Bonjour mesdames et messieurs. Good morning, ladies and gentlemen.
Je pense que vous avez tous reçu un exemplaire de la présentation qui vous a été remise à l'avance. J'aimerais vous donner un bref aperçu général des énergies renouvelables, du rôle qu'elles jouent dans l'approvisionnement en énergie au Canada et des programmes fédéraux et provinciaux qui ont été mis en place pour les appuyer. Ensuite, à la fin de l'exposé, je laisserai la parole à mon collègue qui est plus expert que moi en matière de carburants renouvelables; il fera quelques commentaires avant que je ne passe aux conclusions.
Sur la quatrième diapositive, vous voyez la définition de l'énergie renouvelable, à savoir que c'est l'énergie produite sans épuisement des ressources. Les trois principaux secteurs dans lesquels elle est utilisée sont l'électricité, l'énergie thermique et les carburants pour les transports. La disponibilité des ressources renouvelables varie considérablement selon la région du Canada et il existe une vaste gamme de technologies servant à produire de l'énergie renouvelable à des niveaux de développement différents.
Sur la cinquième diapositive, nous avons tenté de faire un schéma représentant les diverses technologiques dont on parle, réparties selon les trois catégories, à savoir l'électricité, l'énergie thermique et les carburants. À mesure que l'on va vers la droite du schéma, on peut voir des technologies qui sont aux étapes de développement les plus avancées. Par conséquent, en ce qui concerne l'électricité, le type d'énergie situé le plus à droite est, bien entendu, l'énergie hydroélectrique des grandes centrales. La biomasse, l'énergie éolienne et les gaz d'enfouissement sont de plus en plus compétitifs par rapport aux sources génératrices conventionnelles. Les énergies solaire et géothermique sont un peu moins développées et, enfin, l'énergie marémotrice et les cultures énergétiques en sont encore aux toutes premières étapes de développement.
En ce qui concerne l'énergie thermique, le bois de chauffage est, comme nous le verrons plus tard, une des sources d'énergie thermique renouvelable les plus utilisées. Nous examinerons également plus tard le chauffage à l'air solaire et les thermopompes puisant l'énergie dans le sol. Le chauffage solaire de l'eau et le refroidissement par les eaux souterraines en sont à des étapes de développement un peu moins avancées. On fait également la même constatation en ce qui concerne les combustibles renouvelables.
Globalement, les technologies des énergies renouvelables représentent environ 17 p. 100 des approvisionnements d'énergie du Canada et, comme vous pouvez le constater, ce sont l'hydroélectricité, la production hydroélectrique à grande échelle et la biomasse qui occupent les positions dominantes. Les gens brûlent du bois de chauffage, mais il y a également une grande part de biomasse qui entre dans l'industrie des pâtes et papiers. La biomasse répond à environ 50 p. 100 des besoins énergétiques de l'industrie des pâtes et papiers.
Vous pouvez donc constater que les technologies qui sont de plus en plus le point de mire de l'attention—les énergies marémotrice, solaire, éolienne et bien d'autres—représentent actuellement un faible pourcentage des approvisionnements totaux en énergie. Cependant, comme vous pourrez le constater plus tard, ce sont des technologies en pleine expansion.
En ce qui concerne l'énergie renouvelable électrique et thermique, vous pouvez voir, sur la figure suivante, à la page 8, que dans le secteur de l'électricité, les grandes centrales représentent environ 60 p. 100 de la capacité de production alors que les énergies renouvelables n'en représentent qu'environ 3 p. 100. «Énergies renouvelables» est l'expression que nous employons pour désigner la série de technologies qui comprend l'énergie éolienne, l'énergie solaire, l'énergie géothermique, la biomasse, mais pas les grandes centrales hydroélectriques.
La figure de la neuvième diapositive indique certains chiffres concernant les ajouts à la capacité en 2003. Je suis certain que mes collègues auront des statistiques plus à jour et des informations supplémentaires à vous communiquer.
Si les énergies renouvelables ne représentent qu'un faible pourcentage de nos approvisionnements totaux actuels en électricité, plusieurs, comme les petites centrales hydroélectriques, l'énergie solaire et l'énergie éolienne, prennent très rapidement de l'expansion, quoique l'énergie solaire ne soit pas très représentée dans cette figure parce qu'elle concerne uniquement l'énergie électrique.
Le gouvernement fédéral a toujours appuyé les énergies renouvelables par le biais de trois grandes séries de politiques. La première est axée sur la recherche-développement. Par exemple, l'Institut canadien de l'énergie éolienne est établi dans la région de l'Atlantique. Nous avons également un Centre national d'essais d'équipements solaires. Si vous avez des questions supplémentaires à poser sur la technologie, nous sommes accompagnés d'experts du ministère qui pourront y répondre.
La série suivante, ce sont les mesures fiscales. Un régime fiscal très intéressant a été mis en place pour une série de technologies des énergies renouvelables. La déduction pour le matériel de catégorie 43.1 est essentiellement une déduction pour amortissement de 50 p. 100. Vous pouvez amortir votre investissement sur une période de deux ans ou de deux ans et demi, selon certaines règles fiscales. Les frais liés aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie au Canada donnent une déduction de 100 p. 100 en ce qui concerne les éoliennes d'essai des champs d'éoliennes et autres projets semblables. C'est une mesure analogue au crédit d'impôt pour exploration minière applicable au secteur pétrolier et gazier, quoiqu'il ne s'agisse pas d'une déduction intégrale des frais d'exploration.
Il existe toute une série de programmes qui apportent un soutien direct, sur lesquels vous entendrez des commentaires plus tard. Les deux les plus intéressants sont le Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables qui, entre autres choses, prévoit des mesures incitatives en ce qui concerne l'énergie solaire à concurrence de 25 p. 100 pour certaines applications, à savoir les applications thermiques dans le secteur commercial et industriel, et l'Encouragement à la production d'énergie éolienne, qui consiste en une subvention de 1c. le kilowatt-heure sur une période de dix ans pour les nouveaux parcs d'éoliennes. Les deux programmes sont en cours d'examen dans le cadre du nouvel examen de son approche en matière d'énergie et de changement climatique qu'effectue le nouveau gouvernement.
