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Monsieur le Président, je suis heureux de m'adresser à la Chambre pour parler d'un sujet auquel j'ai consacré l'essentiel de ma carrière professionnelle. À ma sortie de l'université, je suis devenu procureur de la Couronne, d'abord au provincial, puis au fédéral. Par la suite, je suis devenu avocat de la défense. J'ai même été président de l'Association des avocats de la défense. J'ai été bâtonnier du Québec, puis ministre de la Justice et ministre de la Sécurité publique. De toute évidence, j'ai longtemps réfléchi à la criminalité en général et aux moyens efficaces de la combattre, tout comme aux fausses solutions qui sont parfois présentées et qui, dans des pays qui nous voisinent, donnent des résultats désastreux. Je ne voudrais pas que ce pays-ci suive la voie de son voisin pour aboutir aux mêmes résultats.
Dès le départ, je dirai que je nous crois tous habités par la même intention, soit celle de lutter contre la criminalité. Là où nous avons des pensées différentes, c'est quant aux moyens à prendre pour y parvenir. Or, si je reconnais cette qualité à mes adversaires, ils devraient me la reconnaître également, d'autant plus que mon passé a démontré que, placé dans des circonstances où j'avais vraiment du pouvoir, je pouvais lutter efficacement contre la criminalité. La victoire importante que nous avons obtenue sur les Hells Angels, au Québec, en est quand même une indication très claire.
Néanmoins, j'ai souvent entendu dire, de l'autre côté, que nous faisions un filibuster à propos du projet de loi . Je ne sais pas si les gens qui en ont parlé savent ce qu'est un filibuster. En français, ce serait une « flibusterie », car « filibuster » vient effectivement de « flibustier ». Cette tactique a d'abord été inventée au Sénat américain, par un vieux sénateur qui avait de graves objections à un projet de loi. À cette époque, il n'y avait pas de limite de temps de parole comme nous en avons maintenant dans tous les Parlements — grâce à lui, d'une certaine façon. Donc, afin de s'objecter au projet de loi, il avait décidé de parler, de parler sans arrêt. Il avait même pris la Bible et en lisait de larges extraits, et il continuait de parler.
Aujourd'hui, nous avons des mesures pour éviter les filibusters, les obstructions systématiques. Nous avons maintenant des délais pendant lesquels nous devons exposer nos arguments. Faire de l'obstruction systématique suppose l'utilisation de tous les moyens procéduraux pour retarder un débat.
Or, le projet de loi regroupe cinq projets de loi qui avaient été présentés au cours de l'autre session, dont celui sur la libération sous caution. La motion, à l'étape de la troisième lecture, avait été adoptée à l'unanimité, sans qu'il y ait eu de vote, le 5 juin 2007. Je ne vois donc pas de quelle façon nous aurions pu retarder cette partie du projet de loi .
Pour ce qui est du projet de loi , sur les facultés affaiblies, il est mort au Feuilleton avant même l'étape du rapport. Encore une fois, je ne vois pas là de tactique qui permette de nous accuser de faire de l'obstruction.
Quant au projet de loi , à propos des délinquants dangereux, il est aussi mort au Feuilleton en comité. Que signifie « mort au Feuilleton »? Cela veut dire que nous aurions dû normalement reprendre à l'automne les délibérations interrompues à la fin du printemps, mais la session a été prorogée. C'est le gouvernement qui a déclaré la prorogation. C'est le gouvernement qui a donc avorté le processus par lequel devaient passer ces projets de loi avant de devenir des lois. Aucune discussion n'a donc pu se poursuivre quant à ces projets de loi.
C'est la même chose, d'ailleurs, pour le projet de loi . Pis encore, ce projet de loi avait été adopté à l'étape de la troisième lecture. Dans ce cas-ci, encore une fois, cela avait fait l'objet d'un consentement unanime.
Nous avions donc voté en faveur de ces quatre projets de loi. Où se trouve donc l'obstruction systématique, cette tactique par laquelle on cherche à étirer les débats afin qu'un projet de loi sur lequel on est en désaccord ne soit pas validé?
Il reste un projet de loi important, le projet de loi , qui prévoit des peines minimales pour les infractions mettant en jeu des armes à feu.
Nous sommes effectivement contre cela et nous avons des objections, mais le projet de loi a tout de même été adopté en troisième lecture le 29 mai 2007.
En fait, le gouvernement a décidé de regrouper ces cinq projets de loi pour une seule raison: aucun de ces projets de loi n'a suscité d'obstruction systématique. Sachant que sur le projet de loi nous avons des objections des principes que je vais exposer tantôt, le gouvernement voudrait dire ensuite que si nous votons contre le projet de loi parce que nous sommes contre cette partie, nous sommes également contre toutes les autres parties.
C'est un argument qui revient continuellement en cette Chambre et qui m'apparaît fallacieux. D'ailleurs, je ne comprends pas que cet argument soit encore utilisé de part et d'autre par tous les partis. Personnellement, je ne l'ai jamais utilisé et je ne l'utiliserai probablement jamais. Cependant, lorsque nous votons en faveur de blocs de loi — par exemple, ce discours du Trône est un bloc dans lequel il y a de nombreuses mesures —, nous sommes évidemment en faveur de certaines mesures, mais nous sommes aussi contre d'autres.
Nous faisons donc le poids entre des mesures pour lesquelles nous d'accord et celles sur lesquelles nous sommes contre. Nous expliquons généralement notre vote. Dans un discours du Trône, si nous décidons que la balance des inconvénients l'emporte, nous voterons contre, et ce, bien que nous soyons en faveur de certaines des mesure qui s'y trouvent. C'est absolument fallacieux et injuste de nous dire que, parce que nous avons voté contre le bloc de mesures, nous sommes également contre chacune des mesures qui s'y trouvent.
C'est la même chose pour le budget lorsqu'on nous reproche de ne pas avoir voté en faveur de telle mesure budgétaire qui prévoyait telle chose, sachant très bien que nous voulions également cette chose. Cependant, nous avons voté contre le budget parce que nous avons regardé la balance des inconvénients, soit les mesures à propos desquelles nous n'étions pas favorables. C'est la même chose lorsque nous votons en faveur d'un budget. Nous ne sommes pas nécessairement favorables avec chacune des mesures qui s'y trouvent.
C'est donc un argument fallacieux, mais c'est devenu une tactique du gouvernement pour alerter l'opinion publique lors des prochaines élections, des élections que le gouvernement voudrait de toute évidence le plus tôt possible. Par exemple, il dira que nous sommes contre la modification de l'âge du consentement aux relations sexuelles que nous avons déjà adoptée par consentement unanime, et ainsi de suite.
