La Chambre reprend l'étude, interrompue le 25 avril, de la motion portant que le projet de loi , soit maintenant lu une deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, je tiens à rappeler la position du Bloc québécois concernant le projet de loi sur la responsabilité. Le titre actuel du projet de loi — Loi fédérale sur l'imputabilité — va changer, car il contient un anglicisme inacceptable. Je souhaite que le gouvernement accepte l'amendement proposé par le Bloc. Nos informations nous indiquent que c'est ce vers quoi nous nous dirigeons.
Néanmoins, il est important de savoir que ce projet de loi fait suite à la crise du scandale des commandites et au phénomène de corruption de l'ancien gouvernement, particulièrement le Parti libéral du Canada, section Québec.
Le Bloc québécois souhaite que des mesures de ce projet de loi soit mises en oeuvre. Il en a mis en avant certaines il y a longtemps. Par exemple, que les directeurs du scrutin soient choisis par le directeur général des élections, plutôt que par le Conseil des ministres; l'indépendance du Registre public des lobbyistes; l'interdiction de dons corporatifs — ce que fait déjà le Québec depuis 30 ans. De plus, ce projet de loi mérite d'être étudié de façon approfondie en comité. En effet, plusieurs amendements devront y être apportés, puisque, par exemple, on favorise une culture de la délation malsaine en proposant des récompenses aux dénonciateurs. À mon avis, cela va trop loin. Il faudra écouter les commentaires et les suggestions qui seront faits en comité. Il est important de prendre le temps de bien étudier ce projet de loi. Il ne devra pas être adopté à toute vapeur, car il devrait devenir une pierre d'assise de l'actuel gouvernement et des gouvernements futurs.
À cet égard, le projet de loi contient une suggestion de bonne volonté, mais qui, selon moi, entraînerait un blocage du débat démocratique. Lorsqu'un citoyen déposerait une plainte, en vertu de la Loi fédérale sur l'imputabilité, on devrait transmettre cette plainte au commissaire. Si ce dernier la considère comme pertinente, on n'aurait plus le droit d'en débattre. Selon moi, cette situation est inacceptable. Un des aspects importants du rôle des députés serait alors éliminé.
Dans les quatre minutes qui m'étaient imparties pour conclure mon allocution, je tenais à mentionner que le Bloc québécois est en faveur du principe du projet de loi. Il proposera plusieurs amendements à ce projet de loi, qui mérite d'être corrigé pour qu'au bout du compte l'on atteigne l'objectif que plus jamais ne se produise la situation de corruption qui a prévalu sous l'ancien gouvernement. En ce sens, il est important que la Chambre prenne le temps d'étudier ledit projet de loi en profondeur.
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Monsieur le Président, la question de mon collègue est intéressante. C'est effectivement une question de fond. On a vécu toute une campagne électorale dont l'enjeu majeur a été la question de la transparence du gouvernement et les cas de corruption qu'on a connus par le passé. S'il est une chose à laquelle s'attendent les citoyens et citoyennes du Québec et du Canada, c'est qu'on s'y attaque rapidement et qu'on étudie ce dossier de manière approfondie.
Il doit d'abord y avoir un vote sur le principe même du projet de loi. Tous les partis et députés de cette Chambre doivent se prononcer sur le fond de la question et décider s'ils sont en faveur ou non du principe du projet de loi. Ensuite, nous pourrons étudier plus en profondeur chacune de ses composantes.
Effectivement, ce projet de loi est très significatif. Il touche beaucoup d'éléments, notamment la méthode de nomination des directeurs du scrutin qui est prônée par le Bloc québécois depuis longtemps. Quant à l'interdiction de dons corporatifs, cela va à la source même de problèmes qui se sont produits dans le passé. On a vu des entreprises et des banques avoir droit — comme par hasard — à l'oreille attentive du gouvernement après avoir fait des dons très importants. Nous souhaitons que cette mesure soit corrigée. Nous pouvons citer en exemple le modèle du Québec. Il n'est pas parfait, mais il existe tout de même depuis 30 ans. Il a réussi à prévenir le genre de situations qu'on a vécues ici et qui ont grandement miné la confiance de la population envers les élus.
Pour retrouver cette confiance, nous devons voter d'abord sur le principe même de ce projet de loi, puis le faire étudier en comité plutôt que de procéder de façon inverse.
En ce sens, je ne partage pas l'opinion de mon collègue. Je trouve important de montrer à la population que l'un des premiers gestes parlementaires posés par le gouvernement nouvellement élu qui a constaté la nécessité d'agir en cette matière, aura été de s'en occuper et de laisser chacun des députés de cette Chambre se prononcer.
Par contre, il ne faudra pas passer le rouleau compresseur sur ce projet de loi en comité. Il faudra s'assurer de recevoir le maximum de témoins possible pour qu'en bout de ligne, on adopte des amendements qui vont agir en profondeur. Ils seront sans doute soumis en grande quantité. Peut-être les témoignages se poursuivront-ils jusqu'à l'automne. Quoi qu'il en soit, au moment d'adopter ce projet de loi, il faudra avoir une pierre d'assise importante pour assurer, au moins pour quelques années, le bon fonctionnement de la loi.
On n'empêchera pas certains individus d'avoir des comportements plus ou moins corrects. Par contre, le rôle du Parlement et de l'opposition est d'agir en tant que chiens de garde. Au moins, ce projet de loi permettra de clarifier un certain nombre de situations, surtout si nous y apportons les amendements que nous, de même que d'autres députés de cette Chambre, soumettrons. Il faut en faire un projet de loi solide dont la durée d'application correspondra à l'importance qu'a prise cet enjeu lors de la dernière élection.
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Monsieur le Président, le Bloc québécois a déjà indiqué clairement qu'il était favorable au principe du projet de loi. Toutefois, étant donné son ampleur et le nombre de sujets traités, c'est important pour nous de prendre le temps d'étudier ceux-ci correctement.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'adopter le projet de loi en troisième lecture d'ici à l'ajournement estival. L'important, c'est que nous allions au fond des choses et que tous les témoins concernés puissent venir se faire entendre.
Prenons l'exemple des dénonciateurs. Il y a un progrès important dans le projet de loi quant à l'encadrement qu'on veut donner à cette question. Cependant, je trouve qu'on va trop loin lorsqu'on dit qu'on va donner des récompenses aux dénonciateurs, et j'estime qu'il faudrait trouver un équilibre. Il faudra donc évaluer cette situation, recevoir les témoins et possiblement étudier des amendements.
Ce n'est qu'une des questions non réglées quant à ce projet de loi. Je vais en soulever quelques autres. Par exemple, seulement trois des neuf fondations sont couvertes par la Loi sur l'accès à l'information. N'y aurait-il pas moyen d'élargir cela aux six autres ou à une partie de celles-ci? Pour cela, il faudra connaître les fondations qui ne sont pas couvertes, quel est leur mandat et évaluer si elles méritent d'être couvertes.
Pour ce qui est du financement des partis politiques, il n'y a toujours pas de plafond pour les courses à la chefferie. Ne faudrait-il pas qu'on puisse comprendre s'il est pertinent d'avoir un amendement en ce sens?
Bref, c'est évident que ce projet de loi va demander beaucoup de travail en comité. Les comités ne sont pas encore opérationnels. Je crois qu'on vient de déposer la motion qui permettra de commencer les travaux des comités. Il faut choisir les présidents, les vice-présidents, les membres des comités, prévoir les priorités d'action et le comité qui sera chargé d'étudier ce projet de loi. Il faut aussi donner le temps aux gens qui vont venir témoigner de se préparer de façon adéquate.
Ne faisons pas les choses avec précipitation, mais faisons-les correctement pour nous assurer que plus jamais ne se représentent les situations de corruption gouvernementale que nous avons vues dans le passé, des situations qui sont dues à des trous dans la loi et à des problèmes qui n'ont pas été réglés.
Quand on aura pris le temps de l'étudier en profondeur, souhaitons que le présent projet de loi réglera la majorité de ces problèmes. On n'en est pas à un mois près.
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Monsieur le Président, c’est un plaisir de prendre part au débat sur la Loi fédérale sur l’imputabilité.
Comme tout le monde le sait maintenant, il s’agit d’un projet de loi omnibus volumineux et complexe. Il sera renvoyé à un comité, ce qui est excellent. J’ai confiance dans le système de comités. Un comité étudiera donc le projet de loi. De façon générale, j’appuie les objectifs de la mesure à l’étude. Chaque fois qu’on précise les rôles, définit les attentes, assure une plus grande transparence et une surveillance plus stricte, il s’agit selon moi de bons principes. Par contre, après une première lecture du projet de loi, je crains qu’il n’ait des conséquences inattendues, et c’est pourquoi il est bon de renvoyer cette mesure à un comité.
J’appuie de tout coeur certaines propositions, mais d’autres doivent être améliorées et d’autres sont carrément stupides et seront, je l’espère, supprimées par le comité.
Je dois ajouter que le projet de loi n’est pas vraiment innovateur. Nombre de ses dispositions sont la suite des initiatives proposées dans le projet de loi C-24 sur la protection des dénonciateurs, dont le député qui m’a précédé a parlé. Le C-24 a été débattu, discuté et adopté par la Chambre au cours de la dernière législature. Il traitait de modifications majeures concernant les marchés du gouvernement fédéral et les fonctions de contrôleur général, et de quelques changements touchant le commissaire à l’éthique.
J’appuie assurément les dispositions qui portent sur les dons aux partis politiques et toute la question des dons secrets. J’ignore quelle est l’importance de ces dons. Je n’en ai jamais reçu aucun, et je ne connais personne qui en a reçu, mais c’est une chose qu’il faut exclure dès le départ.
La question des lobbyistes me chicote depuis que je siège à la Chambre. J’ai dû appeler un sous-ministre ou quelqu’un d’autre lorsque je siégeais du côté du gouvernement, mais il était difficile d’obtenir des rendez-vous. Par contre, lorsque j’allais chez Wilfrid’s ou dans d’autres restaurants de la ville, je les voyais en compagnie de lobbyistes, ce qui m’a toujours dérangé. C’est une question sur laquelle il faut s’attarder à la Chambre.
Ce que le gouvernement veut faire à propos des nominations gouvernementales est probablement un progrès, mais il n’a pas encore donné suite à ses intentions.
Là où je vois le plus gros problème, c'est du côté du directeur des poursuites pénales. Étant donné les compétences limitées de cette personne, soit les infractions en matière de drogue et les infractions à la Loi de l'impôt sur le revenu ou à la Loi sur la marine marchande, je trouve cela un peu fou.
La question des autorisations budgétaires est peut-être quelque chose qui peut être étudié en comité, mais il me semble que c'est ce qu'on fait depuis dix ans. De toute façon, si nous devions nous fier à la moyenne des prévisions produites par l'ensemble des économistes au Canada, on se rendrait compte qu'il leur est souvent arrivé de se tromper. Tout cela est sujet à des variations énormes et il va être difficile de mettre dans le mille. J'estime, pour ma part, que tout cela va faire double emploi et que nous allons gaspiller temps et énergie.
À la faveur de notre examen de ce projet de loi à la Chambre, je crois que nous devrons rechercher un équilibre entre le fait, d'une part, de permettre aux fonctionnaires de prendre des risques et d'accepter le changement et, d'autre part, de les rassurer pour qu'ils ne craignent pas en permanence qu'on les poignarde dans le dos. Nous devons également faire la différence entre ce qui constitue une erreur et ce qui est un écart de conduite. Il nous arrive à tous de faire des erreurs, surtout quand nous prenons des risques, que nous apportons un changement ou que nous prenons une initiative.
Je me rappelle avoir commis une erreur durant mon premier mois de pratique du droit, il y a une trentaine d'années. Comme je pensais qu'elle était grave, j'étais allé présenter mes excuses à un associé principal du cabinet qui m'employait. Après m'avoir affirmé que, selon lui, il n’y avait là rien de très grave, il m'a demandé de lui montrer un avocat ne commettant aucune erreur parce qu'il pourrait ainsi me montrer un avocat qui ne fait pas d'argent. Des erreurs, nous en commettons tous et il faut faire la différence entre erreur et écart de conduite. Je pense que cette distinction sera très importante dans le cas du projet de loi.
S'agissant de toute la question de la responsabilisation, deux mesures n'apparaissent pas dans le projet de loi. Si elles y étaient mentionnées, le niveau de responsabilisation à Ottawa augmenterait très nettement. Il s'agit d'abord du mandat des sous-ministres. L'un des plus gros problèmes que pose l'administration du gouvernement tient au mandat très court qui est confié aux sous-ministres. En moyenne, ils demeurent dans le même poste entre un an et demi et un an trois-quarts et il n'y a pas de reddition de comptes.
Quand on constate a posteriori certains problèmes dans le fonctionnement d'un ministère, on s'aperçoit que le sous-ministre n’est en poste que depuis un an et que son prédécesseur n'y était resté qu'un an et demi, si bien que personne n’est responsable. Les sous-ministres peuvent toujours nous dire que telle ou telle chose s'est produite avant leur arrivée ou qu'ils ne sont pas en poste depuis suffisamment longtemps. C'est d’ailleurs là le thème d’une des recommandations du rapport Gomery, qui préconise que les sous-ministres soient nommés pour au moins cinq ans afin qu'on puisse leur demander de rendre des comptes.
La deuxième mesure se rapporte à toute la question des sanctions. C’est un instrument qui serait à la disposition des ministres et des sous-ministres si des actes répréhensibles, et non pas des erreurs, sont commis. Il en est question dans la loi sur la responsabilité, à propos de la gestion des finances publiques, et je suis d’accord là-dessus, mais il faudrait aller plus loin. Cela fait cinq ans et demi que je siège au Comité des comptes publics et j’ai constaté certains problèmes. Quand vous avez un budget de 200 milliards de dollars et 450 000 fonctionnaires, les problèmes sont inévitables. Quiconque parmi nous s’imagine qu’une loi permettra de remédier à tous les problèmes se berce d’illusions.
