Les anciens combattants sont-ils prêts à passer en premier? Très bien.
Au nom du comité, je vous invite à prendre place à la table des témoins.
Nous accueillons donc deux membres de la Légion royale canadienne, soit M. Pierre Allard, directeur du Bureau d'entraide, Direction nationale; et M. Erl Kish, vice-président national.
Messieurs, bienvenue au comité. Je ne sais pas si vous avez déjà comparu devant le comité auparavant mais, en règle générale, les témoins disposent de 10 minutes pour faire des remarques liminaires. Ensuite, les membres du comité interviennent pour faire des observations ou poser des questions aux témoins.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis ravi d'être là.
Au nom de notre président national, le camarade Jack Frost, je voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir invité les représentants de la Légion à comparaître devant vous aujourd'hui pour parler de cette question très importante des « Canadiens dépossédés de leur citoyenneté ». Aujourd'hui marque la deuxième fois que nous comparaissons devant le comité, puisque nous sommes venus vous parler le 19 mars 2007. Nous sommes toujours très heureux de travailler avec vous pour défendre une cause commune.
Je dois admettre que nous nous demandons pourquoi cette question n'a pas encore été résolue, et pourquoi il semble si difficile d'organiser une action conjointe en temps opportun. Continuer à refuser la citoyenneté aux épouses de guerre et aux descendants d'anciens combattants des Forces canadiennes est inadmissible. Dans le but d'être aussi constructifs que nous puissions l'être, dans ce qui semble un environnement hautement politisé, nous aimerions aborder deux questions qui portent obstacle à une résolution rapide du problème. Ce sont: les inquiétudes exprimées à propos de la deuxième génération d'enfants nés à l'étranger de parents qui sont des citoyens canadiens, d'une part, et du nombre de personnes qui peuvent être touchées par cette situation, d'autre part. À notre avis, ces questions peuvent être réglées rapidement en adoptant le projet de loi de toute urgence.
Les représentants de la Légion comparaissent souvent devant différents comités de la Chambre et du Sénat qui sont responsables des questions touchant les anciens combattants. Nous sommes vraiment impressionnés par l'approche non partisane que nous observons au sein de ces comités; nous demeurons convaincus que cette même approche non partisane peut permettre de régler la question qui nous préoccupe actuellement.
Nous étions ravis des recommandations présentées dans votre rapport. Permettez-moi de faire allusion à un certain nombre d'entre elles: a) les règles régissant la détermination du statut de citoyen canadien devraient être peu nombreuses, et la citoyenneté devrait être permanente; b) les gens ont besoin de savoir que leur citoyenneté ne fait l'objet d'aucune incertitude; c) quiconque est né au Canada à n'importe quel moment devrait, à compter de la date de sa naissance, être jugé un citoyen canadien; d) quiconque est né à l'étranger à n'importe quel moment, d'une mère canadienne ou d'un père canadien, s'il s'agit de la première génération née à l'étranger, devrait aussi être jugé citoyen canadien; et e) Citoyenneté et Immigration Canada devrait réévaluer la situation afin de savoir s'il existe ou non une raison impérieuse et pressante de continuer à ne pas admettre le formulaire 419 du MDN comme preuve de citoyenneté canadienne. Un document enregistrant une naissance à l'étranger devrait être considéré comme une preuve de citoyenneté canadienne.
Le comité a aussi recommandé que le ministre exerce son pouvoir discrétionnaire, en vertu de la Loi sur la citoyenneté, pour donner suite aux recommandations susmentionnées, avant que le projet de loi ne soit rédigé.
Lorsque nous avons effectué notre étude du projet de loi et avons lu le document d'information proposé, de même que les questions et réponses, nous étions convaincus que cette situation serait bientôt réglée, mais nous voilà ici devant vous aujourd'hui. Voilà qui nous amène à vous parler de ce que nous considérons comme des solutions simples, mais opportunes, qui n'exigent aucune modification du projet de loi C-37 — seulement la ferme détermination à faire avancer ce dossier à l'aide d'une approche non partisane.
Pour ce qui est de la deuxième génération de Canadiens nés à l'étranger, l'un des témoins que vous avez reçus précédemment a évoqué ce que nous croyons être une exigence légitime, à savoir la nécessité de fournir la preuve de ces liens avec le Canada. Une mesure simple qui est déjà en application permet à un immigrant, né à l'étranger, de servir dans les Forces canadiennes et de bénéficier ensuite d'un traitement rapide de sa demande de citoyenneté canadienne. Voilà justement une preuve simple mais significative des liens du demandeur avec le Canada et de son désir de servir son pays. Cette solution n'exige aucune modification du projet de loi C-37.
En ce qui a trait au nombre de personnes touchées, il est vrai que c'est un facteur qui pourrait se révéler important; cependant, ce n'est pas cela qui devrait nous empêcher de conclure ce travail. Et, il faut surtout éviter que ce soit considéré comme un obstacle à l'adoption rapide du projet de loi .
Encore une fois, la Légion royale canadienne est fermement convaincue que l'adoption du projet de loi C-37 est une priorité urgente qui devrait recevoir l'appui de tous les membres du comité. Comme le disait avec beaucoup d'éloquence l'un des membres du comité, nous avons déjà suffisamment d'études et de rapports traitant de la question. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est une approche coopérative qui permettra d'en arriver à une solution concrète, une fois pour toutes, avant que les personnes touchées par ce problème disparaissent tout simplement.
Monsieur le président, je vous remercie de nous avoir accordé ce temps.
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Au nom de notre président national, le camarade Jack Frost, j'aimerais vous remercier chaleureusement d'avoir invité la légion à comparaître aujourd'hui au sujet des Canadiens et Canadiennes qui ont perdu leur citoyenneté canadienne, une question que nous considérons très importante. De fait, c'est bien la deuxième fois que nous témoignons devant votre comité. En effet, nous y avons comparu le 19 mars 2007. C'est toujours un plaisir de travailler en partenariat.
Je dois admettre que nous nous demandons pourquoi cette question n'a pas encore été résolue et pourquoi une mesure opportune semble si difficile à mettre en oeuvre. Continuer à refuser la citoyenneté aux épouses de guerre et aux descendants d'anciens combattants des Forces canadiennes est inadmissible. Nous désirons être aussi constructifs que possible dans ce qui nous apparaît comme un environnement hautement politisé. Or, deux questions semblent faire obstacle à une résolution rapide du problème. Les cas où est en cause une seconde génération née à l'étranger, de mère canadienne ou de père canadien, suscitent de l'inquiétude, de même que le nombre de personnes pouvant être touchées.