Les nombreuses initiatives fédérales ont encouragé ou aidé à encourager une gamme très variée d'initiatives provinciales complémentaires. Chaque province a des méthodes de soutien différentes. Dans l'annexe, vous trouverez une liste détaillée des cibles pour chaque province et des mesures d'appui en place.
Une large gamme d'instruments sont utilisés dans les provinces pour soutenir les énergies renouvelables. La plupart des provinces le font par le biais de demandes de propositions administrées par la société d'électricité ou, dans le cas de l'Ontario, par l'Office de l'électricité de l'Ontario. Dans d'autres cas, il s'agit de normes pour le portefeuille des énergies renouvelables qui exigent que les fournisseurs d'électricité tirent un pourcentage donné de l'électricité produite d'une source renouvelable. En Ontario, on a de plus en plus recours aux marchés ouverts, où on établit un prix fixe de x cents le kilowatt-heure pour toute technologie admissible. Cette initiative a pour objet de réduire les frais administratifs de quelques petits producteurs. Les marchés publics d'énergies renouvelables sont un autre type d'initiative.
J'arrête ici. J'aurai quelques observations à faire en guise de conclusion, mais je laisse maintenant la parole à Chris qui vous donnera un bref aperçu des combustibles renouvelables.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais présenter M. Christian Vachon, qui a été président de l'Association des industries solaires du Canada (CanSIA), et qui m'accompagne pour m'aider à répondre à vos questions. Je signale que nous avons des notes d'information qui ont sans doute été distribuées. Elles contiennent de l'information sur l'énergie solaire.
L'Association des industries solaires du Canada, ou CanSIA, représente l'industrie solaire au Canada. C'est une petite industrie dans le contexte de la société canadienne et par rapport aux industries solaires d'autres pays. Au Canada, l'industrie solaire emploie environ 700 personnes alors qu'en Allemagne, elle en emploie 50 000 et qu'en Chine, d'après les estimations, elle emploie actuellement plus de 200 000 travailleurs.
Le Canada est un pays où les ressources énergétiques abondent. Nous avons la chance d'avoir des ressources énergétiques renouvelables et non renouvelables en abondance. Le Canada a investi et a tiré parti de ses ressources non renouvelables; nos réserves de pétrole et de gaz naturel ont contribué dans de fortes proportions à notre niveau de vie élevé. Cependant, ces ressources énergétiques sont limitées. D'ici un certain temps, une vingtaine ou une trentaine, voire une centaine d'années, elles ne seront plus suffisantes pour répondre à tous les besoins énergétiques des Canadiens. À l'instar du sable dans un sablier, nos réserves de combustibles au carbone diminuent graduellement. Nous avons beau ajouter du sable ou en réduire l'écoulement, elles diminuent inexorablement.
Votre comité devrait se poser trois questions en réfléchissant à la future politique énergétique du Canada. Est-ce que les prix de l'énergie augmenteront ou diminueront au cours des deux prochaines décennies? Est-ce que d'autres pays veulent importer de plus grandes ou de plus petites quantités de notre énergie? Le monde se préoccupe-t-il davantage ou moins du changement climatique?
Il est essentiel d'aller observer ce qui se passe au-delà de nos frontières pour être informés sur les mesures que prennent des pays qui, contrairement à nous, n'ont pas la chance d'avoir des ressources d'énergies non renouvelables abondantes quoique limitées. Ces pays sont confrontés dès à présent à des problèmes que le Canada devra affronter à l'avenir. Nous constatons que l'énergie solaire joue un rôle prépondérant dans la politique énergétique de plusieurs autres pays.
L'industrie de l'énergie solaire est maintenant une industrie cosmopolite de 15 milliards de dollars et sa croissance annuelle est de 35 p. 100. Le prix de l'énergie solaire diminue. C'est la seule source d'énergie dont le prix a diminué constamment au cours des 20 dernières années et continue à diminuer. Nos voisins du Sud ont annoncé dernièrement que leur objectif était d'installer 10 000 mégawatts d'électricité solaire au cours des dix prochaines années. Le Canada n'a pas établi de plans ni d'objectifs en ce qui concerne ce type d'électricité.
L'Allemagne, qui est le chef de file mondial dans ce domaine, a installé plus de 600 mégawatts l'année dernière. Le Canada en a installé moins de deux. En Autriche, un propriétaire de maison sur sept utilise actuellement l'énergie solaire pour son chauffe-eau. Le village de Bliesdorf, dans le sud de l'Autriche, dont la population est de 35 000 habitants, a une capacité installée supérieure à la capacité totale canadienne en matière de chauffage solaire. La Chine a mis en place une loi sur les énergies renouvelables qui impose l'utilisation de chauffe-eau solaires dans tous les nouveaux édifices. Il en résulte que la Chine est actuellement le plus vaste marché solaire au monde, avec plus de 10 000 fabricants. Il n'y en a que deux au Canada.
Les entreprises majeures actives dans le secteur de l'énergie solaire incluent des entreprises comme Sharp, Sanyo, BP, Shell et General Electric. Dernièrement, la Banque Nationale du Canada a publié un rapport sur notre industrie solaire qui recommande ce secteur comme opportunité d'investissement majeure. À l'échelle mondiale, l'énergie solaire devient un secteur très important.
Que fait le Canada pour se préparer pour le jour où le prix de l'énergie solaire sera moins élevé que celui de n'importe quel autre type d'énergie, lorsque les autres nations n'auront plus besoin de notre énergie ou n'en voudront plus et lorsque d'autres pays récolteront les fruits de leurs investissements actuels dans les technologies motivées par le changement climatique? À Ottawa, on ne peut pas installer en toute légalité un chauffe-eau solaire chez soi. À Calgary, on ne peut pas raccorder les électrons solaires que l'on produit au réseau. À Vancouver, on n'a pas le droit de capter le soleil sur son toit.
Le message que je veux communiquer aujourd'hui est que le Canada ne pense pas à l'avenir de son approvisionnement en énergie mais qu'il reste pris dans le carcan du passé. L'absence de leadership gouvernemental et politique crée de graves problèmes pour nos enfants qui devront faire concurrence à des pays qui ont pris en main dès à présent leur avenir énergétique.
