:
Je déclare la séance ouverte. Nous poursuivons notre examen des prévisions budgétaires de 2009-2010.
Nous accueillons des représentants du Bureau du conseil privé que nous avons invités pour parler des Crédits 1, 5, 10 et 25 sous la rubrique Conseil privé. Nous allons commencer par là.
Bien avant la fin de la séance, nous passerons à la question des nominations et entendrons un témoin. Comme vous le savez, nous allons examiner une nomination, puis nous conclurons la réunion.
Puisque personne ne désire intervenir, je vais céder la parole à nos témoins qui vont nous présenter, brièvement et comme il se doit les plans de dépenses du Conseil du privé en vertu de ces crédits.
Nous accueillons donc Simon Kennedy, sous-secrétaire du Cabinet, et Marilyn MacPherson, sous-ministre adjointe, Direction des services ministériels.
Que celui de vous deux qui désire commencer le fasse.
Ce sera Mme MacPherson. Merci.
:
Bonjour, monsieur le président. C'est avec plaisir que je rencontre les membres du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Comme vous l'avez dit, je suis accompagnée de Simon Kennedy, sous-secrétaire du Cabinet, Planification et consultations.
Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter du Budget principal des dépenses pour l'année 2009-2010 pour le Bureau du Conseil privé. La dernière comparution du BCP devant ce comité fut en février 2009 concernant notre Budget supplémentaire des dépenses (B). Le Bureau du Conseil privé, qui est dirigé par le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, relève directement du premier ministre.
[Traduction]
La responsabilité globale du premier ministre consiste à exercer le leadership nécessaire pour créer et maintenir l'unité requise au sein du conseil des ministres afin de conserver la confiance du Parlement. Il peut le faire de deux façons: par l'exercice des pouvoirs qui lui appartiennent en propre à titre de chef du gouvernement, et par la gestion et la coordination du programme d'action du gouvernement, en sa qualité de président du Cabinet.
Les fonctions centrales du greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet, de même que celles du BCP dans son ensemble, découlent directement de ces responsabilités. L'efficacité du BCP est, dans une large mesure, tributaire de sa capacité de concentrer ses ressources exclusivement sur ces deux responsabilités centrales, tout en secondant le greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet dans l'exercice de son mandat en tant que chef de la fonction publique.
Le BCP contribue de façon significative à la mise en oeuvre d'un programme clairement défini relativement aux politiques gouvernementales. Il coordonne les réponses en temps opportun aux questions qui touchent le gouvernement et la nation et offre un soutien en vue d'assurer la bonne marche des activités du cabinet et du gouvernement. Le BCP s'efforce de maintenir les plus hautes normes professionnelles et d'éthique au sein de la fonction publique fédérale et veille à ce que le premier ministre et les ministres du portefeuille du premier ministre obtiennent les meilleurs conseils d'orientation stratégique, lesquels sont à la fois impartiaux, cohérents et pertinents, ainsi que des conseils juridiques et des recommandations objectives.
[Français]
Le BCP a quatre priorités pour 2009-2010 et il les atteindra de la façon suivante. Premièrement, appuyer le premier ministre dans l'exercice de l'ensemble de ses responsabilités en tant que chef du gouvernement. Cette priorité permettra au BCP de continuer à appuyer le premier ministre dans l'un de ses rôles principaux de leader, qui est de créer et de maintenir l'unité du Conseil des ministres.
Le BCP respectera efficacement cette priorité en réalisant le plan suivant: offrir des conseils sur l'organisation générale et l'appareil du gouvernement, la structure et le fonctionnement du Cabinet et de ses comités, les affaires parlementaires et les nominations des principaux titulaires de charge publique; appuyer la gestion solide et intégrée de toutes les institutions gouvernementales et aider au fonctionnement efficace des comités du Cabinet en coordonnant et en examinant de façon critique les propositions de politiques et de lois des ministères, et en conseillant les responsables du programme législatif du gouvernement.
[Traduction]
La deuxième priorité du BCP consiste à mettre l'accent sur les grands dossiers stratégiques et législatifs et sur une meilleure planification des politiques à moyen terme. Le BCP fournira des conseils et de l'aide pour l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques et du programme législatif du gouvernement. De façon plus spécifique, le BCP soutiendra les efforts du gouvernement visant: à faire face à la récession économique mondiale, à fournir un leadership économique solide et à stimuler l'économie; à aider tous les Canadiens à avoir part aux possibilités du pays; à faire en sorte que le gouvernement fédéral fonctionne de façon plus efficace; à contribuer à la sécurité et au bien-être du monde; à renforcer la fédération et les institutions démocratiques canadiennes; à élaborer et à mettre en oeuvre des initiatives pour sécuriser notre avenir énergétique, à s'attaquer au changement climatique et à préserver l'environnement du Canada, et, enfin, à protéger les Canadiens.
