Loi fédérale sur la responsabilité qui toucheront l'approvisionnement en général.
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Le sous-ministre adjoint pour le matériel est un ancien général. La personne qui s'en occupe concrètement est le chef d'état-major de la Défense, le général Hillier, ce qui est bien normal. Le ministre de la Défense est un général.
Lorsque vous préparez un énoncé de besoins opérationnels, vous le faites entre vous, sans surveillance civile.
J'estime qu'il faudrait faire intervenir quelques civils de plus dans cette procédure. En matière d'approvisionnement, votre rôle consiste à veiller à ce que les bonnes questions soient posées, mais nous remarquons depuis le début qu'en définitive, vous vous contentez d'acquiescer aux demandes. Il y a donc une ligne de tracée dans le sable et voilà, c'est tout, et vous leur donnez ce qu'ils veulent.
Du point de vue de la gouvernance, c'est une question importante. Ne pensez-vous pas que vous devriez intervenir dans la procédure, non pas dans la définition des besoins, mais en cours de procédure, de façon à pouvoir poser toutes les questions pertinentes?
C'est particulièrement vrai, apparemment, en ce qui concerne le C-17, quand on voit les besoins exposés, notamment au plan tactique; on a parlé des questions de livraison et d'homologation. Les gens du ministère ont dû changer d'avis en l'espace de quelques semaines quant à la capacité et à la charge utile de l'avion, ce qui montre qu'ils ont bien appris leur leçon; nous parlons ici de camions. L'exigence est passée de 43 000 à 86 000 livres.
Si vous aviez été là dès le début de la procédure, lorsque les premières questions ont été posées, vous auriez au moins pu voir ce qui se passait et c'est pour cela que le général Lucas a accepté de nous transmettre la correspondance échangée, car il semble que tout a changé en l'espace de deux semaines.
Ne pensez-vous pas que ce soit la meilleure façon — et vous avez vous-même parlé de transparence — d'avoir un véritable processus d'acquisition... auquel vous puissiez participer vous-même en tant que ministre des Travaux publics au niveau de l'énoncé des besoins, afin d'y apporter le point de vue critique d'un civil? Les militaires ont leurs besoins propres, ce qui est normal, mais votre rôle à vous est de veiller non seulement à ce qu'ils obtiennent l'équipement nécessaire, mais également qu'en définitive, on ménage l'argent du contribuable. Ne pensez-vous pas que vous devriez intervenir dans la procédure avant que tout ne soit réglé?
Je vous remercie de votre patience.
J'ai quelques questions à vous poser. Vous constatez certainement, par la teneur de questions émanant non seulement de l'opposition, mais également du côté ministériel, qu'il reste des questions sans réponses concernant le contrat des C-17.
Je pense que nous traduisons l'opinion des Canadiens en ce qui concerne les contrats apparemment adjugés à un fournisseur unique. Les citoyens en éprouvent un malaise et se demandent si l'argent de leurs impôts est employé de la façon la plus sage et la plus judicieuse, alors qu'ils constatent que la concurrence n'a pas joué, que l'ensemble des fournisseurs ne se sont pas efforcés de faire la meilleure proposition. Tout cela cause bien du souci, tant aux Canadiens qu'aux députés de l'opposition.
À plusieurs reprises, j'ai interrogé les témoins comparaissant devant le comité sur la clause de fin de contrat pour les C-17. J'ai interrogé certains de vos fonctionnaires lorsqu'ils ont comparu, et nous n'avons jamais véritablement obtenu de détails sur cette clause de fin de contrat. J'aimerais connaître les pénalités prévues dans cette clause.
Ma deuxième question concerne l'exemption pour cause de sécurité nationale. Je m'interroge toujours sur les raisons pour lesquelles on a invoqué cette clause dans le contrat des C-17. Le ministre de la Défense nationale a dit qu'il n'était pas intervenu dans cette procédure et j'aimerais savoir si c'est vous, monsieur le ministre, qui avez ordonné et approuvé cette exemption; j'aimerais également savoir pourquoi elle a été invoquée.
Il me semble que de par vos fonctions, vous êtes censé protéger l'intégrité du processus d'approvisionnement de la Défense nationale; j'aimerais donc que vous nous disiez pourquoi vous avez choisi la formule du fournisseur unique pour un tel montant de 17 milliards de dollars, et que vous justifiiez votre décision.