:
Monsieur le Président, je propose que le premier rapport du Comité permanent du patrimoine canadien, présenté le mercredi 17 mai 2006, soit agréé.
Je remercie mon collègue de Davenport d'avoir appuyé la motion d'adoption de ce premier rapport dudit comité, lequel a été présenté en Chambre le 17 mai 2006.
[Traduction]
Le premier rapport du comité indique en substance que la ministre du Patrimoine, avant de se commettre dans la révision du mandat de la SRC, se conforme à la motion qu’elle a elle-même fait adopter lors de la 38e législature, et qui se lit en partie comme suit:
Que le gouvernement, en établissant ce groupe de travail indépendant, prenne l’avis des membres du Comité permanent du patrimoine canadien. De plus, que la possibilité soit offerte au Comité permanent du patrimoine canadien de revoir et de proposer des modifications aux termes du mandat de la SRC avant le commencement de la révision du mandat.
Voilà ce qu'indique, en substance, le premier rapport du Comité permanent du patrimoine canadien. Avant que la ministre n'entreprenne, au nom du gouvernement, la révision du mandat de la SRC, le Comité permanent du patrimoine canadien devrait avoir la possibilité de formuler des commentaires et de proposer des modifications au mandat de la structure que la ministre a l'intention d'utiliser pour réviser le mandat de la SRC.
Tous conviendront que CBC/Radio-Canada est l'une des institutions culturelles importantes du pays. C'est un précieux instrument qui sert à unir les Canadiens et à leur communiquer les valeurs canadiennes au pays ou ailleurs dans le monde.
CBC/Radio-Canada unit les Canadiens en offrant aux auditoires régionaux et nationaux une programmation de haute qualité à l'image du pays, des régions et de tous ses talents créateurs. Elle constitue aussi un outil efficace pour faire connaître les valeurs, les artistes et la culture du Canada, tant sur la scène nationale qu'internationale.
En 2003, après un examen exhaustif du milieu de la radiodiffusion au Canada, le Comité permanent du patrimoine canadien a réaffirmé l'importance de la radiodiffusion publique au Canada dans son rapport intitulé, « Notre souveraineté culturelle », soit le rapport Lincoln pour plusieurs.
Dans sa réponse faisant suite aux recommandations du Comité du patrimoine, le gouvernement libéral a réaffirmé le rôle de CBC/Radio-Canada au sein de la société canadienne, tel que l'avait prévu la Loi sur la radiodiffusion de 1991.
La Loi sur la radiodiffusion prévoit que:
la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit;
la programmation de la Société devrait à la fois:
(i) être principalement et typiquement canadienne,
(ii) refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu’au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions,
(iii) contribuer activement à l’expression culturelle et à l’échange des diverses formes qu’elle peut prendre,
(iv) être offerte en français et en anglais, de manière à refléter la situation et les besoins particuliers des deux collectivités de langue officielle, y compris ceux des minorités de l’une ou l’autre langue,
(v) chercher à être de qualité équivalente en français et en anglais,
(vi) contribuer au partage d’une conscience et d’une identité nationales,
(vii) être offerte partout au Canada de la manière la plus adéquate et efficace, au fur et à mesure de la disponibilité des moyens,
(viii) refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada;
CBC/Radio-Canada remplit son mandat en offrant un vaste éventail de programmes et de services sur 18 plates-formes différentes qui reflètent les intérêts et les aspirations de communautés canadiennes diversifiées. C'est le seul radiodiffuseur qui offre des services de haute qualité, en français et en anglais, à la radio, à la télévision et sur Internet à l'échelle du pays.
CBC/Radio-Canada utilise toutes les plates-formes de radiodiffusion dont elle dispose pour informer et divertir les Canadiens dans le format et au moyen du support qui sont les plus efficaces et les plus pratiques pour ces derniers.
Le sondage annuel sur la performance de la SRC révèle que 97 p. 100 de Canadiens considèrent la société d'État essentielle.
Le sondage révèle aussi que 82 p. 100 des téléspectateurs du réseau anglais de la SRC sont satisfaits de la qualité de la programmation et que 88 p. 100 des auditeurs de la radio anglaise de la SRC sont également satisfaits.
Comme on devait s'y attendre, la télévision de la SRC a aussi récolté un taux de satisfaction élevé, elle qui retient l'attention de plus du cinquième des francophones, y compris hors Québec, aux heures de grande écoute.
De façon similaire, la Première Chaîne a vu son auditoire croître considérablement au cours des dernières années. Au printemps de 2004, sa cote d'écoute était de 12,5 p. 100.
Le site web de la société, qui célèbre son 10e anniversaire, compte parmi les sites de médias en ligne les plus visités au Canada. Il attire plus de 3,7 millions d'internautes chaque mois.
Comme notre pays se diversifie de plus en plus sur le plan culturel, il est particulièrement gratifiant de constater que le réseau anglais de la SRC s'est classé premier parmi les radiodiffuseurs anglais du Canada au chapitre de la représentativité ethnique et culturelle.
Tout n'est pas rose, cependant. La SRC éprouve certaines difficultés. Le Comité du patrimoine canadien a fait état de ses préoccupations au sujet du système de radiodiffusion publique dans le rapport Lincoln de 2003, auquel j'ai fait allusion plus tôt. J'aimerais citer certains passages de ce rapport:
Les auditoires de la Société Radio-Canada ont fondu comme neige au soleil depuis une dizaine d'années et celle-ci consacre beaucoup de temps et d'efforts à trouver la bonne formule, l'angle approprié, pour conserver sa part du marché canadien. Cette quête s'est révélée difficile et frustrante, car l'objectif demeure éloigné et insaisissable.
La production et la diffusion des dramatiques de langue anglaise sont également une source de souci. Sauf au Québec, où le public se passionne pour les dramatiques originales créées ici, les émissions américaines dominent les ondes à un point qui est pratiquement inconnu et inimaginable dans tout pays autre que les États-Unis eux-mêmes.
De nombreux détracteurs prétendent également que son mandat actuel est tout simplement trop large et mal ciblé compte tenu des ressources que les gouvernements et les Parlements successifs lui ont fournies. Le gouvernement fédéral doit mieux définir le rôle de CBC/Radio-Canada et, de concert avec les gestionnaires de l'organisme, mettre moins l'accent sur les cotes d'écoute et les recettes commerciales.
Pas plus tard que la semaine dernière, le Forum des politiques publiques a publié un rapport sur CBC/Radio-Canada et son mandat. Il critiquait vivement la nécessité pour le diffuseur de rechercher des revenus publicitaires et précisait que, sur les 500 millions de dollars environ que le réseau anglais de télévision reçoit, près de 200 millions de dollars proviennent de la publicité, remettant en question du même coup le caractère public de CBC/Radio-Canada.
Les Canadiens sont maintenant engagés dans un débat. Le gouvernement conservateur entend examiner le mandat de CBC/Radio-Canada. Les membres du comité reconnaissent que c'est la prérogative du gouvernement de lancer un examen du mandat de la société, mais avant qu'il puisse être terminé, il faudra soumettre la question au Parlement parce que le mandat de CBC/Radio-Canada est inscrit dans une loi.
Ce n'est pas du tout le problème. Nous reconnaissons que le gouvernement a le pouvoir de lancer un tel examen de mandat comme bon lui semble. Le comité a demandé d'avoir la possibilité de revoir le mandat qui sera confié au groupe ou aux gens qui devront procéder à la révision du mandat de CBC/Radio-Canada. Cela va dans le sens de ce que le comité a demandé avant le changement de gouvernement et de ce que l'actuelle ministre a réclamé lorsqu'elle siégeait dans l'opposition. C'est le fond de la recommandation du comité, qui, sauf erreur, a été approuvée à l'unanimité.
Lorsque la ministre a comparu il y a une quinzaine de jours devant le comité, cette question a été soulevée. Je lui ai demandé si elle pouvait nous préciser quand elle entendait faire cela. Je tiens à remercier notre vis-à-vis d'Abbotsford, car dans le cadre de ma première ronde de questions, je n'ai obtenu aucune réponse de la ministre, et mon collègue l'a reconnu. Il a également reconnu que ma question était plutôt directe et il l'a reposée en mon nom.
La ministre a répondu qu'elle était disposée à faire cela, mais elle a également précisé qu'elle était prisonnière d'un processus établi par le gouvernement et qu'elle devrait d'abord s'adresser au Cabinet. Selon les rumeurs qui courent, elle a soumis la question au Cabinet, mais n'a pas obtenu le feu vert qu'elle recherchait. En l'absence de la confirmation de ces faits, je propose cette motion aujourd'hui.