Maintenant, passons vraiment au coeur du sujet, soit les peines minimales. En effet, nous nous avons des objections de principes avec les peines minimales. À mon avis, en fonction de mon expérience personnelle, les peines minimales n'ont pas d'influence sur la criminalité. Je crois que beaucoup de gens qui étudient la criminalité depuis longtemps partagent le même avis.
Premièrement, je crois qu'aucun député en cette Chambre ne serait capable de me dire le nombre de peines minimales prévues dans le Code criminel. Les gens ne connaissent pas les peines minimales. Au Canada, l'exemple le plus frappant est la marijuana. J'ai passé l'examen du Barreau en 1966. J'ai commencé à travailler comme procureur de la Couronne au plan provincial et c'était la première fois que j'entendais parler de marijuana. C'est donc qu'il n'y en avait pas beaucoup à l'époque. Pendant tout mon temps à l'université, je ne me souviens pas avoir entendu parler de quelqu'un qui fumait du « pot ». Je ne connaissais même pas l'expression et je n'étais évidemment pas le seul.
Par la suite, je suis devenu procureur de la Couronne au plan fédéral et j'ai commencé à travailler sur des poursuites relatives à ces questions. Parlons de la marijuana et du haschisch provenant du chanvre indien. Le chanvre indien qui poussait ici n'avait aucune propriété hallucinogène. Ainsi, à l'époque, toute la marijuana, le haschisch et le chanvre indien qui a commencé à être fumée de la fin des années 1960 jusqu'à aujourd'hui venaient donc de l'extérieur.
Sait-on quelle était la peine minimale pour importer de la marijuana au Canada? Je suis sûr que les gens ne le savent pas, pas plus que les gens à l'époque ne le savaient. Cette peine minimale était de sept ans d'emprisonnement pour avoir importé de la marijuana. C'est tout de même une des sentences les plus sévères prévues au Code criminel. Pourtant, c'est pendant que nous avions cette peine minimale que la consommation de la marijuana a commencé à croître pour atteindre des sommets dans les années 1980.
Depuis ce temps, cela se maintient quand même à un très haut niveau. On voit bien que la sentence minimale ne donnait pas grand-chose. Le problème est donc que les gens ne connaissent pas les sentences.
Par contre, nous avons un exemple contraire qui est un succès, mais qui a cependant besoin d'être complété, soit la conduite avec facultés affaiblies. On n'a pas augmenté les sentences minimales, mais on a eu des campagnes de sensibilisation et d'information. On a dit qu'il était criminel de prendre sa voiture avec les facultés affaiblies. Je me souviens que lorsque j'ai terminé mes études et que j'ai acheté ma première voiture, on n'entendait pas cela. On prenait l'attitude de quelqu'un qui est capable de conduire et on ne voyait pas vraiment cela comme un geste criminel. Ce n'est plus le cas.
On a sensibilisé la population et assisté à une diminution de la conduite avec facultés affaiblies. Il s'agit d'ailleurs d'une diminution significative. Quand on a fait passer les premiers tests sur la route pour voir si les gens avaient des facultés affaiblies, il n'était pas rare qu'on arrête environ 10 p. 100 des conducteurs. Quand on le fait aujourd'hui avec le même échantillon choisi de la même façon, c'est moins de 1 p. 100 des conducteurs qui ont les facultés affaiblies. On a sensibilisé les gens. Je pense à mes enfants qui conduisent et qui, lorsqu'ils vont dans des partys, ont un conducteur désigné qui n'est pas toujours le même. Il s'agit d'habitudes qui ont été prises sans qu'il y ait la peur de la prison.
On voit donc bien que la simple peur d'une sentence ne joue pas. En plus, les gens ne connaissent pas les peines. Il faut connaître un peu la mentalité des criminels. J'ai fait du droit criminel assez longtemps pour en connaître un peu à ce sujet. Est-ce qu'on imagine que les criminels portent un jugement éclairé afin de savoir quelle sentence ils auront s'ils se font prendre? D'abord, la majorité des crimes sont commis de façon impulsive. Par contre, la chose que les gens évitent et ce qui les empêche de commettre des crimes n'est pas la peur de la sanction, mais la peur de se faire attraper. Si les chances qu'ils soient attrapés sont grandes, les gens modifieront leurs comportements.
D'ailleurs, j'ai aussi eu à vivre une autre expérience dans ma vie professionnelle et ordinaire. Quand j'ai commencé à pratiquer le droit à Montréal, c'était paraît-il la capitale des vols à main armée. Certains auditeurs se souviendront peut-être de ce fameux film intitulé Monica la mitraille. C'était d'ailleurs un très bon film. Je ne me souviens pas de son vrai nom, mais je l'ai vue personnellement en cour. Elle dirigeait l'un des groupes qui faisait des vols de banque à main armée, à Montréal. Il y en avait alors à peu près un par jour.
Se souvient-on du dernier vol de banque à main armée qui a été fait l'année dernière? Je suis convaincu qu'à peu près personne ne s'en souvient. Serait-ce parce que les voleurs auraient maintenant plus peur des sentences qu'à l'époque, alors qu'elles étaient d'ailleurs plus sévères? Comment se fait-il qu'ils le faisaient? Comment se fait-il que ce fléau des vols de banque ait diminué considérablement? C'est grâce à des mesures de prévention intelligentes. Les banques sont construites de façon différente et on ne peut plus avoir accès à des montants importants. Ainsi, le risque de se faire attraper par rapport aux profits espérés ne vaut pas la peine. De plus, par toutes sortes de mesures mises sur pied autour de la banque et grâce au travail des banquiers, on a aussi pu diminuer ce fléau que pouvaient représenter les vols de banque.
C'est donc par une série de mesures que nous obtenons véritablement une diminution de la criminalité, plutôt que par la peur qui ferait que les gens craindraient de commettre des crimes et cesseraient d'en faire.
Le troisième exemple que je peux donner est la peine de mort. Nous avons aboli la peine de mort au Canada depuis au moins 25 ans. Pourtant, depuis que la peine de mort a été abolie, les homicides n'ont pas augmenté, mais diminué de façon régulière.
Je ne dis pas qu'il ne doit pas y avoir de sentences. Il doit y en avoir et il doit y avoir des sentences sévères pour certains crimes dans certaines circonstances. Toutefois, l'utilisation de la prison à plein ne donne pas de résultats.
Un autre problème philosophique m'inquiète quant aux peines minimales et il vaut la peine d'être exposé. Un juge entend une cause et des arguments, puis mesure tous les facteurs que l'on doit prendre en considération lorsqu'on rend une sentence, comme les facteurs dissuasifs, considérés de façon individuelle et générale: la gravité de la dénonciation, la gravité du crime, les circonstances dans lesquelles l'accusé a commis le crime, son implication dans le crime, ses récidives s'il y a lieu, le milieu dans lequel il a vécu, sa responsabilité ou l'influence des autres qui l'auraient entraîné, et ainsi de suite.
