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Merci, monsieur le président. Je ne crois pas que j'aurai besoin de plus de 10 minutes.
Je tiens, au nom de la Southern Kings and Queens Fishermen's Association, à vous remercier de nous offrir cette occasion de rencontrer votre comité pour lui faire part de certaines de nos préoccupations. Nous désirons vous souhaiter chaleureusement la bienvenue et nous espérons que votre visite à l'Île-du-Prince-Édouard sera agréable et productive.
Avant de vous faire part de certaines de nos préoccupations, j'aimerais profiter de l'occasion pour corriger certaines des idées plutôt étranges qu'on a des pêcheurs et de l'industrie.
Lorsqu'une personne entend dire que quelqu'un est pêcheur de homard, elle pense immédiatement à une personne qui a beaucoup d'argent, une grosse maison, une voiture à quatre roues motrices, quelqu'un qui vit la grosse vie. Rien ne pourrait être plus différent de la réalité. Nous avons eu quelques saisons où nous avons pu tirer un revenu acceptable. Au cours des 15 dernières années, dans notre secteur, la pêche s'est effondrée, et il existe peu d'autres débouchés.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples de l'augmentation des coûts et de la diminution du revenu qui a atteint des niveaux dangereusement bas. Permettez-moi de comparer les coûts d'aujourd'hui à ceux qui existaient il y a environ 10 ans.
Premier coût, l'appât. Il y a 10 ans nous payions 15 ¢ la livre et aujourd'hui nous payons de 75 à 90 ¢ la livre. Nous utilisons environ 1 500 livres d'appâts par semaine. Si vous multipliez cela par neuf semaines, vous avez une bonne idée du coût. La main-d'oeuvre nous coûtait 400 $ par semaine il y a 10 ans et elle est d'environ 800 à 1 200 $ par semaine aujourd'hui, pour une moyenne de 10 à 12 semaines. Le carburant nous coûtait de 20 à 25 ¢ le litre il y a 10 ans et nous devons aujourd'hui payer entre 70 ¢ et 1,40 $ le litre. Nous utilisons de 200 à 400 litres par jour.
Nous payions il y a 10 ans 400 $ par année pour l'assurance, aujourd'hui nous devons payer 3 500 $. Il y a 10 ans, la majorité d'entre nous ne payaient pas du tout des droits d'amarrage; aujourd'hui, nous devons payer entre 700 et 1 000 $ par année. L'entretien qui nous coûtait il y a 10 ans 2 000 $ nous coûte aujourd'hui entre 5 000 et 7 000 $. Une nouvelle hélice qui coûtait il y a 10 ans 500 $ coûte entre 1 500 et 2 000 $ aujourd'hui. Il y a 10 ans, il suffisait de 20 $ pour construire un casier; aujourd'hui, il en faut 60.
Les prix du homard sont à la baisse. En 2005-2006, nous recevions 5,50 $ la livre pour les homards de conserverie, et environ 6 $ la livre pour les homards de taille « marché ». En 2008, nous avons reçu 4,25 $ la livre pour les homards de conserverie, et 4,50 $ la livre pour les homards de taille marché, sans remise. En 2009, on nous a dit que les prix offerts aux pêcheurs pourraient être inférieurs à 3 $ la livre pour les homards de conserverie et peut-être autour de 3,50 $ pour les homards de taille marché. Si la Nouvelle-Écosse connaît une bonne saison en avril, les prix offerts aux autres pêcheurs seront encore moins élevés.
Pourquoi vous donner tous ces coûts? Simplement pour vous indiquer que le pêcheurs ne vivent pas la grosse vie, contrairement à ce que bien des gens semblent penser. Nous avons pratiquement tous atteint nos limites de crédit et nous sommes au bord de l'effondrement. Si nous ne recevons pas d'aide pendant la saison actuelle, un bon nombre de nos collègues feront faillite. Voilà la situation.
J'aimerais maintenant dire quelques mots sur l'assurance-emploi. Nous voulons signaler aux membres du comité que nous sommes fort heureux de la décision du gouvernement qui nous permet de recevoir des prestations d'assurance-emploi. Sans cette aide, nous n'aurions pu survivre aussi longtemps que nous l'avons fait. Nous sommes reconnaissants d'avoir accès à ce programme, car sans lui, nous ne pourrions pas continuer à pêcher.
Nous allons cependant être confrontés à un nouveau problème. Si les prix des homards baissent, si nous avons moins d'acheteurs et ne pouvons pas vendre toutes nos prises tous les jours, un grand nombre de pêcheurs pourraient fort bien ne pas être admissibles aux prestations d'assurance-emploi cette année. Si l'on ajoute à cette situation les prix du homard qui sont à la baisse et les coûts accrus associés à l'exploitation de la ressource, il se pourrait fort bien que nous ne soyons plus admissibles à ces prestations. Si ça se produit, la situation sera encore plus dramatique.
Nous aimerions proposer une façon un peu différente de faire les choses. Puisqu'il y a de fortes chances qu'un bon nombre de nos pêcheurs ne soient pas admissibles aux prestations, compte tenu la baisse de revenu provenant de la vente du homard, nous aimerions que vous proposiez à vos collègues parlementaires qu'ils adoptent une politique ou des règlements qui permettraient aux pêcheurs d'être admissibles aux prestations d'assurance-emploi en fonction de leur revenu de l'année 2008. Cette méthode serait utilisée pour les années 2009, 2010 et 2011.
De cette façon les pêcheurs auraient accès à un filet de sécurité financier, et pourraient tourner leurs efforts sur une collaboration avec le gouvernement visant à améliorer la stabilité à long terme de l'industrie de la pêche. Nous sommes prêts à en discuter en plus amples détails si vous le désirez.
Quant à la rationalisation de la pêche, il faut d'abord et avant tout se demander ce que l'on entend par rationalisation? À notre avis, cela veut dire que l'on met sur pied des programmes qui visent à réduire le nombre de pêcheurs de l'industrie tout en permettant à ceux qui sont prêts à quitter le secteur à le faire avec un peu d'argent.