Lors de la deuxième ronde de questions, j'ai redemandé à la ministre si elle s'engagerait à permettre au comité de jeter un coup d'oeil sur le mandat avant la relâche estivale, sachant pertinemment, et d'après les déclarations de la ministre elle-même, que le gouvernement a l'intention d'examiner le mandat de Radio-Canada. Plus avant dans mon intervention, je vais citer quelques-unes des déclarations de la ministre.
Reconnaissant à ce moment-là qu'il ne restait peut-être que trois semaines de session avant la relâche estivale, j'ai demandé à la ministre si elle s'engagerait à ce que le mandat soit présenté au comité pour qu'il puisse le commenter avant l'été. Elle a répondu qu'elle ne pouvait pas.
Pour assurer la crédibilité au processus, il est extrêmement important que le comité intervienne. C'est un problème de longue date. Le rapport Lincoln recommande l'examen du mandat de Radio-Canada et le gouvernement a indiqué qu'il procéderait à cet examen. La nouvelle ministre du Patrimoine canadien a dit avoir l'intention d'entamer le processus d'examen du mandat de Radio-Canada.
Nous sommes d'accord pour qu'il ait un examen, quels que soient la structure et la formule que la ministre décide d'utiliser, à condition qu'elles soient raisonnables. Le comité a unanimement dit à la ministre qu'avant qu'elle n'entame l'examen, il souhaite avoir la possibilité de faire des observations et des suggestions au sujet des détails de l'examen du mandat. Le comité en a fait rapport à la Chambre et j'ose espérer que son rapport sera adopté aujourd'hui.
Pour ma part, je suis gravement préoccupé par la question de savoir quels éléments figureront dans le mandat et lesquels n'y figureront pas. Certaines de mes préoccupations sont le résultat des propos exprimés par des députés d'en face, en particulier, l'opinion dissidente annexée au rapport Lincoln. Quiconque a suivi ce dossier saura de quoi je parle. Je ne fais pas de reproches au secrétaire parlementaire de la ministre. Il a droit à son opinion. Les députés conservateurs ont droit à leur opinion, mais les Canadiens et le Parlement aussi.
Le Parlement a toujours insisté pour être impliqué dans l'examen du mandat de Radio-Canada, ne serait-ce qu'en définissant les modalités de cet examen. C'est là le but de la réunion.
C'est également une question de démocratie et de respect du Parlement. Je ne veux pas dire que la ministre ne respecte pas la démocratie et le Parlement. Cependant, l'adoption par la Chambre du premier rapport du Comité du patrimoine aurait pour effet de renforcer la notion selon laquelle le Parlement et ses instruments, les comités permanents, ne doivent pas être pris à la légère.
Au cours des dernières années, le Comité du patrimoine, en particulier, s'est acquitté de tâches extrêmement importantes, dans un esprit de collaboration et de coopération. Tout porte à croire que le comité a l'intention de continuer à s'occuper des dossiers dont il est saisi d'une façon non partisane et objective, comme cela a été le cas pour le dossier de la radiodiffusion.
C'est déjà une bonne chose que la ministre ait entrepris, par l'intermédiaire du CRTC, un bref survol de la technologie, de son évolution et de son impact sur la radiodiffusion en général, et non seulement sur Radio-Canada. Cependant, il y aura un deuxième volet et nous demandons que le Comité du patrimoine, qui a examiné ce dossier bon an mal an, puisse formuler des observations et des recommandations sur les modlités d'examen du mandat de Radio-Canada.
Par le débat de ce matin, la Chambre réaffirme qu'elle tient à ce que son comité permanent, à qui elle délègue tous ces dossiers, soit impliqué et consulté dans le choix des modalités d'examen.
Je ne vois pas d'opposition de la part du gouvernement. Ce dernier a indiqué qu'il était en faveur. Ce que je sens, par contre, c'est que la ministre risque de manquer de temps avant la fin de la session et d'être poussée à amorcer l'examen sans que le comité ait eu la chance de s'exprimer.
Si la ministre n'est pas en mesure de consulter le comité avant la fin de la session au sujet des modalités d'examen, je ne verrais pas d'inconvénient à ce que le comité soit rappelé cet été, si le président du comité et les autres membres le veulent bien. Mon collègue, le secrétaire parlementaire, qui vient de l'Ouest du Canada, se dira peut-être que c'est un engagement facile pour moi parce que je vis ici et que je n'aurais pas à me déplacer bien loin, mais je serais disposé à rencontrer les autres membres du comité dans l'Ouest pour montrer la bonne volonté du comité et de la Chambre.
Je pense que, de façon générale, les parlementaires canadiens savent que la Radio-Canada est une institution importante qu'il faut soutenir et protéger. Si son mandat a besoin d'être ajusté, on pourrait le faire après avoir consulté le comité au sujet des modalités d'examen. Toutefois, si cela ne dépendait que de moi, tous les Canadiens auraient la possibilité de formuler des observations sur la voie que devrait suivre Radio-Canada.
On propose d'adopter le premier rapport du Comité permanent du patrimoine canadien afin d'aider la ministre et le gouvernement à comprendre à quel point le comité est sérieux quand il demande à être consulté pour établir les modalités ou la structure d'examen du mandat de Radio-Canada avant le commencement de cet examen. Les mots clés de la motion sont « avant le commencement de la révision du mandat ».
Tout ce que le comité demande, c'est que le gouvernement respecte sa volonté et, espérons-le, celle de la Chambre lorsqu'elle votera à ce sujet. Il demande aussi à être consulté, si possible avant la fin de la session, sinon avant le début du processus d'examen du mandat, peu importe quand ou comment.
:
Monsieur le Président, je n'étais pas préparé pour le présent débat. Le député a décidé de proposer cette motion d'adoption, présumément avec l'assentiment de son leader à la Chambre. Je répète que ce débat me paraît fâcheux et inopportun parce que la situation évolue et qu'il y a tellement d'autres questions dont nous pourrions débattre. Je constate que le député veut débattre de Radio-Canada. J'y suis disposé.
L'intervention de mon ami du NPD est tombée en plein dans le mille. Pendant une longue période, 13 ans, les libéraux n'ont pas cessé de serrer la vis à Radio-Canada, l'empêchant de planifier à long terme. Les libéraux ont conservé leur vision du mandat de Radio-Canada, sans lui donner les munitions et les ressources nécessaires pour s'acquitter de sa mission. La plupart d'entre nous ont gardé un souvenir très net de Radio-Canada. Un large fossé sépare ce que la SRC était de ce qu'elle est devenue.
Les libéraux ont constamment adopté une approche irréaliste. Ils se déclarent en faveur du statu quo, mais ils ont privé la SRC de ressources. Ils prétendent avoir une idée précise de l'orientation à donner à la SRC et, pourtant, ils n'ont jamais permis qu'elle se concrétise.
Fait à signaler, lorsque l'actuelle ministre du Patrimoine canadien siégeait au Comité du patrimoine au cours de la dernière législature, c'est elle qui a lancé le mouvement d'opposition contre le gouvernement libéral au sujet de la SRC et de bien d'autres questions. Qu'il s'agisse des droits d'auteur, d'autres médias électroniques ou quoi encore, c'est elle qui a mené la charge pour obtenir les changements que le gouvernement conservateur a maintenant la possibilité de mettre en oeuvre.
Un des problèmes, c'est que les libéraux fédéraux ont fini par mettre en péril, en raison de leur incompréhension de ce qui se passait sur le marché, non seulement la SRC, mais aussi toute l'industrie de la radiodiffusion. Cette industrie ne fonctionne pas en vase clos. Ses actionnaires sont les propriétaires de sociétés, les réalisateurs et les créateurs. Ses actionnaires sont nombreux, des dizaines de milliers, mais ils sont entièrement tributaires des gens, sur le marché, qui veulent se divertir, apprendre, s'informer et recevoir des messages d'intérêt public. Ces gens ont actuellement une vaste gamme de possibilités qui n'existaient tout simplement pas il y a à peine six mois.
