Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivrons notre étude sur la sécurité nucléaire, incluant ce qui a trait aux questions de sécurité du réacteur nucléaire de Chalk River.
Aujourd'hui, le comité accueille quatre témoins. M. Gordon Edwards, président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire. Mme Karen Gulenchyn, directrice médicale, Département de médecine nucléaire, Hamilton Health Sciences et St. Joseph's Healthcare Hamilton. M. Brian McGee, vice-président principal et agent principal du nucléaire, Énergie atomique du Canada limitée. Le Dr Thomas Perry, Département de médecine et Départements d'anesthésiologie, de pharmacologie et de thérapeutique, Université de la Colombie-Britannique, se joindra à nous par vidéoconférence à midi. Il ne fera que présenter son exposé de cinq à sept minutes. Comme il s'agit d'un témoin suggéré par le Nouveau Parti démocratique, je vais demander à un membre de ce parti, Mme Bell, d'interroger le témoin en premier. Elle peut, évidemment, adresser ses questions à quiconque d'autre si elle le désire.
Commençons immédiatement. Il y aura des exposés d'une durée de cinq à sept minutes et je demanderais aux témoins de respecter ce délai. Nous suivrons l'ordre présenté dans l'ordre du jour, en commençant par M. Gordon Edwards, président, Regroupement pour la surveillance du nucléaire.
Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président et membres du comité. Je suis heureux d'être ici. Je m'appelle Gordon Edwards et j'ai une formation en mathématique et en physique. J'ai agi à titre de consultant, à temps partiel, sur les questions nucléaires pendant plus de 30 ans. J'ai été présenté comme un expert des questions de sûreté nucléaire par des cours fédérales, des commissions royales et des tribunaux à la fois au Canada et aux États-Unis. Je suis cofondateur et président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire, un organisme non gouvernemental ayant pignon sur rue à Montréal.
Je suis heureux que les parlementaires siégeant à ce comité examinent les questions nucléaires qui, en bout de ligne, touchent tous les Canadiens. Je crois que la reddition de comptes devant les parlementaires par Énergie atomique du Canada limitée devrait être régularisée. Je crois qu'au moins une fois par année, EACL devrait être tenue de comparaître devant un comité parlementaire pour informer ses membres des réalisations et des problèmes non résolus. Si tel avait été le cas, les parlementaires auraient bénéficié d'un meilleur contexte pour travailler durant la crise des isotopes. Ils auraient su qu'EACL avait de nombreuses années de retard en ce qui concerne la mise en service des deux réacteurs MAPLE.
Comme vous le savez, ces réacteurs dernier cri pour la production d'isotopes devaient remplacer le réacteur NRU il y a un certain nombre d'années. EACL avait l'intention de réformer de manière définitive le réacteur NRU en 2005 au plus tard. Bien que les réacteurs MAPLE aient été démarrés il y a six ans, des vices sérieux de construction et de conception touchant les barres de commande, les barres de sécurité et le contrôle du niveau de puissance les ont empêchés de remplir leur fonction — la production d'isotopes.
Les parlementaires auraient également su qu'EACL a eu plus de deux ans pour réaliser toutes les mises à niveau de sécurité sur le réacteur NRU âgé de 50 ans, y compris la tâche de raccorder un système d'alimentation de secours aux pompes du réacteur. EACL n'avait pas fait ce travail en décembre 2007, bien que la CCSN se soit fait dire deux ans plus tôt que toutes les mises à niveau de sécurité avaient été complétées. En fait, EACL n'avait même pas fait l'acquisition de l'équipement nécessaire pour effectuer le travail avec le minimum de délai à la prochaine occasion qui s'offrirait — c'est-à-dire, au prochain arrêt du réacteur pour assurer son entretien.
Pendant ce temps, l'entreprise privée, MDS Nordion, n'a pas fait grand-chose pour prévenir la communauté médicale et les autres fournisseurs d'isotopes que l'approvisionnement en isotopes du Canada pourrait connaître une interruption. Les réacteurs MAPLE étaient très en retard et leur budget avait été dépassé très largement. La totalité de l'approvisionnement du Canada en isotopes médicaux dépendait d'un vieux réacteur ayant dépassé l'âge de la retraite qui ne fonctionnait pas conformément aux normes modernes de sûreté nucléaire et pourtant, on a apparemment négligé de prévenir les autres intervenants.
Comme vous le savez, un article paru lundi dans le Journal de l'Association médicale canadienne affirme qu'on aurait pu éviter la crise des isotopes si MDS Nordion avait simplement collaboré plus étroitement avec les deux grands fournisseurs d'isotopes à grande échelle d'Europe, le Nuclear Research and Consultancy Group des Pays-Bas et l'Institut National des Radioéléments de Belgique.
Il semble que cette entreprise privée, MDS Nordion, la seule agence à faire des profits dans le domaine des isotopes au Canada, soit parvenue à éviter tout blâme de la part du gouvernement pour sa responsabilité dans la crise des isotopes. À mon avis, c'est un exemple parfait de « socialisme de citron »: l'entreprise privée empoche les profits et le public se partage les citrons.
Je crois que le congédiement de Linda Keen est injustifié et mal avisé. À mon point de vue, elle faisait simplement son travail. C'est un exemple classique où l'on tire sur le messager plutôt que d'écouter le message.
Le message, c'est qu'EACL ne fonctionne pas aussi bien qu'elle le devrait, et qu'il faudrait faire quelque chose à cet égard. Le message, c'est également que MDS Nordion ne fait pas le travail pour ce qui est de garantir un approvisionnement en isotopes ininterrompu à la communauté médicale, et qu'elle n'a pas prévenu de manière appropriée la communauté médicale des difficultés possibles.
Le RSN a toujours soutenu que la Commission canadienne de sûreté nucléaire ne devrait pas faire rapport au Parlement par l'intermédiaire du ministre des Ressources naturelles, mais par l'intermédiaire d'un autre ministère. De cette façon, lorsqu'un conflit éclate entre l'organisme de réglementation nucléaire et EACL, il y aurait deux voix à se faire entendre à la table du cabinet plutôt qu'une seule. Le ministre des Ressources naturelles, qui est responsable d'EACL, se retrouve dans une situation de conflit d'intérêts, en étant obligé de choisir entre celui qui développe et celui qui réglemente. Ce n'est pas une bonne chose. À moins de corriger cette situation en faisant en sorte que la CCSN relève d'un ministre différent, j'ai de la difficulté à voir comment le Canada pourrait avoir un organisme de réglementation nucléaire indépendant véritablement efficace.
II semble clair que la crise des isotopes a été causée par les actions et les omissions d'EACL et de MDS Nordion plutôt que par la CCSN qui n'a fait que sonner l'alarme. Le congédiement de Linda Keen ne préviendra pas des pénuries futures d'isotopes. Les réacteurs MAPLE pourraient ne jamais fonctionner comme prévu, malgré le fait que leur coût a grimpé au-delà de toutes les prévisions.
Un autre nuage sombre se dessine à l'horizon, nuage qui devrait préoccuper tous les parlementaires. EACL utilise encore de l'uranium hautement enrichi comme éléments cibles pour produire le molybdène 99 vendu par MDS Nordion. L'uranium hautement enrichi est une matière immédiatement utilisable pour la fabrication d'armes. Toute organisation criminelle ou terroriste qui obtient quelques kilogrammes d'UHE pourrait fabriquer un engin explosif nucléaire puissant. La présence d'une telle matière nucléaire stratégique à Chalk River explique pourquoi il y avait plusieurs gardes armés de mitrailleuses dans l'autobus qui a transporté les journalistes qui ont visité le réacteurs NRU après sa remise en service.
Après un changement d'administration aux États-Unis suite aux élections qui s'en viennent, il est très possible que les expéditions de cette matière nucléaire stratégique des États-Unis vers le Canada cesse. Ainsi, nous pourrions faire face à une nouvelle crise des isotopes dans seulement quelques années.