D'instaurer des peines minimales, c'est d'obliger un juge qui a examiné toutes ces circonstances en son âme et conscience à conclure que, même si cette personne devrait recevoir 18 mois d'emprisonnement, la peine minimale sera de trois ans. Il est forcé par la loi à commettre, dans ce cas-ci, une injustice. J'ai personnellement entendu des juges dire cela lorsqu'ils prononçaient des sentences de peines minimales.
Par ailleurs, on oublie souvent que lorsqu'on veut imposer des peines minimales, on pense aux pires des délinquants. Quand j'entends les exemples donnés par les députés de l'autre côté de la Chambre qui défendent ce projet de loi, je sais bien qu'ils pensent aux pires des cas. Il faut toutefois penser que les peines minimales ne s'appliquent pas seulement aux pires des cas, mais aussi aux cas moins graves.
Je donne ici un exemple que j'ai vécu lors de ma carrière. En même temps, cela démontrera que, bien que des députés de l'autre côté allèguent qu'on n'inflige pas la peine minimale de sept ans, plusieurs personnes ont purgé des peines d'emprisonnement de sept ans pour importation de marijuana, même si c'était à une certaine époque.
Je me souviens d'une jeune femme qui, à la suite d'un accident, s'était trouvée diminuée. Elle avait une fille et son mari l'avait quittée. Elle a rencontré ce charmant Américain, beau parleur et cultivé comme elle, et il l'a séduite. Il a accepté de vivre avec son handicap à elle. Il était plein d'attention. Ils étaient amoureux. Il semblait avoir un certain revenu, sans être très riche. À un certain moment, il est parti et il lui a dit qu'il allait lui envoyer des paquets. Sur le coup, elle n'a pas très bien saisi de quoi il voulait parler. Effectivement, elle s'est mise à recevoir des paquets. D'après les conversations téléphoniques qu'elle avait avec lui, il est évident qu'elle appréhendait que ces paquets renferment quelque chose d'illégal, puisqu'il lui demandait de ne pas les ouvrir. Cependant, ce n'était pas elle qui les importait. Elle ne faisait que garder ces paquets chez elle. Par contre, puisqu'elle se doutait qu'il y avait quelque chose d'illégal, en vertu de la doctrine de l'aveuglement volontaire, elle était indubitablement coupable, comme lui, d'importation de stupéfiants.
Je me demande quelles peines mes collègues de la Chambre donneraient respectivement à cet homme et à cette femme. Ne trouve-t-on pas profondément injuste que l'on donne la même peine aux deux simplement parce que la peine minimale prévue est de sept ans? Comme il s'agissait d'importation de quantités relativement restreintes de haschich, soit la drogue la moins dangereuse, il ne méritait peut-être même pas sept ans d'emprisonnement, et surtout pas elle. On comprend donc de quelle façon les peines minimales nous poussent à commettre des injustices. Il faut aussi penser à d'autres.
De plus, en cette Chambre, on a souvent donné des exemples de cas qui semblaient très graves, si l'on se fiait seulement à deux ou trois raisons pour lesquelles le juge avait prononcé une telle sentence. Je doute toutefois que c'eût été le cas. Le juge avait probablement évoqué une dizaine de raisons, qu'on nous ne rapporte pas, pour prononcer la sentence qu'on nous présente comme étant inadmissible. Il est possible que, parmi les milliers de sentences rendues chaque jour au Canada, certaines apparaissent trop lourdes. S'il s'agissait véritablement d'une peine inadmissible, le recours possible ne serait pas le Parlement — c'est ce qu'on laisse croire, de la façon qu'on en discute —, mais bien les cours d'appel.
Jamais, parmi les arguments qu'on nous a donnés, à savoir qu'on devait augmenter les sentences, n'a-t-on invoqué un jugement déraisonnable d'une cour d'appel.
Enfin, je vous dis la chose la plus importante concernant les armes à feu: aux États-Unis, on incarcère sept fois plus que nous et on laisse la liberté au sujet des armes à feu. Résultat: trois fois...
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Monsieur le Président, je suis très fier de prendre la parole, au nom des gens de Timmins—Baie James, au sujet du projet de loi .
Notre responsabilité, en tant que parlementaires, en dépit de toute autre chose, est d'adopter des lois qui tiendront la route, refléteront la jurisprudence ainsi que la croyance selon laquelle les lois déterminent qui nous sommes en tant que pays. C'est dans un forum comme celui-ci que cela est possible.
Malheureusement, au cours des dernières années, particulièrement sous le gouvernement conservateur, les débats à la Chambre des communes se dégradent, surtout les débats sur la justice. Il y a 308 députés qui réfléchissent de façon judicieuse à des questions sérieuses. Ensuite, quand ils prennent la parole, ils sont tournés en dérision. Il y a bien sûr les chahuteurs de bas niveau du côté des conservateurs qui cherchent toujours à déformer nos paroles et à les sortir de leur contexte. Finalement, les débats sont manipulés par des doreurs d'image à la recherche de questions litigieuses.
Au bout du compte, cela favorise les intérêts d'un certain groupe politique. Cela crée une crise de légitimité. Cela nous donne le sentiment que le but du Parlement n'est pas de faire avancer les choses, que les parlementaires restent assis à ne rien faire parce qu'ils ne répondent pas.
Je parlerai plus particulièrement du programme des conservateurs en matière de criminalité. Leur gouvernement a accusé pratiquement tous les députés de se traîner les pieds et d'être peu exigeants en matière de criminalité. Certains députés conservateurs ont même laissé entendre à la Chambre que des députés appuyaient en quelque sorte la pornographie juvénile. Le fait de le prétendre est scandaleux et avilit notre rôle, qui consiste à mener une réflexion au sujet de projets de loi ayant trait à la criminalité.
Cet esprit ressort très clairement de l'étude du projet de loi . Bon nombre des articles de ce projet de loi ont été présentés à la Chambre, mis aux voix, discutés et enrichis d'excellents amendements. Certains d'entre eux, comme le projet de loi sur l'âge du consentement, étaient sur le point d'être adoptés. Je pense également à la détermination de la peine pour crimes commis avec une arme à feu, question sur laquelle tous les partis se sont penchés, et aux dispositions concernant la remise en liberté sous caution. Toutes ces mesures auraient été adoptées à l'heure qu'il est. Pourtant, les conservateurs ont prorogé le Parlement et fait mourir ces projets de loi au Feuilleton.
