:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Honorables députés, mesdames et messieurs, je suis très heureux d’être ici aujourd’hui avec mon collègue de Ressources naturelles Canada, Graham Campbell, qui, comme on l’a déjà mentionné, est directeur général du Bureau de recherche et développement énergétiques.
Ensemble, nos deux organismes sont les principaux moteurs des activités liées à l’énergie, aux sciences et à la technologie à Ressources naturelles Canada. Comme vous pouvez le voir sur ces diapositives, il en est ainsi depuis assez longtemps. Nous célébrons en effet le centenaire de l’énergie, des sciences et de la technologie au service du gouvernement et de la population du Canada.
Nous sommes venus, à votre invitation, pour vous parler d’un nouveau sujet particulièrement intéressant, le charbon propre et la façon dont il peut contribuer à l’écologisation de la production d’électricité au Canada.
Je passe directement à notre présentation. Pourquoi le charbon propre? Vous pouvez voir que notre première diapo comporte cinq points. Le premier, c’est qu’à l’heure actuelle, le Canada a des centrales au charbon d’une puissance approximative de 17 000 mégawatts dans six provinces. Nous comptons sur le charbon pour produire une importante partie, 18 p. 100, de notre électricité. Il joue un rôle important dans la consommation d’énergie de toutes ces provinces, mais surtout en Alberta, en Nouvelle-Écosse et en Saskatchewan, où le charbon constitue le principal combustible utilisé pour générer de l’électricité.
Le charbon est également important parce que le Canada en a de très grandes réserves prouvées. D’après certaines estimations, nous en avons suffisamment pour plus de 200 ans, peut-être même pour 1 000 ans.
Ensuite, le charbon est peu coûteux et son prix fluctue beaucoup moins que celui du gaz naturel, par exemple.
Le quatrième point, c’est que cette énorme ressource énergétique pose un problème majeur. Les centrales thermiques conventionnelles au charbon contribuent sensiblement aux émissions génératrices de smog et de pluies acides. Toutefois, une technologie propre permettrait d’utiliser ce combustible d’une façon respectueuse de l’environnement.
Enfin, l’Association canadienne de l’électricité s’attend à ce que le Canada ait besoin de 20 000 mégawatts de capacité supplémentaire tous les 10 ans pour répondre à la croissance de la demande et remplacer les centrales qui seront désaffectées. Il est donc important de développer à temps les technologies du charbon propre pour qu’elles puissent remplacer la capacité existante.
Qu’est-ce que le charbon propre? Les centrales modernes au charbon basées sur les technologies actuelles sont déjà beaucoup moins polluantes. Toutefois, compte tenu des changements climatiques, une utilisation propre du charbon exige de capturer le dioxyde de carbone ou CO2 produit par la combustion, de le comprimer et de le stocker d’une façon sûre à une grande profondeur, dans des formations géologiques. Quand nous parlons de charbon propre, nous entendons par là la capture de la quasi-totalité des émissions de gaz à effet de serre et des autres émissions des centrales au charbon. Les émissions seraient presque nulles.
Notre carte routière du charbon propre comprend plusieurs technologies de transformation pouvant nous permettre d’atteindre ce but, comme la capture de postcombustion, qui consiste à capter le dioxyde de carbone contenu dans les gaz de combustion à l’aide d’un matériau absorbant. Du dioxyde de carbone relativement pur est ensuite libéré par traitement thermique de ce matériau. Il est alors comprimé et stocké.
La deuxième grande technologie est l’oxycombustion, qui consiste à brûler le charbon dans de l’oxygène plutôt que dans de l’air, de façon à obtenir un courant de dioxyde de carbone très concentré, qui est alors comprimé et stocké.
La troisième grande technologie est la capture de précombustion ou gazéification intégrée à cycle combiné. Il s’agit dans ce cas de convertir le charbon en un gaz synthétique composé d’hydrogène et de dioxyde de carbone. Celui-ci est séparé dans un filtre à haute température, puis comprimé et stocké. De son côté, l’hydrogène est brûlé dans une turbine à gaz très semblable au réacteur d’un avion. On produit ainsi de la vapeur qui sert à faire tourner une turbine à vapeur. Les deux turbines produisent de l’électricité.
Des recherches sur le charbon propre sont réalisées partout dans le monde, mais n’ont pas porté jusqu’ici sur le charbon de rang bas, comme le charbon sous-bitumineux et le lignite extraits au Canada. Nous avons donc l’occasion de devenir des chefs de file à l’égard de ces variétés de charbon, de façon à offrir aux services publics d’électricité la possibilité de répondre aux besoins énergétiques du Canada et à créer une technologie qu’il nous sera très facile d’exporter. En développant ces nouvelles technologies, nous pourrons non seulement améliorer la qualité de notre air, avec tous les avantages pour la santé que cela comporte, mais aussi contribuer à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ressources naturelles Canada collabore avec l’industrie depuis plus de 13 ans pour mettre au point la technologie de base de l’oxycombustion et de la gazéification du charbon ainsi que la nouvelle technologie dont vous avez peut-être entendu parler, le système TIPS, ou Thermoenergy Integrated Power System, qui est un nouveau procédé d’oxycombustion. Nos scientifiques sont des experts de réputation mondiale en matière de technologies du charbon propre.
Avec le temps, ces technologies devraient produire à partir du charbon non seulement de l’électricité, mais toute une gamme de produits chimiques, dont l’hydrogène, avec de très faibles émissions.
Indépendamment de la technologie choisie pour capturer le dioxyde de carbone, il faudra le stocker d’une façon sûre dans des formations géologiques. Avons-nous la capacité de stocker tout ce dioxyde de carbone au Canada? Oui, nous en avons en abondance. Au rythme actuel de production, nous pourrions en stocker pendant 800 ans.
L’expertise de Ressources naturelles Canada dans ce dossier s’étend aussi à la capture et au stockage du dioxyde de carbone. Notre laboratoire de Devon, en Alberta, supervise l’investissement fédéral dans le projet Weyburn-Midale de surveillance et de stockage géologique du CO2, dans le sud-est de la Saskatchewan, où nous étudions en détail certains aspects de l’injection du dioxyde de carbone dans les formations géologiques.
