:
Monsieur le président, membres du comité,
[Français]
je vous remercie de m'avoir proposé de revenir vous parler de la Force aérienne du Canada. Je suis fort heureux de voir l'intérêt que portent les députés aux Forces canadiennes. Je sais que certains d'entre vous avez passé du temps dans nos quartiers généraux et nos escadres l'an dernier pour rencontrer notre personnel, et que la plupart ont volé à bord des aéronefs des Forces canadiennes. J'encourage tous les députés à visiter la Force aérienne afin de mieux comprendre ce que nos militaires, hommes et femmes, font tous les jours pour assurer la sécurité au pays et à l'étranger.
[Traduction]
Je suis ravi que m'accompagnent aujourd'hui les personnes que vous avez présentées, messieurs Terry Williston et Len Bradshaw, de Travaux publics et Services gouvernementaux. Ils couvriront certains aspects du processus d'acquisition qui retiennent votre attention. Le Colonel Dave Burt est l'expert sur qui je compte pour les questions de besoins en ressources et il a une vaste expérience du sujet.
À titre de chef d'état-major de la Force aérienne et de commandant de la Force aérienne du Canada, je suis responsable de ce que l'on appelle la mise sur pied d'une force. Je dois donc m'assurer que les commandants qui emploient la puissance aérienne dans les opérations des Forces canadiennes possèdent l'équipement et le personnel qualifié nécessaires pour s'acquitter de la tâche. En tant que responsable de la mise sur pied d'une force, j'ai établi les besoins opérationnels concernant l'équipement de la Force aérienne que nos militaires, hommes et femmes, utiliseront pour accomplir la mission qui leur est confiée par le gouvernement du Canada. Dans le cas de la Force aérienne, cette mission est de grande envergure, étant donné que nous nous concentrons sur les besoins du Canada en matière de sécurité.
Jour après jour, nous assurons la surveillance et le contrôle de l'espace aérien du deuxième pays au monde pour ce qui est de sa superficie. Nous aidons la marine à surveiller les approches maritimes d'un pays dont la côte est la plus longue du monde. Enfin, nous répondons aux demandes des Canadiens et Canadiennes dans le besoin, en leur fournissant une assistance immédiate grâce à nos escadrons de recherche et de sauvetage. Notre personnel, qui est en service 24 heures sur 24, est intégré aux opérations des Forces canadiennes, contribuant ainsi à la sécurité économique, environnementale et matérielle du Canada, après les événements du 11 septembre.
Le personnel de la Force aérienne continue d'apporter également une contribution très importante aux opérations des Forces canadiennes partout dans le monde, tout particulièrement en Asie du Sud-Ouest, où la Force aérienne assure une présence depuis le déploiement du Canada dans cette région, il y a plus de cinq ans. On trouve aujourd'hui des membres de la Force aérienne à peu près partout sur le théâtre d'opérations: au sein de l'élément de soutien du théâtre, en grande partie dirigée par la Force aérienne; avec la Force opérationnelle interarmées à Kandahar, tant à l'aéroport qu'à l'extérieur du périmètre de sécurité, dont les bases d'opération avancées et avec l'équipe provinciale de reconstruction; et ailleurs en Afghanistan. Nombre d'entre eux travaillent côte à côte avec des membres de l'Armée de terre, certains dans des unités totalement intégrées.
[Français]
Depuis ma dernière comparution devant ce comité en novembre, vous avez eu l'occasion de visiter notre personnel qui fait un travail remarquable en Afghanistan. Je suppose que vous êtes aussi impressionnés que moi par le travail colossal qu'accomplissent nos militaires, hommes et femmes, dans ce théâtre d'opérations, et j'espère que vous avez eu la chance de constater les défis auxquels notre personnel fait face lorsqu'il exécute ces opérations au nom des Canadiens et Canadiennes.
[Traduction]
Cela m'amène à l'objet de notre rencontre, à savoir le défi que représente le développement des capacités de la Force aérienne à l'exécution des opérations des Forces canadiennes au Canada et ailleurs dans le monde.
Les opérations des Forces canadiennes sont, pour la majorité, des missions sans faille, qu'il s'agisse de porter secours à un randonneur en détresse dans les montagnes de la Colombie-Britannique, de sauver des vies au-dessus des eaux tumultueuses de l'Atlantique, de distribuer des fournitures essentielles à la survie des communautés canadiennes en détresse ou d'appuyer les missions humanitaires ou de combat dans le monde. Nous devons réussir, souvent dans des conditions extrêmement difficiles et contrairement aux épreuves sportives, il n'y a pas de deuxième place pour les opérations de combat.
Comme responsable de la mise sur pied de forces aérospatiales, mon rôle consiste à s'assurer que nous possédons l'équipement et le personnel qualifié adéquats pour accomplir les tâches que nous confie le gouvernement du Canada de manière à réussir et à survivre pour que nous puissions nous en acquitter de nouveau.
Il y a deux ans, le 7 février 2005, mon prédécesseur a comparu devant le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense. À l'époque, il a qualifié de fragile l'état de la Force aérienne en raison des pressions accrues qui ont été exercées sur elle pour qu'elle protège les intérêts canadiens après les événements du 11 septembre. Voici ce qu'il a dit:
À l'heure actuelle, le vieillissement de la flotte et de l'infrastructure imposent des contraintes supplémentaires sur la capacité de la Force aérienne à remplir ces rôles. L'écart entre les besoins en approvisionnement national et les montants consentis, ainsi que l'expérience de moins en moins vaste du personnel et la difficulté à maintenir nos effectifs, viennent aggraver ces problèmes.
Bref, la Force aérienne est aux prises avec une lacune sur le plan de la soutenabilité en ce qui a trait à la mise sur pied des capacités opérationnelles alors qu'elle se transforme en vue de remplir ses rôles qui consistent à défendre le Canada et les intérêts du Canada.