Alors que dans les années 80, le Canada était un chef de file mondial dans le secteur du solaire, il est maintenant en retard sur tous ses partenaires commerciaux. Alors que les autres pays ont fait des progrès constants, le Canada est resté inactif au cours des 20 dernières années. Actuellement, il est même dépassé par de nombreux pays du tiers monde en ce qui concerne le niveau d'appui au solaire.
Le gouvernement du Canada n'accorde aucun appui à l'énergie solaire photovoltaïque. Le Canada investit seulement l'équivalent de 14 p. 100 du montant investi par les autres pays industrialisés dans l'électricité solaire; en outre, ces fonds sont destinés à la R-D. Par conséquent, alors que d'autres pays investissent dans l'accroissement de la capacité industrielle et dans le lancement sur le marché de produits solaires qui ont fait leurs preuves, RNCan continue d'examiner l'industrie solaire dans une perspective d'avenir. Par conséquent, les ventes au Canada représentent moins de 20 p. 100 de la moyenne mondiale.
L'Ontario est la lueur d'espoir au Canada en ce qui concerne l'énergie solaire. Le gouvernement de cette province a en effet annoncé dernièrement un programme qui va contribuer à la croissance des ventes de 0,1 mégawatt à 15 mégawatts par année au cours des cinq à dix prochaines années. Il ne faut toutefois pas oublier que l'Allemagne installe actuellement 40 mégawatts par mois.
Les fonctionnaires de RNCan continuent d'affirmer que l'énergie photovoltaïque n'est pas une option rentable pour les Canadiens et n'est pas prête pour le marché canadien. On se demande donc bien quel type d'information RNCan a que les autres pays ignorent.
L'énergie solaire est, semble-t-il, incluse dans les dispositions de la Loi de l'impôt sur le revenu concernant la catégorie 43.1. C'est une mesure fiscale qui permet aux entreprises de faire une déduction accélérée du capital engagé dans la technologie des énergies renouvelables et, pourtant, le solaire est la seule technologie des énergies renouvelables à laquelle sont imposées des restrictions quant à sa participation. Plus de 95 p. 100 des applications solaires sont exclues de la catégorie 43.1. Pour l'industrie de l'énergie solaire, ces dispositions ne sont que de la poudre aux yeux. Il serait essentiel d'y apporter des modifications majeures pour qu'elle soit avantageuse pour l'industrie solaire. Nous faisons du lobbying à cette fin depuis une dizaine d'années. Pourquoi l'énergie solaire est-elle considérée comme faisant partie des types d'énergies admissibles dans ce contexte alors qu'en fait, ce n'est pas le cas?
Je passe enfin au Programme d'encouragement aux systèmes d'énergies renouvelables (PENSER). C'est le seul appui que l'industrie solaire reçoit du gouvernement fédéral depuis le milieu des années 80. C'est un petit programme dont le budget est d'environ 5 millions de dollars pour le présent exercice. Il est de petite envergure par rapport à l'appui donné dans d'autres pays, mais c'est tout ce que nous avons.
Les fonds du PENSER ont été bloqués depuis mars par le gouvernement, dans le contexte d'un examen général des programmes de lutte contre les changements climatiques. Cependant, les applications solaires en ce qui concerne les édifices industriels et commerciaux, appuyées par le PENSER, sont étroitement liées au cycle de construction de l'industrie du bâtiment. Les ventes sont faites au printemps pour l'installation en été. À quoi cela sert-il si les fonds du PENSER sont disponibles cet automne ou l'hiver, alors que l'industrie ne peut pas installer ses produits à cette période de l'année? En outre, le blocage engendre de l'incertitude sur le marché et les acheteurs potentiels laissent leurs décisions en suspens. Par conséquent, les ventes de projets thermiques solaires ont chuté cette année, même si elles étaient bien maigres comparativement à celles d'autres pays.
Si le gouvernement s'engage à développer les ressources en énergies renouvelables du Canada, il est indispensable de mettre fin à ce blocage avant qu'il ne cause des dommages irréparables à l'industrie thermique solaire. Si le gouvernement est réellement déterminé à appuyer les énergies renouvelables, il doit s'arranger pour que le PENSER joue le rôle de programme de transition vers les nouveaux mécanismes d'appui que RNCan prétend préparer et que le gouvernement a, à l'en croire, l'intention d'annoncer cet automne. Le gouvernement fédéral ne donne actuellement pratiquement aucun appui au secteur solaire et le seul programme de soutien auquel nous avons accès, à savoir PENSER, est actuellement bloqué, alors que de toute façon son échéance est prévue pour mars 2007.
Que peut faire le gouvernement du Canada pour s'assurer que l'énergie solaire joue un rôle dans les approvisionnements énergétiques futurs des Canadiens? Les sources d'énergie renouvelable comme l'énergie solaire ne sont pas uniquement une question d'assainissement de l'air ou de lutte contre les changements climatiques. L'énergie solaire présente en effet un avantage majeur sur le plan environnemental mais c'est aussi une question de sécurité énergétique, une question d'accès à une source d'énergie bon marché à l'avenir et une question de création d'emplois et de richesses pour les Canadiens.
Je voudrais vous présenter quatre recommandations clés.
La première est que l'énergie solaire n'est pas seulement une question d'assainissement de l'air. Elle doit faire partie des discussions sur la politique énergétique. On ne peut pas nous tenir de nouveau à l'écart. Il est essentiel que le solaire et toutes les énergies renouvelables jouent un rôle majeur dans l'élaboration d'une structure nationale en matière d'énergie. Il faudrait que nous fassions de la planification pour l'avenir énergétique du Canada pour les 20 ou 30 prochaines années. Il est essentiel que nous songions à l'avenir, et pas seulement à court terme.
La deuxième recommandation est qu'il est impératif que le gouvernement prenne un engagement ferme et qu'il adopte des politiques cohérentes. Il est essentiel qu'il passe à l'action après tous les beaux propos qu'il a tenus et toutes les aspirations qu'il a souvent exprimées en ce qui concerne les énergies renouvelables. Le ministre et le sous-ministre de RNCan ont fait dernièrement des commentaires encourageants à l'appui du secteur solaire, mais nous avons une vingtaine d'années de retard à rattraper. Il est impératif de passer immédiatement à l'action et ce, de façon concrète plutôt que symbolique.