Le gouvernement a ensuite relancé tout le processus et s'est mis à accuser nos collègues du Sénat de ne pas faire leur travail. Il suffisait de prendre la parole et de poser des questions pour se faire dire que l'on faisait preuve de laxisme en matière de criminalité et que l'on retardait le processus. Tout cela est contraire aux faits. Il faut vraiment se demander pourquoi ces mesures ne sont pas encore adoptées et si le programme du gouvernement en matière de criminalité était sérieux et visait à aboutir à des lois utiles pour la population. Les projets de loi étaient prêts à aller de l'avant.
Nous assistons à une dégradation continue du discours politique. Et que dire maintenant des manigances auxquelles nous avons assisté aujourd'hui durant la période des déclarations et des questions. Mon bon ami de Nepean—Carleton, qui prend souvent plaisir à faire le jappeur dans ses attaques partisanes, a pris la parole et tenté de transformer ce que j'avais dit en capital politique pour le Parti conservateur. Il a voulu faire croire que j'avais refusé d'appuyer l'idée de faire passer de 14 à 16 ans l'âge du consentement, que j'avais tenté de faire obstruction au projet de loi et que nous étions laxistes en matière de criminalité.
Je m'abstiendrai de réagir aux propos du député. Son zèle partisan m'impressionne, mais s'il doit faire un travail de démolition, qu'il le fasse donc comme il faut. Il est malheureux de constater à quel point le débat s'avilit. Nous aboutissons à des discussions absurdes et ridicules. Je me demande à qui au juste le député cherche à plaire.
J'ai parlé hier du fait que les conservateurs allaient s'employer à déformer les faits. Les conservateurs présentent des déclarations sous un faux jour. Puis ils présentent les choses à leur avantage dans les bulletins parlementaires...
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Monsieur le Président, il reste que cela décrit très bien la situation. Ce que le député a dit est ridicule. S'il veut venir dans Timmins—Baie James pour y brandir un dix-pour-cent conservateur disant que je suis trop tolérant en matière de criminalité, eh bien qu'il le fasse.
Les habitants de ma circonscription m'ont élu parce qu'ils veulent se débarrasser de ces gens-là. Ils ne croient pas une seconde ce que disent ces députés. Si les conservateurs veulent m'attaquer personnellement aux frais des contribuables, ils ont beau le faire. Ils peuvent envoyer autant de dix-pour-cent qu'ils le veulent, et claironner que je suis trop tolérant en matière de criminalité. Mes électeurs savent que ce n'est pas vrai. Ils savent que nous sommes ici pour examiner ces projets de loi sur la criminalité et essayer de les adopter.
En ce qui concerne le projet de loi , les gens d'en face colportent sans cesse des faussetés pour essayer de montrer que les députés font de l'obstruction. En réalité, c'est le gouvernement conservateur qui a prorogé le Parlement et laissé ces projets de loi mourir au Feuilleton. Je pense particulièrement à celui concernant l'âge du consentement, qui serait déjà une loi si les conservateurs avaient simplement signé pour le rétablir.
On peut se demander s'il n'y aura pas des élections avant que l'étude de ce projet de loi au Sénat ne soit terminée. Les conservateurs savent très bien que le projet de loi risque de ne jamais devenir loi. Hier, j'ai mentionné qu'une telle situation les réjouiraient peut-être, puisqu'ils pourraient ainsi faire toute une campagne électorale en clamant que tous les autres députés sont trop tolérants face à la criminalité. Ce n'est là rien de bon pour les Canadiens.
Le député de Nepean—Carleton a offert 1 000 $ à des jeunes pour les inciter à rédiger un essai sur la façon de se protéger du leurre par Internet. Cependant, cette offre était en fait une attrape. En effet, ces jeunes devaient en contrepartie faire circuler sa pétition dans le public, une pétition blâmant le Sénat pour avoir bloqué un projet de loi que son propre gouvernement avait pourtant tué. Naturellement, il n'a rien dit aux jeunes à ce sujet.
C'est là un autre exemple de la façon dont les conservateurs laissent continuellement leurs empreintes malsaines et partisanes dans l'esprit des jeunes. La pétition en question avait pour but de dénigrer le Parlement et de discréditer tous les députés, car nous prenons ces questions très au sérieux. Nous prenons très au sérieux la question de l'âge du consentement. Nous prenons très au sérieux les crimes commis à l'aide d'une arme à feu. Nous devons dorénavant jouer notre petit rôle dans le téléroman présenté chaque jour à la Chambre.
Le gouvernement n'a aucune vision nationale. Il n'a aucun plan. Il a essayé de gagner du temps avec ses projets de loi sur la criminalité, simplement parce qu'il n'avait rien d'autre dans son arsenal. Voilà maintenant que nous devons recommencer un débat qui a déjà eu lieu. Tout avait pourtant été réglé, mais cela n'a pas empêché le gouvernement de reculer les pendules et de présenter encore une fois le même projet de loi.
Il suffit d'examiner le programme du gouvernement en matière de criminalité pour comprendre pourquoi la population n'a plus aucune confiance dans les politiciens. Lorsqu'un gouvernement est prêt à se montrer aussi partisan pour des questions relatives à la protection du public, comment pouvons-nous avoir confiance en lui pour le reste? Il y a tellement de projets de loi en matière de criminalité: peine minimale obligatoire pour vol de vélo, peine minimale obligatoire pour vol de mobilier, durcir le ton sur ceci, durcir le ton sur cela. Tout ce qu'il y a dans les fichiers du gouvernement, ce sont d'autres projets de loi contre la criminalité. Comme je l'ai fait remarquer hier, il s'agit d'une plaie béante qui ne guérira jamais. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un autre crime horrible, d'un autre conducteur en état d'ébriété. À chaque fois, le gouvernement pourra dire que nos lois ne sont pas assez sévères.
Cela ne fait que minimiser la question plus large de ce que devrait être la politique canadienne en matière de criminalité. Devons-nous prendre les crimes commis à l'aide d'une arme à feu au sérieux? Bien sûr que oui. Devons-nous prévoir des politiques pour lutter contre les gangs? Évidemment. Nous devons voir à ce que les policiers soient en mesure de desservir les régions du pays où la criminalité est à la hausse. Nous devons toutefois également disposer d'un plan clair et cohérent pour traiter les criminels et les récidivistes.
Je parle souvent du député de parce que c'est une anecdote amusante. Je pourrais même en parler dans mon dix-pour-cent pour que les gens voient dans quelle situation ils se trouveraient s'ils avaient choisi d'élire un conservateur plutôt que moi.
Il a dit que j'étais opposé à la politique de l'emprisonnement à vie après trois infractions. C'est vrai. Je suis effectivement contre ce que les conservateurs essaient de faire avec leur politique plutôt simpliste. En Californie, des gens sont condamnés à la prison à perpétuité pour avoir volé une pizza. Le gouvernement voudrait aller dans ce sens.