Il existe une loi fédérale américaine, appelée la modification Schumer, qui vise à éliminer tout trafic de matières nucléaires utilisables dans les armes. Il y a un certain nombre d'années, le Nuclear Control Institute de Washington, D.C., a intenté une poursuite devant la Cour fédérale américaine pour empêcher toute nouvelle expédition d'uranium hautement enrichi à Chalk River.
Il y a déjà suffisamment d'uranium hautement enrichi pour produire deux ou trois bombes atomiques. Un des résultats de cette poursuite, c'est qu'EACL et MDS Nordion ont toutes deux promis aux autorités américaines qu'elles allaient travailler pour éliminer l'utilisation de l'UHE comme élément cible pour produire des isotopes et se tourner plutôt vers des matières qui ne sont pas utilisables dans la fabrication d'armes. Cela est entièrement faisable. Par exemple, l'Argentine produit tout son molybdène 99 en utilisant de l'uranium faiblement enrichi.
EACL et MDS Nordion ont très peu progressé dans cette voie. Je crois que les installations de traitement qui ont été construites pour accompagner les réacteurs MAPLE ne sont pas suffisamment grandes pour permettre une conversion facile à l'uranium faiblement enrichi.
Pour conclure, je crois que la CCSN devrait faire rapport à un ministre autre que le ministre des Ressources naturelles. Je crois qu'EACL devrait rendre des comptes au Parlement sur une base régulière. Je crois que le Parlement devrait s'intéresser à la question de l'utilisation actuelle ou dans un avenir prévisible de matières nucléaires utilisables dans la fabrication d'armes. Je crois également que le Parlement devrait participer à l'enquête et à la documentation de l'état du site de Chalk River, qui est lourdement contaminé par des matières radioactives de toutes sortes, et qui constitue une partie importante non documentée de la dette nationale du Canada.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président et membres du comité, de l'occasion qui m'est donnée de comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme vous le savez, je m'appelle Karen Gulenchyn. Je suis spécialiste de médecine nucléaire et de médecine interne et je travaille dans ce domaine depuis 1979. Je suis actuellement directrice médicale du département de médecine nucléaire au Hamilton Health Sciences et St. Joseph's Healthcare, et je suis professeure agrégée dans les départements de radiologie et de médecine de la Faculté des sciences de la santé de l'Université McMaster. Je fais également partie du groupe d'experts qui a été réuni en décembre dernier par le ministre de la Santé pour donner un avis sur l'approvisionnement en isotopes médicaux.
Je voudrais prendre une minute pour expliquer ce qu'est la médecine nucléaire, discipline que je suis très fière de pratiquer. La médecine nucléaire concerne l'utilisation des matières radioactives, qui sont connues comme des produits radiopharmaceutiques, pour le diagnostic et le traitement d'une grande variété de maladies. La majorité de nos tests diagnostiques s'applique aux maladies cardiaques et au cancer. La majorité des traitements concerne les maladies de la thyroïde et le cancer de la thyroïde. Chaque semaine, environ 30 000 doses diagnostiques et 300 doses thérapeutiques sont administrées dans l'ensemble du Canada .
Le technétium 99 m est l'isotope le plus largement utilisé. Il s'agit du produit de filiation du molybdène 99, le père, la matière qui est produite dans le réacteur de Chalk River. Le molybdène 99 est transporté de Chalk River chez MDS Nordion, au Canada, pour traitement, et il est ensuite transporté aux entreprises qui fabriquent des générateurs isotopiques. Ces entreprises sont situées dans de nombreux pays, mais la plus grande partie du molybdène est, en fait, expédiée aux États-Unis.
Comme le molybdène 99 est radioactif et qu'il possède une période radioactive relativement courte de 66 heures, le transport de ce produit exige que l'on prenne des dispositions spéciales et détaillées pour assurer la sécurité et la fiabilité de l'approvisionnement. Les générateurs isotopiques sont achetés par les installations d'imagerie, les hôpitaux et les radiopharmacies et, pendant leur durée de vie, ces générateurs continuent de fabriquer du technétium, qui est lavé de la colonne génératrice à l'aide d'une solution salée stérile et qui est ensuite réparti en une série de doses radiopharmaceutiques qui sont administrées aux patients le matin. Ces doses radiopharmaceutiques auront une période radioactive d'environ six heures, la période radioactive du technétium. Et c'est toute une entreprise le matin que de faire en sorte que tous les produits radiopharmaceutiques soient prêts. C'est une chose très intéressante à voir.
Évidemment, les départements de médecine nucléaire plus petits et situés en région éloignée reçoivent habituellement un seul générateur isotopique par semaine, ce qui les rend plus vulnérables à une interruption de l'approvisionnement que les grandes installations centrales qui disposent d'un grand nombre de générateurs isotopiques qui sont reçus à différents moments au cours de la semaine. Si je vous dis cela, c'est, je pense, pour illustrer à la fois la nature complexe et délicate de la ligne d'approvisionnement qui existe entre les fabricants et les patients.
Mon implication dans cette question, premièrement, était à titre de directrice médicale du département de médecine nucléaire à Hamilton. Pendant toute la durée de la perturbation de l'approvisionnement, j'ai été responsable du triage des patients et des arrangements pour utiliser des isotopes de remplacement, plus spécifiquement le fluorure de sodium pour la scintigraphie osseuse, que nous pouvons produire dans notre propre cyclotron au Hamilton Health Sciences. En fait, en travaillant avec nos collègues du Cross Cancer Institute en Alberta, nous étions préparés à mettre en oeuvre un protocole pour utiliser cette matière si la pénurie s'était poursuivie jusqu'à la fin de janvier, comme nous l'avions entendu dire à un certain moment donné.
De plus, j'étais responsable des communications avec le personnel médical et le public concernant les limites touchant l'approvisionnement. En tant que membre du PET Steering Committee de l'Ontario, j'étais chargée de conseiller le gouvernement de l'Ontario sur la façon dont d'autres produits radiopharmaceutiques fabriqués dans les trois cyclotrons médicaux de l'Ontario pourraient combler les lacunes dans l'approvisionnement en isotopes. Et enfin, en tant que conseillère de Santé Canada, je fournissais des conseils sur les répercussions de cette situation sur les soins des malades et un avis sur les méthodes de diagnostic et de traitement de remplacement.
Alors, quelles ont été les répercussions sur les soins des malades? Eh bien, nous avons recueilli de l'information auprès des collègues de ma propre région, dans la province, et dans l'ensemble du pays. Nous avons constaté qu'il y avait des répercussions négatives variables sur les soins des patients, les répercussions les plus graves étant survenues dans l'est du Canada, dans les centres plus petits, et dans les régions rurales qui n'avaient pas accès à des technologies de remplacement ou la capacité d'avoir accès à des approvisionnements d'isotopes différents.
Nous avons estimé que dans le cas d'une tranche d'environ 10 p. 100 des examens, le report à plus tard à cause de cette interruption de l'approvisionnement pouvait entraîner des torts considérables aux patients, et que dans le cas d'une autre tranche de 50 p. 100 des examens, le report pouvait entraîner des retards dans le traitement ou des douleurs et des souffrances additionnelles inutiles aux malades. Enfin, nous avons conclu dans le cas de la dernière tranche de 40 p. 100 des tests diagnostiques que le report pouvait se faire sans danger. Mais il faut noter que le report aurait alors un effet sur un système de soins de santé déjà surtaxé et surutilisé.
Je suppose que pour de nombreux observateurs, il n'a peut-être pas semblé y avoir eu de crise. Je pense que cela a été largement attribuable au personnel talentueux et dévoué qui travaille dans les 245 installations de médecine nucléaire et de radiopharmacie au Canada. Les patients ont été inscrits et réinscrits pour pouvoir utiliser les produits radiopharmaceutiques de manière optimale. En fait, dans mon département, les héros ont été les trois filles à l'admission qui parlaient aux patients tous les jours.
