Qu'un message soit envoyé au Sénat pour informer Leurs Honneurs que la Chambre a rejeté l'amendement qu'il a apporté au projet de loi C-16, Loi modifiant la Loi électorale du Canada.
Monsieur le Président, c'est avec un peu plus qu'une légère insatisfaction que je prends la parole aujourd'hui pour discuter de l'amendement au projet de loi . Je tiens à être clair dès le départ: le gouvernement appuie le projet de loi C-16, sur les élections à date fixe. D'ailleurs, c'est lui qui en est à l'origine, mais le gouvernement s'oppose à l'amendement que le Sénat y a apporté. Il est inutile et affaiblit le projet de loi initial.
[Français]
Depuis plus d'un siècle, le Canada est un phare pour les gens de partout dans le monde qui sont à la recherche de liberté et d'un gouvernement responsable. En effet, des membres de ma propre famille ont trouvé refuge ici après avoir fui la répression.
[Traduction]
Ils recherchaient la liberté, l'espoir et des possibilités. Ils ont été attirés par un pays où ils avaient leur mot à dire, où les dirigeants politiques leur rendaient des comptes et où le gouvernement était sensible, efficace et stable.
Comme John Diefenbaker l'a déclaré il y a plus de six décennies, pour ces gens et pour tous les Canadiens, « le Parlement est plus que la procédure; il est le gardien de la liberté de la nation ».
Au Canada, le gouvernement a ses racines dans le système parlementaire britannique. Au cours de notre brève histoire, nous avons adapté ces anciennes traditions pour qu'elles correspondent mieux à l'expérience canadienne. Nous y avons progressivement apporté des modifications afin que le gouvernement soit meilleur pour les Canadiens.
Au moment où la Nouvelle-Écosse se prépare à célébrer la première démocratie du Canada, l'an prochain, nous sommes nombreux à réfléchir aux répercussions que le gouvernement responsable a eu sur notre pays. Il nous a ouvert la voie vers un gouvernement plus responsable, plus équitable et plus démocratique.
[Français]
Au fil des ans, notre système a fait l'objet de changements qui font en sorte que le gouvernement est davantage à l'écoute des gens qu'il sert. Et le projet de loi ne représente que les plus récents changements. Il vise à renforcer notre démocratie en améliorant la responsabilité, la transparence et l'équité.
[Traduction]
Il prévoit des élections à date fixe, le troisième lundi d'octobre, enlevant ainsi au processus électoral une part d'incertitude et uniformisant les règles pour le directeur général des élections, les partis politiques et, plus important encore, les électeurs.
Notre gouvernement ne croit pas que le parti au pouvoir devrait être autorisé à attendre des conditions favorables à sa réélection pour déclencher des élections. Le projet de loi mettrait fin à la gouvernance en fonction des résultats des sondages. Il préviendrait des élections surprises comme celles déclenchées par Jean Chrétien en 1997 et en 2000, qui ont suscité, comme prévu, des taux de participation remarquablement faibles. Dans les deux cas, il a été jugé que ces élections avaient été déclenchées dans le seul but de tirer parti de circonstances politiques à des fins partisanes.
Le projet de loi éliminerait les situations où la décision de déclencher des élections reposerait sur les meilleurs intérêts d'un parti politique plutôt que sur ceux des Canadiens. Le projet de loi permettrait aux gouvernements et aux comités parlementaires d'établir leurs calendriers avec certitude longtemps à l'avance.
[Français]
Tous les partis conviennent que les élections appartiennent avant tout aux citoyens. Nous estimons que le projet de loi , en faisant participer plus de Canadiens au processus électoral, permettrait de renforcer notre démocratie.
[Traduction]
L'adoption de cette mesure législative permettra aux citoyens de mieux planifier leur participation au processus électoral de leur pays. Cette participation est le fondement même de notre démocratie.
Le projet de loi a été adopté sans modification par la Chambre des communes. Il a fait l'objet d'un débat en profondeur au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Il a été adopté par la Chambre des communes et renvoyé au Sénat pour y être examiné en détail par le Comité sénatorial permanent des affaires juridiques et constitutionnelles. Après une période d'étude exhaustive et un processus détaillé, ce comité a appuyé l'adoption du projet de loi sans propositions d'amendement.
[Français]
Divers témoins experts ont comparu devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre ainsi que devant le Comité sénatorial des affaires juridiques et constitutionnelles; ces deux comités ont examiné à fond le projet de loi.
[Traduction]
Aucun parti à la Chambre des communes n'a suggéré un amendement à cette mesure législative. Ni le comité de la Chambre, ni celui du Sénat n'ont estimé nécessaire d'apporter des amendements au projet de loi . Par conséquent, il est quelque peu surprenant que, à la toute dernière minute, on adopte un amendement qui n'a jamais fait l'objet d'un examen approfondi.
On peut se demander pourquoi cet amendement n'a jamais été présenté au comité pour débat. Un examen raisonné au comité aurait peut-être permis de mettre en lumière certaines lacunes évidentes. Le a appuyé le projet de loi sans amendement. Pourtant, il n'est pas arrivé à persuader les sénateurs libéraux de lui emboîter le pas. Il n'a pas réussi là non plus.
Je me penche sur l'amendement proposé.
L'amendement proposé au projet de loi modifierait l'actuelle disposition qui permet au directeur général des élections de recommander une modification à la date du scrutin advenant un conflit avec des élections provinciales ou avec une journée revêtant une importance culturelle ou religieuse.
[Français]
Cette disposition originale permet au directeur général des élections de recommander au gouverneur en conseil que le jour du scrutin ait lieu une journée ou une semaine plus tard que prévu.
[Traduction]
L'amendement proposé modifierait le projet de loi de façon à ce qu'il permette explicitement au directeur général des élections de recommander le changement de la date des élections advenant un référendum fédéral, provincial ou municipal. Je soutiens que l'amendement proposé affaiblit l'objet initial du projet de loi qui a pourtant reçu l'appui de tous les partis à la Chambre des communes.
Au lieu de mettre la date des élections à l'abri de toute manipulation, l'amendement ferait en sorte qu'il serait plus facile pour le parti au pouvoir de manipuler cette date. Si l'amendement était adopté, cela permettrait au premier ministre de reporter des élections en prévoyant un référendum à la date prévue pour les élections. L'amendement permettrait également l'annulation d'élections nationales à cause d'un référendum municipal. Je trouve difficile d'imaginer qu'un référendum municipal puisse être si important qu'il faille annuler des élections fédérales; pourtant, c'est exactement ce que permettrait la loi.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre ne croient pas que la démocratie ou la responsabilité du gouvernement soient renforcées ou accrues du fait qu'un référendum sur la construction d'un centre sportif dans une petite ville de l'Ontario puisse permettre d'annuler la date d'élections nationales. Le projet de loi sous sa forme initiale était suffisamment souple pour éviter des situations de conflit dans un nombre restreint de cas, et leur nombre doit justement être limité le plus possible. L'amendement, auquel nous nous opposons, augmente au lieu de limiter la possibilité de modifier les dates fixes.
