:
Nous allons donc poursuivre.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous entendrons aujourd'hui, du ministère de la Défense nationale, le vice-amiral Robertson, chef d'état-major de la Force maritime; le commodore Greenwood, directeur général, Gestion du programme d'équipement maritime; et de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, M. Terry Williston, directeur général, Systèmes terrestres, aérospatiaux, maritimes et grands projets. Nous accueillons également M. Edward Lam, directeur du projet du navire de soutien interarmées.
Je vais présenter dès maintenant les témoins que nous entendrons pendant la deuxième partie de la séance. Du ministère de la Défense nationale, le lieutenant-général Leslie, chef d'état-major de l'Armée de terre. Nous accueillons également le colonel Riffou, directeur, Besoins en ressources terrestres. Aussi, l'adjudant-chef Lacroix, adjudant-chef de la Force terrestre. De Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, nous accueillerons celui que j'ai nommé tout à l'heure, M. Terry Williston, directeur général, Systèmes terrestres, aérospatiaux, maritimes et grands projets.
Je vous souhaite la bienvenue, messieurs, et merci d'être venus.
Je pense que la coutume veut que les témoins s'expriment d'abord. Allez-vous parler tous les quatre? Vous devez me le dire à cause du minutage.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Mesdames et messieurs.
Merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Nous nous sommes assurément réjouis du rôle actif que les membres du comité jouent en entreprenant une étude de questions liées à la défense nationale et nous sommes impatients de discuter avec vous des acquisitions d'équipement maritime. Je suis ravi d'être accompagné par mes collègues de Travaux publics et par le commodore Greenwood, auquel on peut se référer comme à un ingénieur de la Marine.
[Français]
En tant que chef d'état-major de la Force maritime et commandant de la Marine canadienne, je suis chargé de fournir des forces maritimes au commandant opérationnel qui emploie la puissance maritime. C'est ce que nous appelons la mise sur pied de la force, qui consiste non seulement à fournir au commandant des forces maritimes équipées et formées pour s'acquitter de toute mission nécessaire, mais aussi à établir les politiques, les normes et la doctrine qui se traduiront par l'atteinte d'excellence tactique dans les opérations maritimes. Cela inclut la détermination des besoins liés aux capacités nouvelles ou de remplacement qui permettront le succès continu des opérations maritimes.
[Traduction]
Le rôle des besoins militaires dès l'amorce du processus d'acquisition a été expliqué par des témoins que vous avez entendus précédemment mais j'en discuterai volontiers avec vous au moment des questions. Je vais me borner à parler des éléments qui touchent la spécificité des acquisitions maritimes.
[Français]
Le caractère particulier des acquisitions navales est attribuable au coût des plateformes maritimes, qui sont des pièces d'équipement très complexes, ainsi qu'aux longues périodes liées à leur acquisition. La livraison de capacités nouvelles ou de remplacement prend plus temps que dans d'autres environnements, en raison de la nature même des travaux de conception et de construction des navires de guerre, les plateformes les plus complexes que nous possédions dans les Forces canadiennes.
[Traduction]
Chacun de nos navires de guerre est une entité autonome qu'on ne devrait pas assimiler à un avion de chasse ou à un blindé. En fait, comme certains d'entre vous ont pu l'observer directement lors de la visite de nos navires, chaque bâtiment de guerre est une plate-forme tactique qui s'apparente davantage aux composantes d'un groupement tactique de l'armée ou d'une escadrille d'avions de combat ou encore aux éléments que ces capacités déploient et maintiennent sur le théâtre — transport aérien tactique et stratégique, appui tactique, soutien logistique du combat, communications long courrier, renseignement, surveillance, protection de la force, etc., etc. — tout cela rassemblé en une plate-forme.
Pratiquement toutes ces capacités de combat sont rassemblées dans les navires de guerre, de la quille à la proue, et ce sont ces capacités organiques et hautement intégrées qui permettent aux bateaux d'opérer hors du pays pendant des mois, dotés de la souplesse nécessaire pour accomplir une gamme de missions diverses lors du déploiement, tout en s'intégrant de façon transparente dans des formations maritimes plus importantes au besoin.
Cette capacité concentrée représente un coût qui a tendance à estomaquer les décideurs, lesquels ont tendance à reporter la recapitulisation de la Force maritime.
Ce que l'on a tendance à ne pas mesurer est le fait que, malgré des coûts initiaux, la Marine est la force la meilleure marché. Quant on considère l'ensemble du programme des services de défense, qui englobe non seulement les coûts d'immobilisations pour les flottes de combat mais également les coûts de maintien, l'infrastructure nécessaire, la recherche et le développement et particulièrement les effectifs, etc., on constate que c'est le cas.
En outre, il faut prendre en compte la longévité des plates-formes navales et les dizaines d'années de fonctionnement efficace des bâtiments de guerre une fois l'investissement initial consenti. Après tout, les destroyers de classe Iroquois ont été conçus dans les années 60, construits dans les années 70 modifiés en rattrapage dans les années 90 et ils continuent d'opérer exceptionnellement bien, comme plates-formes de défense aérienne et bâtiments de commandement et de contrôle pour les Forces canadiennes, comme pour l'OTAN et les forces de coalition.
Bien sûr, je ne doute absolument pas que le remplacement éventuel des destroyers des classes Iroquois et Halifax coûtera très cher, mais d'après notre expérience, ces bâtiments de remplacement seront utiles de la fin de la prochaine décennie jusque dans les années 2050 ou 2060.
Néanmoins, les coûts initiaux de la construction ou de la modernisation d'une classe de bâtiments constituent le plus gros défi en matière d'acquisitions militaires pour ceux qui les planifient. D'où les difficultés de procéder au remplacement ou à la création de cette capacité. La livraison des dernières frégates de classe Halifax, en 1996, s'est faite après nombre de reports ou d'annulations de divers projets au niveau du ministère.