J’ai demandé au moins une quarantaine ou une cinquantaine de fois si des sanctions disciplinaires avaient été prises lorsqu’on avait constaté un problème ou des actes répréhensibles. Chaque fois, la réponse a été négative. A-t-on pris des sanctions disciplinaires contre M. Guité? Non. A-t-on pris des sanctions disciplinaires contre M. Quail? Non. Personne n’a jamais été puni à ma connaissance dans les cas d’actes répréhensibles sur lesquels le Comité des comptes publics a enquêté.
Ces deux mesures augmenteraient et amélioreraient énormément la reddition de comptes à la Chambre, mais elles ne figurent pas dans le projet de loi. Cela dit, c’est la raison pour laquelle nous discutons de ces projets de loi à la Chambre. Voilà pourquoi ils sont renvoyés en comité et j’ai hâte que nous en débattions lorsqu’ils reviendront à la Chambre.
La seule chose qui me déçoit énormément est ce que j’appellerais l’idée maîtresse du projet de loi sur la responsabilité quant à ce qui se passe ici à Ottawa. Le gouvernement dit avoir cinq priorités, mais en réalité il en a six.
La première priorité du premier ministre a été de nommer son co-président au Sénat et ensuite de le nommer ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Cela élimine toute reddition de comptes à la Chambre. La Chambre des communes est l’endroit où l’on rend des comptes. Nous avons pour rôle d’adopter des lois, d’autoriser des dépenses et d’exiger des comptes du pouvoir exécutif.
Un élément très important du pouvoir exécutif est le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux qui ne siège pas à la Chambre. Lorsque j’ai posé la question à un député qui a parlé du projet de loi hier, il a répondu qu’il n’y avait pas à s’inquiéter parce que le ministre rend compte à une autre Chambre. Ce n’est pas une reddition de comptes. Je trouve cela insultant. J’ai été déçu. Je pensais que le président du Conseil du Trésor remédierait à cette situation dans ce projet de loi, mais il ne l’a pas fait. C’est sans doute ce qui m’a le plus déçu et j’espère que cette situation prendra fin très bientôt.
En ce qui concerne le financement des partis politiques, je suis d’accord avec l’idée maîtresse du projet de loi à cet égard, mais vendredi soir, monsieur le Président, si vous avez 1 000 $ à dépenser, je peux vous faire dîner avec le premier ministre dans ma ville, Charlottetown. Si vous avez 1 500 $, je peux vous emmener à Moncton le soir suivant et vous dînerez ainsi deux fois en compagnie du premier ministre, si cela vous intéresse.
D’après le projet de loi, le commissaire à l’éthique viendra du milieu judiciaire ou quasi judiciaire. Il y a un mois, nous avons vu le premier ministre offrir ce poste à un ex-député. Il était compétent, mais il ne possédait certainement pas ce genre de qualifications. Encore une fois, cela montre seulement que ce que la loi dit et ce que le gouvernement fait vont dans un sens diamétralement opposé, ce qui est très décevant.
Je vous remercie de m’avoir permis de dire ce que je pense de ce projet de loi. J’ai hâte qu’il fasse l’objet d’un nouveau débat à la Chambre et d’un rapport du comité.
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Monsieur le Président, mon collègue d’en face a abordé dans son discours un certain nombre de points sur lesquels j’aimerais lui poser quelques questions.
Avant de poser ces questions, je voudrais dire que lorsque le gouvernement a déposé son plan d’action sur l’imputabilité, son but était de renforcer la responsabilité au sein du gouvernement, non à cause de l’ancien gouvernement, non seulement pour le présent gouvernement, mais au sein du gouvernement tout court.
Je sais que le gouvernement et le Parti conservateur veulent promouvoir toute une culture de responsabilité. Ils veulent que les Canadiens, partout dans le pays, puissent à nouveau faire confiance au gouvernement — pas au Parti conservateur ou à tout autre parti —, mais au gouvernement en général. En effet, on peut se rendre compte que, dans tous les coins du Canada, de plus en plus de gens se méfient des politiciens, de la politique et du gouvernement.
Je reviens maintenant à la question que je voulais poser au député. Je n’y avais pas pensé, mais il a parlé du temps pendant lequel les sous-ministres occupent leurs fonctions. Il a dit dans son discours qu’en moyenne, les sous-ministres occupent leur poste pendant un an et demi. Je voudrais vous raconter une courte histoire.
Je venais de monter dans l’un des autobus verts de la Colline. J’y ai vu un nouveau ministre qui venait d’être nommé après que le premier ministre d’alors se fut débarrassé des célèbres quatre de l’ancien gouvernement. J’ai demandé au nouveau ministre s’il pouvait me parler d’une ou deux choses qu’il avait l’intention de réaliser pendant son mandat. Il avait de grands projets et de grandes idées. Deux semaines plus tard, j’ai eu l’occasion de bavarder encore une fois avec lui. Il m’a dit qu’en fait, c’étaient les bureaucrates qui dirigeaient son ministère.
Ma question porte sur cette période d’un an et demi. Si les ministres avaient la possibilité de demander au premier ministre de limoger un sous-ministre et de le remplacer par quelqu’un avec qui ils puissent collaborer étroitement, pourquoi ne seraient-ils pas en faveur de la responsabilité ministérielle et ne feraient-ils pas en sorte d’organiser leur ministère comme ils l’entendent? Pourquoi les ministres ne le feraient-ils pas?
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Monsieur le Président, d'emblée, je remercie les électeurs de Calgary—Nose Hill, qui continuent de m'accorder leur confiance en acceptant que je les représente à la Chambre. Je prends mon rôle très au sérieux. Certains n'ont pas voté pour mon parti, mais je tiens à être une bonne représentante pour l'ensemble des électeurs de Calgary—Nose Hill, non seulement pour ceux qui ont voté pour moi. Je contribuerai également à façonner l'avenir du Canada.
Les députés savent que nous débattrons aujourd'hui de la première mesure législative dont cette nouvelle législature a été saisie, la loi fédérale sur la responsabilisation. Pour les Canadiens qui suivent ce débat, je tiens à expliquer brièvement en quoi consiste cette mesure législative. Malgré tous les propos ronflants que nous entendons parfois, la population se demande de quoi il s'agit exactement.
En gros, ce projet de loi apporterait des changements dans cinq secteurs d'activité du gouvernement. Il prévoit en effet une réforme politique, une réforme parlementaire, une réforme de la fonction publique, une réforme de l'approvisionnement et, enfin, des mesures pour rendre le secteur public plus transparent.
En ce qui concerne la réforme politique, le projet de loi imposerait une limite aux dons, afin d'éviter toute influence financière inappropriée sur les politiciens. Il interdirait donc les contributions secrètes et les fonds en fiducie. Il interdirait de passer directement des fonctions gouvernementales aux activités de lobbyisme. Ainsi, les députés qui sont aujourd'hui voisins de fauteuil ne pourraient, dès demain, obtenir des faveurs au nom de leurs clients. Il rehausserait le rôle du commissaire à l'éthique et donnerait force de loi au Code régissant les conflits d’intérêts qui, jusqu'à maintenant n'était qu'une directive officieuse.
En ce qui concerne la réforme parlementaire, la loi conférerait des pouvoirs accrus au commissaire à l'intégrité du secteur public, au commissaire à l'information et au directeur général des élections, et elle créerait les postes de commissaire au lobbying et de commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts.
Ce serait merveilleux de pouvoir nous passer de tous ces chiens de garde, si chacun avait en soi son propre chien de garde et qu'il s'engageait à ne faire que ce qui est juste. Cependant, nous avons pu constater que cela n'est pas suffisant dans certains secteurs d'activités publiques et, malheureusement, même dans cette enceinte. Ces mécanismes de surveillance seront donc mis en place pour aider à stimuler la conscience des députés dans l'arène politique.
De plus, la vérificatrice générale pourrait maintenant suivre l'argent à la trace. Au lieu de se contenter de dire que de l'argent a été mal dépensé ou qu'il a disparu, la vérificatrice générale pourrait prendre des mesures pour suivre l'argent à la trace afin que nous sachions, et que les Canadiens sachent, ce qu'il est advenu de l'argent qui a disparu.
Il y aurait aussi un mandataire parlementaire indépendant chargé d'examiner le budget qui donnerait l'heure juste sur les finances publiques. Cette personne vérifierait aussi les propositions des comités des Communes et les propositions faites dans les projets de loi d'initiative parlementaire. Je le répète, étant donné que les chiffres donnés à la Chambre selon d'autres dispositions n'ont pas été, disons, aussi fiables qu'ils auraient dû l'être, nous allons créer une autre fonction de vérification.
Toutes ces nominations seraient confirmées par un vote au Parlement. Les titulaires de ces fonctions seraient des mandataires du Parlement. Ils ne seraient pas redevables au gouvernement, mais relèveraient de la Chambre, de tous les députés et de tous les partis à la Chambre.
En ce qui concerne la réforme du secteur public, la responsabilité des ministres et des sous-ministres serait plus claire. Il y aurait une véritable protection des dénonciateurs, y compris un système de récompenses pour ceux qui divulgueraient des actes répréhensibles. Il y aurait un tribunal indépendant qui jurerait les cas de représailles afin que les fonctionnaires ne fassent pas irrévocablement les frais de leur intégrité.
Il y aura un nouveau contrôleur général qui assurera une vérification appropriée des ministères. Il y aura un comité spécial qui sera chargé d'examiner les subventions et contributions, y compris le caractère équitable de ces subventions et contributions. Il y aura une initiative spéciale de simplification des politiques et des pratiques de gestion financière.
En ce qui concerne la réforme du processus d'adjudication des contrats gouvernementaux, il y aura un vérificateur de l'approvisionnement chargé d'examiner les pratiques d'adjudication des contrats pour garantir l'équité et la transparence. Il y aura un code de conduite pour l'approvisionnement. De plus, les recherches sur l'opinion publique financées par le gouvernement seront rendues publiques dans les six mois.
Pour ce qui est de rendre le secteur public plus transparent, des mesures sont prévues pour élargir la portée de la Loi sur l'accès à l'information afin d'inclure les sociétés d'État, les agents du Parlement et les trois fondations crées en vertu d'une loi fédérale. Nous présenterons un avant-projet de loi renfermant les recommandations du commissaire à l'information en matière d'accès à l'information ainsi qu'un document de travail sur le sujet pour que la Chambre des communes puisse en discuter et prendre d'autres mesures à cet égard.
Nous allons créer une Commission des nominations publiques pour établir un processus de nomination fondé sur le mérite.
Ce projet de loi va faire en sorte que tout le monde, du premier ministre jusqu'aux bénéficiaires de subventions en passant par les députés et les fonctionnaires, rende davantage de comptes. Ce projet de loi modifie la façon dont le gouvernement fonctionne et facilite la tâche des Canadiens qui veulent obtenir des comptes du gouvernement. Surtout, c'est un pas de géant pour ce qui est de rebâtir la confiance des Canadiens en leur gouvernement.
Nous devons tous rendre des comptes. Nous devons nous rappeler ce qui se produit lorsque la responsabilité est faible ou inexistante, comme c'était le cas sous l'ancien gouvernement libéral. On a gaspillé des millions de dollars dans le cadre du programme de commandites et tout le monde au sein du gouvernement a prétendu ignorer tout de ce scandale et n'avoir aucune responsabilité en la matière. Il y a eu un dépassement de coûts de 1 000 p. 100 dans le cas du registre des armes à feu qui n'a pas permis d'attraper des criminels, car ces derniers qui, par définition, violent la loi, ne respectent pas celles sur l'enregistrement. Il y a eu la mauvaise gestion de milliards de dollars à DRHC ainsi que d'autres subventions, contributions et programmes de prêts. Nous avons ensuite vu les terribles habitudes de dépenses des personnes haut placées qui dépensent sans compter l'argent durement gagné par les Canadiens ordinaires. Nous avons vu des marchés être accordés à des copains et partisans du gouvernement. Il y a eu des centaines d'exemples précis de ce type d'abus de la confiance des Canadiens et de gaspillage de leur argent.
Les Canadiens méritent tellement mieux que cela. Aucune loi ne peut éliminer entièrement les pommes pourries, ceux qui cherchent simplement à s'enrichir, mais nous pouvons prendre des mesures très fermes pour nous assurer que leurs actes déplorables sont mis au jour et entraînent des conséquences.
Notre gouvernement entend rebâtir la confiance des gens dans nos dirigeants et notre gouvernement, faire en sorte que ces derniers aient à nouveau le respect des citoyens. Nous comptons bien collaborer avec tous les députés à la Chambre pour faire de ce projet une priorité pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, cette définition ne correspond pas du tout au projet de loi. Et j'ajouterais qu'il s'agit d'une définition étroite, fortement teintée d'un point de vue bien personnel.
L'ancien gouvernement, dont le député faisait partie, parlait chaque jour de transparence et de responsabilité. Pourtant, je n'ai jamais entendu le député dire « voilà ce que nous entendons par le mot responsabilité ». Il n'a certainement jamais donné auparavant à la Chambre la définition qu'il vient juste d'énoncer. Pour quelle raison? C'est que nous savons tous ce que signifie le mot responsabilité. Il y a des termes, comme l'honnêteté, dont nous n'avons pas besoin de donner la définition.
Le mot responsabilité signifie que nous agissons en acceptant les conséquences de nos actes. Si nous n'acceptons pas de prendre nos responsabilités et que nous les fuyons, il y a d'autres mécanismes de surveillance et de vérification qui finiront par nous obliger à rendre compte. Voilà ce que le mot responsabilité signifie.
