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Merci, mesdames et messieurs.
Je suis reconnaissant du fait que nous avons été invités une fois de plus à comparaître devant le comité.
Je suis heureux de vous annoncer que, depuis notre dernière visite, un certain nombre d'événements avantageux pour nous se sont produits. Je vais vous parler du plus important, si vous voulez bien me permettre de vous présenter un bref historique. Depuis une quinzaine d'années, nous sommes préoccupés par le fait que beaucoup de nos vétérans qui ont été militaires de carrière souffraient de maladies pulmonaires et respiratoires et d'autres affections dans une plus grande mesure que l'ensemble de la population. Un de nos membres — un dénommé Carter que j'avais mentionné lors de ma dernière visite — a la quasi-totalité de ses organes qui ne fonctionnent plus normalement.
Nous sommes inquiets parce que nous avons été exposés en Corée a une grande quantité de DDT et d'autres produits chimiques nocifs.
Nous avons parlé de nos préoccupations au ministère des Anciens combattants. Nous avons fait nous-mêmes une étude et avons découvert que l'incidence de ces troubles parmi les vétérans de la Corée est très nettement supérieure à ce qu'elle est dans le reste de la population.
Le seul problème, c'est que les responsables du ministère n'ont pas accepté les conclusions de notre étude à cause de problèmes de méthodologie. Nous avions envoyé notre étude à échantillon aléatoire à deux fois plus de participants que nous n’en avions besoin, pour être sûrs de ne pas en manquer. Toutefois, lorsque nous avons fait parvenir les questionnaires à nos unités locales, au lieu de les distribuer au hasard, elles les ont envoyés à ceux dont on savait qu'ils souffraient de différentes maladies. Cela a eu tendance à fausser quelque peu notre étude.
Nous en avons discuté avec le ministère, qui a décidé entre autres de parrainer une étude canadienne. Nous sommes même allés jusqu'à désigner un groupe d'étude et à affecter des fonds. Ensuite, nous avons eu des élections, le gouvernement a changé, le sous-ministre a été remplacé et le projet a été plus ou moins suspendu.
Nous avons beaucoup de contacts avec des associations d'anciens combattants de différents pays du monde. Comme nous faisons partie d'un groupe international, nous avons appris que les Australiens avaient mené une étude sur les effets de la guerre de Corée. Nous croyons que l'Australie et le Canada ont énormément de choses en commun ou de choses très semblables, comme le niveau de vie, le régime alimentaire, les revenus, le genre de travail, etc., de sorte que ce qui s'applique à l'Australie s'applique aussi probablement au Canada. Nous en avons parlé à un certain nombre de responsables des Anciens combattants, qui ont accepté nos arguments.
Je ne vais pas vous donner tout cela à lire, mais il y a trois études. L'une porte sur l'incidence du cancer, l'autre sur la mortalité et la troisième sur la santé. Ne craignez rien, je ne vais pas vous lire tout cela.
Le ministère a examiné ces études et a décidé d'accepter les conclusions de l'étude sur le cancer. Cette étude établit que, pour au moins huit formes de cancer, le taux d'incidence parmi les vétérans de la Corée est sensiblement supérieur à celui de l'ensemble de la population. Je crois qu'il y a une différence moyenne d'environ 23 p. 100.
Le ministère a accepté les conclusions relatives aux huit formes de cancer qui présentaient les différences les plus importantes et a donc décidé de considérer le service en Corée comme motif suffisant a priori d'une des formes de cancer en cause. Nous avons considéré que c'était une grande victoire pour les vétérans parce qu'ils n'ont plus à prouver le lien entre leur maladie et le service en Corée. Ce lien est maintenant accepté à moins de preuve du contraire.
Par exemple, nous avions quelques personnes qui avaient travaillé à la centrale de Chalk River. Une réclamation, dans ce cas, aurait pu être jugée contestable.
C'est raisonnable. Par conséquent, je suis heureux de dire que j'ai appris, il y a six ou sept mois, que plus de 500 vétérans, qui n'avaient pas présenté une demande de pension auparavant parce qu'ils ne croyaient pas pouvoir établir la cause de leur maladie ou dont la demande avait été rejetée, reçoivent maintenant des pensions et des traitements pour ces huit formes de cancer.
