:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, honorables députés.
Je comprends l'importance de votre invitation d'aujourd'hui. Je prends votre étude très au sérieux et je suis impatient d'avoir une discussion ouverte et transparente avec vous.
Je crois qu'on m'accorde 10 minutes pour ma déclaration liminaire. J'essaierai d'être aussi transparent et direct que possible et je tenterai de couvrir la plupart des questions. Je m'attends à une discussion musclée après mon intervention.
Avant d'entrer dans les détails, laissez-moi vous dire qu'il ne se passe pas une seule journée sans que je pense aux conséquences des décisions difficiles que nous avons prises, qui ont touché nos anciens employés et nos employés actuels. Nortel est une entreprise au passé historique et je prends cette histoire extrêmement au sérieux.
Quand je suis arrivé chez Nortel il y a trois ans et demi, beaucoup disaient que c'était une mission impossible. Cependant je crois, comme beaucoup chez Nortel, que cette entreprise est une icône internationale formidable qui peut être rétablie. Nous nous sommes fixé des objectifs ambitieux et les employés, collectivement, ont réalisé des progrès considérables sur plusieurs fronts. Nous avons réglé nos problèmes comptables et juridiques, et amélioré la qualité de nos produits et notre structure de coûts. Mais le plus important — et cela s'applique particulièrement au centre de recherche et développement situé à Ottawa — c'est que nous sommes passés d'anciennes technologies à de nouvelles. Nous avons réalisé des investissements considérables, de plusieurs centaines de millions de dollars, dans les technologies sans fil de quatrième génération et la télécommunication unifiée par fibre optique de 4 800 gigaoctets, par exemple.
Il y a un an seulement, lors d'une réunion d'investisseurs à Toronto, nous avons discuté avec fierté et enthousiasme de la façon dont nous prévoyions terminer cette transformation et avons parlé des perspectives de croissance durable qui s'offraient à nous. Ensuite, pour être honnête, nous nous sommes heurtés à un mur. La crise financière internationale et la récession ont exacerbé nos problèmes et ont entravé notre capacité de terminer cette transformation.
Le 14 janvier, Nortel a demandé la protection de ses créanciers au Canada, aux États-Unis et dans certaines régions d'Europe. Nous n'avons pas pris cette décision à la légère, mais elle a été autorisée à l'unanimité par notre conseil, après que nous ayons consulté nos conseillers et étudié les solutions de rechange.
Aujourd'hui, Nortel n'est pas complètement ou uniquement contrôlée par la direction et le conseil d'administration. Nous travaillons à présent avec un surveillant désigné par la cour et plusieurs comités de créanciers.
Ce n'est pas ce que nous souhaitons. Nous serons les premiers à vous le dire. Soyez assurés que nous continuons à essayer d'optimiser la valeur de Nortel et de préserver autant d'emplois que possible et ce, avec la même passion que lorsque je suis arrivé dans cette entreprise il y a trois ans et demi.
Nous essayons de faire fonctionner l'entreprise en nous fondant sur trois principes. D'abord, ne pas perdre notre clientèle. Il est très important de montrer à nos clients que nous sommes ici pour de bon. Deuxièmement, être réalistes et voir les choses telles qu'elles sont, pas telles que nous aimerions qu'elles soient — et malgré cela, travailler avec un certain degré d'optimisme. Troisièmement, ne pas perdre de temps.
Les employés de Nortel ont réalisé un travail phénoménal dans des circonstances difficiles en stabilisant nos opérations et en fournissant un service extraordinaire à notre clientèle. Encore une fois, je ne peux trop insister sur notre gratitude pour le soutien non seulement de nos employés, mais également des entreprises et de nos fournisseurs au cours de cette période.
J'aimerais maintenant passer aux questions pour lesquelles vous m'avez convoqué aujourd'hui. Je comprends que ces décisions en matière d'indemnisation sont extrêmement délicates. Nortel a confirmé dès le premier jour que nous allons continuer à respecter toutes nos obligations envers les employés actuels. C'est-à-dire que nous allons continuer à verser les salaires de base des employés — nous avons gelé les salaires pour l'année 2009 — et permettre aux journées de congé de s'accumuler, et nous continuons à verser les prestations pour soins de santé.
Au moment où nous nous sommes placés sous la protection des tribunaux, nous croyions également qu'il était important de poursuivre notre système des primes annuelles et aussi d'avoir un genre de programme de maintien en poste des employés les plus importants. J'ai quelques observations à faire sur ces deux éléments.
D'abord, nous avons un système de primes annuelles. Presque tous les employés de Nortel y ont accès — c'est-à-dire plus de 95 p. 100 d'entre eux. C'est assez courant en affaires de verser des primes, et ce régime existe depuis de nombreuses années. C'est une norme dans notre secteur. Nous considérons que ce système de primes fait partie des salaires versés à nos employés.
La décision que nous avons prise relativement au système de primes annuelles pour 2009 a été élaborée par la direction, sur les conseils du groupe de consultants Mercer et après des discussions et des négociations animées avec les comités de créanciers et le surveillant. Nous voulions atteindre trois objectifs importants. Le premier était de maintenir les revenus de Nortel; le deuxième, de pouvoir conserver des normes de rendement élevées; le troisième, de préserver notre solde de trésorerie.
En outre, depuis que nous avons demandé la protection des tribunaux, tous les programmes de rémunération basée sur le rendement d'actions ont été supprimés. Comme vous le savez sans doute, les attributions d'actions préalables à cette date ont été annulées. Par conséquent, nous ne pouvons plus rémunérer nos employés au moyen d'actions, ce qui représentait traditionnellement une partie importante de la rémunération de la direction et des employés.
Passons maintenant aux programmes de conservation du personnel. Laissez-moi d'abord faire quelques observations au sujet du régime d'encouragement des employés et du programme de conservation du personnel en général.
Compte tenu de notre situation et de notre secteur hautement compétitif, il faut absolument conserver nos employés clés et éviter des niveaux élevés d'attrition pour préserver et maximiser la valeur des actifs de la société dans l'intérêt de nos actionnaires. Nous avons deux programmes. Le premier est un programme de conservation des employés clés qui vise 900 employés ne faisant pas partie de l'exécutif. Il s'agit donc d'un nombre important d'employés, un nombre sans précédent, mais nous avons estimé que ce nombre reflétait les défis considérables que notre entreprise doit relever. De plus, pour 92 des employés de niveau supérieur, nous avons un programme d'encouragement qui se fonde sur l'atteinte de cibles très précises. Les cadres supérieurs qui participent à ce programme doivent renoncer à leurs droits en application d'anciens programmes de changement de contrôle.
Personnellement, j'ai choisi de ne participer ni au programme d'encouragement des employés clés, ni au programme de conservation des employés clés. J'ai également renoncé à mes droits relevant des dispositions relatives au changement de contrôle.
En ce qui concerne les départs, c'est une question extrêmement délicate. Elle m'a beaucoup tracassé. Tout d'abord, la décision de ne pas verser d'indemnité de départ n'a pas été prise à la légère. Nous apprécions beaucoup nos employés. Ils sont hautement qualifiés. Honnêtement, même si ça ne fait que trois ans et demi que je travaille dans cette entreprise, je me sens depuis le premier jour comme un employé de Nortel. Cependant, compte tenu de la situation économique de l'entreprise et de ses ressources financières limitées, surtout au Canada, et du fait qu'en droit, les indemnités de départ ont le même poids que toute autre disposition pour les autres créanciers, nous n'avions pas d'autre choix que de respecter la décision juridique. C'était une décision extrêmement difficile. La direction et le conseil d'administration n'ont pas pris cette décision à la légère. Nous l'avons prise après de longues consultations auprès de nos conseillers financiers et du surveillant.