Nous sommes parfaitement conscients de la réaction négative qui est suscitée lorsque les pêcheurs proposent le rachat de permis ou un quelconque type d'aide financière. Cependant, lorsque nous étudions le secteur de l'automobile, on entend parler de « milliards » de dollars. Dans le secteur de l'agriculture, il y a eu toute une liste de subventions et de programmes d'aide. Nous plaignons-nous de ces dépenses? Pas du tout. Nous proposons simplement qu'on songe au sort des pêcheurs. Nous ne demandons pas de l'aide pour rien en retour. Nous avons préparé un document intitulé « Planning for the Future », qui est annexé à notre mémoire.
Bref, les pêcheurs de notre zone de pêche du homard ont déjà offert de réduire le nombre de casiers, qui passerait de 300 à 250, parce qu'ils veulent collaborer avec le gouvernement fédéral. Cela veut dire qu'il pourrait y avoir 65 permis de pêche au homard de moins dans notre zone. Nous réduirions le nombre des casiers si le gouvernement était prêt à racheter le même nombre de casiers. Pour ce faire, nous croyons qu'il faudrait payer environ 200 000 $ par permis, soit 65 permis de pêche. Cette simple mesure permettrait de réduire l'effort de pêche au casier d'un tiers pour l'ensemble de la flottille de notre zone.
Le premier ministre dispose d'un fonds de trois milliards de dollars qui doit être utilisé pour financer des programmes de stabilisation du genre. Nous ne demandons que 13 millions de ce montant de 3 milliards de dollars. C'est un tout petit investissement qui pourrait sauver notre industrie, et de plus, notre organisation a même offert de s'occuper du fonctionnement du programme afin de réduire les coûts pour le gouvernement. Nous aimerions nous pencher en plus amples détails sur cette proposition.
Quant aux quais et à l'infrastructure, je ne m'attarderai pas trop sur la question et je me contenterai simplement de dire qu'il doit absolument y avoir des travaux de remise en état de nos quais et de notre infrastructure portuaire. Dans certains ports, nous n'avons même pas d'eau potable. Les circuits électriques sont en piètre état. La structure des quais se détériore et est sur le point de s'effondrer. Nous avons également besoin de dragage. Nous n'avons même pas de toilettes.
Nous avons rencontré votre comité l'automne dernier et nous avions formulé plusieurs propositions. Nous recommandons que le ministère des Pêches et des Océans collabore avec chaque administration portuaire pour élaborer une liste de besoins et des bien-fondés des requêtes. Lorsque l'argent sera disponible, le ministère pourrait répondre aux besoins les plus urgents de la région. Nous serions disposés à discuter en plus amples détails de la question.
Nous aimerions aborder deux autres questions. Tout d'abord, nous voudrions que nos produits du homard soient certifiés comme provenant d'une pêche bien gérée et écologique. Nombre de consommateurs recherchent ce type de certification avant d'acheter un produit du homard. Nous avons besoin d'aide à la fois au niveau provincial et fédéral afin de faire de notre industrie un des leaders à l'échelle internationale dans le domaine de la certification.
Enfin, j'aimerais dire quelques mots sur les besoins et les ressources en matière de conservation et de protection du MPO et de l'industrie. Nous sommes d'avis que des ressources supplémentaires devraient être affectées aux activités sur le terrain de la division des agents des pêches.
De plus, nous proposons que le ministère des Pêches et des Océans mette sur pied un programme d'agents des pêches de réserve qui recevraient la formation nécessaire et qui seraient employés lorsque le besoin se présente. Est-ce que c'est une idée tout à fait nouvelle? Non. La GRC et la Garde côtière canadienne ont toutes deux un programme semblable et ont un bassin de personnes formées et prêtes à être employées lorsque le besoin se présente. Pourquoi Pêches et Océans ne pourrait-il pas leur emboîter le pas?
Bref, nous voulons vous remercier à nouveau de nous avoir offert cette occasion de vous faire part de nos préoccupations. Nous sommes prêts à discuter de ces questions ou de toute autre question qui vous intéresse.
Au nom des membres de la Southern Kings and Queens Fishermen's Association, je tiens à vous remercier.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je suis très heureux d'accompagner le comité aujourd'hui.
Je comprends parfaitement ce que vous dites au sujet de la pêche au homard et de la pêche en général. Chez moi, à Terre-Neuve, la pêche commencera demain et les secteurs de la crevette et du crabe se retrouveront dans une situation semblable cette année. Les pêcheurs auront une année difficile, qu'ils exploitent le homard, le crabe ou la crevette.
J'aimerais vous poser deux questions. La première porte sur une question qui n'est pas abordée, et l'autre sur un sujet que vous avez mentionné.
Un peu plus tôt aujourd'hui, nous avons parlé des viviers à homards. Certains transformateurs ont des viviers et quelqu'un a proposé qu'il pourrait y avoir un vivier communautaire pour les pêcheurs. J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Cette initiative serait-elle utile pour les pêcheurs?
Vous avez mentionné l'assurance-emploi. Nous n'avons pas eu l'occasion d'avoir une bonne discussion sur la caisse d'assurance-emploi. Vos propositions touchent les résultats financiers de la pêche de 2009, ce qui serait tout aussi important. Vous avez proposé que l'on autorise les pêcheurs à se servir jusqu'en 2011 du revenu de 2008. Peut-être pourriez-vous nous en dire un peu plus long là-dessus. Cela m'intéresse.
On a annoncé dans le dernier budget que la période de prestations d'assurance-emploi serait prolongée de cinq semaines. Ça ne vaut pas pour l'Île-du-Prince-Édouard. Cela n'aidera personne ici. Nous devons nous pencher sur le système d'assurance-emploi pour déterminer comment il peut nous aider. J'espère que cela vous donnera l'occasion de nous donner de plus amples détails sur cette proposition.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Bienvenue, messieurs.
Vous êtes sur le terrain. Vous savez ce qui se passe dans la mer. Vous connaissez bien le secteur. Il y a toujours des choses qui se passent dont il faut se méfier, et aucun gouvernement n'en est la cause. Je voulais simplement le signaler. Les gouvernements doivent être bien prudents lorsqu'ils concluent quelque entente que ce soit.
Je veux simplement soulever la question et je suis convaincu que vous comprendrez pourquoi. Je pense au cycle de Doha de l'OMC. À mon avis, nous devons être très très prudents et j'aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez.
