propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole au sujet du projet de loi .
Veiller à la sûreté des produits alimentaires et de santé est un des rôles les plus fondamentaux que joue le gouvernement fédéral dans la société canadienne. Il y a beaucoup de produits de santé sur le marché aujourd'hui, et il y en aura de plus en plus. Nous sommes à une époque où les Canadiens s'intéressent vivement à la sûreté des aliments qu'ils consomment et des produits qu'ils utilisent. Nous sommes évidemment à une époque où les Canadiens veulent savoir que leur gouvernement prend leur sécurité au sérieux.
[Français]
Nous savons que la confiance des Canadiens doit être acquise quotidiennement. Les antécédents ne suffisent pas.
C'est pourquoi, dans le discours du Trône d'octobre, le gouvernement s'est engagé à proposer « des mesures sur la sûreté des aliments et des produits, afin d'aider à faire en sorte que les familles aient confiance dans la qualité et la sûreté des biens qu'elles achètent ».
[Traduction]
En décembre, ces mesures ont commencé à se concrétiser quand le a annoncé le nouveau Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation. Le but de ce plan est de moderniser et renforcer le système canadien de sécurité des aliments et des produits de santé et de consommation. Nous avons financé cette mesure en y investissant 113 millions de dollars, seulement pour les deux prochaines années, dans le budget de 2008.
La prochaine étape est de moderniser notre législation afin de disposer des outils nécessaires pour mieux protéger les Canadiens. C'est pourquoi la Chambre est aujourd'hui saisie du projet de loi . La Loi sur les aliments et drogues a plus de 50 ans et bon nombre de ses dispositions ne reflètent plus les réalités d'aujourd'hui. Le projet de loi vise à moderniser cette loi en y inscrivant une nouvelle approche qui reflète l'économie mondiale. Cette nouvelle approche est conçue pour prévenir les problèmes avant qu'ils n'aient lieu, cibler les risques les plus élevés et intervenir rapidement dès que survient un problème.
Je vais prendre quelques instants pour décrire certains des éléments clés du projet de loi . Celui-ci améliore le cadre juridique pour protéger et promouvoir la santé et la sécurité des Canadiens dans les domaines des produits de santé et des aliments. Bien qu'il porte sur de nombreuses activités dans un très vaste domaine, certains des aspects les plus importants du projet de loi sont les modifications qu'il apporterait au processus d'homologation des produits de santé au Canada.
Selon la loi canadienne, à l'heure actuelle, personne ne peut tout simplement se mettre à fabriquer ou à vendre les produits de santé visés par ce projet de loi. Personne ne peut lancer un essai clinique visant un nouveau produit de santé. Un permis du gouvernement du Canada est nécessaire et n'est délivré que si certaines conditions importantes sont respectées. Pour les produits de santé, le critère de l'homologation est le suivant: les avantages éventuels du produits sont-ils plus grands que ses risques potentiels?
Selon l'ancienne approche de la Loi sur les aliments et drogues, toute entreprise ayant obtenu un permis est assujettie à relativement peu de mesures qui permettraient de confirmer de façon continue qu'un médicament ou un produit respecte ce critère de sécurité, même si des risques nouveaux ou plus grands sont constatés. Ainsi, au Canada, les exigences de suivi de sécurité des produits thérapeutiques que commercialisent les sociétés ne sont pas à la hauteur de celles des autres principaux organismes de réglementation.
Évidemment, la vaste majorité des entreprises respectent les obligations qui les lient aux consommateurs. Cependant, l'absence d'un cadre les obligeant à agir de la sorte ne satisfait ni les Canadiens, ni le gouvernement actuel. Le projet de loi vise à combler l'écart qui existe entre la réalité d'aujourd'hui et ce que nous souhaitons.
[Français]
Notre approche rigoureuse d'homologation des produits de santé demeurera aussi sévère. Toutefois, le projet de loi entend doter le gouvernement des outils qui lui permettront d'exiger une confirmation permanente que les produits de santé demeurent conformes aux normes après leur introduction sur le marché. Ces outils lui permettront, en outre, d'intervenir et de décréter un rappel, le cas échéant.
[Traduction]
La mesure établit l'approche dite du cycle de vie, à savoir un système continu de surveillance de la sécurité, de l'efficacité et de la qualité des médicaments et d'autres produits thérapeutiques. Son point de départ est l'essai clinique qu'une entreprise doit mener avant de pouvoir commercialiser son produit au Canada. Cette étape permet normalement d'obtenir les renseignements nécessaires pour détecter et prévenir tout problème de sécurité.
À toutes les étapes du cycle de vie d'un produit, les scientifiques de notre gouvernement se fonderont sur les constatations les plus récentes pour évaluer si les avantages du produit continuent d'être plus grands que ses risques éventuels.
Avec l'approche du cycle de vie, nos efforts de surveillance cibleront les risques élevés et nous donneront l'information nécessaire pour réagir rapidement à tout problème. Le caractère continu de l'information augmentera la probabilité d'identifier rapidement les menaces à la sécurité et à la santé et d'intervenir de façon beaucoup plus efficace.
La mesure législative proposée favorise également la sécurité du fait qu'elle autorise l'élaboration d'une réglementation grâce à laquelle les effets indésirables des médicaments feront l'objet de rapports plus soutenus. Il deviendra alors possible de collaborer avec les provinces et les territoires pour obliger les hôpitaux à faire rapport de tels effets indésirables. L'information ainsi rendue disponible entraînera une amélioration de la sécurité des médicaments. Il sera donc possible de détecter les problèmes de façon plus précoce et d'intervenir plus tôt et ainsi mieux protéger les Canadiens.
[Français]
De même, le projet de loi fera en sorte que les Canadiens, de façon générale, aient plus facilement accès à une information pertinente au sujet des produits de santé.
Ce projet de loi comprend des dispositions qui rendront le système réglementaire plus ouvert et plus transparent, pour que les Canadiens puissent obtenir les renseignements dont ils ont besoin au sujet des risques et des avantages liés aux produits afin de faire des choix éclairés.
[Traduction]
L'industrie prend généralement très au sérieux la sécurité des consommateurs et collabore avec les gouvernements lorsque des problèmes surviennent à cet égard. Le projet de loi comprend des dispositions visant à faire en sorte que des mesures correctives soient prises à l'égard des quelques fournisseurs qui ne coopèrent pas.
Cela comprend la capacité d'ordonner le rappel d'un produit de santé du marché canadien, au besoin, afin de protéger la santé et la sécurité des Canadiens. Nous avons besoin de cette capacité si nous voulons répondre le plus rapidement possible aux problèmes dès que nous apprenons leur existence afin d'être mieux en mesure de protéger la santé des Canadiens.
En vertu de ce projet de loi, les quelques compagnies qui ne se préoccupent pas suffisamment de la santé et de la sécurité des gens qui utilisent leurs produits auraient également des pénalités beaucoup plus élevées à payer pour leurs gestes.
Pendant très longtemps, l'amende maximum pour les produits de santé dans la Loi sur les aliments et drogues était de seulement 5 000 $. Le projet de loi propose des amendes plus sévères pouvant atteindre 5 millions de dollars pour les infractions graves. En outre, il n'imposerait aucun plafond aux peines maximales que les tribunaux pourraient établir à leur discrétion lorsqu'il serait démontré que le fournisseur a agi intentionnellement ou par insouciance. Avec ces nouveaux moyens dissuasifs, les fabricants auront encore plus de raisons de prévenir l'apparition de ces problèmes.
Le projet de loi et tous les efforts qui ont été faits dans le cadre du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation envoient un message important aux Canadiens et aux organisations qui produisent, importent, distribuent et utilisent les produits de santé traités par le projet de loi.
Le gouvernement du Canada prend la protection des consommateurs au sérieux, et nous agissons. Nous le faisons en partie en modernisant la Loi sur les aliments et drogues pour empêcher le plus grand nombre possible de problèmes, pour cibler les risques les plus importants et pour assurer une réponse rapide aux problèmes à mesure qu'ils surgissent. Nous le faisons en apportant des améliorations à un système de sécurité des produits alimentaires et de consommation, qui fonctionne déjà bien, pour qu'il réponde encore mieux aux besoins des Canadiens.
[Français]
Je demande instamment à tous les partis d'appuyer le projet de loi afin que nous puissions offrir aux Canadiens le système qu'ils réclament et dont ils ont besoin pour assurer l'innocuité des produits alimentaires et de santé.