[Français]
Les décisions prises de repousser ou d'annuler des projets ont eu pour conséquences réelles d'accroître les risques stratégiques auxquels nous aurons à faire face vers le milieu de la prochaine décennie. En d'autres mots, nous aurons moins de navires à notre disposition pour répondre aux situations de contingence, alors que nous serons au début du processus de modernisation des navires de la classe Halifax.
[Traduction]
En outre, plus nous reporterons le moment d'acquérir de nouveaux bâtiments de combat de surface pour remplacer nos navires actuels, plus le temps à notre disposition sera court, et cela signifiera sans doute que nous raterons l'occasion de rompre le cycle d'une conjoncture en dents de scie qui caractérise les acquisitions navales depuis toujours.
Les témoins que vous avez déjà entendus ont affirmé que le remplacement d'une classe de bâtiments de guerre se faisait idéalement selon la méthode de la conception-construction, et cela pour diverses raisons.
Tout d'abord, les navires sont construits en nombre bien inférieur aux équipements des autres parcs, celui des véhicules ou des avions. Par conséquent, la construction navale demeure essentiellement un secteur où tout se fait sur commande, malgré l'intégration à l'échelle du monde des industries de défense maritime.
Deuxièmement, les besoins nationaux sont une considération majeure étant donné la nature hautement intégrée de la conception d'un bâtiment de guerre. Cette conception participe de la structure et de la philosophie même d'une marine nationale et cela va de la notion d'emploi, d'équipage, d'entraînement et d'instruction, à celle de l'entretien et des conditions d'enrôlement.
[Français]
Le projet du navire de soutien interarmées est un bon exemple de mise en oeuvre de l'approche conception-construction. Comme les témoins précédents de l'industrie de la défense l'ont souligné, le projet du navire de soutien interarmées a été plus ouvert durant les étapes de la prédéfinition et de la définition que d'autres activités d'acquisition importantes liées aux navires de guerre. Le bureau du projet est beaucoup plus petit qu'il ne l'était durant le projet de la classe Halifax et il a fait appel à des services de contrats d'appui à la conception technique dans une mesure beaucoup plus grande que par le passé. Le commandant Greenwood se fera un plaisir de traiter de façon plus approfondie de ces sujets.
[Traduction]
Mesdames et messieurs, sur ce, je me bornerai à souligner que notre capacité d'établir des plans raisonnables et abordables pour la durée de l'équipement des forces maritimes nous donne la latitude nécessaire pour prédire et ainsi optimiser la planification, le recrutement et l'utilisation de notre force à long terme.
Monsieur le président, merci de nous avoir donné l'occasion de faire ces remarques. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Vice-amiral, merci d'être ici aujourd'hui. Bienvenue à notre comité. J'ai plusieurs questions à vous poser, dont une peut-être plus conceptuelle.
On sait qu'avec les changements climatiques et la configuration du pays — on a la politique de notre géographie —, on a nécessairement besoin d'une politique encore plus musclée de l'Arctique.
En ce qui vous concerne, pensez-vous que vous devez miser beaucoup plus sur les besoins internes que sur les besoins internationaux? Vous êtes là de toute façon en soutien, on le sait, mais à la lumière des besoins de vos forces, ne pensez-vous pas qu'on devrait miser un petit peu plus sur la marine, afin de vous donner un peu plus de budget ou réorienter les budgets de l'ensemble des Forces canadiennes pour en donner un petit peu plus à la Marine, compte tenu, justement, que vous avez un rôle important à jouer sur les plans géopolitique et géographique?
:
Compte tenu du travail que nous accomplissons aujourd'hui, nous projetons pour un environnement sécuritaire à l'avenir. Depuis un an, nous avons des navires déployés au sein de l'alliance dans la Méditerranée et au large des côtes de l'Afrique. Un de nos navires vient de rentrer au port après une mission de sécurité maritime au sein des forces de coalition dans la région du golfe Persique. Après ces déploiements, après ces exercices, nous réfléchissons à ce que nous devrions faire différemment et aux nouvelles capacités dont nous aurons besoin à l'avenir.
Nous cernons ce que la plupart des gens considéreraient comme le très long terme, car la création d'une capacité navale se fait sur huit à dix ans. Nous essayons de prévoir ce qui se passera sans doute dans dix ou vingt ans. Pour l'équipement des bâtiments de guerre ou l'allure de ces nouveaux bâtiments, 2017, c'est demain. Ainsi, nous surveillons ce qui se passe dans le reste du monde.
Dans dix ans, nous pourrons compter sur toute une gamme de nouvelles technologies dont disposeront des pays côtiers, et cela exigera une adaptation en ce qui nous concerne. Je pourrais donner toutes sortes d'exemples, mais le plus éloquent serait l'attaque du Hezbollah contre une frégate israélienne l'été dernier. Cela témoigne de l'avancement de la capacité d'une organisation terroriste.
Dans dix ans, nous nous attendons à ce que les organisations terroristes ne se contentent pas d'un missile de vitesse Mach 1. Il sera courant de constater que les missiles de surface atteindront une vitesse de l'ordre de Mach 2 ou plus. Nous devons être capables d'intervenir dans la région du littoral et nous devons aussi pouvoir nous défendre contre ce genre de capacité.
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Revenons en arrière sur 30 ans. Les prévisions sur 20 ou 30 ans nous permettent de constater que les pourcentages appliqués d'une année à l'autre fluctuent énormément, mais ils sont constants sur une période de temps.
Je vais vous donner un exemple. L'investissement consenti dans la Marine au début des années 90 continue de porter ses fruits aujourd'hui car c'est à ce moment-là qu'on a acquis la frégate de classe Halifax, plus performante que la frégate de classe Iroquois. À ce moment-là, ces deux investissements majeurs accaparaient une grosse partie des fonds réservés aux immobilisations, et certaines personnes dans l'Armée ou dans la Force aérienne auraient pu se demander pourquoi la Marine recevait tout le budget des forces armées. À cet égard, on constate qu'il y a des cycles.