Les générateurs partiellement épuisés ont été envoyés par des centres comme le Edmonton Radiopharmaceutical dans des hôpitaux plus éloignés de manière à répondre aux besoins des cas les plus urgents. À Vancouver, les hôpitaux qui avaient du technétium ont effectivement transporté des doses aux hôpitaux qui en manquaient de manière que le triage qui se faisait à la grandeur de la ville puisse répondre aux besoins des cas les plus urgents. Toutefois, malgré ces mesures, si le réacteur de Chalk River n'avait pas été remis en service, nous croyons que des pénuries ingérables seraient survenues dans un délai d'une semaine suivant la décision du Parlement.
Nous savons également qu'il y a eu des répercussions à l'extérieur du Canada. Nos collègues de l'American Society of Nuclear Medicine nous ont appris que 84 p. 100 des établissements interrogés ont indiqué que leur pratique ou leurs installations avaient eu à subir des conséquences de la pénurie de molybdène et que 62 p. 100 de ces installations ont signalé qu'elles n'avaient pas accès à une autre source d'approvisionnement en technétium.
Je vais maintenant parler d'une autre question. On s'est rapidement aperçu qu'il y avait des problèmes de communication qui ont exacerbé la situation. On n'a pas donné à la communauté médicale de l'information claire ou en temps opportun sur la durée de l'arrêt du réacteur de Chalk River ou sur le niveau d'approvisionnement et les pénuries imminentes. La communauté médicale, et surtout la communauté de médecine nucléaire, estime qu'il y a place à l'amélioration dans la façon de communiquer avec elle et de lui transmettre de l'information.
Je comprends que l'étude actuelle du présent comité est centrée sur la sûreté nucléaire au Canada. Toutefois, parce que les membres du comité entendent également des témoignages sur les répercussions sur la santé de l'arrêt du réacteur de Chalk River, j'espère que vous allez envisager la possibilité d'inclure des recommandations qui garantiront la sécurité de l'approvisionnement en isotopes médicaux dans l'avenir.
Enfin, la communauté canadienne de médecine nucléaire s'enorgueillit du fait que le Canada approvisionne la plus grande partie du monde en isotopes médicaux. À l'heure actuelle, grâce à notre affiliation avec l'American Society of Nuclear Medicine, nous savons que tant la National Academy of Sciences que le Congrès américain préconisent un approvisionnement national en isotopes médicaux. Évidemment, cette position était fortement appuyée par la Society of Nuclear Medicine, et je crois que le rôle de chef de file du Canada dans ce domaine a été mis en péril.
En terminant, j'aimerais remercier le comité de l'occasion qui m'a été donnée de comparaître et je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du comité.
Je vous remercie de l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je veux commencer par dire que le réacteur NRU a été exploité de manière sécuritaire. Le réacteur est exploité par certaines des personnes les plus talentueuses et les plus capables de l'industrie nucléaire. Nous sommes profondément conscients des répercussions que cette affaire a eues sur les patients et leur famille partout dans le monde, et nous le regrettons.
EACL est en train d'examiner son propre rôle dans les événements qui ont mené aux audiences d'aujourd'hui, et nous prévoyons tirer des leçons précieuses qui pourront être appliquées dans l'avenir.
J'aimerais faire une mise à jour concernant le fonctionnement du réacteur NRU depuis que nous avons comparu devant le comité plénier le 11 décembre 2007 et sur le raccordement des pompes de refroidissement principales 4 et 5 à des systèmes d'alimentation électrique d'urgence qui respectent les normes sismiques.
J'aimerais décrire brièvement les sources d'alimentation régulière et de secours qui alimentent le réacteur NRU. Je vais ensuite donner un résumé des activités opérationnelles liées au réacteur NRU depuis le 11 décembre et faire une mise à jour concernant la production d'isotopes.
Les pompes 4 et 5 sont deux des huit pompes de refroidissement principales du réacteur NRU. Les pompes 1, 4, 5 et 8 ont été conçues pour avoir deux sources d'alimentation indépendantes, une source d'alimentation régulière en courant alternatif qui provient du réseau électrique qui alimente nos maisons et nos réfrigérateurs ainsi qu'une source d'alimentation de secours qui comprend une génératrice au diesel et des bancs de batteries qui alimentent les pompes en cas de panne d'électricité.
Le système d'alimentation électrique d'urgence, ou AEU, comme nous l'appelons, est constitué de bancs de batteries et de génératrices au diesel distincts et assure au réacteur NRU une troisième source d'alimentation électrique qui respecte les normes sismiques. L'AEU assure une alimentation de secours d'urgence aux six mises à niveau de sécurité apportées au réacteur NRU. L'AEU est également conçu pour fournir une troisième source d'alimentation pour les pompes 4 et 5.
J'aimerais maintenant vous informer de l'état du réacteur NRU. Le 14 décembre, le travail sur la pompe 5 a été terminé et elle a été reliée à l'AEU. Après que le raccordement de la pompe 5 à l'AEU a été terminé, le réacteur a été redémarré de manière sécuritaire à un niveau de puissance élevé aux petites heures du matin le 16 décembre 2007. La livraison des isotopes a repris le 18 décembre 2007 et s'est poursuivie à des niveaux de production normaux depuis ce temps. Quant aux modifications au réacteur NRU, je suis heureux d'annoncer que le 1er février 2008, le travail sur la pompe 4 a été terminé et qu'elle a, elle aussi, été reliée au système d'alimentation électrique d'urgence. Le travail sur les deux pompes a été terminé de manière sécuritaire.
Après cet arrêt planifié plus récent, le réacteur a été redémarré en toute sécurité jusqu'à un niveau de puissance élevée tout juste après minuit samedi le 2 février 2008. Le réacteur continue de fonctionner de manière sécuritaire.
Il y a eu deux événements sismiques très mineurs dans la région en décembre. Aucun de ces événements n'a eu de répercussions sur le réacteur NRU ni n'a compromis sa sécurité. Les événements sismiques de cette magnitude ne sont pas inhabituels.
Enfin, nous maintenons des communications régulières avec le personnel de la CCSN et nous avons accepté de lui fournir de l'information pertinente et en temps opportun, y compris la documentation concernant cette question et un dossier de sécurité à jour.
Nous fournissons également des mises à jour régulières sur les progrès touchant le réacteur NRU et nous participons aux réunions régulières avec la haute direction de la CCSN. Nous croyons que les échanges sont solides et constructifs.
En terminant, je veux assurer les membres du comité que l'engagement et le but de toute mon équipe sont de continuer à exploiter le réacteur NRU et toutes les installations autorisées sur le site de Chalk River de manière sécuritaire tout en tenant compte de l'environnement et des obligations internationales du Canada.
Même s'ils sont importants, les problèmes qui ont causé l'arrêt malheureux du réacteur NRU ne devraient pas nous distraire de l'obligation de travailler pour l'avenir de l'industrie nucléaire canadienne. EACL possède un excellent dossier pour ce qui est d'élaborer et de fournir des solutions nucléaires novatrices à temps et respectant le budget. Le Canada possède un des systèmes de sécurité les plus stricts dans le monde et cela a été démontré par le dossier de sécurité nucléaire du Canada jusqu'à présent.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Nous parlons d'un document que je n'ai pas sous les yeux, alors, il est difficile de répondre de manière appropriée. Mais je pense que ce qui est important, c'est que le réacteur fonctionnait de manière sécuritaire et que tout le monde le reconnaissait.