:
Monsieur le Président, je remercie tous les députés.
Je ne veux pas indisposer le ministre pendant qu'il est encore à la Chambre, mais il ne sera pas très heureux d'apprendre que nous tentons depuis deux jours consécutifs de trouver un terrain d'entente à l'égard du projet de loi qu'il a présenté à la Chambre des communes. J'ai hâte que cette mesure législative soit renvoyée au comité pour pouvoir l'examiner plus à fond.
Je suis satisfait de la réponse qu'il a donnée au député de . Elle va dans le même sens que la discussion que j'ai eue avec le secrétaire parlementaire au sujet des craintes suscitées par le fait que le projet de loi ne cible pas certains produits de santé naturels et produits thérapeutiques naturels. Comme cette crainte était présente, j'estime que ce sera nécessaire. Si j'ai bien compris, nous pouvons avoir l'assurance que le gouvernement collaborera si des changements doivent être apportés aux définitions ou au projet de loi pour que cela soit clairement établi.
Il reste toutefois une préoccupation dont on m'a fait part à titre de porte-parole de l'opposition dans ce domaine, et que l'on va sans aucun doute porter à l'attention des députés. Il s'agit de la publicité directe. Même si les bureaucrates ou les représentants du ministère me disent que ce projet de loi ne vise pas à permettre la publicité directe, il n'en reste pas moins qu'il change la façon de traiter cette forme de publicité.
À l'origine, le projet de loi était clair à ce sujet. La seule publicité admise au sujet des médicaments sur ordonnance ne devait porter que sur le nom, la quantité et le prix. Seuls ces éléments pouvaient faire l'objet d'une publicité. Si je comprends bien, dans ce cas-ci, le gouverneur en conseil a le pouvoir de prendre des règlements concernant la publicité.
Je crois comprendre qu'on ne cherche pas à libéraliser la publicité, mais il n'en demeure pas moins que le projet de loi retire au Parlement et au comité leur droit de regard à ce sujet. Cela suscite des inquiétudes et j'espère que le gouvernement sera disposé, au comité, à examiner la possibilité de modifier le projet de loi afin de préciser cette question.
Nous pourrions procéder de deux façons: comme nous l'avons fait pour certains éléments de la Loi canadienne sur la santé, c'est-à-dire en soumettant les règlements à l'approbation du comité, en nous limitant toutefois aux règlements concernant la publicité, car il n'est pas nécessaire de viser tous les règlements autorisés en vertu de la loi. Nous pourrions également proposer une modification à la loi. Je vais laisser au gouvernement le temps d'étudier ces modifications avant que le projet de loi ne soit renvoyé au comité. J'espère qu'il sera possible de s'entendre à leur sujet. Sinon, je suis persuadé que nous pourrons en proposer au comité.
Ceci étant dit, je crois que les principes de ce projet de loi sont très bons. Il ne s'agit pas d'un projet de loi qui a été élaboré par le gouvernement au cours des dernières semaines. Ce projet de loi est le résultat d'un processus de discussions et de consultations entrepris en 2003 et qu'on appelait à l'époque processus de réglementation intelligente. Nous examinions la possibilité d'une réforme des lois canadiennes nécessitant de tels règlements afin de déterminer s'il était possible de mieux faire les choses dans le but d'être plus concurrentiels, tant ici qu'à l'étranger, tout en protégeant les Canadiens.
Un des éléments qui entrent en jeu ici, c'est la sécurité des médicaments. Il est très difficile de garantir la sécurité des médicaments. Comme l'a souligné le ministre, on permet la mise en marché d'un produit pharmaceutique si ses avantages potentiels sont supérieurs à ses risques potentiels. Nous ne savons pas nécessairement après l'évaluation initiale ce qui se passera avec un médicament avec le temps, s'il évoluera après les essais cliniques initiaux ou si d'autres médicaments ou traitements interagiront avec lui. Nous ne le savons pas.
Nous fonctionnons ici avec le principe que l'on appelle l'homologation progressive et que l'on appelle maintenant aussi des approbations du cycle de vie ou l'approche du cycle de vie. J'ignore comment on pourrait appeler cela pour rendre compte de la situation réelle, mais pour qu'un produit soit mis en marché, il doit répondre dès le départ à des critères de sécurité qui ne varient pas. Les critères ne sont pas amoindris.
Une fois un produit sur le marché, Santé Canada peut ordonner d'effectuer de nouveaux essais cliniques ou retirer la licence du produit si elle n'est pas respectée. Je crois que c'est important parce que nous aurions pu adopter un processus extrêmement restrictif garantissant une sécurité absolue, mais, dans ce cas, aucun produit pharmaceutique ne parviendrait sur le marché.
Cependant, grâce au processus adopté, nous assurons la sécurité du produit au moyen d'essais cliniques, puis nous avons le temps de faire des évaluations une fois le produit sur le marché parce que l'utilisation réelle du produit peut différer de l'usage prévu au départ. Nous avons entendu dire en comité que le règlement sur les aliments et drogues des États-Unis utilise un système dit de 10 000 doses. Après 10 000 doses, on fait une nouvelle évaluation du produit. Ici, cela peut varier selon le traitement.
Une fois que les experts de Santé Canada voient comment l'utilisation d'un médicament évolue, ils peuvent ordonner de faire de nouveaux essais cliniques quand ils le jugent bon. Je crois qu'il est important de comprendre ce que cela signifie.
Tout d'abord, nous savons que pratiquement aucun produit pharmaceutique, et je pourrais presque dire aucun produit, n'est approuvé pour une administration à des enfants. L'utilisation des médicaments chez des enfants est rarement approuvée parce qu'il est très difficile de faire des essais cliniques en pédiatrie. Ces essais sont fait au départ sur des adultes. Ensuite, avec le temps, des spécialistes étudient les doses et l'usage des médicaments d'ordonnance dans le cadre de leur travail. Lorsqu'ils constate qu'un médicament peut servir en pédiatrie, ils essaient de trouver la bonne dose.
Un médicament peut être mis au point pour un usage précis. Par exemple, nous avons entendu parler de l'utilisation du Viagra en pédiatrie. Un médicament peut être mis au point pour traiter une maladie précise, mais on peut constater avec le temps qu'il peut être encore plus utile pour traiter d'autres maladies. C'est ce que l'on appelle une utilisation non indiquée sur l'étiquette.
Il n'y a pas longtemps, j'ai lu quelque chose à propos d'un médicament anticancéreux qui était utilisé contre la dégénérescence maculaire. Il était aussi efficace que le médicament utilisé auparavant pour lutter contre cette forme de dégénérescence. Nous pouvons donc voir comment un médicament peut servir à d'autres fins que celles pour lesquelles il a initialement fait l'objet d'essais cliniques.
Grâce à ce projet de loi, Santé Canada pourra maintenant ordonner des essais cliniques visant cette utilisation et ce groupe particulier. Si nous découvrons avec le temps qu'un traitement ou un produit pharmaceutique est principalement utilisé par des personnes âgées, à savoir les gens ayant entre 50 et 65 ans, Santé Canada pourrait peut-être ordonner un essai clinique particulier à cet égard. Si les produits sont destinés à des gens qui ont certaines maladies et qu'il y a des risques, nous pouvons agir ainsi.
C'est une approche logique et intelligente qui permet au médicament d'être mis sur le marché selon les mêmes critères que ceux qui existent maintenant. À mon avis, c'est ce que les Canadiens doivent comprendre. On n'assouplit pas les critères initiaux. C'est une façon raisonnable et intelligente de surveiller l'utilisation du produit au fil du temps et de changer les conditions de délivrance d'une licence.
Je pense qu'il est important de réagir à la peur qui règne. Bon nombre de Canadiens voient de grands bienfaits dans l'utilisation de produits de santé, de produits thérapeutiques, de produits de santé naturels ou de produits biologiques — ou peu importe comment nous voulons les appeler — vendus sans ordonnance. Il y a différentes appellations. Les gens craignent que l'application du projet de loi les empêche d'avoir accès à ces produits. Tout comme les autres députés, j'ai reçu des appels à ce sujet.
