:
Honorables députés, j'aimerais ouvrir cette séance du comité plénier en faisant une brève déclaration sur les débats exploratoires. Il se peut que certains députés n'aient jamais auparavant participé à pareil débat. Je tiens donc à expliquer comment nous procéderons.
[Français]
Le débat de ce soir est de nature générale et porte sur les questions d'agriculture. Comme c'est le cas pour toutes les délibérations du comité plénier, les députés n'ont pas à se trouver à leur place pour obtenir la parole.
[Traduction]
Chaque député disposera de dix minutes pour intervenir, et chaque intervention sera suivie d'une période de questions et observations de dix minutes. Même si les députés peuvent prendre la parole plus d'une fois, la présidence veillera généralement à ce que tous les députés qui souhaitent intervenir le fassent, avant d'inviter des députés à reprendre la parole, tout en respectant l'alternance proportionnelle des intervenants des divers partis.
Pendant la période de dix minutes réservée aux questions et observations, la durée de chacune des interventions n'est assujettie à aucune limite de temps. Je vais m'appliquer à permettre au plus grand nombre possible de députés de participer aux délibérations et je fais appel à la coopération de tous, afin que les interventions soient les plus concises possible.
[Français]
En tant que président, je vais m'inspirer des règles régissant le comité plénier. Néanmoins, afin de permettre un bon échange, je ferai preuve de discrétion et de souplesse dans l'application de ces règles.
Je demande à tous les honorables députés, pour leur part, de faire preuve de circonspection au cours du débat de ce soir. Il est très important de respecter les traditions de la Chambre en matière de décorum. Les députés doivent faire leurs observations et poser leurs questions de manière judicieuse, afin que l'ordre soit maintenu.
[Traduction]
Je me permettrai en outre de rappeler aux députés que, même en comité plénier, il faut désigner les ministres et les députés par leur titre ou le nom de leur circonscription et, naturellement, il faut adresser toutes les observations à la présidence. Je demande à chacun de respecter les normes liées au décorum ainsi qu'au langage et au comportement parlementaires.
La première ronde d'intervenants sera la ronde habituelle de tous les partis, c'est-à-dire l'opposition officielle, le gouvernement, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique. Après cela, nous suivrons le roulement proportionnel habituel.
[Français]
À la fin du débat de ce soir, la séance du comité sera levée et la Chambre s'ajournera à demain.
Nous pouvons maintenant commencer la séance de ce soir.
:
Monsieur le président, je vous félicite de votre nomination.
[Français]
C'est un honneur pour moi de prendre la parole. J'apprécie que vous me permettiez de participer au débat de ce soir.
[Traduction]
C'est une question essentielle pour ceux qui travaillent dans ce secteur critique de notre économie et pour tous les Canadiens. Comme l'une des pancartes qu'on retrouvait sur la Colline du Parlement hier le disait, « les agriculteurs nourrissent les villes ». Ainsi, l'avenir de l'agriculture canadienne est manifestement une question qui nous touche tous.
[Français]
Hier, des milliers d'agriculteurs frustrés se sont rassemblés sur la Colline du Parlement pour informer les députés de cette Chambre que le statu quo qu'ils ont été obligés de subir pendant trop longtemps est complètement inadmissible. Je veux leur dire, ce soir, que le nouveau gouvernement du Canada est d'accord avec eux, et que dans les semaines, les mois et les années à venir, nous prendrons des mesures pour appuyer le secteur agricole canadien.
[Traduction]
Notre gouvernement se préoccupe vivement de l'agriculture et nous connaissons bien les problèmes auxquels les agriculteurs sont confrontés du fait notamment que beaucoup des membres de notre caucus viennent du Canada rural. Dans mon cas, j'ai des liens familiaux avec l'agriculture par l'entremise de ma mère et de mon épouse qui ont toutes deux grandi dans des exploitations agricoles. En fait, des membres de notre famille travaillent encore dans le secteur agricole de nos jours.
Les orientations de mon gouvernement en matière de politique agricole seront établies par nos députés, des gens des régions rurales de tout le pays qui ont été très actifs dans le domaine de l'agriculture toute leur vie. Nous sommes plus forts grâce à leur présence au sein de notre caucus et en toute franchise, nous avons une meilleure compréhension que le gouvernement précédent des difficultés auxquelles doivent faire face de nombreuses familles agricoles de nos jours.
[Français]
Au cours de la dernière législature, presque chaque fois qu'une question d'agriculture a été soulevée en Chambre, c'était grâce à nos efforts à titre d'opposition officielle. Nous avons défendu les agriculteurs canadiens parce que nous sommes résolus à conserver ce que le Canada a de mieux: nos traditions. Rien n'est plus important que la ferme familiale.
[Traduction]
L'exploitation agricole familiale a joué un rôle essentiel dans la formation de notre pays. Nous ne pouvons pas vraiment parler de souveraineté en tant que pays si nous ne jouons pas un rôle important dans la production de nos denrées. C'est pourquoi le gouvernement va défendre un secteur agricole solide et dynamique qui offre une certaine sécurité du revenu aux familles qui dépendent d'exploitations agricoles et la sécurité alimentaire à tous les autres Canadiens.
À cette fin, une des premières mesures que notre gouvernement a prises a été de commencer à verser les 750 millions de dollars qui avaient été promis par le gouvernement précédent, mais jamais versés aux producteurs de céréales et d'oléagineux qui ont toutes les difficultés du monde à s'en sortir.
[Français]
Contrairement au gouvernement précédent, qui a fait preuve de négligence et d'inaction, le nouveau gouvernement du Canada a élaboré un plan réel pour appuyer les agriculteurs canadiens. Par exemple, nous voulons réformer le programme actuel insuffisant de stabilisation du revenu agricole et nous mettrons en place un programme distinct d'aide en cas de catastrophe.
[Traduction]
En fait, le PCSRA actuel ne fonctionne pas, comme les agriculteurs de toutes les provinces le savent fort bien. C'est la raison pour laquelle le gouvernement veut remplacer le PCSRA et il exhorte les provinces à collaborer avec nous à cette mesure pour que nous puissions mettre en place un programme plus simple répondant beaucoup mieux aux besoins des agriculteurs. Le nouveau programme devrait tenir compte comme il se doit des coûts de production, des recettes de ventes et de l'évaluation des stocks.
Nous allons également intervenir en cas d'imprévus en créant un fonds de secours en cas de catastrophe qui viendra s'ajouter aux fonds de stabilisation du revenu.
Au cours de la dernière campagne électorale, nous avons promis d'affecter au moins 500 millions de dollars de plus tous les ans à des programmes de soutien à l'agriculture et nous entendons bien tenir cette promesse. Je vais être clair; ce sera de l'argent frais qui viendra s'ajouter aux programmes agricoles existants et non une réaffectation de fonds.
[Français]
De plus, notre nouveau gouvernement défendra les agriculteurs qui travaillent dans les secteurs soumis à la gestion de l'offre. Nous veillerons à ce que les industries agricoles qui choisissent de fonctionner dans un système national de gestion de l'offre restent viables.
Notre gouvernement soutiendra toujours les trois piliers de la gestion de l'offre et l'objectif qu'elle vise, à savoir l'offre de produits de grande qualité et à bon prix aux consommateurs, et avec un rendement raisonnable pour le producteur.
[Traduction]
Nous nous pencherons également sur une question qui tracasse depuis longtemps de nombreux producteurs céréaliers de l'Ouest, c'est-à-dire l'impossibilité de choisir leur propre mode de commercialisation et de transport. Le gouvernement accroîtra le pouvoir des producteurs en leur permettant d'opter pour un système de commercialisation mixte plutôt que de passer uniquement par la Commission canadienne du blé.
Aucune discussion sur l'agriculture canadienne ne serait complète sans qu'il soit question de diversification, car tôt ou tard, les agriculteurs canadiens devront chercher de nouveaux débouchés. Le gouvernement s'engage à faciliter cette diversification nécessaire. Comme ceux qui tirent leur subsistance de la terre le savent déjà, le marché des carburants renouvelables, comme l'éthanol et le biodiesel, croît rapidement. Notre gouvernement a l'intention de fusionner ses objectifs environnementaux et agricoles en exigeant que tous les carburants vendus au Canada comportent en moyenne 5 p. 100 de carburant renouvelable d'ici 2010.
[Français]
Non seulement cette démarche contribuera à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais elle offrira aussi aux consommateurs une protection contre le prix croissant de l'essence. En encourageant la consommation de ces carburants, nous créerons de nouveaux incitatifs pour des investissements fort nécessaires dans les régions rurales canadiennes.
Enfin, mon gouvernement compte promouvoir sérieusement les questions commerciales canadiennes sur la scène internationale. Nous croyons que l'ensemble de notre secteur agricole doit être protégé, non seulement par un libre-échange international fort, mais aussi par un commerce équitable.
[Traduction]
Afin de garantir des échanges libres et équitables, le gouvernement continuera d'appuyer les systèmes commerciaux fondés sur des règles comme l'OMC qui, à notre avis, sont essentiels pour les pays comme le nôtre qui dépendent du commerce. L'avenir de nos produits agricoles et agroalimentaires dépendra aussi de leur accès aux marchés. Pour améliorer ce dernier, nous appuierons la diminution progressive des barrières qui compromettent le commerce ainsi que l'élimination des subventions aux exportations agricoles. Autrement dit, le nouveau gouvernement du Canada ira jusqu'au bout dans les questions qui préoccupent les agriculteurs et les collectivités rurales.
[Français]
Au cours de la dernière campagne électorale, nous nous sommes clairement engagés à défendre les droits des communautés canadiennes, qu'elles soient urbaines ou rurales. Il y a trop longtemps déjà que les personnes au pouvoir ne tiennent pas compte des intérêts des communautés rurales. Aujourd'hui, je veux dire aux Canadiennes et aux Canadiens que cette ère de négligence a pris fin le 23 janvier dernier.
[Traduction]
Les inquiétudes des régions rurales seront enfin entendues. Les Canadiens des régions rurales des quatre coins du pays ont enfin un allié à Ottawa. Je ne dis pas que nous pourrons éliminer les conséquences d'une décennie d'indifférence du jour au lendemain, et je sais que ce n'est pas non plus ce qu'espèrent les agriculteurs, mais dans les semaines, les mois et les années à venir, notre gouvernement ira de l'avant, pas seulement en paroles mais en prenant des mesures concrètes.
Le gouvernement, le ministre de l'Agriculture en tête, témoignera aux agriculteurs canadiens le respect qu'ils n'ont pas eu depuis trop longtemps. Pour la première fois depuis 13 ans, Ottawa prêtera l'oreille aux agriculteurs et leur accordera toute l'aide qu'ils méritent.
:
Monsieur le président, si le premier ministre pense que je suis resté muet, il se trompe totalement, parce que j'ai tenu des consultations auprès des agriculteurs l'an dernier, et j'ai présenté un rapport sur ces consultations au ministre de l'Agriculture. Je demande au présent ministre de l'Agriculture de remettre ce rapport au premier ministre. En fait, au cours de la dernière campagne électorale, beaucoup de députés de ce côté-là de la Chambre ont cité ce rapport. Ils disaient que ce serait plein de bon sens de suivre ces recommandations. Je demande au ministre de l'Agriculteur de s'assurer que le premier ministre voit ce rapport et prend des mesures en conséquence aussi vite que possible.
Cela dit, je veux remercier tous les partis d'avoir appuyé le proposition de tenir ce débat, parce que nous sommes certainement aux prises avec une crise dans le domaine de l'agriculture. Des milliers d'agriculteurs se sont réunis sur la Colline, hier, non pas parce qu'ils avaient envie d'y venir, mais parce qu'ils devaient venir sur la Colline pour inciter le gouvernement à réagir. Comme on a pu le constater en écoutant l'intervention du premier ministre, le gouvernement réagit très peu. Le discours du Trône était d'ailleurs à l'image de cette intervention: des paroles, mais peu de mesures concrètes.
Les conservateurs disent qu'il faut attendre le budget, mais ce n'est pas vrai. Le ministre de l'Agriculture aurait pu demander au ministre des Finances d'utiliser une partie du surplus avant que ce dernier n'ait été versé dans les coffres le 31 mars. C'est ce qu'a fait l'ancien ministre de l'Agriculture l'année dernière à l'approche du 31 mars. Le secteur agricole éprouvait des difficultés. Le ministre, après avoir préparé quelques documents, a reçu un milliard de dollars du ministre des Finances. Les députés d'en face auraient pu faire la même chose pour donner immédiatement de l'argent aux producteurs.
Aujourd'hui, ces députés parlent des 755 millions de dollars que l'ancien gouvernement a débloqués en novembre. Ils se vantent de les avoir distribués. Mais le fait est que le gouvernement n'a donné qu'environ 400 millions de dollars aux producteurs. Qu'est-ce qu'on attend? Envoyez les chèques. L'argent serait déjà dans les poches des agriculteurs s'il n'y avait pas eu les élections. Les députés d'en face font de bien beaux discours, mais le ministre et le gouvernement doivent immédiatement injecter des fonds dans le secteur agricole, et ce, avant les semailles de printemps.
Cela va sans dire, certains se demanderont pourquoi les agriculteurs ont besoin d'argent. Certains se demanderont pourquoi ils sont en crise. Pourquoi en sont-ils là? Je suis d'accord avec le premier ministre pour dire qu'une bonne partie de la crise est causée par des problèmes commerciaux à l'échelle internationale, les subventions accordées par les États-Unis et l'Europe, les politiques qui font chuter les prix et qui empêchent nos agriculteurs d'être concurrentiels. J'ai eu l'occasion de me pencher sur la question il y a un an et la véritable raison pour laquelle les agriculteurs sont en crise est le fait que les producteurs primaires n'ont pas assez de pouvoir sur le marché.
Je renvoie le premier ministre au rapport, qui contient quelque 46 recommandations. Ces dernières ne sont pas partisanes, les députés d'en face le savent. Ces recommandations ont été émises par le secteur agricole. Je prierais le premier ministre et le gouvernement de se référer à ce document et je leur demande instamment de mettre en oeuvre beaucoup de ses recommandations.
Je demande le consentement unanime de la Chambre pour déposer ce rapport.
:
Monsieur le président, le document contient des recommandations. Je conseille au ministre de les prendre à coeur.
Sans l'aide financière de l'État, les agriculteurs auraient affiché des pertes l'année dernière. Comme le leader de l'opposition officielle l'a indiqué, nous leur avons effectivement envoyé beaucoup d'argent. L'année dernière, nous avons ajouté aux programmes normalement prévus la somme d'environ 2 milliards de dollars, ce qui fait au total près de 6 milliards de dollars pour l'ensemble des programmes. Pourtant, les agriculteurs se trouvent toujours en difficulté.
J'aimerais souligner que ce ne sont pas les agriculteurs qui constituent le problème. Au sein du public, certains se demandent peut-être pourquoi nous continuons à verser autant d'argent aux agriculteurs. Les agriculteurs canadiens sont parmi les plus productifs au monde. Ils contribuent favorablement à notre balance commerciale. Un emploi sur huit au Canada dépend d'eux. Le Canada est le quatrième exportateur au monde de produits agricoles et agroalimentaires. Nos exportations alimentaires ont augmenté pour atteindre 25 milliards de dollars. Les agriculteurs font leur part. Le problème est que d'autres acteurs dans le système récoltent les profits.
Lorsque nous examinons attentivement les données concernant notre agriculture, nous constatons que tous les indices économiques sont favorables: production, recettes, exportations, production par hectare, production par agriculteur, coût par unité, et ainsi de suite. Tous les indices sont favorables excepté le revenu net des agriculteurs. Ils produisent davantage, exportent davantage et font des gains d'efficacité, mais ils reçoivent de moins en moins en retour. C'est inadmissible.
Le premier ministre a déclaré qu'il envisageait un programme fondé sur le coût de production. Nous sommes parfaitement d'accord. Nous favorisons l'idée d'un programme fondé sur le coût de production, mais les députés d'en face et le premier ministre doivent comprendre que nous sommes encore loin d'avoir créé ce programme. D'ici à ce que nous y parvenions, les 10 000 agriculteurs qui étaient sur la Colline hier ont besoin d'argent. Ils ont besoin d'un programme pour les maintenir à flot jusqu'à ce que nous puissions établir ce genre de politique. Nous allons appuyer l'établissement d'un programme fondé sur le coût de production, mais entre-temps, les agriculteurs ont besoin d'argent, et c'est urgent. Il faut que le premier ministre et le ministre de l'Agriculture s'engagent à envoyer cette aide financière spéciale avant la période d'ensemencement du printemps.
Le premier ministre parle d'éliminer le programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Il ne fait aucun doute que des améliorations doivent être apportées à ce programme, mais il ne faut pas oublier que, sans ce programme, les agriculteurs n'auraient pas pu toucher les 5 milliards de dollars qui leur sont parvenus au cours des deux dernières années. Il ne suffit pas de dire qu'on va éliminer ce programme. Nous devons le remplacer par un autre programme d'aide financière à l'intention des agriculteurs.
Au cours de la campagne électorale, le premier ministre et le Parti conservateur ont parlé d'une somme supplémentaire de 500 millions de dollars. Les gens d'en face ont donné l'impression aux agriculteurs que ces 500 millions de dollars correspondaient à de nouveaux fonds, mais si l'on compare avec ce que le gouvernement précédent a fait, on parle en fait de 1,2 milliard de dollars de moins. J'aimerais bien que quelqu'un se lève pour réfuter mes affirmations. Ces 500 millions de dollars s'ajoutent au programme actuel de protection du revenu et non à ce que le gouvernement précédent a payé. On parle plutôt de 1,2 milliard de dollars de moins. Je demande au ministre de l'Agriculture et à tous les députés d'en face de s'engager à verser 500 millions de dollars par année de plus que ce que le gouvernement précédent a versé. C'est ce dont les agriculteurs ont besoin.
La dernière chose que je voudrais dire avant de terminer, c'est que l'autre jour, au cours d'une entrevue, le ministre de l'Agriculture a dit essentiellement « Ce n'est pas moi que vous devez blâmer, mais bien les provinces. » Si nous voulons développer la politique agricole dans ce pays...
Une voix: Blâmez les libéraux.
L'hon. Wayne Easter: Monsieur le président, ils essaient bien sûr de rejeter le blâme sur nous, mais ils ne pourront pas toujours s'en sortir aussi facilement. Les agriculteurs ne se laisseront pas berner très longtemps. Les conservateurs sont au pouvoir. Ils doivent assumer leurs responsabilités et faire ce qu'il convient de faire. Ils doivent apporter une aide financière aux agriculteurs. Quand le feront-ils?
Les conservateurs ne peuvent se contenter de nous blâmer. Ils ne peuvent pas faire totalement abstraction de leurs responsabilités et prétendre que c'est la faute des provinces. Ils sont à la tête du gouvernement du Canada et nous nous attendons à ce que, à ce titre, ils présentent une politique agricole qui permettra aux agriculteurs et à leurs collectivités de mieux vivre, de devenir prospères, d'oeuvrer dans leurs collectivités agricoles et de participer à l'essor de l'économie canadienne. C'est ce que nous attendons du gouvernement. Nous devons pouvoir compter sur des programmes utiles qui vont au-delà des mots qui sont actuellement prononcés.
:
Monsieur le président, je voudrais vous féliciter pour votre nomination à titre de vice-président de cette Chambre, d'une part.
D'autre part, je déplore un peu le comportement de certains collègues ici, ce soir. Ce n'est pas parce qu'on parle d'agriculture qu'il doit régner en cette Chambre un climat de basse-cour.
Des agriculteurs et des agricultrices se sont présentés sur la Colline cette semaine parce que désespérés. Plusieurs ne savent plus quoi faire. Ils n'y arrivent pas. Il y a même un taux de suicide plus élevé que la moyenne parmi la classe agricole. Nous en sommes rendus là. Les revenus sont plus bas que lors des décennies précédentes. On demande beaucoup aux agriculteurs. En effet, on leur demande de nourrir la population, d'occuper le territoire, d'être un secteur économique important et on exige beaucoup de nouvelles normes en matière d'environnement. Dans le monde agricole, on est aux prises avec cela.
L'élection a suscité beaucoup d'espoir parmi les agriculteurs. Cela se comprend, après 13 années d'incurie libérale. Toutefois, cette semaine, ils ont été déçus. Ils s'attendaient à ce que le premier ministre présente un certain nombre de propositions et ne se contente pas simplement de critiquer ce qui s'était passé, ou plutôt ce qui ne s'était pas passé sous le règne libéral. Faire la critique est une chose — nous avons eu la campagne électorale pour ce faire. Cela fait deux mois que ce gouvernement est là. Il est temps d'agir.
Des promesses ont été faites durant cette élection pour pallier une crise. On a promis des sommes d'argent importantes. Une somme de 500 millions de dollars est exigée maintenant, et le gouvernement dispose d'une telle somme. On doit agir immédiatement, ce qui ne veut pas dire qu'on réglera l'ensemble des problèmes. On ne peut pas attendre d'avoir réglé l'ensemble des problèmes avant d'aider la classe agricole. En effet, plusieurs ne seront plus là. Il est urgent d'agir.