Au début des années 90, il fallait pallier la détérioration des bâtiments rouillés construits dans les années 50 et 60. Il fallait accomplir un grand changement rapidement. On a compris cela et on a réinvesti.
Nous n'en sommes pas là aujourd'hui dans la Force maritime mais dans les années à venir, il faudra réinvestir. Encore une fois, c'est une question d'équilibre. Pour l'heure, la Force aérienne a absolument besoin de réinvestissements mais dans quelques années, il y aura un gros réinvestissement dans la Marine.
Merci, amiral Robertson, commodore Greenwood, monsieur Williston et monsieur Lam d'être ici aujourd'hui.
J'aimerais vous poser trois questions très courtes.
Premièrement, j'ai entendu certains rapports dérangeants selon lesquels les sous-marins seront abandonnés afin de payer pour d'autres infrastructures. Est-ce vrai ou faux?
Deuxièmement, pouvez-vous nous dire quand commenceront les DP pour le remplacement des Iroquois?
Finalement, j'ai entendu dire que nos navires de soutien actuels seront retirés du service deux ans avant l'arrivée des nouveaux navires. Pouvez-vous me dire ce qu'il en est? Si c'est vrai, ne croyez-vous pas qu'il faudrait conserver nos navires de soutien actuels afin de s'assurer que la Marine dispose du soutien requis pour s'acquitter de son mieux de ses tâches?
Merci.
:
Merci, monsieur Cannis.
Monsieur le chef d'état-major, monsieur le commodore, représentants de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, bienvenue à vous ce matin.
J'apprécie la conversation. Un constat se dégage à savoir que, d'une part, vous devez être capables de planifier à long terme les besoins des forces maritimes. D'autre part, Mme Black faisait clairement ressortir que c'était également dans l'intérêt de l'industrie, puisqu'on a connu des décennies, comme la dernière, où les chantiers maritimes se sont retrouvés dans un état presque famélique.
À mon avis, ce devrait être une des recommandations de notre comité. Il y aura sûrement consensus parmi les membres du comité à l'effet que peu importe les gouvernements, il devrait y avoir une politique à long terme en ce qui touche l'industrie navale, afin d'établir l'équilibre entre les équipements dont vous avez besoin et la production.
Cela m'amène à la question que je poserai à M. Williston.
Vous avez mentionné que non seulement il y a les besoins de la marine, mais aussi les besoins des intervenants du secteur de l'industrie. Quand se tiendra la rencontre dont vous avez parlé, la rencontre de ceux qui ont besoin de faire construire des navires, la Garde côtière et ainsi de suite?
:
J'ai parlé de deux types de rencontres.
J'ai parlé d'une conférence annuelle portant sur les perspectives d'acquisition dans le domaine maritime. Lors de cette conférence, nous réunissons des représentants de la GRC, de la Garde côtière canadienne, du ministère des Pêches et des Océans et du MDN, qui présentent leurs besoins à long terme, une période de cinq à dix ans. Nous avons ainsi une idée des exigences totales du gouvernement. L'industrie peut par la suite nous dire si elle est en mesure d'y répondre et nous donner des idées au sujet de projets en particulier. Nous sommes heureux de recevoir ce type de commentaires.
Pour ce qui est du comité consultatif supérieur de projet, dont j'ai parlé plus tôt, cela se produit généralement lors du processus d'approbation d'un projet. Par exemple, pour le projet du MDN, ils ont décidé qu'ils souhaitaient aller de l'avant avec ce projet. Ils vont convoquer une réunion interministérielle dans le cadre de laquelle nous pourrons examiner les intentions ou les objectifs du projet et certains détails liés à ces besoins de rendement de haut niveau. Nous pouvons discuter, de façon collective, de la stratégie d'acquisition adéquate qui garantira la plus grande concurrence possible et les autres aspects socio-économiques entourant tous les projets entrepris par tous les ministères.
Ce sont deux types de rencontres distincts.
:
Mesdames et messieurs, nous allons reprendre.
J'ai présenté tous nos invités à l'ouverture de la séance plus tôt, mais nous en sommes à notre deuxième séance et je vais prendre un instant pour présenter à nouveau nos invités.
Nous avons, du ministère de la Défense nationale, le général Leslie, chef d'état-major de l'Armée de terre, et l'adjudant-chef Lacroix, de la force terrestre. De Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, nous recevons Terry Williston, ainsi que Johanne Provencher, directrice principale, Direction des grands projets.
Bienvenus à tous.
Chacun d'entre vous s'exprimera-t-il, ou y aura-t-il seulement un exposé? Très bien, un exposé.
Général Leslie, dix minutes. Vous avez la parole, monsieur, puis nous poursuivrons avec les questions.
:
Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs, bonjour. C'est un plaisir d'être de nouveau parmi vous, en particulier pour cette importante audience sur les achats d'équipement.
Avant de débuter, j'aimerais vous présenter les personnes qui m'accompagnent. Nous avons M. Terry Williston et Mme Johanne Provencher de Travaux publics et Services gouvernementaux, François Riffou, le directeur en besoins des ressources terrestres, et l'adjudant-chef Lacroix, le sergent major régimentaire de l'armée.
Les besoins de l'Armée de terre changent constamment, à cause des nouvelles menaces et du contexte dans lequel nos soldats évoluent. Une grande partie de nos équipements actuels ont été achetés juste après la fin de la guerre froide, c'est-à-dire dans les années 1990. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des menaces asymétriques et à un ennemi qui utilise des armes et des tactiques d'un genre nouveau. Mais d'autres choses ont changé également: à l'époque où nos efforts étaient concentrées sur l'Europe centrale, et ensuite durant notre mission en Bosnie, nous n'avions pas à mener des opérations dans le désert.