[Français]
Il a souligné que dans le contexte de sécurité postérieur aux attentats du 11 septembre, l'évolution constante de la menace exerce des pressions accrues sur les ressources de la Force aérienne déjà fortement sollicitées.
[Traduction]
Que s'est-il passé depuis? Deux gouvernements successifs ont réinvesti dans la défense depuis 2005. Et même si beaucoup d'efforts ont été faits pour remplir les étagères de pièces de rechange afin de maintenir nos aéronefs en état de vol, ceux-ci vieillissent et excèdent de plus en plus le nombre d'heures réglementaire.
L'aspect le plus critique de la situation actuelle est l'état de notre flotte de mobilité aérienne, surtout celle des CC-130 Hercules, ces appareils qui vous ont emmenés à Kandahar récemment. Comme vous l'a mentionné la semaine dernière mon collègue, M. Ross, le sous-ministre adjoint (Matériel), quatre de nos 32 appareils ont déjà dépassé leur nombre d'heures réglementaire et sont immobilisés au sol à Trenton. D'ici 2010, nous n'aurons plus que 18 avions en état de vol sur la flotte originale de 32 Hercules. Nous sommes donc heureux que le gouvernement ait décidé de procéder rapidement en ce qui a trait à l'acquisition de quatre avions de transport stratégique et de 17 avions de remplacement du CC-130 Hercules qui nous rendront notre capacité de soutenir les opérations canadiennes au pays et à l'étranger à l'avenir.
D'autres secteurs sont aussi pris en compte. Nous prévoyons recevoir, au début de 2009, les premiers Cyclones qui remplaceront l'hélicoptère Sea King. En outre, nous travaillons en vue de l'acquisition de Chinook pour remplacer une capacité que nous avons perdue au cours des années 1990.
Nous commençons tout juste à nous remettre de l'état précaire décrit par mon prédécesseur mais le besoin reste urgent, car le temps presse pour nos flottes d'avions existantes. Cela m'amène à mon point principal, à savoir de quelle façon nous déterminons les exigences opérationnelles quant à l'équipement dont nous avons besoin, ce qui est le rôle de la force aérienne dans le processus d'acquisition.
Les exigences sont fondées sur la politique de défense. La politique de défense et les scénarios nous aident à identifier les capacités dont nous avons besoin pour accomplir les tâches assignées aux Forces canadiennes.
Dès que nous avons cerné le besoin d'une nouvelle capacité, nous commençons par établir des principes directeurs. L'un de ceux-ci, un principe clé, est d'offrir le meilleur rapport qualité-prix aux Canadiens. Puis, à partir de ces principes directeurs, nous recourons à la planification fondée sur les capacités pour déterminer ce que nous appelons les capacités obligatoires de haut niveau. Ces capacités obligatoires de haut niveau sont axées sur des normes convenues à l'échelle internationale et sur une analyse des besoins des Forces canadiennes qui vont utiliser l'équipement.
Les capacités obligatoires de haut niveau donnent lieu aux exigences obligatoires, c'est-à-dire les exigences auxquelles tout fournisseur potentiel doit satisfaire pour répondre aux besoins des Forces canadiennes. Par exemple, le transporteur aérien stratégique requis par les Forces canadiennes doit notamment être en mesure de transporter de l'équipement prêt au combat sur de longues distances, y compris d'un côté à l'autre des océans, de façon à ce que cet équipement soit déployable rapidement où et quand il est requis. Les exigences obligatoires, de même que d'autres exigences qui sont cotées, sont regroupées dans un énoncé des besoins opérationnels.
Les projets d'énoncés des besoins opérationnels font l'objet d'un examen critique de la part des divers services du ministère de la Défense nationale et ils sont rendus plus précis afin de bien rendre compte de la capacité requise avant d'être soumis au ministre.
Une fois que l'énoncé des besoins opérationnels est accepté, le reste du processus d'acquisition commence; il est fondé sur les principes d'ouverture, d'équité et de transparence si souvent mentionnés par le ministre de la Défense nationale et le sous-ministre adjoint (Matériel), la semaine dernière.
L'énoncé des besoins opérationnels est tout simplement ceci: l'énoncé de ce qu'il faut aux hommes et aux femmes des Forces canadiennes pour entreprendre les missions que la population du Canada leur demande d'accomplir. Je suis heureux de voir que la Force aérienne du Canada commence à recevoir l'équipement dont elle a tant besoin pour que ses effectifs puissent continuer de servir les Canadiens.
[Français]
Monsieur le président, membres du comité, je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, général, colonel, messieurs. C'est un honneur et un privilège de vous recevoir.
On sait qu'il est question de plusieurs milliards de dollars et que cet argent doit être bien dépensé. On reconnaît également l'importance que revêt l'équipement pour la Force aérienne.
Puisque nous siégeons pendant deux heures, nous aurons beaucoup de questions. Ma première question s'adressera à vous, général Lucas, et par la suite, étant donné que vous avez amené l'expert par excellence, le colonel Burt, si vous le permettez, j'aurai également des questions pointues à lui poser.
D'emblée, vous devez savoir que les libéraux n'approuvent pas l'achat des C-17. Nous pensons qu'on aurait pu les louer et faire un meilleur usage des fonds, d'autant plus que nous avons l'impression qu'on donne un chèque en blanc aux Américains puisqu'on ne détient ni la propriété intellectuelle ni la maintenance.
Général, j'aimerais vous parler aujourd'hui des C-130J. Grâce aux ententes et à la synergie qui sont intervenues dans le cadre du projet de modernisation des CF-18, les coûts et les risques ont été répartis entre les pays, ce qui était à l'avantage des Canadiens. On l'a fait avec les Australiens, les Américains et les Britanniques.