Toute une génération de gens ne connaîtront probablement jamais le genre de radio et de télévision que vous et moi, monsieur le Président, avons connu. J'ai peut-être quelques années de plus que vous, monsieur le Président, je n'en suis pas sûr, mais nous appartenons à une génération qui commence à saisir la possibilité de changer l'heure d'écoute. Avec Bell ExpressVu ou Star Choice, il est possible de regarder une émission diffusée sur notre fuseau horaire à partir d'un canal de Halifax. Avec cette possibilité de changer l'heure d'écoute et un magnétoscope, nous avons découvert ce nouveau moyen fantastique d'accéder à l'information et au divertissement que nous désirons.
J'ai deux petits-enfants qui grandiront probablement sans la moindre idée de ce qu'est le magnétoscope à cassettes. Avec la possibilité de changer l'heure d'écoute, pourquoi auraient-ils besoin de ces appareils dans l'avenir? Grâce à ces appareils qui utilisent les signaux de télévision ordinaires, les gens peuvent maintenant faire des choix qui n'étaient pas possibles il y a quelques mois à peine.
On fait aussi du téléchargement en ligne sur iPod et sur d'autres appareils. Je ne sais pas ce que veut dire iPod, mais je sais que cet appareil est en train de révolutionner l'industrie de la radiodiffusion. Il permet de contourner le radiodiffuseur ordinaire. La société de radiodiffusion tire ses revenus de la publicité, revenus qui lui permettent d'offrir des services. Dans le cas de la télévision, les télédiffuseurs se disputent les téléspectateurs et, dans celui de la radio, les radiodiffuseurs se disputent des auditeurs. S'ils n'obtiennent pas de bonnes cotes d'écoute, les publicitaires trouvent une autre façon d'atteindre leur marché cible. Voilà comment l'industrie assure elle-même ses revenus.
Prenons l'exemple de la substitution de signaux identiques. Rien de plus simple. Dans mon fuseau horaire, l'émission Law & Order est diffusée à partir de Spokane. Par ailleurs, le réseau CTV fera en sorte que cette émission diffusée à partir de Spokane, à Washington, soit présentée à la même heure à Calgary, qui est dans un fuseau horaire différent.
Fait intéressant, si l'émission Law & Order est diffusée le mercredi à 20 heures, heure de Spokane, elle est transmise par CFCN, à Calgary, à 21 heures. Pourquoi? C'est simple, le radiodiffuseur sait qu'il captera un large auditoire, peut-être un-demi million de téléspectateurs, en présentant cette émission au Canada. L'acquisition des droits de diffusion lui permet de payer les ressources, les services et les compétences techniques, de poursuivre ses activités et, il l'espère, de dégager des profits.
La substitution de signaux identiques a réellement créé une base de revenus pour les sociétés canadiennes de l’industrie de la radiodiffusion qui présentent des émissions de divertissement. Qu’il s’agisse de l’émission susmentionnée, de Prairie Giant à CBC ou de Corner Gas, les Canadiens choisissent ce qu’ils veulent regarder et contribuent au nombre de téléspectateurs. Les radiodiffuseurs récoltent ensuite l’argent qui leur permet de rester en affaires.
Avec l’avènement de la radiodiffusion par satellite il y a environ six ans et ma capacité, en tant que consommateur, de voir ce que veux quand je le veux, tout cela m’importe peu. Si je veux voir Law & Order, je syntonise simplement le poste de Toronto affilié à CTV à l’heure qui me convient. Je peux changer les choses. Les annonceurs qui paient les messages publicitaires à CFCN de Calgary perdent donc un téléspectateur et si ma femme regardent la même émission que moi, cela fait deux personnes de moins qui regardent l’émission. C’était là une première.
Bien que ce soit grâce à la substitution de signaux identiques que nous avons pu créer une source de revenus pour les publicitaires, maintenant avec l’enregistreur personnel de vidéo, ou PVR, en plus de changer l’heure d’écoute, il est possible de supprimer les messages publicitaires. Les gens regardent les émissions, ils ont les yeux sur l’écran de télévision, mais cela n'apporte rien au publicitaire.
On est maintenant dans une situation où le placement de produit devient capital. Par exemple, au cours de l’émission Law & Order, quelqu’un peut boire un Coca-Cola, un Pepsi-Cola ou une autre boisson. Il est à peu près certain que le fabricant a payé pour que la vedette boive un Coca-Cola ou soit au volant d’une Ford, d’une GM ou d’une Chrysler. C’est là qu’il y a un changement, un changement radical.
C’est dans ce contexte que se situe l’idée d’aller de l’avant avec un examen par le CRTC, qui est idéal puisqu’il s’agit d’une organisation indépendante du gouvernement, un examen demandé par le gouvernement afin de savoir où nous nous situons actuellement et où nous pouvons aller dans l’avenir.
J’ai mentionné que les libéraux sont réputés pour tenir au statu quo ou croire qu’ils peuvent préserver le statu quo. Nous sommes prêts à regarder en avant pour voir où se situent le iPod, Internet et la radiodiffusion par satellite. À mon avis, ce n'est que lorsqu'on connaîtra vraiment les choix qui sont offerts aux Canadiens qu'il sera logique d’aller de l’avant avec un examen du mandat de la SRC.
J’ai l’impression qu’il y a une séquence à observer ici. J’ignore quand se fera l’examen du mandat de la SRC, mais si l’on fait les choses dans l’ordre, ce sera beaucoup plus logique que de procéder dans le vide. En tant que radiodiffuseur public, la SRC n’existe pas dans un vide. Elle existe dans un marché, les gens choisissent ce qu’ils regardent, les émissions de nouvelles ou de divertissement qu’ils veulent.
Radio-Canada a fait un travail remarquable dans la diffusion de certains événements. Lorsque je faisais partie du comité permanent, j'ai demandé si le réseau anglais de la SRC avait un rôle exclusif comme diffuseur des Jeux olympiques, par exemple. Après mon départ du comité permanent, CTV a remporté un appel d'offres contre le réseau anglais de Radio-Canada. J'avais alors demandé — et puisque nos paroles sont consignées, parlons-en — s'il était normal qu'un radiodiffuseur public, qui reçoit près de un milliard de dollars en subventions publiques, fasse concurrence à un radiodiffuseur privé, en l'occurrence CTV, dans un appel d'offres. La question s'était finalement réglée d'elle-même.
Hier, j'ai constaté à Canada AM que Brian Williams avait quitté Radio-Canada. Il a déclaré que c'était à regret, ce dont je suis sûr, mais qu'après environ 30 ans avec le radiodiffuseur public, il avait décidé d'aller travailler pour CTV afin d'animer sa couverture des Jeux olympiques. Ce départ montre que les choses bougent.
Qu'y a-t-il dans le mandat de Radio-Canada au sujet des grands événements sportifs comme le hockey de la LNH, les finales de la coupe Stanley, les Jeux olympiques? Il y a une façon très logique d'examiner ce qui se passe sur le marché.
La ministre s'est engagée à entendre l'avis du comité sur tout type d'examen qu'il convient de faire subir ou pas à la SRC. En réponse à une question que le député d'Ottawa—Orléans a posée le 1er juin, il s'en souviendra, la ministre a déclaré:
[...] je compte sur le fait que votre comité a l'intention de jouer un rôle très positif dans notre examen de la question et sur le fait que la SRC aura l'occasion d'informer et de consulter le public canadien sur le rôle et le mandat qui devrait être celui du radiodiffuseur public.
Comme vous le savez [...] j'ai discuté avec votre président des diverses façons dont votre comité peut apporter sa participation et sa contribution au gouvernement pour examiner cette question de façon très positive, efficace et rapide.
On voit bien que le député agit par intérêt pour la SRC, ce qui me fait plaisir — d'ailleurs la ministre et moi-même partageons cet intérêt —, mais avec tout le respect que je dois au député, n'y a-t-il pas autre chose au Feuilleton que nous devons étudier? Cette question a déjà été traitée.
Je suis heureux que le comité désire ardemment jouer un rôle utile et apporter sa contribution à notre examen de la SRC. C'est une bonne chose qu'il consulte la population pour savoir quel rôle devrait jouer le radiodiffuseur public à l'avenir, selon les Canadiens. Malheureusement, je ne saisis pas ce que le député trouve difficile à comprendre dans notre réponse. C'est une réponse de trois lettres: o-u-i. Oui, nous sommes prêts à le faire. Le moment venu, la ministre s'est engagée à permettre au comité de participer. Qu'y a-t-il d'autre à dire?
Notre gouvernement examine toute la question par étapes. Nous tenons compte du fait que la SRC ne fonctionne pas en vase clos. La SRC, le radiodiffuseur national du Canada, est un sujet de débat valable à la Chambre, mais en discuter à cette étape de notre étude n'est pas une utilisation efficace de notre temps.
