Qu’un comité spécial de 12 députés soit créé afin d’examiner la mission canadienne en Afghanistan, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 13 mars 2008 (Affaires émanant du gouvernement no 5); que le comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents; que le comité soit composé des députés inscrits sur une liste que le whip de chaque parti déposera auprès de la Greffière de la Chambre, pourvu qu’il compte autant de députés de chaque parti que les comités permanents actuels et que les listes soient déposées auprès de la Greffière au plus tard le 10 avril 2008.
-- Monsieur le Président, avec le consentement de la Chambre, je partagerai le temps qui m'est alloué avec mon collègue de .
En vous voyant prendre place, monsieur le Président, je ne peux m'empêcher de me rappeler, et les députés devraient savoir cela, que nous avons déjà partagé la même banquette il y a de cela fort longtemps. Ce sont là de merveilleux souvenirs. J'ai peur de vous avoir poussé hors de la Chambre, monsieur le Président, mais je tiens à ce que vous sachiez que je reconnais le caractère toujours exceptionnel de vos grands talents, de votre éloquence et de votre engagement envers les habitants de Winnipeg. Je tenais à vous faire part de ces pensées, peu importe les voies que la politique nous a fait prendre ces dernières années.
Cette motion vise la création d'un comité, comme le demandait la motion adoptée par la Chambre il y a quelques semaines déjà.
Il est plutôt extraordinaire que l'opposition officielle doive utiliser une de ses journées désignées pour faire en sorte que la Chambre s'acquitte de ses obligations. Cela en dit long sur la volonté du gouvernement de réellement mettre en oeuvre une motion que la Chambre avait été adoptée. C'est à nous que revient le devoir de présenter cette motion parce que le gouvernement est tout simplement resté les bras croisés.
Pendant la campagne électorale, le gouvernement actuel s'est fait le champion de la transparence et de la responsabilité. Nulle part la transparence et la responsabilité ne sont aussi importantes que dans le dossier de notre mission en Afghanistan.
La semaine dernière, nous avons encore reçu la mauvaise nouvelle d'un autre soldat mort au champ d'honneur. Cette guerre a coûté la vie à plus de 80 Canadiens, à de nombreux autres soldats des forces de l'OTAN et à des milliers d'Afghans.
Sans contredit, il s'agit du plus important engagement pris par le Canada dans le cadre d'un conflit militaire international depuis la guerre de Corée. Nous avons dû puiser dans toutes nos ressources: militaires, politiques, diplomatiques et humanitaires.
À notre avis, il était clair que, s'il y a bien un dossier où le gouvernement se doit de faire preuve de transparence et de responsabilité, c'est bien celui de la mission en Afghanistan.
Or, il est regrettable que le gouvernement n'ait pas fait preuve de leadership en refusant d'informer les Canadiens à propos de la mission.
Comme l'a dit le général sir Rupert Smith à propos de cette guerre, et d'autres ont tenu des propos semblables, c'est une guerre différente, une guerre au sein de la population, un genre de conflit auquel le Canada et d'autres pays devront participer de plus en plus souvent dans les temps à venir.
Les conflits de ce genre sont difficiles. Il est difficile d'y prendre part et difficile de les résoudre. Des experts de partout dans le monde parlent de la situation en Afghanistan en des termes qui indiquent qu'il n'y a pas de solution facile, que les discours ne suffisent pas, qu'on ne peut se contenter de dire qu'on appuie les troupes ou non. Nous devons comprendre les difficultés et les défis que nos troupes, nos travailleurs humanitaires et nos diplomates doivent relever.
De l'avis du Parti libéral, la Chambre doit s'intéresser de beaucoup plus près à ce qui se passe en Afghanistan. Nous devons consulter de nombreux experts pour comprendre la situation. Nous devons expliquer aux Canadiens quels sont les obstacles à notre mission et comment nous les surmonterons.
Nous avons besoin de points de référence pour nous indiquer comment nous nous tirons d'affaire. Nous devons partager cette information avec les Canadiens et reconnaître que, sans leur appui, leur savoir et leur participation, il deviendra de plus en plus difficile pour nous de continuer. Voilà l'objet de notre motion.
Je sais qu'il y a eu des discussions avec le gouvernement au sujet de propositions relatives à certaines modifications à apporter à la motion. Le député de en parlera plus en détails. En ce qui concerne l'essentiel de la mission, je vais parler de certains éléments dont nous devons tenir compte.
Premièrement, il s'agit d'un nouveau genre de conflit, une guerre au beau milieu de la population, une guerre qui nécessite de nouvelles stratégies et des habiletés différentes de celles que nous possédons actuellement.
[Français]
En deuxième lieu, la frontière avec le Pakistan est ouverte et il y a là des bases très importantes pour les insurgés qui ne se trouvent pas en Afghanistan, mais au Pakistan. Cela exige une réponse différente de la part du gouvernement et de l'OTAN. Ce n'est pas un luxe; ce n'est pas une guerre comme les autres. Cela représente des différences très importantes que nous devons comprendre et discuter.
En troisième lieu, il existe maintenant en Afghanistan une narco-économie qui se base de plus en plus sur la vente d'opium. On estime que plus de 50 p. 100 de l'économie de l'Afghanistan dépend d'une industrie illégale. Cette industrie de la drogue occasionne de la violence, de la corruption et l'enrichissement d'une classe spéciale très proche de la direction politique de l'Afghanistan. Cela nous pose un problème énorme. Or, nous n'avons pas vraiment discuté à la Chambre de cette situation et nous n'en avons pas discuté franchement avec la population canadienne.
[Traduction]
Enfin, nous devons reconnaître qu'il ne s'agit pas d'un conflit militaire comme les autres. Comme M. Manley l'a noté, il n'y a pas de solution militaire simple au défi auquel nous sommes confrontés en Afghanistan.
Finalement, ce que nous visons, c'est la stabilité. Nous voulons que le gouvernement afghan acquière la stabilité et la capacité nécessaires pour prendre l'entière responsabilité de sa propre sécurité.
À l'heure actuelle, nous ne sommes pas pleinement conscients de toutes les circonstances qui nous permettraient de définir les progrès que nous avons réalisés pour assurer cette stabilité ni les points de repère que nous sommes sur le point d'atteindre.
Je vais terminer par où j'ai commencé en disant simplement ceci. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il est plutôt inhabituel que l'opposition officielle vienne à la Chambre pour rappeler au gouvernement ce qu'il a dit qu'il ferait. Voilà pourquoi c'est aussi important.
Je me souviens avoir regardé le à la télévision, en même temps que des millions de Canadiens, alors qu'il parlait avec éloquence de transparence et de responsabilité à la Chambre. Je dois dire que je ne suis pas impressionné par la façon dont le gouvernement a tenu compte de cette nécessité de transparence et de responsabilité à la Chambre.
On voit des comités qui ne peuvent pas fonctionner. On voit que le gouvernement résiste à la tenue de toute forme d'enquête sur des questions qui sont pourtant d'intérêt public. On voit que le gouvernement n'est tout simplement pas prêt à prendre ses responsabilités de façon franche et pleinement démocratique à l'égard des travaux de la Chambre des communes.
Rien n'est plus important pour le Canada que cette mission. Des Canadiens et des Canadiennes mettent leur vie en danger. Rien n'est plus important pour le Canada à l'heure actuelle que ce que le pays essaie de réaliser en Afghanistan. Les députés devraient être en train de pousser au maximum leur capacité de coopération avec leurs collègues de la Chambre. L'information doit être obtenue et doit circuler de manière à ce que les résultats de la mission puissent être meilleurs que ce que nous avons vu jusqu'à maintenant.
Voilà l'objectif du Parti libéral. Voilà ce qu'il s'efforce de faire et ce qui l'a amené à consacrer à cette entreprise la journée de l'opposition d'aujourd'hui. Les femmes et les hommes qui ont sacrifié leur vie ou qui affrontent en première ligne les périls et les difficultés de l'Afghanistan ne méritent rien de moins.
La Chambre doit faire son travail, et le gouvernement doit lui en donner les moyens. J'espère vivement que, si la motion est adoptée, la communication de l'information, la reddition de comptes et la transparence seront à la hauteur de ce qu'attendent les Canadiens de la part de ceux qui gèrent une mission de ce genre.
:
Monsieur le Président, c'est un plaisir pour moi de participer au débat aujourd'hui. Le 13 mars, nous avons adopté à la Chambre une motion afin de modifier cette mission, de lui donner une dimension autre que militaire et de prévoir une date butoir. Nous y soulignions la nécessité d'agir de façon responsable et transparente dans le cadre de cette mission en Afghanistan et nous y avons souligné l'importance de l'obligation de rendre compte de l'évolution de la situation sur le terrain et d'établir des repères.
Or, presque un mois s'est écoulé et le comité spécial multipartite de suivi de la mission n'a pas encore été établi. La motion que nous avions proposée, et que 95 p. 100 des députés de ce côté-ci de la Chambre ont adoptée, soulignait l'importance de l'obligation de rendre compte, à savoir la nécessité pour le , le et la ainsi que pour les fonctionnaires de comparaître de temps à autre pour traiter des divers enjeux relatifs à cette mission importante. Il s'agit d'une mission canadienne et elle a fait l'objet d'une motion adoptée par la Chambre des communes du Canada.
Il est important que les parlementaires puissent obliger le gouvernement à rendre des comptes au sujet de la mission, comprendre en quoi elle consiste, examiner les lois et les procédures qui la gouvernent, veiller à ce que les Canadiens comprennent bien la situation, et que cela se fasse par le truchement du Parlement, qui est l'autorité suprême en matière de reddition de comptes.
Malheureusement, presque un mois a passé et le comité spécial n'a pas encore été créé. J'espère pouvoir un peu plus tard proposer un amendement qui favorisera sa création.
Lorsque nous parlons de la mission en Afghanistan, il importe grandement que nous approfondissions les questions ayant trait à la diplomatie, à la collaboration avec nos alliés dans la région, de manière à veiller à ce que ce soit davantage qu'une simple mission militaire, selon la volonté que nous avons exprimée au cours du débat sur cette question. Nous avons dit qu'il était nécessaire de mettre l'accent sur la formation, notamment celle de l'armée nationale afghane et de la police nationale afghane.
Nous devons veiller à ce que les Afghans, à un moment donné, soient en mesure d'assumer le fardeau qui leur revient par rapport à la situation dans le pays. À cette fin, la formation est absolument critique et nous nous sommes engagés à l'assurer. Après février 2009, le Canada sera en Afghanistan pour participer à cette mission très importante en collaboration avec ses partenaires de l'OTAN.
Pour que le Parlement approuve la mission, nous avions dit qu'il fallait mettre sur pied un comité spécial, composé de représentants de tous les partis, qui se pencherait sur les progrès en Afghanistan, qui définirait les points de référence et qui évaluerait nos efforts en matière de diplomatie et de développement. Quel genre d'aide fournissons-nous là-bas? Est-elle efficace?
Si nous construisons une clinique, ce qui compte, ce n'est pas seulement l'immeuble. Il faut former du personnel pour nettoyer les planchers, faire la lessive et offrir des services médicaux de base aux résidants. Nous nous occupons de tout. Il faut évaluer notre travail dans ce genre de cas. C'est pour cette raison que le comité spécial est extrêmement important.
Après réflexion, je vais proposer, au nom de mon parti, un amendement. Mercredi dernier, nous avons écrit au gouvernement pour lui dire qu'il fallait mettre sur pied le comité spécial. Jeudi, nous avons posé une question, sous la rubrique des Affaires courantes, à propos du comité spécial et, vendredi, nous avons inscrit ce point au Feuilleton.
J'aimerais proposer l'amendement suivant à la motion. Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant les mots « Qu’un comité spécial », de ce qui suit: soit créé afin d’examiner la mission canadienne en Afghanistan, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 13 mars 2008 (Affaires émanant du gouvernement no 5) et soit composé de 13 membres, dont six membres du parti gouvernemental, quatre membres de l’opposition officielle, deux membres du Bloc québécois et un membre du Nouveau Parti démocratique, pourvu que le président soit issu du parti gouvernemental; qu'en plus du président, un vice-président provienne de chaque parti de l’opposition; que le comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents; que le comité soit composé des députés inscrits sur une liste que le whip de chaque parti déposera auprès de la greffière de la Chambre, au plus tard le 10 avril 2008; que le quorum du comité spécial soit fixé à sept membres pour toute délibération, sous réserve qu’un membre de l’opposition et un membre du parti gouvernemental soient présents; que les membres de ce comité puissent, à l’occasion, et si nécessaire, se faire remplacer conformément aux dispositions du paragraphe 114(2) du Règlement.
Je propose cet amendement dans l'esprit de...
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je tiens à dire au député de qu’il est le bienvenu à ce débat et à la Chambre des communes.
Je salue également le député de , le nouveau porte-parole de son parti en la matière. Il a dit qu’il allait contribuer de façon positive aux travaux du Comité de la défense. Nous allons le prendre au mot et espérer qu’il en sera ainsi.
En ce qui à trait à l’amendement proposé et à la motion elle-même, je puis dire au nom du gouvernement que nous les acceptons. Je crois savoir que des discussions ont eu lieu et qu’elles ont permis de dégager un consensus. En fait, le gouvernement est tout à fait d’accord ici. La Chambre des communes a déjà été saisie d’une motion où il était question de la création de ce comité, motion qui a été acceptée et appuyée par les députés d’en face. Je suis donc ravi qu'ils aient décidé de se joindre au défilé déjà en route. Nous avons manifestement l'intention d'aller de l'avant avec cette initiative. C’est comme s’ils étaient allés à la fenêtre et, voyant qu’il neigeait, ont prédit qu’il allait neiger.
Pour aller au fond des choses, il n’y a pas de doute que le Canada a une longue et fière histoire de défense de la liberté, de la démocratie, de la primauté du droit et des droits de la personne. Cette tradition, monsieur le Président — et vous le savez en tant qu'historien —, va de Vimy à la Normandie à Kandahar et jusqu’à Haïti. Nous continuerons de participer aux grands débats et à défendre les grandes causes de notre temps.
À titre de Canadiens, c’est une cause que nous épousons avec fierté, mais pas plus que les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes qui exécutent les décisions que nous prenons au Parlement, qui le font très bien, qui couvrent de gloire notre pays par leur travail. Ils sont à la fine pointe de l’action quand vient le temps de mettre en œuvre et d’exporter, pour ainsi dire, les valeurs qui tiennent à cœur aux Canadiens et que nous partageons avec d’autres pays démocratiques. Cette volonté de défendre ces valeurs était très évidente la semaine dernière au Sommet de l'OTAN à Bucarest, en Roumanie.
Nous croyons aussi que les grands avantages dont nous jouissons au Canada s’accompagnent de grandes responsabilités. On dit que ceux qui ont beaucoup doivent donner beaucoup. En réalité, c’est tout à fait le sentiment que partagent les Canadiens.
Nous voyons une manifestation de cette bonne volonté envers le peuple afghan dans cette mission, appuyée par l'ONU et dirigée par l'OTAN, qui a été entreprise en réponse à la demande d'aide du gouvernement démocratiquement élu de l'Afghanistan. Nous prêtons main-forte à un gouvernement qui a demandé l'aide et la présence continue du Canada dans ce pays, ce qui, encore une fois, est implicite dans la décision prise par la Chambre.
