La Chambre reprend l'étude, interrompue le 26 septembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement et du sous-amendement.
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Monsieur le Président, je suis content de pouvoir m'exprimer au sujet du projet de loi , Loi sur les droits d’exportation de produits de bois d’oeuvre, qui vise la mise en vigueur de l'Accord sur le bois d'oeuvre conclu entre le Canada et les États-Unis. Cet accord revêt une très grande importance pour les gens de ma circonscription, à Burnaby, en Colombie-Britannique, et pour tous les Britanno-Colombiens et tous les Canadiens. Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui à ce sujet.
Le fait est que c'est un mauvais accord. C'est un mauvais accord pour Burnaby. C'est un mauvais accord pour la Colombie-Britannique et pour le Canada.
De tous les coins de la Chambre ces derniers jours, nous avons entendu toutes sortes d'arguments pour justifier ce mauvais accord. Du côté du Bloc, on a dit que l'accord était imparfait. En écoutant les interventions de certains députés bloquistes, j'ai constaté que ces gens avaient l'air d'avoir cédé, d'avoir baissé les bras; ils ne semblaient pas à l'aise avec leur propre position. Affirmer que l'accord est imparfait est un euphémisme.
Du côté du gouvernement, nous avons des députés britanno-colombiens qui prétendent qu'il s'agit du meilleur accord possible. Toutefois, ils ne disent pas que c'est un bon accord. Cela dissimule un réel inconfort par rapport au genre de projet de loi dont nous sommes saisis et masque le fait que l'accord est mauvais. C'est un mauvais accord, point à la ligne, et c'est le résultat de la capitulation du Canada.
L'accord a été conclu au moment où le Canada était sur le point de l'emporter après une longue bataille judiciaire. Nous avons gagné à toutes les étapes, obligeant les Américains à respecter les accords conclus avec le Canada. Quoi de plus important que de se battre pour faire respecter les accords qui portent nos signatures et les leurs?
La décision dans l'affaire Tembec, par exemple, aurait pu être portée en appel une dernière fois seulement et le comité de contestation extraordinaire aurait rendu son jugement en août. Nous étions à même de remporter les deux. Cela ne faisait aucun doute. Les députés n'ont pas besoin de me croire, ils n'ont qu'à écouter le témoignage de l'ambassadeur du Canada à Washington, Michael Wilson, qui, cet été, a fait remarquer au Comité des affaires étrangères et du commerce international qu'aucun appel n'a été interjeté par rapport au jugement du comité de contestation extraordinaire et par rapport à l'affaire Tembec.
Plutôt qu'avec une victoire, nous nous retrouvons avec cette entente. J'ai entendu dire dans ce coin-ci de la Chambre que le gouvernement arrache une défaite lorsque la victoire était dans la poche. Quelle image cela donne-t-il du Canada? Nous étions systématiquement sortis vainqueurs, à chaque étape de ce différend. Maintenant, nous concluons une entente qui est une très mauvaise affaire.
Un des éléments clés de cette entente, c'est que le Canada doit renoncer à 1 milliard de dollars perçus illégalement sous forme de droits par les États-Unis. Pendant toute la durée des procédures juridiques, il a été établi que ces droits avaient été perçus illégalement. Maintenant, en vertu de cette entente, nous donnons en fait 1 milliard de dollars aux États-Unis. Cet argent a été payé par des entreprises canadiennes, au prix de difficultés incroyables. Ce sont également les travailleurs canadiens, les familles canadiennes et les collectivités canadiennes qui ont souffert de ces pertes. Les collectivités de la Colombie-Britannique ont été particulièrement touchées.
Pourquoi donc, au moment où le Canada était sur le point de crier victoire, les conservateurs cèdent-ils sur les importants principes qui sont en jeu, en donnant, par-dessus le marché, 1 milliard de dollars aux Américains? Nous avons sacrifié le principe même de nos accords de libre-échange avec les États-Unis. Nous avons sacrifié le principe du recours aux mécanismes qui assurent le respect de ces accords. Nous, qui cherchions à protéger notre industrie du bois d'oeuvre, avons perdu notre cause et, par-dessus le marché, nous faisons cadeau de 1 milliard de dollars aux Américains.
Nous devons également nous demander comment sera utilisé cet argent. Nous savons avec certitude que 500 millions de dollars, soit la moitié du montant, seront versés directement à la US Coalition for Fair Lumber Imports. Qui sont ces gens? Ce sont ceux-là mêmes qui ont lancé et dirigé l'attaque contre l'industrie canadienne du bois d'oeuvre. Ce sont eux qui sont responsables de toute cette affaire, depuis le début, et nous leur faisons maintenant un cadeau de 500 millions de dollars. Nous savons qu'ils étaient à cours d'argent. Maintenant, grâce aux conservateurs, leur trésor de guerre déborde et ils seront dorénavant en mesure de financer leurs poursuites et de se livrer à leurs manoeuvres de couloirs pendant plusieurs années.
Peut-on seulement croire qu'ils n'utiliseront pas cet argent? La question n'est pas de savoir s'ils l'utiliseront. Il faut plutôt se demander quand ils le feront. Est-ce que ce sera dans deux ans? Dans neuf ans? Il ne fait aucun doute qu'ils se serviront de cet argent comme d'une arme contre notre industrie.
Si cette tendance se maintient, quelle industrie sera visée la prochaine fois? Maintenant que nous avons capitulé dans le dossier du bois d'oeuvre, nous savons que d'autres industries sont dans la mire des Américains. À quel volet de notre politique commerciale s'attaqueront-ils maintenant? Quel protectionniste est actuellement en train de mijoter une attaque contre une autre industrie canadienne? Quelles ressources naturelles canadiennes voudront-ils s'approprier la prochaine fois?
Certains d'entre nous, dans ce coin-ci, croient que la Commission canadienne du blé sera le prochain organisme visé par les Américains. Nous savons, et je l'ai entendu dire par des agriculteurs de tout le Canada, que la commission joue un rôle important. Et voilà qu'on croit que ce sera la prochaine chose dans la mire des protectionnistes américains. Nous devons lutter pour défendre la Commission canadienne du blé. C'est elle qui assure la stabilité et un revenu régulier aux agriculteurs canadiens.
Paradoxalement, nous sommes ici en train de discuter d'un accord qui donnerait un demi-milliard de dollars aux lobbyistes américains à des fins de contestation judiciaire à l'encontre de nos industries et ce, deux jours après l'annonce par le gouvernement conservateur de l'abolition du Programme de contestation judiciaire du Canada, un programme modeste, doté d'un budget de 5,6 millions de dollars. Ce programme permettait aux plus vulnérables, aux gens dont les droits avaient été lésés, aux Canadiens défavorisés et aux groupes minoritaires, de contester des décisions et des politiques du gouvernement du Canada.
Nous avons vu, par le passé, l'importance de ce programme pour la défense des droits linguistiques, de l'égalité des droits pour les gais et lesbiennes, du droit à la citoyenneté et des droits d'autres groupes minoritaires au Canada. Maintenant, le programme n'existe plus.
Il semble que les conservateurs ne peuvent pas aider nos compatriotes à se tailler une bonne place dans la société canadienne, mais qu'ils peuvent donner 80 fois la somme qui était consacrée au Programme de contestation judiciaire à des Américains qui veulent se soustraire aux accords commerciaux qu'ils ont signés avec le Canada et ainsi ruiner l'industrie canadienne.
Les conservateurs suppriment le Programme de contestation judiciaire, qui aidait à la défense des droits de la personne au Canada, et ils financent un nouveau programme de contestation judiciaire d'un demi-milliard de dollars dont les Américains pourront se servir contre le Canada. C'est honteux. C'est insensé. Même si ce n'était que pour cette seule raison, nous ne devrions pas appuyer ce projet de loi.
Examinons maintenant l'autre demi-milliard de dollars que les conservateurs permettent aux Américains de conserver. Où ira cet argent? Directement à la Maison-Blanche, à la disposition du président Bush. Selon l'accord officiel, cet argent servira:
[...] a) à des activités d'éducation ou de bienfaisance dans des collectivités forestières;
b) au logement à loyer modique et au secours en cas de catastrophe;
c) à des activités d'éducation ou d'intérêt public liées à des questions:
(i) de gestion forestière [...]
Cela paraît très bien.
Voyons maintenant ce que Frances Russell a écrit dans le Winnipeg Free Press au sujet de ces 450 millions de dollars. Elle a écrit ceci:
Une somme de 450 millions sur les 1,3 milliard de dollars en droits illégaux que les Américains garderont servira à huiler le mécanisme de réélection des républicains qui devront mener une chaude lutte au cours des élections de mi-mandat au Congrès qui auront lieu bientôt. L'industrie canadienne du bois sera donc ainsi forcée de subventionner une attaque soutenue et illicite dont elle est elle-même victime. Et tout cela avec le consentement explicite du gouvernement du Canada.
Les conservateurs et les bloquistes n'y trouvent peut-être rien à redire, mais ce n'est pas le cas des néo-démocrates.
Les négociateurs américains ont pris soin de leurs travailleurs. Même si les 450 millions de dollars devaient être utilisés de façon tout à fait altruiste et servir conformément aux termes de l'entente, où les compagnies, les travailleurs et les collectivités du Canada qui sont durement touchés par cette entente trouveront-ils de l'aide? On ne trouve rien de tel dans cette entente.
