propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, comme vous vous en doutez certainement, je parlerai en faveur du projet de loi , qui porte sur la procédure pénale, la langue de l'accusé, la détermination de la peine et d'autres modifications.
Mes collègues ne sont pas sans savoir que notre gouvernement a déposé bon nombre de mesures législatives afin de mieux protéger les Canadiens respectueux des lois. Je crois que, pour respecter l'une des principales priorités du gouvernement, qui porte sur une approche pluridimensionnelle à la lutte contre la criminalité, il est essentiel de voir à ce que notre système de justice pénale reste moderne et efficace.
La présente initiative n'est qu'un exemple du travail accompli par le ministère de la Justice dans le but de mettre à jour, moderniser et améliorer la loi et d'apporter les changements techniques qui s'imposent afin de régler certaines anomalies en matière de procédure, d'apporter des corrections, de préciser des ambigüités dans certaines dispositions du Code criminel et de moderniser d'autres dispositions en introduisant le recours aux technologies de communications modernes. De telles modifications d'ordre administratif s'imposent de temps à autre.
Les modifications proposées dans le projet de loi pourraient ne pas sembler bien pressantes pour certains, mais c'est un important projet de loi qui contribuera au bon fonctionnement du système de justice pénale et facilitera le travail quotidien du personnel judiciaire.
J'estime que pareilles modifications sont nécessaires de temps à autre et que la Chambre devrait être saisie de mesures semblables de façon régulière, au besoin.
Comme un grand nombre de ces modifications ont été conçues avec la collaboration des partenaires du système de justice, cette initiative témoigne également de la détermination du gouvernement à travailler de manière coopérative avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi qu'avec d'autres intervenants du système de justice, comme la Conférence pour l'harmonisation des lois au Canada, afin d'améliorer le système canadien de justice pénale.
Les modifications proposées dans le projet de loi se divisent en trois groupes: procédure pénale, langue de l'accusé et détermination de la peine.
Je ne décrirai pas chacune des modifications qui sont proposées et qui sont, de façon générale, des modifications dites de forme. Je me contenterai plutôt d'en souligner quelques-unes. D'abord, je parlerai des modifications concernant la procédure pénale.
Plusieurs modifications de ce groupe visent à clarifier l'application et l'objet de certaines dispositions, aussi bien qu'à accroître l'efficacité de la procédure en permettant l'utilisation de la technologie moderne et en rationalisant les dispositions en vigueur.
Par exemple, il est proposé de simplifier la procédure d'exécution des mandats de perquisition dans une autre circonscription territoriale que celle où le mandat a été délivré. À l'heure actuelle, les mandats de perquisition délivrés à l'extérieur de la province ne peuvent être exécutés qu'après avoir été visés par un juge de paix ayant juridiction dans la circonscription où ils doivent être exécutés. C'est, évidemment, un processus qui prend du temps et qui mobilise beaucoup de ressources matérielles et humaines. Cette modification permettrait l'envoi du mandat de perquisition délivré dans une autre province par voie électronique au tribunal de la province où une copie du mandat serait visée par le juge compétent, ce qui accélérerait le processus d'exécution des mandats délivrés à l'extérieur de la province.
Une autre modification de ce groupe servirait à établir clairement le droit d'un accusé de choisir le type de procès qu'il désire lorsque la Cour suprême du Canada ordonne que soit repris un procès tenu devant juge et jury. Cette modification rendra le système plus flexible et contribuera à éviter la tenue inutile d'un procès devant jury lorsque l'accusé préfère être rejugé devant un juge seulement.
Une autre modification de ce groupe préciserait, en cas de procédure sommaire mettant en cause de multiples accusés, que le tribunal pourrait poursuivre l’instruction du procès à l’égard de tous les accusés même si l’un d'eux omet de comparaître.
Le Code criminel compte actuellement plusieurs dispositions qui portent sur les preuves de signification de documents juridiques, comme les avis, les assignations à témoigner et les convocations. Le projet de loi prévoit une série de modifications qui auraient pour effet de rassembler dans une seule disposition tous les articles qui portent sur les preuves de signification de documents juridiques. Ainsi, toute cette question serait régie par une seule disposition facile à citer.
Le projet de loi prévoit aussi des modifications qui amélioreraient le processus de sélection des jurés afin de mieux protéger l'impartialité des futurs jurés et des jurés assermentés. Une autre modification corrigerait les incohérences relatives à la récusation péremptoire qui existent dans ce processus.
Avant de passer aux deux autres catégories, j'aimerais mentionner une dernière modification relative à la procédure pénale. À l'heure actuelle, la possession d'outils de cambriolage est une infraction criminelle ordinaire. L'expérience nous a montré que cette infraction est souvent commise de pair avec l'« introduction par effraction dans un endroit autre qu'une maison d'habitation », qui est une infraction mixte; c'est-à-dire que la Couronne peut procéder par déclaration sommaire de culpabilité ou par mise en accusation.
La modification classerait la possession d'outils de cambriolage parmi les infractions mixtes. Ainsi, lorsque les circonstances le permettraient, la Couronne pourrait intenter une seule procédure sommaire pour les deux infractions.
Je crois que les modifications que j'ai énumérées et les autres modifications relatives à la procédure criminelle qui figurent dans le projet de loi sont essentielles et apporteraient des améliorations concrètes à la procédure criminelle.
Je vais maintenant passer aux modifications contenues dans le projet de loi qui concernent le droit de l'accusé de subir un procès criminel dans sa langue. Les articles 530 et 530.1 du Code criminel garantissent le droit de toute personne accusée d'exiger que son enquête préliminaire et son procès se déroulent dans sa langue officielle et que le procureur de la Couronne parle également sa langue.
Ces droits sont un exemple de progrès relatif aux droits linguistiques résultant des dispositions législatives prévues au paragraphe 16(3) de la Charte des droits et libertés. Ils existent dans l'ensemble du Canada depuis le 1er janvier 1990. Cependant, depuis l'entrée en vigueur de ces dispositions, les études et les consultations publiques ont montré que ces droits linguistiques sont souvent mal compris par les accusés, le barreau, la poursuite et les juges.
Ainsi, il peut arriver qu'un accusé n'invoque pas ses droits dans les délais nécessaires, ce qui nuit au plein exercice des droits et entraîne des difficultés et des coûts additionnels pour le système judiciaire. De plus, en raison de la méconnaissance des droits linguistiques, les tribunaux ont dû souligner certaines lacunes et ont dû prendre des décisions qui ne correspondent pas toujours à l'esprit des dispositions existantes.
Les modifications législatives proposées dans le projet de loi établiraient clairement l'étendue de ces droits et faciliteraient le respect des obligations linguistiques contenues dans le Code criminel. Elles corrigeraient certains défauts relevés dans diverses études et par les tribunaux, notamment par la Cour suprême du Canada dans l'affaire R. c. Beaulac, en 1999. Elles apporteraient aussi des éclaircissements aux dispositions visées, ce qui garantirait une plus grande efficacité dans l'ensemble des procédures pénales.
Les modifications législatives fourniraient en outre des solutions et des améliorations faisant suite à l'étude publiée en 1995 par le Commissariat aux langues officielles sous le titre « L'utilisation équitable du français et de l'anglais devant les tribunaux au Canada », qui relevait un certain nombre d'obstacles à l'exercice des droits linguistiques des accusés.
Le commissaire aux langues officielles avait recommandé que les accusés soient mieux informés de leur droit à un procès dans la langue de leur choix. Il avait aussi indiqué qu'il lui semblait peu logique de permettre à l'accusé de subir son procès dans sa langue, tout en lui refusant la traduction dans sa langue également des documents étayant les accusations.
