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Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs.
J'ai remis une copie de mon mémoire et vous invite à le distribuer et à le lire. Je pense que son contenu est à propos.
Je vous remercie de l'invitation à vous faire part de mes vues sur la pêche canadienne du homard.
Cela fait 32 ans que je travaille dans ce secteur comme acheteur et exportateur de homards. Au cours de cette période, on m'a reproché mon franc-parler et mes opinions impopulaires. Bien entendu, rien de ce que je vais dire aujourd'hui ne va faire changer personne d'avis à cet égard.
J'admets que les problèmes auxquels le secteur est confronté sont complexes et les solutions que je propose ne procèdent pas d'une volonté de les schématiser. Mais je crois que les problèmes de l'industrie ont leur origine dans l'histoire et la structure même du secteur. Je suis convaincu que les difficultés auxquelles nous faisons face aujourd'hui dépassent largement la question du prix. Elles tiennent à la structure même de cette industrie. Elles ont été exacerbées et rendues plus apparentes par la crise économique mondiale. Cependant, en dépit de l'énormité de ces défis, nous avons une occasion sans précédent de préparer un avenir nouveau et plus viable à l'industrie canadienne du homard.
Que l'on soit pêcheur, acheteur, expéditeur, détaillant, restaurateur, ou membre de l'administration provinciale ou fédérale, la toute première question que l'on doit se poser lorsqu'on parle du homard, c'est celle de savoir qui est notre client et comment notre client ressent le produit? Lorsqu'on parle du client, il faut distinguer deux grands niveaux: le système de distribution — c'est-à-dire la manière dont le produit est acheminé au consommateur ultime — et le consommateur.
L'industrie du homard doit promettre et apporter avant tout deux choses: une expérience gustative incroyable chaque fois que l'on mange le produit; et deuxièmement, ce qui est tout aussi important, un profit raisonnable pour le réseau de distribution. Sinon, ni le consommateur ni le système de distribution n'a de raison d'acheter, manutentionner ou manger du homard. L'industrie n'a pas rempli ces conditions avec régularité. La preuve en est la rapidité avec laquelle le marché a déserté le produit. Comme je l'ai dit, la crise économique actuelle ne fait qu'exacerber et accentuer la défaillance structurelle de l'industrie.
Notre plus grande défaillance est le fait que nos clients ne tirent pas profit de l'achat ou du négoce du homard. L'industrie oublie que, si le homard possède le prestige et l'attrait du caviar et du champagne, pas plus que ces derniers il n'est une nécessité, et il peut être rapidement remplacé dans la liste des priorités d'achat de nos clients par d'autres produits plus indispensables en période de perturbation économique, ou bien par d'autres produits de luxe, si nous ne tenons pas notre promesse. Demandez donc à GM ou Chrysler ce qu'ils en pensent.
Je considère qu'en décembre, lorsque l'offre était abondante, nous avons subi la tempête parfaite que représentent ces deux événements combinés. Nous avons été remplacés sur la liste des priorités par les produits de première nécessité; et lorsque le client voulait s'offrir un gâterie et l'achetait, nous avons été remplacés par d'autres produits de luxe plus fiables. L'industrie a déçu beaucoup trop de clients bien trop souvent et a fait que le commerce du homard soit non rentable pour notre réseau de distribution, car nous n'avons pas tenu la promesse d'une qualité régulière, d'un approvisionnement constant, d'un prix constant et prévisible et d'un service supérieur. C'est triste à dire, mais nous avons abusé de notre réputation et trompé nos clients pendant bien trop longtemps.
J'affirme que l'industrie est l'auteur de sa propre infortune. De fait, la structure séculaire de l'industrie est la cause de tous nos problèmes. Elle n'encourage pas, ni même n'autorise, l'investissement ni dans la technologie, ni dans la création de débouchés, ni dans la rentabilité, sauf au niveau le plus rudimentaire juste au-dessus du pêcheur. Dès que vous investissez, vous vous chargez de frais généraux qui vous rendent non compétitif sur un marché où le principal argument de vente de votre concurrent est de dire « Nous coûtons moins cher que les autres ».
J'ai souvent décrit le secteur du homard comme l'industrie du désespoir — encore une fois, au-dessus du niveau du pêcheur. Des hommes et des femmes désespérés essaient de se tailler une place dans l'industrie en rivalisant pour acheter cette cargaison précieuse qu'est le homard, et sont ensuite doublement anxieux de l'écouler avant que le produit meurre, ou avant la date de péremption ou avant que le marché ne s'effondre sous le poids de l'offre, ou même de l'offre future, ou que les banques ne reprennent leur argent. Les pêcheurs sont les seuls participants ayant un court accès à la marchandise, et ils sont donc les seuls à être sûrs d'avoir un produit à vendre.
Dans ce scénario, il faut être fou comme une société du nom de Clearwater pour investir dans des technologies capables de surmonter les problèmes de l'industrie et risquer d'être tenu en otage par une industrie qui récompense le concurrent qui investit peu. Comme un concurrent, aujourd'hui en faillite, me l'a fièrement asséné un jour: « Colin, je peux payer plus et vendre pour moins cher que vous tous les jours de la semaine, car je n'ai pas vos frais généraux ».