Quatre milliards de dollars doivent être remis aux Canadiens, mais rien ne prévoit que cet argent devra être réinvesti dans les collectivités et l'industrie canadienne et nous craignons qu'il soit plutôt utilisé pour financer les investissements de ces mêmes compagnies qui investissent aux États-Unis. Ce n'est pas acceptable non plus.
Même les députés du Bloc, qui s'inquiètent du déplacement de travailleurs que cette crise entraînera, ne peuvent que multiplier leurs interventions, implorant les conservateurs de leur accorder une certaine aide parce qu'il n'y a vraiment rien à cet égard dans l'entente. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de trouver une deuxième raison de voter contre le projet de loi , mais la voilà tout de même.
Il y a deux jours, j'étais présent à la Chambre pour entendre mon collègue, le député de et notre représentant au Comité du commerce international, parler de cette question. Il a décrit bon nombre des problèmes clés de cet accord. Au nombre de ceux-ci, notons le fait qu'il suffit aux États-Unis de déclarer que le Canada ne s'y conforme pas pour se soustraire à l'entente.
À l'article 10, l'imposition d'une taxe de 15 p. 100 à l'exportation à compter du 1er octobre constitue ni plus ni moins qu'une double imposition qui vient s'ajouter aux droits antidumping et aux droits compensateurs.
L'article 18 prévoit une nouvelle taxe spéciale punitive qui visait à l'origine les entreprises qui défendent les droits et les responsabilités du Canada aux termes de l'ALENA et qui choisiront de poursuivre les contestations, mais toutes s'exposent maintenant à cette taxe. Si on ajoute le droit prélevé par Exportation et Développement Canada, l'ensemble des entreprises vont finalement payer 37 p. 100 et elles devront le faire immédiatement.
L'article 48 alourdit la tâche administrative des entreprises en les obligeant à conserver leurs registres durant six ans.
À l'article 77, on prévoit qu'un mandat ne sera plus nécessaire pour pénétrer sur les lieux d'une entreprise de bois d'oeuvre pour assurer l'observation de la loi. Ces mesures sont sévères à l'endroit des entreprises. J'estime qu'elles violent des droits fondamentaux.
L'article 89 constitue un chèque en blanc accordé au ministre et lui permettant d'exiger le paiement des entreprises, sans qu'il y ait un mécanisme d'appel. Que doit-on faire advenant un problème de calcul? C'est bien dommage. Aucun mécanisme d'appel n'est prévu.
Selon l'article 95, les administrateurs d'entreprises seront désormais individuellement responsables et aucun processus d'appel n'est prévu. Je pourrais poursuivre encore longtemps.
Je terminerai en citant le . Voici ce qu'il a dit en s'adressant à la Chambre le 25 octobre 2005:
Tout récemment, le groupe extraordinaire de règlement des différends de l'ALENA a déclaré que ces lois n'avaient aucun fondement, mais, jusqu'à maintenant, les États-Unis ont refusé d'accepter cette décision et ont demandé au Canada de négocier une nouvelle entente. Je répète ce que j'ai déjà dit et je serai le plus clair possible: il n'est pas temps de négocier, il est temps de respecter les décisions.
À l'époque, nous avions cru comprendre qu'il voulait dire que les Américains devaient se conformer aux décisions du tribunal. Malheureusement, il semble plutôt qu'il voulait dire que les Canadiens devaient se conformer aux caprices de l'industrie américaine et des protectionnistes des États-Unis.
Voilà qui est tout simplement inacceptable. L'entente est mauvaise. Nous devons voter contre la mesure législative.
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Monsieur le Président, l'actuel différend sur le bois d'oeuvre dure depuis près de 20 ans et, à l'évidence, cette question est celle qui revêt le plus d'importance sur le plan du commerce entre le Canada et les États-Unis. On la désigne couramment sous le nom de « différend sur le bois d'oeuvre numéro quatre ».
La question porte sur ce qu'on appelle les droits de coupe, le montant imposé par le gouvernement canadien aux entreprises forestières qui souhaitent récolter du bois sur pied sur des terres publiques. Le secteur américain du bois d'oeuvre a fait valoir que les droits de coupe étaient trop bas, équivalant de ce fait à des subventions déloyales au commerce.
En 2001, le gouvernement américain a réagi en imposant des droits sur le bois d'oeuvre canadien entrant sur son territoire. À ce jour, ces droits, perçus illégalement auprès de nos entreprises forestières, s'élèvent à plus de 5,4 milliards de dollars. L'organisme Coalition for Fair Lumber Imports, qui a son siège à Washington, a soutenu en outre que les entreprises canadiennes pratiquaient le dumping en écoulant leurs produits sur les marchés à un prix inférieur à leur juste valeur.
Avant que les conservateurs n'accèdent au pouvoir, le gouvernement du Canada a, de manière constante et continuelle, défendu notre régime de gestion des forêts, niant qu'il subventionnait le secteur du bois d'oeuvre ou qu'il se faisait du dumping de nos produits aux États-Unis. Ces questions ont fait l'objet de litiges à sept reprises, devant des tribunaux américains ou des groupes spéciaux de l'ALENA et de l'OMC, et le Canada a remporté ces sept décisions.
Ces décisions favorables au Canada signifient que nous ne sommes pas coupables de subventionnement, nous ne causons pas de préjudice à l'industrie américaine et nous ne pratiquons pas le dumping.
Reportons-nous à la campagne électorale de janvier 2006 et à la promesse des conservateurs d'exiger que le gouvernement américain respecte les règles en matière de bois d'oeuvre, abrogent l'amendement Byrd et rendent aux producteurs canadiens plus de 5 milliards de dollars en droits illégaux
Trois mois plus tard, soit en avril 2006, le annonçait, avec tambours et trompettes, qu'il était parvenu à un accord sur la question du bois d'oeuvre. Nous ne connaissions pas les détails à ce moment-là, mais il était manifeste que les conservateurs avaient violé les promesses qu'ils avaient faites aux producteurs de bois d'oeuvre et aux Canadiens.
Dans l'accord qui est proposé, le gouvernement conservateur a abandonné la position canadienne et il a jeté à la poubelle toutes les décisions favorables au Canada, lesquelles établissaient un précédent. Cela aura une incidence négative sur les prochains conflits en matière de bois d'oeuvre, lorsque nous en serons au « différend du bois d'oeuvre numéro cinq », qui va survenir dans un avenir pas trop lointain, j'en suis persuadé.
Les répercussions de cette situation dépassent l'industrie du bois d'oeuvre et touchent tous les secteurs des échanges commerciaux avec les États-Unis.
Dans les faits, la crédibilité et l'intégrité de ce processus de règlement des différends de l'ALENA, ainsi que la série de décisions fondées sur les dispositions d'accords commerciaux, se sont volatilisées. Le chapitre de l'ALENA consacré au règlement des différends, le chapitre 19, a été carrément jeté par-dessus bord. Au diable la primauté du droit, la justice et le fair-play, sans parler du libre-échange.
Les conservateurs devraient avoir honte de cette capitulation. Non seulement le gouvernement conservateur a accepté un règlement préjudiciable pour notre industrie forestière, mais il a miné les relations commerciales fondées sur des règles que le Canada entretient avec les États-Unis, ce qui encouragera maintenant d'autres secteurs des États-Unis à faire fi des règles commerciales et à rechercher plutôt des décisions politiques qui leur seront favorables, d'où une plus grande incertitude sur le plan commercial. Et pour quoi? Pour 24 mois de paix commerciale dans l'industrie du bois d'oeuvre; deux courtes années.
Les députés d'en face ont gloussé en disant qu'il s'agit là d'un accord de sept ans, assorti d'une possibilité de prolongation de deux ans. Or, ce sont les détails qui posent problème. Ils veulent que les Canadiens fassent abstraction de la disposition d'exemption qui autorise l'une ou l'autre partie à se retirer après 24 mois. Selon une stipulation de l'accord, aucune mesure de représailles ne peut être prise au cours de l'année qui suit cette période, mais le gouvernement conservateur pense-t-il vraiment qu'un gouvernement ou une industrie forestière qui refuse de respecter les décisions rendues dans sept différends commerciaux distincts respectera ces dispositions? Cela est peu probable.
Vingt-quatre mois; deux ans. Les députés peuvent en juger. Non, ce sont les Canadiens qui en jugeront aux prochaines élections.
Qu'en est-il des 5,4 milliards de dollars en droits de douane illégaux qui ont été perçus auprès de nos entreprises de bois d'oeuvre? Un montant de 1 milliard de dollars, soit près de 18 p. 100 de ces droits de douane illégaux, sera laissé aux États-Unis, au lieu d'être rendu à ses propriétaires légitimes dans l'industrie forestière canadienne.
L'insulte suprême, c'est que, de ce montant, 500 millions de dollars iront à la coalition des importations de bois d'oeuvre des États-Unis, l'organisation même qui a mené la charge contre nos industries du bois d'oeuvre, le lobby qui a déclenché cette guerre commerciale. Cet accord est avantageux pour cette coalition. Effectivement, nous lui remboursons ses frais juridiques et ses dépenses, même les décisions rendues n'étaient jamais en sa faveur, et nous lui offrons également une caisse noire pour lancer de futures attaques juridiques et politiques contre le « cinquième différend concernant le bois d'oeuvre ». C'est effectivement un accord avantageux.
Les Canadiens sont un peuple généreux et accommodant, mais cela est tout simplement ridicule. C'est tout simplement incompréhensible.