Les problèmes sont bien connus. Il s'agit surtout d'une concurrence déloyale, particulièrement des États-Unis et de l'Union européenne qui accordent des subventions d'une hauteur qui dépasse de loin ce que nous offrons ici. En effet, nous, au Canada, avons sabré dans les subventions. Je veux bien que nous ayons une politique afin de diminuer et d'éliminer les subventions, mais un rapport de force s'exerce. Si nous agissons ainsi pendant qu'aux États-Unis ou en Europe on maintient et on augmente les subventions, nous nous retrouverons dans une position qui n'est absolument pas concurrentielle.
Je parle de subventions directes et reconnues. Pourtant, on sait qu'aux États-Unis, depuis le National Security Act, les terres des agriculteurs américains sont irriguées gratuitement par l'armée américaine, au cas où, j'imagine, les États-Unis seraient envahis par Cuba et afin que les chars d'assaut puissent circuler sur les terres des agriculteurs américains. Le blé est transporté gratuitement sur le Mississippi, au cas où les Américains seraient envahis par la Corée du Nord et qu'il y aurait une famine aux États-Unis. Il faut ajouter cela.
Une voix: Oh, oh!
M. Gilles Duceppe: C'est le cas, monsieur le ministre des Transports. J'imagine un peu et j'exagère la situation, mais je n'exagère pas quand je dis que le blé est transporté gratuitement et que les terres sont irriguées gratuitement. Tout cela est fait en vertu du National Security Act. J'exagère, bien sûr, quand je dis que les États-Unis seraient envahis, car cela n'a pas de sens qu'ils le soient. Cependant la situation existe, et nous ne soulevons pas ces pratiques face aux Américains. Le Canada reste silencieux et accepte ces politiques déloyales.
Il s'agit donc ici de commerce international. Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire nous dit qu'il doit attendre après les provinces. Je lui fais donc remarquer que le commerce international relève du fédéral, qu'il s'agit d'une responsabilité fédérale. Nous, souverainistes, ne contestons pas ce fait. C'est donc à partir de l'argent du fédéral — d'autant plus qu'il dispose de surplus — qu'on doit aider les fermiers.
En juin dernier, le Bloc québécois a proposé une motion voulant que le gouvernement canadien et ses négociateurs à Genève appuient inconditionnellement les politiques de gestion de l'offre. Or après avoir signé, en 1997, une lettre où il remettait en question la gestion de l'offre, après la motion adoptée par la Chambre des communes en juin dernier, un négociateur à Genève a dit qu'il ne se sentait pas lié par la motion de la Chambre des communes. Voilà une position de faiblesse. C'est inacceptable. Si des négociateurs, au nom du gouvernement canadien, refusent les mandats qui leur sont imposés par la Chambre des communes, ils ne devraient plus être en place. Je demande au ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire de bien vouloir remettre ce négociateur à sa place.
Procédons immédiatement avec les surplus. Prenons les 500 millions de dollars dont ils ont besoin. Il existe certes d'autres problèmes auxquels il faut s'attaquer. Il faut se doter de politiques cohérentes.
Rappelons-nous la maladie de la vache folle. Le problème a eu lieu en Alberta et toutes les régions du Canada, dont le Québec, ont été touchées. Aux États-Unis, quand est survenue la maladie de Newcastle qui s'attaquait à la volaille, les Américains ont régionalisé cette question. Ils s'étaient rendu compte que la poule de New York n'avait pas été contaminée par le coq de Los Angeles. Par conséquent, toutes les régions n'ont pas été touchées.
En revanche, ici, à cause d'une vache en Alberta, toutes les régions ont été touchées. Cela a mis en péril l'ensemble du secteur des productions bovine et laitière. Si l'on avait alloué tout l'argent disponible à l'Alberta au lieu de le saupoudrer dans toutes les régions, on aurait aidé davantage les fermiers de l'Alberta et on n'aurait pas causé de crise dans les autres régions du Canada. Tout comme nous, le gouvernement libéral du Québec demande de régionaliser ces crises.
Il faut aussi s'attaquer aux problèmes liés à la relève agricole. Les jeunes n'ont plus les moyens d'acheter de ferme. D'une part, si les parents vendent la ferme à un coût moindre, ils perdent leur pension et leur REER. D'autre part, s'ils veulent pouvoir vivre leur vieillesse à la hauteur de ce qu'ils méritent, ils vendent la ferme trop cher et les enfants ne peuvent l'acheter. Il faut s'attaquer à ce problème par la fiscalité.
Il faut également élaborer une politique douanière avec tous les outils dont on dispose, dont l'article XXVIII du GATT, en ce qui concerne les protéines laitières. On ne l'a pas fait, pas plus que dans le cas de l'huile de beurre. Quant aux bâtonnets de fromage, le Bloc a répété pendant deux ans aux libéraux qu'il fallait agir. On a refusé et nié l'existence du problème. On l'a constaté seulement au bout de deux ans, après que les producteurs laitiers eurent subi des pertes de l'ordre de 500 millions de dollars. Il faut agir avec les armes dont on dispose. On peut utiliser l'article XXVIII du GATT. Je ne comprends pas que le Canada ne le fasse pas.
Je voudrais également qu'on mette au point des programmes qui tiennent compte des diversités existant aux quatre coins du Canada et du Québec. Il faut cesser les programmes qui s'appliquent à l'échelle du pays. Il existe des réalités différentes. Certains programmes au Québec fonctionnent depuis plusieurs années, par exemple la Financière agricole du Québec. Elle est restée en place, alors que le fédéral a la manie d'implanter, tous les deux ans, une nouvelle politique qui ne dure jamais plus de deux ans. Quand une politique fonctionne bien depuis 20 ans, pourrait-on la respecter? Pourrait-on se rendre compte de l'existence de ces diversités?
J'ai parlé plus tôt de la crise de la vache folle. Quand nous avons proposé de régionaliser la question, les libéraux nous ont répondu que nous faisions tous partie du Canada et que les mêmes règles seraient appliquées partout au Canada. Lorsqu'on en est rendu à faire de la vache folle un symbole de l'unité nationale, on a un grave problème.
Pour en finir, il est temps de s'asseoir avec les fermiers et d'élaborer des politiques pratiques, réelles et applicables selon les diversités et les types de production qui existent. On ne doit pas tenter d'appliquer des politiques à l'échelle du pays. Dans l'immédiat, il faut absolument une aide d'urgence. Si l'on attend d'avoir les programmes parfaits, une fois qu'on les aura, beaucoup d'agriculteurs n'auront pas survécu.
:
Monsieur le président, j'apprécie toujours les observations des députés du Bloc québécois, et non seulement leur intérêt, mais aussi leur détermination lorsqu'il s'agit de questions touchant l'agriculture.
[Français]
C'est clair que le Bloc québécois est passionné par l'agriculture.
[Traduction]
Le Bloc partage sa passion avec ce côté-ci de la Chambre. Le débat est toujours intéressant lorsque nous discutons de la meilleure façon de résoudre un problème.
Pour que le chef du Bloc nous comprenne bien, j'ai indiqué que la position de notre parti, et je reviendrai sur ce point plus loin, est que nous voulons changer le PCSRA comme nous nous sommes engagés à le faire durant la campagne électorale. Nous voulons le scinder en créant un programme d'aide financière pour les agriculteurs et un programme distinct de secours en cas de catastrophe.
Le programme a énormément changé. Essayer de le faire fonctionner pour les agriculteurs a créé un grave problème. Il est devenu évident dans mes déplacements d'un bout à l'autre du pays que les agriculteurs veulent un programme distinct de secours en cas de catastrophe. La difficulté à laquelle je suis confronté, et je ne m'en prends pas aux provinces ici, est qu'il s'agit d'une compétence partagée entre les provinces et le fédéral. J'ai besoin de la coopération des provinces si nous voulons résoudre rapidement ce problème.
À l'heure actuelle, toutes les provinces et tous les territoires souhaitent conserver le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Je respecte ce souhait. J'ai l'intention, d'ici la prochaine rencontre fédérale-provinciale, en juin, de présenter des propositions visant à distinguer l'aide en cas de catastrophe du soutien du revenu. C'est de cela dont les agriculteurs ont besoin. Je crois que cela réglerait bon nombre de leurs préoccupations.
Le chef du Bloc québécois a abordé un grand nombre de sujets pendant son exposé. Je tiens à lui assurer que je me rallie à son idée selon laquelle nous devons, si possible, régionaliser les problèmes tels que les flambées de maladies au Canada. Nous devons tirer profit de notre vaste étendue géographique qui rend possible la régionalisation des maladies, ce qui permet habituellement de protéger l'agriculture canadienne.
Nous avons eu un bon exemple du fonctionnement de cette mesure avec les préoccupations soulevées par les récentes importations au Québec de produits de la volaille provenant de France. Nous avons été en mesure de collaborer avec le gouvernement français pour régionaliser le problème en France. Nous nous sommes assurés de la reprise très rapide du commerce des autres produits importés au Québec de façon continue. Je crois que le chef du Bloc québécois a raison. Chaque fois qu'il est possible de le faire, nous devons régionaliser les problèmes au Canada afin de ne pas perturber le commerce et les activités des agriculteurs d'un océan à l'autre. Lorsqu'un problème survient, nous devons agir rapidement, obtenir de l'aide pour corriger la situation et veiller à ce que les agriculteurs de partout au pays puissent continuer à faire leur travail.
:
Monsieur le président, je ne poserai pas de questions, mais j'ai quelques suggestions à faire suite aux remarques du ministre.
Quand le ministre nous dit qu'en juin il rencontrera les provinces, je veux bien, mais il y a un problème immédiat. Les fermiers nous ont dit hier que plusieurs d'entre eux n'ont pas suffisamment d'argent pour acheter leurs semences. S'ils attendent la réunion de juin, il y a un problème. Il y a cette habitude, à Ottawa, d'entamer des processus. On parle de processus. En bout de ligne, on oublie souvent l'objet du processus et on parle de son rythme. Les gens voudraient qu'on règle immédiatement. Ils ne peuvent pas attendre une réunion en juin, qui sera soumise par la suite à des fonctionnaires de chacun des niveaux de gouvernement, avec une réponse attendue en novembre. Le temps des récoltes sera passé, alors qu'on est actuellement au temps des semences. Or il y aurait urgence d'accorder cette somme d'argent, d'autant plus que cela relève d'un problème de commerce international. Comme ce gouvernement reconnaît l'existence du déséquilibre fiscal, il peut comprendre qu'il n'y a pas autant d'argent dans les provinces.
Je lui demande deux choses. Premièrement, d'agir immédiatement. Puisqu'il nous disait qu'il est prêt à opter pour des solutions rapides, immédiates, s'il y consacre ses 500 millions de dollars dans l'immédiat, nous applaudirons, tout souverainistes que nous sommes.
Je lui demande aussi de faire une autre chose relativement au problème de la vache folle. On a réglé pour les bêtes qui ont moins de 30 mois; cela ne règle pas le problème des producteurs laitiers, surtout concentrés au Québec. Il y a la question de la vache de réforme. On a vu, et je ne charrie pas, des chèques de huit sous qui ont été déposés ici par des producteurs pour la vente d'une vache de réforme. Huit sous! Les chèques ont été déposés ici, au Parlement.
Il y a des gens qui crèvent de faim. Quand vous parlez de régionaliser les politiques, voilà un beau cas que celui de la vache de réforme. Vous êtes en mesure d'agir immédiatement, comme gouvernement. On vous demande de le faire.
:
Monsieur le président, c'est un honneur que de me trouver ici parmi mes collègues estimés et expérimentés qui ont pris la parole. J'aimerais faire quelques observations.
Notre mode de vie rural est menacé.
[Français]
Il y a une crise dans le secteur agricole au Canada, et cette crise a un effet négatif sur notre style de vie rural. En effet, si nous n'appuyons pas nos producteurs agricoles et leur famille, nous verrons bientôt la fin de nos communautés rurales.
Au sein du NPD, les gens sont la priorité. Si un producteur agricole est capable de gagner sa vie, il sera en mesure de contribuer à l'économie de sa région, ce qui assurera la survie de notre style de vie rural canadien.
[Traduction]
Malheureusement, au Canada, nous avons avancé à tâtons pendant de nombreuses années sans avoir une vision claire de ce que devrait être notre agriculture. Comment se porte-t-on dans le comté d'Essex, d'où proviennent les agriculteurs que j'ai rencontrés hier? Comment va-t-on dans le sud de l'Okanagan, d'un bout à l'autre de notre vaste pays?
[Français]
J'ai eu l'occasion d'habiter chacune des principales régions du Canada, et j'ai vu des petits villages existant à des milliers de kilomètres de terrains cultivés. Nous n'avons pas le droit d'être complices de la disparition de ce segment très vital de notre grand pays. Finalement, nous sommes en train de perdre la capacité de nous nourrir, ce qui veut dire que nous perdons petit à petit notre autosuffisance dans le secteur agricole.
[Traduction]
Que se passe-t-il chez les agriculteurs?
Dans ma circonscription, par exemple, les producteurs de fruits, en particulier de pommes, n'arrivent pas à concurrencer les pommes provenant de l'État de Washington, qui sont subventionnées et qui se vendent moins cher. Les propriétaires de vergers doivent s'inscrire à un programme de reboisement pour introduire d'autres variétés pouvant être plus profitables - ce qui n'est pas garanti. Sinon, ils seront forcés d'abandonner leurs exploitations.
Comme on l'a déjà dit, dans le district de Porcupine en Saskatchewan, les agriculteurs sont en état de crise depuis les inondations de 2005. Cette région a été déclarée zone sinistrée en 2005 et de nouveau en 2006 et pourtant, il n'y a toujours aucun programme pour régler le problème.
D'après les renseignements fournis par le député de Malpeque, le revenu de base moyen d'un exploitant est passé de 21 000 $ dans les années 1970 à moins 10 000 $ ou moins 20 000 $. Entre 1981 et 2002, les producteurs ont obtenu une part insignifiante du prix de vente de leur bovins. Sur les 5,67 $ du kilogramme demandés au détail, les producteurs primaires n'obtiennent que 14 ¢. C'est tout à fait inacceptable.
La situation, pour ce qui est du revenu agricole, n'a jamais été aussi mauvaise, en particulier dans les secteurs des céréales et des oléagineux et de l'horticulture. Agriculture et Agroalimentaire Canada prédit que le revenu agricole net réalisé pourrait chuter de près de 54 p. 100 en 2006.
[Français]
Alors que fait-on? Il faut évidemment que le gouvernement agisse. C'est à nous que revient la responsabilité d'exprimer clairement notre vision pour l'agriculture du Canada.
[Traduction]
Les agriculteurs ont besoin d'une injection de fonds immédiate comme versement initial dans le cadre de solutions à long terme. Les deux hommes à qui j'ai parlé aujourd'hui m'ont dit que l'Ontario à elle seule a besoin de 1,5 milliard de dollars pour 2005. C'est sans compter 2006 et les autres régions du pays.
D'après la Fédération canadienne de l'agriculture, les 500 millions de dollars promis par les conservateurs en campagne électorale sont nécessaires pour améliorer les programmes actuels de gestion des risques de l'entreprise, mais ils seront nettement insuffisants pour corriger le déficit du revenu agricole.
Les fonds spéciaux ne doivent pas servir à compenser le PCSRA et doivent inclure les grains autoconsommés.
Les producteurs primaires livrent concurrence aux agriculteurs lourdement subventionnés des États-Unis et de l'Union européenne. L'une de nos priorités à l'OMC est de favoriser une réduction de ces subventions. Toutefois, dans l'intervalle, il faut établir des règles du jeu équitables pour nos producteurs primaires.
Il est illogique de prôner un changement pour l'avenir et d'éviter de soutenir nos agriculteurs dans l'immédiat. Nous devons mettre en place un plan de gestion des risques à long terme pour garantir aux producteurs un prix plancher. Si les Américains veulent pratiquer du dumping au Canada avec leurs pommes, imposons-leur un prix plancher de manière à ce que nos pomiculteurs puissent se battre à armes égales avec eux sur le marché.
Pour assurer la survie de notre industrie de l'agriculture, il nous faut défendre nos politiques dans le cadre des négociations de l'OMC. En aucun cas des multinationales américaines ou d'autres pays ne devraient nous dicter notre conduite par rapport à la Commission canadienne du blé. J'exhorte le ministre de l'Agriculture à dire clairement que notre guichet unique, la Commission canadienne du blé, n'est pas matière à discussion à l'OMC. Nos agriculteurs décideront de ce qui arrive et personne d'autre.
[Français]
De plus, la survie de la gestion de l'offre dépend d'un bon résultat dans la catégorie des produits sensibles. Nous voyons apparaître des propositions qui obligeraient le Canada à renoncer à jusqu'à la moitié de certains marchés internes sous gestion de l'offre. Ce n'est pas acceptable. Les intérêts de la gestion de l'offre sont la priorité dans les négociations auprès de l'OMC.
[Traduction]
Notre système d'offre et de demande est efficient. Il procure à nos producteurs primaires un revenu stable. Il ne coûte rien au contribuable. En fait, le système de gestion de l'offre en place actuellement dans l'industrie laitière et l'industrie de la volaille pourrait servir de modèle aux secteurs agricoles en difficulté.
N'oublions pas que, sous les libéraux ces 12 dernières années, les revenus agricoles n'ont jamais été aussi bas, alors que les multinationales agroalimentaires ont enregistré des profits record. Entre 1996 et 2001, l'emploi dans le secteur agricole a chuté de 26 p. 100 et le Canada a perdu 29 625 fermes familiales à tout jamais.
L'embargo américain qui a frappé le boeuf canadien pendant deux ans a fait perdre 75 000 emplois au Canada et a englouti les avoirs des fermes. Les libéraux ont tardé à accorder de l'aide et cette dernière était souvent inadéquate, mais les abattoirs appartenant à des multinationales ont empoché 40 millions de dollars malgré des profits en hausse.
Aujourd'hui, comme au cours de la dernière décennie, les entreprises agroalimentaires font la vie dure aux fermes familiales. Elles font augmenter le coût des intrants, des herbicides à l'équipement, et paient moins pour le produit à la ferme en resserrant leur emprise sur toute la chaîne du marché.
Le député de Malpeque nous a présenté un plan pour l'agriculture au Canada. Ce rapport peut servir de fondement à une politique agricole nationale. Je suis surpris que cela n'ait pas été fait il y a cinq, six ou sept ans, au lieu d'en 2005.
[Français]
Il est temps d'agir maintenant. Je m'engage à travailler fort avec tous les députés de la Chambre des communes afin de développer notre politique en ce qui concerne l'agriculture au Canada.
Notre honorable ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a traversé notre pays en écoutant ce que disaient les agriculteurs. Il est très au courant de ce qu'il faut faire. Nous devons l'appuyer dans son travail.
[Traduction]
Veillons à assurer la survie de l'agriculture et de la vie rurale. Cela profitera non seulement à ceux qui vivent en région rurale au Canada, mais aussi à tous les citoyens de notre grand pays.
:
Monsieur le président, je voudrais féliciter le député de sa nomination au poste de porte-parole de son parti pour l'agriculture. Je ne doute pas qu'il exercera ses fonctions avec une grande conviction.
Ma circonscription compte un certain nombre d'agriculteurs qui sont établis dans les anciens cantons d'Osgoode et de Rideau, au sud de Gloucester et de Nepean, et je puis dire aux députés que la situation est vraiment mauvaise. Ces agriculteurs sont vraiment en difficulté. Ils sont dans une situation vraiment désespérée.
Un certain nombre de mes électeurs sont venus manifester sur la Colline l'autre jour, et je puis dire à la Chambre que ce n'est pas par plaisir qu'ils ont pris quelques heures de congé. Leur venue sur la Colline leur a coûté cher en essence et en temps, mais ils sont venus parce que leur situation est vraiment désespérée. Ils sont au désespoir.
J'ai quelques observations à faire, et je veux entendre la réaction du député.
D'abord, j'estime qu'il faut faire bien attention dans notre pays, car, à longue échéance, nous allons finir par perdre complètement notre système de gestion de l'offre. Une exception par ci, une échappatoire par là, avant même que nous nous en rendions compte, le système de quotas grâce auquel les seuls secteurs rentables au pays ont été ceux qui sont soumis à la gestion de l'offre disparaîtra petit à petit. J'estime que nous devons le défendre vigoureusement et intensifier nos efforts pour défendre le système de gestion de l'offre grâce auquel ces secteurs ont été non seulement sauvegardés, mais encore renforcés.
Ensuite, nous avons besoin d'une sorte de mécanisme de gestion du risque pour faire face aux fluctuations des revenus et des prix pour nos agriculteurs, parce que le PCSRA est tout simplement inutile.
Je me demande si le député peut prendre la parole pour me dire ce qu'il pense de ces idées. Je sais qu'il a étudié assez sérieusement la question. Je l'invite à me faire part de ses observations.