[Français]
En vertu du projet de loi , ni le premier ministre en fonction ni le maire d'une petite ville ne pourrait décider de changer une date fixe.
[Traduction]
Bref, cet amendement est inutile. Le projet de loi initial était suffisamment souple pour permettre au directeur général des élections de modifier la date des élections en cas de conflit légitime.
Deuxièmement, nous croyons que l'amendement libéral affaiblit la version initiale du projet de loi en faisant en sorte que la date des élections soit plus facilement manipulable, ce qui n'est pas étonnant de la part d'un parti qui s'est prêté tant de fois à ce genre de manipulation dans le passé.
J'exhorte aujourd'hui tous les députés à se joindre au gouvernement pour s'opposer à cet amendement inutile, et ce, dans les plus brefs délais. Envoyons un message au Sénat. Disons aux sénateurs que la Chambre et la population jugent inacceptable de proposer des amendements inutiles à des projets de loi importants.
Si les sénateurs n'avaient pas apporté cet amendement négligemment à la toute dernière minute, les élections à date fixe auraient maintenant prévues par la loi. Malheureusement, le Sénat libéral non élu, qui persiste à faire campagne contre la réforme démocratique, a bloqué ce projet de loi. N'est-ce pas ironique? La Chambre des communes élue adopte un projet de loi pour tenir des élections à date fixe. Par la suite, le Sénat non élu, dominé par les libéraux, adopte un amendement pour édulcorer la loi, sans même qu'un comité ait examiné cet amendement, et, ce faisant, empêche l'adoption du projet de loi sur la réforme démocratique.
Il est ironique que les sénateurs disent aux députés de la Chambre des communes comment devraient se tenir des élections. Demandons aux sénateurs de réexaminer leur amendement rapidement pour que le projet de loi soit en place pour les prochaines élections fédérales.
[Français]
Comme je l'ai indiqué, le projet de loi a été adopté à la Chambre des communes sans amendement. Le Comité permanent des affaires juridiques et constitutionnelles du Sénat a également appuyé son adoption sans amendement.
[Traduction]
Le projet de loi a fait l'objet d'un examen approfondi. Il a été jugé acceptable. Pourtant, aujourd'hui, on nous demande d'examiner un amendement qui n'a fait l'objet d'aucun examen détaillé. On nous demande de débattre d'un amendement frivole qui a manifestement pour but de contrecarrer la mise en oeuvre du programme de réforme démocratique du gouvernement. Un tel amendement alimente le cynisme du public et sape l'objet du projet de loi , qui est de rendre le gouvernement plus responsable.
Les manoeuvres procédurales du Sénat, en vue de retarder l'adoption du projet de loi , ne sont pas sans rappeler celles qui y bloquent le projet de loi sur la durée du mandat des sénateurs, depuis maintenant 328 jours. C'est incroyable.
Le projet de loi propose de limiter la durée du mandat des sénateurs à huit ans. Il a été renvoyé au Sénat pour examen le 30 mai 2006. C'est à cette date qu'il y a été présenté.
[Français]
Au printemps dernier, le Comité spécial sur la réforme Sénat — un comité sénatorial — s'est penché sur le projet de loi . Ce comité a tenu des audiences exhaustives sur la question.
[Traduction]
En octobre dernier, le comité a fait rapport de ses conclusions, qui étaient favorables à l'approche progressive préconisée par le gouvernement en matière de réforme du Sénat. Malgré cet appui, le projet de loi fait actuellement l'objet d'une deuxième série d'audiences à un comité sénatorial, dont les travaux sont superflus puisqu'un comité spécial avait déjà été saisi du projet de loi.
[Français]
Le chef de l'opposition a dit être en faveur de la proposition visant à limiter la durée du mandat des sénateurs. Il affirme souhaiter que le projet de loi soit adopté. Pourtant, il n'arrive pas à convaincre les sénateurs libéraux de suivre son exemple.
[Traduction]
Encore une fois, le n'est pas à la hauteur de la tâche.
Je l'ai déjà fait la semaine dernière, mais je saisis cette occasion pour demander encore une fois aux députés de l'opposition officielle de prier instamment les sénateurs libéraux de mettre fin à ces petits jeux, d'arrêter de freiner le changement constructif et de s'attacher à faire le travail que les Canadiens attendent d'eux, à juste titre.
Le projet de loi est un jalon important sur la voie de la modernisation de notre processus politique. C'est une mesure raisonnable qui rendrait le gouvernement plus responsable et plus transparent. Pour toutes ces raisons, il devrait être adopté sans amendement.
Le gouvernement s'oppose à l'amendement du Sénat et exhorte tous les députés à faire savoir au Sénat que le projet de loi devrait être rétabli dans sa forme initiale.
:
Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je dirai que l'opposition officielle souscrit au projet de loi . Lorsqu'il a été présenté plus tôt à la Chambre, nous l'avons appuyé sans réserve et l'avons fermement défendu.
De façon répétée, le leader du gouvernement à la Chambre a parlé d'ironie. En fait, je pense que les murs de cette enceinte extraordinaire suintent l'ironie après son discours. Toutefois, il parle d'ironie au sens de délai, et, bien sûr, le délai est attribuable au gouvernement qui conteste inutilement cet amendement mineur aujourd'hui.
Examinons d'autres initiatives sous l'angle du délai. Le leader parlementaire parle du projet de loi et du retard relatif à ce dernier, mais nous avons commencé la semaine dernière. Après avoir présenté le projet de loi , qui porte sur la consultation des électeurs pour la nomination des sénateurs, le gouvernement a attendu quatre mois pour le ramener. Pourquoi a-t-il attendu quatre mois?
Il a parlé du projet de loi , qui propose que le mandat des sénateurs soit d'une durée déterminée, et du fait qu'il est retenu au Sénat pendant plus d'un an. Cette question n'a pas été retenue au Sénat à cause du projet de loi , car tous s'entendent là-dessus. Ce sur quoi on ne s'entend pas, c'est que les sénateurs devraient été nommés après la tenue de consultations auprès des provinces, en vue d'une répartition équitable des sièges au Sénat dans tout le pays.
