Que cette Chambre demande au gouvernement de déposer une loi visant à rétablir la définition traditionnelle du mariage sans toucher les unions civiles et tout en respectant les mariages existants entre personnes de même sexe.
— Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de lancer le débat sur la motion d'aujourd'hui. À titre de parrain de cette motion, j'aimerais prendre quelques instants pour expliquer à la Chambre la raison qui a amené le gouvernement à présenter cette motion et sa position à cet égard.
[Français]
Certains députés pourront demander pourquoi il faut consulter la Chambre à ce sujet. Après tout, il y a moins de deux ans, cette question a été soumise à un débat et à un vote en cette Chambre, sous la forme du projet de loi .
[Traduction]
À ce moment-là, une majorité de députés ont décidé d'approuver une loi définissant le mariage comme étant, sur le plan civil, l’union légitime de deux personnes, à l’exclusion de toute autre personne. Cette décision de la Chambre a eu pour effet de remplacer la définition traditionnelle du mariage, qui est l'union légitime d'une homme et d'une femme, à l'exclusion de toute autre personne. Bref, le Parlement a décidé que la définition du mariage devait s'appliquer également aux couples homosexuels.
Le débat entourant le projet de loi a soulevé la controverse. Il a semé la division tant à la Chambre que chez l'ensemble des Canadiens. Le débat sur cette question se poursuit encore aujourd'hui au sein de la société canadienne.
Comme le mariage est un fondement essentiel de notre société, il est important que la Chambre des communes prenne une décision pleinement démocratique sur l'opportunité de changer l'institution du mariage. Compte tenu de l'importance du mariage dans notre société et de l'importance qu'il revêt pour les Canadiens, nous nous sommes engagés, durant la dernière campagne électorale, à demander aux parlementaires s'ils voulaient réexaminer cette question. Notre engagement était ainsi formulé:
Un gouvernement conservateur tiendra un vote entièrement libre sur la définition du mariage à la prochaine session parlementaire. Si cette résolution est adoptée, le gouvernement présentera une loi visant à rétablir la définition traditionnelle du mariage, tout en respectant les mariages existants entre personnes de même sexe.
En soumettant la motion d’aujourd'hui à un débat et à un vote en Chambre, le gouvernement respecte l'engagement qu'il avait pris envers les Canadiens lors des dernières élections.
Passons donc, si vous le voulez bien, au sens et aux répercussions de la motion en question.
En soi, celle-ci ne modifie pas la définition du mariage. Elle invite plutôt les députés à indiquer s'ils désirent rouvrir le débat sur cette définition. Si la Chambre adopte la motion, le gouvernement présentera une loi en vue de restaurer la définition traditionnelle du mariage civil. Autrement dit, il présentera un projet de loi définissant le mariage comme étant l'union légale d'un homme et d'une femme à l'exclusion de toute autre. Le cas échéant, il appartiendrait ensuite à la Chambre de débattre de ce projet de loi et de voter sur son éventuelle adoption en juillet.
Ainsi, ceux qui soutiennent que la définition traditionnelle du mariage constitue une institution sociale essentielle qu'il convient de restaurer et de protéger devraient voter pour cette motion. Dans le même ordre d'idées, ceux qui croient qu'il existe d'autres façons de reconnaître les unions entre personnes de même sexe sans que cela porte atteinte à leur croyance devraient aussi voter pour la motion.
Personnellement, je penche pour l’institution du mariage telle que notre société la conçoit depuis des siècles. C'est l'une des institutions de base de notre société et elle est même la fondation sur laquelle nous avons érigé notre culture. C’est la position que j'avais adoptée sous la législature précédente à l’occasion du débat sur le projet de loi et je n'en dévie pas.
Je suis d'accord avec la protection des droits des minorités, mais cela ne veut pas dire que nous devrions modifier l'institution du mariage qui a si bien fonctionné et qui fait partie intégrante de notre société depuis si longtemps. Je voterai donc pour cette motion afin de restaurer la définition traditionnelle du mariage.
Bien qu'il s'agisse d'une motion émanant du gouvernement, je tiens à souligner que celui-ci a précisé à ses députés qu'ils peuvent voter selon leur conscience. Étant donné les points de vue très fermes des députés représentant les deux courants de pensée, le gouvernement croit qu'il doit revenir à la Chambre souveraine de décider, à la faveur d'un véritable vote libre, s'il convient de proposer une loi visant à restaurer la définition traditionnelle du mariage.
Le vote sur la motion d'aujourd'hui est entièrement libre pour les députés du côté gouvernemental, y compris pour les ministres. Contrairement à ce qu’avait fait le gouvernement précédent, les membres de notre Cabinet n'ont pas reçu pour mot d'ordre de voter dans un sens ou dans l'autre.
En ma qualité de , je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui croit que des questions touchant à des croyances intimement personnelles doivent être tranchées par le biais d'un véritable vote libre.
Étant donné les positions très arrêtées des députés de part et d'autre de ce débat, nous les invitons tous à tenir compte de leurs positions personnelles et des points de vue de leurs électeurs avant de se prononcer. Ce sont eux, en fin de compte, qui vont trancher.
Je conclurai en disant que le gouvernement à hâte d'entendre les points de vue des députés à ce sujet et qu'il espère que ce débat sera placé sous le signe du respect. Malgré les positions très campées des uns et des autres, le point de vue de chacun est valable et vaudra la peine d'être entendu.
C'est donc dans cet esprit que j'invite tous les députés à participer au débat. Le gouvernement attend avec impatience la décision de la Chambre dans ce dossier.
:
Monsieur le Président, comme le leader du gouvernement, j'ai eu l'occasion et le privilège de participer au débat entourant l'adoption de la loi permettant le mariage entre personnes de même sexe l'an dernier.
Ce fut un privilège je dis bien, car j'étais fier de participer à ce débat. C'était un débat sérieux, comme le leader du gouvernement l'a indiqué. Même si c'était un débat chargé d'émotion, les députés ont fait preuve de respect les uns envers les autres, même ceux qui, pour des motifs religieux ou autres, entretenaient des points de vue opposés. À bien des égards, le débat qui s'est tenu à la Chambre la dernière fois avait été une occasion de voir le Parlement à son meilleur.
[Français]
Je me souviendrai toujours, par exemple, de la formulation du député de que le député d' a reprise aujourd'hui: « ...la religion des uns ne doit pas devenir la loi des autres. »
[Traduction]
J'ai écouté le leader du gouvernement aujourd'hui et je dois dire, sauf le respect que je lui dois, que cette motion me semble toutefois différente. Il s'agit d'une manoeuvre politique sournoise. Le leader du gouvernement est-il fier du titre de l'éditorial du Globe and Mail de ce matin? L'éditorial du Globe and Mail qualifie la motion du , la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui, de bancale.
Le gouvernement ne veut même pas d'un vrai débat. Il n'a pas accordé suffisamment de temps. Il a lancé l'idée des unions civiles, qui, comme il le sait, relèvent exclusivement des provinces. C'est de la poudre aux yeux. Le gouvernement affirme qu'il ne tente pas de rétablir l'inéquité que nos tribunaux ont invalidée.
Comme le député de l'a signalé, il s'agit purement d'une motion de procédure. Ce débat vise à déterminer s'il doit y avoir un débat. Si le gouvernement voulait être sérieux, il aurait déposé un projet de loi. Cependant, il connaît la composition de la Chambre et sait qu'une telle mesure ne serait jamais adoptée.