La troisième recommandation est qu'il est essentiel d'accroître notre capacité solaire dès aujourd'hui afin d'être prêts pour demain, lorsque le Canada aura besoin de nouvelles options en matière d'énergie. Il est d'abord impératif d'augmenter le budget pour les besoins d'énergie solaire pour qu'il soit comparable à celui de nos partenaires commerciaux. Si le budget fédéral actuel pour l'énergie solaire est inconnu, nous estimons qu'il est inférieur à 12 millions de dollars par année. Pour être dans la moyenne par rapport aux autres pays, il faudrait qu'il soit augmenté à 75 millions de dollars.
Enfin, le soutien du gouvernement doit consister à remettre le solaire entre les mains des techniciens. Nous n'avons pas besoin d'études, de R-D ou de développement technologique supplémentaires. Je ne pourrai jamais insister assez là-dessus. Nous avons maintenant accès à la technologie nécessaire et elle a fait ses preuves.
Il est essentiel de suivre les traces d'autres pays qui ont 20 années d'avance sur nous dans l'utilisation de leur énergie solaire. Il est impératif de contribuer au développement du marché des produits solaires. Il est indispensable d'accroître la capacité de l'industrie. Il faut contribuer à faire connaître les avantages de nos produits aux Canadiens.
Alors que les ressources énergétiques actuelles du Canada diminuent, il est essentiel d'avoir sous la main d'autres sources d'énergie pour les remplacer. Comme toute autre source d'énergie—comme l'énergie hydroélectrique, le pétrole, le nucléaire du passé—, il faudra des décennies pour que le solaire devienne une source majeure d'énergie pour les Canadiens, mais ceci ne peut en aucun cas être un prétexte à l'inertie.
J'espère, pour l'avenir de mon fils et pour celui de vos enfants ou de vos petits-enfants, que le Canada ne laissera pas passer l'échéance sur l'avenir énergétique du pays.
Je vous remercie pour votre attention.
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Merci, mesdames et messieurs, pour cette occasion de faire un exposé.
Je pense que vous avez un exemplaire du document que j'utilise pour mon exposé. Il est un peu long et, par conséquent, je passerai rapidement sur certaines diapositives, mais je passerai tous les sujets en revue.
Les principaux messages que j'ai à vous communiquer, c'est que l'énergie éolienne n'est plus un secteur marginal mais est devenu un secteur énergétique à part entière. Alors que le Canada a beaucoup de retard sur d'autres pays en matière de développement de l'énergie éolienne, nous avons d'énormes opportunités au Canada. Enfin, nous avons réalisé quelques progrès intéressants et nous avons mis en place un cadre stratégique qui pourrait aider le Canada à devenir un chef de file dans ce secteur mais, pour cela, il est essentiel que ce cadre soit stable. L'incertitude qui plane actuellement au sujet de la politique en matière d'énergie éolienne au palier fédéral pourrait avoir des incidences très graves pour l'avenir de cette industrie.
Voici la première diapositive. Je voudrais faire quelques commentaires sur l'accession de l'énergie éolienne au statut de source d'énergie à part entière. À l'échelle mondiale, l'énergie éolienne produit actuellement assez d'électricité pour répondre aux besoins de 17 millions de foyers. Cela représente une capacité de 59 000 mégawatts. L'énergie éolienne produit 20 p. 100 de la demande en électricité au Danemark, 5 p. 100 en Allemagne et 8 p. 100 en Espagne alors que ces pourcentages étaient très faibles au début de la présente décennie.
En 2005, la valeur totale de la puissance d'énergie éolienne installée à l'échelle mondiale représentait 14 milliards de dollars américains. L'énergie éolienne employait à elle seule 100 000 personnes en Espagne, au Danemark et en Allemagne. On prévoit une poursuite de la croissance qui devrait passer de 59 000 mégawatts à l'heure actuelle à 149 000 mégawatts en 2010. C'est une prévision du Conseil mondial de l'énergie.
L'industrie est de plus en plus caractérisée par des intervenants de taille. Au cours des cinq dernières années, General Electric et Siemens sont devenues des fabricants d'éoliennes de premier plan. Au Canada, les entreprises qui développent des projets d'énergie éolienne sont, pour la plupart, les entreprises les plus prestigieuses du secteur énergétique canadien. Il s'agit d'entreprises comme Suncor, Nexen, TransCanada, Enbridge, TransAlta et EPCOR, qui sont toutes désireuses de jouer un rôle dans ce secteur.
Quelles sont les principales motivations de ces entreprises? Certaines sont d'ordre économique. L'évolution technologique a entraîné une diminution du coût de l'énergie éolienne qui devient de plus en plus compétitive en termes de coûts par rapport à l'énergie conventionnelle. On peut par ailleurs s'attendre avec un degré de certitude élevé à ce que les coûts de l'énergie éolienne continuent de diminuer. La certitude est moins grande en ce qui concerne d'autres technologies. L'écart continuera à se rétrécir.
L'énergie éolienne offre des avantages économiques importants en termes d'investissement et de création d'emplois, mais je voudrais mettre en évidence le fait qu'elle présente surtout des avantages pour les collectivités rurales. La meilleure ressource éolienne au Canada se trouve dans les régions rurales. Ces régions sont souvent dans une situation très précaire à cause du déclin d'autres secteurs comme l'agriculture, l'exploitation forestière ou l'exploitation minière. L'énergie éolienne rapporte aux agriculteurs plusieurs milliers de dollars annuellement par turbine en remboursements de baux immobiliers et elle représente une contribution importante à l'assiette fiscale municipale rurale.
En fait, aux États-Unis, John Deere, le fabricant de tracteurs et d'équipement agricole, a mis sur pied un programme qui consiste à accorder des fonds aux agriculteurs pour soutenir le déploiement de l'énergie éolienne sur leur propriété, car cette société considère l'énergie éolienne comme une des planches de salut de l'exploitation agricole familiale aux États-Unis.