Nous avons récemment mis la dernière main à notre carte routière technologique du charbon propre, qui décrit les technologies de capture du dioxyde de carbone. J’en ai apporté quelques exemplaires à votre intention, mais il est également possible de télécharger le document sur notre site Web.
Cette carte routière est le fruit du travail collectif de plus de 120 intervenants et praticiens, comprenant des fournisseurs de technologie, des services publics d’électricité et des représentants du gouvernement. Elle définit les moyens technologiques les plus susceptibles de nous permettre de répondre aux besoins du Canada en charbon propre d’ici 2025.
Je voudrais conclure ma partie de la présentation en disant que notre ministère a déjà commencé à mettre en œuvre cette carte routière. Le Canada et l’Alberta ont établi le groupe de travail écoÉNERGIE Canada-Alberta sur le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone, groupe d’experts extérieur qui étudiera les obstacles économiques, techniques et réglementaires pouvant entraver une application sur grande échelle de cette technologie nécessaire à l’exploitation du charbon propre. Le groupe de travail doit présenter son rapport et ses recommandations en novembre prochain.
Monsieur le président, je vais poursuivre cet exposé en passant à la diapositive 7.
[Français]
Même si certaines améliorations graduelles peuvent être apportées au rendement des technologies d'aujourd'hui, nous croyons qu'un changement fondamental de technologie est nécessaire pour réaliser des progrès marqués et pour relever le défi de l'écologisation. Notre vision de l'avenir est celle d'un secteur électrique canadien sans émissions. Notre mission consiste à développer et à démontrer de nouvelles solutions technologiques permettant d'éliminer tous les polluants provenant des applications utilisant les combustibles fossiles. Ici, je parle de centrales électriques, de l'exploitation des sables bitumineux, des installations de production d'hydrogène et de cogénération.
À RNCan, la démarche que nous suivons consiste à travailler en étroite collaboration avec l'industrie, les provinces et les instituts de recherche à l'échelle du pays. Comme une petite partie seulement de la recherche et développement de la planète se fait au Canada, nous travaillons aussi au niveau international par l'entremise de l'Agence internationale de l'énergie et de partenariats internationaux comme le Forum sur le leadership en matière de séquestration du carbone.
[Traduction]
À la diapositive 8, nous parlons des activités de Ressources naturelles Canada, comme chef de file des travaux de recherche-développement canadiens sur le charbon propre. Nous offrons du financement, appuyons les réseaux et mobilisons les capacités de recherche du Centre de la technologie de l’énergie de CANMET, d’autres ministères fédéraux et provinciaux, des instituts de recherche et des universités.
Nous investissons chaque année environ 5 millions de dollars dans la recherche sur le charbon propre et 8 millions de dollars dans la capture et le stockage du dioxyde de carbone. Pour nous, ce sont d’importants domaines, auquel nous consacrons 13 p. 100 de notre budget.
Nos recherches actuelles portent sur trois grands domaines. Nous essayons d’abord de maximiser la quantité d’énergie produite par unité de charbon. Autrement dit, nous cherchons à obtenir le plus grand rendement possible du système. Le deuxième domaine est la réduction de l’ensemble des émissions, notre objectif à long terme étant d’en arriver à des systèmes sans émissions. En troisième lieu, nous cherchons à maximiser l’utilisation productive des sous-produits de façon à tirer le plus d’avantages possibles du processus d’ensemble. Il s’agit, par exemple, d’utiliser le dioxyde de carbone capturé dans la récupération assistée des hydrocarbures ou d’exploiter l’hydrogène produit à des fins de transport. Nous avons besoin, à cette fin, d’une approche globale tenant compte du combustible lui-même, de la technologie de base, des produits émis et des sous-produits ayant une valeur économique. À cet égard, nous avons suivi de très près les conseils du comité national sur la stratégie durable des sciences et de la technologie en adoptant une approche globale pour la conception de nos programmes de recherche et de démonstration.
Le gouvernement reconnaît que l’un des plus grands défis du Canada est de devenir un chef de file de l’énergie propre. Nous devons à cette fin utiliser efficacement toutes les formes d’énergie et prendre conscience du fait que notre plus grande source d’énergie inexploitée, c’est l’énergie que nous gaspillons. Nous devons accroître l’utilisation de toutes les formes d’énergies renouvelables et faire un effort concerté pour développer de nouvelles technologies permettant d’exploiter d’une façon plus écologique nos ressources conventionnelles.
Pour atteindre cet objectif, les initiatives écoACTION récemment annoncées comprennent un financement ciblé de nouvelles technologies. L’initiative écoÉNERGIE, annoncée à la mi-janvier, prévoit 230 millions de dollars sur quatre ans pour la recherche de solutions technologiques à long terme permettant de réduire et, nous l’espérons, d’éliminer les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre découlant de la production et de l’utilisation de l’énergie. L’objectif est de favoriser le développement et la démonstration de la génération suivante de technologies propres pouvant aboutir à l’utilisation d’énergie sans émissions.
Le portefeuille de l’électricité propre faisant partie de ces initiatives comprend le financement d’autres travaux sur le charbon propre ainsi que sur la capture et le stockage du dioxyde de carbone. Nos priorités à cet égard s’étendent à des domaines importants pour le Canada, comme le charbon propre, la capture et le stockage du dioxyde de carbone que nous avons déjà mentionnés, ainsi qu’à la production d’électricité distribuée et aux centrales nucléaires de la prochaine génération.
À la diapositive 9, nous présentons nos nouveaux projets.
[Français]
Les services d'électricité au Canada vont également de l'avant avec des études sur les prochaines générations de techniques de combustion écologique du charbon correspondant à la qualité et aux propriétés du charbon canadien.
