propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, j'aimerais remercier mon collègue, le ministre de la Sécurité publique, d'avoir appuyé ce projet de loi sans précédent.
Le 23 janvier, les Canadiens ont élu un nouveau gouvernement parce qu'ils voulaient un changement. Ils ont clamé haut et fort qu'ils voulaient un gouvernement ouvert, honnête et responsable. Ils veulent que l'argent de leurs impôts soit dépensé judicieusement.
Je suis fier des efforts déployés par mes collègues du Conseil du Trésor, du Cabinet et de mon caucus; par le leader du gouvernement à la Chambre; par mon dévoué secrétaire parlementaire, le député de Nepean—Carleton; par tous les fonctionnaires fédéraux, menés par Susan Cartwright; et par les spécialistes des politiques et les rédacteurs juridiques qui ont travaillé si fort pour préparer ce projet de loi à sa présentation au Parlement. Je suis également très fier du leadership dont a fait preuve le premier ministre en prenant d'importants engagements et en tenant ses promesses faites aux Canadiens.
Je suis tout aussi fier de voir ce projet de loi passer à l'étape de la deuxième lecture à titre de premier point à l'ordre du jour après le discours du Trône. L'objectif du projet de loi sur la responsabilisation du gouvernement est de remplacer la culture du « tout m'est dû » par une culture de responsabilité et de faire en sorte que tous ceux qui oeuvrent au sein du gouvernement répondent davantage de leurs actes devant les Canadiens.
Le chef de mon parti, le premier ministre, l'a déjà dit et je vais le répéter de nouveau. Nous, du Parti conservateur, croyons dans la fonction publique, tant dans l'idéal de celle-ci que dans l'institution elle-même. Nous croyons également dans l'entrepreneurship et dans la liberté de pensée et nous célébrons le rôle déterminant que le secteur privé et les entreprises à but lucratif jouent dans la création de la richesse au Canada.
Toutefois, nous comprenons également que notre réussite en tant que pays repose sur le rôle essentiel que le gouvernement doit jouer, particulièrement le gouvernement fédéral. Il nous faut un gouvernement fédéral efficace, capable d'accomplir des choses pour les travailleurs canadiens ordinaires et leurs familles.
La loi fédérale sur la responsabilisation vise à améliorer la confiance des Canadiens à l'égard de leur gouvernement et des représentants qu'ils ont élus. Nous savons qu'il nous reste beaucoup à faire pour regagner la confiance des citoyens, si gravement ébranlée par une série de scandales qui ont mené à la Commission Gomery.
Dans un récent sondage, on a mesuré le niveau de confiance des Canadiens à l'égard de diverses professions. Je ne suis pas étonné de voir qu'en tête de liste figurent les pompiers, les infirmières et les agriculteurs, mais que les politiciens se classent les derniers, juste après les vendeurs de voitures d'occasion. Il faut prendre des mesures véritables et concrètes pour s'attaquer de front à ce problème. Je crois que les relations sont fondées sur la confiance et que le projet de loi fédéral sur la responsabilisation vise précisément à rebâtir cette confiance.
Notre gouvernement ainsi que le premier ministre et moi-même estimons et reconnaissons qu'un gouvernement fort et efficace doit compter sur des fonctionnaires également forts et efficaces. Notre gouvernement a déjà présenté une nouvelle approche en matière de relations avec la fonction publique et cette approche est fondée sur le respect. Je tiens à ce qu'il soit clair que ni le premier ministre ni un membre de son caucus ne blâment les fonctionnaires pour les scandales politiques qui ont fait sombrer l'administration précédente.
[Français]
Le plan que nous mettons en place aujourd'hui pour la Loi fédérale sur l'imputabilité comprend plusieurs éléments importants. Nous voulons réformer le financement des partis politiques fédéraux, renforcer le rôle du commissaire à l'éthique, renforcer la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes et fournir une vraie protection aux divulgateurs.
Mon collègue le secrétaire parlementaire a beaucoup travaillé à ce dossier. En tant que députés représentant la capitale nationale, nous savons très bien que nos fonctionnaires ont besoin qu'on leur assurer une protection lorsqu'ils dénoncent certaines situations.
Nous voulons renforcer la législation relative à l'accès à l'information et renforcer les pouvoirs de la vérificatrice générale. Tout cela est très important.
[Traduction]
Ces appuis pour les divulgateurs d'actes répréhensibles sont particulièrement importants, et il ne s'agit pas de blâmer les fonctionnaires comme nos vis-à vis le font si souvent. En effet, aucun fonctionnaire...
M. Derek Lee: Soyez sérieux. Tenez-vous en à la question.
L'hon. John Baird: Cette situation s'est produite trois fois. À trois reprises, lorsque j'ai parlé de la loi fédérale sur la responsabilité, trois députés libéraux sont intervenus et ont blâmé la fonction publique. Je prétends qu'il faut cesser de rejeter le blâme sur nos fonctionnaires. Je tiens à dire à nos collègues d'en face que ce n'est pas un fonctionnaire qui s'est levé un beau jour en se demandant comment faire pour détourner des fonds afin de garnir les coffres du Parti libéral au Québec. Les responsables étaient des membres de la classe politique et non des bureaucrates. Aucun fonctionnaire n'avait un intérêt dans tout cela. Il s'agissait de scandales politiques et non bureaucratiques.
M. Derek Lee: Vous ne savez pas de quoi vous parlez. Retournez à l'Assemblée législative de l'Ontario.
L'hon. John Baird: Il est tout à fait clair que les libéraux ne comprennent toujours pas. Un des députés de Kitchener, un des députés de Scarborough et le député de Markham sont intervenus et s'en sont pris aux fonctionnaires, et je peux dire aux députés que les travailleurs dans la capitale nationale le remarquent.
Une voix: Pourquoi n'aiment-ils pas les fonctionnaires?
L'hon. John Baird: Qu'ont-ils contre les fonctionnaires?
J'attends avec impatience que nos vis-à-vis aient la possibilité de parler de cette mesure législative, car les Canadiens connaissent notre position sur la responsabilité et ils veulent connaître celle des libéraux également.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. John Baird: Monsieur le Président, j'espère que ces députés auront la chance d'intervenir. C'est très intéressant.
Lorsque nous avons rédigé cette mesure législative importante, nous avons tenu compte de deux facteurs majeurs. Tout d'abord, nous ne voulions pas alourdir la bureaucratie ou la réglementation qui est déjà bien assez lourde. Bon nombre des nouveaux postes créés dans notre projet de loi ne font que remplacer des postes déjà existants ou renforcer leur indépendance, alors qu'une bonne partie des nouvelles règles sont plus simples, plus directes et, nous l'espérons, plus efficaces.
Ensuite, le gouvernement ne veut pas d'un projet de loi qui étouffe l'innovation. Nous ne voulons pas non plus que la fonction publique ait tout à coup peur de courir des risques. Lorsqu'on administre une entreprise ayant un budget de près d'un quart de billion de dollars, il faut toujours reconnaître que les êtres humains ne sont pas infaillibles. C'est vrai dans le monde des affaires et dans le secteur du bénévolat et c'est également le cas dans l'administration publique.
Je voudrais dire à quel point nous sommes chanceux au Canada de pouvoir compter sur une vérificatrice générale comme Sheila Fraser. C'est notre héroïne nationale.
Des voix: Bravo!
L'hon. John Baird: Je tiens à dire que, sauf erreur, c'est le député de Winnipeg-Centre qui a été le premier à applaudir.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. John Baird: La vérificatrice générale est une héroïne nationale...
:
La vérificatrice générale, Sheila Fraser, a mis au jour certaines des violations les plus flagrantes jamais vues au pays en matière de mauvaise gestion financière. Les Canadiens sont très chanceux qu'elle occupe ce poste et qu'elle travaille si fort pour eux.
[Français]
Nous voulons renforcer les nouveaux pouvoirs conférés à la vérificatrice générale pour lui permettre de faire des vérifications auprès de particuliers et d'organisations qui recevront l'argent du gouvernement fédéral.
Nous aurons l'obligation légale de soumettre les programmes subventionnaires à des examens ministériels permanents. Nous verrons aussi à l'établissement d'un groupe indépendant d'experts chargés de recenser les obstacles auxquels font face les personnes qui cherchent à obtenir les subventions et les contributions. Cela est très important.
[Traduction]
Il existe plusieurs types de financement électoral. Nous croyons que l'argent ne devrait pas influencer le gouvernement et la Loi fédérale sur l'imputabilité aidera à retirer le gouvernement de l'emprise des grandes entreprises et des gros syndicats pour le redonner aux Canadiens ordinaires. Aux termes de notre loi, les contributions ne pourront plus dépasser 1 000 $ par année. Les sociétés, les syndicats et les organisations ne pourront plus verser de contributions.
Dans notre débat sur cette question, il faut surtout nous concentrer sur les mesures que nous pouvons prendre pour accroître la transparence du processus politique de manière à ce que les Canadiens aient davantage confiance dans l'intégrité de notre système démocratique.
Les changements dont j'ai parlé concernant la protection des dénonciateurs sont concrets. Les hommes et les femmes de la fonction publique assurent la prestation d'importants programmes et services à tous les jours, des services qui touchent la vie des Canadiens d'un océan à l'autre. Un des principaux éléments de notre projet de loi consiste à assurer une protection véritable aux dénonciateurs. Les fonctionnaires qui dénoncent des actes répréhensibles de nature criminelle et le gaspillage de fonds publics doivent avoir l'assurance qu'ils ne feront pas l'objet de représailles pour avoir fait ce qui s'imposait.
Allan Cutler a décidé de parler et a permis de lever le voile sur le scandale libéral des commandites, ce qui lui a valu d'être congédié. Voilà un acte répréhensible. Ce genre d'acte ne sera plus toléré par le gouvernement du Canada. Le gouvernement protégera vraiment les fonctionnaires divulgateurs en donnant à un mandataire indépendant du Parlement le pouvoir de se porter à la défense de ceux qui dénoncent les actes répréhensibles.
Le projet de loi C-11, qui a été adopté lors de la législature précédente, était inadéquat, insuffisant et superficiel. Les fonctionnaires fédéraux ont dit au secrétaire parlementaire et m'ont dit à moi aussi qu'ils voulaient une véritable protection. Ils ne veulent pas être défendus par une personne relevant du pouvoir exécutif, mais plutôt par une personne plus indépendante. Le projet de loi C-11 allait être rapidement rejeté à la législature précédente, et ce n'est qu'à la dernière minute que le gouvernement précédent a enfin décidé d'accéder à quelques demandes bien élémentaires. Nous sommes en train de donner voix au chapitre à ceux qui voulaient une meilleure protection pour les divulgateurs. Les fonctionnaires devraient féliciter et remercier le secrétaire parlementaire, le député de Nepean—Carleton, pour ses efforts.
Le degré de confiance qu'éprouvent les Canadiens envers leur gouvernement est directement proportionnel au degré d'équité qui semble exister à leurs yeux en ce qui a trait à l'accès aux décideurs du gouvernement. Pour maintenir la confiance des Canadiens envers le gouvernement, il est important d'avoir l'assurance que le travail des agents politiques se fait conformément à l'éthique.
Nous croyons que deux principes sont importants à cet égard. Premièrement, personne ne devrait pouvoir s'enrichir en occupant tour à tour des postes au sein de l'État et des postes de lobbyiste. Deuxièmement, les lobbyistes ne devraient pas avoir le droit de recevoir des honoraires conditionnels, c'est-à-dire de se faire payer uniquement s'ils réussissent à obtenir ce que leurs clients demandent, par exemple une subvention ou la modification d'une politique. Voilà pourquoi notre gouvernement étendra la période pendant laquelle les personnes qui quittent des fonctions de ministre, de conseiller de ministre ou de haut fonctionnaire ne peuvent travailler comme lobbyiste. Cette période sera désormais de cinq ans. Nous allons également interdire les honoraires conditionnels.
Qui plus est, nous allons créer le poste de commissaire au lobbying, et nous lui donnerons le pouvoir de faire enquête sur les infractions ainsi que de faire appliquer les règles. Notre proposition consiste à soustraire ce poste à l'influence du pouvoir exécutif et du Conseil du Trésor. Nous voulons que ce commissaire soit un mandataire de la Chambre et que tous les Canadiens sachent qu'il est vraiment indépendant du gouvernement.
Nous voulons également apporter quelques modifications aux lois concernant l'accès à l'information. Les Canadiens méritent d'avoir un meilleur accès à l'information détenue par l'État. L'État fédéral appartient au peuple, et le gouvernement ne devrait pas inutilement empêcher les gens d'avoir accès à l'information. Nous avons la ferme volonté d'accroître la transparence au sein de l'État, tout en tenant compte des préoccupations légitimes concernant la protection des renseignements personnels et des secrets commerciaux et concernant le maintien de la sécurité nationale.
Nous allons modifier la Loi sur l'accès à l'information afin de favoriser une culture de plus grande ouverture et d'accessibilité. Nos réformes élargiront la portée de la loi pour inclure sept sociétés d'État, sept mandataires du Parlement et trois fondations, qui ont des budgets d'un milliard de dollars, et qui ont été créées par des lois fédérales, des organismes comme Radio-Canada, Postes Canada et le Commissariat à la protection de la vie privée. Nous nous souvenons de notre ami Radwanski et de l'affaire Radwanski survenue sous l'ancien gouvernement. Nous pousserons nos réformes plus loin que tout autre gouvernement dans l'historie du Canada.
Nous voulons également prendre des mesures supplémentaires pour procéder à d'autres réformes de la Loi sur l'accès à l'information en collaboration avec les parlementaires, les Canadiens et les intervenants. J'ai eu le privilège de rencontrer à quelques reprises John Reid, le commissaire à l'information. J'attends avec impatience ses conseils et son avis afin de voir s'il peut nous aider à renforcer notre projet de loi et s'il peut contribuer à l'ébauche du projet de loi et au document de discussion. Nous avons très hâte de travailler avec lui. Il est un champion de l'accès à l'information et les Canadiens devraient s'estimer chanceux qu'il occupe son poste. Nous demanderons au Parlement d'envisager davantage de réformes et nous ferons rapport des mesures supplémentaires.
Avant de terminer, je voudrais soulever une autre question importante. Simplement dit, notre objectif et notre engagement consistent à rendre le gouvernement plus responsable. Comme je l'ai dit dès le départ, le gouvernement aussi a besoin d'être efficace sans s'empêtrer dans un fouillis de règles qui empêchent les particuliers, les organisations et même les petites entreprises de faire affaire avec lui et qui empêchent les fonctionnaires de faire leur travail efficacement.
Le message que recelait l’ensemble de règles mis en place par le gouvernement précédent a été entendu. Par exemple, la vérificatrice générale m’a raconté qu’un organisme de bienfaisance, ou sans but lucratif, avait reçu une subvention de 5 000 $ et devait maintenant remplir un accord de contribution de 75 pages. S’il faut 75 pages pour une subvention de 5 000 $, il faudra probablement dépenser 10 000 $ pour administrer une subvention de 5 000 $. Un organisme de bienfaisance ne devrait pas avoir à se taper 75 pages de règles, de règlements et de chinoiseries administratives.
Nous voulons des mesures fermes et efficaces pour la reddition de comptes, mais elles devraient être fondées sur ce qui est valable aux yeux du contribuable, sur ce qui est juste et raisonnable pour tous les intéressés. Nous espérons nous attaquer sous peu à cette question.
J’ai aussi parlé à un petit entrepreneur qui a 13 employés et qui a soumissionné des travaux du gouvernement. La bonne nouvelle, c’est qu’il a gagné. Il a aiguisé son crayon et présenté une basse soumission croyant que lui, au moins, pourrait s’attendre à être payé rapidement par le gouvernement fédéral pour le travail fait par son entreprise.
Il a envoyé sa facture il y a déjà six mois, il a contacté le gouvernement huit fois pour être payé, mais il attend toujours. À cause de l’ensemble de règles mis en place par le gouvernement précédent, ce petit entrepreneur ne peut simplement plus se permettre de faire affaire avec le gouvernement. Nous voulons renforcer le processus et régler le problème pour les petits entrepreneurs et pour les fonctionnaires qui travaillent fort. Nous allons bientôt faire une annonce à cet effet.
Les changements que j’ai décrits aujourd’hui visent à régler les problèmes, à récompenser l’effort, à optimiser les ressources et à faire en sorte que le gouvernement soit plus honnête et plus efficace. Pour inspirer la confiance, le gouvernement doit être ouvert et plus responsable. Il doit veiller à ce que la population en général et les parlementaires aient les bons moyens de surveillance et les renseignements nécessaires pour juger de son rendement.
Tout cela est affaire de confiance, confiance en nos représentants élus et nos fonctionnaires pour agir dans l’intérêt des Canadiens. Il faut gagner cette confiance chaque jour et commencer à le faire en renforçant l’obligation de rendre compte du gouvernement.
