:
Monsieur le président, cette motion est légèrement différente de celle qui a été présentée cet été, en fait. Elle a été habilement formulée pour qu'il soit encore plus difficile de la modifier afin de permettre la même enquête sur le Parti libéral et ses propres activités en 2006 ou en 2004.
Bien sûr, ce sont les libéraux qui l'ont formulée ainsi, parce qu'ils sont bien conscients que leur parti s'est adonné à des activités de la même nature, qui étaient parfaitement légales, et qu'en plus, à la dernière élection, il a posé des gestes clairement illégaux, comme de remettre des enveloppes pleines d'argent à 21 circonscriptions du Québec, où le Parti libéral a en fait volé quelque 40 millions de dollars au Trésor. Ce qui les protège, c'est que ces actes répréhensibles, des actes pour ainsi dire criminels, ont été commis pour la plupart hors de la période que le commissaire aux élections a obtenu l'autorisation d'examiner en vertu de l'ancienne loi électorale, qui était en vigueur à l'époque.
Par conséquent, ils veulent qu'une norme s'applique aux autres et... pas vraiment qu'une norme inférieure s'applique à eux, mais en fait, ils veulent être certains que leurs actes passés, des actes totalement illégaux et pratiquement criminels, qui comme je l'ai dit, équivalent au vol de millions de dollars aux contribuables, ne soient pas visés par le Bureau du directeur général des élections ni par cette Chambre.
Ils ont donc rédigé cette motion un peu plus habilement que l'été dernier pour qu'il soit très difficile de la modifier et de la faire appliquer à des élections antérieures, à des enquêtes qui auraient dû avoir lieu avant, etc.
Par conséquent, l'amendement que je vais proposer, monsieur le président, vise plutôt à supprimer du texte de cette motion les accusations non fondées qu'elle contient et à les remplacer par un libellé moins incendiaire, tout cela sans changer le fond de la motion, qui bien sûr, ne serait pas recevable.
Je propose, monsieur le président, d'enlever l'allusion que contient la motion à une conclusion juridique. Il y est écrit que: « Élections Canada [a refusé] de rembourser certaines dépenses illégitimes présentées par des candidats conservateurs. » Bien sûr, ce sont des dépenses électorales présumées illégitimes.
Encore une fois, le mot « illégitime » est utilisé très habilement. Je soupçonne M. Kevin Bosch, qui est assis parmi le public aujourd'hui, d'y être pour quelque chose. On peut habituellement se fier à Kevin pour se charger de ce type de bassesses chez les libéraux.
Par exemple, Kevin semble avoir participé à...
Je suis en train de débattre du contenu de la motion qui nous est soumise. Si l'objet de la discussion réclamée ici et de la plainte, c'est la question de savoir si l'on a dépensé de l'argent conformément à la Loi électorale du Canada, c'est très bien. Je présume que cela dépasse le mandat du comité, mais je dois dire que je partage votre opinion, monsieur le président, même si la majorité des membres du comité ne la partagent pas.
Ce qui me dérange, bien sûr, c'est qu'il n'y a pas un, mais deux litiges devant les tribunaux en ce moment à ce sujet, dans lesquels Élections Canada, d'une part, affirme qu'il y a eu des dépenses au-delà de ce que permet la Loi électorale du Canada et le Parti conservateur du Canada, d'autre part, affirme que non seulement ces dépenses sont permises, mais qu'elles sont remboursables et qu'Élections Canada manque à son obligation découlant de la Loi électorale du Canada de les rembourser. Je parle plus précisément des dépenses des associations de circonscription pour la publicité, qui peuvent être remboursées à 60 p. 100 selon la Loi électorale du Canada. En ne le faisant pas, Élections Canada diverge d'une interprétation légitime de la loi.
Il importe de ne pas oublier que ce sont là des interprétations différentes de la Loi électorale du Canada sur lesquelles les tribunaux ne se sont pas encore prononcés. Tout comme le Parti conservateur du Canada ne prétend pas et n'oserait pas prétendre qu'Élections Canada agit de façon illégitime, Élections Canada n'accuse pas le Parti conservateur d'agir de façon illégitime non plus. Ce ne sont certainement pas des mots que tous ceux qui nous regardent à la télévision devraient interpréter comme voulant dire « illégal ». Ce sont des points de vue différents légitimes, sur lesquels se penche l'un de nos tribunaux, la cour, qui devra déterminer quelle est l'interprétation correcte de la Loi électorale du Canada.
Bien honnêtement, les libéraux manquent de scandales... En fait, c'est plutôt le contraire, ils n'en manquent pas, mais ils ne trouvent pas assez de scandales à faire éclater sur les autres et espèrent pouvoir faire tout un spectacle à ce comité, comme ils n'ont pas réussi à en faire un à la Chambre des communes, pour que leurs allégations soient reprises et traitées sérieusement par les médias. Je trouve tout cela bien malheureux.
Pour prévenir ce cirque, monsieur le président, je propose de modifier la motion de la façon suivante. À l'avant-dernière ligne de la version française, après le mot « dépenses » et avant le mot « présentées » on ajouterait les mots suivants: « qui ne seraient pas conformes aux limites de dépenses prévues dans la Loi électorale du Canada ».