Les besoins de l'Armée de terre sont déterminés par deux facteurs principaux. Le premier facteur est le processus d'étude et de développement des méthodes de combat. Ce processus est à l'origine des pensées qui se trouvent dans l'ébauche du document intitulé « Opérations terrestres 2020-2021 », qui est notre plan d'emploi des forces pour les années à venir. Il couvre les 15 prochaines années et il nous indique la sorte d'armée de terre et les méthodes de combat dont nous aurons besoin dans deux à trois décennies. C'est un document théorique qui a été élaboré par certains des penseurs les plus visionnaires de l'Armée de terre: des officiers qui étudient l'évolution du combat terrestre, les progrès technologiques probables et d'autres questions de cette nature. Nous sommes en train de finaliser ce document, et il devrait être disponible dans les prochaines semaines, monsieur le président.
Sur un plan plus pratique — et c'est le deuxième facteur —, les besoins de l'Armée de terre sont déterminés par la politique du gouvernement et le financement qu'il nous accorde. À l'heure actuelle, monsieur le président, la principale préoccupation de la direction des besoins en ressources terrestres, ce sont les besoins opérationnels imprévus de nos troupes en Afghanistan.
L'aspect positif, monsieur le président, c'est que le système a très bien répondu à nos besoins dans ce théâtre d'opérations, qu'il s'agisse des obusiers, des aéronefs sans pilote ou des véhicules RG31, le système a clairement démontré qu'il peut être flexible et répondre aux besoins de nos soldats sur le terrain. Ce qui est nouveau, c'est l'aptitude du système à répondre plus rapidement aux besoins qui nécessitent des dépenses importantes, et à nous fournir des équipements que nous rapporterons au Canada et que nous conserverons pendant des années dans l'Armée de terre, comme les obusiers M777, par exemple.
En temps normal, ce n'est pas de cette façon que nous procédons pour les achats d'équipement: nous préférons prendre plus de temps et bien réfléchir à ce qui nous sera le plus utile à long terme dans les différents théâtres d'opérations. Mais le fait que le système a été en mesure de répondre à nos besoins les plus pressants en Afghanistan est une très bonne chose. Au nom de nos soldats, nous en sommes reconnaissants.
Monsieur le président, la durée et l'intensité de notre engagement en Afghanistan auront sans aucun doute un impact significatif sur certains de nos principaux équipements. En effet, nous utilisons ces équipements à un rythme plus rapide que ce qui était prévu initialement. Nous les mettons à rude épreuve, nous les usons prématurément. Par exemple, le directeur des besoins en ressources terrestres a commandé une étude qui sera terminée en juillet et qui nous indiquera l'état réel de notre flotte de véhicules blindés légers. Nos VBL étaient censés parcourir 4 000 kilomètres par année, et pas nécessairement dans le désert. À l'heure actuelle, nos véhicules blindés roulent, par exemple, 14 heures par jour et aussi durant la nuit. Ils sont surchargés par les blindages additionnels, les munitions et les autres articles que les soldats apportent avec eux lorsqu'ils font la guerre. Nous les faisons rouler dans le désert pendant une bonne partie de l'année. Par conséquent, nous serons peut-être obligés de programmer des travaux de prolongation de leur durée de vie ou de les remplacer plus tôt que prévu.
Monsieur le président, votre comité a reçu le breffage de M. Dan Ross. Il vous a parlé d'une nouvelle façon de faire les choses. Il s'agit d'exprimer les besoins en fonction du rendement requis. L'Armée de terre a approuvé en principe cette nouvelle approche qui consiste à indiquer ce qu'on attend d'une pièce d'équipement donnée. Nous attendons avec impatience et enthousiasme des conseils et des directives qui nous aideront à modifier notre culture et nos méthodes de travail, qui sont actuellement beaucoup plus prescriptives.
Monsieur le président, je voudrais faire le point sur deux projets plus immédiats. En ce qui concerne le projet d'acquisition de véhicules logistiques blindés lourds, l'adjudication du contrat devrait avoir lieu à la fin de mars. Quant au projet d'acquisition des camions moyens, il se déroule comme prévu. Le contrat devrait être étudié avant Noël. Les entreprises du secteur privé on manifesté beaucoup d'intérêt pour ces deux projets.
Monsieur le président, l'armée canadienne évolue dans un monde très différent de celui qu'elle a connu dans le passé. Dans le monde d'aujourd'hui, les menaces sont asymétriques, nos ennemis font preuve d'une grande capacité d'adaptation, la technologie évolue très rapidement et la concurrence traditionnelle entre les armes offensives et les armes défensives s'intensifie.
En tant que commandant de l'Armée de terre, je veux simplement obtenir les meilleurs équipements possibles pour nos militaires, le plus rapidement et le plus efficacement possible. Tout ce que votre comité fera pour simplifier le système et nous aider à atteindre cet objectif sera grandement apprécié par les soldats canadiens.
[Traduction]
Pour terminer, monsieur, le processus est très bien entamé. Lorsque je me suis rendu à Kaboul pour la première fois avec 2 500 de nos soldats, on nous a fourni sans délai des véhicules aériens sans pilote, des lunettes de vision nocturne, de nouveaux radars et des kits de protection additionnels pour certains de nos véhicules. Tout un groupe de personnes de partout en ville — le Conseil du Trésor, TPSGC, Affaires étrangères, BCP, SMA(Mat), et les organisations au sein du quartier général de la Défense nationale — ont fait un excellent travail, et ce processus accélère maintenant, et les soldats de l'Armée de terre en sont extraordinairement reconnaissants.
Honnêtement, monsieur, les membres du comité et vous-même devriez être fiers de tout le travail que vous avez fait en équipe afin d'accélérer le processus d'acquisition en vue de mieux protéger nos soldats.
[Français]
Messieurs, je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Général Leslie, il est de mise, avant de commencer, de vous dire à quel point nous sommes fiers de nos hommes et de nos femmes qui se battent présentement en Afghanistan et aussi de ceux qui participent à d'autres missions dans le monde. Vous pouvez être fier, car vous représentez toute cette fierté et cet honneur. Nous sommes également extrêmement privilégiés de vous recevoir. De plus, nous vous souhaitons un prompt rétablissement. Nous espérons que vous serez sur pied le plus rapidement possible.