Laissez-moi maintenant vous parler des questions qui touchent la retraite. Je crois qu'il est important de souligner que tout l'argent des régimes de pension agréés canadiens appartient aux employés eux-mêmes. L'entreprise et les créanciers n'y ont pas accès. Nous continuerons à verser des cotisations régulières et spéciales aux régimes de retraite, et nous poursuivons les paiements aux employés selon un échéancier fixe.
Je sais qu'on a beaucoup parlé dans la presse de la réduction de la valeur de rachat des retraites des employés qui cessent de contribuer à leur régime. Avant de se placer sous la protection des tribunaux, Nortel avait déclaré qu'elle paierait 100 p. 100 de la valeur de rachat, en vertu d'une exception de la loi, mais depuis janvier 2009, nous avons réduit cette valeur de rachat à environ 86 p. 100, en fonction du déficit estimatif des dernières assertions relatives à l'évaluation du 31 décembre 2006.
Malheureusement, depuis ces assertions, les déficits ont augmenté à la suite de la chute des marchés d'actions; nous avons consulté des actuaires et estimons qu'il se situe actuellement aux alentours de 69 p. 100. Nous avons demandé à réduire la valeur de rachat à 69 p. 100. Cela a été approuvé, mais je crois qu'il est très important de souligner que cette réduction ne visait à nuire à personne, mais qu'elle visait plutôt à assurer un traitement équitable à nos membres et à nos anciens membres.
Laissez-moi terminer avec deux choses. D'abord, au sujet de ma rémunération, je comprends que c'est une question très visible et explosive. Pour tous les cadres supérieurs, y compris moi-même, nous essayons de respecter une règle du 50e percentile du marché, règle qui s'applique aux cadres supérieurs du secteur de la haute technologie.
Pour les cadres supérieurs, surtout aux niveaux les plus élevés, la plupart des éléments du programme de rémunération sont à risque, ce qui veut dire qu'ils dépendent du rendement de l'entreprise, ainsi que des prix des actions. Par exemple, 88 p. 100 de mon salaire en 2008 était fondé sur le risque.
Il existe une différence considérable entre la rémunération qui figure dans les circulaires d'information et les montants réels qui sont touchés. Par exemple, en 2009, la rémunération en argent s'élevait à 1,29 million de dollars, ce qui représente 12 p. 100 de la rémunération totale prévue pour cette année. Aucune prime n'a été versée en 2008. Comme je l'ai dit, nous avons annulé toutes les primes en actions — que l'on donnait toujours — et il n'y en a pas eu en 2009.
On a aussi parlé des retraites. Dans mon cas, je dois avoir travaillé cinq ans. Je suis avec Nortel depuis trois ans et demi. Même si cela faisait cinq ans, ma rente de retraite ne serait pas garantie. C'est la même chose pour tous les régimes de retraite par répartition. Cela devient une créance ordinaire.
Ce que je peux vous dire, c'est que nous cherchons à optimiser la valeur de Nortel tout en préservant le plus d'emplois possible dans ce contexte, et ce, avec la plus grande passion et le plus sérieux engagement. Je ne peux trop insister sur la réelle appréciation de nos employés et notre empathie dans la situation actuelle. Pour la direction, le conseil et moi-même, la plus grande motivation, c'est de travailler d'arrache-pied pour optimiser la valeur des capitaux de Nortel. Si nous faisons un bon travail, nous permettrons aux employés, aux pensionnés et à tous les autres créanciers de se relever plus vite.
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Je suis impatient d'entendre vos observations et vos questions.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci de comparaître, monsieur Zafirovski.
Je fais face à un dilemme, parce qu'il y a beaucoup de points dont nous aimerions discuter et dont j'aimerais parler. J'essaie d'adopter un point de vue équilibré. J'ai demandé à ce que vous comparaissiez parce que je ne crois pas qu'il soit juste de n'entendre qu'un côté de l'histoire. Comme nous le savons, il y a trois côtés à chaque histoire. J'aurais préféré que vous vous adressiez à nous après le deuxième groupe de témoins, car je crois que cela aurait été dans votre intérêt.
Je n'essaierai pas de jouer le rôle d'un de vos employés ou de vos anciens employés. Nous menons une étude sur la stabilité du marché financier, alors j'aimerais aussi couvrir cet aspect. Comment pouvons-nous nous assurer qu'une telle situation ne se reproduise pas?
Mon temps de parole est limité. Je n'ai que sept minutes.
[Français]
Je sais que certains députés ont déjà décidé de leur orientation après cette séance. Ils ont déjà pris parti et ignoré les faits. Vous avez maintenant l'occasion de nous exposer les faits.
[Traduction]
La première question sera plus générale: comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas? Comment en sommes-nous arrivés à un point où... Vous avez dit que Nortel avait trois critères, dont celui de garder ses clients, mais comment allez-vous garder vos clients si vous ne pouvez pas contenter vos employés ou vos anciens employés?
Vous avez également dit vouloir fonctionner dans le monde réel. Nous sommes maintenant dans le monde réel. Les choses ont changé. Je comprends qu'elles changent plus rapidement que vous ne l'aimeriez, mais vous n'êtes pas le gouvernement; vous êtes une entreprise. Vous devez être en mesure de vous adapter, et de le faire assez rapidement. Vous ne pouvez pas vous attendre à ce que le gouvernement change, bien qu'hier, le président Obama a déclaré que les gens doivent réagir de façon plus transparente. Les entreprises doivent rendre des comptes. Elles doivent agir de façon transparente.
Vous avez une responsabilité. Il y a des gens qui vivent dans ce monde réel, et cela signifie que si vous leur avez promis qu'après 20 ou 30 ans de service, et qu'ils dépendent de leur chèque de paie à la fin du mois... Que ce chèque soit de 100 $ ou de 1 000 $, là n'est pas la question. S'ils en dépendent, si on leur a promis et s'ils en sont à la fin de leur carrière, nous devons faire quelque chose. Il faut qu'il y ait une certaine protection en place.
Votre troisième point était qu'il n'y a pas de temps à perdre. Eh bien, si vous gagnez deux millions de dollars, oui, bien sûr, vous avez également des responsabilités, mais lorsque vous ne gagnez que 200 $ et que vous avez besoin d'argent pour rembourser votre prêt hypothécaire et votre carte de crédit, que puis-je dire à ces gens? Parce que c'est ce que nous entendrons au cours de la prochaine heure. Nous pouvons prétendre que ces choses n'ont pas lieu, mais voilà la question qui nous sera posée.
Je ne sais pas comment vous pourrez répondre. Vous avez répondu à certaines des questions lors de votre déclaration liminaire. Mais le problème, c'est qu'il y aura un deuxième groupe de témoins, et ils présenteront leur version, et il nous sera difficile de concilier les deux.
J'essaie d'adopter un point de vue neutre et très transparent. Vous subirez de la pression des autres députés qui ont déjà choisi leur camp. Le parti libéral s'est toujours positionné au centre, alors nous examinons les deux côtés. Je vous donne deux minutes pour répondre, parce que nous n'avons que sept minutes. Pourriez-vous répondre à certaines de ces questions?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Zafirovski, monsieur Tay, bienvenus.
Évidemment, la présence de Nortel a une incidence importante sur la région et sur bien des régions du pays. Je suis de Belleville, dans la région de Quinte. Nortel a une longue histoire dans cette région-là et je peux donc vous assurer que j'ai eu des échos de nombreux retraités, pensionnés et, bien entendu, anciens cadres de Nortel.