[Traduction]
La Canadian Clean Power Coalition, par exemple,
[Français]
qui est un regroupement de services publics d'électricité en Alberta sous le leadership de EPCOR Corporation, réalise actuellement une étude de faisabilité des technologies de conversion du charbon sous-bitumineux de l'Alberta en gaz synthétique combustible et en d'autres produits utiles. La capture de CO2 est intégrée au processus.
La Saskatchewan Power Corporation étudie un système d'oxycombustion qui utilise l'oxygène à la place de l'air pour la combustion du charbon de lignite de la Saskatchewan, là aussi avec une intégration efficace du CO2.
Si des projets comme ceux-ci vont effectivement de l'avant, le Canada occupera une position de tête dans les premiers développements technologiques de combustion écologique du charbon et de capture du CO2.
[Traduction]
Je voudrais, pour récapituler, souligner quelques points importants.
Tout d’abord, notre objectif est d’arriver, avec le temps, à concevoir des centrales au charbon pratiquement sans émissions et sans polluants. Les chercheurs canadiens sont déjà très avancés dans la mise au point des technologies de la prochaine génération, qui sont bien adaptées au charbon canadien. Si les résultats des études de faisabilité que j’ai mentionnées sont positifs, nous passerons à des projets de démonstration qui feront du Canada un chef de file des technologies du charbon propre et permettront à nos sociétés de tirer parti de débouchés commerciaux à l’étranger.
Enfin, le développement technologique étant évidemment un travail d’équipe, nous apprécions énormément le travail de nos partenaires au Canada et à l’étranger.
[Français]
J'espère que nous avons pu satisfaire le besoin ressenti par ce comité de recevoir une information à jour sur les développements si intéressants survenant dans le domaine des technologies du charbon propre, ainsi que sur les initiatives dans le domaine de la technologie que nous prenons actuellement au sein de notre ministère pour faire avancer le Canada vers nos objectifs à long terme de production électrique sans émissions.
Nous vous remercions de l'occasion qui nous a été offerte aujourd'hui de rencontrer les membres de ce comité. Nous serons heureux de répondre à vos questions et de vous fournir toute information de suivi que vous pourriez désirer.
Merci beaucoup.
Nous suivons très attentivement le projet FutureGen depuis le début. Il vise essentiellement à produire, à part l’électricité, de l’hydrogène pour faire avancer l’économie de l’hydrogène, et comprend aussi la capture et le stockage du dioxyde de carbone.
Comme vous l’avez dit, le projet est parrainé par le ministère américain de l’Énergie ainsi que par un consortium de services publics d’électricité et de sociétés de charbon.
De toute évidence, c’est un projet qui est bien adapté aux besoins et aux objectifs des États-Unis. Il pourrait bien y avoir des occasions de collaboration et d’échange d’information. Toutefois, nos ressources étant assez minces, il est très important pour nous de cibler les domaines les mieux adaptés au Canada. C’est le cas des travaux réalisés dans nos laboratoires et dans le cadre des projets que j’ai brièvement abordés.
Au sujet de FutureGen, j’ai appris la semaine dernière que les coûts du projet iront au-delà de ce qui avait été prévu à l’origine. Cela risque d’entraver les progrès. Je crois par ailleurs que le projet avance bien, mais que les dépassements de coûts constituent une préoccupation à l'heure actuelle.
Quatre sites, deux en Illinois et deux au Texas, font actuellement l’objet d’études de présélection. Au cours des prochains mois, il faudra faire un choix assez difficile entre ses sites.
Nous suivons tout cela de très près. Nous avons des contacts avec nos collègues du ministère américain de l’Énergie. Nous espérons que le projet aboutira et que nous pourrons en apprendre quelque chose.
C’est un projet très important à la fois pour l’industrie américaine de l’électricité et pour les recherches sur l’hydrogène.
:
Notre groupe s’intéresse beaucoup à l’intégration des sources d’énergies renouvelables dans le réseau électrique. Au Québec, par exemple, l’énergie éolienne est produite en quantités appréciables. Elle est utilisée parallèlement à l’hydroélectricité. Quand le vent souffle, on peut économiser l’eau des réservoirs situés en amont des barrages et, quand il n’y a plus de vent, on dispose de l’énergie ainsi stockée dans les réservoirs.
Nous nous intéressons donc beaucoup à l’intégration et à la combinaison des sources d’énergies renouvelables.
Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que l’alimentation du réseau au moyen de ces sources intermittentes peut occasionner des difficultés. Les sources étant intermittentes, on ne peut évidemment pas prédire quand elles seront disponibles. On a donc besoin de systèmes d’appoint et d’une capacité de réserve pouvant être utilisée immédiatement quand le vent cesse de souffler. Nous nous intéressons donc à l’interconnexion au réseau de ces sources d’énergie renouvelables.
Ensuite, de nombreuses collectivités isolées qui se trouvent à l’écart du réseau comptent sur des génératrices au diesel pour produire de l’électricité. À part le fait qu’il est coûteux de ravitailler ces collectivités en combustible diesel, il y a les émissions locales causées par les génératrices.
Nous avons à Terre-Neuve un projet d’intégration des génératrices au diesel à l’énergie éolienne produite localement. Nous sommes très satisfaits des résultats. Nous avons six petites turbines utilisées parallèlement à une génératrice au diesel pour exploiter au maximum l’énergie éolienne. À la prochaine étape de ce projet, qui en est actuellement à la troisième étape, nous espérons utiliser, à part le vent et le combustible diesel, l’hydrogène produit pour stocker de l’énergie et, à long terme, remplacer la génératrice au diesel.
Par conséquent, nous travaillons très fort pour intégrer le plus possible ces énergies renouvelables dans le réseau. Nous nous intéressons à de multiples configurations pouvant donner de bons résultats dans les conditions locales.
Merci.
:
Oh, oui. C’est la raison pour laquelle je suis venu.
Merci, monsieur Ouellet.
Je vais devoir lui demander de répéter la réponse.