Il est de mise aujourd'hui, non seulement au nom de l'opposition officielle mais au nom de l'ensemble des députés, de dire à quel point, par votre présence, on exprime notre fierté envers nos hommes et nos femmes qui se dévouent pour la patrie, pour la démocratie et pour le bien-être dans le monde.
Cela étant dit, je suis heureux de voir que finalement, à la fin-mars, il y aura enfin ce processus de sélection. Comme vous l'avez dit à plusieurs reprises, s'il y a une force qui a des besoins criants, c'est bien la force de terre. Nous devons remplacer 1 500 véhicules militaires, 800 camions commerciaux et 300 trailers. C'est essentiel, c'est important. Il en va de la vie même de nos troupes. On a besoin de ces véhicules, on a besoin de fonctionner.
Vous êtes d'accord avec moi, général, pour dire qu'au bout du compte, celui qui approuve les critères...
[Traduction]
C'est le ministre qui est d'accord avec les exigences. Êtes-vous d'accord?
:
Merci, monsieur le président.
D'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue à toute l'équipe et dire au général Leslie que j'ai été très impressionné par la qualité de son français. Sa présentation était à 90 p. 100 en français. Je sais aussi qu'il est un grand tacticien. Alors, il a peut-être essayé de me désamorcer en faisant cette présentation. Je sais aussi qu'il est capable de résister à ce que j'appelle les IPED c'est-à-dire improvised political explosive devices.
Des voix: Ah, ah!
M. Claude Bachand: Général Leslie, comment vous sentez-vous — je ne parle pas de votre jambe — comme général en chef de l'armée? De l'ensemble des 20 milliards de dollars annoncés par le gouvernement pour des projets, seulement un milliard de dollars sont consacrés à l'armée.
N'avez-vous pas l'impression qu'il faudrait que vous changiez votre approche auprès du ministère? En fait, le milliard de dollars, c'est pour les fameux camions. Tout à l'heure, lorsque M. Robertson était ici, je lui ai parlé de ses 3 milliards de dollars, c'est-à-dire 15 p. 100 de la somme totale, ce qui signifie qu'il en reste à peu près 80 p. 100 pour l'aviation.
Ce qui m'inquiète encore plus, c'est qu'il y a tellement d'argent d'investi dans l'aviation — c'est le but de ma question — que je me demande si vous n'avez pas actuellement des projets sous votre responsabilité qui en font les frais. Je vais être très spécifique: je fais référence au ADATS, le Air Defence Anti-Tank System, et au MMEV, le Multi-Mission Effects Vehicle.
Pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, le ADATS, c'est un peu pour contrôler l'espace aérien et faire en sorte que lorsque les soldats évoluent dans un théâtre d'opération, s'il arrive un missile ou un avion, ils soient capables de gérer l'espace aérien.
En ce qui a trait au MMEV, il sert au contrôle et au commandement en théâtre d'opération. Dans le cas du MMEV, le contrat a été annulé, et en ce qui a trait au ADATS, le programme va se poursuivre probablement jusqu'aux Olympiques de 2010. Ensuite, il sera interrompu.
Ne vous sentez-vous pas la victime de l'immense afflux d'investissements du côté de l'aviation et, finalement, l'enfant pauvre d'Ottawa, à la suite de ces décisions?
:
Premièrement, merci pour vos commentaires.
Lorsque je suis allé à Saint-Jean, durant la crise du verglas, j'avais un bon instructeur dans la langue de Molière, en l'occurrence vous. Alors, c'est à vous que je dois mon aptitude à parler français.
[Traduction]
Monsieur, vous avez posé une question complexe. Comme je me remets d'une chirurgie au genou et que je suis peut-être un peu sous l'effet des médicaments qui m'ont été prescrits, je vais essayer de vous répondre en anglais. Je m'en excuse. Normalement je vous répondrais en français.
Je ne me sens certainement pas comme l'enfant pauvre des trois armées. Comme vous le savez, au cours des 15 à 20 dernières années, une longue réflexion et la préparation de scénarios ont amené la plupart des hauts gradés à comprendre que les Forces canadiennes doivent être une équipe. Je ne peux pas faire mon travail en tant que soldat à moins de pouvoir me rendre sur les lieux d'une crise, qu'elle soit au Canada ou à l'étranger.
Lorsque l'armée arrive quelque part — et comme vous le savez, nous avons tendance à arriver en très grand nombre avec des milliers de pièces d'équipement — ce sont la Force aérienne et la Marine qui nous transportent sur des distances stratégiques et même opérationnelles.
Alors, lorsque l'on sait que notre premier devoir envers le Canada est de pouvoir transporter de jeunes soldats extraordinaires pour qu'ils interviennent dans des crises au Canada ou
[Français]
durant la crise du verglas ou des événements semblables,
[Traduction]
lors d'inondations comme à Winnipeg, il faut pouvoir s'y rendre. Et plus souvent qu'autrement, au Canada, c'est la Force aérienne qui nous transporte. Alors l'idée de consacrer beaucoup de ressources pour rééquiper nos flottes opérationnelles et stratégiques pour qu'elles puissent transporter les soldats me plaît, comme elle plaît à un grand nombre d'autres soldats.
C'est vrai aussi pour la Marine. Le projet de navire de soutien interarmées, dont l'un des objectifs est de pouvoir transporter une compagnie de soldats, me semble être une très bonne idée. Alors, à titre de commandant de l'Armée de terre, je ne sens pas que la Force aérienne et la Marine sont privilégiées à notre détriment dans le cadre des grands projets de l'État.
En ce qui concerne votre réaction et celles d'autres Canadiens, je pense, comme je l'ai déjà mentionné, que l'équipe ici à Ottawa a mis une énergie et une attention exceptionnelles pour faire en sorte que nos soldats soient aussi bien protégés que possible — et cela coûte cher.