Je devrais m'arrêter là, ces mots s'ajouteraient après le mot « dépenses » et remplaceraient le mot « illégitimes », qui figure à l'avant-dernière ligne. La version française de la motion se lirait donc comme suit:
... les agissements [...] qui ont mené Élections Canada à refuser de rembourser certaines dépenses qui ne seraient pas conformes aux limites de dépenses prévues dans la Loi électorale du Canada présentées par des candidats conservateurs.
Je pourrai poursuivre ce débat plus tard, mais c'est le changement de fond que je propose.
:
Merci, monsieur le président.
Pour parler directement de l'amendement, monsieur le président, nous n'avons jamais prétendu que le problème, c'était les limites. Élections Canada a conclu — donc je ne pense pas que nous ayons besoin du conditionnel ou d'un mot comme « présumer » parce que c'est une constatation d'Élections Canada — que ces dépenses n'ont pas été engagées pendant la campagne des candidats, mais plutôt pendant la campagne nationale. C'est là la question, monsieur le président. Il ne s'agit pas de déterminer si les limites étaient trop élevées ou trop basses ou si les dépenses respectaient les limites prévues pour les campagnes. En fait, nous sommes d'avis que ces dépenses outrepassent la limite de la campagne nationale étant donné qu'Élections Canada les a rejetées parce qu'elles ont été faites par le candidat local.
M. Reid est très futé et il est très capable d'essayer de mettre la question sur la touche, de l'obscurcir ou d'essayer de gagner du temps. Nous avons beaucoup tourné autour du pot en septembre, monsieur le président. L'enjeu, c'est qu'Élections Canada a constaté qu'un certain nombre de candidats conservateurs, dont certains ont été élus, ont réclamé pour leur campagne des dépenses qu'Élections Canada a jugé inacceptables parce qu'elles avaient été faites dans le cadre d'une campagne locale. Du coup, Élections Canada les a rejetées et a refusé de rembourser ces dépenses, dont 60 p. 100 viendraient de l'argent des contribuables. Élections Canada l'a refusé. À notre avis, le Parti conservateur gaspille encore l'argent des contribuables à essayer de gagner du temps devant les tribunaux, sous prétexte qu'ils auraient droit à ces faux remboursements.
Monsieur le président, si nous voulons nous pencher sur la question, c'est que beaucoup de candidats conservateurs l'ont demandé et ont déjà offert de venir expliquer pourquoi ils ont été contraints d'agir de la sorte, pourquoi on leur a dit qu'ils devaient participer à cela.
[Français]
M. Jean Landry, un candidat conservateur de la province de Québec, a dit à maintes reprises devant des caméras de télévision qu'on l'avait forcé à participer à ce scénario. Il ne croyait pas que c'était légitime et il a indiqué qu'il souhaitait avoir la chance de venir témoigner publiquement sur le fait que le Parti conservateur a insisté pour qu'il participe.
De la même manière, j'ai reçu la semaine dernière un appel d'une autre candidate conservatrice, Mme Fortier, qui a dit qu'elle voulait venir témoigner. Elle a offert de venir témoigner, elle a téléphoné à mon bureau pour dire qu'elle voulait témoigner au sujet de cette situation nébuleuse.
Monsieur le président, nous souhaitons aller de l'avant et éviter les tactiques des conservateurs visant simplement à retarder les travaux. À notre avis, l'amendement de M. Reid change complètement l'utilité de l'exercice. La question ne concerne pas les limites, mais la raison pour laquelle Élections Canada a refusé formellement de rembourser des montants réclamés par des candidats conservateurs pour la publicité qu'ils ont achetée localement mais qui, selon Élections Canada, était bel et bien une publicité nationale. Malheureusement, si on totalise ces dépenses, le Parti conservateur a peut-être dépassé la limite nationale d'au-delà d'un million de dollars. Telle est la question.
[Traduction]
M. Reid essaie de changer la question. Il ne s'agit pas des limites. C'est une question technique: pourquoi Élections Canada estime-t-il que 66 remboursements à des candidats conservateurs... et nous croyons qu'Élections Canada devrait examiner les dépenses d'autres personnes, dont le candidat conservateur de Guelph, qui a été balancé comme candidat, comme nous l'avons vu hier soir. Nous estimons que cette campagne pourrait elle aussi mériter une vérification d'Élections Canada. Nous trouvons étrange qu'il ait été simplement nommé candidat hier sans cérémonie, mais le Parti conservateur pourra nous expliquer pourquoi il s'éloigne tant de la démocratie à laquelle il tenait tant il y a quelques années.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, Mme Redman vient d'affirmer qu'elle s'oppose à ma proposition d'amendement parce qu'elle est inexacte. Elle n'a pas précisé en quoi elle l'était, donc je présume qu'elle ne parle pas d'une nouvelle inexactitude qu'elle allait nous expliquer, mais plutôt d'une chose qui a déjà été mentionnée. Je présume qu'elle fait allusion aux propos de M. LeBlanc, qui s'est opposé à mon utilisation du conditionnel ou du verbe « présumer » dans la motion, puis qui a dit qu'Élections Canada avait « constaté » des violations de limites et qu'il avait « prétendu » des choses. Ce sont les deux termes qu'il a utilisés.
