Que la Chambre exprime sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales.
— Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir d'intervenir au nom de mon parti, le Bloc québécois, dans les discussions entourant cette motion très importante.
Le fondement même de cette motion réside avant tout dans la démocratie. Cela peut paraître très ironique, mais le but de cette motion est que la Chambre des communes, pendant toute cette journée, se prononce pour réitérer sa confiance dans un organisme indépendant, impartial et dont la neutralité ne laisse planer aucun doute. En effet, cela peut paraître ironique.
Pourquoi discuterons-nous aujourd'hui d'une motion qui demande à la Chambre de donner sa pleine confiance à Élections Canada et au commissaire aux élections? C'est tout simplement parce qu'un parti actuellement à la tête d'un gouvernement minoritaire, le Parti conservateur, laisse planer des doutes quant à sa confiance vis-à-vis d'Élections Canada.
On sait que des élections libres et honnêtes sont évidemment le premier fondement d'une démocratie. Dans certains pays du monde, les citoyens n'ont pas l'occasion de se prononcer de façon démocratique en vue de choisir leurs élus. Ici, au Québec et au Canada, nous avons cette possibilité. Peu importe le parti élu, peu importe le député, la députée ou le candidat qui reçoit la confiance de sa population, cette personne est élue de façon démocratique. Personne en cette Chambre n'a été élu par des citoyens qui sont allés voter sous la menace d'une mitraillette. Nous sommes légitimes.
Toutefois, ce processus démocratique que constitue l'élection se doit d'être chapeauté par un organisme. On ne peut pas laisser le gouvernement ou le parti au pouvoir, quels qu'ils soient, décider de la façon dont les choses se dérouleront. On se doit d'encadrer le processus électoral.
On sait que le droit de vote ne suffit pas à lui seul. Des règles sont nécessaires pour permettre la tenue d'élections libres et démocratiques. Par exemple — et c'est le cas actuellement en litige —, nous devons avoir des règles qui encadrent les contributions aux partis politiques et qui permettent d'éviter que le processus électoral devienne tronqué par le jeu de l'argent. Cela implique le respect et l'application des règles par un organisme indépendant.
Voici un autre exemple plus directement lié à la motion d'aujourd'hui. Les règles imposant des plafonds de dépenses électorales visent à faire en sorte que celui qui a le plus de chances d'être élu soit celui qui est le plus en phase avec les désirs de la population, et non pas celui qui dépense le plus pour inonder le paysage de ses publicités partisanes. Nous considérons, au Bloc québécois, que dans une société démocratique, on ne doit pas acheter des élections.
Je suis allé sur le site d'Élections Canada où j'ai pu lire les valeurs de cet organisme: la compétence et le professionnalisme du personnel, la transparence, la réceptivité aux besoins des citoyens qui participent au processus électoral, la cohérence et l'uniformité dans l'administration de la loi électorale, la confiance du public et, finalement, une saine gestion des ressources et une responsabilisation des gestionnaires qui gèrent le processus démocratique.
Le poste de directeur des élections a été créé en 1920. Marc Mayrand, l'actuel directeur des élections, est le sixième titulaire à occuper cette fonction. Je siège au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre à titre de vice-président et, lors de la nomination de M. Mayrand, même les conservateurs avaient reconnu les compétences et le professionnalisme de M. Mayrand. Maintenant que l'arbitre neutre que constitue Élections Canada rend une décision qui ne fait pas l'affaire des conservateurs, tout de suite, on commence à discréditer et l'individu et l'institution.
Élections Canada nous démontre constamment que le souci de transparence est omniprésent dans toutes leurs activités. Si les conservateurs avaient agi de façon transparente et avaient collaboré avec Élections Canada dans l'affaire de ce qu'on appelle maintenant « le scandale des in and out », des contributions aller-retour des conservateurs durant l'élection de janvier 2006, la descente de police que nous avons eue il y a une dizaine de jours n'aurait pas été nécessaire.
Est-ce que c'est commun, est-ce que c'est courant qu'Élections Canada obtienne un mandat d'un juge neutre, obtienne l'action d'un corps de police neutre comme la Gendarmerie royale du Canada? Est-ce que c'est courant qu'un corps de police doive aller perquisitionner au siège social d'un parti politique, le Parti conservateur, dans le présent cas? Avez-vous vu cela de façon régulière, ou est-ce plutôt un événement exceptionnel? Cela démontre qu'Élections Canada en avait largement assez du manque de collaboration des conservateurs vis-à-vis ce stratagème qui aurait permis aux conservateurs d'excéder le plafond des dépenses de 18 millions de dollars qui était prévu au plan national et de faire transiter 1,2 million de dollars de dépenses de publicité vers les circonscriptions locales.
Le nous dit que tout était correct, que tout a été fait selon l'ordre établi. Si cela a été fait de façon correcte et dans l'ordre, pourquoi les conservateurs n'ont-ils pas accepté de collaborer avec Élections Canada? Pourquoi ne se sont-ils assis avec eux pour expliquer ce qu'ils avaient fait, de quelle manière ils avaient appliqué les règles? Non! Ils ont préféré utiliser un stratagème à l'encontre de la loi, si bien que cet exercice est contesté par Élections Canada, d'où la descente de police.
Les conservateurs ont fait de belles promesses de transparence. Rappelons-nous l'élection de 2006. Allègrement, on se questionnait quant à la gestion des libéraux. On attaquait leur crédibilité. On allait dans le fondement même du scandale des commandites pour dire que les libéraux avaient mené leur campagne avec de l'argent sale. Les conservateurs, eux, allaient laver plus blanc que blanc, seraient inattaquables, transparents. Rappelons-nous la publicité des conservateurs durant la campagne électorale de 2006, cela ne fait pas si longtemps. Ils disaient que cette publicité était payée avec de l'argent propre. Toutefois, si Élections Canada conteste, est-ce que c'est parce que cela a été fait de façon correcte?
Une foule de conservateurs, y compris — hier — le et le se sont défendus en répondant que tous les partis font cela. J'aimerais donc que vous m'expliquiez, monsieur le Président, pourquoi il y a uniquement 67 rapports d'élections de candidats, dont certains ont été élus députés et dont certains auraient été nommés ministres. Pourquoi y a-t-il 67 rapports électoraux conservateurs contestés par Élections Canada?
Je rappelle que les rapports de dépenses électorales des libéraux, du Bloc et du NPD, par suite de l'élection de 2006, ont fait l'objet de remboursements. Nous l'avons eu, notre remboursement. C'est une défense trop facile. C'est de la poudre aux yeux que de dire que tout le monde le fait, donc qu'on le fasse. Je regrette, mais il y a litige avec Élections Canada, un organisme indépendant, neutre et transparent qui gère le processus démocratique et qui mérite d'avoir notre confiance. Je suis persuadé que, lors du vote de ce soir, tous les partis réitérerons leur confiance à Élections Canada.
Les Québécois et les Canadiens ne souhaitent pas avoir ici un système électoral comme on peut en voir dans d'autres pays. Par leur attitude, les conservateurs font fi de lois électorales qui ne leur plaisent pas. Lorsque la décision d'Élections Canada ne fait pas l'affaire du gouvernement, on dénonce Élections Canada. On se plaint d'un traitement inapproprié. Je regrette, mais il n'en est rien.
Un autre élément que l'on retrouve sur le site d'Élections Canada concerne la cohérence et l'uniformité dans l'administration de la Loi électorale du Canada. Si l'on veut que les élections se fassent selon un processus démocratique, il est important que tous les candidats et tous les partis sans exception puissent bénéficier de chances égales. Il ne faut pas que ce soit élastique: puisqu'on n'aime pas que les souverainistes du Bloc veuillent briser le Canada et fonder leur propre pays, on leur donne donc un traitement différent. Non! Se comporter comme les conservateurs le demandent serait avoir une démocratie à géométrie variable. Les règles du jeu doivent être claires et les mêmes pour tout le monde.
Les conservateurs ont beau jouer les vierges offensées dans ce dossier, la confiance du public s'en trouve largement altérée. Dénigrer un organisme impartial comme Élections Canada n'est pas propre à la démocratie et à créer un scepticisme de la population vis-à-vis des élus, mais particulièrement vis-à-vis de l'attitude de ce Parti conservateur. C'est trop facile d'invoquer un traitement injuste. Cette attitude, de dénoncer et d'attaquer la crédibilité de façon intentionnelle, ne vise qu'à camoufler des manœuvres frauduleuses.
Je pourrais vous parler des sept mois pendant lesquels on a vécu des filibusters à répétition au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Les candidats conservateurs parlaient sans arrêt pour véritablement étudier cette question. Bien avant la poursuite d'Élections Canada et le raid opéré par la police, la whip des libéraux avait déposé une motion au comité de la procédure pour que la lumière soit faite sur cette approche des in and out du Parti conservateur, lors de la dernière campagne. Depuis le 10 septembre, le comité de la procédure est paralysé et ne peut véritablement faire son travail.
Il est évident que les conservateurs veulent balayer la poussière sous le tapis. On comprend qu'ils soient gênés de leurs actions. Non seulement les conservateurs ont sciemment élaboré un stratagème frauduleux afin de réclamer des remboursements auxquels ils n'avaient pas droit, mais voici qu'au lieu de faire leur mea culpa, ils ont décidé d'attaquer la crédibilité d'Élections Canada à des fins bassement partisanes.
Hier, à la période des questions, le nous a dit: « C'est de la publicité conservatrice payée avec des fonds conservateurs pour des candidats conservateurs ». Ce qu'il oublie de dire, c'est qu'en faisant gonfler le plafond de dépenses des candidats locaux, les citoyens ont été floués parce que les conservateurs ont bénéficié de 60 p. 100 de retour lorsque le rapport des dépenses a été accepté.
La défense est de dire que la publicité conservatrice a été payée par des fonds conservateurs. Nous disons que cela a servi à gonfler le plafond des dépenses, d'où la notion d'argent sale dans le cas présent, parce que les citoyens qui paient de l'impôt et qui sont fatigués d'en payer ont été floués de 60 p. 100 par ces dépenses artificiellement gonflées.
En terminant, je veux dire aux conservateurs qu'on a remarqué où ils s'en vont avec cette stratégie. On a très bien remarqué qu'au lieu de collaborer avec Élections Canada, ils ont choisi la voie de la confrontation. Cela a forcé Élections Canada à utiliser un recours extraordinaire afin d'avoir accès à des documents incriminants, ce qui a amené la descente d'agents de police au quartier général du Parti conservateur.
Le Bloc québécois réitère sa pleine et entière confiance à l'endroit d'Élections Canada en tant qu'arbitre impartial, neutre et transparent, ce qui assure un processus démocratique lors des élections.
:
Monsieur le Président, le différend d'aujourd'hui est lié au fait que les candidats conservateurs ont dépensé des fonds des conservateurs pour la publicité des conservateurs. Ce processus a été favorisé par une série de transferts dans les deux sens entre le parti national et les candidats locaux.
C'est justement ce que font tous les partis pour faciliter le financement des campagnes locales. Cependant, Élections Canada a décidé de cibler un seul parti. Par conséquent, notre parti a poursuivi Élections Canada. Nous avons produit tous les documents et nous avions prévu bénéficier d'un procès équitable.
Cependant, un bon jour, avant d'avoir à répondre à des questions concernant sa conduite, les représentants d'Élections Canada ont décidé d'interrompre le processus judiciaire en faisant irruption au bureau central des conservateurs, suivis de près par des caméras du Parti libéral.
Voyons maintenant comment on peut subdiviser l'accusation portée par Élections Canada. Quatre interrogations viennent à l'esprit.
[Français]
D'abord, est-il légal que le Parti conservateur national transfère des fonds aux circonscriptions locales? Oui, c'est tout à fait légal. On verra plus tard des exemples de millions de dollars que les autres partis ont transférés de leur parti national aux candidats locaux.
Deuxièmement, est-il légal que des candidats locaux fassent des publicités à contenu national? C'est non seulement légal, mais c'est un droit accordé par la Charte permettant aux candidats locaux d'exprimer ce qu'ils veulent dans leur publicité. Dans toute mon expérience politique, je n'ai jamais vu une campagne locale qui n'a pas mentionné de contenu national.
Troisièmement, est-il légal que les candidats locaux achètent de la publicité au parti national? Oui, cela arrive tout le temps, surtout au Bloc. Je vais citer des exemples où des millions de dollars ont servi aux candidats locaux pour acheter des produits du parti national.
Quatrièmement, est-il légal que les candidats locaux paient pour la publicité diffusée hors de leur circonscription? Oui, c'est non seulement légal, mais inévitable.
[Traduction]
J'aimerais en dire davantage sur ces quatre aspects. Premièrement, est-il légal pour un parti national de transférer des fonds aux circonscriptions locales?
[Français]
Je commencerai en donnant un exemple. Le Bloc québécois, par exemple, a transféré à ses candidats locaux quelque 732 000 $ lors des élections de 2006 et environ 1,5 million de dollars aux élections de 2004. S'il trouve cela illégal, il devrait maintenant s'excuser auprès des électeurs québécois et canadiens d'avoir enfreint la loi.
[Traduction]
Selon Andrew Coyne, éminent auteur canadien, le Parti libéral lui-même dit transférer près de 1,5 million de dollars de sa campagne nationale à sa campagne locale. Ces transferts qui se chiffrent dans les millions de dollars ont lieu fréquemment durant les campagnes. Ils servent à favoriser le financement des activités des candidats locaux. Souvent, les candidats locaux n'ont pas l'argent nécessaire à cette fin et on permet donc aux partis d'intervenir pour leur venir en aide.
Voici maintenant ma deuxième question. Est-il légal pour les candidats locaux d'intégrer du contenu national dans leur publicité? C'est non seulement légal, c'est pratique courante. Voyons donc ce qu'en dit le Manuel des candidats d'Élections Canada:
La publicité électorale est la diffusion, sur un support quelconque au cours de la période électorale, d'un message publicitaire appuyant ou combattant un candidat, notamment par une prise de position sur une question à laquelle est associé un parti enregistré ou un candidat.
Voilà les règles auxquelles les candidats doivent se conformer lorsqu'ils achètent de la publicité. Il en ressort que tout candidat peut appuyer ou combattre un parti national dans sa publicité.
Mais les députés n'ont pas à s'en tenir à mon interprétation. Permettez-moi de citer maintenant le directeur général des élections, Jean-Pierre Kingsley. Dans son rapport au sujet des élections de 1997, il a déclaré ceci: « Les campagnes locales peuvent parfaitement comporter des dépenses de publicité ayant un contenu national ».
Il a écrit cela dans la partie du rapport traitant des règles relatives à l'embargo. Pendant les campagnes électorales canadiennes, il y avait à une certaine époque un embargo sur la publicité nationale pendant les 48 heures précédant la fermeture des bureaux de scrutin. Ainsi, le dimanche avant l'élection et le lundi du scrutin, les partis nationaux n'avaient pas le droit de faire de publicité.