Enfin, le commissaire avait cerné un certain nombre de problèmes pratiques qui se produisaient lors des procès bilingues et qui avaient donné lieu à des approches et des décisions judiciaires contradictoires.
Les modifications proposées dans le projet de loi visent à résoudre nombre de ces problèmes. Par exemple, les modifications visant les dispositions sur les droits linguistiques tiennent compte des avis donnés par la Cour suprême du Canada dans l'arrêt Beaulac, en obligeant le tribunal à informer tout accusé de son droit de subir un procès dans la langue officielle de son choix, qu'il soit représenté ou non.
De surcroît, les modifications donnent suite aux décisions des tribunaux exigeant que les documents d'inculpation soient traduits dans la langue de l'accusé, quand ce dernier le demande. Il semble que cela soit nécessaire pour que les accusés puissent exercer leurs droits linguistiques. La modification proposée normaliserait les pratiques actuelles et veillerait à ce que le libellé du Code criminel reflète plus précisément l'état du droit.
En outre, afin de veiller à la clarté et à la précision des procédures criminelles dans le cadre desquelles le document d'inculpation a été traduit, une autre disposition stipule qu'en cas de divergence entre l'original d'un document et sa traduction, l'original prévaut.
Enfin, les modifications proposées donneraient l'autorité au juge qui préside d'émettre des ordonnances pour faire en sorte que les procès bilingues se déroulent efficacement et sans accrocs. L'absence d'une telle disposition a donné lieu à de futiles débats et il est temps d'améliorer l'efficacité de ces procédures.
Passons aux dispositions relatives à la détermination de la peine. Le projet de loi contient plusieurs modifications d'ordre technique. Le but de cette série de modifications est semblable aux deux autres catégories, c'est-à-dire clarifier l'objet de certaines dispositions relatives à la détermination de la peine et rendre plus efficaces certains processus judiciaires relatifs à la détermination de la peine. Il y a aussi d'autres modifications qui mettent la loi à jour ou étoffent les mesures actuelles de protection des victimes.
J'aimerais souligner certaines des modifications proposées dans le domaine de la détermination de la peine. Les peines pour conduite avec facultés affaiblies sont très peu claires et méritent d'être précisées. Comme je l'expliquerai en plus grand détail sous peu, la modification suivante ferait en sorte que les tribunaux, les parties intéressées et, tout particulièrement, les personnes reconnues coupables de conduite avec facultés affaiblies sachent avec certitude quelles peines seront imposées aux condamnés.
Compte tenu de l'incertitude qui règne actuellement à l'égard des décisions judiciaires, cette modification permettra de préciser très clairement que l'amende et la peine d'emprisonnement minimums pour une première, une deuxième et une troisième infraction de conduite avec facultés affaiblies, par la conduite en état d'ébriété et le refus de fournir un échantillon d'haleine, s'appliquent aux cas les plus graves de conduite avec facultés affaiblies causant des blessures corporelles ou la mort. Par conséquent, cette modification permettra également de préciser qu'une condamnation avec sursis n'est pas une option pour les infractions qui prévoient une peine minimale obligatoire.
L'autre modification portant sur la conduite avec facultés affaiblies dont je voudrais parler ici a trait aux ordonnances concurrentes d'interdiction de conduire. Le Code criminel précise à l'heure actuelle que les personnes trouvées coupables de conduite avec facultés affaiblies qui contreviennent à une interdiction de conduire peuvent se voir imposer une interdiction subséquente. Toutefois, cette interdiction subséquente s'applique concurremment avec la première. Puisque les deux interdictions sont appliquées de façon concurrente, la seconde peut devenir moins importante. Le changement proposé prévoit expressément que la seconde interdiction devra s'appliquer consécutivement à toute interdiction de conduite déjà en vigueur.
Le projet de loi comprend également deux modifications supplémentaires portant sur les personnes trouvées coupables de conduite avec facultés affaiblies qui participent ou aimeraient participer à un programme d'utilisation d'antidémarreurs afin de tenter de récupérer leur permis plus rapidement. Ces programmes existent déjà dans plusieurs provinces canadiennes. L'Alberta et le Québec ont été les premières provinces à mettre un tel programme sur pied.
Les dispositions du Code criminel permettent aux provinces et aux territoires qui le désirent d'autoriser une personne reconnue coupable de conduite avec facultés affaiblies à conduire un véhicule muni d'un antidémarreur pendant la période d'interdiction imposée par le tribunal, mais seulement après une période de temps établie selon qu'il s'agissait de la première, de la deuxième ou de la troisième infraction. Disons, pour clarifier les choses, que si cela peut laisser entendre que nous permettons à des conducteurs en état d'ébriété de prendre le volant, ce n'est pas là l'objectif du projet de loi. Nous parlons de ceux qui ont été reconnus coupables de conduite avec facultés affaiblies. Cela ne change aucunement la loi à cet égard.
L'une des modifications préciserait que les personnes reconnues coupables de conduite avec facultés affaiblies n'auraient le droit de conduire pendant qu'elles font l'objet d'une ordonnance d'interdiction de conduire que si elles sont inscrites à un programme d'utilisation d'antidémarreurs avec éthylomètre et qu'elles respectent les exigences du programme. Cette modification vise à affirmer clairement que le contrevenant ne doit pas seulement être inscrit au programme, mais doit aussi se conformer à toutes ses exigences pendant la période d'interdiction de conduire.
De plus, à l'heure actuelle, la seule façon pour un contrevenant de demander la permission de s'inscrire dans un programme d'utilisation d'antidémarreurs avec éthylomètre est de le faire au moment de la détermination de la peine. S'il omet d'en faire la demande à ce moment, le contrevenant n'a pas d'autre possibilité de s'inscrire à un tel programme, puisqu'aucun autre mécanisme d'inscription à une date ultérieure n'est prévu par le Code criminel. Une modification mineure autoriserait, sauf si le tribunal déterminant la peine dit le contraire, toutes les personnes reconnues coupables de conduite avec facultés affaiblies à présenter une demande d'inscription à un programme d'utilisation d'antidémarreurs avec éthylomètre dans tous les territoires et provinces où un tel programme de rétablissement rapide du droit de conduire existe.
Avant de terminer, j'aimerais souligner deux autres modifications relatives à la détermination de la peine contenues dans le projet de loi qui pourraient intéresser mes collègues. J'espère que la modification suivante permettra de rassurer les victimes, puisqu'il donne aux tribunaux le pouvoir de les protéger contre les communications non désirées avec le contrevenant pendant que ce dernier purge une peine d'emprisonnement.
Actuellement, les tribunaux ont le pouvoir d'interdire aux accusés et aux délinquants reconnus coupables de communiquer avec les victimes pendant qu'ils sont sous garde, libérés sous caution ou en probation. Toutefois, ils ne peuvent pas interdire à un délinquant de communiquer avec les victimes tandis qu'il purge une peine d'emprisonnement. Ces communications non désirées à partir des institutions correctionnelles sont traitées différemment selon les provinces, mais sont généralement réglées au cas par cas au moyen de mesures disciplinaires.
La modification proposée étendra l'application des mesures existantes pour protéger les gens contre ces communications non désirées. Ainsi, les tribunaux auront le pouvoir d'ordonner aux délinquants de ne pas communiquer avec leurs victimes, avec des témoins ou avec d'autres personnes identifiées, durant leur période d’emprisonnement.
Cette modification prévoit aussi que le fait de ne pas se conformer à cette ordonnance représenterait une infraction. Il existerait donc un mécanisme d'application. Je crois que cette formule constitue le chaînon manquant dans la série de mesures de prévention qui protègent les gens contre des communications non désirées par des accusés ou des délinquants.