Comment les députés, ceux du gouvernement en particulier, peuvent-ils appuyer le projet de loi sans appuyer d'abord l'autre proposition sénatoriale de redistribuer les sièges au Sénat pour atténuer le déséquilibre dont souffrent tellement maintenant l'Alberta et la Colombie-Britannique? J'ai des collègues à la Chambre du côté ministériel qui représentent des circonscriptions de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Il est inconcevable pour moi que l'on songe à modifier le statut, le mandat, la crédibilité ou la valeur du Sénat sans régler d'abord le problème de la répartition très injuste des sièges pour l'Ouest du Canada. C'est là où nous en sommes.
Au sujet du projet de loi , le leader du gouvernement à la Chambre a tenu aujourd'hui un double langage proprement orwellien en parlant du fait que les libéraux ou les sénateurs libéraux l'avaient retardé. Franchement, nous aurions pu l'avoir adopté avant le congé de Pâques. Nous avons proposé de le faire adopter à toute vapeur, de le soumettre à la Gouverneure générale et de le faire promulguer avant notre départ mais, comme mesure dilatoire, on a inventé cette notion farfelue selon laquelle un amendement mineur faisait obstacle à la volonté du Parlement, à la volonté de cette Chambre.
Les conservateurs vont jusqu'à évoquer la possibilité que la tenue d'un référendum dans une petite municipalité quelconque oblige à reporter ou devancer la tenue des élections prévues à date fixe. Ne perdons pas de vue que la décision serait à la discrétion du directeur général des élections, qui est un mandataire du Parlement et qui occupe l'un des postes les plus respectés au Canada et l'un des plus indispensables au fonctionnement équitable de notre processus démocratique. Il est insensé de supposer que cette personne exercerait sa discrétion pour déplacer la date d'élections fédérales établie quatre ans à l'avance, pour tenir compte d'un référendum local. C'est tout simplement insensé. Cela ne risque pas de se produire et ne peut se produire. Par conséquent, ce n'est pas une bonne raison de ralentir le processus.
Le leader du gouvernement à la Chambre voit un manque de respect dans le fait que l'autre endroit a décidé d'apporter un amendement mineur à un projet de loi ayant franchi les diverses étapes à la Chambre et obtenu l'appui de tous les partis. Or le Sénat, en dépit de ce que l'on peut penser de l'élection ou de la non-élection des parlementaires de nos assemblées législatives à ce stade-ci de notre évolution démocratique, fait partie de nos institutions démocratiques. Nous avons tous, y compris les sénateurs, des avis sur l'opportunité d'un processus électoral pour les sénateurs. Cependant, le Sénat fait partie de nos institutions démocratiques. Son objectif est bien défini et consiste, évidemment, à faire un second examen objectif des mesures adoptées de façon réfléchie par la Chambre des communes. Lorsque le Sénat constate qu'il est possible d'améliorer un projet de loi, il a tout à fait le droit et la responsabilité démocratique de proposer un amendement, ce qui a été fait dans le cas qui nous occupe.
Je me rappelle le processus de l'automne dernier concernant le projet de loi , la Loi fédérale sur la responsabilité. La mesure avait été adoptée à la Chambre après plusieurs mois de débats au comité et à la Chambre. Puis, elle est passée au Sénat et on a alors entendu des ministériels se plaindre et maugréer en disant que le Sénat était mal venu en quelque sorte de nous faire perdre notre temps en faisant autre chose que de tout simplement approuver automatiquement ce projet de loi d'une importance critique.
Je crois que nous savons tous maintenant ce qui s'est passé au Sénat. Plus de 100 amendements ont été présentés parce que le projet de loi était bancal. On n'avait pas le temps de l'examiner parce qu'il devait être adopté précipitamment à la Chambre. Le Sénat s'est bien acquitté de ses responsabilités en examinant attentivement ce projet de loi volumineux et complexe qui touchait des dizaines d'autres lois qui devaient être modifiées en conséquence. Le Sénat a proposé des arrangements et des amendements raisonnables et utiles que la Chambre a acceptés par la suite, bien sûr. Le Sénat n'avait pas retardé le processus. Il avait accompli son travail dans le cadre de nos institutions démocratiques.
Je vais revenir à l'élection de candidats, au moyen de la consultation d'organismes provinciaux, au cours d'élections provinciales, en vue de la nomination de sénateurs lorsque des sièges réservés à une province sont vacants au Sénat. Je dirai tout simplement qu'il s'agit là d'une bonne mesure législative. Adoptons-là. Pourquoi avons-nous attendu quatre mois? Pourquoi avons-nous attendu un an, sans que cela ait de sérieuses conséquences et sans discuter de la répartition des sièges?
Permettez-moi donc de passer au projet de loi lui-même, car il est tout à fait approprié. La Chambre l'a appuyé. Il est parfaitement logique d'ajouter une dernière petite mesure de sécurité au cas où un référendum entraînerait un problème. Le Sénat a proposé cette mesure, et nous en débattons ici aujourd'hui. Nous y sommes favorables et, par conséquent, nous nous opposons à la motion du gouvernement.
En ce qui concerne le projet de loi lui-même et des élections à date fixe, nous savons, et je crois que les députés de tous les partis l'ont dit très clairement dans leurs interventions lors des débats concernant le projet de loi , qu'il s'agit là d'un autre progrès considérable vers une réforme des institutions démocratiques du Canada. Ils ont dit très clairement qu'un grand nombre de démocraties, dans d'autres pays, tiennent des élections à date fixe et que ces dernières comportent beaucoup d'avantages, dont la possibilité de prévoir les travaux du gouvernement.
Le gouvernement peut ainsi présenter des mesures législatives et en assurer la gestion efficace, en comptant sur un échéancier et en sachant qu'il ne sera pas délogé en raison d'un vote de défiance ou d'une crise nationale. Ainsi, les travaux du gouvernement et des Canadiens peuvent être accomplis plus efficacement. Cela permet également de réduire les coûts. Une commission électorale et un bureau des élections qui sont entièrement oisifs en attendant d'être prêts pour des élections qui risquent d'être déclenchées à tout moment, cela n'est pas une utilisation efficace des ressources.
C'est aussi efficace au niveau de la participation au scrutin, ce qui est peut-être l'une des questions les plus importantes liées aux élections à date fixe et un point sur lequel je pense que tous les députés et tous les partis à la Chambre sont d'accord. Dans le cas des personnes qui votent pour la première fois, qu'il s'agisse d'étudiants, de nouveaux Canadiens ou de personnes âgées, nous pourrions organiser des classes d'éducation civique dans les écoles, les universités et les collectivités, afin que ces personnes participent pleinement aux discussions sur les politiques proposées par les divers partis au cours de la campagne électorale. Une telle mesure pourrait favoriser l'intérêt des électeurs et le taux de participation, ce qui, évidemment, entraîne une démocratie plus saine.