Nous croyons que ces questions peuvent être traitées de toute urgence sans que l'adoption du projet de loi en soit retardée. La légion témoigne souvent devant divers comités du Parlement et du Sénat responsables du dossier des anciens combattants. Nous sommes vraiment impressionnés par l'approche clairement non partisane qui prévaut dans ces comités, et nous demeurons convaincus que celle-ci peut faire en sorte qu'on résolve la question présente.
Nous étions ravis des recommandations contenues dans votre rapport. Permettez-moi de faire référence à ces recommandations.
Les règles régissant la détermination du statut de citoyen canadien ou citoyenne canadienne devraient être peu nombreuses et la citoyenneté devrait être un statut permanent. Les gens ont besoin de pouvoir compter sur la certitude de leur citoyenneté. Quiconque est né au Canada, à n'importe quel temps à compter de la date de sa naissance, devrait être jugé citoyen canadien ou citoyenne canadienne. Quiconque est né à l'étranger d'une mère canadienne ou d'un père canadien, s'il s'agit de la première génération née à l'étranger, devrait aussi, à n'importe quel temps, être jugé citoyen canadien ou citoyenne canadienne. Citoyenneté et Immigration Canada devrait réévaluer s'il existe ou non une raison impérieuse et pressante de continuer de ne pas admettre le formulaire 419 comme preuve de citoyenneté canadienne. Le certificat d'enregistrement d'une naissance à l'étranger devrait aussi être reconnu comme preuve de citoyenneté canadienne.
Le comité a aussi recommandé que le utilise son pouvoir discrétionnaire en vertu de la Loi sur la citoyenneté pour mettre en oeuvre les recommandations ci-dessus avant que le projet de loi ne soit ébauché.
Lorsque nous avons effectué notre étude du projet de loi et que nous avons lu le document d'information proposé, de même que les questions et réponses, nous étions confiants de voir une résolution adoptée très prochainement. Mais voilà, nous sommes ici aujourd'hui, ce qui nous amène à parler de ce que nous voyons comme des solutions simples mais opportunes, qui n'exigent aucune modification au projet de loi , mais simplement une détermination à aller de l'avant, de façon non partisane.
Pour ce qui est de la question de la seconde génération née à l'étranger, l'un des témoins précédents a fait allusion à ce que nous croyons être une exigence authentique de fournir une preuve d'attachement au Canada. Une simple mesure, déjà en vigueur, permet à une immigrante ou à un immigrant né à l'étranger de servir dans les Forces canadiennes pour ensuite recevoir un traitement de faveur dans le cadre d'une demande de citoyenneté canadienne. Il s'agit d'une preuve d'attachement simple mais significative qui reflète un engagement de service envers le Canada. Ce processus n'exige aucune modification au projet de loi .
En ce qui a trait aux nombres, cela pourrait être un facteur important. Cependant, ce n'est pas le seul défi. Il est incontestable que ce n'est pas vu comme un obstacle à l'adoption du projet de loi .
Encore une fois, la Légion royale canadienne considère très fortement que l'adoption de ce projet de loi est une priorité urgente qui devrait être appuyée par tous les membres de ce comité. Comme le disait si éloquemment un membre de ce comité, il y a eu suffisamment d'études et suffisamment de rapports sur cette question. Ce dont on a besoin maintenant est une approche coopérative, qui mènera à une résolution une fois pour toutes, avant que ceux et celles qui sont concernés nous quittent, tout simplement.
Merci.
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Je voudrais vous remercier tous les deux de votre présence aujourd'hui, et remercier également tous vos membres. Je tiens aussi à reconnaître l'important travail que vous avez réalisé, grâce auquel nous sommes là aujourd'hui. N'eussent été les anciens combattants, les sacrifices que vous avez faits, et vos femmes et vos enfants, nous ne vivrions pas aujourd'hui dans une démocratie et nous ne serions pas là.
J'aimerais vous citer certains chiffres que je vous demande d'examiner et de présenter à vos membres. Le ministère a fini ce week-end par nous fournir certains chiffres. Les voici: entre 1947 et 1977, 114 000 certificats d'enregistrement d'une naissance à l'étranger ont été délivrés. Donc, entre 1947 et 1977, il y en a eu 114 000 — en 30 ans.
Ensuite, le ministère nous a fourni les chiffres pour la période allant de 1982 à 2007, même si nous les avons demandés à compter de 1977, mais il ne nous a pas fourni certains chiffres. La statistique qui nous a été fournie par le ministère est la suivante: entre 1982 et aujourd'hui, 368 520 Canadiens sont nés à l'étranger. Quand nous avons demandé les statistiques relatives à la deuxième génération, le ministère nous les a fournies seulement pour 2006, soit que 2 412 citoyens canadiens sont nés à l'étranger.
Je tiens également à vous remercier d'avoir inscrit dans le texte de votre déclaration liminaire que: « Quiconque est né à l'étranger, à n'importe quel moment, d'une mère canadienne ou d'un père canadien, s'il s'agit de la première génération née à l'étranger, devrait aussi être jugé citoyen canadien ». Je ne sais pas si vous voulez parler de la deuxième génération ou non, mais je tiens à vous en remercier.
Maintenant, si vous additionnez les chiffres pour la deuxième génération entre 1977 et aujourd'hui, et entre 1982 et 1989, vous constatez que 56 000 personnes sont nées à l'étranger. Entre 1990 et 1999, 121 144 personnes sont nées à l'étranger. Et voici la statistique la plus surprenante: entre 2000 et 2007, c'est 187 260 personnes. Donc, si vous faites une extrapolation et vous calculez ensuite la moyenne — car, dans mon ancienne vie d'ingénieur industriel, les statistiques me sortaient par les oreilles — cela veut dire que, entre 1982 et 1989, 7 000 Canadiens sont nés à l'étranger chaque année; entre 1990 et 1999, 10 095 personnes sont nées à l'étranger chaque année; et, entre 2000 et 2007, 26 751 personnes sont nées à l'étranger. Maintenant, si vous faites des prévisions pour les années futures jusqu'en 2010, vous arrivez au chiffre de 56 000 Canadiens de la première génération qui sont nés à l'étranger.
Donc, en fonction de ces chiffres — et je vais vous faire circuler ce graphique — on peut conclure qu'en l'an 2020, nous en serons à un million de Canadiens de la première génération qui sont nés à l'étranger. Je vais remarquer, messieurs, que c'est 10 fois plus que le nombre de Canadiens nés à l'étranger entre 1947 et 1977.