Finalement, je porte à l'attention de mes collègues une modification concernant les amendes. Le montant maximum des amendes imposées, pour les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, est fixé à 2 000 $ depuis plus de 20 ans. D'autres sommes maximales prévues dans le Code criminel ont été rajustées au fil des ans. Le projet de loi propose de porter l'amende maximale à 10 000 $. Le rajustement permettrait aux procureurs de la Couronne de réclamer une amende plus élevée lorsqu'ils emploient la procédure sommaire.
Comme les députés peuvent le voir, les modifications proposées, à la lumière des exemples que nous avons donnés, renforceraient le pouvoir d'imposer des peines, amélioreraient l'efficacité des procédures et clarifieraient les dispositions en matière de droits linguistiques en cour.
J'invite tous les députés à la Chambre à appuyer, comme moi, cette importante mesure législative.
:
Monsieur le Président, je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour discuter à la Chambre du projet de loi , qui vise à modifier le Code criminel à plusieurs égards.
Ce projet de loi omnibus concerne plus particulièrement la procédure pénale, la langue de l'accusé, la détermination de la peine ainsi que d'autres modifications.
[Traduction]
Le projet de loi est essentiellement un projet de loi de mise à niveau. Il vise à mettre à jour le Code criminel et à maximiser son efficacité. Le projet de loi propose d'apporter de nombreuses modifications de fond au Code criminel, des modifications qui touchent un certain nombre d'éléments. Il vise à moderniser le Code.
Nous pensons que, si le projet de loi est renvoyé à un comité qui en fait un examen approfondi, il débouchera sur une bonne loi. Le comité peut convoquer des experts qui viendront se prononcer sur l'efficacité de chaque article des modifications. Nous en arriverons peut-être à améliorer le Code criminel qui, de l'avis de tous, est un document vétuste et incomplet pour notre système de justice pénale, mais le meilleur que nous ayons.
Je félicite les députés d'en face qui ont laissé entendre que la paternité du Code criminel revient à un ministre des Finances conservateur, qui fut par la suite premier ministre dans les années 1880. Le Code est devenu un assemblage hétéroclite au fil des ans et aucune révision complète et finale du Code n'a été entreprise en vue de le moderniser. Il est plus que temps.
Toutefois, ce projet de loi vise à réparer de manière temporaire ce que nous pouvons afin de moderniser certains articles du Code. De ce côté-ci de la Chambre, nous accueillons favorablement sa mise en oeuvre.
Certains articles du projet de loi visent à suivre l'évolution de la société d'aujourd'hui. Par exemple, il s'agirait de faire passer l'amende maximale pour une infraction punissable par voie de déclaration sommaire de culpabilité de 2 000 $ à 10 000 $. Bien que la hausse semble énorme, je crois que les juges, avec leur considération prudente des circonstances, se fonderont sur des facteurs équitables pour déterminer si un accusé peut assumer les paiements et si le montant de l'amende est proportionnelle à la capacité de payer de la personne.
Ici, j'aimerais faire valoir un point que je trouve très important dans le vaste contexte des projets de loi dont la Chambre est saisie cette session et qui ont trait à la justice. La 39e législature a son lot de projets de loi à caractère juridique, mais la plupart d'entre eux et la plupart des actions du gouvernement, malgré le grand nombre de mesures législatives, minent le sentiment de respect que nous avons envers l'appareil judiciaire.
Je pense au rapport sur le traitement des juges, qui a été retardé encore, d'après ce que nous comprenons aujourd'hui. Je pense aux commentaires formulés à la Chambre par le du Canada, selon qui ce sont les avocats libéraux qui faisaient fonctionner le Programme de contestation judiciaire. Je pense aux propos du à la conférence de l'Association du Barreau canadien à St. John's. Je pense à ce que le premier ministre a dit au sujet des juges libéraux à maintes occasions durant la campagne électorale de décembre et janvier derniers.
Même si certaines nominations peuvent préoccuper tout le monde, quand on devient membre de la magistrature, on est un juge. On devient un « honorable juge », un interprète des lois et on mérite tout ce respect.
Le gouvernement n'a rien fait pour accroître le respect à l'égard des juges. Dans les cours d'instruction civique, que ce soit en première ou en dixième année, au premier cycle universitaire ou à l'école de droit, on apprend probablement dès la première journée que, pour que la loi ait l'incidence qu'elle doit avoir, les gens doivent respecter la loi à travers les juges.
[Français]
À titre de député représentant la circonscription de , qui est probablement la circonscription la plus bilingue et la plus biculturelle du pays, je suis content de voir que le projet de loi vient renforcer le droit des accusés de subir leur procès dans la langue officielle de leur choix, et plus particulièrement le droit à un procès bilingue dans le cas où des coaccusés sont de langues officielles différentes.
Il s'agit là d'une mesure importante afin de s'assurer que tous les Canadiens ont accès à la justice et ce, dans les deux langues officielles. Nonobstant ce que j'ai dit, on pourrait facilement voir, dans ma collectivité, un accusé anglophone et un accusé francophone. Le changement de la loi et les amendements proposés verront à assurer un procès dans la langue choisie par l'accusé. C'est fondamental pour notre système judiciaire, et ce serait juste et équitable.
[Traduction]
J'en profite pour préciser que les députés de ce côté-ci de la Chambre veulent des collectivités plus sûres. Les députés de notre côté appuient la loi et l'ordre. Ils appuient les victimes de crimes tout autant que les autres causes qu'ils défendent.
Nous ne sommes pas d'accord quant à la façon d'assurer la sécurité des victimes dans leurs collectivités. Il ne suffit pas de présenter en grande pompe des projets de loi qui ont des titres accrocheurs dont il est question aux nouvelles de 18 heures. Pour que les gens se sentent plus en sécurité, les lois doivent être efficaces. Pour ce, des institutions comme la Commission du droit et des programmes comme le Programme de contestation judiciaire sont essentiels pour garantir que nous avons une société juste et équitable et que les gens se sentent en sécurité dans leurs collectivités.
Qui plus est, dans un contexte où il existe un excédent de 13,2 milliards de dollars, nous devons voir à ce qu'il y ait plus de ressources dans la collectivité pour appliquer la loi et les programmes que les forces policières appuient, par exemple le maintien de l'ordre axé sur la résolution des problèmes, qui signifie qu'il doit y avoir des policiers à l'école et dans la collectivité pour prévenir le crime. Je n'ai pas parlé ici du concept de la réadaptation, ce sera pour un autre jour.
Un autre aspect du projet de loi que je trouve fort intéressant, du moins en principe, c'est celui qui concerne les questions liées à l'interdiction subséquente de conduire dans le cas des récidivistes accusés de conduite avec facultés affaiblies. En tant que père de trois belles jeunes filles, je deviens furieux lorsque j'entends parler aux informations de gens qui continuent de conduire en état d'ébriété et du danger qu'ils présentent pour notre société.
Je suis fier de dire que le président de Mothers Against Drunk Driver est Néo-Brunswickois. Je suis fier de dire que la toute première rencontre que j'ai eue dans mon bureau de circonscription a été avec le président de cet organisme. Je sais qu'il est particulièrement important d'agir et de donner l'impression que nous, les parlementaires, nous soucions de ce qui se passe lorsque des gens prennent le volant alors qu'ils sont en état d'ébriété, non pas pour la première fois, et certainement pas pour la dernière, s'ils ne reçoivent pas de peines consécutives leur interdisant de conduire.
Certaines personnes n'arrivent pas à comprendre le message. Il faut les empêcher de conduire. C'est là l'objet du projet de loi. Il était attendu depuis longtemps. À mon avis, tous les partis peuvent s'entendre sur la sagesse de cette modification. Nous apprenons souvent dans ces cas qu'il est question de personnes irresponsables qui ont déjà été arrêtées maintes fois pour conduite avec facultés affaiblies et qui encore une fois présentent un danger pour notre collectivité.