C'est une bonne chose, mais, comme je l'ai mentionné, nous étions encore préoccupés par les cas de maladie pulmonaire obstructive chronique, ou MPOC, et de problèmes cardiaques dont l'incidence parmi nos membres est plus élevée que dans le reste de la population. Nous sommes revenus à la charge, et la même équipe du ministère a examiné l'autre étude australienne traitant des maladies autres que le cancer. De ce fait, nous avons maintenant une politique. Lorsque votre documentation arrivera, vous aurez un exemplaire du communiqué relatif à cette question.
Au cours de l'année dernière, le ministère a décidé que si un ancien combattant souffre de maladie pulmonaire obstructive chronique, comme on l'appelle, y compris la bronchite chronique et l'emphysème, ou encore d'artériosclérose ou de maladies connexes et qu'il a servi en Corée entre 1950 et 1956, ce service est accepté comme cause de la maladie, à moins de preuve du contraire.
Nous avons donc gagné dans ce dossier, et nous en sommes assez satisfaits. Je dois reconnaître la contribution de l'équipe des Anciens combattants. Si vous voulez des noms, je peux vous dire que l'auteur de l'étude est un dénommé Dave Pedlar. Il a travaillé là-dessus avec son équipe et a pris position en notre faveur. Comme je l'ai dit, il faut reconnaître la contribution des Anciens combattants. Le ministère est souvent blâmé. Il y a des gens qui disent qu'il essaie de leur enlever leur pension ou de les priver de tel ou tel service, mais je dois admettre que, dans ce cas, les gens du ministère ont fait plus que leur devoir et ont mis beaucoup de temps et d'efforts pour s'assurer que nos anciens combattants obtenaient ce qui leur était dû.
Ce sont nos deux victoires.
L'autre point qui me préoccupe, c'est qu’à ma grande surprise, les anciens combattants sont insatisfaits du service du ministère : ils se plaignent des délais et des décisions prises. De son côté, le ministère s'est plaint à nous de ce que trop peu de nos vétérans demandent des pensions pour le SSPT, le syndrome de stress post-traumatique. Il estime que beaucoup plus d'anciens combattants devraient présenter des demandes à cet égard.
Notre explication de ce phénomène, c'est que, dans les années 1950, les gens s'accommodaient sans trop se plaindre des nuits sans sommeil, de l'alcoolisme ou de la nervosité. Ils faisaient preuve de machisme et ne voulaient pas admettre qu'ils souffraient. Ils jugeaient que c'était une faiblesse de demander une pension et des traitements. Nous essayons de sensibiliser nos gens. Nous espérons y arriver. Je répète donc que nous formons un groupe d'orgueilleux, qui détestent reconnaître que la guerre leur a abîmé les nerfs.
Voilà les préoccupations particulières de nos vétérans de la Corée.
Je voudrais signaler que notre association est membre du Conseil national des associations d'anciens combattants, qui est dirigé par Cliff Chadderton. Par solidarité et parce qu'il agit en notre nom, nous appuyons beaucoup des initiatives du Conseil. Vous le savez peut-être, mais les mémoires au Parlement du CNAAC mentionnent des médailles pour les prisonniers de guerre, ceux qui ont été blessés et au moins une barrette ou un autre témoignage de reconnaissance à ceux qui ont servi à Dieppe et à Hong Kong.
Parmi les autres questions qui se sont posées, il y a une suggestion sans beaucoup de détails proposant que le ministère des Anciens combattants crée un service distinct pour les veufs et les veuves. De nos jours, de plus en plus de veuves sont admissibles à des pensions ou au PAAC et ont différentes préoccupations. Beaucoup des groupes membres du CNAAC croient que le ministère devrait établir une direction ou une division chargée de s'occuper particulièrement des veufs et des veuves.
En conclusion, je voudrais mentionner que, comme la plupart des vétérans ou la plupart des vieux vétérans — dans le temps, nous étions les jeunes et ils étaient les vieux —, nous nous apercevons que notre nombre diminue. L'Association des vétérans de la Corée est passée d'un maximum proche de 5 000 membres à quelque 2 400 seulement. Il est difficile d'estimer le nombre total des anciens combattants de la Corée qui vivent au Canada. Certains d'entre eux étaient des anciens combattants d'autres guerres. Les seuls que nous puissions suivre sont les clients du ministère. Nous pensons qu'il reste encore entre 12 000 et 15 000 d'entre nous sur les 28 000 qui étaient allés en Corée.