Il va de soi que, dans un pays comme le Canada, il est extrêmement important de choisir une date fixe en tenant compte de la météo. Les dernières élections fédérales ont eu lieu en hiver. Malheureusement, le taux de participation a continué de baisser, et il est évident qu'à moins d'avoir la chance de vivre à Vancouver, comme c'est mon cas, le temps qu'il fait en hiver peut grandement affecter le taux de participation. Ce point est très important. Nous voulons aussi éviter la période des vacances d'été, en ayant une date d'élections fixe au début de l'automne ou à la fin du printemps, de façon à favoriser le taux de participation.
Pour toutes ces raisons, cette mesure est pleine de bon sens et nous l'appuyons tous. Par conséquent, ne perdons plus de temps. Ne retardons pas davantage son adoption. L'idée d'un référendum dans une petite collectivité est tellement inconcevable qu'elle est sans importance. Elle ne devrait pas ralentir l'adoption de ce projet de loi. Je pense que, compte tenu de l'appui des députés de la Chambre aujourd'hui, et de la tenue du vote demain ou à un autre moment, nous pourrions faire en sorte que cette mesure devienne une loi du Canada et qu'elle constitue une véritable réforme démocratique, et nous pourrions le faire immédiatement.
Il ne faut pas se laisser distraire par un amendement mineur qui, à mon avis, est un test permettant de vérifier la sincérité de chaque député quant à la nécessité d'effectuer une réforme. Cet amendement découle du fait que le Sénat s'est acquitté de sa responsabilité, qui consistait à étudier attentivement cette mesure afin de voir si elle pouvait être améliorée. Le fait que celle-ci ait uniquement fait l'objet d'un amendement mineur n'ayant vraiment aucune conséquence est tout à l'honneur de la Chambre.
Je m'oppose au rejet de cet amendement et je suis tout à fait d'accord pour que l'on agisse rapidement, afin que ce projet de loi puisse être envoyé à la gouverneure générale et devenir loi le plus tôt possible.
:
Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole au sujet de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui.
D'entrée de jeu, je désire informer le gouvernement que le Bloc québécois sera favorable à cette motion voulant que cette Chambre rejette l'amendement, présenté par le Sénat, au projet de loi , pour la simple et bonne raison qu'il s'agit presque d'un amendement dilatoire.
Parlons un peu de cette autre Chambre. Elle est composée de non-élus, de gens nommés à partir de récompenses politiques. Nous maintenons de toute façon que l'utilité du Sénat est totalement à prouver, et cet amendement va dans le même sens.
De fait, l'amendement présenté par les sénateurs libéraux de l'autre Chambre fait en sorte que la tenue d'un référendum fédéral, provincial ou municipal change l'application du projet de loi , qui prévoit des élections à date fixe. On pourrait comprendre la tenue d'un référendum fédéral. On pourrait aussi comprendre qu'il y ait un référendum dans une province. Toutefois, en ce qui concerne la tenue d'un référendum municipal, c'est différent. Premièrement, nous n'avons qu'à songer au nombre de municipalités au Québec et au Canada. Deuxièmement, nous n'avons qu'à penser au nombre d'incidents qui peuvent mener à la tenue d'un référendum municipal.
Mon collègue le était conseiller municipal ici, à Gatineau. Je ne sais pas s'il a oeuvré sur la scène municipale alors qu'il était dans la région de Québec, avant d'être député de La Peltrie.
Pour ma part, j'ai été conseiller municipal à Boischatel, où j'habite, de 1987 à 1993. Dans la vie démocratique municipale, une foule de raisons font en sorte qu'on puisse tenir un référendum. Les citoyens signent le registre pour s'opposer à un changement de zonage ou pour s'opposer à un règlement. À Boischatel, on a failli tenir un référendum. Il y avait eu opposition à ce que soient changés les véhicules des services policiers. On pouvait alors prendre la décision de tenir un référendum pour changer lesdits véhicules, qui avaient peu près à 385 000 km —, ce qui aurait coûté plusieurs milliers de dollars.
Imaginez le caractère ridicule de cet amendement proposé par le Sénat: un référendum municipal pourrait faire en sorte que des élections à l'échelle du Canada soient reportées, que cette loi devienne inopérante. Selon moi, un tel exemple démontre bien le caractère frivole ou farfelu de cet amendement. Voilà pourquoi nous sommes d'accord avec le gouvernement pour défaire cet amendement sénatorial.
Dans les dernières minutes qui me sont imparties, j'aimerais discuter du projet de loi . Le Bloc québécois a réaffirmé qu'il est favorable au principe du projet de loi. Ce dernier a été étudié par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, auquel je siège à titre de vice-président.
Nous avions alors certaines réserves quant à la date choisie par le gouvernement, qui retenait le troisième lundi d'octobre pour des élections. Nous nous serions attendus à ce que le gouvernement démontre un peu plus d'ouverture d'esprit pour une simple et bonne raison: nous, les députés du Bloc québécois, suggérions le deuxième lundi de mai, une période un petit peu plus propice en ce qui a trait à la température. On sait que le troisième lundi d'octobre, il est possible qu'il y ait de la neige. C'est la réalité d'un pays nordique et de certaines régions où la neige arrive plus tôt qu'ailleurs. Une tempête de neige à Windsor le troisième lundi d'octobre n'est pas exclue; en fait, c'est possible, mais peu probable. Or, dans le nord du Québec, au Nunavut, au Yukon ou au Labrador, c'est plausible qu'il y ait une tempête de neige le troisième lundi d'octobre.
C'est pour cela que nous, du Bloc québécois, avions proposé le deuxième lundi de mai. Nous avons déposé un amendement mais il a été défait en comité. Bref, la démocratie a parlé. Nous avions également suggéré de ne pas retenir le troisième lundi d'octobre pour la simple et bonne raison qu'au Canada et au Québec, une fête arrive toujours le deuxième lundi d'octobre, soit la fête de l'Action de grâces. La fête de Pâques — et cela tient à une tradition religieuse ou du calendrier romain — n'est jamais à la même date. Il en va de même pour l'Action de grâces: qu'elle soit le 9, le 10 ou le 12 octobre, au Canada, elle est toujours célébrée le deuxième lundi d'octobre.
