Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, une condition préalable à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une bourse du carbone à Montréal.
Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que je prends aujourd'hui la parole dans le cadre de cette journée d'opposition du Bloc québécois portant sur le Protocole de Kyoto et sur l'importance d'établir ici au Canada des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre. De plus, cette motion permettra, on le souhaite, d'inspirer le gouvernement dans la mise en place d'un marché climatique au Canada, qui doit, à notre avis, s'établir à Montréal.
La motion du Bloc québécois se lit ainsi:
Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, une condition préalable à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une bourse du carbone à Montréal.
Cette initiative du Bloc québécois s'ajoute à de nombreuses autres initiatives qui ont été engendrées et déposées par le Bloc québécois depuis dix ans. Il faut se rappeler que ce protocole, qui a été signé et convenu par la communauté internationale dès 1997, lançait au fond le premier jalon d'une démarche internationale qui visait à faire en sorte, de façon commune mais différenciée à chacun des pays du monde industrialisé, d'imposer une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre sur leur territoire.
Le Bloc québécois était à Kyoto en 1997. Le Bloc québécois a pu, à sa juste valeur, évaluer l'état de l'environnement sur notre planète. C'est alors que nous sommes revenus ici à la Chambre des communes en lançant non seulement aux parlementaires canadiens, mais à l'ensemble de la population québécoise et canadienne, un cri d'alarme demandant au gouvernement fédéral d'agir rapidement, dès 1997, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire canadien. Nous n'en sommes pas restés là en 1997. Rappelons-le, nous avons initié au Québec une vaste coalition qui était également initiée par les jeunes Québécois et Québécoises, demandant au gouvernement fédéral de ratifier le Protocole de Kyoto le plus rapidement possible. C'est grâce à cette initiative québécoise entérinée par le Bloc québécois que nous avons pu, quelques années plus tard, voir le gouvernement canadien se ranger aux demandes du Bloc québécois.
Il faut se rappeler qu'entre 1997 et 2000, nous avions un gouvernement fédéral qui n'avait pour but que de défendre les intérêts de l'Ouest et les intérêts de la base économique de l'Alberta, soit l'industrie pétrolière, fortement productrice d'émissions de gaz à effet de serre. Alors que le positionnement énergétique de l'Alberta, nous le savons bien, tourne autour de l'industrie pétrolière, l'industrie manufacturière du Québec risquait d'être la première victime d'une approche fédérale qui a été présentée au cours des années suivantes et qui visait, ni plus ni moins, à pénaliser le Québec dans l'effort global de réduction de gaz à effet de serre au Canada.
Il faut rappeler les faits. Alors que le Québec produisait et présentait, avec le Manitoba, un des premiers plans de lutte aux changements climatiques au Canada, pendant ce temps, le gouvernement fédéral se croisait les bras. Rappelons-le, le Québec est l'une des premières provinces à avoir agi dans la lutte contre les changements climatiques. Au fond, ce que nous demandons aujourd'hui, c'est plus d'équité dans l'approche qui sera présentée par le gouvernement fédéral au cours des prochains jours ou des prochaines semaines.
L'action du Québec aura permis de présenter devant la communauté internationale, devant les Canadiens, l'un des meilleurs bilans de réduction de gaz à effet de serre au Canada, réussissant à limiter la croissance de nos émissions de l'ordre de 6 p. 100 comparativement à plus de 26 p. 100 ou 27 p. 100 pour le Canada.
Ainsi, il a été démontré que lorsque nous agissons et que nous décidons de mettre en place une politique, un plan et des programmes efficaces de lutte contre les changements climatiques, nous pouvons atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
Aujourd'hui, ce que nous propose le gouvernement, c'est plutôt de fixer des cibles par intensité. Il existe une raison pour laquelle nous avons déposé aujourd'hui une motion d'opposition. C'est pour lancer un message clair au gouvernement fédéral: nous voulons des cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre qui permettent de véritables réductions d'émissions de gaz à effet de serre. Pour nous, il n'est pas question de nous ranger derrière cette approche fédérale qui voudrait tenir compte de l'augmentation de la production pétrolière et du secteur des sables bitumineux dans l'établissement des cibles de réduction de gaz à effet de serre.
Nous croyons que la seule référence acceptable est celle inscrite à l'intérieur du Protocole de Kyoto. Et elle demande une réduction absolue de 6 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre au Canada. Voilà ce que nous demandons par l'entremise de cette motion. Ne nous cachons pas le fait qu'au cours des prochains jours, le gouvernement fédéral tentera de nous faire croire, par ses cibles d'intensité, qu'il a une réglementation rigoureuse et sévère en matière de réduction de gaz à effet de serre pour les importants pollueurs et émetteurs industriels, qui sont principalement concentrés dans l'Ouest canadien.
Il faut comprendre et expliquer la réalité: une réduction de 15 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre basée sur une approche d'intensité représente une augmentation de 179 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre, simplement en ce qui a trait au secteur des sables bitumineux.
Ce gouvernement a l'obligation légale et l'obligation morale de respecter les principes inscrits à l'intérieur du Protocole de Kyoto et de ne pas faire croire à la population qu'il y a des cibles, mais que ces cibles permettent au Canada de respecter ses engagements internationaux. La réalité, c'est que ces réductions basées sur l'intensité feront en sorte que les émissions de gaz à effet de serre pour les secteurs du pétrole et du gaz augmenteront d'environ 46 p. 100. La population n'est pas dupe. Elle a lancé un message clair dimanche, à Montréal, soit qu'elle veut une réduction réelle des émissions de gaz à effet de serre. Cette réduction réelle des émissions de gaz à effet de serre passe par l'établissement clair de cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre, comme seul moyen fort pour nous conformer aux exigences du Protocole de Kyoto afin de préserver notre environnement et de développer notre économie.
Non seulement ces cibles d'intensité ne permettront pas une amélioration de l'état de notre environnement, mais elles risquent aussi de compromettre un des outils les plus puissants du Protocole de Kyoto, soit l'établissement d'une bourse du carbone. L'établissement d'un système d'échanges de crédits d'émissions et l'établissement d'un marché climatique sont parmi les plus puissants outils à notre disposition. Cela pourra faire en sorte que nous respections nos engagements internationaux, tout en offrant des perspectives intéressantes aux entreprises québécoises qui pourront vendre et acheter des crédits d'émissions de gaz à effet de serre sur les marchés canadien, européen et internationaux. Le Québec pourra ainsi en vendre, puisque de nombreuses entreprises ont réussi à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. À mon avis, voilà des outils importants qui permettront de développer notre économie.
D'ailleurs, une analyse de Richard Kelertas, analyste du secteur des produits forestiers chez Valeurs mobilières Dundee, a été publiée dans le journal Les Affaires, le 7 avril dernier. Cette analyse indiquait que l'instauration d'un système bien organisé pour négocier les crédits de gaz carbonique — peut-être dès 2008 — pourrait rehausser de façon notable la valeur de plusieurs entreprises forestières canadiennes.
Donc, contrairement à ce que le gouvernement tente de nous faire croire, la protection de l'environnement et des cibles réelles de réduction de gaz à effet de serre ne compromettront pas notre économie. Bien au contraire, elle permettraient à de nombreuses entreprises canadiennes et québécoises, et à de nombreux secteurs industriels, de se repositionner et de créer des opportunités économiques importantes.
Toutefois, il faut lire ce que M. Kelertas nous dit. Que signifie un système bien organisé? Cela signifie que les cibles que nous établirons, le système que nous pourrions créer, doit être compatible avec les marchés étrangers déjà en place.
L'exemple de l'Europe est probablement le meilleur que nous ayons actuellement à notre disposition. L'Europe tend vers les objectifs du Protocole de Kyoto et les respectera probablement, mais nous croyons — et c'est clair selon les rapports de la Commission européenne — que le respect des objectifs du Protocole de Kyoto permettra de limiter l'impact économique sur l'Europe de son application à moins de 1 p. 100 du produit intérieur brut. Cela veut dire qu'il est possible, ici au Canada, tout comme en Europe, de respecter le Protocole de Kyoto tout en limitant l'impact économique de son application.
C'est donc l'exemple patent que l'analyse présentée par le cette semaine est cousue de fil blanc. C'est la démonstration que les postulats qu'il a mis en place dans l'analyse économique sur le Protocole de Kyoto est biaisée. Nous devons établir ces mécanismes d'échange de crédits.
Où doit s'établir cette plateforme boursière? Cette bourse doit s'établir à Montréal. Pourquoi Montréal? Tout simplement parce que Montréal a ce champ d'action spécialisé dans le secteur des produits dérivés. Dès 1999, au Canada, une entente a été signée avec la Bourse de Toronto, laissant les échanges au comptant à Toronto et spécialisant la Bourse de Montréal dans le secteur des produits dérivés. Les crédits d'échanges d'émissions et les marchés climatiques constituent des produits dérivés.
Bien sûr, on a entendu au cours de ces dernières semaines que la Bourse de Toronto voudrait maintenant accueillir ce marché des produits dérivés. Toronto aimerait bien obtenir le marché climatique. Mais comprenons-nous bien. Montréal, en vertu de cette entente de 1999, est en droit d'obtenir le marché climatique puisqu'elle a obtenu cette spécialisation dans le secteur des produits dérivés. Montréal ne s'est pas simplement laissé guider par une simple entente administrative et ne s'est pas simplement laissé courtiser par certains marchés. Elle est allée plus loin. Elle a décidé, dès décembre 2005, de signer une entente avec la Bourse de Chicago afin d'établir des liens économiques Nord-Sud importants, dans le cadre du marché climatique. À cet égard, je pense que la Bourse de Montréal est mieux placée, tout simplement parce qu'elle possède cette expertise et cette expérience, et qu'elle pourrait jouer un rôle important.
Je rappelle les propos de Luc Bertrand, président et chef de la direction de la Bourse de Montréal, qui estime que la position unique de la Bourse de Montréal sur les marchés des capitaux au Canada et le leadership mondial du CCX sur les marchés environnementaux représentent une combinaison gagnante qui entraînera des innovations pour le plus grand bien de tous les Canadiens et de l'environnement.
Il y a donc un intérêt certain à créer ce système d'échange de crédits d'émissions sur le territoire canadien, puisqu'il créera des opportunités d'emploi importantes. Toutefois, l'inaction du gouvernement fédéral au cours des dernières semaines prive les entreprises canadiennes. Il y a des entreprises canadiennes dans cette situation, comme Biothermica, qui fait affaire à l'étranger et qui n'attend que l'établissement de ces cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre, de même que l'établissement d'un registre national permettant l'établissement de ce système d'échange de crédits, pour pouvoir transiger à l'étranger. Or, plutôt que d'annoncer des cibles absolues, le ministre a préféré venir à Montréal hier pour présenter des scénarios catastrophiques en matière de réduction de gaz à effet de serre. Il nous a annoncé que le coût de l'électricité au Québec augmenterait de 60 à 65 p. 100.
C'est mal connaître, de la part du gouvernement fédéral, la réalité énergétique du Québec, puisque 95 p. 100 de l'électricité au Québec est produite par la voie hydraulique. Au fond, de vouloir étendre sa campagne de peur au Québec sur des principes qui ne prévalent pas au Québec, c'est vouloir induire la population en erreur et c'est une campagne de peur inacceptable. C'est pourquoi nous présentons aujourd'hui cette motion, parce que cette dernière est importante. À quelques jours de l'annonce du gouvernement sur ses cibles de réduction, nous lançons un message clair au gouvernement fédéral: nous exigeons le respect du Protocole de Kyoto. Nous voulons des cibles absolues visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous voulons un système d'échange de crédits d'émissions. Nous voulons créer des opportunités pour le Québec, pour le Canada, tout en permettant de mieux protéger notre environnement.
De ce côté-ci de la Chambre, nous avons des propositions constructives, des propositions concrètes, des propositions qui peuvent s'harmoniser avec les propositions internationales qui ont été préconisées jusqu'à maintenant. Pourtant, tout ce que le gouvernement a à nous présenter est une campagne de peur.
En voulant torpiller le Protocole de Kyoto, en refusant ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre, en nous indiquant qu'il n'a pas l'intention d'utiliser les mécanismes inhérents au Protocole, il nous dit tout simplement qu'il ne veut pas protéger la planète. Cela, il faudra le rappeler et nous serons et nous continuerons d'être vigilants. De plus, si le Canada refuse de respecter ses engagements internationaux, je vais assurer la population canadienne que ce n'est pas l'intention du Québec de rejeter, comme le gouvernement fédéral le fait jusqu'à maintenant, le Protocole de Kyoto.
Nous avons mis en place un plan nous permettant de respecter nos objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Le ministre me répondait la semaine dernière que le Québec a reçu 350 millions de dollars et qu'on devrait se contenter de cela. Or, n'oublions jamais que l'approche que préconisera le gouvernement fédéral au cours des prochaines semaines et des prochains jours ne résultera pas en des gains pour le Québec de 350 millions de dollars, puisque si nous affaiblissons la base économique du Québec et son secteur manufacturier, le Québec accusera plutôt des pertes encore plus lourdes.
Finalement, par cette motion présentée aujourd'hui, nous demandons tout simplement l'application du principe du pollueur-payeur, plutôt que celui du pollueur-payé.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec mon collègue et bon ami, un parlementaire que je tiens en haute estime, le député de .
Au nom du gouvernement, je remercie le député de d'avoir présenté sa motion aujourd'hui.
À l'instar du député, je crois que les Canadiens souhaitent qu'on prenne de véritables mesures au chapitre de l'environnement. Les Canadiens souhaitent qu'on s'attaque aux changements climatiques et qu'on réduise les émissions de gaz à effet de serre. De plus, ils tiennent absolument à voir une réduction des gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique, pour que l'air que nous respirons soit plus pur.
Les Canadiens exigent du leadership de la part du gouvernement tant en ce qui concerne la salubrité de l'environnement que la croissance de l'économie. Les Canadiens souhaitent également que les représentants qu'ils ont élus et le gouvernement agissent de façon responsable sur ces deux plans.
En 1997, le gouvernement libéral a donné son accord au Protocole de Kyoto. Au cours des neuf années qui ont suivi, le Parti libéral, qui était au pouvoir, n'a rien fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au Canada. Il a promis de réduire de façon substantielle ces émissions dangereuses, mais il s'est croisé les bras et les a vus monter en flèche.
Examinons les faits. En 1997, lorsque le gouvernement libéral a adhéré au Protocole de Kyoto, le Canada dépassait sa cible de 22 p. 100, mais la bonne nouvelle c'est qu'il disposait de 15 ans pour atteindre l'objectif visé. Or, en 2006, quand les Canadiens ont décidé de changer de gouvernement, le Canada avait déjà dépassé la cible de 35 p. 100.
Nous avons accepté nos obligations internationales et nous allons vraiment faire de notre mieux. Nous croyons fermement dans la nécessité d'un effort international.
Le gouvernement a dit très clairement qu'il appuie l'idée que le Canada continue à respecter les principes et les objectifs de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto.
Nous aimerions voir davantage de collaboration et de leadership de la part des grands pays émetteurs, particulièrement les pays du G8+5 qui comprend non seulement les grandes puissances économiques occidentales comme la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et les États-Unis, mais également les grandes économies émergentes comme l'Inde et la Chine.
Notre gouvernement a été élu pour prendre des décisions. Le défi mondial que posent les changements climatiques et le réchauffement de la planète nécessite la prise de mesures constructives et énergiques. La réduction des gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique exige également du leadership et de la détermination.
Nous avons déjà pris des mesures tangibles qui, d'une part, prouvent que nous sommes déterminés à agir et qui, d'autre part, auront une incidence positive sur l'environnement au Canada et sur la santé de l'ensemble des Canadiens. Nous avons dévoilé une vaste gamme d'initiatives pour promouvoir l'énergie et le transport propres, les deux plus grandes sources de gaz à effet de serre et de pollution.
Nous augmentons l'utilisation des carburants renouvelables par voie réglementaire et nous favorisons la croissance de notre industrie des biocarburants.
Nous offrons des incitatifs financiers et fiscaux aux Canadiens pour les encourager à utiliser des véhicules écologiques.
Nous établirons des normes obligatoires régissant la consommation de carburant des véhicules qu'achètent les Canadiens.
Nous soutenons le développement de sources d'énergie renouvelables comme les énergies éolienne et marémotrice.
Nous offrons des incitatifs aux Canadiens pour qu'ils améliorent l'efficacité énergétique de leur demeure.
Nous nous sommes associés à l'Alberta afin de créer un groupe de travail ÉcoÉnergie sur le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone qui recommandera les meilleures façons de déployer des technologies en vue de piéger le dioxyde de carbone provenant de l'exploitation des sables bitumineux et de l'enfouir profondément dans le sol.