Cependant, aucune contrainte de cet ordre ne s'appliquait aux campagnes locales. Autrement dit, les publicités locales étaient permises pendant les 48 heures précédant la fermeture des bureaux de scrutin. Par contre, les publicité nationales étaient interdites pendant cette période.
Naturellement, il a alors fallu se demander quelle était la différence entre une publicité nationale et une publicité locale. Était-ce le contenu de la publicité qui déterminait à quel échelon les dépenses devaient être déclarées et le remboursement demandé? Si son contenu s'adressait à un auditoire national, une publicité devait-elle absolument être considérée comme nationale? Lorsque son contenu portait sur des enjeux locaux, une publicité devait-elle nécessairement être considérée comme une publicité locale? M. Kingsley pense que non. C'est le titre d'appel de la publicité qui devait déterminer si elle devait être calculée à l'échelon national ou local. Je vais maintenant citer un passage du rapport de 1997:
Le contenu des annonces n’était assujetti qu’au principe de la liberté d’expression garanti par la Charte. En conséquence, certains candidats ont acheté du temps pour la veille et le jour même du scrutin. Comme ce temps était souvent utilisé pour diffuser des annonces nationales avec un titre d’appel local, l’interdiction prescrite par l’article 48 devenait en quelque sorte lettre morte. Autrement dit, comme ces annonces nationales comportaient des titres d’appels locaux [selon M. Kingsley], elles devenaient locales et n'étaient donc plus soumises aux limites nationales en matière de publicité.
M. Kingsley n'appréciait pas le fait que les publicités nationales pouvaient être transformées en publicités locales grâce à l'ajout d'un simple titre d'appel local. Il n'appréciait pas non plus la façon dont les règles étaient rédigées. Cependant, son avis sur la façon dont les règles auraient dû être rédigées n'a aucune importance. Ce qui est important, ce sont les règles telles qu'elles existaient.
Je crois comprendre que, récemment, au cours des derniers mois, M. Kingsley et Élections Canada se sont peut-être ravisés et ont changé leur interprétation. Je leur dis, ainsi qu'à tous les Canadiens, que ce n'est pas leur rôle de changer les règles du jeu après coup. Je sais qu'ils ont maintenant modifié rétroactivement le manuel des candidats de façon à interdire la pratique suivie par notre parti. Cependant, ils l'ont fait après les élections, ce qui veut dire qu'ils ne peuvent appliquer ces règles de façon rétroactive.
La troisième question est la suivante: Est-il légal que les candidats locaux achètent de la publicité au parti national? La réponse est oui.
Selon Andrew Coyne, au cours de la dernière campagne électorale, les responsables des campagnes locales des libéraux ont acheté au parti national pour 1,3 million de dollars de biens et services sans pour autant que cela ait suscité la colère d'Élections Canada. Par ailleurs, c'est chose courante pour les candidats locaux d'acheter de la publicité et autres produits aux bureaux de la campagne nationale.
[Français]
Laissez-moi donner un autre exemple au sujet du Bloc. Le Bloc a facturé 820 000 $ à ses candidats locaux aux élections de 2006 et 936 000 $ en produits et services aux élections de 2004.
[Traduction]
Le Bloc lui aussi connaît très bien cette pratique. En fait, il transfère de grosses sommes d'argent destinées à la campagne centrale à ses candidats locaux et ensuite, ces candidats retournent beaucoup d'argent au siège de la campagne nationale en achetant des produits et services. C'est avantageux pour le Bloc parce que cela permet aux candidats locaux de réclamer le remboursement de sommes qui, à l'origine, étaient entre les mains du parti central. Mais c'est permis.
Au cours de la campagne électorale de 2006, les responsables de la campagne locale de la candidate néo-démocrate de a aussi participé à une manoeuvre de transfert de fonds. Dans ce cas, les factures des médias ont été faites au nom du parti national plutôt qu'à celui de l'agent officiel des candidats locaux. Plusieurs candidats néo-démocrates de la région de Vancouver se sont regroupés pour acheter de la publicité, mais tout a été organisé par le parti central. Les responsables des campagnes locales n'ont pas communiqué avec le publicitaire. Ils n'ont même pas reçu de facture de sa part. Ils ont simplement acheté les publicités au parti national, mais ont déclaré que c'était des dépenses locales, ce qui leur a donné droit aux remboursements qu'Élections Canada accorde aux candidats locaux.
Le bureau national du NPD a envoyé une facture à l'agent officiel de la députée de dans le cadre de sa campagne, intitulée « Publicités électorales radiodiffusées payées par le parti fédéral » et dont le total se chiffrait à 2 612 $. L'organisation locale a payé la facture au bureau national avec un chèque daté du 31 mars 2006. Le même jour, le bureau national du NPD a transféré 2 600 $ à l'organisation locale, soit pratiquement le même montant que celui de la facture. En fait, le parti national a acheté des publicités nationales pour le compte de 11 candidats de la région de Vancouver. C'est lui qui a coordonné l'achat de toutes les publicités. Il a payé les publicités et a reçu une facture de l'agence de publicité à son nom, puis a facturé les organisations locales.
Dans le cas de la députée de , le parti national n'a pas seulement facturé l'organisation locale, mais il lui a aussi envoyé un chèque pour qu'elle paye la facture. L'argent est sorti des coffres du parti national pour être transféré à l'association locale de circonscription de la députée, accompagné d'une facture du parti national indiquant presque exactement le même montant. L'argent est entré dans le compte de la députée et en est ressorti. Il a servi à payer une publicité qu'elle n'a pas organisée, qu'elle n'a pas aidé à acheter. Fait intéressant, cette manoeuvre de transfert n'a pas piqué la curiosité d'Élections Canada.
Toute cette information est amplement étayée et la nature de la transaction en question est révélée dans un courriel que le bureau national du NPD a envoyé à l'organisation locale, dans lequel on peut lire, entre autres: « La bonne nouvelle, c'est que le parti fédéral transférera 2 600 $ à l'association de la circonscription fédérale, puisque nous avons convenu de payer les publicités. » Le parti national a donc indiqué par écrit qu'il allait payer les publicités et transférer l'argent dans le compte de l'organisation locale à cette fin et, en retour, l'organisation locale pourra réclamer et obtenir un remboursement pour ces dépenses. Les organisations locales achètent tout le temps des produits, y compris de la publicité, auprès des organisations nationales. Ce n'est rien d'exceptionnel.
La quatrième question est la suivante: est-il légal que les candidats locaux paient pour la publicité diffusée hors de leur circonscription? C'est non seulement légal, mais inévitable. Je représente le Sud-Ouest d'Ottawa à la Chambre et j'ai acheté de la publicité radiophonique pendant la période pré-électorale dans cette même ville. Il m'est impossible d'acheter de la publicité radiophonique destinée uniquement aux électeurs de ma circonscription. Les stations d'Ottawa sont captées jusque loin dans l'Ouest du Québec et, à l'est, jusqu'à Kingston.
En d'autres mots, la publicité radiophonique que j'achète pour ma circonscription est probablement diffusée dans 15 autres circonscriptions aux alentours. Il est impossible de bloquer un signal radio pour qu'il ne soit diffusé que dans ma circonscription. Toutefois, en tant que candidat, je suis toujours autorisé à réclamer un remboursement pour cette publicité à titre de dépense locale même si elle rejoint des auditeurs d'autres circonscriptions.
[Français]
Résumons la situation. Élections Canada sous-entend que le Parti conservateur a transféré des fonds du parti à des circonscriptions locales, que des circonscriptions locales ont acheté de la publicité au parti national, que cette publicité avait un contenu national et que, dans certains cas, ces annonces publicitaires ont été diffusées hors des circonscriptions où elles ont été achetées. Je demande ceci: où est l'infraction?
Je vais répéter les questions. Premièrement, est-il légal que le Parti conservateur national transfère des fonds aux circonscriptions locales? Oui. Ce n'est pas seulement légal, c'est normal.
Deuxièmement, est-il légal que des candidats locaux fassent des publicités à contenu national? C'est non seulement légal, mais c'est un droit accordé par la Charte qui permet aux candidats locaux d'exprimer ce qu'ils veulent dans leur publicité, comme l'a dit M. Kingsley.
Troisièmement, est-il légal que des candidats locaux achètent de la publicité au parti national? Oui. Cela arrive tous les jours. Je viens de donner beaucoup d'exemples où les candidats locaux du Bloc québécois ont acheté pour des centaines de milliers de dollars des produits, des services et d'autres choses de leur parti national.
Quatrièmement, est-il légal que des candidats locaux paient pour de la publicité diffusée hors de leur circonscription? C'est non seulement légal, mais c'est inévitable, comme je viens de le décrire avec l'exemple de mon propre comté. Il est tout à fait nécessaire que mes publicités soient disponibles hors des frontières de la circonscription que je représente.
[Traduction]
Nous pourrions poursuivre en discutant d'exemples où d'autres partis ont fait exactement la même chose. Je pense notamment au député de qui, en plus d'être un vaillant député, a fait comme nous aux dernières élections fédérales: il a acheté de la publicité conjointe avec d'autres membres de l'équipe libérale du Nouveau-Brunswick. Permettez-moi de donner un exemple.
Le député de et les autres libéraux du Nouveau-Brunswick ont participé à l'achat de publicité régionale organisée par le parti national dans le cadre des élections de 2006. La copie du chèque fournie par Élections Canada, qui provient d'agents officiels locaux, d'agents financiers locaux du député de , qui a lui aussi participé à cet achat, est libellée non pas à l'ordre du journal qui a publié la publicité, mais plutôt à l'intention du Parti libéral du Canada. En d'autres mots, c'est le Parti libéral qui a acheté cette publicité. Le Parti libéral du Canada a acheté la publicité.
La publicité, que j'ai vue soit dit en passant, avait un contenu entièrement national, à l'exception d'un petit titre d'appel local. Et c'est là que cela devient intéressant: même si ce titre d'appel indique que le député de a payé la publicité et même si celle-ci indique que lui et son organisation locale l'ont payée, le paiement de ces publicités ne figure pas dans le rapport d'élection que ce député et son organisation ont présenté à Élections Canada. J'ignore si le député a remédié à cette erreur par la suite, mais il y a eu une publicité au Nouveau-Brunswick pendant la dernière campagne électorale qui disait que le député en avait défrayé les coûts. La publicité n'a pas été payée par lui, du moins pas à l'origine, et les coûts n'ont pas été comptabilisés dans son rapport d'élection.
J'ignore si cela signifie qu'il y a eu un transfert du parti national pour aider à payer la publicité. Nous savons qu'il y a régulièrement des transferts au sein du Parti libéral. Plus d'un million de dollars a été transféré pendant cette campagne. Je ne sais pas si ces dépenses se cachent ailleurs, mais il est très clair qu'un parti national a organisé une campagne de publicité nationale dans la région du Nouveau-Brunswick, que de nombreux députés ont participé à cela, que les factures de l'entreprise de publicité ont été envoyées au Parti libéral et non aux organisations locales et que celles-ci ont acheté la publicité auprès du parti national. Ce sont les mêmes éléments qui caractérisent la prétendue violation qui a amené Élections Canada à faire une descente dans nos bureaux.
J'ai un livre rempli d'exemples et il existe bien d'autres exemples de députés qui ont participé à des transferts, qui ont acheté des produits auprès de leur parti national, qui ont mis du contenu national dans des publicités locales. Ils ont fait la même chose que ce que reproche Élections Canada au Parti conservateur du Canada.
C'est pour cette raison que notre parti est convaincu d'avoir de bons arguments. C'est pour cela que nous avons traîné Élections Canada devant les tribunaux. Nous voulons qu'Élections Canada interprète les règles comme il les a toujours interprétées par le passé afin que nous puissions continuer à offrir à la population canadienne un gouvernement honnête et solide.
:
Monsieur le Président, je partage mon temps de parole avec un éminent parlementaire, le député de .
[Français]
Tout au début, j'aimerais remercier mon collègue, le député de , d'avoir présenté devant cette Chambre la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. J'ai travaillé de près avec le whip en chef du Bloc, car il siégeait au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre avec moi. Comme il l'a bien dit dans son discours, depuis plusieurs mois, nous avons vu le Parti conservateur s'engager dans un filibuster à ce comité.
Je sais combien cette question est importante pour le député de et pour le Parti libéral. Nous remercions donc le Bloc d'avoir utilisé sa journée d'opposition pour saisir cette Chambre, aujourd'hui, d'une question aussi importante et fondamentale pour la démocratie canadienne. Elle permettra d'ailleurs aux députés, ce soir, d'exprimer leur pleine confiance non seulement envers Élections Canada — le directeur général des élections, M. Mayrand, qui a été nommé à ce poste par le gouvernement actuel —, mais aussi envers la conduite du commissaire aux élections fédérales, M. Corbett. Comme vous le savez, il occupe un poste bien différent de celui du directeur général des élections, mais ses fonctions sont tout à fait essentielles pour la démocratie canadienne, car il a la responsabilité d'appliquer la Loi électorale et d'enquêter s'il a des raisons de croire qu'il y a eu une infraction à la loi. D'ailleurs, c'est exactement ce qu'il entreprend présentement au regard du Parti conservateur.
Cela ne vous surprendra pas de savoir que les libéraux ont l'intention, ce soir, d'appuyer la motion du Bloc, car nous voulons réitérer notre pleine confiance dans cette institution indépendante, qui jouit réellement d'une réputation internationale en raison de son honnêteté et de son efficacité à appliquer la Loi électorale d'une façon transparente et équitable.
Les libéraux sont préoccupés par cette situation qui est connue maintenant comme « le scandale du in and out », l'aller-retour de l'argent du Parti conservateur aux associations locales. Nous sommes préoccupés depuis le mois d'août, alors qu'on a su publiquement qu'une enquête avait lieu. Après le début de cette enquête, le Parti conservateur a décidé de demander une révision judiciaire en Cour fédérale. Comme je l'ai mentionné plus tôt, d'ailleurs, nous sommes préoccupés parce que le Parti conservateur, le parti ministériel, a refusé de laisser le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre — un comité très important de cette Chambre — enquêter sur cette question.
Comme le whip en chef du Bloc l'a bien dit, avec l'appui du NPD et du Bloc, nous avons cru bon de présenter une motion au comité au mois de septembre. Cette motion, déposée par ma collègue de , aurait permis à ce comité et aux Canadiens d'entendre des témoins, y compris ceux d'Élections Canada. On aurait pu comprendre pourquoi les responsables d'Élections Canada ont cru bon d'enquêter, on cru bon de regarder de près une situation aussi inquiétante que cet aller-retour, ce in and out. On aurait aussi pu y entendre des candidats conservateurs qui nous ont joints pour nous dire qu'ils étaient mal à l'aise en raison de ce qui s'était passé, qu'ils n'étaient pas favorables à une décision prise par le quartier général du Parti conservateur. À ce moment-là, ces candidats ont demandé à venir conter publiquement, sous serment, leur évaluation des faits et leur interprétation de ce qui s'est passé.
