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Puisqu'il est 15 h 45, je déclare la séance ouverte. Je présente les excuses du comité pour avoir fait attendre nos témoins. Nous avons eu des votes à la Chambre aujourd'hui, et nous sommes donc un peu en retard. Désolé.
Nous vous souhaitons donc la bienvenue au comité pour notre étude préalable du projet de loi . Au nom du comité, nous accueillons cet après-midi, du Lost Canadian Organization, quelqu'un qui n'a pas besoin de présentation — étant donné qu'il a comparu à plusieurs reprises — c'est-à-dire, M. Don Chapman.
Bienvenue, Don.
Nous accueillons aussi l'historienne Melynda Jarratt, qui représente l'organisme Canadian War Brides.
Vous, aussi, Melynda, vous avez déjà comparu devant le comité. Bienvenue.
Et, bien entendu, nous accueillons M. William Janzen, directeur du Bureau d'Ottawa du Comité central mennonite du Canada, qui nous est bien connu et qui a déjà comparu devant le comité à plusieurs reprises.
Je vous remercie.
Nous allons donc donner la parole à nos témoins et, si je ne m'abuse, monsieur le greffier, il est prévu que chacun dispose de 10 minutes pour faire des remarques liminaires.
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Merci, monsieur le président.
Vous connaissez tous le proverbe: le mieux est l'ennemi du bien, mais je peux vous assurer que ce projet de loi est bien, même très bien. Il n'englobe pas tout ce qu'on aurait voulu qu'il englobe, mais les membres du comité ont travaillé fort pour trouver des solutions. Les rapports déposés étaient de bons rapports, et le gouvernement a proposé un projet de loi qui propose beaucoup plus de solutions que n'importe quel autre projet de loi que nous avons vu jusqu'ici.
On serait tenté de faire plusieurs recommandations en vue de l'améliorer, mais je vais m'abstenir de le faire, car je veux surtout insister sur l'importance de ce projet de loi et vous dire à quel point j'espère qu'il pourra passer les diverses étapes sans difficulté et être rapidement adopté par le Parlement.
Si nous sommes vivement en faveur de ce projet de loi, c'est parce qu'il abolira la disposition relative à la perte et à la conservation de la citoyenneté, soit l'article 8 de la loi actuelle. Cette disposition prévoit que, si vous êtes un Canadien de deuxième génération né à l'étranger, vous conservez votre citoyenneté jusqu'à l'âge de 28 ans. Mais, avant d'atteindre l'âge de 28 ans, vous devez suivre une procédure en bonne et due forme pour conserver votre citoyenneté. Si vous ne faites pas cela, vous cessez d'être citoyen à l'âge de 28 ans.
Nous n'avons jamais contesté ce principe — à savoir que des personnes qui sont de la deuxième génération soient tenues de prendre certaines mesures bien précises si elles désirent rester canadiennes. La critique que nous avons toujours formulée concernait la confusion administrative qui l'entourait car, quand cet article est entré en vigueur en 1977, les certificats de citoyenneté délivrés aux personnes visées par ces dispositions étaient identiques à ceux délivrés aux personnes qui n'étaient pas visées par elles. Étant donné que presque toutes les personnes de deuxième génération nées à l'étranger étaient visées par elles, il devenait extrêmement difficile de savoir quelles personnes de deuxième génération nées à l'étranger étaient visées par cette disposition précise.
Les certificats ont l'air d'être exactement les mêmes, et je pourrais vous raconter bien des histoires de personnes qui se sont présentées au bureau de la citoyenneté, munies de leur certificat, en leur disant: « Est-il vrai que ce certificat cessera d'être valide quand j'aurai 28 ans? », et qui se sont fait dire, par l'agent qui l'a examiné: « Il me semble parfaitement valide. » Et, il est vrai qu'il a l'air d'être parfaitement valide. Par conséquent, en entendant cela, les gens renoncent à la procédure de conservation de la citoyenneté, si bien qu'ils cessent d'être citoyens en atteignant l'âge de 28 ans.
Il y a d'autres problèmes également. Même quand les gens savent qu'ils doivent obtenir un nouveau certificat, le terme « conservation » tend à créer de la confusion. Ceux d'entre nous qui oeuvrons constamment dans ce domaine savons que « faire une demande de conservation » est un peu différent de la procédure à suivre quand on veut simplement obtenir un nouveau certificat. Donc, les gens vont sur Internet, ils voient un formulaire de demande leur permettant de demander un nouveau certificat, ils demandent un nouveau certificat et, quand ils reçoivent le nouveau certificat, ils pensent qu'ils ont déjà répondu à l'exigence de la loi en ce qui concerne la conservation de la citoyenneté. Mais c'est faux. Il leur faut remplir le bon formulaire. Donc, cette confusion existe.
Nous n'avons jamais contesté le principe qui sous-tend l'exigence relative à la conservation de la citoyenneté; nous ne critiquons que la confusion qui entoure son administration. Et cette confusion est à ce point grave que nous sommes très, très contents de voir disparaître cette exigence.
Je voudrais vous citer une autre raison pour laquelle il convient de l'abolir — moins pour nous que pour la société canadienne — à savoir que, en vertu de la loi actuelle, telle qu'elle est actuellement rédigée, une personne de deuxième génération née à l'étranger peut avoir un enfant avant d'atteindre l'âge de 28 ans. Cela n'a rien d'inhabituel. Eh bien, cet enfant sera automatiquement citoyen canadien jusqu'à l'âge de 28 ans. Ce même enfant peut avoir un enfant avant d'atteindre l'âge de 28 ans, de sorte que ce dernier sera automatiquement citoyen canadien avant d'atteindre l'âge de 28 ans. Cela peut continuer indéfiniment pendant plusieurs générations. Les gens peuvent être citoyens canadiens sans jamais établir de véritables liens avec le Canada. On peut supposer qu'il n'est pas dans l'intérêt du Canada de permettre que la citoyenneté canadienne soit ainsi autant dépréciée.