Les conservateurs tentent de détourner l'attention de la question plus large. Tant que nous serons obligés de nous défendre contre les accusations du gouvernement, notamment de faire preuve de laxisme en matière de criminalité et d'appuyer les pédopornographes, nous ne pourrons pas discuter de la nécessité fondamentale de doter le pays d'une politique avant-gardiste pour le XXIe siècle.
Il est essentiel, par exemple, de prévoir un programme d'infrastructure pour les municipalités, tant rurales qu'urbaines. Le gouvernement n'a proposé aucun plan à cet égard. Toutefois, nous ne pouvons discuter de ces sujets parce que nous sommes occupés à parler de vols de bicyclettes aujourd'hui et de quelque autre crime demain.
Outre le fait que les conservateurs détournent notre attention en ramenant continuellement des projets de loi qui doivent être débattus à nouveau et dont l'étude traîne en longueur, voilà que, la semaine dernière, le nous a couverts de honte à l'échelle internationale. Au sommet du Commonwealth, il a démontré que le Canada n'était plus un leader sur la scène mondiale et que notre gouvernement ne défendait pas l'intérêt national. Il défend les intérêts des pilleurs de l'environnement qui exploitent les sables bitumineux. Nous devons nous pencher sérieusement ici à la Chambre sur l'incapacité du gouvernement à présenter une politique environnementale qui fait plus que de servir de bouclier aux grandes pétrolières.
La criminalité est problème grave. La Chambre a examiné ce problème. Nous avons parlé de l'âge du consentement et de la violence avec des armes à feu. Des éléments cohérents ont été proposés, et tous les partis ont mis la main à la pâte. En fin de compte, c'est le rôle qui nous incombe, à titre de législateurs. Nous devons nous inspirer de l'expérience vécue dans nos circonscriptions, de telle sorte que les lois pourront vraiment être efficaces. Les lois doivent pouvoir être appliquées sur le terrain. Les chefs de police doivent y souscrire de même que les gens qui s'occupent des récidivistes. Les lois font partie d'une politique cohérente.
Nous sommes en train de tenir un débat qui devrait déjà être terminé. Ces lois auraient déjà dû être adoptées. Pourquoi en débattons-nous encore? Je n'en suis pas certain. Cependant, je n'ai pas du tout l'intention de me taire simplement parce que les conservateurs nous disent que c'est à prendre ou à laisser et qu'il faut voter pour ou contre. Il est de mon devoir de me prononcer sur les projets de loi, en tant que législateur, et je vais continuer de le faire malgré les envois partisans qui arrivent par la poste dans ma circonscription, malgré les députés d'arrière-ban qui ont pour mission de m'attaquer verbalement ou d'attaquer d'autres députés. Qu'ils le fassent s'ils le veulent, mais le caucus dont je fais partie ne continuera pas moins son travail de réflexion à propos des projets de loi qui sont soumis à la Chambre, sous le regard du pays. Nous devons adopter des lois qui pourront bel et bien être appliquées et qui, en fin de compte, auront pour effet de faire progresser le pays, et non de le ramener en arrière.
Je vais terminer en parlant de la politique des trois fautes. Nous avons assisté à l'échec lamentable de cette politique aux États-Unis, issue d'une certaine vision de la lutte contre la criminalité. Les taux de violence se maintiennent aux États-Unis. Des crimes y sont toujours commis au même rythme avec des armes à feu. Des gens qui n'auraient jamais dû se retrouver dans le système de justice s'y font carrément dévorer à cause des peines minimales obligatoires et de la politique des trois fautes. C'est une politique qui ne marche pas.
La seule chose pire qu'une politique ratée est d'avoir des personnes qui, des années plus tard, se penchent sur cette politique ratée et qui, en dépit de toutes les données empiriques, après mûre réflexion, prennent froidement la décision d'approuver cette politique ratée. C'est encore pire. C'est bien pire que l'erreur commise par nos voisins américains. Si nous étions aux prises avec des problèmes de violence commise au moyen d'armes à feu et par des gangs, nous aurions eu des raisons de penser que, peut-être, l'approche adoptée aux États-Unis fonctionnerait, mais nous savons que cette approche a échoué. Nous savons qu'un équilibre est nécessaire. D'une part, il faut permettre aux gens de sortir de la criminalité et de se réadapter. D'autre part, il faut avoir des lois pour éliminer les gangs, avoir des policiers dans la rue, et prévoir des peines sévères lorsqu'il y a lieu.
Nous nous sommes efforcés d'atteindre cet équilibre, ici à la Chambre. Nous y sommes parvenus, mais les conservateurs sont en train de perturber cet équilibre. Au bout du compte, il s'agit de protéger nos collectivités, et je ne peux m'empêcher encore une fois de songer à la circonscription de Timmins—Baie James, que je représente.
Si le gouvernement veut vraiment se montrer plus sévère face à la criminalité, s'il veut vraiment protéger les citoyens, pourquoi n'y a-t-il presque plus de présence policière dans les collectivités de la région de la baie James? Les agents de police, le service et les policiers de la nation nishnawbe-aski, qui patrouillent le territoire de la nation nishnawbe-aski, se retrouvent constamment dans des situations dangereuses, parce qu'il n'y a pas d'argent pour eux.
Les policiers ne devraient jamais devoir travailler seul ou en duo dans des collectivités isolées de 2 000 habitants, accessibles uniquement par air. Il faut prévoir des renforts adéquats. C'est quelque chose d'acquis dans toutes les autres régions du pays, mais, pour une raison quelconque, dans nos collectivités autochtones isolées, non seulement les policiers sont-ils sous-représentés, mais c'est aussi le cas des citoyens. Il y a beaucoup plus de violence dans ces collectivités, à cause du manque de services et du manque de soutien aux collectivités et aux policiers. Nous sommes au courant du stress éprouvé par nos policiers et par les gens qui vivent dans ces collectivités.
Si nous voulons durcir le ton face au crime, où est l'argent? Où est l'argent qui nous permettrait de faire en sorte que, dans les endroits où il y a de la violence, notamment les réserves isolées des Premières nations, nous ayons des policiers, que ceux-ci aient le soutien social nécessaire, et que nous ayons aussi des centres régionaux pour les victimes de violence? Les collectivités de la région de la baie James n'ont rien de cela. J'ai toujours dit que leurs conditions étaient comme celles du tiers monde, sinon pires.
Cependant, on penserait qu'un gouvernement qui dit vouloir durcir le ton face au crime et répondre aux besoins des citoyens admettrait qu'on ne peut pas affecter un agent de police seul dans une localité isolée, sans renfort. Premièrement, nous faisons du tort aux citoyens et cela revient à les laisser sans services policiers. Deuxièmement, pas un seul corps de police non autochtone dans ce pays accepterait de telles conditions.