Hélas! comme l'a bien dit mon collègue avant moi, le gouvernement a cru bon de paralyser le comité, de l'empêcher d'écouter ces témoins. C'étaient des filibusters qui ont été franchement gênants à plusieurs moments. Le parlait de toutes sortes de situations qui n'avaient absolument rien à voir avec la motion dont le comité était saisi. Il y avait une situation bizarre: le président du comité ajournait soudainement la séance de comité et partait.
Il n'a même pas permis au comité d'aller au fond de l'obstruction systématique et ainsi démontrer à quel point le gouvernement était franchement paniqué à l'idée qu'on veuille faire la lumière sur une situation aussi inquiétante.
[Traduction]
Dans une démocratie moderne et progressiste comme le Canada, Élections Canada, l'organisme indépendant qui supervise le processus électoral, a un rôle fondamental à jouer. Or, pour que les votes des Canadiens fassent l'objet d'un traitement approprié, objectif et équitable, il est essentiel que ce processus soit régi par un ensemble de règles, notamment en ce qui a trait aux limites des dépenses électorales, de manière à garantir que les règles du jeu sont uniformes et que le processus est équitable pendant la période importante qu'est la période électorale.
Selon nous, Élections Canada a fait ce qu'il devait faire dans toutes les élections générales au Canada en veillant à ce que le processus soit équitable et transparent et qu'il respecte les droits des candidats et des partis de façon égale. Le n'a jamais cru que cela était nécessaire.
Lorsque le était à la tête de la National Citizen Coalition, il a défendu devant la Cour suprême du Canada le droit des tiers à faire de la publicité sans restriction au cours de la période électorale. En d'autres termes, certaines voix au cours de cette période pourraient se faire entendre parce qu'elles en ont les moyens et elles pourraient, en fait, couvrir les autres voix ou réduire au silence les voix des candidats qui remplissent les formulaires et qui suivent le processus pour être inscrits sur un bulletin de vote afin de représenter les citoyens, comme nous qui avons eu le privilège d'être élus à cette Chambre avons la responsabilité de faire.
Si nous partons de la prémisse que les limites en matière de dépenses n'ont pas vraiment leur place dans un processus électoral, nous ne devrions pas être surpris que, lorsqu'une telle personne se retrouve à la tête d'un parti national qui participe à une campagne électorale très serrée, le parti cherche à trouver tous les moyens pour contourner la loi imposant un plafond aux dépenses électorales et exploiter au maximum toutes les échappatoires et pratiques en matière de dépenses. Ainsi, s'il a besoin de 1,3 million de dollars de plus que ne le permettent les limites concernant la publicité nationale en vue de gagner dans certaines circonscriptions, le parti met alors sur pied un stratagème qu'Élections Canada estime ne pas être conforme à la loi.
Examinons la teneur exacte des allégations.
Élections Canada a essentiellement relevé deux problèmes. Le premier a trait au plafond national des dépenses de 18 millions de dollars auquel tous les partis nationaux sont soumis. Élections Canada a des raisons de croire que le Parti conservateur pourrait avoir dépassé ce plafond de plus d'un million de dollars en publicité nationale pendant une campagne électorale. Il s'agit donc de déterminer si le parti a respecté le plafond national de dépenses. Compte tenu de l'enquête qui a été entreprise, il semble évident qu'Élections Canada a de sérieuses raisons de croire que le parti pourrait avoir dépassé la limite nationale et de beaucoup.
Le deuxième problème a trait aux remboursements. Les Canadiens doivent comprendre qu'au niveau local, après avoir présenté leur rapport de campagne électorale, les candidats ont droit au remboursement de 60 p. 100 de leurs dépenses de campagne locale admissibles s'ils ont obtenu un certain pourcentage des voix dans leur circonscription. Ces sommes sont tirées des fonds publics.
Les conservateurs ont réclamé près d'un million de dollars des fonds publics auxquels ils n'ont pas droit, selon Élections Canada. Ils ont fourni toutes sortes d'explications très peu convaincantes. Ils disent que c'est ce que tous les partis font. Comme quelqu'un l'a souligné plus tôt ce matin, c'est tout à fait faux. Élections Canada a lancé une enquête sur un parti et a découvert que ce parti avait systématiquement dépassé le plafond de dépenses autorisées et demandé des remboursements auxquels il n'avait pas droit, et c'est la raison pour laquelle le Parti conservateur fait actuellement l'objet d'une enquête.
Les conservateurs confondent également leur propre demande de contrôle judiciaire avec l'enquête quasi-criminelle tenue par le commissaire aux élections fédérales. Le commissaire n'est même pas partie dans la poursuite civile relative au contrôle judiciaire, mais ils prétendent tout de même qu'il existe un lien avec l'enquête.
Nous considérons qu'il s'agit d'une question grave et que le gouvernement doit répondre aux questions soulevées à la Chambre à cet égard, ce qu'il n'a pas fait. Nous avons l'intention d'appuyer la motion au cours du vote de ce soir.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer au débat sur cette motion et je félicite mon collègue du Bloc de l'avoir déposée.
Cette affaire est assez troublante. Ce qui me trouble surtout, c'est que nous devions consacrer toute une journée à discuter de cette question au Parlement, mais je crois que cela en vaut la peine.
En tant qu'institution, Élections Canada a une réputation irréprochable. Je me demande donc comment nous avons pu en arriver là. Comment les parlementaires en sont-ils venus à ne plus respecter quoi que ce soit et à considérer normal d'entacher régulièrement la réputation de personnes et d'institutions, particulièrement du côté du gouvernement? Je suis persuadé qu'au départ, bon nombre de députés arrivent au Parlement en se disant qu'ils feront un bon travail et qu'ils travailleront très fort pour bien représenter leurs électeurs, mais qu'ils se font ensuite prendre dans des combines du genre de celles qui sont organisées par le Parti conservateur et, par extension, par le gouvernement. C'est très malheureux.
Mon collègue le député de , qui se penche sur cette question depuis longtemps, a tracé les grandes lignes de toute cette affaire. En termes simples, il semble que le Parti conservateur ait tenté de faire deux choses.
Tout d'abord, il a voulu contourner le plafond des dépenses autorisées au cours d'une campagne nationale, qui est de 18,2 millions de dollars je crois, et pour ce faire il a pensé à transférer de l'argent, ce dont les conservateurs ne manquent pas, dans les coffres d'associations de comté qui, pour la plupart, ne dépenseront pas même le montant auquel elles ont droit et n'ont pas grand-chance de remporter la lutte. Ces associations prennent cet argent et le mettent en commun pour financer la publicité nationale et le renvoient, mais le hic, c'est qu'on leur dit alors qu'ils ont droit à un remboursement, ce qui signifie que les contribuables subventionnent ce genre de pratiques financières fantaisistes. Ce n'est pas correct.
Le candidat conservateur qui a fait la lutte dans ma circonscription était l'un des quelque 67 candidats impliqués dans ce scandale. Je ne crois pas que ce soit un mauvais gars. Robert Campbell n'avait jamais participé à une campagne électorale auparavant. C'est un ancien agent de la GRC. Il y a plusieurs choses sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord, mais je ne doute pas du tout de son honnêteté. Je crois qu'il n'est pas responsable de tout cela.
Je crois que ceux qui ont été impliqués dans cette affaire dans les circonscriptions voisines n'étaient pas nécessairement responsables non plus, et je pense par exemple à la circonscription de , où les conservateurs n'arriveront jamais à déloger le député actuel, et à celle de , où les conservateurs ne peuvent faire concurrence à la députée élue. Ce sont là les circonscriptions de la Nouvelle-Écosse où les conservateurs ont utilisé ce stratagème.
Je ne blâme pas M. Campbell. C'est une personne honnête. Par contre, je blâme le Parti conservateur du Canada d'avoir mijoté ce plan et de l'avoir refilé à un grand nombre de candidats confiants d'un bout à l'autre du pays. Nous le savons. Voici ce que Tom Flanagan, le gourou du , faisait valoir dans son livre:
Même s'il existe un plafond aux dépenses faites à l'échelle nationale, il est facile et légal de le dépasser en transférant des dépenses au niveau local, dans les circonscriptions où les candidats sont incapables d'atteindre leur propre limite de dépenses.
Ce qui se passe, c'est que le Parti conservateur national a beaucoup d'argent et que certaines associations locales n'en ont pas. Il s'agit de dire à celles-ci que, si elles jouent le jeu, elles obtiendront une remise. Pourquoi refuseraient-elles? Certains candidats conservateurs ont même dit après coup qu'ils ne savaient pas vraiment ce qui se tramait.
Par exemple, M. Hudson, un agent électoral du Parti conservateur à Terre-Neuve, a dit ceci: « Je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une manoeuvre de transfert effectuée en une seule journée. » C'est tout ce qu'il en savait.
En ce qui concerne les autres candidats conservateurs, selon M. McDonald, l'agent électoral officiel d'un candidat conservateur de Winnipeg: « M. McDonald ne se rappelle pas avoir reçu une ou des factures de Retail Media ou du Fonds conservateur du Canada. » Il se rappelle cependant d'une « manoeuvre de transfert dans notre compte ».
En ce qui concerne un autre candidat de Toronto, qui s'était présenté dans Trinity-Spadina, l'agent affirme qu'il « n'y a eu aucune discussion sur la publicité ou ses retombées ». On lui a simplement « donné pour consigne d'inscrire cet argent comme une dépense publicitaire, ce qu'il a fait ».
Il est tout à fait clair que le Parti conservateur du Canada, cette institution qui constitue actuellement l'ossature du gouvernement du Canada, a mis ce système en place d'un bout à l'autre du pays. Il est évident qu'il s'est fait prendre. Je félicite le député de , qui a mis cette pratique au jour il y a près d'un an, lorsqu'elle a été rendue publique.
Le gouvernement a choisi d'en rire et a demandé au député de quoi il voulait bien parler. Ensuite, Élections Canada a dit que cela était grave et a fait enquête. Comment a réagi le gouvernement? Il a entamé des poursuites contre Élections Canada.
S'il est une tendance particulièrement troublante chez le gouvernement conservateur, c'est qu'il a une liste d'ennemis. Il n'aime pas les gens qui ne sont pas d'accord avec lui, et cela vaut aussi pour les députés de son propre parti qui sortent un peu des rangs, comme mes collègues de et de , à qui l'on a montré la porte.
Cette liste contient aussi des programmes et des organisations dont le gouvernement ne partage pas les objectifs. Le Programme de contestation judiciaire et les programmes de Condition féminine Canada sont pénalisés, au même titre que les organisations non partisanes qui ne se conforment pas à sa volonté, comme la Commission canadienne du blé, le commissaire à l'éthique, la Commission canadienne de sûreté nucléaire et, maintenant, Élections Canada. De plus, les journalistes qui n'écrivent pas ce que le gouvernement voudrait ne sont pas invités aux conférences de presse.
Bref, on ne tolère rien ni personne dans son chemin. Les députés qui ne sont pas d'accord sont expulsés. Les fonctionnaires qui font leur travail sont renvoyés. Les journalistes qui déplaisent aux conservateurs sont écartés. Les règles gênantes, comme celle régissant les appels d'offres dans le cas du , ne sont pas respectées. Les comités parlementaires qui ne plaisent pas aux conservateurs sont muselés.
C'est une façon consternante de diriger un pays. Ce n'est pas ce que la population du Canada attend de son gouvernement. Lorsqu'on dénigre une organisation qui effectue un travail aussi important qu' Élections Canada, il y a lieu de s'inquiéter. Le travail de cette organisation ne revêt pas une grande importance uniquement pour les candidats, ni seulement en période électorale. C'est tout au long de l'année qu'elle accomplit un travail important, car elle garantit le bon fonctionnement du système pour tous les Canadiens. Cela devrait tous nous préoccuper.
L'intégrité des élections est la pierre angulaire de la démocratie. C'est ce que l'on constate ailleurs dans le monde à l'heure actuelle et depuis environ un an au Zimbabwe et au Kenya, pays que j'ai eu la chance de visiter et où il régnait une intense violence attisée par la fraude électorale, comme au Zimbabwe.
Nous, Canadiens, sommes témoins de cela et affirmons que c'est mal. En fait, les Canadiens sont reconnus pour parcourir le monde afin d'aider les démocraties naissantes à mener des élections intègres et dont les résultats sont fiables. Nous faisons un bon travail en tant que Canadiens pour nous assurer que les systèmes auxquels nous croyons et ceux que d'autres veulent avoir pour leur propre pays peuvent prospérer dans le cadre d'élections libres et justes.
Nous n'avons pas besoin de tout cela ici, au Canada, car nous avons Élections Canada. Élections Canada a instauré des lois et des règles que les Canadiens doivent respecter lors des campagnes électorales. Nous pouvons tous dire que nous désapprouvons ceci ou cela, mais nous savons que l'intégrité d'Élections Canada est inattaquable.
Il est de notre devoir, en tant que politiciens, en tant que députés, ou en tant que candidats aux prochaines élections, et nous respectons les autres candidats, de respecter ces lois, de nous assurer que l'intégrité des élections où les Canadiens vont voter ne soit pas remise en question. Il est présumé et compris que l'intégrité est toujours intacte.
Le gouvernement a manqué à cette obligation. Le gouvernement a diffamé Élections Canada. Je crois qu'il a contourné des règles électorales acceptées de tous. Le gouvernement devrait avoir honte. J'appuie la motion du Bloc québécois et j'encourage tous les députés de la Chambre à en faire autant.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir cette occasion de participer à la discussion au sujet de la motion du Bloc, qui exprime la confiance de la Chambre envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales. Il importe de pouvoir en débattre, compte tenu du climat politique actuel au Canada et de certaines allégations et inquiétudes soulevées par le Parti conservateur concernant Élections Canada. Il nous incombe d'exprimer très clairement notre appui à cette institution importante.
Monsieur le Président, je souhaite partager mon temps de parole avec le député de
Élections Canada est l'organisme indépendant et non partisan qui assure la gestion des élections au Canada. À ce titre, il doit donc être prêt à tout moment à mener des élections générales fédérales, des élections partielles ou un référendum et il doit également être en mesure d'administrer les dispositions sur le financement politique de la Loi électorale du Canada, c'est-à-dire en surveiller l'observation et en assurer l'application. L'organisme a également le mandat de mener des programmes d'éducation et d'information à l'intention de l'électorat et de soutenir les commissions de délimitation indépendantes chargées de réviser les limites des circonscriptions fédérales à la suite de chaque recensement décennal. Il doit également se pencher sur les modes de scrutin et mettre à l'essai des procédés de scrutin électroniques pouvant servir dans de futures élections.