Dans le passé, il aurait fallu des années pour faire le travail de conception et obtenir l'approbation pour renforcer nos véhicules blindés — pour acheter les lunettes de vision nocturne, le RG-31, l'obusier Tripe 7, de nouvelles bottes pour les soldats et les nouvelles vestes antifragmentation pour les protéger des blessures. Je suppose que lorsqu'on additionne les coûts de toutes ces initiatives, le total n'est pas aussi élevé que le coût des grands projets de l'État consacrés à l'équipement de la Force aérienne et de la Marine, mais je suis très satisfait de notre situation actuelle.
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenu au comité.
Je pense que vous savez que plusieurs d'entre nous sont allés à Kandahar le mois dernier et je voulais tout d'abord vous dire à quel point nous avons tous été impressionnés par le professionnalisme des hommes et des femmes bien formés des Forces canadiennes que nous avons rencontrés. Nous avons tous grandement apprécié la chance que nous avons eue de pouvoir y aller et voir de nos propres yeux ce qui se passe sur le terrain d'aviation et même de faire un tour en Nyala un peu à l'extérieur de la clôture. Je tenais à vous dire que tous les membres du comité étaient du même avis.
Dans les médias, on a beaucoup parlé de la possibilité d'acheter d'autres chars Leopard de l'Allemagne. Je me demande si c'est vrai? Est-ce une possibilité?
En outre, a-t-il fallu acheter d'autres pièces d'équipement pour préparer les chars Leopard qui se trouvent maintenant en Afghanistan et pour les transporter jusque là-bas?
Ma troisième question concerne le système de refroidissement dont ont également fait état les médias. Ce sera bientôt le printemps en Afghanistan et il fera très chaud. Que faites-vous au sujet du système de refroidissement et de la possibilité d'installer des climatiseurs?
J'ai une image horrible de gens qui se font rôtir à l'intérieur de ces équipements et j'aimerais que vous me disiez où est rendu ce dossier, s'il vous plaît.
:
Absolument, madame, merci.
La menace à laquelle nous faisons face à l'heure actuelle en Afghanistan n'est pas nécessairement typique, mais peu importe où dans le monde nous serons peut-être appelés à aller plus tard, il est logique de supposer que nous ferons face à une menace assez semblable de la part des fondamentalistes ou des terroristes qui utiliseront des dispositifs explosifs de circonstance pour blesser nos soldats ou les personnes que ceux-ci sont chargés de protéger.
À défaut d'une percée technologique d'une sophistication, d'une précision et d'une létalité suffisante qui peut être installée sur des véhicules relativement légers pour arrêter un kamikaze au moyen de cinq ou six tirs d'obus d'artillerie dans l'arrière de son camion léger Toyota avec lequel il heurte le véhicule militaire ou qui peut arrêter un projectile, comme une grenade propulsée par fusée, nous avons dû nous contenter de renforcer le blindage de nos véhicules, comme l'ont fait la plupart des autres armées.
Nous avons donc ajouté des milliers de kilogrammes de blindage sur nos véhicules blindés de transport de personnel M113. Nous avons acheté le RG-31 et je sais que vous l'avez essayé. Il est horriblement inconfortable, mais il est efficace. Imaginez ce que nous ferions sans ce véhicule.
Je pourrais en dire autant du Leopard, qui est le véhicule qui offre la meilleure protection contre de grosses explosions. Il a fait ses preuves en sauvant des vies.
Comme tous les soldats qui ont participé à des combats, je n'aime pas nécessairement devoir me servir des systèmes d'armes que le gouvernement du Canada nous a fournis, mais nous sommes prêts à nous en servir.
Très souvent, le fait d'avoir ces pièces d'équipement lourd nous dispense d'avoir à les utiliser, parce que nous présentons ou nous limitons...
Il serait déplacé de ma part de me prononcer sur les orientations politiques que le gouvernement du Canada envisage de prendre. Je parlerai toutefois du problème du refroidissement, que vous avez très bien cerné. Auparavant, je précise qu'une bonne part du matériel de l'armée canadienne est de tout premier ordre, oui, vraiment.
Cela dit, les chars Leopard que nous déployons en Afghanistan ont plus de 30 ans. Nous avons dépensé de fortes sommes pour les faire réparer au cours des 10 ou 15 dernières années, mais ce véhicule comporte quand même des points faibles. Excusez-moi de ne pas vous fournir tous les détails là-dessus. J'ai confiance en vous, mais pas nécessairement en...
Au sujet du système de refroidissement, on prévoit que, d'ici le milieu de l'été, la température à l'intérieur des chars occupés par leurs équipages pourrait dépasser les 60 degrés Celcius.
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Dans l'avenir immédiat, nous allons insister avant tout sur la capacité de survie. Cela signifie ajouter davantage de blindage à nos véhicules et fournir des systèmes de survie à chacun de nos soldats. Si je devais faire un choix, c'est celui-là que je ferais.
Je crains parfois que nous nous trompions, car notre ennemi sait s'adapter, il est intelligent et il réussit très souvent à découvrir ce que nous faisons à peine quelques jours ou quelques semaines après les faits. Il adapte donc sa tactique et ses charges explosives. Il y a donc recherche constante d'équilibre, un jeu de balancier.
En second lieu, je parlerais peut-être du transport tactique. Bien sûr, cela trouve en partie une réponse dans l'utilisation de camions blindés, qui avancent très rapidement, j'ai le plaisir de vous le signaler. Encore une fois, c'est grâce aux efforts déployés par tous les membres de votre comité.
Enfin, il y a aussi la question des hélicoptères moyens-porteurs et de transport lourd. J'aimerais bien que ce genre d'appareil soit en service là-bas. Certes, il faudra toujours que nous voyagions par voiture, car un de nos engagements est de demeurer proche de la population, mais le simple fait de disposer de ce genre d'hélicoptères dans bien des cas empêcherait que nos troupes ne soient exposées à des risques inutiles.