La troisième priorité consiste à appuyer la gestion et la responsabilisation du gouvernement. Le BCP appuiera les efforts continus d'amélioration de la gestion, de la transparence et de la responsabilisation du gouvernement. En outre, il contribuera à assurer un leadership solide à tous les niveaux. Pour ce faire, le BCP soutiendra le renouvellement de la fonction publique canadienne.
La quatrième priorité est le renforcement des pratiques de gestion interne du BCP. Cette priorité contribuera à l'atteinte de l'excellence dans les pratiques de gestion et permettra donc une utilisation efficace et efficiente des ressources allouées aux activités du BCP. De plus, les renseignements sur le rendement financier et non financier seront plus facilement disponibles, ce qui contribuera à améliorer la transparence et la responsabilisation.
Le BCP se concentrera sur des efforts et des initiatives de renouveau interne et sur des plans visant à: renforcer la gestion de la sécurité interne, surtout dans les domaines de la gestion des urgences et de la santé et sécurité au travail; continuer d'offrir des services de certification à valeur ajoutée qui soient objectifs et indépendants; renforcer l'intégration des ressources humaines au sein de la planification des activités; mettre en oeuvre la deuxième année de la stratégie pluriannuelle de mesures du rendement.
Le Budget principal des dépenses de 2009-2010 pour le BCP totalise 128,8 millions de dollars. Les ressources sont distribuées comme suit: 47 p. 100 serviront à fournir des conseils professionnels et impartiaux sur les politiques et à apporter un soutien au premier ministre et aux ministres du portefeuille; 38 p. 100 iront aux services internes; 13 p. 100 serviront à fournir des conseils sur les politiques et des services aux secrétariats du Cabinet et à ses comités; et 2 p. 100 permettront de fournir un leadership et une orientation d'ensemble à la fonction publique afin de soutenir le programme du gouvernement.
À partir de 2009-2010, les services internes sont présentés comme une activité de programme distincte dans le Budget principal des dépenses selon le profil normalisé aux services internes du gouvernement du Canada du Secrétariat du Conseil du Trésor. Au cours des années précédentes, les budgets et les dépenses des services ministériels étaient répartis au prorata de chaque activité de programme.
Pour les services internes, le BCP fonctionne dans un contexte hautement centralisé et unique où de nombreux coûts, ordinairement assumés par les cadres hiérarchiques — comme tous les services informatiques et techniques qui comprennent un réseau protégé et classifiés requis pour opérer dans l'environnement de travail unique du Bureau du conseil privé, l'ameublement et l'équipement, les fournitures, l'impression et le graphisme, les services de messager, les télécommunications, la traduction et la revue des Renseignements confidentiels du cabinet afin de protéger les renseignements des cabinets antérieurs et courants — sont plutôt assumés par les services ministériels au lieu d'être réalloués aux différentes activités de programme.
L'augmentation nette de 5,6 millions de dollars, soit de 123,2 millions de dollars pour 2008-2009 à 128,8 millions de dollars pour 2009-2010, est attribuable aux postes suivants. D'abord, 4,8 millions de dollars pour financer la création et les activités du Groupe de travail sur l'Afghanistan; ce financement est prévu jusqu'en 2011-2012, date qui correspond à la fin des activités du Groupe. Deux millions de dollars pour le financement du Bureau du coordonnateur de la sécurité des Olympiques de 2010 et du G-8. Ce financement est prévu jusqu'en 2010-2011, date qui correspond à la fin des activités du Bureau. Puis, 800 000 $ pour les conventions collectives et 100 000 $ pour les redressements législatifs concernant le traitement et l'allocation pour automobile du leader du gouvernement à la Chambre des communes.
Ces augmentations sont atténuées par les réductions suivantes: 1,3 million de dollars pour le financement de la Commission d'enquête relative aux mesures d'investigation prises à la suite de l'attentat à la bombe commis contre le vol d'Air India qui devait, à l'origine, terminer ses opérations en 2008-2009. Ainsi, aucun financement n'avait été approuvé dans le Budget principal des dépenses pour 2009-2010. Par contre, les retards pour les audiences, pour l'obtention des documents et pour la production du rapport final ont nécessité un financement additionnel pour 2008-2009 dans le Budget supplémentaire des dépenses et en nécessiteront dans le Budget supplémentaire des dépenses (A) pour 2009-2010. Il y a aussi une réduction de 500 000 $ concernant les redressements législatifs relativement aux régimes d'avantages sociaux des employés, et 300 000 $ en gains d'efficacité additionnels associés à l'initiative en matière d'approvisionnement.