Il avait une formule gagnante, vu qu'il a rapidement fait faillite, emmenant avec lui plusieurs millions de dollars durement gagnés prélevés sur l'industrie, qui ont été distribués dans le monde, en même temps que les homards qu'il n'a pas su protéger ou a vendu imprudemment à des clients insolvables. Cependant, à peine ai-je eu le temps de cligner des yeux qu'il était de retour, avec un nouveau nom de société, surenchérissant sur moi au quai et payant plus cher à l'achat. Et comme son prix de vente le proclame fièrement: « Nous sommes moins chers que Clearwater ».
Quelle est la solution? La solution n'est pas que le gouvernement vienne renflouer l'industrie. La solution est que l'industrie tienne ses promesses. Pour cela, nous avons besoin du gouvernement, car le gouvernement contrôle la structure de l'industrie. C'est lui qui contrôle le jeu. Il établit les règles et il a le pouvoir de les faire respecter.
Cependant, l'industrie n'a pas besoin de l'argent du gouvernement. Lui en donner serait une grave erreur, car l'industrie doit commencer à subvenir à ses propres besoins. Pendant bien trop longtemps, l'industrie a abdiqué sa responsabilité de s'autogérer.
Je ne vous parlerai pas de Clearwater.
Des voix: Oh, oh!
M. Colin MacDonald: Tous les investissements que nous avons réalisés et toutes les innovations que nous avons introduites, notamment le vivier sur terre ferme, l'appareil IMR indiquant la quantité de chair dans l'animal, le test de protéine sanguine, le bandage des homards, et tous les débouchés que nous avons créés en Asie, au Japon, en Chine, en Europe et au Moyen-Orient, tout cela est contrecarré par le fait que nous n'avons absolument aucun contrôle sur le coût du homard débarqué, de notre approvisionnement.
Deuxièmement, et c'est tout aussi grave, nous n'avons absolument aucun contrôle sur la qualité du produit débarqué. Pour un pêcheur, un homard est un homard. Il le vend au poids. Peu lui importe qu'il soit mou, faible, qu'il lui manque une pince ou que ce soit le géant de 10 à 20 livres le plus laid que vous ayez jamais vu. Tout cela, c'est de l'argent pour lui. Malheureusement, pour le client et pour le consommateur, cela fait une différence.
Le consommateur recherche pour son assiette un homard parfaitement formé de une à deux livres. Bien que nous ayons essayé d'influencer la qualité en éduquant nos pêcheurs dans notre université du homard, on ne peut les blâmer lorsqu'ils disent: « Pourquoi m'inquiéterais de la qualité alors que mon oncle, qui pêche dans l'anse voisine, se fait payer exactement la même chose pour moitié moins d'effort et débarque tout ce qu'il capture dans ses casiers? »
Un troisième problème, tout aussi frustrant, dans l'industrie est qu'aussitôt que nous créons un nouveau marché d'acheteurs, le personnel bien intentionné du ministère du Commerce international fédéral communique l'information à tous ceux qui la demandent et qui immédiatement envoient à notre clientèle une liste de prix en disant: « Nous sommes moins chers que Clearwater ».
On trouve une indication de l'importance pour l'industrie de la qualité du produit débarqué et des pratiques de manutention dans les chiffres de mortalité souvent cités. Quinze pour cent de tous les homards capturés chaque année finissent à la poubelle au lieu d'être vendus sur le marché. Cela fait 15 millions de livres, valant environ 150 millions de dollars, tout cela à cause des mauvaises pratiques de manutention.
On jugerait que l'industrie est structurée de façon à en faire une course vers le fond. Si ce n'était pas si tragique, je dirais qu'il y a là un sujet pour un film des Monty Python. Ne vous méprenez pas, je ne me plains pas que l'industrie soit injuste envers Clearwater. Elle ne l'est pas, et même si elle l'était, j'étais un grand garçon lorsque je me suis lancé et lorsque nous avons réalisé tous nos investissements. Nous sommes entrés dans la partie les yeux grand ouverts.
Nous nous sommes lancés dans l'industrie du homard résolus à faire une différence, a exercer une influence et à tracer un nouveau cap, qu'il s'agisse des nouveaux débouchés que nous avons ouverts au Japon, en Chine, en Asie du Sud-Est, à Hong Kong, au Moyen-Orient, en Europe, en Russie, aux États-Unis ou au Canada, ou de notre recours à la science pour développer les techniques d'évaluation des déterminants de la santé, par le biais de nos tests de protéine sanguine ou de notre mini appareil IRM breveté, de notre technologie des viviers à terre, ou de notre décorticage du homard cru sous haute pression, ou simplement notre université du homard et l'utilisation de bandes élastiques pour immobiliser les pinces. Tout le monde à Clearwater est extrêmement fier de la différence que nous avons faite par notre action pionnière et notre réputation mondiale de fournisseur de homards de la plus haute qualité.
Voici mes idées de solutions.
Premièrement, il faut arrêter de faire les choses comme avant. Je crois que c'est Albert Einstein qui a dit que seul un imbécile persiste à faire les mêmes choses en escomptant un résultat différent.