Je prends le ministre au mot. Quand j'ai lu le projet de loi, je n'y ai vu aucun effet sur la Direction des produits de santé naturels ni aucune répercussion sur ces produits, mais des Canadiens ont peur. Il faudra veiller à dissiper ces craintes avant que le projet de loi franchisse les différentes étapes à la Chambre des communes et au Sénat.
Hier, pendant notre étude du projet de loi , j'ai soulevé une question sur le pouvoir de rappel et j'ai dit qu'il fallait faire attention. Il faut éviter que le pouvoir de rappel se transforme en obligation. Si nous octroyons ce pouvoir au ministre et à ses inspecteurs, il faudra veiller à ce qu'on s'en serve uniquement quand on aura utilisé toutes les autres méthodes et qu'elles auront échoué. Jusqu'à présent, le système n'a posé aucun problème. Les négociations sont fructueuses.
Je vois que mon temps est écoulé. Je remercie les députés de leur attention.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi . Comme mon collègue de l'a dit plus tôt dans ses commentaires, ce sont deux projets de loi successifs, les projets de loi C-51 et , que nous aimerions bien sûr soumettre au comité pour qu'il en fasse une analyse technique et qu'il poursuive la recherche, mais en principe, nous sommes d'avis qu'ils devraient être adoptés.
La partie du projet de loi dont je tiens à parler est celle qui porte sur les aliments. Je crois que les gens tiennent à ce que nous prenions les mesures nécessaires pour assurer l'innocuité des produits. Je dirais même qu'il y a presque une mobilisation publique en faveur de l'adoption de mesures plus sévères dans ce sens. Nous avons récemment eu connaissance de plusieurs incidents impliquant des aliments dangereux. Les préoccupations en matière de santé et de produits de consommation ont fait ressortir la nécessité de moderniser la Loi sur les aliments et drogues. Il ne faut pas oublier que cette loi a été rédigée en 1953, et les modifications proposées apportent des mises à jour utiles.
Le projet de loi permettrait essentiellement de modifier la Loi sur les aliments et drogues et de moderniser le régime de réglementation visant les aliments et les produits thérapeutiques. Il améliorerait la surveillance des avantages et risques des produits thérapeutiques tout au cours de leur cycle de vie. Le projet de loi vise à encourager les sociétés à respecter les règles et les mesures d'application et à faire rapport de toute réaction indésirable ou de risques potentiels pour la santé liés à l'utilisation d'un produit. Je reconnais que ce projet de loi donnerait d'importants pouvoirs de réglementation au ministre.
Je sais qu'il y a des préoccupations à cet égard. Nous avons déjà reçu bon nombre de lettres. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est si important que nous soumettions ce projet de loi au comité sans délai, pour que l'on puisse établir la liste des témoins à entendre et discuter de ces préoccupations. Nous voyons bien sûr d'un bon oeil l'idée d'améliorer la santé et la sécurité des Canadiens. Nous tenons résolument à apporter des améliorations à cet égard. Nous appuyons l'idée d'adopter des mesures en vue de renforcer le système de réglementation afin de permettre aux Canadiens d'avoir accès aux aliments et aux produits thérapeutiques les plus sûrs et les plus efficaces dans le monde.
J'aimerais parler principalement de la partie du projet de loi qui porte sur les aliments, soit les articles 4 à 6. Le projet de loi créerait de nouvelles infractions liées aux aliments, aux produits thérapeutiques et aux cosmétiques. Il exigerait l'obtention d'une licence pour l'importation et le commerce interprovincial d'aliments.
Il y a déjà eu un projet de loi C-27 sur le même sujet au cours d'une législature précédente. Nous avions longuement étudié les règles portant sur l'importation et le commerce interprovincial des aliments. Il faut avouer qu'il était nécessaire d'apporter des améliorations dans ce secteur pour garantir que les aliments importés sont sans danger et qu'ils satisfont aux mêmes exigences règlementaires que les aliments produits au Canada.
Ce projet de loi élargirait les pouvoirs réglementaires dans tous les domaines. Dans le domaine alimentaire, plus précisément, il élargirait les pouvoirs des inspecteurs. Je tiens à faire remarquer que, pas plus que le gouvernement et les bureaucrates, nous n'avons l'intention d'élargir les pouvoirs des inspecteurs au point où ils deviendraient excessifs. Notre intention est de faire en sorte que nous disposions des ressources humaines et des pouvoirs nécessaires pour faire face aux problèmes qui peuvent survenir sur les tablettes des épiceries ou dans le cas des aliments importés.
Je ferai cependant une mise en garde. Les députés qui font partie du Comité de l'agriculture savent que, pour faire son travail, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a besoin d'effectifs accrus. L'autre jour, le gouvernement a dit qu'il prendrait les dispositions financières qui s'imposent à cet égard, mais il faudra de nouvelles ressources financières et humaines pour que l'Agence canadienne d'inspection des aliments puisse faire son travail et exercer les pouvoirs accrus qui lui seront conférés en vertu de ce projet de loi.
Je tiens également à souligner le fait que l'une des réserves soulevées au comité concernait le fait que ces coûts ne devraient pas être refilés aux producteurs primaires. Ils en ont assez comme cela. Les producteurs primaires ne devraient pas avoir à supporter le coût des inspections alimentaires au Canada. C'est une question de sécurité et de santé publique. Les inspections sont la responsabilité de l'État et nous espérons que le gouvernement prendra cette question au sérieux et qu'il financera l'Agence canadienne d'inspection des aliments de façon à ce qu'elle puisse faire son travail.
Les nouvelles interdictions énumérées dans le projet de loi donnent vraiment au gouvernement le pouvoir d'agir lorsque quiconque communique sciemment au ministre des renseignements faux ou trompeurs relativement à toute question visée par le projet de loi, ou lorsque quiconque altère en toute connaissance de cause un aliment, un produit thérapeutique ou un cosmétique, y compris son étiquette ou son emballage.
Nous avons entendu parler d'un grand nombre de cas où, il y a des années de cela, des gens ont fait courir dans les médias, dans le cyberespace et ailleurs la rumeur qu'ils avaient altéré un produit se vendant dans un marché d'alimentation. Ce genre de canular, de menace ou d'acte terroriste sème la peur chez les consommateurs, et les affaires des entreprises touchées en souffrent. Le projet de loi donnerait aux autorités compétentes plus de pouvoirs pour réagir aux canulars ou aux menaces et même pour intervenir lorsque des produits alimentaires ont effectivement été altérés.
L'autre partie de l'article 4 interdit en outre d'importer un aliment qui est nuisible à la santé humaine. Voilà un aspect du projet de loi qui est nouveau et important compte tenu du contexte commercial actuel. Il est en effet très important que l'on traite les aliments importés de la même façon que ceux qui sont produits ici et vendus à l'épicerie et que des dispositions soient prises à l'égard des sociétés ou des personnes qui importent des aliments nuisibles à la santé humaine. C'est une mesure très importante.
Au Canada, on tient généralement notre système alimentaire pour acquis. Les agriculteurs canadiens produisent les aliments les plus sûrs du monde. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas assez rémunérés pour ce qu'ils font. En effet, les Canadiens ne consacrent que 13,5 p. 100 de leur revenu à l'achat de nourriture et, dès le début de février, leur facture annuelle est déjà payée. Nous ne voulons pas que se retrouvent sur les tablettes d'épiceries des produits qui nuiront à la réputation des producteurs primaires canadiens.
Le dernier point que j'aborderai, puisqu'il semblerait que je vais manquer de temps, est un point que j'ai déjà soulevé, mais sur lequel j'aimerais néanmoins revenir. Les agriculteurs canadiens font l'objet, dans la réglementation gouvernementale, de deux poids, deux mesures. Il faut qu'on soit sur un pied d'égalité avec le reste de la planète. Il ne faut pas imposer un fardeau réglementaire supplémentaire.
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AsMonsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de parler, à l'étape de la deuxième lecture, du projet de loi qui veut modifier la Loi sur les aliments et drogues. On sait que cette loi existe depuis 40 ans et qu'elle n'a pas subi beaucoup d'ajustements quant à la sécurité liée aux aliments et drogues.
Le projet de loi s'apparente beaucoup et est intimement lié au projet de loi qui veut mieux encadrer les produits de recommendation offerts sur le marché et rassurer la population quant à leur sécurité.
Ici, on va donc un peu plus loin. On veut couvrir d'autres produits, dont les produits pharmacologiques, et tenir compte de la pharmacovigilance.