Je reviens à notre ami du NPD. Il a parlé du service en régions éloignées. L'un des défis que doit relever la SRC est l'arrivée de la télévision à haute définition. Il faudra des milliards et des milliards de dollars pour moderniser tout le réseau des antennes de radiodiffusion. La SRC n'est pas la seule à se trouver dans cette situation. C'est vrai aussi pour les autres radiodiffuseurs. En prenant le temps de bien faire les choses, trouvera-t-on une façon plus imaginative d'utiliser la radiodiffusion par satellite? Le fait est que les signaux peuvent actuellement être reçus par les deux transpondeurs dans l'espace extra-atmosphérique. Y a-t-il une manière plus efficace de nous y prendre, et y aurait-il moyen d'utiliser les fournisseurs de signaux par satellite déjà en place?
Ce ne sont que quelques exemples de toutes les questions possibles. Il n'y a pas de doute que la ministre a l'intention d'examiner les choses par étapes et, le moment venu, d'examiner aussi le mandat de la SRC.
:
Monsieur le Président, je tiens, pour commencer, à rappeler que c'est le principe de précaution qui inspire ce débat. On parle de quelque chose de très important, soit les communications. On sait le rôle que jouent les communications en démocratie. On sait également qu'à partir du moment où on laisse aller aux mains de la propriété privée une institution publique à l'instar de la télévision de Radio-Canada dans une démocratie — la nôtre en l'occurence —, il y a de grands risques de contrôle des masses, il y a des grands risques de contrôle de la communication, de l'information et du contenu par des ambitions qui sont loin d'être les préoccupations primaires de la population que nous représentons ici.
Je tiens à rappeler la motion dont il est question:
Que le Comité permanent du Patrimoine demande à la ministre du Patrimoine, avant de se commettre dans la révision du mandat de la SRC-CBC, de se conformer à la motion qu’elle a elle-même fait adopter lors de la 38e législature, et qui se lit en partie comme suit: « Que le gouvernement, en établissant ce groupe de travail indépendant, prenne l’avis des membres du Comité permanent du Patrimoine canadien ». De plus, que la possibilité soit offerte au Comité permanent du Patrimoine canadien de revoir et de proposer des modifications aux termes du mandat de la SRC–CBC avant le commencement de la révision du mandat et, que le président fasse rapport de cette motion à la Chambre des communes.
Cela a été fait. Je tiens à souligner que le Bloc québécois est favorable à cette motion. Le contexte dans lequel s'inscrit la motion du comité est celui-ci: le 16 mai 2006, le Comité permanent du patrimoine canadien votait une motion enjoignant la ministre de tenir compte de l'avis des membres du comité dans la révision du mandat de Radio-Canada. Cette demande répondait à une motion de la 38e législature de l'actuelle ministre du Patrimoine canadien, alors membre du comité et porte-parole de l'opposition officielle. Cela étant, la présente motion s'inscrit aussi dans un double contexte: la révision à l'automne de la licence de Radio-Canada par le CRTC, d'une part, et l'intention de la ministre de créer un comité indépendant qui reverra le mandat de Radio-Canada, d'autre part.
Il est surprenant de constater que cette députée qui reconnaissait et revendiquait une expertise du Comité du patrimoine canadien est la même personne pour qui ce n'est pas dans le mandat du comité d'étudier la mission de Radio-Canada. Ce sont sans doute là les effets secondaires de l'exercice du pouvoir.
Le directeur des communications de la ministre a déclaré en avril dernier, et je le cite: « Ce n'est pas la fonction du comité parlementaire de réfléchir à une entité du gouvernement. »
Non seulement cet homme erre-t-il en déclarant une pareille chose, mais il témoigne d'un mépris à l'égard d'un comité d'élus auquel sa patronne avait assidûment contribué. Je crois que cette volonté d'écarter le Comité du patrimoine canadien de la révision du mandat de Radio-Canada nous en dit énormément. Qu'a-t-on à cacher? À quelles conclusions téléguidées veulent en venir les conservateurs? La question se pose. Ce que je crois, c'est qu'avant même que les travaux que ce comité doit entreprendre aient débuté, les conservateurs ont déterminé les recommandations qu'ils veulent recevoir.
Revenons-en au contexte et au fait que le CRTC doit incessamment renouveler la licence de Radio-Canada. Lorsque le CRTC examine la demande de renouvellement de la licence de Radio-Canada, il le fait en fonction de la Loi sur la radiodiffusion.
Celle-ci prévoit, à l'article 3, ce que doit être le mandat de Radio-Canada dans la politique canadienne de radiodiffusion. L'extrait qui suit est tiré de l'article 3 de la loi, que je cite:
[...] l) la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit;
m) la programmation de la Société devrait à la fois :
(i) être principalement et typiquement canadienne,
(ii) refléter la globalité canadienne et rendre compte de la diversité régionale du pays, tant au plan national qu’au niveau régional, tout en répondant aux besoins particuliers des régions,
(iii) contribuer activement à l’expression culturelle et à l’échange des diverses formes qu’elle peut prendre,
(iv) être offerte en français et en anglais, de manière à refléter la situation et les besoins particuliers des deux collectivités de langue officielle, y compris ceux des minorités de l’une ou l’autre langue,
(v) chercher à être de qualité équivalente en français et en anglais,
(vi) contribuer au partage d’une conscience et d’une identité nationales,
(vii) être offerte partout au Canada de la manière la plus adéquate et efficace, au fur et à mesure de la disponibilité des moyens,
(viii) refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada; [...]
Notons en passant que, contrairement à l'affirmation du président du conseil d'administration de Radio-Canada, M. Guy Fournier, il n'est nulle part fait mention, dans la Loi sur la radiodiffusion, d'un quelconque rôle en faveur de l'unité canadienne. Le reflet de la globalité canadienne exprimée au Québec, c'est aussi la reconnaissance du souverainisme.
Or, comme le soulignait le 29 mai dernier l'ancien premier ministre du Québec, M. Jacques Parizeau:
Il est faux de prétendre que le mandat de Radio-Canada est « nécessairement » de défendre l'unité du pays parce que c'est une société d'État fédérale.
Et je le cite:
Ce n'est pas nécessairement ça. Par exemple, Télé-Québec n'a pas comme mandat de défendre la souveraineté du Québec. Radio-Canada n'a pas nécessairement un mandat de défendre l'unité canadienne.
Il continuait:
Si c'est ça qu'on a en tête, dites-le, écrivez-le, qu'on sache à quoi s'en tenir.
Ce comité, préconisé par la ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine, devrait proposer des changements au mandat de Radio-Canada et, du coup, modifier la Loi sur la radiodiffusion. Puisque le mandat est inscrit dans la politique canadienne, cela doit se faire. Ce serait inadmissible que le comité ne puisse s'en mêler, aux yeux non seulement des représentants du peuple ici, mais du peuple dans son entièreté.
Il est inadmissible, aux yeux de la députée de l'opposition qu'elle fut lors de la 38e législature, de concevoir une telle chose. C'était sa position lors de cette 38e législature, c'était aussi sa position quand elle défiait ici même l'ex-députée de Jeanne-Le Ber.
Nous constatons, à la lumière du message qu'elle nous envoie, qu'une fois passé au pouvoir, une fois sorti de l'opposition, les perspectives changent. De plus, je rappelle que c'est un devoir, pour nous, de tenir ce débat ici même parce que nous avons des préoccupations, qui ne sont probablement pas les leurs; cependant, en tant qu'élus, nous nous devons d'anticiper l'imprévisible.
Il apparaissait important au Comité permanent du patrimoine canadien d'étudier le mandat de Radio-Canada lors de la 38e législature.
Puisque nous connaissons la vision des conservateurs à propos de Radio-Canada, il nous apparaît essentiel de le faire, mais en collégialité, sans exclusion.
Pourquoi doit-on être vigilants à l'endroit des conservateurs dans ce dossier? Qu'on me permette de lire un extrait du rapport dissident de l'Alliance canadienne sur la radio et la télévision de Radio-Canada:
L'Alliance canadienne fait remarquer le rôle historique que CBC et la SRC ont joué dans la vie des Canadiens et l'investissement que les contribuables canadiens ont toujours effectué.
L'Alliance canadienne maintiendrait le financement à long terme de la radio du radiodiffuseur public national.