Nous avons fourni 1,5 milliard de dollars aux provinces et aux territoires afin de soutenir les technologies éconergétiques concrètes et d'autres projets qu'ils ont retenus pour réduire la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre.
Le budget de 2007 témoigne en outre de notre engagement à l'égard de l'environnement. En effet, on y prévoit un investissement de 4,5 milliards de dollars pour assainir l'air et l'eau, pour gérer les substances chimiques, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et, surtout, pour protéger l'environnement naturel.
En comptant les investissements de plus de 4,7 milliards de dollars effectués depuis 2006, le total des investissements dans la protection de l'environnement dépasse les 9 milliards de dollars.
Toutefois, ces investissements en eux-mêmes ne seront pas suffisants pour entraîner les changements dans les secteurs de l'efficacité énergétique, des technologies, des innovations et des investissements dans les installations industrielles qui doivent se produire pour que le Canada fasse sa part dans la réduction à l'échelle mondiale des émissions de dioxyde de carbone et de gaz à effet de serre.
Nous nous efforçons maintenant de mettre en application une réglementation rigoureuse mais réaliste pour réduire les gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique des grandes sources industrielles tout en assurant le maintien de la prospérité économique.
Nous étudions la possibilité d'intégrer l'échange de droits d'émission à cette réglementation. Je rappelle à la Chambre que c'est le secteur privé qui effectue de tels choix et c'est à lui qu'il revient d'assurer toute infrastructure nécessaire à de tels échanges.
Rien ne dit qu'il doit y avoir une seule bourse du genre au Canada. En Europe, par exemple, il existe plusieurs bourses du carbone. Aucune d'entre elles n'a été créée par un gouvernement. C'est Jean-Charles Robillard, le porte-parole de la Bourse de Montréal, qui a déclaré que le marché était suffisamment vaste pour que les deux bourses participent aux commerce de droits d'émission.
Notre gouvernement ne peut assumer la responsabilité de l'inaction et des erreurs du gouvernement libéral précédent, mais nous allons assumer la responsabilité de nettoyer les dégâts que nous ont laissés les libéraux. En ne faisant rien pour réduire les émissions nocives de gaz à effet de serre, le gouvernement précédent mettait beaucoup trop l'accent sur l'économie.
Alors que, d'une part, les milieux de l'industrie souhaitent le moins d'intervention possible et que les environnementalistes ne demandent rien de moins que la perfection, le problème s'aggrave. Il est temps que le gouvernement du Canada agisse, et c'est ce que nous faisons. Nous allons donc dévoiler notre cadre de réglementation visant les émissions atmosphériques industrielles. Notre stratégie garantira des réductions concrètes aussi bien pour les gaz à effet de serre que pour la pollution atmosphérique.
Les règles et les règlements que nous allons formuler seront plus sévères et obligeront les industries du Canada à réduire la pollution qui menace la santé des Canadiens et cause des changements climatiques. Pour la première fois de l'histoire de notre pays, nous aurons une stratégie concrète et réaliste de réduction des gaz à effet de serre et de la pollution atmosphérique.
Évidemment, les Canadiens devront s'adapter. Nous devons tous assumer davantage de responsabilités. Nous estimons que les Canadiens sont prêts à le faire. Nos citoyens souhaitent que nous agissions sans tarder en matière d'environnement et ils sont disposés à accepter des mesures rigoureuses mais équitables.
Jusqu'où pourrons-nous aller? Les Canadiens s'attendent à ce que nous abordions ces questions de façon responsable et avec un souci d'équilibre. Il nous faut une approche équilibrée, qui permettra à la fois de réduire les gaz à effet de serre et de maintenir la croissance économique du Canada.
Vraisemblablement, notre approche ne fera pas que des heureux. Certains la trouveront trop complaisante, alors que, dans les milieux de l'industrie, certains diront qu'elle est trop rigoureuse. Il faut bien que quelqu'un prenne l'initiative, cependant, et cela revient au gouvernement du Canada. Des décisions difficiles devront donc être prises. Nous avons été élus pour faire de tels choix au nom des Canadiens et non pas pour nous esquiver.
Pour terminer, je tiens à rappeler à la Chambre une fois de plus que nous sommes tout à fait d'accord sur la nécessité d'agir sans tarder pour contrer les gaz à effet de serre et que nous allons très bientôt proposer notre plan.
Je veux également répéter que le gouvernement appuie les principes et les objectifs du Protocole de Kyoto et de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Nous appuierons donc cette motion. Pour ce qui est des marchés du carbone, j'ai indiqué dans notre avis d'intention que nous approuvons le commerce des droits d'émission; par ailleurs, la motion ne précise pas que Montréal doit être l'unique marché du carbone au Canada.
:
Monsieur le Président, je profite de l'occasion pour intervenir dans le débat concernant la motion présentée par le député de , qui demande au gouvernement d'établir des cibles définies de réduction des gaz à effet de serre, afin de respecter les objectifs du Protocole de Kyoto et, au bout du compte, d'indiquer dans la motion la création d'une bourse du carbone à Montréal.
Les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont constamment augmenté au cours des 10 dernières années, pour s'établir maintenant à 35 p. 100 de plus que les cibles établies dans le Protocole de Kyoto. C'est un résultat direct de l'inaction du précédent gouvernement libéral, qui prétend être le grand défenseur de l'environnement.
Lorsqu'il a eu l'occasion, il y a plus de 13 ans, de produire des résultats, il a raté la cible. Pour atteindre les cibles établies dans le Protocole de Kyoto du précédent gouvernement, le Canada devrait réduire ses émissions de GES de 33 p.100 en moyenne chaque année de la période d'engagement du Protocole de Kyoto.
Comme le l'a déclaré la semaine dernière, devant le comité du Sénat, parvenir à des réductions aussi draconiennes dans un délai aussi court nécessiterait des mesures très contraignantes qui auraient des répercussions importantes sur l'économie canadienne. On parle de coûts de production accrus pour les entreprises et la perte possible de 275 000 emplois. Il y aurait des augmentations de prix de l'énergie, notamment des coûts du gaz naturel, de l'électricité et de l'essence.
[Traduction]
Nous savons que les libéraux tentent d'effrayer les Canadiens en faussant l'interprétation du rapport, mais les faits sont clairs et ont été validés de façon indépendante par de grands économistes et de grands experts canadiens.
Des députés de l'opposition ont aussi tenté d'induire les Canadiens en erreur, notamment en affirmant que le rapport publié par l'économiste britannique sir Nicholas Stern discrédite le rapport sur le projet de loi . Malheureusement, ils ont tort.
Bien que l'étude de M. Stern soit importante et digne d'être lue par tous, elle porte principalement sur le coût de la lutte mondiale contre les changements climatiques au cours des 30 à 50 prochaines années. Cela n'a pratiquement rien à voir avec ce qu'il en coûterait au Canada pour mettre en oeuvre le Protocole de Kyoto au cours des cinq prochaines années, comme l'exigerait le projet de loi .
Notre rapport sur le projet de loi prend en considération les circonstances uniques du Canada. À l'heure actuelle, c'est le seul rapport à jour qui reflète la réalité géographique, démographique et économique de notre pays.
[Français]
Des députés de l'opposition voudraient nous voir écarter les effets économiques et sociaux liés aux tentatives d'atteindre les cibles du Protocole de Kyoto. Cependant, en tant que gouvernement, nous devons être responsables et adopter des initiatives guidées par un engagement équilibré envers la protection de l'environnement et la gérance de l'économie.
Nous reconnaissons que la principale préoccupation des Canadiens et des Canadiennes est l'environnement. Nous partageons cette préoccupation, et c'est pourquoi, dès l'entrée en fonction du nouveau gouvernement du Canada, nous avons immédiatement présenté un certain nombre d'initiatives non seulement qui assainiront l'environnement, mais qui protégeront également la santé des Canadiens et des Canadiennes.
En octobre dernier, nous avons publié un avis d'intention d'élaborer et de mettre en oeuvre des règlements et d'autres mesures pour réduire la pollution atmosphérique et nous attaquer aux changements climatiques.
[Traduction]
Le gouvernement s'emploie actuellement à établir des objectifs pour la réduction des émissions industrielles de gaz à effet de serre qui seront plus audacieux que ceux proposés par les gouvernements précédents. Nous sommes en train d'établir des objectifs à court terme pour la réduction des polluants atmosphériques industriels qui seront parmi les plus audacieux au monde.
[Français]
Plutôt que de suivre la pratique du précédent gouvernement libéral et d'annoncer des cibles irréalistes et inatteignables, notre gouvernement se concentre sur l'établissement de cibles qui renforceront la compétitivité du Canada à long terme, des cibles qui représentent toujours un progrès important et positif dans notre lutte visant à réduire les émissions dangereuses, les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre.
Le nouveau gouvernement du Canada annoncera sous peu son cadre réglementaire pour fournir à l'industrie une voie claire à suivre afin de réduire les gaz à effet de serre. Cela comprendra tout rôle dans l'échange des droits d'émissions. Pour le moment, les bourses canadiennes peuvent, en tout temps, permettre la création d'une bourse du carbone qui ressemblera peut-être à celles actuellement en exploitation à Chicago ou en Europe.
Les Canadiens et les Canadiennes découvriront bientôt notre plan environnemental établissant des cibles atteignables qui, non seulement amélioreront l'air que les Canadiens et les Canadiennes respirent, mais permettront également au Canada de se situer parmi les leaders internationaux dans la lutte contre les changements climatiques. Nous nous y engagerons à élaborer des règlements intégrés visant les polluants atmosphériques extérieurs ainsi que les gaz à effet de serre. Nous y établirons des normes de rendement en ce qui concerne des produits qui peuvent libérer des polluants atmosphériques durant leur utilisation.
Notre approche évitera le chevauchement de la réglementation et appuiera l'élaboration de normes nationales visant l'élimination des émissions dans l'atmosphère. Ce gouvernement s'engage à réaliser des progrès environnementaux en fonction de la gérance de l'économie. Nous devons nous assurer que des économies régionales ne seront pas réduites à néant dans le processus. Nous sommes déterminés à trouver des solutions sans toutefois créer de nouveaux problèmes. Nous établirons des cibles obligatoires de réduction pour les grandes industries qui produisent des gaz à effet de serre. Ces cibles seront strictes et elles seront plus rigoureuses avec les années. Cela signifie que le Canada constatera des réductions absolues du total des émissions de gaz à effet de serre, réductions que tous les Canadiens, toutes les Canadiennes ainsi que les députés de l'opposition pourront appuyer.
Je crois que ce gouvernement est déjà sur la bonne voie quant au nombre d'initiatives environnementales qu'il a présentées au cours des derniers mois. Ces initiatives nous ont permis d'indiquer clairement notre engagement à offrir des solutions qui protégeront la santé des Canadiens et des Canadiennes ainsi que leur environnement. Il s'agit d'un engagement que nous prenons évidemment au sérieux, comme en font foi la mise en oeuvre d'incitatifs financiers et fiscaux pour encourager les Canadiens et Canadiennes à conduire des véhicules écologiques, de même que le soutien aux sources d'énergie renouvelable, par exemple les énergies éolienne et marémotrice. Nous offrons également des incitatifs aux Canadiens et aux Canadiennes en vue d'améliorer le rendement énergétique de leur maison.
Récemment, dans le cadre du budget 2007, nous avons annoncé un investissement de 4,5 milliards de dollars en vue d'aider à assainir notre air et nos eaux, à gérer les substances chimiques, à protéger notre environnement naturel et à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Cet investissement, en plus des autres sommes investies, soit plus de 4,7 milliards de dollars, totalise plus de 9 milliards de dollars en investissement dans l'environnement.
Tel que cela a été annoncé à de nombreuses reprises, les Canadiennes et les Canadiens s'intéressent beaucoup à leur environnement. Ils ont systématiquement demandé que l'on prenne des mesures pour assainir l'environnement. Toutefois, malheureusement, jusqu'à l'entrée en fonction de notre nouveau gouvernement, aucune réponse n'a été donnée à ces demandes. Notre gouvernement prend des mesures concrètes, comme l'attestent les exemples que j'ai mentionnés plus tôt. Cependant, nous reconnaissons qu'il faut en faire beaucoup plus pour garantir aux futures générations un environnement propre.
Puisque les polluants atmosphériques et les gaz à effet de serre ont de nombreuses sources en commun, nous adoptons une approche coordonnée et intégrée pour protéger la santé des Canadiens et des Canadiennes et leur environnement. Le gouvernement fédéral prévoit non seulement réduire de façon importante les émissions, mais il s'engage aussi à s'assurer, en surveillant les émissions et en rendant des comptes d'une manière entièrement transparente, publique et responsable, que ces réductions d'émissions se produisent selon les prévisions.
Améliorer et protéger la qualité de l'air que nous respirons est un objectif que tous les députés du gouvernement doivent essayer de réaliser, peu importe leur allégeance politique.
Prendre des mesures relatives aux changements climatiques est la responsabilité de tous et il est clair que le nouveau gouvernement du Canada y donne suite.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet de la motion présentée aujourd'hui par le Bloc québécois. J'espère qu'elle donnera lieu à un débat approfondi et honnête. Certaines des choses que dit le gouvernement ne sont pas particulièrement encourageantes, mais je suis malgré tout heureux, je le répète, de prendre la parole au sujet de la motion présentée par le député de .
Avant tout, j'aimerais dire que je suis très déçu par les propos tenus la semaine dernière par le devant le comité du Sénat qui est saisi de l'étude du projet de loi , la Loi de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Ses propos portaient sur le sujet dont nous discutons aujourd'hui: la nécessité d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto.
Le projet de loi confirme l'engagement du Canada envers le processus de Kyoto. Le gouvernement a signé le protocole. Le Parlement l'a ratifié.
Le projet de loi ayant été adopté à la Chambre des communes, cela fait maintenant deux fois que les députés, élus démocratiquement, démontrent leur entière détermination à atteindre cet objectif.
Les propos du ministre étaient défaitistes. Il était question d'une approche « plus réaliste » dans son discours confus. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'il n'est pas prêt à faire preuve de leadership. Il ne peut pas s'acquitter de ses responsabilités, tout comme sa prédécesseure, qui a été sommairement congédiée pour n'avoir rien fait pendant la première année du mandat éphémère de ce gouvernement.
Le nouveau ministre a déposé une analyse économique malhonnête qui réfute un plan de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto qu'aucun pays du monde n'a proposé.
Si le gouvernement voulait sérieusement effectuer une analyse des possibilités économiques, il ne l'aurait pas faite sur une serviette de table. Le ministère des Finances aurait été de la partie et aurait obtenu des résultats; à tout le moins, il y aurait participé ne serait-ce qu'un peu, mais ce n'a pas été le cas. Il aurait tenu compte des avantages autant que des coûts, afin d'en arriver une conclusion raisonnable qui nous aurait permis de constater que le Protocole de Kyoto est non seulement réaliste, mais aussi avantageux sur le plan économique.
[Français]
Il ne faut pas oublier que les conservateurs tentent, depuis des années, de stopper les mesures concrètes de lutte contre les changements climatiques. Nous demandions au de faire en sorte que le Canada se joigne au reste du monde pour réduire de façon significative les émissions de carbone. Rappelons alors que, lorsque le était chef de l'opposition officielle, il a écrit une lettre à ses sympathisants. Cette lettre visait à recueillir des fonds et à « faire échec au Protocole de Kyoto, qui élimine des emplois et anéantit l'économie ». Dans cette lettre, le énonce très clairement ses vues sur le Protocole de Kyoto: « Le Protocole de Kyoto est essentiellement un complot socialiste visant à siphonner l'argent des pays riches. »
[Traduction]
Oui, le a qualifié le Protocole de Kyoto, le Protocole à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, signé par 168 États, de complot socialiste. C'est difficile à croire. En fait, c'est ahurissant, aberrant, ridicule.
Des travaux économiques et scientifiques très importants et très sérieux ont été réalisés récemment. Les scientifiques ont établi que le réchauffement de la planète est un phénomène réel, causé en grande partie par l'activité humaine. Les économistes se sont employés à trouver des stratégies que nous pouvons adopter pour lutter contre les changements climatiques.
Il est intéressant de voir que ceux qui nient aujourd'hui l'existence des changements climatiques et qui se traînent les pieds en refusant de relever les défis environnementaux ont été les premiers à épouser la cause des pluies acides lorsque l'entreprise canadienne Inco était la plus importante source d'émissions causant les pluies acides en Amérique du Nord. Cette entreprise, lorsqu'elle a été réglementée, est devenue l'une des plus efficaces en Amérique du Nord. Inco se vante aujourd'hui d'être une entreprise pionnière et d'avoir été la source d'une importante percée environnementale.