Le gouvernement veut moderniser sa loi. Pourquoi? Parce que la population est très inquiète. Depuis quelques mois et quelques années, on a porté à notre connaissance le fait que certains produits sont dangereux pour la santé. On n'a qu'à penser à des médicaments qui ont des effets nocifs sur la santé et qui ont causé la mort.
À titre d'exemple, je signalerais Singulair de la compagnie Merck Frosst, un médicament contre l'asthme qui génère des pensées suicidaires. Champix, médicament antitabagique produit par Pfizer, crée aussi des pensées suicidaires et la dépression. De plus, les antipsychotiques chez les enfants causeraient de l'obésité. Ce sont les effets négatifs suivant la prise de ces médicaments.
De plus en plus de gens s'inquiètent à propos de certains médicaments sur le marché. Certains produits de consommation, comme des jouets pour enfants ou des dentifrices produits en Afrique du Sud, contenaient aussi des substances toxiques. Dans d'autres produits, on retrouve également du mercure. Le gouvernement présente ce projet de loi, qui a été demandé, pour que la population arrête de s'inquiéter par rapport à la sécurité des médicaments et autres produits de consommation.
On a interpellé le ministre plusieurs fois sur cette question. La vérificatrice générale, entre autres en 2006, a produit un rapport assez cinglant par rapport au gouvernement: il devait réajuster son tir. Le manque de contrôle de l'Agence canadienne d'inspection des aliments comptait alors au nombre des critiques de la vérificatrice générale. Même cette agence admet que des denrées non sûres peuvent se retrouver sur les tablettes, et la population a raison de s'inquiéter.
Le projet de loi répondra-t-il adéquatement à la situation pour assurer la sécurité liée aux aliments et aux médicaments?
Le ministre, par son projet de loi, veut probablement rassurer la population. L'objectif du projet de loi est d'augmenter la responsabilité de l'industrie pour ce qui est des aliments mis en marché. Le gouvernement pourra aussi obliger la mise en œuvre de contrôles de salubrité des aliments. Pour ce faire, il prévoit avoir un pouvoir de vérification à tout moment, un pouvoir que l'on déléguera au ministre. Il obligera aussi l'industrie à déclarer les effets indésirables causés par l'ingestion de certains aliments. Il permettra aussi un registre de traçabilité non seulement pour les aliments, mais aussi pour les cosmétiques et les produits thérapeutiques.
S'y prend-il de la bonne façon? On sait que les objectifs sont louables. Comment s'y prendra-t-il? On sait que toute une réglementation suivra ce projet de loi, mais aujourd'hui, on ne peut pas discuter de la réglementation parce qu'elle n'est pas disponible. On espère que cette réglementation pourra être offerte aux parlementaires lors de l'étude en comité. En ce qui concerne la Loi sur la procréation assistée, qui date de 2004, une seule réglementation a été soumise à l'étude en comité, et nous sommes toujours en attente de cette réglementation. On espère donc que la réglementation suivra très bientôt ce projet de loi pour que l'on puisse en débattre en comité.
Le gouvernement répondra-t-il à l'attente de la population?
En réponse à cette crainte vis-à-vis de la sécurité des aliments et des produits thérapeutiques, la vérificatrice générale allait dans la bonne direction quand elle a sonné l'alarme au gouvernement en lui demandant d'augmenter les ressources humaines et surtout d'accorder des moyens financiers en matière d'inspection.
On n'a qu'à penser aux produits naturels, par exemple. On sait qu'entre 33 000 et 40 000 produits sont en attente d'être inspectés avant qu'on ne leur accorde une licence d'homologation, et ce, en raison d'un manque d'inspecteurs. C'est le cas non seulement pour les produits naturels, mais surtout pour les aliments et produits de consommation. Bien souvent, ces inspecteurs n'auraient pas la formation voulue pour pouvoir inspecter adéquatement tous ces produits.
On demandait donc une meilleure formation du personnel et de meilleures ressources humaines. Cet objectif sera-t-il atteint par ce projet de loi. On constate effectivement que les ressources sont insuffisantes, comme je le disais. Non seulement la vérificatrice générale, mais aussi les représentants de l'Agence canadienne d'inspection des aliments déploraient certaines lacunes.
Aujourd'hui, le projet de loi va un petit peu plus loin. En comité, nous sommes en train d'étudier notamment les aspects de la surveillance postcommercialisation et de la pharmacovigilance. Au cours des derniers mois, nous avons rencontré des experts et des témoins. Nous aurions souhaité que le projet de loi puisse reposer sur les orientations que le comité aurait données au ministre à la suite des recommandations de ces experts. Or, il a précédé le travail du comité, en quelque sorte, et il y a un peu dédoublement.
En effet, nous étudions ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Nous allons voter en faveur du projet de loi parce que nous voulons qu'il revienne en comité pour y être étudié. Il faudra donc inviter à peu près le même nombre de personnes ou les mêmes experts à venir nous présenter leur vision de ce projet de loi. Nous aurions souhaité que le ministre attende de prendre connaissance de nos amendements et de nos recommandations.
Comme cela n'a pas été fait, nous espérons que le ministre sera ouvert à certains amendements à apporter au projet de loi, dans la mesure où il ne tient pas compte de toutes les préoccupations de l'ensemble des témoins qui ont comparu en comité. Nous espérons donc que le gouvernement fera preuve d'ouverture à l'égard de ces amendements. Je suis certaine qu'il y aura des propositions d'amendements, car le projet de loi ne répond pas de façon adéquate au problème de la sécurité des aliments et des produits thérapeutiques.
J'aimerais aussi parler des effets indésirables des médicaments, sujet abordé dans le projet de loi. Nous avons eu des commentaires d'experts qui nous ont apporté certains éclairages. C'est ce que nous aurions voulu présenter au ministre avant même le dépôt de ce projet de loi. Par exemple, on n'a qu'à penser à l'obligation pour les hôpitaux de produire une déclaration obligatoire des effets indésirables, comme c'est stipulé dans le projet de loi. Plusieurs témoins nous ont dit que ce n'était peut-être pas la bonne orientation à prendre. En réalité, de 1 à 10 p. 100 des effets indésirables sont déclarés. Est-ce pour augmenter cette incidence que le gouvernement introduit cette mesure? C'est probablement le cas.
On voudrait susciter davantage d'intérêt envers la déclaration d'effets indésirables, mais pas de n'importe quelle façon. Certains témoins sont venus nous dire que les hôpitaux n'auraient peut-être pas les structures adéquates pour répondre à cette demande. Cela représenterait peut-être trop de bureaucratie.
Je ne sais pas quel éclairage le ministre nous apportera sur cet enjeu. Quoi qu'il en soit, nous aurions souhaité lui soumettre nos propres recommandations après avoir fait le bilan de tous les témoignages.
Comme je le disais, le projet de loi vise aussi la création d'un registre des effets néfastes des médicaments.
À cet égard, nous nous interrogeons sur la déclaration d'effets indésirables graves et rares, mais surtout sur la rétroaction au chapitre de l'information de façon à ce que les professionnels de la santé soient tenus au courant de l'information tirée de la déclaration d'effets indésirables. On connaît déjà la fréquence des effets indésirables communs grâce aux essais cliniques. Selon certains témoins, ce qui importe, c'est ce qu'on ne connaît pas, à savoir les effets qui ne sont pas connus.
Aussi, concernant la déclaration obligatoire en milieu hospitalier, comme je le disais, étant donné que tous les effets indésirables devront être déclarés, et non uniquement ceux méconnus et plus graves, les pharmaciens d'hôpitaux craignent voir leur charge de travail augmenter considérablement. Ainsi, concernant cette déclaration d'effets indésirables, devrait-on faire prévaloir la quantité ou la qualité des déclarations? Une augmentation du nombre de déclarations risque d'entraîner une dilution de l'information la plus valable.
Plusieurs témoins nous ont dit que le questionnement devrait donc privilégier les effets indésirables et imprévus. La fréquence d'un effet indésirable importe-t-elle? Ce sont des questions que nous nous posons encore aujourd'hui en comité. Nous croyons que, pour le moment, la question n'a pas été encore vidée. C'est pourquoi nous questionnerons le gouvernement à ce sujet en comité.