Le vote par anticipation aura donc lieu pendant la fin de semaine de l'Action de grâces. C'est probablement le dernier long week-end où les gens peuvent aller visiter leur famille à l'extérieur de leur région, où les gens sont peut-être plus préoccupés car ils doivent fermer les résidences secondaires et les chalets, couper l'eau, etc. De plus, il y a un certain nombre de voyages transfrontaliers qui s'effectuent, parce que les gens profitent du long week-end pour se déplacer à l'extérieur de leur région. En choisissant le troisième lundi d'octobre, le vote par anticipation se déroulerait alors le deuxième lundi d'octobre, période qui coïncide avec la fin de semaine de l'Action de grâces. Dans une certaine mesure, nous trouvions que cela pourrait empêcher d'obtenir le taux de participation le plus élevé possible, que nous souhaitons.
Hier, les Français ont voté dans une proportion de 84 p. 100 ou 85 p. 100. Cela démontre tout simplement que leur démocratie est saine. De plus, en étudiant les taux de participation aux élections fédérales depuis 1960, on voit qu'il y a une courbe descendante, et c'est inquiétant. Les représentants dûment élus de la population sont donc choisis par de moins en moins de personnes. Les gens se désintéressent davantage de la politique. La démocratie n'en sort certainement pas gagnante. C'est pour cette raison que nous, du Bloc québécois, avons suggéré une autre date.
Je rappelle que le projet de loi retirera au premier ministre la prérogative de déclencher des élections générales au moment le plus propice, à sa convenance. On a vu que le premier ministre Chrétien excellait en la matière. L'amendement des sénateurs dinosaures ne nous surprend pas, pour la simple et bonne raison qu'ils ont conservé l'approche du bon vieux temps qui leur permettait de faire un petit tour de passe-passe aux partis de l'opposition.
Le premier ministre Chrétien était vraiment spécialiste en la matière. On a vu que lorsqu'un parti de l'opposition changeait de chef, le premier ministre Chrétien en profitait pour déclencher des élections rapides, en misant sur le manque d'expérience du chef nouvellement élu, et en misant sur un congrès à la chefferie qui est naturellement un événement qui divise les députés d'un parti politique. On approuve une personne plutôt qu'une autre et on choisit son camp.
Du côté des libéraux de ce côté-ci de la Chambre, on voit que les plaies ne sont pas nécessairement pansées pour tous les militants et tous les députés qui ont participé à la dernière course à chefferie que le chef de l'opposition actuel a gagnée. Une course au leadership est donc nécessairement un événement qui divise. Pour s'en convaincre, on n'a qu'à voir comment le premier ministre Chrétien s'est comporté.
Mon chef, le député de , a été élu à la tête du Bloc québécois le 15 mars 1997. Or, nous avons eu des élections le 2 juin 1997.
Le 8 juillet 2000, il y a eu l'élection du à la tête de l'Alliance canadienne. On en vient quasiment à oublier que ce parti s'est déjà appelé le Reform Party. Ce parti a changé de nom fréquemment. C'est comme le nouveau Coke, l'ancien Coke et le Coke zéro. On a eu des difficultés à suivre le nom de ce parti depuis quelques années. Son nom actuel est Parti conservateur du Canada.
Ainsi, le 8 juillet, le ministre actuel de la Sécurité publique fut choisi comme chef suite à la course à la chefferie de l'Alliance canadienne. Le premier ministre Chrétien avait annoncé des élections pour le 27 novembre 2000, alors que les élections précédentes avaient eu lieu le 2 juin 1997, à l'intérieur même du délai normal, habituel ou régulier de quatre ans. En effet, on sait que, selon la Constitution, un mandat peut durer jusqu'à un maximum de cinq ans, mais que normalement, les mandats sont de quatre ans. Le premier ministre Chrétien a donc profité de cette occasion pour déclencher des élections.
Le 20 mars 2004, le premier ministre actuel a été élu chef du Parti conservateur du Canada et les élections ont été annoncées pour le 28 juin 2004, encore une fois, à l'intérieur d'un délai de moins de quatre ans, à l'occasion d'un changement de chef.
Je crois donc que le projet de loi C-16 enlèvera la prérogative au premier ministre de déclencher des élections lorsqu'il considère que les planètes sont alignées pour prendre les partis d'opposition par surprise.
Pour toutes ces raisons — et j'imagine que nous aurons l'occasion de reparler du projet de loi C-16 —, nous voulons réitérer que le Bloc québécois sera favorable à la motion qui prévoit rejeter l'amendement apporté par le Sénat au projet de loi C-16.
:
Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi d'intervenir au sujet du projet de loi .
D'entrée de jeu, je salue mon prédécesseur, M. Ed Broadbent, qui, avant les dernières élections, a présenté un code d'éthique. L'objectif de M. Broadbent était d'assainir la politique et certaines des pratiques qui y sont liées.
Il est intéressant de souligner qu'une des propositions contenues dans le code d'éthique soumis par M. Broadbent portait sur des élections à date fixe. Le Nouveau Parti démocratique est ravi d'appuyer le projet de loi parce qu'il est lui-même à l'origine de cette idée. Nous avons pris cette initiative, jugeant qu'il valait mieux proposer des idées plutôt que de se contenter de s'opposer à celles des autres. Cet élément est fort important. J'estime que, à titre de parlementaires responsables, notre rôle est également de proposer, pas uniquement de nous opposer, ce qui est certes nécessaire lorsqu'on fait partie de l'opposition. Nous avons estimé très important de proposer des élections à date fixe. Évidemment, nous appuyons le projet de loi puisque c'est le Nouveau Parti démocratique qui a lancé cette idée avant les dernières élections. Cependant, nous n'avons pas lancé cette idée en plein milieu d'une campagne électorale. Nous l'avons présentée lors de la dernière législature parce que nous estimions qu'elle était très importante.
Dans son code d'éthique que notre parti a été ravi de défendre en priorité au cours de la dernière législature, M. Broadbent proposait d'assainir la politique et de se pencher sur certaines questions, notamment les changements d'allégeance politique. Ces changements demeurent encore monnaie courante à la Chambre et il faut s'y attaquer.
Le Nouveau Parti démocratique considère l'idée d'élections à date fixe comme très importante. C'est une idée judicieuse. Il y a eu des consultations auprès des gens qui se sont battus pour des élections justes, des partisans de la réforme du régime démocratique. Le Mouvement pour la représentation équitable au Canada est un organisme non partisan qui compte en son sein des représentants de nombreux partis. M. Segal, M. Axworthy et M. Broadbent en font partie. Je ne suis pas certain que des bloquistes en fassent partie, mais je les invite à se joindre au mouvement. Ils voudront peut-être examiner les idées et les principes mis en avant par le Mouvement pour la représentation équitable au Canada qui estime que le système électoral devrait être équitable et tenir compte de toutes les voix exprimées de façon juste et équitable. La tenue d'élections à date fixe est une condition pour parvenir à une telle équité.