Je dirais au député que, loin d'avoir des répercussions néfastes sur la fonction publique, comme les mesures sur lesquelles le collègue du député qui était auparavant président du Conseil du Trésor travaillait, ce projet de loi a la faveur des fonctionnaires. Pourquoi? Parce qu'il leur vient en aide.
Les fonctionnaires seront désormais libres de regarder leur ministre droit dans les yeux et de lui dire « je ne peux pas agir ainsi parce que je serai tenu responsable de mes actes ». Il y aura de véritables mesures pour protéger les fonctionnaires dénonciateurs.
Ce projet de loi contribuera à obliger les politiciens et les fonctionnaires à rendre compte, et c'est exactement ce qu'ils devraient faire.
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Monsieur le Président, je dois dire que je tiens ma collègue de Calgary—Nose Hill en très haute estime. J'aurais souhaité qu'elle revienne au Comité de la citoyenneté et de l'immigration. Il est important, quand il est question d'imposer la responsabilité et d'exiger des comptes de la fonction publique, que le gouvernement puisse compter sur des députés qui savent ce qui se fait dans les ministères. Or, notre collègue connaît très bien les dossiers de ce ministère.
Je dirais que, dans son intervention au sujet du projet de loi, ma collègue n'a pas vraiment parlé de responsabilité, mais plutôt de conduite. En fait, tout ça n'a pas vraiment d'importance. Peu importe, en effet, que l'on pense à un club philanthropique, à un service de police, à une université, à un cabinet d'avocats ou à une Église, on peut toujours tomber sur quelqu'un qui a une conduite criminelle. C'est pour cela que nous avons dépensé des milliards de dollars dans les tribunaux de même que dans les services de police et dans les établissements de détention.
Ce qui s'est produit lors de la dernière législature, c'est que les partis de l'opposition sont parvenus à entamer la confiance que la population avait dans cette Chambre et dans le rôle du gouvernement. J'estime, d'ailleurs, que notre député de Vancouver Quadra a fort bien parlé de cette question.
Il ne faut surtout pas oublier que nous sommes tous perdants quand le système est ébranlé sur ses bases. Le Parlement, le gouvernement et la fonction publique sont perdants, en plus du fait que l'on projette alors une fort mauvaise image dans le monde.
Aucun parti n'a l'apanage de la vertu. S’il est question de responsabilité dans le passé, j’estime alors que le nouveau gouvernement conservateur aurait dû, dès son arrivée à la Chambre, présenter ses excuses pour le gouvernement conservateur précédent qui a été renversé en 1993. Si je parle de cela, c'est que des ministres et des députés de l'époque ont été accusés, puis condamnés. Neuf d’entre eux se sont retrouvés en prison.
Je tiens aussi à souligner la façon dont les conservateurs ont sapé la confiance que nous avions placée dans l'appareil judiciaire. Je sais bien qu’on n’aime pas entendre la vérité. Je sais que tous les députés d’en face n'étaient pas là à cette époque. Mais il demeure que les conservateurs ont porté un rude coup au système en laissant entendre que tous les politiciens sont corrompus. Cela nous dessert, monsieur le président. Et comme vous êtes notre doyen, vous le savez bien mieux que n’importe qui en ce lieu.
L'autre canard qui a circulé, c'est que l'ancien premier ministre Mulroney aurait été poursuivi par le gouvernement. Or, en démocratie, c'est la police, la GRC, et le procureur de la Couronne qui entament des poursuites. Je détesterais vivre dans un pays où les politiciens sont en mesure de piloter la police ou d'orienter la poursuite pour persécuter un tel ou une telle.
C'est ainsi que les choses se passaient dans le pays que j'ai quitté il y a 49 ans. Cette année marquera le 50e anniversaire de la révolution hongroise. Je peux assurer aux députés que dans une démocratie bien assise, un gouvernement ne devrait jamais avoir le pouvoir de pointer une personne du doigt et de prendre la décision politique d'ordonner au chef de la GRC ou au procureur général qu'on inculpe cette personne.
Bien des gens comme moi ont quitté des pays comme le mien. Ils sont venus au Canada en tant que réfugiés ou immigrants fuyant des dictatures. Nous devons veiller à ce qu'ils n'en viennent pas à penser que tout parti politique peut diriger la police ou ordonner des poursuites.
C'est à cause du scandale des commandites que le précédent gouvernement libéral a lancé...
M. Kevin Sorenson: Vous êtes tous malhonnêtes autant que vous êtes. C'est pour cela que vous êtes en face.
L'hon. Andrew Telegdi: Je saisis la balle au bond. Récemment, dans un reportage à l'émission W-FIVE, on a appris que l'ancien premier ministre, M. Mulroney, avait reçu 300 000 $ de M. Schreiber. Cette affaire devrait assurément faire l'objet d'une enquête comme celle du juge Gomery, parce que les faits ont été établis. Si les conservateurs voulaient être responsables, ils ordonneraient une enquête. Le Parti libéral a pris la bonne décision. L'ancien premier ministre a ordonné la tenue de l'enquête Gomery.
Toutefois, même avant le lancement de l'enquête Gomery, nous avions un projet de loi parfait sur la reddition de comptes, le projet de loi C-24. Lorsque nous avons pris la tête du gouvernement en 1993, les sociétés pouvaient donner des millions de dollars à des partis politiques. Les particuliers pouvaient donner eux aussi des millions de dollars à des partis politiques. Avec son projet de loi sur le financement des partis politiques, le gouvernement a imposé aux sociétés un plafond de 1 000 $ pour leurs contributions à des partis politiques. Nous avons aussi imposé aux particuliers une limite de 5 000 $ pour leurs contributions à une caisse politique.
Ces changements ont été les plus grands qui soient survenus dans notre histoire. Le projet de loi dont nous sommes saisis prévoit bien peu de changements par rapport à ceux que nous avons apportés. Je le signale, parce que je trouve important de mettre les choses en perspective.
J'en reviens à la portée générale de ce projet de loi. Cela me donne de l'urticaire de voir que les conservateurs y ont intégré une disposition en vertu de laquelle ils veulent donner 1 000 $ à quelqu'un pour espionner une autre personne. Cela me rebute en raison de mes origines. Cela me rebute parce que, malheureusement, dans les régimes totalitaires, on pratique la délation. Cela me rebute parce que j'ai travaillé auprès des tribunaux. Je sais que lorsqu'une personne témoigne, elle le fait forcément pour les motifs les plus nobles, et certainement pas pour toucher 1 000 $. C'est faire injure aux hommes et aux femmes respectueux de la loi de notre pays de penser que des gens le feraient pour 1 000 $. Il ne s'agit pas d'une opération de surveillance ou de récompenses offertes pour des dons anonymes. Il s'agit de fonctionnaires qui, pour la plupart, sont animés d'un grand sens de la morale. Ils ne sont pas parfaits.
Notre parti va appuyer l'orientation générale du projet de loi, mais je suis particulièrement préoccupé du fait que nous allons pouvoir nous ingérer dans les affaires des Premières nations, en vertu de l'article concernant le vérificateur général. Les Premières nations ont une histoire longue et agitée, et nous devons les traiter avec respect. Nous devons respecter leur leadership. Il nous faut comprendre que nous ne devrions pas plus nous comporter de cette façon envers eux que nous ne devrions le faire à l'endroit des provinces.
Les libéraux vont appuyer le projet de loi. J'attends avec intérêt la poursuite du débat sur cette question. Il nous incombe à tous de préserver la foi des Canadiens à l'égard de nos institutions formées d'élus et des autres institutions.
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Monsieur le Président, tout d’abord, je dirai clairement que je suis le dernier député qu’on devrait accuser de ne rien entendre et de ne rien voir. Si je crois en quelque chose et si je vois quelque chose de mal, je défendrai le parti d’opposition contre les pouvoirs du ministre et du gouvernement.
Quant à fournir les noms des personnes en question, il suffit d’acheter le livre On the Take: Crime, Corruption and Greed in the Mulroney Years. Le député y trouvera tous les noms. S’il le veut, je déposerai demain à la Chambre les noms des neuf personnes qui ont été reconnues coupables d’accusations criminelles.
M. Dave MacKenzie: Faites-le à l’extérieur de la Chambre.
M. Andrew Telegdi: Je le ferai à l’extérieur de la Chambre et à la Chambre. Tout cela est connu.
Je me permets de dire que le fait de limiter les dons à 1 000 $ entraînera un problème. Quand on assiste à un congrès, il y a des frais à payer. Nous allons en avoir un cette année. Les conservateurs et les néo-démocrates ont en eu dans le passé. C’est un processus très coûteux. Cela va coûter autour de 2 000 $. Selon la loi, si on peut le faire au moyen d’un don personnel, on peut y aller.
L’autre chose qui fait problème, vraiment le point le plus faible du projet de loi, un véritable tendon d’Achille, c’est que le projet de loi n’interdit nullement la publicité par un tiers. On sait les problèmes qu’on a eus avec l’ancien chef de la National Citizens Coalition…
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui et de formuler quelques observations au sujet de ce que je considère comme étant l'une des mesures législatives les plus importantes et les plus progressistes à avoir été présentées à la Chambre depuis longtemps.
Étant donné que c'est la première fois que j'ai l'occasion de prendre la parole à la Chambre, même si j'ai déjà fait une brève déclaration de député avant le congé de Pâques, j'aimerais prendre quelques instants pour remercier sincèrement les gens merveilleux de la circonscription d'Avalon, à Terre-Neuve-et-Labrador, de m'avoir conféré l'honneur et le privilège de m'élire à titre de leur représentant au Parlement. Le vote de confiance qu'ils ont exprimé le 23 janvier était la manifestation du fait que la population d'Avalon souhaitait très nettement un changement, non seulement à l'échelle de la circonscription, mais également d'un océan à l'autre, de manière à ce que les choses bougent assurément à Ottawa.
Ayant été le premier élu conservateur au Canada le soir des élections, je suis fier de mes électeurs, des habitants de la circonscription d'Avalon. Ce sont eux qui, les premiers, ont tourné la page et consacré l'avènement d'un gouvernement conservateur au Canada. C'est avec le plus grand sérieux que j'aborde mon rôle de député et je suis impatient de collaborer avec mes collègues ministériels à l'avantage des gens que je représente. Nous aurons évidemment toujours des défis à relever, mais je compte bien profiter des occasions qui s'offriront à mes électeurs de la circonscription d'Avalon.
J'aimerais souligner que je côtoie ici deux vétérans politiques de Terre-Neuve-et-Labrador, soit le député de St. John's-Sud—Mount Pearl et celui de St. John's-Est. Je suis ravi que mon collègue le député de St. John's-Sud—Mount Pearl ait été nommé ministre des Pêches et des Océans. L'industrie de la pêche est très importante dans ma circonscription, Avalon, ainsi que dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
Mardi dernier, le gouvernement a adopté l'une de ses premières mesures concernant notre province, et je m'en réjouis. J'ai accompagné le premier ministre et le ministre des Pêches et des Océans dans notre province, à Gander plus précisément. Nous avons annoncé le retour de la station météorologique de Gander, à Terre-Neuve-et-Labrador. Il s'agit d'une promesse électorale, et je suis fier de dire que le premier ministre l'a tenue.
Le projet de loi sur la responsabilité, le projet de loi C-2, a trait à la confiance. Il vise à faire le ménage au sein du gouvernement. Le projet de loi concerne la responsabilité, la reddition de comptes aux citoyens du Canada pour garantir que l'argent qu'ils ont durement gagné et versé en impôts ne sera pas gaspillé, que cet argent ne servira pas à récompenser les petits amis d'un parti et qu'il ne servira pas à soutenir un parti politique en déclin.
Le scandale des commandites a dégoûté les Canadiens des quatre coins du pays. Le scandale de DRHC juste avant a dégoûté toute la population. Le registre des armes à feu, dont le coût prévu de 2 millions de dollars a grimpé à 2 milliards de dollars, a aussi dégoûté les Canadiens de partout. Tout cela a mené à la Commission Gomery. Les Canadiens ont regardé avec intérêt les témoignages portant sur les 13 dernières années et leur dégoût augmentait chaque jour.
De récents sondages menés à l'échelle du pays ont mesuré le degré de confiance des Canadiens envers diverses professions. Je n'ai pas été surpris, et les députés de tous les partis non plus, j'en suis sûr, de voir les pompiers, les infirmières, les agriculteurs et d'autres en haut de la liste. Les politiciens étaient bons derniers, derrière les vendeurs de voitures usagées. Comme députés, comme Canadiens, nous devons absolument remédier à cette situation. C'est ce que le gouvernement entend faire avec ce projet de loi.
Nous devons travailler ensemble pour redonner confiance aux Canadiens. Parmi les éléments importants du projet de loi figurent la réforme du financement des partis politiques, le renforcement du rôle du Commissaire à l’éthique, le resserrement de la Loi sur l’enregistrement des lobbyistes et l’assurance d’une protection véritable pour les dénonciateurs. Allan Cutler, qui a dénoncé un scandale libéral, a perdu son poste. C’était injuste et, grâce à ce projet de loi, un mandataire du Parlement indépendant aura le pouvoir de protéger ceux qui dénoncent les actes répréhensibles.
Le projet de loi renforcera la Loi sur l’accès à l’information. Il permettra au vérificateur général de mieux suivre l’argent et, croyez-moi, lorsqu’ils ont regardé les audiences de la Commission Gomery, de nombreux Canadiens ont souhaité pouvoir suivre l’argent. Tel est le but de ce projet de loi.
Ce projet de loi a pour objectif de permettre aux Canadiens de comprendre comment fonctionne le gouvernement et la différence entre un parti politique et un gouvernement. Ce n’est pas la même chose que de dépenser l’argent des contribuables sans avoir de comptes à rendre et de le dépenser en rendant des comptes.
J’ai écouté mes collègues parler tout à l’heure de responsabilité et de reddition de comptes. Nous sommes élus à la Chambre pour rendre des comptes et assumer des responsabilités. L’un ne va pas sans l’autre. Ce sont deux choses indissociables.