Un autre montant de 450 millions de dollars ira, non pas au Trésor des États-Unis, mais au gouvernement américain, afin de financer des initiatives méritoires dont on ne sait encore rien.
Qu'est-ce que cela signifie? J'ai entendu un avocat spécialisé en droit commercial émettre l'hypothèse selon laquelle ces fonds serviraient à la construction de bâtiments et de ponts et à d'autres bonbons qui seront distribués au cours de l'année électorale aux États-Unis. Est-ce une hypothèse farfelue? Peut-être pas. En tout cas, c'est hautement ridicule et incompréhensible. Le Canada ne devrait pas s'immiscer dans les élections américaines.
Tout ça confirme le fait que les États-Unis sont des brutes qui mettent leur force et leur poids au service de leurs intérêts commerciaux. Ils sont disposés à respecter les règles seulement lorsqu'ils en ont envie et qu'ils ont avantage à le faire.
Toutefois, il y a une autre brute dans le match: le gouvernement conservateur dirigé par le . Les députés d'en face diront qu'il n'y a pas lieu de faire tout un plat de cette affaire étant donné que la majorité des intervenants de l'industrie forestière a accepté l'accord. En vérité, aucun intervenant de l'industrie forestière ne trouve qu'il s'agit d'un bon accord, mais l'industrie bat de l'aile. Avec le recul des prix du bois, la hausse de la valeur du dollar et la flambée des coûts de l'énergie, sans parler des droits perçus illégalement pendant cinq ans, qui représentent en fait leurs profits, les intervenants ne peuvent pas se permettre une bataille plus longue. Quatre-vingt pour cent du dollar valent mieux que la faillite.
Par ailleurs, n'oublions pas l'ultimatum que le a lancé aux marchands de bois. Il a menacé d'abandonner l'industrie si elle choisissait de poursuive ses actions en justice au lieu d'accepter l'accord. En passant, le gouvernement retire les garanties de prêt fournies par le précédent gouvernement libéral. Ces garanties de prêt auraient permis à nos marchands de bois de se maintenir financièrement pendant le processus judiciaire portant sur la réclamation de la totalité des sommes qui leur sont dues.
L'industrie du bois d'oeuvre a été soumise à des pressions exacerbées. Des ministres ont téléphoné à de grandes sociétés et des députés ont téléphoné à de petites scieries afin de leur passer un message clair: « C'est à prendre ou à laisser, mais vous feriez mieux d'accepter, sinon... »
Apparemment, cela ne suffisait pas. Les brutes conservatrices ont imposé un droit de 19 p. 100 sur tous les dépôts douaniers remboursés aux entreprises récalcitrantes. Compte tenu d'une telle menace de la part du gouvernement, il n'y a rien d'étonnant à ce que la majorité des intervenants de l'industrie forestière soit prête à signer l'accord. Ils sont contraints de céder à ces tactiques répréhensibles.
Et maintenant? Je crois comprendre que les droits compensateurs et antidumping de 10,8 p. 100 illégalement perçus par les États-Unis seront remplacés par une taxe à l'exportation canadienne de 15 p. 100. Peut-on le croire? Compte tenu des prix actuels, la taxe à l'exportation est plus élevée que les droits américains perçus en ce moment. Le système vise à protéger les producteurs américains contre les exportations de bois d'oeuvre canadien lorsque les prix du marché sont bas et que les scieries américaines sont moins concurrentielles.
Les députés sont-ils déconcertés par les hurlements de joie que poussent les conservateurs devant cet accord qu'ils qualifient d'excellent pour le Canada? Moi oui, tout comme les Canadiens.
En vertu de l'accord, les exportations canadiennes seraient limitées à 34 p. 100 du marché américain du bois d'oeuvre. Nos producteurs sont maintenant, et pour la première fois, tenus de respecter un quota, ce qui empêchera toute croissance canadienne sur le marché américain. Nos scieries sont très efficaces et sont toujours restées à la fine pointe de la technologie et maintenant, elles ne peuvent même pas profiter de leur avance en la matière. Voilà ce que vaut le libre-échange.
L'accord conservateur sur le bois d'oeuvre nuira à l'industrie, à ses quelque 55 000 travailleurs et aux collectivités qui tirent leur subsistance de l'exploitation des ressources. Qui défendra les travailleurs forestiers du pays et leurs collectivités?
Il y a beaucoup de choses à critiquer dans l'accord sur le bois d'oeuvre. Cependant, le rôle du Parti libéral est aussi de proposer d'autres options.
Notre train de mesures supplémentaires à l'intention de l'industrie du bois d'oeuvre aurait compris les engagements suivants: 200 millions de dollars sur deux ans pour améliorer la capacité de concurrence et le rendement environnemental du secteur forestier et pour profiter des bioéconomies émergentes; 40 millions de dollars sur deux ans pour améliorer le rendement global du système national d'innovation dans les forêts; 30 millions de dollars sur deux ans pour améliorer la compétitivité de la main-d'oeuvre, pour promouvoir l'amélioration des compétences en milieu de travail et pour aider les travailleurs plus âgés touchés par les mises à pied dans le secteur; 100 millions de dollars sur deux ans pour appuyer la diversification économique et le renforcement des capacités dans les collectivités touchées par les pertes d'emplois dans le secteur; 30 millions de dollars sur deux ans pour développer de nouveaux marchés pour les produits canadiens du bois; et 200 millions de dollars sur deux ans pour lutter contre la propagation du dendroctone du pin dans les forêts britanno-colombiennes.
Faisant fi des fortes préoccupations de l'industrie du bois d'oeuvre, des gouvernements provinciaux, des travailleurs du secteur forestier et des collectivités qui tirent leur subsistance de l'exploitation des ressources, le gouvernement s'est empressé de conclure cet accord, qui ne sert que ses intérêts politiques et non les intérêts de ceux sur qui l'accord aura une incidence négative.
C'est pourquoi j'appuierai l'amendement présenté par le député de visant l'élimination de la taxe punitive imposée par ce projet de loi, ainsi que le sous-amendement du député de .
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Monsieur le Président, la circonscription de Saint-Maurice—Champlain, que je représente en cette Chambre, est particulièrement touchée par le conflit du bois d'oeuvre, qui dure depuis de nombreuses années. En effet, l'exploitation forestière est la pierre angulaire du développement économique de nombreuses municipalités de ma circonscription.
Je peux parler de tout le territoire de la ville de La Tuque, incluant évidemment Parent, Trois-Rives, Saint-Roch-de-Mékinac et Saint-Joseph-de-Mékinac, Saint-Tite, Sainte-Thècle, Notre-Dame-de-Montauban, Saint-Séverin et Saint-Adelphe — des villes ou des villages, en somme, où se situent des entreprises oeuvrant dans le secteur du bois d'oeuvre. C'est donc dire à quel point le projet de loi a une incidence sur l'avenir de ces communautés, sur ces dizaines de milliers de travailleurs, ces milliers de familles qui dépendent des décisions que nous prendrons ici en cette Chambre.
Considérant cette haute importance pour toutes ces personnes que je tiens à représenter correctement, j'ai décidé de faire mes propres consultations, en juillet et août derniers, auprès des différentes entreprises touchées par les dispositions de l'entente sur le bois d'oeuvre paraphée le 1er juillet 2006 par les ministres du Commerce international du Canada et des États-Unis. J'ai consulté des entreprises comme Abitibi-Consolidated — notamment les Produits forestiers La Tuque —, Shermag, Commonwealth Plywood, Gérard Crête et fils ainsi que le Groupe Rémabec. Or plusieurs éléments se dégagent de ces consultations.
Premièrement, l'industrie du bois d'oeuvre en général et les entreprises sont actuellement très affaiblies par les droits compensateurs imposés par les États-Unis depuis 2002. Deuxièmement, il n'y a pas eu de soutien suffisant du gouvernement fédéral, soit le gouvernement libéral précédent et le gouvernement conservateur. Il n'y a pas eu de garanties de prêt malgré toutes les promesses des dernières années en ce sens, ce qui les a affaiblies davantage devant les Américains. Troisièmement, plusieurs faillites auraient pu être évitées si on avait eu ces garanties de prêt. Quatrièmement, nous avons remporté la majorité des décisions devant les tribunaux, mais les Américains ne tenaient pas compte de chaque décision favorable rendue, et ils déplaçaient toujours le litige à un autre palier. Nous gagnions encore, mais au bout du compte, c'était un cycle sans fin.
Pour cette série de raisons, plusieurs avocats de ces entreprises auraient souhaité que les entreprises n'acceptent pas l'entente. Toutefois, en même temps — on me l'a dit bien clairement —, les banquiers de ces mêmes entreprises leur disaient qu'il fallait régler, parce qu'elles vivaient dans une situation financière périlleuse. Il était donc urgent de récupérer rapidement les sommes versées en droits compensateurs, même si elles ne représentaient que 81 p. 100 de l'ensemble.
Pour toutes ces raisons, et bien que toutes les entreprises que j'ai consultées disent que ce n'est pas nécessairement une bonne entente — elles le savent et j'y reviendrai —, elles me demandent tout de même de voter en faveur de l'accord, parce qu'elles sont prises à la gorge et que tout retard risque de provoquer d'autres faillites et d'autres pertes d'emplois à très court terme.