J'ajouterais une dernière chose, il s'agit de la surveillance, qui conjugue les activités air-sol: comment puis-je mieux voir au-delà de la prochaine colline et comment puis-je le faire plus vite et de manière plus efficace?
Je vous remercie, madame Black.
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Je suis heureux de l'entendre.
Je m'intéresse beaucoup à toute cette démarche d'acquisition. J'ai fait des recherches et j'aimerais poser des questions concernant les cahiers des charges vers lesquels se dirigent la Force aérienne, si je peux l'appeler ainsi, ainsi que l'Armée de terre, qui auraient pour effet de simplifier la procédure et d'éliminer ces énormes documents de 1 700 pages d'exigences techniques; on en reviendrait ainsi à des exigences en matière de capacités qui seraient remises à l'industrie beaucoup plus rapidement, accélérant ainsi l'ensemble de la procédure. Mais lorsque les représentants de la Marine ont comparu ici ce matin, ils ont tenu un langage différent, affirmant qu'il fallait toujours exposer ces spécifications techniques.
Du point de vue global des acquisitions, lorsqu'on parle d'intégration des trois différents éléments des Forces canadiennes et de votre dépendance envers la Marine et la Force aérienne en matière de prévisions et de soutien des opérations militaires au Canada et à l'étranger, que pensez-vous du fait qu'on va continuer à concevoir et à construire pour la Marine, alors qu'on va prendre du matériel disponible dans le commerce pour la Force aérienne et l'Armée de terre? Est-ce que cela va poser des problèmes?
Si l'on continue à concevoir et à construire pour la Marine alors qu'on achète directement dans le commerce pour la Force aérienne et l'Armée de terre, les retards pour la Marine vont être importants. J'aimerais savoir quelles en seront les conséquences pour votre planification des capacités de défense et pour votre planification stratégique à l'avenir.
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Je vous remercie de ce que vous dites sur nos militaires. C'est important qu'ils l'entendent. Je pense qu'ils le savent déjà, de toute façon, mais il faut qu'ils l'entendent. Je vous en remercie.
Pour l'armée, la qualité est importante, car le degré de perfectionnement technologique de nos différentes plates-formes d'armement augmente sans cesse. En outre, la masse est une caractéristique bien spécifique en elle-même, et nous avons tendance à acheter des éléments de matériel beaucoup plus petits et moins complexes que les navires.
Mes connaissances en matière de construction navale sont à peu près nulles. L'amiral Robertson est quelqu'un de très bien. S'il vous dit qu'en tant que chef de la Marine, il a besoin de spécifications de conception très détaillées, je ne peux que m'en remettre à son avis, en espérant qu'il fera la même chose lorsque j'aurai à parler de camions ou de véhicules blindés de transport de troupes.
En ce qui concerne la tendance globale d'évolution vers des exigences axées sur le rendement, tout ce qui peut renforcer le partenariat entre nous, nos vis-à-vis de la fonction publique et l'industrie afin de mieux définir le produit final pour que l'industrie ait son mot à dire sur le déroulement des activités — sans pour autant s'imposer auprès du gouvernement ou des forces armées, mais simplement pour jouer son rôle au sein d'une équipe — ne peut, à mon avis, qu'être profitable au niveau de la rapidité de la réponse et de l'obtention de bonnes idées des experts de l'industrie.
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Nous revenons effectivement à une plus grande utilisation des véhicules blindés lourds, étant donné qu'il nous faut toujours une gamme étendue de capacité pour répondre aux différents scénarios opérationnels et pour proposer au gouvernement du Canada une variété d'options d'emploi. Il nous faudra donc toujours disposer de petits véhicules blindés de patrouille montés sur roues, mais il nous faudra également des véhicules plus lourds, ainsi qu'une flotte de véhicules intermédiaires.
À propos, la flotte intermédiaire actuelle est formée de blindés légers. Comme je l'ai déjà dit, il n'y a que l'armée canadienne pour considérer comme léger un véhicule de 45 000 livres. C'est un véhicule remarquable, mais il faut renforcer son blindage pour lui donner de meilleures chances de résister aux attentats suicides et aux grenades propulsées par fusée.
Les menaces de cet ordre seront sans doute présentes partout où le gouvernement du Canada peut souhaiter nous envoyer. C'est sans doute le scénario le plus pessimiste, mais comme nous voulons toujours éviter les pertes inutiles, nous avons tendance, dans l'armée, à planifier en fonction du scénario le plus pessimiste.
On voit donc que l'armée s'oriente vers le rétablissement d'une présence plus lourde — on peut dire, que nous nous durcissons, si je peux utiliser ce terme. Nous n'abandonnons certes pas la formule des véhicules plus légers; mais nous voulons simplement disposer d'une gamme de capacités.
Évidemment nous fonctionnons actuellement dans une situation extrême, mais nous considérons que, quel que soit le pays où nous devrons aller après l'Afghanistan, on y trouvera à peu près les mêmes scénarios de menace.
Vous avez ici le sergent-major de l'armée, qui parle au nom des soldats. Nous avons vu les résultats des blessures au cou et aux épaules causées par des obus, des grenades ou des attentats suicides.
Il faut faire continuellement un compromis entre la mobilité du militaire, qui a une tâche à accomplir, et sa protection. Actuellement, nous envisageons des collets plus hauts pour certains soldats, des épaulières contenant différents types de matériaux de protection ainsi qu'un nouveau modèle de lunettes balistiques. L'apparition des lunettes balistiques, qui doivent désormais être portées en permanence, a certainement sauvé une dizaine ou une quinzaine de paires d'yeux qui auraient été atteints par des fragments. Nous avons également le nouveau gilet pare-balles.
Pour répondre à votre question — et vous m'excuserez, je suis très bavard — effectivement, nous travaillons activement sur ces accessoires de protection.
Avez-vous des détails, François?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et monsieur McGuire.