C'est tout ce que j'ai à dire. Comme je l'ai mentionné, je vous ferai parvenir la nouvelle politique concernant les maladies pulmonaires et cardiaques ainsi qu'un bref résumé de cet exposé.
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Bonjour, monsieur Peate. Comment allez-vous? Il y a longtemps que nous nous sommes vus. Un an et demi s'est écoulé déjà depuis notre rencontre. J'ai à peu près les mêmes questions à vous poser qu'à l'époque.
Vous savez que je m'intéresse tout particulièrement au syndrome de stress post-traumatique, que j'appelle une blessure psychologique opérationnelle. Je n'aime pas tellement le mot « stress », car il est épeurant.
Vous avez parlé des anciens combattants en tant que old guys. Quand je vois Thierry assis à mes côtés, je me dis que je suis un old guy. On parle d'aller de l'avant, mais vous craignez que bien des gens bluffent, qu'ils prétendent souffrir du syndrome de stress post-traumatique. Toutefois, tous les spécialistes nous ont dit qu'une entrevue d'une demi-heure leur suffit pour détecter si oui ou non la personne joue la comédie. Par conséquent, il ne faut pas avoir peur, il faut aller consulter. Oui, des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale soignent le syndrome du stress post-traumatique avec du gros gin. Ils commencent à 8 heures le matin à la Légion. Ce sont mes commentaires sur le stress post-traumatique: il faut consulter.
J'aimerais vous parler d'un autre problème et j'aimerais connaître votre point de vue là-dessus. Il semble y avoir une mode, tant au Québec que dans le reste du pays, qui consiste à vouloir maintenir les personnes âgées à domicile le plus longtemps possible. Les femmes, les épouses ou les maris de personnes âgées sont quasiment du même âge. Ils n'ont donc peut-être pas la force physique nécessaire pour prodiguer des soins à la maison.
Sommes-nous équipés pour aider ces personnes à la maison? Sinon, que devrions-nous faire?
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Il devrait l'être. Le problème, dans mon cas, c'est que le dossier a été perdu. Habituellement, comme vous le savez probablement — je suis constamment en train de dire aux gens des choses qu'ils savent déjà —, si un soldat est blessé en service, une commission d'enquête est formée et un rapport d'incident est produit. Ce sont ces choses que nos anciens combattants essaient de retrouver.
J'ai connu un cas où les renseignements manquaient. Un homme s'était blessé au dos en sautant en parachute. Comme il était très macho, il ne s'est jamais déclaré malade. Il avait déjà fait quatre sauts et devait en faire deux autres pour obtenir une qualification. Nous avons eu beaucoup de mal à prouver que cet homme s'était blessé en service. Sa blessure s'est aggravée et, lorsqu'il a quitté l'armée, il a été incapable de faire le travail qu'il voulait. Nous n'avions aucun dossier sur l'affaire. C'est là que notre association est intervenue pour essayer d'entrer en contact avec ses anciens camarades. Si vous avez lu la Revue Légion, vous avez probablement vu des annonces du genre: « Est-ce que quelqu'un a connu le soldat Jones qui est tombé d'un camion en Allemagne? Nous avons besoin de preuves pour étayer une demande de pension. » C'est ainsi que les contacts sont établis. Autrement dit, si le MDN trouve les preuves, ACC fournit l'évaluation, ce qui permet en général de verser la pension.
Il y a quelques années, nous avons créé un groupe appelé le centre. Certains d'entre vous sont peut-être au courant. C'était une opération conjointe du MDN et d'ACC. C'était tout près d'ici, en fait. Le personnel venait des deux ministères, ce qui a accéléré les choses. Quatre centres ont été établis pour soumettre les gens à des tests de DDT, mais rien ne s'est jamais produit. Nous avions pensé que c'était une excellente chose parce que c'était l'un de nos plus grands problèmes. Pouvions-nous y recourir? Le centre était ouvert à tous les anciens combattants. En fait, il a été fermé ou déplacé ou n'a jamais été ouvert. Nous n'en avons jamais tiré grand-chose.
Nous coopérons donc dans une certaine mesure avec le MAC et ACC, mais ils ont des rôles distincts à jouer. Le MDN fournit les preuves, puis ACC les évalue et détermine la pension ou les traitements auxquels la personne a droit. Cette situation pourrait changer bien sûr à cause de la mission en Afghanistan.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour, monsieur. C’est un plaisir de vous écouter cet après-midi.