Il y a ensuite eu la loi américaine sur la qualité de l'air; les entreprises américaines d'approvisionnement en électricité ont nié qu'il était nécessaire de prendre des mesures et ont crié sur tous les toits que le ciel leur tomberait sur la tête s'ils devaient mettre un prix sur leurs émissions. Nous savons maintenant que le coût estimé par l'industrie pour une tonne d'émissions causant les pluies acides étaient de 1 500 $. La United States Environmental Protection Agency prévoyait 750 $. Par contre, plusieurs années plus tard, lorsque ces tonnes de polluants ont été échangées dans un système national d'échange de droits d'émission aux États-Unis en vertu de leur loi sur la qualité de l'air, il s'est avéré que le coût réel était d'environ 100 $ la tonne.
Enfin, un troisième exemple d'un comportement familier est le protocole de Montréal et les efforts mondiaux pour éliminer les CFC. Une grande entreprise, DuPont, s'est attaquée à la plus grande partie du problème et est devenue un acteur environnemental important dans l'industrie mondiale. Ses émissions de gaz à effet de serre ont été grandement réduites.
Il est intéressant de se rappeler les commentaires faits par le le 22 mars, il y a moins d'un mois. Voici ce que le a dit:
En 1990, mon prédécesseur Brian Mulroney a convaincu le gouvernement américain de signer un traité obligeant l'industrie à réduire de façon draconienne les émissions de souffre et d'oxyde d'azote.
Les alarmistes ont dit que cela entraînerait une terrible récession.
Au lieu de cela, l'économie nord-américaine a prospéré et joui d'une croissance figurant parmi les plus longues et les plus fortes de l'histoire.
C'est ce qu'a dit le du Canada il y a quatre semaines à peine, juste avant qu'il n'envoie son mener une campagne de peur pour essayer de faire croire aux Canadiens que nous ne pouvions pas atteindre nos objectifs du Protocole de Kyoto.
La Chambre et les Canadiens se rappelleront du rapport Stern, rédigé par l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale, sir Nicholas Stern, qui enseigne aujourd'hui à la London School of Economics, mon alma mater. Lorsqu'il travaillait à la Banque mondiale, sir Nicholas Stern n'a jamais été considéré comme un économiste socialiste qui conspirait pour priver le Nord et les pays industrialisés de leurs richesses.
Le rapport largement accepté de M. Stern a conclu que 10 p. 100 de la production mondiale pourrait être perdue si nous permettons que nos gestes entraînent une hausse de la température de cinq degrés au cours du prochain siècle. Autrement dit, pour résumer le rapport de 681 pages de sir Nicholas Stern, si nous attendons d'y être forcés avant de prendre de véritables mesures de lutte contre les changements climatiques, la correction sur les marchés sera absolument catastrophique.
Je dis depuis longtemps qu'il faut arrêter de rêver que notre biosphère sera en mesure d'assimiler sans conséquence des quantités illimitées de déchets. La majeure partie de notre activité économique est financée par la banque d'ADN de la nature, où le capital accumulé de 500 millions d'années d'évolution est retenu en dépôt. Nous avons besoin d'un nouveau système économique qui valorise notre capital naturel et, dans bien des cas, lui accorde une valeur monétaire.
Nous pouvons mesurer notre capital financier. Nous pouvons mesurer notre capital social. Nous pouvons même mesurer notre capital humain. Nous savons tant de choses. Il est temps de franchir la dernière étape et de commencer à attribuer une valeur à notre capital naturel. Le Protocole de Kyoto est essentiel à cette évolution.
La Banque mondiale indique que les marchés du carbone valaient 10 milliards de dollars en 2005. On s'attend à ce que cette valeur ait triplé au cours de la dernière année. On parle donc d'un marché de centaines de milliards de dollars. Selon la Deutsche Bank, une des plus importantes banques d'investissement du monde sur le plan des revenus et des profits, un marché du carbone international pleinement opérationnel serait plus grand que n'importe quelle bourse de la planète aujourd'hui.
Voilà pourquoi le a reçu une lettre du président de la Bourse de Toronto, Richard Nesbitt, le 21 décembre, soit il y a quatre mois. Dans cette lettre, M. Nesbitt expliquait clairement que le Canada devait prendre part à un système international d'échange d'émissions.
Il ne faut pas tourner le dos aux mécanismes de libre marché. Le libre marché est reconnu pour encourager la conduite la plus rentable possible. Je puis dire que l'opposition est en faveur de cette approche à toutes les étapes pourvu, évidemment, qu'on puisse bien contrôler les réductions d'émissions.
Toutefois, pas plus tard qu'hier, le ministre a indiqué clairement une fois de plus que les entreprises canadiennes demeureront de simples observatrices tant et aussi longtemps que les conservateurs imposeront leurs méthodes. En niant l'existence du problème, le gouvernement met tout en oeuvre pour que les entreprises canadiennes et les citoyens moyens finissent par payer beaucoup plus que ce qu'ils devraient pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
En clair, sous le règne du gouvernement actuel, nous cesserons d'avoir quelque influence que ce soit sur les politiques et les prix, influence qui est presque exclusivement réservée aux gouvernements de l'Australie et des États-Unis. Est-ce un hasard si le seul pays qui n'a pas signé le document du G8+5, il y a tout juste trois semaines, sont les États-Unis, qui refusent de participer aux systèmes internationaux d'échange de droits d'émissions, systèmes qui sont multilatéraux et qui reposent sur le Protocole de Kyoto?
[Français]
Toute famille comprend l'importance d'un budget. Il faut équilibrer dépenses et revenus. Si nous économisons, nous pouvons investir pour préparer notre avenir. Il est temps d'adopter une stratégie semblable afin de réduire nos émissions de carbone.
Un budget de carbone équilibré est un plan audacieux et novateur visant à permettre aux importants émetteurs industriels de réduire concrètement et de manière importante leurs émissions. Notre plan est une stratégie concrète et efficace qui entraînera des réductions considérables des émissions de carbone. Il servira également à stimuler le développement des technologies vertes ici, au Canada. Nous sommes sûrs que nos entreprises saisiront la chance de devenir des champions des écotechnologies, et nous sommes sûrs que le Canada saisira la chance de devenir une superpuissance de l'énergie verte.
[Traduction]
Nos entreprises meurent d'envie de tirer parti d'une nouvelle économie verte, mais seulement si tout est clair et qu'il y a des certitudes. Elles doivent savoir quelle tangente notre pays est en train d'adopter, en particulier celles qui se sont attachées avec énergie à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport au niveau de 1990. Par exemple, le secteur canadien des pâtes et papiers affiche déjà un taux collectif d'émissions de 44 p. 100 inférieur au niveau de 1990.
Il y a trois semaines et demie, on a adopté les amendements au projet de loi sur la qualité de l'air qui ont été proposés par le Parti libéral, le Bloc québécois et le NPD. Ces amendements établissent des objectifs exigeants, mais réalistes en matière de réductions absolues des émissions.
Hier, le ministre a déclaré qu'il n'avait pas encore décidé si nous allions revoir le projet de loi sur la qualité de l'air et les changements climatiques. Cependant, il n'a pas hésité à dépenser des millions de dollars pour embaucher des économistes afin de bâtir une thèse pour faire peur aux Canadiens le plus possible. Encore une fois, on nous dit ce qu'on ne peut pas faire au lieu de nous indiquer ce qu'on pourrait faire.
Entre-temps, le week-end dernier, à huis clos, le ministre a dit que le projet de loi sur la qualité de l'air était mort. Puis, hier, devant les médias du pays, il a nié avoir fait une telle déclaration. Il ne fait rien pour offrir des certitudes, rien pour rendre les choses claires. Ce n'est pas une preuve de leadership.
Le projet de loi remanié sur la qualité de l'air et les changements climatiques a beaucoup à offrir. Exprimé sous forme d'un budget national du carbone, notre engagement envers le processus du Kyoto nous permettra de créer une économie verte, une économie qui bénéficiera du passage à la durabilité.
Nous avons déjà considérablement réduit les émissions, si on les calcule du point de vue de leur intensité, méthode que le gouvernement continue de favoriser. Cependant, il refuse de reconnaître que, compte tenu de la croissance de notre économie, autrement dit, si nous mesurons les émissions de gaz à effet de serre en fonction de leur intensité, nos émissions ont reculé de plus de 10 p. 100 de 1993 à 2004. Certes, nous savons que les réductions doivent être calculées en chiffres absolus. Cela n'est pas négociable. Nous ne luttons pas contre les changements climatiques si nous ne réduisons pas le volume de CO2 et des gaz équivalents que nous rejetons dans l'atmosphère.
[Français]
Et nous devons agir maintenant. Nous ne pouvons lutter contre les changements climatiques avec une stratégie qui prévoit délibérément un accroissement de la pollution au lieu d'une diminution.
Ce gouvernement veut faire croire aux Canadiens qu'il fait ce qu'il convient en matière de changements climatiques, mais il est incapable de faire les choix qui conviennent.
Il est temps de donner un budget de carbone à l'industrie et d'élaborer une politique qui crée les incitatifs financiers voulus pour que ce budget soit respecté. C'est exactement ce que nous avons fait avec nos modifications au projet de loi C-30.
[Traduction]
Hier, à la Chambre, le m'a presque fait éclater de rire lorsqu'il a dit que si l'opposition avait un plan pour que nous nous conformions au Protocole de Kyoto, elle devrait le déposer. Les députés peuvent vérifier dans le hansard. C'est bel et bien ce qu'il a dit.
Le plan que nous savons soumis dans l'intérêt du pays, une stratégie positive et applicable de lutte contre les gaz à effet de serre, une stratégie qui présente un bon rapport coût-efficacité, se trouve dans le propre projet de loi du gouvernement sur la qualité de l'air et les changements climatiques. Le gouvernement nous a demandé de trouver une solution. Il a renvoyé le projet de loi à un comité législatif spécial, doté de grands pouvoirs, afin qu'il soit remanié de la première à la dernière page.
Nous l'avons remanié. Les conservateurs ont reçu des partis d'opposition un plan, un plan vraiment conçu au Canada. Il prévoit de réelles réductions, en chiffres absolus, et non en fonction de l'intensité. Il chiffre le prix du carbone. Il fixe des objectifs à court, moyen et long terme.
Il s'attaque à tout ce à quoi le gouvernement aurait dû chercher à s'attaquer dès le premier jour, et il va même plus loin, car depuis des mois, le gouvernement tente d'effrayer les Canadiens, de les tromper en leur faisant croire que le plan prévoit le transfert de milliards de dollars pour l'achat de droits d'émission. Nous avons, encore une fois, apporté les correctifs nécessaires au projet de loi. Les achats de crédits d'émission dans quelque pays que ce soit ont été expressément écartés.
Mais au lieu de tout cela, le gouvernement a cherché des excuses, employé des faux-fuyants et retardé les choses. Je ne crois pas que ce soit pure coïncidence que le seul discours affiché en trois mois — ou plutôt en quatre mois maintenant — par l'actuel sur le site web de son ministère porte sur ce que nous ne pouvons pas faire. Les coûts y sont exagérés et les avantages y sont passés sous silence. On dirait qu'il veut que ce soit un échec. C'est un discours défaitiste.
Cette semaine, le gouvernement nous a encore promis de passer à l'acte, mais je dois dire que nous n'avons pas besoin d'un règlement qui fait fi de l'innovation et qui évite la collaboration avec 168 partenaires dans le monde. Nous devons adopter un système qui mise sur l'énergie intellectuelle du Canada: nos institutions de recherche et développement, nos universités, ainsi que les travaux de R et D fédéraux, provinciaux et municipaux.
Cette énergie intellectuelle alimente des travaux de recherche, de développement et d'innovation qui représentent des milliards de dollars. Nous devons employer ces forces pour aller de l'avant.
Nous savons que nous, Canadiens, étions la force de changement à la Commission Brundtland et au Sommet de la Terre, qui ont été à l'origine du Protocole de Kyoto. Il est temps de recommencer à agir en chefs de file. Nous pouvons devenir la superpuissance de l'énergie verte. Nous devons parvenir à partager notre savoir-faire avec les autres pays qui représentent 98 p. 100 du monde. Nous en avons la capacité.
Grâce à Kyoto, une bourse du carbone est maintenant établie sur certains marchés. Pour la première fois, les impératifs économiques et environnementaux sont intégrés. Le fait de coter le carbone améliore la mesure et la gestion d'un produit qui devrait être rare: nos émissions. Cela favorise aussi les investissements pour la réduction des gaz à effet de serre au sein des entreprises privées, ce qui ne risque pas de se produire ici avec un gouvernement alarmiste qui ne croit même pas que nous devons agir et prendre les devants sur cette question.
Je suis ici pour tenir tête au gouvernement avec mes collègues libéraux, parce que nous n'accepterons pas le défaitisme. Cette entreprise engendrera des coûts, mais aussi de formidables possibilités. Nous ne pouvons plus nous permettre de faire du sur-place.
Enfin, j'ajoute une chose pour ceux qui considèrent, à tort, que des mesures multilatérales équivaudraient à transférer sans raisons des milliards de dollars à l'étranger. Ceux-là devraient retourner faire un cours de biologie de base. Nous vivons tous dans la même atmosphère. Je le rappelle constamment au gouvernement afin qu'il fasse les bons choix.
C'est ce que j'avais à dire. J'ai hâte d'entendre les réactions des députés.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue de de sa motion sur les changements climatiques, particulièrement par rapport à la Bourse de carbone. Ce concept serait vraiment nécessaire pour notre pays qui devrait s'y engager dès maintenant. Sans cet élément, il sera impossible pour le Canada d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto et de continuer à discuter avec le reste du monde.
Le gouvernement fait preuve d'une certaine confusion parce que je crois que le gouvernement appuiera cette motion. Mais cette confusion est peut-être causée par la langue. La version française contient des éléments très spécifiques qui n'apparaissent pas dans la version anglaise. Nous devrions étudier cela aujourd'hui. D'abord, il y a cette phrase:
Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, [...]
Il s'agit des mots « cibles absolues ». Il sont très importants, et c'est la raison pour laquelle le NPD appuiera cette motion.
[Traduction]
La version anglaise contient une expression légèrement différente qu'il convient de corriger aujourd'hui. Je suis convaincu que les députés collaboreront avec nous pour réparer cette erreur.
La motion se lit comme suit en anglais:
That the House call on the government to set fixed greenhouse gas reduction targets as soon as possible so as to meet the objectives of the Kyoto Protocol [...]
Dans le Protocole de Kyoto, les mots utilisés concernant les mécanismes sont très précis. Dans la motion anglaise, le gouvernement pourrait voir une occasion d'appliquer ses cibles fondées sur l'intensité, étant donné l'absence du terme « absolute ». Dans le vocabulaire qui se rapporte au Protocole de Kyoto, une cible absolue signifie un plafond absolu. C'est ce que nous utilisons lorsque nous parlons des grands pollueurs industriels.
Ce sont les termes que nous utilisons lorsque nous parlons de cibles absolues pour les pays. Il ne s'agit pas de cibles mobiles ni de cibles associées à l'intensité énergétique, ce que le chef actuel du Parti libéral et ses collègues libéraux appuyaient lors de la dernière législature. L'actuel chef des libéraux a été en faveur de cibles fondées sur l'intensité, même pendant la course à la direction de son parti. Maintenant, le Parti libéral reproche aux conservateurs d'affirmer que les cibles fondées sur l'intensité représentent la meilleure solution.
J'aimerais m'attarder sur la question un instant, car il est important que les Canadiens qui nous regardent comprennent la différence entre une cible absolue et une cible fondée sur l'intensité.
La règle de l'intensité permet aux pays de fixer des cibles fondées sur l'intensité. Cela signifie que si un pays améliore l'efficacité de ses procédés industriels et commerciaux, si l'intensité des émissions de gaz à effet de serre diminue au fil des ans, ce pays voit son mérite reconnu pour s'être amélioré sur le plan des émissions.
Le problème avec les cibles fondées sur l'intensité, c'est qu'elles peuvent donner lieu, lorsque l'économie est en plein essor, comme c'est le cas en Alberta — laquelle a tenté d'appliquer des cibles provinciales fondées sur l'intensité — à un recul de 19 p. 100 de l'intensité des émissions au cours d'une période de dix ans, mais à une augmentation de près de 40 p. 100 des émissions absolues de gaz à effet de serre dans la province.