Quand le comité a été saisi du projet de loi, nous avons proposé des amendements pour préciser certains éléments dont la confiance. Nous avons exprimé ces idées pour qu'elles soient examinées.
Le projet de loi n'est pas long. Il ne contient aucun changement constitutionnel. Nous trouvions cela raisonnable. M. Broadbent avait proposé la même chose, à savoir qu'il n'était pas nécessaire de rouvrir la Constitution pour apporter ce genre de changement qui, en fait, est une question de pratique. Le Parlement conserve l'option de retirer sa confiance au parti au pouvoir, ce qui déclencherait des élections.
Cela nous semblait pragmatique et raisonnable. Nous avons vu les gouvernements antérieurs choisir la date des élections à leur avantage. En bout de ligne, le gouvernement tentait d'avoir l'avantage sur les Canadiens. Il s'agissait là d'une manipulation des responsabilités et des pouvoirs du gouvernement. Si le gouvernement jugeait qu'il pouvait être bon de déclencher des élections, il faisait un sondage. Le gouvernement préparait probablement des tableaux croisés en regroupant deux ou trois idées de chacune des régions pour s'assurer d'obtenir une majorité. Inévitablement, des fonds seraient distribués un peu partout au pays. L'argent irait où le gouvernement au pouvoir avait besoin d'appui.
C'est clairement antidémocratique. Le fait que le parti au pouvoir puisse manipuler la date du scrutin à son avantage est antidémocratique. Malheureusement, c'est ce qu'ont fait les gouvernements précédents. Cela s'est produit la dernière fois que nous avons eu un gouvernement majoritaire. Les libéraux ont profité d'un moment opportun pour déclencher des élections dans le but de faire élire un autre gouvernement majoritaire.
En plus des élections à date fixe, le projet de loi devrait aborder la façon dont les votes sont comptés. Il est important de noter que, même si M. Chrétien a obtenu le plus de voix dans ses gouvernements majoritaires, un nombre disproportionné de sièges ont été alloués à son gouvernement.
Je ne dis pas cela seulement pour pointer du doigt M. Chrétien et les libéraux. La même chose s'est produite à l'échelle provinciale. Il est déjà arrivé au NPD de remporter un certain pourcentage des voix et un nombre disproportionné de sièges. Ce n'est donc pas une question de partisanerie, mais c'est plutôt le reflet de la volonté populaire.
La possibilité de tenir des élections à date fixe sans pour cela rouvrir la Constitution nous semblait juste. Cette mesure diffère quelque peu du projet de loi dont nous débattrons plus tard aujourd'hui, le , qui nous autoriserait à tenir des consultations populaires sur le choix des personnes qui devraient représenter les citoyens au Sénat tout en contournant encore là la Constitution.
Avec le projet de loi , je pense que nous avons testé les limites de ce que nous pouvons faire sans modifier la Constitution ni les pratiques établies. Je sais que les députés de tous les partis ont convenu que le projet de loi était sensé et qu'il n'était pas nécessaire de rouvrir la Constitution. Cependant, je crains que ce ne soit pas le cas du projet de loi , dont nous débattrons plus tard.
Comparées au projet de loi , les consultations populaires qui laisseraient la population décider par qui elle veut être représentée au Sénat, pour que le premier ministre nomme ensuite cette personne, semblent s'éloigner un peu trop de la Constitution. En fait, le gouvernement dit qu'il ne veut pas s'en éloigner davantage parce qu'il ne veut pas la modifier.
La Constitution n'est pas une liste de suggestions. C'est le fondement qui sous-tend les rouages de notre pays. Le projet de loi modifie la pratique en ce qui concerne la façon dont le gouvernement peut procéder pour déterminer la date des élections. En revanche, avec le projet de loi , dont nous débattrons plus tard, on s'éloigne excessivement de la Constitution, simplement parce qu'on veut éviter de s'enfoncer dans un débat constitutionnel.
Si nous voulons réellement réformer le régime démocratique et le Sénat, alors nous devons nous y mettre au lieu de nous défiler. Le projet de loi nous a permis de retirer au gouvernement la possibilité de choisir la date des élections à des fins purement partisanes.
Pendant l'examen du projet de loi, nous avons proposé des amendements et le Bloc a fait la même chose. Les députés du Bloc ont mentionné certaines dates pour la tenue d'élections à date fixe. Cependant, je conviens avec certains autres députés qu'il ne serait pas possible de tenir des élections au printemps, pas plus qu'à certaines périodes de l'automne.
Les dates que nous avons proposées sont parfaitement raisonnables et correspondent aux besoins des Canadiens de tous les coins du Canada, qu'ils vivent dans les zones rurales ou dans le Nord du pays. Je pense qu'il est parfaitement logique de tenir des élections à l'automne, en particulier pour nos collectivités agricoles qui ont besoin de temps pour les récoltes. Il est donc proposé de fixer la date des élections après cette période.
Je vais maintenant parler de l'amendement qui a été proposé par le Sénat. Comme l'a mentionné le député de , nous avons de sérieuses réserves quant à l'auteur de cet amendement et à sa provenance. Il est toutefois important d'examiner l'amendement. Il n'est pas long et ne fait que soulever un aspect qui, en toute franchise, n'a pas été étudié en profondeur au comité. Cet amendement propose que, si le jour du scrutin coïncide avec un jour revêtant une signification religieuse, avec une élection provinciale ou municipale ou un référendum à l'échelle fédérale, provinciale ou municipale, le directeur général des élections puisse changer la date des élections à date fixe.
Le directeur général des élections devrait donc respecter le calendrier des élections à date fixe, mais, en pareilles circonstances, il aurait la possibilité, et non pas l'obligation, de changer la date désignée.
Pour les députés du Bloc, il pourrait par exemple s'agir d'un référendum provincial. C'est une expérience qui est familière au Québec plus qu'à toute autre province du Canada. Serait-il logique que les élections fédérales se tiennent le jour d'un référendum provincial? Comme nous le savons, un référendum québécois ne captive pas seulement les Québécois, mais aussi l'ensemble des Canadiens. C'est normal, car c'est la fédération qui est mise en jeu.
Il est raisonnable pour le directeur général des élections d'examiner la date des élections et, s'il constate un conflit, de décider qu'il serait préférable de ne pas tenir d'élections fédérales à la même date, disons, qu'un événement aussi important qu'un référendum au Québec visant à décider si cette province reste dans la fédération. Voilà pourquoi nous devons examiner la question.
Cet amendement ne modifierait pas l'esprit du projet de loi. Il ne s'agit que d'un scénario fictif. Comme je l'ai déjà mentionné et souligné, cela donnerait un choix au directeur général des élections. En tant que mandataire du Parlement, le directeur général des élections a certaines responsabilités clés, dont celle de rendre des comptes au Parlement et d'en respecter les lois.