La réforme du financement des partis politiques est un élément important de cette mesure. Ces changements augmenteront la transparence, réduiront la possibilité d’influencer les élus au moyen de contributions et renforceront la confiance des Canadiens dans l’intégrité du processus démocratique. Ils placeront les personnes qui versent une contribution sur un pied d’égalité et inciteront les partis politiques à faire participer l’électorat de façon plus directe.
C’est ce que les Canadiens veulent, c’est ce qu’ils ont demandé et c’est ce que notre parti a proposé dans son programme. Ce que nous présentons aujourd’hui à la Chambre des communes n’est une surprise pour personne. Nous tenons une promesse que nous avons faite pendant la campagne électorale pour faire le ménage au gouvernement, pour faire le ménage à Ottawa et pour assainir la politique. Je suis fier de dire que j’appuie entièrement ce projet de loi et je me suis réjoui d’entendre des collègues déclarer aujourd’hui qu’ils l’appuyaient parce que les Canadiens veulent qu’il soit adopté.
La loi fédérale sur la responsabilité interdira les dons secrets à des candidats politiques. Ce n’est pas acceptable. Je n’ai certainement rien reçu quant à moi, mais nous avons déjà entendu parler d’enveloppes contenant de très grosses sommes d’argent. Comme chacun sait, si vous recevez une enveloppe contenant 5 000 $ ou 10 000 $, le lendemain ou le surlendemain, quelqu’un viendra frapper à votre porte pour obtenir une faveur. Tel est l’objectif de cette loi.
Ces changements apporteront davantage de transparence et d’équité dans le financement des partis politiques. Le gouvernement resserrera les exigences concernant la divulgation de la situation financière personnelle des députés et réduira ainsi le risque qu’ils aient des intérêts financiers problématiques. Ces mesures permettront aux députés de détenir des instruments financiers légitimes qui n’ont pas d’influence sur leurs fonctions. Nous ne pouvons pas nous servir de notre poste d’une façon malhonnête ou déloyale envers ceux qui nous ont élus.
Il y a de nombreux éléments du projet de loi dont on discutera au cours des prochains jours. Je suis très content que nous ayons l’occasion d’en discuter et que le projet de loi sera renvoyé à un comité où d’autres représentants pourront faire valoir leurs opinions.
Le 23 janvier, les Canadiens ont voté pour le changement. Ils ont voté pour un changement dans la façon dont on mène les affaires politiques dans cette ville. Ils ont voté pour un changement de gouvernement parce qu’ils voulaient que les torts soient redressés et c’est exactement ce que fera la loi fédérale sur la responsabilité. Nous sommes heureux de présenter cette loi et nous espérons que la Chambre l’adoptera afin que les Canadiens puissent de nouveau faire confiance à leurs élus.
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Monsieur le Président, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi sur la responsabilité.
Souvenons-nous que lors des deux dernières campagnes électorales fédérales, le Bloc québécois a dénoncé l'abus de l'utilisation des fonds publics et la corruption faite par le gouvernement libéral. Au mot « éthique » se rattachent des synonymes tels que « intégrité », « loyauté » et « fiabilité ». Cela est en contradiction avec des antonymes tels que « mesquinerie » , « arrogance » et « ingratitude ».
Le Bloc québécois veut éviter aux Québécoises et aux Québécois des scandales tels que le déshonorable scandale des commandites, auquel le Parti libéral du Canada nous a démontré l'entière ignominie dès le milieu des années 1990, ou le scandale d'Option Canada, qui a été orchestré par les forces fédéralistes, tant libérales que conservatrices, lors du dernier référendum.
En ce qui a trait à l'actuel projet de loi C-2, intitulé Loi sur la responsabilité, le Bloc québécois a participé à la Commission Gomery dans l'esprit constructif qu'on nous reconnaît, en élaborant 72 recommandations qui doivent maintenant être implantées.
Dans cette perspective, je suis heureux de constater que plusieurs propositions mises de l'avant par le Bloc québécois, certaines depuis 1990, ont été reprises. Pensons ici aux éléments suivants: la nomination au mérite des directeurs de scrutin par Élections Canada; l'indépendance du registre des lobbyistes; la loi sur le financement des partis politiques qui ressemblera davantage à celle du Québec en interdisant les dons corporatifs; le renforcement des pouvoirs de la vérificatrice générale.
Cependant, le Bloc québécois a toujours soutenu que le renforcement des lois et des politiques n'était d'aucune efficacité s'il n'était pas accompagné d'une volonté réelle des élus ministériels de changer les choses.
En matière de lobby, par exemple, il est curieux de voir le premier ministre tolérer ce qu'il dénonçait de la part des libéraux. Dans la plateforme éthique du Parti conservateur, à la page 3, le premier ministre reprochait aux libéraux de permettre les va-et-vient entre les cabinets politiques et les firmes de lobby. Je cite:
Avec les libéraux, le lobbying auprès du gouvernement, souvent par des amis et des associés de l'ancien premier ministre et d'autres ministres libéraux, est devenu une industrie de plusieurs millions de dollars. Des libéraux haut placés évoluent librement entre un poste élu et non-élu au sein du gouvernement et le milieu du lobbying.
Pourtant, le nouveau ministre de la Défense a été lobbyiste pendant une dizaine d'années auprès de fournisseurs de matériel militaire. Nous sommes en droit de nous poser la question suivante: défendra-t-il les intérêts des citoyens ou les intérêts de ses anciens clients?
C'est la même chose en ce qui a trait à la directrice des communications du premier ministre, qui a représenté les intérêts d'une dizaine d'entreprises pouvant faire affaire avec le gouvernement. Défendra-t-elle les intérêts des citoyens ou les intérêts de ses ex-clients?
Idem pour l'actuel directeur des affaires parlementaires du ministre des Travaux publics, qui a travaillé quelques années pour Summa. Chez Summa, il représentait les intérêts suivants: Purolator Courier, Enbridge, SAS Institute Canada, ou il faisait du démarchage auprès du gouvernement. Défendra-t-il les intérêts des citoyens ou les intérêts de ses ex- clients? La question est posée.
Il est étonnant de constater que les conservateurs n'ont pas appris des erreurs des libéraux. Comme les libéraux avec Alfonso Gagliano, les conservateurs ont nommé leur organisateur politique au Québec à la tête du ministère des Travaux publics. Le ministre des Travaux publics, qui a reconnu faire du financement politique pour le Parti conservateur, est responsable de 10 milliards de dollars en achats gouvernementaux. Si la Loi sur la responsabilité permet ces activités sans problème, où est la responsabilité?
À cet égard, nous espérons que le gouvernement conservateur prendra acte des amendements du Bloc québécois afin de s'assurer qu'il a une volonté réelle de changer les choses.
Si le gouvernement actuel a une réelle volonté de changer les choses, il devra revoir les peines prévues pour les conflits d'intérêts. Comme le disait hier mon collègue de Repentigny, lorsqu'on parle d'une amende de 500 $ pour une infraction à la Loi sur les conflits d'intérêts, alors que les contrats peuvent dépasser 200 000 $ comme on l'a vu dans le passé, c'est loin d'être une peine acceptable.
Il faudra regarder attentivement cet aspect du projet de loi, si le gouvernement a une réelle volonté de changer les choses.
Notons que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique peut lui-même imposer des pénalités. Cependant, ce pouvoir semble mal balisé. Peut-il imposer des pénalités financières de plus de 500 $? C'est une question que l'on doit éclaircir.
En ce qui concerne la Loi sur l'accès à l'information, encore une fois, on dirait que le gouvernement refuse de bouger.
Ladite loi a été adoptée en 1983. Depuis, malgré de nombreux appels lancés en faveur de sa refonte, elle est restée essentiellement la même. Le gouvernement conservateur a choisi de ne pas inclure la réforme de la Loi sur l'accès à l'information dans son projet de loi omnibus, projet de loi qui modifie pourtant une quarantaine de lois en 317 articles. La Loi sur l'accès à l'information aurait dû s'y retrouver. Le président du Conseil du Trésor prétend que des consultations supplémentaires sont nécessaires.
Pourtant, le gouvernement conservateur a promis de réformer la Loi sur l'accès à l'information à de nombreuses reprises lors de la dernière campagne électorale. Par exemple, leur plateforme électorale mentionne, à la page 13:
Un gouvernement conservateur:
Appliquera les recommandations du commissaire à l’information sur la réforme de la Loi sur l’accès à l’information.
Les députés conservateurs, comme tous les autres députés siégeant au Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, ont repoussé les suggestions du précédent ministre libéral de la Justice, qui voulait encore étudier la loi. Le 3 novembre 2005, le comité acceptait à l'unanimité la loi proposée par le commissaire à l'information et demandait au gouvernement de légiférer sans tarder.
Cela fait 20 ans que les différents gouvernements tiennent des consultations. Dès 1987, le Comité permanent de la justice formulait 100 recommandations pour réformer la loi. En août 2000, la présidente du Conseil du Trésor et le ministre de la Justice ont créé un groupe de travail composé de fonctionnaires pour étudier la loi, la réglementation et les politiques qui sous-tendent le régime actuel d'accès à l'information. En novembre 2001, le comité Bryden a proposé une dizaine de recommandations prioritaires. Rappelons que l'actuel ministre de la Justice signait ce rapport.
Les parlementaires ont aussi eu l'occasion de débattre de cette loi, alors que plusieurs députés ont présenté des projets de loi d'initiative parlementaire. Le commissaire à l'information a même proposé un projet de loi complet au gouvernement en octobre 2005, comme il l'avait également fait en 1994.
La vérité non avouée est-elle que le gouvernement conservateur est moins pressé de réformer la loi maintenant qu'il est au pouvoir? Là est la question.
Le commissaire à l'information notait récemment que ce réflexe est une constante chez tous les gouvernements. Je le cite:
La raison pour laquelle il faut agir, et non pas faire d’autres études, est que les gouvernements continuent de se méfier de la Loi sur l’accès à l’information et de la surveillance du commissaire à l’information, et de tenter de s’y soustraire.
En conclusion, je répète que le Bloc québécois a toujours soutenu que le renforcement des lois et des politiques n'était d'aucune efficacité s'il n'était pas accompagné d'une volonté réelle des élus ministériels de changer les choses. Disons que les signaux que nous percevons de ce gouvernement depuis quelques mois sont inquiétants.
Nous avons identifié plusieurs lacunes dans ce projet de loi qui pourraient permettre des abus. À cet égard, nous invitons le président du Conseil du Trésor à prendre le temps nécessaire pour bien analyser les amendements qui seront proposés au projet de loi, afin de réduire les risques d'abus comme ceux qui ont contribué grandement au cynisme envers la politique et ceux et celles qui ont la responsabilité de défendre les intérêts de la population.
Mes collègues peuvent être assurés de mon entière collaboration afin de bonifier ce projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis très heureux de prendre la parole aujourd’hui. Je voudrais commencer par vous féliciter pour votre bon travail et pour vos nouvelles fonctions de vice-président de la Chambre. La robe vous va bien, et nous espérons que vous continuerez à exercer ces fonctions. C’est un grand plaisir pour moi de vous féliciter.
C’est la première fois que j’ai l’occasion de prendre la parole au cours de cette session pour présenter quelques observations sur ce qui, pour moi, constitue l’une des plus importantes mesures législatives jamais déposées au Parlement. Après ce que nous avons vu le gouvernement précédent faire et parce que nous devons agir rapidement pour rétablir la confiance des Canadiens dans leurs politiciens et leur gouvernement, je suis enchanté de prendre la parole en cette 39e législature au sujet de ce projet de loi extrêmement important.
Avant de le faire, cependant, je voudrais commencer par féliciter et remercier les habitants d’Edmonton-Strathcona, qui ont été assez bons pour m’envoyer les représenter ici pour la quatrième fois. J’ai peine à croire que je suis à la Chambre depuis bientôt neuf ans. Le temps passe vraiment vite. J’ai beaucoup appris au cours de ces années. J’ai participé à d’incroyables débats et j’ai connu des expériences extraordinaires. Je dois dire que, même si je risque d’attraper un torticolis en regardant le Président de cet angle, je trouve très agréable de siéger du côté du gouvernement après tout ce temps.
Tandis que nous progressons à la Chambre, je voudrais parler de quelques-unes des grandes mesures nécessaires pour nettoyer le gouvernement et mettre de l’ordre dans la pagaille créée par 13 années de l’ancien régime. Nous avons entendu un certain nombre de nos collègues de ce côté-ci de la Chambre ainsi que le ministre responsable du projet de loi, le président du Conseil du Trésor, parler de la raison pour laquelle il est tellement important d’adopter cette mesure, de la raison pour laquelle les Canadiens ont affirmé avec force le 23 janvier qu’ils voulaient un changement. Les Canadiens veulent une amélioration de la transparence et de la reddition de comptes. Ils souhaitent voir changer la façon dont les choses se font à Ottawa. Cela était parfaitement clair après le 23 janvier.
J'estime important, pour le bénéfice des téléspectateurs qui se branchent en cours de route afin de se faire une idée du déroulement de ce débat et des critères qui interviennent dans cette mesure législative, de résumer les principaux aspects de ce projet de loi en sorte qu’ils se rendent bien compte que ce gouvernement déploie de sérieux efforts pour essayer de faire place nette après tout ce qui s'est passé à Ottawa.
Certains des changements proposés sont concrets et je crois qu'ils sont bien accueillis. C'est ce que j'ai entendu lors de la campagne électorale et même dans les semaines qui ont précédé le dépôt de ce texte. Les Canadiens attendaient avec impatience l'adoption de certaines mesures, comme le renforcement des pouvoirs du Bureau du vérificateur général, l'interdiction faite aux syndicats et aux grandes sociétés d'effectuer des contributions politiques et le plafonnement de ces contributions dans le cas des particuliers, de même que la garantie d'une véritable protection aux dénonciateurs dont nous avons, je crois, beaucoup entendu parlé.