C'est également pour cette raison que nous sommes heureux que la disposition relative à la perte et à la conservation de la citoyenneté soit abolie.
Certains diront: qu'en est-il, donc, des personnes qui sont de la deuxième génération? Mettons qu'il existe une famille de la première génération, vivant à l'extérieur du Canada, qui décide d'avoir des enfants. Eh bien, les enfants sont de la deuxième génération. Cette famille, ou même juste un parent, peut venir au Canada à n'importe quel moment, à condition que l'enfant soit mineur, et demander le statut de résident permanent assez facilement pour ensuite obtenir la citoyenneté. Donc, ce n'est pas comme si la porte était tout à fait fermée aux personnes qui veulent conserver leur citoyenneté canadienne. Et, en réalité, ce n'est pas plus long que la procédure actuelle qu'il faut suivre pour conserver sa citoyenneté. Donc, nous sommes prêts à accepter cela comme compromis. Cela suppose un peu plus de documentation, mais c'est une solution qui nous paraît raisonnable.
Il y a d'autres questions à propos desquelles nous pourrions éventuellement proposer des améliorations, mais étant donné le temps qui m'est imparti et le fait que d'autres collègues sont là également, je vais en rester là pour le moment, quitte à revenir sur certains éléments un peu plus tard, s'il nous reste suffisamment de temps.
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Merci beaucoup de m'avoir invitée à comparaître aujourd'hui. Cette réunion marque la cinquième fois que je comparais devant le comité, et je dois admettre que je suis un peu déçue de voir que le projet de loi n'a toujours pas abouti.
J'ai rédigé quelques notes pour me permettre de me rappeler un certain nombre d'éléments à vous communiquer.
Après avoir entendu les propos de Bill, j'estime qu'il y a lieu de tirer au clair les étapes du processus et la responsabilité des uns et des autres. Je crois savoir que le projet de loi a franchi l'étape de la première lecture et doit être renvoyé au comité. Mais, cela ne s'est pas encore produit. Or presque 60 jours se sont écoulés depuis le dépôt du projet de loi à la Chambre des communes, le 10 décembre.
J'étais pleine d'espoir en décembre et croyais qu'il serait possible de faire adopter ce projet de loi très, très rapidement. Autant que je sache, tout le monde y est favorable. Pour ma part, je le suis. Les épouses de guerre et les enfants d'épouses de guerre y sont favorables, et ils s'attendent à ce que cette mesure soit adoptée. En fait, ils sont convaincus qu'elle a déjà été adoptée; ils ne savent pas que ce n'est pas le cas.
Lorsque la ministre, Diane Finley, m'a téléphoné le 10 décembre pour expliquer le projet de loi — et, elle a fait la même chose pour Bill et plusieurs autres d'entre nous qui nous sommes intéressés à cette question — elle m'a assuré que l'adoption du projet de loi était à peu près garantie. J'ai noté ce qu'elle m'a dit ce jour-là, car je voulais m'en souvenir; de toute façon, j'ai tendance à toujours prendre des notes. Je lui ai demandé combien de temps il faudrait pour faire adopter le projet de loi. Elle m'a dit, et je la cite: « L'idéal serais que le comité fasse en sorte qu'il soit adopté le plus rapidement possible. Mais cela relève entièrement de la responsabilité du comité. »
Mais le comité ne peut pas adopter un projet de loi qui ne lui a pas encore été renvoyé. On dirait qu'il m'est plus facile de faire tout le trajet depuis Fredericton, au Nouveau-Brunswick — c'est-à-dire, de braver des tempêtes de neige, de rester sur l'aire de trafic pendant une heure, d'être réacheminée à Montréal et à Toronto, de perdre mes bagages, de passer une nuit à l'hôtel et de finalement arriver ici en taxi — que de s'assurer qu'un projet de loi arrive ici en comité depuis une salle située au bout du couloir.
Il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut absolument accélérer ce processus. C'est essentiel. Nous sommes au point mort à un moment tout à fait critique, étant donné que la fièvre électorale s'empare de nouveau de la classe politique à Ottawa. Je ne suis pas très contente — et il en va de même pour la plupart des Canadiens — d'entendre parler d'élections maintenant, alors qu'il faut faire adopter ces projets de loi très importants que les gens attendent depuis un moment, et dans certains cas, depuis toute une vie.
Pourquoi me présenter une cinquième fois devant vous pour parler de ce projet de loi? Eh bien, parce qu'il n'a toujours pas été renvoyé au comité. Voilà 60 jours que nous attendons. C'est inexcusable. C'est une gifle pour les 43 454 épouses de guerre et leurs 20 997 enfants, qu'elles ont amenés au Canada en 1946, que le comité n'ait pas encore été saisi du projet de loi. Le comité ne peut évidemment pas examiner un projet de loi qui ne lui a pas été renvoyé.
C'est une honte nationale pour ces femmes âgées et leurs enfants, surtout ceux qui sont dans la soixantaine… Je parle des 20 997 enfants. Ce sont eux qui sont les plus touchés par cela. Ce ne sont pas des enfants — plus maintenant — puisqu'ils ont 63, 64, 65 ans et vont bientôt pouvoir toucher les prestations du RPC et leur pension de la SV. Pour la première fois dans leur vie, bon nombre d'entre eux se rendent à l'évidence que leur citoyenneté est en doute. C'est troublant pour eux. Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point. Ils ont peur. Et les épouses de guerre ont peur de protester. Les personnes qui n'ont jamais quitté le Canada, n'ont jamais présenté une demande de passeport et n'ont jamais eu de problème en ce qui concerne leur citoyenneté jusqu'à présent ont peur de ce qu'elles entendent en ce moment. Elles ont peur de protester, vu toute cette incertitude.