Sur le plan environnemental, l'énergie éolienne offre de nombreux avantages. Je ne les passerai pas en revue car ils sont bien connus.
Je voudrais faire une deuxième série de commentaires sur les occasions de croissance pour l'énergie éolienne au Canada. Nous avons probablement la meilleure ressource éolienne au monde. Nous avons les plus longues côtes et la deuxième plus vaste masse continentale au monde. Notre ressource éolienne est bien répartie dans toutes les régions du pays; toutes les provinces et territoires ont des occasions de développement de l'énergie éolienne. Étant donné qu'à l'échelle nationale, notre pays tire surtout son électricité de l'énergie hydroélectrique, nous avons des occasions que d'autres pays n'ont pas d'intégrer l'énergie éolienne à notre système, car l'hydroélectricité est un très bon partenaire pour l'énergie éolienne, pour ce qui est d'aider à gérer la variabilité du vent, lorsque celle-ci est intégrée au système.
Voici l'énergie éolienne aujourd'hui: nous avons une puissance actuelle installée de 944 mégawatts qui est suffisante pour répondre aux besoins en électricité d'un peu plus de 300 000 foyers. Cela ne représente que 0,4 p. 100 de la demande totale d'électricité au Canada, mais la croissance est rapide.
Si vous regardez un peu plus loin dans le document, vous constaterez qu'entre 2002 et 2005, la capacité installée de l'énergie éolienne a augmenté de 38 p. 100 par année. L'année dernière, elle a augmenté de 54 p. 100. Cette année, nous avons débuté avec 683 mégawatts et nous atteindrons près de 1 200 mégawatts d'ici la fin de l'année.
Nous avons actuellement près de 3 000 mégawatts supplémentaires d'énergie éolienne prévus au Canada actuellement, en construction ou en vertu d'accords d'achat d'énergie signés—donc, en vertu d'ententes contractuelles qui stimuleront la construction. La croissance est par conséquent bien réelle, et elle est marquée.
Cette croissance a été stimulée par l'émergence d'un cadre stratégique au Canada. Ce n'est pas vraiment exceptionnel. Le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont, par le passé, institué des cadres politiques pour faciliter le développement de nouvelles sources d'énergie, qu'il s'agisse des sables pétrolifères, de la technologie nucléaire ou de la technologie d'exploitation des hydrocarbures extracôtiers. Un cadre semblable émerge actuellement en ce qui concerne l'énergie éolienne.
Au palier fédéral, la principale initiative a été la mise en place de l'Encouragement à la production d'énergie éolienne. Ce programme a été créé en 2001 en tant que mesure de développement industriel et son objectif était de mettre en place 1 000 mégawatts d'énergie éolienne pour 2007. Nous dépasserons le niveau de 1 000 mégawatts cette année. Le financement de ce programme a été totalement engagé à l'été 2005.
Dans le budget 2005, l'adoption d'un nouvel objectif de 4 000 mégawatts pour 2010 a été annoncée. L'élargissement du programme n'a pas encore été mis en oeuvre. Les fonds sont bloqués.
En fait, l'Encouragement à la production d'énergie éolienne verse aux producteurs d'énergie éolienne une rémunération d'encouragement équivalente à 1c. du kilowatt-heure pour une période de dix ans. Ce n'est pas exceptionnel si l'on examine les initiatives prises dans d'autres pays. Les États-Unis ont mis en place un programme semblable, le crédit sur la taxe à la production, en vertu duquel un montant équivalant à 1,9c. US du kilowatt-heure est accordé pour la production d'énergie éolienne, pour une période de dix ans.
Comme Tom Wallace l'a signalé, nous avons également mis en place des politiques fiscales d'encouragement, à savoir la déduction des frais liés aux énergies renouvelables et aux économies d'énergie au Canada pour le matériel de catégorie 43.1
L'Encouragement à la production d'énergie éolienne a joué, comme je l'ai signalé tout à l'heure, un rôle essentiel dans le démarrage de l'industrie au Canada. Le fait que les fonds associés à ce programme soient actuellement bloqués pose des problèmes à l'industrie. Cette incertitude a des incidences concrètes au niveau mondial.
En premier lieu, elle envoie à la communauté de l'investissement un signal indiquant que le marché de l'énergie éolienne canadien est peut-être caractérisé par une période de prospérité et une période de récession. Il ne sera donc peut-être pas stable. Il ne sera peut-être pas durable ou constant. C'est ce qui a entravé la progression de la politique américaine en matière d'énergie éolienne. Aux États-Unis, il y a eu des années où la capacité d'énergie éolienne installée a atteint 1 600 mégawatts et d'autres années où elle n'a été que de 200 mégawatts à cause des caprices associés au crédit sur l'impôt à la production.
Le résultat est que les investisseurs renoncent à investir. Compte tenu de la taille du marché américain en ce qui concerne l'énergie éolienne, l'investissement est malheureusement largement insuffisant en termes de capacité manufacturière car les fabricants ont décidé de ne pas investir dans ce secteur s'ils ne peuvent pas avoir la certitude qu'ils auront un marché relativement constant pendant une période de cinq ans. Si à une bonne année succède une mauvaise année, ils investiront dans un autre secteur où ils auront cinq bonnes années d'affilée. Nous craignons que l'Encouragement à la production d'énergie éolienne (EPÉÉ) n'envoie ce signal aux investisseurs qui envisagent d'investir au Canada.
Le deuxième problème dû au blocage des fonds de l'EPÉÉ, c'est que plusieurs projets ont participé à des processus de marché provinciaux après le budget 2005 et ont participé à ces processus en prévision de l'élargissement de l'Encouragement à la production d'énergie éolienne. Par conséquent, lorsque les investisseurs ont soumissionné dans le cadre de ces processus et ont dit qu'ils souhaitaient participer et fournir de l'énergie éolienne, ils se sont fondés sur l'hypothèse qu'ils pourraient compter sur les fonds de l'Encouragement à la production d'énergie éolienne.
C'est actuellement le cas de huit projets en Ontario, qui représentent environ 2 milliards de dollars d'investissements. En vertu des conditions contractuelles de ces accords, il est actuellement obligatoire d'entamer les travaux de construction. Ces projets doivent fournir de l'énergie à partir de 2007 ou, au plus tard, au début de 2008, sinon ils seront assujettis à des pénalités contractuelles.