Je vous remercie, messieurs. C’est tout le temps dont nous disposons pour cette discussion avec les représentants du ministère des Ressources naturelles. Merci, monsieur Campbell, merci, monsieur Marrone pour le temps que vous nous avez consacré aujourd’hui et les réponses que vous avez données aux questions des membres du comité.
Merci beaucoup.
Pendant que nous attendons nos prochains témoins, je voudrais parler aux membres de certaines questions concernant les travaux du comité.
Nous avons reçu une invitation du Conseil national de recherches. Vous vous souviendrez que des représentants du Conseil ont comparu devant le comité et que quelques membres se sont dits intéresser à visiter le laboratoire des turbines à gaz. Malgré cet intérêt, il serait assez difficile d’organiser une telle visite compte tenu du temps dont nous disposons. Pour visiter un laboratoire à Ottawa, nous aurions à suivre le même processus que si nous devions nous rendre à Churchill Falls. Il faut en effet prévoir le matériel, les interprètes et tout le reste. Je tenais cependant à mettre le comité au courant.
À moins que le comité n’y tienne beaucoup, je pense que je vais simplement remercier le Conseil de son invitation et décliner. Je crois tout d’abord que nous n’avons pas le temps. S’il y a des membres du comité qui veulent faire cette visite à titre individuel, je suis sûr qu’il est possible de l’organiser. Toutefois, il serait vraiment difficile de l’inclure à ce stade dans le programme du comité.
Je vous laisse donc décider. S’il y en a parmi vous qui veulent faire cette visite au laboratoire des turbines à gaz, chemin de Montréal, à Ottawa, je suis sûr que le Conseil prendra les dispositions nécessaires.
D’accord?
Nous allons maintenant reprendre notre étude de l’écologisation de la consommation d’électricité au Canada, de l’utilisation du charbon et du recours possible à des technologies propres.
Nous accueillons maintenant, de l’Association charbonnière du Canada, M. George White, président, et, de la Canadian Clean Power Coalition, M. David Lewin. David, je vous remercie d’être venu assister à cette séance du comité.
Nous procéderons de la façon habituelle. Je vais vous demander de limiter votre exposé préliminaire à environ 10 minutes. Nous aurons ensuite une période de questions qui durera jusqu’à la fin de la séance.
Monsieur White, êtes-vous prêt à présenter votre exposé?
Très bien. M. Georges White, président de l’Association charbonnière du Canada, va maintenant nous présenter son exposé.
:
Merci, monsieur le président, honorables députés, mesdames et messieurs.
Je représente ici, d’une part, l’Association charbonnière du Canada, et de l’autre, la société Sherritt International, dont je parlerai beaucoup également. Je n’ai pas fait circuler le texte de cet exposé parce que je me sers simplement de notes. Je voulais en fait parler de certaines choses au comité et reprendre certains des points de votre discussion avec les témoins précédents.
Je ne suis pas aussi âgé que j’en ai l’air. C’est un peu comme certains des membres du comité. Aucun d’entre nous n’est aussi vieux qu’il paraît. J’ai passé 25 ans de ma vie dans l’industrie du charbon. J’ai travaillé longtemps dans des centrales électriques et dans ce secteur de l’industrie. Je crois qu’il y a beaucoup à dire de la façon dont nous avons travaillé.
Je voudrais d’abord vous parler du charbon propre. Le charbon propre d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’il y a 10 ans. J’aimerais aussi aborder la technologie conventionnelle et ce qui se fait aujourd’hui dans ce domaine que nous utilisons encore. Je vous parlerai ensuite de quelques initiatives vraiment passionnantes de Sherritt International en matière d’utilisation du charbon et de la stratégie commerciale sur laquelle pourrait se fonder la gazéification.
Je ne doute pas un instant que nous ferons la transition vers la gazéification. C’est l’industrie qui prendra les devants à cet égard. Les progrès seront guidés et dirigés par les organismes de réglementation et les gouvernements, mais le leadership viendra de l’industrie parce qu’il y a de bonnes raisons commerciales de faire cette transition. J’espère avoir la possibilité de vous expliquer tout cela.
La technologie que nous utilisons aujourd’hui pour générer de l’électricité au Canada n’est pas neuve. Elle existe depuis un certain temps, mais elle est constamment améliorée. Le concept initial du charbon propre se basait sur la combustion dans une centrale ordinaire et sur la réduction ou l’élimination des gaz acides. Beaucoup d’entre nous se souviendront de l’époque où nos principales préoccupations portaient sur le dioxyde de soufre, les oxydes d’azote et autres. Nous avons commencé à utiliser ces technologies il y a 20 ans, mais ce n’est pas encore fini. Nous avons encore des émissions de gaz acides. Lorsque des provinces comme l’Ontario ont commencé à parler de charbon propre, même dans les trois ou quatre dernières années, il s’agissait surtout de réduire l’incidence de l’asthme, qui est causé par les gaz acides.
Notre industrie doit maintenant affronter un autre problème, celui de la production de dioxyde de carbone. Les solutions adoptées à l’égard des gaz acides pourraient être les mêmes pour le CO2. Si les problèmes s’étaient présentés dans l’ordre inverse, nous aurions probablement aujourd’hui une solution parce que nous aurions choisi une ligne de conduite différente. Toutefois, la solution, dans le cas du dioxyde de carbone, est beaucoup plus difficile que dans celui des gaz acides.
Le problème des gaz acides s’étant posé en premier, nous avons conçu des technologies en fonction des centrales existantes pour réduire les émissions de gaz acides. Nous avons réussi à mettre au point des techniques de nature complémentaire, de sorte que nous n’avons pas eu besoin de construire de nouvelles centrales ou d’adopter des technologies complètement différentes pour avoir un certain succès. Cela s’est produit dans les 20 dernières années, avec des résultats très positifs.