Lorsque les pays se rencontrent à l'occasion de conférences internationales sur la réduction de notre empreinte sur la planète et sur l'atmosphère, ils parlent toujours de réduction absolue des émissions de gaz à effet de serre. C'est le seul discours. Peu importe la perspective politique d'un pays, peu importe qu'on soit de droite, de gauche, qu'on soit Américain, Australien ou Canadien. Les pays parlent de trouver une façon de réduire la quantité d'émissions de gaz à effet de serre produites par les entreprises. C'est l'élément important.
Le gouvernement semble nous parler de cibles mobiles ces dernières semaines. Il dit que nous sommes partie au Protocole de Kyoto, mais que nous n'allons pas en atteindre les cibles.
[Français]
Maintenant, il est suggéré d'appuyer la motion du Bloc pour avoir des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre. Les mots « cibles absolues », c'est quelque chose de très très clair. C'est une connexion très forte avec le Protocole de Kyoto et l'obligation internationale du Canada. Il est nécessaire aussi de créer une bourse du carbone à Montréal, ou une bourse du carbone en général, peu importe où elle se trouvera.
[Traduction]
Dans ce contexte, comme nous l'avons entendu dans les discours des porte-parole en matière d'environnement et du , les partis mettront leurs différends de côté en ce qui concerne l'environnement, qui devient de plus en plus importants aux yeux des Canadiens.
C'est presque un virage à 180 degrés qui s'est produit dans l'esprit des Canadiens qui s'intéressent aux affaires du gouvernement et de leur nation quand on dit que l'environnement, et plus particulièrement les changements climatiques, sont devenus une des principales préoccupations pour notre pays.
Je souligne que le gouvernement n'a pas été élu grâce à son programme environnemental. Je me rappelle clairement le document contenant le programme électoral des conservateurs. Je crois qu'il contenait environ trois phrases sur l'environnement. Leur campagne était ainsi faite. Ils restaient vagues. On y parlait d'air pur, d'eau pure et d'un troisième élément, qui a depuis été oublié.
Maintenant qu'ils forment le gouvernement, ces députés se retrouvent dans une fâcheuse position, ayant tellement parlé dans leurs dépliants et leurs brochures des dangers d'obligations internationales comme le processus de Kyoto. Voilà maintenant que la population veut des actions concrètes.
Tirons quelques leçons de l'histoire. Quand les conservateurs ont présenté leur Loi sur la qualité de l'air, l'automne dernier, de nombreux membres du conseil des ministres faisaient preuve d'enthousiasme et d'impatience, sentiments qui n'étaient pas partagés, selon moi, par le public canadien. Plusieurs ministres sont venus me voir pour me dire à quel point j'allais être impressionné par ce qui deviendrait la Loi sur la qualité de l'air.
[Français]
C'était la loi sur la qualité de l'air. C'était selon eux très fort, très spécifique et très généreux.
[Traduction]
Finalement, nous avons constaté que cette loi laissait à désirer sur le plan des détails, des délais et de l'efficacité. Nous n'avons pu l'appuyer et nous avons réussi à convaincre les autres partis d'opposition de faire de même, car il n'existait aucun fondement moral à repousser encore de 20, 30 ou 40 ans l'adoption de mesures sérieuses pour lutter contre les changements climatiques. C'était irresponsable.
Ce qui est responsable, c'est de renouer avec nos obligations internationales contenues dans un document liant les parties. Le gouvernement n'a toujours pas dit comment il compte tirer son épingle du jeu en tant que signataire, au nom des Canadiens, de ce protocole qui prévoit des sanctions pour les pays qui ne tiennent pas parole ou qui ne respectent pas leurs cibles.
Le gouvernement tente de nous faire croire qu'il peut faire partie du protocole et adhérer aux obligations internationales sans toutefois respecter les obligations que cela comporte. Cela est fondamentalement incorrect et intellectuellement malhonnête au pire.
Dès son dépôt, cette loi était condamnée. C'était décevant et frustrant, compte tenu de ce que le Parti libéral avait légué, un bilan que tous à l'échelle du pays s'entendaient à décrire comme un trop grand intérêt accordé aux médias, à l'image et aux annonces au détriment de mesures concrètes.
Ce qui est triste pour les Canadiens, et il faut dire que la population est très sceptique quand le gouvernement fait des annonces, c'est que leur scepticisme est en partie justifié quand on regarde le bilan du soi-disant nouveau gouvernement. En effet, après 13 ou 14 mois — une période relativement courte d'après le calendrier, mais qui a paru incroyablement longue en raison des nombreux délais — nous attendons toujours des mesures sérieuses.
Certains libéraux, qui ne sont pas encore habitués à ne pas contrôler comment les choses sont présentées dans les médias, pourraient même avoir cru que 10 ans s'étaient écoulés. Cependant, quand on examine les principes du projet de loi, on comprend que ce projet de loi, tel qu'il a été présenté, n'avait aucune chance d'être adopté au Parlement.
Je me souviens que le chef du NPD, le député de , a pris la parole deux semaines après le dépôt du projet de loi pour demander au parti au pouvoir et aux autres partis de travailler ensemble, de former un comité spécial qui servirait de forum où présenter les meilleures idées, et de réécrire le projet de loi d'un bout à l'autre pour y inclure des éléments que contiennent la motion du Bloc dont nous sommes saisis aujourd'hui, ainsi que d'autres motions présentées par des députés conservateurs et libéraux.
C'était une expérience fascinante et capitale car les Canadiens ont enfin entendu dire que des parlementaires essayaient de collaborer et de trouver un terrain d'entente. J'ai examiné le compte rendu des divers votes tenus sur ce projet de loi. J'ai découvert que des députés du Parti conservateur, du Parti libéral, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique avaient voté en faveur d'un bon nombre de ses éléments. Ils ne se sont pas entendus sur l'ensemble du projet de loi, mais ils ont prouvé que, selon les principes d'une saine négociation, tous les partis doivent faire des concessions. Aucun parti ne sort gagnant sur toute la ligne.
Le aimerait mener une guerre d'usure et faire comme si sa parole était loi, mais il doit enfin réaliser qu'il est tenu de composer avec les limites d'un gouvernement minoritaire. Ceci est la Chambre que les Canadiens ont créée pour nous. Il est clair qu'ils veulent que nous collaborions, en particulier dans les dossiers qui, selon tous les partis, vont bien au-delà des intérêts partisans, notamment l'avenir de l'environnement, le climat et la prospérité des générations à venir.
Nous avons rédigé une nouvelle mouture du projet de loi en conservant toutefois certains éléments du libellé initial. La plupart des articles relatifs à la pollution et à la qualité de l'air ont été modifiés, mais ultérieurement adoptés par les divers membres du comité. Nous avons ajouté de nouveaux éléments, des idées novatrices, qui ont été acceptés par les partis. Aucun parti n'a voté en faveur de tous les éléments, mais, d'un autre côté, aucun parti n'a voté en bloc contre un élément en particulier. C'était un heureux mélange.
De mon point de vue et, je présume, du point de vue d'un grand nombre de Canadiens, lorsque les députés sont capables d'exprimer leur position et de former à l'occasion diverses coalitions autour d'une même table, c'est un signe que le Parlement est en santé. Comme le savent les membres de ce comité, il y a eu plusieurs votes. Certains éléments ont été rejetés, d'autres, acceptés. Le NPD a fait tout ce qu'il a pu pour que le Parlement fonctionne, qu'il obtienne les résultats escomptés par les Canadiens en matière d'environnement. Le député de , le chef du NPD, s'est totalement investi dans le processus et on a reconnu comme il se doit son précieux apport aux travaux du comité.
Je vais maintenant expliquer en détail le concept de bourse du carbone.
[Français]
Il est très important de comprendre à quel point cet outil est bon pour les entreprises canadiennes et pour tout le monde, et qu'il permet de mettre de l'avant ce concept de réduction des gaz à effet de serre.
Je vais citer d'un bref extrait du témoignage de M. Bertrand, le président de la Bourse de Montréal, au sujet des cibles absolues. En réponse à une question du député de , M. Bertrand a répondu comme suit: « Nous pensons qu'un système basé sur l'intensité ajouterait un autre élément d'incertitude sur le marché. »
Tous les témoins des entreprises ont dit qu'il était impossible d'investir dans la réduction des gaz à effet de serre avec un système qui crée de l'incertitude. Le concept des cibles d'intensité ne fonctionne pas pour les entreprises canadiennes ni pour les objectifs de notre pays en vertu du Protocole de Kyoto. Il est impossible que, d'un côté, le gouvernement conservateur dise que les cibles d'intensité sont suffisantes, et que de l'autre côté, il appuie la motion du député de qui commence ainsi: « Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, [...] »
Il s'agit là de l'intention du projet de loi . On en a changé le nom, parce qu'il s'agit d'un projet de loi très important qui traite non seulement de la qualité de l'air, mais également des changements climatiques. C'est pour cette raison que le NPD appuiera la motion. Il appuiera l'effort visant à exercer plus de pression sur ce gouvernement. C'est nécessaire, afin que soit adopté le projet de loi touchant aux changements climatiques et à la loi canadienne sur la qualité de l'air, comme le gouvernement l'avait nommée.
[Traduction]
Pour les Canadiens qui suivent le débat et qui comprennent mal l'idée d'une bourse du carbone, disons que c'est un concept très simple fondé essentiellement sur des principes déjà existants sur les marchés boursiers. Les Canadiens investissent régulièrement sur les marchés, que ce soit pour leur retraite, pour assurer des garanties d'emprunt à leur entreprise, pour stimuler l'économie ou pour créer de l'emploi. Ceux qui luttent contre les changements climatiques ont emprunté l'idée du marché où l'on investit des sommes d'argent en échange de parts ayant une certaine valeur future, comme on le fait à la bourse de Toronto et sur d'autres marchés boursiers dans le monde.
Un témoin très avisé a dit au comité qu'il ne fallait pas voir le processus d'application du Protocole de Kyoto comme des négociations sur des questions environnementales, mais bien sur des questions économiques, parce que des éléments de base de notre économie en sont modifiés. Ce processus exige que, à long terme, le pollueur paie. Il y a trop longtemps qu'on en parle, au Parlement et ailleurs. C'est simple. Ceux qui polluent ou, dans le cas présent, ceux qui libèrent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, doivent payer pour cette pollution. Autrement, nous risquons la pire tragédie que nous ayons jamais connue. Qui est responsable de l'atmosphère, de la qualité de l'air, si ce n'est ceux qui contribuent à leur détérioration?
De notre point de vue et de celui de bien d'autres, cette approche axée sur le marché semble l'un des outils les plus efficaces que le gouvernement puisse appliquer dans l'établissement d'un mandat, de règles et de règlements clairs pour que les entreprises puissent soutenir la concurrence. Cela permettra aux industries de choisir les solutions les moins coûteuses pour réduire la pollution et pour que cela ait une incidence positive nette sur l'atmosphère et sur l'économie.
En fin de compte, nous avons besoin de cet outil pour atteindre les cibles à court terme exposées dans le Protocole de Kyoto, que le Canada s'est engagé a respecter, à moins que le gouvernement n'envisage de le déchirer, ce qu'il peut fort bien faire en douce même s'il ne l'a pas annoncé publiquement. Les entreprises ont besoin de cet outil; elles sont incapables de faire la transition en trois ou quatre ans pour pouvoir se conformer au Protocole de Kyoto, parce que le Canada a perdu tellement de temps au cours des 13 années du gouvernement précédent et des 18 mois presque révolus depuis l'arrivée au pouvoir de l'actuel gouvernement.
Nous avons assisté à certains changements de position de la part du gouvernement. Nous avons constaté de petites ouvertures sur le plan idéologique. Je me rappelle que lorsque le ministre est venu témoigner devant le comité et qu'on l'a interrogé sur les mécanismes de développement propre et sur d'autres mécanismes d'échange de droits d'émission prévus dans le protocole, il s'y est opposé de façon catégorique.
À l'époque, j'ai pensé qu'il s'était peut-être mal exprimé. Il a fallu que des représentants d'entreprises se succèdent devant le comité pour dire qu'ils souhaitaient avoir accès à ces outils. Le secteur pétrolier et gazier et celui de l'énergie produite à l'aide du charbon souhaitent également avoir accès à ces outils et à ces mécanismes parce qu'ils estiment qu'ils sont importants et utiles pour leurs activités. Ils doivent pouvoir inclure dans leurs coûts et leurs dépenses de fonctionnement le facteur pollution, autrement dit les émissions de gaz à effet de serre. L'idée d'une bourse du carbone leur permet de le faire et ils souhaitent y avoir accès. Pourquoi le gouvernement leur refuserait-il cette possibilité? Ils sont censés constituer une grande partie de la base de soutien du gouvernement, certainement dans le secteur énergétique albertain. Ils ont demandé d'avoir accès à ce marché. La question est de savoir qui le gouvernement empêche d'avoir accès à ces outils. Ce ne sont certainement pas les entreprises qui sont le plus engagées dans le processus, les grands pollueurs au Canada.
Le gouvernement a présenté de façon totalement fausse et presque ridicule le coût de ces obligations internationales que nous nous sommes engagés à respecter. Le ministre y allait tambour battant la semaine dernière. Il faut régler la question une fois pour toutes. Nous ne pouvons plus nous permettre cette bataille féroce d'idéologies entre la prise de mesures favorables à l'environnement ou à l'économie. Ce débat est maintenant clos depuis longtemps aux yeux de nombreux Canadiens. Si le gouvernement s'entête sur cette voie, je crois que les conservateurs en subiront les conséquences, tant sur le plan politique que personnel, car il s'agit d'un faux débat. Nous sommes rendus bien plus loin. Nos concurrents internationaux nous l'ont démontré.
Le Canada court le risque d'être laissé loin derrière en matière d'innovations, de nouvelles technologies de production d'énergie et de politique plus saine et sensée pour le pays et notre économie.
Nous allons appuyer cette motion et nous espérons que tous les partis en feront autant. Nous recherchons l'appui de tous les partis pour faire enfin progresser les prétendues loi sur la qualité de l'air et mesure législative sur les changements climatiques et en arriver à des solutions qui permettront à l'industrie et aux Canadiens d'agir de concert avec le gouvernement plutôt que d'avoir un gouvernement diamétralement opposé à ces efforts.
:
Monsieur le Président, je remercie mon collègue pour sa question et pour son travail en matière d'environnement.
La motion fait mention d'une bourse du carbone bien précise, soit la Bourse de Montréal. La plupart des gens qui s'opposent à la motion se concentreront sur ce point et demanderont pourquoi le gouvernement choisirait une bourse plutôt qu'une autre. Il y a deux aspects qui font que nous appuyons la motion avec confiance.
J'ai fait état de certaines préoccupations en ce qui a trait à la traduction de la motion et de divergences entre les versions anglaise et française, mais l'aspect dont je vais parler ne prête pas à équivoque. Si nous voulons établir des objectifs absolus pour le Canada en ce qui a trait aux émissions de gaz à effet de serre, comme la motion le stipule, c'est parce qu'il s'agit d'une « condition préalable à l'établissement [...] d'une bourse du carbone à Montréal ». Il est presque évident qu'il sera impossible d'établir un marché du carbone à Montréal s'il n'y a pas de limite absolue aux émissions de gaz à effet de serre, et ce ne serait pas possible non plus d'en établir un à Toronto, à Winnipeg ou ailleurs.
La bourse mentionnée dans la motion est considérée par la plupart des gens comme la meilleure candidate pour abriter ce marché, en raison de ses liens avec Chicago, un important marché aux États-Unis, et avec les marchés européens. La Bourse de Montréal a fait de l'excellent travail pour resserrer ces liens essentiels. Notre système ne peut être uniquement axé sur le marché canadien. Cela ne fonctionnera pas. Nous devons avoir accès aux plus grands marchés.
La motion englobe l'élément le plus important, à savoir l'établissement de cibles absolues. C'est l'aspect sur lequel le gouvernement continue de réfléchir, lui qui a refusé les plafonds absolus. Ce n'est pas pour rien que l'on parle d'un système de plafonnement et d'échange. Sans plafonnement, il n'y a pas d'échange. Cet aspect est fondamental. Sans plafonnement absolu, il n'y a absolument pas d'échange.
Les milieux d'affaires, les chambres de commerce et les divers autres intervenants ont fait valoir que, avec une cible fondée sur l'intensité, il est très difficile de déterminer les modalités d'échange, la cible étant mobile. Quelle valeur faut-il donc lui attribuer? Nous ne la connaissons pas puisque la cible liée à l'intensité ne permet pas de prédire les émissions d'une entreprise pour l'année suivante. Un objectif lié à l'intensité représente un pourcentage de la production, alors que le plafond absolu impose et définit une limite. On ne pourrait pas davantage faire fonctionner un marché, une bourse ou un autre mécanisme du genre tout en laissant à une entreprise le loisir de déterminer la valeur de la cible en la laissant flotter en fonction de données relatives à l'intensité de sa production, qu'elle fournirait un an plus tard. Cela ne peut fonctionner. Les deux éléments vont de pair.
