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D’accord. Je vais vous parler très brièvement de la saison automne-hiver.
Je commencerai par dire que la crise financière qui a sévi pendant tout l’automne 2008 a eu des répercussions sur la demande de homard, qui est perçu dans nos marchés comme un produit de haute gamme consommé lors d’occasions spéciales. En octobre, le prix débarqué était tombé à 2 $US ou 2,25 $US au Maine. Les chaînes de supermarchés ont mis le homard en promotion à des prix sans précédent aux États-Unis, mais la demande est restée basse malgré ces prix.
La crise bancaire mondiale s’était répercutée sur les acheteurs de fruits de mer et leurs clients des chaînes de distribution par suite du resserrement du crédit et de l’inquiétude suscitée par les comptes débiteurs non assurés.
L’industrie de la pêche au homard du Canada atlantique a deux périodes annuelles de surabondance des quantités débarquées. L’une de ces périodes se situe en décembre à l’ouverture de la pêche dans la baie de Fundy et dans la ZPH 33. Les acheteurs s’attendent alors à rapporter d’importantes prises si le temps est favorable à la pêche.
Cette année, nous avons eu presque une semaine supplémentaire de pêche à cause de la façon dont tombait le dernier lundi de novembre.
D’après les renseignements recueillis sur les marchés avant le début de la saison, il était possible que les ventes aux restaurants diminuent de 50 p. 100 aux États-Unis à cause de la mauvaise conjoncture économique et de l’aggravation de la récession. Les conditions économiques n’étaient pas beaucoup plus brillantes dans l’UE et en Asie.
Les exportations de homard vivant de la baie de Fundy au marché japonais étaient également en baisse à cause de l’inquiétude suscitée par les niveaux de toxines d’empoisonnement marin paralysant dans le tomalli.
Ces dernières années, les usines de transformation du homard de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick achetaient jusqu’à 10 millions de livres des prises de la saison automne-hiver du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Le prix débarqué et les stocks détenus par les usines déterminent leurs achats de décembre. D’après les discussions qui avaient eu lieu avant l’ouverture de la saison de pêche, la limite des usines semblait devoir se situer à 3 millions de livres cette année, et seulement à condition que les prix baissent sensiblement.
Les banques mettaient en garde les acheteurs de homard au sujet des niveaux de crédit et des risques à assumer. Avec la baisse de la demande des restaurants, les acheteurs de homard vivant espéraient que des prix peu élevés stimuleraient, pendant la période des fêtes, la demande dans le secteur des épiceries de détail. Tout le monde craignait d’avoir de gros stocks en janvier parce que la plupart des usines de transformation seraient fermées et qu’on s’attendait à une aggravation de la récession.
Comme prévu, les prises débarquées ont été très importantes jusqu’à la mi-décembre. De plus, comme je l’ai dit, la saison avait commencé tôt à cause de la façon dont tombait le dernier lundi de novembre. Les pêcheurs de la ZPH 34 ont décidé de ne pas travailler le dimanche pour diminuer les quantités débarquées. La pêche a commencé à 3,25 $CAN la livre. Les pêcheurs ont même arrêté la pêche pendant deux jours, début décembre, pour protester contre le niveau des prix.
À la mi-décembre, beaucoup d’acheteurs signalaient que la demande à l’exportation était très faible. Ils étaient inquiets de l’accumulation des stocks. Nous avons même envisagé la possibilité d’un scénario de catastrophe, dans lequel une partie des stocks excédentaires pourrait se retrouver dans les décharges publiques.
Après le 15 décembre, le temps s’en est mêlé, les tempêtes survenant les unes après les autres. Les quantités débarquées ont donc diminué assez tôt en décembre. Comme nous l’avions espéré, le homard vivant s’est très bien vendu dans le secteur des épiceries de détail pendant la période des fêtes, les consommateurs réagissant aux bas prix. En même temps, les médias ont accordé beaucoup d’attention à la situation des pêcheurs de homard en publiant presque tous les jours des articles qui parlaient des prix très bas et des difficultés des pêcheurs. « Joe le plombier » a donc célébré Noël et le Nouvel an en mangeant du homard à la maison.
Début janvier, les usines de transformation de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick avaient acheté près de 6 millions de livres, ou le double de la quantité prévue, à un prix livré d’environ 3,90 $.