Il est très difficile de prendre la décision d'aller de l'avant et de faire cet investissement lorsqu'une source de revenu du projet, comme l'Encouragement à la production d'énergie éolienne, qui représenterait pour la plupart de ces projets environ 10 p. 100 des recettes totales pendant les dix premières années, est incertaine. Cela change complètement les perspectives de rentabilité du projet. Elles deviennent beaucoup plus marginales et les entreprises concernées se trouvent dans une position très précaire. Le «timing» a une grande importance.
En raison du blocage des fonds, les ressources gouvernementales pour continuer à traiter les projets formulés dans le cadre de l'Encouragement à la production d'énergie éolienne sont plus restreintes.
Nous avons une quarantaine de projets qui font actuellement l'objet d'une évaluation environnementale fédérale, dans l'espoir d'obtenir l'Encouragement à la production d'énergie éolienne. Pour obtenir des fonds au titre de l'EPÉÉ, une évaluation environnementale fédérale est obligatoire. Ces processus d'évaluation environnementale ont ralenti considérablement en raison de l'incertitude associée à l'EPÉÉ, ce qui retarde la date à laquelle il sera possible d'aller de l'avant avec les projets.
Enfin, l'incertitude en ce qui concerne l'EPÉÉ envoie aux gouvernements provinciaux un signal indiquant que le gouvernement fédéral n'est peut-être pas disposé à continuer d'être partenaire, comme il l'a été jusqu'à présent. Cela engendre des problèmes, car les gouvernements provinciaux se sont fixé des objectifs de plus en plus ambitieux en matière d'énergie éolienne en comptant sur la participation fédérale.
La diapositive suivante vous donne une idée de certains objectifs. Le Québec a annoncé dernièrement dans sa stratégie énergétique qu'il voulait atteindre 4 000 mégawatts d'énergie éolienne en 2015; l'Ontario veut atteindre 2 700 mégawatts d'énergies renouvelables pour 2010; le Manitoba veut produire 1 000 mégawatts d'énergie éolienne pour 2014. Je ne lirai pas toute la liste, mais si l'on fait le total, les aspirations actuelles des provinces représentent un peu plus de 9 000 mégawatts d'énergie éolienne d'ici 2015. Je rappelle que nous produisons 944 mégawatts à l'heure actuelle et que, par conséquent, ces objectifs représentent au bas mot une capacité supplémentaire de 8 000 mégawatts au cours des dix prochaines années.
Qu'est-ce que cela représenterait pour le Canada si nous mettions ces projets à exécution? En 2015, on produirait assez d'énergie éolienne pour répondre aux besoins d'un peu plus de 3 p. 100 de la demande totale en électricité du Canada. Ces 3 p. 100 ne représentent peut-être pas un chiffre très impressionnant, mais il faut tenir compte du fait que le gaz naturel ne représente actuellement qu'environ 4 p. 100 de la production d'électricité du Canada. Il faut en outre tenir compte du fait qu'entre 2005 et 2015, sur toute la production supplémentaire d'électricité prévue dans ce pays, l'énergie éolienne compterait pour 17 p. 100.
Il est clair que les gouvernements et les compagnies d'électricité provinciales prévoient que l'énergie éolienne jouera un rôle important dans leur approvisionnement futur et qu'ils souhaitent que le gouvernement fédéral soit leur partenaire dans cette entreprise.
Je signale que même le niveau de croissance en question ne permettra pas au Canada de devenir un chef de file mondial; nous resterons encore dans la ligne médiane. Certains pays comme le Danemark, l'Allemagne et l'Espagne utilisent déjà beaucoup plus l'énergie éolienne que nous. Par ailleurs, des pays comme les États-Unis ont pour objectif de créer 10 000 mégawatts d'énergie éolienne au cours des trois prochaines années alors que la Chine compte en générer 30 000 d'ici 2020.
L'Espagne est un exemple intéressant. En l'an 2000, l'Espagne était essentiellement au même niveau que le Canada à l'heure actuelle. L'Espagne avait une capacité d'énergie éolienne d'environ 1 000 mégawatts. En l'an 2000, elle a adopté une cible de 13 000 mégawatts d'énergie éolienne pour 2010. Cet objectif était apparemment déjà très ambitieux. L'année dernière, l'Espagne l'a abandonné pour le remplacer par un nouvel objectif de 20 000 mégawatts pour 2010 et elle est en voie de l'atteindre.
Pour l'avenir, notre priorité principale est d'aller de l'avant avec l'élargissement de l'Encouragement à la production d'énergie éolienne. Nous aimerions que l'on mette sur pied une stratégie globale d'énergie éolienne visant à soutenir le déploiement de l'énergie éolienne au Canada.
Il faudrait faire des efforts pour attirer des capacités de fabrication intérieures. Il faut procéder à la rationalisation des processus d'évaluation environnementale et axer nos efforts sur la mise en valeur des ressources humaines. C'est un secteur en croissance rapide et nous n'avons encore rien de consistant en matière de formation pour les futurs employés de ce secteur.
J'ai ajouté deux diapositives à la fin que je ne commenterai pas tout de suite, mais je suis tout disposé à répondre aux questions concernant les faux obstacles au développement futur de l'énergie éolienne, et concernant certaines des fausses idées répandues en ce qui concerne le bruit, les oiseaux et l'utilisation des terres. J'ai également mentionné dans ces diapositives certaines questions qui posent des problèmes concrets liés à l'énergie éolienne, par exemple, l'impact des éoliennes au niveau visuel, les décisions concernant la transmission future d'électricité et ce que nous pouvons faire pour assurer un cadre stratégique stable et durable.
Monsieur le président, en guise de dernier commentaire, je me contenterai de mentionner que si nous sommes actuellement sur le point de connaître une forte croissance dans le secteur de l'énergie éolienne dans le réseau d'électricité, le Canada a également une occasion émergente en ce qui concerne les petits systèmes de production d'énergie éolienne, systèmes que pourrait utiliser un agriculteur sur sa propriété, ou qu'une personne pourrait utiliser à son chalet, dans sa résidence, ou encore dans une école ou une petite entreprise.