À titre d'exemple, je vais mentionner le fait qu'un témoin, M. Bruce Carleton, clinicien et scientifique supérieur à l'Université de la Colombie-Britannique et à l'hôpital général pour enfants de la Colombie-Britannique, suggère de regarder du côté de la génétique des patients et de la bio-transformation des médicaments. Selon lui, en fonction de la note génétique, on ne réagit pas de la même façon aux médicaments. Si des recherches plus approfondies étaient menées au plan de la génétique, il serait possible de prévoir et donc d'éviter les effets indésirables que subiraient un patient lors de la prise d'un médicament précis.
C'est pour démontrer la complexité de la détection des effets indésirables. On aurait voulu que ce soit un peu plus proactif, qu'on sorte des sentiers battus, qu'on fasse preuve d'ingéniosité et qu'on aille au-delà d'une simple déclaration indésirable par rapport à la prise d'un médicament. Comme je le mentionnais, c'est ce qu'on appelle la pharmaco-génomique.
Ainsi, en lien avec la création d'un registre des effets néfastes et la déclaration d'effets indésirables par les hôpitaux, une des inquiétudes majeures que nous avons eues en comité a trait au moyen utilisé pour le suivi sur la post-commercialisation. Comme je l'ai dit plus tôt, l'efficacité du suivi post-commercialisation dépendra de la façon dont s'articulera le registre des effets néfastes des médicaments ainsi que de l'efficacité de la rétroaction des professionnels de la santé, notamment les pharmaciens et médecins.
Ce n'est pas tout de créer des registres et de récolter des données. La vérificatrice générale, dans son témoignage le 10 avril dernier, disait qu'il existe des faiblesses dans l'analyse de l'interprétation de l'information sur les événements indésirables et qu'il n'y a pas de système proactif pour déceler ces tendances qui pourraient révéler l'existence d'un risque grave pour la santé.
On voit donc là que le travail du comité aurait pu éclairer le ministre en ce qui a trait à ce projet de loi. Comme je le disais plus tôt, nous aurions souhaité qu'il attende nos réactions et nos recommandations suite à l'analyse que nous faisons depuis trois mois sur la pharmaco-vigilance. Certains témoins ont également suggéré la création d'un bureau d'examen indépendant.
Qu'en est-il? Est-ce que le projet de loi couvrira cet aspect? On sait très bien que les essais cliniques sont faits par les fabricants et on sait très bien que, souvent, plusieurs effets indésirables sont connus mais ne sont pas révélés et que le médicament est mis sur le marché. Nous aurions donc souhaité la création d'un bureau d'examen indépendant et plusieurs témoins sont venus nous le dire.
Par la suite, on dit que le cycle de vie d'un médicament sera prolongé, mais on souhaiterait que ce soit fait non seulement par les fabricants, mais aussi par un bureau d'examen indépendant, et ce, tout au long du cycle de vie du médicament. On sait souvent que les médicaments ont été testés auprès de certains patients, mais d'autres groupes dans la population n'ont pas été testés — par exemple, les enfants et les personnes âgés — et, souvent, ces médicaments ont des effets indésirables et sérieux s'ils sont utilisés.
On suggère aussi la création d'un centre d'excellence de recherche mis sur pied en collaboration avec le réseau universitaire. Ce centre pourrait mener des études pharmacoépidémiologiques qui seraient obligatoires selon la loi et financées par l'industrie, mais pas menées par elle, contrairement à maintenant. Un autre guide a été suggéré, pour qu'il soit encore beaucoup plus proactif et qu'il y ait une certaine indépendance par rapport à l'industrie pharmaceutique.
Toute déclaration obligatoire d'effets indésirables demeurera sans effet si elle n'est pas traitée convenablement. C'est un peu l'analyse que faisaient plusieurs témoins qui voulaient que le gouvernement bouge quant à cette question. Le projet de loi répondra-t-il à toutes ces inquiétudes?
Pour le moment, comme je vous l'ai dit plus tôt, des médicaments ont été retirés du marché, mais ils auraient pu ne pas être mis en marché immédiatement: on aurait pu attendre que soient faits d'autres essais cliniques.
On craint aussi que l'on veuille raccourcir le processus avant que le médicament ne soit mis sur le marché. On a une certaine crainte par rapport au cycle de vie du médicament, que l'on veut poursuivre après sa mise en marché. Cela va dans la bonne direction, mais il y aussi une crainte que l'on raccourcisse la période avant l'homologation des essais cliniques. Plusieurs témoins sont venus nous le dire. Le cycle de vie d'un médicament ne doit donc pas être une excuse pour que les études de précommercialisation soient moindres et ouvrent la porte à une telle possibilité.
Plusieurs témoins sont venus nous dire qu'ils souhaiteraient que le ministre soit ouvert quant à certains amendements que l'on voudrait apporter à ce projet de loi. On espère que le ministre et ce gouvernement auront une ouverture d'esprit quant aux dispositions qui seront prises lors de l'étude du projet de loi article par article.
Comme je le disais plus tôt, on ne connaît toutefois pas les règlements. Seront-ils satisfaisants? On ne peut pas le savoir. C'est présentement comme un chèque en blanc. On sait bien que la réglementation est ce qui donnera du tonus au projet de loi.
Le vote qui sera tenu ici, au Parlement, enverra le projet de loi en comité, car je crois savoir que l'ensemble des députés veut en traiter. Du travail sera fait en comité.
Néanmoins, on espère — je me répète parce que je ne voudrais pas qu'on oublie — une ouverture d'esprit de la part du ministre par rapport aux différentes voix qui se sont fait entendre. Depuis trois mois, nous nous penchons sur la pharmacovigilance et le nouveau cycle de vie pour un médicament, qui a une approche différente dans la mesure où les essais continuent après la mise en marché d'un médicament. Car ça va dans l'intérêt de la sécurité des gens.
Par exemple, on sait qu'il y a eu mort de personnes après la prise de certains médicaments. On sait aussi que, souvent, en raison de certaines génétiques, certains médicaments auraient pu ne pas être administrés à un patient. Il faut faire preuve d'une ouverture d'esprit afin de mieux traiter de toute cette question. Il faut prendre en compte l'ensemble des difficultés que nous avons à bien comprendre les effets de la prise de médicaments chez les patients, chez ceux qui consomment ces médicaments.
Il a été question de l'étiquetage. On souhaite que des avis soient donnés, par exemple, si une personne est malade et qu'il y a une contre-indication à la prise d'un certain médicament. Nous souhaiterions que le ministre soit ouvert à cela, et que cela traite de l'ensemble de la problématique.
Nous sommes en train de réviser cette approche. Étant donné l'ouverture d'esprit du secrétaire parlementaire qui siège à notre comité, il pourra relayer les questions au ministre. On compte sur son ouverture d'esprit dans ce dossier et on espère qu'il sera proactif et compatissant par rapport à nos demandes.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer à la première série de discours sur le projet de loi , visant à modifier, en grande mesure, la Loi sur les aliments et drogues.
Je vais faire preuve de beaucoup de scepticisme dans le cadre de ce débat, et j'estime que c'est bien légitime compte tenu du bilan de Santé Canada et du régime de réglementation au Canada.
Les députés ne s'étonneront pas d'apprendre que c'est la cinquième fois que le gouvernement tente de réformer la Loi sur les aliments et drogues au cours de la dernière décennie. Les libéraux ont essayé de le faire à quatre reprises et n'ont jamais réussi. Pourquoi? Parce que la communauté s'est prononcée et a exigé une plus grande reddition de comptes de la part du gouvernement et des réponses plus claires en matière de reddition de comptes et de pouvoir de réglementation.
Les députés se rappelleront du projet de loi , mesure dont l'objectif était très semblable à celui de la mesure dont nous sommes saisis aujourd'hui. Ce projet de loi-là était censé moderniser les dispositions relatives aux aliments et drogues, nous faire passer au XXIe siècle et harmoniser nos règles et règlements avec la science moderne.
Les Canadiens se sont vite rendu compte que c'était une ruse. On voulait faire croire aux Canadiens que le gouvernement défendait leurs intérêts alors que, en réalité, il souhaitait relâcher sa surveillance du processus réglementaire, minimiser son rôle et diluer une loi qui fait partie intégrante de notre histoire et qui régit si strictement la sûreté des aliments et drogues qu'elle fait partie du Code criminel.