Et, vous pouvez me croire: j'ai une expérience directe de l'impact de tout cela sur leur vie personnelle et du fait que ces personnes craignent de présenter une demande de passeport, au cas où un bureaucrate mal informé au ministère remarque quelque chose au sujet de leur citoyenneté. Par exemple, je sais qu'une dame âgée de 86 ans a été arrêtée à la frontière entre les États-Unis et le Nouveau-Brunswick il y a deux mois et demi et qu'on lui a dit de rentrer chez elle. On ne lui a pas permis d'entrer au pays, étant donné qu'elle n'avait pas sa carte de citoyenneté.
Ensuite, il y a les enfants. Soyons honnêtes: la plupart des dames âgées ont accepté la situation. Et celles qui ne l'ont pas fait préféreront faire l'autruche. Elles vont simplement se taire, et finiront par mourir. Mais leurs enfants ont toute la vie devant eux. Leurs vies ont été chambardées lorsqu'ils ont appris, après avoir vécu ici toute leur vie, depuis qu'ils sont descendus du bateau dans les bras de leurs parents, comme l'a fait le sénateur Roméo Dallaire le 13 décembre 1946… Il est arrivé ici à bord du Empire Brent avec sa mère, une épouse de guerre de Hollande. C'est à l'âge de 21 ans qu'il a appris qu'il n'était pas citoyen canadien.
Cela les met hors d'eux de se faire dire qu'ils n'ont pas le droit de voter, qu'ils doivent présenter une demande de résident permanent, ou alors qu'ils sont visés par le paragraphe 5(4) de la loi qui accorde au ministre le pouvoir discrétionnaire d'attribuer la citoyenneté.
Ce sont des gens qui ont travaillé toute leur vie au Canada Ils sont exercé leur droit de vote à chaque élection. Certains d'entre eux ont même été recenseurs. Ils ont payé leurs impôts. Ils ont même été membres des Forces canadiennes. Leurs pères ont servi le Canada avec honneur pendant la Seconde Guerre mondiale. Leurs mères sont des épouses de guerre canadiennes. Est-ce ainsi que nous voulons traiter les enfants des épouses de guerre?
Le paragraphe 5(4) n'est pas la solution. Et ce n'est pas une disposition législative en bonne et due forme; c'est une faveur qu'accorde le ministre. Ce n'est pas une façon de traiter les questions liées à la citoyenneté au Canada.
Si leurs pères étaient des anciens combattants canadiens, et leurs mères, des épouses de guerre britanniques, et s'ils sont venus au Canada au moment de l'arrivée massive des épouses de guerre à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ce sont des citoyens canadiens. Si vous prenez le pouls des Canadiens à ce sujet, vous allez voir qu'ils sont d'accord à ce sujet.
Les épouses de guerre qui sont encore en vie et leurs enfants n'ont plus envie d'entendre des excuses. Ils attendent depuis assez longtemps. Ils attendent depuis 62 ans. C'est suffisant, vous ne croyez pas? Surtout leurs enfants — les enfants des épouses de guerre, qui ont 65, 66 et 67 ans, et qui veulent vivre leur vie. Ils veulent avoir un avenir. Ils veulent pouvoir faire des projets. Ils veulent mettre de l'ordre dans leur vie. Ils veulent faire une demande de pension. Ils veulent faire une demande de PSV. Peut-être veulent-ils faire un voyage et obtenir un passeport. Or tout cela est en plan en ce moment.
Il faut absolument qu'on règle cet élément central de leur identité, afin qu'ils puissent vivre leur vie, présenter ces demandes et faire des voyages, mais ils ont peur de ne pas pouvoir le faire. Ils ne veulent pas être le jouet des politiciens. Ils sont mécontents. Ils sont nerveux. Ils sont inquiets, et ils en ont assez. Ce n'est pas le résultat positif auquel on aurait dû s'attendre de la part des membres intègres et travailleurs de ce comité.
Vous, les membres du comité, vous avez entendu les réactions et l'émotion que suscite cette question chez les intéressés; vous avez entendu leur appel. Vous qui représentez les quatre partis, vous les avez écoutés. Vous avez entendu les histoires poignantes de personnes qui ont pleuré devant vous. Nous les avons regardées, quand des larmes abondantes leur coulaient des yeux, comme elles ont coulé devant vous en comité.
Ce n'est pas le genre d'histoire que les politiciens veulent entendre à la veille d'élections — élections dont je ne veux pas entendre parler et, selon moi, dont les épouses de guerre et leurs enfants ne veulent pas non plus entendre parler, surtout si ce projet de loi n'est pas adopté. Les épouses de guerre canadiennes et leurs enfants ne sont pas des jouets dont peuvent se servir les politiciens pour marquer des points. Ils sont un symbole du Canada. Ce sont les citoyens les plus vénérés et respectés du pays et les Canadiens les adorent. Leurs histoires d'amour et de guerre, de passion et de tragédie, leur capacité de contourner de multiples obstacles, et leur courage et leur force devant l'adversité — elles ont été racontées dans des films de Hollywood, des documentaires diffusés à la télévision, d'innombrables interviews à la radio, articles dans la presse et sur Internet, sans parler des livres, y compris le mien intitulé War Brides: The stories of the women who left everything behind to follow the men they loved.