Il a donc opté pour une manoeuvre qui ne mène nulle part. Cette manoeuvre n'est pas conçue pour nous faire avancer. Elle vise à diviser la Chambre, à diviser les députés et à diviser les Canadiens sur une question qui a déjà été réglée. Elle vise à diviser le pays concernant une question sur laquelle la majorité des Canadiens ne souhaitent pas revenir.
Tous les députés savent fort bien que les tribunaux des quatre coins du pays, dont la Cour suprême du Canada et ceux de huit provinces et territoires, ont statué en ce sens. Je ne vais pas les nommer, mais je signale respectueusement au leader du gouvernement à la Chambre que je suis en total désaccord avec lui à ce propos. Ce n’est pas vrai que la Cour suprême du Canada n’a pas statué sur cette question. La Cour suprême du Canada a expressément mentionné dans son jugement qu’en aucune façon, elle ne se prononcerait sur la question de manière à infirmer les décisions des tribunaux inférieurs, décisions qui, comme tout le monde le sait, étaient définitivement favorables à la levée de l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe.
Je loue le gouvernement d’avoir affirmé qu’il n’invoquerait pas la disposition de dérogation. Je signale au leader du gouvernement à la Chambre que j’espère que c’est là un engagement que prend le gouvernement de ne jamais déposer un tel projet de loi dans l’avenir, qu’il soit alors dans l’opposition ou au pouvoir, en invoquant la disposition de dérogation. Cependant, sans recours à cette disposition, comme tout le monde l’a fait remarquer, le débat que nous tenons aujourd’hui sur le mariage entre personnes de même sexe est, pour paraphraser des chroniqueurs et éditorialistes comme Jeffrey Simpson du Globe and Mail, « une absurde comédie ».
Cela dit, relevons toutefois le défi. Souvenons-nous des raisons pour lesquelles nous avons voté comme nous l’avons fait la dernière fois. Souvenons-nous de notre Charte. Souvenons-nous des débats que nous avons tenus à la Chambre quand nous avons pour la première fois proposé des changements au Code criminel pour protéger les couples homosexuels contre d’éventuelles agressions dans nos rues, quand nous avons apporté au code des droits de la personne des changements en vue d’interdire la discrimination à leur endroit, et quand nous avons enfin veillé à ce que ces couples puissent avoir des droits de pension et être traités sur le même pied que les ménages hétérosexuels en union civile.
C’est à un véritable mouvement que nous avons assisté dans l’ensemble du pays et ici même à la Chambre. Nous avons été témoins d’une évolution de la façon dont les droits de la personne étaient perçus, et ce, de la part de nos électeurs également, pas seulement de nos électeurs homosexuels, mais de nos électeurs hétérosexuels, toutes races et toutes religions confondues. Ils sont venus nous dire qu’ils en étaient arrivés à la conclusion que la société s’en trouverait en fin de compte enrichie en traitant tous les citoyens sur un pied d’égalité.
Je me souviens d’avoir appris il y a plusieurs années qu’un certain quotidien de Toronto, que je ne décrirais pas comme un journal de gauche, pratiquait une politique de salaire égal à l’égard des personnes vivant en union homosexuelle, car il voulait attirer les meilleurs employés possibles.
Ce n’est pas uniquement une question d’égalité. Il s’agit de créer une société qui ne sera que plus riche quand chacun pourra y jouer son rôle à part entière et s’y sentir égal aux autres.
[Français]
Hier, le a évité de répondre à la question de la députée de qui voulait savoir s'il croyait que notre société, ou l'institution du mariage elle-même, avait souffert de la loi permettant le mariage de conjoints de même sexe. Il s'agit de la même question qui vient tout juste d'être posée par notre collègue du NPD.
Permettez-moi de suggérer que le et ses députés, qui ne semblent pas comprendre la réalité de l'ère moderne dans laquelle nous vivons, devraient participer à la parade de la fierté gaie dans ma ville de Toronto, ou ailleurs au pays.
À leur grande surprise, ils trouveraient là des grand-mères accompagnées d'enfants de toutes les ethnies et de représentants de toutes les sociétés multiculturelles provenant de partout, qui participent de façon enthousiaste à ce rassemblement. Pourquoi participent-elles? Elles participent à quelque chose qui constitue une célébration de notre humanité, de notre tolérance, de notre respect de l'autre et de notre capacité à nous entendre.
Certains députés de cette Chambre prétendent que le mariage de personnes de même sexe signifie la fin de notre société telle que nous la connaissons, ébranlant ses fondements les plus importants. Je dis à ces collègues députés de demander à ces Canadiennes et Canadiens qui emmènent leurs enfants aux parades de la fierté gaie et qui les mettent délibérément en contact avec cette réalité moderne, ce qu'elles pensent d'une manifestation où l'on célèbre notre humanité commune.
Je suis député depuis de nombreuses années. J'ai suivi à titre de parlementaire tous les débats reconnaissant les droits des gais et lesbiennes, que ce soit les modifications au Code criminel, à la Loi canadienne sur les droits de la personne ou encore au projet de loi qui donnait des droits égaux aux conjoints de fait et leur accordait le droit aux pensions. Pendant ces débats, certains évoquaient les pires scénarios apocalyptiques pour notre société, nos enfants et l'institution du mariage.
Loin des dogmes, je crois personnellement que nous devrions suivre ce débat avec humanité, avec compassion, animés d'un esprit d'ouverture, d'inclusion et de respect, avec une confiance formidable en l'humanité quant à ses capacités d'opérer des changements de société dans le plus profond respect des différences. Nous devons réfléchir et penser aux enseignements de l'histoire. Les mêmes craintes, les mêmes sombres scénarios ont été évoqués lorsque les mariages interraciaux ont été permis aux États-Unis ou encore même, lorsque nous avons institué la Loi sur le divorce au Canada, il n'y a pas si longtemps. C'est dans la mémoire de tous.
L'histoire de notre pays indique clairement qu'en matière de changements sociologiques profonds, ce Parlement a souvent cristallisé des changements irréversibles déjà observés dans notre société, sans jamais les avoir devancés. Ce Parlement a ainsi toujours fait montre d'un devoir d'adaptation face aux tangentes profondes observées dans notre société.
C'est donc en toute humilité qu'en tant que parlementaire et législateur, je me laisse inspirer par la sagesse, la tolérance et la confiance exprimée par ces grand-pères et grand-mères qui disent oui au progrès social et non aux scénarios apocalyptiques évoqués. Je ne peux qu'humblement inviter tous mes collègues parlementaires à faire de même, à reconnaître non seulement cette réalité de fait, mais aussi l'acceptation de cette réalité par les Canadiens et les Canadiennes.
[Traduction]
Les temps ont changé et nous devons avancer. C’est ce que la Chambre a fait, tout comme le pays. En vertu de la loi actuelle, les institutions religieuses sont protégées et toutes les autres sont incluses.
Nous nous rangeons du côté de pays comme les Pays-Bas, l’Espagne, l’Afrique du Sud et d’autres. Tiens, l’Afrique du Sud, justement! Imaginez le genre d’exemple que nous donnerions à ce pays si nous devions revenir sur un principe fondamental en matière de droits de la personne. Pourquoi est-ce que notre pays, phare de l’humanité en matière de droits de la personne, devrait faire machine arrière? Quel genre d’exemple donnerions-nous à l’Afrique du Sud et à des dizaines d’autres pays qui prennent modèle sur nous?