Concernant la question portant sur le permis, nous avons de la documentation claire pour appuyer le fait que non seulement nous fonctionnions de manière sécuritaire, mais qu'en plus nous respections l'enveloppe de notre permis. Mais je m'attends à plus de mon organisation. Si vous me demandez si je suis mécontent que ces mises à niveau, ces raccordements aux pompes, n'ont pas été effectuées plus rapidement, alors, oui, je suis mécontent. Je l'ai toujours dit depuis la soir du 11 décembre.
S'il y a eu un malentendu, cela fait partie des leçons que le personnel de la CCSN et nous-mêmes devrions tirer de cette situation, parce qu'il n'était pas nécessaire que cela arrive. Un certain moment donné, c'est devenu un problème, et la correspondance nous a amenés à croire que nous étions francs lorsque nous décrivions l'état des installations. Nous n'avons pas du tout essayé de tromper ou d'induire en erreur qui que ce soit au sujet de cette question. Il était clair dans l'esprit des gens de mon organisation que l'engagement était de procéder aux sept mises à niveau de sécurité et de relier l'AEU à ces autres mises à niveau de sécurité. Au sein de mon organisation, ces raccordements aux pompes 4 et 5 étaient vus comme une amélioration. La correspondance qui a suivi a eu tendance à renforcer cette idée.
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Merci encore une fois de la question.
Dans la question précédente, vous avez demandé qui était responsable d'établir les conditions de permis pour les installations et j'ai répondu que c'était le personnel de la CCSN. Alors, lorsque le personnel de la CCSN m'informe qu'il croit que je ne respecte pas les conditions de mon permis, même s'il reconnaît que le réacteur continu de fonctionner de manière sécuritaire...lorsque je ne respecte pas les conditions de mon permis, je n'ai vraiment pas d'autre choix que de réagir, tant du point de vue juridique que du point de vue professionnel, parce que je respecte l'opinion de ces gens.
Cette industrie est fondée sur le fait que tout le monde peut être remis en question, une attitude de remise en question. Nous consacrons énormément d'efforts à former nos gens et à créer ce genre de culture dans l'industrie. Alors, lorsque des gens ayant des titres de compétence professionnelle comme le personnel de la CCSN me disent qu'ils pensent que nous ne respectons pas les conditions de notre permis, je suis tenu de prendre cela au sérieux et de réagir de manière appropriée. Et je l'ai fait: j'ai maintenu l'arrêt du réacteur.
Par la suite, comme une question de témoignage, on nous a fait savoir clairement, y compris le 6 décembre, que si nous n'avions pas maintenu l'arrêt du réacteur, la CCSN nous aurait ordonné de l'arrêter. C'est la nuance dans cette question. Il est très clair que si nous n'avions pas maintenu l'arrêt du réacteur, on nous aurait dit de l'arrêter.
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Merci de ces questions.
Le réacteur a fonctionné de manière sécuritaire pendant plus de 50 ans maintenant, et dans la même région géographique. Il n'existe aucune norme internationale concernant les ruptures de gaine; alors, nous avons répondu à la réalité de la situation voulant que un sur mille est la probabilité calculée d'un tremblement de terre d'une magnitude suffisante, qui s'élèverait à environ six sur l'échelle de Richter, dont l'épicentre se situe directement sous le réacteur NRU. Il s'agit là d'une probabilité de un sur mille, d'après les calculs.
Pour qu'il y ait rupture de gaine, tous les événements suivants doivent se produire: l'épicentre du séisme doit être situé directement sous le réacteur NRU; le réseau électrique doit subir une panne totale; les génératrices au diesel doivent être en panne et les bancs de batteries doivent être à plat.
On ne tient pas compte des gestes posés par les opérateurs. Il n'y a pas d'intervention de la part du personnel, alors on n'en tient pas compte du tout. Cela peut sembler un peu ridicule, mais c'est de cette façon que se fait l'analyse de sécurité et des accidents. Vous supposez que vos opérateurs ne sont pas capables de répondre.
Alors, cela suppose que les pompes ont perdu leur alimentation et qu'il n'y a plus de refroidissement forcé du réacteur. Une demi-heure plus tard, l'eau du réacteur commence à bouillir. Une heure plus tard, la rupture de gaine commence. À ce moment-là, le coeur du réacteur n'est pas endommagé, mais il y a un début de rupture de gaine.
Si la situation se poursuit, le coeur finit par être endommagé. Si les dommages les plus graves au coeur du réacteur se produisent, la dose à laquelle seront exposés les travailleurs qui sont sur les lieux, dans le site de Chalk River, s'élèverait grossièrement à la moitié de la dose de rayonnement que nous recevons lorsque nous subissons un tomodensitogramme.
La dose, l'exposition aux rayonnements... ou laissez-moi corriger cela. C'est le jargon de l'industrie. Nous parlons, pour les travailleurs, d'une exposition aux rayonnements qui serait environ la moitié de l'exposition que vous auriez si vous subissiez un tomodensitogramme. L'exposition aux rayonnements pour les membres du public serait environ la moitié de l'exposition aux rayonnements causée par un traitement diagnostique cardio-vasculaire.
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Le réacteur lui-même a été conçu et construit en 1957 et a des marges incroyables. Il est très solide. Je ne peux pas vous dire pourquoi; il y a trop longtemps de cela. Donc, le réacteur a été construit selon les normes utilisées à cette époque.
Ce qui est important, c'est que ce n'est pas un réacteur de puissance. Ce qui se passe, et c'est probablement normal, c'est que l'on confonde dans certaines discussions les normes de réacteur de puissance et celles de réacteur de recherche. Ce réacteur en est un de recherche. Il fonctionne à basse pression et à basse température. Il faut quand même le faire fonctionner en toute sécurité et s'assurer qu'il a les marges appropriées, mais nous devons être sûrs qu'il s'agit bien de normes de réacteur de recherche et pas de normes de réacteur de puissance .
Satisferait-il aux normes actuelles d'un réacteur de recherche s'il devait être construit aujourd'hui? La réponse directe à cette question est non, mais cela n'est pas inhabituel. Les normes changent durant le cycle de vie utile des installations nucléaires.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Je conduis une voiture qui n'a pas de coussins gonflables pour passagers. Quand j'étais enfant, je roulais dans une voiture qui n'avait pas de ceinture de sécurité, ce qui vous donnera probablement une idée de mon âge. Donc, avec les progrès de l'industrie automobile, nous sommes passés de la ceinture de sécurité au coussin gonflable pour conducteur, puis aux coussins gonflables pour passagers et on peut acheter aujourd'hui des véhicules équipés de rideaux gonflables de pavillon.
Bien que les normes de sécurité soient de plus en plus rigoureuses, les véhicules non munis de rideaux gonflables de pavillon ne sont pas retirés de la circulation. Je conduis encore un de ces véhicules et je ne suis probablement pas le seul dans la salle.
Voilà donc comment nous essayons de rationaliser les améliorations au système de sécurité. L'industrie place toujours la barre plus haut et essaie toujours d'utiliser la technologie au niveau le plus sûr possible.
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Je voudrais ajouter une seule chose: j'espère que les membres du comité comprennent que je ne suis pas un expert en médecine nucléaire. Dans le cadre de mes fonctions normales d'interniste, je fais partie de ceux qui demandent des études en médecine nucléaire. Je suis un médecin relativement expérimenté, j'ai donc travaillé ces dernières décennies avec plusieurs collègues.
En préparation à cette réunion, j'ai fait hier quelques recherches localement. J'ai parlé à des collègues du département de médecine nucléaire. Si je les ai bien compris, la Colombie-Britannique n'a pas connu de crise en décembre. L'un de ces collègues a dit qu'on avait fait beaucoup de bruit pour rien; c'est ce qu'ils pensent.
Vous ne savez peut-être pas que chaque jour, ils avaient des téléconférences en Colombie-Britannique pour s'assurer que le molybdène radioactif, qu'ils recevaient d'Énergie atomique du Canada, était envoyé dans toutes les régions de la province afin de l'utiliser le plus efficacement possible.