Dans le cycle de Doha, si un élément était clairement inacceptable, il faisait partie de la catégorie rouge; si c'était quelque chose qui pouvait faire l'objet de discussions, cet élément faisait partie de la catégorie jaune. Si c'était acceptable, la catégorie verte.
Lors du cycle de Doha, l'assurance-emploi, l'exemption pour gains en capital, le programme des remises en état des ports pour petits bateaux, et même la carte pour la taxe sur le carburant que vous détenez faisaient partie de la catégorie rouge. Cela veut dire que si l'on signait une entente et qu'on respectait les règles à la lettre, ces programmes disparaîtraient.
Qu'en pensez-vous?
Lawrence, comme toujours, vous avez soulevé une question fort pertinente. Vous avez misé juste quand vous avez abordé le sujet. Les pêcheurs de la Southern Kings and Queens Fishermen's Association s'inquiètent gravement de la question. Vous l'avez soulevée à plusieurs reprises, et nous tenons à vous en féliciter.
Le gouvernement, peu importe le parti au pouvoir, les libéraux ou les conservateurs, devrait faire front commun afin de protéger les collectivités et les pêcheurs — peu importe qu'ils viennent de Terre-Neuve, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Québec ou de la Colombie-Britannique — pour s'assurer que ces programmes ne sont pas interprétés comme étant des subventions; le gouvernement devrait tout faire pour protéger le réseau communautaire.
Malheureusement, les réseaux de type communautaire s'effondrent. Ils s'affaiblissent au jour le jour, ce qui force les pêcheurs contre leur gré à trouver d'autres emplois: ils doivent déménager dans l'Ouest du pays, simplement déménager, abandonner la pêche ou trouver un autre emploi pour subventionner leurs activités de pêche. Ils n'ont pas le choix. Votre commentaire est donc très important: il importe que tous les paliers de gouvernement collaborent afin d'assurer que ces programmes du filet de sécurité seront conservés.
Il ne faut cependant pas oublier que l'année dernière, on pensait que le secteur de la pêche au homard n'était pas en très bon état puisque nous avions enregistré des baisses de 25 p. 100 du prix au débarquement. Le prix du combustible et les autres coûts ont augmenté de façon dramatique. Cette année, nous perdrons probablement encore 25 p. 100 au débarquement, ce qui représenterait une chute d'environ 50 p. 100 du prix normalement offert aux pêcheurs pour leurs prises; en fait, les prix pourraient être encore plus bas mais tout dépend du succès de la saison de pêche en Nouvelle-Écosse. Ainsi, nos pêcheurs seront peut-être confrontés à une double crise: la première, c'est qu'ils n'auront peut-être pas suffisamment d'argent pour vivre, et la deuxième c'est qu'ils ne seront peut-être pas admissibles aux prestations d'assurance-emploi. Il y aura donc un nombre beaucoup plus important de faillites et les communautés s'affaibliront encore plus.
Nous inviterions donc votre comité à collaborer avec le gouvernement. Je sais que ce n'est pas tâche facile lorsque vous êtes au Parlement, mais si vous pouviez oublier vos allégeances politiques et vous approcher des autres partis pour travailler en équipe afin d'atteindre ces objectifs, je sais que les pêcheurs de l'Est du pays vous en seraient certainement fort reconnaissants.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vais essayer de fonctionner avec autant d'efficacité que Lawrence. Je vais me chronométrer mentalement et faire en sorte de poser mes questions avant la fin de mon intervention. Je tiens à féliciter Lawrence pour le travail qu'il fait ici de même qu'au sein du comité. Il était dans la salle plus tôt, au moment où je l'ai dit, mais il est maintenant à coté de moi.
Ce comité regroupe des représentants des quatre formations politiques. Je fais partie du comité depuis cinq ans, en tant que député, et depuis neuf ans, si on considère que j'étais adjoint auparavant. Je peux vous dire que le travail d'équipe y est assez formidable, mais qu'on ne retrouve pas cela ailleurs, malheureusement. Nous pouvons avoir des dissensions politiques, ce n'est pas un problème. Cependant, quand nous abordons des sujets essentiels comme l'avenir des pêches, nous sommes unanimes, qu'il s'agisse des ports pour petits bateaux, de l'industrie du homard ou de l'industrie en général. Notre groupe travaille très bien en collégialité. D'ailleurs, nous sommes même capables de fêter ensemble.
La première question que j'aimerais vous poser porte sur l'assurance-chômage. Je représente la circonscription Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, et ce qui m'a amené à faire de la politique au niveau fédéral, c'est le dossier de l'assurance-chômage. Je continue à parler d'assurance-chômage parce qu'en utilisant le terme « assurance-emploi », on laisse de côté la réalité du chômage saisonnier, à mon avis. Or, le chômage saisonnier touche beaucoup nos communautés. Quand ils ne peuvent pas recevoir d'assurance-chômage, les gens sont obligés de quitter leur lieu d'origine, qu'ils aiment beaucoup. Je sais que les membres du comité sont d'accord avec moi, mais j'aimerais ajouter que l'argent consacré à l'assurance-chômage revient dans la communauté. Il y est investi. Les gens qui reçoivent des prestations d'assurance-chômage dépensent cet argent dans les dépanneurs, les épiceries ou ailleurs. C'est pourquoi, à mon avis, cet argent est très bien investi. En attendant le plein emploi, que ce soit dans le domaine de l'éolien ou dans d'autres domaines, je pense qu'il est impératif de conserver l'assurance-chômage.
Pour ma part, je dois travailler au fameux dossier du phoque, mais comme l'a souligné Lawrence, il faut se pencher aussi sur des dossiers à l'échelle internationale, par exemple celui des subventions considérées interdites par des pays comme la Nouvelle-Zélande, en particulier, ou même les États-Unis. Ces pays finissent par perdre tout sens commun. Dire que les fonds servant à remettre des quais en état ou à administrer un programme de soutien à l'emploi sont des subventions interdites n'a pas de sens. Il faut que le gouvernement appuie des communautés comme les nôtres, notamment par l'entremise de tels programmes.