[Français]
En terminant, j'aimerais vous remercier de m'avoir accordé ces quelques minutes pour vous informer des initiatives contenues dans le Budget principal des dépenses pour l'année 2009-2010.
Le Bureau du conseil privé a un double rôle. D'abord, il est le secrétariat du Cabinet et, à ce titre, c'est lui qui, au nom du premier ministre et des présidents des différents comités du Cabinet, organise les réunions des ministres. Nous fournissons des conseils sur ce qu'il convient d'inscrire à l'ordre du jour et sur la programmation des rencontres. Nous contribuons à l'organisation de ces réunions.
Une partie de ce rôle consiste à travailler avec les ministères qui défendent des mémoires au Cabinet, afin de nous assurer que tout soit prêt pour les discussions à ce niveau. Dans notre collaboration avec les ministères, nous essayons de respecter un principe. Nous nous assurons que les ministères ayant des sujets inscrits à l'ordre du jour des réunions du Cabinet, et dont les ministres seront présents pour prendre des décisions ou formuler des recommandations, disposent de tous les renseignements nécessaires pour que leurs propositions soient bien rédigées, que les coûts et les avantages soient compris, et ainsi de suite.
Ce que voulait dire Mme MacPherson, c'est que notre rôle consiste, en partie, à assumer ce que je qualifierai de fonction de remise en question. Quand un ministère soumet une proposition au Cabinet, nous travaillons avec lui pour nous assurer que l'information est complète. En ce sens, nous avons la possibilité, à ce moment-là, de poser d'avance des questions difficiles pour nous assurer que la proposition correspond à ce qu'il y a de mieux. Il est donc certain que le BCP joue un rôle de facilitateur à cet égard. Évidemment, le ministre qui pilote la demande est responsable du programme et des conseils à fournir et, en fin de compte, c'est le Cabinet qui rend la décision. Cependant, nous avons pour fonction de faciliter ce processus en collaborant avec les ministères qui adressent des mémoires au Cabinet.
:
Il y en a un certain nombre et je peux très certainement vous les énoncer.
La première concerne la procédure d'approbation par le Cabinet. Nous avons planché sur l'accélération du processus normal d'approbation par le Cabinet. Normalement, il faut plusieurs mois, après l'adoption du budget, pour que les éléments annoncés parviennent au Cabinet. Le BCP collabore avec les ministères, autant que faire se peut, pour essayer de regrouper les éléments semblables et les soumettre plus rapidement au Cabinet.
Nous avons essayé de travailler avec nos collègues du Conseil du Trésor pour faire à peu près la même chose dans le cas des présentations qui lui sont soumises. Une fois que la politique est établie par le Cabinet, il faut travailler sur tous les détails administratifs de la conception des programmes, sur les modalités d'application et ainsi de suite.
Le Conseil du Trésor collabore avec les autres ministères pour les aider à la préparation des présentations qu'ils lui adressent, très souvent en parallèle avec le travail d'élaboration des politiques. Il est donc question de mener les deux de front, plutôt qu'en séquence. Il est question de faire traiter plus rapidement les présentations au Conseil du Trésor, là encore, après un regroupement des éléments communs quand cela est possible.
De plus, le Conseil du Trésor a cherché à déterminer, pour l'ensemble des ministères, une façon de réaligner les différentes autorisations données en vue de favoriser la mise en oeuvre des mesures de relance. Par exemple, un ministère s'étant doté d'un cadre de gestion du risque solide, pourrait être autorisé à lancer des appels d'offres, à conclure des contrats et à entreprendre le travail de son côté.
En outre, le gouvernement a cherché des moyens — avec l'appui, bien sûr, de la fonction publique — d'accélérer les différents processus d'approbation. Par exemple, dans le cas de la construction d'un pont, il serait permis, en vertu de la Loi sur la protection des eaux navigables, de trouver des moyens d'accélérer les choses et de réduire le double emploi.
En outre, comme je le disais tout à l'heure à propos des processus entourant les crédits, pour essayer d'accélérer l'utilisation des crédits... Par exemple, la Loi d'exécution du budget porte sur un grand nombre d'éléments, si bien que le crédit parlementaire pourrait être accordé par le truchement de cette loi. Dès que cette loi serait adoptée, les ministères auraient la possibilité de dépenser leurs fonds. Normalement, l'autorisation de dépenser est obtenue par le biais des budgets supplémentaires, en juin et même en décembre, ce qui peut intervenir huit mois après le dépôt du budget.
Pour l'ensemble de ces processus — et je n'ai pas les chiffres ici —, il serait possible de gagner deux mois au moins et peut-être même une année si ce n'est davantage dans la mise en oeuvre des mesures.