Les Canadiens attendaient avec impatience également que l'on assainisse les procédures de passation des marchés publics. Nous savons ce qui a mené au scandale des commandites lors de la dernière législature, sous le gouvernement précédent, et je ne doute pas que tous ces événements sont encore très frais dans la mémoire des Canadiens. Il est aussi question d'empêcher les anciens ministres et les autres titulaires de charge publique de faire du lobbying auprès du gouvernement pendant la période de cinq ans qui suit la cessation de leurs fonctions. C'est là une mesure très stricte. Nous avons hâte de savoir comment tout cela va être reçu, surtout quand nous en serons à l'étape de l'étude en comité. Enfin, nous voulons aussi rendre le gouvernement plus transparent en améliorant l'accès à l'information.
Durant le temps qui m'est accordé cet après-midi, j'envisage de m'attarder sur ce dernier volet de notre action. Je commencerai donc par ce sujet avant de traiter du plus grand nombre d'autres questions que je pourrais, questions qui sont à la base de ce projet de loi.
Comme je le disais, pendant la quasi-totalité des neuf années que j'ai passées dans l'opposition, il m'est arrivé d'être très exaspéré quand nous traitions de questions d'éthique, de responsabilisation et de transparence et quand nous voulions permettre à la population de savoir comment était dépensé l'argent de ses impôts dans les diverses sphères d'activité du gouvernement. J'ai été très surpris d'entendre certaines observations aujourd'hui, dans le cadre de ce débat, surtout celles formulées par nos collègues d’en face dont beaucoup faisaient partie du gouvernement précédent.
Certains ont posé des questions de sémantique sur la définition de la reddition de comptes. Il y a même un député qui a dit qu'il ne s'agissait que d'une façade. Personnellement, monsieur le Président, j'ai impression que les députés d’en face ne reconnaîtraient pas la reddition de comptes, même si elle venait leur mordre vous savez quoi. Ce genre de réaction, face à des mesures aussi simples que celles que j’ai citées, continue de me surprendre, même après toutes ces années marquées par les problèmes dont nous avons été les témoins à la Chambre. Je me rappelle, quand j'étais assis sur les bancs de l'opposition, à quel point je trouvais frustrant de ne pas pouvoir obtenir de renseignements sur des sociétés d'État par le biais de l'accès à l'information.
Le plus incroyable dans tout cela, c'est que nombre de libéraux semblent maintenant se plaindre de cette disposition. Cela ne peut s'expliquer, à mon avis, que par le fait que, comme nous le savons, un grand nombre d'administrateurs et d'autres titulaires de postes au sein de nombreuses sociétés d'État étaient des amis du régime nommés par les libéraux d'antan. Il n'y avait pas à proprement parler de transparence dans ce processus; je ne suis donc pas étonné que nos efforts, aujourd'hui, pour rendre le processus plus ouvert et ces sociétés d'État responsables, ce que les députés de l'opposition réclamaient depuis des années, suscitent une certaine résistance de la part des libéraux. Il convient de se demander pourquoi ils s'y opposeraient, si ce n'est pour essayer de protéger tous leurs amis qui occupent nombre de ces postes dans l'ensemble de ces sociétés d'État.
Nous avons entendu parler autant comme autant des problèmes que posaient, à Postes Canada, à la Monnaie royale et au sein d'autres sociétés d'État, le manque de responsabilité et la mentalité du « tout m'est dû ». On a eu notre lot de ces histoires à dormir debout au cours des 13 dernières années de mauvaise gestion libérale, auxquelles nous espérons mettre un terme grâce à l'ajout de ce nouvel élément concernant l'accès à l'information, dont tous les députés devraient se réjouir.
Je sais que la population canadienne serait enchantée de savoir à quelles fins l'argent des contribuables est dépensé, surtout dans les secteurs où les libéraux ont nommé au fil des ans des petits amis du régime pour occuper de nombreux postes.
Le renforcement des pouvoirs du vérificateur général est une autre idée que j'ai défendue avec passion quand j'étais dans l'opposition. Rappelons-nous du moment où le scandale des commandites a éclaté au grand jour, tandis que la vérificatrice générale continuait de découvrir, dans un ministère après l'autre, des problèmes tels que la mauvaise gestion, de l'argent dont on perd la trace et le manque de responsabilité. À un moment donné, les libéraux, qui étaient alors au pouvoir, auraient même cherché à limiter les pouvoirs de la vérificatrice générale. J'en ai été estomaqué. Je ne pouvais pas le croire.
Nous essayons de renforcer le système de freins et contrepoids, mais les Canadiens conviendront que le bureau du vérificateur général devrait exercer un pouvoir formidable et que les ressources nécessaires devraient être mises à sa disposition par le gouvernement et les députés. Il va de l’intérêt de tous les députés et de tous les Canadiens que le titulaire de ce poste soit traité avec respect et dispose des ressources dont il a besoin et qu’il mérite pour faire son travail au nom des Canadiens. Je me souviens qu’il a été question, sous le gouvernement précédent, de réduire les pouvoirs et le budget de ce poste. C'est difficile à croire qu’on ait songé à faire cela.
Les Canadiens peuvent être assurés que ce n’est pas l’attitude du gouvernement conservateur. Nous allons veiller à ce que les Canadiens sachent que l’argent qu’ils gagnent durement est dépensé judicieusement. Le vérificateur général doit avoir pouvoir suivre les fonds pour garantir qu’ils sont dépensés à bon escient.
Le gouvernement actuel conférera de nouveaux pouvoirs au vérificateur général qui fera des vérifications auprès des personnes et des organismes qui reçoivent des fonds du fédéral. Le vérificateur général sera ainsi mieux en mesure d’exiger des comptes de la part de ceux qui dépensent l’argent des contribuables.
Nous pensons tous à nos circonscriptions et aux personnes les plus touchées par les décisions gouvernementales. Je sais que les électeurs d’Edmonton peuvent se réjouir à l’idée qu’un responsable indépendant verra où leur argent est dépensé et qu’ils n’auront pas à le croire uniquement sur parole, car ils auront facilement accès aux renseignements.
Une des choses qui rendra sûrement les libéraux un peu nerveux est l’idée de changer les règlements en matière de financement. J’admets qu’ils ont fait quelques modifications au cours de la dernière législature, pour restreindre un peu le financement des sociétés, mais franchement, ils ne sont pas allés assez loin. Nous voyons toujours l’effet des lobbyistes et des grosses contributions dans les décisions prises par le gouvernement précédent. En interdisant les dons faits par les sociétés et les grands syndicats, les nouvelles dispositions sur le financement que renferme notre projet de loi vont de nouveau permettre aux Canadiens ordinaires de communiquer avec leur gouvernement et d’être pris au sérieux au même titre que les gros donateurs dans le cadre de la regrettable culture apparue dans le gouvernement précédent, selon laquelle l’argent pouvait décider du programme.
Nos députés sont ravis par les mesures qu’entend prendre le nouveau gouvernement. Nous sommes enthousiasmés à l'idée de pouvoir ouvrir une nouvelle ère de bon gouvernement pour les Canadiens.
Nous sommes enchantés de pouvoir travailler avec les Canadiens pour enfin rétablir la confiance qu’ils veulent tant avoir dans leur gouvernement. Comme je l’ai mentionné, nous allons ouvrir une ère nouvelle où tous les Canadiens participeront à leur démocratie qui n’aura rien à voir avec ces 13 années de mauvaise gestion, de corruption, de regrettable malaise.
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Monsieur le Président, j'ai écouté attentivement ce que le député d'Edmonton—Strathcona avait à dire. C'est vrai qu'il démontre un enthousiasme délirant à l'égard du projet de loi qui nous a été présenté. Il ne fait pas de doute que de nombreux éléments de cet immense projet de loi font l'unanimité.
Il sera fouillé, discuté et analysé en profondeur par un comité; c'est une étape très importante du processus. Certains éléments du projet de loi sont, de toute évidence, vraiment décevants. Je crois que tous diraient que les députés de cette Chambre, et cela comprend bien sûr le parti au pouvoir, ont insisté sur la nécessité de remettre de l'ordre dans le gouvernement, de le débarrasser de la corruption et de tenter de regagner la confiance du public. Le projet de loi renferme une bonne part des mesures qui permettraient de le faire.
De façon plus précise, j'aimerais que le député parle brièvement de certaines mesures qui brillent par leur absence ou qui sont carrément insuffisantes. Conviendra-t-il qu'au stade de l'étude en comité, on doive se pencher sérieusement, par exemple, sur l'absence de plafonds pour les dépenses relatives aux courses à la direction ou sur l'obligation de divulgation pleine et entière à cet égard? D'une certaine façon, c'est là que tout débute à l'intérieur d'un parti.
Le fait est qu'aucune mesure n'a été proposée pour interdire le changement d'allégeance politique. Je sais que le gouvernement n'a pas de difficulté à faire des blagues sur la possibilité qu'un des siens passe à un autre parti, mais lorsqu'on vote pour quelqu'un qui s'envole le lendemain vers un autre parti, il y a de quoi s'inquiéter. Le député nous parlerait-il de quelques-unes de ces questions dans le temps qu'il a à sa disposition?
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Monsieur le Président, ce prétendu projet de loi sur la responsabilisation s'appuie sur un grand mensonge en fait. On part de l'hypothèse tout à fait fausse selon laquelle le gouvernement est corrompu, qu'il n'est pas digne de foi et qu'il faut assainir les moeurs à Ottawa. Les conservateurs ont réussi à parvenir au pouvoir en s'appuyant sur cette fausse hypothèse.
En fait, le projet de loi sur la responsabilisation est lié à une stratégie politique et n'a rien à voir avec la reddition de comptes. On confond la véritable responsabilisation avec la conduite. Je pense que la stratégie du premier ministre est simple. Il se dit qu'il lui suffit de répéter souvent le mot responsabilisation, chose sur laquelle nous sommes tous d'accord, un mot qui sonne bien et que nous confondons avec la conduite, et qu'il lui sera alors possible de faire adopter un projet de loi auquel tous les partis adhéreront, même ceux de l'opposition, car personne n'aura le courage de s'attaquer à cette mesure.
Le juge Gomery a déclaré que la grande majorité des élus à la Chambre, au Parlement et au gouvernement sont des gens honnêtes, laborieux et diligents qui s'acquittent de leurs fonctions. C'est un fait.
Le projet de loi semble être une bonne mesure à première vue, mais je le répète, il a très peu de liens avec une véritable responsabilisation. Il concerne plutôt la conduite. Il va entraîner une certaine paralysie. Il conduira à une série d'enquêtes habituelles et coûteuses sur ce qui se passe au Parlement et ne servira absolument pas la population. Il coûtera cher aux contribuables. Il nuira à la capacité de notre institution à travailler de façon efficace dans l'intérêt de la population.
Il est intéressant de noter que dans ce projet de loi, on ne définit absolument pas ce qu'est la responsabilisation. C'est remarquable. Qu'est-ce que la responsabilisation? Permettez-moi de citer une autorité nationale en la matière, un homme qui a déjà travaillé au Bureau du vérificateur général, M. Henry McCandless. C'est un expert de la responsabilité à l'égard du publique. Il a déclaré que la responsabilité, c'est l'obligation d'agir; la conduite est la façon de s'acquitter d'une responsabilité; la responsabilisation, c'est l'obligation d'expliquer comment les diverses responsabilités sont assumées.
C'est ce dont il est question. Cela ne figure pas dans le projet de loi. Ce prétendu projet de loi sur la responsabilisation porte sur la conduite et non sur la véritable responsabilisation.
En clair, la responsabilisation, c'est l'obligation qu'ont les gens d'expliquer complètement et équitablement comment ils s'acquittent de leurs fonctions et assument leurs responsabilités à l'égard de la population.
Il faut aussi des exigences établies en ce qui a trait aux rapports sur le rendement, et cela non plus n'est pas dans le projet de loi. Cela fait-il une différence? Cette fausse représentation de la véritable responsabilisation fait-elle une différence dans la façon dont notre institution fonctionne dans l'intérêt du public?
Des députés ont parlé de la question de la confiance. Bien sûr, la véritable responsabilisation est indissociable de la confiance. La confiance est fonction de la reddition de comptes d'un gouvernement à ses citoyens. Un gouvernement doit rendre des comptes et expliquer au public ce qu'il fait et pourquoi il le fait avant de le faire. Il faut en outre des mesures de rendement et de reddition de comptes.
Si c'était le cas, si tout cela était prévu dans le libellé du projet de loi, le gouvernement ferait ainsi quelque chose qui n'a jamais vraiment été fait auparavant. Il présenterait un projet de loi qui établit de vraies mesures de reddition de comptes.
Quand les gens comprennent vraiment ce que fait leur gouvernement, ils peuvent soit le soutenir, soit obtenir que le gouvernement change sa façon de faire, soit défaire le gouvernement. C'est la base de la véritable responsabilisation et la base de la confiance. Si le gouvernement veut avoir la confiance des gens et veut que le public ait confiance en ce qu'il fait, il doit prendre la peine de véritablement rendre des comptes. Si c'était le cas, il inscrirait dans le projet de loi les mesures nécessaires pour assurer une véritable reddition de comptes.
Le projet de loi établit une série de vérificateurs qui vont se marcher sur les pieds: le directeur parlementaire du budget, le vérificateur de l'approvisionnement, le directeur des poursuites pénales, un système de traitement des dénonciations qui prévoit le versement d'argent à des fonctionnaires et qui sera une cause de craintes et de paranoïa au sein de notre fonction publique. Cela va bloquer le système. La création de tous ces postes de vérificateur laisse entendre que notre système actuel ne fonctionne pas et que le gouvernement ne fait pas confiance aux vérificateurs actuels.