Entreprenons solennellement de débattre de cette question aujourd’hui, en cette Chambre, puis passons à autre chose. Je demande respectueusement au , à son parti et à ses collègues de caucus de promettre à cette Chambre et au pays que c’est la dernière fois que nous sommes soumis à cet exercice, qu’il ne s’agit pas d’une simple stratégie à saveur électorale, qu’ils ne nous soumettront plus à cette agonie au sujet des gais et des lesbiennes du Canada et qu’ils diront à ces gens-là que c’en est fini et que notre cohésion sociale ne sera plus menacée par les atteintes portées aux droits acquis.
Il y a une semaine lundi, cette Chambre a adopté une motion au sujet de notre pays et nous avons tous tenu des propos très émouvants à cette occasion. Nous avons voté après ce débat dans un élan unificateur.
[Français]
Je me souviens de la députée de qui a parlé avec émotion pour dire comment ses identités comme Québécoise et comme Canadienne sont parfaitement intégrées.
[Traduction]
Beaucoup ont également affirmé que leur identité de Québécois et leur identité de Canadien étaient en parfaite harmonie. Nous devrions nous demander si, après le vote de demain, les communautés de gais et de lesbiennes seront en mesure d’affirmer la même chose. Ces gens-là déclareront-ils que leur identité personnelle et leur identité nationale sont compatibles et même complémentaires? Seront-ils fiers d’être l’un et l’autre et fiers de jouer un rôle dans notre société? S’ils ne ressentent pas cela et n’éprouvent pas la même chose que leurs concitoyens, c’est que nous aurons tous trahi nos électeurs, notre pays et les futures générations de Canadiens qui nous demandent de continuer à bâtir un pays où il fait bon vivre dans l’harmonie, le respect et la tolérance, un pays qui soit un phare pour le reste du monde, parce que c’est grâce à cette lumière que les autres, comme nous-mêmes d’ailleurs, pourront évoluer sur d’autres sujets d’importance et s’éloigner des craintes et des haines traditionnelles du passé. Laissons le passé et dirigeons-nous vers l’avenir d’un pas bien canadien dans le respect de notre Charte et de nos concitoyens.
:
Monsieur le Président, j'interviens avec plaisir dans le débat sur la motion, sans que ce soit véritablement un plaisir.
C'est assez incroyable qu'on discute de ces questions certainement depuis 1994 et même après un jugement de la Cour suprême, après un vote en cette Chambre et après que huit tribunaux aux différents pouvoirs de juridiction, dont bien sûr la Cour suprême, se sont prononcés. Il faut se rappeler que trois cours d'appel: de la Colombie-Britannique, du Québec et de l'Ontario et quatre autres cours différentes au Canada ont affirmé que le refus, aux personnes gaies et lesbiennes, d'avoir accès libre à l'institution du mariage constitue une violation de la Charte canadienne des droits et libertés —, une incompatibilité avec l'article 15, qui prévoit l'égalité de traitement pour tous.
Ce n'est pas étonnant que le gouvernement conservateur ait choisi de rouvrir ce débat. Il n'y a pas de doute que les députés conservateurs sont individuellement des gens respectables et qu'ils peuvent même être attachants. Néanmoins, sachons que, collectivement, ce sont des gens qui, dans toute leur histoire, donc depuis qu'ils sont en cette Chambre, ont pratiqué une politique institutionnelle d'homophobie.
L'homophobie ne consiste pas strictement à aller tabasser des gais ni simplement à proférer des menaces. L'homophobie, c'est également de dénier des droits aux personnes homosexuelles, sur une base systématique et organisée. Les conservateurs ont de tout temps déployé un discours hostile aux gais et aux lesbiennes. Je crois que nos concitoyens doivent le savoir.
Je ne dis pas qu'on est homophobe parce que l'on n'est pas favorable à l'accès au mariage. Je connais des gens qui sont plutôt mal à l'aise avec cela.
M. James Moore: Des bloquistes, des bloquistes.
M. Réal Ménard: Et je ne dis pas que c'est une question d'homophobie que de ne pas favoriser un tel type de mariage. Cependant, le système a été testé à neuf reprises.
Je suis curieux de voir si le aura le courage qu'il a eu, lorsqu'il était de l'autre côté de la Chambre. Je pense que oui, parce qu'il est un homme courageux, mais je suis curieux de voir le sens de son vote, ce soir.
Qu'on me laisse rappeler tous les votes que les conservateurs et l'Alliance canadienne ont signifiés, tous les votes qu'ils ont pris pour dénier collectivement des droits en matière de relations de travail, de crimes haineux, de conventions collectives ou au sujet des mères porteuses lors des nouvelles technologies de reproduction ou encore dans le Code criminel. De manière systématique, les conservateurs ont dit à nos concitoyens qu'ils ne reconnaissaient pas la qualité de citoyen aux personnes d'orientation homosexuelle. C'est incroyable. C'est incroyable qu'on puisse être un parti politique et avoir un tel comportement dans une démocratie comme le Canada.
En 1995, j'avais déposé une motion demandant au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin de reconnaître légalement les conjoints de même sexe. Tous les conservateurs — qui appartenaient à l'époque au Parti progressiste-conservateur — ont voté contre cette motion.
Le député Eric Lowther avait, le 8 juin 1999, déposé une motion proposant:
Que, de l'avis de la Chambre, il est nécessaire, parallèlement au débat public entourant les récentes décisions judiciaires, de confirmer que le mariage est et doit demeurer exclusivement l'union d'un homme et d'une femme, et que le Parlement prendra toutes les mesures voulues pour préserver au Canada cette définition du mariage.
Il s'agissait du deuxième déni des droits des gais et des lesbiennes: 53 réformistes ont voté contre la motion, tout comme 13 députés du Parti conservateur. À l'époque, ces partis étaient distincts.
Troisièmement, en 2003, une motion de l'actuel réitérait le débat dans les mêmes termes. C'était le troisième déni du droit des gais et des lesbiennes à des institutions civiles. Nous nous entendons bien.
Quatrièmement, en 1995, Allan Rock avait déposé le projet de loi C-41 pour réformer la détermination de la peine, soit l'article 718 qui reconnaît certaines circonstances aggravantes lorsque des crimes sont commis. La communauté gaie s'était mobilisée pour ce qu'on appelle une loi sur les comportements haineux, les préjugés raciaux. On voulait inscrire dans le Code criminel comme circonstance aggravante le fait de tabasser une personne en raison de son orientation sexuelle. Ils ont voté contre cela. Pouvez-vous imaginer cela? On était dans une situation où des gens se faisaient tabasser. À Ottawa, des gens avaient été jetés en bas d'un pont. Néanmoins, les conservateurs ont voté contre l'ajout dans le Code criminel de dispositions concernant les crimes haineux, et cela, à l'unanimité.
En 1996, suite d'ailleurs à un jugement de la cour, le projet de loi C-33, qui modifiait la Loi canadienne sur les droits de la personne, proposait d'ajouter l'orientation sexuelle comme motif interdit de discrimination. Les conservateurs ne voulaient pas que l'on reconnaisse que l'orientation sexuelle puisse être un motif interdit de discrimination. On est loin de la question du mariage.