Je ne siège pas au comité depuis très longtemps, mais je me renseigne au fur et à mesure sur les questions qui ont de l’importance pour vous et vos collègues.
D’après les notes que j’ai ici, vous avez écrit un livre, The War That Wasn’t: Canadians in Korea. Je ne l’ai pas lu, mais je vais sûrement le faire parce que...
Une voix: Il peut vous en vendre un tout de suite.
Mr. Todd Russell: Il pourrait probablement m’en vendre un tout de suite. Il faudra que j’aille faire un saut chez Chapters pour l’avoir.
Les notes disent aussi que c’est une guerre oubliée. Je crois que c’est vrai, même en fonction de ma propre expérience. Nous entendons beaucoup parler des autres conflits auxquels nous avons participé. De concert avec quelques-uns de mes collègues ici et de nombreux autres Canadiens, j’ai eu l’occasion de célébrer quelques-unes de nos victoires en Europe, du temps de la Première Guerre mondiale. Il y a eu le 90e anniversaire de Beaumont-Hamel, qui a été un événement très émouvant. Je peux vous comprendre lorsque vous parlez de votre propre expérience.
Ma question n’est peut-être pas directement liée, mais je crois qu’elle l’est. Pourquoi parlez-vous dans le titre de votre livre de la guerre qui n’en est pas une? Pourquoi disons-nous que c’est une guerre oubliée? Je crois qu’il est important de poser la question puisque vous vous battez afin d’obtenir pour les vétérans de la Corée les mêmes droits que ceux de la Seconde Guerre mondiale.
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Le titre du livre se basait sur le fait que c’est seulement en 1998, je crois, que le gouvernement du Canada a admis que la guerre de Corée était bel et bien une guerre. Officiellement, il s’agissait d’une opération de police des Nations Unies. Pour notre part, nous avions l’impression que lorsque deux groupes se tirent réciproquement dessus, c’est une guerre. Il a fallu près de 45 ans après la fin de la guerre pour que ce fait soit reconnu.
Il y avait des raisons et, en premier, le moment où la guerre a éclaté. Les hostilités ont commencé en 1950. Les gens en avaient assez de la guerre. Cela faisait à peine cinq ans qu’ils en avaient fini avec la Seconde Guerre mondiale, et voilà qu’une autre guerre commençait. Par ailleurs, par rapport à la Seconde Guerre, la Corée, du moins pour le Canada, n’a été qu’une opération secondaire.
Ensuite, il y a un autre grand conflit qui a commencé lorsque les Américains sont intervenus au Vietnam. C’était encore une fois une opération de grande envergure qui a fait l’objet d’une intense couverture médiatique. La télévision présentait tous les jours des reportages sur la guerre. Les événements restaient frais dans la mémoire des gens. La couverture médiatique a été vraiment très intense. Par conséquent, la guerre de Corée, prise en sandwich entre deux conflits majeurs, a commencé à s’estomper.
Par exemple, il y a un quotidien — je crois que c’était le Vancouver Province — qui, pour tester l’attention des gens, a publié trois jours de suite le même communiqué du quartier général canadien. Personne ne s’en est aperçu.
Aujourd’hui, par contre, quand un soldat est tué en Afghanistan — Dieu sait que nous ne voulons perdre personne ni en Afghanistan ni ailleurs —, la nouvelle occupe une page entière dans le journal. La télévision montre l’embarquement du cercueil à Kaboul, puis son arrivée à Trenton et toutes les cérémonies organisées. Il y a des articles dans la presse nationale. C’est parfait, il l’a bien mérité. Pour moi, tout homme et toute femme qui a donné sa vie en défendant son pays — je dis « toute femme » parce qu’il y en a une qui repose dans notre cimetière à Beechwood, comme vous le savez — mérite tous les honneurs. De notre temps, le plus que nous pouvions voir dans la presse nationale, c’était une liste des victimes. Il y avait peut-être aussi un ou deux paragraphes dans le journal local, avec une photo s’il a été possible d’en trouver une, et c’était tout.
Par conséquent, les gens se sont sentis oubliés. C’est malheureux, mais je ne pense pas que ce soit délibéré. C’est simplement le résultat d’un concours de circonstances. Comme je l’ai dit, nous l’avons appelée « la guerre qui n’en est pas une » parce qu’il a fallu 40 ans pour la reconnaître comme guerre.