Selon les dires de mon collègue, si je l'ai bien compris, les traitements ou les tests étaient faits en accordant la priorité aux cas les plus graves, donc ceux qui étaient les plus importants pour les patients étaient faits.
C'est exactement ce que j'ai vu à l'hôpital où je travaille. Durant tout le mois de décembre, je ne pouvais pas comprendre ce que rapportaient les médias et aussi la raison pour laquelle le Parlement a siégé en pleine nuit, car nous n'avons pas vu de crise dans notre province.
La seule autre chose qui pourrait expliquer notre point de vue, du moins en Colombie-Britannique, c'est que j'ai rencontré hier soir, à la piscine, un médecin de famille expérimenté et quand je lui ai dit que j'allais témoigner ce matin, il m'a répondu qu'il y avait de vraies crises dans le domaine de la santé, mais que celle-là n'en était pas une.
Voilà, si je peux vous éclairer en répondant à des questions, je le ferai avec plaisir.
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Je vous donne un exemple, j'ai travaillé durant la crise du SRAS. En fait je suis le médecin qui a traité le plus grand nombre de victimes du SRAS en Colombie-Britannique. J'ai traité deux patients. Le SRAS était une vraie crise. Nous étions effrayés par ce qui arrivait dans la population et parmi nous, les professionnels de la santé, et encore plus alarmés par la situation à Toronto et en Chine. Durant cette crise, l'administration de l'hôpital nous tenait au courant de ce qui se passait au moyen de messages électroniques et de bulletins.
Aujourd'hui, le norovirus, ou soi-disant agent de Norwalk, crée une crise dans un hôpital parce que les gens et le personnel tombent malades et des pavillons doivent être fermés. Plusieurs fois par année, l'hôpital nous signale un crise temporaire. À ma connaissance, la Colombie-Britannique ne lance pas de tels avertissements. Un collègue qui travaille en médecine nucléaire m'a confirmé hier que les spécialistes en médecine nucléaire chargés de la répartition des tests n'ont pas connu de crise. Ils géraient la situation.
L'autre chose qui m'a intriguée, qui est peut-être à l'origine de mon courriel à As It Happens et qui a abouti à l'interview et à ma comparution d'aujourd'hui, est ma rencontre avec un radio-oncologue principal de la BC Cancer Agency alors que j'empruntais des dossiers dans la salle des archives médicales. Je lui ai demandé si, à son avis, il y avait eu une crise au mois de décembre. Il m'a répondu qu'il ne le pensait pas et qu'ils avaient un plan d'urgence à l'agence.
Je pense que si les gens estimaient qu'il y avait une crise, les hauts fonctionnaires de la Colombie-Britannique nous l'auraient dit et peut-être même le ministre de la Santé.
Nous avons entendu dire que d'autres diagnostiques, d'autres traitements étaient disponibles, je l'ai entendu encore aujourd'hui de la bouche de Mme Gulenchyn; je vous demande de répondre à cette question: est-ce qu'un patient qui ne reçoit pas de traitement ou qui n'est pas diagnostiqué risque de mourir? Car, le ministre ne cesse de répéter que des gens allaient mourir.
Je comprends que des retards étaient possibles, qu'il allait vraiment avoir une pénurie, que des gens géraient cette pénurie, or, Mme Gulenchyn déclare que si le Parlement n'avait rien fait à cette époque, la crise se serait aggravée et se serait étendue à tout le Canada. Les propos tenus dans l'Est du pays diffèrent de ceux que l'on entend dans l'Ouest. Y a-t-il eu des discussions au niveau national? Dans une entrevue donnée le 6 décembre, Mme Gulenchyn a dit qu'elle ne s'attendait pas à ce que des vies soient en danger à cause des retards. J'aimerais aussi qu'elle réponde à la question parce que vous dites, tous les deux, que cette crise ne présentait pas de danger mortel.
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Je n'ai malheureusement pas pu entendre le témoignage de Mme Gulenchyn, mais je vous encourage certainement à poursuivre votre recherche. Si je comparais, aujourd'hui, c'est uniquement parce que j'ai un avis différent sur la séance du Parlement tenue en pleine nuit. Je ne suis pas d'accord avec votre collègue qui a qualifié cette séance de meilleur moment de l'histoire du Parlement. Cette déclaration m'a choqué et j'ai envoyé des messages électroniques à plusieurs députés pour faire part de mon mécontentement quant à cette séance de nuit du Parlement et le fait qu'il ait adopté trop rapidement une mesure législative. Ce n'est pas à cause de la sécurité du réacteur — cela ne m'alarme pas du tout — ce qui m'inquiète réellement, s'il n'y a pas eu de crise, c'est le fait de passer au-dessus d'un organisme de réglementation. Je vous encourage certainement à poursuivre votre enquête.
J'ai vraiment cherché, en me fondant sur mes connaissances médicales, une procédure en médecine nucléaire qui ne peut être faite que d'une seule façon, sans pouvoir utiliser une autre technique. Les études de la glande thyroïde au moyen d'iodes radioactifs sont un exemple qui montre la difficulté à obtenir la même information en utilisant un autre moyen. Mais, d'après mes informations, apparemment l'iode radioactif provient de sources différentes.
Les isotopes radioactifs sont rarement utilisés dans les traitements d'urgence. Je n'ai pas pu trouver d'exemples montrant comment ils pourraient être utilisés dans un traitement d'urgence. Leur utilisation la plus courante est dans le traitement de la maladie de la thyroïde, et cette maladie n'est jamais une urgence. Ce traitement n'est pas fait en fin de semaine ou au milieu de la nuit. Donc, en tant que médecin, je peux bien croire que les patients ont eu de graves problèmes, des difficultés ou des craintes. Mais, je ne pense pas qu'il soit juste de dire, par exemple, qu'un patient atteint d'un cancer du sein métastatique jusqu'à l'os va souffrir ou mourir parce que nous ne pouvons pas faire un balayage à l'aide de radionucléides. D'autres techniques de balayage existent, telles que la tomographie par ordinateur, l'IRM ou tout simplement les rayons X.
Je n'ai pas pu trouver d'exemple où un balayage était absolument essentiel. Si de tels cas se sont présentés en Colombie-Britannique, ces cas ont certainement été tous traités.
Premièrement, permettez-moi de dire que la situation est très différente selon la région. Nos renseignements nous ont porté à croire que la Colombie-Britannique faisait face et gérait ce problème mieux que toutes les autres provinces, et ce, grâce surtout au nombre élevé d'institutions qui, dans cette province, avaient conclu des accords d'approvisionnement avec un autre fournisseur ne dépendant pas du molybdène de Chalk River. Ces établissement pouvaient se partager le produit et atténuer la gravité de la situation, ce qui n'était pas le cas ailleurs.
Deuxièmement, les petits centres ont eu beaucoup de difficultés en matière de prestation des soins médicaux alors que les gens travaillent la nuit et les fins de semaines pour fournir des soins en médecine nucléaire, ce que ne font pas les grands établissements du centre-ville de Toronto, d'Ottawa, de Vancouver et d'Edmonton où il y a un accès relativement bon à la tomographie et l'IMR qui, pour beaucoup de ces problèmes, offrent d'autres solutions de rechange au niveau du balayage. Par conséquent, les problèmes existaient dans les petits centres; le manque d'accès aux soins a été plus ressenti dans ces centres que dans les grands centres urbains.
Il est tout à fait vrai que la thérapie n'était pas un problème. Dans la plupart des cas, la thérapie faite à l'aide de radionucléides est ajournable et l'approvisionnement en produits radiopharmaceutiques utilisés dans le traitement n'a jamais soulevé de difficultés. Cependant, la thérapie dépend d'un diagnostique précis, et à mon avis et de celui de la plupart de mes collègues, la médecine nucléaire joue un rôle critique dans la précision du diagnostic.