Je le répète, chaque fois qu'ils en ont eu l'occasion, les conservateurs, à peu près à l'unanimité, ont eu un comportement d'homophobie institutionnalisée. Ce seul geste les rend tout à fait inaptes et indignes de former un gouvernement respectable et respecté par nos concitoyens.
Les conservateurs ont voté contre l'ajout dans les conventions collectives de droits pour les gais et les lesbiennes. Dans 68 lois, ils ont voté contre la reconnaissance des conjoints de fait, et donc des conjoints de fait homosexuels. Ils ont voté contre le projet de loi de notre ancien collègue de Burnaby—Douglas, circonscription aujourd'hui brillamment représentée par son successeur du NPD. Ils ont voté contre les dispositions concernant la propagande haineuse. Évidemment, ils ont voté contre le projet de loi à peu près à l'unanimité.
Donc, quel message cela envoie-t-il? Quel message cela envoie-t-il lorsqu'un gouvernement dit que, quelles que soient les circonstances, que l'on parle d'éducation, du Code criminel, de relations de travail, de relations affectives, de propagande haineuse, jamais on ne respectera les droits d'une catégorie de citoyens? Ce qu'ils ont dit, c'est que le simple fait qu'on puisse avoir un désir sexuel différent de la majorité nous rend moins aptes à avoir des droits. C'est cela que les conservateurs ont dit à travers leur histoire. C'est cela qui est assez invraisemblable.
Imaginez qu'est-ce que cela veut dire pour quelqu'un qui a 14, 15 ou 16 ans et qui se découvre homosexuel? Pas plus tard que l'an dernier, on nous rappelait qu'encore 30 p. 100 des jeunes qui sont homosexuels mettent fin à leurs jours. Ils se suicident. Est-ce que ce n'est pas notre responsabilité, en tant que parlementaires, de faire quelque chose à cet égard? Il ne s'agit pas de faire la promotion et de s'engager dans des thérapies de conversion. Il ne s'agit pas de dire aux gens hétérosexuels qu'ils doivent s'engager à devenir homosexuels. Ce n'est pas ce dont on parle. On s'adresse à des citoyens d'orientation homosexuelle.
On peut faire le débat, à savoir si cela est héréditaire? Est-ce quelque chose d'acquis? Il y a de la littérature qui est disponible à ce sujet. Les avis peuvent être partagés là-dessus. Toutefois, une chose est certaine, c'est que je ne pourrai jamais avoir du respect pour des gens qui vont se lever en cette Chambre et qui vont dire, sur la seule base du fait que vous êtes un homme homosexuel ou que vous êtes une lesbienne, que vous n'avez pas accès aux mêmes droits. C'est cela le fond du débat. Quand on a les pieds dans un Parlement, la seule valeur qui doit nous animer, c'est la valeur du droit à l'égalité.
Au Canada, quoiqu'on en dise et quoiqu'on en pense, il n'y a pas de religion d'État. On ne peut pas prétendre que parce qu'on appartient à une religion spécifique, on peut dénier des droits à d'autres concitoyens. C'était cela le jugement de la Cour suprême.
Quand le gouvernement précédent a utilisé sa prérogative en vertu de l'article 53 de la Loi sur le Cour suprême, il lui a demandé de nous donner des indications sur un certain nombre de questions.
La première question était de savoir si le mariage, particulièrement le mariage civil dans les termes qui le définissaient à l'article 1 du projet de loi , était de compétence fédérale. La Cour suprême a répondu oui. Évidemment, je signale respectueusement à mes collègues qu'il ne fallait pas un doctorat en droit pour en arriver à cette conclusion.
Ensuite, on a demandé si la liberté de religion pouvait permettre à différentes confessions religieuses de ne pas célébrer des mariages religieux. La Cour suprême a expliqué, avec jurisprudence à l'appui, que jamais, en vertu du projet de loi ou de la Charte des droits et libertés telle qu'elle existe, cette dernière n'obligeait les gens ou quelque ministre de culte que ce soit à célébrer des mariages religieux, quelles que soient les confessions religieuses auxquelles ils appartiennent.
Je ne souhaiterais pas vivre dans une société où, à cause de mes convictions religieuses, je serais obligé de poser des gestes qui ne sont pas conformes aux dogmes qui sont les miens. Il est tout à fait normal, souhaitable et heureux que la Cour suprême ait répondu que jamais la Charte ou le projet de loi n'obligeait les ministres de culte à célébrer des mariages contre leur volonté. La Cour suprême l'a dit, et cela avait été évidemment confirmé par un certain nombre de témoins experts.
En effet, rappelons-nous qu'en 2002, le Comité permanent de la justice a fait une tournée à travers le Canada. Nous avons entendu 467 témoins. Parmi ces témoins, il y avait évidemment des gens possédant de l'expertise. On nous a expliqué maintes et maintes fois, malgré le discours tenu par l'opposition officielle de l'époque et par certains ministres également, que la liberté de religion ne commanderait jamais l'obligation de professer ou de célébrer des mariages.
Il y a des antécédents de mauvaise foi de la part du Parti progressiste conservateur. Il y a une volonté de dénier des droits, et de semer des germes de dissension et de division. Tel est le but de la motion. Regardons comme la motion est malhonnête.
Que cette Chambre demande au gouvernement de déposer une loi [...]
Ils n'ont pas encore déposé leur loi. Ils demandent la permission de la déposer.
[...] à rétablir la définition traditionnelle du mariage sans toucher les unions civiles [...]
Parlons des unions civiles. Huit provinces, dont le Québec, ont adopté différentes législations qui ont reconnu différents types d'union entre personnes de même sexe. Parfois, cela prend la forme d'union civile ou la forme de partenariat enregistré, mais toutes les modalités législatives existantes ont deux caractéristiques. Ce n'est jamais un mariage religieux. Ce n'est donc pas le mariage. Les gens nous disaient parfois que l'union civile, c'est le mariage. L'union civile s'en rapproche en termes de droit consacré. La plupart des provinces ont reconnu les mêmes droits en matière de succession, d'accès à des soins de santé et de droits à des pensions. C'est vrai que les provinces ayant légiféré en la matière ont reconnu les même droits aux conjoints de faits, fussent-ils hétérosexuels ou homosexuels.
Cependant, peut-on comprendre pourquoi les gens veulent se marier? C'est là où le discours des conservateurs est totalement incohérent. Si l'institution du mariage en est une qui mérite d'être célébrée pour les hétérosexuels, elle mérite certainement de l'être pour les homosexuels. Ce n'est pas vrai que la seule finalité du mariage demeure la procréation. Sinon, d'un seul coup, on viendrait à dire que l'on disqualifiera et que l'on exclura tous nos concitoyens qui n'ont pas d'enfants. Il y a des gens qui souhaitent se marier, d'autres qui sont mariés depuis des années et d'autres encore qui se marieront dans l'avenir, et qui n'auront pas d'enfants. C'est tout à fait leur droit. Cela n'enlève rien à la légitimité de leur union.
Je dirais que les habilités parentales n'ont rien à voir avec le désir sexuel. Cette question est documentée depuis plusieurs années. Peut-on s'imaginer que la façon dont un individu décide de se réaliser sexuellement peut le qualifier pour être un bon ou un mauvais parent? Si c'est le cas, il n'y aurait jamais d'homosexuels dans notre société. Pour ma part, mes parents étaient hétérosexuels. J'ai été élevé dans une famille hétérosexuelle et j'ai un frère jumeau très hétérosexuel, pas polygame, mais très hétérosexuel.