Je tiens à faire remarquer que, dans son évaluation aux termes de l'article IV — qui est sorti hier, si je ne m'abuse —, le FMI a des choses très positives à dire au sujet de ce que le Canada fait pour améliorer la mise en oeuvre des mesures budgétaires.
:
Monsieur le président, le moyen le plus évident et le plus fondamental de favoriser la reddition de comptes sera les rapports trimestriels produits pour le Parlement et pour le public.
Je disais tout à l'heure que nous avons organisé, avec nos collègues des autres organismes centraux, une série de rencontres régulières avec les ministères. Celles-ci sont destinées à recueillir des renseignements sur le rendement qui entreront dans la préparation de ces rapports trimestriels. Les députés ont pu voir, dans le tout dernier rapport que nous avons déposé, des tableaux portant sur chacun des grands domaines visés par le budget. Ils indiquaient la situation relativement à la mesure en question et le moment où les fonds devraient être débloqués. Dans les prochains rapports, nous espérons être en mesure de donner davantage de détails sur la façon dont les fonds sont utilisés.
Je ne peux entrer dans le détail, parce que cela relève davantage de chaque ministère, mais pour ce qui est de la divulgation proactive, je sais que beaucoup de ministères affichent déjà leurs contrats et d'autres données sur leurs sites Internet. Comme le ministre des Finances l'a dit, il est prévu de rendre régulièrement compte, sur le site principal du gouvernement, de la façon dont le gouvernement progresse dans la mise en oeuvre des mesures de relance.
:
Je dirais simplement deux choses à ce sujet, monsieur le président.
Premièrement, il y a la question de la saine gestion du risque. J'estime que le risque que représentent les pertes d'emplois et le ralentissement accru de l'économie ont été pris en compte dans l'équation de la gestion du risque. Une façon de gagner du temps et d'accélérer la prestation des programmes à l'étape de l'examen des dépenses consiste à ne s'arrêter qu'aux conditions, critères et modalités qui sont les plus critiques.
Quand l'économie est synonyme de plein emploi et qu'elle tourne rond, si le gouvernement veut dépenser sur les infrastructures et d'autres choses du genre, par exemple, il cherche alors à sélectionner les projets les plus stratégiques.
Pour l'heure, à cause des pertes d'emplois et du ralentissement économique, les mesures de relance ont principalement pour objet de stimuler la demande globale. Une façon d'y parvenir consiste à investir le plus rapidement possible dans l'économie, d'où l'insistance placée du budget sur des projets à court terme, prêts à être lancés.
Une façon de parvenir à cet objectif dans nos programmes consiste à appliquer un ensemble de critères très focalisés précisant les aspects sur lesquels il conviendra de s'arrêter pour approuver tel ou tel projet. D'autres considérations pourront intervenir dans des circonstances différentes, comme certains des aspects les plus stratégiques et ainsi de suite —
[Traduction]
Avant de passer à M. Warkentin, je tiens à apporter une précision au sujet de la motion de voies et moyens qui traitait du crédit fiscal accordé pour la rénovation domiciliaire. Mme Scratch, notre analyste, me dit qu'il y a eu une seconde motion de voies et moyens et un second avis de motion. J'ai lu celle qui se trouve dans les documents budgétaires. Votre président a passé beaucoup trop longtemps, hier soir, à parcourir cette motion de voies et moyens d'un pouce d'épais pour essayer de dénicher celle qui nous intéresse. Il s'agit en fait de la seconde motion de voies et moyens.
Je suis certain, monsieur Martin, que vous pourrez en trouver une copie — Mme Scratch vous la procurera. Je n'ai pas encore pris les dispositions pour l'avoir sous les yeux, mais je vais m'en occuper.
C'est à M. Warkentin, pour cinq minutes.
:
Nous apprécions l'amélioration marquée survenue dans votre bureau à cet égard, comme dans les autres ministères, et nous apprécions les efforts que vous déployez pour être ouverts et transparents.
J'hésite à vous poser ma prochaine question, parce que je n'en connais pas la réponse — on dit toujours qu'il ne faut pas poser de question à moins de connaître la réponse ou d'en avoir une bonne idée — , mais pouvez-vous me dire si vous tenez des discussions régulières à propos du genre de frustration que les Canadiens peuvent éprouver quand ils reçoivent un document d'un service d'accès à l'information et constatent qu'il a été généreusement caviardé?