En ce qui concerne l'Ontario, Action Cancer Ontario a tenu une réunion d'urgence au sujet de la pénurie d'isotopes. En fait, dans une directive, cosignée par University Health Network et appuyée par le gouvernement de l'Ontario, Action Cancer Ontario demandait aux établissements de médecine nucléaire d'accorder la priorité aux scintigraphies osseuses, étant donné qu'il n'y a pas d'autre bonne solution de rechange pour diagnostiquer les maladies métastatiques et classer par stade le traitement et parce que le manque d'accès aux scintigraphies osseuses créerait des retards sur le plan de la stadification et du traitement.
Finalement, nous devons comprendre que le système des soins de santé au Canada est assez contraignant. Le système n'offre pas beaucoup de capacités supplémentaires. Nous n'avons pas beaucoup de lits supplémentaires; d'appareils supplémentaires de tomographie par ordinateur; d'appareils supplémentaires d'imagerie par résonance magnétique; d'appareils de technologies de pointe inutilisés. Par conséquent, le retrait d'une partie quelconque du système peut causer des retards qui dureront des semaines et même des mois.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Comme l'a dit mon collègue, M. Alghabra, nous apprécions votre franchise, monsieur McGee.
Le 7 décembre, vous avez écrit ceci à Linda Keen:
Permettez-moi de dire tout d'abord que je comprends entièrement les préoccupations que vous avez exprimées à la réunion du 6 décembre 2007 portant sur la performance d'EACL dans le cadre du permis. EACL a pris l'engagement de s'occuper immédiatement du branchement de l'alimentation électrique de secours sur les pompes 104 et 105.
Il semble, monsieur McGee, que vous êtes d'accord avec Linda Keen quand elle dit qu'elle fait son travail. Vous mentionnez les préoccupations légitimes d'EACL et vous dites que vous allez immédiatement répondre à ses préoccupations.
Dans le cadre de vos relations professionnelles avec Linda Keen — et j'apprécierais une réponse courte, parce que j'ai une question sur un autre sujet — avez-vous remarqué si, à un moment quelconque, elle a manqué de leadership ou agi d'une façon incompétente?
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Je dois vous répondre que je ne sais pas exactement comment fonctionne MDS Nordion, mais j’ai consulté la correspondance qu’ils vous ont adressée au cours de l’année dernière ou de ces derniers mois.
Par exemple, en mars 2007, ils ont envoyé une lettre à leurs clients, aux acheteurs de radio-isotopes, pour les assurer de l’augmentation et de la fiabilité de leur production. J’ai cherché d’autres lettres, d’autres informations d’intérêt public, indiquant que Nordion a pu décrire complètement la situation à ses clients, car nous dépendons d’un réacteur vieux de 50 ans et qu’il y a possibilité d’accident ou du moins qu’ils coopèrent avec d’autres fournisseurs pour assurer l’approvisionnement en cas d’arrêt imprévu.
Quand il faut assurer l’entretien d’un réacteur vieux de 50 ans, il est possible — même pour les nouveaux réacteurs que nous avons aujourd’hui — que l’arrêt dure plus longtemps que prévu. C’est le cas actuellement à Gentilly, au Québec. L’arrêt est plus long que prévu, il y a des semaines que l’installation aurait du reprendre ses activités.
Je pense qu’il serait prudent de s’organiser et d’avoir d’autres possibilités d’approvisionnement et de pouvoir avertir les gens à l’avance. Les informations d’intérêt public que j’ai consultées ne donnent aucune indication que c’était le cas.
J’ai été aussi frappé, à la lecture des comptes rendus des réunions de la CCSN, par la persistance à ne pas communiquer toute la vérité. Il aurait été très simple pour EACL d’ajouter, quand elle dit que toutes les mises à jour ont été faites, que certaines choses n’avaient pas été faites et d’en donner la liste.
Je pense qu’il est révélateur que M. McGee ait mentionné que les communications se faisaient principalement avec le personnel plutôt qu’avec les commissaires alors que ce sont ces derniers qui prennent vraiment les décisions. Je crois que le plus important est que les commissaires soient bien tenus au courant de la situation. C’est à eux, et pas au personnel, que revient la responsabilité de rendre des décisions.
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Je suis sûr que ce qui a choqué les commissaires… et pas seulement Linda Keen. Quiconque lit le compte rendu remarquera que Linda Keen, à titre de présidente, a donné amplement l’occasion aux commissaires de poser des questions avant qu’elle ne dise un mot. Les autres commissaires étaient très choqués par l’attitude de l’EACL concernant les questions de sécurité.
Je dois vous dire que j’étais également choqué ce matin d’entendre M. McGee donner une réponse si indulgente au sujet du scénario de la pire éventualité. Il est important de comprendre que bien que M. McGee n’ait cessé de répéter que l’installation est exploitée en toute sécurité, les systèmes d’urgence ne servent pas à cela. Il n’est pas question d’une exploitation normale, mais de situation d’urgence. Donc, répéter que l’exploitation est faite en toute sécurité, en toute sécurité, en toute sécurité, c’est ne pas tenir compte des incidents qui peuvent se produire.
L’une des conclusions du président de la commission sur Three Mile Island en 1980, après l’accident de 1976, était que cet incident était principalement dû à l’excès de confiance des opérateurs quant à la sécurité du réacteur. Tant qu’ils ne changeront pas d’attitude et qu’ils cessent de croire que le réacteur ne pose pas de risques, d’autres incidents similaires se produiront.
Je suis aussi totalement en désaccord avec la description du pire des scénarios. Je suis sûr que M. McGee sait très bien qu’en 1952, lors de la catastrophe du plus petit réacteur NRX, une série d’explosions ont soufflé le toit. Le noyau du réacteur a été enterré quelque part dans le site. Il était trop radioactif pour être manipulé, même pour les êtres humains.
Donc, je...
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Merci, monsieur le président.
J’ai trois questions. Monsieur McGee, vous avez dit que les améliorations avaient été faites. Quel en a été le coût?
Mme Gulenchyn a mentionné le manque d’informations. Je pense que le comité aimerait savoir les suites de cette affaire. Qui devait vous communiquer ces informations? Était-ce le ministère de la Santé? Le ministre a dit qu’il avait fourni des renseignements, je crois que le comité voudrait savoir ce qu’il en est.
Cette question est pour M. McGee, je crois qu’il est important, si cet événement ou quelque chose de similaire se reproduit, que l’on sache absolument qui est chargé d’échanger des renseignements à l’avance avec ceux qui font partie du groupe international d’approvisionnement des radio-isotopes. Étant donné ce que nous avons vu, qui est responsable de cela? Est-ce EACL ou, dans cette situation particulière, MDS Nordion? Nous savons ce qui s’est passé, mais que se passera-t-il à l’avenir suite à ce que nous avons appris?
Ce sont les trois questions que je pose, monsieur le président. M. McGee pourrait commencer par le coût.
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Permettez-moi de commencer par la question sur le coût des améliorations. Je crois qu’il est important de noter que ces améliorations ont commencé au début des années 1990 et ont continué durant toute cette décennie. À cette période, le site était sous-financé de manière régulière, c’est aussi un fait établi.
En ce qui concerne le moment choisi pour faire les améliorations, même si le montant s’élevait à environ 10 millions de dollars, je peux vous communiquer le montant exact, mais pour l’instant, je le fais de mémoire, ce n’était pas une somme considérable compte tenu du contexte du financement d’EACL à cette époque. C’était un facteur dans l’établissement du calendrier des travaux, mais, à ma connaissance, cela n’a pas ralenti les améliorations. Je n’ai pas d’information de première main à ce sujet, mais le calendrier des travaux a été établi à partir du financement disponible à l’époque.