:
Monsieur le président, je vous félicite encore une fois, d'une façon spéciale. Je me suis trouvé dans le même genre de situation à maintes reprises lors de débats exploratoires sur l'agriculture et je vous souhaite bonne chance. Vous ferez certainement un excellent travail parce que vous jouissez de la confiance de la Chambre et vous possédez l'expérience nécessaire pour assurer le bon déroulement des débats.
Je suis ravi de voir que notre premier débat exploratoire de la législature porte sur les difficultés auxquelles l'industrie agricole est confrontée. Le choix du sujet du présent débat révèle l'importance que les députés de ce côté-ci de la Chambre et ceux des autres partis à la Chambre accordent à l'agriculture. Il est intéressant de constater que les ministériels prennent la question vraiment au sérieux et que la première déclaration de la présente législature par un membre de notre caucus concerne l'agriculture.
Comme toute première mesure, le Cabinet a débloqué des fonds pour aider les producteurs agricoles canadiens. Le gouvernement s'est fixé comme priorité permanente de collaborer avec les citoyens qui l'ont porté au pouvoir et de s'assurer que ses priorités correspondent à celles des Canadiens et que la Chambre des communes accorde à l'agriculture l'attention qui s'impose.
Je dois tout d'abord dire que le caucus, le Cabinet et le gouvernement conservateurs contiennent plus d'agriculteurs et de représentants d'intérêts agricoles que tout autre gouvernement de mémoire d'homme. Ces députés se battent chaque jour pour les agriculteurs. Je suis honoré de faire partie de cette équipe qui représentera les agriculteurs avec détermination au cours des prochaines années.
Comme nous l'avons dit dans le discours du Trône, nous sommes conscients des défis uniques que doivent relever ceux qui gagnent leur vie grâce à nos terres et à nos ressources naturelles, surtout dans le domaine de l'agriculture. Nous allons assurer au secteur canadien de l'agriculture un avenir prospère après 13 années de négligence. Pendant 13 ans, le gouvernement libéral a feint de ne pas voir la situation pénible des agriculteurs canadiens, qui travaillent d'arrache-pied.
Pendant que d'autres pays versaient des milliards de dollars de subventions, les libéraux ont regardé passer le train. Pendant que le revenu des agriculteurs dégringolait, ils sont restés les bras croisés. Lorsque la catastrophe s'est abattue, ils ont promis de l'argent, mais n'ont pas respecté leurs promesses. Quand ils ont fini par agir, ils ont enseveli les agriculteurs sous la paperasse et ont rendu les règles du PCSRA plus complexes.
Or, le 23 janvier, les Canadiens ont voté pour le changement, y compris dans le secteur agricole. Nous avons l'intention de concrétiser enfin les changements que les agriculteurs méritent. La toute première mesure prise par notre Cabinet a été de verser les 755 millions de dollars en vertu du programme de paiements relatifs au secteur des grains et des oléagineux. Cet argent avait été promis par le gouvernement précédent. Je n'ai aucune idée pourquoi il n'avait jamais été versé, mais c'est pourtant le cas. C'est la première chose que nous avons faite.
De plus, nous avons accéléré les paiements, de sorte que 90 p. 100 de l'argent a été versé immédiatement et que 400 millions de dollars se trouvent déjà dans les poches des producteurs. Le reste de l'argent devrait être envoyé au cours des trois prochaines semaines. Par ailleurs, pendant la campagne électorale, les conservateurs ont promis un investissement supplémentaire de 2,5 milliards de dollars dans l'agriculture au cours des cinq prochaines années, investissement qui vient s'ajouter au financement de base. Nous allons répondre aux besoins des agriculteurs. C'est une des priorités du gouvernement.
Nous apportons aussi des changements au PCSRA à court terme. Nous avons entendu beaucoup de suggestions ce soir visant à régler les problèmes que comporte le PCSRA afin que les agriculteurs puissent vraiment en profiter. Je suis allé dans les dix provinces et j'y ai rencontré des représentants de l'industrie ainsi que les ministres de l'Agriculture. Les agriculteurs, je ne parle pas des grosses organisations, mais bien des agriculteurs, m'ont tous répété la même chose. Le PCSRA n'a pas fonctionné pour eux.
Je citerai le député de Cypress Hills—Grasslands, l'actuel secrétaire parlementaire responsable de la Commission canadienne du blé, qui a déclaré en 2002 que « ce programme ne répondra pas aux besoins des agriculteurs. Il entraînera de gros ennuis pour les agriculteurs et si vous allez de l'avant, le PCSRA posera des problèmes d'un océan à l'autre. » Malheureusement, il avait parfaitement raison.
Les agriculteurs savaient que ce programme ne fonctionnerait pas en raison de la lenteur des paiements, de sa complexité, de son imprévisibilité, des problèmes à obtenir du crédit des banques et de l'incapacité à réagir à la baisse à long terme des revenus. Les agriculteurs, principalement ceux du secteur des céréales et des oléagineux, ont déclaré que ce programme ne répondait tout simplement pas aux besoins. Il comportait de gros problèmes. Les agriculteurs sont exaspérés par ce programme et nous avons l'intention de le changer.
Nous maintiendrons le PCSRA cette année, car nous en avons besoin pour assurer la transition. Nous n'avons pas le choix. Au milieu d'une campagne agricole, nous devons apporter des changements. Les provinces collaborent avec nous afin d'améliorer le programme autant que possible à court terme. Nous sommes cependant déterminés à remplacer le PCSRA par des programmes distincts de soutien du revenu et d'aide en cas de catastrophe. Il est temps de séparer ces deux éléments et de donner enfin aux agriculteurs un programme prévisible sur lequel ils peuvent compter, un programme qui n'est pas complexe au point d'avoir à recourir à un comptable pour remplir les formulaires.
D'autres problèmes que les agriculteurs éprouvent sont de portée internationale. Nos agriculteurs n'ont rien à envier à ceux des autres pays, mais ils doivent affronter des subventions et des barrières tarifaires extrêmement élevées. C'est pourquoi le ministre du Commerce international et moi-même avons organisé une table ronde le mois dernier à deux pas d'ici. Nous avons réuni environ 50 organisations nationales clés dans le secteur agroalimentaire pour élaborer nos priorités et nous concentrer sur les réunions de l'Organisation mondiale du commerce qui auront lieu plus tard ce mois-ci et qui aboutiront, je l'espère, cette année.
Plus tard ce mois-ci, je me rendrai à Genève avec nos négociateurs pour faire baisser ces subventions, afin que, comme notre chef l'a dit, nos agriculteurs puissent lutter à armes égales.
Dans le cadre de ces négociations, et on en a parlé à quelques reprises ce soir, je peux garantir aux députés que notre gouvernement défendra avec vigueur notre système de gestion de l'offre dont dépendent des milliers de familles agricoles au Canada. J'ai voté en faveur de la gestion de l'offre en novembre lorsque j'étais dans l'opposition. J'ai voté en faveur à nouveau durant la campagne et je vais défendre la gestion de l'offre à Genève dans le cadre des négociations également.
[Français]
Je voudrais être très clair: nous allons appuyer le système de la gestion de l'offre lors des négociations à Genève.
[Traduction]
Cependant, cela ne veut pas dire que d'autres seront abandonnés à leur sort. Nous entendons défendre les intérêts de tous nos producteurs dans le secteur des grains et des oléagineux, dans le secteur du boeuf et d'autres secteurs qui cherchent des façons de lutter contre ces barrières tarifaires et ces subventions étrangères qui nous empêchent de nous implanter sur d'autres marchés.
Le débat exploratoire de ce soir découle de la crise du revenu qu'on constate dans certains secteurs de l'agriculture. Au cours des trois dernières années, les gouvernements fédéral et provinciaux ont versé beaucoup d'argent dans le cadre de programmes de soutien à l'agriculture, mais beaucoup de nos agriculteurs ont encore du mal à joindre les deux bouts. C'est pourquoi, je le répète, nous avons promis 2,5 milliards de dollars de plus pour les programmes de soutien à l'agriculture au cours des cinq prochaines années. Cependant, nous savons également qu'une solution à long terme ne consiste pas à essayer de régler le problème à coup de dollars, même si c'est nécessaire à court terme et si nous allons verser davantage dans un avenir rapproché.
Nous devons tout réexaminer pour déterminer comment notre agriculture s'en sort sur le marché planétaire du XXIe siècle. Nous voulons créer un climat permettant à nos producteurs agricoles de gagner décemment leur vie sur le marché et d'être prospères à l'avenir.
Les carburants renouvelables représentent l'un de ces marchés émergents. Ce n'est pas la seule réponse, mais c'est symbolique. Bientôt, nous mettrons en oeuvre notre stratégie sur les biocarburants. Je travaille de concert avec la ministre de l'Environnement pour que les agriculteurs profitent de notre engagement de 5 p. 100 en matière de biocarburants. Nous voulons nous assurer que le passage aux biocarburants aide l'environnement. Nous voulons nous assurer d'avoir une source fiable de carburant, évidemment, mais nous voulons aussi être certains que les agriculteurs y trouvent leur compte, et non seulement les grandes entreprises, jour après jour pour les années à venir. Nous élaborons une stratégie sur les biocarburants pour cela.
De plus, nous tirerons parti davantage de nos capacités scientifiques et technologiques. À cet égard, le Canada possède un avantage appréciable par rapport à beaucoup d'autres concurrents mondiaux. Les travaux de recherche et l'innovation technologique en agriculture peuvent permettre de découvrir de nombreuses nouvelles cultures et nouvelles utilisations pour les cultures. À long terme, les subventions gouvernementales ne représentent pas la solution. Les agriculteurs ne demandent pas la charité. Ils ne veulent pas se contenter de retirer leurs chèques de la boîte aux lettres. Ils veulent gagner leur vie et celle de leurs enfants et de leurs petits-enfants par le marché, et ils le méritent.
Les gouvernements peuvent aider les agriculteurs dans une certaine mesure quand arrive une catastrophe ou que le revenu dégringole de manière vertigineuse, mais c'est le marché qui va les aider à être prospères. Mon ambition et celle du gouvernement est de stabiliser tous les secteurs agricoles et de rendre les agriculteurs prospères. Ces derniers savent que le gouvernement sera derrière eux au fur et à mesure qu'ils progresseront, après une trop longue période d'attente, vers la prospérité et un revenu agricole qu'ils tireront du marché et qu'ils méritent.
Les solutions que nous proposons seront axées sur le marché, mais le gouvernement sera présent durant la transition de la situation actuelle, qui n'est pas reluisante, vers un marché diversifié qui récompense le travail des agriculteurs jour après jour.
Les producteurs se heurtent à des problèmes. Nous avons écouté leurs préoccupations. Nous sommes conscients qu'il y a une crise du revenu. Nous serons là pour aider les agriculteurs. Nous sommes déjà à leurs côtés. Ils peuvent compter sur nous ici et à l'étranger pour les années à venir.
:
Monsieur le Président, cela concerne tout le gouvernement, y compris le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration. Nous avons parfois besoin de faire venir des travailleurs agricoles dans le pays. Tout le gouvernement est aux prises avec ce problème.
Que faire pendant cette période de transition quand l’âge moyen des agriculteurs est proche de 60 ans? Nous courons le risque de perdre une génération. L’agriculture n’est pas un métier qu’on peut apprendre du jour au lendemain. Il faut avoir vécu dans une ferme pour bien la comprendre.
Les jeunes doivent savoir si le gouvernement est de leur bord. Le gouvernement est-il attentif? Allons-nous les défendre? Nous devons donner aux jeunes l’assurance que nous allons le faire par nos actes et les mesures que nous prenons, de même que par nos paroles et par les gestes concrets que nous faisons à mesure que nous progressons.
Nous devons examiner les programmes gouvernementaux pour déterminer non seulement leurs répercussions sur l’agriculture, mais aussi leurs effets sur les collectivités rurales. Le pays a également besoin d’une stratégie rurale. Voilà pourquoi nous avons insisté, au cours de notre campagne, sur des choses telles que l’importance des études universitaires et des programmes d’apprentissage. Cela donnera aux gens l’espoir que leur travail à la ferme sera utile. Nous allons les aider à obtenir cette formation. Nous allons les aider à avancer.
Lorsque nous parlons de solutions en matière de garde d’enfants, nous ne pensons pas seulement aux solutions qui marchent dans le centre-ville de Toronto. Nous pensons aussi aux solutions qui conviendront aux jeunes agriculteurs qui fondent une famille et qui ont besoin d’un peu d’aide.
Nous avons parlé de ce que nous ferons pour donner des garanties en matière de soins de santé. Si un agriculteur qui va s’établir à la campagne s’interroge sur la disponibilité de soins médicaux, nous pouvons lui dire que nous lui garantirons ces soins. Nous en avons assez d’engloutir des millions dans des entreprises telles que le registre des armes à feu. Nous allons utiliser cet argent pour faire des choses utiles. Nous n’avons pas l’intention de laisser les tracasseries administratives paralyser notre action. Nous allons donner aux agriculteurs la possibilité de progresser.
Nous réduirons la TPS pour que les agriculteurs puissent garder plus d’argent dans leur poche. Nous leur dirons que réaliser un profit n’est pas un péché. Nous ferons en sorte non seulement qu’ils gagnent de l’argent, mais aussi qu’ils puissent le conserver.
Les jeunes agriculteurs veulent savoir ce qui les attend. De ce côté-ci de la Chambre, nous nous efforcerons de leur dire ce qu’il en est. Nous veillerons à ce que les exploitations soient rentables et à ce qu’ils puissent garder leur argent. De ce côté-ci de la Chambre, nous veillerons à ce qu’on les respecte et à ce qu’on respecte leur famille, leur sécurité et leur situation dans le monde. Les agriculteurs peuvent être sûrs que notre gouvernement tiendra ses promesses.
:
Monsieur le président, je tiens d'abord à vous féliciter pour votre nomination. Je sais que vous vous intéressez au gouvernement depuis des années. Je suis vraiment heureux de vous voir siéger comme député et d'occuper un poste aussi important.
J'ai écouté le ministre de l'Agriculture avec énormément d'intérêt. Je lui souhaite beaucoup de succès dans sa recherche d'une solution à cette crise agricole dont il est question aujourd'hui.
Je suis très heureux de constater qu'il ait reconnu non seulement l'existence de problèmes, mais la diversité des problèmes qui ont été créés à la suite du partenariat que les agriculteurs ont entretenu avec les trois éléments de leur soi-disant vache à lait.
Nous savons que les agriculteurs qui ont manifesté sur la Colline cette semaine sont aux prises avec de graves difficultés. Nous savons ce que les gouvernements leur ont répondu par le passé. Non seulement le gouvernement fédéral, mais les gouvernement provinciaux et territoriaux qui faisaient partie du PCSRA.
Je sais que notre ministre reconnaît sûrement qu'avant l'arrivée des libéraux en 1993, certaines ententes internationales sur le commerce influaient sur la question des subventions et que les producteurs canadiens, depuis les ententes conclues dans les années 1980 et au début des années 1990, doivent composer avec ce que les gouvernements peut faire pour les aider. Je suis heureux qu'il le reconnaisse.
Je suis surtout très heureux d'entendre le chef du Bloc nous proposer certaines solutions ce soir.
M. Gerald Keddy: C'est ainsi que vous vous débarrasserez du libre-échange. C'est votre grande réussite à l'OMC.
L'hon. Charles Hubbard: Nous parlerons de la Nouvelle-Écosse plus tard. Pour l'instant, nous parlons du Québec.
J'aimerais souligner à nouveau à la Chambre l'appui extraordinaire que la province de Québec a accordé à la collectivité agricole. Si toutes les provinces s'intéressaient autant à l'agriculture que le Québec, la crise qui sévit actuellement n'aurait probablement jamais eu lieu.
J'ai parlé à bon nombre d'agriculteurs sur la Colline l'autre jour. Ce qui les préoccupe le plus, c'est la gestion des approvisionnements. Ils s'inquiètent de voir arriver les protéines de remplacement dans notre système commercial. Je suis heureux d'entendre dire ce soir que le ministre compte prendre des mesures afin d'interdire ces protéines de remplacement.
Deuxièmement, je suis très heureux d'apprendre que le ministre compte accroître notre budget. Nous savons ce qui a été prévu à ce chapitre dans le budget de 1994 et dans celui de 1995-1996. Je suis heureux de voir que le ministre affecte ces sommes et qu'il l'a fait au mois de janvier.
Je tiens surtout à souligner ce soir qu'un rapport a été produit. Le secrétaire parlementaire du ministre a participé à la production du rapport préparé par le comité permanent.
Le ministre a parlé d'une crise, de graves problèmes et de montants d'argent mis de côté pour régler des problèmes bien précis. Je suis heureux de voir qu'il s'engage à faire cela.
Je tiens également à dire que les chiffres que le ministre avance pour une période de cinq ans sont très loin de correspondre aux attentes de la plupart des groupements agricoles. Un maigre 500 millions de dollars de plus chaque année sera loin de répondre à leurs attentes, eux qui souhaitent voir de grosses sommes d'argent consacrées à la collectivités agricole, ce qui pourrait aider à régler la présente crise et à redresser la situation.
J'espère que lorsque le budget sera présenté le mois prochain, le ministre verra à ce que des sommes supplémentaires y soient prévues, comme il l'a indiqué ce soir.
:
Monsieur le président, je vous remercie de m'allouer quelques minutes pour discuter de la crise de l'agriculture. Mais d'abord, je vous félicite de votre nouveau poste. Il me semble important de prendre ces quelques instants pour vous remercier.
La crise de l'agriculture touche plusieurs secteurs: celui des producteurs bovins, celui des producteurs de céréales, mais il en touche d'autres également.
Vous verrez un peu plus tard où je veux en venir. Je vous ferai part d'une situation qui se produit dans ma circonscription, dans une portion de l'agriculture à laquelle nous devons nous attarder et porter une attention particulière.
Le discours du Trône sert à faire connaître les orientations du nouveau gouvernement et les priorités qu'il a établies pour son mandat. Lorsqu'un discours du Trône ne comporte que quelques éléments, cela signifie que plusieurs groupes, plusieurs industries et plusieurs individus seront laissés pour compte. D'après le discours du Trône et ce qu'on a pu voir au cours des derniers jours, bien des besoins ne seront pas comblés. La gestion de l'offre est très importante pour les industries du poulet, des oeufs, du dindon et pour l'industrie laitière. La question de la gestion de l'offre a été mise de côté.
Je me pose un certain nombre de questions. Ce soir, nous débattons de l'agriculture. Mais cet après-midi, en Chambre, au cours du débat sur l'Adresse en réponse au discours du Trône, ce qu'a dit le député de Elgin—Middlesex—London m'a beaucoup inquiété. Il a indiqué que son gouvernement avait des priorités à régler avant toute autre question. Pour les gens de ma circonscription, les questions de l'agriculture et de la gestion de l'offre sont des priorités. Ce ne sont pas des priorités que pour Madawaska—Restigouche, mais aussi pour l'ensemble du Nouveau-Brunswick et des régions rurales du pays.
Je comprends difficilement que l'agriculture et la gestion de l'offre ne soient pas des priorités pour ce nouveau gouvernement. Il pourra dire ce qu'il veut mais, comme je l'ai dit, un discours du Trône doit faire connaître les priorités et les axes vers lesquels le gouvernement tendra.
Ce n'est certainement pas ainsi qu'on pourra aider l'industrie agricole ni l'aider par rapport à la gestion de l'offre. Madawaska—Restigouche est une circonscription du nord du Nouveau-Brunswick, une circonscription rurale — comme l'ensemble du Nouveau-Brunswick — pour laquelle la diversification de l'économie est très importante. On ne parle pas que d'une industrie qui produit du plastique ou de l'essence, on parle aussi des agriculteurs.
Une diversification économique complète peut donner sa force à une région et la faire regarder vers l'avenir. C'est ce vers quoi une région doit se tourner, et la diversification de l'économie le lui permet. Dans nos régions, plusieurs entreprises ont décidé de faire de la diversification pour améliorer leur sort et se développer. Ils l'ont aussi fait pour aider les individus qui ont des emplois. Grâce à cette diversification, ces familles peuvent rester dans leur milieu plutôt que se déplacer vers les milieux urbains.
La gestion de l'offre est très importante pour le production d'oeufs, de poulet et de lait. Ces trois produits permettent à l'ensemble des citoyens de ce pays de se nourrir chaque jour, non seulement dans les milieux ruraux, mais aussi dans les milieux urbains. On oublie souvent l'importance de nos régions rurales et ce qu'elles apportent à l'économie, en plus d'aider l'ensemble d'une population à se nourrir.
Ma circonscription, Madawaska—Restigouche, a une particularité. Elle réalise 80 p. 100 cent de la production de poulet du Nouveau-Brunswick. Vous conviendrez, monsieur le président, que lors de mon premier mandat en tant que député fédéral, ce dossier était primordial pour moi. C'est encore un dossier qui est plus qu'important.