Pour beaucoup d’acheteurs, les stocks étaient à zéro le 1er janvier et la perspective de nouvelles prises était très faible à cause du temps et du fait que le prix débarqué n’était pas assez élevé pour inciter les pêcheurs à braver l’hiver.
Il y a toujours une certaine demande de homard à l’exportation en janvier, février et mars. Certains des acheteurs ont alors commencé à offrir des prix plus élevés pour les maigres prises débarquées et les stocks qui restaient. Les pêcheurs ont eu l’impression d’avoir été trompés et d’avoir cédé leur homard à trop bas prix en décembre.
La conclusion est la suivante. Si le temps n’avait pas réduit les prises débarquées à la mi-décembre, si les usines de transformation s’en étaient tenues à la quantité prévue de 3 millions de livres, si la demande du secteur des épiceries de détail avait été moins forte, si les médias n’avaient pas fait tant de publicité gratuite pour le homard avant Noël et si les pêcheurs avaient gardé des stocks importants sans les vendre, nous aurions peut-être discuté aujourd’hui du scénario des décharges publiques et d’un nouvel effondrement des prix du homard pendant l’hiver. Les prévisions rétrospectives sont toujours parfaites.
Je peux maintenant passer aux perspectives du printemps. Dans le Canada atlantique, la production de homard de printemps est estimée à environ 60 millions de livres et se répartit ordinairement à parts égales d’environ 30 millions de livres entre les usines de transformation et le marché du homard vivant. Les questions que nous nous posons actuellement en pensant aux prix du printemps portent notamment sur les quantités débarquées par rapport à l’année dernière, sur la part des prises que les usines de transformation décideront d’acheter et sur le prix correspondant.
Nous avons quelques facteurs à considérer. Pendant l’été et l’automne, les États-Unis produisent 30 à 40 millions de livres de homard qui s’ajoutent à la production canadienne. Je mentionnerai quelques-uns des problèmes qui se posent, ce qui vous permettra de me demander des questions. Cette semaine, le prix à bord des bateaux est d’environ 7 $, après avoir été de 3,25 $ pendant l’hiver. Nul ne peut prévoir le prix à bord qui aura cours ce printemps, mais il serait raisonnable de penser qu’il sera inférieur aux 5 $ du printemps dernier. Nous nous attendons à du homard d’excellente qualité ce printemps. Nous prévoyons également des quantités au moins aussi importantes que celle de l’année dernière. La demande demeure la grande inconnue.
Quelles quantités les usines de transformation prendront-elles? Le resserrement du crédit et l’accumulation des stocks de certains produits auront sûrement des effets sur leurs commandes et sur le prix débarqué du homard. La situation économique internationale semble s’aggraver à mesure que s’accroît le nombre de personnes qui reçoivent leur avis de mises à pied. Le crédit influe énormément sur l’industrie parce que nous empruntons pour constituer des stocks de homard. Nos clients sont éparpillés un peu partout dans le monde. Dans certains cas, nous n’avons pas la possibilité d’assurer nos comptes débiteurs. Le risque assumé est donc important.
Le prix du carburant est actuellement avantageux. Il est bien sûr inférieur à ce qu’il était le printemps et l’été de l’année dernière. De plus, nous avons en ce moment un bon taux de change avec les États-Unis, que nous n’avions pas le printemps dernier. Pour ce qui est du transport aérien, nous sommes en meilleure position qu’en décembre. Il y aura quelques vols de plus au départ de Halifax.
Pour ce qui est de l’inquiétude du marché japonais au sujet de l’empoisonnement marin paralysant, il est vraiment curieux de noter que c’est la FDA américaine qui a soulevé la question en juillet dernier. Le homard peut être expédié du Connecticut et du New Jersey à destination du Japon sans être soumis à des tests. Le Canada était mentionné dans l’avertissement de la FDA. Nous devons faire un essai préalable de notre produit avant de l’expédier au Japon. Ensuite, nous devons payer une autre fois pour les tests lot par lot à effectuer sur place. L’Agence canadienne d’inspection des aliments et Pêches et Océans Canada travaillent sur cette affaire, mais, pour le moment, il n’y a pas de doute qu’elle limite nos exportations au Japon.
Voilà quelques-unes des questions que nous nous posons en prévision du printemps. Je vais m’arrêter là.
Je m’appelle Adrian Gloade. Je vous parle au nom de la première nation de Millbrook, qui est établie à Truro, en Nouvelle-Écosse. Je représente les quelque 1 700 membres de notre première nation, qui vivent dans la réserve et à l’extérieur. Nous avons une cinquantaine de permis de pêche. Je suis venu vous parler de la pêche au homard et des effets qu’elle aura sur notre collectivité.
