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Monsieur le président et honorables membres du comité, j'aimerais vous remercier de cette occasion de discuter de notre Budget principal des dépenses ainsi que de notre Rapport sur les plans et les priorités, le RPP, pour l'exercice à venir. Ils font état de nos plans et de nos budgets et de certains des défis que nous envisageons.
Je suis ici aujourd'hui avec Donald Lemaire, vice-président principal de la Direction générale des politiques, et Richard Charlebois, vice-président, Direction générale de la gestion ministérielle.
Cette année, nous vous fournissons un rapport plus court et mieux ciblé grâce à l'initiative générale menée par le Conseil du Trésor visant à fournir des rapports davantage simplifiés au Parlement. Si vous désirez obtenir d'autres détails, vous pouvez vous rendre à notre site Web et accéder à notre RPP au moyen du lien offert.
[Traduction]
Dans notre RPP, la prévision nette des dépenses de la CFP pour 2009-2010 est de 95 millions de dollars, et notre effectif compte 989 employés. De plus, la CFP a une autorisation de crédit net de 14 millions de dollars pour le recouvrement des coûts liés aux services de même qu'aux produits de consultation et de fédération offerts aux organisations fédérales. La prévision de nos dépenses totales totalise donc 109 millions de dollars.
J'aimerais souligner le fait que nos dépenses prévues pour 2009-2010 sont plus basses que nos dépenses prévues pour 2008-2009. Elles diminuent de 10,3 millions de dollars. Cette situation est attribuable principalement au report d'un montant de 4,8 millions de dollars de l'exercice 2007-2008 à l'exercice 2008-2009, à des rajustements salariaux de 2,8 millions de dollars, à la réduction de 3,1 millions de dollars liée à l'Examen horizontal de la gestion des ressources humaines et à d'autres rajustements compensatoires mineurs.
Relativement aux réductions liées à l'examen horizontal, nous étions l'une des six organisations qui ont participé à l'examen. Comme résultat, le budget annuel de la CFP a été réduit, comme je l'ai déjà mentionné, de 3,1 millions de dollars en 2009-2010. Il sera également réduit de 1,5 million de dollars en 2011-2012, ce qui représente une réduction globale permanente de 4,6 millions de dollars.
Nous estimons que cette réduction de 5 p. 100 est gérable en améliorant l'efficience de nos activités. De plus, nous avons davantage de pouvoirs en ce qui concerne le recouvrement des coûts. Ces changements n'auront donc pas de conséquences sur notre capacité de mettre en oeuvre nos priorités stratégiques.
De plus, en 2009-2010, une somme de 1,5 million de dollars a été retirée de façon permanente du budget de la CFP, puisque les appels ne relèvent plus de nous.
À long terme maintenant, nous affichons d'autres réductions pour l'exercice 2011-2012. À ce moment-là, nos dépenses prévues diminueront de 8,4 millions de dollars, ce qui est principalement attribuable au fait que le financement temporaire de notre système électronique de présélection et de recrutement — le Système de ressourcement de la fonction publique — se terminera.
[Français]
Notre résultat stratégique est demeuré constant: assurer à la population canadienne une fonction publique hautement compétente, impartiale et représentative, en mesure d'offrir ses services dans les deux langues officielles, et au sein de laquelle les nominations sont fondées sur les valeurs que sont la justice, l'accessibilité, la représentativité et la transparence.
En guise de soutien à notre résultat stratégique, en 2009-2010, nous concentrons notre attention et nos ressources sur cinq priorités: mettre en place un modèle efficace de délégation des pouvoirs de dotation; assurer une surveillance indépendante et répondre au Parlement de l'intégrité du système de dotation et de l'impartialité de la fonction publique fédérale; habiliter les organisations à gérer leurs responsabilités déléguées; fournir des services de dotation d'évaluation intégrés et modernisés; et miser sur l'organisation modèle.
[Traduction]
Notre résultat stratégique et nos priorités sont appuyés par quatre activités de programme.
Les dépenses prévues en ce qui concerne l'activité liée à l'intégrité des nominations et à la neutralité politique s'élèvent à 10,7 millions de dollars. Cette activité comprend l'élaboration de lignes directrices et de normes, ainsi que la prestation de services de consultation, d'interprétation et de direction. Elle inclut également l'administration des pouvoirs délégués relativement à 82 ministères et organismes, ainsi que l'administration des pouvoirs non délégués, notamment le système de priorités et le régime des activités politiques.