Le Canada abrite actuellement quelques-uns des fabricants les plus importants au monde de certaines de ces technologies qui exportent toutefois la quasi totalité de leurs produits. Ils survivent en exportant leurs produits à l'étranger parce que nous n'avons pas mis en place de politique ni de cadre en ce qui concerne les petits systèmes éoliens. Nous avons deux propositions à faire dans ce contexte, propositions que nous communiquerions volontiers au comité pour avoir d'autres discussions à leur sujet à une date ultérieure.
Je vous remercie pour votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs. Je suis heureux de vous rencontrer, surtout que nous discutons d'un sujet qui m'intéresse au plus haut point, soit l'énergie renouvelable.
Vous nous avez fait état de différentes catégories d'énergie renouvelable. Ce qui me rassure, d'une certaine façon, c'est le sondage d'opinion publique qu'on nous a présenté dans le document sur l'énergie solaire. Cela me rassure quant à la perception des citoyens. Je crois que nous devrions le prendre en exemple. On y parle notamment de l'énergie solaire, de l'énergie éolienne et de l'hydro-électricité, et on y voit que les gens acceptent l'énergie solaire dans une proportion de 92 p. 100, l'énergie éolienne dans une proportion de 90 p. 100, et l'hydro-électricité dans une proportion de 82 p. 100. Ce sont les trois catégories vers lesquelles les gens se dirigent d'emblée et dans lesquelles ils retrouvent le vrai sens du mot « renouvelable ». Vous nous parlez aussi des carburants renouvelables. J'ai un peu plus de réticence lorsqu'on parle de l'éthanol, par exemple. Vous semblez dire que normalement, un gouvernement devrait faire des efforts en matière d'énergie renouvelable dans cet ordre.
Bien sûr, le gouvernement a sans doute un plan très intéressant que nous pourrons voir à un moment donné et évaluer à son mérite. Pour ma part, je concentrerais mes efforts sur l'énergie solaire et l'énergie éolienne.
Pouvez-vous nous dire ce qui existe présentement en termes d'incitatifs réels dans les secteurs de la recherche et développement et des programmes? Ces énergies permettent d'innover davantage que les autres. Quel genre de recherche fait-on en ce qui a trait aux carburants renouvelables dans le domaine du transport, puisque le transport est le grand responsable des changements climatiques, et quels sont les programmes à cet égard?
Je suis un néophyte, mais je me dis que la solution réside dans les accumulateurs d'énergie électrique, par exemple, peu importe la façon dont elle serait produite. L'électricité pourrait même jouer un plus grand rôle dans le domaine du transport.
Quelles sont les orientations à cet égard? Je ne veux pas que vous me parliez tout de suite d'un plan. Les gouvernements passent, mais les hauts fonctionnaires restent et ils ont de l'influence. Je voudrais donc savoir vers quoi on se dirige.
On part de loin. Lorsqu'on a commencé à parler de l'énergie éolienne, j'avais parfois l'impression que le gouvernement libéral de l'époque ne savait pas si c'était le vent qui faisait tourner les pales ou si les pales qui produisaient du vent. Depuis, cela s'est stabilisé et l'investissement est de plus en plus important. Mais vous savez que le Bloc préconise qu'on double les investissements dans l'énergie éolienne, et il faudrait possiblement le faire aussi sur le plan de l'énergie solaire.
J'aimerais que vous me fassiez part des orientations du gouvernement . J'aimerais également entendre les commentaires des représentants des industries éolienne et solaire.
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Vous abordez de nombreux sujets dans ces questions.
Tout d'abord, vous avez posé une question au sujet de l'opinion publique. Au Canada, jusqu'à présent, la plupart des projets liés à l'énergie éolienne ont suscité très peu d'opposition de la part du public. Quelques projets ont suscité une certaine opposition, principalement liée aux impacts visuels associés à l'énergie éolienne.
Pour l'industrie de l'énergie éolienne, c'est une question difficile à régler car c'est totalement subjectif. Notre secteur s'applique à obtenir un engagement adéquat avec les collectivités, à collaborer avec elles à une étape suffisamment précoce pour déceler ce type de préoccupations et pour pouvoir prendre des mesures afin d'en ralentir la progression.
Vous avez mentionné que la Colombie-Britannique n'a pas de secteur énergétique actuellement. C'est exact. Cette situation est surtout liée à deux raisons. L'une est que la Colombie-Britannique avait encore à sa disposition de nombreux petits projets hydroélectriques—quoique cela diminue—qui étaient encore plus concurrentiels que l'énergie éolienne sur le plan des coûts. C'est ce qui explique cette situation. Elle est en outre quelque peu liée à la culture institutionnelle en ce qui concerne l'électricité et à une absence de leadership de la part du gouvernement provincial dans le secteur de l'énergie éolienne.
J'ai exposé tout à l'heure une série d'objectifs que les gouvernements provinciaux ont adoptés. Il s'agit dans presque tous les cas d'objectifs de deuxième étape. On avait fixé des objectifs initiaux. Les gouvernements provinciaux et les compagnies d'électricité s'y sont habitués et estimaient qu'on pouvait passer à l'étape suivante. Elles ont adopté de nouveaux objectifs. Presque toutes les provinces au Canada examinent maintenant les possibilités de dépasser ces objectifs. Par exemple, dans la Stratégie énergétique québécoise, le gouvernement s'engageait à fournir des fonds pour réaliser une série d'études ayant pour objet d'examiner dans quelles proportions on pouvait dépasser l'objectif de 4 000 mégawatts. En Ontario, l'Office de l'électricité de l'Ontario examine maintenant les incidences de l'intégration de 8 000 mégawatts d'énergie éolienne au réseau provincial. Il y a donc un niveau de confiance, et la Colombie-Britannique est en retard sur les autres provinces en ce qui concerne ces diverses étapes.