Nous sommes plus ou moins en crise en ce moment. Nous tenons souvent deux réunions par semaine rien que pour discuter de racontars sur les prix du homard cette année. La situation semble beaucoup affecter les pêcheurs, qui se demandent s’il y a lieu de faire la pêche au homard ce printemps. Nous avons des permis pour la côte est, le golfe et la zone 35, ici à Digby.
Presque tous les capitaines me disent qu’ils n’arrivent pas à trouver des équipages parce qu’ils préfèrent tous aller à la pêche au crabe des neiges. Le chef et le conseil ont beaucoup de difficulté à trouver des gens pour exploiter ces permis. Comme la saison du crabe des neiges commence tôt cette année, un capitaine m’a dit qu’il ne pouvait emmener qu’un seul matelot parce que tous les autres voulaient aller à la pêche au crabe. Cela nous amène à la question de savoir combien vont rester chez eux et quels seront les effets sur l’emploi et l’assurance-emploi.
Selon le prix qu’atteindra le homard, jusqu’à 21 de mes travailleurs pourraient décider de rester chez eux. Je vais devoir essayer de leur trouver du travail dans d’autres pêches commerciales. Ce ne sera pas du tout facile. Nous essayons d’avoir un entretien avec les membres de la bande une fois par semaine pour trouver une solution à ce problème. Comme Denny l’a dit plus tôt, le prix remontera peut-être. Quoi qu’il en soit, ce sont les problèmes que je dois régler en ce moment.
Je suis surtout venu pour dire que cela influera sur nos permis de crabe des neiges, de thon, d’espadon et de pétoncles. Nous avons différents équipages choisis en fonction des permis. Maintenant que les hommes ne veulent pas y aller, des pressions s’exercent sur d’autres pour qu’ils s’abstiennent aussi. À l'heure actuelle, ma position n’est pas très enviable.
Voilà, c’est à peu près tout ce que j’ai à dire.
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Pour ce qui est des stocks vivants, nous avons un système géré de concert avec le Centre de la science du homard du Collège vétérinaire de l’Atlantique, à Charlottetown. Toutes les semaines, 12 ou 13 entreprises transmettent les stocks en livres qu’elles détiennent dans leurs viviers. Le dernier chiffre que j’ai vu -- qui remonte à vendredi dernier, je crois -- représente une extrapolation basée sur cette douzaine d’entreprises. Il était d’environ 2 millions de livres.
Où se situent ces stocks par rapport aux deux dernières années? Il y a deux ans, nous étions pratiquement à court de homard, et le prix a atteint 15 $. Essayer d’augmenter la production dans ces conditions n’aurait pas été très avantageux. Beaucoup de restaurants n’avaient plus de homard à leur menu parce que le prix était beaucoup trop élevé.
Aujourd’hui, nous sommes à mi-chemin entre la situation d’il y a deux ans et celles de l’année dernière. Le dernier graphique que j’ai vu était plus plat, et les choses commençaient à se stabiliser. Les chiffres n’étaient pas à la baisse. Par conséquent, je crois que nous avons actuellement des stocks modérés de homard vivant.
Si vous voulez également connaître les stocks des usines de transformation, la question est très importante car, comme je l’ai dit, sur les 60 millions de livres que nous nous attendons à prendre ce printemps et au début de l’été, 30 millions de livres vont habituellement au secteur de la transformation de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick. Les quantités que le secteur achètera auront des effets très importants. Supposons que les usines n’achètent que la moitié de la quantité habituelle parce qu’elles ont de gros stocks. Si nous essayons de vendre le reste sur le marché du homard vivant, les prix risquent de sombrer.
Bref, nous n’avons pas un système d’inventaire. Le système dépend des entreprises, je suppose. M. MacAulay sait peut-être où en sont Ocean Choice et les autres sociétés sur le plan des stocks.
On me dit que les stocks de sacs de homard bouilli congelé sont assez gros et pourraient causer des problèmes.
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J’aurais bien voulu qu’on trouve une solution aux problèmes actuels des banques. Les gens semblent faire de grands efforts, mais...
Je sais que chaque société a sa propre façon d’affronter la situation. Les grandes banques accordent du crédit. En novembre dernier, alors que nous discutions du prix d’ouverture, certains de nos acheteurs ainsi que des représentants des sociétés nous disaient qu’ils n’avaient accès qu’à la moitié du crédit qu’ils pouvaient obtenir l’année précédente.