Les mesures que j’ai décrites aujourd’hui annoncent un changement radical dans la manière dont la politique fédérale et le gouvernement fédéral vont fonctionner au Canada. Quand le premier ministre en a parlé, il a dit que cela changerait pour toujours la manière dont les choses vont se faire à Ottawa. J’en conviens. Nous souhaitons tous l’adoption rapide de cette importante mesure législative.
:
Monsieur le Président, c’est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi sur la responsabilité dont la Chambre a été saisie.
Je dirai d’abord, au nom de l’opposition officielle, que nous appuyons ce projet de loi. Cela dit, je voudrais aborder un certain nombre de questions.
Premièrement, de nombreux aspects de cette mesure complètent simplement les nombreux mécanismes de responsabilisation que l’ancien gouvernement libéral a mis en place au cours des 10 dernières années. Nous croyons tous que ces aspects importants de la politique publique doivent évoluer constamment en fonction des nouvelles situations et des nouveaux défis et nous estimons que cette loi se situe en grande partie dans ce contexte. Nous allons donc travailler assidûment à la Chambre et en comité pour l’appuyer. Si elle présente des lacunes, nous proposerons des amendements pour les combler. Si nous constatons des déficiences ou si nous avons de meilleures solutions à suggérer, nous proposerons des amendements. J’espère que tous les députés joindront leurs efforts étant donné que le public tient à ce que le gouvernement adopte les normes de responsabilisation les plus élevées, tant au niveau de la fonction publique que dans la sphère politique.
À cet égard, je voudrais citer une observation que le juge Gomery a faite dans son rapport d’enquête de novembre 2005. Lorsque nous entreprendrons, tous ensemble, la tâche importante de veiller à ce que la gouvernance de l’État se fasse de façon responsable et honnête, nous devrons ne pas perdre de vue l’une de ses principales conclusions:
Les Canadiens ne doivent pas oublier que la grande majorité de leurs fonctionnaires et de leurs élus font leur travail avec honnêteté, diligence et efficacité, et qu’ils ont été blanchis par l’enquête.
Cette conclusion faisait suite à l’enquête qui a été peut-être la plus approfondie et la plus longue de l’histoire du Canada. Elle a certainement été approfondie si l’on tient compte de la quantité de pièces examinées, du nombre de témoins et de l’accès à des documents jusque-là inaccessibles comme les actes minutaires du Cabinet. Le juge Gomery a exprimé sa pleine confiance dans notre appareil gouvernemental, la classe politique et la fonction publique.
C’est une chose que nous ne devrons pas perdre de vue, surtout si l’on pense à des observations comme celles que le président du Conseil du Trésor a faites à la Chambre le 11 avril au sujet de la loi sur la responsabilité lorsqu’il a dit que c’était « la mesure la plus sévère de répression de la corruption jamais proposée dans l’histoire du Canada ». C’est certainement le cas, mais cette inflation verbale semble vouloir faire croire aux Canadiens qu’au Canada, la gouvernance est corrompue, que le gouvernement est entre les mains de bandits et qu’il faut se précipiter pour sauver les meubles, comme ces braves pompiers qui sont venus en ville aujourd’hui parler à un grand nombre d’entre nous. C’est très exagéré.
Il est certain que nous devons nous pencher sérieusement sur toutes ces questions, comme nous l’avons fait, et améliorer constamment les choses. Nous travaillerons fort dans ce sens. Néanmoins, il ne faut quand même pas exagérer. C’est nuire à la fonction publique et au processus démocratique que de laisser entendre qu’un grand nombre d’élus ou de fonctionnaires sont corrompus. Telle n’était pas la conclusion du juge Gomery.
Les Canadiens, comme nous tous à la Chambre, tiennent à la façon dont notre pays est gouverné. Le Canada est un pays très démocratique, efficace et respecté dans le monde entier pour ses principes et ses pratiques. Nous pouvons tous les améliorer, mais n’oublions pas qu’il s’agit de consolider un édifice déjà très solide.
C'est un projet de loi volumineux, un projet de loi omnibus. Le président du Conseil du Trésor a dit qu'il s'agissait d'un projet de loi exhaustif et il l'est effectivement, en raison de sa grande portée. On aurait pu rédiger trois ou même dix projets de loi pour couvrir tous ces sujets, mais ils sont tous rassemblés en un seul. Lorsque nous ferons notre étude approfondie de ce projet de loi à la Chambre ou en comité pour tenter d'en déceler les lacunes et d'y apporter des améliorations ou des amendements, il ne faudra pas oublier que l'une des caractéristiques des projets de loi omnibus, c'est que lorsque nous essayons de tenir compte de trop d'éléments à la fois, il peut arriver que des choses nous échappent par mégarde ou qu'elles ne conviennent pas à un problème en particulier.
Il faudra faire tout particulièrement attention en comité et tenir compte des avis d'experts et des débats de société pour nous assurer que cette mesure législative est la meilleure qui soit et que rien n'a été oublié.
Ce projet de loi poursuit et fait graduellement avancer bon nombre des dossiers mis de l'avant par le gouvernement précédent. L'enquête menée par le juge Gomery est l'une des plus grandes réalisations de l'histoire moderne en termes d'enquêtes sur les activités d'un gouvernement.
Je voudrais à nouveau citer le rapport publié en novembre 2005:
Je me dois de mentionner aussi que le gouvernement, en s'infligeant une enquête aussi exhaustive que celle-ci, menée par un commissaire indépendant armé du pouvoir de contraindre la fonction publique à produire des documents incriminants et de citer à comparaître des témoins de toutes les couches de la société, et doté en outre du vaste mandat d'enquêter et de faire rapport sur des questions risquant de mettre ce même gouvernement dans l'embarras, prouve que nos institutions démocratiques fonctionnent bien et objectivement. Je connais très peu de pays où le commissaire chargé d'une enquête publique a le pouvoir de citer à comparaître le premier ministre en exercice et son prédécesseur pour qu'ils soient interrogés sous serment sur la gestion des affaires publiques et sur leur rôle dans ce qu'on qualifie publiquement de scandale. La tenue de cette Enquête prouve que, chez nous, même ceux qui occupent les fonctions les plus hautes de l'État doivent rendre compte de leurs actions, non seulement devant le Parlement, mais aussi devant la population.
Il est important que nous ne l'oubliions pas. Cela est tiré de l'enquête Gomery, l'une des enquêtes les plus exhaustives de toute l'histoire, et elle a été mise sur pied par le gouvernement libéral précédent.
Il y a deux ans, l'ancien gouvernement libéral a présenté la mesure législative en matière de financement politique la plus vaste, du point de vue de sa portée, qu'on ait jamais vue dans l'histoire du Canada et même des régimes parlementaires démocratiques partout dans le monde. Cette mesure législative a été adoptée à la Chambre. Elle réduisait à seulement 1 000 $ par année les dons politiques pouvant être versés par les sociétés, les syndicats et autres associations. C'était une mesure absolument stupéfiante. Interdire carrément ces dons, comme le ferait ce projet de loi, serait certes un autre pas important à faire, mais ramener à 1 000 $ par société ou par syndicat ce montant qui était auparavant illimité était déjà un progrès énorme. Nous discuterons du mérite de cette proposition voulant qu'on fasse ce pas de plus en éliminant même les 1 000 $ actuellement permis, et les gens auront des opinions différentes à ce sujet. Ce ne sont certainement pas là des changements de l'envergure de ceux apportés par le gouvernement libéral dans sa mesure législative sur le financement politique.
J'ai remarqué dans ce projet de loi volumineux que, bien que le financement politique y soit abordé en ce qui a trait aux syndicats, aux sociétés et autres associations, il n'y est pas du tout question de la publicité faites par des tiers. Les députés se souviendront que le premier ministre actuel était à la tête d'un organisme qui était petit mais qui savait se faire entendre, la National Citizens Coalition. Les groupes de ce genre ressemblent étrangement et dangereusement aux comités d'action politique aux États-Unis, et nous sommes au courant des querelles qui existent là-bas au sujet du financement électoral. Cette lacune du projet de loi ressemble de façon troublante à ce qui se passe aux États-Unis. J'espère que nous pourrons corriger cette lacune au cours de nos discussions à la Chambre et au comité.
Le projet de loi traite de la question des lobbyistes. C'est encore là un pas de plus dans l'évolution constante des dix dernières années en ce qui a trait à la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes, au rôle du registraire des lobbyistes et à la comparution de témoins devant des comités pour discuter de questions touchant le lobbying. À bien des égards, les suggestions concernant le lobbying dans ce projet de loi sont très utiles. Elles vont certainement dans le sens des objectifs visés par le gouvernement.
Comme mon collègue l'a mentionné plus tôt, il y a encore une fois un déséquilibre. Il faut faire très attention aux lobbyistes. Je crois le président du Conseil du Trésor sur parole lorsqu'il dit qu'il veut empêcher que des gens qui sont en position d'influence dans le système de gouvernance -- et nous ne parlons pas seulement ici des députés, mais bien de l'ensemble du système de gouvernance -- ne se servent de cela pour faire de l'argent comme lobbyistes en exerçant, je suppose, une influence indue. Nous devons voir si ce qui est proposé est équilibré et s'il y aurait peut-être lieu de faire certains ajouts.
Il y a deux omissions flagrantes dans les dispositions du projet de loi concernant les lobbyistes. L'une d'elles, par exemple, est qu'un ancien lobbyiste du secteur, disons, de la défense est nommé au gouvernement dans un poste où il exercera une influence considérable dans le grand domaine des approvisionnements gouvernementaux, soit celui de ministre de la Défense nationale. Nous devons réfléchir à cela soigneusement pour voir s'il n'y a pas quelque chose qui ne va pas là. On imagine mal que cette personne n'ait pas la possibilité, tout au moins en apparence, d'exercer une plus grande influence indue qu'un ancien ministre de la Défense nationale qui n'occupe plus ses fonctions, ne fait plus partie du gouvernement et qui a perdu son influence, me semble-t-il. Nous devons être prudents.
La deuxième lacune s'applique aux gens de l'ancienne opposition officielle, devenue le gouvernement, qui étaient des gens de rang élevé détenant une influence. Le principal conseiller en politiques du chef de l'opposition officielle, l'actuel premier ministre, est un lobbyiste enregistré et il représente des entreprises dans les secteurs des télécommunications, des transports et des finances, trois secteurs qui sont tous très préoccupés et qui réclament vigoureusement des modifications législatives. Nous devons prendre bien soin d'atteindre l'objectif auquel souscrivent avec tant d'éloquence les députés ministériels, mais qui n'est pas encore très évident dans le projet de loi.
Nous sommes très heureux que le projet de loi sur la dénonciation ait été maintenu. Le gouvernement antérieur que nous formions a présenté ce projet de loi. Le texte a été étudié en comité. Nous ne cessions de le modifier et de l'améliorer. Je crois que c'est une très bonne chose, mais nous devons faire preuve de prudence dans la création d'autres postes de mandataires du Parlement, en ce sens que nous ne devons pas tout simplement tout soustraire à la bureaucratie publique et tout confier à un commissaire indépendant. Il ne saurait y avoir de troisième partie à l'oeuvre dans ce contexte. Lorsque nous examinerons soigneusement le projet de loi sur la dénonciation avec les députés ministériels, nous devrons veiller à ne pas enlever à l'administration publique certains de ses rôles qu'elle exerce déjà si bien, notamment grâce à des mécanismes internes de communication et de plainte.
L'administration publique doit pouvoir fonctionner en utilisant une vaste gamme de renseignements, et tous ces renseignements ne seront pas évidents pour chaque fonctionnaire, qui verra peut-être des actes répréhensibles là où il n'en existe pas, parce qu'il ne connaît pas tous les faits. Nous devons avoir des voies de communication interne efficaces pour élaborer des mécanismes de protection des personnes qui, en toute bonne foi — je suis reconnaissant du fait que cette expression est mentionnée dans le projet de loi une dizaine de fois, et elle est cruciale dans le cas d'une mesure législative portant sur la dénonciation — s'écartent du système, des mécanismes de contrôle interne, et le font en toute bonne foi. Elles devraient également le faire en disposant de tous les renseignements, et nous avons besoin de voies de communication interne pour veiller à ce que cela se produise.
La portée de la Loi sur la gestion des finances publiques et de la compétence de la vérificatrice générale a été étendue dans ce projet de loi, et j'estime que c'est une très bonne chose. Notre parti s'était engagé dans cette voie après la présentation du rapport de la vérificatrice générale et avant ceux de la Commission Gomery. Je crois que nous avons beaucoup étendu cette portée, mais nous constatons qu'on va encore plus loin dans ce projet de loi. Nous devons prendre soin de veiller à ce que les exigences en matière d'accès à l'information soient bien définies, de sorte que le secret commercial ou d'autres arguments en matière de confidentialité soulevés au cours d'une enquête ne puissent pas être invoqués pour empêcher les journalistes de la SRC, par exemple, de faire leur métier qui est de porter ces informations à la connaissance du public.
Nous devrions comprendre que le gouvernement libéral précédent a imposé la communication automatique de tous les renseignements portant sur tous les marchés supérieurs à 10 000 $, qui doivent être affichés sur Internet. Toutes les dépenses des ministres doivent également y être affichées. Ces mesures s'inscrivent dans la lignée de celles que nous avons entamées et que nous estimons importantes.
Dans le projet de loi, il est suggéré de regrouper les fonctions de commissaire à l'éthique et de conseiller sénatorial à l’éthique. On peut toujours évoquer l'efficience, la souplesse administrative et les économies accrues que permettrait cette formule, mais on ne sait pas ce qu'en pensent nos collègues de l'autre Chambre. Ils en ont d'ailleurs longuement débattu. Je me rappelle que, à l'occasion d'un débat passé, nombre de sénateurs conservateurs avaient exprimé des réserves à propos de cette même idée. J'estime que nous devons attendre de savoir ce qu'en pensent nos collègues sénateurs qui pourraient avoir impression d’y perdre leur indépendance par rapport à l’exécutif. Nous devrons examiner tout cela de très près. Il ne faut pas que cette Chambre soit irrespectueuse de la Chambre haute.
Le code de conduite sera maintenant imposé par la loi. Ce code de conduite avait été adopté, puis renforcé par le gouvernement libéral. Il se retrouve à présent encadré dans le projet de loi C-2, ce qui est sans doute une bonne chose.
Cette prescription dans la loi nous est apparue d'autant plus nécessaire après la récente défection du député libéral de Vancouver-Kingsway qui fait désormais partie du Cabinet conservateur. Dans le passé, cette même Chambre avait bien débattu du problème des transfuges, mais ce n'était pas à la suite d'une apostasie aussi immédiate et brutale.
Nous allons devoir nous montrer très prudents dans la manière dont nous allons encadrer ce code de conduite et il nous faudra bien écouter ce que le commissaire à l'éthique indépendant nous dira après son examen du projet de loi, advenant qu'il estime que le code de conduite n’est pas respecté dans l'esprit pour ne pas dire à la lettre. Il a invité le Parlement à réfléchir à la façon dont nous pourrions composer avec ce genre de situation. Nous devrions donc être saisis de cette question, à la Chambre et en comité.
Je désire dire quelques mots sur le directeur des poursuites pénales. Durant la campagne électorale, on a constaté une certaine confusion chez les conservateurs entre le chef du parti, devenu depuis premier ministre, et le chef-adjoint, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, quant au rôle que ce directeur serait appelé à jouer dans des situations comme le scandale des commandites. Tous deux ne semblaient pas être d'accord à l'époque et la confusion qui régnait alors transpire dans ce projet de loi. La mesure législative diffère légèrement de ce que semblait prêcher le premier ministre durant la campagne électorale.
Arrêtons-nous un instant sur cette question. Nous savons que le rôle du gouvernement fédéral en matière de poursuites et de procédures pénales est limité. Nous devrons donc sérieusement nous demander s'il convient d'ajouter une nouvelle strate à la bureaucratie fédérale avec le Bureau du directeur des poursuites pénales.
Le projet de loi énonce avec précision et efficacité les règles à suivre en matière de poursuites au gouvernement fédéral, soit par le ministre de la Justice et le procureur général, soit par le ministre de la Justice agissant à titre de procureur général. On retrouve dans ce texte deux aspects utiles et très importants qui, soit dit en passant, sont quasiment repris in extenso du Crown Counsel Act de la Colombie- Britannique que moi-même et quelques autres députés de ce côté-ci connaissons bien.
Ce projet de loi va au coeur de la question en assurant qu'il ne doit pas y avoir la moindre apparence d'ingérence politique dans les décisions en matière de poursuite, car le procureur général porte aussi le chapeau de ministre de la Justice. Certes, le procureur général est le premier conseiller juridique de l'État et c'est lui qui assume la responsabilité globale en matière de poursuites. Le projet de loi est bien formulé pour ce qui est d'assurer l'absence de la moindre apparence d'ingérence. On s'est inspiré de la loi de la Colombie-Britannique pour prévoir que le procureur général peut intervenir en matière de poursuite, voire prendre en charge une poursuite s’il a, au préalable, donné avis de son intention et qu'il publie l’avis dans la Gazette du Canada. Cependant, la publication peut être reportée jusqu'à la fin d'un procès. Selon moi, il s'agit là d'une bonne disposition.