Tout le monde autour de cette table sait que la meilleure garantie de retraite qui existe, évidemment, c'est une société prospère et rentable. Cela dit, nous sommes également conscients du fait que, quand des difficultés surviennent, les garanties de retraite deviennent alors la responsabilité des provinces. Les gens se demandent si le gouvernement fédéral s'en tire sans avoir à intervenir, et je leur dis, franchement, que non, puisque nous avons des responsabilités également. Je pense que nous, législateurs fédéraux que nous sommes, avons la responsabilité d'assurer un cadre réglementaire qui serve les meilleurs intérêts tant des sociétés que des groupes d'employés. Le but de notre audience aujourd'hui, c'est d'écouter les divers points de vue pour voir si nous pouvons éventuellement proposer un texte de loi, des mesures d'application de la loi ou des conseils susceptibles de profiter aux deux groupes à l'avenir.
Durant mes déplacements en cette période difficile, j'estime personnellement — et c'est le cas de bon nombre de mes collègues, de mes électeurs de Belleville et d'autres concitoyens de la région de la capitale d'Ottawa avec lesquels j'ai eu des échanges directs, de mes collègues à tout le moins — qu'il nous faut davantage de clarté. Les rumeurs vont bon train au sujet de tout et de rien, mais quand les gens sont directement touchés, nous devons alors nous atteler à la tâche pour prendre une décision intelligente.
Pendant que Nortel opérait des réductions graves ou, dans bien des cas, éliminait des prestations de retraite, j'aimerais savoir... J'ai trois ou quatre questions brèves, et peut-être pourriez-vous me dire si c'est faux ou si c'est juste, si vous souhaitez, et ainsi nous pourrons accélérer les choses.
Dans le marché du travail actuel, marché qui est très difficile — croyez-vous vraiment qu'il soit nécessaire d'offrir des primes considérables, compte tenu de la conjoncture, simplement dans le but de maintenir en poste les gens que vous avez?
:
Merci, monsieur le président.
Et merci d'être des nôtres aujourd'hui, monsieur Zafirovski.
Je souscris au propos de mon collègue néo-démocrate et j'espère que vous trouverez le temps de rester une heure de plus pour entendre tous ces gens.
Tout cela est évidemment extrêmement triste, pour vous comme vous l'avez indiqué et encore plus, à mon avis, pour les autres personnes présentes dans la salle. Mais c'est également très triste pour le Canada. Avant de me lancer en politique, j'ai travaillé pour la Banque Royale et je sais qu'il fut un temps où la capitalisation boursière de Nortel dépassait celle de la Banque Royale du Canada. Et on peut voir à quoi Nortel en est réduite aujourd'hui.
J'ai entendu des gens de Nortel évoquer la possibilité d'une aide gouvernementale. Permettez-moi de poursuivre sur la lancée de M. Mulcair.
Lors de vos discussions, que ce soit avec M. Flaherty, M. Clément, M. Harper ou d'autres représentants du gouvernement, avez-vous suggéré un plan d'aide gouvernementale quelconque qui, sans permettre à Nortel de survivre tout à fait intacte, permettrait de conserver le plus grand nombre d'emplois spécialisés dans la R-D au Canada?
Il y a eu une foule de plans de sauvetage au Canada et ailleurs dans le monde. À mon avis, lorsqu'une entreprise doit licencier des milliers de travailleurs hautement qualifiés dans le domaine de la technologie de pointe et de la R-D, alors que l'avenir de notre pays dépend de l'innovation et des idées, c'est une perte non seulement pour Nortel, mais pour tout le pays si ces travailleurs s'exilent aux États-Unis ou ailleurs dans le monde.
Avez-vous fait valoir cet argument au gouvernement et, si oui, comment l'avez-vous fait et quelle réponse avez-vous reçue?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Zafirovski, c'est un plaisir de vous voir aujourd'hui, mais après avoir entendu les réponses que vous avez données à mes collègues, je pense que c'est une triste journée pour notre démocratie et notre système parlementaire. Vous avez sûrement même rencontré des représentants et des ministres du gouvernement concernant votre situation financière. Vos employés ici présents, qui constituent la richesse première de votre entreprise, n'ont pas été considérés dans un sauvetage auquel le gouvernement aurait pu participer. Je trouve ça bien dommage.
Le programme de l'assurance-emploi a beaucoup de déficiences actuellement. On sait que par suite des discussions récentes, ceux qui ne reçoivent pas de prestations d'assurance-emploi vont attendre qu'on en arrive à une entente. On ne se préoccupe pas beaucoup des gens, de notre population, de nos citoyens. C'est ce que je trouve dommage.
Vous dites considérer quand même vos employés. Selon moi, vos employés sur lesquels vous devez compter sont votre richesse première. Comment pouvez-vous entrevoir l'avenir si vous n'avez plus la confiance et l'appréciation de ces employés que vous ne considérez pas?
Vous acceptez qu'on réduise leur pension pour laquelle ils ont travaillé toute leur vie. Je me mets à leur place. Quand on travaille pour une entreprise pendant des dizaines d'années, il y a sûrement beaucoup de choses qui nous déplaisent, on fait du travail qui ne nous intéresse pas. Cependant, on considère qu'on recevra une reconnaissance pour tous ces efforts à la fin de notre période productive. Or on dit aux employés qu'on leur coupe tout parce qu'on fait face à des difficultés, alors que les principaux dirigeants, eux, vont quand même recevoir des millions de dollars en primes, et c'est normal, parce qu'ils en ont besoin pour continuer à travailler.
Je déplore beaucoup cette situation et j'espère bien, comme tous mes collègues l'ont dit, que vous allez entendre ces employés tout à l'heure. Ç'aurait été bien qu'on les entende avant de vous recevoir. Cela nous aurait aidés à comprendre leur détresse et leur situation.
Pouvez-vous résumer votre position face à tout ça?
:
Je remercie tous les membres du comité de me donner l'occasion de parler des retraités et des anciens employés de Nortel.
[Traduction]
Le comité que je représente est composé des retraités et des anciens employés de Nortel et a été mis sur pied le 14 janvier après que Nortel ait obtenu la protection contre ses créanciers. Nous représentons quelque 17 500 retraités au Canada. La majorité d'entre eux vivent en Ontario, mais 3 000 vivent au Québec et 2 000, dans les autres provinces. De ce nombre, 11 000 retraités participent au régime de soins de santé. Sept cent cinquante retraités reçoivent des prestations supplémentaires, et plus de 1 000 employés mis à pied sont touchés par ce qui se passe chez Nortel. Aujourd'hui, dans le cadre d'autres discussions, j'ai appris qu'il y a 450 autres employés en invalidité de longue durée également touchés par ce qui se passe chez Nortel.
Pourquoi sommes-nous ici? Nous aurions préféré ne pas y être. Nous aurions bien voulu qu'on puisse trouver une solution viable pour que Nortel ne soit plus assujettie aux dispositions de la LACC, mais rien ne semble indiquer que cela se produira. En fait, d'après les médias, tout indique que les composantes de Nortel seront vendues et que ce sera la fin de Nortel.
D'anciens dirigeants de Nortel ont lancé un plan de relance, et je leur souhaite bonne chance, et j'espère qu'ils pourront survivre. Je suis ici parce que nous devons nous préparer au pire scénario, notamment, la fin de Nortel.
Qui est touché? Tous ceux qui ont participé au régime de pension agréé. Il est sous-financé. Il est vrai que l'actif du régime est distinct de la société, mais le plan lui-même est gravement sous-financé, en fait il y a un manque de financement d'environ 1 milliard de dollars. Cela représente deux régimes, le régime négocié et le régime non négocié. Il y a des retraités du syndicat qui sont également touchés. Ce régime, comme M. Zafirovski l'a dit, a connu une baisse de valeur de 31 p. 100 depuis la dernière évaluation. Conformément aux dispositions de la LACC et de la LFI, ce déficit actuariel deviendra une créance ordinaire.