Examinons maintenant le nombre de Canadiens de la deuxième génération nés à l'étranger en 2006, soit 2 412. En faisant le même genre d'extrapolations, on constate qu'il y aura, entre 2010 et 2020, environ 5 000 — ou plus — Canadiens de la deuxième génération nés à l'étranger.
Si ma fille, qui est de la première génération née à l'étranger, devait se marier avec quelqu'un qui n'est pas citoyen canadien qui est posté dans le Golfe… Comme vous le savez sans doute, si vous êtes né dans la région du Golfe, vous êtes apatride. Donc, mon petit enfant, ce bébé, sera apatride s'il est né à l'étranger. Ainsi cet enfant ne pourra s'adresser à personne en cas d'urgence. Et si des gens comme vous, membres des forces canadiennes — mais, de nos jours — arrivent pour nous évacuer, vous allez dire à la mère: « Oui, vous êtes citoyenne canadienne, suivez-nous ». Mais, vous allez lui dire en même temps: « Je suis désolé, mais votre enfant ne peut pas venir ». Et, mettons que vous vous trompiez et que vous évacuiez également l'enfant, et que cet enfant ait des problèmes de santé, s'il n'est pas parfait, quand ce bébé arrivera au Canada — c'est-à-dire, mon petit-enfant, la personne pour laquelle vous vous êtes battus — il n'aura absolument aucun accès au système de soins de santé ni à d'autres services au Canada.
Il est vrai que certains m'ont dit: « Oui, mais votre fille pourra parrainer son enfant et demander ainsi son admission au Canada, et ce jusqu'à ce que l'enfant atteigne l'âge de 22 ans. » Alors, je vous pose la question à vous, qui vous êtes battus pour ce pays et qui avez été mêlés à tant de conflits: pourquoi ma fille, qui a vécu toute sa vie au Canada, devrait être obligée de parrainer son enfant pour qu'il soit admis au Canada?
Je vous demande donc d'examiner ces chiffres et de m'éclairer à ce sujet, si vous pouvez me dire quelque chose à moi, en tant que père, et peut-être grand-père d'un enfant qui naîtra à l'étranger demain, si ma fille y travaille; je vous demande de me convaincre que le combat que vous avez mené pour le Canada…
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Nous entendons toutes sortes d'histoires de femmes qui sont tombées amoureuses d'un soldat à l'étranger et qui ont quitté leur famille, leur maison et leur pays pour suivre leur mari au Canada. C'était un sacrifice, et il est terriblement injuste pour elles de se rendre compte qu'elles ne sont pas citoyennes canadiennes. Donc, je partage votre désir de faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible.
De plus, il y a un article prévoyant que les personnes nées avant 1977 peuvent obtenir la citoyenneté canadienne par l'entremise de leur père canadien, si elles sont nées après le mariage de leurs parents, ou par l'entremise de leur mère canadienne, si elles sont nées sans que les parents soient mariés. C'est une règle curieuse qui a créé beaucoup de problèmes.
J'espère que ce projet de loi permettra de régler tous les problèmes. Mon intention est de faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible, car je connais tout l'historique de cette mesure législative. Cette problématique a déjà fait l'objet de six ou sept études et a été traitée dans plusieurs projets de loi différents, dont un qui a été renvoyé au Sénat pour rester au point mort — et je crains justement que cela se reproduise.
C'est pour cette raison que je voudrais vous demander ceci: vous parlez d'une approche non partisane, et il semble que les libéraux souhaitent s'assurer que les enfants de la deuxième génération nés à l'étranger sont bel et bien considérés comme citoyens canadiens, ce qui me semble logique, mais à l'heure actuelle, il y a une impasse sur cette question. Nous pourrions faire aboutir ce projet de loi très rapidement et répondre à cette préoccupation en faisant quelque chose de fort simple, soit en modifiant le paragraphe 2(2) ou en le supprimant carrément, car à l'heure actuelle, cet article limite l'obtention automatique de la citoyenneté à la première génération née de parents canadiens ou adoptés par des parents canadiens.
On réglerait ainsi le problème potentiel soulevé par M. Karygiannis, qui voudrait être un fier grand-père, et toutes les difficultés que pourrait connaître sa fille si elle est à l'étranger. Si cela permet d'établir la paix, pour ainsi dire, au sein du comité et de nous faire avancer plus rapidement, je pense qu'il serait possible de procéder à l'étude article par article du projet de loi mercredi — en ayant un amendement de ce genre que mes collègues libéraux voudront certainement proposer. Ensuite, on pourrait renvoyer le projet de loi à la Chambre des communes, en espérant que tous les partis acceptent de l'adopter, de le transmettre ensuite au Sénat — qui dira oui — et de faire aboutir tout ce processus avant d'éventuelles élections, qui seraient imminentes d'après les rumeurs, car je n'ai certainement pas envie de refaire tout cela dans deux ans.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais tout d'abord remercier les représentants de la Légion de leur présence aujourd'hui. Monsieur Kish et monsieur Allard, nous vous sommes reconnaissants de nous avoir expliqué votre position.
Je peux vous dire que, la semaine dernière, quand nous avons fini nos audiences, il était entendu que, si nous avions l'accord de tous les partis pour adopter le projet de loi C-37 sans amendement, nous ferions de notre mieux pour le faire renvoyer au comité. Si je comprends bien, au moins la majorité des partis ici représentés étaient d'accord.
Je peux également vous confirmer — et je suis d'autant plus surpris d'entendre les propos de la députée du Nouveau Parti démocratique, Olivia Chow — que la recommandation que nous avons faite à la ministre dans notre rapport était que l'obtention automatique de la citoyenneté s'arrêterait après la première génération née à l'étranger, et qu'il y aurait d'autres possibilités pour les membres des générations suivantes. Il s'agissait d'une décision de principe. Un rapport unanime qui avait donc l'appui de tous les membres du comité, et en fonction duquel le projet de loi a ensuite été rédigé, a été transmis à la ministre. Je comprends très bien qu'on peut faire n'importe quoi, mais le projet de loi, tel qu'il est actuellement rédigé, limite ce droit à la citoyenneté automatique à la première génération née à l'étranger. C'est en fonction de cette entente que nous nous sommes efforcés de faire venir le projet de loi, en vue de l'adopter rapidement. Il serait donc impossible à cette étape de le rouvrir encore.