Bien sûr, « prétendre » et « présumer » sont synonymes, monsieur le président. Je pourrais peut-être envoyer un dictionnaire analogique au bureau de M. LeBlanc pour l'aider à l'avenir. Pour ce qui est du mot « constater », je suppose qu'on pourrait dire qu'une constatation en droit est quelque peu différente. Je préciserais donc à M. LeBlanc qu'Élections Canada n'est pas un tribunal; Élections Canada est un organisme administratif. Il interprète effectivement la loi. Il souligne aussi dans ses bulletins d'interprétation que ses interprétations ne sont pas contraignantes, et les membres du comité se rappelleront que j'ai attiré leur attention sur ce point quand M. Mayrand, notre directeur général des élections, a comparu devant notre comité avant sa nomination. Ce sont ses interprétations, et les tribunaux peuvent les corriger.
Élections Canada lui-même ne prétend pas faire des constatations. Il fait des tentatives d'interprétation et le dit explicitement. Ce sont des interprétations sincères. M. Mayrand et ses collègues croient que c'est la bonne interprétation de la loi, mais ils ne constituent pas eux-mêmes un organisme juridictionnel. Ils ne constituent pas un organisme judiciaire ni quasi judiciaire. C'est un organisme qui cherche à faire appliquer la loi, à repérer les infractions potentielles à la Loi électorale du Canada et à ce stade, il existe divers recours à sa disposition, mais en bout de ligne, il doit s'adresser aux tribunaux et régler la question devant les tribunaux, comme il le fait en ce moment. Comme il administre aussi la loi activement, notamment en donnant des remboursements, il est totalement légitime que quelqu'un, encore une fois, estime sincèrement qu'on lui a refusé un remboursement auquel il avait droit. Cette personne peut d'ailleurs demander réparation, mais elle doit s'adresser à un autre organisme comme un tribunal pour cela, parce que c'est ainsi que le système fonctionne.
M. LeBlanc préférerait que nous n'utilisions pas les tribunaux, mais cet organisme, notre comité, comme processus parallèle pour juger d'infractions qui ne découlent pas véritablement de la loi. Elles découlent d'une quelconque interprétation que les libéraux estiment pouvoir utiliser pour déterminer ce qui est légitime et ce qui ne l'est pas. Le tribunal représente l'opinion publique. Bien sûr, ils espèrent avoir la mainmise sur la nature de l'audience pour qu'une pratique des conservateurs et des libéraux soit considérée illégitime quand il s'agit des conservateurs, mais qu'il n'y ait aucune occasion de montrer que les libéraux font la même chose, par exemple. Ils veulent aussi s'assurer que leurs propres pratiques, dont certaines constituaient non seulement une infraction à la Loi électorale du Canada, mais un vol de deniers publics de l'ordre de millions de dollars, comme je l'ai dit, soient aussi exclues de l'enquête.
En fait, Mme Redman a souligné quelque chose d'intéressant, soit que nous ne voulons pas participer aux vérifications. À juste titre, il y a eu des vérifications sur une personne comme notre collègue de , qui semble échanger de l'argent dans des enveloppes, pour pouvoir dépenser au-delà de la limite. Bien sûr, c'est un député libéral qui, selon les membres de sa propre famille, échangeait des enveloppes d'argent afin de payer diverses dépenses au-delà de la limite.
Monsieur le président, j'essaie simplement, dans ma proposition d'amendement, de rayer des mots qui laissent supposer un verdict de culpabilité pour les remplacer par un vocabulaire plus anodin, plus neutre et non préjudiciable pour décrire l'objet du litige.
Il me semble que cette proposition est bien supérieure à la proposition originale. Concernant cette dernière, il faut comprendre ce qui se passe ici. Voici un groupe partisan, qui vote toujours selon les lignes du parti, qui prononce des discours pour les caméras au lieu de procéder à une recherche des faits qui serait légitime et valable. On cherche ici à faire en sorte qu'à la fin de la présente séance du comité, les libéraux pourront se tourner vers les caméras et dire « Regardez, le comité enquête sur les agissements illégitimes d'un des partis. Cela prouve — parce que les tribunaux ne comptent pas, apparemment, aux yeux des libéraux — que cette pratique terrible, illégitime existe, non pas une pratique illégale, mais simplement illégitime selon certaines normes que nous seuls connaissons et que nous n'allons pas dévoilées au public. Nous devrions tous être scandalisés, horrifiés, etc.
Monsieur le président, les propositions sont inexactes, mais j'ai l'impression que les députés libéraux ont déjà décidé de la façon dont ils vont voter. Puisqu'il est peu probable que nous aurons une discussion juste ou raisonnable pour changer le libellé sans toucher au fond de la question, mais en enlevant simplement la présomption de culpabilité, et puisqu'il est clair, selon moi, que nous n'allons pas avoir une discussion juste même pour apporter cette modification mineure, je vais retirer l'amendement que j'ai proposé.