J'ai tout un chapitre dans mon livre sur les enfants canadiens des épouses de guerre et le problème de citoyenneté qu'ils ont connu. Mais, l'ouvrage est épuisé. En Grande-Bretagne, tous les exemplaires ont été vendus. J'ai l'intention de réécrire le chapitre 8, et j'aimerais que la fin de cette histoire soit heureuse, comme vous certainement qui avez travaillé si fort au sein du comité — Andrew Telegdi, Meili Faille, Bill Siksay, Ed Komarnicki, Norman Doyle... Tant de gens ont travaillé fort. J'ai revu les mêmes visages à maintes reprises. C'est très triste. Vous avez tous travaillé si fort pour défendre la citoyenneté de personnes que vous ne connaissez même pas, mais vous avez fait cela parce que c'est ce que vous dictait votre conscience. Vous êtes des héros. Si cela continue et si le comité ne reçoit pas le projet de loi immédiatement — la démarche dont je parlais tout à l'heure — ce que je vais dire ne sera pas très gentil. Je peux vous le garantir. Je n'aurai rien de gentil à dire, car c'est vous qui contrôlez cette démarche et vous n'avez pas fait ce que vous étiez censé faire.
C'est qui « eux »? Je vous laisse deviner qui.
Il y a deux mois, j'ai félicité la ministre lorsqu'elle a déposé le à la Chambre des communes. La semaine dernière, j'étais à Vancouver pour la cérémonie de remise des certificats de citoyenneté lorsque Joe Taylor s'est vu attribuer la citoyenneté en vertu des dispositions du paragraphe 5(4). Quand Curt Petrovich de l'émission de nouvelles « The National » sur CBC m'a interviewée, je lui ai dit: « Il faut rendre à César ce qui appartient à César ». Les conservateurs ont déposé un projet de loi alors que personne d'autre ne voulait le faire. C'est vrai. Et c'est tout à leur honneur.
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Je suppose que je devrais commencer par vous faire une sorte d'exposé vécu, avec preuve à l'appui. D'ailleurs, je veux bien les faire circuler.
Voici une photo d'un groupe de femmes qui faisaient partie de l'Armée de l'air canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale. L'une d'entre elles — celle où il y a la petite flèche — est Kathleen Fremont, qui est une « Canadienne perdue ». Son frère a servi dans le Pacifique, et elle voudrait vraiment revenir au Canada.
Voici une photo de moi qui tient ma fille, qui a maintenant 21 ans — ici elle est bébé — debout sur la frontière du Canada, et j'essaie d'obtenir ma citoyenneté.
J'ai lancé ce processus il y a 36 ans, et je suis né au Canada. Voici mon certificat de naissance.
Nous avons fait quelque chose de très important. Tout le monde reconnaît à présent que des centaines de milliers de personnes sont touchées par cette situation. Maintenant il s'agit soit d'abandonner ce projet de loi, soit de l'adopter. La situation est bien claire: tous ceux à qui je parle l'appuient. Les seuls à ne pas l'appuyer sont les politiciens. Mais les personnes qui sont directement touchées sont toutes favorables à ce projet de loi. Étant donné la situation politique actuelle à Ottawa, il est fort possible que ce projet de loi meure de sa belle mort. Il faut donc faire vite.
Toutes sortes de solutions ont été envisagées. Depuis toujours, j'en discute avec tous les partis.
Voici quelque chose d'intéressant. C'est la liste des plus grandes réalisations et des plus graves erreurs de 2007, publiée par l'Association des libertés civiles, qui est sortie vers la fin décembre. Parmi les plus grandes réalisations était justement l'initiative visant les « Canadiens perdus » dont vous vous chargez ici au comité.
Ce processus est en train d'aboutir. Je ne voudrais donc pas que ce projet de loi soit torpillé.
Voilà autre chose. J'en ai trois exemplaires, si cela vous intéresse. Il s'agit du magazine « Réfugiés » publié par les Nations Unies. Si vous regardez la page couverture, vous allez voir qu'il traite du monde étranger et caché des personnes apatrides. En voyant cela, vous vous demandez peut-être quel genre de pays ferait ce genre de chose? Mais, quand vous tournez la page, vous vous désespérez en lisant tout cela — et, tout d'un coup, vous vous rendez compte qu'au centre de la page, on met en relief la situation des « Canadiens perdus ».
Le magazine The Economist a publié un article sur le Canada. Voilà donc l'occasion rêvée de montrer au monde entier, de par nos actes, que nous sommes prêts à agir pour corriger des injustices et respecter les droits des gens, parce que là, nous parlons d'une violation des droits des gens. Tout le monde est d'accord à ce sujet. Donc, ce projet de loi n'est peut-être pas parfait, mais des centaines de milliers de personnes sont touchées à l'heure actuelle, et je peux vous garantir que je connais très bien cette loi.
J'ai devant moi la loi de 1947, où l'on dit que le Canada m'attribuera la citoyenneté. Mais, pour des raisons que j'ignore, nous sommes passés entre les mains du filet, si bien que nous attendons depuis 36 ans que cela se fasse. Depuis ce moment-là — et l'époque où les politiciens se sont trompés remonte à 61 ans — personne n'a vraiment eu le courage de corriger cette injustice — avant maintenant. Donc, merci à vous tous pour votre excellent travail dans ce dossier.
Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il faut l'adopter. On dirait qu'il n'y aura pas d'amendements et, selon nous, nous pourrons toujours le modifier par la suite, mais rendez-nous au moins notre citoyenneté. C'est vraiment une situation de vie et de mort pour beaucoup de gens. Si on parle des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, le fait est que, si la situation ne se règle pas bientôt, bon nombre d'entre eux ne seront plus en vie. Malheureusement, je mène ce combat depuis longtemps. Je suis au sein de ce combat, et, au fil des ans, j'ai vu beaucoup de gens mourir sans que le pays qu'ils ont défendu leur reconnaisse leurs droits.