Aujourd'hui, j'en suis à mon deuxième mandat. Durant la dernière campagne électorale, je me suis engagé envers les gens de ma circonscription à défendre leurs intérêts en ce qui concerne les enjeux importants pour eux. Vous comprendrez et conviendrez aussi que, puisque 80 p. 100 des poulets produits au Nouveau-Brunswick le sont dans ma circonscription, il s'agit d'un dossier très important pour mes électeurs.
Il faut aussi regarder un peu plus loin et se pencher sur la question de la négociation et sur l'Organisation mondiale du commerce. Il faut peut-être parler de la gestion de l'offre, car je ne suis pas convaincu que l'ensemble des citoyens de ce pays en sont conscients. Ce qui fait la beauté de la gestion de l'offre, c'est que le gouvernement n'a pas à aider financièrement l'industrie. En contrepartie, il faut que le gouvernement soutienne cette industrie et la gestion de l'offre. Lorsque celles-ci ne sont pas soutenues, des crises surviennent.
Dans ma circonscription, les gens me l'ont dit. Chaque fois que des producteurs de poulets, d'oeufs ou de lait sont venus ici, sur la Colline du Parlement, je me suis déplacé pour aller les rencontrer. J'ai pris le temps de parler avec eux pour m'assurer de bien comprendre leurs réalités.
Certes, en tant que députés fédéraux, nous ne savons pas tout. Comme nous le disons chez nous, nous ne sommes pas des p'tits Jos Connaissant. Nous ne pouvons pas connaître l'ensemble des dossiers. Toutefois, lorsque nous avons la volonté de bien servir la population que nous représentons, nous nous assurons de nous concerter avec les gens du milieu, pour comprendre leurs besoins.
Encore une fois, il faut mentionner que la gestion de l'offre ne représente aucun coût pour le gouvernement fédéral. C'est l'industrie qui gère sa production, qui fait de l'autogestion. Il faut sans cesse le mentionner et toujours être très puissant sur ce plan. En effet, les agriculteurs, les gens qui ont besoin de la gestion de l'offre, doivent être défendus à cet égard.
Lorsqu'on se penche sur la question de la gestion de l'offre, on s'aperçoit qu'il est certes question de négociations. Elles ne sont pas seulement menées ici au Canada; elles le sont aussi à l'échelle mondiale. Il n'en demeure pas moins que la gestion de l'offre, ainsi qu'elle est faite ici au Canada, cela ne se négocie pas. Nous avons un système de gestion de l'offre pour nos producteurs, et ils nous demandent de les soutenir, comme je l'ai mentionné plus tôt. Cependant, il faut s'assurer de ne pas négocier ce qui ne doit pas l'être: il ne faut pas accorder de compromis lorsqu'il ne doit pas y en avoir.
Pendant trop longtemps, nous avons proposé des compromis et nous avons négocié. Nous avons dit à nos amis américains et européens qu'ils pourraient entrer dans notre territoire moyennant un certain pourcentage, et que nous pourrions entrer également dans le leur moyennant un certain pourcentage. Donc, nous aurions tous été en mesure de faire de l'exportation. Faire de l'exportation, c'est une chose. Toutefois, lorsque nous respectons nos engagements et que nos amis ne respectent pas les leurs, il faut prendre conscience que la négociation et les compromis doivent cesser.
En ce qui concerne bien d'autres dossiers et sujets, nous avons négocié et sommes arrivés à des compromis. Nous savons aujourd'hui qu'en ce qui a trait à d'autres dossiers, nous rencontrons des difficultés. Comme je l'ai mentionné, la gestion de l'offre ne se négocie pas et aucun compromis n'est possible. Il faut promouvoir le système que nous avons et le protéger à 100 p. 100, afin de protéger notre industrie.
Voici quelques chiffres très imposants pour démontrer l'importance de la gestion de l'offre. Seulement dans les régions atlantiques, tous les produits sous gestion de l'offre — le poulet, la dinde, les oeufs — représentent 440 millions de dollars. Imaginez-vous qu'il ne s'agit que de quatre provinces qui ne sont pas bien grosses. Néanmoins, c'est important pour l'économie de nos régions. Encore plus important, cela représente au-delà de 15 000 emplois.
Si le gouvernement commence à réagir mollement face au système de la gestion de l'offre, à négocier et à accepter des compromis, cela met en péril toute une industrie des provinces de l'Atlantique, de même que la diversification de notre économie.
Il faut continuer à travailler pour soutenir les gens qui nous ont élus. Je continuerai certainement à le faire. Je suis très fier de représenter les gens de ma circonscription et ceux qui présentent des besoins en ce qui concerne la gestion de l'offre.
:
Monsieur le président, je suis très heureux de répondre à cette question. Je tiens à remercier le député d'en face de me l'avoir posée.
Regardons la réalité. Justement, avant la défaite du gouvernement, en novembre dernier, la Chambre avait adopté à l'unanimité une motion relative à la gestion de l'offre. J'ai toujours appuyé la gestion de l'offre et j'assure tous les députés que je continuerai à le faire.
Mes collègues de ce côté-ci de la Chambre s'intéressent certainement encore plus à la question. Certains d'entre eux, de même que leur famille, ont vécu ou vivent directement de l'agriculture et de l'industrie soumise à la gestion de l'offre.
Regardons un peu plus loin. J'ai 33 ans et il faut connaître mon histoire. Mon père a été élevé dans une ferme laitière. Pour ma part, je n'ai pas été élevé dans une ferme laitière, mais j'ai compris la réalité et les besoins de cette industrie. Qu'on soit touché de près ou de loin par la question, qu'on vienne d'un milieu rural ou urbain, d'une façon ou d'une autre, on finit par établir des liens avec l'agriculture.
On doit être en mesure de défendre l'industrie. Comme je l'ai mentionné plus tôt, il faut la comprendre et il faut être ici pour la défendre.
J'aimerais également mentionner la nécessité d'entrevoir la question sous un autre angle. On a mentionné un peu plus tôt toute la question des substituts de lait. C'est une dure réalité. Personnellement, je crois dans le développement de ma communauté, de ma circonscription, de ma province et de mon pays. Lorsque je dois faire des achats, je les fais chez nous, dans ma circonscription, même s'il est souvent facile de les faire dans la circonscription voisine ou dans une plus grande ville avoisinante. C'est important pour moi.
Examinons toute la question des substituts laitiers. Lorsque je vais faire l'épicerie, je me place dans la peau de l'ensemble de la population. Est-ce acceptable qu'on veuille acheter de la crème glacée, mais que celle-ci contienne autre chose que de la crème? Il est très difficile de pouvoir faire un choix éclairé. On a encore de la chance, puisque certaines compagnies nous offrent de la crème glacée faite à base de crème. Il faut pouvoir continuer à appuyer ces producteurs. En outre, il faut restaurer ce projet de loi visant à avancer dans cette direction, dont la Chambre a été saisie lors de la 38e législature.
Lorsque j'achète un produit, je m'attends qu'il soit véritablement fait à base de certains produits. Lorsque j'achète du fromage, je m'attends qu'il soit fait à base de lait, non pas à base de substances laitières modifiées. Lorsque j'achète de la crème glacée, je m'attends qu'elle soit faite à base de crème.
C'est comme toute la question de la gestion de l'offre. Comme je l'ai mentionné, ce système est en place pour aider l'industrie et les agriculteurs, comme ceux de chez nous, pour les appuyer et pour assurer qu'ils ont les outils nécessaires pour offrir un produit de qualité et limiter les risques possibles. Nous avons une industrie qui se gère très bien. L'industrie a pris en main ses responsabilités et se gère très bien.
Il faut continuer à travailler avec les gens de cette industrie, qu'il s'agisse de la production d'oeufs, de poulet, de lait, de dindon ou d'autres éléments soumis à la gestion de l'offre. Il nous faut être présents pour les appuyer. Il faut continuer à le faire et c'est ce que je ferai.
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Monsieur le président, j'aimerais dire à mes collègues des deux côtés de la Chambre et à tous les Canadiens que, quoi qu'on en dise, l'agriculture est très importante dans le Nord de l'Ontario, où se trouve ma circonscription. On n'y trouve peut-être pas un secteur soumis à la gestion de l'offre aussi important que dans la circonscription de Glengarry—Prescott—Russell ou de Madawaska—Restigouche, mais lorsque je rencontre les producteurs laitiers de ma circonscription, ils parlent avec autant de passion que les gens de ces deux autres circonscriptions du secteur très important de l'agriculture dans lequel ils oeuvrent. Évidemment, c'est le monde de l'agriculture en entier qui souffre ces jours-ci.
Avant de poser une question à mon collègue, j'aimerais prendre un instant pour remercier les électeurs de la circonscription d'Algoma—Manitoulin—Kapuskasing pour leur appui aux dernières élections. Comme nous l'avons tous répété à l'intention de nos électeurs, je vais faire tout mon possible pour bien les représenter, non seulement par mon travail dans ma circonscription, mais également par mon travail à Ottawa.
Je félicite mon collègue, le député de Madawaska—Restigouche, qui a fait son entrée au Parlement en 2004. Il fait partie de nos nouveaux députés dynamiques promis à un brillant avenir. Il a parlé avec passion de la gestion de l'offre dans sa circonscription. Plus tard, si j'en ai l'occasion, je parlerai des problèmes de l'agriculture avec une perspective plus vaste, mais pour l'instant je vais me concentrer sur la gestion de l'offre.
J'ai une lettre qui m'a été remise par M. Keith Emiry, le secrétaire du comité des producteurs laitiers de Manitoulin-West Sudbury. Je l'ai rencontré il y a quelques semaines et j'aimerais citer un extrait de sa lettre, datée du 11 mars, qui figure peut-être parmi l'information distribuée aux députés. Voici ce qu'il dit:
Les discussions à l'OMC vont continuer au printemps, et le secteur agricole canadien soumis à la gestion de l'offre continue de tenir des réunions avec le nouveau gouvernement pour veiller à ce que notre voix soit entendue, à titre de secteur économique important. Les représentants du gouvernement canadien doivent continuer de défendre notre politique commerciale, et en particulier de défendre avec énergie notre politique de gestion de l'offre, à cette étape cruciale dans l'évolution des relations commerciales.
L'auteur poursuit en faisant valoir d'excellents arguments. Je pense que la demande la plus importante pour la survie du système de gestion de l'offre consiste à inclure les produits laitiers et la volaille dans la liste des produits sensibles de l'OMC. Je pense que les députés sont probablement au courant de cela.
Plus loin dans la lettre, l'auteur parle de la souplesse nécessaire pour éliminer complètement les tarifs douaniers ainsi que de la reconnaissance de l'ouverture du marché canadien qui s'est réalisée au cours des dernières années.
Je me demande si le député pourrait nous parler davantage de ces questions, et en particulier de la catégorie des produits sensibles. J'aimerais qu'il souligne l'importance de la gestion de l'offre dans sa circonscription et dans l'ensemble du Canada atlantique.
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Monsieur le président, je voudrais vous féliciter de votre nomination à votre poste. Je voudrais en outre remercier les électeurs de Cypress Hills—Grasslands de m'avoir accordé l'honneur de les représenter de nouveau à la Chambre.
Un jour, un alpiniste du nom d'Yvon Chouinard a mis sur pied une expédition avec ses amis pour faire l'ascension du mont Edith Cavell. Arrivés à la montagne, les alpinistes ont dressé leur tente devant l'imposante paroi rocheuse et ont été forcés d'y rester pendant environ une semaine à cause d'une tempête. Celle-ci a fini par se calmer, et ils ont pu commencer leur ascension. Après l'ascension, Chouinard a dit qu'il n'était pas payant de regarder trop longtemps une grande paroi rocheuse.
Dans le secteur de l'agriculture, je pense que nous nous trouvons face à un mur, mais je me réjouis que le gouvernement actuel ne soit pas du genre à contempler trop longtemps ce mur. Le gouvernement est prêt à agir et à améliorer la situation des agriculteurs et des producteurs de tout le Canada.
Je suis agriculteur et j'en suis fier. J'ai grandi dans une ferme et j'y ai passé ma vie. J'habite la maison de ferme que mon grand-oncle a construite en 1918. Je continuerai de m'intéresser à notre exploitation agricole. Je comprends les pressions que subissent les agriculteurs. J'ai commencé à pratiquer l'agriculture avant d'avoir terminé mes études secondaires et j'ai continué de le faire pendant les années 1970, 1980 et 1990. Je comprends bien les pressions que subissent les agriculteurs et les producteurs.
Nous nous retrouvons encore une fois ici, ce soir, à discuter de l'agriculture dans le cadre d'un débat prolongé. J'aperçois des visages familiers et de nouveaux visages. Nous avions répété maintes fois que nous ne voulions pas reprendre un tel débat. J'aperçois l'ancien président du Comité de l'agriculture qui hoche la tête, car il sait que nous avons déjà eu ces conversations.
Aucun Canadien ne veut que l'agriculture devienne un bénéficiaire de l'assistance sociale, mais il semble que cela ait presque été l'intention du gouvernement précédent. Nous avons l'occasion d'apporter à l'agriculture des changements structurels de fond qui lui donneront une chance de connaître un essor.
Ce soir, le chef de l'opposition a dit qu'il était temps que notre parti assume la responsabilité du secteur agricole, et nous sommes disposés à le faire, mais je pense qu'il importe d'abord de parler de la situation qu'a laissée l'ancien gouvernement. Il est important que les gens comprennent ce qui n'a pas été fait et par où nous devons commencer.
À mon avis, le secteur agricole ressemble actuellement à une vieille maison de ferme abandonnée dans les Prairies. Le toit coule, les fenêtres ont disparu, les portes sont déglinguées et les volets sont brisés. Certains s'attendent à ce qu'elle se transforme en palais du jour au lendemain. Nous devons dire aux gens qu'il nous faudra du temps pour apporter les changements qui feront une grande différence pour les agriculteurs. Notre tâche est de rendre la maison d'abord vivable, puis de la restaurer comme il convient, et c'est ce que nous comptons faire.
Les choses étaient pires que nous l'avions pensé. Nous avons découvert que le programme de soutien du revenu agricole a été essentiellement rejeté par tout le monde. À un moment, les provinces ont dit qu'elles voulaient continuer d'utiliser ce programme et, maintenant, elles nous disent qu'elles n'en veulent pas non plus. Le principal programme de soutien du revenu agricole que les agriculteurs avaient au Canada a été rejeté par presque tous les intervenants dans le secteur.
La réorganisation du ministère de l'Agriculture qui a eu lieu il y a quelques années s'est faite relativement sans bruit. Bien des gens ne sont pas au courant de cette réorganisation dont les effets se font encore sentir à la grandeur du ministère. Ce virage a paralysé les capacités en recherche et développement, et il est nécessaire qu'on le comprenne. J'ai eu l'occasion de parler à certains employés dans ce domaine. La semaine dernière, soit à la fin mars, ils n'avaient pas encore reçu leur budget pour cette année. De toute évidence, des changements s'imposent pour que nous puissions aller de l'avant. J'ai même constaté que des scientifiques devaient trouver eux-mêmes des fonds pour financer leurs projets.
Nous avons abordé brièvement la question des négociations bilatérales ce soir. Il n'y a pas de développement dans ce dossier. On a dit que nous devions aller de l'avant, et c'est ce que nous croyons, mais le précédent gouvernement ne nous a indiqué aucun développement sur ce front. Il faut un peu de temps pour évaluer la situation et foncer. Nous avons conclu deux ententes bilatérales par rapport aux 40 que les États-Unis ont signées depuis l'an 2000. Ils avancent et ils ont commencé à nous prendre des marchés. Nous devons agir dans ces dossiers.
Les biocarburants sont devenus un enjeu important au Canada. Tout le monde parle de biodiésel et d'éthanol. Nous avons besoin d'une norme nationale pour les carburants. Nous n'avons même pas de norme. Le précédent gouvernement n'a jamais préparé le terrain pour l'établissement de la norme dont nous avions besoin.
Plus tôt, un député a parlé du programme d'expansion du marché de l'éthanol. Ce programme visait les collectivités agricoles et les régions rurales et privilégiait les projets de petite et de moyenne envergure susceptibles de gagner l'adhésion des agriculteurs et des producteurs. Le précédent gouvernement a réaffecté les fonds aux grandes entreprises. Les petits projets dans les petites régions rurales qui suscitaient l'intérêt des producteurs ont été laissés pour compte. Il est nécessaire de se pencher là-dessus aussi.
Bref, nous avons beaucoup de pain sur la planche, qu'on se le dise. Il y a une chose dont je suis sûr, cependant, c'est que ce n'est pas la fin de l'agriculture. Ceux d'entre nous qui sont agriculteurs savent qu'il faut beaucoup plus qu'une situation comme celle que nous connaissons maintenant pour nous décourager et sonner le glas de l'agriculture.
Pendant la campagne électorale, je demandais aux gens ce qu'ils faisaient de fructueux, à leur exploitation et dans leur localité. Je veux répéter aux députés certaines de leurs réponses.
Je connais des agriculteurs et des producteurs qui exploitent des usines de nettoyage des semences et qui ont eu une très bonne année, l'an dernier, d'après ce qu'ils m'ont dit. Je connais des agriculteurs qui exploitent des cultures spéciales et qui font des bénéfices remarquables avec très peu d'acres de terres.
Des gens m'ont dit qu'ils ont diversifié leurs activités et qu'ils se sont mis à la culture des fines herbes et des épices. On peut les cultiver, même dans les terres arides de la Saskatchewan, et les mettre en marché dans le monde entier. Des gens m'ont dit qu'ils ont décidé d'ajouter le tourisme à leurs activités agricoles, et qu'ils ont réussi à le faire avec beaucoup de succès.
D'autres m'ont dit qu'ils ont établi des camps de chasse en Saskatchewan et ailleurs dans le monde, et que ces camps les ont aidés à sauver leur ferme.
Nous avons des industries manufacturières dans notre circonscription, reliées ou non à des entreprises agricoles. Nous faisons de la transformation d'aliments. Un jeune couple de ma circonscription a mis au point de nouvelles pâtes faites de lentilles qui sont maintenant sur le marché. Ils s'occupent maintenant de leur commercialisation et réussissent bien.
Nous avons des viandes de spécialité. En fait, certains ont cessé de produire du boeuf et du poulet parce qu'ils faisaient plus d'argent avec ces nouveaux produits.
Nous avons des fermes spécialisées dans la culture biologique. Nous avons des coopératives qui appartiennent aux producteurs. Nous avons des producteurs de semences. Nous avons des commerces de détail qui appartiennent à des agriculteurs et à des producteurs.
L'agriculture n'est pas morte, mais nous devons pouvoir donner aux agriculteurs et aux producteurs la possibilité de réussir.
Il y a autre chose que nous devons faire pour leur donner une chance de réussir: obtenir pour eux une bonne entente commerciale à l'OMC. Nous dépendons beaucoup du commerce, étant donné que 80 p. 100 de nos produits agricoles sont exportés. Les producteurs ont désespérément besoin d'un système commercial international fondé sur des règles, un système qui soit juste pour eux. Nous voulons pouvoir soutenir le libre-échange et le commerce équitable. Les agriculteurs, dans mon coin du monde, ont besoin d'une bonne entente de libre-échange dynamique pour s'assurer un avenir prospère.
On nous dit qu'ils pourraient obtenir jusqu'à 20 $ la tonne pour leur blé si nous pouvions conclure une bonne entente commerciale. Pour le canola, qui se cultive beaucoup dans nos régions, c'est jusqu'à 70 $ la tonne qu'ils pourraient obtenir. Il est important que les règles du jeu soient les mêmes pour tous à l'échelle internationale. Nous en avons besoin. Les trois aspects dont nous discutons depuis quelques années dans le cadre des négociations commerciales font partie de cela. Nous devons éliminer le soutien interne qui est à l'origine de distorsions commerciales, réduire les subventions aux exportations et assurer un accès réel des produits à d'autres marchés.
Pour offrir des possibilités aux agriculteurs canadiens, surtout ceux de l'Ouest, je crois qu'il faut également leur donner des choix en matière de mise en marché. Nous devons créer une situation où ils peuvent commencer à choisir comment commercialiser leurs propres produits, surtout les grains. Les Canadiens de l'Ouest ont besoin d'avoir la possibilité de réussir. Ils doivent pouvoir rêver au succès. Pourquoi pas?
J'ai réalisé une étude il y a environ quatre ans. Il y avait 120 usines de transformation de cultures spéciales dans notre province. Nous avions 14 minoteries, dont 12 appartenaient à des sociétés étrangères. Les cultures spéciales offrent des possibilités. Il peut en être de même pour les grains. Le gouvernement est déterminé à réformer la Commission canadienne du blé et à donner aux agriculteurs le choix de la façon de commercialiser et de transformer leurs propres grains.
Les agriculteurs d'un secteur désigné continuent à insister pour avoir plus de choix en matière de commercialisation. L'industrie nous dit qu'elle est disposée à accepter des changements. Les producteurs sont ingénieux et ont démontré leur capacité d'adaptation et de succès. Nous épaulerons la commission pendant la transition afin de veiller à ce que les agriculteurs qui l'appuient puissent continuer d'y faire appel.
