Pour commencer, je tiens à vous remercier infiniment de cet incroyable honneur. Je me sens très spéciale.
Je suis directrice exécutive du Centre de ressources pour les familles des militaires de la région d'Halifax. C'est le plus grand centre de ressources pour les familles de militaires au Canada. Nous sommes responsables des trois quarts de la Nouvelle-Écosse et de toutes les familles et les militaires qui vivent en Nouvelle-Écosse. C'est toute la province, sauf la vallée. Nous avons des bureaux à trois endroits: à Shearwater, au Cap-Breton et bien sûr, à Halifax, où se trouve notre plus grand centre.
Nous sommes aussi uniques en ce sens que nous travaillons avec l'armée, la marine et la force aérienne. Il n'y a aucun autre centre de ressources pour les familles de militaires au pays qui touche ces trois éléments. Comme vous le savez, nous avons la flottille de la côte Est, le Secteur atlantique de la Force terrestre et bien sûr, la 12e escadre de Shearwater. Nos activités sont donc très diversifiées.
Pour commencer, je vais utiliser les notes que j'ai préparées, et la version française commence vers la page 6, si vous voulez suivre.
Nous croyons, d'abord, que les familles des militaires sont la force derrière l'uniforme. Si l'on s'occupe de la famille du militaire aussi bien que du militaire, les Forces canadiennes s'en porteront beaucoup mieux.
Notre mission, bien sûr, est de promouvoir la santé et le bien-être social des familles de militaires et des personnes qui partagent les expériences uniques de la vie militaire.
Je vais dresser un bref historique des centres de ressources pour les familles de militaires. Vers la moitié des années 1980, il y avait un groupe de familles de militaires qui se rencontrait à Penhold. Dans tout le pays, il y avait de petits groupes de femmes qui se réunissaient et se constituaient des filets de sécurité sociaux, parce que la plupart d'entre elles ne venaient pas de l'endroit où elles vivaient. Elles se réunissaient, accueillaient les nouveaux venus dans leur collectivité, partageaient leurs expériences, montraient aux gens où trouver un médecin et un dentiste, partageaient des services de garderie, etc.
Le commandant de la base de Penhold estimait que ce n'était pas correct et qu'il devait avoir le plein commandement des familles des militaires. Il a donc essentiellement empêché ces groupes de se réunir et les a jetés dehors en leur disant qu'ils ne pouvaient pas se réunir sur sa base. C'était l'attitude militaire à ce moment-là: si nous avions voulu que vous ayez une famille, nous vous en aurions donné une. Bien sûr, les choses changent lentement. Cette attitude persiste un peu, mais la situation s'améliore lentement. L'armée reconnaît dorénavant que les familles sont extrêmement importantes.
Vers la moitié des années 1980, il y avait beaucoup de mécontentement. Mary Collins, si je ne me trompe pas, était une femme assez importante à l'époque et elle rencontrait des familles de militaires. En 1991, la direction des services aux familles de militaires a mis son poing sur la table et dès lors, les centres de ressources pour les familles de militaires se sont levés debout eux aussi.
Nous sommes 32 au Canada. Il y a également des centres de ressources pour les familles aux États-Unis et en Europe, mais leur fonctionnement est un peu différent du nôtre. Les 32 centres qui existent au Canada sont tous des organismes caritatifs enregistrés dans leur province comme organismes à but non lucratif. Nous ne travaillons pas directement dans la chaîne de commandement; nous travaillons pour un conseil d'administration, et 51 p. 100 de ce conseil doit se composer de conjoints de militaires. C'est en grande partie la base de l'organisation; ce sont les membres des familles de militaires qui affirment ce qu'ils veulent et ce dont ils ont besoin selon leur expérience et les difficultés uniques auxquelles ils sont confrontés.
Depuis la création des centres de ressources pour les familles de militaires, nous avons connu une très grande croissance et avons été l'objet de bien des vérifications. Le ministère de la Défense nationale a vérifié nos activités à maintes reprises, parce qu'il ne peut pas tout à fait accepter l'idée que les familles de militaires puissent faire quelque chose pour les familles de militaires. Comme nous sommes hors de la chaîne de commandement, ils sont un peu nerveux, parce qu'ils n'ont pas le contrôle. Cela me fait toujours rire un peu, parce que l'armée aime particulièrement tout diriger.