Par ailleurs, je crois que nous allons trop loin si nous alourdissons la bureaucratie. Nous devons en discuter. On n'a pas exprimé de préoccupations relativement à une direction des poursuites pénales au sein du ministère de la Justice, ou aux actions de la GRC et au fait de travailler avec ces services.
Toutefois, il importe de comprendre aussi que le bureau fédéral des poursuites n'est pas concerné par les poursuites liées au scandale des commandites qui sont en cours. Dans ce cas, c'est le bureau des poursuites du Québec et la Sûreté du Québec, non pas la GRC, qui mènent les enquêtes et assurent le soutien.
Enfin, l'opposition officielle est ravie de joindre ses efforts à ceux du gouvernement et des autres partis de l'opposition afin que cette mesure devienne la meilleure qui soit. Renvoyons-la à un comité pour que des experts l'examinent. Penchons-nous sur les points qui gagneraient à être améliorés. Corrigeons les lacunes. N'ajoutons pas de paliers bureaucratiques et de volets de vérification inutiles dans une fonction publique qui est déjà, pour employer les mots de la vérificatrice générale, très bien réglementée. Dans le cas du scandale des commandites, des règles ont de toute évidence été violées par certains, mais comme le juge Gomery l'a dit, il s'agit d'un petit nombre.
:
Monsieur le Président, il me fait plaisir, au nom du Bloc québécois, de prendre la parole à propos du projet de loi C-2, première disposition législative déposée en ce 39
e Parlement.
Avant d'être député, j'ai été enseignant — peut-être est-ce ce qui me fait expliquer les projets de loi de façon pédagogique. J'aimerais revenir en arrière et voir comment on en est arrivé à ce projet de loi C-2, d'où il vient, et savoir si les conservateurs l'ont pensé, réfléchi et réalisé au cours de la cinquantaine de jours qu'a duré la campagne électorale ou si ce projet de loi prend sa source plus profondément dans notre histoire politique récente.
Il y a 10 ans, en décembre 1996, dans son rapport intitulé « De solides assises » — aussi appelé « rapport Tait » —, le Groupe de travail sur les valeurs et l’éthique dans la fonction publique recommandait:
[...] que le gouvernement et le Parlement du Canada adoptent un énoncé de principes pour la fonction publique ou un code de la fonction publique [...] Il faut mettre en place des mécanismes conformes aux valeurs de la fonction publique qui permettent aux fonctionnaires d’exprimer leurs préoccupations à l'égard de mesures potentiellement illégales, contraires à l'éthique ou incompatibles avec les valeurs de la fonction publique, et de donner suite à leurs inquiétudes de façon juste et impartiale.
Ce rapport déposé il y a 10 ans a mené à une politique sur la divulgation interne d'information concernant des actes fautifs au travail au sein du Conseil du Trésor. Cette politique communément appelée « Politique sur la divulgation interne » a été crée il y a cinq ans, soit le 30 novembre 2001. Les choses changent très lentement.
Deux ans plus tard, soit en 2003, le gouvernement, par le biais du Conseil du Trésor, a mis en place le Code de valeurs et d'éthique de la fonction publique. Il est entré en vigueur et fait désormais partie des conditions d'emploi de la fonction publique. Le 15 septembre 2003, dans son premier rapport annuel de 2002-2003, l'agent de l'intégrité de la fonction publique recommandait un régime législatif applicable à l'ensemble du secteur public fédéral, y compris les sociétés d'État, pour la divulgation des actes répréhensibles.
Toujours en 2003, dans son 13e rapport, « Étude sur la divulgation (dénonciation) d'actes fautifs », le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes recommandait que le gouvernement fédéral légifère pour faciliter la divulgation.
En 2004, on a déposé le projet de loi C-25, Loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d’actes répréhensibles. Ce projet de loi est mort au Feuilleton lors de la dissolution de la Chambre en 2004. Le 8 octobre de la même année, on nous a présenté le projet de loi C-11, Loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d’actes répréhensibles. Ce dernier a été présenté en octobre 2004 et son étude en comité s'est terminée en juin 2005. Le projet de loi a été étudié en comité pendant 9 mois. Cela explique ma demande au président du Conseil du Trésor de prendre le temps d'étudier le projet de loi.
Sous le précédent gouvernement, un code de conduite était en place. Il y avait des règles, il y avait un projet de loi, il y avait des mesures législatives suffisamment importantes pour garantir la transparence, la reddition de comptes et la responsabilité.
Avant que le Bloc québécois ne donne son appui au projet de loi, il est important de souligner qu'en novembre 2003, la vérificatrice générale a mentionné, lors de son point de presse et lors de son passage devant le juge Gomery, que le gouvernement précédent a enfreint toutes les règles existantes. Le gouvernement en a fait fi. Le nouveau gouvernement conservateur doit bien comprendre ce message: on aura beau mettre des balises plus propres, plus blanches et plus visibles, il faut d'abord et avant tout respecter les balises existantes.
Il ne s'agit pas seulement d'inventer de nouvelles balises. Tel est le message important que la vérificatrice générale nous a livré.
À mon avis, ce projet de loi n'en fait pas suffisamment mention dans sa philosophie. En effet, des balises existantes ont déjà été transgressées par le gouvernement précédent.
La question la plus importante pour le public est la suivante: comment peut-on s'assurer que le gouvernement respectera ces nouvelles balises? La formule a été revue et améliorée, car il y avait beaucoup de choses déjà existantes que l'on revoit et que l'on améliore. Néanmoins, comment notre parti d'opposition et la population peuvent avoir la garantie que ce gouvernement respectera ces règles?
En fait, dans son rapport de novembre 2003 et lors de sa comparution devant le juge Gomery, la vérificatrice générale n'a pas indiqué qu'il fallait de nouvelles règles. Elle nous a dit qu'il fallait respecter les règles déjà en place et, par la même occasion, respecter les nouvelles règles. Avant d'indiquer que le Bloc québécois est favorable au principe et à la philosophie du projet de loi, il est plus important pour nous d'indiquer que le Bloc québécois veut aller plus loin pour s'assurer que ces règles, contrairement aux autres déjà existantes, seront respectées par le gouvernement en place.
Il y a un autre aspect également important. Je fais miens les commentaires, les interrogations et les problèmes soulevés par ma collègue de Papineau concernant le mal nommé projet de loi sur l'« imputabilité ».
On me permettra de lire quelques articles de journaux pour annoncer que le premier amendement que le Bloc soumettra en comité portera sur le mal nommé projet de loi sur l'« imputabilité ».
Dans un article publié par Michel Vastel, on peut lire:
Aucun dictionnaire français ou québécois n'accepte ce mot qui n'est qu'une mauvaise traduction de l'anglais accountability. L'Office de la langue française le refuse lui aussi.
Lorsqu'on parle de politique ou de fonctionnaires, on dit qu'ils doivent « répondre de leurs actes », qu'ils doivent être « responsables de leurs actes », qu'ils ont une « responsabilité », la responsabilité étant « l'obligation faite à une personne de répondre de ses actes du fait du rôle, des charges qu'elle doit assumer et d'en supporter toutes les conséquences ».
Cette définition est tirée du Trésor de la langue française. Je poursuis la lecture de l'article de journal:
C'est bien de cela qu'il s'agit lorsque le premier ministre veut restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Il veut que les politiques, les fonctionnaires, les organismes de l'État fédéral soient tenus responsables de leurs actes devant les citoyens. Il veut donc faire voter une loi sur la responsabilité (des agents, des organismes, etc. de l'État fédéral). Il veut que ces derniers soient obligés de rendre compte de leurs actes aux citoyens. Il veut instaurer l'obligation de rendre des comptes, la reddition de compte obligatoire, comme pratique commune d'un bon gouvernement. Il veut que les politiques, les fonctionnaires, etc. soient comptables de leurs actes aux citoyens. Il faut espérer que les rédacteurs et les traducteurs de l'Administration fédérale réussiront à corriger « imputabilité », qui est un faux sens, pour le remplacer par un terme correct, dans le projet de loi déposé à la Chambre des communes.
J'ai ici un autre article un peu plus troublant, de Laurent Soumis, si je ne m'abuse, dont voici le titre:
[Le nom du premier ministre] choisit volontairement la mauvaise traduction « imputabilité ».
Je cite le texte:
[Les prénom et nom du premier ministre] s'entête à parler « franglais ». Le Journal a appris hier que le cabinet du premier ministre avait volontairement écarté la recommandation du Bureau fédéral de la traduction en intitulant son projet de loi « sur l'imputabilité », une mauvaise traduction du titre original anglais.
Depuis 1934, le Bureau donne pourtant « le mot juste » au gouvernement en assurant la traduction et la révision pour les ministères, les organismes fédéraux, la Chambre des communes et le Sénat.
Le verdict est sans appel. L'usage du mot « imputabilité » est à éviter, affirme le site gouvernemental.
On cite aussi deux ministres, dont la ministre de la Coopération internationale et ministre de la Francophonie et des Langues officielles, et le ministre responsable du Bureau de la traduction, qui devraient appuyer cet amendement. Je crois que mes autres collègues conservateurs devraient également l'appuyer.
Il y a tout de même deux ministres principalement concernés, dont un ne siège pas parmi nous mais dans l'autre Chambre, mais il a quand même des responsabilités. Tout ce monde devrait donc appuyer d'emblée cette modification, afin que la langue française s'applique de façon cohérente et juste.
Cela étant dit, nous proposerons donc un amendement en vue de changer le titre du projet de loi. Je suis certain que les linguistes et les gens qui veulent que les choses s'appellent par leur nom seront heureux. J'ose également espérer que le président du Conseil du Trésor donnera très rapidement son accord afin que les articles de journaux, les gens qui prononcent des discours en Chambre et nos interprètes très professionnels puissent traduire accountability par responsabilité.
Je le répète, le Bloc est favorable au principe du projet de loi, mais nous voulons du temps, pas pour des mesures dilatoires, mais pour étudier sérieusement et avec rigueur cette loi importante.
Je rappelle qu'il a fallu plus de neuf mois et plusieurs réunions de comité. Le secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor siégeait alors à ce comité; il sait qu'on a fait un travail constructif à l'époque, et que cela prenait du temps.
Le Bloc veut entendre les témoins concernés par ce projet de loi; à tout le moins, nous devons entendre en comité la vérificatrice générale. Nous devons aussi entendre le directeur général des élections, ainsi que le commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts — le nouveau titre qu'on va lui donner — et d'autres témoins qui peuvent bénéficier du projet de loi. Je pense aux syndicats de la fonction publique, entre autres.
Comme je l'ai dit, le Bloc veut du temps non pas pour retarder, mais pour étudier sérieusement et avec rigueur ce projet de loi.
Plus loin, nous pouvons dire aussi que nous sommes heureux de voir incluses dans ce projet de loi plusieurs propositions présentées par le Bloc depuis de nombreuses années. J'en mentionnerai quelques-unes, mais je laisserai à mes collègues qui vont prendre la parole après moi le soin d'élaborer plus en profondeur au sujet de certaines.
Je cite en exemple la nomination au mérite, par Élections Canada, des directeurs de scrutin. C'est un souhait énoncé depuis longtemps par le Bloc québécois. Mon ami et collègue le député de Montmorency—Charlevoix—Haute-Côte-Nord avait même déposé un projet de loi en ce sens. Les libéraux étaient au pouvoir et nommaient les directeurs de scrutin. Nous disions alors à la blague qu'il resterait sûrement quelques libéraux ayant les compétences pour exercer le rôle de directeur de scrutin quand surviendraient les nominations au mérite. Il ne faut pas qu'ils s'inquiètent de leur disparition totale. Je suis convaincu qu'il y aura 10 à 12 p. 100 de nominations qui seront faites pour des gens compétents. Ce n'est que les autres qu'on veut enlever pour avoir des directeurs et des directrices de scrutin compétents.
L'indépendance du registre des lobbyistes est une demande de longue date du Bloc québécois. Nous sommes heureux de voir cette demande inscrite dans le projet de loi, quoiqu'imparfaite. La loi sur le financement des partis politiques ressemblera plus à celle du Québec, avec l'interdiction des dons de la part des entreprises. Il y aura aussi le renforcement des pouvoirs de la vérificatrice générale.
On me permettra le recours à un terme qui n'est pas français, mais que je veux utiliser, à savoir m'autocongratuler. Dans un projet de loi de la précédente législature, on a donné raison à la vérificatrice générale. Celle-ci demandait depuis quatre ans d'avoir le droit de vérifier les fondations, ce que lui refusait systématiquement le gouvernement en place. Par le projet de loi C-277, émanant des députés et repris dans le dernier budget des libéraux, nous avons permis à la vérificatrice générale de bénéficier d'un rôle et de pouvoirs accrus. Nous ne pouvons que souscrire à un renforcement supérieur des pouvoirs de la vérificatrice générale.
Cependant, il y a quelques lacunes dans le projet de loi que l'on veut étudier en comité. Selon nous, la loi favorise une culture de délation malsaine en proposant des récompenses aux dénonciateurs.
Quand j'étais jeune, je lisais Lucky Luke et je voyais, écrit sur les photos: « chasseurs de primes ». Veut-on de cette culture, au gouvernement fédéral, où les travailleurs, à côté de leur emploi de fonctionnaire, ont celui de chasseur de primes; où ils regarderont à côté si quelqu'un fait un mauvais coup pour pouvoir arrondir leur fin de mois? Il y a encore plus dément que cela. À l'heure actuelle, on propose une récompense de 1 000 $. En effet, on a entendu dire, pendant la semaine de relâche, que cela pouvait aller jusqu'à 30 p. 100 du montant récupéré, à l'instar de ce qui se fait aux États-Unis.
Nous ne voulons pas d'une culture de la dénonciation. Nous voulons un projet de loi qui permettra aux fonctionnaires responsables témoins d'actes répréhensibles de déposer une plainte et de se sentir protégés. Il ne s'agit pas de créer une équipe de trois ou quatre personnes qui va se faire un plaisir de chercher ce qui ne va pour se faire un peu d'argent. Je ne crois pas que ce soit le but du projet de loi, et j'ose espérer que ce n'est pas la volonté du président du Conseil du Trésor ni celle de son secrétaire parlementaire.
Nous allons étudier de nouveau les témoignages que nous avons eus concernant cet aspect lors de l'étude du projet de loi C-11. À l'époque, les conservateurs s'étaient un peu entichés de l'idée d'offrir des récompenses aux dénonciateurs. Toutefois, je crois me rappeler que tous les témoins entendus alors nous ont dit que cela n'était pas un bon message à envoyer à la fonction publique. Nous aurons des témoins à entendre sur le sujet, et sûrement des amendements à proposer.
Le projet de loi propose une commission des nominations publiques au sein du portefeuille du premier ministre, chargée notamment de surveiller le processus de sélection pour les nominations. On a vu récemment qui a été nommé à ce poste. Quand on sait que la plupart des nominations viennent du Bureau du Conseil privé et du bureau du premier ministre, lorsqu'on sait que c'est le premier ministre qui nomme la personne qui va surveiller ces nominations, cela nous fait dire que c'est un peu comme le renard qui surveille les poulets dans le poulailler.
Le projet de loi propose que le nouveau directeur parlementaire du budget relève de la Bibliothèque du Parlement; il propose aussi des exceptions empêchant le directeur d'avoir accès à certains renseignements. Il s'agit d'une demande plusieurs fois réitérée par mon collègue de Saint-Hyacinthe—Bagot qui aura l'occasion de s'exprimer là-dessus. Nous ne pouvons être que partiellement heureux de cette nomination du directeur parlementaire du budget. Trop souvent, le ministre des Finances cachait à la population l'ensemble des chiffres. Il nous disait que nous allions probablement arriver à un budget équilibré et il engrangeait des milliards de dollars à propos desquels les parlementaires ne pouvaient s'exprimer. Nous osons espérer que la nomination de ce directeur parlementaire du budget enlèvera la voile d'opacité sur cette partie où l'on nous cachait les surplus attendus par le gouvernement.
Le projet de loi propose que seulement trois des neuf fondations principales soient couvertes par la Loi sur l'accès à l'information et par les nouveaux pouvoirs de la vérificatrice générale. En comité, nous allons demander pourquoi on parle de trois principales fondations et non des neuf. Sont-ce des raisons organisationnelles, sérieuses? A priori, selon nous, l'ensemble des principales fondations qui, globalement, ont à peu près 10 milliards de dollars de budget, devraient être assujetties à la Loi sur l'accès à l'information.