Nous pensons pouvoir travailler avec la commission. D'ailleurs, c'est en collaborant avec elle que nous avons réussi à augmenter les prix de base. On l'a annoncé hier. Le prix du blé et du blé fourrager passera de 13 $ à 23 $ la tonne, celui du blé dur, de 15 $ à 19 $ la tonne, et le prix de l'orge augmentera de 10 $ la tonne. Bien qu'il constitue un bon début, ce changement n'effacera pas 13 ans de règne libéral.
Nous sommes bien sûr confrontés à beaucoup de problèmes. Un des plus gros concerne le revenu agricole. Ce soir, nous nous sommes engagés à résoudre ce problème. Nous allons le faire, comme nous l'avons promis pendant la campagne. Nous avons dit que nous remplacerons le PCSRA. Nous nous y sommes engagés. Nous avons dit que nous mettrons en oeuvre un nouveau programme d'aide en cas de catastrophe et nous nous engageons à affecter, pour soutenir le revenu agricole, 2,5 milliards de dollars supplémentaires dans les cinq prochaines années afin que nos agriculteurs puissent commencer à prospérer.
En conclusion, j'aimerais vous décrire une bande dessinée que j'ai vue. Il s'agissait d'un petit canard muni d'un gant de baseball, au milieu d'un champ de baseball. La balle est frappée et file dans les airs. En attendant de l'attraper, il se dit « Le succès est la rencontre de l'habileté et d'une occasion ». La balle lui passe par-dessus la tête et atterrit par terre. Ensuite, il se dit « L'échec, c'est la rencontre de la fantaisie et de la réalité ».
Nous avons eu assez de cela. Nous pensons pouvoir mieux faire. Nous savons ce qui doit être fait et nous avons la capacité de le faire. Nous le ferons afin d'assurer le succès des producteurs agricoles de tout le Canada.
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Monsieur le président, je veux prendre quelques secondes pour remercier les électeurs de Richmond—Arthabaska de m'avoir fait confiance une deuxième fois le 23 janvier dernier. C'est tout ce que je dirai pour le moment à ce propos. Je me reprendrai lors d'un autre discours, parce que je trouve le sujet de ce soir trop important pour que je m'étende sur autre chose que l'agriculture.
Je remercie donc le Parlement, les autres partis d'avoir accepté qu'on tienne un débat exploratoire, comme on l'avait demandé à la suite de la manifestation qui a eu lieu sur la Colline du Parlement. Ces milliers de producteurs agricoles ne sont pas venus pour rien, ils ne sont pas venus en touristes à Ottawa; ils sont venus manifester leur désarroi.
Ces milliers d'agriculteurs, hier sur la Colline, ont lancé plusieurs messages importants au nouveau gouvernement. Tout d'abord, « bienvenue dans la réalité ». On s'aperçoit que le vrai monde est venu dire qu'on avait grandement besoin d'aide à ce moment-ci. La lune de miel est terminée également. Il est temps que le gouvernement s'arrête et pense à ce qu'il peut faire lorsqu'il y a des urgences comme celle qu'on est venu démontrer par cette manifestation.
Il est donc temps de passer à l'action, il est temps de remplir également les engagements pris lors de la campagne électorale et également dans le discours du Trône. J'y reviendra un peu plus tard, puisqu'on parle d'agriculture.
Les engagements électoraux des conservateurs laissaient entendre qu'ils soutiendraient les producteurs agricoles. Je l'ai entendu de vive voix lorsque j'ai participé à un débat lors de la campagne électorale, débat organisé à Toronto par la Fédération canadienne de l'agriculture. En effet, la porte-parole en matière d'agriculture des conservateurs a dit qu'on avait pris des engagements en ce sens. Maintenant on attend que la marchandise soit livrée.
Dans le discours du Trône, à la page 12, toute dernière de ce discours, on dit que:
Le gouvernement reconnaît les difficultés particulières que connaissent les personnes qui tirent leur subsistance de la terre et des océans, dans les industries stratégiques que sont les ressources naturelles et l'agriculture. Il prendra les mesures qui s'imposent pour assurer, après des années de négligence, un avenir prospère au secteur de l'agriculture.
Les mesures qui s'imposent, on les attend. Le temps est venu de montrer sa bonne foi et de remplir les engagements qui ont été pris non seulement en campagne électorale et au cours des années où le parti était dans l'opposition, mais également dans ce discours du Trône.
Les promesses et les belles paroles doivent maintenant se concrétiser. Hier, à la période de questions, le ministre a reconnu qu'un problème se posait à court et à long terme. On a entendu ce soir le premier ministre le reconnaître. On a entendu encore une fois le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire le dire, sauf qu'on n'a pas eu d'engagement formel, malheureusement, de la part ni du premier ministre ni du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
Le ministre a dit que son gouvernement prendrait des dispositions afin de répondre immédiatement à leurs besoins. Pour moi, « immédiatement » signifie: tout de suite. Plus tôt, le ministre disait, en réponse aux questions et commentaires, que le budget s'en venait, qu'on ne pouvait pas non plus y aller de mesures très rapides, ou trop rapides, que le problème ne se réglerait pas en huit semaines. Je comprends que le problème de la crise du revenu agricole ne se réglera pas en huit semaines. Par contre, ce gouvernement a les moyens, le pouvoir, la capacité d'établir des mesures ad hoc, des mesures ponctuelles prises pour venir en aide immédiatement aux producteurs agricoles avant les semences.
Je pense que tous les partis s'entendent sur ce point. En tout cas, de la part du gouvernement, les députés qui se sont levés reconnaissent la situation. L'opposition officielle, le Bloc québécois, le NPD — tout le monde ici ce soir —, semblent tenir le même discours à peu de chose près, évidemment. On ne s'entend pas sur tout, sauf que j'ai entendu qu'on était vraiment sur la même longueur d'onde quant à l'urgence de la situation, sauf qu'il manque un engagement clair et ferme du gouvernement à passer à l'action sur-le-champ.
Quand le ministre dit « immédiatement », j'entends que c'est maintenant. Hier, il aurait même pu sortir devant les producteurs agricoles, comme cela avait été annoncé par son cabinet, pour leur annoncer qu'une mesure immédiate serait prise pour aider à résorber la crise du revenu agricole, non pas la régler tout de suite, immédiatement — on le comprend. Cela aurait déjà été un pas en avant.
Encore là, ces belles paroles doivent se transformer en mesures concrètes, comme je le disais. De plus, si l'on mesure l'efficacité de quelqu'un à ce qu'il fait concrètement, comparativement à ce qu'il dit qu'il fera, on comprend l'inquiétude présente des agriculteurs.
Ainsi les conservateurs ont promis de remplacer le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole, qui ne fonctionne pas. J'ai entendu cela aussi de la part de tout le monde ici ce soir. Or ce programme n'a jamais fonctionné. Il a été rentré dans la gorge des provinces et des producteurs agricoles par l'ex-ministre Vanclief; à cette époque, tout le monde avait dit d'un programme pancanadien uniforme qu'on aurait des problèmes à le mettre en branle, à le gérer et à le faire fonctionner correctement.
La preuve est maintenant faite: nous avons des problèmes avec ce programme. Il est temps de le changer. Le nouveau discours du ministre demande aux agriculteurs de l'aider à convaincre les provinces d'accepter de changer le programme. C'est tout nouveau de la part du ministre parce qu'on est en train de, je le dis en anglais, to scrap the case. On dit maintenant qu'il faut discuter avec les provinces et avoir leur accord.
Il n'est plus temps de discuter, il est plutôt temps d'agir. Les provinces financent 40 p. 100 du PCSRA. Le gouvernement fédéral ne demandera tout de même pas aux provinces de mettre la main dans leur poche une fois de plus pour financer ce programme ou un autre. Il n'en est pas question. Il ne faut pas leur demander d'en faire plus.
Le gouvernement vient d'annoncer un surplus de 10 milliards de dollars. On est capable de répondre aux besoins des producteurs agricoles. La venue d'un nouveau gouvernement n'a pas changé la réalité d'un coup de baguette magique. Comme on l'a toujours dit, les moyens sont à Ottawa et les besoins sont au Québec et dans les provinces. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il est temps de discuter avec les provinces et de leur demander de faire des efforts. Les efforts ont été faits. Le fédéral doit maintenant respecter ses engagements en changeant le programme.
Au Québec, la pression exercée sur les programmes devient insoutenable. Si rien n'est fait, on estime que la Financière agricole du Québec pourrait terminer l'année avec un déficit de 170 millions de dollars. Le ministre est-il en train de faire marche arrière? Est-il en train de revenir sur ses engagements?
Je ne peux pas croire qu'après avoir passé 13 ans dans l'opposition avec le Reform Party, l'Alliance ou le Parti conservateur, le nouveau gouvernement n'a pas eu le temps de se pencher sérieusement sur le PCSRA, alors que tout le monde s'entendait sur son inefficacité. Le seul changement dont on a entendu parler est le remplacement du dépôt par des frais. Cela n'a pas été accepté de façon très joyeuse par les producteurs agricoles du Québec ou d'ailleurs. Je n'ai pas entendu de commentaires très élogieux sur ce changement au Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Devant une telle crise des revenus, le temps n'est plus à l'improvisation.
Les milliers d'agriculteurs qui sont venus hier sur la Colline parlementaire n'étaient pas là pour faire du tourisme. Pour me rendre sur la Colline parlementaire, j'ai traversé le pont Alexandra avec les producteurs agricoles du Québec. Les commentaires qu'on entendait et ce qu'on criait au micro n'étaient pas élogieux pour le nouveau gouvernement.
D'ailleurs, les agriculteurs ont des choses bien plus importantes à faire que de venir sur la Colline parlementaire. Ce qu'ils aiment, c'est travailler sur leur terre. Il faut leur donner les moyens de continuer à aimer leur travail, et leur donner les moyens d'avoir une relève agricole. Au train où vont les choses, on risque de n'avoir d'autre choix que d'acheter nos produits ailleurs, parce que plus personne ici n'aura les moyens de prendre les fermes en charge.
Parce qu'elles ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins, plusieurs fermes doivent cesser leurs opérations. Hier, les agriculteurs sont venus livrer quatre messages très clairs. Les programmes agricoles actuels ne comblent pas la crise des revenus. Il faut établir des mesures d'aide immédiate jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau cadre stratégique agricole. Ce cadre stratégique agricole n'a d'ailleurs jamais été accepté par l'ensemble du milieu agricole du Canada ou du Québec. On est en train d'en préparer un. Le gouvernement en a déjà parlé. D'ici à ce qu'on ait une nouvelle politique agricole, il faut des programmes de soutien interne pour concurrencer les Américains et l'Union européenne, qui subventionnent à tour de bras leur industrie agricole. On n'arrivera jamais à la hauteur de ces subventions, et il ne faudrait pas y arriver non plus. On ne serait pas capables. Mais on peut, sans aucun doute, offrir un soutien interne pour limiter les dégâts.
Le financement doit être souple et s'adapter aux besoins des provinces. Le gouvernement doit maintenir les structures de mise en marché comme la gestion de l'offre. Ce soir, beaucoup de discours défendaient le système de la gestion de l'offre et j'en suis fort aise. En novembre dernier, un peu avant les élections, le Bloc québécois a présenté une motion qui a été adoptée unanimement avant les négociations tenues à Hong-Kong. Grâce à cela, on a réussi à maintenir en place notre système de gestion de l'offre. Faire adopter cette motion de façon unanime n'a pas été facile. Heureusement que des élections étaient en vue.
La crise dont nous parlons est grave.
L'année 2003 a été une année sombre en ce qui a trait au revenu net des agriculteurs. L'année 2006 s'annonce tout aussi sombre.
Agriculture et Agroalimentaire Canada prévoit pour 2006 une baisse dramatique des revenus des producteurs: plus de 50 p. 100 par rapport à l'an dernier et 81 p. 100 par rapport à 2004. L'endettement a augmenté de 90 p. 100 en dix ans, soit de 1995 à 2004. Les producteurs n'ont plus de liquidités. Ils sont endettés et il n'est plus possible pour eux de faire face à cette situation.
Il faut maintenant que le gouvernement agisse. C'est ce que nous demandons ce soir. Tous les partis sont réunis ici et ils sont de bonne foi, j'espère. Ils reconnaissent qu'une crise du revenu agricole existe. Ce que nous demandons maintenant au gouvernement, c'est de passer à l'action.
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Monsieur le président, comme c'est la première fois que j'interviens à la Chambre, je vous demande de faire preuve d'indulgence et de me permettre de faire quelques observations à l'intention des électeurs d'Abbotsford. Ces citoyens m'ont donné le privilège de défendre leurs intérêts et de les représenter à la Chambre et je leur suis sincèrement reconnaissant de la confiance qu'ils m'ont témoignée. J'espère présenter à la Chambre un tableau plus détaillé de mon électorat au cours des semaines à venir.
Plus tôt au cours de la séance, le chef de l'opposition officielle a fait des observations prometteuses. Il semble que son parti soit disposé à collaborer avec le nôtre pour dénouer la crise dans le secteur agricole. Cependant, j'ai été renversé d'entendre le député de Malpeque dire qu'on s'attendait à ce que le gouvernement ait déjà résolu la crise agricole alors qu'il n'est au pouvoir que depuis deux mois, alors que pendant 13 ans, le gouvernement libéral a systématiquement miné la structure de notre institution, brique par brique, bloc par bloc et madrier par madrier. Il est ridicule de s'attendre à ce que le problème soit résolu du jour au lendemain après 13 années de négligence.
Néanmoins, je trouve très encourageantes les observations du premier ministre, du ministre de l'Agriculture et de son secrétaire parlementaire. L'agriculture canadienne est confrontée à des questions cruciales.
Comme certains députés le savent déjà, la circonscription d'Abbotsford est essentiellement une collectivité rurale. Elle constitue le coeur du secteur agricole de la Colombie-Britannique et la plus importante source de revenus agricoles de la province. Qu'on parle de volaille, de framboises, d'oeufs ou de produits laitiers, tous les producteurs de ma collectivité subissent directement les effets des décisions du gouvernement fédéral dans le secteur agricole. Pendant 13 ans, les libéraux ne se sont pas occupés de nos problèmes.
Les agriculteurs d'Abbotsford sont sérieusement affectés par la pénurie de travailleurs saisonniers pendant la période de la récolte. De plus, ils ont été frappés par la grippe aviaire. En fait, aucune collectivité n'a été aussi gravement touchée qu'Abbotsford. Une industrie entière a été presque anéantie du jour au lendemain. Il ne faut pas oublier l'indemnisation inadéquate qu'a reçue le secteur de la volaille dans le cadre du PCSRA.
La collectivité rurale d'Abbotsford est fort consciente de l'incidence négative que les négociations de l'OMC peuvent avoir sur la viabilité des produits soumis à la gestion de l'offre. C'est pourquoi j'applaudis le ministre, le secrétaire parlementaire et le député d'en face d'avoir pris le temps d'écouter. Les nombreux agriculteurs avec lesquels je me suis entretenu sont encouragés de voir que le gouvernement s'engage à remplacer le PCSRA par des programmes distincts de soutien du revenu agricole et d'aide en cas de...
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Monsieur le président, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux nouveaux députés en cette Chambre.
Le ministre des Transports nous trouvait intolérants de ne le laisser que poser une question. Je voulais simplement m'assurer qu'il n'était pas en train de prononcer son discours sans savoir que nous étions à la période réservée aux questions et commentaires. Il n'était aucunement dans notre intention de l'empêcher de parler. Au contraire, son intervention était excellente.
Je tiens à dire au ministre que je partage tout à fait son point de vue sur la gestion de l'offre. Puisqu'il est un nouveau député, peut-être ne sait-il pas que, le 22 novembre dernier, le Bloc québécois a présenté une motion visant justement à assurer la protection du système de la gestion de l'offre dans son intégralité lors des négociations à l'Organisation mondiale du commerce. Cela a toujours constitué un cheval de bataille du Bloc québécois.
Je suis heureux de savoir que le ministre doit défendre le système de la gestion de l'offre dans sa circonscription. J'avoue que ce ne sont pas tous les représentants du gouvernement conservateur qui le font. Je pense notamment au ministre de l'Industrie. Lorsqu'il occupait des fonctions à l'Institut économique de Montréal, il s'était déjà prononcé contre le système de la gestion de l'offre. J'espère que le ministre saura sensibiliser son collègue, afin de s'assurer que tout le Cabinet conservateur ainsi que tous ses collègues seront derrière nous lorsque viendra le temps, encore une fois, de protéger le système de la gestion de l'offre.
Les négociations ne se sont pas terminées à Hong-Kong. Il reste encore à déterminer les modalités. On a toujours de grandes inquiétudes à l'égard de ce qui se passe, notamment en ce qui concerne l'importation de protéines laitières. Les députés en ont sûrement entendu parler, s'ils comptent plusieurs entreprises de production laitière dans leur comté. Justement, cela constitue un grave problème actuellement. Nous avons demandé au gouvernement de recourir, le plus rapidement possible, à l'article XXVIII du GATT, ou encore de modifier le règlement, pour s'assurer de mettre fin à ce genre d'importation de protéines laitières. Cela fait perdre à nos producteurs laitiers 70 millions de dollars par année, rien de moins.
C'est donc un dossier d'une très grande importance pour nous. Nous allons toujours collaborer avec tout parti qui protégera le système de la gestion de l'offre. Mes collègues peuvent en être assurés.
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Monsieur le président, je suis très heureux de vous parler des secteurs soumis à la gestion de l'offre au Canada, de nos producteurs de produits laitiers, de volaille, de dinde, d'oeufs et d'oeufs d'incubation, qui travaillent fort à la grandeur du Canada, jour après jour, pour offrir aux Canadiens et aux Canadiennes des aliments savoureux, d'excellente qualité et à prix abordables.
Au cours des dernières décennies, la gestion de l'offre a contribué énormément à stabiliser le secteur non seulement dans ma province d'origine, le Québec, mais aussi dans tout le Canada.
Le système a porté fruit, et ce, pour l'ensemble de la chaîne de valeur. Dans un secteur axé sur le consommateur, la gestion de l'offre est avantageuse pour tous les partis concernés: les consommateurs, les transformateurs et les producteurs.
En ce qui concerne les consommateurs, d'abord, j'estime qu'ils sont souvent oubliés dans nos discussions concernant la gestion de l'offre alors qu'ils sont la pierre angulaire du secteur dans son ensemble.
À une époque où « le consommateur est roi », la gestion de l'offre a livré aux consommateurs une grande variété d'aliments produits dans le respect de l'environnement, des aliments qui sont novateurs, variés, salubres et d'excellente qualité.
Comment la gestion de l'offre s'est-elle acquittée de cette mission? En étant sensible aux besoins des transformateurs et des producteurs, en favorisant la capacité du système à réagir à l'évolution des besoins du marché et en prenant les mesures nécessaires pour se développer en un secteur moderne, efficace, efficient et tourné vers l'avenir.
Les producteurs soumis à la gestion de l'offre sont demeurés à l'écoute des consommateurs. Ils ont offert la diversité de choix et le vaste éventail de produits que les consommateurs recherchent, ou plutôt qu'ils exigent. Ils ont tenu leur engagement à l'égard de la qualité. Ils ont tenu leur engagement à l'égard de la valeur.
Ils figurent parmi les chefs de file du secteur pour ce qui est de mettre en oeuvre des systèmes de salubrité des aliments et d'assurance de la qualité à la ferme. Ils ont aussi rattaché efficacement ces programmes à des initiatives similaires dans le secteur de la transformation afin de créer un véritable système de salubrité des aliments, et ce, de la ferme jusqu'à votre assiette.
Si nous considérons maintenant le secteur de la transformation, la gestion de l'offre a procuré aux transformateurs un approvisionnement constant et prévisible de produits qui satisfont et dépassent les normes strictes du Canada en matière de qualité des aliments.
Quant aux producteurs, il ne fait aucun doute que la gestion de l'offre leur a procuré un revenu stable et prévisible et leur a assuré un rendement convenable pour leur travail, qui leur a permis d'élever leur famille et de garantir l'approvisionnement du marché. À une époque où les revenus agricoles sont à un niveau parmi les plus faibles de l'histoire dans certains secteurs, la gestion de l'offre demeure une force rentable et viable dans le secteur de l'agriculture canadienne.
Sur cette toile de fond, comme nous le savons tous, le Canada fait face à des pressions considérables dans le cadre des négociations de l'Organisation mondiale du commerce qui ont lieu au sujet de l'agriculture et concernant des points clés importants pour le système de la gestion de l'offre du Canada.
Je veux assurer à cette Chambre que notre gouvernement demeure résolu à défendre la capacité du Canada de choisir la façon de commercialiser ses produits, y compris par l'intermédiaire de systèmes de commercialisation ordonnée comme la gestion de l'offre.
Le gouvernement du Canada continuera de travailler en étroite collaboration avec les gouvernements provinciaux et l'éventail complet des intervenants du secteur pour faire avancer ce dossier et tous les autres éléments de la position de négociation du Canada à l'OMC.