De plus, dans le passé, on pouvait parfois aller au-delà de la limite de crédit sans perdre les clients. Cette année, cependant, quelqu’un m’a appelé à quelques jours de l’ouverture de la saison pour me dire que sa banque l’avait contacté pour le mettre en garde contre tout dépassement de sa limite de crédit.
De plus, j’ai eu un entretien avec les représentants d’une société de Boston qui établit des perspectives de crédit. Ces gens nous ont avertis. Nous savons qu’il est difficile d’obtenir de l’assurance sur les comptes débiteurs. Ils nous ont donc dit d’être très prudents et de ne pas trop laisser grossir ces comptes parce que certaines chaînes de restaurants étaient au bord de la faillite.
Je n’ai donc pas de solutions à proposer. Je suppose qu’il faut attendre et laisser la récession se résorber d’elle-même. Nous pourrons alors revenir, je l’espère, à une meilleure situation de crédit.
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La récession est le facteur négatif le plus important qui agit sur le marché. Je crois avoir mentionné plus tôt que nous avons fait l’objet de commentaires de John Sackton, de Seafood.com, à la table ronde sur le homard qui a eu lieu fin janvier ou début février. D’après ses recherches, les achats des restaurants ont baissé de 50 p. 100 aux États-Unis. Beaucoup de homard est consommé dans le secteur de la restauration. Nous avons dû réorienter notre commercialisation et compter davantage sur les chaînes d’épiceries, dont les prix sont inférieurs. Ces chaînes doivent faire des promotions pour inciter les gens à acheter du homard.
Je ne sais pas ce qu’il est possible de faire pour stimuler la demande. Le gouvernement fédéral nous a donné un peu d’argent. Le ministère des Pêches a pu nous fournir environ 300 000 $, et les provinces ont également contribué. Nous avons produit du matériel générique de marketing, mais cela prend du temps. Il s’agit de projets à court terme.
Nous devons penser à l’avenir. Nous avons eu une table ronde sur le homard à Halifax. Le Québec était représenté, de même que Terre-Neuve et les trois provinces Maritimes. Nous avons l’intention de former un comité directeur pour examiner la promotion à long terme de notre produit. L’agrément du Marine Stewardship Council est une autre question importante. Je sais que l’Île-du-Prince-Édouard a déjà procédé à une évaluation préalable à cet égard.
Je crois que l’industrie est très fragmentée. Acheteurs et pêcheurs devraient se regrouper. Je ne sais pas si le gouvernement fédéral peut faire quelque chose pour faciliter le rapprochement. Toutefois, je ne crois pas qu’il existe une solution facile à court terme.
En ce moment, tout dépend de l’offre et de la demande. Si l’offre est vraiment très forte ce printemps, je m’attends à une baisse des prix.
À part la possibilité de manipuler l’offre, je ne vois vraiment rien qu’on puisse faire. Je ne pense pas que le gouvernement puisse intervenir efficacement.
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Tout d’abord, en début de saison, le travail à bord des bateaux est très intense. Comme je l’ai dit, 50 p. 100 de la production est prise dans les 15 premiers jours. On voit donc couramment des bateaux arriver au port avec une cargaison de 3 000 ou 5 000 livres. Il arrive que les bateaux soient restés en mer trop longtemps et que le homard n’ait pas été bien gardé ou bien manipulé. C’est un aspect du problème.
Il ne faut pas perdre de vue que c’est une pêche concurrentielle. Pour les pécheurs, s’ils ne prennent pas eux-mêmes le homard, quelqu’un d’autre le prendra. Ils font donc de leur mieux pour en prendre la plus grande quantité possible dans la plus courte période possible. C’est la façon dont les pêches fonctionnent.
Pouvons-nous améliorer la qualité en intervenant auprès des pêcheurs? Certains d’entre eux font du bon travail, d’autres pas.
Pour ce qui est du stockage, le homard est généralement gardé dans des caisses qui sont placées dans l’eau. Si ce type de stockage dure un tant soit peu longtemps, la qualité du homard diminue.
On me demande souvent pourquoi les acheteurs n’ont pas un système à deux ou trois niveaux de prix. Nous sommes disposés à en parler aux pêcheurs. Nous avons besoin d’une plus grande organisation dans l’industrie. Nous pourrions par exemple faire des enchères en ligne. C’est une proposition qui a été faite.