Quoi qu'il en soit, je dois également faire ici une mise au point. Dans les annonces que le gouvernement a faites récemment, un montant de 4,6 millions de dollars a été retranché d'un programme pilote géré ou mis en place par la Gendarmerie royale du Canada pour déterminer si les facultés d'un conducteur sont affaiblies à cause de la consommation de drogue. L'acronyme MADD signifie Mothers Against Drunk Driving, mais on pourrait également dire MAID, Mothers Against Impaired Driving. La source du stupéfiant ou du produit ingéré, qu'il s'agisse d'alcool ou de drogue, importe peu. Ce qui importe, c'est le danger auquel sont exposés des gens innocents.
Il est hypocrite de sabrer ce programme d'une part et de dire d'autre part que cette mesure législative est conforme aux intentions du gouvernement. Dans le projet de loi le gouvernement a ajouté des interdictions mûrement réfléchies, mais il a également mis fin à un programme qui aurait permis d'identifier facilement les personnes dont les facultés sont affaiblies par d'autres substances. Il rate entièrement la cible. Il se contredit totalement. Cela me porte à croire que le n'a pas bien réfléchi aux répercussions de tout son dossier.
Bien entendu, la justice ne devrait pas se limiter à des peines plus sévères et à des peines d'emprisonnement plus longues. La justice a pour objectif de rendre notre pays plus sûr. Je doute fort que ce soit en enfermant les criminels pour de bon que nous y arriverons. Il faut plutôt faire de la prévention pour éviter qu'il y ait de nouvelles victimes d'incidents dramatiques. Lorsque la prévention de la criminalité échoue, la justice devrait prendre la forme de programmes de traitement adaptés afin que les criminels soient obligés de réfléchir à leurs actes. Idéalement, cela serait la première étape pour les réadapter et prévenir d'autres crimes. Comme je l'ai déjà dit, notre priorité va aux victimes et donc, à la prévention du crime.
Le projet de loi permettrait de reporter le prononcé de la peine afin de permettre aux délinquants de participer à un programme de traitement. Bravo! Pour une fois, le gouvernement donne l'impression de croire en des principes de détermination de la peine autres que la dissuasion et la dénonciation. Je commence vraiment à penser que ce projet de loi, que nous appuyons, n'est pas l'oeuvre du gouvernement. Ce n'est pas une idée du gouvernement. C'est un projet de loi qui avait déjà fait un bon bout de chemin avant le changement de gouvernement.
Je félicite donc le parti d'en face d'avoir montré qu'il comprenait l'idée en rédigeant ces modifications. Je suis très heureux que le ministre de la Justice propose une approche aussi libérale à son ministère dans ce domaine. Je suis presque tenté de le féliciter d'avoir compris le rôle important des programmes de traitement et de la réadaptation. Toutefois, les membres du comité et les Canadiens sont parfaitement conscients des nombreux autres projets de loi dont la Chambre a été saisie et qui seront renvoyés au comité, mais qui font douter de la sincérité du gouvernement lorsqu'il manifeste un intérêt pour les programmes de traitement et la réadaptation. J'ai bien failli complimenter le ministre, mais je ne peux pas m'y résigner.
Je dois dire que je trouve rafraîchissant de voir le gouvernement conservateur minoritaire respecter certains de ces principes. Nous aimerions qu'il les mette davantage en application dans le cadre du projet de loi.
Je trouve intéressant de voir la Chambre débattre du projet de loi omnibus une semaine après que le gouvernement conservateur a aboli la Commission du droit du Canada. Comme la plupart des députés le savent probablement, la Commission du droit du Canada avait comme principal mandat de conseiller le Parlement sur la façon d'améliorer et de moderniser les lois canadiennes. N'est-ce pas paradoxal? Nous tenons un débat sur le projet de loi qui modernise, qui met à jour, en somme, le Code criminel, une de nos plus anciennes lois. Or, la plupart des députés savent que la Commission du droit du Canada n'existera plus.
La Commission du droit du Canada fournissait des avis exceptionnels sur de tels sujets. C'est pourquoi nous avons du mal à comprendre que des parties de ce projet de loi omnibus reconnaissent l'évolution du droit -- la mesure a été présentée par une personne qui a observé l'évolution du droit par rapport au Code criminel -- alors que le gouvernement dit que l'évolution du droit ne l'intéresse pas vraiment et qu'il abolit la Commission du droit sans fournir de motifs valables.
Selon moi, en se posant en faveur du projet de loi depuis quelques jours, le gouvernement montre en fait qu'il appuie la Commission du droit du Canada. Le jour où le gouvernement a mis fin au financement de la commission, on a annoncé un excédent de plus de 13 milliards de dollars.
Le projet de loi porte presque entièrement sur des détails, mais nous savons que le Code criminel fait parfois l'objet de légères modifications qui ne semblent pas importantes. Toutefois, ces modifications ont parfois des répercussions à long terme. Ceux d'entre nous qui suivent la saga du projet de loi , sur l'emprisonnement avec sursis, savent que la décision de la Cour suprême dans l'affaire R. c. Proulx, une décision qui n'a pas été bâclée, une décision de 60 pages, permet de constater que l'application des ordonnances de sursis, qui semblait procéder d'un système bien réglé, pouvait se révéler être tout à fait autre chose.
Je suis cependant d'avis que nous devons étudier de façon plus approfondie ces modifications en comité de manière à bien en comprendre les tenants et les aboutissants.
[Français]
Le projet de loi vise à nettoyer, à moderniser et à mettre à jour le Code criminel. Nous avons tout de même la responsabilité de bien étudier et de comprendre les implications que les changements proposés entraîneront.
Les amendements proposés sont variés et touchent à plusieurs domaines du Code criminel. Il serait donc très long et compliqué d'en discuter en détail à la Chambre. C'est pourquoi il était très approprié de renvoyer le projet de loi en comité afin de s'assurer que nous comprenons bien chacun de ces changements.
[Traduction]
Je suis impatient d'examiner ce projet de loi et ses dispositions au Comité de la justice. En effet, le projet de loi contenant près de 50 dispositions, il faudra le soumettre à un examen exhaustif pour acquérir la certitude que nous pouvons vraiment assainir et moderniser le Code criminel tout en évitant d'y introduire de nouveaux problèmes.
Un dernier détail me préoccupe, notamment la charge de travail qui est attribuée au Comité de la justice, non pas parce que les membres du comité, tous partis confondus, sont effrayés par le travail, car nous siégeons déjà trois fois par semaine, mais en raison simplement du volume important de projets de loi qui sont présentés au comité. On dirait que le gouvernement se préoccupe davantage de mettre ces projets de loi en façade de sa démocratie populiste que de prendre les moyens nécessaires pour qu'ils soient adoptés pendant cette législature, rapidement et équitablement.
Je rappelle aux députés que si nous voulons vraiment assurer la sécurité des collectivités et protéger les victimes, nous devons joindre le geste à la parole, pour autant que nous nous entendions sur certains projets de loi, et les faire adopter par la Chambre.
C'est pourquoi j'appuie sans réserve le projet de loi . Les députés peuvent être assurés que, de ce côté-ci, tant à la Chambre qu'au comité, nous déploierons tous les efforts possibles pour qu'il soit adopté rapidement, car notre parti et ce côté-ci de la Chambre croient vraiment qu'il est possible de rendre les collectivités plus sûres et d'assurer la sécurité des victimes.