Le projet de loi dont nous débattons aujourd'hui a été accepté et adopté. Le directeur général des élections devrait s'y conformer en tant que mandataire responsable du Parlement. Ce projet de loi permettrait simplement au bureau du directeur général des élections, en cas de conflit, de gérer la situation.
Comme l'a dit mon collègue de , bien que nous ayons des réticences à l'endroit du messager, sur lequel nous nous ne tirerons pourtant pas, nous pouvons certainement nous accommoder du message que le Sénat nous a envoyé. C'est pourquoi nous allons discrètement appuyer l'amendement. Cela semble tomber sous le sens, mais il aurait probablement été possible d'arriver au même résultat en accordant le pouvoir d'agir au directeur général des élections à un autre moment. Nous sommes toutefois maintenant saisis de l'amendement et c'est pourquoi il est important d'en prendre acte et de nous prononcer maintenant.
Je voudrais maintenant passer à la signification du projet de loi, une fois qu'il sera adopté, sur le plan de la confiance des Canadiens dans notre système électoral. Beaucoup de choses restent encore à faire sur le plan de la véritable réforme démocratique pour s'assurer que chaque vote compte. J'affirme qu'à ce point de l'histoire de notre pays, notre système ne fait pas en sorte que chaque vote compte, mais dans l'état actuel des choses, nous pouvons au moins faire savoir aux Canadiens que les prochaines élections auront lieu en 2009.
Il suffit de penser aux discussions qui ont eu lieu ces dernières semaines à la Chambre et dans tout le pays sur la question de savoir s'il y aura des élections et si le gouvernement est en mesure d'obtenir la majorité qui lui échappe.
Le week-end dernier, nous avons vu sur les ondes de la CBC un reportage plutôt intéressant et comique sur la question: un sketch satirique, présenté sous la forme d'une émission de sports, où l'on discutait de politique. Un des protagonistes a dit: « Jim, pensez-vous qu'il va y avoir des élections? » Son interlocuteur a répondu non, et ils ont décidé d'en reparler le lendemain. Le lendemain, ils se sont encore demandé s'il y aurait des élections.
C'était certainement une conversation intéressante pour certains d'entre nous, mais, pour la plupart des Canadiens, c'était une incroyable perte de temps, sans parler d'encre, de temps d'antenne et d'électricité. Nous devrions consacrer notre temps à ce que nous pouvons faire au Parlement, pas à spéculer sur la date des élections.
Les Canadiens ne nous ont pas envoyés ici pour parler de la date des prochaines élections, il nous incombe à tous de garder cela à l'esprit. Lorsque je consulte mes électeurs à propos de leurs préoccupations, ce n'est pas au sujet de la date des prochaines élections. Quand ils me demandent quand auront lieu les prochaines élections, je leur réponds qu'en ce qui me concerne, ce sera en 2009, comme il est prévu dans ce projet de loi.
Il est donc incroyablement important que nous appuyions ce projet de loi et qu'il soit adopté le plus rapidement possible. Par conséquent, je ne pense pas qu'il soit pertinent ou possible d'appuyer la motion du gouvernement, qui vise à renvoyer le projet de loi au Sénat, et à jouer ainsi une partie de ping-pong. Nous devons adopter le projet de loi maintenant pour que les Canadiens sachent que la Chambre a été saisie d'un projet de loi prévoyant la tenue d'élections à date fixe, ce qui préviendra toute tentative de manipulation stratégique de la part du gouvernement parce que nous sommes saisis d'une mesure prévoyant que les prochaines élections auront lieu en 2009.
Le projet de loi est important parce que nous pourrions désormais savoir à quoi nous en tenir. Le gouvernement ne pourrait plus manipuler le calendrier. Les Canadiens sauraient que, quelles que soient les conversations dans les coulisses de la politique, les prochaines élections auraient lieu en 2009. On ne pourrait plus jouer à choisir le moment le plus favorable pour obtenir une majorité, et nous pourrions nous occuper des questions importantes, comme l'environnement, l'écart de prospérité et le maintien du système de santé, pour que les Canadiens puissent en bénéficier lorsqu'ils en ont besoin.
En fin de compte, ce sont ces questions qui comptent aux yeux des Canadiens. Ils ne veulent pas savoir quand le gouvernement décidera de tout arrêter, de déclencher des élections et d'obtenir une majorité pour arriver à ses fins. Je m'inquiète de ce que le présent gouvernement ferait s'il était majoritaire, mais je n'ai pas l'intention d'en parler davantage.
Je faisais partie du comité qui a étudié le projet de loi . Nous avons examiné ce qui se faisait ailleurs. L'Ontario a maintenant des élections à date fixe, et c'est la pratique dans beaucoup d'autres pays. Certaines personnes craignaient que l'on suive ainsi de trop près le modèle politique américain. Je pense qu'ils s'en font pour rien, car il y a des pays européens et d'autres pays dans le monde ayant hérité des traditions britanniques où les élections se tiennent à date fixe, et cette règle les sert bien.
Si nous choisissons effectivement de tenir les élections à date fixe, nous devons nous assurer qu'elles ne donnent pas lieu à un abus des deniers publics. Je veux dire par là que si nous avions retenu la suggestion du Bloc de tenir les élections à date fixe au printemps, nous aurions risqué de voir le gouvernement distribuer beaucoup de petits cadeaux dans son budget. Voilà un refrain qui nous est familier. Le dernier budget qui a été présenté ici contenait plusieurs mesures destinées à manipuler les citoyens, de manière à ce que le gouvernement puisse tirer un bon retour de son investissement, autrement dit de manière à ce qu'il puisse devenir majoritaire. Il est raisonnable de vouloir plutôt tenir les élections à l'automne.
Nous devrions nous pencher sur le moment où les partis politiques sont autorisés à dépenser de l'argent, de sorte qu'aucun parti n'ait l'avantage sur les autres parce qu'il dispose de plus grands moyens. De plus, nous ne voulons pas non plus être constamment en période électorale, comme certaines personnes le craignent. Il n'en tient qu'aux parlementaires d'agir de façon responsable.
Comme mon collègue de Winnipeg-Centre vient de le mentionner, nous devons renforcer la réglementation des dépenses électorales. Mon collègue a proposé des amendements au projet de loi afin de renforcer cette réglementation de sorte qu'il serait impossible pour un parti de manipuler les finances à son avantage. Lorsque ce projet de loi sera adopté, bientôt j'espère, nous devrons garder cela à l'esprit. Chaque fois qu'un projet de loi est adopté, nos façons de faire changent inévitablement. Nous devons examiner les effets éventuels du projet de loi sur les dépenses électorales.