Dans le projet de loi proposé, les lobbyistes bénéficient toujours de plusieurs échappatoires, notamment celles des communications par courrier électronique. Il faudra resserrer et vérifier cela. Ce sont des questions que nous allons poser au comité législatif approprié.
Nous allons étudier la partie 1 du projet de loi qui touche aux conflits d'intérêts. Les peines qu'elle prévoit, au moment où nous nous parlons, ne sont pas suffisamment sévères pour dissuader les gens de se placer en conflit d'intérêts. Je citerai d'autres exemples un peu plus tard, mais admettons qu'un lobbyiste travaillant pour le gouvernement contrevienne à cette partie de la loi, il aurait une lourde amende de 500 $ à payer. Une pénalité de 500 $, après avoir enfreint la loi pour obtenir un contrat de 200 000 $, cela ne nous apparaît pas suffisamment dissuasif. Nous le verrons lors des travaux du comité.
En ce qui a trait aux nominations des directeurs du scrutin, la loi ne prévoit pas de concours publics. Le Bureau du directeur des poursuites pénales aurait besoin d'être mieux balisé. Les plaintes au commissaire à l'éthique et concernant les conflits d'intérêts devraient, en principe, passer par les bureaux de députés. Selon moi, c'est très problématique. Quant à l'accès à l'information, les conservateurs refusent de bouger. Ils nous demandent un peu plus de temps pour réformer la Loi sur l'accès à l'information. On devrait se comprendre. On veut étudier davantage ce qui se passe.
J'ai parlé des lobbyistes. Je pourrai terminer en parlant de la directrice des communications du ministre des Transports qui semblait, à tout le moins, enfreindre l'esprit de ce projet de loi. Nous aurons l'occasion d'en reparler.
En conclusion, au nom du Bloc québécois — je crois avoir été clair —, je préciserai d'abord que le projet de loi devrait être nommé « Loi sur la responsabilité », lors de toutes les discussions. Nous y apporterons plusieurs amendements. Nous sommes favorables au principe du projet loi. En effet, nous ne pouvons être contre une éthique plus rigoureuse et une plus grande transparence. Cependant, nous voulons que ce soit fait avec sérieux et avec rigueur — deux qualités auxquelles le Bloc s'identifie. Mes collègues peuvent être assurés de mon entière collaboration en vue de bonifier et d'améliorer ce projet de loi lors des travaux du comité législatif.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande fierté que je prends part, au nom du caucus du NPD, au débat sur le projet de loi C-2.
Permettez-moi de dire d'emblée que le projet de loi C-2, si nous faisons les choses correctement, pourrait être la mesure législative la plus importante de la 39e législature et pourrait être extrêmement profitable à tous les Canadiens.
Le NPD est un fervent partisan de la transparence du gouvernement. Nous n'utilisons pas les termes « transparence » et « responsabilité » à la légère; ce sont des principes fondamentaux de la pensée néo-démocrate. C'est pourquoi nous sommes déterminés à faire du projet de loi C-2 une réussite.
Je vais commencer par rendre hommage à un ancien chef du NPD et à l'ancien député d'Ottawa-Centre, Ed Broadbent, et à son apport au débat actuel. Il serait faux de dire qu'il est à l'origine du projet de loi C-2, mais je crois qu'il est juste de dire que tous les partis se sont inspirés du travail accompli par Ed Broadbent lors de son retour à Ottawa. En effet, il a constaté que quelque chose ne tournait pas rond et que des changements fondamentaux devaient être effectués. M. Broadbent a donc pris l'initiative de surveiller et d'analyser la situation et de formuler des recommandations en vue d'instaurer une véritable culture de responsabilisation et de transparence. Nous lui devons beaucoup.
L'idée de faire le ménage à Ottawa, de changer la culture, est un projet immense. La population doit être consciente de l'ampleur de l'entreprise. J'ai entendu des gens comparer ce projet à essayer de faire dévier la trajectoire d'un superpétrolier d'un degré vers la droite ou vers la gauche. Je n'utilise pas ces termes dans leur sens politique; je dis simplement que changer les choses ne serait-ce que d'un degré est une tâche énorme. C'est peut-être pour cette raison que le projet de loi C-2 est aussi volumineux. Il contient plus de 270 pages. Certains le surnomment K2, car il a la taille d'une montagne.
Ce n'est pas une coïncidence si c'est une arme pratique contre les libéraux. Ce n'est pas une coïncidence non plus si ce projet de loi est une arme, entre autres, parce que chaque page constitue une insulte pour le Parti libéral du Canada qui, honteux et relégué au second plan, regarde maintenant d'autres nettoyer son gâchis. Je dis cela sans intention malveillante et je n'utiliserai pas mes 20 minutes à critiquer les libéraux. Je ne fais que signaler cela pour illustrer pourquoi nous devons consacrer la 39e législature à régler des questions de corruption au lieu de nous occuper d'autres dossiers pour faire progresser le pays, car c'est l'héritage qui nous est laissé, le gâchis que nous devons nettoyer après 13 ans d'abus du Parti libéral.
Le président du Conseil du Trésor a déclaré qu'il visait avant tout à accroître le niveau de confiance. C'est la seule chose que j'ai notée du discours dans lequel il a présenté le projet de loi. Nous visons ce même noble objectif d'accroître le niveau de confiance des Canadiens. Nous voulons qu'ils jugent que nous faisons des choses honorables avec leur argent, que nous sommes dignes de leur confiance, que nous n'abusons pas de cette confiance et ne les trahissons pas. Je ne le tolérerai pas. Pour cette raison, nous ne nous opposerons pas au projet de loi C-2. Nous ferons de notre mieux pour en faire le meilleur projet de loi possible.
Je reviendrai maintenant à mon premier point. C'est un projet d'envergure comparable à faire tourner un superpétrolier. Nous ne pouvons cependant pas dicter par la loi certaines choses, comme la moralité, l'éthique ou les valeurs morales. Nous vivons ou non selon ces principes. Nous pouvons créer un environnement qui favorise des comportements plus éthiques. Une des meilleures façon d'y arriver, à mon avis, consiste à mettre au jour ces choses. La Loi sur l'accès à l'information, dont j'ai parlé plus tôt, constitue peut-être le meilleur moyen d'encourager les comportements éthiques que nous préconisons.
Avant d'examiner la substance du projet de loi, j'aimerais également faire une mise en garde. Nous ne tolérerons rien dans le projet de loi qui pourrait être perçu comme une tentative de discréditer ou de blâmer les fonctionnaires ou de prétendre que la corruption dans la fonction publique est la cause du bourbier administratif des 13 dernières années. Nous ne pourrons tolérer cela.
Nous nous basons sur la prémisse selon laquelle aucun fonctionnaire bien intentionné ne prendrait l'initiative de contrevenir aux règles à moins, comme l'affirme la vérificatrice générale, d'y être poussé par des maîtres politiques. Les mesures correctives prévues dans le projet de loi C-2 ne devraient donc pas être perçues par les fonctionnaires comme une menace à leur égard ou comme une condamnation de la façon dont ils ont géré les fonds publics. En fait, nos objections sont d'ordre politique et ne visent pas la fonction publique.
Comme je l'ai mentionné, le projet de loi C-2 est un gourdin épatant pour donner une raclée aux libéraux, assez massif pour faire de vrais dégâts. Ce serait également un bouclier pratique pour le gouvernement conservateur nouvellement élu. Ce parti pourrait en effet l'utiliser au moment prévisible et opportun où des accusations semblables seront portées contre lui. Les conservateurs pourront ainsi se protéger des volées de critiques qui s'abattront sur eux au sujet de leur bilan, au fil des années. Ils pourront alors dire qu'il ont fait ce qu'ils ont pu pour corriger ces problèmes. Un document qui peut servir à la fois d'arme offensive et de bouclier, c'est tout un cadeau.
À divers points de vue, nous nous en méfions. Nous appuyons l'idée de présenter un projet de loi sur la responsabilité et la transparence, mais les députés ne peuvent nous blâmer d'être un peu méfiants et blasés en pensant que certains de ses aspects ont un but plus égoïste qu'altruiste. Après les 13 années qui viennent de s'écouler, personne ne peut nous blâmer de flairer des motifs cachés, ou peut-être des objectifs secondaires dans le projet de loi.
Nous ne saurions appuyer un projet de loi conçu pour instaurer un cadre au sein duquel les libéraux ne pourraient fonctionner. À notre avis, cet aspect est une idée qui coule de source. Nous reprochons également à cet énorme projet de loi d'avoir été rédigé de façon à être voué à l'échec. Nous pensons en fait qu'il est impossible de s'attaquer à ce niveau à des problèmes administratifs complexes grâce à une mesure législative unique, dans les limites de l'échéancier envisagé par le gouvernement fédéral. C'est peut-être une tâche impossible. Dans ce cas, ce texte aurait une plus grande valeur dans le programme électoral du Parti conservateur que comme projet de loi pouvant être adopté par le Parlement et mis en oeuvre.
Nous ne permettrons pas que cela se produise. Nous ne ferons pas de la politicaillerie avec ce projet de loi. Notre bonne volonté a des limites et des réserves. Nous sommes disposés à collaborer à condition que cette initiative soit sincère et qu'elle ne serve pas un objectif politique autre que celui qui est énoncé.
Je vais donner un exemple aux députés. Nous ne sommes pas paranoïaques. Ces choses ne sont pas que le fruit de notre imagination. Il y a dans le projet de loi des articles qui nous préoccupent, comme ce qu'on pourrait considérer comme une pilule empoisonnée au sujet du conseiller sénatorial en éthique. Nous savons que les sénateurs vont regimber. Ils n'accepteront pas cela facilement. Pourquoi le gouvernement veut-il poser un obstacle aussi évident en travers de la route?
Il y a deux raisons possibles à cela. La première, c'est que le projet de loi sera paralysé au Sénat et nous sera renvoyé pour un report de six mois, que le Sénat peut accepter et qui coïnciderait parfaitement avec le déclenchement d'élections au printemps de 2007. Nous partirions alors en campagne sans que le nouveau projet de loi et les nouvelles mesures de responsabilisation aient été adoptés, mais le gouvernement conservateur dirait qu'il a déployé des efforts sincères et que l'opposition l'a empêché d'atteindre son objectif. C'est une possibilité.
L'autre possibilité, c'est que, si le gouvernement peut causer suffisamment d'agitation et de turbulence au Sénat, il s'ensuivra alors naturellement que les conservateurs blâmeront le Sénat non élu, le critiqueront pour être ce qu'il est, puis se prononceront en faveur d'une réforme du Sénat, ce sur quoi nous ne sommes pas nécessairement en désaccord.
Les libéraux se trouvent dans une situation intenable. Ils sont vraiment coincés au moment où nous engageons un débat sur le projet de loi C-2, car, lorsqu'ils interviennent, leur meilleur argument consiste à dire que les ministériels sont tout aussi mauvais qu'eux, tout aussi corrompus qu'ils l'ont été pendant 13 ans. Il semble que ce soit la seule accusation qu'ils puissent porter. Ce serait drôle si ce n'était pas si triste. Les seules vraies critiques importantes qu'ils font, c'est de trouver un incident isolé et de tenter de faire une comparaison en disant que le gouvernement est aussi mauvais qu'ils le sont.
Une voix: Maudits soient ces deux partis.
M. Pat Martin: Comme mon collègue de Skeena—Bulkley Valley le dit, maudits soient ces deux partis.
Si c'est vrai, nous devrions critiquer les deux partis. Ce n'est pas un argument. L'argument des libéraux n'en est pas un. Les libéraux pensent que nous devrions en rester au statu quo puisque les conservateurs sont corrompus autant qu'eux l'étaient, et que nous ne devrions donc pas changer les règles. La population réclame mieux que cela. Ce ne serait pas une consolation.
Nous allons soulever plusieurs points pendant l'étude de ce projet de loi. Nous accueillons avec bonheur la réforme de la Loi électorale. Par contre, comme je l'ai dit en commençant mon intervention par un salut à l'honorable Ed Broadbent, les modifications envisagées par le gouvernement conservateur sont encore loin de ce que nous réclamions au cours des dernières années.
Tout d'abord, pour ce qui est de la baisse du plafond des contributions à 1 000 $, je ne peux m'y opposer. C'est comme si l'on m'accordait une augmentation de salaire, puisque la plupart d'entre nous, en tant que députés, versons annuellement une somme considérablement plus élevée à notre parti. Je ne me plaindrai pas de cette limite de 1 000 $. C'est comme une réduction d'impôt pour moi.
Je déplore cependant que le gouvernement n'ait pas donné suite aux demandes légitimes de M. Broadbent, par exemple la tenue d'élections à date fixe et la réforme électorale, avec examen de la représentation proportionnelle.
Le projet de loi ne prévoit rien, par exemple, pour ce qui est du plafond des dépenses reliées aux congrès à la direction.
Il ne prévoit rien non plus pour interdire que les députés changent de parti. Nous sommes convaincus que la question des transfuges doit être étudiée au cours de la 39e législature.
Sur la question des lobbyistes, je pense que la plupart d'entre nous sont maintenant prêts à accepter l'idée que les lobbyistes contribuent à abâtardir la démocratie. Nous voyons ce qui se produit aux États-Unis. Les lobbyistes dirigent le Capitole.
Les Canadiens réclament un réforme majeure des règles régissant le lobbyisme. Ce projet de loi particulier, même s'il aborde la question du va-et-vient incessant des lobbyistes et fixe des lignes directrices plus strictes, ne fera rien pour mettre un terme à la pratique d'accorder des marchés gouvernementaux aux entreprises qui font du lobbying auprès du gouvernement.
Les entreprises de lobbyisme profitent d'une relation avec le gouvernement qui n'est pas normale. D'une part elles sont payées pour approcher des responsables gouvernementaux et les influencer au sujet de divers dossiers, un peu comme on loue des mercenaires, mais en même temps elles profitent des marchés que le gouvernement leur attribue, à elles et non à leurs clients. Cette pratique n'est pas normale et elle peut donner lieu à de multiples conflits et difficultés.
Notre expérience nous pousse à réclamer une réforme dans ce domaine. J'avise le président du Conseil du Trésor qu'il peut s'attendre à ce que des amendements soient présentés par le NPD sur la question du lobbyisme.
Pour ce qui est de rendre le processus de nomination plus transparent, le gouvernement a échoué à son premier examen en nommant un militant conservateur bien connu à la présidence de la nouvelle commission chargée d'examiner les nominations. Il faut tout de même admettre que c'est beaucoup mieux que le statu quo, lorsqu'on sait que, sous les libéraux, année après année, le cabinet du premier ministre procédait à des nominations arbitraires pour lesquelles le seul critère était de détenir une carte en règle du Parti libéral.
Nous souhaitons tous une réforme des pratiques actuelles, mais sommes déçus de constater que nous sommes partis du mauvais pied. Il se peut que le gouvernement ait commis une erreur, mais ce faisant, il est parvenu à semer le doute quant à sa sincérité lorsqu'il affirme vouloir rendre le processus de nomination plus transparent. Cela ne rend service à personne. S'il ne s'agissait que d'une maladresse, cela irait encore, mais il s'agit d'un présage plus sinistre, d'une indication que le gouvernement n'a pas sincèrement l'intention de réformer le processus de nomination, et c'est cela qui pose un sérieux problème.
Nous sommes enthousiasmés par les possibilités qu'offre le projet de loi C-2, mais notre bonne volonté s'arrête là. Nous serons les premiers à en faire ressortir les lacunes lors de l'étude article par article.
Par ailleurs, j'aimerais signaler que, malgré la création d'une commission chargée d'examiner les nominations selon le modèle recommandé par Ed Broadbent, la totalité du processus relève toujours du cabinet du premier ministre. Le modèle en question prévoit l'établissement d'un ensemble de critères fondés sur le mérite, à partir desquels les nominations devront être effectuées. Il reste toutefois que la totalité du processus relève toujours du cabinet du premier ministre. Le processus ne sera pas réellement indépendant, bien qu'il sera assujetti à un droit de veto ou à un examen.
Le cabinet du premier ministre continuera de diriger le processus de nomination et nous savons tous que le favoritisme débridé évoque chez les gens le souvenir de la corruption. Cela évoque le souvenir des 13 années durant lesquelles le gouvernement libéral nous a enseigné ce qu'il ne fallait pas faire, et c'est d'ailleurs ce qui lui a coûté la confiance des Canadiens.
Permettez-moi de parler brièvement des changements qui touchent le vérificateur général. Le projet de loi intensifie les pouvoirs du vérificateur général. Le président du Conseil du Trésor avait raison de souligner la confiance et l'admiration que nous éprouvons envers le Bureau du vérificateur général. J'ai parfois l'impression que le vérificateur général est le seul ami sur lequel les Canadiens peuvent compter pour assurer leur bien-être.