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Commençons tout d’abord par les caractéristiques politiques. Beaucoup de gens demandent pourquoi cette guerre était nécessaire. Je n’aime pas beaucoup l’idée de vous donner une leçon d’histoire et de vous faire perdre votre temps, mais je crois que beaucoup d’entre vous n’étaient pas encore nés en 1936.
En 1936, l’Italie a envahi l’Abyssinie ou ce qu’on appelle aujourd’hui l’Éthiopie. L’Abyssinie a alors demandé l’aide de la Société des nations. Celle-ci n’a rien fait. La seule concession accordée, c’est que la Grande-Bretagne a interdit aux Italiens de faire passer leurs transports de troupes par le canal de Suez.
Que s’est-il passé? Nous avons eu Mussolini, puis Hitler, puis Tojo. La situation a encouragé ces gens. Ils ont constaté qu’ils pouvaient agir impunément. Ils l’on fait, ce qui a déclenché la Seconde Guerre mondiale.
Examinons maintenant la situation en 1950. La même chose s’est produite. Un pays agressif a commencé à faire étalage de sa puissance. La Corée du Sud a demandé de l’aide aux Nations Unies. Cette fois, la communauté internationale a réagi. Des troupes et des équipes médicales de 21 pays ont été dépêchées en Corée pour chasser les Nord-Coréens.
C’était une époque caractérisée par une attitude extrêmement agressive de la part des communistes. Ils avançaient en Europe. Les Chinois ont commencé à s’agiter. Qui sait ce qui serait arrivé si nous n’avions pas tenu ferme, si nous n’avions pas dit: C’est assez! Voilà pourquoi la guerre de Corée a joué un rôle important.
Je ne me considère pas comme un chevalier héroïque qui est allé sauver la démocratie, mais les conséquences auraient pu être très graves. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette guerre était différente.
Deuxièmement, en ce qui concerne les Canadiens, cette guerre a été différente à cause de l’endroit où nous avons servi. Il y a des gens qui ont combattu dans des pays chauds ou dans des pays froids. La Corée se caractérise par des extrêmes de climat, des pluies diluviennes, de terribles conditions atmosphériques. Le pays lui-même était terrible. J’ai entendu un Australien dire que si son pays devait choisir le pire endroit du monde où envoyer des troupes, ce serait la Corée.
Pour vous expliquer les maladies que nous avons attrapées, je vous dirai par exemple que le sol coréen est fertilisé depuis des siècles au moyen d’excréments humains. C’est dans ces régions que nos troupes devaient s’abriter. Vous creusiez un trou, et vous y restiez. Peut-on s’étonner dans ces conditions que les vétérans de la Corée aient tellement souffert? Bien sûr, pour compenser tout cela, nous avions le fameux DDT. Je pense que, dans ce cas, le remède était probablement bien pire que le mal.
Voilà pourquoi nous croyons que c’était important.
Troisièmement, il y a les premières troupes que nous avons envoyées en Corée. À cette époque, il nous restait très peu de militaires. Les différents éléments de l’armée avaient été dispersés après la Seconde Guerre mondiale. Nous n’avions plus que trois bataillons d’infanterie. Il ne restait rien pour défendre le Canada. Il a fallu se hâter pour recruter et former une force spéciale de volontaires. Cela s’est fait en un rien de temps. Les premiers hommes envoyés en Corée étaient tous des volontaires. Cela s’est fait tellement vite que parmi ceux qui se sont enrôlés, il y avait un unijambiste de 70 ans et Dieu sait combien de garçon de 14 ans.
Mais ils ont réussi. Tous ces gens se sont portés volontaires et ont été envoyés sur place en l’espace de quelques semaines. Voilà un autre facteur qui explique la différence.
Je ne suis pas sûr d’avoir clairement formulé ma question la dernière fois, mais nous venons de visiter quelques bases et devons en visiter d’autres très rapidement. Je pense que nous devons aller à Valcartier et à Petawawa. Vous avez parlé des rapports d’incident et de l’importance qu’il y a à retrouver les dossiers médicaux pour assurer aux anciens combattants la protection dont ils ont besoin, qu’il s’agisse d’une pension ou d’autre chose.
J’ai été surpris de constater, à la base que nous avons visitée l’été dernier, que c’était tout le contraire de ce que nous avons vu au cours de l’automne. L’automne dernier, nous avons remarqué qu’on insistait beaucoup sur les rapports d’incident. Tout devait être documenté et mis par écrit. Vous avez vécu cela toute votre vie. Vous devez donc savoir à quel point c'est important.