Considérant l'ensemble de ces éléments, je voterai donc en faveur de ce projet de loi. Toutefois, cela ne m'empêche pas de souligner une fois de plus que le choix de ces entreprises aurait pu être tout autre si les gouvernements, autant conservateur que libéral, les avaient appuyées correctement quand il en était temps. Cela leur aurait permis de lutter d'égal à égal et aurait aussi permis aux Américains de constater que les entreprises québécoises et canadiennes n'étaient pas seules à se battre.
Maintenant, à examiner l'ensemble du Québec — pas seulement la région de la Mauricie, comme je viens de le faire — je peux avancer sans l'ombre d'un doute que les constatations sont les mêmes partout. L'industrie québécoise accepte à contrecoeur cette entente, parce qu'elle n'est plus en position de se défendre. Le conflit du bois d'oeuvre a fragilisé l'économie de nombreuses régions du Québec. Le manque de soutien des libéraux et des conservateurs a provoqué la fermeture des portes de nombreuses entreprises. D'autres ont déclaré faillite. Des milliers d'emplois ont été perdus. Des drames humains qui découlent de ces situations malheureuses auraient pu être évités si seulement ceux qui avaient fait des promesses de garanties de prêt les avaient tenues.
Je disais plus tôt que les industries acceptent cette mauvaise entente à contrecoeur. En fait, elles se sentent obligées de l'accepter parce que, pour plusieurs, il est impossible d'attendre davantage.
Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'elles acceptent de laisser autant d'argent — soit 1 milliard de dollars — dans les coffres de l'administration Bush. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'elles acceptent une entente qui ne règle en rien de nombreux problèmes que vit l'industrie depuis de nombreuses années: manque d'investissement en recherche et développement, absence de programme adéquat visant la diversification des marchés et manque de support à l'acquisition de nouveaux équipements.
Comme ce n'est pas une entente qui corrige tous les problèmes, il faudra donc que le gouvernement s'engage à mettre en place une série de mesures qui atténueront les effets négatifs que ce long conflit a provoqués au Québec.
Le Bloc québécois propose donc plusieurs mesures qui vont en ce sens, notamment: un programme de soutien au revenu pour les personnes âgées; un programme de diversification des économies des communautés tributaires des ressources forestières; une majoration du financement du Programme canadien de forêts modèles du Service canadien des forêts; un statut fiscal particulier pour les 128 000 propriétaires de boisés privés au Québec; un traitement fiscal particulier pour les 4,3 milliards de dollars en droits compensateurs et antidumping qui seront remboursés par les autorités américaines, afin de tenir compte des préjudices fiscaux encourus par ces entreprises; une accélération de l'amortissement sur les équipements; un programme pour stimuler l'innovation au sein de l'industrie forestière et améliorer sa productivité; un programme de diversification des marchés et de commercialisation du bois; et une compensation financière pour l'entretien du réseau forestier. Il est important que ces mesures soient mises en place dès cet automne.
Il y a un autre élément important à considérer relativement au projet de loi , et c'est l'encadrement des quotas à l'exportation qui sont proposés actuellement de façon beaucoup trop rigide. En effet, les entreprises seront très limitées dans l'utilisation des quotas non utilisés car l'entente prévoit que le transfert sera limité à seulement deux mois consécutifs.
Compte tenu du caractère cyclique de l'offre et de la demande dans le domaine du bois d'oeuvre, une telle disposition ne correspond aucunement au besoin de souplesse, tant du côté de l'industrie que du côté des consommateurs. Cet aspect très rigide de l'entente devra être assoupli lors des rencontres du comité binational.
À cet effet, le 13 juin dernier, le ministre du Commerce international avait répondu en cette Chambre à mon collègue le député de Joliette, que l'accord ne contiendrait pas de plafond rigide pour les quotas d'exportation.
Je tiens à souligner que la durée de l'entente est un élément supplémentaire qui la fragilise, puisqu'une clause prévoit qu'après seulement 18 mois, l'entente peut être résiliée après un préavis de 6 mois.
En clair, l'entente assurerait une paix commerciale pour une durée de 3 ans et aiderait l'industrie à court et à moyen terme, mais uniquement dans le contexte actuel, où elle est sous respirateur artificiel. Nous nous apercevons également que le gouvernement a baissé les bras à ce sujet puisqu'au printemps dernier, il nous parlait d'une entente de sept ans ferme.
De plus, nous sommes en présence d'un accord théorique puisqu'il ne pourrait entrer en vigueur que si tous les litiges actuellement devant les tribunaux étaient retirés. Or si des litiges portés devant les tribunaux par des entreprises en vertu de l'article 11 de l'ALENA ne sont pas retirés, c'est donc dire que l'accord ne tient pas, et ce, même si le projet de loi est accepté. Si cela devait se passer ainsi, le gouvernement devrait mettre en place très rapidement un programme de garanties de prêts, comme il l'avait d'ailleurs déjà promis.
En conclusion, je précise que je voterai en faveur du projet de loi , non parce qu'il encadre un bon accord commercial — parce qu'à de nombreux égards, c'est tout à fait le contraire —, mais parce que les travailleurs de Saint-Maurice—Champlain et les entreprises qui les embauchent ne peuvent plus se permettre d'attendre.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi , à savoir l'entente sur le bois d'oeuvre.
Dès le départ, cette entente me semblait poser problème, et ce, dès le moment où le s'est précipité à la Chambre pour annoncer l'accord et où, peu après, nous avons pu constater la réaction très négative de l'industrie, une fois connus les détails. Selon moi, l'accord était dicté par la politique. Le nouveau premier ministre du nouveau gouvernement du Canada était tellement impatient d'obtenir une entente à tout prix qu'il était prêt à sacrifier l'industrie pour le faire. Obsédé par l'idée de passer pour un décideur énergique, le semblait prêt à sacrifier l'une de nos industries les plus importantes, sans parler de la viabilité à long terme de l'Accord de libre-échange.
Il était ressorti clairement des jugements de l'ALENA et de l'OMC que notre industrie n'était pas subventionnée. Par conséquent, il n'y avait aucune raison de capituler sur ce principe très important. En réalité, la plupart des experts estimaient que les États-Unis auraient épuisé toutes leurs possibilités d'appel au bout d'un an.
Quel signal envoie-t-on aux autres industries canadiennes qui ont des différends à régler dans le cadre de l'Accord de libre-échange? Pire encore, quel signal envoie-t-on aux États-Unis? Alors que les décisions sur cette question nous favorisaient à tous les paliers, le a quand même cédé et a ni plus ni moins abandonné l'industrie du bois d'oeuvre.
Comme les députés peuvent l'imaginer, le secteur du bois d'oeuvre est très concurrentiel. En lui soutirant un milliard de dollars pour le remettre entre les mains de ses concurrents des États-Unis, le nouveau gouvernement a créé pour le secteur de graves difficultés à long terme dont on a peine à mesurer l'ampleur.
J'entendais hier un collègue conservateur nous dire que, une fois que les 4 milliards de dollars arrachés illégalement à l'industrie auraient été restitués par les États-Unis, bon nombre d'intervenants du secteurs seraient en mesure de réinvestir cet argent dans leurs entreprises. Ils pourraient acheter du nouveau matériel et financer leur expansion pour préparer l'avenir. Or, selon ce que je comprends, la plupart des petits producteurs de bois d'oeuvre traversent des difficultés extrêmement graves et sont loin d'envisager une expansion.
Ce qui m'inquiète, compte tenu de la réalité des faits, c'est ce milliard de dollars dont les entreprises ne verront jamais la couleur et les occasions qu'elles n'auront pas de se servir de cet argent, leur argent, pour le réinvestir afin de moderniser leurs installations et d'accroître leur compétitivité à l'échelle mondiale. On a quitté la table en y laissant un milliard de dollars, argent qu'on a gaspillé alors qu'il aurait tellement pu servir dans un marché si concurrentiel. Et je ne parle même pas ici de l'intérêt sur un tel montant d'argent. Aucun de mes collègues conservateur n'a encore pu nous expliquer ce qu'il était advenu de cet intérêt. D'après ce que j'en ai appris ici, cela reste un mystère.
Deuxièmement, ce qui est encore plus triste, c'est que 500 millions de dollars de ces fonds s'en iront aux concurrents directs pour qu'ils continuent à harceler les producteurs canadiens de bois d'oeuvre. Le gouvernement a créé un terrible précédent qui ouvre la porte à des décisions peu judicieuses dans d'autres secteurs. Les Américains, qui nous ont toujours mis à l'épreuve à l'égard de ces questions pour voir de quel bois nous nous chauffons, savent maintenant que le gouvernement laissera tomber les industries canadiennes lorsque la situation se corsera.
Les députés ne sont pas obligés de me croire sur parole. Ils savent peut-être qu'il y a dans le Nord du Manitoba une industrie du bois d'oeuvre substantielle. Chris Parlow, président du local 1-324 des Métallurgistes unis d'Amérique, a dénoncé l'accord conclu avec les États-Unis et a dit:
[Le premier ministre] n'a rien fait ni pour rencontrer les travailleurs canadiens, ni pour nous entendre. Qu'obtenons-nous après toutes nos victoires devant l'ALENA, l'OMC et le Tribunal de commerce international des États-Unis? Nous avons eu gain de cause à toutes les étapes de ce différend, uniquement pour nous faire dire par les États-Unis qu'ils font fi des décisions rendues.