Quant aux deux grandes priorités de la Légion — soit le formulaire 419 du MDN et les naissances enregistrées à l'étranger — nous allons interroger les hauts fonctionnaires du ministère à ce sujet. Mais la grande question jusqu'ici a certainement été le traitement de la deuxième génération née à l'étranger. Comme je vous l'ai déjà dit, il a été décidé d'exiger que les membres de la deuxième génération aient des liens avec le Canada, et sinon, ils doivent avoir recours à d'autres moyens si vous souhaitez qu'ils aient, eux aussi, accès à la citoyenneté canadienne.
Le nombre mentionné par M. Karygiannis n'est pas très important. Mais il s'appuie sur certaines hypothèses en avançant ce chiffre, et il n'est pas très facile d'en déterminer le nombre réel. Nous savons qu'il y en a un certain nombre, mais nous savons également que, dans bien des cas, il y a divers moyens de régulariser leur situation.
Étant donné la situation actuelle à la Chambre des communes, voulons-nous adopter un projet de loi qui n'est peut-être pas parfait, mais qui répond à environ 95 p. 100 des objectifs de tout le monde? Êtes-vous d'accord pour dire qu'il faut adopter le projet de loi tel quel afin de le faire aboutir rapidement, plutôt que d'ouvrir de nouvelles disputes?
Bonjour, messieurs. D'abord, je crois pouvoir parler pour tous ceux et toutes celles qui sont réunis dans cette salle, et pour tous les Canadiens, en vous remerciant du fond du coeur pour vos sacrifices et votre service à la nation. Vous méritez nos félicitations, vous et tous les membres de la Légion.
Dans vos remarques liminaires, vous avez vraiment mis le doigt sur ce qui compte pour vous; vos recommandations étaient bien spécifiques. Vous souhaitez que ce projet de loi soit adopté tel quel, sans amendement, parce que vous y croyez. D'ailleurs, nous sommes confrontés à certaines réalités à l'heure actuelle, n'en déplaise à certaines personnes ici présentes. À la dernière réunion du comité, j'ai commencé mon intervention en félicitant chaque membre du comité d'avoir travaillé aussi fort et de s'être autant investi dans ce dossier.
M. Karygiannis voudrait qu'on apporte un autre changement au projet de loi, mais nous voilà face à une réalité politique bien précise, à savoir que le gouvernement pourrait être renversé à la fin février, si bien que le Parlement serait dissous; ainsi, nous n'avons tout simplement pas assez de temps pour analyser un amendement et passer par toutes les étapes requises pour le faire approuver par le gouvernement, par le Cabinet et ensuite par le comité, avant que le projet de loi puisse être adopté. Voilà l'avis de mes supérieurs. Vous qui êtes militaires n'auraient pas de mal à comprendre cela. Voilà le message qu'on m'a communiqué: il n'y a tout simplement pas assez de temps pour apporter des modifications au projet de loi. Si des élections sont déclenchées avant que le projet de loi ne soit adopté tel quel, ce qui est vraiment la seule option qui s'offre à nous…
Il y a deux possibilités: ou alors nous l'adoptons tel quel, ou alors il meurt au Feuilleton quand des élections sont déclenchées, si bien que tout ce travail n'aura servi à rien puisqu'il faudra recommencer à la case départ. Ce sont les seuls choix réalistes qui s'offrent au comité. Comme l'a dit mon confrère, M. Karygiannis, et peut-être…
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Très bien. Donnez-en un à tous les membres du comité qui ne sont pas membres de la Légion. Pour ma part, je suis membre de la Section 530 à Waterloo.
Permettez-moi simplement de vous dire que c'est une fausse dispute. Que le gouvernement affirme maintenant que nous devons adopter ce projet de loi, et qu'il est trop difficile de le modifier… Écoutez, nous avons eu deux ministres qui n'ont même pas déposé un projet de loi. C'est grâce aux efforts concertés des membres de l'opposition que ce projet de loi s'est concrétisé. L'irresponsabilité du gouvernement, qui n'a pas voulu le proposer, est tout à fait inexcusable. Il aurait été possible de régler le problème; il aurait été possible d'adopter une mesure de ce genre. Il faudrait donc éviter de faire de la politicaillerie dans ce contexte.
Il y a une solution relativement simple. La Loi sur la citoyenneté est un vrai gâchis. Un gâchis pas possible. C'est comme le jeu de Mikado. Si vous touchez quelque chose, et vous ne faites pas attention, le tout s'effondre. M. Davidson pourra nous en parler. Il serait assez simple de prévoir que les Canadiens nés à l'étranger, qui respectent les exigences en matière de résidence qui visent actuellement la deuxième génération née à l'étranger, seront jugés être nés au Canada, de sorte que nous n'aurons pas à aller plus loi que la première génération.
Le Conseil des réfugiés dont nous allons entendre les témoignages, a déposé un mémoire. Voilà essentiellement ce que nous a dit le Conseil — et je vous donne un exemple autre que celui de M. Karygiannis… Par exemple, supposons qu'un couple canadien passe plusieurs années à l'étranger pour des raisons professionnelles et donne naissance à un enfant à l'extérieur du Canada. Supposons que cet enfant s'appelle Anna. Il pourrait s'agir d'un soldat. Anna a la citoyenneté canadienne par l'entremise de ses parents. La famille retourne ensuite au Canada, quand Anna a six mois, et elle grandit au Canada. D'ailleurs, M. Teichroeb nous a parlé d'une situation semblable. Donc, en tant que jeune adulte, Anna décide de faire des études à l'étranger et tombe enceinte. Si elle accouche de son enfant à l'extérieur du Canada, cet enfant ne sera pas citoyen canadien aux termes du projet de loi , tel qu'il est actuellement rédigé.
S'il se trouve que ce bébé — nous allons l'appeler Marianne — n'a pas droit à une autre citoyenneté, il sera apatride. Il est vrai que le projet de loi comporte certaines dispositions permettant à Marianne, et à d'autres comme elle, de demander la citoyenneté canadienne s'ils sont apatrides; toutefois, ces personnes doivent néanmoins remplir certaines conditions, notamment celle prévoyant que l'enfant apatride d'un citoyen canadien doit avoir résidé au Canada pendant trois ou quatre ans avant de présenter une demande. Cela veut donc dire que l'enfant reste apatride pendant au moins trois ans.
De plus, ce projet de loi ne précise pas non plus dans quelles conditions Marianne serait autorisée à entrer au Canada en vue de remplir l'exigence des trois années de résidence. Même si Anna essaie de parrainer son enfant comme immigrante dans la catégorie de la famille, elle aura du mal à obtenir des documents de voyage pour Marianne qui lui permettraient de venir au Canada comme personne apatride. Elle n'a même pas droit à un passeport.