J'ai toutefois de sérieuses réserves à propos d'une chose. Je me ferai l'écho de mon collègue libéral qui s'est montré critique à cet égard. Je crois que le Bloc s'est aussi élevé contre cela. Les Premières nations jouissent d'un statut particulier. Le lien entre les Premières nations et le gouvernement fédéral diffère du lien entre ce dernier et d'autres organismes. L'argent transféré aux Premières nations pour leur propre usage n'est pas comme l'argent fédéral dépensé par d'autres. C'est différent. Il ne faudrait pas considérer les Premières nations comme n'importe quel autre organisme qui dépense des fonds publics. Par conséquent, on ne devrait pas conférer au vérificateur général le pouvoir d'examiner les activités des Premières nations. J'en parlerai plus en détail lorsque le comité siégera. Le NPD s'oppose avec véhémence à cette idée.
J'aimerais maintenant parler non pas de ce que le projet de loi prévoit, mais de ce qu'il omet. Je le répète: nous pouvons appuyer bon nombre des points du projet de loi. Nous donnerons notre appui pour que le projet de loi soit renvoyé au comité.
On ne saurait trop insister sur l'importance cruciale des dispositions relatives à l'accès à l'information pour assurer la responsabilité et la transparence. La Cour suprême du Canada a qualifié de « quasi constitutionnelles » les lois canadiennes sur l'accès à l'information. Cela montre à quel point le droit à l'information est essentiel au pays.
Les dispositions relatives à l'accès à l'information permettent de mettre au jour les dessous de la politique canadienne. Toutes ces années, sous les libéraux, c'est la culture du secret qui a donné lieu à la corruption. Seules les lois d'accès à l'information permettent de faire la lumière sur les activités du gouvernement. Je ne saurais trop souligner à quel point je suis déçu que le projet de loi C-2 ne mentionne nullement ces dispositions.
En fait, je crois que le projet de loi C-2 renfermait initialement des dispositions contraignantes en matière d'accès à l'information, mais qu'elles ont été supprimées. Je pense que les conservateurs ont eu peur et qu'ils ont fait marche arrière. Nous savons ce qui doit être fait. Il y a des députés conservateurs avec lesquels j'ai travaillé pendant cinq, six ou sept ans à déterminer ce qu'il faut faire en matière d'accès à l'information. Nous avons eu leur appui entier et enthousiaste tout au long du processus, sauf au moment de la mise en oeuvre de ces changements qu'ils sont maintenant en position d'apporter.
C'est pourquoi je déplore vivement qu'une réforme globale de l'accès à l'information ne soit pas intégrée au projet de loi C-2, même si je dois reconnaître que davantage de sociétés d'État seront en fait assujetties à la Loi sur l'accès à l'information en vertu de ce projet de loi. Certaines fondations, mais pas toutes, seront assujetties à la loi, et nous savons tous que les libéraux ont, pendant des années, canalisé des milliards et des milliards de dollars dans ces fondations, les soustrayant du même coup à tout examen public. Au moins, ces fondations seront maintenant assujetties à la Loi sur l'accès à l'information.
Il y a toujours cette bizarre anomalie: sur les 246 sociétés et institutions d'État, seules une cinquantaine, avec l'ajout des sept désignées par le président du Conseil du Trésor, seront assujetties à la Loi sur l'accès à l'information. Je peux accéder à l'information concernant l'Administration de pilotage de l'Atlantique, mais non à celle ayant trait à certaines de ces grandes sociétés d'État qui disposent de budgets de milliards de dollars de fonds publics.
Nous voulons consacrer beaucoup de temps à cela. Je sais que le projet de loi sera renvoyé à un comité. Parfois, cela ne sert à rien. Comme je commence à manquer de temps, je n'en dirai pas plus là-dessus.
Je résumerai en disant que le NPD tient beaucoup au principe d'un gouvernement transparent. Nous nous réjouissons d'avoir l'occasion d'apporter des changements notables au fonctionnement du gouvernement.
Nous devons regagner la confiance des Canadiens. Je partage le point de vue du président du Conseil du Trésor. À notre avis, seuls des changements majeurs au fonctionnement du gouvernement nous permettront de regagner la confiance des Canadiens. Même si ce devait être la seule réalisation de la 39e législature, j'invite tous les députés à s'assurer d'adopter une véritable réforme en cette matière.
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Monsieur le Président, la Loi fédérale sur l'imputabilité, si elle est adoptée, sera la loi anticorruption la plus sévère de l'histoire du Canada. Elle mettra fin à la pratique des portes tournantes permettant aux gens d'aller et de venir comme ils veulent entre les cabinets des ministres et les entreprises payées pour influencer les décideurs. La loi donnera à la vérificatrice générale le pouvoir de faire la lumière dans tous les recoins pour mettre fin au gaspillage, au vol et à la corruption. Les gros donateurs et l'argent des entreprises n'auront plus leur place dans les campagnes électorales, ce qui empêchera les puissants groupes de pression d'en profiter pour acheter des faveurs. Les fonctionnaires divulgateurs honnêtes seront protégés contre l'intimidation.
Ce dernier point me passionne particulièrement parce que je représente une circonscription de la région d'Ottawa peuplée d'un grand nombre d'honnêtes fonctionnaires qui auront besoin d'être protégés si jamais ils ont à dénoncer des actes de corruption ou d'autres méfaits. Ils doivent avoir l'assurance qu'ils ne risquent pas de perdre leur gagne-pain.
La protection que nous prévoyons pour les fonctionnaires divulgateurs dans la Loi fédérale sur l'imputabilité est constituée d'un certain nombre de mesures que n'avait pas incluses le gouvernement libéral précédent dans le projet de loi C-11. Ainsi, nous avons l'intention de doter le commissariat à l'intégrité de tous les pouvoirs nécessaires d'application de la loi. Le commissaire à l'intégrité serait chargé de protéger les fonctionnaires contre l'intimidation et les représailles. Le projet de loi C-2 vise à donner au commissariat à l'intégrité le pouvoir de mettre en oeuvre des mesures de protection, plutôt que le simple droit de formuler des recommandations.
Par exemple, aux termes du projet de loi précédent présenté par les libéraux, un dénonciateur faisant l'objet d'intimidation aurait dû communiquer d'abord avec son employeur pour demander réparation, ou encore à la Commission des relations de travail, qui est un organisme que la plupart des fonctionnaires avec lesquels je me suis entretenu ne jugent pas vraiment indépendant.
Est-il réaliste de croire qu'un fonctionnaire osera prendre un tel risque dans ces circonstances? Sans pouvoir de contrainte, le commissaire à l'intégrité ne pourrait pas imposer de sanction à ceux qui se livrent à de l'intimidation auprès des dénonciateurs. Ce serait plutôt l'intimidateur, qui est souvent l'employeur lui-même, qui pourrait être chargé de se réprimander lui-même. Cela ne nous semble vraiment pas réaliste. Nous ne croyons pas qu'un ministère, un sous-chef ou un employeur qui se serait rendu coupable d'intimidation auprès d'un dénonciateur se réprimanderait lui-même pour s'être rendu coupable d'une telle infraction. Nous ne pouvons donc pas croire à l'intégrité d'un tel processus, à moins qu'il ne soit rendu indépendant en donnant les pouvoirs de contrainte au bureau du commissaire à l'intégrité. Autrement dit, la seule façon de réellement protéger le dénonciateur est de prévoir une protection juridique indépendante offerte par une personne relevant du Parlement et non de l'organe exécutif du gouvernement.
L'histoire a prouvé que l'existence de ces protections indépendantes est essentielle. Prenons par exemple le cas d'Allan Cutler, un important dénonciateur qui a mis au jour les délits de vol et de corruption du scandale des commandites. M. Cutler a été déclaré excédentaire et il a perdu son emploi. Il n'a toujours pas réintégré son emploi. Pourquoi? Parce qu'il devrait retourner travailler pour le même employeur, celui-là même qui l'a congédié ou qui l'a déclaré excédentaire. Le processus est beaucoup trop politique et d'ici à ce qu'il soit divisé et rendu complètement indépendant, des gens comme Allan Cutler n'obtiendront jamais entièrement réparation.
Les règles portant sur les dénonciateurs contenues dans la Loi sur l'imputabilité feraient disparaître l'ingérence politique et donneraient des pouvoirs à un tribunal indépendant, constitué seulement en cas de besoin, afin qu'il puisse réintégrer tous les Allan Cutlers de ce monde. Toute personne qui croit à l'indépendance du système judiciaire doit également croire à l'indépendance de ce processus dirigé par un mandataire du Parlement et composé d'un groupe de juges de la Cour fédérale en poste intervenant tout au cours du processus.
La loi sur la responsabilité accordera cette protection non seulement aux fonctionnaires, mais à tous les Canadiens. Tous les employés des sociétés d’État et tous les entrepreneurs seront protégés. Chaque citoyen qui fera une dénonciation sera protégé contre les représailles par une loi fédérale.
Il y a peu de pays où la protection va aussi loin, mais nous avons voulu l’inclure dans la loi sur la responsabilité parce que c’est la bonne chose à faire. Les milliers de fonctionnaires qui vivent et travaillent dans ma circonscription me répètent constamment que s’ils se trouvaient dans la regrettable situation d’Allan Cutler, ils voudraient absolument bénéficier de ce genre de protection parce que c’est leur gagne-pain qui serait en jeu.
Il est arrivé trop souvent que ces courageux dénonciateurs voient leur vie et leur réputation détruites, de même que leur sécurité financière. Ils n’ont pas les moyens d’engager une armée d’avocats pour les défendre devant les tribunaux et c’est pourquoi nous leur donnons la possibilité d’aller devant un tribunal indépendant sous les auspices d’un mandataire du Parlement. Tout au long de ce processus, les dénonciateurs bénéficieront d’avis juridiques et pourront agir dans un contexte ouvert et transparent.
Nous supprimons les clauses de dissimulation que les libéraux avaient insérées dans la loi précédente sur la protection des dénonciateurs. Ces dispositions permettaient au Cabinet de soustraire les employés de sociétés d’État à la protection accordée aux dénonciateurs, de dissimuler pendant cinq ans des renseignements liés à un scandale et de bloquer des demandes d’accès à l’information. Nous supprimons ce genre de disposition, car nous croyons que la protection des dénonciateurs vise à dénoncer la corruption et à rétablir la responsabilisation et non pas l’inverse.
La protection des dénonciateurs s’est fait trop longtemps attendre. Le Comité des opérations gouvernementales a discuté de cette protection pendant deux ans. Le gouvernement libéral a entamé les discussions sur le projet de loi C-11 il y a près de deux ans, mais le jour des élections, le projet de loi n’avait toujours pas fait l’objet d’une proclamation royale. Autrement dit, le Canada n’a toujours pas de protection pour les dénonciateurs.
J’estime que les dénonciateurs ont attendu suffisamment longtemps. Le temps est venu d’agir. Il n’est pas nécessaire de poursuivre les mêmes discussions que celles que nous avons eues pendant des années. Le temps est venu de prendre ces mesures, en fait toutes les mesures contenues dans la loi sur la responsabilité, de les examiner rapidement en comité, de les adopter à la Chambre et de les envoyer au Sénat pour qu’il les ratifie dans de brefs délais.
À mon avis, toute tentative visant à empêcher l’adoption de la loi sur la responsabilité suscitera l’opposition énergique de tous les électeurs canadiens qui ont réclamé ces changements. Je peux assurer à mes collègues qu’en tant que député je surveillerai avec honnêteté et vigilance toute manoeuvre procédurière que les sénateurs libéraux, ou d’autres libéraux, pourraient tenter pour empêcher l’adoption de cette importance mesure anti-corruption.
De façon plus générale, il est question ici du pays que nous voulons créer. Nous voulons créer un pays qui récompense ceux qui travaillent fort, paient leurs impôts et respectent les règles et qui punit ceux qui trichent, volent et enfreignent la loi. C’est la définition même de la responsabilité: il faut récompenser le bien et punir le mal. C’est ce que nous croyons, nous les conservateurs; c’est le but de notre programme.
Cela dépasse le cadre d’une simple loi. Prenez l’obsession des conservateurs à l’égard des baisses d’impôts et c’est une obsession dont je suis fier. Les impôts pénalisent le succès. Les conservateurs réduiront les impôts pour récompenser le succès en permettant aux gens de garder une part plus grande des gains pour lesquels ils ont travaillé si fort. Nous allons offrir des crédits d’impôts couvrant le coût des livres scolaires afin de récompenser l’apprentissage, des crédits d’impôts pour les sports que pratiquent les enfants afin de récompenser l’exercice et une vie saine, des crédits d’impôts pour les transports en commun afin de récompenser les moyens de transport propres, et ainsi de suite.
Inversement, le gouvernement mettra en place des pénalités sévères applicables aux délits criminels. Des peines minimales obligatoires d'emprisonnement et la fin de l'assignation à résidence représentent, pour les contrevenants, de nouvelles façons de payer pour leurs actes.
Prenons le cas de la politique étrangère du Canada. Un pays ayant à coeur les principes de la responsabilité doit récompenser les grandes avancées vers la démocratie en affectant de l'aide et des troupes à des endroits comme l'Afghanistan, mais il doit aussi châtier les tyrans et les terroristes comme le Hamas en les dénonçant sur la scène internationale et en réduisant l'aide étrangère qui leur est versée. Voilà la portée du concept de responsabilité au-delà du présent projet de loi.
En soi, le projet de loi sur la responsabilité est le texte anti-corruption le plus sévère dans l'histoire du Canada, mais il constitue également un repère au regard duquel le gouvernement, sous la direction du premier ministre et dans l'optique de sa philosophie conservatrice, jugera l'action menée à propos de questions stratégiques allant de la lutte contre la criminalité aux affaires étrangères, et de la politique financière à l'éthique.
Je vais maintenant parler de façon plus générale du projet de loi sur la responsabilité. Il va mettre au jour les dessous de la politique canadienne, comme l'a expliqué le député néo-démocrate. Celui-ci a dit que c'était la meilleure solution pour éliminer la corruption, pour obliger l'auteur d'actes répréhensibles à rendre des comptes, pour mettre au jour le gaspillage et pour empêcher la répétition des actes répréhensibles commis par le gouvernement précédent. C'est exactement ce que nous avons fait.
Nous étendons l'accès à l'information à toute une gamme d'organismes publics qui en étaient antérieurement exemptés. Les sociétés d'État, par exemple, seront assujetties à de nouvelles exigences d'ouverture aux contribuables de notre pays. La vérificatrice générale aura la possibilité de suivre la trace de l'argent, de faire enquête sur des organisations qui reçoivent des fonds publics importants et de faire la lumière sur l'utilisation de ces crédits.
Imaginez ce qui se serait passé si la vérificatrice générale avait pu suivre la trace de l'argent versé aux maisons de publicité et même au Parti libéral pendant le récent scandale des commandites. Imaginez ce qui se passerait si nous avions un meilleur accès aux comptes des grandes fondations où les libéraux ont entassé des milliards de dollars pendant tant d'années. Pensez à tous les entrepreneurs qui ont bénéficié du registre libéral des armes à feu, dont les dépenses dépassent maintenant de plus d'un milliard de dollars le montant prévu. Les dépenses publiques de cette nature doivent être assujetties à l'examen public le plus rigoureux, et c'est exactement ce que cherche à faire le projet de loi sur la responsabilité.
Je profite de l'occasion pour remercier ceux qui ont travaillé si fort pour produire le projet de loi. Je tiens tout particulièrement à remercier les fonctionnaires du ministère de la Justice et du Conseil du Trésor qui ont travaillé d'arrache-pied pour produire ce projet de loi de grande portée en si peu de temps. Leurs efforts ont été reconnus par le président du Conseil du Trésor et par moi, bien sûr, mais aussi par le premier ministre, qui sait tout le travail qu'ils ont abattu pour faire de leur pays un endroit meilleur.
Je remercie le premier ministre de m'avoir donné une belle occasion et je félicite le président du Conseil du Trésor de s'être acquitté de ses devoirs avec énergie et intégrité.
Sur ce, je lance un défi à tous les députés. Le temps des discours est fini. Il est temps de passer à l'action. Nous devons mener le processus législatif rondement afin d'assurer l'adoption du projet de loi à la Chambre des communes et de le renvoyer au Sénat au début de juin afin que les sénateurs puissent l'adopter avant le début de juillet. La tâche est énorme.
Par exemple, le projet de loi sur la protection des dénonciateurs du gouvernement précédent a été à l'étude pendant deux ans et n'a jamais été promulgué. La protection des dénonciateurs est un des 13 éléments de la loi sur la responsabilité et nous nous attendons à ce que cette loi soit adoptée d'ici l'été, soit dans environ trois mois. Le délai est très serré. C'est pourquoi nous n'avons pas le temps de jouer de petits jeux. Nous n'avons pas le temps de céder à l'esprit de parti.