Deuxièmement, il faut modifier la structure de l'industrie de manière à encourager l'investissement, non pas de la part du gouvernement, mais de la part des participants à l'industrie — ceux à qui l'investissement va profiter. À l'heure actuelle, cela semble se limiter aux pêcheurs. Mais cela pourrait rapidement s'étendre à toute l'industrie si la même limitation de l'entrée était appliquée au côté achat, avec des règles régissant les volumes, de façon à limiter le nombre d'acheteurs à quai et rentabiliser l'investissement des entreprises.
Bien que cela soit anathème aux yeux des pêcheurs, imposez un quota. Cela contribuerait largement à contrôler les périodes de surapprovisionnement ou de sous-approvisionnement du marché et instaurerait la régularité des prix. Un exemple en est la pêcherie du flétan de la côte Ouest.
Et interdisez les homards amputés et les effrayants mastodontes de plus de six livres. Cela rendrait immédiatement plus précieux chaque homard débarqué. Cela limiterait les déchets et améliorerait spectaculairement la manutention, car de nombreuses amputations sont le fait des manipulations après la capture de l'animal. Cela accroîtrait également le stock des reproducteurs.
Faites en sorte que les pêcheurs paient pour tous les programmes gouvernementaux au moyen d'une taxe par livre de homard débarqué. Cela contribuerait largement à modifier leur mépris du MPO et de la science. Je les ai souvent entendu dire qu'ils veulent assumer la responsabilité de l'industrie. Donnez-la-leur, et faites-les payer. Elle deviendra ainsi beaucoup plus significative.
De même, si vous tenez absolument à mettre en oeuvre un programme de marketing, alors que les pêcheurs le financent au moyen d'un prélèvement par livre. Ce sont eux qui vont en retirer l'avantage en fin de compte.
En réfléchissant aux solutions, je pense que nous devons tous nous demander quel est le but ultime. Je crois que c'est de vendre cette précieuse ressource canadienne le plus cher possible, tout en respectant le droit de l'animal de vivre et en veillant à ce que nos pratiques de pêche soient viables. Ensuite, laissez cet argent revenir travailler au Canada.
Ce n'est pas ce qui se passe aujourd'hui. J'affirme que non seulement la ressource est scandaleusement gaspillée par une mauvaise gestion et une mauvaise manutention, elle est bradée à vil prix sur le marché par manque d'une approche fondée sur la discipline et le respect de la promesse faite au client, et parce que nul ne protège la réputation du homard, et surtout pas ceux qui ont le plus à perdre.
Mesdames et messieurs, il est temps de cesser de chercher des excuses pour expliquer nos défaillances et de prendre des mesures pour réussir. Pour ma part, ce n'est pas sans quelque trépidation que je dis que la balle est toujours dans votre camp. Prenez le temps de réfléchir soigneusement avant de la renvoyer. Nous pouvons soit façonner une industrie nouvelle et durable qui tient sa promesse, ou bien nous pouvons mettre à mal encore plus la réputation du homard et sa population.
Bonne chance. Je vous encourage à trouver le courage de faire ce qui s'impose, même si ce n'est pas populaire dans l'industrie.
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Certainement. Je traiterai volontiers des trois sujets.
Premièrement, la dépréciation est due principalement à l'évaluation à la valeur de marché. Le dollar canadien s'est effondré en octobre. Il est allé de la parité à environ 1,30 $. Nous, comme la plupart des exportateurs de ce pays, sommes porteurs de contrats à terme, de contrats d'options sur devises, sur les devises des pays dans lesquels nous vendons afin de protéger nos prix et nos marges. Leur terme est de 12 à 18 mois. Nous avions conclu des contrats d'options à ce qui était alors considéré comme de bons taux. Le dollar était pratiquement à parité, soit entre 1 $ et 1,04 $.
Malheureusement, une fois que notre dollar a fléchi si brutalement, nous avions un passif important sur ces contrats à terme — qui totalisaient plusieurs centaines de millions de dollars — d'environ 26¢. Cela a déclenché une perte d'une quarantaine de millions de dollars, 48 ou 49 millions de dollars, sur le déficit de 102 millions de dollars, qui n'avait rien à voir avec l'activité principale d'achat et de vente de produits de la mer.
Environ 51 à 60 millions de dollars étaient liés à l'effondrement des banques islandaises dont vous avez parlé. C'est une évaluation au prix du marché, hors caisse, si bien que cela n'a rien coûté à la société. De fait, c'est une simple inscription aux livres exigée par les règles comptables. Nous avons un avis juridique disant que ces fonds ne pourront jamais être réalisés de toute façon, étant donné la faillite de la banque islandaise Glitnir. Nous aurons en fait un profit hors caisse qui va apparaître dans nos états financiers à une date future, en 2009 ou 2010, mais le mot important ici est « hors caisse ». Il n'a pas de valeur.
La perte d'une quarantaine de millions de dollar encourue sur le change est réellement une perte d'opportunité en devises, car nous vendons concrètement une partie de notre produit à l'ancien taux de change plutôt qu'au taux de change courant. C'est ce qui déclenche ces pertes.
En outre, 8 millions de dollars de la perte ont été causés par l'échec de la privatisation. Lorsque la banque Glitnir s'est effondrée et que les bourses mondiales se sont effondrées, Glitnir représentait environ 10 p. 100 du financement de la privatisation. Nous avons perdu cela. Nous l'avons remplacé plusieurs fois, mais les bourses se sont effondrées les unes après les autres la même semaine et tout au long du mois d'octobre. De ce fait, tous les prêteurs ont pris peur et se sont désistés. Il nous a fallu absorber quelques frais de restructuration dans nos états financiers qui normalement auraient été enterrés dans la privatisation.