Notre deuxième activité de programme est liée à la surveillance de l'intégrité de la dotation et de la neutralité politique. Les fonds alloués à cette activité sont de 21,7 millions de dollars. Cette activité comprend la surveillance quant à la conformité avec les exigences législatives, ainsi que la conduite de vérifications, d'études et d'évaluations. Elle comporte également l'exécution d'enquêtes sur des allégations de fraude liées à la dotation externe et à des activités politiques irrégulières.
Notre troisième activité se rapporte aux services de dotation et d'évaluation, lesquels représentent 30,7 millions de dollars dans nos dépenses. Dans le cadre de cette activité, nous avons également le droit de dépenser les fonds obtenus au moyen du recouvrement des coûts. L'activité nous permet de fournir des services d'évaluation et des produits connexes, tels que la recherche et le développement, ainsi que des évaluations et du counselling pouvant être utilisés pour le recrutement, la sélection et le perfectionnement dans l'ensemble de la fonction publique fédérale. Nous gérons des systèmes, comme le site Web emplois.gc.ca, qui relient la population canadienne et les fonctionnaires en quête d'emplois dans la fonction publique fédérale avec les ministères et les organismes responsables recruteurs. Nous avons un volume croissant de demandes quant aux programmes de recrutement que nous mettons en oeuvre, y compris le Programme de recrutement postsecondaire, le PRS, et le Programme fédéral d'expérience de travail étudiant, le PFETE. Plus de 55 000 demandes ont été reçues au cours de la campagne du PRS de l'automne 2008. L'an passé, le nombre de demandes dans le cadre du PFETE s'élevait à environ 73 000. La CFP administre également un réseau de bureaux régionaux.
Notre quatrième et dernière activité de programme est liée aux services internes, qui comptent pour 32 millions de dollars de dépenses. Cette activité fournit des services et des systèmes centraux à l'appui de tous les programmes de la CFP, y compris les finances, les ressources humaines et la technologie de l'information. Contrairement à d'autres ministères et organismes, nos services internes comprennent les bureaux de la présidente et des commissaires, la bibliothèque et la vérification interne. Par souci d'efficience, nous avons également centralisé d'autres services de soutien ministériel dans le cadre de cette activité de programme, notamment les communications et les affaires parlementaires, les services juridiques, de même que l'acquisition du matériel de TI et des meubles.
J'aimerais maintenant parler brièvement de quelques-uns des défis associés à la fonction publique qui se répercutent sur la dotation de celle-ci. Il y a le taux croissant de départs à la retraite, la croissance de la fonction publique et le niveau élevé de mobilité dont j'ai discuté avec le comité le mois passé. Le gouvernement fédéral est le plus grand employeur du Canada. Un grand intérêt est manifesté à l'égard des employés à la fonction publique — la CFP a enregistré 22 millions de visites sur son site Web et a reçu un million de demandes liées à 11 000 possibilités d'emplois en 2007-2008. Nous nous attendons à ce que ce niveau d'intérêt augmente, étant donné la situation économique actuelle.
[Français]
La modernisation du système de dotation de la fonction publique fédérale et la mise en oeuvre continue de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique, la LEFP, relèvent de nos responsabilités. Nous réalisons des progrès dans notre planification de l'examen quinquennal requis par la loi d'ici décembre 2010.
En 2008-2009, nous avons entrepris de faire un examen de la fonction du surveillance de la CFP. Cet examen a été complété par un comité indépendant dirigé par Larry Murray. L'examen a confirmé la pertinence et la portée des activités de surveillance de la CFP. En outre, il a permis de conclure qu'il y a un besoin au niveau du renforcement des capacités et des ressources relativement à nos activités de suivi. Nous avons accepté les 18 recommandations du comité, ainsi que les trois conclusions, et sommes en voie de compléter un plan d'action pour les mettre en oeuvre.
[Traduction]
Fonctionner selon le principe du recouvrement des coûts pour un nombre croissant de nos services de counseling et d'évaluation n'est pas sans risque. Le nombre d'opérations que nous effectuons selon ce principe a augmenté de façon considérable au cours des trois dernières années, et leur valeur totale est passée de 6 millions de dollars à environ 11 millions de dollars. Nous menons actuellement des discussions avec le Secrétariat du Conseil du Trésor afin d'obtenir la souplesse financière nécessaire au fonctionnement plus efficace de nos opérations selon ce principe, notamment l'autorisation de reporter davantage de revenus d'un exercice à un autre et l'obtention d'un financement préalable aux fins d'investissements dans l'élaboration de services et de produits.