Il s'agit là d'un mandat très important, et nous comprenons tous à quel point il peut être fondamental pour la démocratie au Canada. La mission d'Élections Canada est fort simple et bien énoncée: « Veiller à ce que les Canadiens puissent exercer leurs droits démocratiques de voter et de se porter candidat. » Voilà qui est limpide et concis. Tous ceux parmi nous qui ont un rapport quelconque avec le processus démocratique au Canada comprennent toute l'importance de cet objectif fondamental pour le Canada et les Canadiens.
Élections Canada espère être en mesure de s'acquitter de cette mission en véhiculant un certain nombre de valeurs importantes dans ses activités et sa prise de décisions au quotidien. L'organisme énonce ces valeurs comme suit: compétence et professionnalisme du personnel; transparence dans tout ce qu'il fait; réceptivité aux besoins des Canadiens qui participent au processus électoral; cohérence et uniformité dans l'administration de la Loi électorale du Canada; confiance du public sans cesse méritée et maintenue; saine gestion des ressources et responsabilisation des gestionnaires. Les conservateurs contestent bon nombre de ces aspects. Ils contestent, par exemple, la cohérence et l'uniformité dans l'administration de la Loi électorale du Canada en tentant de faire porter à d'autres la responsabilité de leurs actions au cours de la dernière campagne électorale. Ils tentent de saper la réputation de longue date qu'Élections Canada s'est forgée par son administration cohérente de la Loi électorale du Canada.
Le commissaire aux élections fédérales a une responsabilité particulière. Le commissaire est le haut fonctionnaire indépendant chargé de veiller à l'observation et à l'exécution de la Loi électorale du Canada et de la Loi référendaire. Il est nommé par le directeur général des élections du Canada. Ce dernier est également très important dans le processus électoral du Canada. Je suis fier que le Bloc nous demande dans sa motion d'exprimer notre confiance envers le commissaire. Je me ferai un plaisir d'appuyer la motion du Bloc et d'exprimer ma confiance envers Élections Canada et le commissaire.
Il est triste que nous en soyons au point où un parti politique à la Chambre des communes juge nécessaire de déposer ce genre de motion. Espérons que tous les parlementaires expriment dans un vote leur confiance envers Élections Canada.
Il est triste que le Parti conservateur ait tenté de ternir la réputation d'Élections Canada en raison de ses problèmes à respecter la Loi électorale du Canada. En fait, un parti politique, un seul, fait l'objet d'une enquête pour ses pratiques durant la dernière campagne électorale. Les conservateurs doivent assumer la responsabilité de leurs actes dans la dernière législature et faire tout en leur pouvoir pour régler la question.
Honnêtement, je ne pense pas qu'ils aient fait cela, compte tenu qu'Élections Canada et la GRC ont dû procéder à une perquisition au siège du Parti conservateur. Cela me porte à croire que les conservateurs n'ont pas pleinement collaboré pour régler les questions entourant les dépenses d'élection déclarées par leur parti.
Il est triste que les Canadiens assistent à un autre scandale politique, de la part du Parti conservateur cette fois-ci, un parti qui avait promis d'être propre et transparent et d'assurer une bonne gestion gouvernementale après le gâchis laissé par le Parti libéral à la suite du scandale des commandites. Je crois que de nombreux Canadiens sont très déçus et en ont assez de ce genre de scandale politique. Je crois qu'ils souhaiteraient qu'une autre direction soit prise.
Il est triste aussi que ce genre de scandale nous détourne des questions importantes. Ce serait formidable si nous pouvions parler de la hausse du prix de l'essence, qui touche tant de gens de maintes façons, ou de la santé et des besoins en médecins et infirmières, ou du logement et de la crise de l'itinérance, qui touchent tant de Canadiens. Ce sont des questions si importantes dans notre pays; pourtant, nous n'y consacrons pas autant de temps qu'à ce scandale politique ni n'exigeons que des comptes soient rendus dans la même mesure. Tout cela est bien dommage. Moi aussi, j'en ai assez, comme bien des Canadiens.
Si l'on me demandait si j'ai confiance en Élections Canada, je dirais « absolument! » et ce, en partie, à la lumière de mon expérience, au fil de nombreuses années, en qualité d'organisateur et de candidat à des élections. Cette confiance est aussi attribuable en partie aux gens qui ont travaillé localement pour Élections Canada dans Burnaby—Douglas au fil des ans, des gens comme James Pavich et Ann Crittenden.
Ni l'un ni l'autre ne travaille actuellement pour Élections Canada de sorte qu'il m'est facile de chanter leurs louanges sur cette tribune et dans le cadre de ce débat. En fait, James est décédé il y a quelques années. Il était le directeur du scrutin dans Burnaby—Douglas et Ann faisait partie de son équipe; elle était son adjointe, je crois. Ce sont eux qui dirigeaient le processus électoral dans Burnaby—Douglas et ils le faisaient de façon admirable. Ils étaient bien organisés. Ils connaissaient les dispositions de la Loi électorale du Canada. Ils ont entretenu de bons rapports avec tous les partis politiques et les responsables des campagnes dans Burnaby—Douglas pendant de nombreuses années. L'impartialité des élections n'était jamais mise en doute là-bas. Lorsqu'il y avait des problèmes, ils étaient réglés rapidement. Lorsqu'ils avaient des questions à nous poser, nous fournissions l'information et trouvions des solutions aux problèmes.
James Pavich et Ann Crittenden sont d'excellents exemples du genre de personnes qui travaillent pour Élections Canada à l'échelle locale — en fait, qui travaillent pour Élections Canada tout court. Ils sont énormément attachés au processus démocratique. Ils veulent voir une approche indépendante et non partisane du processus électoral et ils savent comment mener dans le détail des élections impartiales. Ils savent comment y arriver. Ils constituent un élément très important de ce processus.
Notre démocratie se porterait beaucoup moins bien sans de telles personnes. Nous sommes redevables envers tous ces gens qui, à l'échelle locale, travaillent avec Élections Canada. Nous savons qu'il est très difficile d'organiser une activité d'une journée de la taille et de l'ampleur de nos élections. C'est un grand défi que de préparer les travailleurs à cette journée, de les former et de veiller à ce qu'ils soient tous en place dans nos circonscriptions le jour des élections ou à l'occasion des journées de vote par anticipation. Nos circonscriptions sont très variées, elle couvrent des régions géographiques fort différentes et des quartiers diversifiés dans les régions urbaines.
Je remercie les gens qui travaillent pour Élections Canada dans les localités et qui perpétuent la belle tradition établie par des gens comme James Pavich et Ann Crittenden.
Élections Canada jouit également d'une excellente réputation à l'étranger, qu'il s'agisse d'organiser des élections démocratiques en Afghanistan, de travailler à la Déclaration des droits électoraux des citoyens handicapés, de participer à des conférences avec des organismes électoraux d'autres pays sur le développement des capacités, de participer au Réseau du savoir électoral ACE ou de développer le processus démocratique et électoral en Irak.
Élections Canada est reconnu partout dans le monde pour son engagement, ses connaissances et son expertise. Espérons que la Chambre aura l'occasion plus tard aujourd'hui de démontrer toute la confiance qu'elle a dans cet organisme pour le travail important qu'il accomplit tant ici qu'à l'étranger.
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Monsieur le Président, je suis très fier d'être ici ce matin en tant que député représentant la grande région de Timmins—Baie James et en tant que porte-parole du NPD en matière de réforme démocratique.
Nous appuyons la motion du Bloc québécois. En effet, il faut que le Parlement du Canada déclare sa confiance envers Élections Canada, une institution qui joue un rôle essentiel dans la vie démocratique au Canada.
[Traduction]
Il est plutôt troublant qu'il faille présenter cette motion. Depuis quelques années, on voit une tendance inquiétante: les institutions que sont le Parlement et le processus électoral sont de plus en plus ridiculisées au Canada.
Il va sans dire que j'ai noté, dans ma circonscription et partout où je suis allé au Canada, que les gens n'ont pas confiance dans les politiciens, qu'ils considèrent que ces derniers ne sont pas dignes de confiance. Partout, on fait des blagues au sujet des politiciens. Avant c'était amusant, mais ça ne l'est plus parce que ces blagues expriment le dégoût de monsieur et madame tout le monde du fait que le Parlement est devenu une sorte de cirque et que la prise de décision s'effectue vraiment dans les antichambres, dans les salles de réunions et dans les centres de crise des partis politiques.
Élections Canada a pour rôle, en premier lieu, d'assurer un processus démocratique juste et transparent et de faire en sorte que tout le monde respecte les règles établies. Élections Canada s'acquitte de sa tâche de façon très rigoureuse et a probablement interrogé tous les députés au moins une, deux ou trois fois.
Lorsqu'on gère des élections dans environ 308 circonscriptions au Canada, la plupart du temps avec l'aide de bénévoles, des erreurs se produisent inévitablement. On compte à la Chambre bon nombre de politiciens très dévoués et honnêtes qui s'efforcent avec leur comité électoral de respecter les règles. Élections Canada fera une double, voire une triple vérification et elle reviendra nous voir pour s'assurer que nous avons suivi les règles parce que c'est essentiel pour assurer un processus démocratique et équitable, pour que les élections ne soient tout simplement pas achetées et les règles improvisées.
La première fois que j'ai brigué les suffrages, mon directeur de campagne m'a donné un conseil. Il m'a dit: « Si tu n'es pas certain, ne t'avance pas ». C'est la norme d'éthique que nous, politiciens, devons appliquer au fonctionnement de nos bureaux, à l'utilisation de notre pouvoir à titre de députés et au déroulement de nos campagnes électorales. Si nous avons des doutes, nous devrions nous abstenir. S'il y a une zone grise, il ne faut pas la toucher.
Malheureusement, tant les libéraux que les conservateurs ont l'habitude d'aborder les règles comme des avocats de sociétés qui cherchent des échappatoires fiscales ou des façons de contourner les règles, puis de tenter d'expliquer aux Canadiens que c'est une façon tout à fait normale de procéder.
Ce qui s'est produit dans le cadre de ce scandale des manoeuvres de transfert n'est pas tout à fait normal. Le Parti conservateur tente de détourner l'attention en rejetant le blâme sur Élections Canada et en qualifiant la descente de la GRC de coup publicitaire. Notre service de police national a obtenu une injonction, car il croyait que quelque chose de grave s'était produit, que la confiance du public avait été sérieusement ébranlée. Les conservateurs tentent de nous faire croire qu'ils se battent pour la liberté d'expression. Ils déforment tous les faits pour détourner l'attention des gens à la maison, pour qu'ils fassent abstraction du noeud du problème.
Le noeud du problème, c'est qu'un parti qui avait atteint son plafond de dépenses a tenté de trouver une façon de dépasser la limite permise.
Si nous avons des règles électorales dans ce pays, c'est pour empêcher les partis d'acheter les élections. Lorsque les élections sont très serrées, il importe particulièrement de veiller à ce que les participants ou les partis ne puissent pas contourner les règles pour acheter les élections.
Nous avons un stratagème complexe qui a été mis sur pied au siège d'un parti dans le but de contourner le plafond national et, ainsi, d'arriver à dépenser 1,2 million de dollars de plus que la limite en publicités nationales à un moment où le parti croyait que ces publicités pourraient lui permettre de remporter les élections. Il a donc fallu trouver des endroits où transférer l'argent.
Lorsqu'on jette un coup d'oeil sur la liste des circonscriptions où des fonds ont été transférés, on s'aperçoit que cela ressemble beaucoup à un stratagème de blanchiment, que des fonds ont été transférés à des circonscriptions à la condition qu'ils soient immédiatement retirés et renvoyés au siège du parti. On donne à penser qu'il s'agit d'argent propre étant donné qu'un montant est facturé à la circonscription, techniquement, même si cette dernière n'en profite pas du tout.
Lorsque je regarde la liste des circonscriptions où l'argent a été transféré, je remarque que plusieurs sont situées dans le Nord de l'Ontario, une région où les chances de faire élire des candidats conservateurs sont aussi désolantes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 2006.
Ma circonscription, , a un territoire de la taille de la Grande-Bretagne et, pourtant, ma campagne électorale n'a coûté que 25 000 $ au total. De ce montant, une somme de 10 000 $, ou 40 p. 100 du plafond de 25 000 $, a été utilisée par le parti pour acheter des publicités à l'échelle nationale.
Je me souviens bien de cette campagne. Nos adversaires conservateurs avaient travaillé très dur pour faire passer leur message, mais je ne pense pas avoir vu énormément de dépliants. Il n'y avait pas d'affiches de Stephen Harper, et je parle de lui strictement en sa qualité de candidat et non de ...
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Monsieur le Président, cela me fait extrêmement plaisir de prendre part à ce débat. Dès le départ, je voudrais féliciter mon collègue de pour la motion qu'il a déposée en cette Chambre et que j'ai eu le plaisir d'appuyer.
Je rappelle, à l'intention de l'ensemble de la population qui écoute ce débat, le texte de cette motion:
Que la Chambre exprime sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales.
Je suis convaincu que les gens qui nous entendent aujourd'hui se demandent pourquoi le Bloc québécois a été obligé de déposer une motion qui va de soi. Normalement, tout le monde, tous les parlementaires comme l'ensemble de la population, ne devrait mettre en doute d'aucune manière sa confiance envers Élections Canada, qui est le chien de garde de notre démocratie au Québec et au Canada, et envers le commissaire aux élections fédérales, qui est chargé de faire les enquêtes que le directeur général des élections croit nécessaires.
Je dois dire, à l'intention des gens qui nous écoutent, qu'on a malheureusement dû en arriver à déposer cette motion pour s'assurer qu'effectivement, l'ensemble des parlementaires de cette Chambre considère toujours Élections Canada comme un organisme fiable, indépendant et crédible.
Depuis quelques semaines, en fait depuis qu'Élections Canada enquête sur certaines pratiques du Parti conservateur quant à son utilisation des fonds électoraux et à ses demandes de remboursement de dépenses électorales, la défense mise en avant par le et le gouvernement conservateur vise à miner la crédibilité d'Élections Canada.
C'était comme si Élections Canada, le directeur général des élections et le commissaire d'Élections Canada s'acharnaient sur le Parti conservateur pour un motif qu'on ne nous a jamais expliqué, par vengeance ou par partisanerie. Cela est totalement faux, on le sait bien. Cet acharnement des conservateurs contre Élections Canada, qui allègue qu'ils auraient contrevenu à la Loi électorale du Canada, nécessite qu'on rétablisse les faits et que cette Chambre, unanimement, réaffirme aujourd'hui sa confiance envers cet organisme extrêmement important dans le processus démocratique.