Les députés de l'Alliance canadienne l'ont dit et l'ont répété. Ils sont là pour soutenir, et c'est une bonne chose. Cependant, allons plus loin:
L'Alliance canadienne tient à souligner la figure 4.13 du rapport Notre souveraineté culturelle. La part de l'auditoire du réseau anglais de la SRC est passée de 34,9 % en 1969 à 7,6 % en 2001-2002, ce qui est très révélateur.
Ce sont eux qui parlent.
Une analyse plus exhaustive nous amène à conclure à une fragmentation sans précédent de l'auditoire. Tout porte à croire que cette fragmentation s'intensifiera considérablement dans un avenir prévisible.
Ce sont eux qui parlent.
Étant donné cette fragmentation, il n'est plus possible de maintenir la position qui est expliquée dans Notre souveraineté culturelle et qui considère encore que la SRC constitue la pierre angulaire de la radiodiffusion au Canada.
Ce sont eux qui parlent.
Un récent sondage effectué par Compas montre que les Canadiens font autant confiance à CTV, à TVA et aux chaînes spécialisées qu'à la SRC. Selon l'Alliance canadienne, ces résultats signifient que les Canadiens ne considèrent plus que la SRC est l'unique rempart protégeant la culture et l'identité à la télévision.
Ce sont eux qui parlent.
La SRC partage maintenant ce rôle avec d'autres radiodiffuseurs, dont les chaînes spécialisées.
De plus, on dit:
Compte tenu des percées technologiques importantes, des choix offerts aux téléspectateurs et du fait qu'il faut retirer au gouvernement son rôle commercial dans ce domaine, nous restructurerions la télévision de la SRC.
Ce sont eux qui parlent.
La participation de la SRC dans la radiodiffusion des Jeux olympiques et des activités du sport professionnel constitue un exemple typique. Si la SRC se lance sur le marché commercial, pourquoi la direction devrait-elle subir les pressions politiques avec lesquelles elle a dû composer récemment?
Ce sont eux qui posent la question.
Cela est possible uniquement parce qu'il s'agit de l'argent des contribuables, ce qui signifie simplement que la SRC — même si ses dirigeants n'en sont nullement responsables — peut utiliser l'argent des contribuables pour concurrencer les radiodiffuseurs privés.
Je continue toujours en les citant:
Étant donné ces réalités, l'Alliance canadienne est convaincue qu'il est temps de réévaluer l'importance de la télévision au sein de la SRC. Dans son rapport, le Comité peut prétendre que la SRC est essentielle, mais les faits ne le justifient pas.
Ce sont eux qui parlent.
Si vous examinez la figure 4.17, vous pouvez constater que la majorité des émissions canadiennes sont diffusées par des réseaux privés.
Ce sont eux qui parlent.
Il est vrai que la SRC attire un grand nombre de ses téléspectateurs grâce à ses émissions de sport, qui pourraient cependant être offertes par les réseaux privés.
Ce sont eux qui parlent.
Si nous ne tenons pas compte des émissions de sport, la part d'auditoire de la SRC serait inférieure à 5 %.
Voici la conclusion de leur position — ce sont eux qui parlent:
Nous réduirions considérablement la subvention de fonctionnement de la SRC en commercialisant son secteur de la télévision.
L'Alliance canadienne envisagerait d'affecter, aux programmes de subventions et de crédits d'impôt nouveaux ou déjà en vigueur, une partie des fonds accordés actuellement au secteur de la télévision de la SRC, l'objectif étant d'appuyer les Canadiens réalisant des films et des émissions pour la télévision.
Cela fait peur. Cela mérite une attention soutenue — c'est pourquoi je parlais de principe de précaution en liminaire —, surtout en tenant compte du fait que ce rapport dissident du rapport Notre souveraineté culturelle était signé par l'adjoint parlementaire de la ministre qui siégerait vraisemblablement au comité que celle-ci a l'intention de mettre sur pied.
Le Bloc québécois est en faveur d'un financement adéquat de la radio et de la télévision publiques. Encore une fois, si nous appuyons cette motion, nous rappelons que les libéraux n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère.
Il y a à peine un peu plus d'un an, les affaires publiques y goûtaient. En effet, au début de février 2005, on apprenait que la Société Radio-Canada imposait des restrictions additionnelles de 13 millions de dollars à la télévision française de Radio-Canada, soit 6 millions de dollars à la télévision générale, 3 millions de dollars au soutien et aux régions, 400 000 $ aux régions incluant le Québec et 4 millions de dollars à l'information.
Ces restrictions n'émanaient pas de coupes du gouvernement fédéral, mais essentiellement de diminutions liées aux revenus publicitaires et aux réaménagements internes.
Le budget de l'information de la télévision était de 64 millions de dollars pour l'année 2004-2005. Les compressions budgétaires annoncées sont donc de l'ordre de 6,5 p.100.
En termes d'emplois, d'après Daniel Raunet, alors président du Syndicat des communications de Radio-Canada, les suppressions de postes ont touché à ce jour deux reporters spécialisés, cinq reporters nationaux, un recherchiste et trois assistants à la réalisation aux affaires publiques de la télévision, affectant les émissions Zone Libre, La Facture, Justice et Second Regard. Ces superbes émissions ont été affaiblies par ces suppressions.
L'impact de ces restrictions a été très important sur la production de reportages aux affaires publiques de la télévision.
En effet, on supprimait 5 des 26 postes de reporters nationaux, soit 19,2 p. 100 des effectifs; 2 des 20 postes de reporters spécialisés, soit 10 p. 100 des effectifs. Au total, 15,2 p.100 des effectifs journalistiques des émissions d'affaires publiques ont été supprimés.
Il faut donc conclure que nous dénonçons aussi ces coupes, mineures pour la SRC et majeures pour l'information, et que nous souhaitons que la ministre rappelle à la SRC son mandat.
L'argument selon lequel des coupes au budget de l'information vont à l'encontre du mandat de Radio-Canada est démontré dans la deuxième partie de la Loi sur la radiodiffusion.
La Loi sur la radiodiffusion de 1991 stipule que:
l) la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit;
La position rendue publique lors d'une conférence de presse le jeudi 10 février 2005 va tout à fait en ce sens. Ainsi peut-on lire dans un texte de Pierre Saint-Arnaud de la Presse canadienne:
Les employés des affaires publiques et de l'information de la Société Radio-Canada (SRC) dénoncent les compressions annoncées au service de l'information de la télévision et demandent à la société d'État d'y surseoir.
Ils réclament du même coup du gouvernement fédéral un financement récurrent et adéquat de la télévision d'État.
[Le] président du SCRC, Daniel Raunet, [...] a rappelé que la Loi sur la radiodiffusion oblige la SRC à offrir une programmation qui renseigne, éclaire et divertit, et déplore que le volet divertissement semble le seul qui préoccupe la direction.
Il est possible que dans l'hypothèse où on laisse aller ce gouvernement seul dans ce dossier, on se retrouve avec un bateau à la dérive, un bateau qui ne remplirait absolument plus son mandat. C'est pourquoi nous soutenons cette motion. C'est pourquoi nous allons nous battre pour donner notre point de vue sur le chantier qui s'engage.
:
Monsieur le Président, j'ai l'honneur aujourd'hui de prendre la parole au sujet de cette motion. Les députés se demandent pourquoi elle a été présentée à la Chambre. Je pense que c'est une motion importante parce que des décisions sont en train d'être prises concernant l'avenir de la radiodiffusion, l'avenir des télécommunications et même l'avenir de la SRC hors de la portée du Parlement.
Les Saintes Écritures disent que les oeuvres infructueuses des ténèbres doivent être manifestées par la lumière. Compte tenu des orientations prises par le gouvernement, le présent débat nous donne l'occasion d'informer les Canadiens au sujet des questions soulevées et des changements fondamentaux qu'est en train d'effectuer le gouvernement concernant la radiodiffusion.
Nous parlons du rôle d'un diffuseur public par rapport à celui d'un diffuseur privé. On dit parfois que, si les diffuseurs privés étaient autorisés à prendre la relève, ils pourraient faire le travail aussi bien. Puisque je suis un ancien musicien et que j'ai voyagé un peu partout au pays pendant 20 ans, je peux dire à la Chambre que personne n'adhère plus à l'approche reposant sur les lois du marché que les musiciens, parce que c'est ainsi que nous gagnons notre vie.