C'est ce que nous avons constaté, récemment, dans un document émanant de la CCN au sujet des améliorations au 24 Sussex. Vous et moi — peut-être pas vous et moi, mais beaucoup autour de cette table — pourraient trouver frustrant de constater que d'importantes parties d'un document sont caviardées dans un dossier que l'on peut généralement qualifier de relativement banal. Le Canadien moyen, et très certainement le parlementaire moyen, est frustré quand il voit de longs passages d'un document qui ont été censurés. Est-ce que vous vous efforcez de régler ce genre de préoccupation et peut-être même de revoir l'ampleur de la censure?
On a l'impression que, pour produire les documents réclamés, les gens décident simplement de caviarder d'importantes parties au cas où elles seraient problématiques, plutôt que de se risquer à jouer la carte de la divulgation complète.
:
À ce stade de la réunion, chers collègues, nous allons accueillir Mme Patricia Hassard qui a récemment été nommée au poste de Sous-secrétaire du Cabinet, Personnel supérieur et Renouvellement de la fonction publique.
Je tiens à préciser, pour mémoire, que nous n'examinons pas sa nomination au motif que nous aurions perçu chez elle des points faibles ou autres. Mme Hassard a une très bonne fiche de route et d'excellents états de service à la fonction publique. Nous examinons sa nomination, d'abord, parce que les députés ont convenu que c'est ce que nous ferions de façon aléatoire afin de montrer ce que nous faisons pour veiller au maintien de la qualité de ces nominations et, deuxièmement, parce que le comité se penche sur certains enjeux concernant la fonction publique et que, dans ses responsabilités actuelles, Mme Hassard s'occupe de ces questions.
Les députés désireront éventuellement poser des questions sur la fonction publique ou sur le renouvellement de la fonction publique qui fait partie du mandat de Mme Hassard, mais il est surtout question de conduire un examen parlementaire de sa nomination.
Madame Hassard, vous n'avez pas besoin de faire une déclaration, mais si c'est ce que vous souhaitez et si vous êtes prête à cela, je serai ravi de l'entendre, après quoi nous passerons aux questions.
Avant cela, je tiens à mentionner à mes collègues que l'ordre du jour fait état de l'étude d'un projet de rapport. Il s'agit d'un rapport qui a été préparé par le personnel et qui a un lien avec la comparution de la Commission de la fonction publique. Si les députés sont satisfaits de cette ébauche, nous pourrons adopter le rapport et, dans le cas contraire, nous pourrons passer à huis clos pour en discuter brièvement. Quelqu'un a-t-il quelque chose à redire sur cette ébauche et tient-il à ce que nous en parlions plus tard, auquel cas ce serait un autre jour? J'en aviserai les membres du comité. J'aimerais que nous terminions 10 ou 15 minutes avant l'heure.
Madame Hassard, c'est à vous.
:
Monsieur le président, chers membres du comité, je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour vous parler un peu de moi et de ma nomination au poste de sous-secrétaire du Cabinet, Personnel supérieur et Renouvellement de la fonction publique, au Bureau du Conseil privé.
Tout d'abord, j'aimerais me présenter. Je crois que vous avez tous reçu une copie de mon curriculum vitae.
[Traduction]
Contrairement à la majorité des fonctionnaires de la région de la Capitale nationale, je suis née à Ottawa et j'y ai grandi. Je viens d'une famille d'enseignants qui m'a encouragée à poursuivre une carrière dans la fonction publique. Je dirais que je suis une fonctionnaire de carrière, car c'est ma vocation. En fait, je ne m'imagine pas faire quoi que ce soit d'autre. J'ai passé toute ma carrière à la fonction publique.
[Français]
Ma première expérience au sein du gouvernement fédéral consistait à offrir des excursions guidées à Dawson City, au Yukon, pour Parcs Canada. Je passais mes étés à faire visiter des sites historiques de l'époque de la ruée vers l'or et à chasser les moustiques. Durant l'hiver, j'étudiais en droit à l'Université Western Ontario.
[Traduction]
Le droit administratif, qui, comme vous le savez, régit la relation entre les citoyens et le gouvernement, était ma matière préférée, mais je n'excellais pas nécessairement. J'ai fait mon stage d'avocate à London, mais je suis revenue à Ottawa pour me joindre à la fonction publique afin d'y exercer le droit administratif.
Comme vous pouvez le constater en feuilletant mon curriculum vitae, j'ai commencé en faisant de la recherche en droit à l'Office des transports du Canada pour ensuite me retrouver chef adjointe des services juridiques. J'ai toutefois réalisé que ma force et mon intérêt sont la gestion et le renforcement des capacités d'une organisation. Peu de gens s'intéressent autant que moi aux structures organisationnelles et au fonctionnement des processus décisionnels.