Devons-nous nous attaquer sérieusement à la criminalité? Absolument. C'est notre travail. Notre travail consiste à faire des lois et à veiller à ce que ces lois donnent les résultats recherchés. Nous réfléchirons à ces lois au fur et à mesure qu'elles seront présentées. Nous proposerons des modifications qui en feront de bonnes lois et nous nous opposerons aux mesures législatives qui ne fonctionneront pas. Toutefois, nous ne nous soustrairons jamais à la responsabilité que nous avons comme législateurs de prendre le temps qu'il faut pour réfléchir à de tels projets de loi.
Si le gouvernement veut proroger la Chambre pendant cinq semaines, cela le regarde. S'il veut permettre que des projets de loi qui auraient dû devenir des lois meurent au Feuilleton, des projets de loi comme celui sur l'âge du consentement et les projets de loi sur la violence à main armée, et tout reprendre à zéro, cela le regarde. S'il veut prendre tout le temps nécessaire, cela le regarde, mais il ne peut pas nous dire, à la Chambre, ce qui nous regarde. Ce qui nous regarde, c'est représenter nos concitoyens et veiller à ce que toute mesure législative présentée par le gouvernement, qu'elle s'insère dans un projet de loi omnibus ou qu'elle soit qualifiée de motion de censure, donnera les résultats voulus et, en fin de compte, qu'elle a un caractère efficace que nous pouvons invoquer pour dire au peuple canadien que 308 députés ont créé une loi qui fonctionne.
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Monsieur le Président, je reprends où le député de a terminé au sujet du projet de loi et je présente le contexte dans lequel s'inscrit l'hypocrisie très claire du gouvernement conservateur en ce qui concerne les questions liées à la justice.
Le député de a parlé de certains domaines où les conservateurs n'ont pris aucune mesure et où ils ont plutôt réduit le financement. C'est un point de départ important parce que si le gouvernement voulait vraiment s'attaquer à la criminalité, il suivrait l'exemple du NPD en abordant la criminalité de façon intelligente. Il prendrait l'ensemble des mesures qui s'imposent pour réduire le taux de criminalité et le nombre de victimes dans la société.
Il va sans dire que ce projet de loi comporte des éléments que le NPD peut appuyer, mais en réalité il semble être davantage une tactique politique qu'une véritable tentative pour se pencher sérieusement sur les questions de justice pénale et sur la réduction du taux de criminalité.
J'aborderai quelques-uns de ces points plus tard, mais parlons d'abord de ce qui n'est pas prévu dans le projet de loi et de ce qui ne figure pas dans le programme des conservateurs au chapitre de la justice, depuis leur arrivée au pouvoir.
Le projet de loi ne prévoit rien pour les jeunes à risque. Comme on le sait, chaque dollar investi dans des programmes de prévention du crime permet d'économiser 6 $ en services policiers, en frais de justice et en coûts pour le système pénal par la suite. Pourtant, le gouvernement conservateur n'a pratiquement rien fait pour appuyer les programmes destinés aux jeunes à risque.
Pour ce qui est des programmes destinés aux toxicomanes, on sait que certains pays ont réussi à réduire d'environ 80 p. 100 le taux de dépendance, particulièrement chez les toxicomanes. Des pays comme la Suisse ont réalisé des progrès considérables dans la réduction du nombre de toxicomanes.
On sait également qu'en réduisant le nombre de toxicomanes, on réduit essentiellement le nombre de crimes commis pour assouvir une dépendance maladive à la drogue. Nombre de Canadiens qui n'ont rien à se reprocher se font blesser, mais le gouvernement n'a rien fait pour mettre en place des programmes de réadaptation des toxicomanes pour faire baisser le taux de dépendance et réduire du même coup le taux de criminalité.
Le gouvernement n'a carrément pas appuyé les services de police communautaires. Il a parlé d'augmenter le nombre d'agents de police, mais il n'a absolument rien fait de concret pour aider les collectivités d'un océan à l'autre qui ont besoin de financement pour leurs services policiers.
À New Westminster, une des deux villes que je représente, les services de police coûtent une fortune et la facture a dû être refilée au gouvernement fédéral. Celui-ci n'a absolument rien fait pour soutenir la ville de New Westminster, dont les dépenses au titre des services de police ont augmenté en raison de mesures prises par le gouvernement lui-même.
C'est la même chose pour la ville de Burnaby. En effet, le gouvernement a refusé de renverser les réductions pratiquées dans le budget de la GRC par le gouvernement libéral précédent, qui ont causé une pénurie d'agents de police de première ligne. Il ne finance pas non plus les services de police communautaires ou les mesures générales de prévention de la criminalité, qu'il s'agisse de vérifications de sécurité ou d'autres initiatives communautaires visant à enrayer la criminalité.
Tout ce que le gouvernement arrive à faire, c'est de dilapider des milliards de dollars sous forme de réductions de l'impôt des sociétés. Celles-ci engrangent actuellement des profits records, mais tout ce que le gouvernement trouve à faire, c'est de leur donner encore plus d'argent plutôt que de financer les services de police communautaires, les programmes pour les jeunes à risque, les programmes pour les toxicomanes et les mesures de prévention de la criminalité.
Le gouvernement ne finance effectivement aucun de ces programmes. Il se contente de faire cadeau de son argent à ses amis des grandes sociétés. Plus ça change, plus c'est pareil. Le gouvernement libéral précédent avait le même comportement. On ne prend généralement aucune mesure concrète.
En ce qui concerne les initiatives internationales du gouvernement, nous constatons une contradiction évidente avec les objectifs déclarés du projet de loi . Aujourd'hui, pendant la période des questions, le gouvernement a refusé de prendre des mesures pour mettre un terme aux crimes contre l'humanité au Darfour. Le gouvernement refuse de faire quoi que ce soit dans ce dossier.
Hier, au Comité du commerce international, conservateurs et libéraux se sont donnés la main pour enterrer la motion néo-démocrate qui avait pour but de mettre un terme aux négociations commerciales actuellement en cours avec la Colombie, ce qui serait très important. En effet, le gouvernement colombien entretient des liens avec le monde du crime. Les militaires colombiens ont procédé à des exécutions sommaires par centaines. Des dizaines de syndicalistes ont été assassinés par des paramilitaires de mèche avec le gouvernement colombien. Pourtant, au lieu de dénoncer ces crimes et de prendre position, le gouvernement se trouve en fait à récompenser le gouvernement colombien pour ses crimes contre l'humanité en négociant avec lui une nouvelle entente commerciale.
On voit bien ici toute l'hypocrisie du gouvernement. On peut bien commettre des crimes. Il s'agit de porter veston et cravate ou d'être bien branché sur un gouvernement de droite et alors tout baigne dans l'huile.