Au fil des années, nous avons travaillé en étroite collaboration avec nos amis et alliés pour nous acquitter des responsabilités inhérentes à notre société et à notre culture. Notre participation à la mission mandatée par l'ONU et dirigée par l'OTAN en Afghanistan n'est que le plus récent chapitre de ce volet de notre histoire.
C'est l'engagement le plus important que nous avons envers la communauté internationale aujourd'hui, tant sur le plan humanitaire que sur le plan militaire. Il est absolument crucial pour les Forces canadiennes, pour le personnel de l'ACDI, pour nos diplomates et pour notre ambassade en Afghanistan que nous poursuivions nos efforts en ce qui a trait au développement, à la promotion de la démocratie et à la stabilité qui découle de notre présence militaire là-bas et de celle de nos alliés.
Cela étant dit, il est également clair que la mission doit être soumise à un examen minutieux de la part des parlementaires, ce qui, encore une fois, est très implicite dans la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui et qui est le fruit du consensus qui semble se dégager. Les parlementaires qui siégeront à ce comité auront la possibilité d'obtenir de l'information et d'entendre des témoins.
Comme l'a mentionné le , ce processus est déjà bien amorcé. J'ai calculé le nombre de fois que mon prédécesseur et moi avons témoigné, ainsi que les ministres des Affaires étrangères et les ministres responsables de l'ACDI. Nous avons témoigné quelque 17 fois devant des comités parlementaires depuis notre accession au pouvoir. À lui seul, le dernier débat sur l'Afghanistan a duré plus de 30 heures.
Personne ne peut prétendre que nous n'avons pas eu l'occasion de discuter des questions liées à la mission en Afghanistan à la Chambre des communes. Le dernier débat s'est terminé par un vote où les députés d'en face ont manifesté leur appui. Je rappellerai aux députés qu'il y avait également eu un autre vote avant cela.
Un débat et un vote ont eu lieu à deux occasions distinctes. Je m'empresse d'ajouter, et je le rappelle au député de , que cela ne s'est pas fait lorsque la mission a commencé. Je concède au député que c'était à l'époque où il s'interrogeait probablement encore sur son avenir ici. Je sais qu'il faisait alors partie, du moins sur le plan philosophique, d'un parti auquel il s'attaque maintenant en lançant des propos vitrioliques. Il se trouve que je souscris à son évaluation, mais le député s'est converti et il n'y a rien de plus enflammé et moralisateur qu'un nouveau converti.
Le député d'en face laisse maintenant entendre que son arrivée ici va permettre de projeter un éclairage formidable sur ce dossier. Nous espérons que ce soit le cas, mais la réalité, c'est que le processus est déjà bien amorcé. Cette question fait l'objet d'un débat parmi les Canadiens, et certainement ici à la Chambre, depuis un bon moment. En outre, comme je l'ai mentionné plus tôt, un vote a eu lieu. Il y a d'abord eu une consultation, suivie d'un vote. Cela ne s'est pas produit sous le parti du nouveau député, c'est-à-dire le Parti libéral d'en face. Les libéraux formaient le gouvernement lorsque la mission a commencé, et il n'y a pas eu de vote. Par conséquent, ils devraient nous épargner les sermons, les propos réprobateurs et la fausse indignation. Ils devraient cesser de jouer les vierges offensées en matière de consultation à la Chambre, parce qu'ils n'ont eux-mêmes pas tenu de consultation.
Ainsi, le gouvernement précédent, dont le député d'en face qui rouspète maintenant faisait partie, n'a pas tenu de vote à la Chambre des communes. Je lui rappelle que cela me fait chaud au coeur de souligner cette hypocrisie. Le député peut rouspéter autant qu'il le veut et nous faire bénéficier de ses lumières, il n'en demeure pas moins que celui-ci sait pertinemment que son parti n'a pas tenu de vote lorsqu'il formait le gouvernement.
[Français]
Au cours de la dernière année, il y a aussi eu de nombreux autres débats à la Chambre des communes sur cette mission. En juin dernier, après la tenue d'une étude exhaustive, le Comité permanent de la défense nationale a fait rapport sur la mission des Forces canadiennes en Afghanistan.
En janvier de cette année, le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international a déposé un rapport préliminaire sur la mission. Le comité poursuit son étude. C'est également en janvier qu'a été déposé le rapport très attendu du groupe de travail indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan.
[Traduction]
Le gouvernement a été très attentif à la Chambre, aux débats, aux rapports, aux questions et aux délibérations. Nous donnons déjà suite à ce qui a été mis en avant. Nous suivons les recommandations. Par exemple, nous avons créé un comité du Cabinet sur l'Afghanistan pour étudier les questions de diplomatie, de défense, de développement et de sécurité liées à la mission. C'est un député de Vancouver qui préside ce comité.
Nous avons demandé un soutien additionnel en troupes et en matériel. L'OTAN a répondu à notre demande. Nous poursuivons les discussions au sujet du matériel nécessaire, au premier chef des hélicoptères et des drones.
Il ne fait aucun doute que la mission est extrêmement complexe et qu'il y a encore d'énormes défis à relever. Nous savons qu'il n'existe pas de solutions à court terme ou simples, comme certains voudraient le faire croire. La semaine dernière, en Roumanie, le président Karzaï lui-même a décrit son pays comme n'étant pas un pays démuni ni un pays en reconstruction, mais un pays qui a été détruit. C'est une déclaration assez révélatrice de la part du président de l'Afghanistan.
Cependant, les progrès réguliers que nous avons constatés donnent raison d'espérer. Depuis le début de la mission, qui s'est accélérée et a atteint un point de bascule, nous constatons un engagement indéfectible des pays de la FIAS, ce qui a été mis en évidence à Bucarest.
Le Canada est un des 40 pays qui travaillent avec le gouvernement élu de l'Afghanistan pour instaurer une stabilité et une sécurité durables dans ce pays. Je l'ai déclaré à maintes reprises, nous sommes là parce que c'est bon pour notre pays. Il est avantageux pour le Canada que l'Afghanistan soit stabilisé et reste stable.
Comme le reste de la communauté internationale en Afghanistan, notre engagement dans ce pays est large. Le développement et la sécurité vont de pair. Le Canada a 2 500 hommes et femmes en uniforme dans ce pays, mais il a aussi des diplomates, des travailleurs du développement, des policiers et bien d'autres personnes de différents ministères, y compris des agents frontaliers. Nous avons un groupe tactique prêt à assurer la sécurité. Nous avons une équipe de reconstruction provinciale pour travailler aux projets de développement et de reconstruction.
Nous collaborons de près avec le gouvernement afghan pour l'aider à régler les problèmes de gestion interne qui persistent toujours. Nous avons des équipes opérationnelles de mentorat et de liaison qui travaillent directement avec la Force de sécurité nationale afghane et la police pour renforcer et accroître leurs capacités afin qu'elles puissent ultimement assurer elles-mêmes la sécurité du pays.
Nous avons déployé une équipe consultative stratégique à Kaboul, auprès du gouvernement afghan. Nous mettons en oeuvre les recommandations du groupe d'experts indépendant dirigé par l'ancien chef adjoint du Parti libéral, M. Manley, en mettant davantage l'accent sur la transparence et la divulgation afin que les Canadiens puissent être informés des changements à mesure qu'ils surviennent.
Je souligne encore une fois le sacrifice des hommes et des femmes en uniforme qui se trouvent là-bas et qui exécutent la mission. On ne peut pas et on ne doit pas les oublier. Aujourd'hui, la dépouille de Terry John Street, notre plus récente perte, sera rapatriée à la BFC Trenton. J'assisterai à ce triste moment aux côtés de la Gouverneure générale.
Les Canadiens n'oublieront pas. Ils ne cesseront jamais de ressentir et d'exprimer leur sincère gratitude pour la remarquable contribution de nos militaires dans toutes les régions de l'Afghanistan. Il ne faut jamais perdre cela de vue. Si nous pouvons prendre la parole ici, dans le cadre de discussions ouvertes, diplomatiques et démocratiques, c'est justement grâce au dévouement et à la volonté des hommes et des femmes qui ont revêtu l'uniforme et qui ont défendu avec conviction les valeurs qui nous sont chères.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de prendre encore une fois la parole au sujet du dossier de l’Afghanistan. J’ignore combien de fois je suis déjà intervenu pour parler de la question.
Cette fois-ci, je tiens à souligner que l’actuel et ancien ministre des Affaires étrangères a été très actif dans ce dossier.
Mon collègue, le député de , a parlé de la mémoire sélective et de la transparence du gouvernement actuel. Contrairement à ce qu’il a affirmé, l’actuel et ancien ministre des Affaires étrangères a comparu devant le comité. La l’a fait aussi. La a comparu devant le comité. Le gouvernement n’a pas manqué d’ouverture ni de transparence.
J’ai une certaine inquiétude. Je demande au porte-parole libéral en matière d’affaires étrangères de veiller à ce que le comité proposé ne fasse pas double emploi avec le Comité des affaires étrangères, qui a déjà accompli et continue d’accomplir un certain travail. Ce comité achève la préparation de son rapport. Même le général Hillier témoignera sous peu devant le comité pour que puissent s’achever les audiences sur la mission en Afghanistan.
Nous ne voulons pas que le nouveau comité revienne sur ce qui a déjà été fait au Comité des affaires étrangères. Il est en train de terminer un rapport. Lorsque nous siégerons à huis clos pour travailler à ce rapport, j’espère que le nouveau porte-parole libéral en matière d’affaires étrangères assistera aux séances pour participer à l’élaboration du rapport. J’espère qu’il ne choisira pas de n’en tenir aucun compte. Son attitude au Comité des affaires étrangères est celle d’un grand chevalier qui est venu sauver le Canada. Je ne crois pas qu’il participera beaucoup aux travaux du Comité des affaires étrangères parce que ce n’est pas le moyen qu’il choisira pour mener sa campagne à la direction de son parti.
J’espère que ce n’est pas là son attitude comme membre du Comité des affaires étrangères. J’espère qu’il s’acquittera de ses fonctions et profitera de l’occasion qui lui est offerte de participer à l’élaboration du rapport, de façon que celui-ci jouisse d’un certain crédit.
Mon inquiétude est celle que j’ai toujours eue à l’égard de la politique sectaire dans les comités. Le Comité des affaires étrangères, avec le soutien des libéraux, a présenté un rapport provisoire au Parlement. Pourquoi a-t-il tenu à le faire, je l’ignore. Cela n’a rien donné. Des rapports sont produits sur la mission, mais pendant que cela nous occupe, nous perdons de vue ce que nous ont dit les témoins et d’autres gens. J’espère que le comité proposé en tiendra compte.
Comme le l’a dit, nous appuierons la motion, mais nous allons aller de l’avant au lieu de revenir en arrière, en nous appuyant sur le rapport et les recommandations que le Comité des affaires étrangères présentera au Parlement du Canada. J’espère qu’il en sera tenu compte.
Nous sommes ici aujourd’hui pour parler une fois de plus de l’Afghanistan et des grands progrès qui y ont été enregistrés. Depuis 2001, après la chute des talibans, les Afghans se sont réunis pour choisir un nouveau régime démocratique de gouvernement, et ce régime a reçu un appui vigoureux.
Des élections libres et justes se sont tenues en 2004. Plus de 10 millions d'Afghans se sont inscrits pour voter dans ces élections. Sous les talibans, les femmes ne pouvaient pas participer à la vie publique. Maintenant, les femmes détiennent 27 p. 100 des sièges au Parlement de l'Afghanistan.
Nous avons eu l'honneur d'accueillir six parlementaires afghanes au Canada il y a quelques mois et leur séjour a été très remarqué. Tous ceux qui ont eu la chance de les rencontrer ont été vraiment impressionnés de constater leur dévouement et leur détermination à faire de l'Afghanistan un meilleur endroit. Il s'agit là, à tout le moins, d'un signe d'espoir.
Le problème permanent que pose la sécurité dans certaines régions du pays est probablement la préoccupation la plus souvent soulevée quand on parle des progrès en Afghanistan. Malheureusement, le Canada ne le sait que trop bien. Notre participation en Afghanistan a coûté la vie à 82 soldats et à un diplomate, principalement dans la province de Kandahar. Le a déclaré qu'il assisterait à la cérémonie de rapatriement d'un de nos soldats qui est décédé. Tous les députés et moi-même pleurons sa mort et nous exprimons nos condoléances à sa famille.
Heureusement, Kandahar est l'exception plutôt que la règle en Afghanistan. Les statistiques que la FIAS a présentées récemment au sommet de l'OTAN révèlent ce qu'il en est. En 2007, 70 p. 100 des incidents de sécurité se produisaient dans seulement 10 p. 100 des districts de l'Afghanistan, où habite moins de 6 p. 100 de la population totale. En 2008, comparativement, 91 p. 100 des activités d'insurrection étaient confinées à seulement 8 p. 100 des districts du pays.
Entre-temps, la capacité des forces de sécurité afghanes augmente de jour en jour. L'armée nationale afghane commence à participer à des opérations conjointes avec la FIAS dans l'Est et dans l'Ouest du pays, et elle dirige de plus en plus de missions. Les équipes de mentorat opérationnel et de liaison du Canada continuent leur bon travail avec les bataillons afghans à Kandahar.
La formation de la police nationale afghane progresse aussi, tant à Kandahar que dans le reste du pays. La communauté internationale a reconnu l'importance de cet élément et elle y affecte de nouvelles ressources. Nous reconnaissons tous que la stabilité et la sécurité à long terme ne seront possibles que lorsque les forces afghanes pourront faire le travail elles mêmes et que les troupes internationales pourront se retirer.
Je dois aussi mentionner qu'il y a eu des signes réels de progrès en Afghanistan en ce qui a trait au déminage. Grâce à une campagne de sensibilisation et aux opérations de déminage, le nombre mensuel de victimes a diminué de 55 p. 100 au cours des six dernières années. Plus de 520 000 mines antipersonnel ont été détruites et plus de 1,3 milliard de mètres carrés ont été nettoyés, ce qui libère le terrain pour le transport, l'agriculture et d'autres activités productives.
En quelques minutes, j'ai pu parler de quelques signes de progrès en Afghanistan. Bien entendu, ce pays n'a pas encore atteint son objectif et personne ne le prétend. Les difficultés qu'il reste sont sans contredit importantes. Il y a beaucoup à faire pour soutenir et faciliter le développement des capacités afghanes dans tous les domaines. C'est pourquoi l'aide et la présence de la communauté internationale sera encore requise en Afghanistan au cours des prochaines années, tout comme elle l'a été dans chaque société après un conflit de l'ère moderne.
Là où je veux en venir, cependant, c'est que des progrès sont assurément possibles en Afghanistan. Maintenant, l'Afghanistan avance dans la bonne direction. Le Canada continuera d'aider le peuple de l'Afghanistan sur sa route vers le progrès.
Pour terminer, comme je l'ai dit, j'ai eu la chance de pouvoir participer à ce débat en qualité de secrétaire parlementaire, à plusieurs reprises. Je veux dire à mes collègues d'en face que ce n'est pas vrai qu'il n'y a aucune transparence ni débat. Il y a eu transparence et il y a eu un débat et bien d'autres questions ont été soulevées. Comme l'a dit le , notre tâche principale consiste maintenant à former les Afghans pour qu'ils puissent assurer à leur pays le destin qu'ils veulent lui donner. Le Canada n'est là que pour aider.