Les programmes d'avantages sociaux des retraités, comme le régime de soins de santé, sont sous-financés. Toute cette question est difficile à comprendre. Au moins, les régimes de retraite sont publics, donc les renseignements sont disponibles. Ainsi, contrairement aux régimes agréés, ces régimes ne sont pas financés, ils sont payés à même les revenus de Nortel, ce qui veut dire qu'on ne sait absolument rien sur la viabilité à long terme de ces programmes et qu'il n'y a aucune surveillance de la part des gouvernements fédéral ou provinciaux. Toutes réclamations à l'égard de ces programmes feront des employés des créanciers ordinaires. Et si on met ensemble le régime de retraite et les régimes de soins de santé et que nos membres les perdent, cela veut dire l'aide sociale pour certains d'entre eux.
Quand je me préparais pour aujourd'hui, je me suis penché sur la situation de ceux qui reçoivent une pension d'invalidité de longue durée. Encore une fois, il n'y a pas de normes fédérales ou provinciales dans ce secteur. Le régime est administré par le fonds de santé et de bienfaisance de Nortel et est financé trimestriellement par les recettes générales de Nortel. Il s'agit d'un programme autoassuré. Il n'est pas appuyé par une compagnie d'assurance. Si Nortel devient insolvable, les prestations mensuelles offertes aux employés recevant une pension d'invalidité de longue durée tomberont au niveau de créances ordinaires. Si les employés deviennent un jour admissibles au régime de retraite, ils auront perdu l'accumulation des droits à la retraite. Ainsi, ils perdront l'admissibilité au régime d'assurance-maladie complémentaire qui est très important. Encore une fois, certains d'entre eux devront se tourner vers l'aide sociale, et n'oubliez pas qu'il s'agit de personnes qui éprouvent des problèmes de santé.
Enfin, il y a les personnes mises à pied. Si j'ai bien saisi, les lois sur les normes du travail relèvent des provinces, mais les dispositions de la LACC et de la LFI priment sur les dispositions des lois sur les normes de travail. Les réclamations des indemnités de départ deviendront des créances ordinaires. Comme nous le savons tous, les employés mis à pied doivent maintenant demander des prestations d'assurance-emploi et demander l'aide des contribuables.
Qui sont les créanciers ordinaires? Étudions ceux qui viennent au premier rang, les détenteurs d'obligations, un groupe de gestionnaires avertis — avertis sur le plan des obligations, mais également sur ce qui se passe chez Nortel. Il négocient entre égaux. C'est comme ça qu'ils gagnent leur vie. Les détenteurs d'obligations connaissent bien la gestion du risque, ce qui se produit lorsqu'une entreprise fait faillite. Ils se penchent sur les probabilités de défaut. Ils abrègent les dates d'échéance associées aux obligations, ils demandent un rendement plus élevé, et ils sont assez futés pour s'assurer d'obtenir des garanties réciproques entre les deux pays où évolue Nortel, soit les États-Unis et le Canada. Dans ces circonstances, les détenteurs d'obligations originaux vendent ou ont probablement vendu une bonne partie de leurs actifs, qui ont probablement été achetés par des détenteurs d'obligations vautours. On m'a dit que ces obligations sont probablement vendues à 12 ¢ pour chaque dollar.
Je ne sais pas ce qui va se produire si Nortel devient insolvable, mais à titre de créancier ordinaire, je recevrai un peu plus de 12 ¢ par dollar investi. Disons peut-être 20 ¢. Je peux vous assurer que, tout comme moi, ceux dont j'ai parlé accuseront toute une perte.
Je m'inquiète de ce qui se passe ailleurs. L'affaire Nortel n'est pas simple. Il s'agit d'une grosse organisation. D'après ce qu'on m'a dit, il y a très peu d'actifs à Nortel Canada. Il y a peu de liquidités, et un centre international de R-D qui coûte très cher. Il y a donc beaucoup de dettes.
Une des dettes les plus importantes est associée au groupe que je représente — au moins un milliard de dollars associés au déficit actuariel du régime de retraite puis peut-être 300 millions de dollars de plus si vous tenez compte de tous les autres facteurs. Il y a des liquidités à l'étranger, mais il s'agit probablement d'argent qui n'est pas accessible, puisqu'il est engagé en Chine, un pays dont les politiques vous empêchent de rapporter de l'argent au Canada.
À titre de créancier je veux m'assurer que les actifs légitimes qui appartiennent à la corporation mère reviennent au Canada. Je crains également que d'autres pays essaient de venir chercher une partie de l'actif au Canada où on trouve déjà peu d'actifs.
Permettez-moi de passer maintenant aux retraités. Nous sommes des gestionnaires financiers de peu d'expérience. Notre interprétation du régime de pension de retraite ne correspond à celle de l'entreprise. Tout au long de notre carrière nous avons investi dans nos régimes de pension et dans les avantages connexes. Pour nous, la gestion du risque c'était simplement de se demander si nous allions vivre assez longtemps pour profiter de cet investissement, si quelqu'un s'occuperait de nos conjoints, si nous avions un bon régime d'assurance-santé, si nous devenions malades. Nous n'avions jamais pensé à la faillite de l'entreprise.
Quant aux employés invalides, leurs demandes de remplacement de salaire et de prestations de soins de santé deviendront des créances ordinaires. Tout droit de pension accumulé prendra la forme de créance ordinaire. Ces employés ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi ou au LPPS — ils n'auront droit qu'à la rente d'invalidité offerte par le RPP. Quant aux employés licenciés, ils n'auront pas de prime de départ. La majorité des employés n'avaient même jamais pensé à en recevoir une. Il est très rare que les gens ne reçoivent pas de prime de départ lorsqu'ils quittent la société. On a forcé ces gens à demander des prestations d'assurance-emploi, tout cela se fait aux frais des contribuables.
Il existe une injustice très claire. On sait que le problème existe depuis déjà un bon moment, et on ne l'a pas réglé. Les retraités, les personnes invalides et les anciens employés viendront en tout dernier sur la liste des créanciers. Dans les circonstances économiques actuelles, tous demanderont leur juste part. Ce n'est pas simplement une question d'actifs ou même les répercussions fiscales. Le détenteur d'obligations obtiendra un dégrèvement d'impôt. Je ne sais pas ce que nous allons obtenir. Nous allons perdre de l'argent, mais je doute fort qu'au point de vue fiscal on aura quelque traitement que ce soit.
Je suis ici aujourd'hui pour vous demander, à titre de députés, de régler ce problème. La LACC et la LFI nous relèguent au rang de créanciers non garantis. Je vous exhorte, et les choses pressent, d'accorder une plus grande priorité aux créanciers que sont les retraités, les employés invalides et les employés licenciés. Je vous demande d'accorder la priorité à leurs demandes.
Nous sommes un pays à administration fédérale. Les pensions relèvent de compétences provinciales, mais nous sommes néanmoins un pays à compétence fédérale. Il y a deux jours à l'unanimité à la Chambre on a adopté une proposition visant à assurer une plus grande priorité aux régimes de pension de retraite dans les cas de faillites. Un autre comité se penche sur cette question. J'aimerais vous rappeler que ce que nous proposons aujourd'hui n'engage aucune dépense de la part du gouvernement. C'est donc une occasion rêvée d'agir.
Vous qui représentez le gouvernement investissez aujourd'hui dans l'infrastructure afin de protéger l'économie. Pourriez-vous s'il vous plaît investir pour mettre sur pied un cadre juridique afin de rétablir l'équilibre? Une mesure législative en ce sens serait facile à adopter et je vous exhorte d'agir rapidement.
Merci.
Nous sommes heureux de pouvoir prendre la parole devant les personnes présentes ici. Jusqu'à présent, nous nous dissimulions pour ainsi dire dans le décor, vu que nos prestations continuaient à être versées, ce que nous apprécions. Nous l'apprécions vraiment beaucoup.