Je reviens à mes observations concernant mes trois filles, qui sont âgées respectivement de 7, 8 et 10 ans. Si j'étais d'avis que nous n'avons pas agi le plus rapidement possible pour adopter les modifications proposées dans ce projet de loi qui prévoient des interdictions de conduire de plus en plus longues pour les conducteurs qui récidivent et reprennent le volant avec des facultés affaiblies, je tiendrais tous les députés responsables de ne pas avoir assez fait. Mettons-nous immédiatement à l'ouvrage sur le projet de loi.
:
Monsieur le Président, je vous remercie de me permettre de m'exprimer sur ce projet de loi, qui, disons-le franchement, revêt un caractère plutôt technique.
Avant de commencer, je voudrais prendre quelques instants pour commenter l'actualité. Je suis un peu découragé de ce gouvernement. Ceux qui me connaissent savent que je suis d'une nature foncièrement optimiste. J'aime la vie. Je suis même un garçon plutôt affable: je garde mon calme et je ne me fâche qu'en de très rares occasions. Toutefois, je suis un peu inquiet de ce gouvernement. On a franchement l'impression qu'il s'agit d'un gouvernement qui s'est donné le mandat de mettre à rude épreuve le sort des minorités. Il est incroyable que ce gouvernement, qui n'a pas une année d'existence, ait cru bon d'amputer les programmes liés à la condition féminine et qu'il s'attaque à l'alphabétisation.
On pourrait penser que, dans notre société, l'alphabétisation est un phénomène marginal, que ceux qui ont besoin d'apprendre à lire font partie de la marginalité. Lorsqu'on y regarde d'un peu plus près, on se rend bien compte que dans toutes les couches de la société, il y a des gens qui, à cause d'un parcours de vie plus difficile, sont analphabètes. Ne pas savoir écrire n'a rien à voir avec l'intelligence des gens ni avec leur fortune. Toutefois, ce phénomène est quelque peu relié à la condition sociale. Il est vrai qu'il y a statistiquement plus de risques que l'indice de pauvreté au sens large mène à des problèmes d'alphabétisation. Néanmoins, ce serait une erreur sociologique considérable de penser que l'alphabétisation ne concerne que les milieux défavorisés.
On sait également que ce gouvernement a choisi de s'attaquer aux droits des gais, alors que des avancées considérables avaient été effectuées. Posons-nous la question suivante: pourquoi revenir sur des acquis qui ne menacent personne?
Plus tôt, le , en réponse à une question que je lui posais, a dit qu'il n'y avait pas de fondement. J'espère que jamais, en cette Chambre, nous ne serons mis en demeure de devoir étudier un projet de loi qui, au nom de la liberté de religion, permettra que l'on manque de respect aux communautés homosexuelles — lesbiennes ou gaies.
Nous avons le devoir de suivre ce gouvernement de très près. En matière de justice pénale, il y a très longtemps qu'on n'avait pas vu, en démocratie, un gouvernement non pas conservateur, mais complètement rétrograde. On se demande au nom de qui ce gouvernement parle. On fait un clivage démagogue entre la sécurité publique et le fait qu'on veut avoir des peines plus sévères, et on constate qu'il n'y a pas un parlementaire en cette Chambre qui ne soit pas préoccupé par la sécurité publique.
En août 1995, dans mon quartier, Hochelaga-Maisonneuve, rue Adam, près de mon bureau, j'ai vécu l'attentat à la voiture piégée. Cet attentat a eu lieu lors d'un affrontement entre bandes de motards criminels. Tous les députés qui suivaient l'actualité à ce moment-là se rappellent qu'un jeune homme, Daniel Desrochers, a perdu la vie lors de cet attentat. Il était au mauvais moment au mauvais endroit.
Immédiatement, j'ai travaillé de concert avec tous les partis en cette Chambre pour savoir comment il fallait répondre à ce nouveau phénomène, soit le crime organisé. Le crime organisé arborait un nouveau visage, différent de ce qu'on avait connu à la SECO.
Je me rappelle avoir eu des conversations avec des hauts fonctionnaires. Je ne les blâme pas, car le phénomène était nouveau. Certains fonctionnaires se berçaient de l'illusion qu'on pourrait démanteler les 38 bandes de motards criminels à l'aide de dispositions sur le complot. Conspirer, c'est une chose; s'impliquer activement dans une bande criminelle, c'en est une autre. Il fallait créer du droit nouveau. Le Bloc québécois s'est attelé à la tâche par l'intermédiaire de mon ex-collègue, le député de Berthier—Montcalm, mon collègue de , et mon ex-collègue de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles
C'était l'époque où Charlesbourg—Haute-Saint-Charles était très bien représenté. Je suis convaincu que cette erreur de parcours sera corrigée lors du prochain scrutin.
Donc, il fallait créer du droit nouveau, créer de nouvelles dispositions et le Bloc québécois avait, à l'époque, appuyé le nouvel article 467 du Code criminel qui créait l'infraction de gangstérisme. Ce n'était pas parfait et on s'est rapidement rendu compte que ce critère d'avoir cinq personnes qui avaient déjà eu des sentences de cinq ans au cours des cinq dernières années — la règle des trois cinq — n'était pas tellement opérationnel sur le plan du droit. Pourquoi? Parce que les bandes de motards criminalisés créaient des clubs écoles qui engageaient des personnes moins connues des services de renseignements et des services policiers. Donc, il restait difficile de traduire ces gens devant les tribunaux.
Tout cela pour dire qu'il arrive qu'il faille créer des infractions nouvelles et que les problèmes sociaux auxquels nous sommes confrontés doivent trouver une réponse pénale. Il y a une particularité relative aux années que nous vivons et c'est là que nous ne pouvons pas suivre le gouvernement. Nous sommes dans une période où la criminalité n'a jamais été aussi basse. Évidemment, dès lors où il y a un crime, un méfait, un vol ou une agression sexuelle, c'est déjà de trop, c'est évident. Toutefois, quand on est un législateur, on raisonne par grand ensemble, par tendance. Il est évident qu'à l'instant où l'on se parle, le crime est à la baisse, et cela est vrai dans l'ensemble des sociétés occidentales.
Pourquoi le crime est-il à la baisse? Parce que nous sommes dans une société où, au plan démographique, les gens que l'on dit de 50 ans et plus représentent une plus grande proportion de la population. Il y a une corrélation évidente entre la démographie et la criminalité. C'est le premier facteur explicatif. Le deuxième facteur est que l'économie va plutôt bien. Nous ne sommes pas dans une période de récession comme celle que nous avons vécue dans les années 1980 ni celle des années 1990. Évidemment, cela ne veut pas dire qu'on va faire l'économie du programme PATA, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas certains secteurs industriels qui ne sont pas en déqualification, mais, au total, l'économie va plutôt bien.
Donc, si le gouvernement avait dit que, comme première mesure législative, il amendait la Loi canadienne sur les droits de la personne pour inclure la condition sociale comme motif interdit de discrimination, alors le Bloc québécois aurait reconnu au gouvernement une certaine sensibilité. En lieu et place, le premier projet de loi que ce gouvernement propose concerne la question de l'emprisonnement avec sursis, avec comme toile de fond une démagogie comme on en aura rarement vue. Dieu sait que j'ai quand même un certain vécu. Je suis ici depuis 13 ans et j'ai participé à plusieurs débats publics.
Donc, je dirai quelques mots sur l'emprisonnement avec sursis avant d'aller au fond du projet de loi. J'imagine que personne au Bloc québécois, tout comme parmi les autres députés des formations politiques voisines, ne pense que dans tous les cas de figure, on doit permettre aux prisonniers de purger leur peine à domicile. Socialement, on n'a pas besoin d'un doctorat en criminologie ou en sciences politiques pour comprendre qu'il y a certaines infractions qui font l'objet d'une réelle réprobation.