:
Monsieur le Président, je pense qu'on ne surprendra personne en cette Chambre en disant, d'entrée de jeu, que le Bloc québécois sera en faveur de la motion et de l'amendement dont nous sommes saisis.
C'est très simple, le Bloc québécois a toujours considéré que la politique de la chaise vide était probablement la pire des politiques. Nous estimons aussi que nous sommes la voix des Québécois dans ce débat. Il est donc très important d'occuper les chaises qui nous sont présentées pour justement tenter d'avoir une incidence sur la tournure des événements en Afghanistan. Comme vous le savez, depuis le début, le Bloc québécois a toujours été présent dans ce débat et s'est toujours fait un devoir d'y faire valoir fidèlement la pensée des Québécois.
L'autre jour, j'entendais le dire qu'il y avait un soutien pour la mission en Afghanistan. Je peux affirmer que du côté du Québec, ce n'est pas du tout le cas. Il faut que le premier ministre sache ces choses. Je ne sais pas quel sondage il peut invoquer. Toutefois, je peux affirmer qu'au Québec, la mission en Afghanistan n'est pas du tout populaire, et nous sommes ici pour exprimer cette opinion
Je ne veux pas rappeler tout le fil des événements; à chaque débat sur l'Afghanistan, je le fais. Je veux juste dire qu'on a toujours adopté la voie de la cohérence dans ce débat. Au départ, on a soutenu cette mission parce qu'on soutenait la politique des trois D: diplomatie, développement et défense, donc, l'aspect militaire. Malheureusement, cette tendance n'a pas été respectée.
On a même été jusqu'à dire que la mission en Afghanistan avait été détournée vers l'aspect militaire, entre autres. Or tout le monde dit aujourd'hui que ce n'est pas militairement qu'on pourra gagner ce conflit, mais avec d'autres données, comme les deux autres D, soit la diplomatie et le développement. Ce sera un peu le but de ma discussion ce matin avec les députés de la Chambre des communes et avec vous, monsieur le Président.
J'entends aussi mes collègues conservateurs dire que le gouvernement conservateur est un exemple de transparence. J'affirme que c'est tout à fait le contraire, et nous avons beaucoup d'exemples à l'appui. Il est très dommage que ce débat n'ait pas lieu dans les rangs conservateurs. Pourquoi n'y a-t-il là personne qui prenne la parole pour dire que, en tant que parlementaires, nous avons le droit d'être informés complètement et entièrement. Avoir les véritables informations aiderait beaucoup au type de débat que nous avons aujourd'hui. Ce n'est pas à cela qu'on fait face. Ce gouvernement est habité par la culture du secret. Il cache absolument tout aux parlementaires.
Pourtant — et j'ai toujours insisté là-dessus —, les 308 parlementaires en cette Chambre ont tous une chose en commun: ils sont frappés de la légitimité des électeurs. Chaque député du Parlement a été choisi majoritairement par des électeurs dans une des parties du Canada et du Québec. Donc, on devrait être traité de façon assez égalitaire. Or ce n'est pas ce qu'on voit. J'insiste sur la non-transparence, et l'on a des exemples. Le cas des détenus en Afghanistan est probablement le meilleur.
Est-il normal qu'on apprenne par le Globe and Mail ou La Presse que le gouvernement a cessé de transférer les détenus depuis des semaines? Ce n'est pas normal. Le gouvernement ou le ministre responsable aurait dû faire une déclaration ministérielle à tout le moins pour dire que devant l'évidence des faits, il a arrêté le transfert des détenus. Toutefois, ce n'est pas ce qui s'est produit. Encore une fois, on l'a appris par les médias. Il y a aussi plusieurs autres exemples.
Le est revenu de Bucarest la semaine dernière. Il a convoqué les journalistes à un briefing. Les députés du Bloc et notre service de recherche ont demandé si les parlementaires pouvaient y assister. La réponse a été non. Ici, on est toujours obligés de défendre l'importance du renseignement pour les parlementaires canadiens. Voici ce qui m'a toujours préoccupé : il faut se demander quel est le contrôle du Parlement quant à des dossiers fondamentaux avec lesquels nous devons conjuguer aujourd'hui — pas juste en ce qui concerne la guerre en Afghanistan, mais l'ensemble des sujets.
L'Afghanistan est certainement un de ces sujets. Et je trouve anormal que des députés soient laissés dans l'ombre et qu'on privilégie d'autres personnes pour assister à ces briefings.
Le problème de transparence existe davantage du côté institutionnel. Il y a un énorme problème entre la Chambre des communes et le ministère de la Défense nationale. C'est différent ailleurs. En effet, ce serait peut-être différent si l'on était aux États-Unis. Bien qu'on ne soit pas toujours au diapason des Américains, les choses se passent différemment à leurs comités. Par exemple, le comité de la défense, soit l'Armed Services Committee, au Sénat comme au Congrès, a un mot à dire sur le budget de la Défense nationale. Malheureusement ici, on n'a pas un mot à dire. On apprend qu'un budget sera déposé à telle date, mais personne ne sait ce qu'il contient, et c'est peut-être normal. En définitive, le ministre annonce le contenu du budget et, en tant que comité, on n'a presque plus rien à dire.
On note également des problèmes de transparence au sein du ministère. On s'est battu bec et ongles au Comité permanent de la défense nationale — et je m'en suis fait porte-parole — pour demander des breffages qui nous ont été refusés par le ministre qui a précédé le ministre actuel. Il a fallu que le ministre vienne au comité pour qu'on le convainque que ce n'était pas dans le but de connaître la planification opérationnelle des semaines à venir. On savait que cela aurait été dangereux pour les militaires. C'était plutôt pour nous donner un aperçu de ce qui s'était fait au cours des semaines précédant la tenue du breffage.
Ainsi, un général venait nous rencontrer une fois par mois et nous racontait toutes sortes de sornettes. J'ai d'ailleurs fait une sortie virulente contre lui en comité. On nous montrait des photos des appareils C-17 qui allaient se poser à Kandahar. Est-ce bien ce que l'on veut savoir? Non. On veut savoir quelles opérations militaires ont eu lieu, si l'on a construit des écoles, des puits, des routes et d'autres infrastructures, et si la diplomatie fonctionne en Afghanistan. Pour l'instant, tout cela nous est caché.
Il est important pour nous d'avoir cette information. Je dirais même qu'à certains moments, comme dans les comités américain ou britannique de la défense, des informations classifiées seraient peut-être dans l'ordre. On sait ce qu'impliquent des informations classifiées. Même si une meute de journalistes attend les députés à la sortie, on n'est pas pour aller déclarer ce qui a été dit en comité sous le sceau de la classification. Toutefois, à certains moments, ce serait approprié. On devrait y réfléchir.
Quand on tiendra le débat sur les termes de référence du comité et le mandat qu'il veut se donner, le Bloc québécois envisagera probablement la possibilité d'avoir recours à de l'information classifiée pour certaines présentations en comité. Je l'ai déjà essayé et je me suis fait fermer la porte sur les doigts au comité, il n'en était pas question. Maintenant, si l'on veut avoir de véritables informations, il faudra envisager de le faire. On a encore un peu de temps pour y réfléchir avant que le comité ne soit convoqué.
Je n'apprends rien à personne en disant que notre ligne de parti est cohérente depuis le début. Nous avons demandé et continuons de demander la fin de la mission en Afghanistan en 2009, contrairement aux libéraux qui l'avaient demandé et qui, à la dernière minute, ont décidé de coucher dans le même lit que les conservateurs et de prolonger la mission jusqu'en 2011. Au Québec et probablement aussi au Canada, cela est fort impopulaire.
Pourquoi le Canada n'a-t-il pas envisagé la solution fondamentale que constitue la rotation? Le plus haut taux de mortalité chez les militaires est détenu actuellement par le Canada, car nos soldats se trouvent dans le point cardinal sud de l'Afghanistan. Les points cardinaux ont effectivement une importance capitale en Afghanistan. J'y suis allé deux fois, soit une fois dans le nord avec les Allemands délégués de l'OTAN et une autre fois à Kandahar avec le Comité permanent de la défense nationale. La réalité de la vie est complètement différente dans le nord et dans le sud. Dans le nord, les Allemands nous disent qu'à 20 heures, il faut retourner au camp. Leur Parlement les oblige à regagner leur camp alors que les activités illicites commencent à 20 heures. C'est le contraire dans le sud. Les soldats canadiens sortent la nuit et essaient de mettre fin au travail illicite des talibans et d'Al-Qaïda. C'est donc bien différent.
Pourquoi le Canada n'a-t-il pas dit à l'OTAN que nous étions là-bas depuis un certain temps déjà et que c'était maintenant à une autre nation de prendre la relève? On a payé assez cher en vies humaines de soldats canadiens et également en coûts.
J'estime que la guerre en Afghanistan coûte actuellement 3 millions de dollars par jour au trésor public. Or on vient de la prolonger jusqu'en 2011. C'est une grosse facture, et c'est sans compter tous les achats militaires faits actuellement par ce gouvernement et qui sont justifiés par sa position et sa présence en Afghanistan.
Par contre, tout n'est pas noir du côté du gouvernement canadien. Il faut se rendre à l'évidence: l'OTAN doit faire des débats et elle ne les a pas encore faits, notamment en ce qui a trait à son cadre stratégique et à sa façon d'intervenir.
Avant la chute du mur de Berlin, c'était clair: on devait affronter des gens du côté de l'Est. Il s'agissait de la Russie et de tout le groupe de ses pays satellites. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Comme je me rends régulièrement à l'OTAN, je puis affirmer qu'on sent qu'on recherche un peu une mission pour l'OTAN. Ce n'est pas facile, parce que chaque fois qu'on parle d'un cadre stratégique ou qu'à l'OTAN on parle d'une nouvelle adhésion, un consensus est requis.
L'OTAN est aujourd'hui composée de 26 pays, mais, au départ, elle n'était composée que d'une dizaine de pays. Or ce n'est pas facile de trouver des consensus entre 26 pays. Quelle est justement la position canadienne au sein de l'OTAN? Quelle est la position canadienne sur la nouvelle Politique européenne de sécurité et de défense?
On sent un flottement. Dans cet état de flottement, on se rend à Bucarest ou dans une autre capitale européenne pour l'OTAN, et on ne veut pas trop se prononcer. Cependant, il y a un problème fondamental: un clivage est en train de se produire, qui n'est peut-être pas négatif tout le temps.
En effet, les forces de l'OTAN se trouvent autant en Amérique du Nord que du côté de l'Europe. C'est un pont, c'est une relation transatlantique. Il y a eu des problèmes: les Américains et les Canadiens ont souvent été obligés d'intervenir en Europe, non seulement au cours de la dernière guerre mondiale. On peut penser, par exemple, à la Bosnie ou au Kosovo. Ce sont des endroits, des théâtres d'opération, où le Canada et les États-Unis se sont rendus.
D'une certaine façon, que l'on veuille développer ses propres politiques pour régler les problèmes en Europe, cela ne nous pose pas trop de problèmes. Toutefois, que l'on veuille diviser l'OTAN en deux blocs distincts — certains veulent faire cela à l'OTAN —, cela pose problème. Lors des délibérations de l'OTAN, j'ai souvent dit que si l'on demandait au Canada de quel côté de la mer il se situerait, puisqu'on ne peut géographiquement pas déménager le Canada, j'ai l'impression qu'il répondrait que nous serions obligés de rester avec les Américains. Nous ne sommes tout de même pas pour nous coller sur les Européens qui sont de l'autre côté du grand lac.
À la décharge du Canada, je dois dire qu'il y a effectivement un problème. Par exemple, on n'aime pas le bilatéralisme avec les Américains. Je vois le Canada se coller uniquement sur les Américains et je constate que la philosophie qui imprègne toute cette guerre est une philosophie militariste.
Penchons-nous sur les conditions du maintien des troupes canadiennes en Afghanistan. C'étaient 1 000 soldats de plus. D'ailleurs, soit dit en passant, selon nos calculs mathématiques bien simples, il s'agira au fond de 2 200 soldats de moins, parce que 3 200 soldats américains supplémentaires s'en iront bientôt. Ils laisseront 1 000 soldats sur le terrain. Toutefois, de notre côté, nos 1 000 soldats se seraient rajoutés aux 3 200 soldats. Il aurait fallu insister auprès du secrétaire américain à la Défense pour qu'il les garde, mais cela ne s'est pas fait.
L'approche est donc militarisée: soldats, hélicoptères, UAV — c'est-à-dire des avions sans pilote, des drones —, et l'on n'entend presque pas parler de reconstruction et de diplomatie. Pourtant, c'est de cela qu'on a besoin.
Pour notre part, il n'est pas question que le Bloc québécois reste assis sur ses mains actuellement et après 2009 en disant au gouvernement de faire ce qu'il veut. On continuera d'exiger un rééquilibrage de cette mission. C'est inadmissible qu'on veuille régler cela du côté américain et du côté canadien. Car j'ai souvent dit que la colombe canadienne, c'est fini: il s'agit maintenant d'un aigle canadien perché sur la même branche que l'aigle américain.
Ce gouvernement nous propose une façon de voir militariste, et nous n'y sommes pas favorables. Beaucoup de gens disent que cela n'a pas de bon sens, que cela ne se réglera pas par le militaire et qu'il faudra développer les stratégies des deux autres D, qui sont fondamentales.
Est-ce acceptable que, pour chaque dollar investi dans le développement, on en injecte neuf dans le militaire? Est-ce acceptable qu'en Afghanistan, il y ait peut-être une douzaine de diplomates pour 2 500 soldats? Où est la diplomatie dans cette situation? Quand commencera-t-on à penser qu'une frange de talibans seraient prêts à déposer les armes et qu'une négociation serait peut-être possible?
Mais si on essaie de négocier à coups de bazookas, si on essaie de gagner les coeurs et les esprits des Afghans avec des tanks de 45 tonnes et si on essaie de gagner leur confiance en bombardant leurs villages à cause de l'opération Enduring Freedom, qui est sous contrôle américain, on ne réussira pas. Je ne suis pas le seul à le dire et le Bloc québécois n'est pas le seul à dire cela. La communauté internationale s'interroge là-dessus.
Malheureusement, le Canada est en train de prendre position avec les Américains et d'adopter l'attitude américaine en Afghanistan, tout comme ils ont la même attitude en Irak, d'ailleurs. On n'est pas sur la bonne voie. Le Bloc va continuer à travailler là-dessus, à demander plus d'argent pour le développement et à demander à la ministre de l'ACDI d'avoir de la reddition de comptes.
Ce n'est pas normal que quelqu'un vienne dire aux gens de l'ACDI en Afghanistan: « Moi, je veux creuser un puits dans mon village» et qu'on lui dise: « Ah oui. C'est une bonne idée. Combien voulez-vous pour votre puits? » On lui répond: « On veut 15 000 dollars. » Alors, on lui dit: « Très bien, voici le chèque. Allez-y. »
Personne ne se rend pour voir si le puits est creusé. De plus, on se rend compte que creuser un puits en Afghanistan ne coûte pas 15 000 $, mais cela coûte de 1 000 $ à 2 000 $. C'est la même chose pour les routes. On est en train de faire des routes, on achète de la pierre, on paie cela un prix de fou, et là-bas, les gens l'obtiennent pour une fraction du prix qu'on paie. Donc, il y a un problème avec l'ACDI. La reddition de comptes à l'ACDI se fait mal, et il faut qu'elle se fasse.