Il est quand même un peu aberrant que le Parti conservateur, actuellement accusé d'un certain nombre de pratiques qui contreviendraient à la loi, joue la victime et essaie de présenter l'organisme responsable de l'application de la Loi électorale du Canada comme étant le bourreau ou celui qui serait coupable d'une tentative d'intimidation envers le Parti conservateur et le gouvernement qu'il forme.
Hier encore, le disait en cette Chambre que le comportement d'Élections Canada était extrêmement bizarre, ou encore soutenait que cet organisme applique deux poids, deux mesures. On laisse entendre ici non seulement qu'Élections Canada appliquerait des règles particulières pour le Parti conservateur, mais aussi que les autres partis de cette Chambre, les trois partis de l'opposition, auraient utilisé des stratagèmes du même ordre lors de la dernière élection, ce qui est faux.
Je rappelle au Parti conservateur, au gouvernement conservateur et au que ce ne sont que des candidats conservateurs qui sont actuellement sous enquête par Élections Canada. Je rappellerais aussi au Parti conservateur, au gouvernement conservateur et au que ce sont seulement les locaux du Parti conservateur qui ont été perquisitionnés par la GRC à la demande du commissaire d'enquête d'Élections Canada.
Qu'on n'essaie pas de nous prendre pour des valises en essayant de brouiller les pistes. Il est très clair ici que cette tentative des conservateurs, du et du gouvernement conservateur de brouiller les pistes en retournant le fardeau de la preuve vers Élections Canada ne convainc personne. Malheureusement, tout cela nous a obligés à déposer cette motion aujourd'hui.
Ce qu'a très clairement insinué le — et d'autres représentants du gouvernement l'ont fait, même le —, c'est qu'Élections Canada, qui est un organisme indépendant, aurait un programme politique et appliquerait des critères différents. On insinue donc que cette institution aurait perdu non seulement son caractère indépendant, mais aussi son statut d'organisme qui doit appliquer des critères justes et équitables pour tous les partis.
Or, c'est justement parce qu'Élections Canada veut s'assurer que les critères d'application de la loi sont justes et équitables qu'il y a actuellement une enquête concernant les pratiques du Parti conservateur.
Il est donc important de se rappeler qu'Élections Canada est un organisme indépendant et non partisan qui relève du Parlement et qui doit organiser les élections et administrer le régime de financement politique prévu par la Loi électorale du Canada. C'est aussi un organisme qui a le mandat important de surveiller pour que les pratiques des partis politiques soient conformes à la législation électorale et de voir à ce qu'on applique cette législation. L'enquête actuelle concernant les pratiques du Parti conservateur est tout à fait dans le mandat d'Élections Canada.
S'il y a eu perquisition dans les locaux du Parti conservateur, c'est parce que le commissaire d'enquête considérait que ce dernier n'avait pas divulgué l'ensemble des informations nécessaires ou s'apprêtait peut-être même à faire disparaître de l'information ou à falsifier des documents. Il est tout à fait dans les règles du jeu de s'assurer que tout le monde respecte la loi et les règles établies, en particulier quand il s'agit d'un processus démocratique.
Je rappelle aussi qu'en vertu de la Loi électorale du Canada, le directeur général des élections est nommé par une résolution de la Chambre des communes. Il s'agit de l'article 13. Une fois nommé, le titulaire relève directement du Parlement et ne relève donc pas du gouvernement, et encore moins du Parti conservateur. Il est donc indépendant du gouvernement et des partis politiques. Comme je le mentionnais, cette disposition dans la Loi électorale du Canada permet de s'assurer de cette indépendance.
Comme vous le savez, le directeur peut siéger jusqu'à l'âge maximum de 65 ans et il demeure en poste jusqu'à sa retraite ou sa démission. Il ne peut être révoqué que pour des motifs valables par le gouverneur général sur adresse de la Chambre des communes et du Sénat, conjointement. On voit à quel point le processus veut assurer cette indépendance.
Aujourd'hui, on a un parti au pouvoir qui, en insinuant toute une série de choses et en n'ayant aucune preuve, cherche à miner cette indépendance. Il laisse entendre par partisanerie que le directeur général d'Élections Canada et le commissaire d'enquête exerceraient une volonté de s'acharner sur le Parti conservateur.
Par souci d'indépendance, il faut se rappeler que le directeur général des élections doit exercer ses fonctions à temps plein et ne peut occuper aucune autre charge, aucun autre poste. Il y a encore plus inquiétant dans ce que l'on vit depuis un certain nombre de semaines: le et le Parti conservateur tentent de miner la crédibilité d'Élections Canada, d'attaquer son indépendance et son caractère non partisan, mais il faut cependant rappeler aux gens qui nous écoutent que l'actuel directeur général a été choisi le 9 février 2007 et que c'est le premier ministre lui-même qui en a fait la recommandation. Sa nomination a ensuite été confirmée par le Parlement. Il est donc quand même assez incroyable qu'à partir du moment où le directeur général des élections, M. Mayrand, qui avait toute la confiance du , exerce ses responsabilités et agit dans le sens du mandat d'Élections Canada, il perde tout à coup les qualités qui avaient fait en sorte que le premier ministre l'avait nommé.
Ce n'est toutefois pas nouveau. Au cours des deux dernières années — car cela fait déjà deux longues années que nous vivons sous ce gouvernement minoritaire conservateur —, on a appris à connaître le . On s'aperçoit qu'il considère l'État comme son domaine personnel. Dans plusieurs dossiers, on a vu sa velléité ou sa volonté; c'est plus qu'une velléité dans son cas, mais véritablement une volonté affirmée de contrôler tous les leviers possibles à sa disposition concernant l'appareil d'État fédéral et de tenter de différentes façons de marginaliser les contrepoids que notre système politique et démocratique a mis en place, en commençant par les médias, les cours, l'ensemble des institutions démocratiques du Canada et du Québec ainsi que le fait que nous vivons en société de droit.
Très rapidement, on a pu voir de la part du premier ministre cette volonté de contrôler les choses de façon systématique et de marginaliser les contre-pouvoirs dans ses rapports avec la presse. On se rappelle comment les journalistes ici, sur la Colline du Parlement, ont été surpris de voir la façon dont le premier ministre non seulement s'esquivait des journalistes, mais s'assurait aussi que ses ministres et ses députés n'étaient pas en mesure de faire valoir les points de vue du gouvernement, de leur ministère et de leurs électeurs auprès de la presse écrite ou électronique ici, à Ottawa.
Le a voulu contrôler le processus de sélection des juges pour qu'ils interprètent les lois à sa manière. On a très manifestement pu voir cela. De plus, sa première nomination à la Cour suprême du Canada est contestée par une bonne partie de la population du Québec et du Canada, étant donné que le juge qui a été nommé est unilingue anglophone. Il semblerait que cela pose des problèmes, aussi bien pour les avocats que pour les personnes qui font appel à la Cour suprême.
Le a donc voulu s'ingérer dans le processus de sélection des juges. De plus, comme je le mentionnais, il veut contrôler l'information en refusant d'échanger avec les membres de la tribune parlementaire et il fait également tout en son pouvoir pour s'assurer que les demandes d'information en vertu de la Loi sur l'accès à l'information soient extrêmement difficiles à obtenir ou encore parviennent de façon extrêmement censurée à ceux qui demandent l'accès à ces documents.
Ce matin, on avait un bel exemple dans le Globe and Mail, où le ministère de la Défense nationale du Canada a produit un petit guide — plus épais que petit, dans tous les sens du terme, d'ailleurs — montrant aux militaires les façons de s'assurer que les demandes d'accès à l'information seront soit refusées, soit contournées, soit censurées. On le voit donc, et c'est malgré les recommandations du rapport Manley, qui disait que le gouvernement devait avoir plus de transparence, en particulier, dans la mission en Afghanistan.
Au contraire, on voit un document qui donne des moyens aux militaires, bien malgré eux j'en suis convaincu, afin qu'ils s'assurent que l'information soit le plus difficile à obtenir quand elle doit être livrée malgré la volonté du et du gouvernement.
On voit aussi un qui veut contrôler le processus parlementaire en enjoignant les présidents des comités à saboter les travaux. Actuellement, on en a des exemples au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, au Comité permanent de l'environnement et du développement durable et au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre.
De ce côté, on a des inquiétudes et on a également pu le voir dans plusieurs dossiers. Je pense entre autres au réacteur nucléaire de Chalk River où la responsable de la Commission canadienne de sûreté nucléaire a donné son avis. Or, cet avis ne concordait pas avec la volonté du et du gouvernement. Je ne dis pas qu'à l'époque nous n'étions pas favorables aux propositions du gouvernement de relancer la production d'isotopes, mais elle a fait son travail. En tant que parlementaires, nous aurions pu prendre une autre décision. On n'avait pas à se venger comme ce fut le cas, et comme le l'a fait en la limogeant carrément.
On voit donc une attaque en règle contre Élections Canada, de la part du gouvernement conservateur, du conservateur et du Parti conservateur. Cela se situe dans une stratégie d'ensemble. Il est extrêmement important pour la démocratie que les partis d'opposition fassent connaître à la population cet état de choses.
Maintenant, venons-en directement au dossier touchant les contributions qui auraient circulé à l'intérieur des différents paliers lors de l'élection de 2005-2006. On sait que l'élection a eu lieu en 2006 et on simplifiera en parlant de l'élection de 2006. Immédiatement, le — et ce fut la même réaction de la part des intervenants conservateurs impliqués dans le dossier — a dit avoir respecté toutes les lois. Sauf que, par deux fois déjà, on a pu voir que le Parti conservateur avait « omis » de déclarer un certain nombre de montants qui contrevenaient aux règles électorales.
En décembre 2006, je me rappelle qu'on avait omis de divulguer la réception de centaines de milliers de dollars au directeur général des élections. Il s'agissait de frais d'inscription exigés des délégués conservateurs pour assister au congrès du Parti conservateur en mai 2005. On a alors commencé — le le premier — à dire qu'il n'y avait pas de problème. Or, six mois plus tard, le Parti conservateur a dû admettre qu'il avait omis de divulguer la réception de ces centaines de milliers de dollars au directeur général des élections. Au total, c'est un montant additionnel de 536 915 $ en dons non mentionnés qui ont dû être rajouté, plus un montant de 913 710 $ au titre d'autres revenus.
On avait donc omis de mentionner ces revenus qui atteignent environ 1,45 million de dollars. On le voit, la réaction primaire du n'est pas nouvelle non plus lorsqu'il dit que rien d'illégal n'a été fait, malgré, encore une fois, les allégations d'Élections Canada.
Comme cela a été mentionné par d'autres députés avant moi, je dois dire aussi que les preuves s'accumulent — les unes après les autres. En effet, à l'intérieur même de l'appareil électoral du Parti conservateur, on avait de sérieux doutes quant à la légalité des transferts faits à partir du palier national vers certaines circonscriptions et ramenés au palier national pour le paiement de publicités nationales. Cela a permis l'obtention de remboursements de 60 p. 100, comme c'est le cas en ce qui concerne les dépenses faites par les candidats dans les circonscriptions, comme vous le savez.
On a vu au moins deux courriels à cet égard. D'une part, un responsable publicitaire du Parti conservateur se questionnait hautement sur la légalité du stratagème, de la manœuvre. D'autre part, on a pu voir aussi récemment un autre courriel qui avait été envoyé au , le lieutenant politique du au Québec. On y parlait de certains détails concernant la mise en place de ce stratagème et des problèmes qui se posaient. Par exemple, dans certaines circonscriptions, on voulait bien participer à un transfert du palier national vers la circonscription pour pouvoir ensuite payer la publicité nationale du Parti conservateur, mais il n'y avait pas de candidat conservateur. Cela rendait la chose un peu difficile. Il fallait donc rapidement trouver un candidat pour que le stratagème puisse être exécuté.
Aujourd'hui même, on voit qu'ici, dans la région de l'Outaouais, deux ex-candidats ont reçu des transferts, même s'ils avaient peu de chances de se faire élire, comme ils le mentionnent eux-mêmes. Par exemple, lors de l'élection de 2006, Gilles Poirier, qui dirige le département de comptabilité de l'Université du Québec en Outaouais et qui a été candidat pour le Parti conservateur dans Hull—Aylmer, déclarait lui-même:
La personne attachée au bureau de Montréal responsable des candidats de l'Outaouais qui m'a téléphoné pour m'annoncer la bonne nouvelle qu'on investirait des sous dans ma campagne [...]
Or, trois jours après le dépôt dans le compte de l'Association conservatrice de Hull-Aylmer, il apprend que l'argent doit être retourné au Parti conservateur et on lui explique que c'est le parti qui s'occupera de la publicité. Il a toujours pensé qu'il s'agissait d'une publicité régionale. Voici ce qu'il dit: « On me l'a présenté, moi comme candidat, comme étant pour une publicité régionale. »
On sait qu'une grande partie de l'argent qui a été transféré par les circonscriptions de l'Outaouais au Parti conservateur, sur le plan national, a servi à payer des publicités régionales de la région de Québec. Je ne vois pas en quoi cela a pu aider notre ami M. Poirier — même si je ne le connais pas personnellement — qui semble tout aussi surpris qu'Élections Canada que ces transferts aient été utilisés pour de la publicité sur le plan national lors de la campagne électorale.
Comme je le mentionnais plus tôt, je ne veux pas m'étendre sur l'enquête qui appartient maintenant à Élections Canada. Encore une fois, je souhaite que tous les parlementaires, tous les députés en cette Chambre, votent en faveur de cette motion et qu'on passe à autre chose, entre autres savoir exactement ce qui s'est passé au Parti conservateur lors de l'élection de 2006.
On voit que cette éthique que prônait le durant la campagne électorale est une éthique de pacotille. Jusqu'à preuve du contraire, le Parti conservateur fait tout en son pouvoir pour que la vérité n'éclate pas au grand jour. Or la vérité éclatera un jour, très rapidement probablement, et chaque jour, on voit davantage de pièces du casse-tête se mettre en place.
Si vous me le permettez, je veux terminer en disant que c'est la même attitude qui existe concernant la nation québécoise: on dit reconnaître la nation québécoise, mais dans les faits, on ne passe pas de la parole aux actes. C'est la même attitude concernant la mission en Afghanistan: on ne fait pas preuve de transparence. C'est la même attitude dans le dossier de l'environnement. C'est la même attitude dans le dossier de la peine de mort. C'est la même attitude dans le dossier de l'avortement. C'est globalement la même attitude. Ce gouvernement tente de cacher son véritable programme. Heureusement, sa façon de fonctionner le dévoile au grand jour. Les électeurs et les électrices, au Québec en tout cas, se le rappelleront au moment des élections.