Je pourrais vous donner beaucoup de précision à ce sujet, mais je pense qu'il vaut mieux attendre la période des questions pour le faire, Norman. Je suis donc à votre disposition.
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Très bien. Voici l'historique.
Les épouses de guerre canadiennes qui sont venues ici croyaient qu'on leur avait attribué la citoyenneté, étant donné tout ce qu'on leur avait dit et tous les documents qu'on leur avait remis entre 1942 et 1946. Quand elles sont arrivées ici, on leur a remis des documents qui disaient: bienvenue au Canada; vous avez la citoyenneté canadienne, de même que vos enfants. Donc, elles croyaient avoir la citoyenneté canadienne. Mais, le 1er juillet 1946, la Loi sur la citoyenneté a été déposée, pour entrer en vigueur au 1er janvier 1947, et elle a changé leur statut, si bien qu'elles ont dû demander la citoyenneté canadienne. Si elles étaient au Canada au 1er janvier 1947, elles étaient considérées comme des citoyennes canadiennes.
Quant au sénateur Roméo Dallaire, par exemple, lui n'était pas au Canada le jour où il a atteint l'âge de 24 ans; il l'a su après — parce qu'il a demandé un passeport — qu'en fait, il n'avait pas rempli un petit formulaire et que, par conséquent, il avait perdu sa citoyenneté. Vous n'êtes pas au courant de toute cette histoire, mais essentiellement ils n'ont pas rempli certains formulaires, si bien qu'ils ont perdu la citoyenneté canadienne.
En ce qui concerne les épouses de guerre de nos jours, comme celles à qui on a dit cela à la frontière il y a deux mois et demi, ce qui arrive… Ce n'est pas tout le monde qui fait des voyages à l'étranger. Il y a beaucoup de gens pauvres qui habitent les petites localités rurales, comme dans ma province — j'habite à Doaktown dans une province fortement rurale — ou dans des petits villages qui ne comptent que 5 000, 2 000 ou même 1 500 habitants. Ils n'avaient pas les moyens de retourner en Europe parce que leur famille a disparu et ils n'avaient pas assez d'argent pour le faire. Donc, ils ont maintenant 82 ou 83 ans, et ils ont la possibilité de retourner en Grande-Bretagne pour la première fois de leur vie; mais, quand ils présentent leur demande de passeport, on leur dit qu'ils n'ont pas rempli le formulaire nécessaire au moment voulu.
S'agissant des Mennonites, au dernier siècle, beaucoup de Mennonites — disons, plusieurs milliers — se sont établis en Amérique latine pour des raisons religieuses. Certains d'entre eux sont devenus très pauvres et, comme ils voudraient vraiment revenir, ils ont fait une demande de citoyenneté. Et, il y en a des dizaines de milliers ailleurs — disons, 50 000 dans le sud de l'Ontario, du Manitoba, de l'Alberta et d'autres régions.
Je vais vous raconter une petite histoire. L'un d'entre eux m'a appelé il y a quelques semaines. Il vit au Canada depuis plus de 10 ans et il est propriétaire d'une compagnie de construction à Calgary. Alors, il m'a dit: j'ai entendu dire que j'ai peut-être perdu ma citoyenneté. Est-ce vrai? Je lui ai demandé son âge, et il m'a dit qu'il avait 30 ans et qu'il est né à l'extérieur du Canada. Je lui ai demandé si ses parents sont nés à l'extérieur du Canada. Il me dit que oui, et ensuite il m'a raconté une histoire. Il m'a dit: que la situation était incertaine et je me suis donc adressé au bureau local de Citoyenneté et Immigration à plusieurs reprises en montrant mon certificat; je leur ai demandé si je devais faire quelque chose pour conserver ma citoyenneté, et ils m'ont dit que non, que tout allait bien. Maintenant vous me dites que tout ne va pas bien. Je lui ai donc répondu: vous avez raison, je suis vraiment navré de vous l'apprendre, mais c'est comme ça.
Voilà ce qui est donc arrivé dans son cas. Mais, lui aura un recours comme il est au Canada depuis un peu plus de la moitié de sa vie et que la ministre est prête à exercer son pouvoir discrétionnaire, en vertu du paragraphe 5(4) de la loi, pour aider les personnes qui sont au Canada depuis la moitié de leur vie. Cependant, dans d'autres cas, où les gens sont au Canada depuis un peu moins de temps, il y a toute une procédure à suivre.
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Depuis 1987, des gouvernements successifs ont étudié le problème à de multiples reprises. Il y a eu de multiples rapports, entre autres: « Citoyenneté 87 — Notre fierté nationale »; un rapport intitulé « La citoyenneté canadienne, un sentiment d'appartenance »; un autre rapport intitulé « Actualiser la Loi sur la citoyenneté du Canada: questions à traiter »; un quatrième rapport intitulé « La révocation de la citoyenneté: Une question d'application régulière de la loi et de respect de la Charte des droits »; et un cinquième rapport intitulé: « Moderniser la Loi sur la citoyenneté du Canada: Il est temps d'agir ». De plus, nous avons eu les projets de loi C-63, C-16, C-18, S-2 et maintenant,
Malgré une succession de ministres et de gouvernements, le problème n'a jamais été réglé. J'ai vu tellement de rapports sur la question. J'ai énuméré tous les titres de rapports parce que, même si je suis nouvelle au sein du comité, ce dossier n'est pas nouveau pour moi, comme j'ai travaillé pour un député en 1981, 1982 et 1984. Nous en parlons depuis que j'ai commencé ce travail.