En effet, très peu de centrales thermiques ont été bâties en Amérique du Nord dans les 20 dernières années. Pourtant, la plupart des compagnies d’électricité qui exploitent les centrales actuelles demeurent rentables. C’est parce que nous avons eu recours à des technologies de rattrapage pour adapter les vieilles centrales construites beaucoup plus tôt. Il aurait été possible d’adopter cette solution en Ontario, mais la province n’a pas voulu le faire pour différentes raisons. Quoi qu’il en soit, lorsque nous avons envisagé le charbon propre, il y a 20 ans, les gaz acides constituaient notre premier souci. Aujourd’hui, nous devons considérer toutes les émissions des centrales au charbon et, comme celui-ci contient énormément de carbone, c’est le CO2 qui constitue le principal problème.
À mes débuts dans l’industrie, je me disais qu’il était irrationnel de faire l’épuration nécessaire en fin de processus. J’ai toujours pensé qu’il serait plus sensé de traiter une tonne de charbon que trois ou quatre tonnes d’émissions. Une tonne de charbon est une chose qu’on peut facilement imaginer et voir. Les émissions sont beaucoup plus abstraites et plus difficiles à traiter. C’est le principe même du processus de gazéification: on règle le problème des émissions avant d’utiliser le combustible en créant un nouveau combustible.
Au Canada, nous construisons des centrales conventionnelles – et nous en avons beaucoup – depuis 1950, je crois. La vieille centrale de Hearn, en Ontario, date justement de 1950. Elle est maintenant désaffectée. Beaucoup des centrales les moins efficaces du Canada ont été fermées et remplacées par de nouvelles centrales.
Chacune de celles-ci, tout en utilisant la technologie conventionnelle, avait un meilleur rendement que la précédente. Il va sans dire que la technologie a évolué. Toutefois, les principes de thermodynamique sur lesquels ces centrales se fondent les rendent très difficile à améliorer. En gardant la même technologie, nous ne pouvons pas espérer atteindre, avec le temps, un rendement proche de 100 p. 100. C’est théoriquement impossible à cause des pertes et des principes de thermodynamique en jeu.
Je suis sûr que Dave Lewin vous parlera des centrales conventionnelles récemment construites au Canada, dont le rendement est de 19 ou 20 p. 100 supérieur à celui des centrales existantes. Au fur et à mesure du remplacement des centrales, nous pourrions en arriver à obtenir des augmentations de rendement de l’ordre de 20 p. 100, si c’est tout ce que nous voulons faire. Nous pouvons construire des centrales conventionnelles de plus en plus efficaces. Sur une période de 25 ans, des rendements énergétiques de 20 à 25 p. 100 supérieurs sont envisageables. À puissance égale, les émissions de ces centrales pourraient contenir 25 p. 100 de moins de dioxyde de carbone. C’est une stratégie que nous pourrions adopter pour réduire les émissions de CO2 d’un maximum d’environ 25 p. 100.
En Ontario, il y a, semble-t-il, de bonnes raisons pour lesquelles notre action ne devrait pas se limiter aux gaz acides. L’Ontario a donc décidé de ne pas doter les centrales existantes d’épurateurs et de s’orienter plutôt vers la technologie nucléaire. La province aurait cependant la possibilité de construire de nouvelles centrales au charbon sensiblement plus efficaces que celles qui existent. Les gaz acides seraient réduits dans toute la mesure que le permet la technologie actuelle, qui est assez perfectionnée, et, à puissance égale, les émissions de dioxyde de carbone seraient inférieures de 20 à 25 p. 100. L’Ontario a cependant écarté cette option.
L’ensemble de technologies que l’Ontario adoptera est également très important. Un système entièrement fondé sur la technologie nucléaire ne serait pas très facile à exploiter. Un système entièrement basé sur l’hydroélectricité n’est pas envisageable parce que la plupart des ressources hydroélectriques sont déjà utilisées. Un réseau électrique, c’est un peu comme un portefeuille de valeurs mobilières: il n’est pas sage de mettre tout son argent dans le même panier. La diversification est importante du point de vue de la sécurité de l’approvisionnement à long terme, et même des émissions.
Voilà donc, à mon avis, ce qu’on pourrait faire des centrales conventionnelles.
Les pays européens ne construisent pas des usines à gazéification intégrée, du type à cycle combiné. Ils construisent plutôt des centrales conventionnelles à plus grand rendement que la plupart des centrales existantes et ce, dans le centre des villes, parce qu’ils réduisent considérablement les émissions de gaz acides. Le rendement est plus élevé parce qu’ils produisent non seulement de l’électricité, mais aussi de l’eau chaude qui sert soit au chauffage soit à la climatisation, selon la saison.
Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue qu’au Danemark, en Allemagne et dans les autres pays qui réalisent ces projets, les prix de l’électricité peuvent atteindre quatre ou cinq fois les nôtres. Par conséquent, si on est prêt à y mettre le prix, on peut faire beaucoup pour produire de l’électricité propre en recourant à la technologie.
En Alberta, nous avons un concours de circonstances assez particulier. Il n’y a pas d’autre endroit au monde qui ait le même potentiel d’intégration des systèmes énergétiques. L’Alberta a du pétrole lourd qui nécessite un apport d’hydrogène pour être transformé en pétrole léger. Elle a du charbon, dont elle se sert actuellement pour générer de l’électricité, mais il lui serait également possible d’adopter la gazéification pour produire de l’hydrogène. La province a également des puits de pétrole épuisés qu’elle peut encore exploiter grâce à une pressurisation au dioxyde de carbone. La gazéification et la production d’hydrogène donnent, comme sous-produit, du dioxyde de carbone qu’on peut utiliser d’une façon rentable en le pompant dans le sous-sol.
J’ai mentionné plus tôt que cet aspect a fait l’objet d’une analyse de rentabilisation dont les résultats sont positifs. La technologie liée à la gazéification est extrêmement importante pour notre société et nos actionnaires. En 1910, il y avait dans le monde beaucoup plus de pétrole qu’on ne pouvait en consommer. De ce fait, les réserves du sous-sol avaient très peu de valeur. Les actionnaires jugeaient donc leur société non d’après ses réserves de pétrole, mais seulement d’après la valeur du pétrole produit et vendu.