Si une telle confrérie existe entre ces pays, établissant une certaine parité et un certain fair-play, pourquoi l'Australie a-t-elle acquis des Hercules C-130J pour 54,5 millions de dollars américains et la Grande-Bretagne, pour 64 millions? Ces sommes incluaient le soutien technique initial. On ne pourra donc pas dire que les avions canadiens coûtent plus cher, parce que les coûts supplémentaires seront déjà inclus. Les Américains, eux, ont payé 64,5 millions de dollars. Or, il en coûte 188 millions de dollars au Canada pour chaque appareil, soit le double du prix payé par nos alliés.
Le contrat de 3,2 milliards de dollars est destiné à l'achat de 17 appareils; ça commence à coûter cher par appareil. Sur ces 3,2 milliards de dollars, plus de 1,7 milliard de dollars va à l'entretien des appareils pendant 20 ans, ce qui donne un total de 4,9 milliards de dollars. C'est beaucoup d'argent.
Qu'est-ce qui explique qu'on soit si enclins à acheter des appareils qui coûtent 188 millions de dollars au Canada, alors qu'ils coûtent la moitié moins dans d'autres pays?
:
Tôt ou tard, nous obtiendrons une réponse. Merci.
Colonel Burt, nous avons pu prendre connaissance d'un paquet de courriers électroniques. Vous êtes beaucoup sur la place publique ces jours-ci. J'ai pu les lire dans le journal Le Devoir et dans les médias de CanWest et ils portaient sur toute une gamme de questions.
C'est un peu troublant. Nous ne mettons absolument pas en cause votre intégrité. Vous avez une excellente réputation. Vous êtes un homme d'intégrité. Vous êtes un des meilleurs experts en matière de besoins en ressources et, manifestement, vous savez comment préparer un EBO.
Ce qui me chiffonne, c'est ce qui s'est passé après la fameuse rencontre du 1er mai avec le Général O'Connor.
Vous avez dit dès le départ, et ce dès le 28 avril, que les exigences en matière de transport aérien stratégique étaient fondées sur un certain poids, à savoir 43 000 livres. Il était également question dans vos propos des dates de livraison. Nous savons tous que le processus visant à combler les exigences de transport aérien stratégique durent depuis des années et des années, mais il semble qu'en quelques semaines, les exigences aient changé. Le 28 avril, pourquoi avoir renoncé à ce que vous affirmiez dans votre courriel, à savoir qu'il fallait laisser les deux sociétés se livrer concurrence?
Je n'ai pas de parti pris. En fait, tout ce qui m'intéresse, c'est que nous disposions du meilleur matériel. Puisqu'il s'agit de l'argent des contribuables, je voudrais m'assurer qu'il est dépensé équitablement et à bon escient. Nous sommes tous d'accord là-dessus.
Après une quelconque intervention, il semble que nous ayons changé le cours du processus d'acquisition. Nous avons supprimé l'A400M. C'est un peu troublant, car la perception d'une situation correspond parfois à une réalité.
Que s'est-il passé le 28 avril? Il s'est aussi passé quelque chose le 1er mai et le 13 juin. J'ai l'impression que l'on n'a pas respecté l'intégrité de l'EBO en raison d'une certaine intervention politique.
Pouvez-vous nous donner des explications? J'ai été frappé par certains courriels que le major Goulden, vous-même et d'autres avez cités. Que s'est-il passé pendant cette période?
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Merci, monsieur le président.
Je veux souhaiter la bienvenue à toute l'équipe.
D'abord, j'aimerais vous expliquer pourquoi les députés du Bloc québécois ont proposé cette étude. On avait entrepris une étude sur l'Afghanistan, et après cette étude, on s'est demandé ce qu'on pourrait étudier. C'est alors qu'on a décidé d'étudier le processus d'acquisition.
J'espère que vous partagez notre point de vue, à savoir que le Parlement, au moment où on se parle, est très peu impliqué dans le processus décisionnel. Je dois avouer que j'ai toujours été un peu frustré de voir qu'on dépense des sommes astronomiques. En effet, on a annoncé une somme d'environ 20 milliards de dollars.
Selon moi, les parlementaires doivent jeter un coup d'oeil critique sur cette affaire, car ce sont les taxes des contribuables. Actuellement, c'est la philosophie qui guide le comité et c'est ce qui a fait en sorte qu'on a entrepris cette étude.
J'ai, moi aussi, quelques questions à poser.
Le 7 juillet dernier, j'ai été surpris de voir qu'un certain nombre de contrats étaient déjà affichés sur le site MERX. Le C-17, de même que le Chinook et le Hercules, y étaient. Cependant, pour le Hercules, c'était une lettre d'intention. J'imagine que c'est la façon dont le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux veut faire les contrats avec les Hercules. Ce qui m'a surpris, c'est que pour les C-17 et les Chinook, deux plateformes qui sont faites par Boeing, il y avait des contrats d'adjudication, le fameux ACAN.
Dernièrement, j'ai même écrit un article qui a été publié dans la revue Frontline; j'espère que vous l'avez lu. J'ai trouvé cet article très intéressant. J'ai travaillé longuement à son écriture. J'aimerais avoir vos commentaires quand vous l'aurez lu, si vous ne l'avez pas déjà fait.
Selon moi, on perd notre levier de négociation lorsqu'on dit à une compagnie qu'on ne veut qu'elle, seulement elle et uniquement elle. Êtes-vous d'accord qu'on perd notre levier de négociation? À partir de ce moment, la compagnie comprend que ce n'est qu'avec elle qu'on fera des affaires. Ainsi, elle peut être plus stricte quant au moment où elle fabriquera le produit, l'endroit où il sera fait et la façon dont il sera fait. Je trouve qu'on perd notre levier de négociation.