Les représentants du secteur des hydrocarbures de l'Alberta en ont dit autant. Ceux de la Bourse de Montréal, de la Chambre de commerce et des milieux d'affaires ont fait valoir que, pour assurer la certitude préalable aux investissements nécessaires pour transformer notre économie, il faut une certaine certitude sur le plan des prix. Sans cela, les entreprises ne voudront pas participer aux échanges et la bourse ne fonctionnera pas. Le gouvernement semble maintenant vouloir favoriser la création d'un marché. Nous l'encourageons dans cette voie, mais il doit comprendre quels sont les principes inhérents au marché.
Il faut savoir que, à l'origine, dans le cadre des négociations concernant l'accord de Kyoto, ce sont les États-Unis et le Canada qui se sont montrés extrêmement favorables à un tel mécanisme. C'étaient les États-Unis qui étaient les plus réticents à participer au régime de Kyoto. Pour ce pays, un marché des émissions était indispensable puisqu'il permettait de libérer les capitaux et c'est la raison pour laquelle les États-Unis ont décidé de participer. Un tel marché est absolument critique. Il est indispensable pour libérer les capitaux qui permettront aux entreprises les plus avancées d'effectuer les investissements nécessaires et de créer la richesse que nous attendons depuis si longtemps au Canada.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole à la Chambre des communes au sujet de la motion déposée par le Bloc québécois dans le cadre de la journée d'opposition du Bloc. Cette motion est claire et simple et « invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction de gaz à effet de serre permettant d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, une condition préalable à l'établissement, dans les meilleurs délais, d'une bourse du carbone à Montréal. »
Monsieur le Président, je vous informe que je partagerai mon temps avec le député d'.
Aujourd'hui, nous avons donc un débat très important la Chambre des communes. Un débat qui porte sur l'un des plus grands défis auquel nous avons eu à faire face, soit les changements climatiques. Au cours des derniers mois, de nombreuses études scientifiques crédibles nous ont renseignés davantage sur l'ampleur des problèmes et des défis environnementaux qui se posent à nous aujourd'hui et expliquent en partie ce que la plupart des gens constatent d'eux-mêmes: nous avons un rôle et une responsabilité en ce qui a trait aux bouleversements climatiques actuels.
Je ne parlerai pas de la recherche commandée par le gouvernement conservateur qui fonde la campagne de peur que diffuse ce même gouvernement depuis une semaine. Ce gouvernement, qui se comporte comme un lobby de l'industrie pétrolière, a toujours nié le phénomène. Difficile d'accorder de la crédibilité à un scénario de la sorte aussi catastrophique, voire apocalyptique.
Je rappellerai plutôt aux membres de cette Chambre les récents rapport de Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, et celui du Groupe intergouvernemental d’experts de l'ONU sur l’évolution du climat.
Le premier recommande que chaque pays investisse 1 p. 100 de son PIB dans la lutte aux changements climatiques pour éviter des pertes économiques éventuelles de l'ordre de 20 fois les coûts nécessaires actuellement pour renverser la vapeur. De plus en plus de certitudes s'accumulent quant au réchauffement climatique et particulièrement concernant ses conséquences: davantage de tempêtes tropicales, de vagues de chaleur, d'épisodes de smog, d'ouragans, de feux de forêts et de sécheresse. Il y a aussi la fonte des glaciers, la hausse du niveau de la mer et la rareté de l'eau.
Sans vouloir être alarmistes, il faut être lucides et honnêtes. Selon le second rapport, soit celui de l'ONU, au moins 30 p. 100 des espèces mondiales risquent l'extinction si le mercure dépasse de deux degrés les moyennes établies dans les dernières années. De plus, 250 millions de personnes pourraient manquer d'eau d'ici 2020. Enfin, une augmentation des intempéries extrêmes, comme les tsunamis et les pluies diluviennes, est susceptible de se produire, entre autres événements inquiétants.
Pendant ce temps, comme pour justifier son inaction, le gouvernement conservateur ne cesse de blâmer la piètre performance des libéraux en matière de lutte contre les changements climatiques du temps qu'ils étaient au pouvoir.
Jour après jour, depuis leur élection, les conservateurs nous promettent de l'action. Après 14 mois au pouvoir, on peut dire que les Québécois et les Canadiens ont perdu 14 mois de lutte contre les changements climatiques. C'est du temps précieux et dans cette importante lutte, aucun gouvernement responsable ne peut se permettre d'en perdre.
Pourtant, après avoir abondamment sabré en début de mandat dans des programmes liés aux changements climatiques, le gouvernement a recyclé des programmes libéraux sous la pression populaire et politique. Encore une fois, du temps précieux a été perdu.
Le gouvernement conservateur sous-estime les Québécois et les Canadiens quant à l'importance qu'accordent ceux-ci à l'environnement et aux changements climatiques. Encore aujourd'hui, il ne semble pas les entendre, les écouter, ni même les comprendre.
Les questions liées aux changements climatiques et aux émissions de gaz à effet de serre sont très importantes pour les Québécois et les Québécoises. En fait, 76 p. 100 de Québécois estiment que le gouvernement doit atteindre les objectifs fixé par le Protocole de Kyoto. D'ailleurs, per capita, les Québécois sont les plus faibles émetteurs de gaz à effet de serre en Amérique du Nord et nous sommes l'une des seules sociétés développées — avec la Norvège — où le pétrole n'occupe pas la plus grande part du bilan énergétique. Ceci s'explique en partie par le choix que nous avons fait de développer la filière hydroélectrique.
Du côté du Bloc québécois, nous avons fait écho aux inquiétudes des citoyens du Québec envers ces enjeux environnementaux sur la scène fédérale, au moins depuis la campagne électorale de 2000, alors que nous en faisions un des thèmes centraux. En 2003, le Bloc québécois a largement contribué à la ratification du Protocole de Kyoto et fait de sa mise en oeuvre une priorité par la suite.
Récemment, nous avons contribué à recueillir plus de 120 000 signataires qui appuyaient une pétition exigeant le respect des engagements du Protocole de Kyoto.
Les citoyens du Québec exigent d'eux-mêmes et de leurs élus une contribution exemplaire à la protection de l'environnement. Ce fait est l'une des raisons importantes qui expliquent que le gouvernement conservateur, qui essaie de séduire les Québécois par tous les moyens imaginables, tente depuis quelque temps de se présenter comme un gouvernement vert.
Les Québécois ne sont pas dupes et ils savent bien que le gouvernement conservateur n'a jamais eu de véritable intérêt pour les causes environnementales. Son coeur et son âme sont depuis un bon bout de temps promis à l'industrie pétrolière de l'Ouest canadien. Ce n'est un secret pour personne. C'est pour cette raison qu'il ne croit pas au Protocole de Kyoto.
Voici quelques exemples qui illustrent bien cela. D'abord, la Chambre des communes a officiellement reconnu deux fois l'importance de respecter les cibles du Protocole de Kyoto, et le gouvernement conservateur, plutôt que de respecter la volonté de la majorité des parlementaires, commande une étude pour justifier son inaction parce que le Protocole de Kyoto nuirait considérablement aux industries de l'Ouest, particulièrement aux industries pétrolières.
Puis, il y a le refus du gouvernement conservateur de mettre un terme immédiatement et complètement au programme de déduction pour amortissement accéléré (DPA) offert aux pétrolières qui exploitent les sables bitumineux, malgré les milliards de profits qu'elles engrangent.
De plus, le gouvernement a longtemps refusé de respecter ses propres délais et de déterminer des cibles de réductions de gaz à effet de serre à atteindre. Alors, il projette d'établir des cibles d'intensité plutôt que des cibles absolues. Maintenant, on apprend qu'il envisage de changer la date de référence pour les réductions, prenant l'année 2006 comme référence plutôt que 1990.
De plus, on ne connaît pas l'avenir du projet de loi qui a nécessité de nombreuses heures de travail échelonnées sur plusieurs semaines par les parlementaires du Comité permanent de l'environnement, et qui a été grandement bonifié par les partis de l'opposition. Nous avons présentement un bon projet de loi qui correspond aux attentes des Québécois et des Canadiens. Que fera alors le gouvernement conservateur? On serait tenté de penser qu'il ne sera pas pressé de le rappeler en Chambre pour son adoption.
Par ces actions, le gouvernement conservateur prouve, encore une fois, que les intérêts du Canada sont aux antipodes de ceux du Québec. Alors que le pétrole enrichit le Canada, il appauvrit le Québec.
L'économie canadienne est fortement portée par l'industrie des hydrocarbures, que ce soit le pétrole en Alberta, à Terre-Neuve et en Saskatchewan, ou le gaz naturel en Nouvelle-Écosse. Celle du Québec est affectée par un dollar gonflé qui fluctue en fonction du cours du baril de pétrole et qui heurte sévèrement l'industrie manufacturière.
On ne produit pas de pétrole au Québec. On doit donc l'importer. En 2006, le Québec a acheté pour 13 milliards de dollars de pétrole alors qu'il a affiché un déficit commercial de 7 milliards de dollars. Cette dépendance au pétrole a donc plongé le Québec en plein déficit commercial. La vérité, c'est que plus personne ne peut nier le problème des changements climatiques et que des gestes concrets et efficaces doivent maintenant être posés sans plus tarder.
C'est pourquoi le Bloc québécois demande à répétition un plan de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto permettant la réduction réelles des émissions canadiennes de gaz à effet de serre de 6 p. 100 par rapport au niveau de 1990, avec des cibles absolues.
C'est pourquoi le Bloc québécois exige la mise en place d'un mécanisme permettant l'application d'une approche territoriale, c'est-à-dire une approche qui donnera les outils financiers au Québec afin qu'il puisse mettre en oeuvre les mesures les plus efficaces pour réduire les gaz à effet de serre sur son territoire. C'est l'avenue la plus efficiente, la seule qui soit véritablement équitable, et qui tienne compte des efforts et des choix écologiques faits par les Québécois, les Québécoises ainsi que le secteur industriel du Québec au cours des dernières années, tout particulièrement dans l'hydroélectricité.
C'est aussi pourquoi le Bloc québécois insiste pour que le plan comporte la création d'une bourse du carbone qui récompensera les provinces, les compagnies ou organismes qui font preuve de leadership dans les réductions de gaz à effet de serre. Il devient donc urgent de créer une telle bourse pour imposer des cibles de réduction aux grands pollueurs. C'est la politique du pollueur-payeur. Ainsi, une entreprise qui voudrait se moderniser pourrait se financer en partie en vendant des crédits à d'autres entreprises. Pensons par exemple à l'industrie pétrolière.
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Monsieur le Président, en premier lieu je remercie ma collègue de de son excellente présentation. Je la remercie également d'avoir partagé avec moi le temps dont elle disposait.
Je me permets de lire la motion du Bloc québécois, si bien présentée par mon collègue de , notre porte-parole en matière d'environnement qui, soit dit en passant, fait un excellent travail. Il est maintenant reconnu au Québec, et même partout au Canada, comme une sommité en la matière. Je me permets de lire la version française de la motion parce que d'ici la fin de ma présentation, j'en amenderai la version anglaise qui comporte une petite différence. Voici la motion en français:
Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, une condition préalable à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une bourse du carbone à Montréal.
Avant d'en arriver au coeur de cette motion, je me permettrai de faire état de la variation des gaz à effet de serre dans les provinces canadiennes, en prenant pour date de départ la date fixée par le Protocole de Kyoto, soit 1990. Je fais état du dépassement ou de l'accroissement des émissions de gaz à effet de serre par province, depuis 1990 jusqu'en 2004.
Les gaz à effet de serre à l'Île-du- Prince-Édouard ont augmenté de 10 p. 100; au Québec, de 6,1 p. 100; en Nouvelle-Écosse, de 16,5 p. 100; au Manitoba, de 11,4 p. 100; en Ontario, de 15 p. 100; à Terre-Neuve—Labrador, de 4,3 p. 100; en Colombie-Britannique, de 29,9 p. 100; au Nouveau-Brunswick, de 46,9 p. 100; en Alberta, de 39,4 p. 100; et en Saskatchewan, de 61,7 p. 100.
Cela donne pour tout le Canada une augmentation des gaz à effet de serre de 26,5 p. 100, avec 1990 comme année de référence. Sans le Québec, ce serait 30 p. 100.
On aura compris que le Québec a fait ses choix énergétiques, soit l'hydroélectricité. Encore une fois, il me fait plaisir de dire en cette Chambre, à tous mes collègues des autres partis et des autres provinces, que le Québec s'est payé lui-même, sans aucune contribution fédérale, des ressources hydroélectriques payées à même les taxes des contribuables du Québec et de leur facture d'hydroélectricité.
Le Québec a choisi de se payer l'hydroélectricité qui lui permet aujourd'hui d'être la province qui a le moins augmenté ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990. Je crois que c'est un exemple que le reste du Canada devrait suivre. Ce n'est pas pour rien que le Québec et le Bloc québécois se portent aujourd'hui à la défense des Québécois et des Québécoises, qui sont prêts à atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto et qui demandent au reste du Canada de suivre l'exemple du Québec et d'atteindre ces objectifs.
C'est un choix que le Québec a fait. Quand on fait l'inventaire des gaz à effet de serre au Québec, le portrait nous montre que le secteur des transports est la plus importante source d'émissions et représente 38,5 p. 100 des émissions totales québécoises. De notre augmentation de 6,1 p. 100, 38,5 p. 100 sont dus au secteur du transport. Dans ce secteur, le transport routier représente 85,3 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre.
Il faut donc s'attaquer au coeur du problème, et l'une des parties importantes de ce problème est le transport routier, les véhicules automobiles et la pollution par le pétrole. Il faut mener ce combat. Il faut pouvoir atteindre les objectifs.
C'est pourquoi le Bloc québécois a déposé en cette Chambre la motion d'aujourd'hui. Cette motion est basée, comme je le mentionnais plus tôt, sur des cibles absolues pour permettre l'émergence d'une bourse du carbone à Montréal.
Je vais parler des avantages d'une bourse du carbone. Cela va créer un marché de permis échangeables. La bourse du carbone, ce n'est pas nouveau et c'est en vigueur. Il y en a à Chicago et en Europe. Ce principe est opérationnel. Je vais résumer cela et prendre la peine de lire mes notes parce qu'il faut bien comprendre les choses.
Une bourse du carbone est un outil qui permet à une entreprise, un gouvernement ou un organisme qui a diminué ses émissions de gaz à effet de serre sous ses objectifs de réduction de vendre les tonnes de gaz à effet de serre qu'elle aurait encore eu le droit d'émettre. Cela permet aux entreprises qui fournissent des efforts d'être capables de vendre le surplus économisé en gaz à effet de serre.
Il n'est pas surprenant que des entreprises qui, au Québec, ont fait cet effort par rapport à leurs émissions de 1990, entre autres dans le domaine forestier et celui de l'aluminium, attendent impatiemment qu'une telle bourse du carbone puisse entrer en vigueur pour être en mesure de vendre des crédits afin de réaliser des économies et d'augmenter une partie de leur richesse.
Un marché de permis permettra par exemple à une entreprise qui surpasse ses objectifs de vendre ses surplus à une autre entreprise qui a du mal à réduire ses émissions.
On nous accuse de prendre l'argent du gouvernement pour être capables de financer tout cet objectif de bourse du carbone. Au contraire, les entreprises — entre autres les entreprises pétrolières — qui voudraient dépasser leurs émissions devront acheter des crédits ou des permis de celles qui ont fait des économies. Ce sont les entreprises qui paieront; il n'y a pas d'argent gouvernemental. C'est le principe, comme l'a si bien expliqué mon collègue, du pollueur-payeur.
Mon collègue de a toujours défendu ce principe en cette Chambre. Je l'ai entendu à maintes reprises demander au gouvernement s'il accepterait une jour le principe du pollueur-payeur? Celui qui veut continuer à polluer devra acheter des crédits pour le faire. C'est aussi simple que cela.
C'est ce qui a permis à l'Europe d'atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Par le fait même, il s'agit d'un puissant incitatif financier à réduire les émissions de gaz à effet de serre puisque la compagnie peut monnayer ses réductions. Ce système encouragera les entreprises les plus performantes à être capables de faire de l'argent sur les crédits d'émissions. Celles qui ne le pourront pas — on pense souvent aux pétrolières qui font des profits faramineux — prendront leur surplus et, plutôt que de verser des dividendes aux actionnaires tous les trois mois, pourront peut-être en prendre une partie pour continuer de fonctionner.