Aujourd’hui, il faut payer chaque année entre 35 000 $ et 65 000 $ le baril pour les réserves du sous-sol. Les investisseurs reconnaissent la valeur des réserves. C’est également le cas du gaz naturel et du bitume. Le bitume en place coûte beaucoup d’argent, mais ce n’est pas encore vrai dans le cas du charbon.
Toutefois, une fois que nous aurons fait la démonstration de la technologie de gazéification du charbon et de sa transformation en hydrogène, le charbon prendra de la valeur. C’est la base de la stratégie commerciale des sociétés qui développent la gazéification. Je discutais avec un des vice-présidents de Peabody Energy aux États-Unis. Il m’a dit que c’était le plan de sa société. Elle veut produire des liquides.
Elle s’intéresse aux liquides parce qu’elle n’a pas la possibilité de produire de l’hydrogène comme chez nous. Nous pouvons produire de l’hydrogène et le vendre aux sociétés qui extraient du pétrole lourd. Nos analyses ont révélé qu’il est rentable de perfectionner le processus de gazéification. Une fois que nous l’aurons fait, nous pourrons le mettre à la disposition du secteur de l’électricité et réduire le risque en travaillant de façon intégrée avec les différentes industries. Tout cela existe en Alberta. Je crois vraiment que beaucoup de ces projets seront réalisés dans les quelques prochaines années.
Notre société, Sherritt International, a expédié du charbon de l’Alberta en Europe pour le soumettre à un processus de gazéification qui y a été mis au point. Nous avons fait la démonstration de la faisabilité de la gazéification de ce type de charbon. À l’heure actuelle, nous avons une équipe d’une quinzaine de personnes qui s’occupe d’une étude de faisabilité dont nous connaîtrons les résultats vers le milieu de cette année. Nous déciderons alors s’il est temps de donner le feu vert à un projet commercial de gazéification destiné à produire de l’hydrogène en Alberta. Nous en discutons avec des partenaires. Le procédé aurait des applications dans les domaines du pétrole lourd, de la récupération assistée des hydrocarbures et de la production de méthane à partir des gisements de charbon inexploitables, de même que dans le secteur de l’électricité.
Voilà ce que nous avons à dire. Nous avons une stratégie commerciale. Nous avons de bonnes raisons d’agir. Je crois que le principal message que je vous demande de transmettre, c’est que l’industrie prendra les devants, tandis que les organismes de réglementation et le gouvernement guideront le mouvement, l’orienteront et le réglementeront.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui.
J’ai un grand nombre de diapositives à vous présenter. Je les passerais en revue très rapidement pour respecter la limite de 10 minutes.
La page 2 donne un aperçu de la présentation. Nous parlons ici de la situation actuelle des technologies du charbon propre. Je vous présenterai en premier un aperçu de la Canadian Clean Power Coalition, ou CCPC. Je vous parlerai ensuite des résultats des phases I et II de nos travaux, des projets qui ont découlé de nos premiers efforts et, enfin, des plans de la phase III.
La page 3 ne surprendra personne: il s’agit de nos réserves de combustibles fossiles, dont le charbon constitue une part très importante. Ces réserves peuvent durer plusieurs siècles.
La page 4 porte sur la CCPC, qui existe depuis 2000. Nous sommes une association regroupant des producteurs de charbon et d’électricité produite au charbon surtout du Canada, mais aussi des États-Unis. Nous avons aussi des mineurs parmi nos membres. La Coalition est un partenariat de l’industrie et des gouvernements du Canada et des provinces. Son objectif est de démontrer que les centrales au charbon peuvent efficacement gérer tous les problèmes environnementaux qui se posent. J’entends par là les cinq catégories d’émissions de ces centrales: les oxydes d’azote, l’anhydride sulfureux, les matières particulaires, le mercure et bien sûr le dioxyde de carbone. Nous voulons également démontrer la capacité d’utiliser différents combustibles, compte tenu de la variété de combustibles à base de carbone dont nous disposons dans le pays. Vous pouvez consulter notre site Web si vous souhaitez obtenir plus de détails à ce sujet.
La page 5 présente une liste des participants à la Coalition.
La page 6 montre que, jusqu’ici, la participation gouvernementale s’est faite par l’intermédiaire de Ressources naturelles Canada. Je profite de l’occasion pour remercier le ministère du financement qu’il nous a accordé dans le passé et, nous l’espérons, qu’il nous accordera à l’avenir pour nous permettre de poursuivre nos efforts. Ont également participé l’Institut de recherche énergétique de l’Alberta et le ministère de l’Industrie et des Ressources de la Saskatchewan, qui sont chargés de la répartition des subventions des gouvernements de ces provinces.
La page 7 présente quelques-uns de nos premiers résultats. La diapositive est assez complexe, mais il suffit de dire que nous avons examiné différentes variétés de charbon: le lignite, qui représente la plus basse qualité, le charbon sous-bitumineux de qualité moyenne et le charbon bitumineux. Nous avons appliqué à chacune différentes technologies, depuis la technologie conventionnelle du charbon pulvérisé jusqu’à la gazéification. En y incluant la capture du dioxyde de carbone, on augmente sensiblement le coût de l’électricité, notamment par rapport à la technologie conventionnelle sans capture du CO2. Toutefois, les résultats montrent que les coûts en capital et les prix de l’électricité baissent en passant de la technologie conventionnelle du charbon pulvérisé à des technologies telles que la gazéification, si l’on inclut la capture du dioxyde de carbone. Dans tous ces cas, nous avons également tenu compte d’une réduction pouvant atteindre 90 p. 100 des émissions d’oxydes d’azote, d’anhydride sulfureux, de matières particulaires et de mercure, par rapport à la technologie actuelle du charbon pulvérisé.
La page 8 donne une idée des options de stockage et d’utilisation du dioxyde de carbone, surtout dans le bassin sédimentaire de l’Ouest canadien. Bien sûr, la capture du dioxyde de carbone nécessite une infrastructure de pipelines et la capacité de le stocker dans les réservoirs épuisés, de préférence pour la récupération assistée des hydrocarbures. Des capacités de récupération et de stockage existent en Saskatchewan, en Alberta, peut-être un peu en Ontario, comme nous l’avons entendu, et certainement aux États-Unis et peut-être aussi au large de la Nouvelle-Écosse.