Je ne peux pas parler pour vous, mais je peux vous dire que j'en ai assez d'attendre. Le gouvernement actuel est au pouvoir depuis deux ans, et en sommes toujours là. Ce matin, j'ai regardé le calendrier parlementaire. Le projet de loi y est-il inscrit? Non, pas du tout et il n'a pas non plus force de loi.
Donc, j'aimerais vous poser une question. Vous devriez nous indiquer une date de tombée — pour le gouvernement, pas nécessairement pour nous. Je m'engage au nom du NPD à faire l'impossible pour accélérer le plus possible tout ce processus. Je vais imprimer tous les rapports et tous les projets de loi qui ont été préparés et examinés au cours des 20 dernières années et les mettre dans une pile pour vous en faire cadeau. Je vous demande simplement de m'indiquer une date de tombée. Combien de temps faut-il attendre encore?
Je viens de sortir mon emploi du temps — mon calendrier. Nous sommes le 6 février. Vous devriez fixer une date de tombée pour le gouvernement pour la deuxième lecture et indiquer le nombre de jours qui devraient être prévus pour l'adopter à la Chambre des communes. Nous en avons débattu à maintes reprises — à n'en plus finir. Vous vous êtes présentés devant le comité de nombreuses fois. Donc, donnez-nous une date. À votre avis, quand ce projet de loi devrait-il avoir été adopté par le comité, renvoyé à la Chambre et adopté officiellement? Ce n'est pas si compliqué. Nous savons quoi faire. Nous avons examiné la question très souvent.
Excusez-moi de vous faire un discours. Mais, le fait est que j'ai examiné tout cela, et je me demande maintenant combien de projets de loi il va falloir encore examiner.
Si des élections sont déclenchées, vous savez ce qui va arriver? Même si le projet de loi est adopté à la Chambre, nous manquerons de temps au Sénat. Selon moi, nous aurons à faire ce travail de nouveau à notre retour. Certains d'entre nous reviendront; certains ne reviendront peut-être pas. Je n'en sais rien. Mais, il y aura un autre projet de loi, un C-quelque chose, et nous allons refaire ce même travail dans deux ans. Certains des intéressés ne seront peut-être plus vivants, et je me demande combien de personnes devront encore vivre ce cauchemar bureaucratique?
Je m'excuse de vous faire un discours, mais j'aimerais que vous me répondiez. Je n'ai pas l'habitude de faire cela, mais cette situation me semble tout à fait invraisemblable.
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Je vous dis simplement que si tous les membres déclarent publiquement, dès aujourd'hui, qu'ils appuieront le projet de loi dans sa forme actuelle — même s'il n'est pas tout à fait parfait, il répond à la majorité des préoccupations que vous avez soulevées — ce projet de loi pourra être examiné ici en comité et à la Chambre, et il sera possible de l'adopter. C'est ce que nous souhaitons.
Mais je dois vous dire ceci: il y a eu un rapport unanime et ce rapport unanime a émané du présent comité. Dans ce rapport unanime, nous avons précisé que la citoyenneté serait attribuée seulement à la première génération d'enfants nés à l'étranger — voilà l'une des recommandations précises que nous avons faites dans ce rapport. Il y a eu des concessions mutuelles, vous savez. Nous avons dû être souples, et d'autres, aussi. Ainsi nous avons fait preuve de souplesse afin d'en arriver à un rapport unanime.
Voilà ce que nous avons dit dans ce rapport:
Le comité recommande que les modifications de la Loi sur la citoyenneté fassent en sorte que les personnes suivantes soient des citoyens canadiens: quiconque est né à l'étranger d'une mère canadienne ou d'un père canadien, à compter de la date de sa naissance, s'il s'agit de la première génération née à l'étranger.
M. Telegdi a dit ceci, et je cite: « À condition que le projet de loi cadre avec le rapport, il sera certain d'être adopté rapidement et, selon moi, la Chambre des communes sera tout à fait disposée à collaborer de façon à concrétiser cette initiative. »
Mais, par la suite, il a été question de proposer au moins un, et peut-être même deux amendements. Ils voulaient reparler de la possibilité d'aller plus loin que seulement la première génération — alors que nous nous étions mis d'accord là-dessus en comité, pour ensuite demander l'avis de la ministre et obtenir sa réponse.
Ceci dit, nous en sommes maintenant au point où nous avons un projet de loi qui peut être adopté, et je demande donc à chaque membre du comité de nous indiquer s'il est prêt ou non à déclarer aujourd'hui s'il compte appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle.
Nous allons faire renvoyer le projet de loi au comité, et je peux vous dire que…
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Cette façon de jouer pour la galerie est un peu beaucoup. Olivia a énuméré les différents rapports, et nous avons effectivement déposé ces rapports avec l'accord unanime des membres conservateurs. Mais quand ils sont arrivés au pouvoir, ce n'était plus une priorité pour eux.
La ministre, lorsqu'elle a été confrontée à cette réalité pour la première fois, nous a dit que seulement 200 ou 300 personnes étaient concernées. Or nous savons à présent que des centaines de milliers de personnes sont directement touchées.
Pour ma part, je souhaite vivement que le projet de loi soit adopté, et je n'ai pas l'intention d'examiner un autre projet de loi qui a de nombreuses conséquences involontaires. Cette fois-ci, nous devons nous assurer de faire un travail exhaustif, et il faut que le public puisse réagir si nous envisageons de modifier quelque chose d'aussi important que la Loi sur la citoyenneté.
Entendons-nous: si vous êtes là aujourd'hui et que nous parlons de ce projet de loi, c'est surtout grâce aux membres de l'opposition assis de ce côté-ci de la table, et ce malgré l'obstruction faite par les députés de la majorité. Là nous parlons d'un projet de loi qui n'a même pas encore été renvoyé au comité. Et, c'est l'opposition qui s'est battue pour que ce projet de loi soit renvoyé au comité.