La création d'une bourse du carbone ne peut cependant exister que si des cibles absolues de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont fixées. La réduction est simple, c'est de 6 p. 100 par rapport à 1990. Donc, ce n'est pas pour rien que le Bloc québécois, dans sa motion, est très logique avec lui-même. On demande des réductions absolues pour être capables d'installer une bourse du carbone. Cela exige toutefois la création d'un ou de plusieurs organismes indépendants qui seront chargés de certifier les réductions de gaz à effet de serre et d'imposer des pénalités financières aux organisations qui ne les auront pas respectées.
Le principe du Bloc québécois est évidemment d'établir une bourse du carbone à Montréal basée sur les principes de réduction des cibles absolues. C'est la raison pour laquelle je dépose cet amendement. Je propose, avec le consentement du député de Rosemont—La Petite-Patrie et appuyé par la députée de Beauharnois—Salaberry, l'amendement suivant:
Que la motion soit modifiée par substitution, dans la version anglaise, du mot « fixed » par le mot « absolute ».
C'est l'amendement que je propose.
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Monsieur le président, je trouve un peu pathétique en cette Chambre que les bloquistes s'arrogent beaucoup de mérite en environnement. Il n'y a pas une personne ici, dans la Chambre, qui ne souhaite pas poser des gestes concrets pour améliorer la situation environnementale du pays.
J'aimerais rappeler aux collègues du Bloc que le premier ministre qui a eu le plus beau bilan reconnu par les environnementalistes est le très honorable Brian Mulroney, qui a été un premier ministre conservateur. J'aimerais également rappeler à mes collègues du Bloc qui sont sur les banquettes de l'opposition...
Des voix: Oh, oh.
M. Steven Blaney: J'aimerais qu'ils me laissent parler parce que je les laisse parler lorsqu'ils s'expriment. J'aimerais leur rappeler que c'est notre gouvernement qui a mis en place le montant de 300 millions de dollars pour que le Québec puisse mettre en oeuvre son plan de développement durable. C'est notre gouvernement qui a aussi établi des mesures pour le transport en commun pour les usagers. De plus, c'est notre gouvernement qui, hier, annonçait une injection de 200 millions de dollars pour permettre de développer les biocarburants.
Des entreprises de mon comté qui font trois études de faisabilité étaient ici, hier. Que ce soit dans les biocarburants ou dans les biodiesels, de grandes organisations coopératives agricoles sont impliquées dans ces études, et c'est notre gouvernement qui pose des actions. Le bilan du gouvernement conservateur actuel est aligné exactement avec celui des gouvernements précédents. Il est important de le préciser.
Je suis aussi heureux de prendre la parole aujourd'hui et de vous parler de ce qu'on fera dorénavant pour réaliser une chose que le gouvernement précédent n'a pas faite, soit d'établir des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Pour ce faire, je partagerai mon temps avec mon collègue de l'Alberta, le député de , qui est une personne avec une confiance environnementale très éveillée et qui fait face à des défis très importants, c'est-à-dire des défis de croissance et environnementaux qui, parfois, dépassent notre imagination.
Nous avons proposé un programme sur l'air pur et sur les changements climatiques. Dans nombre de villes, même à Québec, on voit parfois un nuage gris au-dessus de la ville pendant l'été. Ce sont des choses qu'on ne voyait pas il y a 10 ou 15 ans. Maintenant, on le voit, et on veut agir. On veut agir pour que l'air soit pur dans nos villes et pour qu'on puisse éviter les problèmes de santé qui s'y rattachent.
Je voudrais qu'on se comprenne bien. Notre gouvernement reconnaît que les changements climatiques sont l'une des menaces les plus sérieuses pour la santé et l'économie du monde. Notre gouvernement agit; le Bloc s'isole, malheureusement. Maintenant, on reconnaît que d'atteindre les objectifs dans les délais qui étaient prescrits n'est pas possible. On sait que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 35 p. 100 alors que des bloquistes représentaient les Québécois ici, en Chambre. Maintenant, des députés conservateurs du Québec sont ici et agissent pour l'environnement.
Les mesures volontaires et la politique de laisser-faire préconisée par le précédent gouvernement non seulement se sont révélées inefficaces, mais placent maintenant le Canada dans une position où il lui est impossible d'atteindre les cibles du Protocole de Kyoto dans le délai imparti. C'est très clair. Nous passons donc par des mesures volontaires. Pendant trop longtemps, nous avons vu les efforts pour améliorer notre environnement piétinés en raison d'objectifs irréalistes comme ceux que nous proposent parfois les partis d'opposition, et en raison de la timidité d'un gouvernement qui, d'une part, nous emplit de belles paroles, mais qui, par contre, ne fait rien sur le terrain des vaches, là où cela compte, et qui n'ose pas non plus assumer ses responsabilités.
Par conséquent, nous agissons. Pour cette raison, nous proposons un cadre de réglementation qui réduira les émissions de gaz à effet de serre et les émissions polluantes de tous les secteurs industriels. Nous introduisons — et continuerons à le faire — d'autres mesures pour lutter contre les changements climatiques et la pollution atmosphérique.
J'aimerais ajouter que les réductions de gaz à effet de serre et de polluants que nous mettons en place sont imposées par règlement. L'organisme le plus important dans le mouvement environnemental au Québec, RÉSEAU, reconnaît que le moteur de l'industrie environnementale est la législation, donc des outils pour stimuler les technologies environnementales au pays.
Nous établissons des cibles strictes, mais réalisables. Car le développement durable, je le rappelle à mes collègues du Bloc, est l'équilibre entre l'économie et l'environnement dans un contexte qui tient compte des mesures sociales.
C'est l'esprit du Protocole de Kyoto que nous voulons évidemment respecter. Qui plus est, notre programme prévoit une obligation de résultat. On demande des résultats — ce qu'on n'a pas vu au cours des 13 dernières années — pour permettre d'accélérer, au besoin, la réalisation des cibles de réduction.
[Traduction]
J'aimerais aborder ce que j'estime être des aspects clés de l'approche du gouvernement, des aspects qui le distinguent par rapport aux actions, en fait par rapport à l'inaction, du gouvernement précédent.
Nos buts sont ceux des Canadiens et des Québécois: protéger la santé, l'environnement et la prospérité des Canadiens aujourd'hui et dans l'avenir, l'avenir de nos enfants.
Le gouvernement respecte les principes du Protocole de Kyoto et il est déterminé à réaliser de véritables progrès dans la voie de ces objectifs. Nous établissons des cibles qui contribuent à des réductions importantes des émissions non seulement des gaz à effet de serre, mais aussi des polluants atmosphériques qui émanent souvent des mêmes sources, de manière à procurer aux Canadiens des avantages immédiats et à long terme.
[Français]
Plus de 3 millions de Canadiens sont atteints d'asthme, de bronchite et de pneumopathie obstructive chronique, et la pollution atmosphérique contribuerait pour beaucoup à cette situation. La pollution atmosphérique est également liée aux maladies cardiovasculaires qui sont responsables de 40 p. 100 de tous les décès au Canada et qui engendrent également un fardeau financier de 25 milliards de dollars par année. Le vieillissement de la population accroîtra, et la prévalence de ces maladie, du même coup. Donc, on doit faire en sorte de réduire la vulnérabilité des personnes âgées aux dangers de ces contaminants. On observe aussi d'autres effets pervers d'une mauvais qualité de l'air. On peut penser au cancer du poumon, aux symptômes respiratoires, à la réduction de l'activité ainsi qu'à l'absentéisme au travail ou à l'école.
L'objectif du gouvernement est de réduire au minimum, voire d'éliminer les risques pour la santé que posent les contaminants environnementaux dans l'air. L'air pur est une pièce maîtresse de la vie et de la santé de tous les Canadiens. Nous ne croyons pas que les méthodes du gouvernement précédent — qui ont manifestement échoué et qui nous ont placés dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui — étaient efficaces et étaient ce dont nous avions besoin. Dire oui aux cibles de Kyoto sans un plan, c'est nous mettre la tête dans le sable. On ne pourra atteindre des cibles d'un simple coup de baguette magique.
Même essayer de les atteindre ferait courir un grand risque à notre société et à notre économie. Encore la semaine dernière, un professeur de l'Université Laval nous disait que oui, nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais de la manière dont le propose l'opposition, ce n'est pas du développement durable, c'est la destruction de l'économie de notre pays. Il faut reconnaître cela. C'est important de trouver un équilibre comme le programme sur l'air pur. C'est ce que propose notre gouvernement: une loi efficace sur les changements climatiques.
On peut dire aux Canadiens et aux Québécois qu'avec des conservateurs ici, à Ottawa, on fait progresser les choses, on agit pour l'environnement et on tend la main à l'opposition pour nous soutenir dans nos démarches pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre ici, au pays, et ailleurs dans le monde.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir parler aujourd'hui de cet important projet de loi. Notre gouvernement prend des mesures concrètes pour s'attaquer aux questions liées à la qualité de l'air et aux changements climatiques, qui préoccupent les Canadiens de toutes les régions de notre vaste pays.
Les émissions nocives continuent de nuire à notre environnement, à notre santé ainsi qu'à notre qualité de vie. C'est un problème qui nous touche tous les jours dans tout ce que nous faisons.
Comme nous, de ce côté-ci de la Chambre, l'avons dit auparavant, nous croyons que les changements climatiques constituent actuellement une des menaces les plus importantes à l'échelle mondiale, et nous prenons cette question très au sérieux.
Le et le ont affirmé très clairement que notre gouvernement a l'intention de mettre très bientôt en place un cadre réglementaire à court terme. Ce sera le premier gouvernement de l'histoire du pays à prendre une telle mesure pour les Canadiens et pour améliorer leur qualité de vie.
Le nouveau gouvernement du Canada veut que l'industrie fasse demi-tour mais, au lieu de nous contenter d'en parler, nous agissons. Contrairement aux libéraux, qui ont laissé les émissions s'accroître pendant 13 ans, nous voulons tourner la page, réduire les émissions et obtenir des résultats concrets. Sous le gouvernement libéral précédent, les émissions de gaz à effet de serre au Canada ont dépassé de 35 p. 100 les objectifs de Kyoto.
Ces nouveaux règlements industriels, qui seront très stricts, que notre gouvernement conservateur mettra en place auront des effets bénéfiques réels et tangibles pour les Canadiens sur le plan de la santé et de l'environnement ainsi que sur le terrain et auront des retombées économiques positives. Nous obtiendrons ces résultats sans arrêter ou ralentir l'économie. Nous y parviendrons en soutenant le rythme de l'économie et en y contribuant.
Nous ne pouvons évidemment pas mettre de prix sur tous ces bienfaits, tels que l'assainissement des collectivités et des espaces naturels, l'amélioration de l'état de santé des enfants, la réduction du nombre de décès prématurés, l'augmentation de la durabilité des ressources naturelles et, pour la toute première fois, des contributions significatives à l'effort concerté visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre à l'aide d'un programme de réglementation solide mis en place par un gouvernement qui obtient des résultats et qui précise clairement à l'industrie ses intensions à cet égard.
Aujourd'hui, je suis heureux de pouvoir discuter de certaines de ces initiatives, notamment dans le domaine des transports. Il importe de se rendre compte que les transports sont l'une des principales sources de pollution de l'air et d'émissions de gaz à effet de serre au Canada. Nos efforts dans ce domaine joueront un rôle clé dans le programme canadien sur le plan de l'environnement.
Les déplacements des gens et des produits ont des conséquences environnementales importantes. Nous sommes un pays commerçant. Nous faisons donc beaucoup de transport. La pollution de l'air et de l'eau est un problème majeur, et elle est causée par les transports. Ces conséquences environnementales engendrent ensuite des coûts sociaux et économiques réels et nuisent à la santé et à la qualité de vie des Canadiens aux quatre coins du pays, dans les villes comme à la campagne.
Les transports sont liés à plus de la moitié des émissions de monoxyde de carbone et d'oxydes d'azote. L'augmentation de ces émissions est attribuable dans une large mesure à la croissance de notre population, qui grandit assez rapidement dans certaines régions, ainsi qu'à la croissance de notre économie et à la hausse de notre niveau de vie. Nous aimons voyager en été. Nous nous rendons au chalet ou nous nous promenons en bateau. Ces habitudes entraînent des déplacements routiers et aériens plus nombreux.
Les émissions de gaz à effet de serre attribuables aux transports ont augmenté de 27 p. 100 entre 1990 et 2004. Ces émissions représentent maintenant 25 p. 100 de la totalité des GES au Canada. C'est la plus grande source d'émissions de gaz à effet de serre.
En octobre 2006, le gouvernement conservateur du Canada a émis un avis d'intention concernant la réglementation de nos principaux secteurs industriels responsables des émissions. Dans le domaine des transports, le gouvernement conservateur imposera des règlements concernant les véhicules motorisés, les chemins de fer, l'aviation et la marine. Je pense que l'industrie, partout au Canada, a hâte de savoir avec certitude ce que le gouvernement entend faire, et nous allons le lui faire savoir.
Les émissions attribuables au transport routier représentent 75 p. 100 de la totalité des émissions de GES, et plus de la moitié de celles-ci sont attribuables au transport de passagers. Ce sont des chiffres incroyables. Notre but est d'établir un régime de réglementation assortis de cibles, visant à promouvoir des améliorations concrètes sans nuire à l'industrie, qui doit rester concurrentielle dans le contexte nord-américain et dans le monde. Je parle entre autres des secteurs de l'automobile et du pétrole. Ceux-ci doivent aussi demeurer concurrentiels, parce que nous devons garder nos emplois au Canada.
En ce qui concerne le secteur ferroviaire, le et le appuient l'entente volontaire actuelle qui a été négociée avec l'Association des chemins de fer du Canada. Cette entente vise à garantir que le secteur ferroviaire réduit ses émissions de polluants atmosphériques suivant les normes de l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis et qu'il continue d'améliorer son rendement lié à ses émissions de gaz à effet de serre entre 2006 et 2010. Cette entente donnera des résultats. Dans le cadre de l'actuelle Loi sur la sécurité ferroviaire, le gouvernement établira et mettra en oeuvre de nouvelles mesures réglementaires qui entreront en vigueur à la fin de l'entente volontaire en 2010.
En ce qui a trait à l'industrie navale, le gouvernement du Canada est favorable à de nouvelles normes internationales car, manifestement, nous partageons les eaux avec beaucoup d'autres pays. C'est l'Organisation maritime internationale qui a établi les normes afin d'encadrer les émissions atmosphériques produites par les navires. Le gouvernement veillera à l'application de ces normes au pays en vertu de la Loi sur la marine marchande du Canada. Il est également en faveur d'un processus de désignation des côtes nord-américaines en tant que zones où les navires doivent réduire leurs émissions de soufre.
Quant à l'industrie aéronautique, le gouvernement du Canada appuie l'élaboration de normes internationales et de pratiques recommandées par l'entremise de l'Organisation de l'aviation civile internationale en ce qui a trait aux émissions provenant du transport aérien. Nous estimons que c'est la meilleure façon d'obtenir des résultats à court et à long terme.
Nos mesures dans le dossier de l'environnement ne se limitent pas à la réglementation. Nous appliquons des méthodes pratiques qui donneront des résultats tangibles très bientôt. Le gouvernement réalise des investissements complémentaires afin d'encourager la création de technologies environnementales et de favoriser des changements de comportement chez les consommateurs, ce qui, je pense, garantira les meilleurs résultats.
En février, le gouvernement a annoncé sa stratégie écoTransports, une excellente stratégie visant à réduire les émissions produites par le secteur des transports. La stratégie comprend des initiatives comme le programme écoMobilité, qui aidera les municipalités à réduire les émissions produites par les véhicules transportant des passagers en milieu urbain et à mettre en place des programmes, des services et des produits pour les zones urbaines.
La deuxième initiative est le programme écoTechnologie pour véhicules, au titre duquel on fournira du financement pour l'essai et la promotion de technologies écologiques de pointe et pour l'établissement de partenariats avec les entreprises du secteur de l'automobile. Essentiellement, on cherche à avoir un plus grand nombre de voitures à haut rendement énergétique sur les routes.
La troisième initiative est le programme écoMarchandises, qui est destiné à réduire les effets du transport des marchandises sur la santé et l'environnement grâce à l'adoption rapide de technologies réduisant les émissions. L'objectif est la création de technologies afin de réduire aujourd'hui pour la génération de demain.