Voilà donc où nous en étions au terme de la phase I de nos travaux, en 2003.
La page 9 montre que nous avons poursuivi la phase II, ce que nous a permis, comme dans le cas de toutes les études, de déterminer les connaissances qui nous manquaient et qui devaient faire l’objet d’autres recherches. Nous avons donc entrepris la phase II dans le but de trouver les connaissances qui manquaient, en nous concentrant sur les charbons de rang bas – particulièrement le lignite et le charbon sous-bitumineux qu’on trouve dans l’Ouest canadien – et en examinant la gazéification du charbon, l’oxycombustion et les moyens de réduire les émissions du charbon pulvérisé en postcombustion.
De plus, nous avons étudié les avantages de ce qu’on appelle la polygénération. Je sais qu’un membre du comité a posé une question au sujet de FutureGen, qui est un exemple de projet de polygénération visant essentiellement à produire non seulement de l’électricité, mais aussi des produits chimiques tels que l’hydrogène, le gaz naturel de substitution, le combustible diesel, etc.
La page 10, qui présente les résultats préliminaires de la phase II, montre que cette phase arrive à sa fin. D’après les résultats préliminaires, il serait possible d’améliorer le rendement de la gazéification du charbon par un procédé intégré à cycle combiné, avec capture du dioxyde de carbone, en partant de charbons de rang bas. Bien sûr, un meilleur rendement se répercute sur les paramètres économiques d’ensemble.
Comme on peut le voir à la page suivante, les récentes hausses des prix de l’acier, du béton et de la main-d’œuvre nous imposent de refaire les calculs de coût. C’est la raison pour laquelle la diapositive suivante, à la page 11, ne comporte pas de chiffres. Je peux vous les transmettre dès qu’ils seront disponibles.
C’est une comparaison relative qui montre clairement que la gazéification intégrée en cycle combiné du charbon sous-bitumineux de l’Alberta, notamment en cas de capture du dioxyde de carbone, permet d’améliorer les paramètres économiques, surtout si le procédé donne un produit commercialisable tel que le CO2 utilisé pour la récupération assistée des hydrocarbures.
Dans le cas du lignite, la gazéification intégrée en cycle combiné n’est peut-être pas la meilleure solution. La Saskatchewan Power a donc décidé de s’orienter vers l’oxycombustion pour utiliser son charbon de rang bas.
Comme le montre la page 12, nous avons examiné la combustion supercritique de différents charbons et la capture du dioxyde de carbone par un procédé d’oxycombustion ou d’épuration postcombustion aux amines.
La page 13 présente les légendes de la diapositive précédente.
À la page 14, on peut voir que des améliorations sensibles sont possibles au chapitre de la capture du dioxyde de carbone pour toutes les technologies: oxycombustion, épuration aux amines, gazéification et gazéification intégrée en cycle combiné.
La page 15 présente les conclusions des travaux réalisés jusqu’ici. Il est possible de réduire considérablement toutes les émissions polluantes – oxydes d’azote, anhydride sulfureux, matières particulaires, mercure et CO2 – des centrales au charbon grâce à des technologies existantes ou en développement.
Quelles sont donc les étapes suivantes en vue de la commercialisation de la technologie du charbon propre? La page 16 présente deux projets actuellement en cours, celui de la Saskatchewan Power et le projet EPCOR.
Le projet de la SaskPower sera basé sur la technologie supercritique du charbon pulvérisé, avec un procédé d’oxycombustion. La capacité prévue est d’environ 300 mégawatts. Le projet comprend la capture du dioxyde de carbone. Le combustible utilisé consistera en lignite de rang bas. Les études techniques préliminaires doivent se terminer sous peu. Elles permettront de décider cette année, on l’espère, s’il convient d’entreprendre la réalisation du projet. Je crois que la mise en service de la centrale est prévue pour 2012.
Le projet CCPC/EPCOR de gazéification intégrée en cycle combiné – soit dit en passant, je travaille pour EPCOR – est une entreprise de conception technique de trois ans devant coûter 33 millions de dollars. Nous envisageons actuellement une centrale d’environ 500 mégawatts. C’est à la page 18. Le projet comprend la capture et le stockage du dioxyde de carbone.
Le financement doit provenir à parts égales de l’industrie, du gouvernement de l’Alberta et, nous l’espérons, du gouvernement fédéral. Nous sommes actuellement en discussion avec les représentants de Ressources naturelles Canada à ce sujet.
Le combustible, du charbon sous-bitumineux, provient de Genesee, en Alberta. Le projet a commencé en octobre 2006 parce que nous disposions déjà d’un certain montant. La première étape aura pour but de choisir la technologie à utiliser. Elle se terminera cette année. Nous examinons actuellement quatre ou cinq technologies différentes de gazéification. L’idée est d’en choisir une, puis de baser la conception technique là-dessus. L’étape de conception devrait être terminée en 2009. Nous serons alors en mesure de prendre une décision au sujet de la construction de cette centrale.
Comme l’indique la page 19, la CCPC entreprendra à la phase III d’évaluer les améliorations technologiques sur une base continue, d’étudier les technologies nouvelles et émergentes, de participer avec d’autres organisations nationales ou internationales à des initiatives liées aux technologies de charbon propre et de créer une base de données contenant des renseignements sur tout ce que nous aurons appris.
Voilà, monsieur le président, j’ai terminé. J’espère avoir respecté la limite de 10 minutes.
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En ce qui concerne ma propre société, EPCOR, les responsables essaient du mieux qu’ils peuvent d’anticiper les changements de la réglementation aussi bien provinciale que fédérale. C’est ce qui nous a obligés à adopter, depuis 2002, la technologie supercritique dans la troisième centrale de Genesee. La centrale a été mise en service en 2005. Elle fonctionne donc depuis bientôt deux ans. Nous essayons d’anticiper les changements de la réglementation concernant toutes les émissions que j’ai mentionnées: les oxydes d’azote, les oxydes de soufre, les matières particulaires, le mercure et le dioxyde de carbone.