Au sujet de l'absence d'appui à l'industrie canadienne du bois d'oeuvre, je signale que, hier, durant le débat, un autre député conservateur a dit que le Canada a obtenu la meilleure entente possible. Il a cependant oublié de mentionner que le nouveau gouvernement n'a pas proposé d'aide temporaire, comme l'avait fait le gouvernement libéral précédent. Ce programme d'aide, qui comprenait entre autres 900 millions de dollars en garanties de prêt, était essentiel pour permettre à nos entreprises de bois d'oeuvre de survivre en attendant.
Le gouvernement libéral s'était également engagé à verser 600 millions de dollars pour des mesures d'adaptation. J'estime important d'expliquer à quoi devaient servir ces fonds, puisque la décision avait été prise en étroite collaboration avec les représentants de l'industrie et en ciblait les besoins les plus élémentaires. En toute franchise, nous estimons toujours que ces mesures sont nécessaires quelles que soient les circonstances, même si cet accord lacunaire est adopté.
Je sais que, il y a quelques minutes, mon collègue a énuméré ces mesures, mais j'estime qu'elles sont suffisamment importantes pour qu'il vaille la peine de les mentionner de nouveau. Elles constituent une partie importante de notre proposition et elles auraient permis à l'industrie de survivre temporairement jusqu'à la décision finale des tribunaux.
Le gouvernement libéral s'était engagé à verser 200 millions de dollars sur deux ans pour renforcer la position concurrentielle de l'industrie forestière, pour améliorer sa performance environnementale et pour lui permettre de profiter de la croissance de la bioéconomie.
Nous proposions 40 millions de dollars sur deux ans pour améliorer le rendement général du système national d'innovation forestière; 30 millions de dollars sur deux ans pour accroître la compétitivité de la main-d'oeuvre, promouvoir le perfectionnement des compétences et venir en aide aux travailleurs âgés qui ont été touchés par les mises à pied dans le secteur forestier; 100 millions de dollars sur deux ans pour favoriser la diversification de l'économie et renforcer les capacités des collectivités touchées par les pertes d'emploi survenues dans le secteur forestier; 30 millions de dollars sur deux ans pour trouver de nouveaux marchés pour les produits canadiens du bois; et 200 millions de dollars sur deux ans pour combattre la propagation du dendroctone du pin dans les forêts de la Colombie-Britannique.
Pour ajouter l'insulte à l'injure, le nouveau gouvernement du Canada vient de sabrer dans le financement du Programme de lutte contre le dendroctone du pin. Il est absolument impossible pour quiconque a récemment mis les pieds dans une forêt de la Colombie-Britannique de comprendre ce raisonnement.
Cette aide financière devait servir à soutenir l'industrie jusqu'à ce que les appels soient tranchés.
Le gouvernement précédent et les intervenants de l'industrie semblaient convaincus que les décisions finales allaient donner raison à l'industrie canadienne du bois d'oeuvre. C'est très désolant de penser que les conservateurs n'ont même pas offert l'option d'une aide financière temporaire à l'industrie. Sans cette option, l'industrie a été forcée de capituler et d'accepter une entente qu'elle trouve pourtant totalement inacceptable.
Si les conservateurs étaient si convaincus, comme ils semblent l'être aujourd'hui, que cette entente est une vraie merveille, alors pourquoi n'ont-ils pas laissé l'industrie choisir entre recevoir une aide financière temporaire et attendre la décision finale des groupes d'arbitrage, ou accepter une entente qui laisse plus d'un milliard de dollars entre les mains des Américains? Il me semble que le nouveau gouvernement aurait dû permettre à l'industrie de souffler un peu mais, au lieu de cela, il lui a fait une offre à prendre ou à laisser. Il est évident que la majorité des entreprises canadiennes ont accepté l'entente par dépit.
C'est inacceptable. L'entente est néfaste. Elle crée un terrible précédent. Elle laisse plus d'un milliard de dollars entre les mains des Américains, dont ces derniers se serviront pour concurrencer notre industrie du bois d'oeuvre et, pire encore, financer généreusement le lobby américain du bois d'oeuvre afin qu'il continue de nuire à l'un des secteurs les plus vitaux de notre pays.
Pour toutes ces raisons, je ne peux pas, en mon âme et conscience, appuyer cette entente.
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Monsieur le Président, j’interviens aujourd’hui comme députée de Surrey-Nord pour parler de ce que l’accord signifie pour ma circonscription.
La plupart des gens sont portés à croire que l’accord sur le bois d’oeuvre résineux revêt davantage d’intérêt pour une région intérieure ou côtière, mais, moi qui vis en milieu urbain, je sais que, dans ma circonscription de Surrey-Nord et dans l’ensemble de la région de Surrey, il y a de nombreux syndiqués du bois ou de l’acier représentés par l’IWA qui sont actuellement sans travail et qu’il y en aura d’autres qui se retrouveront au chômage. Ces gens, qui ont passé leur vie à travailler dans l’industrie forestière, sont en train de perdre leur maison. Ils sont contraints d’inscrire leurs enfants dans d’autres écoles. Leur amour-propre comme travailleurs a été détruit, et le cours de leur vie a été définitivement modifié. Cet accord n’aidera d’aucune façon les gens de Surrey-Nord ou de la grande région de Surrey.
Il ne reste plus aucune scierie sur les rives du fleuve Fraser, aucune entre New Westminster et Surrey, et il en va de même tout le long de la côte en allant vers le nord. La dernière scierie a fermé ses portes il y un peu plus de six mois. Ce fut la fin d’une époque.
Quand ces négociations ont été amorcées, ces travailleurs, qui étaient sur le point d’être déplacés, avaient espoir qu’elles mèneraient peut-être à une amélioration de leur sort, mais il n’en fut rien. Le milliard de dollars qui a été laissé sur la table comme de l’argent de Monopoly ne rapporte rien à ces travailleurs, loin de là.
Je sais que les industries forestières ont été forcées ou fortement encouragées à appuyer un règlement auquel elles ne voulaient pas vraiment souscrire, mais elles n’avaient pas le choix de l’accepter. Toutefois, si nous entreprenions de mener des consultations auprès des autres intéressés qui sont tributaires de l’industrie du bois d’oeuvre résineux, nous entendrions un tout autre son de cloche.
À quoi le milliard de dollars qui a été laissé sur la table aurait-il dû servir? Cinquante-cinq pour cent de toutes les ressources forestières du Canada se trouvent en réalité en Colombie-Britannique. Dans cette province, ce qui est en jeu, ce n’est pas qu’une petite fraction de l’ensemble des emplois, des revenus ou des ressources naturelles. Maintenant que l’accord a été signé, l’argent qui reviendra en Colombie-Britannique, par exemple, ira grossir les revenus du gouvernement. En quoi cela viendra-t-il en aide aux travailleurs déplacés? D’aucune façon.
Nombre de ces travailleurs n’étant plus très jeunes, il ne sera pas facile pour eux de changer de carrière. Ils ont, pour une bonne part, entre 45 et 55 ans. Cet argent devrait aller au financement de mesures d’atténuation. Il devrait être dirigé vers des programmes de recyclage de la main-d’œuvre. On devrait en faire profiter les collectivités qui ont été littéralement ruinées économiquement par ce dont nous avons été témoins jusqu’à maintenant dans l’industrie forestière.
Étant donné qu’actuellement nous abattons des grumes en Colombie-Britannique pour ensuite les exporter telles quelles à des endroits où elles seront transformées en produits du bois, il va sans dire que l’argent que nous récupérerons devrait aller à l’industrie à valeur ajoutée et à des mesures visant à venir en aide aux travailleurs et aux collectivités touchés.
Il ne faut pas oublier que dans toutes les collectivités où il y a déplacement de travailleurs forestiers, lesquels sont généralement des hommes, mais pas toujours puisqu'il y a également quelques femmes parmi eux, les entreprises secondaires de la collectivité commencent alors à fermer leurs portes. Il n'y a pas que les travailleurs qui sont touchés. Il y a aussi leur conjoint ou partenaire, puis leurs enfants qui sont parfois obligés de déménager et de changer d'école. Il y a aussi parfois le conjoint ou la conjointe qui perd son emploi en raison de la fermeture d'une entreprise secondaire. Les sommes d'argent qui seront remises à la Colombie-Britannique devraient être consacrées aux collectivités, mais ce n'est pas le cas. Ces sommes sont versées dans les recettes publiques et elles pourraient servir à toutes sortes de fins. Cela n'est pas acceptable. Cette entente n'est pas juste du tout pour la Colombie-Britannique, ni pour les autres régions du pays qui sont tributaires de l'industrie forestière.
Je n'appuie pas cette entente, et je sais que je ne suis pas la seule. Je crois que bon nombre de ceux qui se prononceront en faveur de ce projet de loi le feront avec réticence ou pour d'autres raisons sur lesquelles je ne m'étendrai pas, mais ils ne le feront pas nécessairement parce qu'ils l'appuient sans réserve.
De façon générale, la Chambre des communes et certaines des industries de la Colombie-Britannique ont peut-être approuvé cette entente, mais la population rejette en grande majorité cette entente qui n'a pas été négociée. Je crois que bon nombre de personnes n'accorderont qu'un appui tacite à cette entente et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose.
L'autre chose qui me préoccupe, c'est que cette entente devrait donner un espoir à long terme aux travailleurs du secteur du bois d'oeuvre. Toutefois, si l'entente peut être renégociée dans dix-huit mois, cela n'a pas de quoi les rassurer. Seront-ils prêts à acheter une maison et à contracter une hypothèque en sachant que l'entente pourra être renégociée dans 18 mois? Je ne le crois pas. Seront-ils prêts à faire des projets permanents pour eux-mêmes et pour leur famille en sachant que cette entente peut être reprise dans si peu de temps? Je ne le crois pas.