Nous croyons en un marché libre et ouvert, mais nous avons parfois besoin de l'État pour le réglementer, de manière à ce qu'il demeure bel et bien libre et ouvert. Qu'il s'agisse de musiciens ou de produits agricoles que l'on veut mettre sur les rayons des épiceries, nous savons que le problème de nos marchés à l'heure actuelle est qu'ils n'offrent pas l'accès et le choix demandés par les consommateurs.
Je vais vous raconter deux histoires. J'avais 19 ans. Comme j'étais beau et jeune! Notre groupe faisait une tournée du pays, avec des concerts à Ottawa, Montréal, Halifax et Toronto. Partout où nous allions, la salle se remplissait d'étudiants universitaires, parce que notre disque jouait dans les radios universitaires.
Un soir, nous jouions ici même, à Ottawa, au vieux Roxy Club, sur la rue Elgin. Nous étions interviewés par la grande station de radio FM d'Ottawa, qui appartenait essentiellement à la même chaîne de radio FM que les stations semblables de Toronto, Montréal et Halifax. Au cours de l'entrevue, j'ai demandé pourquoi l'entrevue avait lieu, puisque notre disque ne jouait pas sur les ondes de cette station. On me dit alors que la station ne permettait pas qu'on fasse jouer notre musique, tout comme celle d'autres groupes, parce qu'elle avait une liste préparée à l'avance de morceaux qu'elle était autorisée à faire jouer.
Les choses ont un peu changé au cours des 20 dernières années, mais pas beaucoup. Il y a très peu d’entreprises de radio au Canada et elles diffusent à partir de listes. Si un orchestre a la chance de figurer sur cette liste, il s’en sortira assez bien grâce aux redevances, ce que nous appuyons bien sûr en tant que néo-démocrates.
Le problème est qu’il s’agit d’un marché très fermé et que la décision de diffuser un artiste sur les ondes plutôt qu’un autre est très arbitraire. Par conséquent, lorsque nous parlons de la fragmentation des marchés de la radio, de nombreux jeunes cessent d’écouter la radio parce qu’ils peuvent trouver, grâce à d’autres sources, la musique qu’ils veulent entendre.
Je vais passer de la radio privée à la radio publique. Mon dernier groupe, les Grievous Angels, était considéré comme un groupe local jusqu’à ce que nous soyons interviewés par Peter Gzowski. À la suite de cette interview, nous sommes devenus un groupe national parce que des gens de tout le pays écoutaient cette émission. Cette interview nous a permis de vendre nos CD de Prince George, en Colombie-Britannique, jusqu’à Halifax et nous avons obtenu des engagements.
C’est le rôle que devrait jouer un radiodiffuseur public. Il a pour mission de faire connaître aux Canadiens des nouveaux sons et des nouvelles idées, parfois même des idées controversées. C’est grâce à la radiodiffusion publique que les consommateurs peuvent entendre des idées nouvelles et de nouveaux sons. C’est un rôle que les radiodiffuseurs privés ne peuvent pas jouer et ne joueront pas.
Est-ce que la SRC s’acquitte de sa mission aussi bien qu’elle le devrait? Certainement pas. Nous savons qu’il y a de gros problèmes à la SRC et le Nouveau Parti démocratique en parle depuis plusieurs années. Il n’est pas exagéré de dire que la SRC est plus ou moins en crise. Elle a été sous-financée pendant des années, à tel point qu’elle a perdu de nombreux auditoires internationaux qui avaient l’habitude de regarder la télévision de la SRC en soirée. Ces marchés ont disparu. Ils sont passés aux radiodiffuseurs privés.
La télévision privée cherche à rejoindre un auditoire local et régional, mais nous perdons notre identité dans les régions rurales lorsque nous ne pouvons pas entendre notre propre voix. Il n’y a rien de pire et cela me met hors de moi, quand je suis sur la route, à l’extérieur de Cochrane, en Ontario, et que j’entends l’émission de l’après-midi qui est diffusée à partir de Toronto. Ce n’est pas ce que je veux entendre. Je veux entendre les voix de ma région. Je veux entendre les discussions des gens de chez moi.
Il y a eu un problème. Le sous-financement de la SRC, année après année, dont s’est rendu coupable l’ancien gouvernement, a placé la SRC dans une situation très difficile. C’est une question dont nous avons discuté au Comité du patrimoine.
Nous avons soulevé ces questions. Nous avons demandé au président de la SRC un plan pour le rétablissement des programmes régionaux. Nous avons demandé à la SRC de s’attaquer au problème de l’absence de contenu dramatique dans sa programmation. Nous avons posé des questions quant au rôle que la SRC joue dans la promotion des films. Nous voyons que Radio-Canada joue un rôle important sur le marché du Québec. Pourtant, sur le marché anglophone, le réseau anglais ne joue pas un rôle similaire. Nous avons commencé à soulever ces questions au Comité du patrimoine.
Une autre question que nous devons soulever est celle du système de favoritisme à la SRC.
[Français]
Maintenant, nous sommes aux prises avec une situation où le président de CBC met le personnel de Radio-Canada en lock-out, réduit le contenu canadien et ignore les directives du CRTC. En outre, le président ne doit rendre compte à personne de ses actions.
Radio-Canada est la seule société de diffusion publique au monde dont les dirigeants ont fait l'objet de nominations politiques.
[Traduction]
Nous devons mettre un terme au népotisme à la SRC. Année après année, des gens très compétents ont siégé au conseil d'administration de la SRC, mais on y trouve également beaucoup d'amis du parti au pouvoir. Soyons honnêtes. Depuis la création de la SRC, 89 p. 100 des personnes nommées au conseil d'administration avaient des liens avec le parti au pouvoir. Nous demandons qu'on mette un terme à ce système. Nous réclamons une meilleure responsabilisation.
Devrait-il y avoir une révision du mandat de la SRC? Oui, c'est très important. Nous devons nous pencher sur ces problèmes fondamentaux. En tant que néo-démocrates, nous nous demandons s'il est possible d'avoir confiance dans le plan gouvernemental de révision du mandat si nous n'avons pas notre mot à dire. Au cours du dernier lock-out à la SRC, l'actuelle ministre du Patrimoine canadien a déclaré qu'elle ignorait si le réseau anglais avait même manqué à qui que ce soit ou si des gens avaient même remarqué l'absence de ce service. L'actuelle leader du gouvernement conservateur au Sénat voulait que la SRC ne reprenne pas ses émissions, car elle n'appuyait pas ses opinions politiques.
On nous dit de ne pas nous inquiéter, de faire confiance au gouvernement, de le laisser régler cette question à l'extérieur du Parlement et du Comité du patrimoine canadien. On nous dit que le gouvernement va aller de l'avant et prendre des décisions qui pourraient modifier fondamentalement la SRC. Mon collègue, le secrétaire parlementaire, a précisé très clairement sa position relativement à la SRC en déclarant ceci lorsqu'il était porte-parole du Parti réformiste en matière de patrimoine:
Monsieur le Président, à propos de la SRC, le Parti réformiste a une vision très claire d'une radio financée par l'État et d'une télévision financée par le secteur privé.
Ainsi, peut-on s'attendre à ce que le Comité du patrimoine canadien reste les bras croisés alors qu'on procède à une révision du mandat qui pourrait avoir des conséquences profondes sur l'avenir de la radiotélédiffusion? Est-il raisonnable de s'attendre à ce que le Comité du patrimoine canadien laisse tomber les demandes qu'il a soumises à la direction de la SRC pour qu'elle nous fasse part de ses projets en matière de programmation régionale et de contenu dramatique? Le Comité du patrimoine canadien devrait-il céder sa place pour que cet autre organisme puisse prendre les décisions?
Nous devons nous pencher sur les répercussions de la crise à la SRC sur l'ensemble des médias. Comme notre collègue conservateur l'a dit, la SRC n'existe pas en vase clos. Il a raison. Nous sommes confrontés à de nombreuses questions qui se posent relativement à l'avenir de la radiodiffusion au Canada. Je le répète, il doit y avoir un examen exhaustif. Qui est mieux placé que le Comité du patrimoine canadien pour procéder à cet examen? C'est notre rôle.
Nous sommes maintenant confrontés à des questions touchant un examen du mandat au CRTC au sujet du renouvellement des licences de radiodiffusion des radiodiffuseurs privés. Ces derniers ont-ils fait en sorte d'accroître le contenu canadien dans leurs émissions dramatiques? Non, pas du tout. En fait, je tiens à signaler qu'ils n'ont pas fait grand-chose de bon à cet égard.