La diplomatie, elle, est trop absente. Il faut qu'elle soit présente. On a demandé la convocation d'une conférence internationale. Le Pacte pour l'Afghanistan date de 2006. Il serait peut-être temps de s'asseoir avec les 60 pays qui interviennent en Afghanistan, pas juste militairement. D'ailleurs, soit dit en passant, plusieurs pays qui ne font pas partie de l'OTAN, sont néanmoins sur le terrain et n'interviennent pas militairement. Il y a même des pays comme le Japon, qui est le deuxième plus gros donateur en argent après les États-Unis. Pourtant, ce ne sont pas les militaires qu'il encourage, c'est le développement et la diplomatie. C'est cette voie qu'il faut suivre à partir d'aujourd'hui.
Il y a bien d'autres problèmes là-bas. La culture du pavot est un autre problème épouvantable. Encore une fois, l'approche américaine est l'éradication. Cela ne peut pas fonctionner. Éradiquer l'opium en Afghanistan, c'est lancer les Afghans dans les bras des talibans qui leur offrent une protection, qui leur offrent d'acheter leurs récoltes. On a commencé à discuter de la solution à l'OTAN et à l'Union européenne. Ce n'est pas compliqué, on doit changer la culture.
Les gens nous diront que s'ils cultivent des concombres et des tomates, ils n'ont pas un marché assez grand et n'ont pas l'infrastructure routière pour envoyer cela aux quatre coins de l'Afghanistan. On discute actuellement de réserver des marchés. Pourquoi le Canada ne prendrait-il pas la direction à cet égard? Pourquoi le Canada ne prend-il pas l'enjeu à bras-le-corps et ne dit-il pas à l'Union européenne: « Réservez un marché pour eux. Prenez le marché des concombres ou des tomates afghans, encouragez-les et ouvrez une partie de votre marché. » Nous, en Amérique, c'est plus compliqué en raison de la distance, mais du côté de l'Europe, ce serait faisable. Ces discussions ont lieu.
C'est bien mieux que l'éradication. Quand vous dites à un fermier et à sa famille: « Vous arrêtez votre culture de l'opium, vous allez cultiver autre chose et on va vous l'acheter », on commence à être sur la bonne voie.
Qu'est-ce que l'opium et le pavot provoquent actuellement? Cela provoque une corruption incroyable au sein du gouvernement. C'est le combustible premier de l'insurrection en Afghanistan. Al-Qaïda et les talibans se nourrissent financièrement de la culture du pavot en Afghanistan. À ce sujet, on ne pourra pas régler le problème sur le fond.
En terminant, il serait important aussi qu'on mette dans le coup les pays dans la région. Tout le monde reconnaît qu'avec le Pakistan, la frontière est trop poreuse. Il y a des acteurs importants qu'il faut aussi mettre à contribution Le Bloc sera attentif à tout ce qui va se développer dans ce comité. Le Bloc va continuer de véhiculer les valeurs des Québécois et leurs intérêts dans ce débat. On accueille favorablement la motion et j'invite mes collègues à voter en faveur de la motion et de l'amendement.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec le député d'.
Les néo-démocrates vont appuyer cette motion, mais il est évident qu'il ne s'agit pas d'une motion sur l'Afghanistan, ou sur le rôle du Canada dans le monde. La motion ne parle pas des 82 soldats morts en Afghanistan, ni du diplomate qui a donné sa vie au service du Canada dans ce pays. Elle ne parle pas des centaines de personnes qui ont été blessées, ni de celles qui, à l'avenir, pourraient perdre la vie en Afghanistan. Il s'agit plutôt d'une motion liées aux affaires de la Chambre et à la création d'un comité spécial de la Chambre des communes. Toutefois, nous appuyons la mise sur pied d'un tel comité. Nous voulons que celui-ci examine attentivement la mission canadienne, et nous espérons qu'il pourra commencer à se réunir très bientôt.
L'un des principaux objectifs du comité consistera à tenter de réunir des renseignements et des points de vue sur ce qui se passe réellement en Afghanistan à l'heure actuelle. Depuis les dernières élections, moi, les membres du Comité permanent de la défense nationale et un grand nombre d'autres personnes avons tenté d'obtenir des renseignements précis sur la mission en Afghanistan, mais on nous a répété à maintes reprises que nous ne pouvions obtenir de tels renseignements, pour des raisons de sécurité nationale.
Mon collègue de a proposé une motion au comité en 2006 dans laquelle il demandait que le ministre de la Défense nationale présente régulièrement des séances d'information au comité permanent concernant la situation de la mission en Afghanistan. Cette information a parfois été utile mais, le plus souvent, elle était simplement glanée du site web du ministère.
Évidemment, il va sans dire que nous ne souhaitons pas voir disséminer des renseignements, soit par le gouvernement, soit par des députés, qui mettraient en danger les Forces canadiennes ou des soldats d'États alliés. Aucun député de la Chambre ne le souhaite. Cependant, on nous répond souvent en évoquant un tel risque lorsque nous demandons de l'information sur la mission en Afghanistan. Nous ne voulons certainement pas que ce genre de risque soit pris.
Les Canadiens, tout comme les députés, souhaitent obtenir une information honnête, claire et exacte au sujet de la mission. Puisque c'est le Parlement qui a voté pour cette mission, c'est le Parlement qui devrait avoir la responsabilité d'évaluer ses progrès.
Il nous faut des renseignements indépendants pour faire une évaluation juste de la mission. Déjà, selon les sources publiques, nous savons que les choses ne vont pas très bien. D'après l'évaluation de l'ONU de l'automne 2007, dont je citerai certains extraits, la violence attribuable aux insurgés et aux terroristes a augmenté d'au moins 20 p. 100 depuis 2006.
L'accès des travailleurs humanitaires est de plus en plus difficile. Les Nations Unies ont attribué la cote extrêmement risquée à au moins 78 districts qui, de ce fait, sont inaccessibles aux agences de l'ONU. L'exécution de l'aide humanitaire est également devenue de plus en plus dangereuse. L'accès aux aliments a même diminué, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire et du mauvais état des infrastructures.
Nous avons besoin d'information indépendante pour être en mesure d'évaluer les affirmations du gouvernement. Nous avons demandé et souhaitons toujours plus de transparence et de meilleurs rapports concernant la mission. Souhaitons également que le comité s'en charge et que le gouvernement partage avec ses membres et, de ce fait, avec tous les Canadiens, des renseignements exacts sur la mission à Kandahar. Nous ne voulons certainement pas que le gouvernement dépense encore des millions de dollars en publicité trompeuse ou en campagnes de relations publiques.
Le public a accès à un plus grand nombre d'analyses indépendantes. En décembre 2007, selon les calculs de l'ONU, les incidents violents avaient augmenté de 30 p. 100 dans la région du Sud au cours des neuf mois précédents et avaient causé plus de 5 000 décès. En février 2008, la major-général canadien Marc Lessard, commandant de l'OTAN dans le Sud, a déclaré que le nombre d'incidents violents avait augmenté de 50 p. 100 dans les six provinces du Sud en 2007. En février 2008, les statistiques de l'OTAN révélaient que les attaques d'insurgés avaient augmenté de 64 p. 100 durant l'année précédente, passant d'environ 4 500 incidents en 2006 à environ 7 400 incidents en 2007.
Si le gouvernement veut mettre en doute ces conclusions, il devrait présenter à la Chambre ou au comité de l'information pouvant être adéquatement évaluée. Or, depuis que j'ai été élue députée, il y a deux ans, je constate que le gouvernement n'en a rien fait, ni aux Communes, ni au sein du Comité permanent de la défense nationale. Lorsque j'ai demandé de l'information pendant les travaux de ce comité ou par des ordres de dépôt à la Chambre, on a refusé de me fournir cette information en invoquant l'article 15 de la Loi sur l'accès à l'information, qui concerne les affaires internationales et la défense.
La Loi sur l'accès à l'information indique que le gouvernement peut « refuser la communication de documents contenant des renseignements dont la divulgation risquerait vraisemblablement de porter préjudice à la conduite des affaires internationales, à la défense du Canada ou d’États alliés ou associés avec le Canada ou à la détection, à la prévention ou à la répression d’activités hostiles ou subversives ».
Le commissaire à l'information du Canada a fait des constatations et des recommandations relatives à cet article de la loi dans ses rapports annuels de 1995, 1996, 1997 et 2000. Pourtant, aucun changement n'a été apporté à la loi. M. Bryden, qui a siégé comme député libéral et comme député conservateur, a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire prévoyant modifier l'article 15 de manière à ce que la communication d'un document puisse être refusée seulement lorsque celui-ci concerne des activités en cours.
La Loi sur l'accès à l'information n'a pas été modifiée depuis 1985. Depuis ce temps, la technologie a changé, le traitement de l'information a changé et même les dangers ne sont plus du tout les mêmes. La loi aurait dû être modifiée il y a longtemps déjà.
Il existe actuellement deux procédures permettant de contester le refus de communiquer un document. Une personne peut porter plainte au commissaire à l'information et, si sa plainte est rejetée, la personne peut s'adresser à la Cour fédérale.
Le commissaire à l'information a déclaré qu'en raison du sous-financement systématique de son commissariat ainsi que du grand nombre de refus de communiquer de l'information par les dirigeants des institutions fédérales, son personnel a accumulé un arriéré important dans le traitement des plaintes qui lui sont adressées.
Selon l'expérience que j'en ai, il faut parfois attendre jusqu'à un an pour recevoir de l'information incomplète de la part d'un ministère, puis il faut attendre une année supplémentaire pour que le commissaire se prononce sur une plainte. Si, au bout d'un an, le ministère décide de ne pas se plier à la recommandation du commissaire, le plaignant n'a d'autre choix que de s'adresser à la Cour fédérale, puis à des tribunaux supérieurs. En somme, les démarches pour obtenir de l'information peuvent s'étirer sur une période de quatre ans et même sur une période encore plus longue.
Est-ce vraiment la façon dont nous voulons que les renseignements sur la mission en Afghanistan soient traités? Devons-nous nous rendre devant les tribunaux chaque fois que nous voulons obtenir des renseignements du gouvernement? Est-ce la seule voie qui s'offre à nous? Si c'est le cas, c'est une situation totalement inacceptable qui doit être corrigée.
Si le prend vraiment au sérieux la promesse qu'il a faite lors des dernières élections à propos de la participation active du Parlement dans les dossiers relatifs aux questions militaires et à la politique étrangère, il faut alors renforcer la culture de transparence.
J'ai reçu aujourd'hui une réponse du ministère de la Défense nationale à une demande d'accès à l'information que j'avais faite. Le ministère demande une autre prolongation de 300 jours, à savoir presque une année au complet. On me dit que je peux m'attendre à recevoir une réponse à ma demande au plus tard le 23 janvier 2009. En plus, la moitié du temps, les réponses fournies sont incomplètes.
Le comité sur la mission en Afghanistan devrait enquêter sur le manque d'accès à l'information gouvernementale. J'espère qu'il relèvera ce défi.
Tous les députés de la Chambre doivent collaborer afin d'assurer le bon fonctionnement du comité. J'espère sincèrement que, lorsque le comité sera formé, on pourra y avoir des dialogues et des débats ouverts, comme ce doit être le cas au Parlement. Il incombe à tous les membres du comité d'écouter avec respect toutes les opinions exprimées, même si ces opinions ne sont pas compatibles avec les leurs. La moitié de la population canadienne éprouve de très sérieuses préoccupations au sujet de la mission en Afghanistan.
Je demande aux membres du comité de s'assurer qu'il y ait des débats fructueux sur la question dans l'intérêt des Canadiens.
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Monsieur le Président, à l'instar de ma collègue de la Colombie-Britannique, j'interviens pour appuyer la motion dont la Chambre est saisie. Je crois aussi comprendre qu'un amendement devrait être proposé sous peu.
Je suis d'accord avec ma collègue pour dire que la motion en est une de procédure indiquant en somme que la Chambre devrait aller de l'avant et donner suite à la motion déjà adoptée. Il importe que les Canadiens sachent que le débat que nous tenons porte essentiellement sur la question de savoir si la Chambre devrait faire ce qu'elle s'est engagée à faire. Il n'y a aucune ambiguïté à cet égard.
La motion amendée prévoyant la poursuite de la guerre en Afghanistan conserve cette partie des dispositions. Nous avons réclamé davantage de surveillance.
Le comportement des gouvernements, le précédent et l'actuel, relativement au déroulement de cette guerre pose problème. On n'a qu'à penser aux lacunes au chapitre de la communication de l'information au Parlement et au rôle que le Parlement devrait jouer dans le débat.
Ma collègue de la Colombie-Britannique a signalé que l'accès à l'information fait grandement défaut. Le dossier des prisonniers, par exemple, est plutôt bizarre, puisque les Américains font preuve d'une plus grande transparence que les Canadiens. Les Américains ont un site web où l'on peut se rendre pour connaître les noms des prisonniers et les motifs de leur détention. Ils n'invoquent pas l'argument selon lequel ils fournissent à l'ennemi, les talibans, des renseignements susceptibles d'être utilisés contre eux. De toute évidence, ce n'est pas le cas, car ils affichent ces renseignements sur Internet.
Ici, la communication de l'information a été déficiente. Il est nécessaire que le gouvernement comprenne bien les problèmes que pose la mission. Il est trop enclin à retenir l'information, à ne pas la communiquer. Selon moi, dans un Parlement responsable, particulièrement pour ce qui est de questions qui ont trait à la guerre, la communication de l'information et le partage des responsabilités ne font qu'un. Les Canadiens le savent. Toutefois, il est difficile de prendre au sérieux les efforts d'un gouvernement qui retient l'information et qui ne tient pas la population au fait lorsqu'il dit qu'il est transparent et qu'il rend des comptes.
J'ai parlé du dossier des prisonniers, mais il y a aussi le dossier de l'aide. Le gouvernement répète à qui veut l'entendre qu'il construit des écoles, des ponts et des routes, mais lorsqu'on lui demande de fournir des détails il a de la difficulté à s'exécuter.
Certains des problèmes ont à voir avec la façon dont l’aide est distribuée. Nous avons appris d’un témoin qui a comparu devant le Comité des affaires étrangères qu’une bonne partie de l’aide est bloquée dans l’administration. Nous constatons une tendance à l’aide bilatérale, dans le cadre de laquelle l’argent est remis à des institutions telles que la Banque mondiale, puis disparaît plus ou moins. Apparemment, l’argent n’est pas affecté à des fins particulières, ce qui fait que nous ne savons pas à quoi servent les investissements canadiens ni qui en est responsable, en dépit de l’importance des sommes en cause. Même les petits montants affectés à certains projets disparaissent. Le contrôle est insuffisant et, de toute évidence, la création d’un comité s'impose.
D’autres aspects nécessitent un meilleur contrôle et devraient être inclus dans le mandat du comité, notamment les raisons pour lesquelles nous participons à la guerre en Afghanistan. Beaucoup de Canadiens se demandent à juste titre pourquoi nous sommes là.