Une personne en invalidité à long terme n'a pas le choix. Notre vie de travailleur s'achève essentiellement quand nous nous qualifions pour l'invalidité à long terme. Au stade où nous sommes rendus, c'est sans doute seulement une petite portion des personnes en invalidité à long terme qui reconnaissent la menace pesant sur leurs prestations. Mais les recherches effectuées sur la question montrent que la menace est bien réelle.
Nous nous demandons comment Nortel a pu obtenir des avantages fiscaux en entreposant l'argent permettant d'assurer nos prestations dans une fiducie pour la santé et le bien-être, sans toutefois assurer ces prestations d'invalidité de longue durée, contrairement à la recommandation du bulletin de l'Agence de revenu du Canada sur la question. Nous nous demandons également pourquoi notre gouvernement n'a pas les moyens de faire respecter cette exigence et nous dit que nous devons nous adresser au comité des finances, demander pourquoi ces prestations n'ont pas été protégées et voir ce que le comité peut faire pour y remédier.
Pour l'instant, on continue de nous payer, ce dont nous sommes reconnaissants. Nous avons bien conscience aussi du fait que cela pourrait cesser d'un instant à l'autre. Or, il nous reste de nombreuses années avant de pouvoir une retraite, s'il reste assez de retraites, grâce aux efforts déployés par le groupe des retraités. Durant la période où nous attendrons, période pouvant aller jusqu'à 24 ans pour certaines des personnes de notre connaissance dans notre groupe, nous n'aurons plus le remplacement de notre salaire, qui était de 70 p. 100 du salaire de départ, pour la plupart des gens. C'est un salaire qui peut remonter à longtemps. Dans mon cas, il s'agit de dollars de 1994 et donc d'un assez maigre montant pour commencer. Si nous obtenons 20 ¢ par dollar de cette somme, je toucherai environ 20 p. 100 du salaire que m'assuraient les prestations d'invalidité à long terme.
Nous perdrons nos prestations de santé. Nous sommes nombreux à profiter pleinement des prestations de santé assurées par Nortel, mais à payer aussi de notre poche des sommes considérables — autre facteur qui nous inquiète vraiment. Nous n'avons pas droit à l'assurance-emploi, n'ayant pas cotisé, ni au Programme de protection des salariés.
Il nous restera l'invalidité du RPP, soit environ 20 p. 100 de ce que nous assurait notre invalidité à long terme. L'invalidité du RPP a été conçue pour garantir 25 p. 100 du minimum de base nécessaire pour vivre.
En tant qu'employés de Nortel, nous méritons mieux. N'empêche que certaines personnes en invalidité à long terme devront peut-être avoir recours au bien-être social. Nous finirons par être dépendants du gouvernement — pas proactivement, du fait qu'ils ont protégé nos prestations, mais rétroactivement en demandant à obtenir de l'aide sociale. Certaines personnes de notre groupe finiront à l'Hôpital Royal Ottawa, comme l'a déjà fait l'un d'entre nous à cause de tout le stress engendré par la situation et cela nous peine profondément.
Merci.
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Je suis une analyste financière indépendante.
Nortel a eu une structure de coûts trop lourde pour ses revenus, et elle perdait de l'argent au rythme d'un milliard de dollars par année. Tous les chiffres que je fournis aujourd'hui sont en dollars américains.
La crise financière et la récession mondiale qui en a découlé ont provoqué une chute importante des ventes de matériel de télécommunication dans le monde entier, et les revenus de Nortel ont affiché un déclin plus marqué que ceux d'entreprises analogues dans l’industrie.
Laissez-moi souligner un point: Nortel a décidé de se placer sous la protection de la loi sur les faillites en janvier 2009, en ne remboursant pas un versement d'intérêts de 107 millions de dollars, même si son bilan affichait un solde de liquidités de 2,5 milliards de dollars. L'échéance suivante, pour le prochain remboursement majeur sur le capital, est prévue pour 2011, moment où Nortel devra rembourser 1 milliard de dollars. C’est dans deux ans, comme vous le constatez. Il y a des faillites où la situation est beaucoup plus pressante, où il faut rembourser des dettes qu’il n’est pas possible de reconduire.
La direction de Nortel a décidé de son propre gré de se placer sous la protection de la loi sur les faillites pour éviter de payer des indemnités de départ. On ne nous a pas fourni d’estimations précises mais, pour 5 000 suppressions d’emplois dans le monde, ces indemnités seraient de l’ordre de 500 millions de dollars, dont 100 millions (toujours en dollars américains) au Canada.
Effectivement, la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) et la Loi sur la faillite et I’insolvabilité (LFI) n'accordent pas la super priorité aux indemnités de départ. J’aimerais noter, toutefois, que, parmi les nombreuses sociétés se plaçant sous la protection de la LACC, une majorité entame la procédure en demandant au juge d’autoriser le paiement d’indemnités de fin d’emploi. Nortel a choisi de s’abstenir de demander cette autorisation. Pourquoi? Pour optimiser la valeur de Nortel, comme on nous l'a dit à plusieurs reprises aujourd’hui: « Il faut verser des bonus aux employés en poste pour préserver la valeur de Nortel. » Manifestement, des indemnités de départ ou des contributions spéciales pour remédier au déficit du fonds de pension sont dans son esprit — M. Zafirovski, pour être polie — une ponction de l’héritage. J’estime, quant à moi, que cette optimisation de valeur vise avant tout à assurer une valeur maximale pour les détenteurs d’obligations, en s’abstenant de payer les indemnités de départ et les déficits de fonds de pension partout dans le monde.
D’ailleurs, Nortel répond à la définition technique de la faillite, soit d'avoir des actifs nets (les ventes en attente, au premier stade d’une situation en évolution) inférieurs aux créances totales, estimées à 11 milliards de dollars. D’après ce que je peux tirer des rapports actuariels mis à jour, j’estime à environ 5 milliards de dollars les créances liées à l’emploi (indemnités de départ, invalidité, déficits de fonds de pension, au Canada et ailleurs dans le monde) — soit environ la moitié des créances sur lesquelles on cherche actuellement à parvenir à un compromis.
Après avoir écouté l’exposé de la direction plus tôt aujourd’hui, il me semble manifeste qu’elle ne déploie plus des efforts très vigoureux pour que Nortel demeure une entreprise en exploitation. Prenez des déclarations comme « j’ai essayé de remettre la société sur le droit chemin » ou « je croyais vraiment au redressement ». Elles sont toutes au passé.
Le groupe ici, tant employés mis à pied que retraités, aimerait participer activement pour assurer un meilleur paiement du déficit du fonds de pension et, ce qui est plus important, pour assurer l'existence d'emplois de recherche et de développement au pays. Ainsi les enfants des retraités, les diplômés en ingénierie, en mathématiques, en physique, etc. pourraient occuper des emplois rémunérateurs axés sur l'innovation au Canada, sans devoir se rendre dans les centres de recherche et de développement d'acquéreurs étrangers des affaires de Nortel.
Soit dit au passage, il est erroné de dire que le gouvernement fédéral doit hésiter a s'ingérer dans les compétences provinciales concernant les indemnités de départ et les prestations de retraite, car il gère la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) et la Loi sur la faillite et l'insolvabilité (LFI). Je n'ai pas le temps aujourd'hui d'approfondir la question, mais je vous exhorte tous à vous pencher sur la cause entendue par le juge Farley de la Cour d'appel de l'Ontario. Quand le surintendant des Services financiers de l'Ontario a demandé à la cour d'approuver des contributions spéciales pour remplacer le déficit du régime de retraite d'Ivaco — dans la logique des lois de la province —, le juge a refusé parce qu'Ivaco serait liquidée et que, au titre de la LFI, les déficits de pension et les contributions spéciales étaient sur un plan d'égalité avec les créances non garanties. Le juge n'était pas disposé à mettre en œuvre des protections stipulées par la Loi sur les régimes de pension de l'Ontario.