Les partis qui s'opposent par principe à toute forme de responsabilisation doivent prendre avis dès maintenant que nous leur ferons payer un prix élevé devant l'électorat s'ils essaient d'aller à l'encontre de la volonté de la population et de bloquer l'adoption de notre loi sur la responsabilité. Il faut agir ici et maintenant. On nous a confié une responsabilité et nous avons très peu de temps pour nous en acquitter. J'exhorte tous les députés à appuyer notre loi sur la responsabilité et à appuyer aussi une société plus responsable qui reposerait sur les principes déjà énoncés ici.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député de Davenport.
Je voudrais aussi en profiter pour vous féliciter pour votre nomination à ces hautes fonctions et la façon dont vous avez arbitré nos délibérations jusqu’ici.
J’aurais une chose à dire quant à la façon dont le secrétaire parlementaire a parlé des impôts. Il ne serait sans doute pas du tout d’accord avec Edmund Burke qui a dit que les impôts étaient le prix que nous payons pour accéder à un monde meilleur.
Le sujet qui nous intéresse est toutefois celui de l’obligation de rendre compte. J’ai remarqué que le secrétaire parlementaire n’a pas parlé du rôle que les députés pourraient jouer pour rehausser le niveau de responsabilisation et je vais essayer d’aborder ce sujet.
C’est avec plaisir que j'interviens aujourd’hui, en tant que porte-parole adjoint de la réforme démocratique, pour parler, au nom de tous les Canadiens, de la responsabilisation du gouvernement. Je déclare parler au nom de tous les Canadiens, car tous les députés, j’en suis sûr, quel que soit leur parti, qu’ils siègent du côté de l’opposition ou du parti ministériel, sont convaincus que nous partageons tous la responsabilité morale et éthique de dépenser l’argent des contribuables canadiens de façon à ce qu’ils en tirent le maximum. Cela va sans dire.
Mon collègue, le porte-parole de notre parti, a fort bien décrit les défis que les parlementaires ont à relever pour compléter le programme de responsabilisation amorcé par l’ancien gouvernement. Pour situer le contexte de notre propos et de celui de mes collègues, je crois utile de répéter ce qui a été fait à la suite de la liste sordide de transgressions commises aux niveaux professionnel et politique et ayant fait l’objet de l’enquête du juge Gomery.
Tout d’abord, comme mon collègue l’a mentionné, et à la suite des témoignages devant le Comité des comptes publics et le juge Gomery, qui ont mis en lumière les faiblesses des vérifications internes et externes depuis 1995, le gouvernement libéral a rétabli les fonctions de contrôleur général pour chaque ministère et mis en place des politiques de vérification interne. La fonction de contrôleur général avait été éliminée par un gouvernement libéral précédent. Les freins et contrepoids établis ne favorisaient pas un côté plutôt que l’autre. S’il y a eu des faiblesses et des erreurs, ces deux gouvernements s’en sont rendus coupables l’un comme l’autre.
Les choses ont changé lorsqu’on n’a pas donné suite aux vérifications internes et externes de 1995 et 1996. C’est important parce qu’il y a eu un effondrement systémique de la structure des freins et contrepoids. Cela a été suivi de l’exploitation politique du système de contrats et d’adjudication, comme le juge Gomery l’a bien démontré.
Autrement dit, ces actes ont été commis par un petit nombre de gens. Comme l’a déclaré le juge Gomery, et je le cite une nouvelle fois, comme l’a fait mon collègue:
Les Canadiens ne doivent pas oublier que la grande majorité de leurs fonctionnaires et de leurs élus font leur travail avec honnêteté, diligence et efficacité, et qu’ils ont été blanchis par l’enquête.
Le projet de loi sur la responsabilité du gouvernement aborde plusieurs autres domaines dans lesquels nous avons établi les bases d’une responsabilisation, par exemple en poursuivant la réforme du financement des partis politiques, en renforçant le rôle du commissaire à l’éthique, en établissant un processus de nomination et en assainissant les sondages et la publicité du gouvernement. Nous avions commencé tout cela et ces mesures méritent d’être appuyées.
D'autres parties du projet de loi ont une incidence qui justifie un examen plus approfondi et doivent être renvoyées au comité pour y être débattues plus à fond. Je songe à deux recommandations qui semblent indûment bureaucratiques. En fait, elles brouillent les traditions historiques et éprouvées de nos systèmes parlementaire et judiciaire de façon contraire aux objectifs du gouvernement.
Il s'agit d'une part de la recommandation du gouvernement de créer un poste de directeur des poursuites pénales. Les responsabilités inhérentes à ce poste entreraient inutilement et sérieusement en conflit avec celles du procureur général. De plus, par sa définition et par sa nature, ce poste compromet le principe de justice naturelle qui a fait ses preuves depuis longtemps. Les défenseurs des principes de justice naturelle, de l'égalité devant la loi et des droits de la personne ont tout lieu d'être préoccupés par la création d'un poste de directeur des poursuites pénales.
L'autre recommandation qui mérite une étude impartiale du comité est celle de l'établissement d'un poste de directeur parlementaire du budget. Les motifs invoqués sont louables et le projet de loi entend garantir la transparence de la budgétisation et fournir au Sénat et à la Chambre des communes des analyses objectives de la situation des finances du pays et des tendances de l’économie nationale et préciser le coût financier des mesures proposées dans les projets de loi déposés par les membres de l’une ou l’autre chambre, mais les avantages de créer encore un autre niveau de bureaucratie financière doivent être évalués en regardant si le pouvoir de surveillance des comités recommandé le juge Gomery et la vérificatrice générale est vraiment considérablement accru par la création de ce poste.
Je suis d'avis que les députés ne peuvent et ne doivent pas déléguer leurs responsabilités à un réseau de contrôle bureaucratique plus complexe et plus compliqué que jamais. Je crois que c'est Winston Churchill qui a dit « Des chiens de garde? Je veux bien, mais qui va les surveiller? »
Je conclus en rappelant en toute humilité au Parlement qu'une autre initiative avait été lancée pour contrer, dans une certaine mesure, les abus mis au jour par la vérificatrice générale et par le juge Gomery. Je parle du fait qu'on a relevé un déficit démocratique et qu'on a avancé que les parlementaires étaient délibérément bâillonnés ou restaient naïvement à l'écart du processus d'élaboration des politiques, d'évaluation et de reddition de comptes.
Je ne suis pas à la Chambre depuis longtemps, mais j'ai tout de même été témoin des efforts consentis par tous les partis pour reprendre les responsabilités qui avaient été déléguées aux mandarins non élus, aux lobbyistes et autres. La mise au point d'un processus d'approbation du budget dans le cadre de la structure des comités permanents n'est qu'un exemple de cette tendance. À titre de président du Comité permanent de l'environnement et du développement durable, je me suis également demandé, tout comme les membres de notre comité, si nous avions les outils d'enquête dont nous avions besoin pour mener ce travail à bien et pour y donner suite.
On a beaucoup fait sous la bannière de la responsabilité parlementaire et ce projet de loi permettra d'aller plus loin. Permettez-moi de faire une observation à l'intention de mes collègues. Dans nos efforts pour combattre cette aberration que sont la tromperie, la corruption et la mauvaise gestion, il ne faudrait pas en arriver à créer une culture dans laquelle nous en viendrions à oublier que notre système parlementaire est la base même sur laquelle le paysage politique, social et économique de notre pays s'est construit. Faisons tout ce que nous pouvons pour garantir aux Canadiens que nos institutions parlementaires et nos valeurs sont suffisamment dynamiques, démocratiques et flexibles pour tenir compte de la confiance du public et la protéger.
Si on examine à la fois les mécanismes et les solutions qu'elle propose, comme j'ai essayé de le faire valoir aujourd'hui, cette mesure législative constituera une autre étape dans la direction de la responsabilisation que les Canadiens réclament. Plus important encore, elle donnera à leurs représentants élus le pouvoir de donner suite à leurs attentes afin de protéger la confiance du public.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui à la Chambre concernant la loi sur la responsabilisation du gouvernement fédéral. D'entrée de jeu, je tiens à remercier une fois de plus les électeurs de ma circonscription, Davenport. C'est un grand honneur pour moi, en effet, de continuer à faire en sorte que la voix des gens de Davenport soit entendue à Ottawa.
Au cours de la campagne, les gens que j'ai rencontrés m'ont dit clairement que leur perspective du Canada n'en était pas une qui correspondait à celle du Parti conservateur. Ils voient un Canada compatissant et rassembleur qui accorde des chances égales à tous les Canadiens. Ils souhaitent pour les jeunes et les moins jeunes une vision qui suscite l'enthousiasme. Telle est la vision de mes électeurs. Je la partage et je suis fier de la faire valoir dans cette Chambre.
Le Canada est un grand pays dont l'histoire est riche. Nombreux ont été chez nous les visionnaires. Laurier, par exemple, à son époque, a favorisé la venue au Canada de millions de ressortissants de l'Europe du Sud et de l'Est. Ces gens ne parlaient pas notre langue et imaginaient mal l'étendue de notre géographie. Cependant, nous continuons aujourd'hui à bénéficier de ce qu'ils ont apporté à notre prospérité. Leurs descendants continuent d'être des chefs de file et des bâtisseurs dans ce grand pays. On pourra en dire autant un jour de ceux qui sont aujourd'hui de nouveaux arrivants au Canada.
Ceux qui font partie de nos Premières nations continuent également à alimenter le dynamisme de notre grand pays. Les Autochtones du Canada parlent plus de 50 langues distinctes, dont la plupart ne sont parlées qu'ici au Canada.
Il y a de cela quelques semaines seulement, le gouvernement présentait son discours du Trône. On peut difficilement dissocier le programme du gouvernement et ses nominations rocambolesques des derniers jours du projet de loi que nous étudions aujourd'hui.
La vision du pays qu'a le gouvernement n'est pas partagée par les habitants des grands centres urbains. Les électeurs des grandes villes ont choisi de ne pas élire de députés conservateurs. Il suffit de connaître le programme du gouvernement pour constater que sa vision d'avenir ne concorde pas avec les aspirations de la plupart des Canadiens.
Prenons le cas de la garde d'enfants, par exemple. Selon moi, la politique d'intérêt public doit soutenir ceux qui sont les plus nécessiteux. Or, il y a au Canada des familles qui sont en difficulté. Le gouvernement libéral précédent était en voie d'établir un programme national de garderies. Ce programme visait à venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin, pour qu'ils puissent avoir accès à des services de garderies abordables. La décision apparente du gouvernement conservateur de mettre un terme à cette initiative ne créera pas davantage de places dans les garderies aux endroits où elles sont nécessaires. Ainsi, le gouvernement conservateur ne répondra pas aux besoins de ceux qui sont le moins en mesure de payer des services de garde d'enfants.
Il est remarquable que le premier ministre et ses députés puissent se vanter de l'importance qu'ils attachent à la responsabilité et à l'éthique. En effet, leur bilan à cet égard est jusqu'à maintenant incompatible avec les gestes qu'ils ont posés depuis leur arrivée au pouvoir. C'est là une affirmation renversante, car ce gouvernement est encore tout nouveau.
Le premier ministre et ses collègues du caucus conservateur ont fait tout un plat des mesures législatives contenues dans la Loi fédérale sur l'imputabilité. En effet, le premier ministre, pendant qu'il était encore chef de l'opposition, avait déclaré en novembre dernier que le nettoyage du gouvernement devait commencer par le sommet. Il est pour le moins étonnant de constater comment les choses ont pu changer depuis cette déclaration.
Premièrement, qui n'a pas constaté l'absurdité incroyable de la décision du premier ministre de courtiser puis de nommer au Cabinet un député qui, quelques heures auparavant, venait d'être élu par les gens de sa circonscription pour siéger en tant que député du caucus libéral? La population de Vancouver Kingsway a exprimé sans ambigüité la vision du Canada qu'elle souhaitait voir représentée à la Chambre des communes. Les députés d'en face peuvent bien dire ce qu'ils veulent de la responsabilité, mais il reste que l'un des principes fondamentaux de notre démocratie parlementaire veut que les députés soient responsables envers ceux qui les ont choisis, les électeurs de leur circonscription. Dans ce cas précis, les électeurs ont pris une décision qui a été balayée de la main en moins de 14 jours. Peut-on alors parler de responsabilité?
Ensuite, sans même reprendre son souffle, le premier ministre a nommé au Sénat du Canada un partisan personnel de longue date, simplement pour qu'il puisse entrer au Cabinet comme ministre des Travaux publics, rien de moins. Ce geste a été posé par un premier ministre qui ne manque jamais une occasion de dénigrer le Sénat ou la procédure de nomination de ses membres.
Nous avons tous assisté, par la suite, à un véritable barrage de critiques à l'égard du commissaire à l'éthique lorsqu'il a seulement osé envisager la possibilité d'examiner la décision du premier ministre.
Et ça ne s'arrête pas là. Avant que nos distingués collègues d'en face commencent à s'acharner sur l'éthique du gouvernement précédent, je leur conseillerais de commencer par faire leur propre examen de conscience, ce qui serait plus approprié.
De plus, le premier ministre s'est toujours dit préoccupé par le rôle des lobbyistes dans le processus politique. Il l'a démontré en s'empressant de nommer au Cabinet un ministre de la Défense nationale qui, quelle que soit la définition qu'on donne de ce terme, est bel et bien un lobbyiste de l'industrie de la défense.
En matière de responsabilisation et d'éthique, nous avons peine à entendre ce que dit le gouvernement, parce que son comportement attire toute notre attention.
Nous devrions également nous inquiéter de ce qui manque dans ce projet de loi. Où sont les dispositions relatives à la publicité par des tiers? Manifestement, cette publicité, qui est pratiquement sans limite, est une question sérieuse qui mérite notre attention. Quel que soit le débat, la publicité par les tiers est susceptible de favoriser les uns au détriment des autres. En se défilant devant ce problème, le gouvernement manifeste un manque de jugement.
Et puisque nous parlons de ce qui manque dans ce projet de loi, nous devrions également nous demander où sont les dispositions relatives à l'accès à l'information. Nous travaillons pour la population. Les électeurs ont le droit de savoir ce qui se passe à Ottawa. Ils ne devraient pas être obligés d'accepter que l'État s'emmure dans le secret. Le projet de loi devrait contenir un mécanisme obligeant le gouvernement à rendre compte entièrement de ses activités. Au lieu de cela, nous sommes en présence d'un gouvernement qui fait de la microgestion de l'information et qui est peut-être l'un des plus enclins au secret de l'histoire du Canada.
En fait, la loi fédérale sur l'imputabilité est à l'image de ce que le gouvernement a entrepris jusqu'à maintenant. Elle correspond à une vision étroite, teintée d'une idéologie réductrice. À première vue, une telle mesure peut bien paraître, mais n'est rien d'autre qu'un miroir aux alouettes.
Le premier ministre a fait campagne principalement sur son engagement à l'égard de la transparence et de la responsabilisation au sein du gouvernement. Mais le projet de loi ne répond pas à toutes les attentes raisonnables des Canadiens. Il vise certaines préoccupations, mais il en ignore totalement d'autres.
Faut-il le répéter, le comportement du gouvernement à venir jusqu'à maintenant laisse beaucoup à désirer sur le plan de la responsabilisation. Nous pouvions déjà le constater alors que l'encre n'était même pas encore sèche sur le serment d'office à Rideau Hall.
Par ailleurs, puisque nous parlons de responsabilité, nous devrions nous demander ce qu'il en est des autres champs d'action relatifs aux politiques publiques, où le gouvernement a omis de rendre compte comme il le devrait à la population canadienne.
Récemment, j'ai été approché par de vaillantes familles de sans-papiers ayant travaillé dans notre pays. Ce sont des familles qui ont pris racine ici, qui paient leurs impôts, qui envoient leurs enfants à l'école et qui favorisent la prospérité de notre pays. Pourtant, elles sont menacées d'expulsion alors que des secteurs comme celui de la construction à Toronto ont désespérément besoin de main-d'oeuvre. Il nous faut un système d'immigration plus souple, plus empreint de compassion et plus à l'écoute des besoins de notre pays. Ce problème doit être résolu à très brève échéance.
Qu'en est-il des villes? Lors de la dernière législature, pour la première fois de l'histoire, un gouvernement fédéral a traité les villes avec dignité et respect. Le maire en poste de Toronto a souvent parlé de sa gratitude envers l'ancien premier ministre et son gouvernement pour avoir enfin invité les villes à la table. Qu'en est-il de la responsabilité de l'actuel gouvernement à cet égard?
Notre pays est jeune, mais il compte une population grandissante de personnes âgées. Qu'en est-il de l'engagement envers ces Canadiens qui ont défendu et bâti ce pays toutes leurs vies et qui transmettront leur vision aux générations à venir? Nous devons faire en sorte qu'on s'occupe d'eux et qu'on les traite avec respect et dignité. Je demande à mes collègues qui occupent actuellement les banquettes ministérielles ce qu'il en est de la responsabilité de l'actuel gouvernement à l'égard des aînés du Canada.