Je voudrais mentionner à ce sujet un récent document de John Foster sur l’Afghanistan et le nouveau grand jeu de l’énergie, présenté le 29 janvier 2008 au groupe des 78. Dans ce document, M. Foster examine toute la question de l’énergie ainsi que le projet de gazoduc en Afghanistan, qui n’a pas été débattu.
Ce projet a fait l’objet de discussions à l’OTAN, en Europe et en Asie, peut-être plus en Asie qu’en Europe, mais quel est le rôle de l’énergie dans tout le débat entourant l’Afghanistan? Nous savons que l’OTAN a examiné la question de la sécurité énergétique. Nous savons qu’en août 2001, le gouvernement américain — ce qui intéresse sûrement mes amis du Parti conservateur — avait des pourparlers avec le gouvernement taliban. Les Américains essayaient de convaincre les talibans de former un gouvernement d’unité nationale — croyez-le ou non — pour assurer la stabilité nécessaire à la construction d’un pipeline partant du Turkménistan, qui se classe quatrième au monde au chapitre des réserves de gaz naturel, afin d’assurer la sécurité énergétique d’autres régions du monde.
Cette question n’a pas été débattue et n’a pas été soulevée au comité. Toutefois, si nous devons tenir un débat honnête sur les raisons pour lesquelles nous sommes en Afghanistan, tout le problème de l’Afghanistan, que John Foster qualifie de pont énergétique, doit faire l’objet d’un examen soigneux.
Le gouvernement nous a-t-il engagés dans cette mission de combat dans le Sud de l’Afghanistan pour des motifs de sécurité énergétique?
L’autre aspect dont il importe que le comité et le Parlement soient saisis porte non seulement sur la question de l’approvisionnement en énergie et sur les négociations antérieures aux attentats du 11 septembre entre les États-Unis et le gouvernement taliban au sujet de ce pont énergétique, mais aussi sur la façon dont toute la question de la paix et la réconciliation s’inscrit dans le plan du gouvernement.
Je n’ai pas à répéter aux députés que tous les experts qui ont comparu devant le Comité des affaires étrangères et le Comité de la défense ou qui ont parlé en public ont convenu que cette guerre ne pouvait pas être réglée par des moyens militaires. Ce n’est pas une question controversée. C’est un fait sur lequel tout le monde s’entend. Par conséquent, la logique nous amène à nous demander ce qui suit: si cette guerre ne peut pas être gagnée par des moyens militaires, que faut-il faire?
Nous avons présenté une proposition disant que nous devrions être engagés dans un processus de paix et de réconciliation. Ce n'est pas quelque chose que nous avons inventé. Nous en sommes venus là après avoir entendu ce que les gens sur le terrain avaient à dire. Des représentants d'Oxfam, par exemple, témoigneront devant le Comité des affaires étrangères pour expliquer ce qui doit être fait selon eux.
Voyons maintenant ce qu'un diplomate canadien à la retraite avait à dire au comité. Il a dit ceci:
Il faut alors, dès maintenant, entreprendre des négociations préalables et les appuyer par un dialogue entre les ethnies et les groupes aux niveaux local et national. Il faut établir à tous les niveaux une capacité de médiation, de négociation et de règlement des conflits. La société civile afghane, plus particulièrement les groupes de femmes afghanes, aura un rôle essentiel à jouer dans le cadre de ce processus au niveau national, mais aussi au niveau des villages.
Seddiq Weera, qui agit à titre de conseiller auprès du gouvernement afghan, a fait l'observation suivante au comité:
[...] la guerre en Afghanistan ne peut pas être gagnée en l’absence d’une action politique ou d’une action pour la paix. Pourquoi? Parce que le conflit comporte une importante composante politique, qui ne peut pas être exclusivement réglée par la guerre.
Si nous voulons vraiment régler les questions qui, tout le monde le sait, jouent un rôle critique dans la guerre en Afghanistan, nous devons cesser de mettre l'accent uniquement sur les mesures anti-insurrectionnelles. Les Américains enverront 1 000 soldats. Leur objectif est clair: contrer l'insurrection. Nous verrons mourir plus de civils, nous verrons les talibans intensifier leurs activités de recrutement, et le cercle vicieux continuera de se perpétuer.
Je ne suis pas certain si l'opposition officielle est soudainement pleine de remords pour avoir appuyé la motion du gouvernement, mais je tiens à dire clairement que nous appuyons l'idée d'une plus grande reddition de compte afin que les Canadiens puissent comprendre les problèmes que pose cette mission et que nous puissions proposer des améliorations pour l'avenir.
:
Monsieur le Président, avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais lire la motion présentée par le député de afin que tous comprennent bien le fond du débat.
La motion se lit comme suit:
Qu’un comité spécial de 12 députés soit créé afin d’examiner la mission canadienne en Afghanistan, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 13 mars 2008 (Affaires émanant du gouvernement no 5); que le comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents; que le comité soit composé des députés inscrits sur une liste que le whip de chaque parti déposera auprès de la greffière de la Chambre, pourvu qu’il compte autant de députés de chaque parti que les comités permanents actuels et que les listes soient déposées auprès de la greffière au plus tard le 10 avril 2008.
Je souligne la date. C'est la proposition du député de .
C'est la première occasion que j'ai de féliciter le député de pour son élection et son retour à la Chambre des communes, où il a siégé il y a de nombreuses années. Il apporte avec lui beaucoup d'expérience et de connaissances.
Il a réfléchi à la question, observant pendant des mois, voire des années, ce qui se passe dans cette honorable enceinte. En discutant avec lui à l'extérieur de la Chambre avant qu'il soit élu et depuis son retour, j'ai pu sentir sa frustration, la même que les Canadiens et nous ressentons — la députée de en a parlé tout à l'heure — en ce qui concerne la difficulté d'obtenir de l'information du gouvernement.
Le député ne voulait pas seulement venir ici et dire: « Me voici et voici une idée. » Non, tout cela découle de la frustration que nous ressentons tous.
Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai eu l'honneur de présider le Comité permanent de la défense nationale. Aujourd'hui, j'ai le privilège d'être vice-président du comité; moi aussi, je suis un témoin direct de ce qui se passe.
La députée néo-démocrate parle d'une attente de 300 jours. C'est inacceptable. C'est pourquoi j'ai fait ressortir la date limite du 10 avril 2008.
Par ailleurs, j'aimerais rectifier les faits. Tout à l'heure, le député de , le , a répondu, sans dépasser les limites du langage parlementaire, que les libéraux n'étaient pas dans l'enceinte de la Chambre lorsque ces débats ont eu lieu. Comme il est malséant de dire que quelqu'un a menti, je dirai que mon collègue a induit la Chambre en erreur. Il a fait une fausse déclaration.
J'ai d'ailleurs pris la parole au sujet de l'affaire émanant du gouvernement no5, comme l'ont également fait le député d' et d'autres de mes collègues. Lorsqu'il a fait cette déclaration, il m'a montré, ainsi qu'aux Canadiens, qu'il s'obstine à politiser ce débat malgré le soutien bipartite que nous vouons à nos troupes.
Suis-je censé dire qu'il n'est même pas dans l'enceinte de la Chambre maintenant? Je ne dirais pas cela. S'il y voyait un intérêt, il serait ici. Je ne m'attarderai toutefois pas là-dessus.
Le député de , qui siège aussi au comité, a exprimé sa frustration plus tôt aujourd'hui. Je vais donner un exemple. L'ancien ministre de la Défense nationale avait présenté un compte rendu au comité.
Le nouveau ministre de la Défense nationale assume ses fonctions depuis un bon moment déjà, mais lorsqu'on lui demande de venir présenter un compte rendu au comité, c'est comme si on lui demandait la lune.
Les militaires nous font des comptes rendus. Ils nous tiennent au courant des grandes lignes. Par exemple, j'ai dit l'autre jour au comité qu'on voit dans les reportages télévisés en provenance de l'Afghanistan des images qui datent d'un an et demi ou de deux ans.
Le comité examine aujourd’hui la question du syndrome de stress post-traumatique et de ses effets sur la santé et le bien-être de nos hommes et de nos femmes qui rentrent au pays.
Permettez-moi de revenir aux propos du secrétaire parlementaire. Il a dit que ce n’était pas nécessaire et qu’un comité parlementaire s'occupait de l’étude sur l’Afghanistan. Cela m’a vraiment irrité et voici pourquoi.
Le Comité de la défense a travaillé d’arrache-pied pendant de nombreux mois lorsque je le présidais et, ensemble, ses membres ont formulé 13 recommandations. C’était avant que le rapport Manley n'ait même été pensé.
Le secrétaire parlementaire, au nom de son ministre et du gouvernement, ose dire qu’il y a un comité parlementaire. En vérité, il n’y a pas de comité parlementaire parce que, nous le savons fort bien, il existe un livret que le gouvernement distribue et qui traite de transparence, d’ouverture et de libre accès, alors que, agissant de manière préméditée et délibérée, avant que les députés se présentent au comité, le gouvernement a déjà un plan. Il leur demande comment ils comptent aborder les travaux du comité et cela devient très frustrant.
Il ne faut pas s’étonner que le comité ne puisse pas faire comparaître le ministre. On aurait pensé que deux ou trois mois après sa nomination à ses nouvelles fonctions, il se serait présenté devant le comité.
Ce qui est aussi très frustrant, c’est que le comité essaie depuis plus d’un an et demi de se rendre en Afghanistan, pour que ses membres voient sur place ce qui se passe. Le président du comité s’est adressé au comité de liaison, il a sollicité l’appui et les fonds nécessaires pour aller en Afghanistan et le budget a été approuvé.
La première chose qu'on sait, c'est qu' il y a un obstacle: le moment est mal choisi, un problème sécuritaire se pose, ou quoi encore. Or, chaque fois que nous tournons le bouton de la télé au cours d’un congé parlementaire, nous apprenons que le est en visite en Afghanistan. Je suis content qu’il y aille parce que nous ne ferons jamais assez de visites pour montrer à nos hommes et à nos femmes qui sont là-bas, qui mettent leur vie en danger, qu’ils peuvent compter sur nous.
Ce n'est pas une critique de ma part, bien au contraire, mais je trouve vraiment étrange que n’importe quel membre du gouvernement puisse aller en Afghanistan n’importe quand alors que le comité se heurte à toutes sortes d’obstacles et ne peut jamais s'y rendre. Peut-être qu’un jour on lui expliquera pourquoi. Voilà ce qui me frustre beaucoup.
C’est frustrant de voir comment sont traitées nos demandes de renseignements, comme la députée néo-démocrate l’a dit. Comme on l’a souligné, les 300 jours me sont vraiment restés à l’esprit, pas pour nous, mais pour les Canadiens.
On pourrait dire aujourd’hui que le député de essaie de se mettre en valeur. Rien n’est plus éloigné de la vérité. Je connais le député depuis des années. Je l’ai entendu s’exprimer dans des échanges personnels, à Toronto comme à l’extérieur de Toronto, ainsi qu’à la télévision. Jusqu’aujourd’hui, il a d’abord et avant tout appuyé nos soldats, nos militaires et cherché à s’assurer que le Canada est engagé dans la bonne voie.
Je crois que nous sommes dans la bonne voie, mais il y a dans la mission des éléments qui me mettent profondément mal à l’aise. J’en ai déjà parlé, et je vais y revenir brièvement.
Il y a plus de 37 ou 38 pays qui participent à cette mission catastrophique. Je dis catastrophique parce que 82 Canadiens y ont perdu la vie. Nous avons le plus grand respect pour leurs familles et sommes conscients des sacrifices consentis. Des militaires d’autres pays ont également perdu la vie.
Je parle d’autres pays. Il y a un certain temps, nous avons rencontré le comité de la défense de l’Allemagne et lui avons signalé que le Canada n’a jamais reculé devant quiconque. Le Canada, au cours de sa riche histoire, est toujours allé de l’avant, il a obtenu des résultats extraordinaires, et il a su rester fier, quoi qu’il faille affronter, de quelque mission qu’il s’agisse, dans le maintien de la paix ou au front, et peu importe où.
Nous n’avons pas hésité à faire notre part dans ce cas-ci. Ce qui est inacceptable pour les Canadiens, d’après ce que j’entends, c’est la raison pour laquelle le Canada est si touché. Le gouvernement essaie d’édulcorer en disant que les Français prêteront main-forte, par exemple. Un jour, la France dit qu’elle engagera tel nombre de soldats et le lendemain, elle dit qu’elle y réfléchit. La première chose que nous saurons, c’est qu’un an aura passé, nous serons ici — espérons-le — et, très probablement, ces soldats ne seront jamais sur le terrain.
Le rapport Manley a dit qu’il nous fallait 1 000 soldats de plus. Ce que M. Manley a dit, c’est que ce serait utile, mais ce n’est pas vraiment la solution, dans la mission afghane, même si nous savions que les Américains s’étaient déjà engagés à fournir environ 2 500 soldats de toute façon, avant même que ne soit publié le rapport Manley.
Un millier de soldats ne nous aideront pas à régler le problème. Tous les commandants militaires américains disent, lorsqu’ils donnent des séances d’information aux médias, qu’il faut des milliers de soldats. On a même dit une fois qu’il en fallait 100 000 pour venir à bout du problème.
Que vont faire 1 000 soldats de plus? Rien du tout.
Il y a autre chose que je trouve inacceptable. J’ai entendu l’autre jour qu’un représentant du gouvernement de l’Afghanistan avait dit que les Afghans étaient très heureux parce que les Japonais allaient aménager un nouvel aéroport.
Je ne sais pas pourquoi le secrétaire parlementaire se tord les mains, mais je suis heureux qu’il soit revenu à la Chambre pour relever le défi que je lui ai lancé. Maintenant qu’il est ici, je lui rappelle que les députés libéraux étaient présents ici pour discuter de cette question. Il n’était peut-être pas là à ce moment et ne nous a pas vus en parler. J’accepterais cet argument s’il l’avançait.
Lorsque ces conflits ont éclaté en Afghanistan et en Irak, je me souviens qu’il était entendu que tous les pays qui devaient participer devaient également prendre part à la reconstruction. Les Canadiens dépensent des milliards de dollars pour financer la construction d’écoles, de routes, de puits et d’autres éléments d’infrastructure, pour s’occuper de formation, etc.
Nous faisons notre part, mais je trouve inacceptable que d’autres pays qui n’ont pas risqué la vie de leurs citoyens obtiennent les contrats pour la construction de cette infrastructure. Ils nous imposent des réserves et des conditions. Pourquoi ne pouvons-nous pas en dicter nous aussi? Pourquoi n’exigeons-nous pas qu’en contrepartie de notre financement, les travaux soient confiés à des sociétés canadiennes?
Nous sommes témoins d’un ralentissement soudain de l’économie canadienne. Je n’en suis pas très satisfait, pas plus, je suppose, que la plupart des Canadiens, surtout quand je lis les journaux dans mon coin, à Scarborough. Je suis très perturbé d’apprendre que 72 infirmières seront mises à pied par les hôpitaux de Scarborough et que plus de 200 emplois vont disparaître.