Cette loi est fondée sur le principe de l'innocuité, le principe de la précaution, c'est-à-dire que nous interdisons la vente d'un produit à moins qu'il existe des preuves, au-delà de tout doute raisonnable, qu'il est sûr. C'est là le principe de l'innocuité. C'est le contraire du principe qui obligerait les consommateurs à être vigilants et cela ne correspond pas au modèle de gestion du risque que nous proposaient auparavant les libéraux et que nous proposent aujourd'hui les conservateurs.
Il existe une nette différence entre le principe de l'innocuité et le modèle de la gestion du risque. Selon le premier principe, nous nous intéressons d'abord aux personnes et à la sécurité. Selon le modèle de la gestion du risque, la sécurité des Canadiens a ses limites et nous permettons donc la commercialisation des produits quitte à faire des constatations par la suite. Il revient alors à chaque Canadien de déterminer si le risque en vaut la chandelle. Les sociétés qui fabriquent les produits doivent s'autoréglementer et juger elles-mêmes de leur conformité aux normes théoriques.
Le modèle de la gestion du risque n'est pas un modèle de réglementation proactif qui accorde la priorité aux besoins et aux intérêts des Canadiens. Il accorde la priorité aux besoins des grandes sociétés pharmaceutiques, de la grande entreprise, des forces capitalistes mondiales plutôt qu'à ceux des citoyens ordinaires. Selon ce modèle, les Canadiens deviennent des cobayes.
Nous en avons plus qu'assez de voir des personnes servir de cobayes aux grandes sociétés pharmaceutiques. Je n'ai pas à rappeler à la Chambre ce que nous avons vécu par le passé à cet égard, surtout les cas où des femmes ont servi de cobayes. Pensons tout simplement à la Thalidomide, au Depo-Provera, aux implants mammaires, et j'en passe.
Nous devons nous interroger. Au-delà des belles paroles et d'une volonté d'accorder la priorité à la sécurité et de moderniser notre système, la mesure améliore-telle les choses? Sommes-nous plus proches du système que les Canadiens pensaient avoir et auquel ils s'attendaient, ce système que les libéraux ont abandonné?
C'est en 1997 qu'il a été abandonné lorsque Allan Rock, dans son premier geste comme ministre de la Santé à l'époque, a fait mourir le laboratoire fédéral des médicaments, le seul laboratoire de recherche fédéral indépendant du pays qui effectuait des essais postérieurs à la commercialisation. Ce laboratoire évaluait l'innocuité des médicaments déjà mis en marché et toute conséquence négative pouvant résulter de leur combinaison avec certains aliments, d'autres médicaments ou des produits de santé naturels. Ce laboratoire jouait un rôle très important en matière de sécurité au Canada.
À partir de cette initiative, toute une série d'autres mesures ont été prises par le ministre de la Santé, Allan Rock, et d'autres ministres de la Santé libéraux venus après lui. Elles visaient à déconstruire notre système de réglementation et à nous faire passer d'un modèle d'innocuité à un système selon lequel les sociétés assument elles-mêmes les frais de leurs processus d'approbation de médicaments. Ainsi, ce sont les entreprises elles-mêmes qui financent en très grande partie notre processus d'approbation des médicaments.
Les scientifiques de Santé Canada ont été témoins de nombreux incidents et ont dit que trop, c'est trop. Je pense à la Dre Michèle Brill-Edwards, qui a affirmé avoir été forcée d'approuver un produit qu'elle jugeait dangereux. Elle a dû quitter Santé Canada pour conserver son intégrité.
Il y a eu nombre d'autres cas. Comment oublier le groupe de vétérinaires qui se sont élevés contre la manipulation des produits alimentaires et la modification des médicaments vétérinaires? Ils ont été rappelés à l'ordre, réprimandés et fustigés par le gouvernement libéral.
Le gouvernement n'est-il pas censé défendre la recherche scientifique indépendante et objective pour les citoyens qu'il est supposé servir? Qu'est-il arrivé au principe du gouvernement pour le peuple, par le peuple et avec le peuple? S'il y a bien un domaine où ce principe devrait prendre tout son sens, c'est celui de la protection des aliments que nous mangeons, des médicaments que nous prenons pour nous soigner et de l'eau que nous buvons. Pourtant, c'est dans ce domaine que le gouvernement nous a abandonnés en grande partie.
Nous sommes censés croire aujourd'hui que le gouvernement conservateur est tellement intègre, courageux et visionnaire qu'il nous offre un plan directeur pour un modèle préventif sur l'innocuité des aliments et des médicaments. J'aborde ce débat avec une bonne dose de scepticisme de bon aloi, car les conservateurs n'ont rien fait jusqu'à présent pour me convaincre qu'ils défendent, d'abord et avant tout, les familles de Canadiens ordinaires, et non les grandes sociétés et leurs marges de profit.
Ils ne m'ont pas convaincu en matière de logement, d'éducation, de santé, d'égalité des sexes, de services aux handicapés, d'environnement, d'emploi et de services de garde des enfants. Je n'ai pas vu le gouvernement défendre les Canadiens.
Et il ne le fera pas.
Ma collègue de dit qu'il ne le fera pas. C'est pour cela que je fais part à la Chambre de mes préoccupations.
Cela dit, il n'y a pas que du mauvais dans ce projet de loi. Je reconnais que le gouvernement s'est beaucoup éloigné de l'ancien gouvernement libéral. Ironiquement, ce projet de loi est plus proactif que tous ceux que les libéraux ont jamais présentés à la Chambre. Il est tout de même loin d'être parfait, et je ne dis pas que nous allons l'appuyer, mais c'est un pas dans la bonne direction.
J'aimerais signaler deux ou trois initiatives qu'on y trouve. Ce projet de loi contient des dispositions en vue du rappel des médicaments et des produits alimentaires qui sont contaminés. Il prévoit également l'imposition de lourdes amendes aux compagnies qui ne révèlent pas les problèmes ou les effets secondaires des médicaments. De plus, il accorde une importance particulière aux outils dont le gouvernement a besoin pour protéger les Canadiens. Je félicite le gouvernement de ces initiatives et j'appuie ces dispositions qui nous font avancer vers ce que je considère fondamental dans ce débat, c'est-à-dire le principe de l'innocuité en ce qui concerne les aliments et les médicaments.
Toutefois, derrière ces dispositions et le communiqué finement rédigé que le et le ont présenté aux Canadiens sur l'importance de la sécurité, il y a suffisamment matière à préoccupation pour que nous nous interrogions sur les motifs et les intentions du gouvernement.
Nous n'avons qu'à examiner quelques questions soulevées à ce jour. J'entends rire certains de mes collègues qui siègent sur les banquettes conservatrices. Je ne crois pas qu'ils riraient s'ils entendaient les propos de Barbara Mintzes. Mme Mintzes a porté à l'attention de la Chambre un article du projet de loi qui semble engager le gouvernement sur la voie de l'autorisation de la publicité directe. Cela est si bien documenté que certains des responsables ont déjà reconnu qu'il y a un problème et qu'il faudrait peut-être rectifier le tir.
Pourquoi est-ce important? Voulons-nous que l'assurance-médicament nous coûte 6,3 milliards de dollars de plus? Voulons-nous que les grandes pharmaceutiques vendent leurs médicaments aux Canadiens sans aucun fondement scientifique? Voulons-nous avoir dans notre pays la publicité agressive qui existe aux États-Unis?
Ne suffit-il pas qu'il existe une zone grise dans laquelle les compagnies pharmaceutiques ont trouvé une faille qui leur permet de faire miroiter un mode de vie en donnant l'impression qu'un produit aide une personne sans nommer le médicament? Il suffit de regarder les publicités de Viagra. Elles sont très claires et elles impressionnent. Ce genre de publicités ont amené toutes sortes de personnes à se faire prescrire des médicaments par leurs médecins sans qu'il y ait nécessairement un fondement du point de vue de leur santé ou des données scientifiques disponibles.
La publicité directe n'est qu'un des problèmes qui font que nous sommes très réticents à appuyer ce projet de loi. À moins que le gouvernement ne s'engage fermement à colmater cette faille en interdisant la publicité directe, ce qui signifie faire marche arrière et fermer la porte à la publicité directe, il nous sera impossible d'appuyer ce projet de loi à cause des répercussions possibles sur l'ensemble de notre système de santé, un système où les coûts des produits pharmaceutiques éclipsent maintenant tous les autres aspects du système.