Nous avons créé des outils de recrutement et d'évaluation électroniques aux fins de l'embauche externe dans la fonction publique afin d'appuyer la modernisation de la dotation et la mise en oeuvre de la zone nationale de sélection. À partir des essais pilotes en 2002, la CFP a élaboré et mis en place le Système de ressourcement de la fonction publique. Ce système est maintenant entièrement fonctionnel et est accessible à tous les ministères pour effectuer l'embauche dans la fonction publique. Le fonctionnement du système coûte au gouvernement 7,2 millions de dollars par année; jusqu'à maintenant, les dépenses totales liées au projet s'élèvent à 52 millions de dollars. Ce projet a été réalisé selon l'échéancier établi et le budget prévu, et il a respecté toutes les exigences du Conseil du Trésor et celles relatives à la passation de marchés.
Le financement provenant du Conseil du Trésor pour le projet actuel se terminera dans deux ans. Le système en place a des limites, et une mise de fonds est nécessaire pour continuer à soutenir la modernisation de la dotation. Il faut améliorer le système de façon à ce qu'il puisse traiter toutes les transactions de dotation internes. Il y a eu plus de 67 000 transactions l'an passé. Sans ces améliorations, nous envisageons des baisses de l'efficacité et la détérioration graduelle des outils courants, ainsi qu'un progrès limité en ce qui concerne la production plus efficace de rapports. Un système amélioré serait également plus convivial pour les chercheurs d'emplois, fournirait de meilleurs outils d'évaluation et de présélection et offrirait une plus grande souplesse de fonctionnement. Nous estimons que cette mise de fonds est sensée sur le plan administratif et qu'elle offre un bon rendement. Nous évaluons que des économies annuelles considérables — d'environ 38 millions de dollars par année — pourront être générés par les ministères et organismes fédéraux grâce à une plus grande efficacité des opérations.
La CFP prépare actuellement une présentation au Conseil du Trésor pour obtenir le financement nécessaire à la mise en oeuvre d'une solution à long terme et au fonctionnement continu du système au-delà de 2011.
[Français]
Monsieur le président, honorables membres du comité, la CFP est vouée à l'excellence dans son travail au nom du Parlement et des Canadiens. Nous avons obtenu une opinion sans réserve du vérificateur général au cours des trois dernières années. Nous avons une fonction de vérification interne efficace et avons obtenu des cotes élevées du Conseil du Trésor en ce qui concerne notre Cadre de responsabilisation en gestion de la dotation. Je suis encouragée par le progrès réalisé à l'égard de la mise en oeuvre de la LEFP, mais il reste encore du travail à faire. Nous avons présenté nos plans et priorités pour le présent exercice financier et avons également cerné quelques-uns de nos défis. Nous avons confiance de pouvoir les relever. Le renouvellement de la fonction publique ainsi que la modernisation de la gestion des ressources humaines sont tous les deux essentiels pour bâtir une fonction publique hautement compétente, professionnelle et impartiale.
Merci. Nous nous ferons maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie de votre question.
Nous avons témoigné devant le Comité sénatorial permanent des droits de la personne, et nous avons discuté du problème que j'ai mentionné plus tôt, c'est-à-dire le fait que nous avions de la difficulté à estimer les nombres réels. Nous avons comparu devant le comité et nous lui avons fait part de nos estimations, lesquelles révèlent, selon le système dont j'ai parlé dans la déclaration préliminaire, que l'embauche de membres de minorités visibles dans la fonction publique est considérablement plus élevée que nos premières estimations. Cette différence s'explique par la façon dont les données sont recueillies.
Nous avons fini par déclarer, pour 2007-2008, que l'embauche, ou la proportion de membres de minorités visibles qui entraient dans la fonction publique par rapport à tous les emplois qui avaient été affichés... Il y a donc de grandes contraintes, car il s'agit de tous les postes qui avaient été annoncés. Pour 2007-2008, 17 p. 100 des personnes embauchées après avoir répondu à des offres d'emploi du gouvernement fédéral étaient membres de minorités visibles. En utilisant l'ancienne méthode, nous aurions estimé cette proportion à 9,5 p. 100. Nous avons donc conclu qu'il y avait eu une importante sous-estimation de l'embauche de membres de minorités visibles.
Il y a un certain nombre d'aspects rattachés à cette situation. La question qui s'impose à l'esprit est la suivante: combien de personnes travaillent dans la fonction publique aujourd'hui? Je peux vous dire combien nous en avons embauchés au cours des deux dernières années, mais il m'est impossible de vous donner le nombre pour les dix dernières années, lequel nous permettrait d'obtenir une estimation du nombre actuel de personnes. Nous devons continuer de trouver une façon de parvenir à une estimation plus juste du nombre de ces personnes.