Je sais que cela n’est pas directement lié au débat, mais j’estime qu’il existe en fait un lien. Si les sociétés canadiennes décrochaient des contrats pour ces travaux de construction ou d’autres projets de développement dans ce pays, elles pourraient engager des employés à Toronto, Scarborough et ailleurs, ce qui engendrerait des recettes pour le Canada et les provinces et nous permettrait peut-être de garder ces 72 infirmières.
Nous, Canadiens, sommes des gens très équitables. Nous avons offert notre aide et versé notre sang un peu partout dans le monde. Comme je l’ai dit, nous n’avons refusé notre aide à personne, mais je crois que nous avons en même temps l’obligation de penser à nous-mêmes.
Voilà comment le député de a toujours considéré cette mission. Nous devons agir d’une façon équilibrée. Nous devons faire ce qui convient.
En conclusion, comme mon temps de parole est presque écoulé, je m'attends surtout à ce que le gouvernement respecte sa parole en ce qui concerne la transparence et l'ouverture. C'est vraiment ce que dit le rapport Manley et le gouvernement lui-même s'y est engagé. Nous tenons à cette ouverture. Nous ne voulons pas de ces cartons aide-mémoire qui, comme nous pouvons le lire dans les journaux, sont préparés pour les députés conservateurs afin qu'ils sachent quoi répondre aux médias ou à quiconque. Pour l'amour du ciel, le député de et tous les députés ont bel et bien été élus démocratiquement par leurs électeurs.
Je me souviens qu'en 1993 les députés réformistes sont venus siéger avec la notion que nous siégeons à la Chambre comme les porte-parole de nos électeurs. J'aimerais donc rappeler aux députés que la population nous a envoyés ici pour parler en son nom. C'est vrai qu'il arrive que les députés adoptent une position qui favorise leur propre parti, mais j'ai déjà vu des députés des deux côtés de la Chambre adopter une position indépendante pour voter contre le gouvernement ou pour l'appuyer. Je suis fier de dire que nous l'avons tous déjà fait.
Le confirmera que, lorsque nous siégeons au comité, il n'y a pas d'affiliation qui tienne et que nous faisons de notre mieux pour nos militaires, hommes et femmes. Il arrive à l'occasion que nous ne soyons pas tous du même avis, mais, en fin de compte, nous finissons par trouver un moyen d'aller de l'avant de façon positive.
Tout ce que je demande en premier lieu, et c'est aussi ce que demande la motion, c'est la date, de façon à ce que nous puissions livrer. Deuxièmement, je demande au gouvernement de s'en tenir aux recommandations du rapport Manley. Troisièmement, je demande au gouvernement de considérer les 13 recommandations formulées par le Comité de la défense et de faire les liens qui s'imposent. Je répète à l'intention du secrétaire parlementaire qu'il a raison, qu'il y a effectivement un comité, et que ce comité a formulé des recommandations pour son information.
Au fond, nous sommes là pour quoi? Avant tout, nous assurer que les hommes et les femmes que nous envoyons en Afghanistan aient le bon équipement et la bonne préparation, et agissent bien pour que le Canada puisse une fois de plus se distinguer par la qualité historique et traditionnelle de ces initiatives.
Je pense que le gouvernement devrait prendre exemple sur d'autres pays. Prenons les États-Unis d'Amérique. Aujourd'hui, il tiennent une audience. Le général Petraeus fait un exposé complet à un comité. Le général Hillier n'a comparu qu'une seule fois devant un comité. Ce n'est pas par mauvaise volonté, il serait ravi de venir nous rencontrer n'importe quand. Le général Hillier a toute mon admiration, mais j'invite le secrétaire parlementaire à tout faire pour inciter le à comparaître au comité pour nous informer.
En conclusion, je propose aussi qu'un représentant, que ce soit le secrétaire parlementaire ou le ministre, vienne régulièrement faire le point pour tout le monde, au salon de la presse ou ailleurs. Il faudrait que le gouvernement fasse le point non seulement pour nous à la Chambre, mais pour tous les Canadiens, car ce sont eux qui paient la facture. Cela me préoccupe. Je conclus sur la question d'argent uniquement parce que nous avons engagé des sommes considérables.
J'ai été heureux hier d'entendre le parler de nouvel équipement, mais il a cependant dit quelque chose qui m'a vraiment fait bondir. Il a dit que finalement, après 13 ans d'inaction, nous allions acheter du nouveau matériel. Il sait très bien, comme tous les députés, que ce n'est pas exact. J'ai posé la question en comité, quand les conservateurs parlaient de ces 14 millions de dollars dans leur budget de 2007, je leur ai demandé si c'était de l'argent nouveau ou les crédits que les libéraux avaient inscrits au budget de 2005. Après deux questions, je dois dire qu'on m'a répondu qu'effectivement il s'agissait des 14 milliards de dollars prévus dans le budget libéral de 2005.
Je dois cependant féliciter le gouvernement conservateur, qui a ajouté quelques dollars supplémentaires dont nous avions grand besoin. Donc, quand le ministre a déclaré hier que finalement, après 13 ans d'inaction, nous achetions maintenant du nouveau matériel, et je crois qu'il a parlé d'hélicoptères, c'est une initiative que nous approuvons pleinement.
Pour montrer que nous sommes tous unis derrière nos hommes et nos femmes là-bas, nous devrions tous nous abstenir de faire de la politique sur cette question. Nous n'avons rien à y gagner, pas de ce côté-ci en tous cas. Nous ne pouvons qu'y perdre. J'invite le gouvernement et les députés de ce côté-ci à s'en tenir à cela.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole devant la Chambre. Je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député de .
Le dossier de l'Afghanistan est nettement la priorité du gouvernement dans le domaine des affaires étrangères. La mission du Canada fait partie des efforts d'une coalition dirigée par l'OTAN, avec l'aval de l'ONU, en vue d'aider les Afghans à rétablir la sécurité dans leur pays, à en reprendre les rênes et à atteindre la prospérité.
Il s'agit d'une mission complexe à plusieurs volets. C'est certainement l'opération la plus dangereuse entreprise par le Canada depuis une génération et c'est peut-être aussi la plus difficile. Cependant, le Canada a su se montrer à la hauteur et joue un rôle de premier plan.
En plus de ses diplomates, policiers, agents correctionnels et travailleurs humanitaires, le Canada déploie sur le terrain environ 2 500 militaires dans le cadre de la mission. Il est responsable de la sécurité dans la province de Kandahar, mais il sait qu'il atteindra son objectif uniquement si des progrès sont réalisés dans des domaines comme la gouvernance, le développement et la reconstruction.
La mission étant très difficile, le travail des comités parlementaires est particulièrement utile. Les comités peuvent adresser au gouvernement des recommandations judicieuses et constructives. Ils peuvent aussi jouer un rôle important quand vient le temps d'informer les Canadiens sur la mission en Afghanistan.
Le gouvernement apprécie le travail des comités parlementaires qui ont étudié la mission du Canada en Afghanistan, en particulier le Comité permanent de la défense nationale, dont je fais partie, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense, ainsi que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international.
L'importance que notre gouvernement accorde au travail des comités est clairement démontrée par l'aide que nous leur donnons. Des ministres et des hauts fonctionnaires ont comparu devant des comités pour répondre à des questions. Nous avons organisé des visites en Afghanistan pour les membres des comités afin qu'ils puissent observer directement le travail extraordinaire que les Canadiens effectuent là-bas.
J'aimerais rendre hommage au merveilleux travail que les comités parlementaires ont fait dans le dossier de l'Afghanistan.
[Français]
Le Comité permanent de la défense nationale a examiné la mission canadienne en Afghanistan de près. Le plus récent rapport du comité a été déposé en juin 2007.
Dans la période précédant le dévoilement du rapport, plusieurs ministres du gouvernement ont paru devant le comité pour discuter d'enjeux liés à l'Afghanistan, dont le , le , le et la . Le comité a aussi entendu des témoignages de certains autres fonctionnaires canadiens, dont le sous-ministre de la Défense nationale et le chef d'État major de la Défense.
De plus, deux Canadiens occupant des postes importants au sein d'organisations internationales, ont paru devant le comité: le général Henault, président du Comité militaire de l'OTAN, et Christopher Alexander, représentant spécial adjoint du secrétaire général de l'ONU en Afghanistan.
Pour appuyer le travail du comité, la Défense nationale fournit également des briefings réguliers sur l'Afghanistan. Depuis mars 2007, le comité a eu pas moins de six briefings opérationnels d'officiels de la Défense. Huit membres du comité ont visité l'Afghanistan au début de 2007, où ils ont rencontré des membres de la mission canadienne qui travaillent sans relâche pour amener la stabilité et l'espoir au peuple afghan.
Le comité a parlé avec les représentants des Forces canadiennes, du ministère des Affaires étrangères, de l'Agence canadienne de développement international et de la GRC. Ils ont été breffés sur l'approche gouvernementale commune du Canada, une approche qui réunit développement, reconstruction, gouvernance et initiatives de sécurité pour aider les Afghans à bâtir un avenir meilleur.
Le travail du comité a sans aucun doute contribué aux débats informés qui ont récemment eu lieu en cette Chambre.
[Traduction]
Le Comité permanent de la sécurité nationale et de la défense a également fait un travail sérieux et d'une grande portée dans ce dossier. Son plus récent rapport sur l'Afghanistan a été publié en février 2007. Le comité a ensuite entendu des témoignages sur l'Afghanistan d'un certain nombre d'organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, y compris la Défense nationale et la RAND Corporation.
Il y a une semaine, six membres du comité sénatorial se sont rendus en Afghanistan dans le cadre de l'examen continu du rôle du Canada dans cette mission internationale. Pendant leur séjour à Kandahar, les membres du comité ont été en mesure de voir les initiatives de développement. Ils ont également vu l'équipe de reconstruction provinciale, se sont rendus à une base canadienne d'opérations avancée et ont visité le centre provincial d'opérations.
Les membres du comité ont également eu l'occasion de rencontrer les fonctionnaires canadiens travaillant en Afghanistan, y compris les représentants du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la Défense nationale, de l'Agence canadienne de développement international et du Service correctionnel du Canada. Les membres du comité ont également parlé à des Afghans locaux et à des membres de la collectivité internationale.
Les efforts du comité sénatorial afin d'expliquer les défis que les Canadiens doivent relever en Afghanistan ont certainement aidé le public à comprendre cette mission complexe.
Je signale que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international étudie également la mission canadienne en Afghanistan. Le gouvernement soutiendra ses efforts comme il l'a fait pour les autres comités qui s'occupent du dossier de l'Afghanistan.
[Français]
Les députés de cette Chambre savent que tous les comités parlementaires examinant la mission en Afghanistan font un travail important. Ils ont émis un nombre de recommandations sensées et constructives.
Les Canadiens aussi bénéficient du travail des comités parlementaires. Leurs réunions et rapports aident à expliquer les enjeux complexes de sécurité en jeu en Afghanistan et soulignent souvent le dévouement des représentants officiels canadiens sur le terrain.
[Traduction]
Il y a moins d'un mois, la Chambre a voté l'approbation d'un prolongement de la mission du Canada en Afghanistan jusqu'en 2011. La motion adoptée comprenait le passage suivant:
qu'un comité parlementaire spécial sur l'Afghanistan soit créé par la Chambre afin qu'il rencontre régulièrement les ministres des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Défense nationale, ainsi que des hauts fonctionnaires, et que la Chambre autorise ce comité spécial à se rendre en Afghanistan et dans les environs pour présenter fréquemment des recommandations sur la gestion et les progrès de nos efforts en Afghanistan;
Compte tenu de l'importance des comités parlementaires, nous devons veiller à bien faire les choses lorsque nous en créons un nouveau. Un tel comité doit pouvoir travailler efficacement et servir les intérêts des Canadiens.
Pour servir pleinement les intérêts du Parlement et de la population canadienne, le nouveau comité doit fonctionner en faisant abstraction de tout intérêt partisan. Les députés des divers partis ont naturellement tendance à accorder plus d'importance aux aspects de notre mission en Afghanistan qui vont dans le sens de leurs fins partisanes. Il peut en ressortir une image inexacte et trompeuse de la réalité susceptible de donner à la population canadienne une fausse idée de la situation.
Certains groupes d'intérêts ont profité de la situation pour tenter de façonner l'opinion publique. Les médias ont également un rôle important à jouer dans ce domaine. Je ne m'attends pas à ce que les groupes d'intérêts ou les médias modifient leur approche du simple fait que nous ayons créé un comité spécial. Il sera d'autant plus important, toutefois, que les membres du comité, dans la mesure du possible, fassent preuve d'ouverture d'esprit par rapport à tous les renseignements qu'ils recevront.
Comme l'a souligné le groupe d'experts de M. Manley, notre mission comporte de nombreux défis et elle est perfectible à de nombreux égards. Selon ce groupe également, des progrès ont été constatés dans de nombreux domaines et la mission représente une cause qui est noble et qui mérite d'être défendue. Le nouveau comité doit pouvoir accueillir et accepter les bonnes nouvelles comme les mauvaises avec la même rigueur, sans faire preuve de sélectivité en fonction des positions de tel ou tel parti.
La mission en Afghanistan est la plus complexe que le Canada ait entreprise depuis une génération. Elle s'inspire d'une approche intégrée qui englobe des diplomates canadiens, des policiers, des travailleurs humanitaires, des militaires, et d'autres intervenants. La mission a été étudiée par les comités de la Chambre et du Sénat dont relèvent les questions de défense.
L'apport de ces comités a été important. Leurs recommandations ont été réfléchies et opportunes et les réunions qu'ils ont tenues et les rapports qu'ils ont rédigés ont été utiles pour informer les Canadiens. Le gouvernement reconnaît la valeur de ces comités et les a encouragés dans leurs travaux.
La motion de prolongation de la mission canadienne en Afghanistan visait notamment la création d'un nouveau comité parlementaire sur l'Afghanistan. Nous devons veiller à ce que tout nouveau comité ait sa raison d'être et effectue des travaux utiles pour les Canadiens. Compte tenu de la motion et des amendements présentés, je suis convaincu que le comité sera à la hauteur de la tâche.
:
Monsieur le Président, je pense qu'il va falloir faire quelque chose à propos des habitudes de fumeur du secrétaire parlementaire. Je sais qu'il a consacré de longues heures de dur labeur à ce dossier.
C'est un plaisir pour moi de siéger à la Chambre des communes, de représenter la circonscription de Crowfoot et de pouvoir parler de la mission du Canada en Afghanistan. C'est une mission qui va certainement définir le rôle de notre pays sur la scène internationale pour les années à venir.
J'ai le privilège de présider le Comité des affaires étrangères et du développement international. Le Canada a joué un rôle au fil des ans et continue de le faire dans différents secteurs. Le travail accompli par les Forces armées canadiennes, le gouvernement du Canada et les Canadiens en Afghanistan est décisif et il établira une norme concrète que d'autres pays voudront peut-être atteindre.
Le gouvernement voit d'un bon oeil le genre de débat qui a lieu à la Chambre des communes aujourd'hui, un dialogue entre tous les partis. En effet, des échanges francs et ouverts sont un élément essentiel de notre futur rôle en Afghanistan. Il importe d'examiner divers points de vue quand nous prenons des décisions aussi cruciales que celles concernant le travail de notre pays en Afghanistan.