En ce qui concerne le recours à l'emprunt auprès de Glitnir, auprès de banques islandaises plutôt que de banques canadiennes, Glitnir et l'Islande connaissent très bien l'industrie des produits de la mer et lui portent une grande confiance, tout comme les pays scandinaves, qui sont eux aussi de gros prêteurs à l'industrie. Leur disparition a représenté la perte d'une importante source de crédit pour l'industrie. De nombreux acteurs empruntaient auprès des banques islandaises. Nous avons réussi à remplacer notre crédit à terme. Nous fonctionnons avec quelque 16 millions de dollars d'encaisse dans nos comptes, et donc, du point de vue financier, nous sommes une société solide.
Mes remarques concernant la structure de l'industrie ne prêchaient pas pour le regroupement de la pêche et de la transformation, mais simplement pour l'établissement du même niveau de contrôle et de protection du côté transformation, ou du côté achat, que du côté pêche. À l'heure actuelle, le côté achat de l'industrie est comme une ruée sur l'or, en ce sens que tout le monde peut se mettre sur les rangs. Vous pouvez le faire. Vous pouvez vous mettre à acheter demain. Vous n'avez pas besoin de structure particulière pour cela, il suffit de louer une camionnette d'une demi-tonne, d'une tonne ou de deux tonnes, d'aller sur le quai, de payer aux pêcheurs 25¢ de plus, de faire grimper le prix à quai, de vous présenter un jour de la semaine ou pas du tout, d'acheter 10 000 ou 20 000 livres en une foiset de transporter la marchandise jusqu'à Boston pour gagner 50¢ la livre. Je pourrais moi-même gagner 5 000 $, 10 000 $, 15 000 $ ou 20 000 $ par chargement. C'est de l'argent facilement gagné si vous n'investissez rien dans l'industrie. Voilà une partie du problème dans cette industrie.
L'autre partie du problème que j'essaie de faire comprendre, c'est que nous ne prenons pas soin de la qualité du produit, entre le moment où le homard entre dans le piège jusqu'à son arrivée sur le marché. Nous jetons 15 millions de livres de homards, soit 15 p. 100 de la ressource, parce que nous les maltraitons, nous ne les traitons pas avec respect. C'est parce que nous avons un effort de pêche qui est très comparable à une ruée sur l'or, parce qu'il n'y a pas de contrôle. Tout le monde sort en mer et essaie d'arracher une aussi grosse part du gâteau que possible, au lieu d'avoir un contingentement où l'on pêcherait et vendrait intelligemment sur le marché. Vous allez détruire l'industrie. Ce n'est qu'une question de temps.
C'est ce qui est arrivé avec la pêche de la morue. Nous avons détruit la ressource par avidité et stupidité. Nous jouons au même jeu ici avec la pêche du homard. Elle est prospère parce que nous n'avons plus de morue mangeant les jeunes homards et nous avons immensément amélioré la technologie au cours des 10 dernières années. Vous avez aujourd'hui le GPS, par opposition au Loran-C, par opposition à une simple boussole. Vous avec de meilleurs casiers et des navires beaucoup plus efficaces.
Pourtant, en dépit de toute cette technologie meilleure, les chiffres de prises n'ont pas augmenté au cours de la dernière dizaine d'années. Nous les avons simplement maintenus. J'affirme que nous prélevons une plus grande proportion de la ressource. La preuve en est la taille moyenne des animaux que l'on remonte du fond.
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Ce sont deux bonnes questions.
Je vous remercie tous de m'avoir permis de comparaître aujourd'hui. J'apprécie les questions, car je pense qu'elles vont au coeur des problèmes de l'industrie.
En ce qui concerne la capacité de transformation, le problème ne réside pas à ce niveau, car lorsque la capacité était plus grande, personne ne gagnait d'argent. C'est pourquoi Polar Seafoods s'est effondrée et a fini par devenir OCI. Les différentes parties ne gagnaient pas d'argent. Lorsqu'elles ont fusionné et avaient toutes ces usines, elles ne gagnaient pas d'argent. Lorsqu'elles regroupent toute l'activité dans une seule usine et ne gagnent toujours pas d'argent, il y a là matière à réflexion.
Le problème n'est pas un manque de capacité, c'est un manque d'imagination au niveau de ce que l'on produit. Notre chair de homard sous haute pression est une révélation pour l'industrie. Ce procédé donne un produit conditionné aussi bon que du homard vivant. Si je vous servais les deux côte à côte, directement sortis de la carapace, vous ne pourriez faire la différence. Dans 80 p. 100 des cas, ceux à qui nous l'avons servi préféraient le produit sous haute pression au produit vivant.
L'industrie manque d'imagination ou de la capacité à investir dans de nouveaux produits. Le problème avec l'industrie de la transformation, c'est que les homards glaçons ne se vendent pas. Ils ne se vendent pas parce que c'est de la saleté. Je ne sais pas si vous avez jamais eu le plaisir d'en manger un, mais allez en acheter un, dégelez-le , reconstituez sous la forme où vous voulez le manger et goûtez-le. Ou bien prenez une boîte de chair de homard et dégelez-la, achetez un homard vivant et faites-le cuire, et comparez le goût et la texture des deux. Ces produits ne tiennent pas la promesse faite au client. Le client veut une expérience sensationnelle, une véritable expérience gustative. C'est du marketing élémentaire.