À bien des égards, cette entente est la pire qui soit. L'argent qui nous sera remis ne servira ni aux travailleurs, ni aux collectivités, ni à une saine gestion forestière. Les Canadiens ont précisé très clairement que la santé des forêts devait faire partie de cette entente.
Je n'appuie pas ce projet de loi parce qu'il aura des effets dévastateurs sur les travailleurs canadiens du secteur du bois d'oeuvre. Ce n'est pas juste, ce n'est pas acceptable et cela n'aidera en rien les habitants de la Colombie-Britannique.
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Monsieur le Président, je suis à la fois heureux et triste de participer à ce débat, parce que ce projet de loi qui est devant nous est finalement une abdication totale de la souveraineté canadienne, un rejet total des règles de droit international.
Ce gouvernement a capitulé totalement devant les Américains. Par la suite, pour tenter de justifier sa capitulation, les conservateurs ont tenu le fusil sur la tempe des différentes compagnies canadiennes en leur assurant qu'elles n'auraient aucun appui.
Pire encore, ils ont aussi été les complices des banques, parce qu'ils ont voulu finir le travail. Les seuls gagnants de cette entente sont les banques, qui vont toutes ramasser les 4 milliard de dollars le jour où cela viendra, et les autres, bien sûr, ce sont les producteurs américains.
Je regarde particulièrement l'appui du Bloc Québécois. J'entendais plus tôt le député de Saint-Maurice—Champlain dire qu'ils ont proposé telle ou telle mesure, mais ils ont donné leur appui inconditionnel au gouvernement conservateur, en oubliant les travailleurs, en oubliant les communautés. Ils tenaient le gouvernement comme cela. Ils ont décidé de s'aplatir comme des crêpes pour sauver leur emploi plutôt que de sauver les communautés et les travailleurs.
À propos des travailleurs âgés, ils avaient une occasion en or de dire à ce gouvernement: « On vous appuie à condition qu'il y ait un programme pour les travailleurs âgés. » Ils tenaient le gouvernement en otage. Ils ont décidé de ne rien demander. Au lieu de trouver des solutions pour les travailleurs âgés, ils préfèrent poser des questions. Le lendemain, après avoir annoncé leur appui au gouvernement, c'était pitoyable. Ils demandaient: « Que ferez-vous pour les travailleurs âgés? Que ferez-vous pour les communautés? » alors qu'ils avaient déjà vendu leurs armes à rabais.
Qu'y a-t-il pour les travailleurs dans cela? Lorsque vous parlez à un bûcheron de 58 ans de Saint-Fulgence, qui a perdu son emploi, qu'y a-t-il pour lui? Qu'y a-t-il pour cette personne qui a travaillé toute sa vie dans le bois et qui avait espoir que cette entente ferait quelque chose pour son entreprise? Elle ne fera rien. Il se demandait si quelqu'un a pensé à lui, puisque les grands discours étaient à propos des travailleurs. Il n'y a rien pour lui. On lui dit: « Finis ton assurance-chômage. Après cela, arrange-toi avec tes troubles. »
Il y avait une occasion. Dans le programme libéral, qui a été battu par le Bloc Québécois, il y avait 200 millions de dollars répartis sur deux ans afin de rendre notre industrie forestière plus concurrentielle et plus écologique. Il y avait 40 millions de dollars répartis sur deux ans pour accroître la performance générale de notre système national innovateur de gestion des forêts. Il y avait des millions de dollars pour améliorer la compétitivité de la main-d'oeuvre, pour favoriser le développement des compétences en milieu de travail et pour offrir de l'aide aux travailleurs âgés touchés par les mises pied dans l'industrie forestière. Il y avait aussi 100 millions de dollars pour aider à la diversification économique.
Cette entente fera-t-elle réouvrir des moulins? Avez-vous entendu, depuis la signature de l'entente, une annonce de réouverture? Moi, ce que j'ai entendu, ce sont des annonces de fermeture. S'il y avait eu une si grande confiance en cette annonce et si cette entente créait l'espoir que les représentants du gouvernement veulent nous faire croire, comment se fait-il que, jour après jour, il y ait des annonces de fermeture dans des communautés partout à travers le pays?
C'est triste pour les communautés monoindustrielles, qui n'ont pas d'espoir de diversification et qui ont obtenu zéro, particulièrement dans le Québec rural représenté par les députés du Bloc qui ne se sont pas du tout occupés d'elles.
Les travailleurs âgés n'ont eu droit qu'à des discours. D'ailleurs, je veux rendre hommage au NPD: au moment où ils ont eu le même genre de situation, le même rapport de force, ils l'ont utilisé pour protéger ceux et celles auxquels ils croyaient. Le Bloc n'a rien fait. Il prétend avoir des rapports de force. Il a déjà eu un slogan et c'était « le vrai pouvoir ». C'était le pouvoir de « téter » le gouvernement, c'est tout ce qu'il a exercé comme pouvoir.
C'est donc de la tristesse que nous éprouvons aujourd'hui en cette Chambre. En effet, les communautés monoindustrielles où tout a complètement fermé ne voient aucun espoir là-dedans. Tout ce que l'on réserve aux travailleurs âgés, c'est la fin de leurs prestations d'assurance-emploi et après cela, le déshonneur de ne pas pouvoir prendre une retraite décente.
Mettez-vous dans la peau de cet homme de 58 ans. Que lui offre-t-on à Saint-Fulgence? Ici, tout le monde vit confortablement et peut croire en l'avenir. Mais mettez-vous dans la peau de ces gens qui ont travaillé dans la forêt. Il n'y a rien pour eux dans cette entente. Je le maintiens, il n'y a rien, sauf du désespoir.
Nous avons donc décidé de voter contre cette entente en raison de son contenu, bien entendu, mais aussi pour ce qu'elle ne contient pas. Il n'y a aucune mesure connexe. Même dans le discours du Trône, il y avait une espèce de paragraphe pour essayer de donner un petit bec dans le cou du Bloc, mais à la fin, il n'y a rien de concret.
Je l'affirme, après tout cela, d'ici un an, lorsque nous serons assis de l'autre côté de cette Chambre, nous ferons le bilan de cette entente, nous verrons les emplois qui auront été créés, les communautés qui auront dû fermer et nous nous apercevrons que cette entente était mauvaise pour le Canada, mauvaise pour les entreprises, mauvaise pour les travailleurs et mauvaise pour les communautés.
C'est pourquoi nous, les députés du Parti libéral, avons décidé de voter contre cette entente. Nous sommes convaincus qu'après avoir gagné toutes ses causes en cour, devant les tribunaux internationaux, le Canada avait raison. Si l'industrie avait eu de l'aide de ce gouvernement, elle n'aurait pas été obligée de céder à la menace du gouvernement et de céder à la menace de ses banquiers. C'est là où réside la tristesse de tout ce dossier. Pas un entrepreneur au Canada n'est heureux de cette entente. On la leur a enfoncée dans la gorge par nécessité. Mais posons-nous la question. Je reviens à cela parce que l'essentiel de notre mandat ici n'est pas de protéger la grande entreprise, mais le vrai monde. J'attends encore de voir quelqu'un me donner des nouvelles positives sur cette entente.
Au bout du compte, cette entente est regrettable non seulement à cause de son contenu qui est une abdication totale, mais aussi à cause de l'absence de mesures l'accompagnant. Nous savons bien que cela ne réglera rien pour ceux et celles qui ont déjà été affectés ni pour beaucoup d'autres qui le seront à cause de la restructuration du secteur. La réalité de ce secteur demande une restructuration, et plusieurs seront sacrifiés et en paieront le prix. Ce ne sont ni les gros ni les banques qui en paieront le prix, ce sont les petits travailleurs pour qui il n'y a rien ici.
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Monsieur le Président, c'est sans enthousiasme que nous prenons la parole au sujet du projet de loi.
On en entend des vertes et des pas mûres, de toutes les couleurs, en cette Chambre. On en a eu une belle démonstration avec la prestation du député d'Outremont. C'est probablement la première fois qu'il se lève aussi enragé dans cette Chambre pour défendre les travailleurs. C'est la première fois. En effet, auparavant il était ministre et il ne se levait pas pour défendre les travailleurs. Ah non! Ce n'était pas ce que le député d'Outremont faisait. Il était ministre, il prenait des décisions.
Telle est la réalité. La crise du bois d'oeuvre existe depuis le 22 mai 2002. Les libéraux étaient au pouvoir. Le député d'Outremont a été élu en juin 2004. Or, qu'a fait le ministre? Qu'a fait le député d'Outremont quand il était ministre? Absolument rien. Il nous a dit plus tôt qu'ils étaient en cour et qu'ils gagnaient des combats. Pendant ce temps, les usines fermaient.
Ne nous posons pas de questions. Ce n'est pas le Parti conservateur qui a fermé toutes les usines; ce sont les décisions du Parti libéral qui les ont fermées. C'est ce qui est arrivé. Telle est la réalité.
Évidemment, pendant tout ce temps, le Bloc québécois a défendu en cette Chambre les intérêts des travailleurs et travailleuses du Québec. Nous avons apporté de bonnes idées et des solutions. C'est nous qui avons proposé en cette Chambre de faire des garanties de prêt. Le gouvernement libéral ne nous a pas écoutés et le gouvernement conservateur ne nous écoute pas plus.