:
Monsieur le président, comprenons bien ce qu'ils sont en train de faire. M. Godin a parfaitement raison. La question n'est pas de savoir si les partis peuvent transférer des sommes d'argent pour les campagnes locales; c'est une pratique acceptée. Élections Canada n'a pas déterminé ou établi — peu importe le mot que M. Reid préfère — que c'était là le problème. Le problème, c'est que le Parti conservateur a transféré des sommes d'argent à des circonscriptions pour des dépenses qui, selon Élections Canada, ne sont pas des dépenses locales légitimes. Elles n'étaient pas occasionnées par la campagne. C'était en fait des dépenses de publicité de la campagne nationale. Et M. Godin a raison, le problème, pour tout le monde, c'est qu'ils ont soudainement dépassé la limite des dépenses nationales de plus d'un million de dollars.
En ce qui a trait à l'amendement, en essayant encore une fois de retarder la conclusion du comité, M. Lemieux parle des élections de 2004. J'aurais espéré qu'il ait la chance de lire le livre du professeur Flanagan. Ce dernier dit très clairement qu'ils ont songé à ce stratagème en 2004, mais comme ils n'avaient pas l'argent, ils ont rejeté l'idée; la bonne nouvelle, c'est qu'en 2006, ils ont trouvé une façon de contourner les limites de dépenses d'une campagne nationale fédérale en procédant exactement de cette façon. Je crois donc que le professeur Flanagan a éclairé ses collègues conservateurs à la lumière de la campagne de 2004.
[Français]
La question demeure, monsieur le président.
En 2004, le professeur Flanagan a été très clair. À cette époque, les conservateurs avaient considéré contourner la Loi électorale de cette façon, mais, pour toutes sortes de raisons — peut-être n'avaient-ils pas assez d'argent, n'étaient-ils pas suffisamment certains ou pensaient-ils perdre quand même —, ils ne l'ont pas fait. Alors, l'amendement de M. Lemieux, une tactique visant simplement à retarder le processus, une autre obstruction systématique, a donc franchement été retiré du paysage par le professeur Flanagan, qui a conclu cependant qu'en 2006, les conservateurs avaient trouvé une façon géniale de contourner la limite électorale en dépassant de plus d'un million de dollars la limite nationale.
[Traduction]
Monsieur le président, il s'agit d'un effort systématique et concerté d'une campagne nationale. Nous ne parlons pas d'un candidat qui a perdu des reçus pour l'achat de pizzas. Ce n'est pas là le problème. Le problème, c'est que 66 équipes électorales du Parti conservateur — et certains candidats l'ont dit — ont subi des pressions de la campagne nationale et des courriels insistants de certaines personnes comme M. Donison leur disant « vous devez signer un virement bancaire avant que nous vous transférions de l'argent; ce n'est qu'une entrée et sortie de fonds. » C'est ce qu'ils ont dit.
Monsieur le président, M. Lemieux dit que nous devrions examiner les pratiques des autres partis. Eh bien, c'est ce qu'a fait Élections Canada, qui a constaté que seules les pratiques du Parti conservateur ne sont pas conformes à la loi.
[Français]
Monsieur le président, l'idée ridicule voulant qu'il faille examiner ce que les autres partis ont fait dans le cadre d'élections passées ne tient pas debout. Élections Canada, qui a le mandat d'appliquer la loi, a fait enquête et déterminé qu'en 2006, seul le Parti conservateur avait contrevenu à la loi de façon inquiétante, et ce, dans 66 circonscriptions, voire peut-être plus. Les gens d'Élections Canada ont référé ces dossiers au commissaire aux élections, ont refusé de procéder au remboursement illégitime des dollars des contribuables réclamés par les conservateurs et ont ouvert une enquête qui pourrait éventuellement mener à des poursuites au criminel.
[Traduction]
Voilà le problème. Le Parti conservateur a tenté de façon systématique de contourner les limites de financement électoral par un processus de blanchiment.
Monsieur le président, M. Lemieux n'est pas sincère lorsqu'il propose au comité d'examiner les pratiques des autres partis. Élections Canada le fait...
:
Merci, monsieur le président.
M. LeBlanc a dit un certain nombre de choses qui, à mon avis, sont inexactes, même si je ne vais pas le dénigrer en essayant d'expliquer pourquoi il les a dites. J'aimerais toutefois faire remarquer qu'il utilise un langage excessif, ce qui, à mon avis, est le problème sous-jacent ici, et c'est la raison pour laquelle j'ai proposé cet amendement. Il a utilisé, par exemple, le mot « blanchiment ». Je ne vais pas présumer de son intention. Je vais vous dire quelles sont, à mon avis, les conséquences pratiques de l'utilisation d'un langage subjectif ou excessif.
Blanchiment. Blanchiment d'argent. Je présume que certaines personnes pourraient croire, d'après le discours enflammé de M. LeBlanc et d'autres, que des manoeuvres de cette nature ont eu lieu. Comprenons bien ce qu'est le blanchiment d'argent. Le blanchiment d'argent consiste à créer des activités imaginaires, comme des jeux de hasard, pour cacher des sommes d'argent provenant d'une source illégale, comme le trafic de stupéfiants, par exemple, ou quelque chose de cette nature. C'est tellement loin de la question qui nous occupe qu'ils ne sont même pas prêts à le dire ici, alors qu'ils sont protégés par l'immunité parlementaire et ce genre de chose, parce que c'est un outrage. Mais il n'y a pas de problème à utiliser ce discours dans l'espoir de créer un malentendu, monsieur le président.