Il y en a d’autres que vous pourriez examiner. Toutefois, ce n’est pas ainsi que notre système concurrentiel fonctionne. Quand un pêcheur arrive avec une cargaison de homard de moindre qualité, il y a toujours un acheteur qui la prendra au même prix que le homard de bonne qualité. Il y a parfois un mélange de qualités. Si un acheteur dit qu’il trouve que telle cargaison n’est pas d'assez bonne qualité, il risque de perdre les prises du bateau en cause au profit d’un autre.
Notre système d’achat concurrentiel comprend des incitatifs qui ne favorisent pas toujours la qualité. Nous avons commencé, aux tables rondes de l’industrie du homard, à discuter des mesures qu’il serait possible de prendre et à des régimes différents pouvant remplacer la fixation actuelle d’un prix unique pour le homard débarqué. Jusqu’ici, nous n’avons pas dépassé le stade de la discussion.
J’apprécie beaucoup le fait que vous soyez venus ici pour connaître notre point de vue et nos préoccupations. C’est vraiment dommage que cette réunion ait lieu aujourd’hui, 1er avril. C’est la deuxième journée de la saison de pêche dans la ZPH 34. Chaque pêcheur peut poser 25 casiers supplémentaires aujourd’hui. Tout le monde est sorti en mer. Nous avons beaucoup de vent depuis une semaine. Quoi qu’il en soit, Roger et moi, qui sommes pêcheurs, avons réussi à venir.
Je suis président du syndicat local 9 de l’Union des pêcheurs des Maritimes. Le syndicat représente les pêcheurs du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Je travaille depuis un certain temps sur une proposition. Je dois dire que le sénateur Comeau m’a appelé l’automne dernier pour parler de ce qui se passe dans l’industrie, de ce qu’il y aurait lieu de faire et des mesures qu’il serait possible de prendre pour améliorer la situation. Je dois avouer que lorsque j’ai reçu un appel du sénateur Comeau à Ottawa au mois de décembre, ma première réaction a été de penser: « Dis donc, le premier ministre est à la recherche de gens à nommer au Sénat. »
Des voix: Oh, oh!
M. Hubert Saulnier: J’ai été très déçu. Je m’étais dit que ce serait une sacrée bonne carrière pour moi en ce moment.
Tout d’abord, nous tenons vraiment à remercier le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial qui ont annoncé l’affectation de fonds pour aider le secteur de la pêche au homard à trouver de nouveaux marchés. Cela s’est produit l’automne dernier. La nouvelle nous a été annoncée par M. Kerr et M. Keddy, il y a quelques semaines. La chute des prix du homard au cours de l’automne a mis en évidence l’importance qu’il y a à disposer de renseignements fiables sur le marché dans une région qui dépend très fortement de la pêche au homard.
L’instabilité dans ce domaine a des répercussions sur de nombreux autres secteurs de l’économie de l’ouest de la Nouvelle-Écosse. Les effets négatifs ont été ressentis dans la construction, les ventes de véhicules, le logement et le secteur des services, ce qui est facile à comprendre pour moi. La situation se répercute non seulement sur l’économie régionale, mais aussi sur les recettes fiscales du gouvernement. Elle peut en outre affaiblir l’économie d’autres collectivités tributaires du homard des provinces Maritimes. Nous savons par exemple que ce qui est arrivé l’automne dernier a eu des conséquences sur les pêcheurs de homard de l’Île-du-Prince-Édouard.
Cela m’amène à vous proposer d’étendre votre récente initiative dans le but de renforcer l’industrie à long terme. Il s’agit d’un concept sur lequel je travaille avec le sénateur Comeau depuis décembre dernier. La proposition a l’appui de membres de l’industrie et de députés -- M. Kerr et M. Keddy -- qui conviennent aussi que cette initiative a des avantages.
Nous en arriverons, je suppose, à parler des droits que nous acquittons pour nos permis. Nous proposons en fait de consacrer une partie de cet important montant annuel versé au Trésor fédéral par les détenteurs de permis de la ZPH 34 -- et peut-être aussi de la zone 33, car il serait possible d’envisager de l’associer aussi à cette initiative -- à la création d’une agence dirigée par l’industrie dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Cette agence engagerait du personnel de recherche qui relèverait d’un conseil d’administration formé de représentants de l’industrie. Le conseil définirait la politique générale et les objectifs de recherche. Une agence dirigée par l’industrie aurait la confiance des pêcheurs et des acheteurs et pourrait donc avoir accès à de précieux renseignements qu’il peut être difficile au gouvernement d’obtenir.