Les arts améliorent la vie des citoyens, génèrent beaucoup d'emplois au pays et attirent beaucoup d'attention sur le Canada d'une foule de façons. Le gouvernement parle de son engagement à l'égard des arts, mais il n'accorde pas l'argent pour joindre le geste à la parole. Le gouvernement a renoncé aux engagements financiers que l'ancien gouvernement libéral avait consentis aux arts.
Dans cette vénérable enceinte, nous faisons les lois du pays. J'invite tous les députés à se rappeler la citation suivante de Cicéron: « Le salut du peuple est la loi suprême. » Le Canada a une riche histoire et un magnifique environnement naturel qui comprend des forêts boréales, lesquelles sont un trésor national. Nous sommes réellement choyés et nous devons être reconnaissants tous les jours pour ce merveilleux pays.
Le gouvernement parle de responsabilité, mais il est clair qu'il y a tout un écart entre la façon dont il conçoit la responsabilité et ses actions. C'est pour cela que le gouvernement doit être tenu responsable.
:
Monsieur le Président, c'est la première fois que je m’entretiens à la Chambre avec mon collègue de Regina—Qu'Appelle dans ses nouvelles fonctions de président suppléant. Je tiens, en mon nom personnel mais certainement aussi au nom de tous nos collègues, à vous féliciter pour votre très honorable nomination. Elle est parfaitement méritée. Jusqu'ici, vous avez fait un excellent travail et je ne doute pas que vous continuerez de servir la Chambre aussi bien que par le passé.
Je commencerai mon intervention en disant à quel point j'ai été déçu par le discours que le député de Davenport a prononcé juste avant de quitter la Chambre. Je suis un inconditionnel de mon collègue de Thunder Bay qui vient juste de prendre parole et j'apprécie ses réflexions sur la publicité faites par des tiers et sur la question de savoir s'il y a lieu d’en traiter dans le projet de loi. Voilà le genre de contribution constructive que nous recherchons.
C'est vrai que j'ai été très déçu par le discours de mon collègue de Davenport que je considère comme un ami et qui, par le passé, a pourtant fait des interventions très valables à la Chambre. Il ne nous a pas du tout parlé de la loi. Il s'est attaqué à l'intégrité du ministre de la Défense. Il n'a formulé aucune critique constructive et n’a proposé aucune idée quant à la façon d'aborder la question de la responsabilité à la Chambre si ce n’est, sans aucune preuve à l'appui, en s'attaquant à l'intégrité du ministre de la Défense qui a pourtant consacré une partie de sa vie à notre pays, qui a servi le Canada dans les forces armées pendant de nombreuses années, jusqu'au grade de brigadier-général, et qui assume maintenant la fonction de ministre de la Défense. Très honnêtement, j'étais loin de m’attendre à ce que mon collègue de Davenport se lève ici, à la Chambre, pour contester l'intégrité du ministre en ne s'appuyant sur aucune preuve.
Une voix: Oh, oh!
M. James Moore: Je vais revenir sur le projet de loi C-2. J'ai hâte d'entendre ce que la députée de York va nous en dire. Si elle veut parler d'intégrité, je serai à son entière disposition.
[Français]
Je prends la parole en cette Chambre pour aborder la question du projet de loi C-2, qui porte sur la loi fédérale sur l'imputabilité.
Je suis ravi de m'exprimer en faveur de cette loi en partie parce qu'il s'agit du premier projet de loi présenté par un gouvernement conservateur depuis 13 ans et aussi parce que ce projet de loi apportera de profonds changements quant à la façon dont le gouvernement exerce ses activités.
[Traduction]
La responsabilité est le principe fondamental de notre système de gouvernement démocratique, mais celui-ci a fait cruellement défaut ces derniers temps. Comme nous l'avons entendu aujourd'hui, le projet de loi C-2 devrait permettre de retirer tous les obstacles à l'exercice d'un gouvernement transparent et responsable à l'échelon fédéral. Je suis fier et doublement heureux d'appuyer le projet de loi C-2 qui montre bien à quel point ce gouvernement a l'intention de ne pas perdre de temps pour mettre en oeuvre les engagements mentionnés dans le discours du Trône.
Comme pour toutes nos communications aux Canadiens, le discours du Trône a été à la fois clair et direct. Il a confirmé les priorités que le premier ministre a fixées avant et après la campagne électorale, notamment notre engagement de faire le nettoyage à Ottawa. La Loi fédérale sur l'imputabilité se veut la pierre angulaire sur laquelle nous allons appuyer une nouvelle culture gouvernementale, une culture faite de respect pour le contribuable, pour les mandataires indépendants du Parlement et pour les institutions gouvernementales.
[Français]
Je veux féliciter le président du Conseil du Trésor d'avoir réalisé la vision du premier ministre en déposant un projet de loi qui comprend au moins 13 réformes importantes et plus de 60 initiatives distinctes.
[Traduction]
Au nombre de ces initiatives, on compte des mesures visant à modifier la façon dont les partis et les candidats politiques sont financés et par qui.
Le projet de loi C-2 resserre les contrôles relatifs au lobbying et fait du commissaire au lobbying un employé indépendant du Parlement disposant d'un mandat plus large et de plus de ressources pour faire son travail.
Il donnerait aux députés un droit de regard sur la nomination des mandataires du Parlement et veillerait à ce que les nominations à venir aux conseils, commissions et organismes gouvernementaux soient fondées sur le mérite, et ne se fassent pas en fonction de l'affiliation politique des intéressés ni de leurs relations.
Tout fonctionnaire ou membre du public qui divulguerait des actes répréhensibles jouirait d'une protection juridique, ayant accès aux tribunaux et à un avocat. L'information divulguée par les dénonciateurs serait rendue publique, sauf dans les cas où sont touchées la sécurité personnelle et la sécurité nationale.
[Français]
Grâce au projet de loi, les députés de cette Chambre auront leur mot à dire sur la nomination des hauts fonctionnaires du Parlement et pourront s'assurer que les personnes qui seront nommées au sein des conseils, des commissions et des organismes du gouvernement le seront en fonction de leurs mérites, sans égard à leurs idéologies politiques ni aux relations qu'elles entretiennent.
[Traduction]
Les pouvoirs du vérificateur général et du commissaire à l'éthique seraient renforcés par la nouvelle loi, tout comme le serait la fonction de vérification et de responsabilisation au sein des ministères.
Je pourrais parler en détail de chacun de ces domaines, mais, compte tenu du temps qui m'est accordé aujourd'hui, j'ai bien peur de ne pouvoir qu'en faire mention. Plutôt que tenter de parler en détail de tous les aspects du projet de loi C-2, étant secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics et des services gouvernementaux, je centrerai mes observations directement sur le mandat de ce ministère.
Comme les députés le savent, Travaux publics et Services gouvernementaux Canada est un grand ministère jouant une foule de rôles. L'un de ses plus importants rôles consiste à faire office de principal agent des marchés publics du gouvernement du Canada. Travaux publics et Services gouvernementaux gère plus de 10 milliards de dollars de marchés publics chaque année, marchés qui, selon le gouvernement, doivent être gérés au moyen de processus justes, ouverts et transparents. À cette fin, la Loi fédérale sur l'imputabilité ferait en sorte que ces principes soient inscrits de façon permanente dans les pratiques d'approvisionnement. Ce n'est qu'une étape du grand ménage dans les affaires gouvernementales.
Je souhaite relever également, dans une démarche de bonne foi et, disons-le, de bipartisanisme, le fait que lorsque le Programme de commandites a éclaté, le ministère des Travaux Publics a été ébranlé dans ses fondements mêmes. Tous les députés à la Chambre ont été scandalisés, révoltés, exaspérés; ils ont manifesté ici la colère qu'ils ont ressentie et qu'ont éprouvée leurs électeurs. Ce serait une erreur de ma part de ne pas respecter le travail acharné du député de Kings—Hants, le bon travail qu'il a fait comme ministre des Travaux publics. Ancien député à la Chambre, Walt Lastewka, a également fait du bon travail à titre de secrétaire parlementaire du ministre des Travaux publics. Il a fait un travail incroyable au nom du gouvernement libéral de l'époque et pour le bien de tous les Canadiens en présentant un ensemble complet d'idées en vue de la réforme de nos processus d'approvisionnement.
Comme le savent tous les députés qui sont au siégé au Comité des opérations gouvernementales ou qui ont eu à traiter avec le ministère des Travaux Publics, il y a déjà bien longtemps que l'on conteste et que l'on critique les processus d'approvisionnement du gouvernement. Je ne crois pas que cette réalité changera, car il y a toujours des gens qui se plaignent de la façon dont le gouvernement mène ses opérations. En fait, cette question est à l'étude depuis longtemps. Le député de King—Hants a fait du bon travail sur ce plan, tout comme l'a fait Walt Lastewka, lorsqu'il était député à la Chambre. Nous souhaitons vivement que, dans le cadre des travaux du comité, les députés libéraux collaborent de bonne foi avec nous pour assainir le processus d'approvisionnement, de sorte que nous ne connaîtrons plus les scandales du passé.
Le projet de loi C-2 prévoit aussi la création du bureau du vérificateur de l'approvisionnement qui serait chargé d'examiner de façon continue les pratiques de passation de marchés des ministères pour en évaluer l’équité, l’ouverture et la transparence. Si ces pratiques suscitaient des préoccupations ou des problèmes, le cas échéant, le vérificateur de l'approvisionnement présenterait au ministre en cause des recommandations pour les améliorer. Par ailleurs, le bureau du vérificateur de l'approvisionnement offrirait un nouveau mécanisme d'examen des plaintes des fournisseurs. Le bureau examinerait les plaintes des fournisseurs après l'adjudication de contrats d'achat de biens et de services qui sont visés par l'Accord sur le commerce intérieur, mais dont la valeur est inférieure aux seuils qui y sont prévus, soit 25 000 $ pour les biens et 100 000 $ pour les services. Le vérificateur de l'approvisionnement examinerait aussi les plaintes relatives à l'administration des marchés.
Enfin, le bureau créerait et gérerait un programme substitutif de règlement des différends relatifs aux marchés.
Je tiens à assurer à tous les députés que le mandat du bureau du vérificateur de l'approvisionnement ne ferait pas double emploi avec le mandat du Tribunal canadien du commerce extérieur, du Bureau du vérificateur général ou du contrôleur général, pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, de manière à assurer l'indépendance de la fonction de vérificateur de l'approvisionnement, celui-ci ne relèverait pas du sous-ministre, mais il relèverait directement du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. D'ailleurs, il présenterait un rapport annuel qui serait déposé au Parlement.
Un autre aspect important de la Loi fédérale sur l'imputabilité en matière d'approvisionnement est l'établissement d'un code de conduite énonçant clairement la conduite que les fonctionnaires et les fournisseurs concernés par la passation de marchés avec le gouvernement du Canada doivent adopter. Ce code de conduite regroupera les politiques existantes et deviendra le recueil des exigences qui contribueront à raffermir l’équité, l’ouverture et la transparence du processus d’adjudication de contrats. Nous commencerons sous peu à mener des consultations auprès des intervenants concernés. Nous espérons que le code de conduite pourra être mis en vigueur l'automne prochain.
Le code stipulera clairement les obligations des entrepreneurs qui passent des marchés avec le gouvernement du Canada. Par exemple, il renforcera les dispositions actuelles interdisant de verser, d'offrir ou d'accepter des pots-de-vin et obligera les entrepreneurs à déclarer toutes les commissions et dépenses assorties aux marchés. Les demandes de soumission comporteront des dispositions relatives à l’intégrité, de manière à ce que les entrepreneurs sachent sans équivoque quelles sont leurs obligations.
[Français]
L'accroissement du rayonnement du Bureau des petites et moyennes entreprises est aussi prévu dans la Loi fédérale sur l'imputabilité. Comme le ministre l'a récemment annoncé, six nouveaux bureaux satellites pour les petites et moyennes entreprises seront établis aux quatre coins du Canada, de sorte que les entreprises de toutes les régions puissent obtenir du soutien.
Le personnel de ces nouveaux bureaux veillera à ce que les petites et moyennes entreprises aient accès aux marchés publics, à mesure que des changements seront apportés aux pratiques d'approvisionnement du gouvernement fédéral.
[Traduction]
L'engagement qu'a pris le gouvernement de réformer le processus d'approvisionnement touche tous les genres d'achats y compris les marchés de publicité et de sondage de l'opinion publique. Par conséquent, la politique fédérale relative aux communications sera modifiée pour veiller à ce que les principes de l'ouverture, de l'équité et de la transparence soient appliqués à toutes les passations de marchés fédéraux de publicité et de sondage de l'opinion publique. De surcroît, notre gouvernement révisera la définition de la publicité pour veiller à ce qu'on fasse la distinction entre la publicité et d'autres services semblables comme les relations publiques ou la gestion d'événements.
Le projet de loi C-2 ferait aussi en sorte que les résultats de toute recherche sur l'opinion publique commandée par le gouvernement du Canada soient soumis par écrit, qu'une copie soit remise à l'administrateur général de Bibliothèque et Archives du Canada et que l'information relative aux marchés et les résumés des projets terminés soit affichés sur Internet.
Enfin, mais non des moindres, le gouvernement nommera un conseiller indépendant qui examinera et évaluera les pratiques du gouvernement relatives à l'approvisionnement et à la recherche sur l'opinion publique, et en fera rapport. Il sera chargé, entre autres, de se pencher sur les questions relatives à l'approvisionnement qui ont été soulevées dans le rapport de la vérificatrice générale de novembre 2003.
[Français]
Ce poste ne sera pas permanent. Le conseiller indépendant ne sera nommé que pour une période de 6 mois. Toutefois, il donnera aux Canadiens et aux Canadiennes la certitude que le gouvernement optimise les fonds publics dans le cadre des contrats de recherche sur l'opinion publique et que ceux-ci ne sont pas attribués ni utilisés à des fins partisanes ou politiques. Le conseiller indépendant relèvera du ministre des TPSGC.
Bien sûr, conformément à l'esprit d'imputabilité nouvellement développé à Ottawa, ses constatations seront rendues publiques.
[Traduction]
Ne serait-ce que pour ces réformes des pratiques relatives à la passation de marchés de publicité et de recherche sur l'opinion publique, le projet de loi C-2 mérite notre appui. Cependant, je rappelle aux députés que ces réformes viennent s'inscrire dans un objectif plus général qui consiste à rétablir la confiance dans le gouvernement. Tous les autres éléments du projet de loi sur la responsabilité méritent tout autant notre appui.
Tous les partis de la Chambre ont reconnu la nécessité d'améliorer la responsabilité du gouvernement. Maintenant, les députés ont l'occasion de traduire leurs paroles en action en votant en faveur du projet de loi C-2, la Loi fédérale sur la responsabilité .
:
Monsieur le Président, il me fait plaisir de prendre la parole à propos du projet de loi C-2, projet de loi très volumineux. Il contient plus de 317 articles, il amende 43 lois existantes et en crée, de mémoire, deux nouvelles.
D'entrée de jeu, je désire réaffirmer que le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi. En effet, l'éthique a été au coeur de la dernière campagne électorale qui a chassé du pouvoir un gouvernement corrompu. Le gouvernement du Parti libéral a été remplacé par le gouvernement du Parti conservateur. C'est maintenant aux conservateurs de faire leurs preuves.
Nous trouvons également que, dans une certains mesure, ce projet de loi reprend certains éléments des travaux de la Commission Gomery. Toutefois, il faudrait se rappeler que le Bloc québécois a participé activement aux travaux de la Commission Gomery. Le Bloc a soumis des recommandations qui doivent maintenant être implantées.
Je me dois aussi de faire un commentaire. Mon collègue de Repentigny l'a déjà fait tout à l'heure. Nous demandons au gouvernement de revoir le titre même du projet de loi. Il faut dépasser la sémantique. Un projet de loi sur l'imputabilité est, à notre sens, une traduction presque littérale de Federal Accountability Act. Si le gouvernement conservateur a du respect pour l'appellation française de ce projet de loi, il devra sérieusement examiner le titre du projet de loi et le remplacer par une traduction beaucoup plus exacte: « loi sur la responsabilité ». Si on poussait les choses à l'extrême, on pourrait peut-être parler de « loi sur la responsabilisation ». car c'est ce dont il est question dans ce projet de loi. En ce qui nous concerne, j'annonce d'emblée que le Bloc québécois déposera probablement un amendement pour faire en sorte que l'on parle maintenant de loi sur la responsabilité.
Par ailleurs, le Bloc québécois, bien entendu, se réjouit de certains éléments qui constituent sa plateforme, et ce, depuis 1993. Je pourrais rendre hommage aux pionniers du Bloc québécois qui ont siégé avant l'arrivée massive d'un fort contingent de députés du Bloc, soit de 1990 à 1993. Une des revendications traditionnelles du Bloc avait trait au processus de nomination des directeurs du scrutin. Dans ce projet de loi, on y trouve certaines références.
Au cours de mes commentaires, je devrai répéter que le Bloc québécois considère ce projet de loi nécessairement perfectible.