En fait — et M. LeBlanc a dû le souligner dans ses observations — Élections Canada n'est pas un organisme d'arbitrage, mais un organisme qui interprète la loi et cherche à l'appliquer et, lorsque son interprétation contredit d'autres interprétations, l'organisme soumet la question à une autorité supérieure pour régler la question et, comme il l'a dit, la question a été soumise au commissaire aux élections fédérales. Le dossier a été transmis à une autorité supérieure qui a un certain pouvoir d'arbitrage, bien que le commissaire doive, lui aussi, s'adresser aux tribunaux.
Alors, Élections Canada n'est pas à un doigt d'être un organisme d'arbitrage, mais bien à deux doigts. Il n'intente pas de procédures devant les tribunaux. C'est le commissaire aux élections fédérales qui le fait. Alors, voici que nous sommes accusés. Eh bien, c'est terminé; Élections Canada a rendu la décision; n'attendons plus après ces tribunaux ridicules. Soyons sérieux et essayons d'imposer une double incrimination ici dans cette Chambre et espérons que le tribunal conclura rapidement que c'est une chose horrible.
Évidemment, au bout du compte, les tribunaux vont rendre une décision. Ils vont peut-être statuer, monsieur le président, que le Parti conservateur et ses divers agents officiels ont agi conformément à la Loi électorale du Canada en dépensant l'argent d'une façon qui était légitime... peut-être pas de la façon dont les libéraux l'avaient prévue, ou que leurs coffres leur auraient permis de le faire eux-mêmes en 2006, parce que cette année-là, contrairement à 2004, ils manquaient d'argent, comme M. LeBlanc l'a souligné.
Ce qu'il faut retenir ici, c'est que l'interprétation d'Élections Canada sera confirmée ou non confirmée. Dans ce dernier cas, l'organisme devra remettre de l'argent au Parti conservateur du Canada pour des dépenses légitimes. Par ailleurs, il est toujours possible — bien que je doive dire personnellement, d'après un examen posé des faits, que je crois qu'Élections Canada a tort — que les tribunaux confirment l'interprétation de la loi. Si c'est le cas, il y aurait alors quelques conséquences en vertu de la loi.
Toutefois, la chose dont nous parlons n'est pas aussi radicale ou aussi grave que ce que sous-entend M. LeBlanc. Le mot « illégitime » est inapproprié, et il est tout simplement déplacé de laisser entendre que quelque chose de beaucoup plus grave s'est produit. Ils peuvent s'en tirer en disant ces choses pour la seule raison que nous n'avons pas les contraintes qui existent dans le système judiciaire et c'est pourquoi, monsieur le président, nous ne rendons pas de jugement à la Chambre des communes ni au sein des comités. Monsieur le président, c'est pourquoi nous avons pour politique de ne pas essayer de tirer des conclusions de fait dans ces tribunes. Ce n'est pas notre rôle. Notre objectif est d'essayer d'élaborer des politiques et de veiller à ce qu'elles soient mises en oeuvre.
Monsieur le président, j'aimerais dire autre chose au sujet de l'interprétation de la loi faite par Élections Canada. On pourrait croire, d'après les commentaires de M. LeBlanc et d'autres députés libéraux, qu'obtenir l'interprétation d'Élections Canada ressemble, de par son niveau d'autorité, à parvenir au sommet du mont Sinaï et à parler au buisson ardent. On croirait qu'il faut traiter cette interprétation avec le même respect que méritait Moïse lorsqu'il est descendu de la montagne avec la table des dix commandements sous le bras. Voici les mêmes personnes qui ont attaqué et ridiculisé le directeur général des élections à cause de la décision qu'il a rendue sur le vote à visage couvert, son interprétation de la loi à ce sujet. Alors je ne sais pas s'ils croient que cet homme ne peut pas du tout interpréter la loi, qu'il ne comprend pas la loi, ou s'ils croient que son interprétation de la loi est parole d'évangile, nonobstant le fait que la loi elle-même précise que son interprétation doit être soumise à un processus — deux processus, en fait, en passant d'abord par le commissaire aux élections, qui rend ensuite sa décision, puis par le système judiciaire — avant que nous obtenions une décision, parce qu'il est faillible.
Ils veulent avoir le beurre et l'argent du beurre, évidemment, et nous soupçonnons qu'ils veulent tirer leur épingle du jeu avec les élections de 2004 et, lorsque quelqu'un d'autre fait la même chose qu'eux lors des élections de 2006, ils disent « Oh, non, ce n'est pas légitime ». Voilà une des raisons — et il y en a d'autres — pourquoi les libéraux ne veulent absolument pas discuter des élections de 2004. Il y a eu une époque, monsieur le président — je m'en souviens très bien, j'étais au Parlement à ce moment-là — où le Parti libéral était le seul à nager dans l'argent. Ils s'étaient engagés dans des activités, dont certaines étaient tout à fait légales, semblables à celle-ci, et d'autres qui étaient, pour dire vrai, tout à fait illégales. Elles n'étaient pas seulement contraires à la loi électorale, mais contraire à la loi, point: le transfert de fonds dans des enveloppes — des enveloppes d'argent — à 21 circonscriptions du Québec par le Parti libéral.