Pendant que j’étais à la base, j’ai vu que des réservistes étaient à l’entraînement et que beaucoup d’entre eux devaient aller ensuite en Afghanistan. Vous avez parlé du sergent qui engueule ses soldats. J’ai pu le voir de mes propres yeux. Je peux dire qu’aucun membre de ce groupe n’aurait dit un mot, même s’il s’était vraiment fait mal. Le lieutenant était inflexible: Si vous vous faites mal, vous vous fermez la gueule et ne dites rien à personne. J’ai été surpris car je pensais que les réservistes ne devaient pas savoir à quel point il est important de déclarer les incidents. Je crois que c’est une chose qui devrait être faite d’une façon uniforme à tous les niveaux militaires. Quel que soit le service dont un soldat fait partie, il faut documenter les incidents.
J’aimerais savoir ce que vous pensez de cela. Avez-vous pu observer, dans toutes vos années d’expérience, qu’il y avait différents niveaux de suivi, selon le service?
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Oui. Dans certains cas, les dossiers sont perdus ou brûlés. Ces choses arrivent.
La situation a changé. Aujourd’hui, si un soldat est malade, il va voir le médecin militaire et se fait donner des médicaments. Ce n’était pas la même chose du temps de la Corée ou de la Seconde Guerre mondiale. Si on ne se sentait pas bien, on devait se présenter à ce qu’on appelait alors la revue des malades. Il fallait se mettre en grand uniforme et avoir une tenue impeccable pour se présenter à l’inspection. Si le sergent trouvait que votre insigne de casquette ne brillait pas suffisamment ou que vos sangles n’avaient pas été bien blanchies, vous étiez passible de sanctions. Ce n’est qu’après l’inspection qu’on vous permettait peut-être d’aller voir le médecin. Si vous aviez de la chance, il vous prescrivait un traitement. Autrement...
Je peux vous donner un exemple. Pendant que j’étais dans les Forces canadiennes, j’ai emmené deux personnes à la visite médicale. Le médecin militaire a dit: « Je dois rentrer chez moi maintenant. La première personne qui se présentera ici obtiendra une exemption de service. Pour la seconde, ce sera M et S. » M et S signifie médicaments et service, c’est-à-dire une pilule et retour au travail. L’un des deux hommes avait des ampoules aux pieds et avait dû retirer ses bottes et ses chaussettes. L’autre avait un mal de gorge. Devinez donc ce qui s’est produit. C’est vraiment ainsi que cela se passait.
Je me suis aperçu que mon ouïe baissait pendant que je suivais un cours de français. Je suis allé voir le médecin et lui ai dit: « Je crois que je deviens sourd. » Il a pris ses lunettes et a donné quelques tapes sur l’étui. Il m’a demandé: « Qu’est-ce que je suis en train de faire? » J’ai répondu: « Vous donnez des tapes sur votre étui à lunettes. » « Alors, vous pouvez m’entendre », m’a-t-il dit. J’ai répondu: « Non, je ne vous entends pas. Je vous ai vu du coin de l’œil. » Malgré cela, il n’a fait aucun rapport. Quand, bien des années plus tard, j’ai présenté une demande de pension pour surdité parce que je suivais un autre cours de français dans la fonction publique et que je n’entendais plus le son qui sortait du magnétophone, le ministère n’a trouvé aucun document établissant que j’avais fait état de problèmes d’ouïe. Ces choses arrivent.
Les documents sont perdus ou égarés. Parfois, les gens préféraient éviter toutes les complications de la revue des malades. S’ils s’étaient fait une entorse à la cheville ou quelque chose de ce genre, ils attendaient en espérant que les choses s’arrangeraient quelques jours plus tard.
Il y a beaucoup de problèmes dans tous les systèmes d’information. J'ai travaillé pour un autre ministère qui avait perdu des dossiers. J’avais un poste à l’assurance-chômage, où il arrivait de temps en temps qu’on ne retrouve plus le relevé d’emploi d’une personne. Le pauvre type devait attendre des mois avant d’obtenir des prestations. Par conséquent, ce sont des choses qui arrivent. Il est assez courant que des documents se perdent.
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Une médaille pour le service de guerre en Corée? Il y en a en fait trois ou quatre, si vous voulez.