La capacité de stocker le produit ne va pas régler leurs problèmes. Si vous stockez le produit, cela vous coûte de l'argent. Il vous faut de l'électricité et il vous faut de la main-d'oeuvre. Vous aurez de la mortalité, à moins de devenir très sophistiqués, comme nous. Notre mortalité est inférieure à 1 p. 100; elle est de 0,62 p. 100 cette année, comparée à une industrie qui jette 10 à 15 p. 100. Le stockage ne va faire qu'exacerber leur problème de coût.
Ils doivent assortir la prise à leur capacité de conditionnement, et ils doivent améliorer les produits qu'ils livrent au marché. Le marché dit qu'il ne veut pas acheter tel produit, il n'est plus assez bon. C'est le même problème que celui auquel se heurtent GM et Chrysler: « Nous ne voulons pas acheter cela. Il y a de meilleurs produits pour lesquels dépenser notre argent ».
Lorsque le marché se resserre et que l'économie ralentit, les restaurateurs et les détaillants disent: « Nous devons veiller à tout prix à ce que chacun de nos clients soit satisfait de ce qu'il mange. Nous ne pouvons plus perdre des clients avec des produits de seconde catégorie ».
Dans ces conditions, notre clientèle de haut de gamme nous préfère parce qu'elle veut fournir un produit uniformément excellent à ses propres clients, infailliblement. Une fois que vous décevez un client, vous le perdez.
La notion de durabilité contribuera à modifier certaines des pratiques de l'industrie. La durabilité amènera peut-être le gouvernement à admettre que nous tuons la ressource. Nous tuons la poule aux yeux d'or par commodité politique, parce qu'il faut se faire réélire à intervalles de quatre ans, au lieu de faire ce qui est bon pour la ressource à long terme.
Il faut à un homard au moins neuf ans pour parvenir à la maturité reproductive. Si nous continuons à les décimer, il arrivera un moment, dans neuf ans, où nous constaterons que nous n'avons plus de bassin de reproducteurs.
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Merci de cette invitation à témoigner lors de ces audiences du Comité permanent des pêches et océans au nom des titulaires de permis de homard de la ZPH 34.
Je suis Ashton Spinney. Je suis le président du Conseil de gestion de la ZPH 34. Je pêche dans la ZPH 34 depuis plus de 50 ans. Notre organisation a été formée à titre de Comité du homard du district 34 en 1998, et a changé de nom en 2005 pour devenir le Conseil de gestion de la ZPH 34.
J'ajoute que je suis également aujourd'hui, et ce depuis plusieurs années, le coprésident représentant l'industrie au comité consultatif du MPO et j'ai le merveilleux privilège de siéger avec le directeur. Je ne me souviens plus de son titre, mais il est assis dans la salle.
L'industrie du homard fait face à de nombreuses difficultés. Je vais en décrire quelques-unes brièvement aujourd'hui et proposer des mesures appropriées afin de les surmonter. Veuillez noter que la liste de ces problèmes n'est pas classée par ordre de priorité.
Le premier défi est celui des frais élevés qu'il faut assumer pour obtenir et conserver la certification MSC. Notre souci est l'important fardeau financier imposé à l'industrie une fois effectuée la préévaluation et obtenue la certification finale du MSC.
Recommandation: que le comité parlementaire examine la justification des vérifications annuelles imposées par le MSC ainsi que d'une réévalution tous les cinq ans. L'industrie collaborera avec les autorités gouvernementales pour trouver d'autres mécanismes moins coûteux pouvant et devant être mis en place pour assurer que les normes du MSC soient respectées chaque année par l'industrie, avec une réévaluation obligatoire par le MSC tous les 10 ans.
Le deuxième défi est de veiller à ce que les titulaires de permis de homard touchent un prix équitable pour le produit de leur pêche.
Recommandation: que le comité parlementaire entame un examen des prix du homard à l'automne 2008 dans la région des Maritimes, et recommande au gouvernement un soutien et des options de commerce équitables.
Le troisième défi est d'obtenir que Pêches et Océans Canada, depuis le siège de la région maritime à Dartmouth jusqu'au siège national à Ottawa, reconnaisse et appuie les efforts et les succès du système de gestion de la pêche côtière du homard de la région maritime, système qui fait appel au contrôle des intrants.
Recommandation: que le comité parlementaire prenne conscience des pressions visant à concentrer l'industrie du homard aux mains d'un petit nombre de personnes. Les auteurs des ces pressions résident à l'intérieur et en dehors du gouvernement. Les principaux outils permettant la concentration de la pêche côtière canadienne aux mains d'un petit nombre sont, premièrement, les contingents transférables; deuxièmement, les contrôles et les accords; troisièmement, l'appui donné par les gestionnaires du MPO à la concentration des permis.
Recommandation: que le comité parlementaire fasse savoir au Parlement et à l'honorable Gail Shea, ministre des Pêches et Océans Canada, que la pêche côtière du homard dans le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse est durable, stable et viable sous le système actuel de contrôle des intrants.