En ce qui concerne le scandale des commandites, des gens ont enfreint les règles. Y avait-il un problème avec les règles? La vérificatrice générale a dit clairement que les règles ne posaient pas de problème. Il existait des règles et on ne les a pas respectées.
La fonction publique et le gouvernement sont actuellement paralysés par un sentiment d'obligation démesuré pour ce qui est des acquisitions. Le processus est trop lent, trop complexe et trop coûteux. Il faut le rationaliser. Lorsqu'il était ministre de la Défense, l'actuel chef de l'opposition l'a très bien fait.
Le premier ministre a présenté un projet de loi qui n'a rien à voir avec la responsabilisation. Il a lui-même enfreint les règles de la reddition de comptes à plusieurs égards. Par exemple, il muselle son Cabinet et ses députés. Il limite la capacité de la presse à faire son travail. Il a nommé un ministre des Travaux publics qui ne siège pas à la Chambre. Ce ministère dépense des milliards de dollars en fonds publics. Mettre un ministre de la Couronne, responsable de dépenser des milliards de dollars, à l'abri des questions posées à la Chambre de sorte qu'il ne puisse rendre compte à la population librement et ouvertement constitue une violation flagrante de la véritable reddition de comptes. Le projet de loi ne prévoit rien à cet égard. Cette nomination protège ce ministre contre les questions posées à la Chambre et le droit de la population de savoir ce qui se passe au sein du ministère des Travaux publics et quelles sont les dépenses effectuées.
À propos du financement, nous y avons imposé des limites très strictes de 5 000 $ pour les particuliers et 1 000 $ pour les personnes morales. Dans le projet de loi, rien n'est dit à propos du financement par des tiers comme les groupes d'intérêts spéciaux, détail de toute importance. Le projet de loi C-2 est un projet de loi politique qui n'a rien à voir avec les intérêts du public et de la fonction publique. En réalité, le projet de loi saperait la capacité des partis politiques de faire leur travail et limiterait la capacité du public d'exprimer ses opinions et ses souhaits par l'entremise de ses représentants élus.
Une personne morale peut-elle exercer une influence sur un député avec 1 000 $? Je ne le pense pas. Pas du tout. On ne m'a jamais offert de l'argent et je ne connais personne à la Chambre, tous partis confondus, à qui on a offert de l'argent. Peut-on vraiment acheter une quelconque faveur en faisant un don de 5 000 $ ou de 1 000 $? Ce sont les limites que nous avons mises en oeuvre quand nous formions le gouvernement. Le gouvernement actuel ne limitera pas le financement par des tiers, qui pourrait pourtant avoir une influence indue sur les gouvernements et les partis politiques. C'est là une des lacunes fondamentales du projet de loi.
Ce dernier ne dit rien à propos de la véritable responsabilité envers le public. Il retardera la cause de la responsabilité envers le public de plus de 20 ans. C'est un projet de loi politique qui n'est pas présenté dans l'intérêt du public. Il est présomptueux et excessif et il nuira à la responsabilité envers le public.
J'implore le gouvernement de tenir compte de ce qui a été dit aujourd'hui et d'écouter les véritables experts en la matière comme Henry McCandless et les autres qui travaillent ou ont travaillé au bureau du vérificateur général ou dans le milieu universitaire. Le gouvernement devrait présenter un projet de loi qui porte vraiment sur la responsabilité envers le public. S'il le faisait, il ferait quelque chose qui n'a pas été fait en 20 ans.Dire qu'Ottawa est corrompu et doit être réformé nuit énormément à notre travail en tant que députés et nuit énormément aux fonctionnaires.
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Monsieur le Président, c'est avec grand intérêt que je saisis cette occasion de parler du projet de loi C-2, la loi fédérale sur la responsabilisation.
C'est aujourd'hui une journée sombre de l'histoire de la démocratie au Canada. Le fait qu'il soit devenu nécessaire, au sein de notre système parlementaire, de présenter cette loi sur la responsabilisation en dit long sur le gouvernement précédent.
Bien que le projet de loi soit présenté au nom du président du Conseil du Trésor, les Canadiens savent bien que le premier ministre est le vrai moteur de cette initiative visant à ramener la responsabilité au Parlement.
Je félicite le premier ministre, député de Calgary-Sud-Ouest, d'avoir démontré à tous les Canadiens l'importance accordée par notre parti à la responsabilisation du gouvernement et au maintien de nos institutions démocratiques, qui est l'une de ses priorités.
Pour donner une idée de cette importance, je partage avec mon parti le principe de la responsabilité sur une base régulière. Je prends le pouls des électeurs de ma circonscription, celle de Renfrew—Nipissing—Pembroke, pour recueillir leurs conseils et leur soutien, car je suis la messagère de leurs préoccupations au Parlement du Canada.
La plus importante question soulevée par mes électeurs est celle de l'importance primordiale de l'honnêteté au sein du gouvernement. Ils reconnaissent que le gouvernement est un organisme complexe. Cependant, si le gouvernement est malhonnête dans les initiatives qu'il prend au nom de la population, lorsque les décisions sont prises, il n'est pas honnête. C'est inacceptable.
Pour bâtir une bonne maison, il faut tout d'abord veiller à la fondation. Or, la confiance en nos institutions démocratiques est à son plus bas à l'heure actuelle à cause de ce qui s'est passé au cours des 13 dernières années. L'effritement a été progressif. À cet égard, un extrait d'un discours prononcé durant la 35e législature mérite d'être cité:
Monsieur le Président, ce gouvernement a établi des normes d'intégrité et de probité très élevées. Personnellement, j'ai fait de l'intégrité une de mes grandes priorités.
Je l'ai déjà dit et je le répéterai encore une fois: Il est essentiel d'établir de telles normes pour les titulaires des charges publiques, si nous voulons rétablir et maintenir la confiance des Canadiens et des Canadiennes à l'égard des institutions publiques.
Cela est particulièrement vrai pour les ministres qui doivent adopter une conduite impeccable dans toutes leurs activités et ce, aussi bien à titre de ministre que de député et de citoyen ordinaire. C'est une responsabilité qui incombe à ceux et celles qui détiennent une charge publique et que, par ailleurs, nous acceptons tous volontiers.
La citation provient de l'ancien chef du Parti libéral, aujourd'hui déchu, dont on venait de démasquer une première fois le comportement corrompu et scandaleux, qui allait plus tard être étalé au grand jour. Voilà donc des paroles vides de sens de la part d'un gouvernement auquel sera associé à tout jamais le scandale des commandites.
Disons les choses telles qu'elles sont. Ce sont les activités du Parti libéral qui ont mené au déclenchement de la commission d'enquête sur le Programme de commandites et les activités de publicité, de sorte que le Parlement débat aujourd'hui d'une mesure législative visant la responsabilisation du gouvernement fédéral.
Selon le rapport de la Commission Gomery, de 1994 à 2003, le gouvernement du Canada aura consacré en tout 332 millions de dollars aux programmes spéciaux et de commandites, dont 44,4 p. 100, soit 147 millions de dollars, en honoraires et commissions versés à des agences de communication et de publicité. Ces sommes ne comprennent pas les salaires et frais des fonctionnaires qui ont géré le Programme de commandites, les frais consacrés aux nombreuses enquêtes et vérifications, ni les frais engagés pour la présente commission d’enquête.
Selon la vérificatrice générale, de 1997 au 31 août 2001, le gouvernement fédéral a mené le Programme de commandites en faisant peu de cas du Parlement, de la Loi sur la gestion des finances publiques, des règles et des règlements sur la passation des marchés, de la transparence et de l'optimisation des ressources. Le Parlement n'a pas été informé des objectifs du programme ni des résultats obtenus, et il a été mal informé sur la gestion du programme.
Les personnes ayant la responsabilité de gérer le programme ont violé les propres règles du gouvernement dans la façon dont elles ont sélectionné les agences de communications et leur ont attribué des contrats. Des fonds de commandite ont toutefois été transférés à des sociétés d'État en utilisant des méthodes inhabituelles qui semblent avoir été conçues pour donner des commissions importantes à des agences de communications, tout en cachant l'origine de ces fonds et la vraie nature de ces opérations.
Qui plus est, la vérificatrice générale a déclaré que les dossiers étaient très pauvres et ne contenaient que peu de preuves d'analyses pour justifier des dépenses de plus de 250 millions de dollars. De cette somme, plus de 100 millions de dollars ont été payés à des agences de communications en frais de production et en commissions.
La vérificatrice générale a découvert une fraude de 250 millions de dollars dont les contribuables ont fait les frais. Le juge Gomery, quant à lui, estime que le montant s'élève à 332 millions de dollars dans le cadre de ce seul programme. Les mécanismes de surveillance et les contrôles essentiels qu'utilise le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux n'ont permis ni de prévenir ni de déceler ou de signaler les infractions.
La vérification spéciale menée par la vérificatrice générale a mis au jour, petit à petit, de plus en plus d'indices d'un énorme pillage systémique du Trésor public par certains membres du Parti libéral. La commission d'enquête a découvert un écheveau complexe de transactions financières entre Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, des sociétés d'État et des agences de communication, comprenant des pots-de-vin et des contributions illégales à un parti politique, dans le contexte du Programme de commandites; cinq agences ayant reçu de gros contrats de commandites ont acheminé régulièrement de l'argent, sous forme de dons illégitimes ou de cadeaux non déclarés, à l'occasion d'activités de collecte de fonds politiques au Québec en s'attendant à recevoir des contrats lucratifs du gouvernement; certaines agences avaient dans leur livre de paie des gens qui travaillaient en fait pour le Parti libéral; l'existence d'une culture du « tout m'est dû » chez les responsables politiques du Programme de commandites, avec obtention d'avantages monétaires et non monétaires; le refus de ministres, de hauts responsables du Cabinet du premier ministre et de fonctionnaires d'admettre leur responsabilité pour la mauvaise gestion constatée.
Le fait que seulement quelques personnes ou organismes ont été mentionnés n'absout pas ceux qui ont été blâmés par le juge Gomery. En limitant la portée de l'enquête Gomery, le Parti libéral a empêché le juge Gomery d'examiner le chapitre 5 du rapport de la vérificatrice générale. Dans ce chapitre, la vérificatrice critiquait le Parti libéral pour avoir utilisé des deniers publics pour faire des sondages à des fins politiques partisanes, dont on peut douter de la valeur pour les contribuables canadiens. En empêchant le juge Gomery d'inclure dans son enquête la totalité du rapport de novembre 2003 de la vérificatrice générale, on a laissé des pratiques douteuses se poursuivre au sein du gouvernement libéral.
La méthode de financement du Parti libéral au moyen de pots-de-vin versées par des personnes profitant du Programme de commandites est décrite dans le rapport factuel de la Commission Gomery. Les personnes qui ont accepté des contributions, des dons en espèces et d'autres avantages illicites se sont déshonorées et ont jeté le discrédit sur leur parti politique. Les députés libéraux méritent d'être blâmés pour leur inconduite. Ils ont fait fi des lois régissant les dons aux partis politiques. Le Parti libéral en tant qu'institution ne peut se soustraire à la responsabilité de l'inconduite de ses dirigeants et de ses représentants.
Selon le juge Gomery:
La Commission a entendu maints témoignages d’irrégularités commises par les cinq agences de communication et de publicité mentionnées dans ce rapport [...] ces agences ont systématiquement surfacturé le gouvernement, ne se sont pas acquittées de leurs obligations contractuelles, ont facturé du travail qu’elles n’ont pas exécuté, étaient en conflit d’intérêts, ont confié des travaux à des sous-traitants sans justification ni appel d’offres, et ont appliqué des pratiques contractuelles pour le moins douteuses.
Pour une majorité de Canadiens, il était devenu évident que la seule façon de servir la justice et d'arriver à traduire les coupables devant les tribunaux était de remplacer le gouvernement. Les Canadiens se sont prononcés en faveur d'un tel changement. La Loi fédérale sur l'imputabilité vise de nombreux objectifs, mais il est essentiel, pour que le commissaire à l'éthique puisse bien faire son travail, que nous renforcions son rôle et que nous définissions très clairement ses fonctions judiciaires.
Si l'on veut donner au public la possibilité de transmettre des plaintes par l'intermédiaire d'un député, nous devons avoir l'assurance que toutes les plaintes déraisonnables, vexatoires ou présentées de mauvaise foi seront rejetées. En obligeant les députés à attester sous serment ou par affirmation solennelle que la plainte qu'ils transmettent est fondée, nous pouvons contrôler le recours abusif à ce système. Le commissaire doit également bien connaître la loi et avoir une expérience dans le domaine judiciaire ou quasi-judiciaire pour pouvoir maintenir l'intégrité du poste de commissaire à l'éthique et faire en sorte que son travail soit respecté.
Malheureusement, tout cela n'était pas évident puisque le poste avait été créé sous le gouvernement précédent. Le fait que certaines décisions prises allaient à l'encontre des dispositions du Code laisse croire que cela pourrait bien être le changement qui aura le plus de poids pour reconstruire la confiance du public à l'égard de nos institutions démocratiques.
S'il y a une chose qui nous porte à croire que l'histoire se répète, ce sont les commentaires qui ont été formulés par le député de Calgary-Sud-Ouest au cours de la 35e législature pour résumer la première session et la façon dont ces mêmes commentaires pourraient avoir été faits à la fin de la 38e législature.
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Monsieur le Président, je souscris à l'observation faite par la députée et qui a été soulevée par de nombreux autres conservateurs. Il importe de mettre fin à la culture du « tout m'est dû » qui existait sous le Parti libéral à Ottawa. C'est certainement pour cette raison que les Canadiens ont élu davantage de députés conservateurs dans cette nouvelle législature, mais aussi davantage de députés néo-démocrates. Ils voulaient que les choses changent.