Quoi qu'il en soit, c'est à l'époque du CPDNAC, vers la fin des années 1990, que nous avons vu les centres de ressources pour les familles prendre énormément d'expansion et le gouvernement du Canada, reconnaître qu'ils assuraient des services extrêmement précieux et vitaux pour nos familles. C'est à l'époque du dernier CPDNAC, qui a fait une tournée du Canada vers la fin des années 1990, que nous avons commencé à offrir des services d'emploi aux membres de nos familles, des cours de français ou d'anglais langue seconde, de même que des services de garde de relève et en cas d'urgence.
Beaucoup de gens se demandent pourquoi les familles de militaires ont besoin de quoi que ce soit. En quoi les familles de militaires sont-elles si différentes? Je suppose que bon nombre d'entre vous avez vécu certains aspects que ce que nos familles vivent. Quand on est affecté quelque part, on a absolument aucun contrôle sur l'endroit où l'on va aboutir. On se retrouve dans une ville ou une province où l'on n'est jamais allé. On a absolument aucun réseau social. On laisse sa famille derrière, on laisse ses amis derrière, on laisse tout ce qu'on connaît derrière, on n'a pas de famille étendue ni d'amis proches. Il peut y avoir des difficultés linguistiques ou culturelles, bien sûr, quand on arrive dans une nouvelle ville ou une nouvelle base. Beaucoup de membres des familles doivent laisser tomber un emploi, bien sûr, de sorte qu'il y a quelqu'un qui sacrifie sa carrière. Beaucoup doivent abandonner leurs études ou changer d'orientation parce que leur programme n'est pas offert dans leur ville, dans la base à laquelle ils sont affectés.
Beaucoup de familles, quand elles arrivent dans une toute nouvelle collectivité, ne savent pas du tout où trouver de l'information. Elles ne savent pas où aller pour s'inscrire à l'école. Elles ne savent pas où trouver un médecin. Elles ne savent pas où les services et les choses se trouvent. Bien sûr, beaucoup de familles deviennent très isolées.
Pendant les déploiements, les familles deviennent monoparentales et elles n'y avaient certainement pas pensé avant, elles ne l'ont pas choisi. Les parents et les conjoints des militaires ne comprennent pas toujours bien les Forces canadiennes et ne sont pas sûrs du tout de savoir où trouver l'information.
Je ne sais pas si vous avez déjà parlé à de jeunes militaires, mais quand ils apprennent qu'ils sont déployés, ils sont surexcités et veulent y aller. Les renseignements qu'on leur donne sur les services et l'aide aux familles ainsi que la mission, entre autres, ne se rendent généralement pas jusqu'à la famille.
J'ai passé 21 ans dans la force aérienne. Quand me suis jointe aux forces armées et que j'ai été affectée à un déploiement phénoménal, la dernière chose que j'ai faite a été de courir chez moi pour appeler ma mère en Alberta et lui dire: « Oh! Si tu as besoin de ceci, téléphone là. » C'était la dernière chose à laquelle je pensais. La même chose arrive aujourd'hui. L'information ne se rend pas aux familles.
Comme je l'ai dit, nous sommes des organismes caritatifs constitués en vertu de la loi provinciale. Nous recevons environ 55 p. 100 de notre financement de la Direction des services aux familles des militaires. Je parle d'Halifax en particulier. Ce n'est pas la même chose dans tout le Canada. À Halifax en particulier, j'obtiens 10 p. 100 de plus des Forces maritimes de l'Atlantique. Nous devons trouver ailleurs les fonds qui restent au moyen de levées de fonds ou de frais aux utilisateurs de nos programmes et de nos services. Nous ne sommes donc pas financés à 100 p. 100 par la Direction des services aux familles des militaires.