Vous comprenez bien que la réalité de l'homosexualité ne se transmet pas à l'intérieur d'une famille. Toutefois, une chose est certaine, et je le répète, j'ai la conviction que lorsqu'on a les pieds dans un Parlement, on ne peut pas se lever et dire à des personnes qu'elles ont moins de droits, parce qu'elles sont différentes sexuellement. C'est ce que les conservateurs veulent faire. La référence que fait la motion aux unions civiles n'est pas pertinente, parce que le gouvernement fédéral n'a aucune responsabilité à cet égard. Cela relève des gouvernements provinciaux et il y a huit provinces qui ont légiféré en la matière.
Voyons ce qu'on dit un peu plus loin dans la motion. Afin d'aller chercher des appuis dans d'autres partis, on dit qu'on va non seulement déposer une loi pour rétablir la définition traditionnelle du mariage, sans toucher les unions civiles qui n'ont rien à voir avec le mariage et qui ne concernent pas le gouvernement fédéral, mais on ajoute en plus: « tout en respectant les mariages existants [...] ». Excusez-moi l'expression, mais ce serait assez incroyable qu'on pense qu'on ait le pouvoir, en tant que législateurs, de dire cela.
Savez-vous combien de gens se sont mariés au Canada? En date du mois de novembre, il y a très exactement 12 438 personnes qui se sont mariées. Il est évident qu'on ne peut pas leur dire de renoncer à leur union. Une loi n'est jamais rétroactive, puisque c'est le premier principe de la loi. On ne peut tout de même pas dire cela aux 12 438 personnes qui se sont mariées. Il y en a dans toutes les provinces, même dans la très conservatrice Alberta où 409 personnes se sont mariées. Je ne pense pas qu'il y avait beaucoup de conservateurs qui ont été invités aux noces de ces 409 personnes. Il y en a donc dans toutes les provinces, et c'est assez malhonnête et assez tendancieux d'inscrire dans une motion qu'on pense même qu'on ne va pas défaire les unions des gens qui se sont mariés.
Je le répète, je crois que ce n'est pas à l'honneur du gouvernement de réouvrir le dossier relatif au mariage entre conjoints de même sexe. À mon avis, une fois pour toutes, il faudra dire que, comme parlementaires, nous croyons à la plus complète égalité entre les gens.
Chaque fois qu'il a été question de faire des avancées sociales, je suis sûr que nos aînés se rappelleront comment certaines personnes se sont comportées lorsqu'il a été question de légaliser le divorce. Autrefois, la possibilité de divorcer passait par des initiatives législatives privées et cela relevait davantage de la responsabilité du Sénat.
Je suis convaincu que des gens se rappelleront comment les esprits les plus conservateurs ont réagi lorsqu'il a été question d'établir un système de loteries. Je suis convaincu que des gens se rappelleront comment les éléments les plus conservateurs de notre société se sont comportés lorsqu'il a été question de parler de l'égalité de la femme. Il y a moins de 75 ans, on ne reconnaissait même pas, sur le plan juridique, que les femmes avaient une personnalité juridique. On ne reconnaissait pas le droit d'ester des femmes ni même celui de briguer les suffrages.
Pourtant, tous ces changements ont pris place au nom d'un idéal de tolérance, d'égalité et de générosité et on ne s'en est pas moins bien porté. À mon avis, la plus belle chose qui peut arriver dans une vie, c'est d'être amoureux, parce que lorsqu'on est amoureux, on a le goût dans la vie de faire des choses pour la communauté. Or, de nier le droit aux gens d'être amoureux, c'est assez honteux, et j'espère que nos concitoyens s'en rappelleront.
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Monsieur le Président, le gouvernement conservateur a proposé à la Chambre la motion suivante:
Que cette Chambre demande au gouvernement de déposer une loi visant à rétablir la définition traditionnelle du mariage sans toucher les unions civiles et tout en respectant les mariages existants entre personnes de même sexe.
C'est un honneur pour moi que de prendre la parole au nom du Nouveau Parti démocratique dans le cadre de ce débat. Un certain samedi de septembre de cette année, la Chelsea United Church, située tout juste de l'autre côté de la rivière des Outaouais et à un jet de pierre de la Colline du Parlement, était bondée. Elle était remplie à craquer. Bon nombre des députés du caucus néo-démocrate étaient présents. Voici ce que nous avons entendu Scott Daly dire à Éric Hébert cet après-midi-là:
Nous avons, toi et moi, visité tant d'endroits, vu tant de choses, franchi tellement d'étapes ensemble, qu'il est difficile pour moi de décrire exactement le sens qu'a fini par prendre pour moi notre cheminement commun. Au fil de toutes nos réussites et de tous nos échecs, de tous nos gains et de toutes nos pertes, de toutes nos aventures et mésaventures, j'ai découvert au moins une chose: ma place est à tes côtés.
Lorsque j'ai quitté Kamloops il y a de très nombreuses années, j'étais seul, dans tous les sens du terme. Tu m'as aidé non seulement à trouver ma place, mais aussi, tu as élargi mes horizons, de sorte qu'ils englobent désormais une autre langue, une autre perspective et une nouvelle famille pour m'accueillir et m'accepter.
Je te promets, devant nos proches, nos amis et devant Dieu de me réjouir avec toi de tes réussites, de pleurer avec toi tes échecs, et de persévérer avec toi dans tes combats. En effet, ton cheminement, je le fais mien. Je te promets que je te confierai mes rêves, mes craintes et mes défis. En effet, mon parcours est le tien. Toi et moi, nous partageons cette odyssée.
Je promets de te respecter et de défendre tes valeurs, d'être ton meilleur allié et ton critique le plus juste, d'accepter tes folies aussi bien que tes forces, de me souvenir que chaque jour que nous partageons est à nul autre pareil.
Je ne puis te promettre de t'aimer davantage que je ne t'aime déjà. Je ne puis que dire ceci: si je suis compétent comme enseignant, si je suis talentueux comme écrivain, si j'ai réussi d'une manière ou d'une autre dans cette vie que nous partageons, c'est parce que tu m'as aidé à découvrir le meilleur de moi-même.
Je t'ai toujours aimé. Et je t'aimerai toujours.
Puis, devant tous ceux qui étaient réunis, Éric s'est adressé à Scott en ces termes:
Lorsque je pense à nos 17 années passées ensemble et aux promesses que nous nous sommes faites, je sais que nous avons vécu notre amour.
Je sais que Dieu m'a permis de profiter de ta présence. Nos vies ensemble ont un sens et nos espoirs pour l'avenir sont toujours plus brillants lorsque nous cheminons côte à côte.
Que puis-je te promettre maintenant que tu ne saches déjà? Que puis-je t'offrir qui ne t'appartienne pas déjà?
Scott, je ferai tout en mon pouvoir pour t'inspirer, tout comme tu m'inspires. Je te surprendrai de temps à autre, comme tu le fais pour moi. Je te réconforterai quand tu en aura le plus besoin comme tu le fais toujours avec moi. Je serai joyeux, tout comme toi, même lorsque les circonstances nous rendent la vie difficile à tous deux. J'essaierai de voir le monde à travers tes yeux, de rire avec autant de légèreté que toi et de partager avec toi notre amour tous les jours. Comme tu fais ressortir ce qu'il y a de mieux en moi, je continuerai d'être une meilleure personne pour toi.