Je vais donner un autre exemple. On a parlé aujourd'hui d'« approche du cycle de vie » en matière de surveillance des médicaments ou d'« homologation progressive ». Tout cela semble bien beau, innovateur et progressiste, mais il faut réaliser qu'au fond, il pourrait très bien s'agir d'un programme destiné à accélérer le processus d'approbation des médicaments au départ pour créer une illusion de sécurité ou encore faire de la sécurité une réalité au bout du compte.
Quelle importance cela a-t-il, toutefois, lorsqu'on a ingéré un médicament qui n'est pas sécuritaire et qui a de graves effets sur la santé? Se pourrait-il que le gouvernement ait écouté les sociétés pharmaceutiques, qui disent préférer être confrontées à des poursuites coûteuses et verser par la suite des sommes importantes plutôt que d'investir dès le départ afin de s'assurer que les médicaments sont sûrs?
Nous devons nous poser aujourd'hui la même question qu'Alan Cassels et certains autres se sont posés dans les médias au moment de la présentation du projet de loi. Ce projet de loi permettra-t-il d'empêcher une autre affaire Vioxx? Suffira-t-il pour empêcher une situation où des centaines de milliers de personnes peuvent mourir après avoir pris un médicament sans réaliser qu'il avait des effets secondaires graves sans aucun lien avec le problème de santé qu'il devait guérir? Quelle disposition de ce projet de loi pourrait empêcher une telle situation de se produire? Où est l'organisme d'inspection responsable? Où est l'appareil nécessaire? Où est l'infrastructure qui en permettrait la mise en oeuvre? Où est l'engagement du gouvernement à régler le problème des médicaments contaminés entrant dans le pays? Comment le gouvernement fera-t-il face au prochain cas de médicaments contaminés, comme l'héparine, en provenance de la Chine? Est-il prêt à envoyer des inspecteurs chez les fabricants chinois. Est-il disposé à poster des agents de surveillance à la frontière? Est-il prêt à prendre au sérieux les effets secondaires observés par les Canadiens? Est-il prêt à agir rapidement, à la première réaction sérieuse aux médicaments?
J'espère que oui, mais je n'en sais rien. Je ne sais pas si ce projet de loi permettra de le faire. Je tiens toutefois à garder l'esprit ouvert. Je poserai ces questions au comité. Les témoins diront ce qu'ils en pensent. Nous allons étudier cet aspect très sérieusement. Essentiellement, il faut se demander si ce projet de loi permettra d'empêcher une autre affaire Vioxx. Voilà la question qu'il faut se poser. Comment permettra-t-il de le faire? Permettra-t-il d'intervenir à temps? Obligera-t-il les compagnies pharmaceutiques à fournir certaines informations qu'elles détiennent et qui seraient susceptibles de révéler quelque chose? Le projet de loi aurait-il permis d'obtenir de Merck Frosst les informations secrètes qu'elle détenait au sujet du Vioxx, qui auraient pu empêcher des centaines de milliers de décès?
Ce sont là deux aspects préoccupants. Il y en a d'autres.
Nous avons reçu des centaines de lettres de gens préoccupés par les produits de santé naturels. Nous avons été inondés de lettres et de communications exprimant des réserves au sujet du projet de loi et la crainte que l'intention secrète soit de classer les produits de santé naturels sous la rubrique des médicaments, après la rude bataille que nous avons livrée à la Chambre pendant une décennie pour créer une catégorie distincte pour les produits de santé naturels. C'est une question à laquelle les conservateurs se sont attaqués avec détermination il y a une dizaine d'années, ce qui a amené le Comité de la santé à effectuer une étude et à produire un rapport, ce qui, à son tour, a mené à la création d'une troisième catégorie, ce qui, finalement, a amené une approche raisonnable pour traiter les produits de santé naturels. Hélas, les libéraux et les conservateurs ont depuis tout bousillé. Nous avons maintenant des centaines de milliers de produits de santé naturels en attente d'une évaluation et d'une autorisation.
La question ici est la suivante: est-ce une façon de contourner le problème? Est-ce une tentative pour remédier à l'accumulation des dossiers à évaluer, comme nous l'avons vu pour l'immigration? C'est peut-être la même chose que pour le projet de loi d'exécution du budget dans lequel des mesures concernant l'immigration ont été glissées. Allez savoir.
Il va sans dire que, dans ce domaine, il n'y a rien de plus important que de protéger les gens en ce qui a trait aux médicaments qu'ils doivent prendre et à la nourriture qu'ils doivent consommer. Il incombe au gouvernement de faire passer la sécurité en premier, de veiller à ce que les produits sur le marché soient le plus sûrs possible. Cela suppose un gouvernement proactif, une réglementation stricte et des ressources suffisantes, un gouvernement qui a la volonté de faire de la sécurité un élément fondamental et de faire passer les gens avant les profits.
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Je vous assure, monsieur le Président, que, lorsque j'ai parlé des cinglés de la gauche, je faisais allusion uniquement aux députés qui prennent place à ma droite. Je tiens à préciser que vous n'êtes pas de ceux-là.
Les Canadiens veulent que leur gouvernement fasse tout son possible pour garantir l'innocuité des aliments ainsi que des produits de consommation et de santé, ce que nous nous sommes engagés à faire dans le discours du Trône. Le projet de loi dont nous sommes saisis joue un rôle important afin de nous permettre de remplir cet engagement, à titre d'élément clé du Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation, que le a annoncé en décembre dernier.
Ce plan a pour but de moderniser et de renforcer le système d'innocuité du Canada en matière de produits alimentaires, de santé et de consommation. Un engagement financier de 113 millions de dollars sur deux ans a été annoncé dans le budget de 2008 à son égard. Ce plan prouve que le gouvernement prend la sécurité des produits au sérieux et qu'il prend des dispositions en conséquence.
Notre plan aborde différemment la sécurité des produits et des aliments, en se fondant sur la prévention active afin d'éviter le plus grand nombre de problèmes possible avant même qu'ils ne se posent; il se fonde aussi sur la surveillance ciblée permettant au gouvernement de suivre de plus près les produits qui présentent un risque plus élevé pour la santé ou la sécurité, et sur une intervention rapide afin que l'on puisse réagir plus vite et plus efficacement lorsque des problèmes sont décelés.
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
La prochaine étape du plan consiste à mettre à jour les dispositions législatives sur la sécurité des produits. C'est la raison pour laquelle la Chambre est maintenant saisie du projet de loi . Il est devenu très clair pour le gouvernement que la Loi sur les aliments et drogues doit être modernisée. Cette loi date de plus de 50 ans et elle ne satisfait tout simplement plus aux attentes ou aux normes modernes.
Compte tenu de l'importance de cet exercice, nous avons consulté les intervenants. On nous a dit qu'il n'était pas suffisant que nos lois soient principalement axées sur une étape du cycle de vie des produits thérapeutiques. Il va de soi qu'il faut évaluer soigneusement ces produits avant qu'ils ne soient mis en marché, et nous le faisons déjà de façon rigoureuse. Le projet de loi ne propose pas de modifier cette façon de faire.
Il vise plutôt à fournir des outils permettant d'effectuer des évaluations continues des risques et des avantages, même une fois qu'un produit est utilisé par les Canadiens. Au lieu de nous concentrer sur les produits uniquement avant leur utilisation par les Canadiens, nous voulons obliger les compagnies à fournir des renseignements tout au long du cycle de vie d'un produit thérapeutique.
En vertu du projet de loi, nous pourrons, tout au long du processus, demander si les risques posés par l'utilisation d'un produit sont plus grands que ses avantages. Les consommateurs et les professionnels de la santé auront donc accès à une plus grande quantité de renseignements, qui seront meilleurs. Ils pourront ainsi prendre des décisions plus éclairées relativement à la sécurité et à l'utilisation des produits.
Le projet de loi vise aussi à inscrire dans la loi la planification de la sécurité. En fait, la grande majorité des compagnies appliquent déjà des mesures de sécurité. Elles savent que c'est tout simplement la chose à faire pour une entreprise. Le fait de disposer d'une plus grande quantité de renseignements permettra de mettre à jour les plans d'amélioration de la sécurité, en fonction des nouvelles données ou des préoccupations émergentes.
Le projet de loi permettra au gouvernement de disposer d'une plus grande quantité de renseignements. Le fait d'avoir plus de connaissances nous permettra de travailler avec les compagnies et les professionnels de la santé afin de mieux protéger tous les Canadiens.