Bien que nous entendions plus souvent parler de l'aspect militaire de notre mission dans les journaux, à la radio et à la télévision, le travail humanitaire et l'aide au développement sont également essentiels au succès de nos efforts en Afghanistan.
Comme la l'a fait ressortir de façon fort éloquente durant le débat sur la motion no 5, le succès de nos efforts en vue de faire régner de nouveau l'espoir et la confiance en Afghanistan dépend en grande partie de notre capacité de promouvoir le développement et la reconstruction dans ce pays. C'est seulement en réalisant des progrès dans ces domaines qu'on arrivera à améliorer le niveau de vie des Afghans en général.
Voilà ce dont il est question ici. Il ne s'agit pas nécessairement ici de vérifier si divers objectifs ont été atteints. Il s'agit d'améliorer le niveau de vie des Afghans.
Cela veut dire une infrastructure améliorée. Cela veut dire un meilleur accès aux services essentiels comme les soins de santé et l'éducation. Cela veut dire une meilleure protection en vertu de la loi. Cela veut dire un plus grand respect des droits de la personne. Cela veut dire de meilleures perspectives d'emploi et une économie plus forte. Voilà les choses qui contribueront à améliorer la vie quotidienne de l'Afghan moyen.
Il est certain que notre mission continue d'être dangereuse et pleine de défis. Il est certain que nous avons encore beaucoup à faire. Par contre, il est certain aussi que nous voyons des progrès importants dans bien des domaines.
Je veux parler brièvement de certains des faits qui ont été portés à l'attention de notre comité et que, à mon avis, les Canadiens ont vraiment besoin de comprendre. Quels progrès voyons-nous en Afghanistan?
Parlons tout d'abord du domaine de l'éducation. Près de six millions d'enfants fréquentent maintenant l'école en Afghanistan. Un tiers de ces élèves sont des filles. Cela représente une augmentation énorme par rapport à 2001, lorsque seulement 700 000 enfants, tous des garçons, fréquentaient l'école. Il n'y avait pas de filles dans les écoles en Afghanistan à ce moment-là.
Pour ce qui est des soins de santé, le nombre annuel de décès attribuables à la tuberculose a été réduit de moitié. Les taux de mortalité infantile ont diminué de près du quart. Cela veut donc dire qu'on sauve des vies.
Nous remarquons tous le nombre de victimes que fait la guerre en Afghanistan, mais nous tenons très rarement compte du nombre de vies sauvées. Avant 2001 et même jusqu'à il y a seulement quelques années, les taux de mortalité infantile étaient très élevés.
Nous voyons aussi que l'accès aux soins de santé a grimpé à plus de 80 p. 100. Il y a quelques années à peine, seulement 9 p. 100 des Afghans ordinaires pouvaient se faire soigner.
Pour ce qui est de l'aide humanitaire, plus de 5 millions de réfugiés sont revenus en Afghanistan depuis 2002. Pourquoi? Parce qu'ils ont l'espoir. Ils voient que cette mission fait changer les choses. En 2007, plus de 365 000 personnes sont revenues grâce à l'aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, soutenu par le Canada.
Récemment, nous avons marqué l'anniversaire du jour où nous avions demandé au monde entier de se débarrasser des mines terrestres. Le déminage a permis de nettoyer près de 1,3 milliard de mètres carrés de terre qui sert maintenant à des activités productives et lucratives, agricoles ou autres.
En matière de développement économique, le revenu par habitant a doublé entre 2003 et 2006. Plus de 418 000 personnes, surtout des femmes, bénéficient de services de petits prêt et d'épargne pour reconstruire leur vie et devenir moins vulnérables au stress économique.
En matière de développement communautaire, plus de 20 000 conseils élus ont été mis en place dans tout le pays pour assurer la supervision de projets de développement communautaire dans des domaines tels que l'agriculture, la remise en état de l'infrastructure et l'accès à l'eau potable. Plus de 18 000 projets de ce genre ont déjà été accomplis. On ne saurait souligner assez leur importance pour la reconstruction du pays.
Ce ne sont là que quelques exemples d'un authentique progrès en Afghanistan.
Je ne saurais insister assez sur la différence considérable que nous faisons dans la vie des Afghans. Non pas que la situation soit parfaite. Je pense que les représentants de tous les partis ici et la plupart des Canadiens savent bien que nous ne sommes pas au bout de nos peines. Face à des problèmes aussi divers et aussi complexes, il nous reste une masse écrasante de défis à relever.
Nous sommes toujours confrontés à la pauvreté. Le taux d'alphabétisation est extrêmement faible. Mettre sur pied un système d'éducation à partir de rien, cela prend du temps. Il y a une pénurie dramatique d'infrastructures. La guerre et la chaos ont eu raison des institutions. La poursuite de la rébellion inquiète énormément non seulement nos soldats, mais tous les gens qui comprennent la situation et le caractère récurrent de cette insurrection. Il y a une corruption généralisée, il y a le trafic de drogue, il y a la tradition du pouvoir des seigneurs de la guerre, et il y a la condition des femmes et des jeunes filles. Je reviens là-dessus parce que nous en avons déjà parlé. Sous les talibans, la culture et la tradition de ce pays ont en partie consisté à, je ne dirais même pas réduire, mais bien à piétiner totalement les droits de la personne, et notamment des femmes et des filles.
Tous ces éléments font de l'Afghanistan l'un des plus grands défis opérationnel au monde. C'est un défi pour notre gouvernement comme pour notre pays. C'est un défi pour le gouvernement afghan, un gouvernement nouveau qui s'efforce d'établir un certain degré de démocratie. C'est certainement aussi un défi même pour nos alliés et nos partenaires, qui sont bien conscients de l'ampleur colossale de la tâche.
Travailler dans un tel contexte, c'est une tâche écrasante, mais nous apprenons quelque chose de nouveau chaque jour. Nous mettons à profit les leçons que nous apprenons en cherchant constamment à devenir plus efficaces.
Je ne pense pas que le gouvernement ait jamais affirmé qu'il n'y a qu'une façon de traiter la question de la pauvreté ou celle de la sécurité. Nous n'avons jamais fait cela. Nous avons tiré des leçons. Nous faisons des progrès à mesure que nous continuons à explorer ces divers moyens. Nous allons de l'avant.
Cela dit, à en juger par les progrès dont j'ai parlé plus tôt, il y beaucoup de raisons de croire en un avenir meilleur. Il y a beaucoup de raisons de croire que, si nous maintenons le cap, si nous gardons en tête les leçons que nous avons tirées, si nous continuons à chercher des solutions novatrices, nous effectuerons des changements positifs en Afghanistan.
C'est pourquoi le gouvernement est heureux que la Chambre ait appuyé la motion portant que la mission soit prolongée au-delà de 2009. C'est pourquoi nous sommes heureux que la Chambre continue de contribuer à façonner l'avenir et à déterminer la marche à suivre dans les années à venir.
La contribution du Canada à la mission est importante. Nous sommes fiers des réalisations de nos hommes et femmes qui aident les Afghans à reconstruire leur pays ravagé par des années de guerre.
Le s'est très clairement exprimé à la Chambre. Notre mission militaire prendra fin en 2011. Comme il l'a dit à Bucarest: « Nous sommes déterminés non seulement à rester, mais aussi à partir. Bien entendu, nous partirons quand nous aurons atteint notre objectif, c'est-à-dire former les forces afghanes afin qu'elles puissent assurer elles-mêmes la sécurité du pays. »
Il reste beaucoup à faire pour édifier une société autonome, économiquement stable et capable d'assurer sa propre prospérité.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Cette motion se situe dans un contexte défini dans une certaine mesure par le rapport Manley. Je connais John Manley et le considère comme un ami. Je connais moins bien les autres membres du comité, mais j’ai le plus grand respect pour chacun d’eux, de même que pour le travail qu’ils ont accompli. À certains égards, leur rapport situe le contexte de la motion initiale du gouvernement, puis de la motion plus complète proposée par le Parti libéral et enfin de la motion finalement adoptée par la Chambre, qui est essentiellement fondée sur la proposition du Parti libéral, conçue en partie par le député de .
Malheureusement ou heureusement, selon le point de vue, l’essentiel du débat, tant ici que dans les médias, a porté sur les troupes supplémentaires, les hélicoptères et ainsi de suite. On a beaucoup moins parlé de l’intensification de la contribution canadienne à la reconstruction et moins encore de l’examen systématique de l’efficacité de nos efforts tendant à définir des critères de succès. Beaucoup de députés du gouvernement ont profité de cette occasion pour dire qu’il y a eu un certain nombre de réalisations. Dans une certaine mesure, ils ont raison.
La dernière recommandation du rapport Manley préconise des comptes rendus plus francs et plus fréquents des événements en Afghanistan. Si cette mission doit bénéficier du soutien éclairé des Canadiens jusqu’en 2011, si les Canadiens doivent être bien informés, il importe de prendre cette recommandation très au sérieux.
Il est regrettable de constater que, dans la première version de sa motion, le gouvernement n’a que peu ou pas tenu compte des trois dernières recommandations du rapport. Il a fallu que le Parti libéral s’en mêle pour concevoir une motion acceptable et pour favoriser des comptes rendus plus francs et plus fréquents des événements en Afghanistan en recommandant la création d’un comité spécial.
Nous pourrions nous demander pourquoi nous avons besoin d’un tel comité. Comme certains députés du gouvernement l’ont dit, nous avons déjà le comité des affaires étrangères et le comité de la défense. De plus, la Chambre a consacré une trentaine d’heures au débat, etc. Ils veulent donner l’illusion que la motion du gouvernement était suffisante.
L’une des recommandations du rapport Manley, à laquelle le Parti libéral et le gouvernement ont souscrit par la suite, préconisait la création d’un comité spécial à la Chambre. Il s’agirait d’un comité spécial chargé de suivre constamment notre mission en Afghanistan. Il servirait à cette fin, et à rien d’autre. Contrairement à tous les autres comités qui ont été mentionnés et qui ont différents points à leur ordre du jour, ce comité spécial s’occuperait strictement de la mission en Afghanistan.
Il est plutôt regrettable que le gouvernement n’ait pas pensé à le faire lui-même lors de la rédaction de sa motion initiale. Toutefois, Dieu merci, avec l’aide du Parti libéral, la Chambre recommande maintenant la création d’un comité spécial chargé uniquement de la question de l’Afghanistan, qui s’entretiendrait régulièrement avec le , le , la et d’autres responsables, selon les besoins.
Le comité spécial examinerait régulièrement la situation en Afghanistan et donnerait aux députés la possibilité de poser des questions substantielles, le genre de questions auxquelles les Canadiens veulent une réponse.
Nous voulons mettre sur pied ce comité spécial, non pas pour le gouvernement ni pour l'opposition, ni par esprit partisan, mais pour renseigner les Canadiens. Si le comité arrive à s'acquitter de cette tâche, l'appui envers la mission, qui se prolonge jusqu'en 2011, sera beaucoup plus grand et plus éclairé. Pour le meilleur ou pour le pire, nous exercerons une présence militaire en Afghanistan jusqu'en 2011. Nous espérons que les ministres comparaîtront régulièrement devant le comité.
L'autre partie de la motion vise à autoriser les déplacements. Il est très facile d'avoir des opinions très arrêtées ici alors que le conflit a lieu à l'autre bout du monde. Certains pensent qu'il est possible de mener une guerre à partir d'ici, mais j'estime qu'il est crucial que les députés puissent se rendre en Afghanistan, constater ce qui se passe sur le terrain et s'informer de ce qu'on devrait ou ne devrait pas faire.
L'autre volet de la recommandation est que le comité formule fréquemment des recommandations quant à la conduite et à la progression de nos efforts en Afghanistan. C'est la façon de procéder si nous voulons recueillir un appui envers la mission. En nous rendant sur place, nous obtenons un certain niveau de savoir-faire. La composition du comité doit être conséquente et celui-ci devrait consacrer beaucoup de son temps à se renseigner en entendant des ministres et d'autres spécialistes. Le comité doit acquérir un savoir-faire qui contribuera à favoriser l'appui de la mission.
La motion précise également:
Qu’il soit résolu que ce comité parlementaire spécial sur l'Afghanistan étudie les exceptions touchant la sécurité opérationnelle et nationale [...]
Je pense que c'est Churchill qui a dit que la vérité est la première victime de la guerre. C'est peut-être quelqu'un d'autre qui l'a dit, mais c'est une observation très juste. Nous sommes à l'ère de l'information. Les gens s'attendent à être informés. Ils s'attendent à avoir à portée de main des renseignements, par exemple dans Wikipédia, Google ou peu importe, afin d'avoir des opinions éclairées.
Le temps où le gouvernement pouvait contrôler l'information est révolu. Heureusement, le comité parlementaire, dans une certaine mesure, pourra communiquer aux Canadiens des faits vérifiés, de sorte que les Canadiens soient au courant des réussites et des échecs de la mission. Nous espérons y parvenir pendant l'année 2008.
À mon humble avis, nous ne savons pas quelles technologies seront disponibles en 2009, 2010 et 2011 pour permettre aux Canadiens de s'informer et de se forger une opinion, mais il est raisonnable de présumer que les Canadiens voudront être mieux informés et non moins informés. Je crois que le comité spécial aidera à la diffusion de l'information.
Je trouve paradoxal qu'un gouvernement qui a fait de la transparence et de la responsabilité ses chevaux de bataille doive se faire tordre un bras pour constituer, en 2008, un comité parlementaire spécial qu'il avait déjà approuvé en appuyant sa propre motion.
Je trouve surprenant qu'un parti de l'opposition, en l'occurrence l'opposition officielle, doive utiliser une de ses journées de l'opposition pour obtenir l'appui du gouvernement à l'égard de cette motion.
Je vous remercie, monsieur le Président. J'invite mes collègues à me poser des questions.
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Monsieur le Président, la mission en Afghanistan est manifestement un sujet qui préoccupe beaucoup la plupart des Canadiens. Chaque fois que, en tant que pays, nous engageons nos femmes et nos hommes courageux dans une mission dangereuse, il est essentiel que nous procédions d’abord à un examen exhaustif de la situation.
Il faut alors prendre en compte tous les points de vue, toutes les opinions, toutes les possibilités. Il y a bien des aspects différents à examiner dans un débat sur la mission en Afghanistan. L’importance que revêt cette question aux yeux des électeurs de tout le pays peut être mesurée au volume de courriels, de lettres et d’appels téléphoniques que nous avons reçus de la part de ceux que nous représentons.
J’ai personnellement rencontré de nombreux électeurs qui avaient de sérieuses réserves et de graves inquiétudes face à la mission en Afghanistan. Je partage bon nombre de leurs inquiétudes. Bien sûr, je suis particulièrement préoccupé par la décision de prolonger la mission étant donné les doutes exprimés concernant le succès de cette mission à ce jour.
Depuis le début de la mission, 82 Canadiens ont perdu la vie en Afghanistan. Le coût financier de cette mission a aussi été considérable. En mai 2006, quand la question de la prolongation de la mission a été soumise au Parlement, je me suis prononcé contre la prolongation parce que je croyais sincèrement que c’était la chose à faire. Je n’ai pas voté en faveur de la dernière prolongation.