J'aimerais avoir une réponse à cette première question.
:
Merci pour votre question.
Je suis d'accord que c'est un sujet important.
[Traduction]
Étant donné le coût des acquisitions, il nous faut être passablement minutieux. Je suis ravi que nous nous penchions sur ce sujet. Il est tout à fait louable de tâcher de doter les militaires des Forces canadiennes, hommes et femmes, de matériel utile, en temps opportun, tout en respectant les besoins des contribuables.
Je peux fournir une partie de la réponse mais encore une fois je m'en remets à ces messieurs quand il s'agit du processus de négociation. C'est vraiment leur domaine de compétences.
Pour ce qui est du préavis d'adjudication de contrats, le PAC, nous établissons une exigence fondée sur nos besoins et c'est ensuite que nous cherchons parmi les produits disponibles. Si nous découvrons qu'en fait il existe un produit qui pourrait répondre à nos besoins, c'est à ce moment là que le gouvernement utilise ce PAC, processus qui permet d'accélérer les choses.
Tous les marchés de l'État en matière de défense qui ont été annoncés sont d'une extrême urgence pour les Forces canadiennes, et on est enclin à utiliser ce processus qui, tout en étant équitable, a l'avantage d'être rapide.
Il faut reconnaître que quand on nous livrera le premier C-17, cet été, le délai entre l'annonce et la livraison aura été sans précédent. J'en suis assurément ravi.
Je laisse les représentants de TPSGC répondre à la deuxième partie de votre question.
:
Comme l'a dit M. Ross, je pense que la possibilité existe. Je n'ai eu connaissance d'aucun cas et nous pouvons assurément compter ici sur un processus. Parlons donc du transport aérien, car il semble que ce soit cet aspect qui tracasse.
Depuis un certain temps, nous avons établi l'exigence totale en matière de transport aérien, sur le plan stratégique comme sur le plan tactique. Suivant les priorités des Forces armées et celles du gouvernement, cela nous permettrait donc de répondre à la totalité de ces priorités ou à une partie d'entre elles.
Je me suis réjoui quand on a débloqué des ressources pour régler en partie la question du transport aérien, pour l'heure, sur le plan stratégique et sur le plan tactique. Nos exigences stratégiques sont essentiellement au nombre de quatre. Nous voulons pouvoir transporter de grandes quantités de matériel, sur de grandes distances, à des vitesses rapides et nous voulons les amener directement à destination. Ce sont les quatre éléments. La Force aérienne n'accomplit pas cela de façon isolée. Nous travaillons avec l'Armée, par exemple, et nous posons la question: « Quel genre de matériel devrez-vous... d'ici 10, 15 ou 20 ans. Quels sont les équipements qu'il vous faudra déplacer? »
Dans ma déclaration liminaire, j'ai fait allusion aux exigences obligatoires de haut niveau. Nous qualifions ces exigences ainsi pour accélérer le processus d'acquisition. Au lieu d'identifier chaque petit élément, nous énumérons ce que pourrait contenir un chargement typique, à savoir deux blindés légers, deux VBL III. La distance typique a été définie comme étant la distance entre le Canada et Ramstein, en Allemagne, car compte tenu de notre position dans le monde, un grand nombre des missions que nous devrons accomplir d'ici quelques années se dérouleront soit du côté de l'Afrique ou encore du côté de l'Asie. Pour nous rendre à destination, il est tout à fait raisonnable de se poser d'abord en Europe, escale après laquelle nous pouvons poursuivre jusqu'à notre destination.
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Je peux probablement répondre à vos deux premières questions. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de répondre à votre dernière question puisque ce n'est pas mon domaine.
Le processus dans le cadre duquel nous établissons nos exigences opérationnelles est un processus permanent. Il voit le jour à un niveau particulier et au fil du temps, les propositions sont acheminées jusqu'en haut de la filière hiérarchique. Un peu plus tôt, j'ai parlé d'un processus qui nous permettait de contester les exigences opérationnelles identifiées. Ce processus nous permet de passer en revue les exigences identifiées.
J'ai également mentionné les principes directeurs. Un des principes directeurs pour le transport stratégique était qu'il ne fallait pas oublier que nous disposions déjà de l'aéronef qui pouvait servir de transporteur stratégique, soit le Airbus A310. Ainsi, un des principes énonçait clairement que peu importe l'aéronef que nous décidions d'acheter, il devait être en mesure de transporter tout au moins une charge marchande équivalente à l'Airbus, parce qu'il ne semblait pas logique de... tout particulièrement lorsqu'on pense à une solution à deux volets, si je peux m'exprimer ainsi, car il y a un volet stratégique et un volet tactique.
Lorsque les propositions ont franchi d'autres niveaux de la filière hiérarchique, lorsque nous nous sommes penchés sur les chiffres, nous avons constaté qu'il était plutôt étrange de proposer un aéronef qui ne pourrait transporter qu'un VBL III, ce qui est à peine plus que ce que peut transporter l'aéronef dont nous disposons actuellement. Notre solution comportait deux étapes, et au début du processus d'étude des exigences opérationnelles, nous avions déterminé qu'il nous fallait un aéronef qui pouvait transporter à peine plus que ce que l'aéronef Hercules peut transporter maintenant; ainsi...
:
Je précise, aux fins du compte rendu, que lors du tsunami, ce n'était pas un problème d'équipement, car en l'espace de 48 heures, lorsque nous avons pris la décision politique, les Forces armées canadiennes étaient déjà prêtes à y aller. Donc, cela n'avait rien à voir avec les C-17, etc.
[Traduction]
Si cela a pris deux semaines, c'est pour d'autres raisons. Il y a peut-être des querelles politiques, mais cela n'avait rien à voir avec l'équipement. Nous étions censés le faire. J'ajoute toutefois que je n'étais pas au conseil des ministres à l'époque.