J'ai quitté l'Office national des transports, où j'occupais un poste de direction, pour me joindre au Secrétariat de la législation et de la planification parlementaire du Bureau du Conseil privé. Il s'agissait de ma première affectation au BCP. J'ai beaucoup appris sur les affaires parlementaires, l'établissement d'ordres du jour, les processus du Cabinet et le droit électoral. J'y ai aussi beaucoup appris sur la gestion des personnes ou sur la façon de ne pas gérer les gens, selon le point de vue qu'on adopte.
[Français]
Après plusieurs années au Secrétariat de la législation et de la planification parlementaire, j'ai accepté le poste de directrice des opérations au Secrétariat de la sécurité et du renseignement. Ce rôle était similaire à celui que j'occupais précédemment, en ce sens qu'il supposait fournir un soutien au Cabinet. Mais le sujet était tout autre et me fascinait.
[Traduction]
J'ai également passé trois ans à Élections Canada, où j'ai rencontré certains d'entre vous. Élections Canada possède un noble mandat grâce à la tradition démocratique qu'il représente. J'y étais lors de l'élection générale de 2000, une élection marquante, lorsque le Registre national des électeurs a été utilisé pour la première fois.
[Français]
En 2001, j'ai replongé dans le monde de la sécurité. J'ai occupé un poste au sein du ministère du Solliciteur général, exerçant d'abord des fonctions liées aux services de police, puis à la sécurité nationale et la gestion des urgences. J'étais présente lorsque le nouveau ministère Sécurité publique et Protection civile Canada a été mis sur pied.
[Traduction]
Et me voilà de retour au BCP, dans une fonction centrale, à la tête de deux secrétariats, soit Personnel supérieur, qui est chargé de soutenir le gouvernement pour ce qui est des nominations par le gouverneur en conseil, et Renouvellement de la fonction publique, tout nouveau secrétariat qui est le fruit d'une récente fusion.
Mon équipe est sensationnelle. Ensemble, nous travaillons très fort à faciliter le perfectionnement des cadres supérieurs afin que la fonction publique soit toujours en mesure d'offrir des conseils professionnels et impartiaux au gouvernement, ainsi que des services de grande qualité à la population canadienne.
Je m'arrête ici. Si vous avez des questions, j'y répondrai au mieux de ma connaissance, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Madame Hassard, vous devez comprendre que notre président est ici depuis assez longtemps pour avoir croisé bien des gens au fil des ans et il est porté à émailler ses conversations de noms de gens connus. Je ne sais pas si cela va vraiment l'aider dans sa circonscription, mais le temps nous le dira.
Merci beaucoup de vous être rendue à notre invitation, madame Hassard, et merci pour votre exposé. C'était très bien que vous nous présentiez un peu votre parcours, surtout pour ceux d'entre nous qui n'ont pas eu le plaisir de vous croiser à l'occasion.
D'après l'organigramme que j'ai sous les yeux, vous relevez de la conseillère en matière de sécurité nationale auprès du premier ministre. Est-ce qu'il vous arrive souvent de travailler en collaboration avec Mme Morin, la conseillère?
:
Je vous répondrai en vous expliquant un peu dans quel contexte se place le renouvellement de la fonction publique. Ainsi, je pense que nous situerons mieux la question de la mobilité.
Les gens emploient l'expression « renouvellement de la fonction publique » sans se rendre compte à quel point le domaine est vaste. D'abord et avant tout, il est question du fonctionnement du gouvernement qu'il faut amener à améliorer la prestation de ses services aux Canadiens. Ce n'est pas un programme ou un projet qui est limité dans le temps. Il ne s'agit pas d'une initiative de RH. C'est un processus continu de leadership de haut niveau applicable à l'ensemble de la fonction publique en vue de la préparer pour le XXIe siècle et de faire en sorte que nous ayons une administration pertinente, dynamique et excellente dans ce qu'elle fait, apte à prodiguer des conseils de grande qualité au gouvernement ainsi que des services d'excellence aux Canadiens.
Je pense que Mme MacPherson en a dit deux ou trois mots dans son exposé, mais il convient d'expliquer un peu mieux la raison d'être du renouvellement de la fonction publique.
Il est clairement ressorti des travaux du Comité consultatif du premier ministre sur la fonction publique qu'un pays qui dispose d'une administration solide a toutes les chances de prospérer et de s'enrichir. Ce comité a en effet déclaré que, dans le contexte économique, il ne fait aucun doute qu'il est plus important que jamais de pouvoir compter sur une fonction publique forte et novatrice.
Nous croyons qu'afin d'améliorer la fonction publique, il faut maintenir nos efforts sur le plan du renouvellement.
Et puis, nous sommes aux prises avec de sérieuses difficultés à cause de la situation démographique. La fonction publique est un peu plus grosse qu'elle l'était en 1983, mais ses effectifs ont considérablement vieilli par rapport aux autres secteurs de l'économie canadienne. En 1983, 42 p. 100 des fonctionnaires avaient plus de 40 ans. Aujourd'hui, ils sont 66 p. 100 à appartenir à cette tranche d'âge. Ça fait beaucoup.