J'aimerais mieux comprendre votre proposition. Je sais qu'il y a eu des questions sur l'assurance-chômage. D'après ce que je comprends, l'argument est le suivant: compte tenu du fait que les revenus de 2008 sont considérés comme des revenus de 2009, 2010 et 2011, il serait possible de rendre admissibles les gens qui, autrement, ne le seraient pas en 2009, 2010 ou 2011 parce qu'ils auraient moins de revenus. Est-ce exact?
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Mais il y a un autre aspect à l'assurance-emploi. Ce programme assure une base financière à nos pêcheurs en leur permettant de continuer à pêcher, mais vous avez également abordé un facteur très important, c'est-à-dire que cela permettrait de préserver les collectivités, de maintenir l'union communautaire. Le programme d'assurance-emploi fait partie de tout cela. Ce n'est pas seulement l'argent, il y a d'autres aspects. Je suis très heureux de vous entendre dire que vous saviez que c'est important et que vous voulez que les pêcheurs de vos collectivités tirent parti des efforts que vous déployez.
Et ce n'est pas tout! Si les gouvernements décidaient d'autoriser les intervenants du secteur de la pêche à utiliser les revenus de 2008 pour les années 2009, 2010 et 2011, les pêcheurs auraient le temps de se concentrer pour survivre à la crise dans le secteur de pêche. Ils pourraient collaborer avec les transformateurs pour se pencher sur la qualité du produit. Ils pourraient se pencher sur divers autres types de programmes.
Ce représentant de Terre-Neuve tout à l'heure, lorsqu'il parlait de viviers… je crois que vous l'avez mentionné plus tôt. De toute façon, c'est une question importante. Nous pouvons y entreposer le homard, par exemple, au printemps, au mois de mai, sans problème. Cependant, venu le mois de juin, l'entreposage des homards devient un problème de taille; il y a alors beaucoup de pertes. J'ai fait mes études en biologie marine, et j'ai été gestionnaire des pêches au ministère des Pêches et des Océans pendant 33 ans. Ce genre de problèmes dont vous parlez — l'entreposage, la manutention, la qualité du homard — sont très importants pour la qualité du produit livré.
J'aimerais faire un dernier commentaire. Mon ami des îles de la Madeleine a dit qu'il travaillait très fort au dossier de la chasse aux phoques et la promotion de cette chasse et sur des choses du genre. Nous avons une situation semblable ici dans le secteur du homard. Les homards et leur exploitation sont surveillés de très près par un membre de ces groupes de défense des animaux, et ils veulent que la pêche du homard soit bien gérée, qu'elle soit durable, et ils désirent que les homards soient bien traités et j'en passe. C'est un autre problème auquel nous serons confrontés dans quelques années. Nous voudrions collaborer avec les deux paliers de gouvernement pour étudier les dossiers et éviter que cela ne devienne un problème. Nous voulons que cela devienne un avantage pour le secteur de la pêche au homard.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à souhaiter la bienvenue à nos invités. Je vous remercie de vos témoignages. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui dans la circonscription de M. MacAuley. Lawrence, je peux constater que la foule vous suit. Je suis très heureux de voir tout le monde. La vraie vie, c'est les petites collectivités rurales.
J'aimerais simplement faire un ou deux petits commentaires. Je suis heureux que M. MacAuley ait mentionné le cycle de Doha, parce que d'après les discussions auxquelles j'ai participé, ce cycle se déroule depuis 2001; il y a donc une bonne raison pour laquelle il se déroule toujours en 2009, et c'est qu'on n'a toujours pas pu s'entendre. Tout cela est attribuable à nombre de raisons que nous avons déjà mentionnées: l'importance de notre programme de ports pour petits bateaux, tout comme celle du système d'assurance-emploi, et ce pour toutes les régions du pays. Je crois que ce qui va se produire c'est que... Tout comme notre ministre, je suis convaincu qu'on n'appuierait pas une entente qui mettrait en péril ce genre de programmes. Je crois qu'on peut être rassuré un tout petit peu à cet égard.
J'aimerais poser une question sur la conservation et la protection, Bobby, dont vous avez parlé. Dans le rapport de 2007 du CCRH, on mentionne, à la section 7,2, l'autosurveillance et certains des problèmes qui touchent la gestion du stock. Lorsque nous avons visité les îles de la Madeleine, nous avons parlé de la question. Certains des témoins nous ont dit que le gouvernement pouvait jouer un rôle à cet égard, mais ils ont également signalé que les pêcheurs mettent la main à la pâte, qu'il existe des efforts visant à lutter contre la braconnage -- il y a un numéro sans frais, et les pêcheurs visitent les écoles pour enseigner aux jeunes l'importance de l'industrie et les mécanismes qui la caractérisent.
On signale dans le rapport du CCRH que certains pêcheurs déploient jusqu'à 50 p. 100 de plus de casiers que la limite permise. Ainsi, en plus de votre suggestion à l'égard de la création d'un bassin d'agents des pêches réservistes et ce genre de choses, puisqu'on veut avoir une approche globale, que pourrions-nous faire d'autre pour permettre à l'industrie de jouer un rôle, si le gouvernement et l'industrie pouvaient s'entendre pour assurer la réglementation de l'industrie? Quelles suggestions feriez-vous?
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Permettez-moi tout d'abord, monsieur le président, de vous présenter les excuses de M. Sullivan qui devait prendre la parole devant vous aujourd'hui. Malheureusement, le mauvais temps l'en a empêché.
Bonjour, mesdames et messieurs les membres du comité. Je m'appelle Linus Bungay et je suis le gestionnaire des opérations pour la compagnie Ocean Choice International à l'Île-du-Prince-Édouard. La direction d'Ocean Choice se réjouit de voir l'intérêt manifesté par votre comité pour certains des problèmes systémiques qui affectent le secteur de la pêche du homard dans le Canada atlantique, et tout particulièrement à l'Île-du-Prince-Édouard. Nous sommes heureux aussi de votre volonté d'y trouver des solutions.
Beaucoup de ces problèmes existent depuis longtemps. Toutefois, ils se sont beaucoup aggravés à cause de la crise économique mondiale et parce que le secteur des fruits de mer s'est mondialisé. Le siège social de notre compagnie est à St. John's, Terre-Neuve. Ocean Choice International s'est établi à l'Île-du-Prince-Édouard il y a cinq ans, après avoir acheté les actifs de Polar Foods du gouvernement de la province. Depuis, nous avons investi plus de 11 millions de dollars dans des outils technologiques et d'autres améliorations apportées à nos installations de Souris à la pointe est de la province.