Au sujet de la communication, nous disposons maintenant d’un protocole de communications. Normalement, nous communiquons avec Nordion; nous ne communiquons pas avec les autres intervenants situés à un niveau inférieur dans la chaîne d’approvisionnement. Mais en raison de la situation, nous avons eu des contacts avec ce type d’intervenants, mais c’est tout à fait inhabituel. En fait, avant qu’ils nous contactent, nous ne savions franchement même pas qu’ils existaient.
Nous avons des relations avec Nordion. Nos relations sont plus étroites, même si, à mon avis, elles étaient déjà très importantes. Nous avons une communication avec RNCan et aussi des protocoles de communications en place aujourd’hui avec le Cabinet du ministre, c’est quelque chose de nouveau.
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Tout d’abord, je crois qu’il serait juste de dire qu’il n’y avait pas de voie de communication officielle quand tout ce problème a commencé. J’en ai entendu parler pour la première fois le 30 novembre, un vendredi, à mon bureau quand mon technologue responsable m’a dit : « Nous n’aurons pas de radio-isotopes pour la lymphoscintigraphie de ce lundi. » Nous avons pu régler ce problème en téléphonant, mais on ne nous a donné aucune explication. On nous a seulement dit que notre fournisseur — car nous traitons directement avec une radiopharmacie — Bristol-Myers Squibb ne leur avait pas livré les générateurs et cela à cause, c’est ce que l’on m’a dit, de la secousse tellurique dans la vallée de l’Outaouais, et je ne me suis pas vraiment posé de questions.
Ce n’est que plus tard dans la semaine qui suivit, probablement mercredi, que j’ai réalisé que la pénurie était plus grave. Une fois de plus, ces renseignements provenaient de notre radiopharmacie qui était administrée par Bristol-Myers Squibb. Il n’y avait donc pas de voie de communication officielle.
Étant donné que mon installation peut fabriquer un autre agent de scintigraphie osseuse, nous en cherchions un en Ontario et j’ai téléphoné à Santé Canada pour demander si nous pouvions envisager cette solution, puisque l’utilisation de cet agent nécessite la mise en place d’un protocole officiel. C’est à ce moment qu’a commencé ma communication avec Santé Canada.
Dans le cadre du groupe de travail spécial, nous avons établi qu’il n’était pas nécessaire de se pencher sur la question de la communication. Il me semble qu’un protocole est en place maintenant, je crois que M. McGee en a fait mention. Le groupe consultatif prépare un rapport pour le présenter au ministre de la Santé, ce rapport met l’accent sur la nécessité d’une bonne communication dans ce genre de situation.
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Merci, monsieur le président et merci aux témoins d’être ici.
J’aimerais poser quelques questions axées sur l’aspect santé de cette situation. Les commentaires de M. Perry ont attiré mon attention car ils se concentraient plus sur la situation en Colombie-Britannique.
Je suis originaire de l’Est du Canada. La situation était très grave là-bas. En Nouvelle-Écosse, des centaines de procédures ont été annulées. L’hôpital de Moncton, réputé pour les soins contre le cancer et les maladies cardiaques, a annulé des procédures. Les services de la vallée, dont une grande partie se trouve dans ma circonscription de Tobique-Mactaquac, font 70 diagnostiques par semaine qui allaient tous être annulés. Donc, de ce point de vue, il y a eu beaucoup de répercussions.
Madame Gulenchyn, j’aimerais vous poser une question. Vous êtes membre du groupe de travail spécial et du groupe consultatif. Qui étaient les principaux participants? Par « qui », j’entends le genre de personnes qui font partie du groupe consultatif. Étant donné que vous êtes la directrice médicale du département de médecine nucléaire…
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Bien entendu, on nous a fourni cette information dans le cadre du groupe de travail spécial, du fait qu'ils pouvaient augmenter, mais nous parlions d'une hausse de 10 à 15 p. 100, ce qui ne correspondait pas à la pleine capacité et ne serait pas mise à la disposition des Canadiens avant la fin de décembre. Tous ces renseignements nous ont été fournis.
Nous avons ensuite étudié l'incidence sur les soins de santé et, comme nous l'avons dit, environ 10 p. 100 des examens que nous faisons à l'heure actuelle requièrent une réponse immédiate. Sans quoi, la santé de la personne ou la prestation des soins peuvent être compromises, ce qui accroît les risques. Par ailleurs, 40 p. 100 des gens pour qui cette situation aurait eu des répercussions considérables auraient souffert davantage de ne pas pouvoir accéder aux soins.
C'est toujours très difficile. J'ai deux diplômes. Je suis interniste et spécialiste en médecine nucléaire. Jusqu'à il y a cinq ans, quand j'ai quitté Ottawa, je traitais les patients directement. C'est toujours très difficile de relier un test de diagnostic ou son absence à l'issue éventuelle pour le patient parce que l'on réduit les probabilités de diagnostic et que l'on tente d'améliorer la santé du patient.
La presse et bien d'autres personnes nous ont posé la question suivante: Des personnes auraient-elles perdu la vie? Il est très difficile de répondre à cette question. Les soins aux patients auraient-ils été touchés? Absolument. Oui. Le système de santé aurait-il été moins viable? Je crois qu'il l'aurait effectivement été, car cela aurait entraîné des retards, que nous tentions de rattraper. Des personnes auraient-elles pu perdre la vie? Oui, dans certaines circonstances.
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Pardonnez-moi, mais je n'ai pas saisi le nom du député qui a fait l'observation tout à l'heure.
À entendre la Dre Gulenchyn, j'adorerais travailler avec elle. On se vouerait un énorme respect dans l'exercice de nos fonctions.
Je ne voudrais pas donner l'impression que les Britanno-Colombiens ne se soucient pas du reste du pays. Après tout, j'ai fait mon internat par rotation en Nouvelle-Écosse, mais j'ai également travaillé, du moins brièvement, dans quelques-uns des endroits les plus petits et éloignés du Canada, y compris certains des plus isolés de la Colombie-Britannique. On retire de cette expérience qu'il y a diverses façons de contourner un problème.
De plus, dans un hôpital comme celui où j'ai travaillé, à l'Université de la Colombie-Britannique, où il n'y a pas grand-chose en fait de services de radiologie les week-ends et en soirée, on trouve des solutions de rechange. Je pense que la Dre Gulenchyn a dit clairement qu'une part relativement petite des études en médecine nucléaire serait urgente dans n'importe quelles circonstances et que la médecine nucléaire ou les radio-isotopes sont rarement utilisés, voire jamais, pour une thérapie urgente.
Aux yeux de la population, le genre de chose qui rassurerait les Canadiens comme moi, un citoyen éduqué et intelligent, espérons-le, serait que votre comité contribue à divulguer les faits. Je me demandais comment on pourrait vraiment savoir s'il fallait que le Parlement siège au milieu de la nuit ou si c'était créer un précédent très dangereux menaçant l'essence d'une démocratie efficace, ce qui correspond davantage à ma perception des choses.
Je ne dis pas que le réacteur n'aurait pas dû être remis en route dans les plus brefs délais....
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Bien au contraire, monsieur. Je pense qu'on aimerait connaître la vérité à cet égard.
Ce serait très rassurant pour moi d'apprendre, par exemple, qu'il y a eu des répercussions sur les petits marchés présentant de sérieux dangers pour les patients. Si c'était vrai, je pourrais mieux comprendre pourquoi le Parlement aurait convoqué une séance en plein milieu de la nuit. Étant un ardent défenseur de l'accès à l'information et ayant travaillé activement au cours de ma carrière parlementaire pour obtenir l'accès à l'information en Colombie-Britannique, je crois qu'une solution consisterait à voir les documents d'information du Cabinet préparés par le Bureau du Conseil privé. Si votre comité pouvait examiner ces documents... Je ne vois pas pourquoi, à titre de citoyen canadien, ceux-ci ne pourraient pas être rendus publics. Il n'y a pas de question de sécurité nationale en jeu.