En réalité, la situation que le gouvernement vous force, nous force et force les Canadiens à accepter, est tout à fait inacceptable. C'est mal administrer les affaires de l'État. C'est ainsi qu'on finit par avoir des mauvaises lois. Sachez que nous tenons absolument à trouver une solution, mais nous tenons tout autant à faire du bon travail, pour que quelqu'un ne soit pas obligé de revenir là-dessus par la suite pour corriger toutes nos erreurs.
Pour en revenir à la question posée par M. Karygiannis, en ce qui me concerne, c'est une question tout à fait légitime: combien de personnes sont touchées? Nous avons posé la question au gouvernement. Nous n'avons pas eu de réponse. Nous aimerions savoir quelle est l'ampleur du problème. Combien de personnes sont touchées par ce problème? C'est une information tout à fait critique. Il nous faut savoir.
Les membres de l'opposition ont accepté de prolonger les heures de séance et de faire le nécessaire pour faire aboutir ce projet de loi, et aussi pour obtenir des réponses à nos questions, afin que nous soyons sûrs d'avoir le meilleur projet de loi que possible.
Encore une fois, comme je l'ai dit tout à l'heure, je comprends les jeux politiques. Je suis député depuis 14 ans. Par contre, je n'accepte pas que les députés de la majorité se fassent passer pour des sauveurs auprès du public alors que nous avons dû insister à maintes reprises pour que le gouvernement fasse quelque chose.
J'espère que le gouvernement va nous fournir les renseignements que nous avons demandés. J'espère qu'il déposera le projet de loi à la Chambre pour qu'il puisse nous être renvoyé, car nous avons un travail important à accomplir. S'il le faut, nous prolongerons les heures de séances. Nous avons accepté de le faire la dernière fois, parce que nous voulions justement finir notre travail sur le projet de loi et rédiger le rapport. S'il y a eu des atermoiements, c'est le gouvernement qui en est entièrement responsable. Et, s'il y a des députés qui ont voulu jouer pour la galerie dans cette affaire, ils se trouvent entièrement du côté de la majorité.
Donc, j'espère que votre insistance aujourd'hui va effectivement nous permettre d'être saisis du projet de loi et de commencer à y travailler sérieusement.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs et mesdames. Je suis relativement nouveau au comité: j'ai débuté fin novembre, début décembre. J'accompagnais Mme Meili Faille, qui était la porte-parole en la matière depuis quelques années. Je sais qu'elle a fait un très bon travail.
Une des premières choses que j'ai étudiées a été le fameux rapport que le comité a produit. L'ébauche pour vérification était datée du 20 novembre 2007. C'est donc récent. Si on a décidé d'établir un rapport, c'est qu'il y avait matière à étude conjointe dans le but d'établir les faits. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière comme Olivia l'a fait pour expliquer tous les délais encourus. J'essaie de regarder vers l'avenir.
Je comprends votre impatience. Mme Jarratt a dit que le projet de loi avait été présenté en décembre. Soixante jours plus tard, il n'est pas encore adopté. Vous devez considérer la relâche du temps des Fêtes. Nous n'en sommes qu'à notre deuxième semaine. On a quand même pris conscience qu'il était important que ce projet de loi revienne au comité pour étude.
Le Bloc québécois est sûrement en faveur de l'adoption rapide de ce projet de loi, qui est basé sur le rapport du comité. Vous avez confirmé que le projet de loi était conforme au rapport préparé. Même s'il n'est pas parfait, il représente un grand progrès en ce qui concerne tous les cas que vous avez mentionnés.
Le Bloc québécois est prêt à collaborer pour accélérer l'adoption du projet de loi. Quand on arrive à Ottawa en provenance du Québec, on constate que le processus parlementaire y est très lent. Malgré le fait qu'il puisse être adopté en troisième lecture et après de multiples démarches — débat en comité, deuxième lecture, troisième lecture —, on apprend qu'il est ensuite étudié par le Sénat, qui constitue un deuxième niveau du Parlement. Qui plus est, le Bloc québécois est en faveur de l'abolition de ce niveau, car il empêche de gouverner efficacement.
On ne peut pas faire une révolution armée pour changer les choses; c'est la façon dont notre système démocratique fonctionne. Dans un contexte où on n'a pas un gouvernement majoritaire en place pour quatre ans, il peut arriver que plusieurs projets de loi tombent, à la fin d'une législature, à cause de la tenue d'une campagne électorale. Je désirais vous passer le message. Meili aurait voulu vous dire qu'on comprend très bien la problématique, car elle y a travaillé activement. On va appuyer le projet de loi de la façon la plus constructive possible afin qu'il soit adopté rapidement.
Je n'entrerai pas dans le détail de toutes les pertes de citoyenneté, car cela a déjà été discuté. On comprend très bien votre problématique. Si on avait à la vivre, on serait dans la même situation que vous.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à vous souhaiter de nouveau la bienvenue au comité et vous remercier pour votre bon travail et votre persistance. En fait, le terme « persistance » est trop faible. Merci infiniment pour votre passion et pour tout le travail que vous avez accompli dans ce dossier.
Madame Jarratt, je suis sensible à votre passion. Il n'y a pas de place pour la politicaillerie dans un dossier comme celui-ci. Je suis relativement nouveau au comité. Pour vous dire la vérité, je ne connais même pas l'historique de la question pour ce qui est de quel parti politique a lancé cette initiative et je n'ai pas non plus pris connaissance de tous les différents rapports mentionnés par Mme Chow. Mais je sais où nous en sommes maintenant et je sais ce que vous aimeriez que nous fassions. Je n'ai pas besoin de lire toutes les déclarations d'appui que vous nous fournissez, ni de vous faire répéter publiquement que vous appuyez vivement le projet de loi dans sa forme actuelle.