Nous n'avons pas demandé ni reçu de subvention gouvernementale pour cet achat initial ni pour les améliorations apportées par la suite. Nous sommes aujourd'hui le plus important transformateur de homards à l'Île-du-Prince-Édouard et le deuxième employeur privé de la province. Nous versons chaque année 8 à 9 millions de dollars en moyenne en salaires à nos employés et travailleurs de la production. Nos employés sont syndiqués et membres de l'Union internationale des travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce. Nos employés travaillant à la production ont une convention collective et touchent une paye de vacances et des prestations médicales.
Nous achetons le homard de plus de 300 pêcheurs de l'Île-du-Prince-Édouard. Nous achetons également celui de pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador, de Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et du Maine. En tout, cela représente, bon an mal an, de 10 à 13 millions de livres.
Nous vendons plus de produits du homard sur les marchés internationaux chaque année que n'importe quel autre transformateur du Canada atlantique. Nous commercialisons nos propres produits et avons des bureaux de vente en Asie, en Europe et en Amérique du Nord. Notre saison de transformation s'étend de mai à février. Nous vendons nos produits à plus de 20 pays, notre plus important marché étant celui des États-Unis. Ajouter à cela l'argent que nous dépensons localement en fournitures, en loyers et en frais de subsistance, pour les plus de 200 travailleurs d'autres provinces et d'autres pays, et vous aurez une idée de notre contribution à l'économie de la ville de Souris, de l'est de l'Île-du-Prince-Édouard et de la province.
Les transformateurs du homard sont les intermédiaires de la chaîne de production et de commercialisation qui commencent par le débarquement du homard par les pêcheurs et se terminent par la vente de produits du homard partout au monde. À l'heure actuelle, le marché des produits du homard est instable et extrêmement sensible au prix. Le transformateur de homard doit composer avec, d'une part, cette réalité du marché mondial et, d'autre part, l'augmentation de ses coûts de production, une baisse des effectifs et la nécessité d'offrir le juste prix aux pêcheurs. Et plus important encore, il faut préserver et maintenir des stocks durables de la ressource. Nous sommes dans une situation critique. Selon un analyste du secteur des fruits de mer: « L'industrie des produits de la mer est sur le point de ressentir beaucoup plus fortement les effets de la crise du crédit ». L'année qui vient s'annonce cruciale pour le secteur du homard dans le Canada atlantique.
Depuis toujours, le pêcheur de homard lève ses 300 casiers six jours par semaine pendant la saison de pêche. Il pêche autant de homards de taille légale que possible et les vend au quai de son port d'attache au meilleur prix possible à l'un des acheteurs de différentes compagnies. Il faut assurer que le homard est toujours d'excellente qualité; il y a des lacunes à cet égard qu'il faut corriger. Nous croyons qu'il faudrait une qualité plus uniforme et qu'il faut instaurer un meilleur système de classement du homard. Si le travail du pêcheur est terminé au moment du débarquement du homard, le travail du transformateur commence.
Environ 75 p. 100 des homards débarqués à l'Île-du-Prince-Édouard sont des homards de conserverie, qui pèsent moins d'une livre. Il n'y a pas d'autres acheteurs que les transformateurs pour ces animaux. Ils sont trop petits pour être vendus vivants à des restaurants. La pêche a toujours reposé sur la prémisse que chaque pêcheur trouvera immédiatement un marché pour toutes ses prises. Cette idée repose à son tour sur la prémisse que les transformateurs achètent tous les poissons pêchés et transforment ce qu'ils ne peuvent pas vendre immédiatement pour se constituer des réserves. Les transformateurs financent ces réserves en se servant de marges de crédit pour acheter la matière première. C'est ce qu'on appelle le préfinancement dans d'autres secteurs d'activité.
Vous savez tous ce qui s'est passé avec les banques et d'autres sources de financement au chapitre du crédit. Il est plus difficile qu'auparavant d'obtenir un prêt et dans bien des cas, la banque refuse de prêter si l'argent doit servir à financer l'inventaire.
Sur son bulletin en ligne quotidien intitulé Seafood News, John Sackton affirme qu'il « y a eu un délestage extraordinaire des risques dans le domaine du crédit de la part des banques et des compagnies d'assurances ». Il fait allusion au fait que, récemment, les banques et les sociétés d'assurance se sont montré réfractaires à accepter les créances en garantie contre les risques. Cela met une pression énorme sur le transformateur pour conclure des ventes rapides, car les compagnies essaient de recueillir des revenus suffisants pour couvrir leurs dépenses. Ça exerce également une pression à la baisse sur la quantité de homards achetés par le transformateur et sur les prix qu'il paie pour ces homards.
Notre secteur doit être viable pour mettre en place plus d'innovation technique. Ocean Choice a investi dans des techniques de transformation à haute pression. Le homard est soumis à cette pression qui permet de le décortiquer sans en abîmer la chair. Certaines compagnies ont l'expertise nécessaire pour fabriquer des appareils capables d'aller encore plus loin dans le domaine des procédés de transformation à haute pression: ces machines cassent la pince et en retirent la chair en une seule opération. La mise au point du prototype pour ce nouveau procédé coûterait des centaines de milliers de dollars. C'est un investissement énorme pour une seule compagnie de transformation qui devrait assumer tous les coûts. Les autres pourraient par la suite bénéficier de cet investissement.
La question des ressources humaines est également capitale: l'exode rural entraîne une pénurie de travailleurs plus âgés et beaucoup de jeunes plus instruits que la génération précédente sont peu désireux de remplacer les travailleurs qui prennent leur retraite. Chaque année, nous faisons venir plus de 200 travailleurs de Terre-Neuve-et-Labrador, des autres provinces de l'Atlantique et de la Russie, de la Chine et cette année de la Thaïlande également. Et malgré cela, nous avons encore du mal à trouver toute la main-d'oeuvre nécessaire.
Il faut investir dans la recherche et développement pour mettre au point de nouveaux produits correspondant aux nouvelles exigences des consommateurs et utiliser toutes les parties du homard. Nous apprécions l'investissement des gouvernements dans la commercialisation du homard du Canada atlantique. C'est un début, mais ce n'est pas la solution à tous nos problèmes systémiques.