Résultats. La reconnaissance par notre ministre et notre Parlement du succès des efforts visant à instaurer une pêche côtière du homard durable encouragerait et faciliterait l'établissement d'une relation de travail entre l'industrie et la direction du MPO fondée sur la confiance. La reconnaissance et le soutien du système de gestion de la pêche côtière du homard par le ministre et le Parlement réduirait le pouvoir politique du petit nombre qui s'efforce de concentrer les permis de pêche du homard et d'intégrer verticalement le secteur du homard côtier.
Nous fournirons au comité davantage de détails et de données à l'appui de notre affirmation que la pêche du homard côtier est durable et viable. Nous, dans la ZPH 34, avons une pêche durable et viable, avec 987 permis, qui contribuent à la prospérité économique de la région, de nos collectivités, des patrons pêcheurs, des équipages et des familles...
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Je tiens à dire merci à M. Spinney, à M. Hines — et j'aimerais ajouter Greg à la liste — et aux personnes qui se sont donné la peine de venir aujourd'hui. C'est un réel honneur pour moi, un gars de la Colombie-Britannique qui se rend pour la toute première fois en Nouvelle-Écosse. Nous avons été très bien accueillis chez vous.
Mon collègue, Blaine Calkins — que l'on appelle l'antilope — et moi sommes allés courir ce matin dans Yarmouth; nous sommes le 1er avril. Nous avons pu respirer un peu de l'histoire de l'endroit. Nous nous sommes arrêtés à un cimetière anglican établi en 1806. Nous sommes entourés par de la belle architecture. Je pense que la plupart des maisons ici ont été construites avant même que la Colombie-Britannique n'existe. C'est vraiment excitant de voir tout ce qu'il y a autour de nous.
J'ai été frappé par votre dernier commentaire, Ashton, lorsque vous avez dit que l'une de vos premières priorités est de faire en sorte qu'il y ait de l'argent disponible afin que de jeunes gens puissent se lancer et avoir une entreprise à l'avenir. Parfois, la meilleure façon de préparer pour l'avenir est de regarder notre histoire.
D'après le peu que j'ai pu apprendre, très rapidement, au sujet de la Nouvelle-Écosse, il fut un temps où il vous suffisait de plonger un panier dans l'eau et vous en sortiez des morues, mais ce n'est plus comme cela aujourd'hui. Je suis en train de me demander ce que nous pourrions faire afin qu'il y ait encore ici une pêche du homard dans 100 ans.
Colin MacDonald nous a dit que sa principale interrogation est de savoir qui est le client. Cela lui vient de Ben Shapiro, de la Harvard Business School. Nous avons lui et moi eu le même professeur. Les affaires sont la principale préoccupation pour lui.
Dans vos remarques liminaires, vous avez énuméré de nombreuses questions concernant l'industrie ou le commerce, mais lorsque vous avez parlé des homards eux-mêmes, vous avez parlé de durabilité et de ce qui est en train d'être fait par la ZPH 34.
Le CCRH fait une évaluation qui est différente de la vôtre. Il dit qu'à quelques rares exceptions près, l'actuel système de contrôle des intrants n'est en fait pas en mesure de contrôler l'augmentation du taux d'exploitation. Il affirme par ailleurs que l'actuelle stratégie de pêche ne comporte aucun mécanisme pour contrôler l'effort de pêche, compte tenu des moteurs de l'effort compétitif. L'on s'attend à ce que l'effort de pêche effectif et les taux d'exploitation augmentent régulièrement. Cela mettra sérieusement et de plus en plus à risque la durabilité écologique de la ressource, la durabilité économique des entreprises de pêche et la durabilité sociale des villages de pêcheurs.
Le CCRH fait état de votre belle réussite ici dans la ZPH 34 et dit que cela masque peut-être ce qui est vraiment en train de se passer, soit que les résultats impressionnants sont peut-être le fait d'un effort de pêche accru et non pas nécessairement d'un parc à homards en santé, pour appeler la chose comme cela.
En notre qualité de députés, il nous faut demander quel est notre rôle, et il est différent du vôtre. On me dit que l'objet précis de la gestion des pêches est de veiller à la conservation et à la protection des ressources halieutiques du Canada et d'en maintenir l'utilisation durable en partenariat avec les parties prenantes. Cela est tiré du rapport du vérificateur général. Cet objectif a été enchâssé dans le récent projet de loi sur les pêches, et continue donc d'être le but de la gestion des pêches.
Afin d'assurer que l'histoire ne se répète pas, que votre objectif déclaré de maintien d'une pêche durable soit réalisé, comment répondez-vous au défi lancé par le CCRH et comment réfutez-vous ce qu'avancent les détracteurs, qui y voient surtout une question d'affaires et non pas une question de homards?
Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Norma Richardson et je suis accompagnée de Nellie Baker Stevens. Nous représentons la Eastern Shore Fishermen's Protection Association. Nous venons de la côte est de la Nouvelle-Écosse. Nos membres sont au nombre de 230 et ils sont répartis entre Canso, dans le comté de Guysborough, et le port de Halifax. Ce territoire est considéré comme étant la région 3. Nous sommes accrédités en vertu d'une loi provinciale, la Fisheries Organizations Support Act. Il y a également des usines de transformation du poisson et des acheteurs locaux qui sont membres associés. Nous couvrons deux ZPH, la 32 et la 31B.