Son objectif serait d’établir des projections locales de la production de homard, de faire des recherches sur les prix et les marchés, d’étudier les questions de transport, etc. Le personnel analyserait les données et proposerait des plans permettant de s’adapter au marché et à des forces économiques qui sont souvent indépendantes de la volonté de l’industrie, comme cela a été le cas l’année dernière. Il est vraiment essentiel de définir les nouvelles possibilités de commercialisation et d’améliorer les conditions d’expédition du homard vivant vers les marchés de consommation.
Parmi les avantages -- j’ai dressé une autre liste dans le premier document que j’ai présenté au sénateur Comeau --, il y aurait une industrie rendue plus stable par des recherches et des analyses sûres, ce qui devrait augmenter les recettes, renforcer l’économie locale et accroître les recettes fiscales du gouvernement.
Vous souhaiterez peut-être charger vos économistes d’évaluer les effets, mais je suis persuadé qu’ils aboutiront à la conclusion qu’une industrie plus stable et plus rentable du homard augmenterait les recettes fiscales et compenserait la part des droits de permis consacrée à cette agence.
Le Conseil du Trésor ne devrait pas y voir d’inconvénients parce que les fonds iraient directement de l’industrie à l’agence, plutôt que de sortir du Trésor pour être redistribués à l’industrie. Le gouvernement et l’industrie détermineraient le montant qui serait directement versé à l’agence ou à son conseil d’administration. Il n’y aurait pas de subventions auxquelles nos partenaires de l’ALENA ou les contribuables pourraient s’opposer, puisque le financement serait directement prélevé sur les droits de permis acquittés par l’industrie.
Les ZPH 34 et 33 pourraient servir de zones d’essai. Si elle est couronnée de succès, l'initiative pourrait être étendue à d’autres zones.
Nous espérons que vous trouverez ce concept au moins digne d’examen. Je crois que le projet a été remis en mains propres à Greg Kerr, Gerald Keddy et à la ministre Gail Shea par le sénateur Comeau.
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Je m’appelle Roger LeBlanc. Je suis pêcheur et je travaille pour l’Union des pêcheurs des Maritimes. Je siège au conseil de gestion du homard et je suis représentant au port de la ZPH 34. Je représente en gros 80 pêcheurs sur un total de 972.
Pour ce qui est l’agence dont nous parlons, elle serait financée par de l’argent que nous payons déjà. Nous versons environ 890 $ dont nous voulons récupérer une partie. Nous sommes tous des bénévoles. Je siège au conseil de gestion et j’assume les fonctions de représentant au port à titre bénévole. Par exemple, cette année en novembre, nous avons pris une décision de dernière minute sur la question de savoir si nous irions à la pêche au homard le dimanche. Nous devions y aller. Je représente 80 pêcheurs. Si vous les consultez tous avant d’assister à la table ronde, c’est tout un travail.
Si nous avions cette agence, elle serait responsable de certaines fonctions et pourrait envoyer des lettres d’avance. Nous pourrions engager des étudiants pendant l’été. Je ne crois pas qu’une pêcherie aussi précieuse que la nôtre devrait prendre des décisions de dernière minute. C’est l’un des aspects. L’autre concernait notre limite de casiers. C’est une autre question sur laquelle nous avons dû revenir. Comme l’a dit Denny Morrow, nous avons dû négocier. Nous avons parlé de tout le homard que nous étions censés rapporter en décembre. Je trouve qu’il est parfois difficile de concilier mon travail de bénévole avec mon métier de pêcheur. Une telle agence jouerait vraiment un rôle très important.
En même temps, nous sommes à la recherche de nouveaux marchés. Nous pouvons même faire abstraction des acheteurs pour voir si les choses vont bien pour nous et si nous faisons ce qu’il faut pour conquérir de nouveaux marchés. Nous avons besoin d’aide dans nos opérations. Pour nous, pêcheurs, les choses ne vont vraiment pas bien en ce moment dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Beaucoup de problèmes nous attendent à brève échéance. Il y aura de nombreuses décisions à prendre et de nombreuses réunions à tenir. Nous sommes 18 dans le district 34, tous volontaires. Nous ne recevons aucun financement. Aujourd’hui, nos bateaux sont les seuls à quai. Tous les autres sont en mer. J’ai foi dans les pêcheurs que je représente.