Pourtant, la plupart des Canadiens n'acceptent tout simplement pas cela. Ils comprennent toute l'hypocrisie de la situation. Le régime colombien, avec ses paramilitaires, ou d'autres militaires colombiens, commet des crimes contre l'humanité et des assassinats que le gouvernement canadien devrait condamner mais qu'il valorise plutôt en proposant un accord commercial.
On voit bien l'hypocrisie des conservateurs. Ils agissent d'une certaine façon avec ceux qui portent le complet ou encore ceux qui portent l'uniforme militaire en Colombie, et ils font semblant d'agir autrement en proposant la présente mesure législative.
Analysons le processus entourant le projet de loi , qui illustre à nouveau l'hypocrisie du gouvernement conservateur.
Le Sénat était déjà saisi de 60 p. 100 du contenu du projet de loi. Or ce Sénat, nous l'avons constaté, même s'il est dominé par les libéraux, n'a absolument rien fait pour entraver le programme des conservateurs. Libéraux et conservateurs sont comme larrons en foire.
Les conservateurs jouissent à toutes fins pratiques d'une majorité au Parlement puisque les députés libéraux ont renoncé à leur rôle de députés de l'opposition. Ils refusent de se prononcer. Ils ne protestent jamais. Ils acceptent tout ce que proposent les conservateurs, de sorte que ces projets de loi concernant la justice étaient en bonne voie d'être adoptés par le Sénat.
Le Sénat n'a mis que 72 heures à accepter la capitulation dans le dossier du bois d'oeuvre, une mesure qui n'était clairement pas dans l'intérêt du Canada. Les mesures législatives concernant la justice que nous étudions auraient été adoptées. Au lieu de cela, le gouvernement les a retirées et les présente maintenant à nouveau à la Chambre. Cela a entraîné un retard de plusieurs mois. Bel exemple d'hypocrisie, selon moi.
Essentiellement, ces mesures en étaient à la ligne d'arrivée, comme dans le cas de la capitulation concernant le bois d'oeuvre, où nous étions sur le point d'avoir gain de cause devant les tribunaux des États-Unis. Au moment où nous franchissions la ligne d'arrivée, le gouvernement a décidé qu'il n'était pas opportun de faire adopter ces mesures. Il a alors prorogé le Parlement et présenté à nouveau les projet de loi pour tenir une fois de plus les mêmes débats, puisqu'il n'a pas sérieusement l'intention d'agir en matière de justice. Les conservateurs ne sont pas plus sérieux en matière de services policiers communautaires ou de prévention du crime qu'ils ne le sont pour régler les problèmes de toxicomanie ou intervenir à l'égard des jeunes à risque. En effet, les conservateurs ne sont pas sérieux sur ces questions. Cependant, ils veulent faire semblant qu'ils le sont et voilà pourquoi ils présentent à nouveau toutes ces mesures législatives dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Les conservateurs ont dit qu'ils voulaient s'occuper des délinquants dangereux. Cela fait partie de ce qu'ils voulaient faire. Ils ont dit que ce projet de loi réglerait la question et, comme le député d' le sait très bien, car il a fait dans ma circonscription les mêmes envois postaux que ceux mentionnés plus tôt par le député de , cette mesure législative ne résistera pas à une contestation fondée sur la Charte.
Il est important de noter que le NPD a présenté des amendements au comité et à la Chambre, et qu'il n'a cessé de répéter au gouvernement que, comme ce dernier sait que ce projet de loi ne résistera pas à une contestation fondée sur la Charte et qu'il sera inefficace, la seule chose sensée à faire consiste à supprimer la limite prescrite concernant la désignation de délinquant dangereux.
Jetons un coup d'oeil au contenu de ce projet de loi. Je vais le lire, car il est important que les Canadiens prennent conscience de l'immense hypocrisie du gouvernement. Il dit:
[...] et une demande en vertu du paragraphe (1) au plus tard six mois après l’imposition;
c'est repris à l'alinéa b):
[...] au plus tard six mois après l’imposition [...]
La limite de six mois est toujours dans le projet de loi. Est-ce si important? Oui. Paul Callow, le violeur qui passait par les balcons, a été libéré à cause de ces dispositions, qui sont actuellement dans le Code criminel et qui ont été maintenues par le gouvernement conservateur. Il a été remis en liberté parce que le Code criminel ne renferme aucune disposition permettant d'appliquer la désignation de délinquant dangereux plus tard, pendant que les délinquants purgent leur peine.
C'est important parce que dans ce cas, l'individu n'a pas subi les traitements requis et il aurait attaqué une infirmière en prison.
En vertu de ce projet de loi conservateur que nous débattons maintenant, la même situation pourrait se reproduire demain, dans une semaine ou l'année prochaine, car la limite de six mois pour la désignation de délinquant dangereux existe toujours.
Ce n'est pas comme si le gouvernement ne le savait pas. Le député de , que tous les députés de la Chambre ont proclamé le député le mieux informé de la présente législature, l'a répété à maintes reprises, a averti le gouvernement et a envoyé des lettres. Il s'est présenté au comité et a proposé l'amendement.
Les libéraux et les conservateurs qui, à l'évidence, n'avaient pas la moindre idée de ce que contenait le projet de loi, ont refusé d'adopter l'amendement. Puis, il a été présenté à la Chambre. Là encore, les libéraux et les conservateurs l'ont rejeté.
Par conséquent, nous avons maintenant devant nous un projet de loi qui nous replonge dans la même situation que plus tôt cette année parce que le gouvernement ne semble pas prendre au sérieux les questions de justice pénale.
Lorsque nous abordons la question de la criminalité de façon intelligente, nous devons en examiner toutes les composantes: les mesures préventives, le financement de ces mesures, le financement de la police de quartier et les modifications au Code criminel qui visent précisément à corriger les problèmes. Nous ne voulons pas modifier le Code criminel simplement pour avoir l'air de faire notre travail.
L'aspect peut-être le plus fâcheux de tout ce processus consistant à présenter des mesures législatives, à les retirer, à les présenter à nouveau et à refuser de tenir compte des conseils reçus des fonctionnaires et autres témoins qui ont comparu devant le comité et du député proclamé le député le mieux informé par ses collègues à la Chambre des communes, c'est que nous nous retrouvons exactement dans la même situation qu'au printemps dernier, sans capacité de déclarer une personne délinquant dangereux plus tard après la condamnation. C'est ce que je trouve effrayant dans ce processus.
C'est effrayant d'entendre des propos hypocrites lorsque des crimes sont commis à l'échelle internationale. Les conservateurs se contentent de dire: « Pas de problème. Vous pouvez commettre un crime. Vous pouvez commettre un meurtre si vous faites partie de l'armée colombienne. Vous pouvez faire ces choses. Nous nous en fichons. Chez nous, nous allons manifester un intérêt de pure forme pour certains aspects des problèmes de justice pénale, mais pas tous et pas avec toute la minutie requise. »
Voilà le résultat des mesures telles que le projet de loi qui nous est présenté. Il s'y trouve des éléments que moi et les autres députés du NPD avons appuyés, mais je suis énormément déçu de la façon dont les choses se déroulent. Le gouvernement n'est pas sérieux à propos de ces problèmes. Il veut simplement dorer son image à des fins politiques. Il ne veut pas s'occuper concrètement de tous les aspects du système de justice pénale.