Je tiens tout d'abord à remercier le comité de nous entendre aujourd'hui. Nous aurions voulu avoir davantage de temps pour nous préparer, mais nous espérons couvrir le gros des points importants.
Nous avons comparu devant le CCRH lors de ses consultations au sujet du homard, et j'ai par ailleurs assisté aux séances organisées dans le cadre des consultations finales. Je considère que le rapport qui en est ressorti n'a pas reflété l'ensemble des préoccupations soulevées dans le cadre de ces séances, notamment en ce qui concerne les mesures de conservation en cours dans les différentes régions.
Toute initiative qui est lancée doit être appuyée par les parties prenantes. Un élément essentiel de la conservation du homard est l'adoption par les groupes d'intervenants locaux d'un rôle de gérance actif, ce qu'avait souligné Gerry Ennis, de Terre-Neuve.
Dans le passé, les gens des ZPH 32 et 31B n'ont pas été en faveur des mesures de conservation du MPO. La situation varie de port en port. Une augmentation de la mesure des carapaces donnera des résultats différents selon qu'il s'agit d'un port où il y a surtout des homards de taille supérieure ou d'un port où les homards débarqués sont de taille plus petite.
Les pêcheurs tiennent fermement à ce que les mesures de conservation soient égales dans toutes les ZPH. Les coûts et les avantages devraient être les mêmes. Lorsque les ZPH et les représentants ont travaillé indépendamment, il n'y a jamais eu de consensus. Les représentants des ZPH se rencontrant une fois par an et n'ayant pas la possibilité d'entendre ce qui se passait ailleurs, il leur était difficile de prendre des décisions éclairées pour le compte d'autres pêcheurs.
C'est ainsi que des représentants des pêcheurs de homard de la région ont demandé à l'association de réunir les parties afin qu'elles oeuvrent à un plan qui satisfasse tout le monde, ou en tout cas la majorité. C'est de là qu'est venue l'idée du marquage par encoche en V. C'était la seule mesure de conservation qui allait exiger le même effort de chaque pêcheur.
En 2000, les plus de 200 pêcheurs de homard des ZPH 32 et 31B ont récupéré de leurs prises 220 livres de grosses femelles, soit d'une longueur de plus de 110 millimètres, non oeuvées. Ces femelles ont été marquées d'un V, puis remises à l'eau. Toutes les remises à l'eau de homards marqués ont été vérifiées par un organe indépendant, la Fishermen and Scientists Research Society,
Ce projet est financé à 100 p. 100 par les pêcheurs. Au cours des cinq dernières années, ces pêcheurs ont relâché plus de 250 000 livres de grosses femelles de homard non oeuvées d'une valeur approximative de 1,5 million de dollars. Ils ont également marqué plus de 30 000 grosses femelles de homard non oeuvées. Et aujourd'hui, ils retrouvent encore certains de ces homards marqués qu'ils avaient relâchés en 2000.
L'on a au fil des ans recueilli des données sur les mouvements de homard, le nombre de femelles oeuvées marquées d'un V et le nombre non marquées. Plus de 14 000 homards marqués d'un V ont été recapturés et, dans la plupart des cas, relâchés. Nous savons donc que ces homards ont survécu au processus de marquage par encoche en V et d'étiquetage.
Ces pêcheurs sont disposés à fournir aux chercheurs d'autres renseignements dont ils pourraient avoir besoin. Il importe également de souligner que le taux d'adhésion des pêcheurs dans le cadre du projet a été de 100 p. 100.
Notre définition d'une encoche en V est toute mutilation de quelque nageoire que ce soit de la queue d'un homard — pratiquée à partir de la troisième nageoire, ou autre. Et la méthode de conservation taille unique pour la pêche du homard ne cadre pas avec toutes les zones. Dans la ZPH 31A, l'on pratique une méthode de conservation différente. Ginny ne va pas être des nôtres, mais je suis certaine qu'elle va envoyer son rapport.
Nous pêchons un maximum de 63 jours et avons un nombre limite de pièges de 250. Je parle ici de la pêche de printemps. Nous pêchons du 19 avril au 20 juin. Notre pêche jouit, auprès des acheteurs, de la réputation de fournir des homards de qualité. Cependant, cela n'est en règle générale pas reflété dans le prix. En fait, nous obtenons un prix inférieur à celui pratiqué dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.
Cette année, comme vous le savez, les choses ne s'annoncent pas bonnes. Nos pêcheurs ne peuvent pas survivre avec du homard à 3 $ la livre. Il nous faut comparer la côte est, avec des débarquements d'aussi peu que 7 000 livres dans certaines zones, avec les 50 000 livres ou plus dans cette zone-ci.
Nos pêcheurs sont depuis 1992 soumis à un moratoire de la pêche du poisson de fond, et le homard est en ce moment leur principale source de revenu.
Nous avons réussi à devenir permanents dans la pêche du crabe des neiges. Cela nous aide, mais du fait qu'environ 20 pêcheurs se partagent un seul et même permis, le revenu est très faible comparativement à ce qu'il serait si chacun d'entre eux possédait un permis.