Qui est notre clientèle? Il y a à peine deux ans, nous avons enfin reçu le mandat d'offrir des services aux militaires célibataires et à leurs parents. C'était un grand changement pour lequel nous avons dû nous battre. Actuellement, nous offrons des services à tous les membres de la force régulière et de la réserve ainsi qu'à leurs familles avant, pendant et après des déploiements: cela comprend les époux et conjoints de fait, les enfants et les adolescents de militaires, les militaires monoparentaux, les réservistes et leurs familles et depuis peu, je le répète, les parents des militaires célibataires en déploiement.
Nous n'avons pas le mandat de nous occuper des anciens membres des forces armées retraités ou libérés.
Je le répète, les familles des militaires sont la force derrière l'uniforme, c'est une chose à laquelle nous croyons fermement. Elles sont fortes, indépendantes et résistantes. Nos familles de militaires doivent faire d'énormes sacrifices au nom du pays, et nous le reconnaissons totalement.
Comme je l'ai dit, elles sont confrontées à beaucoup de difficultés propres au style de vie militaire. Les Forces canadiennes, par la création de centres de ressources pour les familles de militaires, reconnaissent que les familles sont des partenaires à part entière. Elles jouent un rôle important et positif dans le moral et le bien-être des militaires en déploiement. Si le militaire est en Afghanistan, au Soudan ou sur un navire et qu'il doit s'inquiéter de ce qui se passe à la maison, il ne peut pas faire son travail et se concentrer sur ce qu'il fait. Le fait de savoir que sa famille a un endroit où aller pour obtenir des services ou des ressources à la maison aide beaucoup le militaire.
Les centres de ressources pour les familles et les Forces canadiennes travaillent en partenariat pour veiller à ce que les familles aient l'information voulue, ainsi que les ressources et les services nécessaires pour rester en contact, recevoir de l'aide et rester informées. Nous leur offrons un large éventail de programmes et de services. Pour les services d'accueil et d'orientation dans la collectivité quand les familles de militaires sont affectées quelque part, il y a un CRFM qui est là pour les accueillir et les aider à s'orienter dans leur nouvelle collectivité. Nous offrons des programmes pour les adultes, la famille, les enfants et les adolescents, parce que la famille militaire ne se compose pas seulement des deux époux, elle comprend tous les membres de la famille. Nous offrons des services linguistiques, en anglais et en français, pour nos familles affectées au Québec ou du Québec à Halifax.
Nos services de prévention, de soutien et d'intervention sont créés pour intervenir en cas de crise. Ils représentent tous les renvois à d'autres organismes de la province: les services médicaux et de santé et les autres. Nous offrons des services de déploiement, des services de garderie en cas d'urgence, des services d'emploi et de l'éducation, parce que nous savons que beaucoup de membres de nos familles ont dû abandonner leur carrière.
Nous ne pouvons pas y arriver sans bénévoles. L'an dernier, à Halifax, nos bénévoles ont donné plus de 10 000 heures. Là où nous nous distinguons, c'est par nos services de sensibilisation.
J'ai un groupe d'employés qui se promène dans la province. Ils utilisent les manèges militaires ou les légions locales et invitent les familles, la famille des réservistes, les réservistes, les employés locaux et des membres de la collectivité comme des prêtres, des travailleurs sociaux et des spécialistes de la santé de la province. Ils les invitent et contribuent à sensibiliser tout le monde aux défis uniques que présente l'armée et aux différentes ressources auxquelles ont accès nos familles et nos membres.
Je vais vous parler un peu plus des services de déploiement. Quand un militaire est déployé... et quand je parle de déploiement, je ne parle pas seulement de l'Afghanistan. Nous avons des soldats au Soudan en ce moment. Nous avons des sous-marins; nous avons trois ou quatre navires en mer, et ils sont partis pour six mois. Il y a donc beaucoup de personnes en déploiement.
Nos services aident nos membres à se préparer à leur devoir et améliorent le bien-être de la famille avant, pendant et après le déploiement. Nous veillons à ce que les familles aient accès aux programmes et aux service pertinents, à ce qu'elles soient au courant des changements et des défis propres au déploiement et à ce qu'elles soient prêtes à les affronter et enfin, à ce qu'elles aient l'occasion de se rencontrer et de s'entraider.