Le programme écoÉnergie pour les véhicules personnels, qui est exécuté par Ressources naturelles Canada, intéressera particulièrement certaines personnes. Ressources naturelles Canada offrira de l'information sur la consommation de carburant et des outils pour encourager les consommateurs à acheter les voitures éconergétiques qui sont disponibles actuellement sur le marché. Nous pensons que ce programme amènera plus de véhicules de ce genre sur le marché pour les consommateurs.
Au cours de la dernière année, le nouveau gouvernement du Canada a pris de véritables mesures concrètes afin d'offrir des résultats aux Canadiens. Ainsi, nous avons investi plus de 2 milliards de dollars pour rendre le réseau de transport plus propre et plus efficace. Le budget de 2007 complète ces investissements en encourageant l'achat de véhicules éconergétiques et la mise au rancart des vieux véhicules polluants -- une mesure très importante -- ainsi que la production intérieure de carburants renouvelables, ce qui, en plus de contribuer à notre économie, viendra en aide à l'environnement et aux agriculteurs de tout le pays.
Dans le budget de 2007, notre gouvernement a annoncé la création d'écoAUTO, un nouveau programme de remise pouvant offrir jusqu'à 2 000 $ à l'achat d'un nouveau véhicule éconergétique ou utilisant un carburant de remplacement.
Ces mesures sont excellentes, et notre gouvernement passe concrètement à l'action dès aujourd'hui afin d'offrir des résultats aux Canadiens.
Les initiatives visant à créer un avantage infrastructurel contenues dans le budget de 2007 ont également été utiles. Au Comité législatif chargé du projet de loi , nous avons entendu un témoin du Québec qui nous a parlé de l'importance des espaces verts, non seulement pour les gens, mais aussi pour l'environnement et pour le Canada, dans le contexte d'une stratégie à long terme.
Nous prévoyons transférer 2 milliards de dollars par année aux municipalités entre 2010-2011 et 2013-2014 en prolongeant le financement provenant de la taxe sur l'essence. Après avoir écouté les intervenants, les municipalités et les provinces, nous sommes passés à l'action afin de leur offrir ce qu'ils réclament, c'est-à-dire un environnement plus propre, des espaces verts plus nombreux et une meilleure qualité de vie pour les citoyens.
Le gouvernement conservateur s'est attaqué à la tâche d'assainir l'air et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le secteur des transports, dont nous sommes responsables, est un élément clé de notre stratégie. Nous travaillons de la base vers le sommet pour nous assurer que nous n'oublions aucun des domaines dans lesquels nous pouvons agir afin d'assainir l'environnement.
J'ai donné des exemples concrets qui illustrent ce que le nouveau gouvernement du Canada est en train de faire pour protéger et améliorer la santé des Canadiens et de l'environnement en réduisant l'impact environnemental des transports.
Notre gouvernement veut améliorer la propreté de l'air et de l'eau et lutter contre les changements climatiques. Nous voulons que nos collectivités, nos familles et nos enfants soient en santé.
Je suis convaincu que, avec la collaboration de tous les députés, de tous les ordres de gouvernement, de l'industrie et de l'ensemble de Canadiens, nous parviendrons à améliorer non seulement notre environnement, mais aussi la santé et la qualité de vie de tous les Canadiens d'aujourd'hui et des générations futures.
Nous faisons ce qui doit être fait.
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Monsieur le Président, la motion du Bloc québécois est structurée en fonction de trois éléments, dont les cibles absolues qui permettront d'atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto. Ces objectifs seront atteints dans des meilleurs délais grâce à la mise en place d'une bourse du carbone.
Avant d'aller plus loin, je voudrais mentionner que je vais partager mon temps avec le député de.
Le Bloc québécois n'a pas cessé de presser le gouvernement fédéral, autant libéral que conservateur, concernant l'atteinte des objectifs de Kyoto. À deux reprises récemment, cette Chambre a officiellement reconnu l'importance de respecter les cibles du Protocole de Kyoto. Au lieu d'élaborer un plan réellement efficace comprenant l'instauration d'une bourse du carbone, le Bloc québécois constate que le consacre plutôt ses efforts à rejeter Kyoto, comme en témoigne son dernier document rendu public le 19 avril.
Pour le Bloc, il n'y a pas 36 000 façons ou 36 000 solutions. Il faut appliquer le principe du pollueur-payeur, instaurer des cibles de réduction absolues conformes à Kyoto et permettre au Québec et aux provinces qui le désirent de se prévaloir d'une approche territoriale.
Il est temps que le gouvernement conservateur cesse de mettre des bâtons dans les roues aux entreprises qui veulent faire partie de cette solution et bénéficier des avantages que procurera l'élargissement ou le délaissement progressif de l'utilisation du pétrole au profit d'énergies renouvelables et propres.
Devant les certitudes qui s'accumulent quant au réchauffement de la planète, il devient évident qu'investir pour lutter contre les changements climatiques est incontournable tant du point de vue humain que du point de vue économique. Le récent rapport de Nicholas Stern, ancien économiste à la Banque mondiale, a d'ailleurs recommandé à chaque pays d'investir dès maintenant jusqu'à 1 p. 100 du produit national brut dans la lutte au dérèglement climatique pour éviter des pertes économiques éventuelles pouvant représenter jusqu'à 7 500 milliards de dollars à l'échelle planétaire, des montants qui seront 20 fois plus importants que les coûts nécessaires actuellement pour renverser la tendance.
Or, la récente étude divulguée par le passe complètement sous silence les conséquences bien plus importantes de l'inaction, conséquences qui se chiffrent en milliards de dollars, bien sûr, mais aussi en pertes sévères concernant la biodiversité, en millions de réfugiés et en évènements climatiques extrêmes beaucoup plus fréquents.
Au demeurant, l'impact économique que prédit l'étude présentée par le est basée sur une taxe de 195 $ la tonne de gaz à effet de serre. Or, ce chiffre est complètement démesuré, si on le compare aux 20 $ que coûtent actuellement ces crédits via les mécanismes de développement propre et surtout au prix qu'il en coûte pour instaurer des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Une étude de l'ONU, bien plus crédible, estime plutôt qu'une taxe variant de 25 $ à 50 $ la tonne est efficace. Force est de constater que le a opté pour le pire des scénarios plutôt que de donner l'heure juste aux citoyens.
En 2004, le Canada émettait 26 p. 100 de plus de gaz à effet de serre que sa limite fixée en 1990. Donc, pour atteindre la cible de moins de 6 p. 100 par rapport à 1990, le Canada devra réduire ses émissions annuelles de près de 260 mégatonnes chaque année. De son côté, le Québec a fait des choix différents. Ainsi, entre 1990 et 2004, il a connu une augmentation de ses gaz à effet de serre d'à peine 6 p. 100, soit quatre fois moins que la moyenne canadienne. D'autre part, le Québec exerce déjà un leadership avec un plan de lutte bien concret au dérèglement climatique qui intègre tous les objectifs de Kyoto.
C'est ce gouvernement conservateur, au sein duquel les ministres directement concernés ne croient pas au Protocole de Kyoto, qui tente aujourd'hui de se donner un côté vert, sans pourtant être capable de respecter ses propres délais dans la détermination des cibles à atteindre.
C'est un gouvernement qui envisage même de changer la date de référence des efforts de réduction, en prenant 2006 comme année de référence plutôt que 1990. Le gouvernement fédéral ne reconnaît aucunement les efforts consentis par les entreprises québécoises tout au long de ces 16 dernières années.
Durant les dernières années, l'industrie manufacturière québécoise s'est toujours astreinte à des sacrifices alors que les pollueurs, les pétrolières de l'Ouest principalement, n'ont cessé d'accroître leur production et leurs émissions de gaz à effet de serre. Non satisfait de poursuivre ces contributions déjà imposantes aux pétrolières, voilà que le gouvernement s'apprête à nier complètement tous les efforts menés au Québec pour récompenser encore une fois ces pollueurs. Cette attitude constitue une injustice inquiétante, inqualifiable pour le Québec. Il est impératif que le gouvernement fédéral utilise l'année de référence 1990 et rende compte, d'une façon plus honorable, du travail effectué au Québec.
Lorsque le gouvernement oppose développement économique et protection de l'environnement, il oublie une chose: dans le monde où il serait coûteux de polluer et payant de ne pas polluer, le Québec jouit d'un avantage comparatif énorme qui devrait assurer sa prospérité. Puisque le Québec est différent, il est normal qu'on puisse y appliquer un plan différent qui soit adapté à sa situation. Si le gouvernement fédéral est sérieux dans la lutte contre les gaz à effet de serre, si vraiment il s'agit d'un défi qui lui importe et auquel il veut apporter une solution, le Bloc québécois l'enjoint à prendre des mesures simples, mais efficaces pour rencontrer les objectifs du Protocole de Kyoto.
Ainsi, le Bloc québécois propose d'intégrer à une approche territoriale un marché de permis échangeables appelé la bourse du carbone. Une bourse du carbone est un outil qui permet à une entreprise, à un gouvernement ou à un organisme qui a diminué ses émissions de gaz à effet de serre sous ses objectifs de réduction fixés par les cibles absolues de vendre ses tonnes de gaz à effet de serre qu'elle aurait encore eu le droit d'émettre. Un marché de permis permettra, par exemple, à une entreprise qui surpasse ses objectifs de vendre ses surplus à une autre entreprise qui a du mal à réduire ses émissions.
Par le fait même, il s'agit d'un puissant incitatif financier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre puisque la compagnie peut monnayer ses réductions. La création d'une bourse du carbone ne peut cependant exister que si des cibles de réduction absolues des émissions de gaz à effet de serre sont fixées à l'avance. De plus, la réduction est simple, soit 6 p. 100 par rapport à 1990. Cela exige toutefois la création d'un ou de plusieurs organismes indépendants qui auront la charge de certifier les réductions de gaz à effet de serre et d'imposer les pénalités financières aux organismes qui ne produiront pas les permis conformément à leurs émissions.
En clair, pour qu'une bourse du carbone existe autrement que sur une base volontaire, il faut que des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre soient fixées, qu'une date d'entrée en vigueur des cibles soit déterminée et qu'un mécanisme de certification de la tonne de gaz à effet de serre soit établi.
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Monsieur le Président, nous étions et j'étais à Rio en 1992 comme représentants du Canada quand M. Mulroney a signé l'établissement du Protocole de Kyoto.
Aujourd'hui, les changements climatiques demeurent un problème politique et la solution nécessitera une volonté politique, mais Brian Mulroney n'y est plus.
Nous devons prendre action, mais lesquelles? Plusieurs des actions que l'on commence à évoquer seront inadéquates ou mal conçues. Malheureusement, la grande tragédie que nous vivons avec les conservateurs actuellement, c'est leur message économique erroné et conflictuel par rapport à ce que la population désire.
Leur incapacité d'analyse politique entre la place de l'économie, l'écologie et leur responsabilité sociale, le fameux traité obligatoire et égalitaire du développement durable, leur ont fait annuler toutes les politiques et programmes en place. Tout cela et leur immaturité leur ont fait perdre un an et demi d'action. Ils en arrivent même maintenant à ne pas comprendre la nécessité d'établir des cibles absolues, des quantités fixes à ne pas dépasser de rejet des gaz à effet de serre dans l'atmosphère pour tel ensemble régional ou sectoriel. Sans cibles absolues, il est impossible d'atteindre quelques objectifs fixes que ce soit.
Bush a réussi à faire gober à sa population qu'il pouvait réussir à réduire les émissions de gaz à effet de serre avec des cibles relatives. Cependant, les conservateurs ne pourront pas faire passer cette illusion aux Canadiens et surtout pas aux Québécois, car le jeu de passe-passe et la tromperie qui a été faite par Bush et, malheureusement, par son fils spirituel, notre premier ministre, ne pourra pas faire sortir ce même lapin du chapeau une deuxième fois.
Regardons ce qu'ont fait les Américains. Quand Bush est arrivé à la présidence, les stratèges du dénigrement et du « remettre-à-plus-tard » de Kyoto ont réalisé qu'étant donné qu'ils s'opposaient à de véritables actions aux changements climatiques, ils devraient donc trouver une façon d'avoir l'air de faire quelque chose. Le résultat a été d'établir des cibles relatives en claironnant sur les nouvelles technologies. Le tout devait être meilleur, plus efficace et moins contraignant que de suivre les autres pays dans la voie de Kyoto. Voilà l'imposture.
Les « conservatives » américains ont donc décidé de faire campagne en mettant l'accent sur l'action volontaire individuelle et le progrès environnemental. On dirait presque entendre notre . D'ailleurs, on l'entend très fort, comme tous les impuissants de ce monde.
En février 2002, après un an de critères soutenus par les démocrates et la population sensibilisée, Bush répond en établissant une cible relative pour sa nation, à savoir de réduire l'intensité des émissions de gaz à effet de serre de 18 p. 100, d'ici à 2012, autrement dit en 10 ans. Le mot « intensité » revient souvent sur le tapis aux États-Unis parce qu'il part d'un concept complexe, contrairement au Protocole de Kyoto, ce qui mystifie la population. Cependant, sans les mots « cibles absolues et obligatoires », l'administration Bush a roulé la population. En fait, la population a eu l'impression que Bush voulait réduire les émissions et non pas les laisser augmenter.
Le subterfuge était lié à l'absence du mot « absolues », par secteur et par territoire. C'était plutôt un subterfuge de la quantité d'émissions par unité d'activité économique mesurée à partir du produit national brut.
Comme notre premier ministre se prépare à le faire, Bush a tenu deux discours pour confondre sa population, ce qui a donné comme résultat qu'au lieu de réduire de 18 p. 100 tel que promis, les émissions aux États-Unis auront augmenté de 14 p. 100 sur une période de 10 ans étant donné que la projection d'augmentation totale était de 32 p. 100 pour cette période.
Je suis convaincu que cela illustre comment l'on peut créer une illusion. Quand quelqu'un crie au loup aussi fort que notre , c'est qu'il se sent faible et impuissant dans sa meute de loups.
Le Protocole de Kyoto, avec ses objectifs absolus et son réalisme modéré, donc atteignable, est l'engagement du Canada et du Québec. Ce n'est pas en rejetant Kyoto comme une solution manquée par les libéraux que le gouvernement réalisera les obligations que la population attend de son gouvernement. Le modèle Bush revu par les conservateurs et appuyé par les sociétés pétrolières canadiennes à capital étranger afin de fournir les États-Unis — mais combien rentable — donne une courte vue au gouvernement en place. J'aimerais bien débattre au Québec, en campagne électorale, d'un fait comme celui-là.
Vingt-cinq mille personnes ont marché dans la rue, démontrant à quel point Kyoto est appuyé.
Je désire terminer en parlant de la bourse du carbone. Selon les projections des compagnies d'électricité des États-Unis, les Utilities, le coût d'une tonne de carbone ne devrait pas dépasser 55 $ US en 2020. Il s'agit du prix réellement admis et consensuel dans les milieux d'affaires américains, observé en janvier 2007, soit 1,5 ¢ le kilowattheure pour une centrale au charbon, ainsi que cité par Joseph Room que j'ai personnellement rencontré à Atlanta il y a quelques années.
Nous sommes loin des chiffres farfelus de 195 $ la tonne. Ce sont des chiffres que les conservateurs utilisent pour faire peur au monde. Sauf erreur, il est tout juste question d'une augmentation favorable à une plus grande efficacité énergétique.
Actuellement, le dogmatisme et l'inexpérience de ce nouveau gouvernement qui veut parler de santé et de pollution tentent de faire diversion au problème le plus important qui nous touchera tous: les changements climatiques. Dans sa diversion, comment attaquera-t-il les émissions de mercure des centrales au charbon dont 90 p. 100 des effets touchent nos enfants? Je sais que les conservateurs n'ont peut-être pas d'enfants, mais j'en ai une de 7 mois et demi, et je me demande bien dans quel type d'atmosphère et sur quelle planète elle pourra vivre.
L'établissement d'une bourse du carbone, donc d'un prix business en Bourse de la tonne de carbone, est pourtant un concept d'affaires réactionnaire et capitaliste. Le nouveau gouvernement devrait accepter ce vieux concept que chacun paie le prix qu'il veut. Cela entraînerait la promotion de l'efficacité énergétique, la cogénération, les énergies renouvelables, la séquestration des énormes montants de CO2 émis par les producteurs de pétrole venant des sables bitumineux et la séquestration des CO2 dans les centrales au charbon.