Nous avons aussi reçu des statistiques alarmantes selon lesquelles, en 2012, un quart des fonctionnaires seront en mesure de prendre leur retraite sans pénalité. Cela représente 25 p. 100. La moitié de nos cadres supérieurs pourront prendre leur retraite la même année. Nous allons devoir nous retrousser les manches pour faire monter la prochaine génération et faire en sorte qu'elle soit prête à remplacer les baby-boomers quand ils partiront.
Il y a un autre facteur qui complique la situation. Durant la récession des années 1990, le gouvernement a cessé d'embaucher, de recruter. Nous avons sauté toute une génération de leaders et nous nous rendons maintenant compte qu'elle manque.
Quant au renouvèlement, il est surtout question de puiser dans la fonction publique pour y trouver les leaders de demain.
:
Si vous le permettez, monsieur le président, je vais laisser un peu de temps à mon collègue, qui aimerait poser une question brève.
Bonjour, madame Hassard. J'apprécie beaucoup votre curriculum vitae et votre approche. Vous m'apparaissez comme une personne simple, de gros bon sens. C'est très agréable de vous recevoir.
Vous indiquez, à la page 4 de la version française de votre présentation, que vous travaillez très fort pour faciliter le perfectionnement des cadres supérieurs. Quand Mme Barrados, de la Commission de la fonction publique, est venue témoigner devant nous, elle nous a justement dit que les gestionnaires et les cadres devraient bénéficier de perfectionnement afin de pouvoir mieux utiliser le processus de dotation. J'aimerais savoir si vous allez travailler en collaboration avec Mme Barrados. C'est ma première question.
Pour ce qui est de ma deuxième, vous avez parlé de ressources humaines avec mon collègue du Parti libéral. J'aimerais savoir si vous aurez un budget et, le cas échéant, quel montant sera consacré au renouvellement de la fonction publique pour l'exercice 2009-2010.
:
Merci beaucoup pour ces questions.
Pour la première, soit le perfectionnement des cadres en gestion, il faut savoir que les gestionnaire doivent désormais suivre une formation obligatoire sur les pouvoirs relatifs à l'administration financière, aux ressources humaines et à l'accès à l'information, avant que ces pouvoirs ne leur soient délégués. Tous ceux qui font l'objet de telles délégations doivent donc suivre le programme de formation à l'École de la fonction publique du Canada. C'est une façon pour nous d'essayer d'améliorer notre effectif de la direction.
Nous avons une autre façon d'y parvenir. Nous disposons désormais du Programme avancé en leadership qui s'adresse à 25 ou 30 personnes à la fois, des gens qui présentent le potentiel le plus prometteur au sein de la fonction publique. Nous leur avons concocté un programme de neuf semaines qui a été donné une fois l'année dernière et qui le sera de nouveau cette année. Ce programme est destiné à prendre les gens au milieu de leur carrière et à les accompagner ensuite, autrement dit, à les exposer à de nouvelles idées, à l'étranger et au Canada, ainsi qu'à de nombreuses nouvelles façons d'aborder des problèmes de taille. Ils reviennent ensuite à la fonction publique beaucoup mieux équipés et aptes à assumer des rôles de cadre supérieur.
Nous avons un autre programme, le Programme de leadership sans frontière, qui permet de faire à peu près la même chose en liaison avec le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. C'est un programme d'échange de petite envergure; il s'adresse à une douzaine de cadres supérieurs de ces pays et du Canada qui participent à des échanges d'une semaine destinés à leur faire découvrir les pratiques exemplaires de la tradition de Westminster.
Nous avons aussi le programme « Canada à 150 ». C'est une idée tout à fait nouvelle qui donne d'excellents résultats. Les ministères ont été invités à recenser des employés relativement nouveaux ayant cinq ans d'expérience et se montrant très intéressés dans les questions de politique qui concernent le Canada. Ces gens-là ont été réunis à trois reprises en groupes de 150. Il est question de réfléchir sur les défis auxquels le Canada sera confronté en 2017, quand nous fêterons le 150e anniversaire. Une partie du travail que ces gens-là ont réalisé jusqu'ici est très prometteur. Ils auront l'occasion de participer à d'autres événements avant de soumettre leur rapport. Ce sont des employés qui viennent de partout à la fonction publique fédérale. C'est une des idées nouvelles, très intéressante, qui semble stimuler cette nouvelle génération en ce qui concerne ses engagements et son expérience à la fonction publique.
:
Merci, monsieur le président.