C'est l'une des clés de notre programme. Quand on regroupe des familles, elles s'entraident, elles se lient d'amitié et elles deviennent leur propre filet de sécurité sociale, donc elles n'ont pas besoin de nous appeler à 2 heures du matin quand il y a une urgence familiale et qu'elles doivent entrer en contact avec le militaire ou qu'elles ont besoin de soins ou d'une gardienne de toute urgence. Dès lors, elles établissent leurs propres amitiés et leur propre filet de sécurité sociale. C'est la raison pour laquelle il est absolument vital que les familles guident et déterminent tout ce que nous faisons.
Bref, pendant un déploiement, nous réunissons toutes les familles chaque mois. Elles décident ce qu'elles veulent faire, si elles veulent tenir un événement social ou une quelconque formation. Le commandant de l'unité ou du bateau déployé est présent. Il les rencontre. Il leur dit exactement où se trouve l'unité, que fait le bateau. Les commandants de bateaux appellent et parlent aux membres de la famille pour que les familles sentent qu'elles sont reconnues et qu'elles font partie intégrante de l'équipe de déploiement dans son ensemble. C'est incroyablement efficace, et les familles se sentent écoutées. Elles ont l'occasion, du même coup, d'exprimer leurs difficultés au commandant.
Nous, bien sûr, aidons les familles à gérer les crises et les défis associés au déploiement. Certains d'entre eux... La vie continue pour tout le monde. Quand la vie continue et que soudainement, il y a une maladie grave dans la famille, la personne malade peut se trouver à l'autre bout du Canada, donc nous pouvons organiser des services d'urgence. Nous pouvons aider la famille à rapatrier le militaire ou travailler avec les prêtres ou la chaîne de commandement pour rapatrier le militaire et trouver des ressources pour aider la famille à surmonter les difficultés immédiates de la situation d'urgence. Nous aidons ensuite le membre de la famille à régler le problème jusqu'au retour du militaire.
Nous nous occupons aussi de prévention et d'éducation. Nos familles veulent de l'information. Elles veulent savoir ce qu'est le syndrome de stress post-traumatique. Elles veulent savoir ce qu'est une blessure liée au stress opérationnel. Elles veulent savoir s'il n'y a pas d'argent à la banque, où elles doivent aller, ce qu'elles doivent faire. Elles veulent savoir où trouver un médecin, où trouver ceci ou cela. Si nous continuons d'éduquer nos familles de militaires et de leur donner ces renseignements, elles pourront très bien s'en sortir.
Bien sûr, nous avons divers services d'urgence. Nous avons des fonds d'urgence, des logements d'urgence, des modèles d'intervention en situation de crise, des services de garde de relève, des services de garde en cas d'urgence. Donc, quand les aléas de la vie surviennent, nous sommes là pour elles.
Je vais vous parler très brièvement de certains des défis que nous observons. Ils sont tirés de notre expérience. Ils ne viennent pas de quelqu'un de la Défense nationale. Je parle à tous mes collègues, et nous constatons tous les jours que nous ne pouvons pas aider les familles ni les informer si nous n'avons pas leurs coordonnées.
La moitié du temps, nous n'avons aucune idée de qui est déployé et de l'endroit où se trouve sa famille. Un militaire peut être déployé d'Edmonton, tandis que sa famille l'attend au centre-ville d'Halifax, et si nous ne savons pas qu'il part, nous ne pouvons pas transmettre d'information à sa famille. Donc, en cas d'urgence, la famille ne saura pas qu'elle peut venir nous voir et nous ne pouvons pas lui envoyer d'information pour la renseigner. Le vice-chef d'état-major de la Défense envoie de multiples messages pour rappeler aux membres des Forces canadiennes qu'ils doivent nous communiquer leurs coordonnées et que malgré tout, nous ne les recevons pas tout le temps. Certaines unités y portent très attention, d'autres non.
Quand un militaire est blessé ou qu'il meurt, les officiers désignés pour aider la famille ne connaissent pas toujours toutes les ressources à leur disposition, ce qui signifie du coup que les familles ne sont pas informées de toutes les ressources qui s'offrent à elles.