Comme M. St-Cyr vient de le dire, le Bloc québécois appuie le projet de loi tel quel, du moment qu'il s'appuie sur le rapport unanime déposé par le comité. Mme Chow se met pratiquement à genoux pour exhorter le gouvernement à ramener le projet de loi à la Chambre pour la deuxième lecture, afin qu'il puisse être adopté rapidement.
Avant de continuer, je voudrais simplement dire que je respecte beaucoup mon collègue, M. Karygiannis, de même que M. Telegdi. Je sais que c'est une question qui leur tient à coeur à tous les deux. Ils ont travaillé très fort pour faire avancer ce dossier au nom de leurs électeurs et de l'ensemble des Canadiens. Par contre, je ne suis pas sûr de bien comprendre M. Telegdi, quand il dit que nous devons nous assurer de faire un travail exhaustif. Il a tout de même déclaré sur les ondes de CBC que: « À condition que le projet de loi cadre avec le rapport, il sera certain d'être adopté rapidement et, selon moi, la Chambre des communes sera tout à fait disposée à collaborer de façon à concrétiser cette initiative. »
C'est tout ce que nous demandons aujourd'hui — je vais poser ma question à la toute fin.
Monsieur Karygiannis, je vous demande votre indulgence. À la toute fin, il y aura une question pour les trois témoins.
Je sais que M. Karygiannis, qui s'est beaucoup battu pour faire avancer ce dossier, n'était pas présent durant la semaine où nous avons préparé le rapport unanime…
Monsieur le président, je voudrais commencer par vous remercier, mais je tiens aussi à remettre les pendules à l'heure. J'espère que le secrétaire parlementaire, M. Khan, M. Batters et M. Grewal écouteront attentivement ces propos pour qu'il n'y ait pas de malentendu concernant notre position.
Quand le comité a entamé ses travaux, la ministre nous a dit qu'il y avait 400 « Canadiens perdus ». Nous lui avons dit qu'il y en avait davantage — 50 000, et peut-être même un demi-million. Jusqu'ici, c'est grâce à nous qu'il a été possible de faire avancer le projet de loi. Ce ne sont pas les conservateurs qui ont soulevé la question; le tout a commencé quand j'ai déposé une motion à cause de la situation de ma fille. Donc, il n'est pas question que M. Batters me donne de leçon concernant ma position sur ce projet de loi.
À l'heure actuelle, une demande d'accès à l'information est en cours de traitement et une motion a été déposée visant à nous faire obtenir les chiffres sur le nombre de Canadiens de la première et de la deuxième génération qui sont nés à l'étranger. Cette demande a été transmise à la ministre en décembre. La ministre et le secrétaire parlementaire n'ont pas voulu s'attaquer à ce problème, comme M. Telegdi vous l'a très bien expliqué. Si les membres assis de ce côté-ci de la table n'avaient pas insisté pour qu'on s'attaque au problème et qu'on en discute, nous ne serions pas là aujourd'hui.
M. Komarnicki joue pour la galerie en déclarant qu'il s'engage au nom du gouvernement à faire ceci et cela, mais il devrait plutôt s'engager au nom du gouvernement à nous fournir les chiffres que nous avons demandés. Il a dit la semaine dernière que la ministre avait les chiffres. Est-ce qu'il veut vraiment connaître le nombre réel? Veut-il vraiment savoir combien de personnes faisant partie de la première génération sont touchées — combien de la deuxième génération, et combien de cas dont nous ignorons encore l'existence, en plus des 400 dont la ministre nous a parlé au départ? Veut-il connaître les vrais chiffres — oui ou non?
S'il veut des engagements, pour ma part, je suis prêt à m'engager à adopter rapidement ce projet de loi, pas seulement pour lui et pour ma fille, mais pour tout le monde — toutes les personnes qui en sont touchées; pas les 400 personnes dont nous a parlé la ministre, mais les milliers, sinon les millions, de personnes dont il refuse de nous parler.
Je voudrais que les conservateurs, et surtout le secrétaire parlementaire, s'engage à le faire. Quand vont-ils nous fournir les chiffres?
Je partage mon temps de parole avec M. Telegdi, monsieur le président.
Pourrait-on me répondre?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme je l'ai déjà dit, nous avons entendu beaucoup de déclarations grandiloquentes au sujet de ce projet de loi. Et, nous sommes confrontés au problème dont nous a parlé M. Janzen, à savoir que de plus en plus de Canadiens de la deuxième génération sont « perdus ». Maintenant, ces personnes ont quelque chose que personne d'autre n'aura jamais. Par contre, les épouses de guerre meurent et leurs enfants n'ont pas accès aux services.
Il importe que tout le monde comprenne la nécessité de faire un travail exhaustif sur ce projet de loi, et je vais vous en donner un exemple. Si vous avez un Canadien de la première génération né à l'étranger qui doit tout d'un coup parrainer ses enfants, qui peuvent être âgés de 17, 18 ou 19 ans, eh bien, si ces derniers sont jugés inadmissibles pour des raisons médicales, on pourrait leur refuser l'entrée au Canada. Donc, il faut surtout éviter de créer d'autres « Canadiens perdus ». De plus, d'autres personnes ont parfaitement le droit de venir se présenter sur le projet de loi, et il est normal que nous écoutions ce qu'elles ont à dire.
En tant que membres du comité, nous ne pouvons pas décider qu'il n'y aura pas de discussion au sujet du projet de loi. Si quelqu'un vient nous dire que son enfant pourrait être jugé inadmissible pour des raisons médicales, je pense qu'aucun d'entre nous ne souhaiterait qu'il y ait de telles conséquences.