Pour ce qui est du dioxyde de carbone, comme la technologie supercritique assure une augmentation de 18 p. 100 du rendement thermique, nous obtiendrons, sur une base d’intensité, une réduction de 18 p. 100 du CO2. C’est une amélioration très importante.
Pour les oxydes d’azote et de soufre et les matières particulaires, nous avons pu tirer parti de ce qu’on appelle les MTEAR ou meilleures techniques existantes d’application rentable. Autrement dit, nous avons eu recours à des technologies existantes qui nous ont permis d’installer des brûleurs à faible taux d’oxydes d’azote. Ils fonctionnent extrêmement bien, avec des émissions très sensiblement inférieures aux normes provinciales. Pour ce qui est de l’anhydride sulfureux, nous avons pu installer une unité de désulfuration des gaz de combustion. Il y a lieu de noter à cet égard que le charbon de l’Ouest a une très, très faible teneur en soufre, de l’ordre de 0,2 p. 100, par rapport à 3 p. 100 ou plus dans l’est du Canada et des États-Unis. Nous avons également réussi à capter 99,8 p. 100 des matières particulaires.
Nous collaborons avec la province depuis quelques années au sujet de la réduction des émissions de mercure. Une nouvelle norme est maintenant fixée, imposant de capter 70 p. 100 du mercure d’ici 2011.
Tout cela a été réalisé au moyen de technologies existantes. Pour l’avenir, nous concentrons nos efforts sur la gazéification, surtout à cause de la qualité de notre charbon. Il est démontré que la gazéification peut réduire encore plus toutes les émissions que j’ai mentionnées.
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Le plus important, du point de vue de l’industrie, c’est que nous puissions comprendre ce qui va se produire, et que les politiques et les règlements prévoient des délais réalistes sur le plan commercial.
À long terme, je m’attends à ce que beaucoup des centrales les moins efficaces soient désaffectées parce qu’elles auront de toute façon atteint le terme de leur durée utile. Dave a déjà parlé du retrait des vieilles installations.
Certaines de ces centrales seront remplacées par des installations modernes basées sur la technologie assurant une réduction de 20 p. 100 des émissions. D’autres seront fondées sur la technologie de la gazéification, qui devrait pouvoir nous assurer une amélioration de l’ordre de 80 p. 100.
Toutefois, nous ne contrôlons pas complètement l’évolution de cette technologie. Nous pouvons consacrer plus d’énergie, de temps et d’efforts à des projets de ce genre, mais la technologie doit progresser et devenir à la fois plus rentable et plus sûre avec le temps. Si nous pouvions, d’une façon ou d’une autre, faire correspondre les attentes des organismes de réglementation et du gouvernement aux possibilités et aux limites de la technologie, nous aurions le meilleur des deux mondes. C’est cela que nous recherchons.
Nous avons besoin de recherches dans certains domaines. Nous avons besoin d’infrastructure dans beaucoup d’autres. Quand nous parlons de séquestration du dioxyde de carbone, nous n’en avons pas actuellement à séquestrer parce que l’industrie n’a pas fait de progrès suffisants à cet égard. Même si la technologie était au point, nous n’aurions pas l’infrastructure nécessaire pour amener le dioxyde de carbone aux points de stockage.
Il y a donc beaucoup de planification à faire dans les prochaines années. L’industrie, les organismes de réglementation et les gouvernements peuvent collaborer pour que tout cela se réalise. Ce serait la façon d’assurer la transition la plus harmonieuse possible.
L’imposition de règlements que nous ne pouvons pas respecter va nous causer d’énormes difficultés à court terme.
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Je peux penser à un certain nombre de choses.
Je crois que la liaison avec les gens qui ont déjà réussi dans ce secteur peut être utile... Contrairement à l’impression que le comité a eue plus tôt, je ne crois pas que la Chine ou l’Inde soient tellement en retard dans ce domaine. Les Chinois utilisent déjà d’assez bonnes technologies. Bien sûr, ils ont aussi beaucoup de vieilles centrales qu’ils continuent à utiliser, mais il n’en reste pas moins que leurs problèmes environnementaux sont tellement graves qu’ils n’ont pas d’autre choix que de recourir aux meilleures technologies disponibles. Ils ont beaucoup de centrales de gazéification. Je sais que Ressources naturelles Canada travaille avec eux pour essayer de transférer la technologie nécessaire. Voilà donc une chose qu’il est possible de faire.
Le soutien de l’industrie en est une autre. Les entreprises qui produisent l’équipement nécessaire ne sont pas celles qui construisaient le matériel des centrales au charbon traditionnelles. Les sociétés qui fournissent l’équipement de gazéification ou qui envisagent de le faire comprennent General Electric aux États-Unis ainsi que Siemens et Shell. Les fournisseurs traditionnels n’ont pas fait la transition, surtout parce que la gazéification tient davantage du raffinage que de la combustion. Le procédé est très différent.
Les Sud-Africains, par exemple, ont les installations Sasol. Du temps de l’apartheid, l’Afrique du Sud ne pouvait plus acheter du pétrole et a donc commencé à en produire elle-même à partir du charbon. Cette technologie ne serait pas utile au Canada, mais beaucoup des procédés qui y sont associés le seraient: comment utiliser le charbon, comment traiter certains des effluents, comment résoudre les problèmes liés à cette technologie.
Il y aurait donc beaucoup à gagner en établissant des liens avec ceux qui ont réussi dans ce secteur. Les États-Unis aussi s’intéressent à cet aspect parce qu’ils se disent, je crois, qu’ils ne pourront pas empêcher le tiers monde et les pays en développement d’utiliser le charbon. Il serait donc avantageux de développer les meilleures technologies possibles ici, pour les transférer ensuite à ces pays.