Grâce à des dispositions qui assurent une plus grande ouverture et une plus grande transparence du système réglementaire, les Canadiens pourront avoir accès aux renseignements dont ils ont besoin au sujet d'un produit, de ses risques et de ses avantages, de façon à pouvoir faire des choix éclairés pour eux et leur famille.
Nous pourrons nous servir de ces connaissances meilleures pour cibler notre surveillance, pour identifier les problèmes le plus rapidement possible, et pour réagir sans tarder, afin de mieux protéger la santé des Canadiens.
Les auteurs du projet de loi ont également tenu compte du fait que, à l'heure actuelle, de nombreux produits nous arrivent de l'étranger. La mesure prévoit donc la modernisation des pouvoirs d'inspection et de nouvelles stratégies pour la surveillance des produits importés sur le plan de la sécurité. L'accent est mis sur la prévention, ce qui est critique. L'accent que nous mettons sur l'information est également essentiel pour que le gouvernement puisse intervenir rapidement en cas de problème.
Par le projet , nous voulons également obtenir le pouvoir d'ordonner le rappel de tout produit qui constitue une menace pour la sécurité. J'aimerais citer un exemple de risque pour la sécurité: les effets indésirables des médicaments, selon l'expression consacrée dans les milieux de la santé.
Aux termes du projet de loi , nous voulons obtenir le pouvoir de collaborer avec les provinces et les territoires pour faire en sorte que les hôpitaux déclarent davantage ces effets indésirables des médicaments. Nous serions alors beaucoup mieux en mesure de détecter de façon précoce les problèmes de sécurité et, par conséquent, d'intervenir plus rapidement et de mieux protéger les Canadiens de produits de santé dangereux.
Loin de moi l'idée de laisser croire que la modernisation de la Loi sur les aliments et drogues entraînera un changement radical pour la plupart des produits de santé ou la plupart des sociétés. Ces dernières font relativement bien leur travail à l'heure actuelle. Dans leur grande majorité, les intervenants de l'industrie se soucient grandement de la sécurité du consommateur. Nous voulons protéger les Canadiens du petit nombre de ceux qui agissent de façon irresponsable. Chemin faisant, nous permettrons aux entreprises canadiennes respectueuses de la loi de lutter davantage à armes égales par rapport à la concurrence tout en ciblant les irresponsables et en leur imposant de lourdes amendes.
À l'heure actuelle, l'auteur d'une infraction grave à la Loi sur les aliments et drogues risque est passible d'une amende de 5 000 $ seulement. Avec le projet de loi , nous voulons porter le maximum à 5 millions de dollars puisque, selon nous, la valeur de la vie des Canadiens est inestimable.
Le gouvernement du Canada ne lésine pas avec la sécurité des consommateurs et agit en conséquence. De nombreux intervenants du système de santé partagent notre volonté d'agir à cet égard, y compris les représentants des consommateurs. Nous estimons que tous les partis devraient appuyer les orientations énoncées dans le projet de loi . J'incite tous mes collègues de part et d'autre de la Chambre à appuyer le projet de loi C-51, de sorte que nous puissions moderniser le système de sécurité visant les produits de santé et les produits alimentaires au Canada.
Nous avons tous entendu le débat d'aujourd'hui et le Comité de la santé aura lui aussi l'occasion d'être à l'écoute. Le gouvernement sera attentif et, très certainement, agira pour protéger la santé et la sécurité de tous les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureuse d'avoir la possibilité d'intervenir dans le débat sur le projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur les aliments et drogues.
Tout d'abord, ce projet de loi n'est qu'un seul élément des mesures prises par notre gouvernement pour respecter un engagement important.
Dans le discours du Trône d'octobre, nous nous sommes engagés à prendre des mesures en faveur de la sécurité des aliments et des produits de consommation afin que les Canadiens puissent avoir confiance lorsqu'ils achètent quelque chose.
Après cela, le a annoncé le Plan d'action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation en décembre dernier. Il s'agit d'un plan complet qui vise à moderniser et à renforcer le système canadien de sécurité des aliments, des médicaments et des produits de consommation.
En février, le budget de 2008 annonçait des investissements de 113 millions de dollars sur deux ans pour soutenir ce plan. Nous franchissons maintenant une nouvelle étape en présentant le projet de loi.
Nous avons déjà présenté la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, et nous présentons maintenant le projet de loi , qui modifie la Loi sur les aliments et drogues. Ces deux mesures législatives complémentaires incluent des dispositions qui protégeront mieux la santé et la sécurité des Canadiens. C'est l'objet du projet de loi.
Les buts seront atteints, premièrement, par des mesures de prévention active visant à éviter le plus grande nombre de problèmes possibles avant même qu'ils ne surgissent; deuxièmement, par une surveillance ciblée de sorte que le gouvernement puisse surveiller plus étroitement les produits qui posent le plus de risques pour la santé et la sécurité; troisièmement, par une réaction plus rapide et efficace lorsque des problèmes surgissent.
Je tiens à commencer à soulignant qu'en dépit de la nécessité de la moderniser, notre Loi sur les aliments et drogues a duré de nombreuses années. J'en fais maintenant un bref historique.
Avant même la Confédération, il existait des lois sur les aliments, mais la première loi fédérale sur la sécurité des aliments a été promulguée en 1874. Il est intéressant de noter que les États-Unis n'ont pas adopté de loi semblable avant 1906.
La loi canadienne de 1874 n'a pas vu le jour en raison d'aliments adultérés. Apparemment, la loi a été adoptée en raison des grandes quantités de boissons alcooliques adultérées qui étaient consommées. Beaucoup de gens ont demandé au Parlement de faire quelque chose à ce sujet. Donc, en janvier 1875, la loi interdisant la falsification d'aliments, de boissons ou de drogues entrait en vigueur. En 1920, juste à temps pour l'entrée en vigueur de la loi sur la prohibition aux États-Unis et les années folles, cette loi a été remplacée par notre Loi sur les aliments et drogues.
C'est un euphémisme que de dire que le monde a changé depuis les années 1920. Il a changé énormément depuis les années 1950, année de la dernière mise à jour de la loi. Certes, la loi a résisté à l'épreuve du temps, mais elle tout de même 50 ans et elle a un grand besoin d'être mise à jour.
Les aliments et les produits de santé que nous consommons arrivent des quatre coins de la planète. De plus, les nouvelles technologies et les nouveaux modes de production ont transformé radicalement le secteur. Par ailleurs, les consommateurs sont plus soucieux de leur santé qu'ils ne l'étaient auparavant et ils ont des attentes élevées par rapport aux aliments et aux médicaments qu'ils achètent.
Bien qu'on ait observé une amélioration de la qualité des aliments de façon générale, les cas de contamination ne sont pas rares du tout. Par ailleurs, les nouvelles technologies et les nouveaux modes de production ont créé de nouveaux risques et de nouvelles difficultés au plan de l'inspection et de la surveillance des aliments.
La modernisation de notre système de sécurité alimentaire doit être axée sur une démarche plus intégrée et préventive. De plus, toutes les améliorations apportées aujourd'hui devraient permettre de fournir aux Canadiens des renseignements plus détaillés sur les risques que présentent les aliments et les médicaments. L'industrie de l'alimentation et les consommateurs devraient participer à la gestion des risques, tout comme le gouvernement. C'est la seule façon d'obtenir une meilleure protection. Les modifications proposées devraient permettre d'harmoniser les mécanismes réglementaires et de les rendre plus cohérents dans tous les domaines.
Ce sont là quelques-uns des objectifs du projet de loi . Permettez-moi de donner quelques précisions à ce sujet.
Les modifications que propose le gouvernement feront de la Loi sur les aliments et drogues une loi plus préventive. Prenons par exemple les modifications touchant la réglementation des aliments. Les modifications nous aideront à identifier la source des risques qui pourraient menacer le système alimentaire et à prendre des mesures plus concrètes pour prévenir des problèmes liés à la sécurité alimentaire. De plus, la mesure permettrait de surveiller les risques que peut présenter un aliment avant qu'il n'arrive sur les présentoirs. En fait, elle permettrait de surveiller ces risques dès que l'aliment entre au Canada jusqu'à ce qu'il arrive sur les présentoirs. Avec ces...