La décision rendue par le CRTC en 1999 a changé les règles applicables aux émissions dramatiques. Les radiodiffuseurs privés ont alors dit: « Faites-nous confiance. Changez les règles, assouplissez-les, rendez-nous la vie plus facile et nous présenterons les meilleures émissions dramatiques possibles au public canadien. » Ces temps-ci, en zappant d'une station à l'autre, à une heure de grande écoute, on s'aperçoit rapidement que les produits canadiens sont pratiquement absents des ondes.
En quoi les modifications du CRTC qui visent les diffuseurs privés affecteraient-elles leurs obligations en matière d'utilisation des ondes publiques? Et c'est là la question. Il s'agit d'ondes publiques et d'entreprises privées qui, en utilisant ces ondes, ont une responsabilité à l'égard des Canadiens.
Voici la question que je pose. Quel impact aura l'examen des licences des diffuseurs privés par le CRTC sur l'avenir de la télévision? Comment l'examen du mandat de la SRC affectera-t-il notre capacité d'assurer la survie d'un radiodiffuseur public dynamique et vigoureux?
Mon autre question concerne le rôle du Canada à l'échelle internationale, aux négociations de l'AGCS à Genève. Nous nous sommes permis de prendre l'initiative et d'encourager les autres pays à supprimer toutes les limites imposées au contenu étranger dans la radiodiffusion et les télécommunications. Au Canada, en raison de la convergence, dans le monde des télécommunications, ce sont les fournisseurs de services téléphoniques qui produisent également les bulletins de nouvelles à la télévision. Il est donc impossible de suggérer une séparation de ces deux secteurs.
Il faut donc se poser la question suivante: d'où vient le mandat de nos négociateurs commerciaux à Genève? Vient-il du gouvernement dont le ministre de l'Industrie, lorsqu'il était dans le privé, frayait avec ce groupe de réflexion de droite de Montréal, qui préconisait la suppression de toutes les restrictions imposées à la propriété étrangère dans les télécommunications?
Nous venons de voir les instructions du ministre de l'Industrie qui ont été communiquées aux députés et aux sénateurs aujourd'hui au sujet des télécommunications, du CRTC et de l'orientation du gouvernement. Aujourd'hui même, le ministre a dit:
Les instructions proposées en matière de politique enjoignent au CRTC de miser sur le libre jeu du marché autant que possible et d'adopter des règlements, dans les cas où cela est encore nécessaire, d'une manière qui gêne le moins possible les forces du marché.
Voilà les consignes que le ministre a données aujourd'hui. On peut s'imaginer qu'il donne les mêmes à nos négociateurs commerciaux qui sont à Genève. Voici la question qui se pose: si le gouvernement croit que nous devons permettre aux forces du marché d'avoir un accès accru au secteur des télécommunications, d'où vient ce besoin? Il n'y a pas une seule entreprise de télécommunications au Canada qui se rapproche même un peu des limites en matière de propriété étrangère.
En fait, si on jette un coup d'oeil au rôle que jouent les télécommunications au Canada, nos entreprises ont fait un bien meilleur travail pour les consommateurs, notamment pour desservir les régions rurales, pour fournir un service adéquat et pour offrir, dans les régions rurales du pays, le service à large bande donnant accès à Internet haute vitesse. C'est nettement mieux que ce que font les concurrents aux États-Unis.
Le gouvernement nous donne la directive de laisser autant de latitude que possible aux forces du marché dans le secteur des télécommunications. J'aimerais lire aux députés un extrait d'une étude d'orientation sur la position du Canada en matière de télécommunications.
Comme suite aux engagements pris à l'OMC et dans le cadre de l'AGCS, parmi les pays de l'OCDE, le Canada a [déjà] un des marchés les plus ouverts et les moins réglementés en matière de télécommunications.
Le Canada a [déjà] unilatéralement accepté ceci:
mettre fin au monopole de Téléglobe Canada sur le trafic transcontinental [...]
mettre fin aux restrictions spéciales touchant à la propriété de Téléglobe qui interdisent aux opérateurs de télécommunications étrangers d’investir et qui limitent les investissements de Stentor [...]
autoriser la propriété étrangère à 100 p. 100 et le contrôle d’atterrissage des câbles sous-marins internationaux au Canada [...]
autoriser la propriété étrangère à 100 p. 100 et le contrôle des services par satellites mobiles utilisés par un prestataire de services canadien [...]
mettre fin au monopole de Télésat sur les services par satellites fixes au 1er mars 2000 [et] autoriser l'utilisation de tout satellite étranger pour fournir des services [...] aux Canadiens [...]
À l'heure actuelle, le seul élément qui reste à négocier est le fait que nous avons toujours une limite de 46,7 p. 100 pour la propriété étrangère des entreprises de télécommunications. Voilà la question au sujet de laquelle nos négociateurs à Genève tentent de faire des compromis.
Quelle est l'orientation du gouvernement dans le domaine des télécommunications? Comme les télécommunications et la radiodiffusion ne font qu'un et que nous demandons aux autres pays de renoncer aux restrictions qu'ils imposent sur la propriété étrangère, le gouvernement devra forcément respecter le principe de la réciprocité commerciale. Cela veut dire qu'il est prêt à renoncer à nos restrictions en matière de propriété étrangère dans le domaine de la radiodiffusion.
Une telle chose est lourde de conséquences, parce que la politique canadienne en la matière a toujours été la même. Le Parlement a maintenu un cap constant, estimant que la maîtrise des ondes est une dimension fondamentale de la souveraineté canadienne. Tout cela est maintenant sujet à changement.
Nous voilà face à un gouvernement qui a suscité énormément de doute quant à son engagement envers l'avenir de Radio-Canada et qui envisage à présent de tenir un examen en dehors du cadre parlementaire et du Comité du patrimoine. Les radiodiffuseurs, de leur côté, commencent à faire des déclarations sur la radio et la télévision et à poser d'importantes questions sur les obligations auxquelles ils seront tenus en matière de respect du contenu canadien.
À l'issue des négociations commerciales qui se déroulent actuellement à Genève, AT&T, qui n'est pas commercialement présente au Canada, pourrait avoir la possibilité d’acquérir Bell Globemedia. Il est totalement absurde de prétendre que nous parviendrons à maintenir nos normes de contenu national quand nous sommes pris d'assaut par de grandes multinationales américaines qui n'ont même pas à assurer de présence commerciale chez nous. Il est absurde de prétendre que nous allons pouvoir maintenir les politiques actuelles.
L'autre problème est celui de la convergence des nouveaux médias. Où va-t-on avec cela? On ne sait pas exactement ce que le Canada va faire face à la poussée de la culture du numérique. La culture du numérique, c'est l'avenir.
Je vais vous en donner un exemple. Après les élections et après mon absence prolongée du foyer, mon épouse et les enfants ont décidé de faire installer la télévision par câble, à l'encontre de mes désirs les plus chers. Elle n'est jamais allumée. Mes enfants sont de l’âge du numérique. Ils ne regardent pas la télévision, ils sont branchés sur Internet. C'est cela leur culture et leur sens de l’identité. Où se situe donc le Canada face à cette culture du numérique?
Lors de la 38e législature, le sénateur Lapierre a déposé un rapport sur l'avenir de la culture canadienne en ligne qui ramasse la poussière sur une tablette. Pourtant, il renferme un saisissant et puissant appel en faveur de la défense des droits des citoyens de l’Internet. Le Canada devrait prendre la tête du mouvement du numérique pour que la prochaine génération, qui n'écoute pas la radio et ne regarde pas la télévision, puisse découvrir en ligne l'identité, la politique et la culture canadienne. Nous ne devons pas rester sur la touche.
Tout ce que je veux dire par là, c'est que nous assistons à la convergence d'un grand nombre de dossiers qui vont échapper à la surveillance du Parlement. On nous dit de faire confiance au gouvernement. Eh bien, je suis désolé, mais je n'ai pas confiance en lui. J'estime que ma responsabilité de porte-parole du NPD en matière de patrimoine consiste à travailler au sein du Parlement et à étudier les changements fondamentaux qui sont susceptibles de modifier le paysage culturel canadien du XXIe siècle.