Et même si je ne pourrai jamais être un conjoint parfait, je serai toujours le plus heureux quand j'entreprendrai avec toi le voyage de la vie. La beauté de ce voyage, c'est qu'il n'a pas de fin ou de destination--c'est simplement un voyage incroyable toujours plus beau. Et il n'y a jamais de panne sèche!
Je suis plus engagé que jamais devant Dieu, notre collectivité, notre famille et nos amis, et je tiens à te dire que je t'aime et que je te promets de continuer de vivre cet amour de toutes les façons possibles tous les jours, aussi longtemps que nous demeurerons ensemble sur cette terre.
Exactement de la même façon, le 25 août 2006, Laura Chapman et Anne Drummond, ainsi que leur famille, leurs amis et leurs collègues se sont réunis au jardin de roses, à l'arboretum du Queen Elizabeth Park, sur la colline Little Mountain, à Vancouver. Ce jour-là, Anne a dit à Laura:
Je te prends, ma douce Laura, comme conjointe. Nous allons partager notre vie, notre amour et notre aventure.
Je serai à tes côtés pour le meilleur et pour le pire et, ensemble, nous suivrons la course du soleil de l'aurore jusqu'à son coucher.
Je vais t'appuyer, t'écouter, de pardonner et rire avec toi et par-dessus tout, je promets d'être fidèle et de respecter ce merveilleux amour que nous partageons.
Laura a prononcé alors les mots suivants:
Anne chérie, l'amour est un miracle et un mystère. Je te prends pour partenaire dans la danse merveilleuse de la vie. Je t'aimerai, sans cesse envoûtée par toi. Je te soufflerai des mots doux le matin, rêverai avec toi le soir, partagerai tes joies, épongerai tes larmes de mes baisers et ferai grandir notre amour avec toute ma force et ma passion.
À l'été 2005, dans un restaurant du parc Stanley, également à Vancouver, un couple de lesbiennes venues de Baltimore, dans le Maryland, aux États-Unis, a échangé ses voeux devant un commissaire aux mariages. Ce couple ne connaissait personne à Vancouver, mais s'y était rendu pour se marier parce qu'il ne pouvait pas le faire dans son pays. Il a demandé à deux femmes qui, par hasard, prenaient à ce moment leur repas dans le restaurant et qui venaient également des États-Unis, d'agir comme témoins. Les femmes ont accepté. La brève cérémonie civile s'est déroulée dans le jardin. Une fois que le commissaire les eut déclarées unies par le mariage et qu'elles se furent embrassées pour la première fois en tant que conjointes, les gens qui se trouvaient dans le restaurant se sont levés pour les applaudir. De parfaits étrangers, choisis au hasard, ont applaudi les engagements solennels et joyeux de ce couple. Les clients du restaurant se sont mis à faire la file pour féliciter ces inconnues qui venaient de former un couple marié.
Une tablée provenant d'une région rurale de l'Alberta a pris des photos et a offert son adresse de courriel pour pouvoir les transmettre. Une femme âgée, qui se déplaçait lentement à l'aide d'une canne, a attendu son tour pour les prendre chaleureusement dans ses bras et leur donner sa bénédiction. Les Américaines qui avaient servi de témoins se sont senties profondément émues. Pour elles, qu'une scène pareille pût se dérouler dans un lieu public était la preuve que le Canada devait être véritablement la terre promise.
Je me considère chanceux d'avoir pu assister au mariage de Scott et Éric. Les voeux d'Anne et de Laura m'ont profondément touché par leur chaleur et leur poésie. Le mariage des femmes de Baltimore dans le jardin d'un restaurant m'a également touché profondément, et je suis très fier que des compatriotes à moi leur aient si généreusement manifesté leur sympathie.
Pour moi, ces promesses et ces histoires sont l'essence même du présent débat. Des couples homosexuels s'unissent par les liens du mariage, ce qui n'a rien d'inhabituel d'une certaine façon puisqu'ils font comme les couples qui se marient depuis des années. Mais, il y a aussi un aspect très spécial à ces unions, car les couples homosexuels ont dû se battre pour obtenir le même droit de se marier en public que nos soeurs et nos frères hétérosexuels.
Ce sont des promesses qui créent une base solide à des relations positives et à l'établissement d'une famille. Elles rendent nos collectivités plus fortes en élargissant le cercle des relations basées sur l'intimité, la recherche de la justice et l'amour. De telles promesses offrent un certain niveau de sécurité, tant aux couples qu'aux enfants issus de ces couples, à nos familles et à nos collectivités. De telles promesses mènent à des obligations et à des responsabilités juridiques sérieuses qui sont assumées de plein gré et avec enthousiasme.
Établir des relations, fonder des familles, accroître l'intimité dans la poursuite de la justice et de l'amour, offrir une sécurité et assumer des responsabilités. Ce sont tous là des éléments essentiels à l'établissement d'une société forte, des valeurs qui contribuent à la force de la société et des aspects déterminants de l'institution du mariage dans notre société.
Douze mille cinq cent couples, soit 25 000 personnes, ont pris ce genre d'engagement au Canada depuis que les couples homosexuels ont le droit de se marier. Ces mariages ont été célébrés par des membres du clergé et par des commissaires de mariage laïcs qui avaient tous obtenu de leur gouvernement provincial l'autorisation de célébrer des mariages et le pouvoir civil de célébrer légalement le mariage de deux personnes, comme le prévoit actuellement la Loi fédérale sur le mariage civil.
Ces couples qui ont choisi de s'unir par le mariage ne veulent pas changer l'institution du mariage. Bien au contraire, ce sont des gens qui ne cherchent qu'à se rallier à cette institution parce qu'ils croient aux valeurs qu'elle représente et qu'elle appuie. Ce sont des gens qui ont été élevés dans des familles et des collectivités qui ont énormément de respect pour le mariage.
Des milliers d'autres personnes au Canada se sont jointes à ces couples en tant qu'invités au mariage, garçons et filles d'honneur, membres de congrégations, parents ou témoins. Ce faisant, nous avons promis notre appui à ces couples. Nous avons été témoins de leur amour et de leur engagement et nous avons promis de respecter et d'honorer ces liens. Nous avons accepté de devenir membres de leur famille.
L'institution du mariage se trouve renforcée au Canada par les milliers d'engagements qu'ont pris des couples de gais et de lesbiennes et leurs témoins. Souvent, leur façon de célébrer leur mariage a donné une nouvelle noblesse à cette institution. De bien des façons, les couples de gais et de lesbiennes sont de véritables apôtres du mariage au Canada. Ils valorisent avec enthousiasme et ferveur cette institution qui a eu à relever son lot de défis au cours des dernières décennies. Je crois que les couples de gais et de lesbiennes qui se marient ont insufflé une vie nouvelle à cette vénérable institution.
Très fondamentalement, la loi concernant le mariage était affaire d'égalité pour les gais et lesbiennes du Canada. Elle avait trait à nos droits de la personne fondamentaux, que nous choisissions ou non le mariage. On a clairement reconnu ce fait parmi les gais, les lesbiennes, les personnes bisexuelles et les transgendéristes, même chez ceux qui contestent l'institution. Cette mesure avait trait à la citoyenneté dans sa plénitude, à la volonté de déclarer clairement que toutes les institutions canadiennes, y compris le mariage civil, étaient ouvertes à tous les citoyens du Canada.