Dans le même ordre d'idée, nous suivons de près les négociations de l'OMC et nous entendons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire disparaître les subventions au commerce international et les pratiques déloyales qui ont un effet de distorsion sur le commerce de certains de nos compétiteurs internationaux.
Nous cherchons des solutions avantageuses pour tous, ce qui signifie que nous avons à coeur la défense des intérêts de tous les producteurs.
Le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire ainsi que le ministre du Commerce international ont adopté une politique d'ouverture et de consultation auprès des dirigeants de GO5 \ Coalition pour un modèle agricole équitable, la Gestion de l'Offre, et ils continueront de le faire au cours des semaines à venir, à mesure que les pourparlers s'intensifient à Genève.
Le mois dernier, les deux ministres ont rencontré les dirigeants des principaux groupes du secteur agroalimentaire national pour faire part de leurs points de vue concernant l'approche du Canada dans la suite des négociations de l'OMC en 2006.
Comme le ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire l'a souligné à cette occasion, le Canada continue de travailler très fort à l'OMC pour faire en sorte que les règles du jeu soient les plus justes possible à l'échelle internationale pour les producteurs et les transformateurs du Canada.
Les négociations de l'OMC entrent dans une phase intensive, tandis que le Canada et d'autres membres de l'OMC s'emploient à conclure le cycle de Doha d'ici la fin de l'année.
Pour le Canada, les enjeux sont considérables. Les agriculteurs canadiens sont des compétiteurs de calibre mondial. Il faut protéger et défendre les intérêts de l'ensemble du secteur agricole du Canada, en s'appuyant sur des règles solides en matière de commerce international, qui contribuent au commerce équitable.
Les producteurs et le secteur dans son ensemble ont un rôle important à jouer en collaborant avec le gouvernement pour l'aider à obtenir, à l'issue de ces négociations, un résultat favorable qui renforce l'économie canadienne et qui profite à l'ensemble du secteur agricole et agroalimentaire. C'est pourquoi les ministres continueront de travailler en collaboration étroite avec le secteur au cours des semaines et des mois à venir.
Pour conclure, je dirai que la gestion de l'offre est une approche adéquate et efficace de la production agricole dans les secteurs orientés vers le marché intérieur.
Non seulement la gestion de l'offre permet-elle aux producteurs d'obtenir des rendements raisonnables sur le marché, mais elle procure aux consommateurs la certitude de la qualité de l'approvisionnement, et elle offre une tribune qui donne la possibilité à tous les membres d'une chaîne de valeur de travailler ensemble pour le bénéfice de tous.
La gestion de l'offre a prouvé son efficacité au fil des ans en atteignant ses buts et ses objectifs. Elle a évolué et elle s'est renforcée dans l'intérêt des producteurs et des consommateurs.
La gestion de l'offre a été le choix des producteurs de produits laitiers, de volaille et d'oeufs, et je peux assurer mes collègues que c'est un choix que le Canada continuera d'appuyer.
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Monsieur le président, je vous souhaite la bienvenue dans votre nouveau poste. Je suis heureux de voir que vous portez votre épinglette de la Légion. C'est toujours une bonne chose d'appuyer nos anciens combattants et leurs organisations.
J'ai eu un excellent dîner ce soir et j'aimerais remercier les agriculteurs qui ont fourni les denrées utilisées. Je les remercie beaucoup. C'était un repas très sain et très copieux. J'apprécie grandement leurs efforts et ceux de leurs familles pour nourrir les députés, afin qu'ils aient la force de discuter de leurs problèmes en vue de leur rendre la vie un peu plus facile.
Il s'agit d'un débat exploratoire. Je voudrais tout d'abord signaler que le secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire et le ministre lui-même sont de bons pères de famille, honorables, honnêtes et travailleurs. Je vais leur fournir quelques notes pour faire avancer ce dossier et contrôler ce ministère. Je dis depuis de nombreuses années que le ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire bouleverse la vie de nos agriculteurs.
Je vais vous faire un petit historique de ce qui arrive à nos agriculteurs et aux entreprises, surtout les petites, dans ma province, la Nouvelle-Écosse. Il y avait une entreprise appelée Dew Drop Gardens, qui produisait des tomates et des concombres hydroponiques et qui faisait tout en son pouvoir pour réduire ses coûts. Le problème résidait dans le fait qu'elle ne pouvait faire en sorte que ses produits se retrouvent sur les étagères des supermarchés. Pourquoi? Parce que la concurrence entre les supermarchés était très réduite du fait qu'ils étaient passés de six à trois et ensuite à deux grands supermarchés en Nouvelle-Écosse, soit Sobeys et Superstore et c'est tout. Cela m'attriste.
Je peux garantir à tous que les problèmes agricoles ne sont pas faciles à régler. Le ministre en aura plein les bras lorsqu'il voudra faire avancer ce dossier. Des choses comme la concurrence internationale, les problèmes internes reliés aux provinces et les mauvaises conditions météorologiques compliquent beaucoup les choses. Il ne pourra résoudre tous les problèmes. Je peux garantir à tous qu'en ce qui concerne notre parti, nous allons faire tout en notre pouvoir pour appuyer de façon proactive les mesures qui seront prises.
Le gouvernement ne réglera pas la crise tant que les petites entreprises familiales et les producteurs ne pourront pas vendre leurs produits. Il ne réglera pas la crise agricole tant qu'une boîte de Cornflakes coûtera 3,60 $ et que le producteur n'en retirera que 7 ¢. Il ne remédiera pas au problème de la crise agricole tant que l'agriculteur ne touchera pas deux ou trois fois ce montant. Si les agriculteurs obtenaient 25 ¢ pour chaque boîte de Cornflakes, ils seraient pas ici.
Si nous ne réglons pas le problème de l'accès au marché intérieur, de l'emprise des entreprises sur le négoce agricole, de la livraison et tous les autres problèmes, la prochaine fois que les agriculteurs viendront à Ottawa, ils laisseront leurs tracteurs, leurs remorques et leurs moissonneuses-batteuses, avec une note disant ceci: « Elles sont à vous. Ça suffit. Nous en avons assez. »
En 1986, je suis allé à l'exposition en Colombie-Britannique. Le pavillon qui a eu le plus de succès était celui du silo-élévateur vert et or de la Saskatchewan. Je suis allé le voir deux fois. C'était merveilleux. Plus de gens, surtout des étrangers, sont venus voir ce silo-élévateur que tout autre pavillon de l'exposition. En même temps, dans les Prairies, on détruisait et on démantelait des silos-élévateurs. En l'absence de silos à proximité, les agriculteurs ont dû faire transporter leurs produits beaucoup plus loin, sur des routes en très mauvais état.
Tous ces problèmes ont rendu la vie très difficile pour les agriculteurs et leurs familles.
La gestion de l'offre est absolument essentielle au Canada, mais le Parti conservateur, à partir de 1993, ne l'a pas beaucoup appuyée. D'ailleurs, la position de ce parti a changé ces dernières années. En passant, je l'en remercie. Les agriculteurs ont de bonnes raisons d'être nerveux quand leurs représentants se présentent devant des commissions internationales comme l'OMC et d'autres afin de promouvoir cette question.
En plus de défendre la gestion de l'offre, le gouvernement doit aussi faire en sorte que le ministre de l'Industrie affirme très clairement son soutien envers la gestion de l'offre. Le gouvernement doit aussi se pencher sur le négoce agricole et revoir les modalités d'approvisionnement des commerces à l'échelle nationale ainsi que tous les autres aspects, afin que les agriculteurs puissent acheminer leurs produits localement et obtenir un prix équitable.
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Monsieur le président, je suis heureux d'intervenir dans cet important débat qui se tient ici ce soir. Tout d'abord, je dois dire que je regrette sincèrement qu'il soit toujours nécessaire de tenir un tel débat. La baisse du revenu agricole est loin d'être un problème nouveau. En fait, il prend plutôt de l'ampleur et si le débat est important, les discours sont toujours creux.
Je sais que tous mes collègues députés aimeraient bien, comme les agriculteurs de partout au pays, que l'on trouve une solution aux problèmes agricoles qui permettrait aux agriculteurs de se concentrer sur leurs opérations agricoles plutôt que de devoir exercer des pressions sur le gouvernement.
Malheureusement, les tendances économiques mondiales, les échanges commerciaux et les diverses politiques gouvernementales ont contribué à transformer le moteur économique qu'était autrefois notre secteur agricole en la seule industrie au monde qui achète au détail et vend en gros. Sans être un économiste, je sais pertinemment que ce genre de stratégie mène au désastre.
Les députés savent-ils que sur les 2 $ que coûte une boîte de biscuits soda au marché d'alimentation, les agriculteurs ne reçoivent que 8 ¢ pour leur travail? C'est bien ça: l'agriculteur, qui est chargé de fournir 100 p. 100 du bien, exception faite de l'emballage, reçoit moins de 4 p. 100 du produit de la vente de cet article. De même, dans le cas d'une boîte de flocons de maïs, comme on l'a déjà mentionné ce soir, qui coûte 3,50 $, le producteur agricole ne touche que 3 p. 100 de ce montant. J'en étais arrivé au chiffre de 11 ¢. Mon collègue me dit que c'est 7 ¢. Disons un chiffre entre les deux. Faut-il s'étonner de ce que les agriculteurs aient de la difficulté à payer pour leurs intrants?
Nos agriculteurs sont confrontés au plus important défi économique des deux dernières décennies et ils se trouvent dans une situation désespérée. En l'espace de seulement deux ans, de nombreux producteurs agricoles ont perdu plus que l'équivalent de la valeur nette réelle de leur entreprise accumulée pendant une génération et, pour bon nombre de ces hommes et de ces femmes, les loups sont aux portes.
Dans ma circonscription, des familles qui travaillent sur la même terre depuis près d'un siècle se voient forcées d'abandonner cet élément irremplaçable de leur patrimoine en raison des subventions étrangères, des faibles cours des denrées de base et de l'augmentation vertigineuse du coût des intrants. Moi qui fais partie de ceux qui vivent encore sur la ferme où ils sont nés, je ne peux qu'imaginer l'angoisse terrible qu'une perte comme celle-là susciterait.
Ce ne sont pas seulement les agriculteurs et leur famille qui ressentent les effets de cette situation. C'est tout le Canada rural qui est touché. Les hôpitaux, les écoles, les églises et les rues principales des petites villes se détériorent du fait de la crise des revenus agricoles.
Nous avons assisté hier à une manifestation tangible de la frustration que cela provoque. Des milliers de producteurs agricoles et de membres de leurs familles se sont rassemblés pacifiquement sur la pelouse du Parlement pour dire à chacun de nous, indépendamment de notre allégeance politique, qu'ils ont besoin de notre aide et qu'ils en ont besoin dès maintenant.
Avant de poursuivre, je veux préciser une chose. Je ne cherche pas à jouer un jeu partisan qui, souvent, peut s'infiltrer dans nos débats en cette enceinte. Il est vrai que les libéraux ont été au pouvoir de 1993 à 2006. Il est vrai, aussi, que les conservateurs ont formé le gouvernement avant cela, et les libéraux avant cela aussi. Indépendamment du parti qui est au pouvoir aujourd'hui et qui l'était l'an dernier, nous devons centrer notre attention sur les hommes, les femmes et les enfants qui ont manifesté sous nos yeux hier. Les Canadiens ont le droit de n'attendre rien de moins de leurs élus.
Je n'ai jamais eu peur de critiquer des ministres libéraux, y compris celui de l'Agriculture, lorsque j'estimais que la critique était justifiée. Même si je pense que le ministre actuel souhaite sincèrement effectuer des changements positifs, je lui promets la même franchise.
Ce soir, nous avons un choix. Nous pouvons parler du passé, chercher des coupables et débattre de ce qui a été fait ou n'a pas été fait au cours des années antérieures. Ou encore, nous pouvons parler des problèmes que rencontrent les agriculteurs aujourd'hui et nous efforcer sincèrement de les résoudre.
Le 6 février, j'ai envoyé au premier ministre une lettre qui ne visait pas à critiquer. Je lui ai écrit que, bien que je sois désormais un député de l'opposition, je ne peux pas me résoudre à faire mon travail en critiquant tout simplement les plans et les priorités du gouvernement. Je pense qu'en plus de défendre une position différente sur certaines questions, un député de l'opposition a aussi le devoir de proposer des solutions pratiques et constructives pour résoudre les problèmes du Canada.
C'est dans cette optique que j'ai l'intention de formuler mes remarques ce soir.
Depuis l'entrée en fonction du nouveau Cabinet, j'ai également écrit au ministre de l'Agriculture deux lettres dans lesquelles je lui soumets une gamme d'options. J'aimerais prendre quelques instants pour parler de ces suggestions à la Chambre ce soir.
Premièrement, j'appuie sans réserve le programme de gestion des risques conçu et proposé par l'office de commercialisation des haricots blancs de l'Ontario, l'association des producteurs de canola de l'Ontario, l'association des producteurs de haricots colorés de l'Ontario, l'association des producteurs de maïs de l'Ontario, les producteurs de soja de l'Ontario, l'office de commercialisation du blé de l'Ontario et les producteurs de maïs de semence de l'Ontario.
Mon parti a indiqué qu'il appuyait fortement cette proposition, et j'exhorte le gouvernement et les autres partis politiques de la Chambre à se déclarer favorables à cette mesure, eux aussi, dans les plus brefs délais. Il est essentiel d'établir un programme de gestion des risques pleinement financé. La province de l'Ontario s'est déjà engagée officiellement à appuyer le programme de gestion des risques, tout comme le Parti libéral du Canada, les groupes d'agriculteurs ainsi que de nombreux députés d'arrière-ban issus de plusieurs partis politiques.
Le temps des discussions à ce sujet est révolu. Nous devons passer sans tarder à la mise en oeuvre d'un programme de gestion des risques pleinement financé.
Deuxièmement, j'exhorte le gouvernement à donner suite au plan du 25 novembre 2005, qui a été adopté à la suite de la table ronde tripartite ayant réuni des représentants du secteur agricole, du gouvernement fédéral et des provinces à Regina, en Saskatchewan. Les acteurs du secteur et les gouvernements ont convenu que l'agriculture canadienne avait besoin, entre autres mesures, d'une politique pour garantir la croissance et la rentabilité, et non uniquement le rendement quantitatif. Tel qu'indiqué par la FCA, il y a déjà des solutions sur la table. Conformément à la proposition, les solutions en question devraient être comprises dans un projet de loi sur l'agriculture canadienne, et j'encourage le ministre à adopter de telles mesures.
Troisièmement, et cela fait suite à mon deuxième point, nous devons élaborer immédiatement une politique agricole nationale à long terme. Pour parler simplement, nous n'avons pas d'orientation nationale en matière d'agriculture, et notre industrie en souffre. Des programmes ponctuels sont compliqués et se révèlent inadéquats lorsqu'il s'agit de surmonter bon nombre des difficultés que doivent affronter nos agriculteurs. Les agriculteurs ont besoin d'un soutien et d'un investissement sur lesquels ils peuvent compter et qu'ils peuvent planifier.
Quatrièmement, le Canada est un pays commerçant. Avec une population relativement faible et une vaste économie axée sur les ressources, le Canada doit commercer avec ses voisins de la communauté internationale. Cela dit, lorsqu'il s'agit de questions comme l'OMC et l'ALENA, le Canada doit s'employer à protéger notre secteur agricole. Des systèmes de commercialisation comme la gestion de l'offre sont des structures intérieures qu'il faut protéger contre des attaques de l'étranger.
Le système actuel a toujours offert aux agriculteurs soumis à la gestion de l'offre un rendement équitable sur des produits de qualité. Je crois qu'il faut continuer d'utiliser ce système. Les attaques contre notre système de gestion de l'offre peuvent revêtir bien des formes. Le gouvernement doit faire preuve de vigilance sur des questions comme le beurre, l'huile, les mélanges de sucre et les concentrés de protéines de lait, car ils représentent des défis sérieux et calculés pour le secteur.
Il y a ensuite la question de la sécurité alimentaire, qui est peut-être la plus importante. C'est peut-être aussi le sujet le plus global que je puisse soulever. À mon avis, nous ne pouvons pas prétendre préserver la souveraineté nationale sans un approvisionnement alimentaire sûr et fiable. Un pays qui ne peut pas nourrir sa population entretient, au mieux, un faux sentiment de sécurité nationale. Comme le Canada n'a jamais connu la faim, nous n'avons pas compris que la sécurité alimentaire est primordiale. Nous devons écarter ce sentiment si nous voulons nous assurer que le Canada ne connaisse jamais la faim à l'avenir.
Enfin, nous entendons beaucoup parler du partage de la responsabilité en matière d'agriculture, soit 60 p. 100 au gouvernement fédéral et 40 p. 100 aux provinces. Il me semble que nous nous querellons pour savoir qui doit consacrer des fonds à l'agriculture. À mon avis, les gouvernements ne devraient pas s'empresser de respecter des exigences minimales. Nous devrions plutôt accorder à l'agriculture l'importance qu'elle mérite vraiment.
Les agriculteurs nourrissent les villes. En fait, ils nourrissent tout le Canada.
Cela n'est peut-être pas techniquement possible, étant donné certaines réalités constitutionnelles, mais je crois que la propriété de la production alimentaire intérieure devrait être fédéralisée. La production alimentaire revêt une importance nationale et, en ce sens, je crois que le gouvernement fédéral a le devoir moral de favoriser et de préserver la force et la viabilité du secteur à long terme.
Je ne laisserais jamais entendre que les provinces devraient abdiquer leur responsabilité à l'égard du secteur agricole. Je crois tout simplement que nous, le gouvernement fédéral, devrions mener la charge.
Soit dit en passant, je crois qu'il convient également de mentionner que les agriculteurs devraient s'unir. Leur industrie est encore sérieusement fragmentée, ce qui ne les a pas bien servis. J'applaudis au moindre effort réel visant à donner à l'agriculture une voix unifiée, mais je crains que la cohésion nécessaire pour susciter de véritables changements et améliorations échappe encore aux dirigeants agricoles. Tant qu'il en sera ainsi, les gouvernements auront du mal à déterminer quels sont les meilleurs outils et modes de distribution dont l'industrie a besoin.
Je viens d'énumérer six points précis qui, à mon avis, seraient bénéfiques pour les agriculteurs canadiens et j'exhorte le gouvernement à adopter rapidement de telles politiques. J'inviterais les partis de l'opposition, y compris le mien, à faire aussi vite pour que ces initiatives se concrétisent. Cela importe peu aux agriculteurs que nous appartenions à un parti ou à un autre. Ce qui leur importe, ce qu'il leur faut et ce qu'ils méritent, c'est que nous agissions sans tarder.
J'ai rencontré le ministre de l'Agriculture plus tôt aujourd'hui et je l'ai remercié d'avoir pris le temps de me rencontrer. J'estime qu'il est un homme sincère et je lui demanderais, au nom des agriculteurs de ma circonscription de Huron—Bruce, de veiller à ce que les questions qui les intéressent reçoivent, à la Chambre et au Cabinet, l'attention qu'elles méritent. Les agriculteurs comptent sur nous. Ils sont la pierre angulaire de notre pays et l'âme du Canada rural. Si notre économie agricole périclite, le reste de notre économie nationale suivra. La 39e législature marque un nouveau départ pour le gouvernement. En dehors de toute partisanerie, je suis prêt à offrir toute l'aide possible.
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Monsieur le président, je suis heureux de prendre part au débat important de ce soir. J'ai écouté avec beaucoup d'attention les observations de mon collègue d'en face. Je suis d'accord avec lui que les agriculteurs n'ont pas besoin qu'une bande de politiciens débattent du passé. Il faut regarder en avant; les agriculteurs ont besoin d'une vision tournée vers l'avenir. Je pense que c'est ce que le premier ministre a décrit ce soir. Mon collègue, le ministre de l'Agriculture, a certes l'intention de collaborer de près avec les agriculteurs et l'industrie agricole afin d'établir une vision promettant un avenir meilleur pour les producteurs agricoles.
Je parle en connaissance de cause, car, comme de nombreux députés conservateurs, je viens d'un milieu agricole. J'ai pratiqué l'agriculture pendant 20 ans et j'en suis fier. Mon frère exploite encore la ferme familiale dans la région de Peace River, c'est-à-dire quelque 3 000 acres de céréales et d'oléagineux. Je sais donc par mon frère, mon cousin, mon oncle et bon nombre de mes amis et partisans à quel point la crise du revenu agricole frappe durement les fermes familiales.
Je ne parlerai jamais trop passionnément de la crise que connaissent nos fermes familiales. En fait, il est très difficile pour moi de parler de cette question sans devenir émotif, à l'instar de nombre de mes collègues. Quand je dis mes collègues, je ne veux pas seulement dire mes collègues conservateurs. Je veux dire les députés de tous les partis représentant une circonscription comptant des agriculteurs. Quand on connaît de première main les problèmes des fermes familiales, quand on voit de jeunes enfants regarder leurs parents qui ont de la difficulté à payer leurs factures, on sait très clairement comment sont touchés nos agriculteurs et nos familles d'agriculteurs.