Il y a tout d’abord la médaille de service du Commonwealth. Elle a été décernée à tous les membres du Commonwealth. Celle du Canada est légèrement différente. La mienne est celle du Royaume-Uni. Elle est faite de cuivre et de nickel. Les Canadiens étant évidemment beaucoup plus riches, comme nous avons pu constater au cours de la parade en Corée, leur médaille est en argent. Elle a un ruban rayé jaune et bleu.
Il y a également la Médaille du service des Nations Unies, qui a été décernée à ceux qui ont servi en Corée ainsi qu’au Japon. Pour obtenir la médaille de la guerre de Corée, il fallait avoir servi dans ce pays pendant la guerre proprement dite. Pour obtenir la médaille des Nations Unies, il fallait avoir servi sur le théâtre jusqu’en 1954, je crois, c’est-à-dire un an après le cessez-le-feu.
Apparemment, certains ont jugé que ce n’était pas suffisant parce qu’il n’y avait pas une décoration proprement canadienne. Par conséquent, il y a environ 15 ans... Vous souvenez-vous de la date à laquelle votre adjointe a reçu une médaille? Je crois que j’ai obtenu l’une des premières.
Une voix: Formidable!
M. Peate: Quoi qu’il en soit, il s’agit de la Médaille canadienne de service volontaire pour la Corée.
Il existe donc trois médailles.
Il y a eu aussi une décoration qu’a décernée le président de la Corée du Sud, Syngman Rhee. Malheureusement, Syngman Rhee et Winston Churchill, qui était alors premier ministre de la Grande-Bretagne, n’étaient pas très bons amis. Churchill a refusé cette médaille et a persuadé les autres pays du Commonwealth de la rejeter également.
Nous avions découvert que nous y avions droit. Pendant 10 ou 15 ans, nous avons essayé d’obtenir du gouvernement la permission de la porter comme décoration étrangère approuvée, puisqu’elle avait été décernée de façon légitime par un gouvernement étranger, mais on nous a toujours dit non. Finalement, nous avons décidé de nous suffire de trois médailles et avons renoncé à poursuivre nos efforts.
Par conséquent, oui, des médailles ont été décernées pour la guerre de Corée. Bien sûr, il y a aussi les décorations pour actes de bravoure.
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Je pense vraiment que nous avons fait tout notre possible.
Comme vous le savez, Anciens combattants Canada publie le bulletin Salut! qui est distribué à tous les vétérans qui reçoivent une pension. C’est là-dedans. Comme je l’ai dit, je continue à casser les pieds à mes camarades dans ma revue. La Légion en parle à ses membres dans sa Revue.
L’ennui, c’est que sur les quelque 12 000 vétérans de la Corée, environ 2 500 appartiennent à notre association. La moitié d’entre eux sont membres de la Légion. Par conséquent, il y a encore 5 000 ou 6 000 vétérans de la Corée qui ne savent même pas que nous existons, ne savent pas ce que nous avons obtenu, ne sont pas au courant de la médaille décernée l’année dernière, ne savent rien du SSPT et ignorent tout des avantages découlant de cette étude.
Il n’y a pas grand-chose d’autre que nous puissions faire. Le ministère a publié un communiqué, dont je vous ai donné un exemplaire. Est-ce que ces gens vont le lire ou en entendre parler? Je ne sais pas. Si une starlette de Hollywood a des jumeaux ou qu’un autre événement se produise, toutes les autres informations seront supprimées ou déplacées. On ne sait jamais.
Je crois que le ministère fait vraiment tout ce qu’il peut. Il recourt à tous les moyens auxquels il peut penser. C’est simplement qu’il y a des gens qui ne se tiennent pas au courant. Nous avons encore au moins 6 000 vétérans plus ou moins inconnus. Nous aimerions beaucoup qu’ils se joignent à notre association, mais ils ne savent même pas que nous existons. Ils ignorent tout de l’Association des vétérans de la Corée.
Il est donc difficile de joindre ces gens. Beaucoup ne veulent plus rien savoir des Forces après leur départ. Ils ne veulent même pas lire les articles de la presse qui les concernent.
Ma seule suggestion serait de maintenir la campagne publicitaire et de continuer à publier des annonces. Je ne sais pas si les médias les diffuseront, mais il est certain qu’Anciens combattants Canada leur communique ces annonces.