À notre grande honte, le Canada a reçu une mention particulière dans le magazine publié par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés dans un article sur l'apatridie où l'on parle tout particulièrement du piètre état de la loi canadienne à cet égard. Mais, en réglant ce problème, qui est certainement important, il ne faut pas créer une autre catégorie de personnes apatrides. Il serait possible d'apporter au projet de loi un amendement relativement simple — et je vais justement poser la question à M. Davidson quand ce sera son tour de témoigner — qui permettrait de faire disparaître toutes ces difficultés. Ainsi nous pourrions adopter un projet de loi qui répond aux besoins des Canadiens, de façon à ne plus faire parler de nous dans des revues comme celle qui publiait un article sur l'apatridie. Ce n'est pas une solution difficile à appliquer, et c'est ce que nous souhaitons faire.
Encore une fois, pour que le compte rendu soit très clair, j'insiste sur le fait que ce sont les membres de l'opposition qui ont dû insister auprès du gouvernement pour que quelque chose se fasse. Nous avons eu deux ministres, et les deux nous ont dit que la citoyenneté ne les intéressait pas du tout. Je vous rappelle aussi Roméo Dallaire, qui était présent lors d'une conférence de presse, et à qui on a demandé: pourquoi cela se produit-il? En réponse, il a parlé de terrorisme bureaucratique au sein du ministère. Voilà ce qu'a dit le sénateur Dallaire, qui lui-même a été dépossédé de sa citoyenneté canadienne.
Il y a donc une solution facile, et nous pouvons régler le problème cette semaine et le renvoyer à la Chambre des communes. Il suffit d'avoir la volonté politique de le faire. Je ne veux pas créer plus de problèmes que ceux qui existent déjà. On peut s'arrêter à la première génération.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, messieurs, je vous remercie de nous rencontrer et de témoigner de votre expérience et de tout ce que vous avez vécu auprès des anciens combattants.
Je voulais souligner, tout comme mon collègue, que nous allons appuyer ce projet de loi. Nous estimons qu'il est important. J'ai relativement peu d'expérience au sein de ce comité, mais je comprends que le dossier est à l'étude depuis plusieurs années et qu'il n'a pas réussi à franchir toutes les étapes nécessaires à son adoption. Nous allons donc l'appuyer. Il n'y a aucune politicaillerie derrière cela. Nous trouvons qu'il est important pour l'ensemble des gens qu'il concerne.
J'ai lu votre présentation et j'aurais une question. Nous en avons toujours à apprendre, c'est l'intérêt de notre rôle de député. En ce qui a trait à la seconde génération, vous avez mentionné un exemple de preuve authentique d'attachement au Canada. Un immigrant peut faire partie des Forces canadiennes et avoir ainsi droit à des traitements de faveur. J'ai été surpris de lire cela. La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés contient peut-être des éléments que je ne connais pas et que je vais apprendre.
Par ailleurs, l'expression « traitement de faveur » me semble assez forte. Il y a peut-être d'autres formes d'engagement social dans une société qui constituent des preuves d'attachement. Certains sont portés à s'enrôler dans les forces militaires, mais cela ne convient pas à toutes les personnes. Il existe des gens honnêtes, très compétents et très intéressés par leur communauté et qui en fournissent des preuves. J'aimerais vous entendre à ce sujet.
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Il y a un point sur lequel je tiens à insister. Nous avons débattu des questions en comité et avons dû travailler très fort pour en arriver à un rapport unanime; cela supposait certains compromis de la part de tout le monde. Quand nous avons accepté — à l'unanimité — de supprimer l'obtention automatique de la citoyenneté après la première génération, nous savions fort bien que certaines personnes seraient exclues. C'était donnant, donnant, et chacun a dû accepter des compromis. Certains points ont été concédés, et d'autres, non, mais le fait est que nous avons déposé un rapport unanime.
M. Telegdi a dit que si la ministre suit les recommandations du rapport, il est sûr que le projet de loi pourra être rapidement adopté à la Chambre. Mais, il nous affirme aujourd'hui que des amendements s'imposent, pour élargir tel droit, modifier tel passage ou prévoir une mesure différente.
D'autre part, nous avons dit que le projet de loi serait renvoyé au comité et pourrait être adopté rapidement si l'on s'en tient au contenu du rapport unanime. Essayer de tout changer maintenant et d'obtenir par des moyens détournés que le projet de loi soit modifié n'est tout simplement pas acceptable.
J'insiste donc sur ce point précis, à savoir que M. Telegdi a été le premier à dire: adoptons un rapport unanime et assurons-nous qu'il sera suivi. Maintenant, il nous demande un changement substantiel, et ce n'est pas la façon réglementaire de faire les choses.
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Cela prouve bien ce que je disais tout à l'heure, monsieur le président, à savoir qu'un exercice qui était non partisan au départ dégénère rapidement en joute politique consistant à déterminer qui a été l'instigateur et qui a insisté auprès de qui d'autre pour que certaines choses se fassent.
Je suis tout à fait disposé à reconnaître la contribution apportée par ces deux messieurs, qui ont travaillé très fort et à qui cette question tient à coeur, mais le fait est — et je dis cela pour la gouverne de tous ceux qui se trouvent dans la salle, pour les journalistes qui couvrent ce dossier, et pour les Canadiens qui vont lire le compte rendu de nos délibérations — que nous avons déjà eu notre chance, et que cela donné lieu à un rapport unanime. Toutes les idées des uns et des autres concernant des améliorations possibles ont pu être proposées et examinées à ce moment-là — du moins, auraient dû être examinées à ce moment-là.
Une fois que le comité a déposé son rapport unanime… et M. Telegdi était là. Il était d'accord. C'était un rapport unanime. Ce monsieur, qui a consacré beaucoup de temps à ce dossier — beaucoup plus que moi — était d'accord avec ce rapport unanime.
Après cela, étant donné que nous n'avons plus beaucoup de temps dans l'actuelle législature, il était tout simplement trop tard. Notre gouvernement a déposé un projet de loi qui traduit parfaitement les recommandations du rapport unanime. Et, personnellement, je vois mal ce qu'on peut demander d'autre à un gouvernement, si ce n'est de suivre les recommandations d'un rapport unanime qui a été accepté par tous les partis politiques.
Donc, les amendements qu'il aurait été possible d'apporter au projet de loi ne sont plus possibles. Le cheval a déjà quitté l'écurie. Donc, nous sommes saisis à présent du projet de loi. Ou alors nous l'adoptons tel quel, ou alors il ne sera pas possible de l'adopter au cours de cette législature, et tout ce travail sera perdu.