L'hypocrisie atteint probablement son comble lorsque le gouvernement refuse d'abandonner son idée de faire avant toute chose des cadeaux fiscaux aux entreprises en leur abandonnant des milliards de dollars. Le gouvernement ne veut certainement pas conserver cet argent pour financer adéquatement les programmes qui réduisent le nombre de victimes.
Autrement dit, des mesures sont prévues dans le projet de loi pour faire appliquer la loi une fois qu'il y a déjà des victimes. Mais, le gouvernement ne veut rien faire pour réduire le nombre de victimes par des programmes visant les jeunes à risque et les toxicomanes, par des services de police communautaires ou par des mesures de prévention du crime. Voilà ce qui est le plus épouvantable.
J'aimerais passer à un autre élément. Aujourd'hui, le journal Ottawa Citizen a révélé que le avait reçu des études préparées par son propre ministère qui indiquent que les mesures de justice pénale qu'il propose ne fonctionneront pas.
Je vais lire un passage de cet article parce que je pense qu'il est tout à fait pertinent dans le débat actuel sur le projet de loi . Certaines dispositions de ce projet de loi constituent des améliorations, mais dans l'ensemble, le prétendu programme de lutte contre la criminalité du gouvernement est conçu à des fins politiques. Il n'est pas conçu pour qu'on mette en oeuvre des mesures concrètes pouvant améliorer la situation. Voici ce que dit l'article, qui est signé par Richard Foot:
[Le] ministre fédéral de la Justice s'entête à vouloir établir des peines minimales obligatoires pour les crimes liés aux drogues en dépit de deux études préparées par son propre ministère qui disent que les lois de ce genre ne fonctionnent pas et sont de plus en plus impopulaires pour lutter contre le crime dans d'autres pays.
L'étude qui a été préparée à l'intention du ministre précise que les peines minimales ne sont pas efficaces dans le cas des crimes liés à la drogue. C'est l'une des conclusions auxquelles en arrivent ces rapports qui ont été préparés pour le ministère de la Justice.
Pour ce qui est des peines minimales obligatoires, le rapport souligne que « si elles permettent de dissuader les gens de commettre des crimes à l'aide d'armes à feu ou en état d'ébriété », et ce sont là des mesures que nous avons appuyées dans cette loi, « particulièrement chez les récidivistes, elles semblent n'avoir aucun effet dans le cas des crimes liés à la drogue. »
Le ministre de la Justice n'a bien sûr répondu à aucune demande d'entrevue sur ce sujet.
À mon avis, cela soulève une question très importante. Si le gouvernement n'a pas tenu compte des mesures les plus efficaces pour réduire le taux de criminalité et que la plupart des mesures dont nous avons parlé aujourd'hui qui permettent de réduire les taux de criminalité n'ont pas été prises en compte par le gouvernement du tout, et si les études ministérielles que le obtient dans son propre ministère indiquent qu'une partie de ces mesures législatives comportent des lacunes, nous sommes en droit de nous demander d'où les conservateurs obtiennent leurs conseils.
Le gouvernement a reçu des recommandations du député le mieux informé au Parlement, le député de . Ce dernier a clairement fait savoir que nous devions prévoir des dispositions permettant de déclarer un délinquant dangereux plus tard au cours de son emprisonnement. Il a souligné que cela pourrait avoir des effets bénéfiques et faire disparaître le genre d'échappatoire qui a mené à la libération, dans la collectivité de New Westminster, du violeur qui passait par les balcons. À sa libération, cet homme ne s'est vu offrir aucun service d'appui. Il a été envoyé dans un centre d'hébergement de sans-abris qui, conformément aux règles de ces centres, le renvoyait dans la rue tous les jours.
Nous pouvons imaginer les répercussions qu'une approche aussi aberrante en matière de justice pénale peut avoir sur la collectivité. Toutefois, pas un seul membre du caucus conservateur, et surtout pas le ministre de la Justice, aucun d'entre eux n'a pris quelque mesure que ce soit pour supprimer cette échappatoire. Comme nous l'avons vu, elle est toujours là. Elle est présente dans la mesure législative que le ministre de la Justice propose et que les conservateurs continuent de vouloir faire adopter.
Il est donc clair que les tactiques politiques des conservateurs qui prétendent prendre des mesures à cet égard ne sont rien d'autre que des tactiques. Les études qui démontrent que certaines des autres mesures législatives présentées sont inefficaces ont été préparées par le ministère de la Justice lui-même.
S'il est clair que ces projets de loi n'atteignent pas leurs objectifs et ne règlent pas les problèmes qu'ils sont censés régler, alors nous devons nous demander quel est le véritable but visé. On dirait que les conservateurs veulent faire campagne sur les questions de justice et de lutte à la criminalité, même s'ils n'ont pas accompli grand-chose à cet égard.
Le gouvernement a reconnu que les projets de loi qu'il a présentés sont imparfaits, mais il n'a rien fait pour les améliorer. En fait, certains projets de loi ont presque été adoptés, mais le gouvernement a reculé. L'ancien ministre de la Justice a été démis de ses fonctions en raison de la piètre qualité de certains projets de loi qu'il a présentés.
Mais surtout, le gouvernement a laissé de côté ou réduit considérablement certains éléments clés de la lutte contre la criminalité, des éléments qui permettent de réduire le taux de criminalité et le nombre de victimes. Je veux parler des programmes pour les jeunes à risque, des mesures de prévention comme les vérifications de la sécurité, du financement des services de police communautaires — qui est cruellement insuffisant, comme il l'était quand les libéraux étaient au pouvoir — et des programmes d'aide aux toxicomanes.
Toutes ces mesures seraient bénéfiques, mais le gouvernement n'en a cure. Il les a tout simplement mises de côté.
Je crois que les Canadiens qui ont écouté les promesses des conservateurs et qui s'attendaient à ce qu'ils répartissent raisonnablement leur financement en fonction de leurs promesses électorales ont de quoi être déçus. Le gouvernement a plutôt choisi de piger dans les fonds publics pour donner des milliards de dollars en crédits d'impôt aux sociétés canadiennes les plus riches. Voilà quelle est la priorité des conservateurs.
C'est pour cela que le bilan du gouvernement est si décevant. C'est pourquoi le projet de loi , malgré ses quelques bons éléments, ne peut être considéré que comme une occasion ratée.