Le homard a toujours été perçu comme un luxe, un aliment discrétionnaire, et son prix était fixé en conséquence. Or, le marché des aliments facultatifs a été durement frappé, surtout aux États-Unis, où beaucoup de restaurants ont retiré le homard de leurs menus et beaucoup de chaînes de restauration ont fermé leur porte ou annoncent des repas complets pour moins de 10 $.
En fait, il y a plusieurs créneaux sur le marché du homard. Nous devons être en mesure de tous les desservir à l'aide de produits à valeur ajoutée, à partir de McDonald jusqu'aux restaurants chics, en passant par des mets gastronomiques vendus dans les supermarchés. Il y aurait un marché énorme pour un repas de homard qui coûterait moins de 10 $ — si jamais quelqu'un trouvait le moyen d'en offrir à ce prix tout en faisant des bénéfices.
Nous avons besoin d'une ressource durable pour avoir une pêche soutenable qui permettra aux pêcheurs et aux ouvriers de notre usine de transformation de gagner leur vie et pour préserver une société côtière composée de villages prospères. Nous croyons que c'est possible et que nous pouvons avoir une industrie rentable et prospère.
Mais pour y arriver, il faut repenser tout le secteur. Nous devons améliorer la qualité et toujours respecter nos normes de qualité. Il faut plus d'innovation, plus de recherches et plus de recherche-développement. Il faut évaluer la viabilité de saisons de pêche plus longues et d'une diminution du nombre de pêcheurs; ces pêcheurs moins nombreux pourraient mieux gagner leur vie en levant plus de casiers. Nous devrions viser à ce que la pêche emploie moins de gens, mais que ceux-ci gagnent mieux leur vie. Pour être durable, une industrie doit aussi être rentable. À l'heure actuelle, il y a trop d'entreprises sous-financées.
Voilà quelques aspects auxquels nous, chez Ocean Choice, avons commencé à réfléchir. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Je suis heureux que vous me posiez une question sur la valeur ajoutée. C'est vraiment un sujet dont on pourrait parler longtemps.
Je vous ai parlé de transformation à haute pression dans mon rapport. Il s'agit probablement de la dernière technologie qui existe dans l'industrie du homard.
Pour revenir à la question de M. Byrne sur le CCIP, l'une des choses que nous avons réussi à bien faire avec le soutien du CCIP, du collège de médecine vétérinaire et de l'institut culinaire ici, c'est de créer des marchés pour ces produits à haute pression à valeur ajoutée. Nous sommes en concurrence avec le commerce du homard vivant. Nous croyons que notre produit, grâce au traitement à haute pression, qu'il s'agisse d'un homard entier ou de la chair extraite, peut très bien compétitionner avec le commerce du homard vivant. Voilà le genre de soutien que nous obtenions du CCIP, pour prouver la science qui sous-tend la technologie et finalement prouver scientifiquement que notre produit est capable de compétitionner. Alors voilà un aspect à valeur ajoutée.
Puis il y a la chair. Je viens de passer une semaine en Angleterre et en France, où nos produits ont été testés par des chefs français, qui sont des clients très importants du point de vue de la valeur. Ils disent que la chair de homard à haute pression est probablement le meilleur homard qu'ils aient jamais utilisé. Alors il y a beaucoup d'options à valeur ajoutée.
Nous avons également parlé de l'option de valeur ajoutée qui consiste à utiliser davantage les autres parties du homard. Nous avons tenu de nombreuses discussions à notre usine; je crois qu'il y a des processus qui peuvent augmenter de la valeur. Nous croyons pouvoir y arriver au cours de la prochaine ou des deux prochaines années.
Nous avons tenu de nombreuses discussions concernant les produits de carapace avec diverses entreprises à l'Île-du-Prince-Édouard. Actuellement, nous donnons ces produits aux agriculteurs, qui les épandent sur leurs terres.
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Bonjour, tout le monde.
Avant de commencer, j'aimerais vous donner un aperçu historique de la zone 25. À la fin des années 1970 — j'ai entendu quelqu'un en parler plus tôt —, des permis ont été rachetés. Un nombre considérable ont été rachetés dans notre zone. Dans les années 1980, les activités de pêche ont commencé à augmenter. Au milieu des années 1980, la zone 25 avait un taux de prises élevé. En 1989, les prises quotidiennes dans la première semaine de la saison ont été limitées à 1 100 livres par jour à notre coop. On ne pouvait tout simplement pas composer avec les prises qui arrivaient.
En 1990, le MPO a augmenté la taille exigée pour l'industrie de la zone 25 — il s'agissait de la seule zone touchée, et la première fois qu'une telle mesure était prise. Nous n'avons même pas été consultés. Une semaine avant le début de la saison, nous avons été convoqués à une réunion pour apprendre que la taille exigée était augmentée.
La situation s'est répétée pendant cinq ou six ans. On augmentait la taille chaque année — et comme je l'ai dit, notre zone était la seule touchée. Pendant ce temps, à chaque année le nombre de prises diminuait.
Dans la partie sud de la zone 25, dans le détroit — nous connaissons tous les problèmes à cet endroit —, les prises ont diminué de façon importante. Nous nous sommes donc retrouvés avec deux problèmes, parce qu'à mesure que le nombre de prises diminuait dans le sud, on nous imposait des augmentations de taille, et à chaque année nos prises diminuaient.
Les gens fermaient boutique dans le sud, et quelqu'un achetait le matériel et l'emmenait au nord. Une année, 13 engins de pêche sont arrivés dans le nord. Cette situation a duré pendant quelques années.
À la fin des années 1980, nous avions 17 pêcheurs. Pour vous donner une idée de ce dont je parle, nous sommes surtout situés à l'extrémité nord du district, le long de la zone 24. Nous avons de 250 à 252 pêcheurs dans la zone 25. Aujourd'hui, il y en a environ 210 dans le tiers supérieur de la zone. Voilà où tous les engins de pêche sont situés. Cette situation a créé beaucoup de problèmes.
Avec les trois ports à l'extrémité nord, nous avons vu une augmentation, comme je l'ai dit, de 17 dans une zone à 53 maintenant. Le prochain port en aval, soit Skinners Pond, a connu une augmentation; je dirais que 10 à 12 se sont déplacés dans cette zone.