Je sais qu'il y en a qui seront bien tristes si cela se produit. Il y a des gens qui ont travaillé très fort pour faire aboutir ce projet et, comme nous l'avons entendu à la dernière réunion, il y a des gens qui continuent à mourir en attendant que le problème soit réglé. Donc, il est certain que beaucoup de larmes seront versées si nous ne faisons pas le nécessaire.
Je suis d'accord avec Mme Chow. L'adoption de ce projet de loi serait un excellent cadeau à faire aux épouses de guerre pour la St-Valentin. Mais, il faut l'adopter sans amendement, afin de faire aboutir tout le processus avant que la législature ne soit dissoute. Nous pouvons toujours rêver, et envisager huit, dix, ou douze amendements différents qui permettraient d'améliorer ce projet de loi, mais je vous dis que le cheval a déjà quitté l'écurie.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président, et honorables membres du comité. Je voudrais effectivement faire un exposé liminaire.
[Français]
Je m'appelle Mark Davidson et je travaille dans le domaine de la citoyenneté, à Citoyenneté et Immigration Canada. Je suis accompagné de mes collègues Ann Heathcote et Lori Beckerman, qui m'aideront à répondre à vos questions.
[Traduction]
Je suis ici aujourd'hui pour vous parler du projet de loi . Il a été démontré que les gens ont besoin de stabilité, de simplicité et de cohérence en ce qui concerne leur statut de citoyen; par conséquent, je vais commencer par vous présenter les grandes lignes des propositions qui ont guidé CIC dans la rédaction du projet de loi C-37, déposé par la ministre Finley le 10 décembre dernier.
Premièrement, aucun citoyen du Canada ne perdra sa citoyenneté par suite des modifications proposées. Les personnes qui posséderont déjà la citoyenneté canadienne, au moment de l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions, la conserveront.
[Français]
Deuxièmement, les personnes qui ont obtenu leur citoyenneté en vertu de la Loi sur la citoyenneté canadienne de 1947 et qui l'ont perdue par la suite seront réintégrées dans la citoyenneté.
[Traduction]
Troisièmement, toute personne née au Canada depuis le 1er janvier 1947 qui a perdu la citoyenneté pourra la recouvrer.
[Français]
Quatrièmement, les personnes naturalisées au Canada depuis le 1er janvier 1947 et qui ont perdu leur citoyenneté y seront également réintégrées.
[Traduction]
Enfin, les personnes nées à l'étranger d'un parent canadien, depuis le 1er janvier 1947, et qui ne sont pas déjà citoyennes canadiennes obtiendront la citoyenneté, si elles appartiennent à la première génération d'enfants nés à l'étranger.
Les seules exceptions seront les personnes qui ont personnellement renoncé à la citoyenneté à l'âge adulte auprès du gouvernement du Canada, et celles dont la citoyenneté a été révoquée par le gouvernement du fait qu'elle avait été obtenue par des moyens frauduleux.
Les modifications qui sont proposées permettront d'attribuer la citoyenneté canadienne à des personnes appartenant à différentes catégories: les personnes qui ont perdu leur citoyenneté canadienne à l'âge adulte ou mineur en devenant citoyennes d'un autre pays; les personnes qui ont perdu leur citoyenneté en prêtant le serment de citoyenneté d'un autre pays, ce qui les obligeait à renoncer à la citoyenneté canadienne; les personnes nées à l'étranger qui ont perdu leur citoyenneté canadienne en vertu de la Loi de 1947 du fait de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour la conserver avant leur 24e anniversaire; et, les personnes communément appelées « bébés frontière » nées sous l'application de la Loi de 1947 qui auraient dû s'enregistrer en tant que citoyennes canadiennes et qui ne l'ont pas fait, et qui n'ont ainsi jamais obtenu la citoyenneté canadienne.
[Français]
Le projet de loi permettra de corriger les problèmes survenus par le passé et de protéger l'avenir de la citoyenneté en limitant le droit à la citoyenneté par filiation à la première génération d'enfants nés à l'étranger. Les personnes nées à l'étranger appartenant aux générations subséquentes n'obtiendront plus automatiquement la citoyenneté canadienne.
[Traduction]
Le projet de loi aura aussi pour effet d'éliminer toute exigence excessivement stricte et peu claire en ce qui concerne la conservation de la citoyenneté. Ainsi, grâce au projet de loi C-37, la citoyenneté sera conférée par la loi — c'est-à-dire, automatiquement. Aucune demande ne sera nécessaire et les personnes qui désireront obtenir un passeport ou une preuve de citoyenneté n'auront aucune date limite à respecter.
Les personnes concernées par leur citoyenneté qui ne possèdent aucune preuve de citoyenneté canadienne pourront communiquer avec notre ministère et nous traiterons leurs cas à mesure qu'elles se présenteront.
[Français]
Les rares cas de personnes nées à l'étranger avant le 1er janvier 1947 ne sont pas visés par les nouvelles dispositions. Autrement dit, le projet de loi n'aura aucune incidence sur leur statut. Le projet de loi respecte l'importance de l'année 1947, car, comme nous le savons, avant le 1er janvier de cette année, la citoyenneté canadienne n'existait pas.
[Traduction]
Lorsque ce sera justifié, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration continuera, dans des cas particuliers et avec l'approbation du gouverneur en conseil, d'exercer les pouvoirs qui lui sont conférés et d'attribuer la citoyenneté en vertu du paragraphe 5(4) de la Loi sur la citoyenneté. Il en sera de même pour des situations imprévues avec lesquelles CIC n'a pas encore eu à composer.
Nous croyons que le projet de loi permettra de résoudre la situation de la plupart des gens dont le statut est actuellement remis en question.
Je vous remercie, monsieur le président.
Avant que vous n'ouvriez la période des questions, je voudrais simplement signaler aux membres que nous leur avons remis un classeur aujourd'hui. Ce classeur contient plusieurs documents: le texte du projet de loi; un aperçu général du projet de loi; un résumé détaillé du projet de loi article par article, qui se trouve à l'onglet 3 du classeur, et, un document présentant certains éléments clés du projet de loi, qui se trouve à l'onglet 4. L'onglet 5 renferme les produits de communication diffusés au moment où le projet de loi a été déposé le 10 décembre, c'est-à-dire, à la fois le communiqué de presse et deux documents d'information.