Je voudrais mentionner autre chose, dans un domaine tout à fait différent. J’appuie le concept du propriétaire-exploitant. Depuis que j’ai commencé à faire la pêche, j’ai vu mon grand-père et mon père, puis mon père et moi et maintenant moi et mon fils travailler sur notre bateau. Je crois très fort à cette notion de propriétaire-exploitant. C’est un autre grand problème que nous avons dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.
Cette agence nous aiderait énormément. Nous espérons vraiment qu’elle se concrétisera à l’avenir.
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Non. Je me souviens, quand j’étais petit, que nous avions beaucoup de dragueurs amarrés à notre quai. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques-uns, qui appartiennent tous à des sociétés. Nous avions toutes sortes de dragueurs de pétoncles. Et c’est encore la même chose: ils appartiennent tous à des sociétés.
Le district 34 est l’une des plus grandes pêcheries indépendantes qui restent. Nous la voyons constamment se détériorer, jour après jour. Nous sommes en train de la perdre.
Je vais vous dire où je veux en venir. Après la décision rendue dans l’affaire Donald Marshall, le prix de l’équipement a grimpé. Certains des pêcheurs qui possédaient des dragueurs et des quotas les ont vendus au gouvernement pour permettre aux Autochtones d’aller à la pêche dans notre district. Pour obtenir des concessions fiscales, ils y ont fait des acquisitions. Maintenant, grâce aux accords de fiducie, une fois que 51 p. 100 de notre pêcherie appartiendra aux sociétés, nous serons finis. Comme cela s’est produit sur la côte ouest, nous n’aurons plus un mot à dire à la table de négociation. Pour le moment, nous sommes encore des pêcheurs indépendants. Nous pouvons nous asseoir autour de la table et négocier un marché équitable. Toutefois, si les permis changent de main -- ce qui devrait être contrôlé, mais qui ne l’est pas encore --, nous serons très vite liquidés.
Pour nous, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, c’est vraiment important. C’est ce qui nous permet de tenir dans l’industrie. Voilà pourquoi je suis tellement en faveur des propriétaires-exploitants. Au début, si on vendait quelque chose aux pêcheurs autochtones, on était censé quitter l'industrie. Mais ce n’était pas vrai parce qu’ils ont envahi notre pêcherie.
Avec l’évolution actuelle des accords de fiducie, nous ne resterons pas indépendants pendant très longtemps. Nous voyons les choses se détériorer de jour en jour.
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Oui, j’y viens tout de suite.
Il a donc parlé de réduire les droits de moitié. J’ai répondu que ce serait génial et que chaque titulaire de permis pourrait ainsi épargner 900 $. Ce serait vraiment très bien, mais nous aurions encore le même problème: le manque de représentation. Il n’y aurait toujours rien pour faire la promotion du produit.
J’ai demandé à M. Comeau si Ottawa serait disposé à réduire les droits du permis de moitié parce que nos droits sont beaucoup trop élevés par rapport à ceux des autres zones. Pourquoi ne pas maintenir les 1 890 $ versés à Ottawa, qui pourrait à son tour en utiliser 50 p. 100 en moyenne pour financer un bureau dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, avec du personnel rémunéré, une secrétaire, des travailleurs sur le terrain et des étudiants qui seraient engagés l’été pour faire des enquêtes sur les objectifs de l’industrie?
Roger a mentionné le fait que nous devons prendre une foule de décisions à la dernière minute. Nous devrions avoir un moyen de prendre contact avec les pêcheurs pour savoir ce qu’ils pensent d’une éventuelle fermeture de la pêche le dimanche pendant cette saison. Nous n’avons aucun moyen de le faire. Pêches et Océans Canada ne peut pas le faire non plus.
Voilà donc en quoi consistaient nos intentions. J’espère que cela répond à votre question.
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Nous envisageons un projet à long terme. J’espère obtenir un projet pilote d’au moins cinq ans. Encore une fois, plutôt que de réduire les droits de permis, je préférerais que l’argent serve à cette fin.
L’argent permettrait de louer un local dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, de payer le loyer et l’électricité et d’engager du personnel. Nous aurions besoin d’une petite salle de conférence parce qu’il nous faudra un conseil d’administration comprenant des représentants des pêcheurs et, nous l’espérons, quelques acheteurs de homard. Les acheteurs font partie de la solution. Nous envisageons d’engager une secrétaire et quelqu’un pour tenir les livres, mettre de l’ordre, s’occuper des papiers, du télécopieur, etc.