À la suite de cette décision et de ce qu'on nous a dit aujourd'hui quant à la raison du refus de payer les créances liées à l'emploi dans le cas de Nortel, nous demandons une modification d'urgence de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité, afin, dans cette situation, d'accorder aux indemnités de départ et aux déficits de pension une super-priorité sur les détenteurs d'obligations et de créances non garanties.
Il a été dit qu'il n'y avait pas de créanciers titulaires de sûretés dans la société. J'aimerais signaler qu'il y a un financement de créancier en possession non indépendant de 200 millions de dollars provenant des États-Unis. Il bénéficiera en super priorité des liquidités créées par la vente d'actifs de Nortel. C'est une société basée au Canada, bien qu'elle compte de multiples filiales dans de nombreuses régions du globe, avec leurs propres sociétés, actes de fiducie et priorités.
Don Sproule, président du Comité de sauvegarde des retraités a souligné le caractère particulièrement précaire de la situation au Canada. Bien que Nortel compte 115 années d'histoire et soit la base d'opération de la moitié de la recherche et du développement de Nortel dans le monde, c'est surtout un centre de coûts — ce qui est typique de bon nombre de sociétés connaissant un succès international.
Du fait des opérations intersociétés entre le Canada et les États-Unis, sur les ententes de transfert de prix, les prêts intersociétés, etc. nous sommes convaincus que, sans intervention du gouvernement, les liquidités apportées par les ventes de Nortel apporteront peu de fonds pour bonifier le régime de pension et les indemnités de départ, peut-être même rien pour le Canada ou seulement 10 ¢ par dollar.
Vu les opérations intersociétés sans intervention du PDG, j'estime déraisonnablement optimiste de dissoudre avec des contrats internes pour veiller à ce que des sommes suffisantes soient affectées au paiement du déficit de la caisse de retraite.
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Mes excuses. Je vais ralentir.
Ce sont des contrats qui ont tous été annulés, quand Nortel s'est mise sous la protection de la LACC, ce qui l'arrangeait bien. À notre grande surprise, nous nous retrouvions en plus sur un pied d'égalité avec les créanciers non garantis et pouvions nous attendre à toucher seulement quelques sous par dollar, dans le cadre d'une entente qui pouvait se faire attendre plus d'un an. Nous avons également découvert que les questions d'indemnités de départ et de retraite étaient protégées uniquement au titre des lois provinciales. Une fois qu'une société se place sous la protection de la loi fédérale, la LACC, elle n'est plus tenue de respecter ses obligations provinciales.
À l'époque où la société s'est placée sous la protection de la Loi sur les faillites, elle disposait de 2,5 milliards de liquidité. Tous autant que nous sommes, on voyait mal comment elle pouvait avoir besoin de la protection de la loi, avec tant de liquidité disponible. Le PDG nous avait assurés, quelques semaines auparavant seulement, que les liquidités suffiraient largement à nous amener au quatrième trimestre de 2009.
C'est là qu'il faut intervenir. Il faut réviser la LACC et la LFI pour donner la super-priorité aux créances des employés actuels et passés, dans ce type de circonstance. Un employé ou un retraité n'a pas de recours à l'encontre d'une société en faillite et ne devrait pas être traité comme un créancier commercial. Il faut reconnaître le caractère unique du groupe des employés et des retraités. S'il vous plaît, veillez à ce qu'on ne puisse pas utiliser la LACC pour contourner les lois provinciales gouvernant habituellement l'emploi et pour échapper aux obligations financières envers les employés: accorder des indemnités de départ et combler les déficits des caisses de retraite. Reportez-vous au message électronique de Mike Zafirovski, le 30 janvier 2009, qui figure dans mon mémoire. Il indique clairement qu'il était essentiel pour les liquidités de Nortel à l'avenir que la société soit dispensée de ses obligations en matière d'indemnités de départ, grâce à la mise sous la protection de la Loi sur les faillites.
Hélas, malgré la priorité clairement accordée aux liquidités et la détermination de la société à sortir indemne du champ de mines des dettes, Nortel verse maintenant 45 millions de dollars de bonus à ses cadres supérieurs, ainsi que des incitatifs fiscaux à ses employés, qu'on estime à 68 millions de dollars à l'interne. Est-ce ainsi que procède une société qui essaie de se rétablir financièrement? Pas à ce que nous croyons.
C'est une solution de facilité qui permet aux employeurs de se décharger de leurs obligations envers les employés sur le gouvernement canadien et les contribuables. Du fait de cette décision, on s'attend à ce que 1 100 employés dépendent de l'assurance-emploi, ce qui devrait coûter aux contribuables 20 millions de dollars et au fisc 34 millions de dollars, pour le manque à gagner en impôt sur les indemnités de départ.
Tout compte fait, en mettant habilement en oeuvre cette approche juridique, Nortel évite de payer des sommes estimées à 125 millions de dollars pour les indemnités de départ au Canada, 1,25 milliard de dollars pour les prestations de retraite et 200 millions de dollars pour les prestations de santé et autres après la retraite. La société déleste aussi le contribuable canadien d'environ 54 millions de dollars, sans coup férir. Vraiment, c'est une aubaine.
Ce coup d'éclat a été accompli grâce aux lacunes de la LACC et de la LFI, qui datent d'un certain temps, et grâce à des honoraires juridiques de 5,5 millions de dollars par mois. Il faut remédier à la situation, y remédier tout de suite, car c'est un moyen qu'utilisent déjà des sociétés se mettant en faillite et que bien d'autres utiliseront à l'avenir.
En tant qu'employés de Nortel mis à pied, nous voulons épargner cette indignité à tout honnête travailleur canadien à l'avenir. Nous voulons veiller à ce que les lois soient modifiées, afin que des employeurs comme Nortel soit contraint d'honorer leurs obligations envers leurs employés et de faire ce qui est moral et éthique. Nortel et ses cadres de direction doivent rendre des comptes pour ce qui s'est passé et, avant tout paiement de bonus, être contraints à honorer leurs obligations en matière d'indemnités de départ et de retraite.
Vu le peu de temps dont je dispose pour l'exposé, je vous demanderai de bien vouloir consulter la documentation supplémentaire que nous vous avons fournie. Nous ne demandons pas mieux que de collaborer avec toute instance gouvernementale, afin de corriger la situation pour les générations à venir.
En conclusion, je voudrais vous remercier du temps que vous nous avez consacré et de l'attention que vous nous avez prêtée ici. Une fois de plus, j'exhorte notre gouvernement à se mettre tout de suite au travail pour réparer les lois fédérales, la LACC et la LFI, afin de protéger les travailleurs canadiens innocents à l'avenir.
J'en resterai là et serai heureux de répondre à toutes questions que vous aurez.
Merci.
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Oui, merci beaucoup monsieur le président. Je vais m'adresser à vous brièvement à titre personnel et à titre de pensionné.
Je me suis joins à Bell Northern Research, qui a fini plus tard par faire partie de Nortel, en 1973, et j'ai pris ma retraite 29 ans plus tard. Je veux vous dire que l'un des problèmes auquel vous devez faire face, c'est que parmi les quelque 20 000 personnes qui sont déjà touchées ou qui seront touchées par le sous-financement des régimes de retraite, nombreuses sont celles qui ignorent totalement les risques qu'elles courent.
J'ai parlé à beaucoup de gens qui reçoivent leur une rente de survivant et qui persistent à croire que ces rentes sont protégées par le gouvernement. Les difficultés sont nombreuses: sous-financement des régimes de pension, l'impact de l'échec des marchés boursiers et l'annulation imminente de nombreuses prestations supplémentaires, comme le plan de santé, l'assurance-vie... Le régime de santé, évidemment, comprend les prestations dentaires, l'assurance-médicaments et ainsi de suite qui sont absolument essentielles pour les pensionnés âgés. Nombre d'entre eux devront faire face à des difficultés extrêmes.