Quant aux petites éoliennes, ce sont principalement des éoliennes qu'on utilise dans le contexte d'une résidence ou d'un chalet, ou dans une localité éloignée, ou encore pour une petite entreprise, une exploitation agricole ou un établissement scolaire; ce sont des produits de ce type. Comme je l'ai fait remarquer tout à l'heure, dans un créneau, celui des turbines de 20 kilowatts et de 100 kilowatts, trois des cinq principaux fabricants sont au Canada. Cependant, la quasi totalité de leur production est exportée vers les pays en développement.
En ce qui concerne les objectifs pour l'avenir, l'Association canadienne de l'énergie éolienne s'est fixé depuis longtemps un objectif de 10 000 mégawatts d'ici à 2010. Nous espérons bien l'atteindre, du moins en termes de contrats passés, même si certains projets n'ont pas encore été réalisés. Nous discutons actuellement d'objectifs supérieurs à ceux-là, avec la participation de certaines compagnies d'électricité et d'autres intervenants, dans le contexte des diverses études en cours sur les possibilités d'intégration. Aux États-Unis, le président Bush a prononcé en février un discours important sur une politique énergétique dans lequel il a signalé qu'il prévoyait que l'énergie éolienne pourrait répondre à l'avenir à 20 p. 100 des besoins d'électricité des États-Unis.
Le dernier commentaire que je voudrais faire au sujet des subventions, des instruments fiscaux et autres outils analogues est le suivant. Il est indéniable que jusqu'à présent, les investissements dans les énergies renouvelables ont été largement insuffisants comparativement à d'autres sources d'énergie. Les gouvernements ont mis en place des mesures au cours des dernières années pour tenter de combler cette lacune. Je dirais qu'on n'a pas encore atteint un niveau d'égalité entre les deux types de sources d'énergie. Je ferais toutefois remarquer que les types d'instruments choisis ont de l'importance et font une différence. Ainsi par exemple, en ce qui concerne les mesures fiscales incitatives, il est important de tenir compte du fait qu'il est très difficile d'en concevoir qui mettraient toutes les parties sur un pied d'égalité, car la situation fiscale des diverses parties est différente. Une petite entreprise aura par exemple plus de difficulté à profiter d'un incitatif fiscal qu'une grande. Nous avons toujours soutenu énergiquement l'Encouragement à la production d'énergie éolienne, et le ministère des Finances aussi, car c'est un programme relativement simple en vertu duquel les fonds ne sont accordés que si l'on démontre qu'on a produit de l'électricité. Je trouve que c'est un système de reddition de comptes très efficace.
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J'aimerais faire un bref historique de l'énergie solaire et de l'énergie éolienne, qui étaient assimilées au début. À ce moment-là, on défendait les mêmes énergies.
J'ai commencé en 1973. Ce n'est pas d'hier qu'on a de la difficulté à faire adopter les énergies renouvelables. En 1973, on avait des connaissances embryonnaires. À cette époque, M. Trudeau du Parti libéral, qui était peut-être un peu visionnaire, a commencé à mettre en place des organismes de recherche très intéressants. Puis, quand M. Mulroney est arrivé au pouvoir, il s'est départi de tous ces organismes. C'est donc la deuxième fois, sous un gouvernement conservateur, qu'on risque de subir des compressions dans les secteurs énergétiques de l'avenir.
Il y a longtemps que le Canada est en retard. Je vais vous donner une idée de ce qui se passait ailleurs dans le monde en 1981. J'ai visité 17 pays d'Europe en 1981 pour savoir où étaient rendues les recherches sur l'énergie solaire, et les 17 pays étaient bien en avance sur nous.
En 1992, j'ai été le représentant du Canada à Rio pour la question de l'énergie solaire. À cette époque, nous étions presque gênés de parler avec les représentants des autres pays, parce que nous ne faisions rien en matière d'énergie solaire.
En 2006, on veut éliminer le petit peu que nous possédons. L'autre jour, le ministre est venu nous dire que l'énergie solaire coûtait cher. C'est ce qu'il a dit. Nous étions là et nous l'avons tous entendu. C'est faux: ce n'est pas cher. On ne peut pas dire qu'il ne faut pas investir dans quelque chose qui peut sembler, pour le moment, légèrement plus cher, mais qui nous procurera une énergie réellement bon marché. Naturellement, lorsqu'on coupe Énergain, dont la période de recouvrement est de deux ans, il est évident qu'on a une vision à court terme.
Pourquoi le Canada n'a-t-il jamais pu développer les énergies éolienne et solaire? J'ai l'impression, et je ne suis pas le seul, que c'est parce que le lobby de l'industrie pétrolière est beaucoup trop fort. Il a réussi à convaincre les hauts fonctionnaires. Je m'excuse auprès des fonctionnaires, mais pendant toutes les années où j'ai oeuvré dans le domaine de l'énergie solaire, j'ai toujours eu de la difficulté avec les hauts fonctionnaires, parce qu'ils reflètent un peu l'attitude du gouvernement. De plus, les gouvernements n'ont pas eu de vision à long terme et n'en ont pas plus actuellement.
Toutefois, le fait de ne pas avoir de vision à long terme est beaucoup plus dramatique en 2006. Je trouve cela incroyable, car tous les autres pays sont en train de nous dépasser. On dit vouloir faire un plan canadien. Un plan canadien, c'est faire construire des choses chez nous, et non pas construire des éoliennes ailleurs, dans d'autres pays. Voilà ce qu'est un plan canadien: c'est construire chez nous une industrie solaire et éolienne importante.
J'ai bien aimé la question de M. Paradis. M. Vachon y a déjà répondu, mais j'aimerais vous donner un autre exemple, monsieur Paradis.
Pendant plusieurs années, l'ensoleillement à Montréal aux mois de janvier et février a été plus fort qu'à Miami. Le fait qu'on ait un ensoleillement extraordinaire est méconnu. On a donc une énergie solaire fantastique, mais nous sommes bloqués. Quand j'entends dire qu'il y a 10 000 industries solaires en Chine alors qu'on en a seulement deux au Canada, je trouve cela franchement épouvantable.
J'adresse ma question à M. Vachon, qui oeuvre dans l'industrie et le développement. J'aimerais qu'il nous dise ce que nous devons faire immédiatement pour repartir avec confiance, avec un plan et un projet applicables immédiatement, afin que le Canada ne soit plus derrière tous les autres pays dans 10 ans.