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Monsieur le président, je suis un peu perplexe et je vais tenter d'expliquer pourquoi.
D'abord, j'abonde dans le même sens. Je crois qu'il y aurait avantage à ce que les directives émises par l'exécutif indiquant au CRTC comment interpréter ou quels critères mettre de l'avant... Ce fut le cas l'an dernier. À la suggestion du ministre de l'Industrie, M. Bernier, le gouverneur en conseil a émis une directive touchant les télécommunications selon laquelle la loi du marché devait primer dans les interprétations.
Je suis donc d'accord là-dessus, mais je vais vous faire part d'un exercice que j'ai fait. J'ai demandé à la Bibliothèque du Parlement qui l'emporterait dans l'éventualité où la volonté des parlementaires exprimée par un vote majoritaire à la Chambre irait à l'encontre de la volonté de l'exécutif telle qu'exprimée dans une directive par arrêté en conseil. Je n'ai pas aimé la réponse, vous vous en doutez. Il semble que les lois, telles qu'elles sont écrites présentement, donnent à l'exécutif le pouvoir d'émettre des directives. Si un tel conflit se présentait, la directive par arrêté en conseil, donc la directive du Cabinet, primerait.
Une telle directive a été émise l'an dernier par arrêté en conseil. Vous vous souviendrez qu'elle était recommandée par le ministre de l'Industrie. Vous vous souviendrez également que l'an dernier, ou au cours de la première session, la Chambre avait adopté un rapport de ce comité contenant une motion à l'effet que, selon la volonté du Parlement canadien, le gouvernement ne devrait pas permettre de changements aux restrictions sur la propriété étrangère, qu'il devrait maintenir la réglementation sur le contenu canadien et le financement d'un diffuseur public. J'avais d'ailleurs présenté cette motion ici, et le comité l'avait entérinée. On avait déposé un rapport à la Chambre, et cela avait été adopté. On pourrait effectivement arguer que la directive Bernier allait à l'encontre de la volonté exprimée par la Chambre. En raison de la convergence, maintenant, si le gouverneur en conseil émet des directives sur les télécommunications, elles auront inévitablement des répercussions du côté de la radiodiffusion. C'est ce qui se produit et qui explique la crainte exprimée de vive voix par le monde artistique et culturel.
Je suis d'accord sur la motion, mais malheureusement, les lois canadiennes telles qu'elles sont présentement rédigées la rendent caduque. Voilà pourquoi je voulais prendre le temps nécessaire de l'expliquer. Si on demande une opinion juridique — et j'ai l'impression que c'est ce qui va arriver —, l'opinion ou la décision juridique — je ne sais pas trop comment on se retrouverait dans cela — me donnera malheureusement raison.
À cause de cela, au lieu de dire « pour son adoption », on pourrait dire « pour son information ». Cela irait alors de soi, et de toute façon, c'est ce qui se produirait.
Tout cela pour vous dire, madame Mourani, que je partage votre frustration, mais les lois étant ce qu'elles sont, je crois qu'il faudrait plutôt déposer un projet de loi qui amenderait l'une ou l'autre des lois qui nous préoccupent, soit la Loi sur le conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ou la loi qui permet à l'exécutif d'émettre des directives. En ce moment, du moins d'après ce que la Bibliothèque du Parlement me dit, l'exécutif a le droit d'émettre des directives, même si elles vont à l'encontre de la volonté du Parlement telle qu'exprimée par une majorité de députés.