Nous espérons que les gens ne prendront pas l'habitude de dépenser une fortune avant et pendant les campagnes électorales, parce qu'ils savent que les élections s'en viennent, et que les candidats ne profiteront pas des échappatoires de la Loi sur les dépenses d'élection, comme celle qui permet de recevoir des prêts de présidents de sociétés multinationales aux coffres bien garnis. Nous avons vu, dans certaines courses à la direction, que de tels prêts n'ont pas été remboursés. Nous devons mettre un terme à cette pratique, mais il en existe d'autres. Il y a, par exemple, les propriétaires de concessions d'automobiles, et cetera.
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour rendre les choses plus équitables, mais ce projet de loi est un bon départ. Les Canadiens sauraient exactement quand auraient lieu les élections. Nous devons nous concentrer sur le projet de loi et ses objectifs et sur ce que les Canadiens attendent de ce projet de loi, c'est-à-dire des élections à date fixe. Le gouvernement ne serait plus en mesure de manoeuvrer pour tenter d'orchestrer sa propre chute. Nous avons des responsabilités à la Chambre. Empêcher le gouvernement de manipuler la date des élections rendra le système plus équitable.
Nous reparlerons de ce que nous pouvons faire pour réformer notre système démocratique, mais ce projet de loi est une première étape. Le NPD est fier que le gouvernement ait adopté son idée. Nous l'appuyons sans réserve.
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Monsieur le Président, d'emblée, je dois dire que le Bloc québécois sera favorable au principe du projet de loi. .
D'abord, je dois dire qu'en 1998, conformément à l'initiative du député de , le Bloc québécois avait mis en place un certain nombre de chantiers dont l'un portait sur la démocratie et la citoyenneté. Dans le cadre de cette réflexion, on s'était entendu pour dire que, dans le cadre d'un Québec souverain, des élections à date fixe serait un système beaucoup plus valable que le système britannique, tel qu'il est appliqué au Royaume-Uni, au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud. En effet, ce phénomène d'avoir des élections à date fixe permettrait aux parlementaires de mieux planifier leurs travaux et de mieux pouvoir les mettre en branle.
Personnellement, je me souviens très bien que lors du dernier gouvernement minoritaire, le Sous-comité du commerce international ne s'est jamais mis en branle parce qu'on ne savait pas quand les élections allaient avoir lieu. Cela a provoqué un tort très grave à l'industrie canadienne et québécoise dans le contexte où, face à la mondialisation et aux accords de libre-échange, le Canada a pris un retard assez phénoménal.
À notre sens aussi, cela favoriserait la participation électorale. On sait que dans le projet de loi, on propose le troisième lundi d'octobre comme date pour la tenue des élections. On se base justement sur le fait que c'est une période où les gens sont disponibles pour prendre part au débat électoral et pour participer aux élections. Ils sont certainement plus disponibles que lorsque les élections ont eu lieu le 28 juin 2004, et encore plus probablement que lors des dernières élections qui avaient été déclenchées en novembre, comme vous vous en rappelez. On avait eu la période des Fêtes et on était allés voter au mois de janvier.
Donc, à notre avis, avoir l'obligation de tenir les élections à date fixe permettrait non seulement de mieux planifier le travail parlementaire, mais aussi d'avoir une meilleure participation électorale.
Les avantages sont nombreux et je pense que je n'ai pas besoin d'épiloguer trop longtemps à ce sujet. C'est une question d'équité entre les partis. En effet, on sait très bien que, actuellement, les gouvernements en place et le premier ministre jouent sur le calendrier et la conjoncture pour déclencher des élections à peu près à n'importe quel moment. On a vu par exemple que sous l'ère de M. Chrétien, on a rarement eu des mandats de plus de 3 ans et demi. Il attendait le bon moment et déclenchait des élections strictement en fonction des intérêts du Parti libéral et de ses intérêts. Pourtant, à notre avis, on devrait permettre à l'ensemble de la population et à tous les partis de savoir exactement dans quel cadre se situent les règles du jeu. Évidemment, on serait en mesure de mieux prévoir les dates des élections. Comme je l'ai mentionné, cela permettrait une gouvernance beaucoup plus rationnelle et favoriserait selon nous la participation politique. Certains mois sont totalement à déconseiller si on veut véritablement favoriser la participation de l'électorat. Donc, en connaissant les règles du jeu, en connaissant la date à l'avance et en choisissant une date qui semble être dans une période de l'année la plus favorable pour l'ensemble de la population canadienne et québécoise, comme c'est le cas dans le projet de loi , on serait en mesure de mieux favoriser cette participation.
Aussi, je ne peux pas passer sous silence le fait que de savoir à quel moment l'élection aura lieu pourrait favoriser le recrutement de plusieurs candidats à venir. Je sais très bien que, au Québec, des gens de très grande valeur ont quitté leur emploi, pensant qu'une élection était imminente. Finalement, ils ont dû se retrouver un autre emploi et n'ont pas pu le quitter pour pouvoir se présenter lorsque le premier ministre Jean Charest a déclenché les élections. D'autres aussi n'ont pas pu se présenter parce qu'ils ne pouvaient pas, sur un coup de dés, quitter leurs responsabilités professionnelles.
Donc, selon nous, ce serait tout simplement rattraper la modernité de la démocratie telle qu'elle se vit aujourd'hui dans le monde. Vous avez peut-être pris connaissance des études publiées par Henry Milner de l'Institut de recherche en politiques publiques. On constatera que sur les 40 démocraties qu'il a étudiées, il n'en reste plus que 12 où les dates ne sont pas prédéterminées.
Évidemment, dans le cas d'un gouvernement minoritaire et à partir du moment où le gouvernement perdrait la confiance de la Chambre, il y aurait possibilité pour le premier ministre d'aller voir la Gouverneure générale pour demander le déclenchement d'élections. Cependant, il ne pourrait pas le faire strictement sur la base d'une conjoncture politique favorable dans les sondages, par exemple, suite à telle ou telle décision. De même, suite à une embellie passagère d'appuis au parti au gouvernement, il ne pourrait se rendre chez la Gouverneure générale et, sans raisons valables, déclencher les élections.
Aussi, compte tenu du système actuel, vous comprendrez que le Bloc québécois sera favorable — comme je le mentionnais — au principe du projet de loi. À notre avis, le nouveau système proposé est beaucoup plus moderne et équitable. Il favorisera la participation de la population, de l'électorat, à l'élection et à la campagne électorale, et il ne remettra pas en cause les responsabilités du gouvernement. En ce sens, nous appuierons ce projet de loi.