C'est cela le but de la détermination de la peine. Quand on regarde les objectifs de l'article 718 du code, il y a la réhabilitation et la réprobation. La réprobation, cela veut dire qu'il faut qu'il y ait des peines exemplaires. Des infractions sont à ce point crapuleuses, suscitent à ce point du dégoût qu'on ne peut pas s'imaginer que les gens pourraient purger leur sentence dans leur communauté.
Or, le gouvernement conservateur, avec son manque de nuances évident, dit que cela s'appliquera à toutes les infractions punissables de plus 10 ans. Évidemment, ce n'est pas parce que c'est punissable de plus de 10 ans qu'un juge donnera une peine de 10 ans. On sait bien cela.
Une infraction punissable de plus 10 ans, cela peut s'appliquer pour de la monnaie contrefaite ou pour le fait de plagier un logiciel. Cela peut aussi s'appliquer dans le cas de possession simple de marijuana. Donc, il est évident que le marqueur de la détention dans la communauté ne peut pas être seulement le critère d'une peine de 10 ans.
À l'inverse, certaines infractions — comme la négligence et l'abus d'enfants — ne sont pas passibles de 10 ans d'emprisonnement. Mais souhaite-t-on que les gens qui se sont rendus coupables de tels sévices purgent leur peine dans la communauté? Bien sûr que non.
Quant au crime organisé, l'article 467 dont je parlais plus tôt renferme certaines dispositions — les articles 467.1, 467.2 et 467.3 — qui prévoient des infractions non punissables de plus de 10 ans de prison.
On voit donc que c'est un bien drôle de gouvernement. Et on se rend bien compte qu'il est en rupture de ban totale avec les valeurs que les Québécois et Québécoises défendent. De plus, je crois qu'au prochain scrutin, nous serons devant un gouvernement qui refuse de régler la question du déséquilibre fiscal.
C'est quand même assez incroyable. Le se fait élire grâce à la Commission Gomery. Il parle de transparence, de responsabilité, de respect de la parole donnée. Il se présente à la Chambre de commerce de Sainte-Foy et y fait un discours.
Nous nous disions que si le chef du Parti conservateur ouvrait la bouche à ce sujet, c'est qu'il croyait à ce qu'il disait et qu'il disait ce qu'il croyait, et qu'il concrétiserait donc l'engagement qu'il avait pris. Il s'était engagé à régler le déséquilibre fiscal. En effet, la Commission Séguin avait mentionné un manque à gagner de 50 millions de dollars par semaine pour le gouvernement du Québec, vu l'importance de ses responsabilités en éducation, en culture et en sécurité du revenu, entre autres.
Quelle ne fut pas notre déception d'entendre le dire au Point, il y a quelques jours, qu'il n'était pas pressé et qu'on verrait.
Il veut le consensus de toutes les provinces. Tous ceux qui ont lu le rapport O'Connor savent très bien qu'un consensus des provinces en matière de déséquilibre fiscal et de péréquation sera difficile. Elles ne s'entendent ni sur l'inclusion des ressources naturelles ni sur ce qu'il faut mettre dans la formule même de péréquation.
Ne nous égarons pas. Je souhaite que les Québécois et Québécoises se rappellent bien comme ce gouvernement est à la limite d'être dangereux pour nos valeurs démocratiques.
Il reste que le projet de loi que ce gouvernement a présenté comporte au total des mesures relativement positives. Plutôt inoffensif, il veut réformer certaines dispositions de la procédure, par exemple, la signification.
L'ancien premier ministre du Québec aimait beaucoup citer le vieil adage latin Audi alteram partem. Le premier ministre Bernard Landry avait d'ailleurs dit: « Tout ce qui ne nous tue pas nous renforce. » Il avait utilisé cette expression lors d'une campagne électorale, mais mon propos n'est évidemment pas d'en parler, même si je reconnais à l'ancien premier ministre Landry de très grandes qualités de débatteur. Il a été un très grand premier ministre, ne l'oublions jamais.
Cela dit, le projet de loi qu'on nous propose est intéressant à certains égards parce qu'il permettra d'harmoniser les règles de signification. Les principes de justice naturelle rendent impensable le fait de traduire devant les tribunaux un accusé qui ne saurait pas exactement pourquoi il fait l'objet de l'attention de la justice. Lorsqu'on est traduit devant les tribunaux, on doit non seulement avoir une idée précise du chef d'accusation, mais on doit même avoir accès à la totalité de la preuve. C'est ce que l'arrêt Stinchcombe avait dit, lorsqu'il fut rendu public par la Cour suprême en 1992.
Évidemment cela a révolutionné le domaine de la justice, comme le sait le secrétaire parlementaire du Conseil du Trésor, qui est mon ami. J'apprenais d'ailleurs que nous avions une passion commune, parce qu'il a lui-même été un lutteur olympique. Évidemment nous ne sommes pas dans la même catégorie, parce qu'il a pris un peu de poids au fil des ans, mais je le sais en très grande forme. En effet, il fréquente le gymnase sur une base régulière, et je serais très heureux de l'affronter dans une compétition amicale, si tel était son voeu.
Cela étant dit, le projet de loi comporte des aspects intéressants sur toute la question de la preuve.
Nous serons intéressés à aller un peu plus loin en matière de compréhension du projet de loi, mais nous sommes rassurés par cet aspect.
Également, l'utilisation de moyens de télécommunications pour transmettre des mandats dans le but de les faire exécuter dans une juridiction autre que celle où la perquisition a eu lieu constitue un aspect positif. On appelle un changement de venue.
Maintenant, il y a des changements de processus concernant la récusation des jurés afin, entre autres, d'aider à préserver leur impartialité. Cet aspect est intéressant puisque la question des jurés est une innovation de la common law. C'est peut-être la seule façon directe pour nos concitoyens de participer au processus judiciaire s'ils ne sont pas victimes ou accusés, ou s'ils ne sont pas eux-mêmes des acteurs du système judiciaire.
Toutefois, la récusation des membres d'un jury n'est pas simple puisqu'il s'agit d'un système de hasard, ne l'oublions pas. Les parties peuvent demander que certains membres d'un jury se récusent selon leurs antécédents, leur parti pris, leurs déclarations, leurs rôles, etc. Nous sommes donc très heureux d'apprendre qu'il y aura une actualisation sur la façon de récuser les membres d'un jury.
J'ai été un peu inquiet suite à la lecture d'un aspect. Nous verrons ce que cela veut dire en temps et lieu. L'appel d'une ordonnance d'une cour supérieure pour des objets saisis devant la cour n'est pas toujours simple, puisque certains appels sont de plein droit — un appel de plano — , tandis que d'autres appels sont sur permission.
La majorité des appels sont sur permission, ce qui implique évidemment une part de discrétion. Par exemple, dans un cas d'emprisonnement avec sursis, ce n'était pas clair si on pouvait interrompre l'ordonnance d'emprisonnement avec sursis. Or, il semblerait que le ministère ait accepté et que c'est une disposition qui est reflétée dans le projet de loi. Il s'agit là d'un aspect peut-être un peu moins positif. On verra exactement quel sens lui donner, mais cela ne compromet pas notre principe de voir le projet de loi référé en comité. Toutefois, au total, c'est moins positif.
En terminant — j'ai l'impression que mon temps fuit dangereusement et si jamais les choses vont bien, faites-moi signe, monsieur le Président —, je parlerai d'un aspect sur lequel nous aurons des questions. La gravité de la peine peut être appréciée selon qu'il s'agit d'une poursuite sommaire ou d'une mise en accusation criminelle. Nous concevons que lors d'une mise en accusation criminelle, c'est généralement plus grave au niveau de l'infraction, de la sanction et du processus judiciaire parce que la mise en accusation criminelle mène, plus souvent qu'autrement, à un procès avec jury.