Les prix des appâts et du carburant ont augmenté, tandis que le prix pour notre homard a reculé. Les pêcheurs doivent se préoccuper de l'assurance et de l'entretien de leurs bateaux. Nous sommes également lourdement grevés par les droits qu'exigent le MPO et ne pouvons pas en absorber davantage.
Nous ne nous attendons pas à ce que les stocks de poisson de fond augmentent, du fait de l'explosion de la population de phoques. Le monsieur n'est pas ici, mais son chapeau est très intéressant.
Lorsqu'il n'y a pas de poisson de fond, on nous dit que les phoques peuvent se rabattre sur le homard comme source d'alimentation, et ce serait catastrophique pour l'industrie.
Le contrôle à quai n'est pas une chose qu'embrassent nos pêcheurs, qui considèrent que cela ne fonctionne pas. La plupart des pêcheurs de homard débarquent leurs prises à leur propre quai, et il y en a plusieurs centaines le long de notre côté. Il serait presque impossible d'envoyer un contrôleur partout. Il serait également pénible pour les pêcheurs de devoir se rendre à des quais désignés, du fait des longues distances à parcourir le long de notre côte et du temps qu'il leur faudrait pour se rendre dans ces endroits. Cela viendrait augmenter encore leurs frais et étirer leurs journées déjà éreintantes.
Nous traitons avec des acheteurs locaux et nous efforçons de garder l'argent à l'intérieur de nos collectivités. Nous savons que les temps sont durs et nous travaillerons pour le compte de nos pêcheurs pour obtenir le meilleur prix et favoriser la concurrence parmi les acheteurs. Ces pêcheurs sont tous des hommes d'affaires indépendants et devraient toucher un prix équitable pour le produit de première qualité qu'ils proposent.
Nous n'appuyons pas dans notre région l'idée d'un régime de CIT ou de CI. Nous ne sommes pas du tout en faveur des contingents. Les pêcheurs ne pensent pas que cela soit bénéfique pour les marchés ni pour la pêche. Cela concentrerait simplement le contrôle entre un plus petit nombre de mains. Oui, cela enlèvera peut-être certaines personnes de la pêche, mais ce contingent ira tout simplement à quelqu'un d'autre, et cela ne fera donc rien du tout pour la ressource.
Nous demandons simplement qu'on nous laisse gagner notre vie, et, bien que le homard soit aujourd'hui notre principale ressource, nous sommes des détenteurs de permis multispécifiques et nous adonnons à d'autres pêches qui nous sont autorisées, et je songe par exemple à notre petit quota de poisson de fond, au crabe des neiges, au hareng, et ainsi de suite.
Nous suivons de près le processus du MSC en matière de durabilité. Nos pêcheurs se sont toujours efforcés de bien s'occuper de la ressource et de l'habitat afin qu'il y ait quelque chose pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Voici maintenant qu'on nous plonge dans une initiative du MSC ou d'autres régimes de traçabilité et de durabilité. Cela ne nous pose aucun problème d'oeuvrer en ce sens; ce qui nous pose un problème est le coût astronomique pour l'industrie de la certification. Il semble qu'une fois que nous aurons déboursé environ 500 000 $ pour une attestation confirmant que nous sommes durables, il nous faudra, au bout de cinq ans, refaire tout le processus. À mon sens, cela nuira à la durabilité des pêcheurs, du fait qu'il ne restera plus personne dont il faudra se préoccuper.
Cette idée a été promue comme étant un moyen d'augmenter notre part de marché. Nous estimons que cela seul ne suffira pas. Il nous faut des stratégies de commercialisation plus énergiques ainsi qu'une industrie dont tous les éléments travaillent ensemble, au moins dans le cadre de cette initiative, pour nous permettre d'avancer. En réalité, les transformateurs et les acheteurs ont besoin des pêcheurs pour leur livrer le produit, il nous faut ces gens-là pour nous l'acheter. C'est un obstacle de taille qu'il nous faut surmonter.
Selon GPI Atlantic, pour être durables, il nous faut des indicateurs évaluant l'efficacité des règles de gestion régissant la pêche. Il nous faut également des organisations pour mettre en oeuvre ces règles de gestion de la pêche, qu'il s'agisse d'organisations gouvernementales ou non gouvernementales, comme par exemple des associations de pêcheurs. De manière générale, on dit que ces indicateurs doivent cerner plusieurs choses: le caractère gérable et exécutoire des règlements; la concordance entre le niveau des ressources que la société va allouer à la gestion et ce qui est nécessaire pour assurer comme il se doit cette gestion; et les ressources concrètes à la disposition de la gestion. Nonobstant cela, il y a une insuffisance de ressources à la disposition de l'industrie pour qu'elle soit efficace dans les volets exigeant une intervention.
Nous entendons maintenant parler de la fermeture du Centre canadien d'innovations des pêches. Cette organisation a été très utile en fournissant à l'industrie de merveilleux projets et un leadership dont elle avait beaucoup besoin, et ce non seulement à Terre-Neuve, mais dans tout le Canada atlantique et au Québec. En cette période critique pour l'industrie, nous ne voulons pas que ces genres de groupes disparaissent. Le moment est mal choisi par le bailleur de fonds.
Ma déclaration a été très brève. Merci de l'occasion qui nous a été ici donnée de vous soumettre nos vues au sujet de l'industrie du homard.