L'ombudsman des Forces canadiennes a mené une étude il y a quelques années. Le rapport qui en est ressorti est le rapport Wheeler, dont le titre au long est Quand tombe un soldat: Examen de la réaction des FC à la mort accidentelle du caporal-chef Rick Wheeler. À ce moment-là, l'ombudsman a formulé d'excellentes recommandations sur la formation à donner aux officiers désignés, mais elle demeure très inégale d'un bout à l'autre du pays. C'est un coup de dé, on ne sait jamais si l'officier désigné a reçu de la formation sur les ressources à sa disposition, particulièrement sur les centres de ressources pour les familles. Il est donc assez frustrant que six mois plus tard, quand l'officier désigné est parti et que la famille essaie toujours de digérer le décès ou la blessure, elle ne sache pas du tout vers qui se tourner parce qu'on ne lui a pas parlé de toutes les ressources auxquelles elle avait accès.
Nous avons toujours énormément de services fragmentés. Le service de Soutien social aux victimes de stress opérationnel (SSBSO), le soutien aux familles et beaucoup d'autres services ne sont toujours pas liés aux centres de ressources pour les familles de militaires. Les centres de ressources pour les familles de militaires ne sont pas toujours parfaitement inclus dans le réseau de soins.
Beaucoup de fournisseurs de soins de santé qui travaillent avec nos familles, particulièrement en cas de blessures liées au stress opérationnel ou de trouble de stress post-traumatique, travaillent seuls de leur côté, sans reconnaître les centres de ressources pour les familles comme des partenaires. Ils peuvent travailler avec un militaire libéré ou un membre de la famille d'un militaire libéré parce qu'il y a tellement de choses que nous pouvons faire pour garder le contact et traiter la famille dans son ensemble. Mais les familles ne sont pas au courant parce que nous ne faisons pas partie du réseau de soins de santé. Ils ne reconnaissent pas les ressources incroyables qu'ils ont à portée de la main. C'est très frustrant, surtout quand nous voyons des familles et des militaires souffrir parce qu'ils n'ont pas accès à tout le réseau de soins.
Ce service fragmenté a pour résultat une duplication des services et l'absence de structure hiérarchique claire. Bien souvent, les membres de nos familles sont un peu perdus ou ne sont pas au courant des services qui leur sont offerts.
Il y a une autre plainte qui revient souvent et qui nous donne beaucoup de maux de tête en Nouvelle-Écosse. Étant donné le grand nombre de militaires membres des Forces canadiennes qui viennent de la Nouvelle-Écosse, leurs familles vivent en Nouvelle-Écosse. Ils peuvent être blessés ou tués, et six mois après, nous recevons des appels de leurs frères, soeurs, mères et pères qui nous disent qu'ils sont vraiment en deuil et qu'ils voudraient avoir accès à des consultations aux endeuillés. Nous devons les envoyer ailleurs et nous les envoyons au Programme d'aide aux membres des Forces canadiennes, qui n'a pas le mandat d'aider les membres de la famille secondaire. Quand on fait partie de la proche famille, comme le conjoint, on a accès à ce service, mais si l'on est la soeur, le frère ou le parent d'un militaire, on fait partie de la famille secondaire et on n'a pas accès à ces services.
Nous utilisons donc les prêtres des Forces canadiennes, ainsi que toutes les ressources provinciales auxquelles nous avons accès et nous travaillons en très étroite collaboration avec les services médicaux de la province pour que ces familles aient accès aux services, particulièrement au service de consultation aux endeuillés. J'espère que nous allégeons un peu la chaîne hiérarchique.
Bien sûr, nous avons de la difficulté à trouver du financement. Nous sommes actuellement en concurrence avec le Fonds pour les familles des militaires pour les dons de charité et nous avons des manques à gagner financiers dans le SMGF. Quand nous essayons de vendre des billets de loterie ou des pâtisseries, beaucoup de gens nous disent: « Vous êtes dans l'armée. Vous êtes un centre de ressources pour les familles de militaires. Vous devez recevoir assez d'argent. » C'est donc parfois difficile.