Maintenant, en ce qui a trait aux amendes et aux infractions sommaires, les seuils admissibles ont été augmentés de 2 000 à 10 000 $. Je trouve cela inquiétant. Cependant, il est vrai que le tarif ou barème n'avait pas été revu depuis 20 ans. Nous verrons donc ce que les témoins ont à dire à ce sujet.
Il s'agit d'un drôle de gouvernement, assez loin des valeurs québécoises, qui présente toutefois un projet de loi qui mérite considération parce que ce n'est pas sur leur fond des choses, mais sur des règles de procédure. Nous serons heureux de travailler en comité pour avoir le maximum d'informations et pour nous assurer que nous aurons la meilleure législation possible.
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Monsieur le Président, le projet de loi renferme une série de modifications au Code criminel portant principalement sur la procédure pénale, mais également sur la détermination de la peine et des améliorations, selon moi, dans les droits linguistiques des accusés qui comparaissent devant nos tribunaux.
Je sais que je me répète, mais comme chaque fois ou presque où je parle de projets de loi, surtout une mesure législative pénale venant du gouvernement, je dois souligner la nécessité d'une refonte en profondeur du Code criminel. Elle se fait attendre depuis longtemps. Elle n'est pas du tout en cours. Le gouvernement ne fait pas de tentative sérieuse pour adapter notre Code criminel au XXIe siècle. À certains égards, ce mini projet de loi d'ensemble reflète la nécessité d'avoir une réforme et, dans une large mesure, de réécrire notre Code criminel.
Le code renferme de graves contradictions et de grandes incohérences, que ce soit au niveau des crimes ou de la détermination de la peine, car dans certains cas la peine maximale est vraiment disproportionnée par rapport à la gravité de l'infraction, en étant parfois trop basse ou, dans d'autres cas, beaucoup trop élevée.
Ce n'est pas simplement une discussion théorique. Les tribunaux, jusqu'à la Cour suprême, ont précisé très clairement, surtout en ce qui concerne les dispositions du Code criminel portant sur la détermination de la peine, qu'il doit y avoir une proportionnalité raisonnable entre la gravité de l'infraction et la peine imposée. Je crois que nous risquons à un moment donné de voir des avocats de la défense commencer à contester régulièrement, avec succès en fin de compte, un certain nombre de dispositions du Code criminel. En effet, les peines sont nettement disproportionnées par rapport à la gravité du crime et tout à fait incohérentes en fonction de celles prévues pour d'autres crimes que, objectivement, la plupart des gens considéreraient comme moins graves, mais qui sont passibles de peines plus lourdes. C'est simplement un exemple des problèmes liés au code à l'heure actuelle.
Nous n'avons pas procédé à une révision en profondeur de notre Code criminel depuis, sauf erreur, les années 1970. Cela fera bientôt 40 ans qu'on n'a pas procédé à une refonte du code, et même là, il ne s'agissait pas d'une refonte en profondeur.
Je compare cela au nombre de fois où cela s'est produit dans d'autres pays et États régis par la common law. Dans un certain nombre d'États aux États-Unis, en Angleterre, en Australie et en Nouvelle-Zélande, des pays de ce genre, les autorités ont fait un bien meilleur travail, plus efficace et plus opportun, relativement à leurs codes criminels respectifs.
Je crois que ce problème est maintenant aggravé par ce qui s'est passé la semaine dernière lorsque le gouvernement a décidé, de façon tout à fait arbitraire, d'abolir la Commission du droit. La commission était, à mon avis, le seul organisme au pays qui aurait pu organiser et rassembler toutes les ressources nécessaires à une refonte. Aucune institution, ni école de droit, ni même la commission elle-même, ne possède en son sein toutes les ressources et le talent nécessaires pour préparer l'ébauche d'un nouveau Code criminel, qui serait plus moderne et mieux adapté au XXIe siècle.
Si le gouvernement parvient à réaliser son plan mesquin, la Commission du droit, une institution renommée dans tous les pays de common law de par le monde, disparaîtra. Il est intéressant de lire les nombreux commentaires formulés par nos partenaires du Commonwealth au sujet du travail de la Commission du droit. Son travail avant-gardiste a servi d'exemple à de nombreux pays, et certains s'en sont profondément inspirés pour réformer diverses parties de leur système de justice et de leurs lois.
Ce sera véritablement déplorable si le gouvernement vient à bout d'anéantir cette institution, compte tenu du type de problèmes que nous éprouvons avec le Code criminel. Nous n'aurons alors plus les ressources nécessaires pour préparer l'ébauche d'un nouveau Code criminel en vue de la soumettre à la Chambre.
Certaines des modifications que les conservateurs proposent dans ce mini projet de loi omnibus prennent en compte des avancées technologiques réalisées mais dont on n'a pas encore tenu compte. Voici un exemple simple. En vertu du Code criminel actuel, nous pouvons expédier un document par télécopieur dans une autre juridiction et le document qui sort du télécopieur peut être utilisé comme preuve dans les procédures judiciaires en cours dans cette juridiction. Ce n'est toutefois pas le cas pour d'autres moyens de télécommunication. On ne peut utiliser un courriel de la même façon. Ce projet de loi, en supposant qu'il soit adopté, permettra au système de justice pénale d'utiliser cette avancée en matière de télécommunication.
Une autre disposition à laquelle, je crois, nous sommes tous sensibles concerne le matériel de communication, ordinateurs, etc. utilisés à des fins de pornographie juvénile ou pour leurrer des enfants. Le Code criminel ne contient aucune disposition concernant la saisie de ce genre de matériel une fois l'accusé reconnu coupable. Il y a un vide parce qu'il y a 10 ou 12 ans, l'internet n'existait pas comme moyen de communication de masse et que rien ne justifiait donc l'ajout de ce genre de disposition.
Voilà un autre exemple qui justifie le besoin de mettre à jour le Code criminel afin que les tribunaux soient en mesure de sévir adéquatement contre les personnes reconnues coupables non seulement en imposant des peines de prison ou des amendes, mais aussi en saisissant le matériel utilisé pour perpétrer les crimes en question. Ces deux exemples clairs démontrent que le Code criminel n'a pas suivi les avancées technologiques vécues par notre société.
Un autre des changements proposés est de moderniser les mesures que nous prenons à l'égard des paris et du bookmaking. À l'heure actuelle, dans le Code criminel, la définition de ces activités est très limitée puisqu'aujourd'hui, le bookmaking met à profit la technologie moderne, les télécommunications, les ordinateurs, etc. Aux termes des définitions contenues dans le Code, ces activités, telles qu'elles sont menées aujourd'hui, ne sont pas considérées comme des crimes. Il faut mettre le Code à jour et préciser que cette conduite est la même, même si on envoie l'information par ordinateur, sur Internet, et qu'il s'agit toujours d'un crime. C'est pour cela qu'il faut mettre le Code à jour.
Tous ces exemples illustrent clairement l'insuffisance du Code criminel et la nécessité de le repenser complètement. Il est tellement compliqué et déroutant qu'il nous empêche d'avoir un système de justice efficace.
Cependant, puisque le gouvernement s'intéresse davantage à soulever les passions, il ne fait que présenter de tout petits projets de loi qui portent sur l'une ou l'autre des questions d'actualité pour attirer l'attention de l'électorat. Cependant, en toute honnêteté, c'est une approche très cynique qui montre bien qu'il n'a absolument pas l'intention de s'attaquer aux problèmes réels auxquels nous sommes confrontés.