Général Lucas, vous jurez qu'il n'y a pas eu d'intervention. Nous savons aussi que c'est le ministre qui a le dernier mot en matière d'exigences. Nous pouvons donc examiner le reste du processus maintenant.
Le 1er mai, le Colonel Burt a dit qu'il y aurait une réunion avec le ministre de la Défense nationale à 10 heures précises.
On a discuté du poids du véhicule des Forces armées qui constituerait le critère de base et, à l'époque, c'était 43 000 livres; on s'est aussi demandé si le poids de ce véhicule était limité. Vous avez donc discuté des exigences avec le ministre.
Le 1er mai, le Colonel Burt a envoyé sa recommandation définitive au Général Martin; voici ce qu'il lui a écrit:
Comme nous en avons discuté, les véhicules chenillés n'ont pas été inclus, car il était entendu qu'ils ne feraient pas partie d'une équipe d'intervention rapide. Cet argument est-il encore valide à la lumière des discussions récentes sur le PCD? Si on décidait d'inclure les véhicules chenillés, on ne pourrait retenir qu'un seul concurrent. Je recommande que nous n'incluions pas toutes les complexités du ADATS du COHN Strat (et de laisser le COHN non modifié tel qu'il était en date du 18 avril).
Vous avez donc recommandé alors, Colonel Burt, de garder les 43 000 livres comme critère.
J'aimerais d'abord savoir ce dont il a été question avec le ministre O'Connor ce jour-là et s'il y a eu suivi depuis. Le 14 juin, dans un autre courriel, on dit: « Apportez-nous la dernière version » et c'est à ce moment-là qu'on a changé le critère des 43 000 livres. La charge utile a été modifiée ce jour-là.
De quoi avez-vous discuté? Quelle décision a été prise? Pourquoi a-t-on modifié les résultats d'une étude qui avait pris six ans, l'énoncé des besoins opérationnels? Déjà, en 2003, mon collègue, l'ancien ministre de la Défense nationale, a envoyé une lettre au président et premier dirigeant d'Airbus lui disant que le ministère de la Défense nationale avait terminé son évaluation des avions de transport en fonction de son énoncé de besoins opérationnels et que l'Airbus A400M était considéré comme une solution pleinement satisfaisante.
Quelque chose s'est produit. La perception, c'est la réalité. J'aimerais savoir ce qui s'est passé étant donné que les experts, ceux qui ont véritablement les connaissances pour évaluer les besoins, affirment qu'on devrait se limiter à 43 000 livres.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis heureux de prendre la parole ce matin.
Je suis également heureux que le comité puisse se pencher sur les approvisionnements, car je me rends compte qu'il y a longtemps que nos Forces canadiennes n'avaient pas évalué les outils dont elles ont besoin pour accomplir leurs missions, que ce soit des missions de sauvetage ici ou des missions militaires et humanitaires à l'extérieur du pays. Je vous remercie de venir nous rencontrer et de prendre le temps de nous donner des explications. Les éclaircissements sont très appréciés.
J'ai voyagé à bord d'un Hercules, du pays hôte jusqu'à Kandahar. On se sentait dans un véhicule somme toute très sécuritaire mais, comme vous l'avez expliqué, qui est rendu à la fin de sa vie utile et qui doit être remplacé. C'est un avion tactique, comme vous l'avez expliqué. Beaucoup de questions ont été posées aussi sur l'avion stratégique.
J'ai retenu l'une de vos phrases, monsieur Lucas. Vous avez dit à peu près ce qui suit:
[Traduction]
« Je suis ravi de voir que le Canada aura enfin ce dont il a absolument besoin. »
[Français]
Finalement, ce matin, c'est ce qui est au coeur de la discussion.
Vous avez clairement indiqué aussi que tout ce que le gouvernement a fait, au fond, c'est de rendre les ressources disponibles. Vous l'avez dit à deux reprises jusqu'à maintenant depuis le début de cette présentation. Ce qui est important, c'est de savoir que le rôle du gouvernement est de rendre les ressources disponibles pour, justement, assurer une certaine compétence au palier fédéral en ce qui a trait aux équipements militaires, plutôt que de s'ingérer dans les autres champs de compétence.
On a appris, au fil des témoignages, qu'il y a eu une réduction radicale de la flotte canadienne d'avions au cours de la dernière décennie, ce qui met non seulement en péril notre capacité à assurer notre souveraineté, mais qui nous rend vulnérables. Cela ressort très clairement.
Alors, ce qui est embarrassant, ce n'est pas nécessairement d'avoir lancé un processus d'acquisition, c'est le fait qu'on le fasse en 2007, alors que seulement 18 des 32 Hercules sont encore opérationnels. Je pense qu'il est important de le préciser. Je suis également très ouvert au processus que l'on entreprend.
On a vu que le rôle de l'armée était vraiment de définir ses besoins. On voit vraiment que vous avez les compétences nécessaires pour le faire. Le rôle du gouvernement est de mettre des ressources à la disposition du ministère de la Défense. Vous avez mentionné la politique de défense et ses principes. On voit clairement que vous réalisez des devis en fonction de la performance.
Cela m'amène un peu à reprendre ce que disait. M. Bachand nous dit que lorsqu'il était « garçon », comme on dit, il avait une voiture Firebird. Toutefois, les besoins évoluent. Quand on a des enfants et qu'on a d'autres besoins, parfois il faut mettre la Firebird de côté pour se tourner vers la mini-fourgonnette, qui est plus spacieuse, plus grande. Voilà! les besoins évoluent.
Cela a peut-être aussi quelque chose à voir avec les revenus, monsieur Bachand.