Je voudrais remercier le général Leslie, ses collaborateurs et Mme Provencher de leur présence parmi nous.
J'espère que les gens qui nous écoutent savent, puisqu'ils ne peuvent pas le voir, que vous êtes en chaise roulante et nous vous remercions sincèrement de vous être déplacés. Nous sommes profondément reconnaissants envers vos soldats de tout ce qu'ils font au service de notre pays.
Général, votre objectif suprême est de faire en sorte que vos soldats disposent d'avance de tout ce dont ils ont besoin. C'est à cela que servent les acquisitions. J'aimerais vous interroger sur différentes choses. Tout d'abord, vous êtes au sommet de la hiérarchie et vous voyez les goulots d'étranglement dont vous avez parlé. Pouvez-vous nous dire ce que nous pouvons faire pour éliminer ces goulots d'étranglement et vous permettre d'atteindre plus facilement votre objectif?
Deuxièmement, est-ce que vos fonds sont suffisants pour permettre à vos troupes de s'entraîner et d'améliorer leurs compétences?
Enfin, certaines bombes artisanales utilisées en Irak, particulièrement celles qui peuvent projeter du métal en fusion, inquiètent grandement les Américains, et on constate que certaines technologies ou tactiques se déplacent d'Irak en Afghanistan. Pouvez-vous nous dire ce que nous pouvons faire pour vous doter des ressources qui vous permettront de protéger vos troupes, compte tenu de ce qui se passe en Irak et des tactiques redoutables qui ont été employées en Afghanistan?
Merci.
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Absolument. Continuez de poser vos questions. Vos travaux envoient un message précis sur l'importance de toute cette démarche. Vous concentrez collectivement votre énergie pour aider nos soldats et votre action a de l'effet.
En ce qui concerne l'entraînement, on considérait, il y a cinq ou six ans, qu'en investissant dans les technologies d'entraînement — et du reste, nous voulons intensifier nos efforts dans ce domaine, nous pourrions faire des économies à plus long terme. Quant à moi, je pense un peu différemment. Je pense qu'il faut investir dans l'entraînement, mais c'est pour que nos soldats s'améliorent et pour leur donner une meilleure chance de survie quand vient l'heure de la vérité au cours d'une mission à l'étranger. Nous voulons donc investir davantage dans l'entraînement, sans pour autant réduire le nombre de journées que les soldats doivent faire sur le terrain. Je ne veux pas non plus lésiner sur les munitions utilisées pour donner à nos jeunes hommes et à nos jeunes femmes tout l'entraînement dont ils peuvent avoir besoin lorsqu'ils partent en mission à l'étranger.
En plus de tout cela — j'essaie de trouver un exemple — nous employons l'argent du contribuable, à bon escient, je pense, pour que nos soldats s'entraînent différemment. Nous avons fait appel à des centaines de Canadiens revenus d'Afghanistan pour qu'ils nous aident en incarnant des aînés des conseils de village ou des chefs de famille, des membres de la Choura. Nous entraînons nos soldats à se familiariser avec le modèle en trois dimensions, à travailler avec les organismes internationaux et les agences de développement, et tout cela coûte cher.
En ce qui concerne les bombes artisanales, elles font de plus en plus de victimes. D'un mois sur l'autre, on voit toujours apparaître quelque chose de nouveau. Dans l'immédiat, mon équipe et moi n'avons aucune solution qui nous écarte de notre souci pour la masse, c'est-à-dire l'idée de renforcer tous les éléments de l'armée par du blindage, de grosses plaques d'acier.
J'ai participé à un grand nombre de missions internationales, et je sais que des hélicoptères d'attaque ou de petits appareils blindés qui peuvent survivre à un tir du sol ont divers effets sur les personnes au sol, dont le moindre n'est pas de dissuader les éléments déplaisants qui essaient de nous attaquer. Bien sûr, lorsqu'ils nous attaquent, il est beaucoup plus facile de les trouver et de les mettre hors d'état de nuire si nous avons cette capacité d'intervention.
Lorsque nous aurons des hélicoptères moyens-porteurs et des hélicoptères de transport lourd, nous voulons être sûrs que lorsqu'ils avanceront en terrain relativement hostile, il y aura d'autres appareils, plus petits, pour les entourer et les protéger. Est-ce que cela se produit dans un contexte multinational? Est-ce que les membres de la coalition fournissent cette capacité? Est-ce que nous ajoutons de nouveaux Griffon? Que ferons-nous du H-92? Quel est l'avenir du EH-101? Vous le voyez, il y a toute une série de questions concernant la Force aérienne auxquelles le chef d'état major de la Force aérienne — et je sais que vous lui avez parlé — serait mieux placé que moi pour répondre.
En ce qui concerne les besoins de l'armée, avons-nous besoin d'armes à tir direct et d'une capacité de surveillance pour mieux aider les soldats sur le terrain? Absolument. C'est une question de ressources et, dans une certaine mesure, d'établissement des priorités.
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Absolument. C'est un outil de surveillance de l'espace aérien et d'aide au réseau de commandement et de contrôle.
Au cours des cinq à dix prochaines années, plusieurs décisions devront être faites en ce qui concerne les priorités. Je ne pense pas seulement à l'argent, mais également au personnel qualifié, qui font cruellement défaut à Jean-François, comme à TPSGC, pour gérer ces questions d'une manière cohérente.
Ma priorité immédiate est de renforcer l'armée. Le concept actuel de véhicule à effets multimission n'a pas beaucoup d'avenir dans le genre de scénario qui se déroule à l'heure actuelle à l'étranger. Et, comme je l'ai déjà dit, aucune décision n'a encore été prise.
Le chef, le chef du développement des forces, le vice-chef d'état-major et moi devrons déterminer quels sont les besoins pour les Jeux Olympiques. Nous devons déterminer quelles sont les chances que le gouvernement investisse soit dans l'ADATS, soit dans le VEMM. Cette décision n'a pas encore été prise.