Les garanties, ce n'est pas ce qui est arrivé. Mais non, il y a le programme! Le député d'Outremont nous parle du programme. Les libéraux ont été tout ce temps au pouvoir sans le faire! Croyait-on que les gens pensaient que les libéraux allaient le faire parce qu'ils seraient élus? Ils ne leur ont pas fait confiance. Telle est la réalité. Ils ont eu raison, en plus.
Sauf qu'aujourd'hui, en cette Chambre, nous sommes ici pour défendre les intérêts des travailleurs et travailleuses, et ceux-ci ont demandé au Bloc québécois d'accepter l'entente, parce que le litige durait depuis trop longtemps. La réalité est telle que les compagnies ont besoin d'argent.
Nous avons voté, nous votons et nous voterons pour défendre l'entente, pour la simple et bonne raison que l'industrie forestière est en crise et qu'elle a besoin de cet argent, parce que le Parti libéral n'a pas su l'aider quand il en était temps. Il n'a pas su instaurer des garanties de prêt. Le Parti conservateur répète cette erreur de ne pas aider les entreprises. Il a décidé de signer une entente à rabais. Tout le monde le dit, l'entreprise aussi. Ce n'est vraiment pas l'entente idéale. Le problème, c'est que les entreprises sont au bout du rouleau, et avant que toutes les autres ferment, c'est simple, nous allons maintenir en vie les usines existantes et nous espérerons de travailler ensemble pour essayer de rouvrir celles qui sont fermées.
Telle est la réalité. C'est pourquoi les Québécoises et les Québécois peuvent se fier au Bloc québécois pour défendre leurs intérêts. Ils ne peuvent pas se fier aux libéraux, qui passent leur temps en cour à essayer de défendre et de gagner et de faire ce qu'ils ont tout le temps fait: ne rien donner à l'entreprise, en lui disant de garder espoir de gagner le combat ultime, le dernier procès.
Des procès, on en a gagné tous les ans, on en gagne un et cela n'a rien donné de plus dans la poche des travailleurs et travailleuses. Telle est la dure réalité des travailleurs et travailleuses.
Ce n'est pas de gaieté de coeur que 147 entreprises sur 151 ont appelé le Bloc québécois pour lui demander de voter pour cette entente, qui n'en est pas une bonne. On le dit, on ne se cache pas. On a offert des solutions pour la bonifier. Le seul problème, c'est que c'est écrit FIN sur le mur et que le Parti conservateur a décidé de ne pas venir en aide à l'industrie. Alors tout le monde dit que la meilleure chose qui puisse arriver, c'est que les sommes versées par les compagnies leur soient remboursées, même partiellement. C'est une demande de l'industrie, encore une fois.
Le seul parti au Québec qui est à l'écoute des travailleurs et travailleuses, des Québécoises et Québécois, c'est le Bloc québécois. Nous et la population sommes en symbiose. On ne peut en dire autant du Parti libéral. Aussi avons-nous décidé d'appuyer cette entente, dans l'intérêt du peuple.
C'est pour cela que nous sommes ici. Nous bataillerons toujours dans l'intérêt du peuple. Pourquoi? Parce que nous n'aurons jamais le pouvoir.
Le problème du député d'Outremont, c'est peut-être cela: de vouloir le pouvoir à tout prix. C'est son problème et celui de son ami, le député de LaSalle—Émard. Le pouvoir à tout prix, et c'est ce qui est arrivé: à vouloir le pouvoir à tout prix, on le perd, parce que le pouvoir nous est prêté, il ne nous appartient pas. Évidemment, nous serons toujours ici pour défendre les intérêts des Québécoises et Québécois.
Nous en profitons pour dire au gouvernement conservateur que s'il lui reste un peu de coeur — ce qui est assez difficile chez les conservateurs —, de bons sujets pourraient quand même être apportés, à la demande de l'industrie. Il faut absolument régler, on le sait, la question du Programme d'aide aux travailleurs âgés. Des travailleurs de 50 à 55 ans et plus perdent leurs emplois dans le domaine de la forêt et ils mériteraient qu'on les aide jusqu'au moment de leur retraite. C'est une demande du Bloc québécois. C'est vrai qu'il y a eu une petite ouverture lors du dernier budget, sauf qu'évidemment on attend toujours. En effet, les travailleurs et travailleuses âgés attendent toujours, surtout dans les secteurs de la forêt et du textile.
Cette semaine, les coupes de 2 milliards de dollars dans tous les programmes — ceux qui touchent les femmes, les Autochtones et les plus démunis de notre société — ont démontré, une fois de plus, que les députés conservateurs n'ont pas de coeur.
Nous voulons qu'ils écoutent ce que l'industrie demande. Nous demandons un programme d'aide aux travailleurs âgés, afin que ces personnes qui travaillaient pour l'industrie forestière puissent atteindre leur retraite de façon décente. C'est ce que nous demandons. Nous avons déjà chiffré ce programme et il ne s'agit pas de sommes phénoménales qui bouleverseraient les dépenses du gouvernement. Cela a déjà été soulevé par le Bloc québécois. Cette demande est justifiée pour la simple et bonne raison que l'industrie en a fait la demande officielle. Le Bloc québécois s'est toujours fait fort de défendre cette demande en cette Chambre.
Nous demandons également un programme de diversification des économies des communautés tributaires de la forêt. Nous attendons toujours le fameux plan Marshall promis par le , le député de si ma mémoire est bonne. Il nous promettait un véritable plan Marshall qui devait permettre de lancer des régions ressources, alors qu'il a accouché d'une souris cette semaine.
Le ministre de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec a accouché d'une souris de 85 millions de dollars en argent recyclé. On a pris de l'argent de certains programmes et on l'a recyclé pour essayer d'aider les communautés les plus démunies. On a donné 85 millions de dollars, alors que l'industrie laisse aux États-Unis plus d'un milliard de dollars en droits compensateurs. Le gouvernement conservateur offre un programme de 85 millions de dollars — nous espérons que ce ne sera pas trop peu trop tard — répartis sur quatre ans. Mon collègue de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine a bien raison de mentionner ce fait. Quatre-vingt-cinq millions de dollars répartis sur quatre ans, c'est triste. C'est vraiment triste que les communautés ne soient pas plus soutenues par un gouvernement conservateur qui est carrément insensible aux problèmes que peuvent vivre les communautés les plus démunies de nos régions.
Le problème du développement régional est un problème qui touche tout le monde. Ce n'est pas vrai que les grands centres urbains pourront survivre seulement avec des sièges sociaux, qui sont souvent les sièges sociaux d'entreprises qui exploitent des ressources dans nos régions. C'est cela, la réalité. Les gouvernements en sont souvent déconnectés. Ils pensent que la population est en ville et que cela ne vaut pas la peine d'investir dans les régions. Au contraire, s'il y a beaucoup de gens en ville, c'est justement parce que nous avons des régions prospères qui permettent le développement des ressources naturelles, le développement de l'agriculture et le développement de la forêt. Que ferions-nous si nous n'avions pas de bois pour bâtir nos maisons? Nous sommes très fiers de bâtir des maisons, mais le bois provient des régions. Nous sommes fiers de manger, d'avoir du bon pain et de bonnes choses sur la table, mais cela vient souvent des régions. Il ne faut pas que le Parti conservateur l'oublie.
Nous voulons un véritable programme de diversification des économies des communautés tributaires de la forêt. Nous attendons toujours ce fameux programme dont le ministre de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, le député de , n'a pas accouché cette semaine.
Nous voulons aussi un statut particulier pour les 128 000 propriétaires de boisés privés du Québec. Pour soutenir l'industrie, il faut des arbres. Nous voulons un programme d'aide pour relancer l'industrie. Si nous soutenons les boisés privés, nous pourrons soutenir les ressources qui entrent dans les industries. Il s'agit d'une idée lancée par le Bloc québécois. Nous nous attendons à ce que le Parti conservateur la prenne au sérieux.
Nous voulons une mesure fiscale particulière pour les 4,3 milliards de droits compensateurs et anti-dumping. Il ne faut pas oublier que les compagnies recevront moins d'argent. Elles recevront 4 des 5 milliards de dollars, c'est-à-dire 81 p. 100. De plus, à cause de l'appréciation du dollar canadien depuis 2002, elles subissent une perte. Elles ne recevront donc que 65 p. 100 des 81 p. 100 qu'elles ont payés. Nous demandons un crédit d'impôt remboursable afin qu'elles puissent récupérer ces sommes. C'est la façon dont le Canada pourrait le faire.
Encore une fois, les Québécois et les Québécoises peuvent se fier au Bloc québécois pour défendre leurs intérêts. Ce n'est pas de gaieté de coeur que nous appuyons le projet de loi et l'entente sur le bois d'oeuvre. Nous le faisons dans l'intérêt des citoyens, des citoyennes, des travailleurs et des travailleuses de l'industrie forestière qui nous l'ont demandé.
Car, évidemment, nous sommes le seul parti qui soit véritablement à leur écoute.
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Monsieur le Président, je suis contente de participer à ce débat. Je veux faire part à la Chambre des préoccupations des Métallos, afin que mes collègues se rendent bien compte de la gravité des inquiétudes exprimées et du sérieux de la situation.