Les pressions exercées sur les stocks sont très graves, et le MPO a permis cette concentration dans cette zone. Nous avons demandé que quelque chose soit fait, mais nous n'avons pas été écoutés. Aujourd'hui, il nous dit constamment qu'il aimerait que nous réduisions nos efforts. Chaque année, il nous impose de nouvelles mesures. Cette année, on nous a donné un plan sur 10 ans qui, selon nos pêcheurs, pourrait nous mettre à la rue.
Notre pêche est différente; nous pêchons de très petits homards. Les autres zones ont une limite de 115 à 129 grammes. La nôtre est de 114 grammes, et tout ce qui dépasse ce poids est rejeté; pour ce qui est des femelles, nous le rejetons toutes. Mais ce n'est toujours pas assez. On nous demande de réduire le nombre de casiers et de raccourcir notre saison. Nous avons déjà assez de difficultés à joindre les deux bouts.
C'est pourquoi nous ne sommes pas en faveur du plan en 10 points. Des pêcheurs du Nouveau-Brunswick sont d'accord avec nous. Nous ne sommes pas prêts à adhérer au plan à moins qu'il y ait un rachat de permis pour réduire le nombre de pêcheurs.
Tout est examiné en fonction de l'effort. Vous ne pouvez pas avoir de meilleurs efforts de réduction que de réduire de 100 p. 100 le nombre de pêcheurs dans une pêcherie. Toutes les mesures prises ne sont que des solutions temporaires.
Nous croyons que dans la zone 25, nous avons deux problèmes importants. Dans le sud, le nombre de prises continue de diminuer. Nous croyons qu'il y a des problèmes environnementaux. Des études sont en cours depuis deux ans. Nous n'avons toujours pas de réponse à savoir quel est le problème, mais les stocks disparaissent — et pas seulement les stocks de homard: tous les stocks du détroit disparaissent.
Ainsi, comme je l'ai dit plus tôt, tous les engins de pêche se déplacent vers le nord. Nous avons désormais un problème dans le nord, où il y a trop de pêcheurs qui prennent trop peu de poissons. Ce stock doit être vraiment bon, parce qu'il aurait disparu autrement, compte tenu de l'augmentation des prises.
Nous aimerions que certains permis soient rachetés pour aider les pêcheurs qui restent à réussir encore une fois et à payer des impôts et à contribuer davantage à l'économie.
Il y a deux ans, il y a eu un rachat dans la zone 25, en raison des quotas de crabe. Nous avons racheté neuf permis et en avons suspendu deux pour un an. Ce programme a fait l'objet d'éloges d'un bout à l'autre du pays, et nous croyons pouvoir le lancer de nouveau si on nous attribue les fonds nécessaires. Notre secteur est le seul qui a connu un rachat qui a fonctionné. Tout l'argent versé dans le cadre du programme a été utilisé pour acheter des permis à l'exception d'un petit montant réservé à l'administration de celui-ci. Il s'agit de la seule façon de régler les problèmes qui minent notre industrie: effectuer des rachats. Un tiers des permis doivent disparaître.
Avant de lancer ce processus, nous craignions le déplacement des engins de pêche. Nous nous sommes tournés vers le MPO et nous avons réussi à obtenir, finalement, que l'on mette en place un blocage. Nous estimions que si nous achetions huit ou 10 engins de pêche dans un secteur et que quelqu'un d'autre en ajoute huit ou 10, nous n'aurions pas accompli grand-chose. Nous avons déjà soulevé cette question avec le MPO.
Je pense qu'il faut adopter une approche fondée sur les secteurs. Vous ne pouvez pas déployer tous vos efforts dans une seule zone, cela causera des problèmes. Si un jour nous optons pour l'équilibre encore une fois, il faudra se pencher sur la question pour s'assurer que le problème ne se pose pas de nouveau.
Je n'ai rien d'autre à dire à ce sujet pour l'instant.
En ce qui concerne la protection, il est certain que nous aimerions en avoir davantage. L'an passé ou au cours des deux dernières années, le financement a été majoré. Il est certain que nous profiterions d'un accroissement supplémentaire, car tout nous est utile. Aujourd'hui, les pêcheurs arrivent à peine à joindre les deux bouts et si le MPO réduit encore notre financement, nous allons tous faire faillite. Nous ne pouvons pas tenir le coup. Notre seul espoir est d'éliminer des permis, ce qui doit être fait immédiatement.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Pour reprendre le point de Danny, vous avez entendu les propos d'un pêcheur honnête qui travaille dur et qui gagne sa vie à la proue d'un bateau, non pas en restant assis dans un bureau ou en faisant des investissements. Il gagne sa vie à la sueur de son front. Ses collègues du secteur font face au même problème.
J'aimerais féliciter leur organisation, tout comme nos collègues qui se trouvent ici, Francis Morrissey et Craig Avery. Il y a un certain nombre d'années, ils disposaient d'un programme de surveillance, un programme de protection dans le cadre duquel les pêcheurs collaboraient avec le gouvernement fédéral. Le programme était efficace. En raison de différents problèmes dans les années 1990, lorsque nous faisions face à d'importantes récessions, à des resserrements de dépenses, à des resserrements de budgets, à des paiements sur la dette et à tout ce genre de choses, qui sont nécessaires, ces gens ont vu leur programme éliminé et n'ont pas eu l'occasion de l'instaurer de nouveau. En fait, les collègues de Danny de l'Association des pêcheurs du Golfe de l'Ouest ont même donné des fonds au ministère pour maintenir cette protection supplémentaire dans leur secteur.
J'aimerais donc les féliciter. Je travaillais au ministère à l'époque. J'ai travaillé dans le domaine de la gestion des pêches pendant un bon nombre d'années, dans le domaine des programmes pour les Autochtones, du développement, de l'octroi de permis et d'autres choses du genre. Les pêcheurs nous proposaient des idées qui étaient bonnes, honnêtes et efficaces, et non pas issues de ce désir d'obtenir de l'argent du gouvernement. Les pêcheurs voulaient plutôt collaborer avec le gouvernement pour résoudre les problèmes. Je voudrais les féliciter pour avoir déployé ces efforts au fil des années.