Je vous signale également que le document d'information qui se trouve à l'onglet 5c) est une liste de cas ou d'exemples fictifs accompagnés d'une description de la procédure qui serait suivie dans ces cas-là aux termes du projet de loi.
De plus, il y a un document à l'onglet 6 qui donne un aperçu général du projet de loi , ainsi que huit documents de fond que nous avons préparés, et qui fournissent de plus amples informations sur diverses questions liées à la limite établie en 1947, la citoyenneté par filiation, les dispositions relatives à l'apatridie, les règles simplifiées touchant la citoyenneté, les interdictions, l'immigration dans la catégorie du regroupement familial, l'exception qui est faite pour les Canadiens en service à l'étranger et, enfin, un document de fond portant sur la rétroactivité.
Vous ayant fourni cette brève explication, monsieur le président, nous sommes maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Je vais vous arrêter là parce que, de toute façon, vous allez revenir mercredi, quand nous allons sans doute entamer l'étude article par article du projet de loi.
Je voudrais vous poser la question que voici: êtes-vous d'accord pour reconnaître que la Loi actuelle sur la citoyenneté présente de graves difficultés? La citoyenneté d'une personne de la deuxième génération née à l'étranger échoit à l'âge de 28 ans. Mais, si cette personne, avant que sa citoyenneté n'échoie à l'âge de 28 ans, donne naissance à un enfant, cet enfant conserve sa citoyenneté canadienne jusqu'à l'âge de 28 ans. C'est bien ça? Il s'agit de la troisième génération. Et si cet enfant donne naissance à un enfant avant d'atteindre l'âge de 28 ans, cet enfant-là sera citoyen canadien jusqu'à l'âge de 28 ans. Donc, aux termes de la Loi actuelle, les générations continuent à se succéder à l'infini dans les mêmes conditions.
Si je vous en parle, c'est parce que les hauts fonctionnaires du ministère ne m'ont jamais dit une telle chose, alors que je suis membre du comité depuis une dizaine d'années. Il me semble que les fonctionnaires du ministère auraient dû nous informer d'un problème de cette gravité-là, alors que ce n'est pas le cas.
Ma question est donc…
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Je comprends la nature du problème.
J'aimerais vous poser maintenant une question à laquelle je n'ai toujours pas obtenu de réponse satisfaisante.
Cela étant — et il va sans dire qu'il nous serait impossible de conserver les documents des membres de toutes ces générations successives — j'ai proposé que chaque fois qu'un Canadien de la première génération né à l'étranger remplit les exigences qui visent actuellement les Canadiens de la deuxième génération nés à l'étranger, ou d'autres exigences éventuellement, vous le considériez comme étant né au Canada, ce qui permettrait de régler le problème auquel nous sommes confrontés actuellement. Cette solution réglerait le problème évoqué par M. Karygiannis, et aurait l'avantage de limiter le nombre de cas d'attribution de la citoyenneté en vertu du paragraphe 5(4).
Ce serait évidemment l'intéressé, et non le ministère, qui aurait à prendre des dispositions pour faire ces preuves. À l'heure actuelle, vous ne savez vraiment pas à quoi vous attendre, alors que dans l'autre cas, vous auriez une idée claire de ce à quoi vous devez vous attendre. C'est une solution relativement simple, selon moi.
Vous avez certainement envisagé cette possibilité. J'aimerais donc que vous m'expliquiez pourquoi vous ne l'avez pas retenue. Pourquoi posait-elle problème?
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J'ai du mal à accepter cela car, à l'heure actuelle, si vous voulez conserver votre citoyenneté, et que vous êtes de la deuxième génération née à l'étranger, vous devez prendre des mesures avant d'atteindre l'âge de 28 ans. Dans ce contexte, les règles à suivre sont très claires. Il faut passer un an au Canada avant d'atteindre l'âge de 28 ans.
Je ne vois donc pas pourquoi on ne pourrait pas tout simplement modifier cette exigence pour que la présence au Canada soit exigée pendant trois ans — ou la même période que l'on exige des immigrants reçus. Une fois que c'est fait, la situation est simple. Le problème n'existe plus. Le problème se pose uniquement si c'est au gouvernement de courir après les gens, plutôt que de pouvoir être considérés comme étant de la première génération née à l'étranger.
J'aimerais savoir si vous pourriez nous fournir des chiffres, pour que nous ayons une idée de l'équilibre à prévoir. Pour ma part, je sais que si nous adoptons ce projet de loi, nous allons régler un gros problème tout de suite, mais nous allons en créer un autre, si bien que nous en serons toujours au même point. C'est un peu comme si on voulait couper le bébé en deux. Je comprends qu'il faut adopter le projet de loi parce qu'une solution s'impose, mais je suis également très conscient du fait que ce faisant, nous allons créer un nouveau problème. Je voudrais donc connaître le chiffre parce que j'espère qu'une fois que nous serons débarrassés du gouvernement actuel, nous aurons un gouvernement qui réussira enfin à régler le problème.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous qui avez travaillé à l'élaboration de ce projet de loi, que le gouvernement dit conforme aux recommandations unanimes du comité. Je voudrais passer en revue avec vous les 13 recommandations qu'il contient. Le temps accordé est de sept minutes, j'ai donc 30 secondes par recommandation.
La première recommandation vise à modifier la Loi sur la citoyenneté. C'est le projet qui est présentement à l'étude.
La deuxième recommandation traite des principes fondamentaux suivants, qui devraient être inclus dans la loi: la citoyenneté est un statut permanent; les règles doivent être claires, simples et faciles à comprendre; on ne peut révoquer un certificat de citoyenneté, sauf en cas de fraude; ces principes s'appliquent à tous, peu importe la date; les vérifications des antécédents ne s'appliquent pas à ceux qui ont acquis leur citoyenneté par la naissance.
Ces principes se retrouvent-ils tous dans le projet de loi à l'étude?
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Je me dois de répéter quelque chose qui a été mentionné à maintes reprises devant le comité. Nous ignorons le nombre de Canadiens nés à l'étranger qui sont de la première, de la deuxième, de la troisième, de la quatrième et de la cinquième générations. Autrement dit, nous sommes au courant des personnes dont nous sommes au courant. Nous ne savons rien sur les autres. Et, en ce moment, il y a des Canadiens de la première, de la deuxième, de la troisième, de la quatrième et de la cinquième générations qui naissent à l'extérieur du Canada qui ne se sont jamais adressés à nous au sujet desquels nous n'avons aucune documentation.