Le Syndicat des Métallos compte plus de 280 000 membres au Canada, dont 50 000 travaillent dans le secteur forestier. Ces gens connaissent bien le problème, et ils sont très sérieux quand ils formulent leurs préoccupations. Ils croient vraiment que l'entente que nous sommes en train d'étudier est de piètre qualité et que les Canadiens avaient déjà une stratégie gagnante pour faire face à l'industrie forestière américaine et à l'imposition injuste et illégale de droits par l'administration, en mai 2002.
Depuis lors, nous avons montré aux Américains que beaucoup de scieries canadiennes peuvent réussir mieux que des entreprises équivalentes aux États-Unis et cela, malgré des droits exorbitants sur nos exportations de bois d'oeuvre. Les problèmes économiques que connaissent les entreprises dernièrement tiennent davantage à la hausse du dollar canadien qu'aux mesures protectionnistes des États-Unis. En gagnant en cour, nous avons montré que la plainte des Américains n'était pas fondée et que les mesures protectionnistes étaient illégales.
Après tout, le Canada gagnait, tant devant les tribunaux de l'ALENA et de l'Organisation mondiale du commerce que devant les cours de justice américaines. Le 13 juillet, le Tribunal de commerce international a jugé que les droits de douane étaient illégaux, un jugement qui ne servait qu'à confirmer notre opinion. Les États-Unis auraient rapidement épuisé leurs recours légaux aux termes de l'ALENA, comme on a pu le voir quand le tribunal de l'ALENA a rejeté des appels de la partie américaine à la suite de contestations extraordinaires. Les États-Unis perdent même à l'OMC, le seul tribunal qui, à l'origine, leur avait donné raison sur certains points.
Nous trouvons donc malheureux que le gouvernement actuel soit prêt à renoncer aux gains obtenus devant les tribunaux et à imposer à l'industrie cet accord terriblement bâclé.
En acceptant les dispositions de l'accord actuel, il semble que le gouvernement soit tombé dans le piège que décrit Carl Grenier, du Conseil du libre-échange pour le bois d'oeuvre, quand il dit que le Canada a ainsi admis que nous étions effectivement coupables d'avoir produit du bois d'oeuvre subventionné, de l'avoir vendu à rabais sur les marchés américains et d'avoir fait du tort à l'industrie américaine. Selon M. Grenier, nous devons maintenant nous en remettre à la bienveillance des Américains.
Pourtant, le Canada n'est coupable sur aucun de ces chefs d'accusation. Nous le savons tous et les décisions judiciaires continuent à le démontrer.
Néanmoins, pour des raisons politiques connues du seul gouvernement, mais non des Canadiens, le gouvernement s'est empressé de conclure cet accord dévastateur, et ce, sans avoir consulté comme il l'aurait dû les gouvernements et les intervenants concernés. En dépit des engagements des conservateurs, l'accord a été paraphé à Genève avant même que les représentants de l'industrie aient pu émettre leur opinion.
En bref, c'est un accord conclu à la va-vite. Le Syndicat des métallurgistes n'a aucun doute que nous, les Canadiens, le regretterons un jour. Après tout, il est évident que l'accord comporte de grosses lacunes. C'est ce qu'on fait valoir au gouvernement aujourd'hui.
En dépit de ce qu'a dit le à la Chambre des communes le 28 avril dernier, aux termes des dispositions de l'accord, nous n'aurons pas libre accès au marché américain. Les exportations canadiennes sont limitées à 34 p. 100 du marché américain du bois d'oeuvre; de surcroît, elles sont entravées par le soi-disant mécanisme en cas de dépassement, politique qui pénalise les producteurs canadiens efficaces. Les compagnies américaines, elles, continuent d'avoir libre accès au bois brut canadien, et les producteurs des pays tiers, eux, jouissent d'un accès véritablement libre au marché américain.
D'après l'échéancier, qui a beaucoup changé depuis le début des négociations le 27 avril, le Canada n'aurait que deux ans de répit, au lieu des sept à neuf ans qu'on nous avait offerts à l'origine. Nous apprenons aussi que les États-Unis auraient le droit préférentiel d'abroger l'accord. Cependant, le prix demeure inchangé à 1 milliard de dollars.
L'accord ne pourrait tomber à un pire moment. En effet, la plupart des analystes de l'industrie conviennent pour dire que le marché du logement américain, en plein essor jusqu'à récemment, commence à fléchir. Cela veut dire que dès la mise en oeuvre de l'accord, les producteurs canadiens paieront sûrement des taxes à l'exportation de 10 à 15 p. 100, soit encore plus élevées que les droits actuels imposés par les États-Unis.
Qu'y a-t-il d'avantageux pour le Canada dans l'accord? Comme on l'a fait remarquer dans un mémoire présenté au comité permanent le 19 juin, les métallurgistes estiment que la seule raison qui justifie la conclusion de cet accord, c'est la perspective de recouvrer une partie de l'argent que détient illégalement le département du Commerce des États-Unis. Ils soutiennent respectueusement que cette raison n'est tout simplement pas suffisante pour contraindre le Canada à accepter une solution à court terme qui, dans peu de temps, permettra de renouveler les mesures protectionnistes américaines. Les faits qui se sont produits depuis juin ne font que confirmer cette opinion.
Après tout, bien que l'accord demande la remise de 80 p. 100 des droits perçus illégalement auprès de sociétés canadiennes, il ne renferme toujours aucune disposition visant à favoriser des investissements grandement nécessaires dans le secteur forestier du Canada, même si nous avons assisté récemment à un certain nombre de fermetures attribuables à l'insuffisance de capitaux au Canada.
Pendant que bon nombre d'usines et d'installations au Canada nécessitent une grande injection de fonds, nos entreprises forestières continuent d'investir les bénéfices réalisés au Canada dans des acquisitions et des fusions aux États-Unis et à l'étranger, ou en dehors du secteur. Notamment, des sociétés canadiennes comme Canfor, Abitibi, Ainsworth et Interfor ont acheté des usines aux États-Unis. Les métallurgistes continuent d'être vivement préoccupés en attendant que nous agissions.
À cette fin, il faudrait qu’on s’engage à ce qu’une portion généreuse de toutes les remises que les entreprises recevront par suite du règlement du différend sur le bois d’oeuvre soit réinvestie dans des programmes de création d’emplois, de formation et de recyclage de la main-d’oeuvre, dans des infrastructures ainsi que dans des mesures d’adaptation des collectivités touchées, et ce, au Canada et non à l’extérieur de notre pays.
C’est une pilule dure à avaler pour les travailleurs et les collectivités, par exemple, que d’apprendre qu’alors que le règlement proposé se traduira par des dépenses de 500 millions de dollars à ces fins aux États-Unis, il ne prévoit pas un sou d’investissement dans le même sens au Canada. Comment, se demande-t-on, les entreprises canadiennes peuvent-elles continuer d’investir dans des scieries en Caroline du Sud, dans l’État de Washington et en Oregon, dans des usines de panneaux OSB au Minnesota ou dans des usines du Maine, alors même que nos propres usines au Canada continuent de fermer en raison du manque d’investissement ou de capital? Voici ce qu’on pouvait lire récemment à ce sujet dans le Globe and Mail:
Le sous-investissement dans l’industrie des produits forestiers de l’Est du Canada est chronique depuis si longtemps qu’il faudrait investir des milliards pour rendre nos usines de pâtes et papiers aussi modernes que celles de la Scandinavie ou de l’Amérique du Sud.
Or voilà que ce règlement, qui déjà ne prévoit qu’une véritable trêve terriblement courte pendant laquelle nous serons à l’abri de toute mesure commerciale de la part des États-Unis, va jusqu’à récompenser l’industrie américaine et la Coalition for Fair Lumber Imports pour avoir parrainé ce qui s’est nettement révélé être des mesures commerciales illégales en les gratifiant d’un pécule de 500 millions de dollars dont ils pourront se servir pour financer de futures manoeuvres de harcèlement, et ce, à peine deux ans après que l’accord sera entré en vigueur.
Bref, il apparaît d’ores et déjà clairement que cet accord ne sert pas les intérêts canadiens, qu’il s’agisse de ceux de notre industrie forestière, de nos travailleurs forestiers, des collectivités qui vivent de la forêt, ou de l’ensemble des citoyens canadiens. Alors qu’il encourage dangereusement l’imposition par les États-Unis d’éventuelles mesures de représailles commerciales contre nous, il apporte vraiment trop peu au Canada. Il ne s’agit pas d’un règlement satisfaisant du différend sur le bois d’oeuvre.
Voici ce que recommandent les métallos. Le Canada doit répudier cet accord. Le gouvernement et les entreprises canadiennes devraient poursuivre leurs contestations judiciaires. Les entreprises canadiennes ne devraient pas accepter de retirer leurs poursuites et devraient s’opposer au versement de fonds à l’industrie américaine. Le gouvernement devrait continuer à soutenir toutes les contestations judiciaires qui seront nécessaires pour empêcher une fois pour toutes les États-Unis de prendre contre nous des mesures judiciaires.
Bref, le Syndicat canadien des métallurgistes unis d’Amérique presse nos entreprises et nos gouvernements de mettre de côté leurs intérêts égocentristes et de se porter résolument à la défense des intérêts du Canada et des Canadiens. Nous nous devons de garder à l’esprit que le secteur forestier du Canada est notre secteur porteur et une importante source d’emplois.
Je suis heureuse de cette possibilité qui m’a été donnée de vous faire part de ce que ressentent les membres du Syndicat canadien des métallurgistes unis d’Amérique et de demander au gouvernement de repenser toute cette entente.