Dans la salle aujourd'hui, je reconnais de nombreux anciens collègues et contacts de Nortel. Je crois que vous avez entendu de nombreux autres représentants de Nortel vous répéter que cette entreprise misait beaucoup sur le travail d'équipe et a fait une contribution importante de la technologie au Canada. L'entreprise fonctionnait comme une université. Elle jouait peut-être même un rôle plus important que le Conseil national de recherches pour ce qui est de créer des connaissances et de la propriété intellectuelle qui permettaient la formation de nombreuses entreprises et de nombreuses technologies de premier plan au niveau mondial. C'était un joyau que nous risquons de perdre. Ainsi, comme de nombreux autres anciens employés de Nortel, j'espère que des initiatives comme la proposition de Robert Ferchat seront possibles et que l'entreprise pourra ressusciter pour créer un joyau de la technologie de moins grande envergure mais qui fera tout de même partie de la technologie au Canada.
Je vous dirai que de nombreuses personnes n'ont pu venir en cette salle aujourd'hui. Il y a des gens à qui on a refusé l'accès et qui sont sur les marches à l'extérieur du Parlement ce matin. En janvier, lorsque Nortel a demandé la protection en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies, plus de 700 personnes ont tenté de participer à la première réunion d'information organisée entièrement par des bénévoles, parce que nombre d'entre nous, à titre de pensionnés, de retraités, n'avons tout simplement pas eu de l'information de la part de l'entreprise ou du surveillant de l'information nous expliquant clairement ce qui se passait dans le cadre de ce processus. Nous voici donc ici devant vous aujourd'hui, et vous avez entendu des propositions éloquentes du Comité de protection des pensionnés de Nortel. Je me suis également porté volontaire pour aider ce comité. Je voulais simplement m'adresser à vous aujourd'hui à titre de pensionné, comme de nombreuses personnes assises derrière moi pour qui cette question est importante.
L'intervention du gouvernement fédéral est essentielle, parce que bien qu'il s'agisse d'un problème qui touche plusieurs compétences, comme vous l'avez entendu, de nombreux problèmes ont été créés parce que le processus fédéral l'emporte sur les protections provinciales auxquelles on se fiait.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître. Les exposés ont été très intéressants. Je savais que nous obtiendrions une autre version des faits.
C'est difficile. Tout le monde dans la salle ici a de bonnes intentions, et je crois que nous sympathisons tous avec les anciens employés. C'est étrange quand on pense la façon dont on en est venu là. Nous sommes en fait ici pour une autre raison. Nous procédons à une étude sur la stabilité de notre système financier et la disponibilité du crédit, et ensuite nous avons remarqué qu'il y avait des problèmes avec les régimes de retraite, alors nous entreprenons une étude. Finalement, il n'y a pas meilleure étude de cas que la présente étude car cette situation est en plein déroulement.
Nous sommes désormais pris dans un dilemme, parce que à titre de parlementaires, nous siégions à des comités et nous avons nos propres responsabilités au sein de ces comités — oubliez nos champs de compétence, qu'il s'agisse de politiciens au fédéral, au provincial ou au municipal. Vous avez la chance, je peux envoyer la balle au secrétaire parlementaire du ministre de l'Industrie, mais je ne sais pas comment nous allons résoudre cette question.
Il y a deux arguments ici. Il y a la question que j'ai posée à M. Zafirovski initialement; soit, comment faire en sorte que cette situation ne se reproduise pas, et que faire maintenant? Je regrette de dire que ce qui se passe actuellement est en fait un conflit commercial, mais il y a certainement désaccord quant aux faits. Comment peut-on en venir à une entente si on ne peut même pas s'entendre sur ce qui est arrivé par le passé? Il s'agit donc d'un gros problème.
Tout le monde a plus ou moins proposé que nous changions la LACC. Je ne sais pas si ça pourra être fait bientôt et aider les gens que nous tentons d'aider. Alors j'ai besoin d'instructions. Je dois comprendre en partie ce qui est arrivé par le passé.
Par exemple, monsieur Sproule, vous avez parlé des détenteurs d'obligations; vous avez dit qu'ils étaient sophistiqués, mais je ne suis pas d'accord. Les détenteurs d'obligations ne sont pas sophistiqués; autrement ils n'auraient pas investi. Je crois en fait que ce sont les investisseurs les moins sophistiqués, et c'est ce que nous avons pu constater durant toutes nos études. Je vais peut-être en fait à mon tour vous blâmer, parce que vous étiez là. Vous êtes les employés, vous pouviez voir ce qui se passait. Pourquoi ne nous avez-vous pas aidés en disant peut-être que ce n'est pas une entreprise dans laquelle il valait la peine d'investir? C'est peut-être une question difficile, et vous pouvez peut-être en rire, mais vous êtes aux premières lignes. Qu'est-ce qui est arrivé?
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue, et bonjour à tous les témoins. J'aimerais m'adresser particulièrement à M. Ken Lyons.
Monsieur Lyons, je sais que vous êtes un des représentants du Comité de sauvegarde des retraités et des anciens employés de Nortel. Vous représentez près de 3 000 retraités de Nortel au Québec.
Tout à l'heure, j'entendais mon collègue M. Carrier dire que le capital humain, les ressources humaines, a été, et sera encore dans l'avenir, la principale ressource des entreprises comme Nortel. On a entendu des gens dire pour leur part que Nortel, c'était leur vie, leur passion, et qu'ils y ont tout donné.
Tout à l'heure, je demandais à M. Zafirovski comment il se sentait devant une telle situation, alors qu'il n'a même pas tenté d'aider les gens — je n'ai pas posé cette question, mais on l'a entendu après. Quand il est intervenu auprès du gouvernement fédéral et qu'il a rencontré des ministres, il n'a pas tenté, dans un premier temps, de protéger ses ex-employés, ses retraités. Cela n'a pas été fait.
J'entendais mon collègue M. Pacetti nous dire qu'il ne veut jeter le blâme sur personne. J'ai de la difficulté à accepter que n'ait pas été fait ce qui aurait pu être fait pour soutenir, dans un premier temps, les retraités, cette ressource humaine. On veut miser sur les ressources humaines pour l'avenir, mais il faut aussi au moins montrer du respect pour les personnes qui ont permis à Nortel d'atteindre le niveau d'excellence qu'elle a atteint, à un certain moment donné.
J'aimerais vous entendre, particulièrement sur ce sujet, monsieur Lyons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les gens présents ici aujourd'hui pour avoir mis un visage humain à ce drame.
[Traduction]
Il est très pénible d'observer ce que vivent les employés de Nortel, mais il faut également comprendre, comme l'a signalé le PDG de Nortel, qu'il a communiqué avec le gouvernement canadien afin de trouver une solution qui permettrait d'éviter l'effondrement et la destruction de Nortel, une entreprise qui a su assurer beaucoup de richesse et de croissance et de ressources, non seulement pour elle-même, mais également pour l'économie canadienne et pour le milieu intellectuel. Le démantèlement de Nortel est l'Avro Arrow du XXIe siècle. C'est une de ces graves erreurs qui se produit, et j'ai été désemparé d'apprendre qu'on avait simplement écarté du revers de la main la recherche d'une solution qui aurait permis à Nortel de survivre plutôt qu'être démantelée.
Monsieur Lyons, je vous remercie d'avoir signalé une chose que bien des gens oublient, soit que l'argent qui est versé dans les caisses de retraite est en fait un manque à gagner. C'est votre argent, mais vous l'avez versé dans un régime de retraite. Cet argent n'appartient pas à l'employeur. C'est votre argent pour que vous puissiez vous en servir plus tard. Vous devez pouvoir y avoir accès plus tard.