Je ne peux vous donner le nombre total de personnes qui ont obtenu un poste qui n'était pas annoncé, mais 28 p. 100 des nouvelles recrues sont embauchées dans le cadre d'un processus de dotation non annoncé. Je n'ai donc pas le nombre total, mais ces données partielles constituent de bonnes nouvelles.
La polémique à laquelle nous avons assisté dans les médias traduit un malaise à l'égard de ce nombre. Je suis persuadée que ce nombre constitue une bonne nouvelle, vu les contraintes que je viens de mentionner.
Maintenant, comment fait-on pour déterminer le nombre de fonctionnaires appartenant à une minorité visible? Cette question provoque beaucoup de discussions. Nous avons choisi de tenir compte de la façon dont les personnes se définissent. Le gouvernement utilise deux méthodes qui nous donnent deux nombres différents, et j'ai abordé cet aspect la dernière fois. Le nombre que j'utilise provient des renseignements que les personnes ont inscrits sur les formulaires de demande d'emploi. Nous avons maintenant un système automatisé. Quiconque soumet sa candidature à l'un des postes affichés répond à diverses questions pour remplir sa demande dans le système. L'une de ces questions est ce qu'on appelle un « champ obligatoire », dans la mesure où on doit y répondre pour poursuivre et soumettre sa demande: appartenez-vous à une minorité visible? On répond par oui ou par non. Vous pouvez répondre non et passer à la question suivante. Si vous dites oui, le système vous demande à quelle minorité visible vous appartenez.
Ce sont les données que nous avons utilisées. L'autre nombre que nous employons s'appuie sur l'information tirée d'un questionnaire que peuvent remplir les fonctionnaires, et la participation est volontaire. J'obtiens donc un nombre inférieur. Nous travaillons actuellement à déterminer dans quelle mesure cette démarche est rigoureuse. Je présume que, si une personne déclare appartenir à une minorité visible dans sa demande d'emploi, elle le ferait dans un questionnaire au travail. Mais, encore une fois, c'est une question qui se pose.
Lorsque nous avons effectué notre analyse, nous avons constaté que, dans certains ministères, les nombres sont très rapprochés. En effet, les renseignements qui figurent dans les demandes d'emploi et l'information tirée du questionnaire à l'intention des fonctionnaires sont très semblables. Le ministère de la Justice est l'un d'eux: les deux nombres sont très proches. Pour mon organisme, ce n'est pas le cas. Je pourrais commencer par examiner la situation à la commission pour tenter de comprendre pourquoi l'écart est si important.
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Merci, monsieur le président.
Madame Barrados, je suis persuadé que les choses se déroulent à merveille à la Commission de la fonction publique en ce qui concerne le budget et les dépenses. Je suis sensible au fait que vous faites face à une diminution de votre budget, mais, selon l'information que vous nous avez fournie jusqu'à maintenant, vous semblez avoir la situation en main et être capable de composer avec ces compressions, etc.
Je suis davantage préoccupé par un problème plus important qui touche la gestion de la fonction publique, et un article paru aujourd'hui dans l'Ottawa Citizen l'expose clairement: 42 p. 100 des membres du noyau de la fonction publique du Canada ont changé de poste l'an dernier. Vous avez vous-même laissé entendre qu'il y a eu 67 000 changements de poste dans la fonction publique. L'auteur de l'article qualifie ce phénomène de « nomadisme fédéral ». À ce rythme, on assisterait à un renouvellement complet de l'ensemble de la fonction publique tous les deux ans et demi. Je crois qu'il s'agit-là d'un symptôme d'un problème beaucoup plus profond et beaucoup plus grave, à savoir une baisse importante du moral des fonctionnaires et peut-être même un malaise au sein de la fonction publique causé par un certain nombre de causes plutôt prévisibles.
Selon moi, la baisse du moral des fonctionnaires remonte à la période où il y a eu un gel des salaires pendant sept ans d'affilée, accompagné d'une réduction de 30 p. 100 de la fonction publique. Pis encore, le dernier geste de Marcel Massé avant qu'il ne quitte ses fonctions de président du Conseil du Trésor a été de s'emparer de l'excédent de 30 milliards de dollars du régime de pension et de le verser dans le Trésor. Le régime de pension de la fonction publique a été volé. Quelqu'un aurait dû appeler la police.
Compte tenu de tous cela, la fonction publique s'est vue amputer du tiers de son effectif, puis le gouvernement a réembauché les mêmes personnes pour accomplir le même travail, mais à titre de consultants payés grassement 1 500 $ par jour. Le gouvernement d'alors a dévalorisé, voire dénigré, le travail de ses fonctionnaires en les tenant responsables des déficits budgétaires qu'il enregistrait. Je veux dire, essayer d'avoir un effectif qui fonctionne bien et qui est satisfait dans de pareilles circonstances est un défi de taille.