Hie, nous avons travaillé sur le calendrier du Comité de la justice. Admettant que le projet de loi franchisse l'étape de la deuxième lecture, il ne fera pas l'objet d'un examen au comité avant l'automne de l'année prochaine ou peut-être même 2008, parce que le comité a pris beaucoup de retard. Nous avons beaucoup de projets de loi à étudier et on nous a dit qu'on en aura deux de plus après la pause. La liste semble sans fin.
Le gouvernement, au lieu d'envisager la question de façon raisonnable en reconnaissant qu'il lui faut cesser de faire de la petite politique avec la criminalité, le système de justice pénale et l'exécution des lois au Canada, a pris l'initiative d'effectuer un examen tous azimuts du Code criminel et il est revenu devant le Parlement avec un code tout neuf. Tant que le gouvernement actuel sera au pouvoir, ce qui ne saurait être trop longtemps, je l'espère, nous allons continuer de voir défiler des projets de loi, aussi petits les uns que les autres, portant sur des questions brûlantes dont le Parlement ne pourra jamais traiter du fait que le Comité de la justice affiche un arriéré déjà considérable.
Pour ce qui est du reste du projet de loi, je souhaite formuler certains commentaires au sujet des dispositions relatives à la détermination de la peine en général mais, ce qui m'inquiète plus particulièrement, c'est l'augmentation des amendes pour les infractions punissables sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Il s'agit d'infractions mineures sur le plan de la gravité, par opposition aux actes criminels.
Les amendes étaient auparavant de 1 000 $ puis elles ont été portées à 2 000 $ dans les années 1970 ou 1980, cela fait donc 20 ou 25 ans. Le gouvernement propose maintenant de multiplier par cinq l'amende de 2 000 $ en la faisant passer à 10 000 $.
Ce qui m'inquiète, c'est que les infractions sommaires ont tendance à être relativement mineures. Les gens qui les commettent, dans la très grande majorité des cas, sont les personnes au bas de l'échelle socio-économique de notre société, celles pour qui il serait le plus difficile de les payer. Il semble donc que le gouvernement actuel, et dans son cas il est difficile de vraiment savoir si cela est voulu ou non du fait que ses compressions de la semaine dernière ont un caractère tellement revanchard, cible intentionnellement le groupe socio-économique le plus faible de notre société.
Cependant, que ce soit intentionnel ou non, nous allons presque certainement aboutir à l'incarcération, dans nos prisons provinciales, d'un plus grand nombre de membres de ce groupe socio-économique défavorisé.
Le projet de loi aurait un double effet. Il ne fait aucun doute qu'il aurait des conséquences très négatives pour cette catégorie de personnes. Ces personnes auraient un traitement injuste par rapport à celles qui ont une meilleure situation économique. Le projet de loi implique aussi un déchargement des responsabilités aux provinces. Le gouvernement fédéral essaie de faire adopter un projet de loi qui exigerait que les gouvernements des provinces augmentent leur nombre de cellules pour accueillir le nombre accru de détenus qu'engendreront les nouvelles infractions. Si les contrevenants ne peuvent pas payer l'amende, ils seront incarcérés dans des prisons provinciales et non dans des établissements fédéraux.
Nous savons que les prisons provinciales débordent. Le Comité de la justice a entendu toutes sortes d'information à cet effet récemment. Toutes les provinces du pays ont besoin de cellules supplémentaires. Dans certaines, en particulier les provinces les moins riches, le besoin d'agrandir les prisons est criant. Le projet de loi ne ferait qu'envoyer davantage de personnes dans les prisons provinciales et les provinces devront trouver des moyens de payer.
Le problème est double, car nos prisons provinciales n'ont plus de place. Non seulement nous devrons assumer des frais administratifs annuels plus élevés, parce plus de gens seront incarcérés, mais les provinces se verront dans l'obligation d'investir des capitaux importants dans la construction de nouvelles prisons provinciales. Ces gros montants investis entraîneront des augmentations notables des frais administratifs et des coûts d'exploitation annuels des prisons provinciales.
Rien n'a été proposé dans le dernier budget ni dans ce projet de loi ni dans d'autres projets de loi traitant de questions pénales dont nous avons été saisis pour que le gouvernement fédéral accorde des fonds supplémentaires aux provinces afin qu'elles puissent répondre au besoin qui sera créé par le gouvernement fédéral et que ce dernier leur refile. Les provinces devront trouver l'argent pour pouvoir incarcérer les criminels supplémentaires.
Nous devrons examiner cela de plus près lorsque le projet de loi sera renvoyé au comité, en supposant qu'il le sera. Il faudra alors déterminer si l'amende doit être portée à 10 000 $ ou à un montant plus élevé peut-être, pour tenir compte de l'inflation depuis la dernière fois où le niveau des amendes pour les infractions punissables par voie de déclaration sommaire de culpabilité a été modifié.
Je suis conscient du temps qui passe. S'il m'en reste, je reviendrai à la question de la détermination de la peine dans quelques minutes, mais je voudrais maintenant parler des deux autres questions.
La première question porte sur la procédure et sur les changements relativement mineurs, mais tout de même importants, qui doivent être apportés au système de sélection des jurés. En fait, si un juré a déclaré avoir un préjugé contre l'accusé ou contre la Couronne, ce juré peut être récusé « pour cause » dans les circonstances appropriées. Par le passé, il a été difficile de déterminer si les preuves avancées par l'éventuel juré démontraient l'existence d'un conflit ou d'un préjugé justifiant sa récusation.
L'amendement proposé qui, selon moi, est valable, veut que nous demandions à deux jurés, si les jurés ont déjà été choisis, de prendre la place du juge et de déterminer s'il y a clairement préjugé clair et si la personne devrait être exclue du jury.
Si le jury n'était pas complet, deux personnes seraient choisies au hasard dans le groupe présent dans la salle d'audience. Ces personnes seraient assermentées et appelées à prendre une décision concernant le parti pris du juré en question, afin de déterminer s'il peut faire partie du jury ou en être exclu.
Je pense qu'il s'agit là d'un important pas en avant dans la procédure de sélection du jury, qui devient plus crédible, plus responsable face aux jurés présents.
Le projet de loi contient quelques dispositions supplémentaires sur la possibilité pour une personne d'utiliser une autre langue officielle que celle qui est habituellement en usage au tribunal. Cela a déjà causé certains problèmes. En effet, cette option n'est pas toujours disponible. Souvent, le problème survient lorsque des co-accusés n'ont pas la même langue officielle comme langue première. Ce projet de loi apporte quelques éclaircissements qui permettront de corriger certains des problèmes que nos juges ont rencontrés pour déterminer dans quelle mesure les procès peuvent être tenus dans les deux langues officielles dans ce pays. C'est là une modification importante dont il faut se féliciter.
En ce qui concerne un certain nombre d'autres questions de procédure pénale, il y a lieu de critiquer tant le gouvernement précédent que le gouvernement actuel pour ne pas s'en être occupé. Ce sont des problèmes bien connus qu'on aurait dû résoudre il y a longtemps. Certains problèmes ont été bien définis il y a de 10 à 12 ans, et nous ne faisons que commencer à leur accorder notre attention. Nous ne pouvons aucunement savoir si nous allons finir par adopter ce projet de loi, comme je l'ai dit plutôt, mais cela risque de prendre un certain temps.
Permettez-moi de conclure, dans la dernière minute qui m'est accordée, en disant qu'un remaniement complet du Code criminel est absolument nécessaire. Ce projet de loi est un cas patent de corrections hétéroclites apportées au Code criminel, alors qu'elles auraient dû l'être depuis longtemps. Nous n'allons probablement pas y parvenir au cours de la présente législature. Je continue d'insister sur le remaniement majeur et la refonte que nécessite le Code criminel pour qu'il appartienne au XXIe siècle, plutôt que d'être un vestige du début du XXe siècle.