En tant que gais et lesbiennes du Canada, désireux ou non de nous marier, nous voulions dire qu'il n'était pas acceptable que l'on nous interdise de participer pleinement à une des grandes institutions de notre société. Nous voulions également dire qu'une reconnaissance à rabais de nos relations, celle qu'aurait conféré l'union civile par exemple, amoindrissait la valeur de notre citoyenneté et ne nous accordait pas la reconnaissance comme citoyens à part entière. Ce n'est pas jouir de l'égalité et de la pleine citoyenneté que de n'avoir accès que par la porte de côté ou la porte arrière à l'une des grandes institutions de notre société ou de ne voir nos relations reconnues que par une institution distincte.
Le gouvernement sait également qu'il ne relève pas de sa compétence de créer la possibilité de l'union civile. Ainsi, ce qu'il laisse entendre dans sa motion est pour le moins trompeur. Ce sont les provinces qui ont compétence en la matière et elles n'ont manifesté aucun intérêt à cet égard depuis l'adoption de la Loi sur le mariage civil et de certaines décisions antérieures des tribunaux établissant le droit au mariage des couples de gais et de lesbiennes dans pratiquement toutes les provinces du Canada.
Dans le cadre de la loi adoptée, on a pris grand soin d'assurer la liberté de religion. Aucun prêtre, rabbin ou ministre ne sera obligé de marier un couple contre sa volonté. Aucune institution religieuse ne sera obligée de célébrer un mariage contraire à ses croyances, à sa théologie ou à sa pratique. Effectivement, cela ne s'est passé dans aucun cas depuis que la loi a été modifiée et ne risque pas non plus de se passer. Il n'y a là rien de nouveau, de la même manière qu'il n'était pas possible pour un couple divorcé d'intenter des poursuites et encore moins d'avoir gain de cause à l'endroit d'une église pour l'obliger à célébrer un mariage qu'elle aurait jugé contraire à sa théologie, à ses croyances ou à ses pratiques.
En outre, changer la loi maintenant pour enlever aux gais et aux lesbiennes la possibilité de se marier priverait aussi de ce droit les églises, synagogues et temples qui, en raison de convictions religieuses profondément ancrées, ont décidé de marier des couples de gais et de lesbiennes. À bien des égards, la protection de la liberté religieuse est maintenant renversée. Si l'on veut vraiment protéger la liberté de religion au Canada, il faut protéger les dispositions de la Loi sur le mariage civil.
Certains ont aussi fait valoir que le débat sur la Loi sur le mariage civil avait été déficient. À titre de participant à ce débat au cours de la dernière législature, je tiens à exprimer mon profond désaccord. Aucune question n'a été débattue de façon aussi approfondie au cours de la dernière législature. Nous avons discuté durant des heures et des jours à toutes les étapes du projet de loi. Un comité législatif spécial a tenu de longues audiences et a entendu des dizaines de témoins.
C'est sans compter les nombreuses contestations judiciaires dans les provinces et territoires, notamment en Ontario, en Colombie-Britannique, au Québec, en Nouvelle-Écosse, au Yukon, au Manitoba, en Saskatchewan, à Terre-Neuve-et-Labrador, le renvoi du gouvernement précédent à la Cour suprême et les décisions rendues par celle-ci. En outre, pendant la 37e législature, le Comité permanent de la justice a tenu des audiences dans tout le pays sur cette question et il a entendu 467 témoins. Les tribunaux ont rendu un grand nombre de décisions et la Chambre a tenu un grand nombre de votes. Des centaines de témoignages ont été entendus et il y a aussi eu des centaines d'heures de débat. Bref, on a fait preuve de diligence raisonnable.
Cette question a été longuement débattue au sein des partis politiques. Le NPD, pour sa part, a exprimé très clairement son appui inconditionnel au droit des gais et des lesbiennes au Canada de se marier. D'autres partis ont aussi tenu des débats approfondis. La question a été débattue dans des églises, des temples et des synagogues, en famille, dans des classes et des bars, au travail, et il est clair que la majorité des Canadiens ne veut pas que la loi actuelle soit modifiée.
Il y a 32 ans, le jeune homme gai que j'étais fut très impressionné par le courage d'un couple gai de Winnipeg, Richard North et Chris Vogel, qui tentaient d'obtenir une licence de mariage. Ils n'y sont pas parvenus, mais leur relation, leur mariage fut célébré plus tard par une congrégation de l'église unitarienne.
À l'époque, je ne pouvais m'imaginer faire comme eux. Je ne pouvais imaginer vivre dans une société où mes relations seraient respectées et honorées, où je pourrais vivre une relation durable avec un autre homme que j'aimerais et qui m'aimerait. Je pensais que mes relations se verraient toujours imposer des limites et, par conséquent, qu'elles seraient inférieures à celles de mes parents et grands-parents.
La bravoure de couples comme celui de Richard et Chris, l'exemple qu'ils donnent à titre de modèles et les risques qu'ils prennent ouvrent de nouvelles possibilités pour moi et pour des milliers d'autres Canadiens qui sont homosexuels ou lesbiennes. Plus récemment, de nombreux autres courageux couples homosexuels ont risqué leur relation en quête de justice, justice qu'ils ont fini par obtenir devant les tribunaux et ici, au Parlement.
Éric et Scott, Laura et Anne, les femmes de Baltimore et des milliers d'autres nous ont fait voir que l'institution du mariage recèle une grande valeur et que l'accès à cette institution mérite qu'on se batte pour l'obtenir. Ils ont fait preuve d'amour, de détermination et de sens des responsabilités. Voilà les véritables traditions du mariage au Canada. Voilà les valeurs qui définissent le mariage au Canada.
Pour toutes ces raisons, il n'y a pas lieu de rouvrir le débat sur le mariage, de modifier la loi, de créer une institution distincte pour les couples homosexuels ni de restreindre l'accès des homosexuels et des lesbiennes au mariage dans l'avenir. Il y a par contre tout lieu de célébrer, de célébrer l'amour, les relations harmonieuses, l'engagement, la quête de justice, le sens des responsabilités et la création de relations, de familles et de collectivités et, enfin, de célébrer l'égalité.
L'existence de couples homosexuels mariés, de familles, d'amis et de collègues de travail qui les appuient et de la Loi sur le mariage civil rend pareille célébration possible. C'est pourquoi les néo-démocrates présents à la Chambre voteront contre la motion du gouvernement conservateur.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je participe à ce débat, limité à dix minutes chacun, sur un sujet qui, lorsque nous pensons à son contexte historique, représente le changement socioculturel le plus important auquel notre société a été confrontée en ce qui concerne la définition d’un mot, et qui aura des conséquences juridiques pendant des centaines, sinon des milliers d’années. Il est très important que nous en parlions et que nous participions à ce débat.
Je ne compte pas souvent sur les médias pour appuyer mes prises de position, mais il y avait ce matin, dans le National Post, un article d’Andrew Coyne, quelqu’un avec qui je ne suis pas toujours d’accord. Il a toutefois décrit les choses de façon rationnelle et civilisée en ce qui concerne le contexte et la façon dont ce débat devrait se dérouler.
C’est une des premières choses dont je voudrais parler. J’ai fait connaître ma position à la Chambre à plusieurs reprises. La dernière fois, c’était en mars 2005. J’ai exposé à l'intention de mes collègues les principes religieux sur lesquels je m’appuie, la tradition judéo-chrétienne qui encadre cette discussion, et vous pouvez lire ce que j’ai dit le 23 ou 25 mars 2005.