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Monsieur le Président, je me réjouis d'avoir l'occasion de fournir à tous les députés un compte rendu clair, ouvert et, surtout, complet des faits liés à l'affaire d'Élections Canada.
Je parle de compte rendu complet, car si nous examinons l'affaire d'Élections Canada seulement comme une affaire qui oppose cet organisme et le Parti conservateur, la perspective est beaucoup trop étroite. Je tiens à dire publiquement aujourd'hui que les autres partis à la Chambre ont appliqué les mêmes méthodes dont il est question dans la contestation. Or, Élections Canada a choisi de scruter à la loupe seulement les candidats du Parti conservateur.
On ne peut s'empêcher de remarquer à quel point il est ironique que des députés, qui pourtant exigent pieusement d'obtenir la vérité lorsqu'ils posent des questions, aient passé leur semaine de pause parlementaire à présenter aux Canadiens une version qui n'a rien à voir avec la vérité.
Il y a énormément de questions auxquelles répondre, mais il reste que ce sont les partis de l'opposition, à l'instar d'Élections Canada, qui devront répondre honnêtement à bon nombre de questions, la plus importante étant pourquoi ils condamnent des pratiques qu'ils utilisent eux-mêmes.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais parler brièvement de ce qu'on appelle le contenu national dans les publicités politiques.
Ici, à la Chambre des communes, nous nous occupons de gouvernance. Nous sommes élus par les Canadiens et nous travaillons pour eux. C'est notre rôle et ce devrait être l'objectif de tous les députés, qu'ils fassent partie du gouvernement ou de l'opposition.
Nous avons tous des opinions légèrement différentes quant à la manière de travailler pour la population. Certains d'entre nous croient que les Canadiens veulent un gouvernement qui fait confiance aux familles et aux petites entreprises. D'autres pensent que seul le gouvernement a les bonnes réponses. Certains à la Chambre sont des centralistes de la vieille école, certains sont séparatistes tandis que d'autres ont été élus parce qu'ils croient que le débat entre les centralistes et les séparatistes ne fait rien pour le Québec ni pour personne d'autre. Nous avons donc offert autre chose aux Canadiens.
En clair, il y a diverses opinions politiques à la Chambre. Elles reflètent la diversité de points de vue qui fait la grandeur de notre pays.
Nous avons tous été élus par les gens de nos circonscriptions respectives. Certains députés ont beaucoup d'expérience, alors que d'autres ont été élus il y a moins d'un mois. Mais, quelle que soit l'expérience de chacun, nous nous souvenons tous d'avoir fait du porte-à-porte dans nos circonscriptions. Pour certains, les portes étaient un peu plus éloignées les unes des autres que pour d'autres. Mais, nous sommes néanmoins tous allés parler à nos électeurs de ce que nous comptions faire pour aider les gens de nos circonscriptions et, ce qui est tout aussi important, de ce que nos partis respectifs comptaient faire pour le Canada.
Bref, même si les campagnes locales des candidats portent sur des questions locales, elles portent aussi dans une large mesure sur les enjeux nationaux tels que présentés par le parti qu'ils représentent. L'équilibrage des enjeux locaux, régionaux et nationaux est un élément sain de la démocratie au pays. Nous sommes tous responsables devant nos électeurs, mais nous faisons tous également partie d'une équipe nationale: un parti, un chef, un message national. Voilà comment on fonctionne.
C'est ainsi qu'on devrait fonctionner. Dans leurs campagnes locales, les candidats parlent des enjeux nationaux. Ce sont des candidats aux élections fédérales, et c'est ainsi que les Canadiens peuvent savoir où les candidats se situent, quelles idées ils représentent et quels sont leurs projets à l'intention de leurs électeurs. C'est ce qu'on appelle le contenu national. Quel que soit le moyen, c'est-à-dire par exemple des macarons, des chandails, des bannières, des prospectus, des dépliants, ou des annonces à la télé et à la radio, les candidats aux élections fédérales articulent leur campagne locale avec la campagne nationale de leur parti. C'est ce qu'on fait dans chaque parti, et on a raison de le faire.
La règle fondamentale inviolable veut toutefois que les instances locales soient entièrement responsables des dépenses locales, alors que les instances nationales sont entièrement responsables des dépenses nationales. À cet égard, les campagnes locales du Parti conservateur ont été menées en conformité totale avec la Loi électorale du Canada. Il est faux d'affirmer le contraire. C'est une grossière distorsion des faits.
Voilà pourquoi, en mai 2007, le Parti conservateur s'est adressé aux tribunaux relativement au litige qui l'oppose à Élections Canada. Le Parti conservateur conteste devant la justice le refus d'Élections Canada de rembourser à certains candidats conservateurs leurs dépenses relatives aux élections de 2006 en prétextant une définition tout à fait novatrice de ce qu'on appelle le contenu national. Élections Canada voulait apparemment faire passer le message que ce genre de collaboration était contraire aux règles.
Élections Canada est sur un terrain très glissant. L'agence s'éloigne de son rôle d'arbitre impartial des règles pour devenir un acteur très interventionniste qui se prononce sur le contenu de campagnes. Cela n'a jamais été le rôle d'Élections Canada et cela devrait tous nous préoccuper.
Voyons comment les organisations nationales aident autrement les candidats locaux. Je parle du transfert d'argent en vue de payer des activités électorales destinées à soutenir localement les candidats. Tous les partis font cela et ils ont tous le droit de le faire. Étrangement, dans cette affaire, seul le Parti conservateur a été visé par Élections Canada. Nous avons été visés pour avoir suivi des règles établies depuis longtemps et également pour avoir eu recours à une pratique largement utilisée par d'autres grands partis politiques.
J'ai quelques exemples à rapporter ici. Prenons le cas de la campagne néo-démocrate en Colombie-Britannique lors des élections de 2006. Selon des documents obtenus par l'intermédiaire d'Élections Canada, les candidats néo-démocrates de Saanich—Gulf Islands, Nanaimo—Cowichan et Victoria ont participé avec les organisateurs nationaux à l'achat en coopération de publicité. Ces achats coopératifs ressemblent étrangement à ce qui est à l'origine de la motion dont nous discutons aujourd'hui.
Nous devrions considérer qu'il s'agit de candidats locaux qui se regroupent pour acheter de la publicité pour leur région. Le siège social du NPD a organisé les achats. Les factures ont été traitées par le siège social du NPD. Aucune transaction n'est intervenue directement entre les organisations locales et les médias. Le coût de la publicité ainsi achetée a été entièrement attribué aux campagnes locales et le contenu de la publicité était fondé sur le contenu national de la campagne du NPD.
Une chose semblable touche des candidats néo-démocrates dont plusieurs sont devenus députés de la région de Vancouver. Nous devrions considérer que 12 candidats néo-démocrates de cette région ont participé à l'achat de publicité dans des médias locaux sans qu'Élections Canada ne remette en doute la validité de leurs transactions. J'ignore si nos amis du NPD ont reçu la visite des agents d'Élections Canada accompagnés des caméramen de Radio-Canada avec à leur remorque ceux du Parti libéral, mais, compte tenu des événements de la semaine dernière, on peut se demander pourquoi ce ne serait pas le cas.
Lorsque le Parti conservateur a poursuivi Élections Canada devant les tribunaux, il a également fourni des exemples de pratiques électorales auxquelles le Parti libéral avait eu recours. Le Parti libéral a aussi libéralement acheté de la publicité dans les médias régionaux. Et qui retrouve-t-on sur la liste de ceux qui ont eu recours à ces campagnes de publicité dans les médias? Surprise! Nul autre que le député de . Curieusement toutefois, celui-ci a décidé de ne pas soulever l'affaire au cours de sa conférence de presse de la semaine dernière.
Je le répète, selon les documents d'Élections Canada, le député de Beauséjour aurait participé à une campagne de publicité dans les médias locaux qui aurait semble-t-il été organisée par le parti national et qui ne portait que sur du contenu national, à part bien sûr le nom du candidat local.
Comme dans le cas des exemples précédents sur le NPD, des organisateurs locaux se sont réunis pour acheter des espaces de publicité dans les médias régionaux. Les arrangements ont été faits par les organisateurs du parti national, les factures ont été traitées au niveau national et aucun contact n'avait eu lieu auparavant entre les organisateurs de campagne locaux et les médias.
Toutefois, dans le cas de la campagne du député de , on trouve dans les documents d'Élections Canada une note du Parti libéral soulignant que l'organisation locale de la campagne devait payer ces dépenses de publicité. Toutefois, comme il n'y a rien à cet égard dans les rapports que le député a transmis à Élections Canada, on peut se demander qui a payé ces publicités et d'où venaient les fonds.
Le député pourrait-il faire savoir à la Chambre si des représentants d'Élections Canada, des journalistes de Radio-Canada, des agents de la GRC et des caméramen des autres partis se sont pointés aux bureau de son parti pour autant? Bien que les rapports financiers du député ne semblent pas conformes, l'achat de publicité dans les médias du Nouveau-Brunswick ne semble pas avoir fait tiquer Élections Canada.
La situation est plutôt incongrue. Le député qui dénonce le plus vertement cette pratique soi-disant répugnante y a lui-même eu recours, et il semble même qu'il aurait utilisé des méthodes moins que conformes pour le faire.
Des questions ont également été soulevées sur cette pratique qui consiste à transférer des fonds du parti national aux organisations locales pour les aider à financer leurs activités de campagne.
Tout d’abord, laissons de côté le fait qu’il soit parfaitement raisonnable que des organisations locales bénéficient de l’aide de leurs bureaux nationaux. Comme je l’ai mentionné précédemment, nous poursuivons tous un but commun et malgré le tapage que font nos vis-à-vis pour laisser entendre le contraire, non seulement ils pensent, mais ils agissent de la même manière. Selon les documents d’Élections Canada qu’ont obtenus les avocats du Parti conservateur, il apparaît très clairement que le Parti libéral, le NPD et le Bloc ont recours aux pratiques qu’utilisent le Parti conservateur.
Par exemple, les documents portant sur les élections de 2006 font état de nombreux cas où le bureau central du Parti libéral a effectué des transferts de fonds importants, mais a présenté des factures pour des montants aussi élevés. Les documents montrent que le Parti libéral a effectué des transferts de 1,7 million de dollars à des candidats locaux au cours de la campagne électorale de 2006, tout en leur présentant des factures totalisant 1,3 million de dollars.
Le NPD a transféré 884 000 $ à des candidats locaux, tout en leur présentant des factures totalisant 545 000 $ pour des produits et des services qu’il leur a fournis au cours de la campagne électorale.
Le Bloc a effectué des transferts de fonds de 732 000 $ à ses candidats locaux au cours de la campagne électorale de 2006, et il leur a facturé des produits et services pour un montant total de 820 000 $.
Il est très clair que tous les partis représentés à la Chambre ont recours, et de la façon la plus énergique, aux transferts de fonds dans un sens et dans l’autre entre les bureaux nationaux et les bureaux locaux des circonscriptions au cours de campagnes électorales.
De plus, les documents d’Élections Canada renferment clairement de nombreux exemples où les transferts des bureaux centraux des partis vers les candidats libéraux, néo-démocrates et bloquistes correspondaient exactement ou presque aux montants des factures présentées aux candidats par le parti national.
Le député de a reçu une facture de 5 000 $ du Parti libéral le 16 juin 2004. Le Parti libéral a aussi déposé un chèque de 5 000 $ au compte de ce candidat le 9 juillet. Le 28 juin, le candidat a réglé la facture du Parti libéral au moyen d’un chèque de 5 000 $. Puis, le candidat a encaissé le chèque du Parti libéral le 15 juillet. C’est le même montant. Ce sont des transferts pour les dépenses de la campagne libérale.
La députée de a reçu une facture de 7 003,64 $ du NPD, le 13 janvier 2006. Le 31 janvier 2006, un chèque du NPD au montant de 7 003,64 $ a été déposé au compte de la députée. Le 1er février 2006, un chèque de la candidate au NPD réglant la facture de 7 003,64 $ a été fait, et il a été encaissé le 1er mars. C’est le même montant. Il s’agit de transferts pour les dépenses de la campagne du NPD.
Il est clair que c’est une pratique courante. Si jamais les tribunaux décident qu’une autre interprétation de la loi s’impose, tous les partis devront alors changer leurs pratiques. Cette décision revient aux tribunaux et pas au Parti conservateur, ni au Parti libéral, ni au Bloc, ni au NPD, ni à Élections Canada.
Tous les exemples que j'ai donnés sont clairement énoncés dans l'affidavit que le Parti conservateur a remis aux tribunaux à propos de notre poursuite contre Élections Canada. Nous avons été très clairs. Non seulement nous avons suivi les règles établies par Élections Canada, mais nous n'avons pas agi différemment de tous les autres partis.
Comme notre collègue l'a souligné plus tôt, nous avons tous l'honneur d'avoir été élus par les Canadiens. Même si nous avons des points de vue différents sur la meilleure façon de diriger le pays, on espère que notre objectif soit le même en fin de compte, soit de bien le diriger. Nous avons tous travaillé fort pour mériter cet honneur. Il faut faire énormément de porte-à-porte, travailler sans relâche et faire preuve de dévouement.
Les candidats conservateurs ont respecté les règles, comme tous les candidats des autres partis. Nos candidats ont abordé des sujets d'importance locale et d'autres d'importance nationale. Nous avons aidé nos candidats à faire campagne, tout comme les autres partis ont appuyé les leurs.
Ce sont les faits. Tout le reste n'est que politicaillerie.
J'aimerais profiter de l'occasion pour vous remercier, monsieur le Président, et pour remercier les députés d'en face de nous avoir donné la possibilité de rétablir les faits.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m'est imparti avec le député d'.
Je suis député en cette Chambre depuis 15 ans et je ne pensais pas vraiment avoir à parler sur le texte d'une motion comme celle-ci, mais aujourd'hui, il est absolument nécessaire que cela se fasse.
Le texte de la motion dit ceci:
Que la Chambre exprime sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales.
Pourquoi en sommes-nous venus à la nécessité, pour le Bloc québécois, de déposer une telle motion? C'est en raison d'un comportement des conservateurs en matière électorale et dont je discuterai plus à fond plus loin dans ma présentation. Il y a eu des comportements complètement inacceptables de la part des conservateurs qui ont accusé Élections Canada d'adopter des positions partisanes.
Concernant le processus de nomination à Élections Canada, le président directeur général d'Élections Canada et commissaire en chef est choisi avec l'appui de la Chambre des communes. Il est très important, dans notre système démocratique, que de telles institutions soient à l'abri de commentaires tels ceux qu'on a entendus de la part des conservateurs — et même du dans le passé —, qui font qu'on conteste une institution de base dans notre système démocratique, une institution qui est là pour présider à l'organisation électorale, l'application de la loi électorale et qui, dans le cas présent, s'est aperçu que plusieurs candidats conservateurs ont eu une pratique qui n'était pas acceptable pour le remboursement de leurs dépenses.