Le président a mentionné une autre question importante que je me dois de répéter maintenant. En raison de la portée et de l'importance des changements qu'a vécus Nortel, tous les effets pervers ont été amplifiés; il suffit par exemple de mentionner la question du revenu fantôme. Pour ceux d'entre vous qui n'avez pas suivi le dossier, nous l'étudierons en septembre. Beaucoup d'employés de Nortel ont acheté des actions, il y a eu disposition présumée à une valeur supérieure. Il s'agit d'argent que ces employés n'ont jamais vu — cependant ils doivent payer des impôts sur ce montant. Et comme on le dit souvent à la gare, soyez prudents, parce que souvent un train peut en cacher un autre. Dans le secteur des faillites, dès que vous pensez vous être défait d'un problème, on vous présente une nouvelle disposition présumée et les employés devront à nouveau payer.
Pour ce qui est des primes de départ, si vous avez reçu votre prime, vous ne recevrez pas de prestations d'assurance-emploi. Vous devriez pouvoir survenir à vos besoins grâce à cette prime pendant une certaine période puis passer aux prestations d'assurance-emploi si nécessaire. Dans le cas qui nous occupe les anciens employés passeront directement aux prestations d'assurance-emploi — c'est le gouvernement qui a choisi de procéder de cette façon lorsqu'il a refusé la proposition présentée par M. Zafirovski. Ces prestations seront visées par des mesures de récupération si vous recevez ne serait-ce que 22 ¢ par dollar. C'est là l'explication que j'ai donnée quand j'ai dit que tous les effets pervers possibles étaient amplifiés.
J'aimerais vous poser une question, madame Urquhart. Jugez-vous que si on accordait la priorité aux prestations de retraite et aux primes de départ plutôt qu'aux détenteurs d'obligations et aux fournisseurs non garantis, cela encouragerait l'entreprise à multiplier ses efforts pour survivre plutôt que d'accepter qu'on passe simplement à la dissolution de l'entreprise? Le pensez-vous?
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Je vous remercie de cette explication. Nous sommes plutôt d'accord avec vous, et c'est justement pourquoi il faudrait tenir compte de cette proposition de Nortel.
M. Sproule a très justement signalé qu'une motion du NPD a été adoptée à l'unanimité il y a quelques jours à la Chambre des communes; elle proposait, par exemple, que les cadres de l'Office d'investissement du régime de pensions du Canada remboursent les millions de dollars de primes qu'ils se sont accordées. Je pense qu'on retrouve un petit thème ici dans cette discussion.
Évidemment, cette motion permettrait également de régler ce genre de problème. Rien ne nous empêche de le faire. Cependant d'après la description qu'on nous a donnée des réunions qui ont eu lieu, tout semble indiquer que le gouvernement attend avec impatience le démantèlement de Nortel car il ne désire certainement rien faire pour assurer la survie de cette entreprise. Nous avons trouvé cette nouvelle très pénible.
Le commentaire qu'on a fait sur la Loi sur l'impôt sur le revenu est judicieux. Le comité s'est penché sur la question, et il s'agit là d'une des choses qu'il faut régler. Clairement, lorsque les choses vont bien, vous devez être en mesure de cotiser des montants plus importants, et cette limite ne devrait pas être au niveau actuel. L'explication que vous avez fournie était très bonne.
Il y a une autre petite chose étrange. Le dirigeant de l'Agence du revenu du Canada était des nôtres il y a quelques semaines et nous lui avons demandé pourquoi les employés de la Société JDS Uniphase avaient eu droit à une remise extraordinaire en ce qui a trait à leur revenu fantôme et pourquoi la même offre n'avait-elle pas été offerte aux employés de Nortel? Nous lui avons demandé s'il avait déjà vu des choses du genre, qu'on avait déjà offert des décrets de remise pour un groupe particulier, une offre qui n'avait pas été généralisée. Il a dit que depuis la création de l'agence, on n'avait jamais vu de telles choses. Et c'est le dirigeant de l'Agence du revenu du Canada qui l'a dit.
La seule différence entre ces deux cas est que tous les employés de JDS Uniphase — et je suis heureux qu'ils aient reçu cette remise — vivent dans la circonscription du ministre Lunn. Il semble que ce soit la seule chose qui joue en leur faveur. Espérons donc que puisqu'un bon nombre de retraités vivent dans certaines circonscriptions particulières, tout particulièrement ceux qui vivent dans la région d'Ottawa, peut-être certains des ministres mentionnés, M. Flaherty, le ministre de l'Industrie, M. Clement et le premier ministre seront plus portés à entendre les doléances des anciens employés de Nortel.
Encore une fois, je tiens à vous remercier d'être venu nous présenter le facteur humain de l'affaire Nortel et nous expliquer la situation que vous vivez, tout particulièrement celle des employés qui reçoivent une pension d'invalidité.
Monsieur Clooney, j'aimerais bien que vous puissiez nous fournir... Vous nous avez donné des renseignements particuliers sur les documents qui mentionnent la Sun Life et vous avez mentionné également une déduction. Peut-être pourriez-vous fournir ces documents au greffier du comité pour que nous puissions en fait voir de nos propres yeux. C'est absolument incroyable. Je ne dis pas que je ne vous crois pas, je fais simplement référence au fait que l'on laisse entendre aux gens qu'ils ont une assurance et qu'ils découvrent plus tard qu'elle n'existe pas. Et qu'ils sont simplement des créanciers ordinaires.
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J'essaierai même de prendre moins de temps que ça.
Merci de me donner la parole encore une fois. C'est exactement ce facteur humain qui a rendu très difficile et agonisante cette prise de décision. Lorsque nous avons demandé la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers en janvier, la décision n'avait été prise que le 13 janvier. J'ai une famille, et trois fils. Je leur dis régulièrement que s'ils veulent accomplir quelque chose d'important, il faut s'y consacrer entièrement, et c'est certainement ce que nous avons fait. Et comme je le dis toujours, le succès n'est quand même pas garanti.
La phase un permet de donner l'assurance à tous les employés, les anciens employés, les retraités — qui eux aussi font tous les efforts possibles. Nous demandons aux clients, aux fournisseurs, aux employés de coopérer avec nous pendant ce processus de maximisation de la valeur des dettes de Nortel, avec toutes les contraintes actuelles. C'est une obligation essentielle. C'est la seule raison pourquoi je fais tout cela. Je vous confirme mon engagement personnel à cet effet. Je l'ai dit régulièrement aux employés. Il m'est impossible d'exprimer tout le respect que j'ai pour les 100 années d'existence, et même plus, de Nortel.
Nous avons fait tout ce que nous pouvions. La situation est différente. Malgré tout, de nombreux actifs de l'entreprise sont en excellente situation. Nous essayons de les maximiser pour que tous en profitent, mais surtout les employés et les parties prenantes. M. Tay peut confirmer toutes les discussions que nous avons eues à l'interne.
Il y a eu deux questions très précises sur l’ILD. Il y a 409 personnes qui reçoivent ces prestations. Nous continuons de les verser. Nous examinons les possibilités pour pouvoir poursuivre ces versements, sans garantie de résultats à ce sujet.
Je ferai un commentaire très bref sur les régimes de retraite. Nous avons mis fin au régime de retraite de Nortel en 2006. Pour de nombreuses grandes entreprises qui vivent différentes situations, avoir 25 000 personnes qui paient pour plus de 100 000 retraités représente un risque très important. Nous sommes passés aux cotisations déterminées qui sont des prestations déterminées. Je crois que c'est une façon intelligente de gérer le régime de retraite des employés.
Pour terminer, on a dit que nous n'avions pas été complètement francs en ce qui concerne les priorités. J'aimerais demander à M. Tay de parler des 200 millions de dollars.