M. Godin avait bien raison de dire qu'il est légitime de transférer des fonds aux circonscriptions, et c'est vrai lorsque vous consignez les sommes, qu'elles ne dépassent pas une certaine limite et que des reçus sont émis. Ce n'est pas légitime de bourrer des enveloppes d'argent, pas plus qu'il était légitime que tous ces agents libéraux se voient remettre ces enveloppes d'argent sur lesquelles la commission Gomery s'est penchée dans le cadre de ce scandale du Parti libéral.
Ce serait un euphémisme de dire que les commentaires de M. LeBlanc sont hors propos, monsieur le président.
Selon moi, il y a trois bonnes raisons pour lesquelles ils ne veulent pas que cette motion soit modifiée afin qu'on examine leurs dépenses de 2004 et de 2006 ainsi que les nôtres. Ils souhaitent que l'étude ne porte que sur 2006, que sur le Parti conservateur, et il y a, selon moi, quatre raisons à cela, monsieur le président, et les voici.
Premièrement, il deviendrait vite apparent que les libéraux ont fait exactement la même chose, et ils en avaient le droit puisque c'est légitime. Mais voici une tendance que nous observons chez ces gens-là. Vous rappelez-vous la crise de Rosh Hashana? Quelqu'un avait reçu une carte de Rosh Hashana du premier ministre ou d'un député conservateur. Quoi qu'il en soit, c'était tout un scandale, et la députée de Thornhill, une députée libérale, était indignée. C'était une crise. D'où cela venait-il? Quels vils moyens ont été utilisés pour obtenir le nom de cette personne et lui envoyer une carte de Rosh Hashana? Puis on a découvert que la même députée avait envoyé des cartes de Rosh Hashana aux gens qui ne lui avaient fourni aucun des renseignements qu'elle trouvait si mystérieux.
Monsieur le président, on voit ici qu'une chose est acceptable lorsque les libéraux la font et qu'elle vire au scandale lorsque quelqu'un d'autre agit de même. Puis, lorsqu'on découvre que les libéraux faisaient la même chose que ces ignobles conservateurs, soudainement le problème disparaît, le sujet est mis aux oubliettes et on n'en parle plus. C'est la façon dont ils fonctionnent au Parlement.
En l'absence de véritables scandales, ils en inventent; ils puisent dans leur propre bagage, trouvent des activités dans lesquelles ils s'étaient eux-mêmes engagés, mais qui n'étaient pas illégales; ils disent ensuite que ces gens-là font ces choses-là. Espérons seulement que personne ne remarquera que nous faisions cela aussi, et nous pourrons les accuser de faire des choses illégitimes, en présentant cela comme si les termes « illégitime » et « illégal » étaient des synonymes; puis nous pouvons nous engager dans une procédure parallèle à la procédure judiciaire en cours.
Je suis certain que tout le monde dans cette salle serait bien embarrassé si nous disions que le comité mènera une enquête sur le contenu de leur tiroir à bas et à sous-vêtements. Si une telle enquête était menée, nous éprouverions tous la même gêne, alors concentrons-nous sur le contenu du tiroir d'un seul membre du comité, pas tous, et espérons que nous pourrons le mettre dans l'embarras. Or, ce n'est pas nécessairement contraire aux règles d'avoir des bas non assortis dans votre tiroir. Bien d'autres choses le sont, mais ce n'est pas illégal ni illégitime d'avoir du désordre dans votre maison. Ceci n'est pas illégal, ni illégitime, mais si nous pouvons nous concentrer sur les agissements d'un parti, les présenter hors contexte, alors nous pourrons peut-être attirer l'attention des médias. Voilà la première raison.
Deuxième raison. Les libéraux veulent examiner les livres de 2006, mais pas ceux de 2004 parce qu'ils nageaient dans l'argent cette année-là. En 2006, ils manquaient d'argent, et les choses avaient changé. Le Parti conservateur, qui apparemment obtient des meilleurs résultats dans ses campagnes de financement que le Parti libéral — du moins dans des activités légales de financement...
J'ai entendu les commentaires d'un de mes opposants à ce sujet. Je crois que personne ne remettrait en question le fait que la somme d'environ 3 millions de dollars recueillie par le Parti conservateur, qui a été déclarée à Élections Canada, a été recueillie de façon légale et que la somme de 800 000 $, je crois, que les libéraux ont amassée a été recueillie légalement. Le fait est que nous recueillons environ quatre fois plus d'argent qu'eux. Et c'est un phénomène que nous observons depuis un certain temps.
Les libéraux manquaient d'argent. Ils ne pouvaient pas faire certaines choses. Or, une activité légitime devient illégitime dès qu'ils ne peuvent plus s'y prêter. C'est bon seulement lorsque les libéraux peuvent le faire. Puis, au fil du temps, les circonstances changent et cette crise, attribuable au fait que personne ne veut donner de l'argent au Parti libéral parce que personne ne lui fait confiance pour gouverner le pays, devient un prétexte pour remettre en question les agissements d'un autre qui recueille de l'argent et le dépense légalement, ce qui est maintenant perçu comme étant illégitime. Toutefois, pour éviter de nous retrouver dans le même embarras où nous avons été plongés lorsqu'il a été démontré que Susan Kadis avait envoyé elle-même des cartes de Rosh Hashana, alors qu'elle avait accusé d'autres personnes d'infamie pour avoir fait la même chose, nous devons formuler cette motion de manière à exclure la période où nous étions nous-mêmes engagés dans ce genre d'activité, parce que nous avions plus d'argent à notre disposition.