On s'est aussi aperçu — et c'est pour cette raison qu'on a besoin de preuves additionnelles et qu'il y a eu la descente d'agents de police chez les conservateurs — que c'est semble-t-il un processus organisé. Ces choses vont être à vérifier et à confirmer. La descente a donné un certain nombre de résultats. On verra de quelle façon on analyse toutes ces questions. Je suis prêt à dire que si le Parti conservateur n'est pas satisfait de la décision d'Élections Canada, il peut la contester comme il l'a fait devant la cour. On verra en définitive qui aura raison.
Cependant, ce qui est totalement inacceptable, c'est que le Parti conservateur, qui forme le gouvernement du Canada, ait mis en doute l'intégrité d'une institution comme Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales. Je pense que de ce côté, le gouvernement conservateur doit porter une lourde responsabilité de l'action qu'il a entreprise, qu'il maintient et qu'il continue aujourd'hui. Lorsqu'on regarde les faits, la position des conservateurs ne résiste pas longtemps.
Dans la pratique, parce qu'on avait atteint le plafond des dépenses électorales permises lors de l'élection de 2006, les autorités du Parti conservateur auraient transféré des fonds et des factures du parti vers des candidats afin de contourner les limites de dépenses. C'est ce qui n'est pas acceptable comme premier geste de la part des conservateurs. En retour, les candidats conservateurs ayant acceptés de participer à ce stratagème devenaient éligibles au remboursement d'Élections Canada. C'était donc de la publicité nationale qui aurait dû apparaître aux dépenses nationales. En définitive, on a eu un remboursement dans chacun des comtés pour un montant équivalant à 60 p. 100 de cette somme. C'est ce qu'Élections Canada n'a pas accepté parce qu'il y a évidemment une conséquence par rapport à l'élection qui vient de se passer puisque cela c'est venu modifier les règles du jeu. Il y a aussi des conséquences pour les élections à venir parce que si on leur accorde ce remboursement, cela vient donner un montant important pour préparer la prochaine campagne électorale.
Donc, si Élections Canada a considéré que ce comportement était inacceptable, il y a des recours légaux qui permettent de faire face à cela. Le Parti conservateur peut s'en servir et s'en est servi, mais il n'a pas à contester l'intégrité d'un organisme comme Élections Canada. À ce moment-là, il franchit une étape qu'on ne devrait pas retrouver dans une démocratie comme la nôtre. C'est un comportement qui ressemble étrangement à des nouvelles qu'on voit dans les journaux sur des pays ou des États qui n'ont pas les bases démocratiques, ni le passé démocratique qu'on a. On trouve cela très étonnant qu'on aille de ce côté. En plus, c'est confirmé par le lui-même dans ses déclarations passées. On est devant une situation de ce type.
Malgré l'expérience au sujet des frais d'inscription et des documents rendus publics jusqu'à maintenant, les conservateurs persistent à dire que tout s'est fait légalement. Ils parlent même de représailles d'Élections Canada à leur endroit, estimant que l'organisme cherche à se venger de la poursuite du Parti conservateur pour le remboursement refusé des frais électoraux de dizaines de candidats. Cette défense ne tient pas lorsqu'on examine les faits.
Par exemple, lors de la campagne électorale de 2005-2006, les hauts dirigeants du Parti conservateur, dont le président du Fonds conservateur du Canada, auraient élaboré un stratagème de campagne publicitaire nationale payée par les candidats locaux lorsqu'ils se sont aperçus que le parti s'apprêtait à dépasser la limite des dépenses autorisées. C'est ce que l'on retrouve dans les textes des courriels dont l'analyse est en train de se faire. Un total de 67 candidats conservateurs, dont un certain nombre sont maintenant ministres, auraient été impliqués dans cette pratique dite de la boucle, l'équivalent de l'expression anglaise in and out, jugée illégale par Élections Canada.
J'ai d'ailleurs eu la surprise de ma vie lorsque j'ai lu, dans un article du Devoir, que le Parti conservateur voulait mener cette opération dans ma circonscription et a désespérément cherché un candidat pour pouvoir le faire. C'est ce que dit le courriel: aux endroits où il y avait un candidat, on aurait peut-être de la difficulté à faire accepter cela, mais au moins il y aurait quelqu'un à qui attribuer la dépense.
Il est écrit dans ces courriels que dans des comtés comme celui de Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, il n'y avait toujours pas de candidat et il fallait absolument en trouver afin de mener l'opération. De cela a découlé le choix d'une personne qu'on n'a jamais vue dans ma circonscription, qui n'a pas mené de campagne une seule journée et qui a été définie par tout le monde comme un candidat fantôme. Cette personne n'a pas nécessairement participé à cette opération, en définitive, puisqu'on en était aux derniers jours de la campagne. Il n'en reste pas moins qu'on avait ciblé mon comté pour mener cette opération.
De l'argent aurait donc été dépensé dans ma circonscription pour payer des publicités nationales, le Parti conservateur sachant bien que le candidat chez nous avait pratiquement aucune chance de gagner. Toutefois, en lui affectant des sommes de cette manière, on cherchait à influencer le résultat ailleurs.
Ce type de comportement est vraiment inacceptable. Le résultat au bout du compte doit être clair et net. Je pense qu'on le verra par le processus juridique en cours.
Je répète qu'il est très malheureux que le Parti conservateur ait remis en question l'intégrité d'Élections Canada. Grâce aux changements apportés à la nomination des présidents d'élections, à la mécanique qu'on a développée et à la solidité de la démocratie québécoise et canadienne, on nous demande souvent de surveiller des élections dans d'autres pays. Notre passé garantit effectivement que les choses se sont déroulées correctement chez nous. Maintenant, il y a une tache importante à notre tableau. Le parti au pouvoir au Canada remet lui-même en question l'intégrité de l'organisme chargé d'organiser les élections, Élections Canada, et du commissaire aux élections.
De ce côté, on obtient petit à petit de nouvelles informations, par exemple dans les réponses fournies par les candidats conservateurs. Élections Canada a remarqué des anomalies dans les factures de Retail Media qui leur ont été envoyées. La PDG de cette entreprise de placement média de Toronto, Marilyn Dixon, estime que les factures ont été modifiées ou tout simplement créées par quelqu'un d'autre qu'un employé de sa compagnie. C'est assez grave lorsqu'on en vient à ce type de comportement. Il faut absolument qu'on aille au fond de cette situation.
N'oublions pas que nous sortons d'une période assez trouble quant à la question des pouvoirs occultes, du scandale des commandites et de l'utilisation totalement illégale de l'argent ici pour essayer d'influencer la perception des Québécois face à leur avenir national. Cela a été démontré et il y a eu une commission d'enquête à ce sujet.
On a maintenant un nouveau gouvernement qui prétendait être au-dessus de ce type de comportement. C'est peut-être pour cette raison que les conservateurs ont une réaction aussi agressive face à Élections Canada. Il est effectivement inacceptable de se faire prendre la main dans le sac alors qu'on a prétendu que jamais de la vie on aurait ce type de comportement. On verra bien, en définitive, quelle sera la décision.
Je conclus en disant qu'il faut beaucoup plus de transparence. Les conservateurs doivent s'engager à ne pas recourir à une telle pratique lors de la prochaine élection, quel que soit le résultat de l'enquête actuelle. Pour l'instant, cela envoie comme message à l'ensemble de la population du Canada que le parti au pouvoir n'est pas prêt à respecter les règles et les décisions qui émanent de l'organisme chargé d'organiser les élections. C'est très malsain pour la démocratie.
Ce qui est sain, c'est de pouvoir en débattre en cette Chambre. J'espère que notre motion recevra l'appui important de l'ensemble des membres de cette Chambre.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de prendre la parole, au nom du Bloc québécois, sur cette motion déposée par notre parti en cette Chambre. Cela vaut la peine de la relire:
Que la Chambre exprime sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales.
C'est très important. En effet, ce qui se passe depuis quelques semaines, soit la contestation du Parti conservateur envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales, est très inquiétant pour notre démocratie, et cela, pour toutes sortes de raisons. Évidemment, il y a des raisons historiques. Le Canada n'a pas eu à se battre pour sa démocratie. Au cours des 50 ou 100 dernières années, les pays qui ont eu à défendre leur démocratie par les armes connaissent très bien l'importance d'avoir une organisation qui surveille les élections, qui a l'appui complet et entier de tous les citoyens et surtout de tous les partis politiques participant aux élections.
Depuis quelques semaines, un parti au Canada a décidé de confronter le seul organisme non partisan responsable du respect de la démocratie au Canada. C'est un choix. Personnellement, je crois que ce choix était calculé. C'est toujours le fameux appât du pouvoir à tout prix. Le Parti conservateur, qui voyait pointer à l'horizon une possible majorité électorale, a décidé de tout faire pour arriver à ses fins, quitte même à outrepasser la Loi électorale.
On connaît très bien maintenant l'importance des campagnes médiatiques. On n'a qu'à regarder ce qui se passe aux États-Unis. Le résultat est souvent proportionnel à l'argent investi dans les campagnes publicitaires. Le Parti conservateur a sciemment fait le choix de dépenser davantage, parce qu'il avait l'argent nécessaire. Je comprends qu'il était peut-être frustré. Il avait beaucoup d'argent à dépenser et une limite quant aux dépenses électorales. Il a voulu tout faire pour essayer d'obtenir la majorité. Malgré tout, les conservateurs sont minoritaires en cette Chambre, et c'est bien que la population ait fait ce choix, mais surtout que les Québécoises et les Québécois aient été très vigilants par rapport au choix de leurs représentants. Encore une fois, ils ont entièrement fait confiance au Bloc québécois qui est le seul parti qui peut se lever chaque jour en cette Chambre pour défendre leurs intérêts, sans avoir à triturer toutes les lois pour essayer d'accéder au pouvoir. C'est la réalité.
Comme vous, comme moi, la population subit les explications que donne le Parti conservateur pour essayer de se justifier — explications qui changent pratiquement tous les jours. Lorsqu'on suit le fil des événements, on s'aperçoit finalement que la saisie de documents effectuée par le commissaire aux élections fédérales est d'autant plus importante qu'elle est en train de mettre au jour le stratagème. On a vu les courriels des organisateurs. On a vu leur façon de faire. Je ne veux pas repasser ce qui s'est fait, courriel après courriel, mais on sait maintenant que l'organisation conservatrice savait qu'elle dépasserait la limite et était prête à tout pour atteindre son objectif, soit la majorité à tout prix.
J'insiste sur ces mots: « la majorité à tout prix ». Cela s'est finalement fait à l'encontre du seul organisme qui ne fait pas de politique, qui est là pour s'assurer que les élections se passent comme il faut, dans le respect de toutes les lois, comme dans une bonne démocratie. C'est l'exemple qu'on devrait donner et que le Québec a toujours donné. En effet, c'est sous René Lévesque qu'est née la première loi pour véritablement encadrer les dépenses électorales et le financement des partis politiques. Elle a été reprise plus tard par le gouvernement libéral de Jean Chrétien. C'est le Québec qui a eu cet avantage, et c'est pourquoi vous avez ici, en cette Chambre, des élus du Québec qui se veulent des plus respectueux envers les institutions que sont Élections Canada, Élections Québec, et envers le commissaire aux élections fédérales.
Le drame qui se joue, c'est que les conservateurs ont décidé d'intenter une poursuite au civil contre Élections Canada sachant très bien quels étaient les impacts de cette poursuite, c'est-à-dire de gagner du temps. On sait très bien que quand on enclenche une procédure au civil, les délais sont longs. On peut pratiquement prolonger l'attente quand on a de bonnes firmes d'avocats. On peut pratiquement décider du temps où la cause va être entendue devant les tribunaux. Ce que les conservateurs voulaient faire, c'était de gagner du temps en fonction de la prochaine élection. Elle est toujours reportée en termes de semaines ou de mois, mais elle ne pourra pas se tenir plus tard qu'en 2009, comme on le sait tous.
Cela va permettre, encore une fois, que cette cause soit entendue après la prochaine élection. Les conservateurs espèrent encore avoir une majorité suite à la prochaine campagne électorale, ce qu'ils n'auront pas en raison de cette façon de ne pas respecter les institutions que les citoyens ont choisi de se donner. Il n'y a pas un député à la Chambre qui peut se réclamer être le grand défenseur d'Élections Canada. On peut le faire aujourd'hui, mais on doit le faire au nom des citoyens parce que ce sont eux qui nous donnent cette possibilité de siéger en cette Chambre. Le pouvoir nous est prêté, il ne nous est pas donné. Évidemment, c'est la population qui décide quand elle nous le retire. Les libéraux l'ont vécu durement lors de la dernière campagne électorale et les conservateurs le vivront probablement suite à la prochaine campagne électorale.
Si les conservateurs perdent le pouvoir, c'est justement parce qu'ils n'auront pas su respecter, entre autres, la principale institution qu'est Élections Canada. C'est pour cette raison que je suis fier, aujourd'hui, de me lever en cette Chambre au nom des Québécoises et des Québécois qui m'ont élu dans ma circonscription, , et pour tous mes collègues qui se sont fait élire dans les autres régions du Québec. Le Bloc québécois défend et exprime aujourd'hui sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales. C'est un signe de la grande démocratie des Québécois et des Québécoises.
Accéder à notre souveraineté prend du temps, mais on le fera dans le respect de la démocratie. On a vu par diverses enquêtes qui ont eu lieu, autant lors du scandale des commandites que de celui d'Option Canada, la façon fédéraliste d'essayer de contrôler la démocratie et de ne pas avoir peur de dépenser n'importe quelle somme dans l'irrespect des règles. Au Québec, c'était dans l'irrespect de la Loi sur les élections et les référendums lors du dernier référendum de 1995.
Encore une fois, c'est ce qui est toujours difficile quand il y a des députés du Québec qui sont dans cette formation politique. Ce sont de vrais fédéralistes. Ils n'hésitent pas à utiliser les sommes d'argent nécessaires, quitte à enfreindre les processus électoraux. C'est un grand danger pour la démocratie, ce qui fera de notre combat l'un des plus importants à travers le monde parce que quand le Québec atteindra la souveraineté, il l'aura dans le total respect de la démocratie, ce qui ne sera pas le cas des adversaires fédéralistes.