Pour ce qui est de leur programme de rachat de homard, ils nous ont fait un excellent travail. J'ai examiné ce programme en détail et j'aimerais que votre comité appuie non seulement leurs efforts, mais les efforts de tous les intervenants locaux de l'Île-du-Prince-Édouard pour réduire le nombre de pêcheurs. Je pense que cela profitera à tout le monde, et mobiliser les pêcheurs pour qu'ils fassent partie de la solution nous permettra de résoudre le problème plus facilement.
J'aimerais féliciter Danny pour le dévouement dont il a fait preuve dans le domaine des pêches et pour son travail acharné.
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Merci beaucoup, Danny et Jim. Je suis ravi de vous voir ici.
Danny, vous avez parlé de la retraite. Par le passé, j'ai défendu l'idée d'un programme de retraite, et je continuerai à le faire.
Avant d'attaquer cette question, j'aimerais que vous nous parliez de la demande qu'ils ont présentée, à savoir que l'on effectue des réductions et que l'on prenne d'autres mesures. J'ai cru comprendre que l'industrie des pêches arrivait à peine à survivre. Les gouvernements n'hésitent pas à vous demander de faire des choses, sans parfois en comprendre l'impact sur quelqu'un qui, comme l'a dit Jim, est à la proue du bateau et travaille à la sueur de son front pour payer ses comptes. J'aimerais que vous nous parliez de ce qu'ils vous demandent de faire et du fait qu'il est impossible pour vous de mettre en oeuvre ce que l'on vous demande. Pouvez-vous aussi aborder la question de l'importance du programme de retraite du gouvernement fédéral.
Vous m'avez dit que sept ou neuf permis avaient été éliminés et deux, suspendus. Pensez-vous que la suspension des permis est une bonne chose? Si je comprends bien, une fois qu'un permis est suspendu, il est possible de le ravoir. Je veux m'assurer qu'il n'y ait rien en suspens et qu'une fois qu'un permis est suspendu, il est éliminé. Si ce n'est pas le cas, et vous l'avez dit dans votre exposé, si on aide tout simplement les gens à acheter des bateaux, ils ne font que changer de secteur et, de ce fait, augmentent les pressions exercées sur celui-ci. Si la pêche y est bonne, tous les pêcheurs se rendront dans ce secteur. À moins de retirer des permis, vous ne pourrez pas réduire les pressions.
Cette déclaration est-elle juste?
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Eh bien, vous soulevez une excellente question: que feriez-vous si vous aviez un quai rempli de homards et aucune façon de vous en débarrasser? C'est une question fondamentale, et peut-être une à laquelle les pêcheurs devront répondre ce printemps.
Je crois qu'il y a deux choses que le gouvernement pourra faire et qui auraient une influence positive. L'une concerne l'effort fait par le CCFI et les gouvernements provinciaux — en d'autres mots, vendre le homard du Canada atlantique, en faire la promotion, essayer de trouver de nouveaux débouchés, de nouveaux produits, ce type de choses. Il faut du temps, il faut faire des efforts, et il faut de l'argent et des investissements, mais c'est une approche que vous devriez examiner.
Une autre chose que le gouvernement devrait examiner, que ce soit en collaboration avec leurs collègues des provinces ou d'une autre façon, c'est d'assurer un financement provisoire pour les transformateurs afin qu'ils puissent acheter des homards. On a dit plus tôt qu'ils en avaient des stocks. Je ne connais pas l'inventaire qu'ils ont en main. Ils ont été achetés à des prix plus élevés, 4 $ ou 5 $ la livre. C'est donc un inventaire qui coûte cher à gérer pour nos transformateurs.
Nous avons entendu parler de l'effondrement des systèmes bancaires de l'Islande et d'autres pays. Les banques hésitent beaucoup à prêter de l'argent au secteur de la transformation. Nous voyons maintenant que les transformateurs resserrent les marges de crédit de leurs clients, les pêcheurs et les autres. Il n'est pas facile pour eux de prêter de l'argent pour acheter de nouveaux moteurs ou du nouveau matériel et pour d'autres activités comme c'était le cas il y a quelques années.
Alors je crois que les gouvernements fédéral et provinciaux devraient faire un effort pour offrir une certaine aide financière, que ce soit sous forme de réduction d'intérêt, ce qui serait positif, ou un prêt d'un certain montant pour l'inventaire, disons, un remboursement de 70 p. 100 de leur inventaire. Ils ont besoin d'un incitatif pour conserver le produit et le vendre, mais en même temps, s'ils ne sont en mesure que d'acheter du homard une semaine et pas la semaine suivante, nous nous retrouvons avec le même problème.
Regardons nos ancêtres du côté du gouvernement. Il y a de ça de nombreuses années, il y avait la Commission de soutien des prix des produits de la pêche. Maintenant, je sais que Lawrence a parlé de l'Organisation mondiale du commerce et des divers accords commerciaux et des problèmes qui en découlent, mais en même temps, avant, lorsque les temps étaient plus difficiles, la Commission de soutien des prix des produits de la pêche pouvait aider le secteur de la pêche. Si nous pouvions remettre en place une telle organisation, pour que les transformateurs ne se voient pas forcés de faire du dumping et de déprimer le marché encore plus, je crois que cela leur serait utile.
Je ne veux pas que vous pensiez que je suis un expert du marketing, parce que je n'en suis évidemment pas un. Si vous voulez discuter avec des spécialistes en marketing, eh bien! allez parler aux transformateurs. Ce sont eux qui gèrent cet aspect de la situation. Mais j'ai eu l'occasion d'examiner un peu cette situation cet hiver, et ce que j'ai constaté était assez alarmant. Si nous ne mettons pas en place un mécanisme pour lancer le processus d'achat et récupérer l'argent assez rapidement, les pêcheurs n'auront bientôt plus aucun endroit pour vendre leur homard — et vous, Peter, avez soulevé un point très sensible — ce secteur disparaîtra immédiatement si nous ne pouvons pas vendre les homards.
Alors voici mes recommandations: premièrement, offrir de l'aide pour la gestion des inventaires et les coûts, et penser à de l'aide financière ou peut-être une réduction d'intérêt, entre autres, pour aider le secteur à continuer de fonctionner.