Voilà la deuxième raison.
Troisième raison. Monsieur le président, les libéraux ne sont pas très chauds à l'idée de retourner en arrière et de creuser dans le passé. Lorsque cette question a fait surface au début de septembre, et notre comité tenait des réunions à ce moment-là, vous vous rappellerez peut-être qu'on avait proposé de modifier une motion semblable des libéraux pour reculer non seulement aux élections de 2004, mais avant cela — c'étaient les élections où les enveloppes d'argent circulaient abondamment, une période visée par la règle en matière de prescription prévue par la Loi électorale du Canada — et pour mener une enquête sur toutes les pratiques mises en oeuvre durant la période du scandale des commandites, après le référendum de 1995.
Nous ne voudrions pas aller dans cette direction, monsieur le président, n'est-ce pas, parce que certaines choses étaient carrément illégitimes, carrément illégales, et toutes ont été commises par le Parti libéral. Ce n'était pas le Bloc, ni le NPD, ni le Parti conservateur ni les prédécesseurs du Parti conservateur. C'était le Parti libéral du Canada qui faisait des choses qui, peu importe les critères qu'on applique, mais certainement selon les critères des tribunaux, sont des agissements illégaux touchant au financement des campagnes électorales. Alors ils ne veulent pas la tenue d'une pareille enquête.
Et je souligne encore une fois que 21 circonscriptions du Québec ont reçu des enveloppes d'argent. Nous ne savons pas lesquelles, parce que l'ancien premier ministre Martin a rédigé le mandat de la Commission Gomery de façon à ce que celle-ci ne fasse enquête que sur certains aspects du programme des commandites et non sur les aspects qui auraient impliqué le Parti libéral lui-même. La vérificatrice générale avait attiré l'attention sur une panoplie d'activités, et un des chapitres de son rapport — je crois que c'était le chapitre 7 — a été précisément exclu du mandat de la Commission Gomery. Alors le juge Gomery pouvait se pencher sur certaines choses, mais devait arrêter son examen à un moment donné.
C'est une boîte de Pandore, monsieur le président, que les libéraux ne veulent vraiment pas rouvrir. C'est pourquoi ils ne visent que 2006 et rien d'autre. Nous ne voulons pas d'un contexte temporel, nous ne voulons pas d'un contexte multipartite, nous voulons une information hors contexte. Et nous ne voulons rien qui fasse appel à ces petits tribunaux dérangeants, qui doivent fonder leurs conclusions sur ce que dit la loi, parce que notre objectif ici est...
M. Joe Preston: De mettre quelqu'un dans l'embarras.
M. Scott Reid:Merci, monsieur Preston.
C'est de mettre quelqu'un dans l'embarras. Ce n'est pas vraiment de découvrir ce qui s'est passé; c'est simplement de fouiller dans le tiroir à sous-vêtements de quelqu'un, de lire ses vieilles lettres d'amour, de fouiller dans ses poubelles et ainsi de suite, pour prendre cette information hors contexte et voir ce qui retiendra l'attention — lancer de la boue sur un mur et voir ce qui restera collé.
Cela m'amène à la quatrième raison, monsieur le président, pour laquelle les libéraux ne veulent pas parler de leurs dépenses en même temps que des nôtres et ne veulent pas, comme l'amendement de leur motion le propose, examiner les livres de 2004 et ceux de 2006. La raison est qu'ils ne pourraient pas procéder à une double incrimination de facto. Le concept de double incrimination et son interdiction au Canada — et dans tous les pays civilisés, dois-je ajouter — reposent sur l'idée qu'une personne accusée d'avoir commis un acte illégal, un acte qui dépasse les limites de la légalité, ne peut être accusée qu'une seule fois et comme vous le savez, bien sûr, l'affaire est devant les tribunaux.
Je dois mentionner que l'action en justice a été intentée par le Parti conservateur, qui essaie de récupérer son argent, et non l'inverse.
Les libéraux se rendent compte qu'il y a de bonnes chances que les tribunaux rendent une décision en notre faveur. Eh bien, ils ne le veulent pas. Ils ne peuvent rien faire pour les empêcher, Dieu merci, sinon nous serions en train de débattre d'une motion visant à empêcher les tribunaux de se pencher sur ce dossier parce que notre comité est beaucoup mieux placé, aux yeux des libéraux, pour traiter des questions comme celle-là. Toutefois, les tribunaux vont décider au bout du compte comment la loi doit être interprétée, et c'est là toute la question: comment la loi devrait-elle être interprétée? Les lois sont parfois rédigées de sorte à permettre diverses interprétations légitimes. En fin de compte, les tribunaux doivent décider laquelle de ces interprétations est légitime.