J’aimerais pouvoir engager une seule personne qui assisterait celui ou celle que nous chargerons de diriger l’agence. Je ne sais pas quel titre lui donner. Je vais donc simplement parler d’une agence. Cette personne y serait en permanence. Les membres des équipages ont souvent des préoccupations dont ils ne peuvent parler à personne. Nous espérons qu’avec cette agence, ils pourront s’adresser à quelqu’un s’il y a un incident ou un problème particulier. Ils pourraient se rendre au bureau de l’agence et y trouver quelqu’un pour discuter de la question qui les intéresse.
Le projet pourrait même aller plus loin. Nous pourrions engager des étudiants pendant l’été pour faire des enquêtes et interroger les pêcheurs sur ce qu’il serait possible de faire pour améliorer la situation.
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Je vous remercie d’être venus à cette réunion. Je sais que vous auriez préféré être dans votre bateau, mais vous êtes ici en ce moment. Je trouve que vous avez été très francs, ce qui ne me surprend pas du tout.
Pour revenir à la proposition dont vous avez discuté avec le sénateur Comeau -- l’autre sénateur --, je crois qu’il est important de penser à ce qui s’est passé l’automne dernier. Nous avons tenu des réunions avec beaucoup d’entre vous, dans tous les secteurs de l’industrie, pour connaître les problèmes, les pressions qui s’exercent et les mesures à prendre. Je dois signaler que ces réunions ont été très calmes et très cordiales. Il est certain, par ailleurs, que tout le monde était très inquiet au sujet des équipages, de l’assurance-emploi et de tout le reste. Les gens étaient préoccupés par la situation du crédit, et la province prenait des mesures pour essayer d’atténuer les tensions. Les gens se sont montrés très intéressés par l’initiative de commercialisation. C’est principalement dans ce domaine que des efforts ont été déployés.
Je veux simplement signaler que lorsque certains ont avancé l’idée de la réduction des droits, ce sont les membres de votre industrie qui ont reculé en disant que, plutôt que de récupérer cet argent, ils préféraient qu’il soit investi dans un projet. Permettez-moi de dire, pour que tout soit bien clair, que cette proposition en est encore aux tout premiers stades. Il y a d’autres aspects pouvant être améliorés. Vous parlez de surveillance et de contrôle. Je constate que toutes sortes d’idées ont été avancées. Y a-t-il autre chose que vous voudriez ajouter, à part ce que vous avez déjà signalé, pour établir que ce projet assurerait un important progrès? Ce n’est pas tant que vous payez des droits excessifs. C’est un fait, nous le comprenons, même s’il y a peut-être une raison. Toutefois, en cas de réduction de ces droits, vous préférez que la différence soit réinvestie dans l’industrie. Voilà un groupe que vous allez devoir convaincre. Pourquoi ce projet sera-t-il avantageux pour tout le secteur?
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Premièrement, la ZPH 34 n’a pas de porte-parole. Je représente une trentaine de pêcheurs, qui sont tous dans le même bateau. Nous avons besoin d’une voix unanime, qui représente tous les pêcheurs de la ZPH 34 qui veulent prendre part au processus décisionnel.
Cela est tout nouveau. Le projet n’est pas encore structuré, mais je suppose que si nous avions la bonne personne à la tête de cette agence, une personne qui ferait la promotion de l’industrie et formulerait des recommandations visant à la renforcer, ce serait vraiment avantageux.
Nous ne nous attendons pas à ce que cette agence nous fasse des recommandations sur la façon de pêcher ou sur le nombre de casiers à utiliser. Cela relève de la ZPH 34. Toutefois, nous avons des réunions avec les responsables de la ZPH 34. Il y a des mesures à prendre, par exemple au sujet de l’évaluation préalable du Marine Stewardship Council, de la qualité et des marchés. Le conseil d’administration de la ZPH pourrait expliquer à l’agence le travail à faire pour nous. Encore une fois, l’agence représenterait tous les titulaires de permis, ce qui favoriserait la confiance.
Nous espérons que vous vous intéresserez à cette proposition pour que nous puissions fournir plus de... Nous ne sommes qu’un groupe de pêcheurs -- et de sénateurs ou de futurs sénateurs -- sans instruction qui essaient de faire de leur mieux.