Du temps où j'étais membre d'organisations de producteurs agricoles, j'ai été président de l'association des producteurs de grain de la Colombie-Britannique. Une des choses que j'ai eu tôt fait d'apprendre, c'est que les agriculteurs n'ont pas besoin de programmes d'aide conçus par des bureaucrates pour des bureaucrates. Ce qui semble vraiment bien dans une tour d'ivoire ici à Ottawa n'est guère utile à l'agriculteur à la ferme, ce qui fait partie du problème. Tous les politiciens ont entendu qu'une partie du problème découle du PCSRA. À l'époque où je m'occupais de ces questions, beaucoup d'agriculteurs ont déployé des efforts considérables pour concevoir un programme appelé CSRN, compte de stabilisation du revenu net, qui fonctionnait assez bien, mais qui a été supprimé.
Le député ne convient-il pas qu'une partie du problème a été que trop souvent les gouvernements, quels qu'ils soient, et c'est certainement le cas du gouvernement libéral à mon avis, et je me garderai d'être trop critique, écoutent trop les fonctionnaires et pas assez les agriculteurs sur ce que ceux-ci veulent vraiment et estiment être le meilleur programme offrant la meilleure aide en temps opportun?
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Monsieur le président, avant de poser ma question ce soir, permettez-moi de vous féliciter, d'un Réginois à l'autre, de votre nouveau rôle ici, au Parlement du Canada.
Nous avons beaucoup discuté ce soir, et beaucoup de choses utiles ont été dites à propos de l'attention particulière qu'il faut accorder d'urgence aux agriculteurs et à leurs familles ce printemps. Le gouvernement a parlé de la disposition qu'il compte inclure dans le prochain budget et, évidemment, les agriculteurs attendront cette nouvelle avec impatience.
On espère, dans les prochains jours, que la situation permettra au gouvernement d'agir dans ce dossier même avant le budget. Il existe des précédents pour une telle action. Si elle est possible, la mesure serait accueillie à bras ouvert par le pays, je n'en ai aucun doute.
Dans la dernière question, on a parlé de la structure du programme. En d'autres mots, comment structurer un programme agricole afin qu'il vienne en aide le plus vite possible aux agriculteurs?
Bien sûr, le revers de la question est d'ordre quantitatif: Combien d'argent faut-il allouer au programme? Quelle que soit la structure du programme, combien d'argent faudra-t-il y investir?
Les quelques dernières années nous ont appris qu'au-delà du financement de sécurité, peu importe la forme qu'il prendra—et il en a pris des différentes au fil des ans—un tel programme coûte en moyenne au moins 1,5 milliard de dollars par an.
Le député de Huron—Bruce a-t-il une idée du montant qu'il faudrait investir si nous voulons vraiment contribuer à la résolution du problème, au moins pour la saison qui approche et peut-être même à plus long terme? A-t-il une idée du montant minimum nécessaire pour alléger ne serait-ce qu'un peu le fardeau que portent les familles d'agriculteurs?
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Monsieur le président, je suis heureux de prendre la parole ce soir à titre de représentant des électeurs de Battlefords—Lloydminster, dans le cadre de la lutte permanente pour maintenir les agriculteurs sur leurs terres.
Monsieur le président, je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député de Bruce—Grey—Owen Sound et j'aimerais que vous m'avertissiez lorsque mon temps sera presque écoulé.
L'agriculture est l'épine dorsale de toute civilisation depuis 6 000 ans. Au cours du dernier siècle, les technologies ont propulsé l'agriculture canadienne, qui n'était au départ qu'une activité de subsistance, jusqu'à un degré de productivité qui permet à chaque agriculteur de nourrir 130 personnes. Notre production totale a augmenté de 350 p. 100. Il y aura toujours un secteur agricole au Canada. Nous traversons une période difficile, mais nous avons la résilience nécessaire. Nous allons survivre.
Quelle est la clé de notre avenir? Comment arriverons-nous à attirer les jeunes générations pour qu'elles veuillent participer au secteur agricole? Comment permettrons-nous à la génération actuelle de bien gagner sa vie et de bâtir une prospérité croissante? Parmi les stratégies importantes dont il a été question se trouve le passage d'une production quantitative à faible coût à une production à grande valeur ajoutée par la transformation des produits agricoles. Ceux-ci peuvent aujourd'hui être transformés en carburant, en composés industriels, en matériaux de construction, en plastiques, en produits pharmaceutiques ou en une multitude de produits que nous n'avons pas encore imaginés.
Le Canada doit saisir l'occasion de se tourner vers la production de produits spéciaux, qu'il s'agisse d'aliments, de carburants ou de produits pharmaceutiques. L'avenir de l'agriculture canadienne dépend de ce virage vers une économie fondée sur les produits biologiques. La production de la biomasse touche trois préoccupations des consommateurs: la santé, la sécurité de l'approvisionnement en énergie et la protection de l'environnement. Des études démontrent que certaines légumineuses et les graines de lin peuvent réduire le risque de maladies cardiaques, de diabète et de cancer.
Le gouvernement s'est engagé à verser 3,2 millions de dollars à Pulse Canada pour mener des projets novateurs sur les légumineuses. L'idée est de lancer un partenariat entre l'industrie, les producteurs et le gouvernement pour améliorer les produits et en développer de nouveaux pour le marché intérieur et pour l'exportation. Nous offrons le même soutien pour le soya, la pomme de terre, les produits laitiers et même le sirop d'érable.
Nous ne pouvons plus nous permettre d'offrir un million de dollars sur papier et constater au bout du compte que le producteur n'a reçu que 40 ¢ de chaque dollar ou que des avocats ou des consultants ont obtenu de gros contrats tandis que les chercheurs passaient deux ans à tenter par eux-mêmes d'obtenir une subvention pour six mois de travail.
Le gouvernement est prêt à rationaliser les processus, à canaliser l'argent directement et à laisser les producteurs, les innovateurs et les marchands mener leurs idées jusqu'à la production. Si le Canada s'était engagé sur la voie de l'éthanol et du biodiésel lorsque nous en avons parlé il y a des années, nous serions beaucoup plus avancés que nous le sommes présentement. Des pays comme le Brésil se sont lancés dans la production de ces biocarburants au milieu des années 1970 et ils sont maintenant à des années-lumière devant nous.
Nous devons adopter comme principe que le marché est souple et innovateur et que le gouvernement est là pour faciliter, pas pour imposer.
L'Agence internationale de l'énergie prévoit que le monde aura besoin de 50 p. 100 plus d'énergie en 2020. Nous savons que l'Inde et la Chine pourraient certainement avoir accès à des carburants plus propres à mesure que leurs économies prennent de l'expansion.
Le gouvernement s'est engagé à faire en sorte que, en 2010, tous les véhicules à moteur du Canada fonctionnent avec une moyenne de 5 p. 100 de carburant renouvelable comme l'éthanol et le biodiésel. Cela nécessitera 8 millions de tonnes de céréales et d'oléagineux.
Nous pouvons réduire les émissions polluantes et, en plus, parvenir à un équilibre énergétique positif. La combustion de l'éthanol produit près de deux fois l'énergie nécessaire pour produire ce carburant et le rendement du biodiésel est encore meilleur. En 2010, la production de 1,4 milliard de litres d'éthanol remplacera 1,2 milliard de litres d'essence classique. C'est magnifique pour l'environnement.
Le nouveau gouvernement conservateur est aux prises avec de nombreux dossiers qui n'ont pas été réglés et doit faire de nombreux choix pour l'avenir rapproché. Nous soutiendrons la recherche, faciliterons l'accès aux marchés, élargirons les possibilités et allégerons le fardeau de la réglementation pour les producteurs.
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Monsieur le président, je suis très heureux d'intervenir en cette 39
e législature au sujet de l'agriculture. Monsieur le président, je vous félicite de votre nomination et je vous souhaite bonne chance.
Je profite également de l'occasion pour remercier les citoyens de Bruce—Grey—Owen Sound de m'avoir de nouveau chargé de les représenter devant cette grande institution fondée sur la tradition. Un grand nombre de citoyens de ma circonscription sont agriculteurs comme moi. De nombreux autres ont grandi à la ferme. Ils sont donc très attachés au secteur rural.
J'ai entendu des députés des autres partis parler des traditions agricoles. J'ai trois fils. Ils représentent la sixième génération de ma famille. Mon cas n'est pas des plus plaisants. Mes fils ont opté pour d'autres secteurs d'activités que l'agriculture. Je ne leur en tiens certainement pas rigueur. Je me souviens du jour où mon plus jeune m'a dit « Papa, je ne veux pas travailler comme toi 18 ou 20 heures par jour sans vraiment savoir si je vais être payé au bout du compte ».
En réalité, c'est bien triste d'en arriver là. Voilà la décision que cette génération a prise. Mes fils ne sont pas les seuls à avoir fait un tel choix; bien des Canadiens, partout au pays, font comme eux. Il faut arrêter la vague qui éloigne les jeunes du secteur agricole.
Le secteur agricole et les agriculteurs sont aux prises avec nombre de problèmes dont ils ne sont pas responsables. Au cours de la dernière année et demie, de nombreux citoyens de ma circonscription m'ont parlé des problèmes agricoles. Ils en viennent tous à parler du PCSRA et du fait que ce programme a échoué sur toute la ligne.
Au cours de la dernière session de la législature précédente, j'ai appuyé notre porte-parole en matière d'agriculture pour demander que le gouvernement annule l'exigence concernant le dépôt en espèces pour les agriculteurs désireux de recevoir des prestations dans le cadre du PCSRA. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé l'annulation de cette exigence et son remplacement par un droit d'examen des demandes. Cela signifie que, dorénavant, les producteurs n'auront plus à immobiliser leur fonds de roulement. Il est déjà possible d'envisager les économies que les agriculteurs pourront réaliser grâce à cette modification.
Par le passé, les agriculteurs devaient déposer 22 p. 100 de la valeur de leurs marges de référence dans un compte PCSRA pour pouvoir bénéficier d'une protection complète en vertu du programme. Cela signifie qu'un producteur possédant une marge de référence de 60 000 $ devait déposer 13 200 $ dans un compte. Une personne qui avait 13 000 $ n'avait pas besoin de ce programme. Cette condition a été abolie. Dans le cadre du système de cotisations, un producteur devra débourser 4,50 $ pour chaque tranche de 1 000 $ de marge de référence protégée. La cotisation est alors établie à 270 $, mais, une fois de plus, on y a dérogé en 2003, en 2004 et en 2005.
Lors de la campagne électorale, le premier ministre a promis d'éliminer le PCSRA et de le remplacer par des mesures distinctes de stabilisation du revenu et des programmes d'intervention en cas de crise. C'est ce que nous avons encore entendu ce soir. Cependant, le premier ministre s'est heurté à un obstacle. Le gouvernement précédant et les provinces ont fait en sorte que la disposition d'exemption soit assujettie à un préavis de 24 mois. Parce que les provinces ne veulent pas courir le risque de devoir verser d'autres indemnités, elles affirment tout d'un coup qu'aucun agriculteur ne s'est plaint du PCSRA. Les provinces veulent conserver le programme.
Nous devrons donc composer avec le PCSRA pour l'instant. Notre ministre, qui a assisté à tout le débat ce soir, cherche actuellement des moyens de faire fonctionner le programme, de le simplifier un peu, du moins jusqu'à ce qu'on le remplace, et de faciliter la vie des agriculteurs.
Le ministre a rencontré ses homologues provinciaux. Je sais qu'en juin, comme le ministre l'a indiqué plus tôt, ils reviendront avec des suggestions. J'espère sincèrement que les dix ministres provinciaux de l'Agriculture formuleront des suggestions constructives et réalistes à notre ministre de l'Agriculture.
Notre comité national sur le PSCRA, auquel siègent 22 producteurs, étudie toutes les options pour améliorer le programme en vue d'assurer plus de stabilité. Nous espérons que, dans son rapport, le comité proposera un programme amélioré. Les membres du comité sont des producteurs agricoles. Ils oeuvrent directement sur le terrain. Ils sont actifs dans le secteur de l'agriculture. Ils devraient être en mesure d'apporter une contribution valable.
Je n'ai pas terminé, mais je constate que j'ai écoulé tout mon temps de parole. Je me ferai un plaisir de répondre à toute question.
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Monsieur le président, je vous souhaite la bienvenue dans votre nouveau poste.
Tout comme le grand Tommy Douglas le disait, la perspective d'une bonne lutte m'aide toujours à me lever le matin. Les gens qui siègent dans cette enceinte savent que je ne donne pas ma place, mais je dois dire ce soir que je dois vraiment me défaire de cette habitude, car j'en ai assez de ce débat.
Mon tout premier débat à la Chambre portait sur cette crise et nous en avons eus tant depuis. Je ne veux vraiment pas être ici dans deux ou trois mois à ressasser les mêmes choses. J'ai le sentiment que nous savons tous en quoi consiste le problème et qu'il s'agit de savoir comment nous allons le régler.
Je peux donner aux députés un exemple. Je représente la grande circonscription de Timmins—James Bay. Nous avons une remarquable base agricole dans cette circonscription. Je pense que c'est la terre promise. Et on peut encore espérer davantage de cette terre promise. Nous parlions l'autre jour avec des agriculteurs de la façon d'encourager des agriculteurs européens à venir s'établir chez nous, car la terre est encore relativement peu coûteuse. Nous avons du blé, des moutons, une grande industrie laitière et un excellent secteur de l'élevage bovin. On peut assurer leur viabilité, mais on constate maintenant que des agriculteurs sont en train de faire faillite. Et ce sont les agriculteurs les plus efficaces du monde.
Un homme m'a appelé dimanche soir chez moi. Les gens savent que je suis chez moi le dimanche soir. Cet homme m'a dit: « M. Angus, je ne veux pas vous déranger, car je sais que vous êtes un homme occupé ». Bien entendu, j'ai répondu qu'il pouvait me déranger. Il m'a dit qu'il avait besoin d'aide, qu'il n'avait pas suffisamment d'aliments pour animaux et qu'il n'avait pas réussi à passer l'hiver. Il a ajouté qu'il ne pouvait plus nourrir son bétail avec des boules de neige et qu'il devait y avoir un programme gouvernemental qui pouvait l'aider à tenir jusqu'au printemps.
Je lui ai demandé s'il avait essayé le PCSRA. Il m'a dit que oui, mais qu'il n'avait rien obtenu. Je lui ai demandé s'il avait profité du Programme de retrait des bouvillons d'abattage. Il m'a dit qu'il avait obtenu un peu de cela, mais qu'il n'avait pu se procurer d'aliments pour animaux. Je lui ai dit que son seul choix était de s'adresser à Financement agricole Canada, mais il ne peut le faire. Personne ne va lui faire crédit.
Tous les députés dans cette enceinte ont des histoires semblables. Nous savons que le PCSRA ne fonctionne pas. Nous en avons parlé mille fois. Des agriculteurs de tout l'Ontario sont venus à l'Assemblée législative de l'Ontario il y a deux semaines. Ils ont entouré l'assemblée, comme ils l'ont fait ici. Ils l'ont entourée pendant quatre jours et ils ont réclamé des mesures concrètes.
Nous avons vu les députés du gouvernement ontarien se lever pendant la présentation de leur budget et se féliciter à grandes tapes dans le dos. Ils ont déclaré à la province entière qu'ils avaient fait de l'excellent travail en disant aux agriculteurs de se rendre à Ottawa, parce que leur problème, c'est Ottawa. Ce n'est pas ce qu'on appelle du leadership. Mais nous, ici, ce soir, ne pouvons pas dire à nos agriculteurs que le PCSRA ne fonctionne pas parce que l'Ontario, la Saskatchewan ou toute autre province ne veut pas les aider. Tout ce qu'il faut, c'est un peu de volonté.
Je propose qu'au cours de la 39e législature nous fassions quelque chose de complètement différent de tout ce que nous avons fait pendant la 38e. Je crois qu'il y a unanimité: ce programme ne fonctionne pas. Je peux citer un précédent au Parlement. L'éminent député d'Elmwood—Transcona m'a parlé du débat sur le projet de loi sur la pension des pompiers. Il s'est levé et a demandé: « Pourquoi discutons-nous? Nous sommes tous d'accord et nous pouvons avoir le consentement unanime. »
De la même façon, nous pourrions décider ce soir, par consentement unanime, que d'ici un an nous aurons un programme de gestion des risques qui fonctionne. Si les provinces ne veulent pas nous suivre, nous les défierons. Le Parlement peut le faire. Nous pouvons nous engager à le faire auprès des agriculteurs. Bien entendu, le ministre ne peut affirmer qu'il peut respecter cette promesse, mais il peut déclarer que le gouvernement essaiera d'inclure cet engagement dans son budget.
Si nous faisions cela, nous enverrions le message que le Parlement est déterminé à régler la crise du revenu agricole. Je dois dire que je ne souhaite pas que chaque député, sachant que rien n'a changé, envoie des dix-pour-cent affirmant que nous nous sommes battus pour les agriculteurs.
Nous pouvons agir dès ce soir. J'invite le ministre à s'y engager. J'invite chacun des partis à travailler avec nous. Mettons nos divergences politiques de côté et attelons-nous à la tâche. Nous avons une année devant nous pour mettre au point un programme de gestion des risques qui marche. Nous tiendrons tête aux provinces si elles refusent d'emboîter le pas, car on connaît le petit jeu: à se renvoyer constamment la balle, personne ne paie la note en fin de compte. Voilà ce que je recommande ce soir. Je demande qu'on donne suite à ma recommandation.
J'aurais quelques autres observations à faire sur l'orientation générale; on nous a d'ailleurs fait des promesses intéressantes. L'idée qu'on puisse miser sur une solution axée sur le marché m'inquiète. Nos agriculteurs comptent parmi les plus efficaces du monde, mais en même temps ils connaissent l'échec, puisque, comme on le sait, cela n'existe pas un marché ouvert en agriculture, pas plus qu'un juste marché ou un marché libre.
Il faut s'attaquer à ces inéquités fondamentales tant à l'échelle nationale qu'internationale et faire preuve de réalisme quant à notre aptitude à juguler le problème. On ne peut pas parler de marché juste ou libre quand celui-ci est contrôlé par Cargill, Tyson et ADM. Lorsque les agriculteurs de ma région, dans le Nord de l'Ontario, viennent livrer leur canola à l'usine de trituration, qu'ADM l'écoule à bas prix et qu'on ne peut le vendre nulle part ailleurs, on ne peut pas parler de marché libre.
Mon bon ami, le député de Sackville--Eastern Shore, a fait remarquer que nos producteurs nationaux n'ont guère de moyens d'acheminer leurs produits vers les épiceries. Quand on crée une coopérative laitière et qu'elle prospère, on sait qu'elle ne survivra pas, car pas un seul épicier indépendant et pas une seule chaîne d'alimentation ne voudra d'un produit local. Il faut nous attaquer à cette perception.
Nous ne pouvons pas demander que le marché s'occupe des problèmes au niveau intérieur, car les agriculteurs sont dans une relation fondamentalement inégale. La question est de savoir si on désire s'attaquer aux problèmes causés par la crise du secteur agricole, car les entreprises agricoles font plus d'argent que jamais auparavant. Il faut faire face à ce problème au niveau intérieur.
Lorsque nous parlons des problèmes au niveau international, nous devons être réalistes. Encore une fois, je tente d'adopter une approche conciliatrice qui permettrait d'apporter des changements au cours de la 39e législature. Nous ne pouvons nullement avoir une solution axée sur le marché lorsque le blé de l'Ontario doit être vendu en Égypte et que nous ne pouvons pas le vendre parce que, dès que la France s'en aperçoit, elle subventionne son blé et le vend moins cher que nous. Il est impossible d'avoir une solution axée sur le marché lorsque les États-Unis subventionnent à 2 $ le boisseau le maïs qu'ils vendent au Canada. Nous ne pouvons pas livrer concurrence dans de tels cas, et nous ne devrions pas y être obligés, car ce n'est fondamentalement pas correct.
J'ai bon espoir que notre ministre se présentera devant l'OMC et défendra nos intérêts, mais personne ne devrait laisser entendre un seul instant que l'Union européenne ou les États-Unis réduiront les subventions dans le cadre de leurs programmes ruraux. Cela n'arrivera pas. Celui qui oserait le proposer pourrait dire adieu à sa carrière politique aux États-Unis. Nous devons être réalistes à cet égard.
Les subventions ne nous nuisent pas seulement sur le marché intérieur; elles causent de grands torts à l'économie internationale. Les économies des pays en développement en souffrent énormément. Les marchés de pays comme la Jamaïque sont inondés de produits de l'Union européenne. Les mesures pour promouvoir les économies agricoles de l'Union européenne et des États-Unis sont essentiellement mauvaises pour quiconque estime qu'un producteur devrait pouvoir vendre ses produits sur le marché. Le Canada peut être fier de ne pas miner les industries agricoles des pays du tiers monde. Nous n'essayons pas de les anéantir avec une approche à la Wal-Mart. Nous essayons d'avoir un marché intérieur qui fonctionne. Notre succès nous vaut des attaques au sein de l'OMC.