Peu importe les positions défendues par les députés lors du précédent débat, il y a eu un consensus selon lequel, si la mission devait se poursuivre, elle devait aussi changer. Les Canadiens ont clairement dit que, si nous devions rester en Afghanistan, nous devions alors centrer nos efforts sur la reconstruction et l’aide humanitaire.
Le débat visant à déterminer quand nos soldats rentreront au Canada semble avoir été conclu, du moins pour le moment. Nous savons que l'année 2011 a été retenue, mais j’avoue être un peu inquiet par l’hésitation qu’a semblé manifester le lors du sommet de l’OTAN, tenu à Bucarest, concernant la date précise de la fin de la mission.
D’ailleurs, cette même question a été posée par mon collègue d'Etobicoke—Lakeshore au pas plus tard qu’hier et ce dernier a simplement répondu que nos alliés n’avaient pas besoin de le demander. Les Canadiens ont été avisés que la mission prenait fin en 2011 et nous espérons ne pas déceler maintenant le début d’une hésitation de la part du gouvernement.
Il a néanmoins été décidé que nos soldats reviendront en 2011. Certains députés peuvent toujours dire que nos troupes peuvent être rappelées au pays demain, il reste que le gouvernement du Canada a pris des engagements internationaux qu’il ne peut renier à la légère. Mais cela ne veut pas dire que nous devrions donner carte blanche au gouvernement.
Comme les opérations militaires de nos soldats se poursuivent en Afghanistan, le Parlement a l’obligation de s’assurer que la mission soit selon la volonté des Canadiens; il doit y avoir un meilleur cadre de responsabilisation. En fait la récente motion sur l’Afghanistan parlait de la nécessité d’accroître la surveillance et de passer d’une mission de combat à une mission axée sur la reconstruction.
Comme mon collègue le député de et critique des affaires étrangères de notre parti l’a déclaré, « ce qu'il importe de reconnaître, c'est qu’une victoire militaire complète au sens traditionnel sera difficile à obtenir ». Je crois que mon collègue a parfaitement raison et, en outre, je pense que la plupart des Canadiens et des observateurs raisonnables sont entièrement d’accord avec cette affirmation.
Je crois donc qu’il est essentiel d’accroître la surveillance et la responsabilisation si on veut que la mission en Afghanistan soit équitable, constructive et réceptive. Le gouvernement doit au Parlement et aux Canadiens d’un bout à l’autre du pays de s’engager à parvenir à une meilleure reddition de comptes et à une surveillance plus poussée de la mission en Afghanistan.
Comme on l’a dit, la motion adoptée par la Chambre demande la mise sur pied d’un comité destiné à surveiller la mission. Le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre n’a pas encore mis sur pied ce comité et il est essentiel que le gouvernement facilite l’exécution de cet engagement.
Dans la motion d’aujourd’hui, il ne s’agit pas de savoir si la mission devrait ou ne devrait pas être prolongée. À tort ou à raison, cette question a déjà été tranchée. La motion actuelle demande qu’on s’assure que le gouvernement tienne parole et donne suite à son engagement auprès du peuple canadien et du Parlement.
Il s’agit de montrer aux Canadiens que le Parlement peut travailler pour améliorer notre société, notamment en ce qui concerne un enjeu aussi important. Il faut s’assurer que nos braves militaires, hommes et femmes en uniforme, à qui on demande de risquer leur vie, ne participent à une mission que si elle est conforme à la volonté du peuple canadien.
Enfin, la présente motion permettra aux parlementaires et aux Canadiens de mieux comprendre la mission en Afghanistan et de réévaluer le mode d’affectation de nos ressources. Il n’y a pas de plus grande obligation pour les parlementaires et pour le gouvernement que celle de s’assurer que les membres des Forces armées dont la vie est mise en danger s’engagent à atteindre des objectifs réalistes au service de leur pays. Il doit aussi exister des conditions productives dans le contexte d’une mission claire et bien comprise.
Une plus grande responsabilisation et une meilleure surveillance donneront tout au moins cette possibilité. Responsabilisation, surveillance et transparence sont les marques d’un gouvernement démocratique. Si nous ne sommes pas disposés à appliquer ces principes à la mission en Afghanistan, nous rendrons alors un très mauvais service à notre pays et au Parlement.
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Monsieur le Président, j'espère que mes collègues me permettront de prendre quelques secondes de mon temps de participation au débat pour saluer les citoyens et citoyennes de ma circonscription qui ne m'ont pas vue prendre la parole au Parlement depuis un bon moment. Je les remercie et vous remercie de votre patience.
Je suis contente de participer à ce débat. Je vais commenter la motion qui m'apparaît importante. De fait, il est important que soit accompli son mandat. On y lit:
Qu’un comité spécial de 12 députés soit créé [...]
J'ai cru remarquer que les collègues au pouvoir disaient que, de toute façon, on allait former un comité. Oui, on parle d'un comité dans la motion, mais celui-ci pouvait avoir besoin d'un mandat plus précis encore. Ce comité spécial venant du Canada, quelque courte que soit sa définition, aura davantage de prise sur ce qui se passera en Afghanistan, que l'on parle de l'armée ou des services.
On dit en effet:
Qu’un comité spécial de 12 députés soit créé afin d’examiner la mission canadienne en Afghanistan, [...]
En français, le verbe « examiner » doit avoir le même sens qu'en anglais. Lorsqu'on examine, on regarde avec attention, avec soin pour débusquer tout ce qu'il y a en dessous ou autour d'une affaire. Donc, je reprends:
Qu’un comité spécial de 12 députés soit créé afin d’examiner la mission canadienne en Afghanistan, conformément à la motion adoptée par la Chambre le 13 mars 2008 [...]
Comme je n'étais pas ici et que je n'ai pas pu participer au débat, j'ai décortiqué cette motion du 13 mars. Il m'apparaît qu'elle donnera à ce comité beaucoup de travail.
D'emblée, je devrais peut-être dire que, même si le Bloc québécois a voté contre la motion de prolongation de la présence militaire à Kandahar, cela ne veut pas dire qu'il se désintéresse de la mission, loin de là, en particulier de son rééquilibrage en fonction de la reconstruction et de l'aide internationale. En effet, dès 2004, par la voix de son chef lors d'un discours de fond, le Bloc avait vivement appelé ce rééquilibrage, si cette mission devait avoir un certain succès.
Ce comité, qui ne sera pas le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international ni le Comité permanent de la défense nationale qui, eux, continueront à faire leur travail — je ne vois pas qu'il en soit autrement —, devra voir à la pleine exécution du mandat, aussi bien de la mission militaire que celle de reconstruction et de développement.
En fait, je me guide pour dire cela sur le fait que, au paragraphe où l'on précise ce que doit être le comité, on lit que la Chambre des communes se résout à ce qui suit:
qu’un comité parlementaire spécial sur l’Afghanistan soit créé par la Chambre afin qu’il rencontre régulièrement les ministres des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Défense nationale — cela ne peut pas faire de tort [c'est la députée qui souligne] — ainsi que des hauts fonctionnaires, et que la Chambre autorise ce comité spécial à se rendre en Afghanistan et dans les environs — c'est ici que cela devient intéressant [c'est la députée qui souligne] — pour présenter fréquemment des recommandations sur la gestion et les progrès de nos efforts en Afghanistan;
Alors d'où viendront ces recommandations? Il me semble qu'elles viendront de cet examen que la commission demande à ce comité de faire de l'ensemble des tâches qu'on confie, par la motion, aussi bien aux militaires qu'aux différents services du gouvernement.
Je reviens sur cette mission militaire qui sera examinée elle aussi par ce comité. Elle doit comporter les points suivants, dont voici le premier:
a) former des forces de sécurité nationale afghanes, afin que celles-ci puissent rapidement assumer une plus grande part des efforts de maintien de la sécurité dans la province de Kandahar et dans l’ensemble de l’Afghanistan;
« Plus rapidement » est une expression qui a l'air précise mais qui est vague. Il sera important de savoir ce que cela veut dire. Comment peut-on former ces forces plus rapidement?
Le deuxième point se lit comme suit:
b) assurer la sécurité de la reconstruction et des projets de développement à Kandahar;
Cette question de la sécurité des projets a été touchée tellement souvent par les témoins que nous avons reçus au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, et ce, pour plusieurs raisons. D'une part, c'est parce que les gens qui travaillent avec les ONG ne veulent pas être associés aux militaires. Ils disent que c'est plus dangereux pour eux d'être associés aux militaires que de se protéger eux-mêmes de la façon qu'ils peuvent le faire. Par ailleurs, il est certain qu'il y a des situations dangereuses, vraiment dangereuses, où ce sont les militaires qui doivent intervenir. À ce moment-là, on ne parle plus de l'Équipe provinciale de reconstruction. Il est clair qu'il y a un examen à faire de toute cette situation.
Enfin, le dernier point est le suivant:
c) maintenir la responsabilité du Canada envers l’Équipe provinciale de reconstruction à Kandahar;
Bien sûr, c'est important.
Voici le deuxième mandat, à mon sens, c'est-à-dire que la Chambre est aussi d'avis:
que, en vertu de ce mandat, ce prolongement de la présence militaire du Canada en Afghanistan soit approuvé par la Chambre à la condition expresse que:
On établit ici des conditions expresses que mon collègue du pouvoir a rappelées tout à l'heure, dont voici la première:
a) l’OTAN assure la rotation d’un groupement tactique d’environ 1 000 soldats à Kandahar, troupes qui devront être opérationnelles au plus tard en février 2009;
Le chef du Bloc québécois a soulevé hier la question des 3 200 soldats qui partiront en octobre. Sont-ils comptés ou ne sont-ils pas comptés dans ce décompte de M. Manley?
Voici la deuxième condition:
b) le gouvernement obtienne au plus tard en février 2009 des hélicoptères de transport de moyen tonnage [...] [pour assurer] la sécurité et [...] l’efficacité du contingent canadien;
On précise que cette condition doit être remplie au plus tard en février 2009. Je veux ici faire une remarque. Une base militaire se trouve dans ma circonscription, mais ce n'est pas pour cette raison que je fais cette remarque. Est-ce parce que je suis mère de deux garçons? Non plus, je ne crois pas. Je pense que toutes les personnes au Canada qui suivent les événements ont été scandalisées de voir que tant de vies de soldats ont été perdues parce que nous n'avions pas l'équipement militaire suffisant pour éviter qu'ils ne soient emportés par ces bombes artisanales. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, semble-t-il, on demande des hélicoptères.
Cependant, pourquoi ne pas l'avoir fait avant? Après tout l'argent qu'on a dépensé dans l'équipement militaire, pourquoi avoir laissé ces jeunes hommes et femmes être emportés, soufflés comme cela? J'allais dire que ces vies sont perdues pour rien, mais bien sûr on ne peut pas dire cela. Toutefois, compte tenu des circonstances, on est fortement porté à le penser. Il me semble que c'est là un défaut, un trou dans la cuirasse de cette mission.
Enfin, la troisième condition est la suivante:
c) le gouvernement du Canada informe l’OTAN que notre pays mettra fin à sa présence à Kandahar dès juillet 2011 [...]
Cette fois-ci, c'est clair, on le pense.
Un autre élément de cette motion est très important. On dit qu'il est résolu:
que le gouvernement du Canada, conjointement avec nos alliés et le gouvernement de l’Afghanistan [comme il ne peut pas le faire seul], établissent des objectifs et un calendrier fermes pour la formation, l’équipement et l’octroi d’un salaire à l’armée nationale afghane, la police nationale afghane, les membres de son système judiciaire et les responsables du système correctionnel;
C'est un enjeu extrêmement important. Combien de fois nous sommes-nous fait dire dans les comités que l'un des grands problèmes à l'obtention d'une certaine permanence parmi les soldats que l'on forme, surtout parmi la police, est que les talibans leur offrent davantage que ce que leur gouvernement leur offre? Quand les salaires sont si faibles, comment ne pas comprendre qu'ils ont été nombreux à aller travailler chez les talibans et gagner davantage en moins de temps et dans des conditions souvent plus faciles? Il s'agit donc d'un élément très important.
Ensuite, il est résolu:
que la contribution du Canada à la reconstruction et au développement de l’Afghanistan devrait être:
a) revitalisée et augmentée [...]
En effet, c'est urgent. Combien de fois entendons-nous dire que tout l'argent va dans le militaire et dans la corruption? Les citoyens ordinaires qu'il a été donné de rencontrer à certaines occasions disent que c'est un scandale. Ces milliards de dollars ne servent pas à la population, mais plutôt à construire des châteaux pour les corrompus et à acheter de l'équipement militaire.
Il faut aussi que la contribution du Canada à la reconstruction et au développement soit:
b) axée sur nos forces traditionnelles [...], [...] l’élaboration de systèmes judiciaires et correctionnels sains et d’institutions politiques [...] et d’une plus grande participation du Canada à la résolution du problème [...]
L'Afghanistan a effectivement besoin de se reconstruire. J'ai omis de dire qu'il s'agit ici du problème de l'eau potable, mais c'est très important. Cependant, comme on nous l'a souvent dit, il est clair qu'on ne peut pas faire cela en deux ans.
Enfin, la contribution du Canada doit être:
c) axée sur la résolution du problème désastreux de la narco-économie [...]
À cet égard, on a entendu beaucoup de témoins nous dire que la narco-économie et les champs de pavot servent à faire vivre des fermiers qui, autrement, n'auraient pas de quoi vivre. Cependant, ils servent à faire vivre tout le réseau des talibans en passant par la corruption. Il faut bien que les corrompus s'enrichissent de cette façon. Cette corruption s'étend ensuite aux pays du nord, que ce soit le Kurdistan ou les autres. Cela se retrouve partout.
Que faire? Il y a des solutions qui prennent du temps. De toutes les manières, l'éradication à court terme est impossible. Cela coûterait trop cher en ressources policières. On l'a fait à certains endroits, mais c'est cher et cela prend du temps. Autrement, on peut acheter aux paysans leurs récoltes pour faire des médicaments. À la limite, il est important que les paysans ne perdent pas leurs ressources.
Pour ce qui est de la transparence, on en a parlé. Il est urgent — et je suis certaine que le gouvernement s'en aperçoit — que la population sache ce qui se passe véritablement.
Dès 2004, le Bloc a voulu qu'il y ait un envoyé spécial des Nations Unies. La motion en fait mention, bravo. Nous savons qu'il a été nommé: il s'agit de M. Kai Eide, un Norvégien. Il a été nommé récemment par Ban Ki-moon, et tant mieux.
La motion demande également que le gouvernement informe plus régulièrement, plus franchement et plus fréquemment la population, et que, pour plus de clarté, le gouvernement présente au Parlement des rapports détaillés sur les progrès de la mission en Afghanistan. Cela donnera également du travail à cette commission proposée ici, de même qu'une obligation d'aller au fond des choses et de ne pas se laisser arrêter par des « non » qu'on aura, parce qu'on en aura.
On parle aussi, à la fin, du transfert des prisonniers afghans, et on en a abondamment parlé en cette Chambre. Des choses outrageantes pour la réputation internationale du Canada se sont produites.
Cette motion est pleine de bonnes intentions. Je comprends que le comité ne peut pas faire cela seul. Ainsi, du côté du gouvernement et des services, il faudra que nous soyons engagés à donner un sens à tout cela. Toutefois, il ne faudra pas oublier le contexte, soit une guerre, dont je pourrai reparler plus tard.