Faut-il revoir le mandat de la SRC? Oui, absolument. Faut-il revoir son mandat en ce qui concerne les télécommunications ainsi que le contenu culturel et dramatique canadien présenté à la télévision? Oui, absolument. Il faudra pour cela adopter un point de vue global, et je crois que cela ne sera possible qu'au Comité du patrimoine. Voilà pourquoi, au comité, nous essayons d'entreprendre l'étude de plusieurs de ces questions depuis le début de la nouvelle législature. Or, il semble que chaque fois que nous abordons le sujet, et cela s'est produit l'autre jour, on nous demande ce que nous pourrions bien apprendre en nous penchant sur la question de la télévision.
Il est très clair que le gouvernement connaît l'importance des enjeux concernant la télévision. J'estime qu'il fait preuve de mauvaise fois lorsqu'il demande aux membres du comité de passer à autre chose et qu'il veut savoir pourquoi, en tant que critiques en matière de patrimoine, nous ne nous intéressons pas à d'autres sujets. Nous nous intéressons à tous les champs d'activité de Patrimoine canadien. Il y a de nombreuses questions qui méritent notre attention, mais le problème, c'est que nous manquons de temps.
L'idée que j'essaie de promouvoir auprès des autres partis est que nous devons aborder les changements fondamentaux qui se dessinent à l'horizon. Si nous dormons aux commandes pendant que les décisions importantes sont prises par les négociateurs à Genève ou encore par les lobbyistes conservateurs en coulisses, il ne sera pas possible de revenir en arrière par la suite. Nous devons réfléchir à la direction que nous voulons prendre.
Le NPD ne veut pas préserver le statu quo. Nous croyons que la SRC est mûre pour un changement, mais nous devons agir conformément à une vision. Nous ne pouvons pas simplement accepter ce qui s'est passé jusqu'à maintenant. Cette approche a fonctionné par le passé, mais elle ne fonctionne plus. Le NPD serait d'accord pour qu'on procède à l'examen du mandat, mais il devra s'inscrire dans un cadre de référence clairement défini. Il devra se dérouler en conjonction avec le travail déjà amorcé, ou qui devrait être effectué, au Comité du patrimoine, pour que nous puissions adopter un point de vue global à l'égard des questions liées à la radiodiffusion et à la culture, et ce, afin que le Canada puisse relever les défis du XXIe siècle.
:
Monsieur le Président, c'est avec plaisir et grand honneur que je participe au débat et que j'appuie la motion d'adoption déposée par le député Ottawa—Vanier.
C'est le 2 novembre 1936 que la Société Radio-Canada a été créée sous sa forme actuelle. Elle est depuis devenue une partie importante de la structure de la vie et de la culture canadiennes et de l'expression de notre identité nationale.
Comme je l'ai déjà souligné à la Chambre, tous les pays au monde reconnaissent l'importance de pouvoir compter sur un service de radiodiffusion publique fort qui joue un rôle essentiel au niveau de la vitalité de notre vie culturelle.
La British Broadcasting Corporation, l'Australian Broadcasting Corporation et la NRK de Norvège sont de bons exemples de l'engagement de ces pays en faveur de la radiodiffusion publique.
Au Royaume-Uni par exemple, la redevance audiovisuelle perçue du public servent à financer la radiodiffusion publique. Les résultats sont éloquents. Ce pays peut compter sur un diffuseur public dynamique qui est un chef de file dans presque tous les secteurs de la communication. Dans le domaine des informations télédiffusées, la BBC est considérée comme étant la norme. Au Canada, le réseau anglais de la SRC présente tous les soirs les informations internationales de la BBC dans le cadre de sa programmation.
Il faut retenir que la radiodiffusion publique constitue un élément vital de la vie culturelle, politique et sociale de divers pays du monde. Nous sommes dans une situation particulière, à bien des égards, du fait que notre puissant voisin du Sud exerce une influence quotidienne et directe ici au Canada, y compris dans le domaine de la radiodiffusion.
La SRC, notre radiodiffuseur public, joue un rôle important dans la protection, l'épanouissement et la valorisation de la culture canadienne.
Compte tenu de ces réalités, il est de première importance que l'on prenne les décisions concernant l'avenir de la SRC au pays en tenant compte de tous les aspects. C'est pour cela qu'il est essentiel que le Comité permanent du patrimoine canadien joue un rôle de premier plan dans l'examen du mandat de cette société.
Il ne s'agit pas simplement de faire le point sur les services fournis par un quelconque radiodiffuseur. Il ne s'agit pas d'évaluer les résultats financiers ou d'étudier de façon superficielle la programmation du réseau. Il s'agit d'étudier et peut-être de redéfinir l'une des grandes institutions nationales du Canada. Il s'agit d'examiner le rôle d'un service de radiodiffusion qui est difficilement dissociable de l'histoire moderne de notre pays.
Dans notre régime de démocratie parlementaire, le Parlement a comme rôle de contrôler, de conseiller et de consentir. Compte tenu de cela, il convient de respecter l'institution qu'est le Parlement et de l'intégrer au processus. Or, le Comité permanent est l'un des éléments du processus parlementaire.
Il importe de constater que mes collègues et moi-même ne demandons pas aujourd'hui que le Comité permanent soit le véhicule exclusif de l'examen du mandat de la SRC. Notre demande est tout à fait raisonnable. Nous demandons que le comité permanent d'un parlement démocratiquement élu participe pleinement à l'examen de l'une des institutions culturelles les plus importantes de notre pays, à savoir le radiodiffuseur public du Canada.
La SRC est bien davantage que le véhicule de diffusion de matchs de hockey ou de nouvelles, même si peu de gens contesteraient l'excellence du radiodiffuseur dans ces domaines. Elle diffuse également des dramatiques, des émissions d'actualité et diverses formes d'expression culturelle.
Le domaine de la radiodiffusion et des communications en général comporte de grands défis à l'heure actuelle. Le Canada n'est pas le seul là devoir les relever. Partout dans le monde, le rôle d'Internet, des services de télévision spécialisée, des services à péage, etc. viennent diversifier toujours davantage le spectre des communications.
Il est nécessaire de se tenir à jour dans cet environnement divers et exigeant. Dans le domaine des communications, une innovation n'attend pas l'autre et l'adaptation doit être constante.
C'est dans cet environnement, dans cette nouvelle réalité, que la SRC doit fonctionner, ce qui fait qu'il est certainement nécessaire de procéder à un examen du mandat de cette institution culturelle. Nous devons réaliser cet examen pour nous assurer que la SRC demeure un acteur majeur de la scène des communications dans notre pays.
La SRC est un forum où peut s'exprimer notre pays et un mécanisme pour stimuler son bassin considérable de talent culturel. Le Comité permanent du patrimoine canadien joue un rôle important dans nos discussions à l'échelle nationale sur l'avenir d'institutions comme la SRC.
C'est pourquoi le comité permanent devrait certainement avoir son mot à dire dans la définition des paramètres de tout examen de la SRC ou de son mandat.
La participation du Comité permanent du patrimoine canadien dans la définition des paramètres d'un éventuel examen s'explique facilement et logiquement. Le comité est composé de représentants élus par la population pour gérer les affaires du pays, choisir les voies que le pays devra emprunter pour l'avenir et veiller sur les institutions importantes du Canada.
D'un bout à l'autre du pays, dans les villes et les campagnes, les Canadiens s'informent et se divertissent à la SRC. C'est particulièrement vrai dans les petites villes et les villages de ce grand pays. La SRC contribue à unir les Canadiens d'une manière qui est importante pour l'avenir du Canada. Nous habitons un vaste territoire, ce qui présente des difficultés particulières pour notre pays.
Selon la Loi sur la radiodiffusion, la Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit, ce qui est très important.
Ces paramètres indiquent très clairement le rôle vital de la SRC au Canada.
Une fois de plus, assurons-nous d'être clairs. Nous reconnaissons tous que le gouvernement a le droit de nommer une commission indépendante pour examiner le mandat de la SRC. Le débat ne porte pas sur cette question. Cependant, il est certain que cet examen éventuel du mandat devrait se faire en tenant compte de l'avis du Comité permanent du patrimoine canadien, qui est composé de personnes élues pour représenter les Canadiens, conformément à leur volonté.
J'encourage le gouvernement et la ministre du Patrimoine canadien à réfléchir sur cette question et à faire le bon choix avant d'entreprendre l'examen du mandat. On devrait inclure le Comité permanent du patrimoine canadien dans la démarche, dès le début. Collaborons tous ensemble pour veiller à ce que le radiodiffuseur public continue d'être un composant vital et efficace de notre patrimoine national et de notre identité nationale.