Je peux vous assurer, madame Hassard, que vous n'aurez aucun problème de moustique aujourd'hui si vous sortez à l'extérieur. Mais ce n'est pas l'objet de ma question.
J'ai été à même de constater dans certains ministères un problème assez sérieux au niveau des hauts fonctionnaires, des cadres supérieurs. Ces gens étaient souvent nommés de façon temporaire. Je vous donne un exemple. Il y a à Vancouver un bureau important du ministère de Pêches et Océans, pour ne pas le nommer. En deux ans, on en était rendu au troisième gestionnaire nommé par intérim. Ça ne fonctionnait plus du tout. Il y avait de sérieux problèmes à l'interne. Le problème était que la culture historique du ministère n'était pas transmise, et ça faisait en sorte que le bureau était totalement dysfonctionnel. Pendant la crise du saumon rouge du fleuve Fraser, on a identifié ce problème et déterminé qu'il était sérieux.
Au lieu de nommer les gens de façon temporaire, il faudrait que ce soit à plus long terme, de façon permanente, ce qui éviterait beaucoup de problèmes relatifs au fonctionnement de certains ministères.
:
Merci pour cette question.
La situation que vous évoquez est préoccupante, pas spécialement parce qu'il s'agit de nominations temporaires, mais parce que, dans certaines professions et dans certains ministères, le roulement est extraordinairement élevé.
Je crois savoir que vous avez récemment accueilli la présidente de la Commission de la fonction publique. Certaines statistiques contenues dans son étude sur la mobilité sont plutôt alarmantes. Dans la catégorie administration du personnel, 74 p. 100 des employés ont changé en un an. Dans la catégorie des économistes-sociologues, cette proportion était de 71 p. 100. Dans la catégorie des cadres supérieurs, elle était de 55 p. 100.
C'est une question complexe. Elle n'est pas due à une seule cause. Je crois qu'elle est due, dans une large mesure, aux départs à la retraite et à l'effet domino qui se traduit par des postes laissés vacants. On dénombre beaucoup de mutations latérales et de promotions. Je crois que cela est également indicatif d'une organisation qui est en pleine transition. Il est difficile de mettre le doigt sur les raisons de ce problème, mais il y a lieu de se poser la question au sujet de l'impact de cette situation sur la qualité du travail et sur l'attrait qu'exerce le milieu de travail sur les candidats éventuels. L'impact sur le transfert des connaissances et le manque de continuité sont très sérieux.
D'un autre côté, il y a un aspect positif à tout cela parce que les postes vacants permettent au gouvernement et aux gestionnaires d'engager des gens qui présentent un ensemble de compétences différent. Cela leur donne la possibilité de modifier éventuellement la façon dont le travail est fait ou d'améliorer les processus.
Il faut donc examiner la chose sous les deux angles, mais c'est une question très sérieuse. Nous souhaiterions que la durée des nominations soit normalement de trois ans ou moins, mais disons que nous n'avons pas pu imposer cette norme. Nous essayons de le faire dans le cas des cadres supérieurs, des sous-ministres, mais étant donné la répartition démographique au sein de la fonction publique et les besoins opérationnels de notre administration, nous sommes obligés de faire tourner une partie de ces employés pour leur donner le bagage nécessaire afin qu'ils puissent gravir les échelons. Je pense que ça restera un problème jusqu'après 2012-2013.
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Merci pour cette question.
Votre remarque est excellente. À la faveur de la création de nouvelles organisations ou de l'amélioration de nos procédés administratifs, nous devrions nous demander s'il ne vaudrait pas mieux opter pour la régionalisation que pour la centralisation. Vous avez tout à fait raison. Par exemple, nous avons le service d'administration des pensions qui est à Shediac, au Nouveau-Brunswick; il est absolument fantastique. Ces gens-là font un excellent travail. Le taux de roulement y est très faible et la main-d'oeuvre y est particulièrement expérimentée. La qualité du travail en bénéficie.
C'est une question que nous devrions régulièrement nous poser: où situer un nouveau service? La question du roulement de personnel n'est pas négligeable.
Par ailleurs, il faut dire qu'à la faveur de la récession, la tendance en train de se renverser. Nous ne savons pas exactement ce que tout cela va donner, mais nous constatons que de moins en moins d'employés prennent leur retraite, à cause des craintes que les gens entretiennent au sujet de leur stabilité financière. Nous voyons de plus en plus de gens qui désirent entrer à la fonction publique pour la sécurité et les avantages qu'elle offre. Par ailleurs, beaucoup de fonctionnaires décident de ne pas déménager parce qu'ils veulent être certains de conserver leur poste. Pour l'instant, nous avons affaire à une intéressante combinaison de facteurs.