Je tiens à dire au ministre que nous avons besoin d'un plan B bien ficelé. Je ne doute pas de sa volonté de nous défendre, mais les États-Unis et l'Union européenne ne joueront pas selon des règles équitables. Sans règles du jeu équitables, pas la peine de parler de réaction du marché international. Cela n'arrivera pas.
Je m'en tiendrai à cela. J'aurais bien aimé remplir mes 10 minutes et, d'habitude, j'essaie de prolonger de quelques minutes. Toutefois, ce soir, j'ai le sentiment que nous avons parlé beaucoup. Je demande au ministre et à tous les partis de s'entendre pour que, d'ici un an, nous présentions aux Canadiens un programme de gestion des risques totalement financé qui fonctionne et que nous demandions aux provinces d'y adhérer sinon elles s'attireront les foudres du milieu agricole canadien.
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Monsieur le président, je vous félicite pour votre nomination. Je sais que vous ferez un bon travail et que vous aimerez vos fonctions autant que je les ai aimées lorsque je les ai exercées.
Je félicite le député qui est si passionné pour l'agriculture. Comme il le dit, on s'entend tous pour dire qu'il y a des problèmes, particulièrement pour ce qui est des céréales et des oléagineux. Des parties du secteur agricole vont bien et il faut en féliciter les agriculteurs.
Je ne me suis pas levé un matin en voulant m'en prendre aux provinces au sujet du Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Elles affirment qu'elles veulent transformer ce programme, mais qu'elles veulent qu'il fonctionne d'ici à ce qu'il ait été transformé.
Pendant la campagne électorale, nous avons affirmé qu'il fallait remplacer ce programme par deux programmes distincts, soit un pour l'indemnisation en cas de catastrophe et un autre sur le revenu agricole en général. J'essaie aussi fort que je le peux de vendre l'idée aux provinces et je le ferai encore au cours des quelques mois à venir.
Je suis d'accord avec le député. Je ne veux pas attendre un an. Nous allons faire des propositions à notre prochaine réunion fédérale-provinciale au mois de juin. Conformément à l'entente conclue à la dernière réunion fédérale-provinciale ici le mois dernier, nous nous efforcerons, d'ici la prochaine réunion, de transformer le PCSRA afin de l'améliorer le plus possible.
C'est le programme principal qui nous a été légué, et nous devons l'utiliser. J'invite les agriculteurs à participer aux efforts de transformation du programme. Nous allons tenter d'y apporter des modifications, dont certaines ont été discutées ce soir. Nous allons nous employer à l'améliorer de toutes les manières possibles. Nous avons commencé la semaine dernière, et nous allons continuer de le modifier pour le rendre plus efficace, entre autres. Je le répète, nous n'attendrons pas un an. Des propositions seront faites en juin pour remplacer le PCSRA par une formule qui comprendra des programmes différents pour le soutien du revenu et l'aide en cas de catastrophe. Je pense qu'un tel programme sera séduisant. Je pense que les agriculteurs l'aimeront et, je l'espère, les provinces aussi.
La tâche que le premier ministre m'a confiée consiste notamment à veiller à ce que nous utilisions les 500 millions de dollars par année, les 2,5 milliards de dollars, pour financer correctement le programme, c'est-à-dire le programme principal, avec un programme distinct d'aide en cas de catastrophe. Je pense que nous pouvons faire du bon travail avec cela. D'autres programmes pourraient être nécessaires de temps en temps advenant d'autres crises, et nous verrons à créer de tels programmes au besoin. Nous l'avons vu dans le cas de la crise de l'ESB. Nous avons déjà dépensé 755 millions de dollars cette année parce que nous estimons qu'il y a une crise.
Nous n'attendrons pas un an. Le programme sera modifié et des propositions seront faites. Étant donné que c'est une entente fédérale-provinciale, j'espère qu'un consensus se dégagera en juin. Nous allons certainement faire des propositions d'ici le mois de juin.
Je conviens avec le député que nous ne pouvons pas attendre longtemps,. C'est pourquoi nous nous attaquons tout de suite au problème.
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Monsieur le président, je vous félicite de votre nomination et je vous sais gré d'être arrivé plus tôt dans la semaine pour m'accueillir à la Chambre.
En plus de constituer un aspect fondamental de la vie économique de la Saskatchewan, l'agriculture est liée à l'identité même de cette province. Nombre de Saskatchewanais sont liés à la terre fertile de leur province, des semailles qui annoncent le début d'une nouvelle année aux moissonneuses-batteuses qui récoltent les trésors de la terre en passant par l'engraissement du bétail à même les produits de la terre. La Saskatchewan a le statut unique de grenier du monde. C'est cette appellation qui a forgé son identité.
Toutefois, on ne peut que constater que ce mode de vie est aussi gravement menacé. Nous sommes ici pour débattre de cet aspect fondamental de la vie de la Saskatchewan et pour trouver des solutions à la crise qui afflige cette province. Je suis fier de prendre part à ce débat et je sais que tous les députés le sont aussi.
Comme les récentes prévisions l'ont indiqué et comme les producteurs peuvent en témoigner, le secteur agricole est en crise.
En Saskatchewan, le revenu agricole net réalisé est enfermé dans une spirale descendante depuis quelques années. Agriculture et Agroalimentaire Canada a publié des chiffres qui illustrent la situation de façon sinistre. En 2004, le revenu agricole net réalisé a été de 44 millions de dollars, une baisse terrible par rapport au revenu moyen de 336 millions de dollars pour la période de 2000-2004. En 2005, la province a enregistré un revenu agricole net réalisé négatif de 77,1 millions de dollars, et cela malgré les paiements agricoles élevés versés aux agriculteurs, paiements qui ont totalisé 1,1 milliard de dollars pour la Saskatchewan seulement.
Ces chiffres indiquent de toute évidence que les exploitations agricoles familiales sont menacées. Toutefois, ils ne mesurent pas l'ampleur de l'angoisse dans laquelle ces familles vivent jour après jour, choisissant de faire tels paiements plutôt que d'autres et étirant au maximum le moindre dollar. Cependant, ce qui est encore plus tragique, c'est qu'elles sont contraintes de vendre à l'encan leur gagne-pain, leur vie en somme, dans l'espoir de récupérer ne serait-ce que les débris de leurs rêves.
Malheureusement, les agriculteurs ne sont pas au bout de leur peine. Les prévisions sont encore pires pour cette année. Pour 2006, on prévoit que la Saskatchewan aura un revenu agricole net réalisé négatif encore plus bas que l'année dernière, qui représentera une perte collective de 203,4 millions de dollars. Qui plus est, ces projections lugubres prennent en compte les 755 millions de dollars déjà alloués, mais qui n'ont pas pu être versés qu'après les élections malheureusement été déclenchées en novembre.
C'est évident, il faut en faire plus. Kevin Hursh, conseiller agronome et agriculteur de renommée, a dit, dans un article publié le 8 février 2006, qu'il faudrait un milliard de dollars de plus pour rétablir le revenu agricole canadien à son niveau de 2005, qu'on estimait généralement comme adéquat. Un milliard de dollars. Si ce chiffre ne convainc pas le gouvernement que l'industrie agricole est affrontée à une crise aigüe et qu'il faut en faire une priorité, je ne sais pas ce qui le convaincra.
De surcroît, bien que je sois content que les conservateurs aient distribué les 755 millions de dollars que l'ancien gouvernement libéral a affectés avant les élections, je suis consterné, c'est le moins qu'on puisse dire, par le fait qu'il continue de tergiverser. Si je dis cela c'est parce que, d'après ce que j'ai cru comprendre, à l'heure actuelle, le gouvernement n'a toujours pas pris de décision finale, la décision cruciale, sur la façon dont cette somme sera traitée dans le cadre du PCSRA. Les producteurs doivent attendre avant de savoir si cet argent leur sera accordée de bonne foi en raison des temps difficiles qu'ils ont vécus ou s'il sera récupéré. Les producteurs ont désespérément besoin de cet argent pour payer leurs factures de production.
Pendant les élections, les libéraux ont promis que cet argent n'aurait aucune incidence sur les demandes au PCSRA. Je demande au gouvernement conservateur de faire la même promesse.
Les conservateurs ont promis, pendant la campagne, d'augmenter le financement de 500 millions de dollars. Même si ce n'est pas assez pour mettre fin à la crise, c'est un début. Admettant qu'ils investissent vraiment cette somme, cela ne changera rien au fait que, dans le même article paru le 8 février, M. Hursh a fait remarquer que les paiements versés dans le cadre du programme sont estimés à 4,2 milliards de dollars en 2006. Même en ajoutant 500 millions de dollars au total de 2006, le total de 2005 de 4,9 milliards de dollars ne serait pas égalé. Et maintenant, ils reviennent sur ce début modeste. Nous n'entendons plus parler de ces 500 millions de dollars, et nous savons encore moins quand il sera déboursé.
En fait, le ministre est allé jusqu'à dire aux ministres provinciaux de l'agriculture qu'il n'avait même pas le droit de prendre aucun engagement envers eux. C'est très malheureux. De plus, il n'a pu faire mieux que de rejeter toutes leurs préoccupations. Dans un article publié dans le Leader-Post du 21 mars, il a déclaré : « Je suis persuadé que si les fédéraux voulaient bien sortir toute une liasse d'argent, les provinces ne protesteraient pas, mais cela ne risque vraiment pas de se produire. » Le ministre parle d'argent qui serait versé aux agriculteurs et aux familles agricoles. Il ne s'agit pas simplement ici de jeter un os aux provinces pour calmer leurs ardeurs.
Cela a mené le premier ministre de la Saskatchewan, qui a l'appui de tous les partis à cet égard, à tenter d'obtenir une rencontre avec le premier ministre. Il s'est entretenu avec lui sur cette question et il a dit à ce sujet:
J'espère pouvoir m'entretenir demain avec la personne qui aura l'autorité nécessaire pour me dire oui. Les producteurs canadiens, particulièrement ceux de la Saskatchewan et de l'Ouest, vivent une période difficile et nous devons pouvoir avoir accès à cet argent dès ce printemps pour faciliter les semences.
Au cours de sa rencontre avec le premier ministre Harper, le premier ministre de la Saskatchewan lui a parlé du sombre avenir qui guette les agriculteurs et leurs familles et il l'a mis au courant des problèmes auxquels les producteurs de céréales et d'oléagineux font face et de l'avenir incertain des propriétaires de bétail. Toute parole de mépris à l'égard du passé n'est qu'une perte de temps et d'efforts, et ce qui importe à l'heure actuelle est de trouver une solution à cette crise à laquelle les agriculteurs font face.
Les agriculteurs et leurs familles ont besoin d'aide. Ils ont besoin que l'on prenne des mesures qui équivaudront à tout le moins à ce qui s'est fait par le passé. De plus, ils ont besoin qu'on leur garantisse que les sommes qui leur seront versées au titre de paiement de céréales et d'oléagineux ne seront pas récupérées à même les demandes faites au PCSRA. Plus important encore, ils doivent voir à ce que le gouvernement accorde la priorité au drame que vivent les agriculteurs. C'est un aspect essentiel de l'économie et de l'identité de la Saskatchewan qui est en danger.
Nous savons tous que les coffres sont pleins et ce n'est donc pas un problème d'argent. C'est plutôt une question de choix, un choix visant à aider les agriculteurs.
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Monsieur le président, je tiens à vous féliciter de votre nouvelle promotion. Vous allez vous acquitter très bien de vos fonctions.
Étant donné que je prends la parole pour la première fois en cette 39e législature, je souhaite remercier la formidable population de Selkirk—Interlake de m'avoir fait confiance encore une fois.
L'agriculture est des plus importantes pour ma circonscription. Selkirk—Interlake compte plus de 5 000 familles agricoles. Je ne comprends que trop bien la présente crise de l'agriculture. Mes parents sont des producteurs agricoles. Mes frères et leur famille sont des agriculteurs. J'espère que mes enfants feront eux aussi carrière dans l'agriculture. Mes filles ont une grande passion pour l'agriculture; elles songent à faire des études dans ce domaine, puis à revenir à la ferme familiale. Je veux garantir qu'elles aient cette possibilité. Voyant l'état de la situation sous le gouvernement libéral, je n'étais pas certain que cela se produirait. Maintenant, je nourris un certain espoir pour l'avenir, parce que le gouvernement conservateur va mettre en oeuvre des politiques qui se traduiront par des perspectives de prospérité à long terme.
Depuis que j'ai été élu en 2004, nous avons tenu de nombreux débats en soirée sur l'avenir de l'agriculture et les problèmes auxquels nous sommes confrontés, comme l'ESB, le revenu agricole, la grippe aviaire, et j'en passe. Nous savons qu'il y a un problème, mais nous avons enfin un ministre de l'Agriculture qui a pris le temps d'assister à tout le débat avec nous ce soir. C'est un ministre qui comprend les problèmes et qui élaborera des politiques et apportera des changements qui nous garantiront des perspectives favorables à long terme.
J'aimerais aussi remercier le premier ministre, qui a passé la soirée avec nous et qui a pris la parole au sujet des problèmes agricoles et partagé sa vision de l'agriculture et de la viabilité à long terme. Le premier ministre et le ministre de l'Agriculture ont discuté ouvertement avec les membres du caucus, les secrétaires parlementaires, les membres du Comité de l'agriculture et les membres du caucus qui possèdent une grande connaissance de l'agriculture. Ils ont parlé de l'avenir, des problèmes et des solutions pouvant être mises de l'avant.
Il a beaucoup été question ce soir des programmes de protection du revenu agricole qui sont vigueur. Les agriculteurs de Selkirk—Interlake et d'ailleurs au Manitoba détestent le PCSRA. Ce programme ne fonctionne pas. Les comptables sont les seuls qui me disent qu'ils apprécient le programme. Il est trop complexe. Il faut trouver un nouveau programme beaucoup plus facile à administrer, un programme sur place à la ferme, un programme qui répond mieux aux besoins des agriculteurs.
Le gouvernement a réagi très vite. Le gouvernement libéral précédent avait dégagé de l'argent, mais pour une raison quelconque, cet argent n'a pas été envoyé. Lorsque nous avons pris le pouvoir, ces trois-quarts de milliard de dollars ont été versés promptement aux agriculteurs. Ces derniers sont en train de recevoir l'argent. Nous avons aussi prévu verser 500 millions de dollars par année pendant les cinq prochaines années. Cet argent allégera le fardeau qui pèse sur les fermes familiales, mais il est clair que ce sera insuffisant. Il faut trouver d'autres façons de restructurer l'industrie.
Un grand nombre d'entre nous sont emballés par la stratégie basée sur les biocarburants. De belles occasions existent dans le secteur des biocarburants. Nous devons tirer de ces avantages concurrentiels. Nous savons que l'OMC est importante. Nous devons faire aboutir les négociations si nous voulons satisfaire les besoins de notre secteur agricole. Nous devons adopter une méthode d'approche équilibrée qui tienne compte de la protection de nos secteurs assujettis à la gestion de l'offre, mais qui permette également d'ouvrir des marchés pour les autres 80 p. 100 de la production agricole de ce pays. Quatre-vingt-dix pour cent des agriculteurs canadiens dépendent des céréales et des oléagineux et des marchés du boeuf et du porc. Ils ont besoin d'un marché mondial. Nous devons nous en occuper.
Le gouvernement s'occupera de ces dossiers. Nous ferons en sorte que les obstacles réglementaires soient supprimés, ce qui nous permettra de continuer à développer notre industrie agricole. J'entrevois avec enthousiasme un avenir où le nouveau gouvernement et son nouveau ministre de l'Agriculture hors pair prendront des mesures pour régler les problèmes de nos familles d'agriculteurs.
Monsieur le président, j'aimerais obtenir le consentement de la Chambre pour renoncer au temps qui m'est alloué pour répondre aux questions, de façon à ce que mon collègue de Leeds—Grenville puisse avoir la chance de prendre la parole sur les problèmes des agriculteurs de son coin de l'Ontario.
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Monsieur le président, je vous félicite pour votre élection à votre poste.
Il y a un peu plus d'un an, à l'automne 2004, après mon élection à la 38e législature, je me suis retrouvé ici tard un soir à parler de la crise du revenu agricole. On pourrait difficilement dire que le débat de ce soir traduit bien cette crise. C'est magnifique que nous soyons ici pour parler de ces questions importantes. Malheureusement, je n'ai que quelques minutes, mais je pourrais passer des heures à parler de tous les problèmes de l'agriculture dans ma circonscription, secteur par secteur, qu'il s'agisse des producteurs de boeuf et de l'ESB, des producteurs laitiers et de la gestion de l'offre, ou des producteurs de céréales et d'oléagineux dont nous parlons maintenant. Cependant, je limiterai mon intervention à une des questions les plus pressantes dans ma circonscription aujourd'hui.
L'industrie agricole est très diversifiée dans Leeds—Grenville. C'est un des moteurs économiques de ma circonscription. En travaillant avec mes collègues du côté ministériel, je ferai tout ce que je peux pour m'assurer que notre industrie agricole nationale demeure viable. Je veux parler de la question la plus importante pour ma circonscription aujourd'hui, de la pire crise à laquelle elle est confrontée. Il s'agit du sort des producteurs de maïs qui angoissent au sujet de leurs options et, dans bien des cas, leurs options n'incluent pas l'agriculture.
Malheureusement, nos producteurs de maïs, qui peuvent faire concurrence à n'importe quels autres producteurs dans le monde, doivent pallier toutes sortes de choses comme les subventions et les droits compensateurs sur le maïs. Les producteurs de maïs perdent de l'argent sur chaque boisseau qu'ils produisent. Une usine de ma circonscription, Casco, fait beaucoup de produits du maïs et les vend aux États-Unis. Étant donné l'augmentation des prix à cause des droits compensateurs, elle doit faire concurrence aux États-Unis. Cent cinquante emplois sont en péril.
Je tiens à féliciter notre premier ministre et notre ministre de l'Agriculture d'avoir affirmé, ce soir, que nous résoudrons les problèmes et proposerons des programmes efficaces pour nos agriculteurs. Nous devrions aussi remercier notre ministre de l'Agriculture d'être resté parmi nous. C'est merveilleux qu'il ne nous ait pas quitté de la soirée.
J'espère vraiment que, dans un avenir pas trop lointain, nous pourrons proposer des solutions pour venir en aide à l'industrie agricole. Bon nombre des agriculteurs qui sont venus à Ottawa sont restés très tard. Ils veulent des réponses. Je suis très content de constater que notre premier ministre et notre ministre de l'Agriculture prennent des engagements fermes pour venir en aide au secteur agricole.
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Monsieur le président, je remercie le député de me laisser la chance de m'exprimer avant que ne se termine le débat.
Je commencerai en citant M. Laurent Pellerin, président de l'UPA:
Il y aura deux choix car nous sommes à la fin d'une route sans issue. Ou on nous dit d'arrêter de produire ou on nous donne les équipements et les mêmes outils que nos voisins américains. On ne peut pas vivre indéfiniment à côté d'un géant comme les États-Unis et ne pas adopter des politiques comparables à ce qui se passe de l'autre côté de la frontière.
Voilà en une phrase les causes de l'effondrement des revenus de nos agriculteurs et de nos agricultrices. Les trois dernières années ont été les pires depuis 100 ans pour le revenu net des fermiers canadiens, alors que les fermiers américains, eux, ont connu leurs meilleures années.
Tout cela n'est que statistique. Dans la réalité, il s'agit de familles qui se consacrent, souvent depuis plusieurs générations, à l'exploitation de leur entreprise agricole. Aujourd'hui, elles doivent piger dans leurs maigres économies, s'endetter et, pour plusieurs, aller jusqu'à la limite de leur solvabilité pour simplement survivre, en attendant que le gouvernement prenne ses responsabilités. N'allez pas croire que c'est parce qu'elles ne sont pas compétitives. Au contraire, si on compare le coût de production des fermes américaines et européennes, on se rend compte que nos agriculteurs sont souvent les meilleurs.
Cette situation s'explique par le soutien que le gouvernement canadien accorde au secteur agricole. En 2002, selon les chiffres de l'OCDE, le soutien au secteur agricole représentait 192 dollars américains par habitant au Canada, alors qu'il était de 317 dollars aux États-Unis, de 304 dollars au sein de l'Union européenne et de 438 dollars au Japon.
Les agriculteurs et les agricultrices du Québec s'attendent à ce que le ministre propose des solutions concrètes pour améliorer leur revenu. Ils veulent retrouver un revenu décent, leur dignité et la fierté d'être agriculteurs et agricultrices. Ils veulent aussi que le gouvernement mette en place des solutions concrètes pour contrer à long terme les effets des subventions américaines à l'agriculture et les règles internationales du commerce qui mettent en péril l'existence même des exploitations agricoles au Québec et dans le reste du pays.