J'en arrive finalement à ma question. Vous avez mentionné qu'il était nécessaire d'avoir les ressources disponibles. Pouvez-vous nous parler de la versatilité de l'avion dont on parle, le C-17? Vous avez expliqué que c'était un avion stratégique, donc qui parcourt de grandes distances, mais qui peut aussi être tactique. Vous avez mentionné également qu'avec le Hercules, qui est en fin de vie utile, vous seriez peut-être capables de faire ce qu'on pourrait appeler un pont opérationnel, compte tenu de la versatilité de l'appareil. J'aimerais vous entendre à ce sujet, dans un premier temps.
S'il reste du temps, monsieur Williston, peut-être pourriez-vous me parler du rôle de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, car on commence à recevoir les gens de ce ministère. Alors, j'aimerais revenir sur le rôle de TPSGC dans le processus d'acquisition et aussi sur la question de la concurrence. Comment assurer la concurrence dans le cadre des processus d'acquisition, une fois qu'on a défini les besoins avec l'armée?
Monsieur Lucas.
Malheureusement, mon écouteur ne fonctionne plus et je n'ai pas entendu l'interprétation, mais je pense avoir compris où vous vouliez en venir.
En général, les Forces canadiennes sont parmi les meilleures au monde lorsqu'il s'agit de faire fonctionner jusqu'au bout tout équipement que nous possédons. Dans le cas des aéronefs Hercules, les plus vieux ne seront probablement plus suffisamment rentables pour qu'on continue à les utiliser.
Cela étant dit, il arrive qu'un aéronef ait encore une certaine valeur économique. Souvent, nous faisons appel au Centre de disposition des biens de la Couronne pour une mise en vente dont nous retirons des bénéfices. Il nous est arrivé de vendre des hélicoptères. Ou alors, on les utilise à des fins différentes. Nous avons décidé que certains hélicoptères était devenus superflus, et nous les avons transférés à la société qui nous aide avec l'entraînement au pilotage d'hélicoptères à Portage.
Dans la plupart des cas, l'équipement le plus vieux est pratiquement hors service. En gros, on le vend pour ses pièces; c'est là qu'on en est. Dans certains cas, et bien entendu ce n'est pas vrai pour tout équipement militaire, cet équipement est transféré au Centre de distribution des biens de la Couronne et les bénéfices de la vente sont reversés au gouvernement du Canada.
:
Je vous remercie de m'en donner l'occasion et vous m'excuserez si ma réponse est longue, mais il y a beaucoup à dire.
Ce que j'ai voulu indiquer, c'est que dans la définition des exigences, il y a une période pendant laquelle celles-ci sont à l'état d'ébauche. Et avant que je ne soumette le document pour signature au chef d'état-major de l'Armée de l'air et qu'il soit transmis par la voie hiérarchique au ministre, nous observons une période d'affinage.
Tout au long de cette démarche, nous apprenons un certain nombre de choses. Dans le cas qui nous occupe, ce que j'ai trouvé particulièrement intéressant, c'est qu'en mai ou en juin dernier, mon chef de service, qui était en train d'élaborer ces exigences a eu la chance d'être affecté à un poste comportant des missions en vol et il a dû réapprendre à piloter.
J'ai donc été en contact avec quelques majors de son service. Je me suis familiarisé avec l'énoncé d'exigences opérationnelles, j'ai posé des questions très précises et j'ai sollicité des réponses très détaillées.
Dans le cas des courriels auxquels les journalistes ont fait référence, ils soulèvent un certain nombre de questions très importantes, notamment une question d'exactitude. Les médias ont donné une citation, et il m'a fallu un certain temps pour retrouver le courriel correspondant, que j'ai dû chercher dans mon ordinateur. Je me suis alors rendu compte qu'il n'émanait sans doute pas de moi; c'était sans doute quelqu'un qui s'était adressé à moi. Et c'est effectivement comme cela que j'ai trouvé le courriel en question. Il provenait de l'un de mes subordonnés qui me donnait des détails. Et comme je l'ai indiqué précédemment, la discussion portait sur les véhicules à chenilles et à roues; il s'agissait de savoir si nos considérations de poids devaient porter également sur le système d'arme antiaérien et antichars ADATS.
La plaisanterie à laquelle on a fait référence ici-même concernait la possibilités d'inclure les véhicules plus lourds à chenilles, ce qui aurait pu faire changer les exigences; il fallait savoir si c'était la chose à faire dans le contexte de l'époque. Nous en sommes venus à la conclusion que dans la mesure où le système ADATS est moins lourd que le VBL III, il n'y avait pas lieu de modifier la formulation des capacités obligatoires de haut niveau pour y inclure les véhicules à chenilles. On s'est limité aux véhicules à roues.
Par la suite, dans le cadre de la révision de l'énoncé des besoins dont j'avais la responsabilité, j'ai posé des questions spécifiques concernant les principes directeurs, en particulier ceux qui exigeaient un avion supérieur à l'actuel Airbus A-310 pour notre avion Polaris. J'ai demandé sa charge utile sur une distance de 3 500 milles nautiques, et on m'a répondu qu'elle était de 2 800 tonnes métriques. J'ai constaté une contradiction entre ce principe directeur et la capacité obligatoire de haut niveau, qui prévoit 19,5 tonnes métriques.
Nous avons cherché pendant un certain temps la façon de résoudre cette contradiction et nous en sommes venus à la conclusion que dans un souci d'optimisation des ressources — l'efficacité dont j'ai parlé tout à l'heure — et pour garantir la meilleure capacité à long terme, la meilleure charge représentative serait de deux VBL-III, ce qui nous permettait de préserver le principe directeur tel quel. Nous pouvons ainsi obtenir une capacité supérieure à celle de l'actuel Polaris, améliorer l'efficacité et optimiser nos ressources pour les Canadiens et pour les forces armées.