Par conséquent, je ne vais pas revenir sur tout cela ce soir étant donné le peu de temps dont nous disposons. Je voudrais parler de la nature du débat comme tel. J’ajouterais que l’article du National Post que j’ai mentionné est écrit par quelqu’un qui se déclare en faveur d’un changement à la définition du mariage. Ce n’est pas une personne avec qui je suis d’accord sur ce plan, mais il vaut la peine de jeter un coup d’œil sur cet article pour ce qui est de la nature du débat.
J’avoue avoir été déçu de voir, non pas le député qui m’a précédé, mais le député d’, je crois, adopter une attitude très combative au sujet de cette question. Les invectives dans ce genre d’échanges ne permettent pas vraiment de s’attaquer au cœur du problème.
Lorsque quelqu’un qui appuie la définition traditionnelle du mariage, qui est l’union d’un homme et d’une femme, se fait traiter d’homophobe, même si je n’ai pas étudié à fond la signification de cette expression, cela n’apporte rien au débat et n’incite pas les gens à y participer. Cela veut-il dire que quelqu’un qui souhaite changer la définition du mariage est un hétérophobe? Bien sûr que non. Ce serait ridicule.
J’espère que nous allons pouvoir traiter de la nature du débat et des éléments fondamentaux qui le composent sans pourrir l’ambiance. Je dirais que nous y sommes parvenus jusqu’ici et j’espère que nous allons maintenir les échanges à ce niveau élevé.
Quel que soit votre avis, que vous pensiez qu’il s’agit d’une question touchant à un droit fondamental ou qu’elle constitue la violation d’un droit — et nous avons bien sûr tous droit à notre opinion — un fait demeure. La Cour suprême n’a pas déclaré que la définition du mariage, considérée en tant qu’union entre un homme et une femme, est inconstitutionnelle. Ce n’est pas ce que le plus haut tribunal a dit.
D’aucuns peuvent croire que c’est ce qu’elle a décrété, et je les renvoie alors à l’article paru ce matin dans le National Post, non pas que ce journal est le fin des fins, qui rappelle que ce n’est pas ce qu’a décidé la Cour suprême. On a très certainement le droit d’affirmer que cette définition du mariage est une violation des droits de la personne, mais ce n’est pas ce qu’a décrété la Cour suprême.
D’ailleurs, la Cour suprême a précisé que c’est le Parlement qui devrait éventuellement changer cette définition. Cela prouve qu’elle ait reconnu les pouvoirs et la compétence du Parlement à cet égard.
Il est un autre aspect de ce débat qui demeure troublant. Ce soir, à l’heure où nous débattons de cette question très importante — et je tiens au passage à féliciter le d’avoir si bien compris l'essence même de la démocratie —, nous souhaitons que tout le monde, et surtout les élus présents ici, puisse prendre librement la parole pour exprimer son point de vue. Pas un homme, pas une femme ne devrait venir nous dire qu’il ou elle n’a pu se lever pour parler librement à ce sujet.
Je suis heureux de constater que le nouveau chef du Parti libéral a changé de position à ce sujet pour, apparemment, autoriser un vote libre. Je ne veux pas faire de petite politique, mais il est très troublant de constater que — malgré les encouragements de notre — deux partis qui se disent démocratiques au point où l’un emploie même ce mot dans son titre, ne permettront pas à leurs députés de voter librement sur cette question parce que, de l’avis de leurs chefs et en contradiction avec la décision de la Cour suprême, il n’y a pas lieu de voter librement sur un sujet aussi important que cette question d’opinion.
Il n’y a pas si longtemps que cela que le chef du NPD a expulsé une femme de son caucus parce qu’elle voulait voter selon sa conscience. Ce genre de...
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Cela me paraît être un sujet de débat et pas un rappel au Règlement, monsieur le Président. J'espère que cela n'abrégera pas le temps dont je dispose.
Cette députée a été démise de toutes ses responsabilités au sein des comités. À l'époque, j'avais participé à une émission de radio en direct sur le sujet avec le chef du NPD. Il avait alors déclaré, et nous pouvons obtenir la transcription de Toronto, qu'il lui avait ordonné de rester tranquille et qu'il avait été heureux de son silence. Si le député ne croit pas qu'il s'agit là d'une exclusion pure et simple d'un débat démocratique, il a de sérieuses questions à se poser. Je suis heureux que nous ayons ce débat, au moins avec certains partis, et que nous puissions nous prononcer librement au moment du vote.
La question de la liberté de religion devrait aussi revêtir une certaine importance pour tous, que l'on se dise croyant ou pas. Lorsque l'on se penche sur l'histoire de certaines libertés démocratiques, on constate que la liberté de religion entraîne des libertés plus larges. La liberté d'expression de sa foi est si fondamentale pour tant d'autres libertés que, lorsque j'ai rencontré le dalaï-lama, il y a environ deux ans, je lui ai demandé que, dans le cadre de sa tournée mondiale de promotion de la paix — ce dont je l'ai félicité —, il invite tous les dirigeants du monde à accorder la liberté de religion dans leur pays.
Nous savons qu'actuellement, la moitié de la population de la planète n'a pas la liberté de religion parce que la liberté de religion mène à la liberté de parole, à la liberté d'association, à la liberté d'expression et à la liberté d'acquérir des propriétés pour construire des mosquées, des temples et des églises. C'est fondamental pour toutes les libertés que nous avons. Tout ce qui irait à l'encontre de cette liberté serait dangereux et la liberté de religion doit être protégée jalousement, qu'une personne se dise croyante ou pas.
J'ai soulevé des questions à ce sujet en 2005, des questions restées sans réponse. Je m'élève contre certains points mentionnés par mon collègue. Il a plus confiance que moi dans le fait que les institutions religieuses et leur pouvoir discrétionnaire ne seront pas affaiblis si l'on change, et c'est déjà le cas, la définition du mariage. Je respecte son opinion, mais, dans mon for intérieur, je dirais « homme de peu de foi », car ce n'est pas ce qui se produit.
En fait, nous savons que des commissaires aux mariages se sont fait dire qu'ils seraient démis de leurs fonctions s'ils refusaient de célébrer des mariages allant à l'encontre de leur foi, celle-ci prônant des mariages hétérosexuels. Ce genre de choses est arrivé. Alors, la foi religieuse subi des torts.
Par ailleurs, des institutions religieuses ont fait l'objet de décisions de la Commission des droits de la personne et se sont vu imposer des amendes incroyables parce qu'elles refusaient qu'on utilise leurs locaux pour célébrer certains types de mariage. Il y a eu des cas où des personnes ont exprimé, dans des journaux, dans le courrier des lecteurs, leur point de vue religieux sur cette question et se sont heurtées à de lourdes sanctions. La liberté religieuse est menacée par ceux qui n'en comprennent pas réellement l'importance.
En terminant, je dirai que j'honore mes parents. Des députés ont parlé de leurs parents. J'honore ma mère et mon père, qui est décédé récemment. Ils m'ont montré l'importance du mariage, du mariage hétérosexuel, et ils m'ont fait comprendre qu'aucun mariage n'est parfait. Le mien ne l'est pas. Ma femme est la perfection incarnée, mais ce n'est pas mon cas. Toutefois, il est crucial de préserver la définition de cette institution comme étant l'union d'un homme et d'une femme.