Les conservateurs jouent aux gens qui ne comprennent pas la vraie solution. Permettez-moi de leur dire que leurs petits-enfants, pour ceux qui en auront, leur diront: « Hé, grand-père, tu étais réellement con d'avoir pris position uniquement pour la finance. »
:
Monsieur le Président, je souhaite annoncer que je partagerai le temps dont je dispose avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole dans cet important débat qui porte sur l'une des questions les plus fondamentales auxquelles on fait face aujourd'hui, soit la protection de notre environnement et l'avenir de nos enfants.
Nous allons discuter, plus particulièrement, encore une fois, de changements climatiques, car le gouvernement ne veut rien comprendre à ce sujet.
Je tiens à remercier et à féliciter mon collègue et député de pour avoir déposé cette motion qui se lit ainsi:
Que la Chambre invite le gouvernement à établir au plus tôt des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre permettant d’atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, une condition préalable à l’établissement, dans les meilleurs délais, d’une bourse du carbone à Montréal.
Cette motion est en lien direct avec mon projet de loi émanant des députés, le projet de loi , dont le but est de faire en sorte que le gouvernement respecte ses engagements en vertu du Protocole de Kyoto. Cette motion, tout comme mon projet de loi, vise avant tout à poser des gestes concrets dès maintenant pour notre avenir.
Je suis cependant d'avis que la motion, tout comme mon projet de loi, n'aurait pas dû être nécessaire.
En fait, en tant que Canadien, je me serais attendu à ce que le gouvernement de mon pays agisse sur les changements climatiques et à ce qu'il respecte les accords internationaux. Malheureusement, la violation du droit international ne semble pas déranger le gouvernement, et le fait que nous soyons à l'aube d'une catastrophe climatique — tout comme le fait que nous fassions face à des conséquences irréversibles — ne semble pas le déranger non plus.
[Traduction]
Le a passé sa carrière à nier l'existence des changements climatiques, à remettre en question les fondements scientifiques et la nécessité d'agir. Cela fait plus d'un an que le gouvernement, fidèle à ses racines réformistes et alliancistes, évite de passer à l'action, cherche des phrases chocs qui paraîtront bien dans les médias et présente des excuses, des propos trompeurs et de la désinformation au lieu d'élaborer de bonnes politiques.
C'est mal. Nous, représentants élus, avons l'obligation politique et morale d'oeuvrer à l'amélioration de notre société, non seulement pour ceux qui nous entourent mais, plus important encore, pour les générations futures, pour nos enfants et nos petits-enfants.
[Français]
C'est pourquoi, dans le cas des changements climatiques, ne pas agir n'est pas une option.
Prenons le temps de regarder où en est notre planète aujourd'hui. Sans être alarmistes, donnons quelques de faits.
Nous savons aujourd'hui, par exemple, que la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis 650 000 ans. Nous savons également que 11 des 12 dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. L'Arctique se réchauffe à un rythme moyen presque deux fois supérieur à celui de la planète. Les scientifiques ont découvert que les glaces de mer de l'Arctique fondent encore plus vite que ce que prévoyaient leurs propres modèles.
[Traduction]
Voici, selon les scientifiques, les répercussions sur la planète d'une augmentation en température de 2° Celsius: des dizaines de millions de réfugiés environnementaux quittant les régions submergées par la mer; des chutes de pluie et des tempêtes plus intenses; des dizaines de millions de personnes qui risquent de ne pas avoir assez à manger à cause des mauvaises récoltes et des pénuries d'eau accrues qui pourraient toucher des milliards de personnes.
[Français]
Ajoutons à cela l'impact économique que l'on sait considérable. De plus, on voit à quel point l'inaction du gouvernement est inacceptable, voire irresponsable.
Qu'on me permette de m'attarder quelques instants sur l'aspect économique, car les conservateurs essaient de nous faire peur à ce sujet. Ils essaient de faire peur aux Canadiens avec des scénarios totalement apocalyptiques.
La semaine dernière, le s'est présenté au Comité permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles du Sénat pour faire un gros « show de boucane ». Il avait une seule idée en tête et c'était faire peur à l'ensemble des Canadiens. Il s'est époumoné à présenter une étude basée sur de fausses prémisses, une étude qui contenait de l'information partielle. Cette étude ne tient pas compte de l'ensemble des mécanismes prévus dans Kyoto et tient pour acquis:
[...] qu'il n'y aurait aucune percée en efficacité énergétique et dans les autres technologies actuelles relatives aux émissions de GES.
En fait, à aucun moment, le ministre ne voit la lutte aux changements climatiques comme un investissement. Il ne voit que des coûts tellement il est obnubilé par sa haine du Protocole de Kyoto. Il est incapable de voir les bénéfices à court, moyen et long terme. Enfin, pour lui, ce n'est que catastrophe après catastrophe. Pour lui, l'impact bénéfique de l'efficacité énergétique n'existe pas. La création d'emplois dans des domaines reliés aux nouvelles technologies environnementales n'existe pas. Le potentiel d'exportation de ces nouvelles technologies vers des pays comme la Chine, le Brésil ou le Mexique n'existe pas non plus.
Pourquoi dis-je que ça n'existe pas pour lui? Parce que cela ne figure nulle part dans son rapport sur l'apocalypse. Son rapport ne tient compte d'aucun bénéfice. C'est comme s'il avait dit aux auteurs de l'étude de mettre de côté tout ce qui est bon, de ne pas en tenir compte du tout et de garder tout ce qui est mauvais; de prendre tout ce qu'il y a de plus cher et de nous dire combien cela va coûter. C'est comme s'il avait fait exactement cela. Le ministre s'est ridiculisé devant tout le monde. Il a fait preuve d'incompétence et il devrait même aller jusqu'à s'excuser.
Il y a une chose qu'il ne comprend pas, c'est qu'il faut mettre fin à cette mentalité dépassée qui nous demande de choisir entre des emplois et un environnement sain. Au XXIe siècle, les gouvernements doivent comprendre que la croissance économique et la protection de l'environnement vont de pair. Il ne comprend pas cela.
Dans une étude d'une grande crédibilité, Sir Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, a calculé que les changements climatiques, s'ils n'étaient pas freinés, coûteraient entre 5 p. 100 et 20 p. 100 du PIB mondial. D'un autre côté, résoudre la question des changements climatiques coûterait environ 1 p. 100 de ce même PIB. Ainsi, selon les conclusions de M. Stern, s'attaquer aux changements climatiques est bon pour l'économie, et c'est plutôt de les ignorer qui, à terme, risque de créer une récession.
Dans les faits, on voit déjà de nombreux exemples d'entreprises ou de secteurs qui considèrent les mesures de lutte contre les changements climatiques comme favorables à la croissance économique. Par exemple, la British Petroleum a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10 p. 100 par rapport au niveau de 1990. Elle l'a fait dès 2001, neuf ans à l'avance, et elle estime que les modifications qu'elle a apportées pour y parvenir ont accru sa valeur de 650 millions de dollars.
L'Association des produits forestiers du Canada nous dit que le secteur forestier a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 30 p. 100 par rapport au niveau de 1990 au cours des 10 dernières années. Pourquoi l'a-t-elle fait? Elle l'a fait volontairement parce que c'est bon pour l'environnement, mais aussi parce que c'est bon pour l'économie.
Comme l'a démontré l'Institut Pembina, il serait possible et abordable de fixer pour l'industrie lourde un objectif aligné sur les niveaux du Protocole de Kyoto. Même dans le secteur des sables bitumineux, on pourrait atteindre un tel objectif au coût d'environ 1 $ le baril, alors qu'en ce moment ce même baril se vend autour de 60 $.
Je l'ai dit au tout début, cette motion, tout comme mon projet de loi, n'aurait pas dû être nécessaire. Le gouvernement aurait dû prendre des mesures concrètes pour lutter contre les changements climatiques, mais il ne l'a pas fait.
Au lieu de cela, il a abandonné Kyoto. Il a baissé les bras et a refusé d'agir.
Qu'on me laisse dire une nouvelle fois que lorsqu'un gouvernement ne respecte pas la Loi internationale ni la volonté de ses citoyens, lorsqu'il n'assume pas ses responsabilités face à l'un des plus importants défis auquel fait face notre planète, l'opposition a la capacité et le devoir de l'obliger à le faire.
La motion d'aujourd'hui est un pas important dans la bonne direction, car il est clair qu'il est nécessaire d'avoir dès maintenant des cibles absolues, tout comme une bourse du carbone.
Cela n'est pas une fin en soi, mais c'est l'outil pour atteindre les objectifs de Kyoto. C'est déjà beaucoup plus que ce que le gouvernement est prêt à faire. Ce dernier nous dit que ce serait difficile d'atteindre Kyoto. À cela, je lui dis ceci: ce n'est pas parce que c'est difficile qu'il faut baisser les bras. C'est justement parce que c'est difficile qu'il faut se battre avec force, courage et détermination. Il y a des solutions pour qui veut en trouver. Elles existent. Il faut simplement avoir le courage et la détermination pour les mettre en place, ce que le gouvernement n'a pas.
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Monsieur le Président, je me fais un plaisir d'appuyer cette motion du Bloc québécois qui, en réalité, comporte deux éléments. Tout d'abord, elle souligne l'importance d'objectifs établis, d'une réglementation rigoureuse des émissions de gaz à effet de serre au Canada. En deuxième lieu, elle en fait une condition préalable de la création d'un marché du carbone à Montréal ou à tout autre endroit au Canada.
Je souhaite aujourd'hui mettre l'accent sur l'aspect du marché du carbone et j'estime que 13 grandes leçons s'imposent à cet égard.
Selon la leçon numéro 1, un marché de droits d'émission du carbone ne suffit pas en soi pour réduire les émissions. Pour qu'un tel marché se concrétise, il faut que quelqu'un, quelque part, exerce une activité industrielle ou agricole qui donne lieu de façon avérée à une réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'est la raison pour laquelle nous ne cessons de demander au ministre et à son secrétaire parlementaire de faire en sorte que le gouvernement fasse connaître son plan, de manière à ce que nous puissions passer à la création d'une bourse du carbone.
D'après la leçon numéro 2, le ministre doit savoir que nous ne pouvons établir un marché du carbone si l'on n'attribue aucun coût aux émissions de carbone et si l'on traite l'atmosphère comme un dépotoir. Si les émissions n'ont aucune valeur, il n'y a rien à échanger et c'est la raison pour laquelle le Parti libéral a proposé son « budget carbone », de manière à attribuer une valeur aux émissions de CO2. La démonstration a été poussée plus loin dans le projet de loi , qui a été amendé de manière à contenir un véritable plan relatif aux changements climatiques et à constituer une véritable loi sur la qualité de l'air.
La leçon numéro 3 découle de ce qui précède. Pour qu'il existe un marché du carbone, le carbone doit avoir une valeur ou un prix précis. Ce prix doit être déterminé par les forces du marché et, pour que cela puisse se produire, les émissions doivent être plafonnées par règlement, ce qui implique des objectifs. C'est la raison pour laquelle notre « budget carbone » prévoyait que, pour ceux qui dépasseraient leur budget, le prix du carbone serait de 20 $ en 2008 et augmenterait à 30 $ en 2012. Voilà ce que veut dire attribuer une valeur au carbone.
La leçon numéro 4 découle elle aussi de la précédente. Les émissions doivent être plafonnées de façon absolue. Elles ne doivent pas être liées à l'intensité. Selon les renseignements dont je dispose, il est théoriquement possible de créer une bourse où les objectifs sont fondés sur l'intensité. Cependant, cela risque d'être plus complexe et de ne pas être compatible avec le système établi dans l'Union européenne.
[Français]
C'est pourquoi la motion du Bloc est tellement importante. Cette motion insiste sur des cibles absolues de réduction des gaz à effet de serre dans le but d'atteindre les objectifs de Kyoto.
[Traduction]
Les objectifs doivent être astreignants et ils doivent le devenir de plus en plus, de manière à créer un signal de prix suffisamment fort pour qu'il serve d'incitation à la formation d'un marché.
[Français]
On verra à quel point ces cibles sont vraiment dures jeudi prochain, si j'ai bien compris, quand on dévoilera les intentions du gouvernement.
[Traduction]
Selon la leçon numéro 5, un marché d'échange de droits d'émission de carbone doit être simple, totalement transparent et liquide. Il ne doit pas être complexe. Il ne peut s'agir d'un système hors bourse, que seuls les gros joueurs peuvent comprendre et auquel ils sont les seuls à pouvoir participer. Il doit être accessible aux petites entreprises et aux particuliers et être juste à leur endroit.
[Français]
La leçon numéro six concerne la qualité. La certification des crédits doit être de première qualité, de la plus haute qualité de transparence et d'intégrité environnementale.
[Traduction]
La leçon numéro 7 concerne l'additionalité. Nous ne pouvons pas accorder de crédit pour des réductions d'émissions de carbone qui auraient été faites de toute façon.
La leçon numéro 8 concerne l'efficience. Pour une efficience maximale, un marché canadien d'échange de droits d'émission de carbone doit être compatible avec le marché nord-américain, par exemple, avec la bourse de Chicago et, ultimement, avec celui de l'Europe et avec le mécanisme de développement propre des Nations Unies. C'est, encore une fois, la raison pour laquelle il nous faut des objectifs absolus pour fixer un prix absolu.
Selon la leçon numéro 9, comme pour tout marché, il faut prévoir le temps nécessaire pour que ce nouveau marché de produits dérivés soit rodé, suscite la confiance des investisseurs et acquiert de la crédibilité. Le système européen et le mécanisme de développement propre des Nations Unies ont fait l'objet d'un projet pilote pendant lequel des erreurs ont été commises et les enseignements tirés de ces erreurs ont servi à améliorer le système. La perfection n'est pas atteinte automatiquement ni instantanément.
Le marché de Chicago est essentiellement un marché volontaire pour le carbone, auquel la participation n'est pas obligatoire, comme c'est le cas dans l'Union européenne. À Chicago aussi, on en apprend beaucoup sur la façon de constituer un marché du carbone qui fonctionne. Par exemple, du fait que la participation au marché de Chicago est volontaire, les prix du carbone à Chicago sont inférieurs à ceux observés en Europe. Nous devons également tirer les leçons de ces types d'expériences de manière à pouvoir éviter les erreurs initiales, et il y en a eues.
La leçon numéro 10 porte sur un défi politique énorme: celui d'expliquer au public en termes simples ce qu'est un marché du carbone et pourquoi un tel marché est utile. Comme je l'ai dit plus tôt, l'imposition de droits pour la pollution atmosphérique fera en sorte qu'on ne traite plus l'atmosphère comme une poubelle où on jette gratuitement le CO2.
La leçon numéro 11 porte sur l'importance capitale d'avoir un marché du carbone ici même au Canada. Autrement, c'est à Chicago ou ailleurs que ce marché s'installera. C'est pour cela qu'il est crucial que le gouvernement envoie maintenant un signal clair quant à la nature du système qu'il envisage de créer.
J'en viens à la leçon numéro 12, qui porte sur l'urgence pour le Canada de se doter d'un système réglementé pour les émissions de gaz à effet de serre et le marché du carbone.
[Français]
En ce qui concerne la leçon numéro 13 — et je vois mes amis du Bloc —, ce n'est pas à moi de décider entre Montréal ou Toronto. C'est comme si on me demandait de choisir entre les Sénateurs, le Canadien ou les Maple Leafs de Toronto. Personnellement, je choisis toujours les Maple Leafs, car c'est là que je suis élu. Néanmoins, il faut laisser le marché décider, comme on doit laisser la Coupe Stanley décider entre ces trois équipes; ce n'est pas à nous de le faire. À la fin, c'est la qualité qui va gagner.
[Traduction]
Enfin, j'ajoute que le Parti libéral appuie l'idée de la création d'un marché du carbone au Canada.
Le Parti libéral est aussi favorable à l'élaboration d'une stratégie intégrée sur les changements climatiques qui vise les principales sources d'émissions au Canada, qu'il s'agisse des émissions émanant de l'industrie, de la production d'électricité, de la production pétrolière et gazière en amont, des gros consommateurs d'énergie industriels, des transports, de l'activité résidentielle et commerciale ainsi que de l'agriculture et des déchets, mais nous devons être partie de l'unique système mondial, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, et le Protocole de Kyoto, qui en découle.
Nous devons nous fixer des cibles absolues et ambitieuses et ne ménager aucun effort pour les atteindre.
Nous devons respecter nos obligations internationales et l'engagement que le Canada a pris envers la planète.
Nous devons sauver notre pays et notre planète.
Plus que tout, nous devons léguer un monde meilleur à nos enfants et à nos petits-enfants.
Un marché du carbone canadien, peu importe l'endroit où il sera situé, est un petit pas, néanmoins important, dans la bonne voie.