Un autre grand défi pour nos familles depuis quelques années, c'est le manque criant de places en garderie à temps plein. Il y a beaucoup de familles de militaires qui ne peuvent pas et qui ne seront pas affectées à Halifax parce qu'il y a une liste d'attente de deux ans et demi à trois ans pour les places en garderie. C'est une énorme difficulté. Notre numéro 1, qui est capitaine dans la marine, s'est donné comme priorité no 1 de voir ce qu'il peut faire pour améliorer les services de garderie.
Les centres de ressources pour les familles de militaires n'ont absolument pas le mandat d'offrir des services de garderie à temps plein, mais pour répondre aux besoins des militaires, 21 des 32 centres du Canada ont dû ouvrir des garderies, parce que nos familles n'ont pas de places en garderie.
Les militaires ont habituellement environ 90 jours pour déménager leur famille, vendre leur maison, en trouver une nouvelle et trouver toutes les ressources dont ils ont besoin. Quand on téléphone et on apprend que dans la ville où l'on s'en va, si l'on est affecté, il y a une liste d'attente de 18 mois à 3 ans pour les services de garderie à temps plein, c'est extrêmement difficile pour les familles. C'est incroyablement difficile de tout faire en 90 jours sans avoir tout près de soi une mère, une grand-mère ou une soeur pour s'occuper des enfants pendant qu'on va travailler. C'est une difficulté énorme pour nos familles.
Une autre grande difficulté pour nos familles en ce moment, bien sûr, c'est de trouver un médecin.
J'ai reçu un courriel il y a deux jours de la 8e escadre de la BFC de Trenton selon lequel si l'on venait d'apprendre qu'on était affecté quelque part, sa famille pouvait tenter sa chance à la loterie pour trouver un médecin de famille. Nous pénalisons les familles des militaires qui font déjà un énorme sacrifice pour le pays. Nous les pénalisons parce qu'elles doivent être affectées quelque part, qu'elles abandonnent un médecin de famille et s'en vont ailleurs, où elles ne pourront pas trouver de soins médicaux pour leur famille. Certains centres de ressources pour les familles de militaires ont dû créer leurs propres cliniques et trouver leurs propres médecins pour pouvoir offrir des soins médicaux aux familles des militaires.
Bien sûr, l'une des plus grandes difficultés c'est de nous faire connaître. C'est de transmettre l'information à nos familles, particulièrement à celles des réservistes. Nous essayons d'aller visiter toutes nos unités de réserve, où qu'elles se trouvent dans la province, mais elles ont déjà si peu de temps pour s'entraîner que quand elles reviennent, beaucoup de réservistes sortent de l'armée et partent. Nous voulons seulement leur parler et leur dire qu'il existe des services au cas où ils souffriraient d'une BSO ou d'un autre problème de santé. Ils ont si peu de temps pour s'entraîner et l'argent manque à ce point que le commandant ne va pas nous donner du temps pour leur parler de ce que nous pouvons faire pour les aider, eux et leur famille, pendant le déploiement ou à leur retour. Il est donc très difficile de renseigner toutes nos familles.
Pour conclure, tout n'est pas sombre, bien sûr. Nous connaissons un énorme succès. Nous rendons service à beaucoup de familles de militaires. Nous nous améliorons beaucoup. Chaque jour, quelque chose de nouveau arrive. Je dois toutefois mentionner que quand on s'occupe d'un militaire, qu'il soit libéré, retraité ou que ce soit un ancien combattant des Forces canadiennes, il faut reconnaître que ce n'est pas seulement cette personne qui a besoin de traitements, c'est toute sa famille, surtout pour ce qui est des services de santé, des BSO et du TSPT. C'est toute la famille qui en souffre, c'est toute la famille qui doit en guérir et c'est toute la famille qui a besoin de ressources et d'aide. Il faut donc traiter le militaire, mais traiter aussi la famille. Il faut traiter l'ancien combattant, mais traiter aussi sa famille. Il faut prendre soin de tout le monde parce que c'est à notre avantage à tous.
Merci beaucoup.