La députée et un certain nombre d'autres députés conservateurs ont parlé de la question de la démocratie et du respect de cette dernière. Pour l'essentiel, ce que nous avons vu après les élections du 23 janvier, dans une circonscription voisine de la mienne, Vancouver Kingsway, ce fut une trahison de la démocratie. Un candidat du Parti libéral, qui promettait d'être le pire ennemi du premier ministre, a fait campagne sur cette plateforme, a été élu à titre de libéral dans Vancouver Kingsway, puis a négocié une entente pour changer d'allégeance, obtenir le salaire et les privilèges d'un ministre et pour devenir ministre dans le gouvernement conservateur.
Pour l'essentiel, si on veut respecter la démocratie, cette personne devrait soumettre ce changement, cette promesse non tenue qu'il a faite pendant la campagne électorale, aux électeurs de sa circonscription. Toutefois, aucune disposition du projet de loi n'aborde le changement d'allégeance politique, auquel la grande majorité des Canadiens est opposée. Ils veulent une reddition démocratique des comptes. Ils veulent que lorsqu'ils votent, leur vote compte. Ils veulent que lorsqu'ils choisissent un candidat de quelque parti que ce soit, ce candidat ait envers eux le devoir de demeurer membre de ce parti. Si cette personne décide de changer d'allégeance, elle devrait obtenir le consentement du peuple dans une élection partielle.
Pourquoi le projet de loi sur la responsabilité ne prévoit-il rien pour stopper le changement d'allégeance politique?
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer à ce débat de deuxième lecture, mais je suis désolé que nous en soyons déjà rendus à la deuxième lecture. J'aurais souhaité que le projet de loi soit étudié par un comité avant la deuxième lecture, tout comme le projet de loi C-11 l'avait été au cours de la dernière législature. C'était le projet de loi sur la protection des divulgateurs.
Je me permets de dire à l'intention des députés qui ne connaissent pas très bien la procédure parlementaire que, lorsqu'un projet de loi est déposé à la Chambre et que nous passons immédiatement au débat de deuxième lecture, nous devons voter pour approuver ou non en principe le projet de loi. Le vote a lieu dès que le débat est terminé et que tous les députés souhaitant prendre la parole au cours de l'étude préliminaire ont eu l'occasion de s'exprimer. Une fois la motion de deuxième lecture adoptée, on ne peut plus revenir sur les principes généraux du projet de loi.
Le projet de loi est ensuite renvoyé à un comité, qui entend des témoins. Ces témoins représentent les personnes concernées par le projet de loi qui ont leur mot à dire. Il peut s'agir de gens de l'intérieur ou de l'extérieur de la fonction publique qui s'intéressent directement au dossier. Les experts viennent faire des observations sur l'application concrète des diverses dispositions du projet de loi.
Selon l'expérience que j'en ai, lorsque les députés se voient remettre un projet de loi, après la première lecture, il leur manque le temps pour faire les recherches nécessaires. C'est le cas même lorsqu'il s'agit d'un projet de loi de taille moyenne, et celui-ci est un projet de loi très volumineux. Il est long et il touche un grand nombre de lois, comme les députés l'ont signalé. C'est pourquoi les discours que nous entendons aujourd'hui portent malheureusement sur des généralités, telles que les titres et l'objectif général du projet de loi, plutôt que sur sa substance et sur l'efficacité qu'il aura concrètement.
Nos discussions sont d'ordre général. Nous ne parlons pas des rouages du projet de loi et de ses effets sur un grand nombre de lois, notamment la Loi sur la gestion des finances publiques, la loi sur la protection des divulgateurs, qui a été adoptée au cours de la dernière législature, la Loi sur l'accès à l'information ainsi que la Loi électorale du Canada.
Nous ne pouvons pas lire le projet de loi en vase clos. Un tel examen ne nous apprend pas ce que nous devrions savoir. Nous devrions avoir sous les yeux les lois qui seront modifiées par ce projet de loi de manière à bien saisir le contexte dans lequel la plupart de ces modifications seront faites.
Le fait est que nous faisons actuellement une démarche dans laquelle nous ne sommes pas très productifs. Nous exposons essentiellement quelques-uns des éléments qui intéressent ou préoccupent les députés.
Le projet de loi sera renvoyé à un comité. Le comité fera toute cette démarche et aura la possibilité de l'étudier et d'y apporter des amendements à l'étape de l'étude en comité. Cependant, comme le projet de loi a été adopté à l'étape de la deuxième lecture, la latitude qu'aura le comité pour l'amender est limitée. Il pourra le peaufiner, mais s'il a été adopté à l'étape de la deuxième lecture, la capacité du comité d'apporter des changements au projet de loi, qui a été approuvé en principe à la Chambre, sera considérablement limitée.
L'autre solution aurait été de renvoyer le projet de loi au comité avant la deuxième lecture, avant le vote à cette étape. Le comité aurait pu recueillir les opinions éclairées de tous les témoins experts dans les divers aspects du droit, qu'il s'agisse de la Loi sur la protection des renseignements personnels, de la Loi sur l'accès à l'information, ou de toutes les autres lois que les députés ne connaissent pas parfaitement. Ils peuvent parler de façon générale, mais pas avec certitude, des conséquences d'une modification proposée dans le projet de loi C-2 à l'égard de l'une de ces lois.
Cette solution, qui a été employée avec beaucoup de succès lors de la dernière législature, nous permet de disposer du meilleur projet de loi possible. Il incombe aux députés de prendre de bonnes décisions, des décisions responsables et éclairées, en se fondant sur les témoignages d'experts qui nous donnent une idée des conséquences éventuelles de telle ou telle modification. Ce projet de loi aurait pu être bien meilleur et la confiance des députés aurait été beaucoup plus grande s'ils avaient eu l'occasion d'entendre d'abord les experts, pour pouvoir ensuite approfondir les éléments sur lesquels les témoins ou les députés ne s'entendaient manifestement pas.
Je tenais à soulever cette question, car je crois que nous avons raté cette occasion.
J'ai entendu dire souvent, et cela me préoccupe un peu, qu'on a fixé une échéance pour l'adoption du projet de loi, c'est-à-dire qu'il doit être adopté avant la suspension des travaux pour l'été.
Permettez-moi de rappeler à la Chambre quel a été le sort du projet de loi C-11, le projet de loi sur les dénonciateurs, beaucoup moins volumineux que celui-ci, à la dernière législature. Il a été présenté en octobre 2004. Il a été renvoyé à un comité, qui l'a reçu quelques semaines plus tard, soit le 18 octobre 2004. Un peu moins d'une année plus tard, le comité a enfin renvoyé le projet de loi à la Chambre. Nous l'avons étudié aux étapes du rapport et de la troisième lecture. Il a ensuite été envoyé au Sénat, a été adopté avec l'appui de tous les partis et a obtenu la sanction royale.
La mesure a franchi toutes les étapes législatives, mais elle n'est pas appliquée parce qu'elle n'est jamais entrée en vigueur.
Nous pouvons toutefois apporter des amendements à un projet de loi qui n'est pas en vigueur. C'est pour cela que j'ai signalé à un des intervenants que, selon moi, la nouvelle mesure ne comporte qu'une nouvelle disposition en matière de protection des dénonciateurs. Les 40 pages qui concernent le projet de loi C-11, Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, se retrouvent presque en totalité dans le projet de loi C-2, Loi fédérale sur l'imputabilité, qui intègre par ailleurs quelques modifications.
Toutes les dispositions importantes prévoyant la protection des dénonciateurs étaient déjà dans le projet de loi C-11 présenté au cours de la dernière législature. Ce projet de loi a été adopté par le Parlement avec l'appui unanime de tous les partis. Nous pouvions difficilement faire mieux. En effet, les éminents avis que nous avons reçus des témoins entendus sur une période d'une année ou presque nous ont permis de peaufiner la mesure. Notre comité a fait un excellent travail. Il a veillé à ce que le Parlement soit saisi d'une excellente mesure. C'est pour cela que celle-ci a été adoptée aussi rapidement après son renvoi à la Chambre.
Le projet de loi dont nous sommes saisis me dérange aussi à d'autres égards. Le fait que la Loi fédérale sur l'imputabilité semble satisfaire un calendrier politique plutôt que législatif me dérange.
Comment pouvons-nous dire aujourd'hui que l'étude du projet de loi doit être terminée pour une date précise alors que nous n'avons même pas entendu de témoins? Nous ne savons même pas s'il y a des problèmes à régler. Nous ignorons combien de temps les députés mettront à étudier le projet de loi et à proposer des amendements. Combien de temps prendra l'étude des motions à l'étape du rapport, une fois que le comité aura examiné le projet de loi? Chaque député qui ne siège pas au comité, qui n'aura pas eu l'occasion de proposer des amendements dans le cadre des travaux du comité, pourra proposer d'autres amendements. Ensuite viendront l'étape de la troisième lecture et le renvoi au Sénat.
Il ne reste probablement que 35 ou 40 jours de séance avant le 23 juin. Il est quelque peu irréaliste de s'attendre à ce que les parlementaires se soustraient à leurs responsabilités et se disent: « adoptons ce projet de loi ». Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent. Je ne voudrais certainement pas voter pour un projet de loi dont l'étude est incomplète.
Peut-être faudrait-il faire preuve d'un peu plus de réalisme si l'on veut un bon projet de loi. Je pense que l'idée d'accroître la responsabilité est généralement acceptée, mais il importe de bien faire notre travail, d'adopter de bonnes lois et de prendre de sages décisions. Selon notre expérience, le processus législatif prend le temps qu'il doit prendre.
J'appuie le projet de loi en principe, mais je compte sur les commentaires des membres de la fonction publique et des autres pour nous aider à faire du C-2 un très bon projet de loi.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je parlerai à la Chambre des communes du projet de loi C-2, la loi sur la responsabilité. De toute évidence, c’est à cause de 13 années difficiles avec les libéraux à la Chambre que cette 39
e législature est saisie de l’urgence ou de la nécessité de préparer immédiatement une loi et une procédure quelconque pour assainir la politique au niveau fédéral.
Il est important de souligner que les Canadiens ont un certain cynisme à l’égard de leur démocratie. Ils s’inquiètent de son avenir, non seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs enfants. C’est une des raisons pour lesquelles nous devons prendre certaines des mesures que prévoit la loi sur la responsabilité et pour lesquelles le Nouveau Parti démocratique appuie cette initiative. Nous avons des suggestions à formuler et nous proposerons certains amendements. Nous croyons que cette loi peut être améliorée. Nous allons toutefois participer à un processus visant à rétablir la confiance dans la démocratie canadienne. Cela ne pourra pas se faire du jour au lendemain.
Je ne vais pas m’attarder longtemps sur ce sujet, mais il est important de reconnaître qu’avant les 13 années de gouvernement libéral, il y a eu l’ère Mulroney pendant laquelle nous avons certainement eu largement l’occasion de nous plaindre et de nous inquiéter de l’évolution de la démocratie en raison des agissements du premier ministre, de son bureau et des nombreux scandales qui ont eu lieu sous ce gouvernement.
C’est ce qui a entraîné la transition au gouvernement libéral d’hier, qui a eu 13 ans pour faire le ménage et améliorer la reddition de comptes, mais qui ne l’a pas fait. Par conséquent, une fois de plus, le public a voté pour un changement de gouvernement. Cette fois, j’espère que tous les députés pourront mettre en place de nouvelles procédures et de nouvelles réformes et apporter des changements réels et importants afin de restaurer la démocratie que les gens semblent réclamer en cette Chambre et dans notre pays.
Je tiens à souligner le travail important réalisé par celui qui était député d’Ottawa au cours de la législature précédente, l’ancien député d’Oshawa maintenant à la retraite, M. Ed Broadbent. Il a largement contribué à nous mener où nous en sommes aujourd’hui. Le programme d’éthique de Ed, comme nous l’appelons, proposait une série de principes pour changer la démocratie canadienne. C’était une feuille de route, en fait la première qui ait été présentée depuis longtemps dans cette Chambre. Cela a été fait avant que le Parti conservateur ne propose son programme. Ed y a travaillé en collaboration avec de nombreux experts. Il en a discuté avec le public pour obtenir son opinion.
Malheureusement, le projet de loi C-2 ne reprend pas tout ce que Ed a mis de l’avant. Il présente plusieurs lacunes, mais en même temps nous reconnaissons que c’est un pas dans la bonne direction. En conséquence, les néo-démocrates travailleront en comité pour apporter certaines modifications à la loi et pour qu’elle soit adoptée. Le gouvernement semble menacer de la faire adopter rapidement, ce qui est très important pour lui, mais je dirais qu’en ce qui nous concerne, nous ferons tout en notre pouvoir pour adopter cette mesure de la façon la plus raisonnable et la plus rapide possible.
Je sais que les membres du Parti libéral verront certaines objections à ce projet de loi, mais je les invite à y trouver des éléments qu’ils peuvent appuyer, car ils devraient sans doute reconnaître qu’ils sont en partie, et même largement responsables de la baisse de crédibilité du Parlement.
Je voulais parler de certains changements qui sont apportés, mais en même temps de certaines lacunes importantes. C’est également une contradiction, car le Parti conservateur du Canada et son chef ont fait énergiquement campagne sur le thème de l’éthique alors qu’en même temps nous avons été témoins d’une certaine hypocrisie ou d’écarts à ces principes.
L'une des questions que j'aimerais aborder en premier préoccupe beaucoup les citoyens de la Colombie-Britannique ainsi, je crois, que l'ensemble des Canadiens. Il s'agit du changement d'allégeance politique du député de Vancouver Kingsway, qui était si empressé de quitter le Parti libéral pour se joindre au Parti conservateur qu'il n'a littéralement pas pris le temps d'enlever les pancartes de sa pelouse.