Nous, les membres du comité, avions interprété la loi électorale, la partie portant sur l'identification, différemment du directeur général des élections pour ce qui est du vote à visage couvert. Je crois personnellement, avec tout le respect que je lui dois, que l'interprétation du directeur général des élections n'était pas bonne et que la nôtre l'était, mais je respecte son interprétation, c'est-à-dire que je crois qu'elle a été faite de façon légitime. Nous avons tous hâte d'adopter une loi pour palier l'interprétation de cette même loi qu'a faite le directeur général des élections au regard de l'adresse des électeurs en milieu rural, le fait qu'il n'y ait pas d'adresse municipale, un emplacement physique, indiqué sur le permis de conduire ou d'autres pièces d'identité. La loi a été adoptée et personne ne croyait alors que cela pouvait poser problème, non seulement nous, mais aussi les experts. M. Mayrand et son prédécesseur, M. Kingsley, ont comparu devant nous, et ni l'un ni l'autre n'avaient entrevu ce problème.
Monsieur le président, j'utilise cette analogie pour montrer qu'une même loi peut être interprétée de multiples façons et qu'il est légitime d'avoir des interprétations divergentes. S'il n'y avait pas d'interprétations divergentes et si nous interprétions tous la loi de la même façon, nous n'aurions plus besoin des tribunaux. Nous aurions seulement une police, sans système judiciaire. Il n'y aurait plus de litiges à régler parce que tout serait clair: voici la loi, vous l'avez respectée ou vous ne l'avez pas respectée, et nous allons vous traiter en conséquence, et c'est tout. Évidemment, les rares fois où l'on agit ainsi, c'est dans des états policiers. Nous n'agissons pas de cette façon ici, monsieur le président; nous avons un système judiciaire. Toutefois, les libéraux aimeraient le mettre de côté parce qu'il y a un très grand risque...
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Monsieur le président, en fait, je comprends l'observation de Mme Redman. Vous-même avez remarqué que j'entrais un peu trop dans les détails et que vous auriez sans doute compris où je voulais en venir sans que j'aie besoin de donner autant d'exemples.
Toutefois, ce que j'essayais de dire, c'est qu'il y a différentes interprétations légitimes de la loi. Vous remarquerez que j'emploie le terme « légitime » maintenant. Évidemment, j'en reviens à ma préoccupation au sujet du terme « illégitime ». Sachez qu'on peut interpréter la loi différemment sans que ce soit « illégitime », c'est pourquoi je trouve qu'il est inapproprié d'employer ce terme.
Je disais donc qu'il y a quatre raisons pour lesquelles les libéraux s'opposent à un examen des dépenses qu'ils ont engagées en 2004 et 2006. Je parlais de la quatrième. Comme vous le savez, il y a un processus à suivre pour ce genre de choses, mais les libéraux veulent avoir une discussion dans le seul but de porter des jugements hâtifs avant que les tribunaux n'aient eu la possibilité de se prononcer.
Au bout du compte, quoi qu'il arrive, que ce soit en contexte ou hors contexte, le jugement de ce comité servira de conclusion préliminaire. En définitive, les tribunaux décideront si le Parti conservateur a droit aux remboursements qu'il réclame ou si, en fait, son interprétation était erronée. Et lorsque cela arrivera, toute cette histoire tombera dans l'oubli.
Cependant, monsieur le président, je pense que ce qui préoccupe les libéraux, c'est l'imminence d'élections et le fait qu'ils feraient leurs choux gras de cette affaire. Les faits peuvent parler contre eux, mais nous pouvons fixer une série d'audiences au cours desquelles certaines preuves seront présentées et des gens interrogés... Et M. LeBlanc a insinué dans ses remarques — ou précisément affirmé — qu'on demanderait aux témoins si on les a incités ou même obligés à agir de la sorte. De toute façon, ces questions sont toutes subjectives. Ce ne sont pas des questions de droit. On ne demandera pas aux témoins si certaines personnes les ont forcés à commettre un acte illégal, par exemple à trafiquer leurs livres de dépenses. Ce serait une violation de la loi. Non, on s'en tiendrait à des questions indirectes. Mais cela fera un bon spectacle, et par chance, si des élections ont lieu entre le début des audiences et le moment où les tribunaux rendront leur décision, merveilleux, nous nous retrouverons avec ce qui a l'apparence d'un scandale. Si les tribunaux déterminent plus tard qu'il ne s'agissait pas d'un scandale, qui s'en souciera? Nous avons récolté plus de suffrages parce que nous avons laissé la fausse impression que des personnes s'étaient livré à des activités déloyales; nous avons décontextualisé toute l'histoire.
Voilà la quatrième raison, monsieur le président, et honnêtement, il s'agit de la plus importante. Les libéraux veulent une Chambre étoilée. Ils souhaitent se lancer dans une chasse aux sorcières maccarthyite. C'est tout à fait inacceptable, monsieur le président, et c'est pourquoi nous voulons modifier cela afin de rendre le processus plus transparent et nous assurer qu'un contexte est fourni lorsque nous examinerons les pratiques financières des libéraux et des conservateurs pour l'année 2004. Les libéraux ne sont pas intéressés, parce qu'ils croient que Tom Flanagan a affirmé que cette méthode de financement particulière n'était pas utilisée en 2004. Mais si nous voulons réellement faire preuve de transparence et aller au fond des choses, le tour est joué, nous avons nos audiences. Par contre, je crois que les audiences ne susciteront pas le scandale dans lequel les libéraux veulent nous embourber, et c'est ce que j'espère voir changer.
Pour cette raison, monsieur le président, je suis en faveur de l'amendement proposé à la motion initiale.
Merci.