Si les conservateurs avaient un brin de lucidité — je parle aux conservateurs du Québec, aux députés qui ont été élus par des Québécoises et Québécois —, ils s'empresseraient de voter en faveur de cette motion déposée par le Bloc québécois qui réitère sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales parce que c'est la seule institution qui ne fait pas de politique et qui a la responsabilité de faire respecter la démocratie. L'atout le plus important de tout pays qui se respecte et qui veut être reconnu internationalement et mondialement est de faire respecter en son sein sa démocratie, ce que ne font pas les conservateurs présentement.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis à la fois consterné et dégoûté de voir comment le gouvernement attaque Élections Canada, l'une des organisations électorales les plus respectées au monde. Élections Canada s'est imposé comme chef de file à l'échelle internationale pour ce qui est de mener des élections d'une façon juste, transparente et responsable. Que ce soit en raison de la création du registre national des électeurs ou de l'introduction réussie de l'informatique dans l'administration des élections, nos élections servent de modèle à des pays partout dans le monde.
Notre réputation internationale en la matière a pris son envol durant les années 1980 lorsque notre directeur général adjoint des élections a été invité à titre d'observateur du processus électoral dans plusieurs pays d'Amérique centrale. Dès les années 1990, la tendance avait pris son envol. Élections Canada était inondé de requêtes. On lui demandait non seulement de surveiller des élections dans d'autres pays, mais aussi d'en évaluer le caractère équitable et de conseiller des gouvernements étrangers. Au cours de la décennie, Élections Canada a accueilli plus de 125 délégations étrangères et a participé à un total impressionnant de 300 missions à l'étranger.
Selon son mandat officiel, Élections Canada est un organisme indépendant créé par le Parlement. Il importe de le souligner, compte tenu des accusations portées par le et son entourage à l'égard d'Élections Canada depuis la descente de la GRC au bureau central du Parti conservateur.
Les conservateurs ont qualifié la descente de « coup de publicité et de tactique d'intimidation ». Selon le leader du gouvernement à la Chambre, Élections Canada n'avait aucun motif d'amorcer une telle enquête, pas plus qu'il n'en avait le droit, un commentaire qui met en doute la légitimité même de cette enquête. D'autres ministres ont accusé le directeur général des élections d'abus de pouvoir en laissant entendre qu'il avait lancé l'enquête pour se donner un pouvoir de négociation dans une poursuite au civil.
Le député de a mentionné qu'Élections Canada avait invité le Parti libéral à regarder la descente. Selon des documents internes, le Parti conservateur avait même ordonné à ses députés et à ses anciens candidats de déclarer ne pas être au courant de la question.
Les conservateurs ont atteint le sommet du ridicule en prétendant que la descente avait lieu dans le cadre d'une vendetta menée depuis 10 ans contre le parce qu'il avait critiqué Élections Canada alors qu'il faisait partie de la National Citizens Coalition. Voilà qui est tout à fait farfelu, étant donné que le directeur général des élections aussi bien que le commissaire aux élections ont été nommés alors que les conservateurs étaient au pouvoir. Si le gouvernement s'est abaissé à de telles tactiques, c'est pour détourner l'attention des actions des conservateurs durant la campagne électorale de 2006.
Avec les manoeuvres de transfert, le Parti conservateur a tout d'abord transféré des fonds de son bureau national vers 67 circonscriptions pour immédiatement en exiger le remboursement, ce qui a permis au parti de ne pas tenir compte des limites de dépenses électorales et de dépenser injustement un million de dollars de plus pour la publicité nationale.
Ce qui me surprend, c'est que les dirigeants du parti aient complètement fait fi des organisations locales et des candidats qui n'approuvaient pas la manoeuvre. Par exemple, deux circonscriptions ont au départ refusé de participer, remettant en question la légalité des mesures. Comment les conservateurs ont-ils réagi? Comme toujours, ils ont exercé un contrôle absolu.
Mike Donison, président du Parti conservateur, a écrit ceci dans un courriel envoyé à des agents du parti pendant la campagne électorale: « Pourquoi devrait-on leur permettre de simplement refuser? » Il aurait été préférable de se poser la question suivante: pourquoi ne pourraient-ils pas refuser? D'autres agents locaux savaient que c'était mal et ils ont fait ce qu'il fallait.
Barbro Soderberg, l'agente officielle du candidat Steven Halicki dans la région de Toronto, affirme s'être battue contre des agents du parti. Elle a déclaré: « Je sais qu'il faut parfois utiliser des méthodes comptables créatives, mais j'ai trouvé cette manoeuvre un petit peu trop créative. »
Andrew Kumpf, cadre supérieur chez Retail Media, l'entreprise qui a conçu les publicités, a fait part de ses préoccupations au Parti conservateur dans un courriel. Il a écrit: « Bien que nous pensions que cette option est légale, nous n'en sommes pas certains hors de tout doute raisonnable. »
Douglas Lowry, agent officiel pour le candidat Sam Goldstein dans Trinity—Spadina, à Toronto, a dit aux enquêteurs d'Élections Canada qu'il n'y avait pas eu de discussion liée aux publicités ni à leurs avantages pour la campagne Goldstein. Il y a beaucoup d'autres déclarations du genre.
Comme nous pouvons le constater à partir de ces déclarations, un grand nombre de personnes ont dit au parti que les manoeuvres de transfert violeraient les règles et les lois de notre pays. Malheureusement, le Parti conservateur a décidé de ne pas les écouter.
Les descentes de la GRC au bureau central des conservateurs n'auraient jamais eu lieu si le parti avait collaboré pleinement avec les enquêteurs. Les conservateurs ont tout d'abord refusé de collaborer avec un comité parlementaire désireux de faire enquête sur ces manoeuvres, puis ils ont refusé de fournir des documents à Élections Canada.
Cette controverse montre un gouvernement qui se croit au-dessus de la loi et qui se croit sans reproche. On voit également à quel point le est devenu arrogant. Il refuse désormais d'écouter ses propres candidats ou ses partisans locaux.
J'aimerais terminer en citant les propos du pendant la dernière campagne électorale. Il a dit: « Je m'engage à appliquer les réformes les plus considérables de l'histoire d'Ottawa et à créer un environnement où les gouvernements seront responsables. »
Voici ce que je voudrais demander au gouvernement: qu'est-il arrivé?
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole et d'appuyer la motion d'opposition du Bloc:
Que la Chambre exprime sa pleine et entière confiance envers Élections Canada et le commissaire aux élections fédérales.
Notant le fait que six députés conservateurs de la Colombie-Britannique ont participé aux manoeuvres de transfert, j'ai l'intention de partager mon temps de parole avec mon collègue et d'appuyer la motion.
Le Parti conservateur semble avoir conçu une manoeuvre systématique pour enfreindre les règles d'Élections Canada à l'égard du financement des campagnes électorales. Élections Canada a pris le Parti conservateur la main dans le sac et conduit maintenant une enquête.
Mon apport à ce débat concerne l'absence de tout sens des responsabilités de la part du Parti conservateur et du gouvernement. Cette absence, je crois, est au coeur même de leur réaction après avoir peut-être été pris en flagrant délit de tricherie.
Il semble qu'il existe non seulement une manoeuvre systématique pour contourner les lois d'Élections Canada, mais également une manoeuvre systématique pour saper la démocratie au Canada. Un de mes collègues, le député de , a parlé tout à l'heure d'un certain nombre de mandataires du Parlement qui ont été renvoyés ou forcés de démissionner par le gouvernement conservateur parce qu'ils avaient critiqué et n'avaient pas appuyé le ou le Parti conservateur d'une manière ou d'une autre. La liste de ces personnes est très longue et elle s'allonge encore.
Je souligne que le président de la Commission du droit du Canada a été congédié en septembre 2006. Un chercheur de la Commission géologique du Canada, Andrew Okulitch, a été congédié en septembre 2006 pour avoir refusé, comme on le lui ordonnait, de faire l'éloge du nouveau gouvernement du Canada dans de la correspondance censée être impartiale. Allan Amey, président de l'Agence canadienne pour l'incitation à la réduction des émissions, a été congédié et son agence démantelée. Jack Anawak, ambassadeur pour les affaires circumpolaires, un dossier important pour le Canada, a été congédié et son poste a été aboli en septembre 2006. L'ambassadrice pour l'environnement a été congédiée en 2006 et je me demande contre quoi elle s'objectait.
Nous constatons une tendance lourde au sein du gouvernement conservateur qui ne veut pas voir les titulaires neutres de postes de responsabilité et inspirant le respect se prononcer sur ses activités.
Le commissaire à l'éthique, Bernard Shapiro, a démissionné après plusieurs querelles avec le au sujet de la nomination du . Jean-Pierre Kingsley, le directeur général des élections, a « démissionné » en décembre 2006 après avoir forcé les conservateurs à admettre qu'ils avaient enfreint la loi sur le financement des élections. Beaucoup de gens ont eu l'impression qu'il avait été contraint de démissionner. John Reid, le commissaire à l'information, a été forcé de démissionner en septembre 2006, après avoir critiqué le premier ministre. Le président de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a « démissionné » en mars 2007 en raison des tentatives de politisation de l'organisme par le gouvernement.
Et la liste continue. L'ombudsman du ministère de la Défense nationale et des Forces canadienne, après des mois de désaccord avec le gouvernement, a été forcé de démissionner après seulement deux ans d'un mandat de cinq ans.
Nous pourrions aussi parler du musellement d'un chercheur réputé d'Environnement Canada, Mark Tushingham, qui, en avril 2006, s'est vu empêché par le gouvernement de faire la promotion de son livre sur le réchauffement de la planète, probablement parce que le gouvernement avait coupé la plupart des programmes libéraux de lutte contre ce phénomène et en faveur de la réduction des GES.
J'attire l'attention sur un plan systématique visant à miner la démocratie en menaçant des commissaires et des mandataires de la Chambre ainsi que des personnes respectées et impartiales qui constituent un maillon de notre démocratie. Ce plan vise aussi à nuire à leur capacité d'examiner le gouvernement et de commenter ses activités et ses actions ainsi que celles du .
La décision d'intenter une poursuite contre le directeur général des élections lorsque son bureau a découvert la possibilité d'une manoeuvre bien orchestrée visant à tricher les contribuables canadiens au moyen de ces transferts de fonds n'est qu'une des nombreuses attaques perpétrées contre notre démocratie ici, au Canada. Ce n'est certainement pas quelque chose que les Canadiens peuvent accepter.
J'ai hâte qu'Élections Canada fasse la lumière sur ce qui s'est réellement passé et commence à mettre un terme à ce système qui consiste à faire taire tous ceux qui ont le courage de dénoncer les activités du et du gouvernement conservateur, à les congédier, à les forcer à démissionner ou encore à intenter des poursuites contre eux.
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Monsieur le Président, j'aimerais vous informer que je vais partager mon temps avec ma collègue, la députée de .
ll me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour réaffirmer la pleine et entière confiance que le Bloc québécois et toute cette Chambre, je l'espère, éprouvent à l'égard du travail d'Élections Canada.
On le sait sans doute, notre système démocratique est reconnu mondialement pour sa transparence, son équité et son intégrité. C'est pourquoi il est fréquent que des équipes formées par Élections Canada soient sollicitées pour superviser des scrutins à l'étranger. Ces dernières années, ce fut notamment le cas en Ukraine et en Haïti.
Si l'expertise d'Élections Canada est devenue une référence sur le plan international, c'est notamment parce que les scrutins au Canada sont assujettis à un cadre légal très strict, un cadre qui permet aux divers partis de s'affronter à armes égales pendant les campagnes électorales. De manière générale, tout le monde respecte le cadre légal, ce qui nous permet de tenir des élections justes et démocratiques.
Évidemment, il arrive que certains candidats commettent des fautes par erreur ou par méconnaissance de la loi. Élections Canada est justement là pour ça, soit pour superviser les partis et les candidats, pour s'assurer que personne n'abuse ou n'enfreigne la loi.
Pour assurer des élections démocratiques, les gens d'Élections Canada doivent donc sentir qu'ils ont la confiance du Parlement, des candidats, des candidates, des électeurs et des électrices. Si cette ligne de confiance est brisée, c'est la qualité de notre vie démocratique qui est affectée.
Or, depuis quelques semaines, les conservateurs, notamment le député de , laissent entendre qu'Élections Canada a un préjugé défavorable envers leur parti. Quant à faire dans la fantaisie, le député aurait aussi pu dire qu'Élections Canada est un nid de libéraux et d'affreux séparatistes! Pourquoi s'arrêter en si bon chemin?
De tels propos constituent des atteintes à la qualité de la vie démocratique. Ils laissent croire que l'organisme a perdu son indépendance. Vous allez me permettre, monsieur le Président, d'inscrire ma dissidence à cet égard.
Ce qui se passe actuellement est une éloquente illustration du principe selon lequel si on n'aime pas le message, on tire sur le messager. En fait, depuis l'élection de l'hiver 2005-2006, les conservateurs ne savent plus quoi inventer pour justifier les gestes qu'ils ont posés. Le Parti conservateur a tenté de déjouer les règles, il s'est cru au-dessus des lois et il tente maladroitement de se justifier. En ce qui me concerne, la cause est entendue.
Le commissaire aux élections fédérales faisait son travail correctement en refusant de rembourser des dépenses à 67 candidates et candidats du Parti conservateur du Canada, car ces dépenses contrevenaient à la Loi électorale. Élections Canada affirme que le Parti conservateur avait mis en place un système lui permettant de dépasser le plafond des dépenses permises pour un parti politique en refilant la facture de publicité nationale à certains candidats.
Parmi la liste des 67 candidats qui auraient permis à leur parti de dépasser le plafond autorisé, il se trouve qu'il y en a plusieurs dans ma région. Dans la circonscription de que je représente, j'ai moi-même affronté un adversaire qui s'est fait prendre dans cette nébuleuse affaire.
Une voix: Va le dire à l'extérieur.
Mme France Bonsant: Avec plaisir.
Mon adversaire conservateur, M. Gary Caldwell, soutenait, encore cette semaine, qu'il avait fait confiance à la direction du parti en acceptant que des sommes soient déposées dans le compte de l'organisation locale. Je cite ce qu'il a dit: « L'argent devait être dépensé pour de la publicité locale, mais ça n'a pas été fait ». C'est ce que M. Caldwell a déclaré dans le journal La Tribune. M. Caldwell a cependant eu la sagesse de rembourser les sommes dues lorsqu'il a été avisé par Élections Canada du caractère illégal du geste qu'il a posé, et je peux le dire à l'extérieur de la Chambre.
Dans , l'ex-candidat Jean Landry a affirmé avoir dépensé 55 000 $ lors de sa campagne et qu'Élections Canada refuserait de lui rembourser 26 000 $ pour une publicité locale qui s'est transformée en publicité nationale.
M. Caldwell et M. Landry ne sont pas les seuls à dire ouvertement ce qui s'est passé dans leur parti, mais d'autres n'osent pas parler. Parmi les candidats qui ont participé à cette douteuse opération, plusieurs siègent aujourd'hui en cette Chambre, notamment le député de , mais aussi des députés de la région de Québec. C'est même avec amusement que j'ai appris en fin de semaine...