J'ai travaillé avec ce député au cours des deux dernières années, lors de la législature précédente, à l'époque où il était ministre de l'Industrie. J'ose espérer que, puisque les déclarations publiques ont été faites par des députés du Parti conservateur, ces derniers trouvent que l'idéologie et les politiques de l'ancien ministre cadrent bien avec leur propre mandat, ce qui montre que les deux principaux partis à la Chambre ne sont pas si différents l'un de l'autre. J'espère aussi que les conservateurs prendront finalement les mesures promises par l'ancien ministre lorsqu'il était libéral, mais auxquelles les libéraux n'ont jamais donné suite.
L'ancien ministre libéral a promis à deux occasions distinctes, lors de séances de comité tenues en novembre dernier, qu'il élaborerait une politique nationale de l'automobile, ce qu'il n'a jamais fait. Le gouvernement conservateur a nommé ce député à son Cabinet parce qu'il approuve ses idées et ses politiques. Si tel est le cas, qu'il nous la présente sa politique de l'automobile. Lorsqu'un parti reçoit un transfuge, il devrait hériter également du bagage politique de ce dernier. Or, le bagage de l'ancien ministre est qu'il n'a pas agi dans le dossier de l'automobile malgré les promesses qu'il avait faites à cet égard à la Chambre et au comité. Il n'a toujours pas présenté de politique de l'automobile pour venir en aide à ce secteur en crise. En changeant d'allégeance, le député a contrevenu aux principes de la responsabilité, même si le projet de loi n'interdit pas le changement d'allégeance.
J'aimerais signaler que certains gouvernements interdisent maintenant le changement d'allégeance. Le gouvernement manitobain de Gary Doer a adopté une loi à cet effet. La responsabilité, ce n'est pas seulement les conflits d'intérêts ou les avantages dont bénéficient certaines personnes. C'est la façon dont les choses sont perçues par le public qui est préjudiciable. Lorsqu'un député traverse le parquet pour devenir ministre, il obtient une augmentation de salaire, un chauffeur, un plus gros budget de dépenses, des pouvoirs et une influence accrus. Toutes ces choses laissent une tache sur l'ensemble des députés à la Chambre. Cela revient essentiellement à nous vendre en échange de certains avantages.
L'idée d'Ed Broadbent d'interdire à un député de changer de parti est une contribution importante à la politique canadienne, car elle donnait aux gens des options. Lorsque des députés décident de se joindre à un autre parti, ils ne sont pas punis. S'ils décident de siéger comme indépendants, je veux bien qu'ils n'aient pas à se présenter de nouveau devant leurs électeurs. Nous devons nous rappeler que toutes les voix dans cette enceinte comptent, peu importe le parti auquel un député appartient, même s'il est un indépendant. La valeur de notre démocratie, c'est que les gens qui occupent ces sièges ici sont la voix de nos électeurs qui travaillent jour après jour pour avoir une certaine influence.
Le député aurait pu choisir de siéger comme indépendant. Le gouvernement aurait pu lui dire de le faire et l'inviter ensuite à se présenter au nom du parti lorsqu'il le jugeait nécessaire. Il aurait pu voter comme les ministériels en tout temps et il aurait pu donner des conférences au sujet des travaux de la Chambre des communes et des initiatives parlementaires. Rien de cela n'aurait été gêné par la position de principe qu'Ed Broadbent avait proposée.
L'autre solution qui s'offrait au député était de se présenter à une élection partielle. Les gens de sa circonscription auraient alors eu la possibilité de faire un choix. Ils auraient pu lui faire savoir s'ils appréciaient ou non qu'il ait changé de parti. Ils auraient été en mesure d'écouter ses arguments et ceux des autres candidats dans le cadre d'une campagne. Cependant, ce n'est pas ce qui se fait et il faut corriger cette grave lacune dans le projet de loi.
En tant que néo-démocrates, nous voudrions que des élections se tiennent à dates fixes comme Ed Broadbent l'a proposé. C'est un élément important de la responsabilité. Cela empêcherait le gouvernement de jouer avec la date des élections parce que les sondages, les ressources internes ou d'autres situations font que le moment est mieux choisi pour lui. Des élections à dates fixes seraient synonymes de prévisibilité, de responsabilité et surtout de stabilité. C'est loin d'être le cas lorsqu'un parti choisit la date en fonction de ses propres intérêts. On l'a vu avec le gouvernement précédent. Avant la prochaine dissolution du Parlement, j'espère que ce gouvernement va réaliser cette réforme comme d'autres gouvernements provinciaux et d'autres démocraties l'ont fait.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat portant sur la Loi fédérale sur l'imputabilité.
[Traduction]
Le 23 janvier, les Canadiens d'un océan à l'autre ont voté pour un nouveau gouvernement conservateur. Ils l'ont fait pour plusieurs raisons. Ils voulaient du changement parce qu'ils en avaient assez des scandales et de la mauvaise gestion des fonds publics et ils ne voulaient plus d'un gouvernement qui ne respectait pas ses engagements. Ils ont voté pour un nouveau gouvernement qui remplacerait la culture du « tout m'est dû » par une culture de la transparence.
Je ne peux pas m'empêcher de signaler la publication il y a environ une semaine du rapport d'un arbitre indépendant, le juge à la retraite George Adams, sur l'affaire Dingwall. Le gouvernement de l'époque a dit dans cet endroit que M. Dingwall avait démissionné de ses fonctions à la Monnaie royale canadienne. Or, l'arbitre indépendant, le juge à la retraite, dit dans son rapport que M. Dingwall avait été contraint de quitter son poste.
Les Canadiens ne veulent plus de cette culture du « tout m'est dû ». Ils veulent un gouvernement qui fait passer les intérêts du Canada avant ceux d'une poignée de privilégiés. Nous commençons un chapitre enthousiasmant de l'histoire du Canada. Le gouvernement conservateur tourne la page. Nous avons confiance dans la sagesse des Canadiens et nous ferons en sorte qu'ils redonnent leur confiance à leur gouvernement fédéral.
Notre gouvernement a promis de livrer la marchandise au sujet de cinq priorités fondamentales: réduire la TPS, pour qu'elle passe de 7 à 6 p. 100, puis à 5 p. 100 au cours de notre mandat, et, soit dit en passant, j'ai bien hâte de présenter le budget mardi, ici même; lutter contre la violence armée, les gangs de rue et le trafic de la drogue; donner aux parents le choix en matière de garde d'enfants grâce à l'allocation de 1 200 $ et aux crédits d'impôt accordés aux employeurs pour leur rembourser entièrement le coût de la création de nouvelles places en garderies; collaborer avec les provinces et les territoires pour établir une garantie sur les délais d'attente pour les traitements médicaux; rétablir la confiance de la population envers l'État et le responsabiliser grâce à ce projet de loi, la Loi fédérale sur l'imputabilité.
Le système de gouvernement responsable du Canada repose sur le principe de la responsabilité. Un gouvernement responsable doit garantir au Parlement et aux Canadiens que l'État utilise efficacement et honnêtement les deniers publics. Il doit aussi faire la promotion de pratiques conformes à l'éthique, étant donné que l'État doit agir dans l'intérêt public et dans le respect des lois et des politiques.
Le principe de la responsabilité signifie que les gestionnaires des deniers publics doivent être prêts à rendre compte dans la transparence des résultats obtenus. Un haut degré de transparence rend l'État plus responsable et est essentiel à la participation réelle et utile des citoyens et des regroupements à l'élaboration de politiques judicieuses.
[Français]
Les Canadiennes et les Canadiens s'attendent à ce que les politiciens et les employés du secteur public adhèrent aux normes éthiques les plus élevées.
[Traduction]
Des scandales politiques récents, notamment ceux qui concernent les activités de commandite et de publicité du gouvernement, ont contribué à accentuer l'érosion de la confiance des Canadiens à l'égard de leur gouvernement, plaçant les questions de la responsabilité, de la transparence et de l'intégrité au premier plan des débats publics.
Le 4 novembre 2005, lorsqu'il a parlé pour la première fois de la loi fédérale sur la responsabilisation aux Canadiens, en tant que chef de l'opposition officielle, le premier ministre a donné sa parole que s'il était élu, notre priorité cardinale serait de faire le ménage au gouvernement en présentant et en adoptant cette mesure législative. Le premier ministre s'est engagé à ce que ce projet de loi soit la première mesure législative qu'il présenterait au Parlement du Canada. Il a tenu parole.
Le 11 avril, c'est exactement ce qu'a fait le président du Conseil du Trésor. Il a en effet déposé la première loi fédérale canadienne sur la responsabilisation, la mesure législative de répression de la corruption la plus stricte de l'histoire du pays.
Grâce à cette loi, le gouvernement instaure une nouvelle culture de responsabilité qui changera à jamais la manière dont on fait les choses à Ottawa. Nous exigeons du gouvernement qu'il se conforme à de nouvelles normes jamais envisagées auparavant. Nous rétablirons le principe selon lequel le gouvernement devrait être au service de l'intérêt public de tous les Canadiens et non pas des intérêts privés de ses députés ou des intérêts politiques du parti au pouvoir.
Nous rétablirons également la confiance des Canadiens dans nos institutions publiques en les rendant davantage comptables de leur action et efficaces. Le projet de loi fédéral sur la responsabilité permettra aux Canadiens de retrouver confiance en l'intégrité du processus politique. Avec ce texte de loi, notre gouvernement resserrera les lois régissant le financement et le lobbying politiques.
Nous veillerons à ce que le gouvernement rende mieux compte de son action en éliminant l'influence indue des gros donateurs, en interdisant les dons importants des particuliers et des entreprises aux partis politiques, en rendant plus rigoureuses les lois applicables au lobbying auprès du gouvernement, en accordant une réelle protection aux dénonciateurs, en garantissant que les marchés publics soient conformes aux règles, équitables et ouverts, en améliorant l'accès à l'information, en rendant le gouvernement fédéral plus transparent et davantage responsable en conférant des pouvoirs accrus aux mandataires indépendants du Parlement, comme le vérificateur général, et en assurant l'exactitude du processus de budgétisation.
Tous les jours, des Canadiens de ma circonscription, celle de Whitby—Oshawa, et d'ailleurs au pays, quittent leur foyer et leur famille pour aller travailler et assurer leur gagne--pain. Ils travaillent dur et pendant de longues heures afin de subvenir non seulement à leurs besoins, mais aussi à ceux des gens qu'ils aiment et qui dépendent d'eux. Le gouvernement a l'obligation de traiter avec respect l'argent des impôts durement gagné par nos compatriotes; il lui incombe de gérer leur argent avec prudence et de donner à ses citoyens l'occasion de voir où cet argent est investi.
[Français]
Les fonds publics que dépense et gère le gouvernement ne lui appartiennent pas; ils appartiennent aux contribuables canadiens, qui, eux, travaillent fort pour gagner cet argent.
[Traduction]
La plupart des députés savent probablement que, sous le gouvernement précédent, les dépenses fédérales ont augmenté de près de 15 p. 100 en un an. C'est plus de six fois le taux d'inflation. Le premier ministre a conclu que de telles dépenses sont tout simplement insoutenables. Nous devons faire mieux pour freiner les dépenses de l'État et utiliser à bon escient chaque dollar.
Nous devons également mieux établir les budgets et les prévisions. Les Canadiens sont en droit de connaître la situation réelle de leur économie et de vivre en fonction d'un budget fondé sur des chiffres exacts, transparents et honnêtes. Nous devons mettre fin une fois pour toutes à l'habitude du gouvernement précédent de passer à côté des chiffres exacts. Les gouvernements ne peuvent pas rendre des comptes si le Parlement et les Canadiens ignorent quel est l'état réel des finances publiques.
Par exemple, au printemps de 2004, le gouvernement libéral avait dit aux Canadiens que l'excédent de 2003-2004 ne se situerait qu'à 1,9 milliard de dollars. En fait, il s'élevait à 9,1 milliards de dollars. Comme le premier ministre se plaît à le dire, il s'agissait d'un cas de dyslexie financière. Dans le budget de 2005, le gouvernement libéral avait estimé que l'excédent de 2005-2006 s'établirait à 4 milliards de dollars. Dans la mise à jour économique présentée seulement neuf mois plus tard, cette estimation était passée au montant astronomique de 13,4 milliards de dollars.
Le Fonds monétaire international a souligné que le gouvernement libéral avait systématiquement sous-estimé ses excédents budgétaires au cours des dix dernières années, ajoutant que le Canada était le seul pays à afficher des erreurs aussi constantes. Le FMI a déclaré que le Canada était le seul des 11 pays étudiés, dont tous nos cousins du G7, qui sous-estimait ses revenus et surestimait ses dépenses tous les ans depuis 1995. On ne peut pas continuer comme ça.
Dans cette optique, la Loi fédérale sur l'imputabilité nous permettra d'étendre le mandat de la Bibliothèque du Parlement et d'en accroître le budget pour créer le tout nouveau poste de directeur parlementaire du budget qui relèvera de cette institution apolitique. Le directeur sera chargé de fournir des analyses au Sénat et à la Chambre des communes sur l'état des finances nationales et les tendances de l'économie nationale, de mener des recherches dans les domaines économique et fiscal pour le Comité permanent des finances, le Comité permanent des comptes publics et le Comité sénatorial permanent des finances nationales, à la demande de ces comités, et de faire une estimation des coûts liés aux propositions à l'étude ou envisagées à l'un ou l'autre des deux endroits, à la demande d'un député, d'un comité de la Chambre des communes ou du Sénat ou d'un comité mixte. De même, au lieu de fournir des mises à jour sur les prévisions financières une seule fois, à l'automne, notre gouvernement les produira à tous les trimestres.
Ces mesures accroîtront la transparence du processus de planification financière et permettront au Parlement d'obliger le gouvernement à rendre des comptes. Notre but et notre engagement dans tout cela est de rendre le gouvernement plus responsable, discipliné et efficace. J'attends avec impatience la lecture du budget mardi prochain et j'espère pouvoir aider à promouvoir ce programme qui mise sur la responsabilisation, la discipline et l'efficacité du gouvernement.