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À l'époque, c'est exact.
Puisque c'est vous qui êtes en cause — tout le monde l'a dit — vous dites très clairement: « Je recommande de ne pas inclure la complexité du système ADATS dans les exigences obligatoires de haut niveau ». Vous ajoutez: « Conformément à ce qui s'est dit », et vous attendiez donc que quelque chose se produise. Vous dites également: « les dates de certification et de livraison devraient être des facteurs déterminants », ce qui signifie, en définitive, qu'il n'y aura aucune concurrence; la partie va se jouer entre la société Boeing et elle-même, et elle va donc remporter le contrat.
J'ai quelques questions à poser, mais pour en terminer avec celle-ci, j'aimerais savoir ce qui s'est passé avec le ministre O'Connor. Lorsque votre ministère l'a rencontré le 1er mai, il s'est passé quelque chose. Depuis des années, on s'en tenait à 43 000 livres. Et là, en quelques jours, l'exigence a changé.
Général Lucas, êtes-vous prêt à déposer tous les courriels échangés entre le 1er mai et le 14 juin de façon à ce que nous puissions nous faire une idée précise de ce qui s'est passé à l'époque, car comme je l'ai dit, l'impression équivaut à la réalité?
Sur l'autre question, vous dites que le C-17 doit pouvoir transporter deux VBL III prêts au combat. Pourquoi les exigences concernant le C-130J ne comprennent-elles pas la capacité de transporter un VBL III prêt au combat? Le général Ross a dit que le 130J apportait une solution à 90 p. 100. Je suppose donc que le VBL III correspondant aux 10 p. 100 manquants.
Quoi qu'il en soit, parlons tout d'abord des courriels. Que s'est-il passé avec le ministre? Que vous a-t-il dit?
Par ailleurs, s'il nous reste du temps, j'aimerais bien entendre les gens des Travaux publics, car ils sont censés savoir combien ils ont à dépenser. Je m'inquiète beaucoup des 188 millions de dollars par avion pour le C-130J. Les Britanniques et les Australiens l'ont obtenu à meilleur prix. Pourquoi nous impose-t-on un prix différent?
Allez-y.
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Général Lucas, Colonel Burt et monsieur Williston, je vous remercie sincèrement de votre présence. Général Lucas et Colonel Burt, je vous remercie du service que vous rendez à notre pays. Nous vous en sommes très reconnaissants.
J'aurais trois questions à vous soumettre, messieurs.
La première concerne l'Aurora. Dans ma province, en Colombie-Britannique, les Aurora vont être mis hors service et remplacés par des drones, qui ont une portée bien différente des Aurora. Pouvez-vous m'expliquer comment les drones vont pouvoir remplacer la capacité des Aurora, compte tenu particulièrement du fait qu'on a déjà investi des montants considérables dans la mise à niveau des Aurora?
Ma deuxième question concerne les C-17. Lorsque nous formions le gouvernement, nous avons proposé l'achat de moyens de transport aérien tactiques, la location de moyens de transport aérien stratégiques; nous voulions doter le Canada de six appareils C-17. Nous avions calculé que c'était le minimum pour répondre aux exigences de l'Armée de l'air, et cela nous permettait d'économiser plus de 400 millions de dollars de l'argent du contribuable. Les Américains étaient favorables à cette formule. Nous y étions favorables. Il semblait y avoir un merveilleux partenariat, satisfaisant pour le contribuable ainsi que pour les Forces armées canadiennes. Je ne comprends pas pourquoi nous nous en sommes écartés pour nous retrouver dans la situation actuelle.
Ma dernière question concerne l'avion qui doit remplacer le Buffalo. Je crois savoir que la vitesse minimale en vol a été portée à 140 noeuds. Pour que nos spécialistes en recherche et sauvetage puissent faire des vols de surveillance au-dessous des montagnes de Colombie-Britannique, la vitesse minimale en vol doit être de 70 à 120 noeuds. Par conséquent, si la vitesse de décrochage fixée dans l'énoncé des besoins est supérieure à la vitesse en vol exigée pour faire une recherche visuelle dans les montagnes, il me semble que nous risquons de mettre en danger la vie de nos spécialistes de recherche et de sauvetage. S'il est vrai que la vitesse minimale en vol a augmenté dans l'énoncé des besoins, pourquoi l'a-t-on augmentée?
Merci.
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Je vais d'abord répondre très brièvement à la première et à la troisième questions, puis j'aurais besoin de quelques précisions concernant la deuxième.
En ce qui concerne l'Aurora, nous voulons disposer à l'avenir d'une capacité de renseignements, de surveillance et de reconnaissance. Les véhicules aériens télépilotés ou drones, comme vous les appelez, jouent un rôle complémentaire par rapport aux avions avec pilote. Ils ne sont pas censés les remplacer. Ils vont effectuer efficacement certaines missions pour nous, mais ils ne comblent pas la gamme de nos besoins.
Parmi la gamme des appareils envisagés pour remplacer l'Aurora, il y a un avion piloté qui devrait assurer plusieurs des fonctions actuellement confiées à l'Aurora. Ne croyez donc pas que nous allons tout simplement nous en remettre à des véhicules aériens télépilotés. Ce n'est pas le cas. Les drones vont apporter une capacité complémentaire, mais ils ne vont pas remplacer les avions.
En ce qui concerne l'avion de recherche et de sauvetage, tout d'abord, nous n'avons pas encore émis d'énoncé de besoin. Voilà un premier élément. Deuxièmement, je ne pense pas que dans l'ébauche actuelle d'énoncé de besoin,on précise une vitesse minimale. Je crois que ce document parle de la capacité actuelle et qu'il y ait question d'une vitesse de 130 noeuds. Après en avoir pris connaissance, nous avons constaté que cela faisait référence à la technologie actuelle, celle du C-130, qui dans certaines conditions de charge, ne peut atteindre une vitesse de 130 noeuds. L'avion doit pouvoir voler un peu plus vite, à 140 noeuds.