Plusieurs éléments devraient être corrigés et améliorés. Même si certains articles comportent des voeux pieux qui s'inscrivent dans le sens des revendications traditionnelles du Bloc, nous devrions, à notre avis, avoir des engagements beaucoup plus clairs de la part de ce gouvernement. Dans cette foulée, je vais vous parler immédiatement de la nomination des directeurs du scrutin.
Lors de la précédente législature, j'ai déposé, au nom de mon parti, le projet de loi C-312, qui demandait la tenue d'un concours, tel que prévu au paragraphe 2.1 de la Loi sur l'emploi dans la Fonction publique. Ce concours de nomination des directeurs du scrutin remplacerait le processus traditionnel, qui est en place à peu près depuis le début de ce Parlement, à savoir qu'il s'agit d'une prérogative du gouverneur en conseil. Il ne faut pas se cacher derrière les mots. Le gouverneur en conseil désigne le Cabinet du premier ministre et le ministre responsable. C'est à eux que revenait la tâche de procéder aux nominations politiques.
Le Bloc québécois demande que les directeurs de scrutin soient nommés au terme d'un processus ouvert et transparent. D'ailleurs, le Bloc fera en sorte que cela se traduise dans ce projet de loi. Ainsi, les postes seront affichés dans les journaux et toute personne qui croit avoir les compétences nécessaires pourra poser sa candidature. De plus, un comité de sélection serait formé afin de choisir les personnes idéales qui occuperont les postes de directeurs de scrutin, et ce, dans les 308 circonscriptions du Canada.
Je siège au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Il est prévu dans la loi électorale que le directeur des élections du Canada devra rendre compte de la gestion de la dernière élection. Pour ce qui est des directeurs de scrutin, il s'agit d'une revendication traditionnelle de M. Kingsley, qui déplore lui aussi le processus de nomination des directeurs de scrutin qui existe à l'heure actuelle. Présentement, ce sont des amis du régime et des personnes qui ont travaillé au sein d'organisations électorales qui sont nommées par voie de patronage.
Loin de moi l'idée de vouloir prétendre que les 308 directeurs de scrutin sont incompétents. Toutefois, un directeur de scrutin incompétent quant à la gestion du processus démocratique électoral est un directeur de trop. On a vu des histoires d'horreur — et s'il y avait consensus, je pourrais en parler jusqu'à minuit. Il est donc important d'avoir des personnes compétentes et libres de toute attache politique.
Le projet de loi C-2 ne prévoit pas de concours publics pour choisir les directeurs de scrutin. Tout à l'heure, je mentionnais que le Bloc considérait que ce projet de loi était perfectible et que nous devrons l'améliorer. Le Bloc croit aussi qu'il sera impératif d'ajouter des dispositions pour que les directeurs de scrutin soient choisis grâce à un processus ouvert et transparent.
Je désire attirer l'attention sur un autre élément. Dans le projet de loi, on parle du financement des partis politiques. Parlons particulièrement des courses à la chefferie. Il y a présentement un parti politique de ce côté-ci de la Chambre, soit le Parti libéral du Canada, qui est actuellement dans une période de course à la chefferie et qui devra choisir son chef d'ici la fin de l'année. Malheureusement, ce projet de loi ne mentionne pas de restriction quant au plafond de financement lors d'une course à la chefferie. Le Bloc québécois est d'avis qu'en n'empêchant pas les candidats à la chefferie des partis politiques de contracter d'importants prêts personnels, la loi permettra de contourner les restrictions quant aux dons individuels. Si cela n'est pas encadré et balisé, cela encouragera des personnes mal avisées de faire indirectement ce que la loi ne prévoit pas faire directement. En ce sens, j'annonce au gouvernement que le Bloc québécois voudra faire en sorte de préciser ce point.
Nous sommes disposés à étudier le problème. Nous ne voulons pas empêcher les candidats de contracter des prêts personnels, mais nous disons que ce devra être encadré et s'inscrire dans un processus, encore une fois, qui respecte les règles de financement des partis politiques.
Un autre élément comporte toute la question des suites à donner à la Commission Gomery. On a dit que le Bloc québécois avait participé activement aux travaux de la Commission Gomery, par l'intermédiaire de notre avocat. De fait, on a plus que participé, on a soumis des recommandations à la demande du juge Gomery. Nous, du Bloc québécois, n'avons donc pas eu un rôle uniquement passif; nous avons proposé des recommandations.
Je rappellerai que le Bloc québécois a été le seul parti à proposer au commissaire Gomery un rapport contenant des recommandations afin d'améliorer la responsabilité. Vous comprenez, quand je parle d'améliorer la responsabilité, que je fais un clin d'oeil au titre de la loi incorrectement appelée Loi fédérale sur l'imputabilité. Or c'était le but de ces recommandations. Nous, du Bloc, avions soumis 72 recommandations au juge Gomery. Sans les reprendre toutes, je vais donner en gros les en-têtes de chapitre ou les faits saillants.
Une des suggestions avait trait à recouvrer l'argent des commandites, que le député d'Outremont qualifiait de « sale ».
Je pose la question au gouvernement: où en sommes-nous dans le processus de récupération de l'argent sale? Y a-t-il eu du nouveau depuis l'arrivée de ce gouvernement conservateur au pouvoir, le 23 janvier dernier?
Nous aussi, dans nos recommandations, suggérions de donner plus de pouvoirs et de ressources aux hauts fonctionnaires du Parlement. Entre autres, nous insistions beaucoup afin d'intensifier les pouvoirs de la vérificatrice générale. Nous suggérions aussi des amendements à la Loi sur l'accès à l'information, à la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes et à .
En passant, la Loi sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs d’actes répréhensibles ne consiste pas uniquement, voire pas du tout, à prévoir des récompenses de 1 000 $ pour les dénonciateurs. En effet, ladite loi prévoit des récompenses de 1 000 $ pour les dénonciateurs. Or je crois savoir que mon collègue de Repentigny a émis ces commentaires dans son allocution: le Bloc québécois s'oppose à la rémunération des dénonciateurs.
C'est une chose de protéger les dénonciateurs; c'en est une tout autre que de développer une culture de la dénonciation par des incitations pécuniaires. Les dénonciateurs, s'ils veulent faire leur travail de façon efficace, ne trouveront pas la motivation dans le chèque de 1 000 $ qui y est rattaché. Ils s'attendent à une protection de la part du gouvernement et de la part de la direction de leur ministère ou de leur organisme, afin qu'ils ne soient pas mutés, congédiés ou harcelés.
Présupposons que la très large majorité des fonctionnaires du Québec et du Canada, qui oeuvrent sous le couvert de la fonction publique fédérale, sont avant tout des personnes compétentes et honnêtes, qui veulent faire leur travail de façon honnête, mais qui n'acceptent pas des abus du système.
Malheureusement ils sont souvent bâillonnés, implicitement ou de façon explicite, parce qu'ils n'ont pas cette protection.
Il faut éviter de généraliser. Il y a eu des abus chez certains fonctionnaires, mais ce n'est pas vrai que tous les travailleurs et travailleuses de la fonction publique sont des personnes malhonnêtes. Il faut éviter de généraliser, et cela s'applique aux fonctionnaires comme dans tout autre domaine.
On se rappellera que le juge Gomery a fait un long plaidoyer pour que la responsabilité de chacun et chacune soit respectée tout au long de la ligne hiérarchique. On considère que si chacun, chacune voit son rôle respecté, qu'il n'y a pas d'empiètement, d'entourloupette ou de tour de passe-passe, c'est cela plutôt que la délation qui permettra de contrôler les fraudes.
En effet, quand un supérieur supervise le travail d'un subalterne — passez-moi l'expression — ou d'un collaborateur, et qu'un supérieur du supérieur supervise, et qu'un supérieur du supérieur du supérieur supervise, on appelle cela le contrôle de la ligne hiérarchique. Or ce sera beaucoup plus efficace que de donner des chèques de 1 000 $ pour favoriser la délation.
Il existe un autre élément: le Bloc québécois présentait des recommandations formelles, parmi ses 72 recommandations, sur l'augmentation de la responsabilité, de l'« imputabilité », des individus nommés par le gouvernement. En plus, la plate-forme du Bloc québécois contenait diverses recommandations prioritaires qui allaient dans le même sens.
C'est sûr que le temps me manque et qu'on pourrait traiter différents éléments, mais je me contenterai de vous rappeler que nous sommes heureux de constater que certaines propositions faites par le Bloc québécois ont été reprises dans le projet de loi C-2. Je vous ai parlé plus tôt de la nomination au mérite des directeurs du scrutin par Élections Canada. Je pourrais vous parler de l'indépendance du registraire des lobbyistes.
Les lobbyistes, c'est puissant ici à Ottawa. Pour s'en convaincre, il ne s'agit que de regarder comment ils sont à l'affût d'un changement de gouvernement: des lobbyistes sont peinturés d'une couleur alors que des membres du même bureau de lobbyistes sont peinturés d'une autre couleur. On veut être sûr de faire plaisir à tout le monde, on achète des cartes de cocktail de tout le monde, et on sait que la clé pour réussir comme lobbyiste, c'est d'être collecté. On a même un ministre de la Défense qui est un ancien lobbyiste, dont les clients étaient très connus. Cela illustre donc le rôle important des lobbyistes.
Le Bloc québécois fait une autre recommandation depuis plusieurs années: on constate que la nouvelle loi sur le financement des partis politiques va ressembler beaucoup plus à celle du Québec, par l'introduction des dons d'entreprise. Finalement, il y a un autre élément que le Bloc revendique de façon traditionnelle: le renforcement des pouvoirs de la vérificatrice générale.
En conclusion, puisqu'il me reste moins d'une minute, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi, qui devrait s'appeler Loi sur la responsabilité. De plus, le Bloc québécois fera une étude approfondie du projet de loi et il refuse d'embarquer dans un processus de type bulldozer.
Il refuse d'adopter à la sauvette, à la hâte, ce projet de loi de 317 articles. Le Bloc québécois fera des propositions constructives pour améliorer ce projet de loi.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps avec l'honorable député d'Edmonton—St. Albert.
Depuis le 23 janvier, nous avons un nouveau gouvernement conservateur, un gouvernement qui trace une nouvelle feuille de route, une route que nous voulons faire ensemble avec la population canadienne, dans la confiance et le respect. C'est pourquoi je tiens à dire aujourd'hui que j'appuie le projet de loi sur l'imputabilité, un projet de loi qui vise précisément à restaurer la confiance des Canadiens et des Canadiennes envers leur gouvernement et leurs institutions fédérales.
Pendant la campagne électorale, j'ai posé la question aux gens de Lévis, de Bellechasse et des Etchemins pour savoir ce qu'ils attendaient du gouvernement. C'est très simple. Ils m'ont dit qu'ils s'attendaient à ce que le gouvernement gère convenablement les biens publics. Ce n'est pas trop demander. Pourtant, ce n'est pas ce à quoi nous a habitués le gouvernement libéral précédent avec une longue liste de scandales et de dilapidation des fonds publics. Pensons au registre des armes à feu, au scandale des commandites et d'autres.
Je suis fier d'appuyer ce projet de loi car il s'inscrit dans la tradition québécoise d'assainissement des moeurs politiques, un héritage d'un ancien premier ministre québécois, René Lévesque, un grand démocrate. C'est une preuve tangible de la contribution de la société québécoise à l'avancement de toute la collectivité canadienne dans un contexte de partenariat durable.
La loi fédérale sur l'imputabilité présentée en Chambre par mon collègue du Conseil privé donne suite à l'engagement conservateur d'assainir les pratiques gouvernementales que ni les libéraux, ni les bloquistes n'ont pu faire avancer.
Cette loi vise à passer d'une culture de droits à une culture de responsabilisation. Elle veut rendre chacun imputable, du premier ministre aux fonctionnaires, en passant par les ministres, les députés et les fonctionnaires, envers la population canadienne, ceux et celles pour qui nous sommes ici.
Cette loi sur l'imputabilité reprend les engagements de notre parti faits pendant la campagne électorale. C'est pourquoi notre gouvernement propose le leadership pour « changer pour vrai » en matière d'honnêteté et d'intégrité au sein du gouvernement. C'est donc une première mesure législative qui vise à faire un grand ménage. Ce sont des actions qui suivent des promesses.
Nous avons besoin d'actions pour regagner la confiance des gens du Canada et du Québec envers leur gouvernement.
[Traduction]
Il est essentiel que les Canadiens fassent confiance à leur gouvernement fédéral. Le gouvernement conservateur a l'intention de prendre des mesures à cet égard en réformant le financement des partis politiques, en interdisant les dons secrets aux candidats aux élections, en renforçant le rôle du commissaire à l'éthique, en rendant la Loi sur l'enregistrement des lobbyistes plus sévère, en assurant la vérité budgétaire, en amenant le gouvernement à faire ses nominations d'après des critères de compétence, en faisant le ménage dans les marchés de l'État et dans les activités de sondage et de publicité, en procurant une protection réelle aux dénonciateurs, en renforçant la Loi sur l'accès à l'information, les pouvoirs du vérificateur général, la vérification et la reddition de comptes dans les ministères et les agences, et en établissant le poste de directeur des poursuites pénales.
C'est un excellent projet de loi et un bon point de départ à notre nouvelle feuille de route.
[Français]
Le principe qui sous-tend cette loi est très simple: les contribuables ont le droit de savoir comment est géré leur argent.
Finis les dons des grandes corporations et des groupes de pression, finis les dons aux candidats dans des fiducies secrètes.
La vérificatrice générale est celle qui veille à ce que l'argent des contribuables soit géré judicieusement. Notre gouvernement conservateur lui donnera les outils et les moyens pour remplir pleinement son rôle: examen continu des programmes de subvention des ministères, pouvoir accru pour vérifier non seulement chez le gouvernement, mais aussi parmi les organisations et les particuliers qui reçoivent les subventions.
Alors que les libéraux mettaient les deniers à l'abri de l'examen public, le gouvernement conservateur élargira l'accès à la Loi sur l'information afin que les sociétés d'État et les fondations puissent aussi rendre compte aux contribuables. N'est-ce pas la moindre des choses que les contribuables sachent comment leur argent est géré!
Il ne faut pas attendre les scandales avant d'agir. C'est pourquoi la nouvelle Loi sur l'imputabilité renforcera les fonctions de vérification interne au sein même des ministères et les structures de gouvernance.
J'ai été moi-même fonctionnaire, j'ai côtoyé ces personnes compétentes et dévouées qui méritent notre confiance et notre respect. Nous allons les outiller pour veiller à les protéger si elles dénoncent des actes répréhensibles, à éclaircir les rôles et les responsabilités, notamment ceux des sous-ministres, et pour établir un processus « uniforme et transparent » en vue de la nomination des hauts fonctionnaires.
Comme ingénieur, je comprends aussi l'importance de promouvoir les principes qui engagent le gouvernement à faire des processus d'appel d'offres équitables, ouverts et transparents, libres de toute ingérence politique indue. Il y va du maintien de la compétitivité des entreprises et de l'intégrité de nos institutions.
Aussi, nous élaborerons un code de conduite en matière d'approvisionnement, qui s'appliquera aux fournisseurs et aux fonctionnaires. De plus, nous nommerons un vérificateur de l'approvisionnement, qui examinera les pratiques de l'ensemble du gouvernement et aidera celui-ci à résoudre les différends.
Au cours de la dernière année, plusieurs Québécois ont été choqués et outrés par les malversations que la Commission Gomery a mises au grand jour. Aujourd'hui, le gouvernement conservateur peut dire à tous les Canadiens qu'il est à leur service, non pas au service des amis du parti au pouvoir.
Les échos du scandale des commandites sont encore frais à notre mémoire et ils nous poussent à l'action. Si les libéraux ont entaché l'intégrité du gouvernement, les conservateurs rétabliront son intégrité. Nous sommes au printemps, c'est le temps de faire un grand ménage: faisons un grand ménage du printemps à Ottawa!
Nous avons les mains libres et la volonté de changer les choses.
C'est une question de confiance. Nous l'accordons à nos élus, à nos fonctionnaires et aux employés qui agissent dans le meilleur intérêt des Canadiens et des Canadiennes. C'est une vision audacieuse que nous souhaitons concrétiser, en collaboration avec les autres partis présents à la Chambre. Par conséquent, notre gouvernement compte travailler avec les parlementaires pour réaliser ces changements.
Comme le disait la très honorable Gouverneure générale dans le discours du Trône, « [c]ertes, il importe d'avoir en place des mécanismes régulateurs efficaces, mais ce n'est pas suffisant. La confiance des citoyens se mérite au jour le jour ».
Nous devons donc nous rappeler que rien n'est acquis pour toujours et que l'intégrité se mérite et se garde chaque jour. La Loi fédérale sur l'imputabilité est un pas dans cette direction. C'est pourquoi je suis fier de l'appuyer comme député conservateur.