D'après les dispositions de la Loi actuelle, ces personnes sont citoyennes canadiennes et, à cause de ce que prévoit l'article 8, comme M. Telegdi nous l'a déjà indiqué, les enfants de la sixième, de la septième, de la huitième et de la neuvième générations peuvent, sans avoir des liens avec le Canada, obtenir la citoyenneté canadienne. Donc, il importe de comprendre que les chiffres qu'on vous a communiqués concernaient les personnes dont nous sommes au courant, étant donné qu'elles se sont adressées au ministère. Mais nous ne cherchons aucunement à laisser entendre qu'il s'agit là de la population globale, étant donné que nous ne pouvons connaître les personnes qui ne se sont pas adressées au ministère. Aux termes ni de la Loi de 1947, ni de la Loi actuelle, les citoyens canadiens qui ont des enfants à l'étranger ne sont tenus de signaler ces naissances au gouvernement canadien. S'ils veulent, ou s'ils voulaient, que leurs enfants obtiennent la citoyenneté canadienne, ils avaient peut-être certaines démarches à faire, mais la Loi actuelle ne prévoit aucunement qu'ils doivent enregistrer la naissance d'un enfant à l'étranger auprès des autorités canadiennes.
Par conséquent, nous n'avons tout simplement aucun chiffre à vous proposer pour le nombre de membres de la première, de la deuxième, de la troisième, de la quatrième et de la cinquième, ou même de la vingt-cinquième génération nés à l'étranger.
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Merci, monsieur Batters. En fait, l'explication à ce sujet figure dans le premier document de fond dont je vous ai parlé.
La citoyenneté canadienne a été créée par une loi du Parlement au 1er janvier 1947. Avant cette date, les Canadiens étaient considérés comme des sujets britanniques domiciliés au Canada. Donc, le 1er janvier 1947 est une date qui a une importance historique. D'ailleurs, l'importance de cette date a été confirmée par la Cour suprême du Canada dans l'arrêt Benner et, plus récemment, par la Cour d'appel fédérale dans l'affaire Joe Taylor. Donc, le continue à reconnaître l'importance historique de la date du 1er janvier 1947.
Il importe de reconnaître, néanmoins, que des personnes nées avant 1947, soit au Canada, soit à l'extérieur du Canada, bénéficieront du projet de loi. Ce sont des gens qui ont obtenu la citoyenneté canadienne au 1er janvier 1947 — aux termes de cette première Loi — et qui ont ensuite perdu leur citoyenneté, soit parce qu'ils ont omis de conserver leur citoyenneté, soit parce qu'ils ont obtenu une autre citoyenneté et ont été visés en raison des dispositions relatives à la double citoyenneté de la Loi de 1947.
Donc, le aidera un certain nombre de personnes qui sont devenues citoyennes à compter de cette date, soit le 1er janvier 1947.
Cette question a été soulevée plusieurs fois par le passé, et c'en est une qui a été soumise à notre examen par la Légion royale canadienne en particulier. D'ailleurs, le rapport récemment déposé par le comité permanent y fait également allusion.
Le aura effectivement pour résultat de faire table rase en ce sens que ces personnes seront traitées comme des citoyennes, non seulement à compter de maintenant, mais rétroactivement à la date de leur naissance à l'extérieur du Canada, de telle sorte que le document du MDN ou le certificat d'enregistrement d'une naissance à l'étranger sont d'une importance purement théorique. Ainsi, dans la grande majorité des cas, les gens posséderont ce certificat, mais dans les rares cas où ils ne l'auront pas, aux termes du projet de loi C-37, cela ne portera pas à conséquence.
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Merci, monsieur le président.
J'ai un ou deux points à soulever. L'un des aspects notables du concerne la suppression de l'obtention automatique de la citoyenneté par filiation après la première génération née à l'étranger. C'est un élément qui suscite beaucoup de débat.
Cette décision avait l'appui du comité dans son rapport unanime. De plus, lorsqu'elle a comparu devant le comité, la ministre a déclaré qu'elle serait guidée par un certain nombre de principes en rédigeant ce projet de loi. Parmi eux, notons les deux qui suivent: à savoir que le statut de citoyen doit être clair, stable et n'exiger la présentation d'aucune demande, et, deuxièmement, que les citoyens canadiens doivent avoir prouver leur lien avec le Canada. Ce lien avec le Canada vise non seulement les parents d'un enfant, avant la naissance de l'enfant, mais aussi les parents et l'enfant après la naissance de l'enfant.
Je crois savoir qu'il existe une procédure qui est facile à suivre si le parent canadien désire que son enfant de la deuxième génération obtienne la citoyenneté. Cette dernière repose toujours sur le principe selon lequel à la fois le parent et l'enfant doivent prouver qu'ils ont des liens avec le Canada.
Pour la gouverne des membres du comité, pourriez-vous nous éclairer au sujet de cette procédure et nous dire en quoi elle est conforme à ces principes?
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Merci, monsieur Komarnicki.
La procédure en question est celle dont nous avons déjà parlé, et cette même question a été soulevé la semaine dernière à une réunion à laquelle vous avez reçu d'autres témoins. C'est le processus par lequel des citoyens canadiens peuvent parrainer leurs enfants à charge pour les faire venir au Canada à titre de résidents permanents dans la catégorie du regroupement familial, conformément à la LIPR.
Ils ont un créneau de 22 ans, c'est-à-dire la période pendant laquelle l'enfant est à leur charge — et ce créneau peut même être plus long que 22 ans — pour le parrainer. Comme je vous l'ai déjà dit, il est possible de faire les formalités de parrainage à l'étranger, pendant que la famille est à l'extérieur du Canada. Les parrains ne sont pas tenus de respecter des exigences en matière de revenu minimum, et l'enfant n'est pas visé par les exigences qui sous-tendent le critère du fardeau excessif dans le contexte médical. Il s'agit d'une exception à la règle qui vise normalement les enfants à charge de personnes qui sont parrainées par des citoyens canadiens.
Une fois qu'ils arrivent au Canada en tant que résidents permanents, ils bénéficient du traitement accéléré de leur demande de citoyenneté. L'alinéa 5(2)a) de la Loi sur la citoyenneté prévoit un mécanisme de traitement accéléré des demandes de citoyenneté d'enfants mineurs. Ainsi, ils peuvent devenir citoyens canadiens presque immédiatement après leur arrivée au Canada. Ils sont tenus de remplir un formulaire de demande, mais ils n'ont pas à se conformer à quelque critère que ce soit en matière de résidence.
Encore une fois, vous en avez discuté la semaine dernière avec d'autres témoins.