Si quelqu'un remarquait que les documents d'information expliquaient au Cabinet du Premier ministre et aux chefs des partis d'opposition qu'il y avait réellement une crise, ce serait rassurant pour des gens comme moi, de même que pour les citoyens canadiens. C'est l'unique raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui. Je suis un citoyen canadien et je respecte assez le Parlement et le régime parlementaire en général pour prendre le temps de venir vous faire part du peu que je sais.
D'après ce que j'ai entendu, je ne crois pas être trop en désaccord avec la Dre Gulenchyn.
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Oui, il s'agissait de mes chiffres et de moi dans l'article. J'ai sous-estimé le nombre d'examens que nous faisions dans ces quatre hôpitaux. En fait, nous procédions à 90 examens par semaine.
Durant cette première semaine, nous avons effectivement baissé à 12. Heureusement, grâce aux efforts immenses déployés par mon personnel et notre radiopharmacie centrale, nous avons pu augmenter ce nombre et améliorer un peu la situation au cours de la deuxième et de la troisième semaines de la crise. Nous avons fini par exécuter de 40 à 50 p. 100 environ de notre charge de travail, ce qui correspond à peu près à ce qu'ont fait les autres centres qui avaient accès au produit.
Je crois qu'en procédant à un tri, nous avons effectué tous les examens que nous devions absolument faire. Je pense que nous les avons tous faits à Hamilton. Mais je sais que d'autres centres ont littéralement fermé leurs portes et des examens n'ont pas été effectués. Des patients qui devaient passer des scintigraphies pulmonaires pour le diagnostic de l'embolie pulmonaire n'ont pas pu subir ces examens étant donné que nous n'avions pas accès aux services de tomodensitométrie. Je n'ai pas entendu dire que cette situation a causé du tort à ces patients.
Là encore, si nous revenons au processus du diagnostic, qui commence par un problème de santé chez le patient, suivi d'une vérification des antécédents, d'un examen physique et d'une évaluation par un médecin compétent des risques et des probabilités, les médecins prennent des décisions en l'absence de tests de diagnostic. Ils ne se contentent pas de rester là, les bras croisés, à ne rien faire. Ils traitent les patients de leur mieux.
À ma connaissance, aucun patient n'a perdu la vie, ni n'a subi de préjudices graves à cause de cette crise, car je pense que nous gérions la situation raisonnablement bien jusqu'à ce que le Parlement intervienne et que le réacteur soit remis en service.
Puis-je affirmer avec certitude que cela n'a pas été le cas pour tout le monde en Amérique du Nord? Non.
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Je ne connais pas M
me Bell.
J'ai sévèrement critiqué certains de mes amis au NPD pour avoir voté au Parlement contre la Commission canadienne de sûreté nucléaire sans avoir posé de questions intelligentes. La seule question intelligente que j'ai entendue dans la couverture médiatique des affaires parlementaires a été posée par M. Ignatieff, dont je ne suis pas un grand partisan, mais sa question m'a beaucoup impressionné.
L'autre jour, aux audiences de votre comité, il m'a semblé que les questions les plus perspicaces étaient posées par le Bloc et les libéraux. J'ai remarqué que le gouvernement a posé quelques bonnes questions aujourd'hui également.
Mais c'est davantage en tant que citoyen que je m'intéresse à la question, pour être franc. En écoutant la Dre Gulenchyn, je pensais que si vous écoutez attentivement ce que nous avons tous deux à dire... Elle est l'experte pour ce qui est de l'utilisation des radionucléides. Elle et moi les avons utilisés pour établir des diagnostics, et nous commencerions tous deux, comme je l'ai fait ce matin avec mes étudiants et le personnel des internes et des résidents, par la vérification des antécédents du patient et l'examen physique. Je suis probablement différent d'elle puisque j'ai travaillé dans certaines collectivités très éloignées où je n'avais pas accès à des tests de diagnostic sophistiqués et devais me servir de ma tête.
Mais ce qui retient le plus mon intérêt, la raison pour laquelle je suis si reconnaissant de pouvoir m'adresser à vous ce matin, c'est qu'il y a de multiples crises apparentes, et une crise dépend de la perception des gens. Par exemple, un ancien ministre libéral de la Santé a dépensé des centaines de millions de dollars pour acheter un médicament appelé oseltamivir, ou Tamiflu, contre la grippe aviaire. Je pense que c'était vraisemblablement un énorme gaspillage d'argent.
À écouter le représentant d'EACL aujourd'hui, je me suis dit, ma foi, dix millions de dollars de cette somme auraient manifestement pu régler les problèmes du réacteur d'EACL si la société était « sous-financée ».
Ce que j'aimerais que le Parlement et les députés de tous les partis fassent, c'est qu'ils posent des questions méticuleuses et intelligentes, qu'ils fassent appel à leur personnel formé pour poser des questions difficiles et qu'ils essaient de faire la lumière sur les faits.
J'espère que grâce à votre comité, je finirai par apprendre s'il y a eu bel et bien une crise ou s'il s'est agi d'une situation gérable qui était bien gérée par des gens comme la Dre Gulenchyn et s'il y a des leçons que nous pouvons tirer dans l'avenir.
D'après ce que les témoins ont dit aujourd'hui, il y a eu une rupture des communications à bien des égards. C'est quelque chose que nous essayons d'étudier en profondeur depuis le début. Mme Gulenchyn nous a dit que l'information claire n'avait pas été fournie en temps voulu et M. Edwards a fait savoir que le Parlement ne disposait pas de tous les renseignements nécessaires pour prendre une décision quand ils s'est réuni.
Madame Gulenchyn, vous faisiez partie du groupe d'experts. Je me demande simplement pourquoi vous n'étiez pas au Parlement ce soir-là pour nous éclairer. Par ailleurs, quand j'apprends que le ministre de RNCan a reçu un courriel d'EACL le 22 novembre l'avertissant que la fermeture serait prolongée et qu'il s'agissait du premier courriel envoyé pour nous prévenir de cette situation, sachant que la production d'isotopes est si importante pour la médecine au Canada, pourquoi rien n'a-t-il été fait à ce moment-là?
Je suis très préoccupée par le fait que nous n'avons pas disposé de toute l'information au Parlement. J'aimerais que vous vous prononciez tous brièvement là-dessus, à savoir si nous serions dans la situation difficile dans laquelle nous sommes aujourd'hui si nous avions enclenché le processus à l'époque, le 22 novembre.
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Merci, madame Bell. Nous allons conclure là-dessus.
Merci beaucoup à tous les membres du comité pour leurs questions.
Merci aux témoins. Je vous suis extrêmement reconnaissant des réponses que vous nous avez fournies aujourd'hui. Beau travail.
À l'intention des membres: nous avions invité la sous-ministre et d'autres témoins à comparaître jeudi. Elle n'est pas disponible ce jour-là. Elle a proposé de venir mardi prochain.
Le comité avait bien entendu accepté d'entreprendre l'étude sur la foresterie mardi prochain, et nous devrions inviter des témoins pour cette séance. Nous avons le choix entre entamer l'étude sur le bois d'oeuvre ou entendre le témoignage de la sous-ministre mardi.
Ce que nous pourrions faire évidemment, c'est que la sous-ministre pourrait venir parler une heure de la foresterie, suivie d'une heure sur l'étude sur les questions nucléaires que nous faisons aujourd'hui. Est-ce que ce serait une solution appropriée, ou voulez-vous passer directement au sujet de la foresterie?
Puisque je crois que nous sommes d'accord, je vais l'inviter pour qu'elle parle de chaque question pendant une heure. Bien entendu, nous reprendrons la présente étude jeudi.
Comme il ne reste plus d'interventions, la séance est levée.