Ce n'est donc pas une exigence future; c'est une explication de ce dont nous disposons actuellement, et il s'agit strictement des faits. Même avec une très lourde charge, l'avion actuel est tenu de voler à 140 noeuds, mais ce n'est pas une exigence ou une limite. Et du reste, l'énoncé de besoin ne vise pas disons le C-17, le Chinook ou le C-130J, car nous n'en sommes pas encore à la version finale.
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En matière de mobilité, qu'il s'agisse de transport stratégique ou tactique, voire de recherche et de sauvetage, le besoin le plus urgent actuellement concerne le remplacement des vétustes C-130.
Cela étant dit, il va falloir plusieurs années pour les remplacer. Quoi qu'il puisse se passer, l'usine Lockheed, une fois le contrat... Si le ministère des Travaux publics entreprend effectivement cette procédure et en vient à une solution raisonnable qui corresponde à l'intérêt des contribuables canadiens, il faudra sans doute attendre deux ans, sinon trois, avant que les premiers avions ne soient livrés. Même si nos besoins sont urgents, il va falloir attendre un certain temps avant les premières livraisons.
En ce qui concerne les transports aériens stratégiques, l'Armée de l'air des États-Unis nous a permis, dans sa grande mansuétude, de contourner la file d'attente et de prendre possession d'avions qui, initialement, étaient destinés à des pays du Sud; nous avons donc pu gagner du temps, ce qui nous convenait parfaitement. Même si les besoins en matière de C-130 sont plus grands actuellement, c'est pour nous un élément positif. La transition des vieux C-130 aux nouveaux va s'en trouver grandement facilitée. Nous allons pouvoir satisfaire un besoin. Nous pourrons nous servir de cet avion pour certaines missions en Afghanistan, par exemple. Cette solution va nous être très utile pour faire face aux besoins actuels, alors que les anciens C-130 sont mis hors service.
Si curieux que cela puisse paraître, la possibilité de disposer plus tôt du C-17 nous aide à résoudre les problèmes que nous pose le vieux C-130.
L'avion de recherche et de sauvetage constitue pour nous une priorité, mais nous pouvons prendre des mesures d'atténuation. Nous pouvons encore faire voler nos C-130 les plus récents pendant un certain nombre d'heures. Et le Buffalo constitue toujours une plateforme très fiable, mais il va nécessiter certains investissements si nous décidons de continuer à l'utiliser.
Plusieurs possibilités s'offrent à nous. Encore une fois, c'est toujours une question de choix des priorités, mais il ne fait aucun doute que l'obsolescence des vieux C-130 s'accélère. Il y a deux ans, nous avons appris qu'au lieu de cinq ans, il ne nous restait plus que deux ans et demi pour régler le problème. À l'époque, certaines informations nous sont parvenues en retard, ce qui nous a obligés à nous consacrer d'urgence à ce problème.
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Cela me fera plaisir, monsieur Williston. J'espère vous voir le 20 février parce que le ministre Fortier sera ici. On parlera de l'ISS
[Traduction]
et nous parlerons d'ITAR parce qu'il y a une différence entre le premier, le deuxième et le troisième niveau d'entretien d'ITAR. Bien sûr, à Trenton, nous pourrons faire l'entretien léger, faire la vidange, faire le plein, ajouter du lave-glace, mais ça c'est une autre question et le véritable problème découle d'ITAR.
Nous aurons un débat là-dessus mais j'aimerais d'abord revenir au colonel Burt.
[Français]
et au général Lucas.
C'est vrai, parce que j'ai personnellement été ministre. Au Cabinet, on doit rendre des comptes et on veut savoir comment les choses fonctionnent. On pose donc des questions et on est particulièrement intéressé. Je n'ai pas été ministre de la Défense, mais si je l'étais, je voudrais certainement savoir comment le processus fonctionne. Je déterminerais les orientations et je m'assurerais que les experts font leur travail pour ce qui est des critères s'appliquant aux équipements dont on a besoin. On doit évidemment aider et appuyer les Forces canadiennes. J'aurais peut-être également un programme électoral et je voudrais m'assurer que j'ai effectivement ces avions.
Vous dites que les ministres sont particulièrement intéressés par les priorités de leur parti et de leur gouvernement, et c'est correct. Le général O'Connor s'intéresse très certainement au strategic airlift.
[Traduction]
Colonel Burt, vous avez dit que vous avez fait une analyse. Elle a été terminée le 14 juin. Vous avez transmis des courriels à vos collaborateurs dans la chaîne de commandement mais il y a eu une rencontre avec le ministre de la Défense le 1er mai. Peu importe l'analyse des besoins que vous avez pu faire, il reste néanmoins que depuis six ans, chaque fois que nous avons parlé des besoins précis concernant la limite de poids, c'était 43 000 livres. Alors quelqu'un a dit quelque chose à quelqu'un d'autre.
J'aimerais savoir s'il n'aurait pas été préférable, ne serait-ce que pour sauver les apparences, de rencontrer le ministre une fois les besoins définis, parce que s'il avait été là le 1er mai et qu'il avait posé la question à l'expert, compte tenu de ce que vous avez dit, et c'est bien vous, que vous aviez recommandé que le poids soit maintenu à 43 000 livres. Que s'est-il passé? Pourquoi ce changement en cours de route?
Et enfin, monsieur Williston, parlons s'il vous plaît des C-130J. Nous avons parlé des C-17 mais parlons aussi des C-130J qui nous coûteront 888 millions de dollars chaque.
Général.