Ce genre d'entrée en matière donne également lieu à un problème pratique. Il y a presque 100 ans, on a créé la Commission de la fonction publique pour, entre autres, mettre fin au népotisme dans le processus d'embauche. Étant donné que nombre des préoccupations liées à la dotation concernent en fait la fonction publique, comment faites-vous pour éviter le type de favoritisme qui procure des avantages indus à certaines personnes? Le candidat à l'interne jouit d'un certain avantage, mais doit-on y voir une certaine forme de favoritisme ou peut-être s'agit-il là d'une interprétation trop large du terme? Certes, les conventions collectives offrent des possibilités aux candidats à l'interne, mais ne devez-vous pas faire face à toute cette question des avantages ou même des occasions ratées lorsqu'il y a tant de mouvement à l'interne?
J'aimerais vous poser une dernière question. Nous nous apprêtions à nous pencher sur les questions liées à la classification. Le Conseil du Trésor était en pleine négociation lorsque le régime Harper est entré au pouvoir et a essentiellement imposé un gel et un contrôle des salaires et a interrompu les négociations collectives pendant trois ans. Croyez-vous que ce qui nous semble être une approche brutale aura une incidence sur le moral des fonctionnaires?
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Merci, monsieur le président.
Je veux remercier les témoins d'être venus ici ce matin. Nous sommes heureux d'entendre vos témoignages et vos commentaires.
Je vais laisser la question du budget de côté pour l'instant. S'il me reste du temps à la fin, peut-être que je vais vous poser une ou deux questions à ce sujet.
Je crois que cela ne vous étonnera pas, madame Barrados, mais ce dont j'aimerais vous parler ce matin, c'est de toute cette histoire de surclassification. Nous avons tous deux discuté de cette question, ici même et à d'autres occasions.
Comme je me suis un peu plus renseigné et qu'il me semble que j'en connais un peu plus sur cette question — sans certainement être un expert —, j'aurais deux ou trois questions à vous poser. Nous savons qu'il y a un certain nombre de raisons qui expliquent les changements de classification. La promotion organisée de certains employés après que ceux-ci ont réussi certaines formations, et d'autres choses de ce genre, serait peut-être l'une d'elles; ce sont les façons planifiées de reclassifier des personnes. Les membres du comité constatent également qu'il y a une évolution du travail que l'on attend des membres de la fonction publique. Il y a beaucoup de personnes qui obtiennent des postes de techniciens en informatique, lesquels se multiplient au fil des décennies, et, évidemment, d'autres postes sont éliminés à mesure que les premiers prennent de l'importance.
Toutefois, ce qui me préoccupe avant tout, c'est le changement de classification à des fins de maintien en effectif. C'est cet aspect qui m'inquiète réellement.
D'abord, pouvez-vous nous dire dans quelle mesure les changements de classification ont-ils contribué à l'augmentation de la masse salariale de la fonction publique l'an dernier? Savez-vous quel est le montant, ou pourriez-vous nous donner une idée de l'ampleur du phénomène? A-t-on déjà tenté de calculer la part attribuable à ces changements en particulier, et savez-vous quel était le montant pour l'an dernier? Pourriez-vous avancer une estimation?
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À la demande du comité, j'ai réexaminé une partie du travail que j'ai fait dans ce dossier touchant les classifications. Le rapport de mai 2003 de la vérificatrice générale fournit, à mon humble avis, une assez bonne description des problèmes survenus dans le domaine de la classification au sein du gouvernement du Canada.
Le rapport explique l'histoire complète du système de classification universel, dont la création visait à moderniser et à réformer le processus de classification, ce qui a abouti à un échec et a fini par coûter beaucoup d'argent. À la fin du document, la vérificatrice générale recommande que des directives claires soient données quant aux réformes dans l'avenir et quant à la façon dont le système sera modernisé. Pour que ce système fonctionne bien, il faut qu'il reflète le travail que font les employés du gouvernement, et certaines des normes de classification de ce système sont effectivement très vieilles.
Le Conseil du Trésor a ensuite pris l'initiative, partiellement en réaction à ce rapport, je pense, d'effectuer une vaste étude sur les salaires et les classifications, dont Jim Lahey est l'auteur. Il a conclu qu'il s'agissait d'un domaine où la gestion était vraiment faible et qu'il fallait assurer la gestion de ce système. L'étude contient une analyse plutôt longue. Il fallait gérer le système et aussi assurer une surveillance plus claire de ce système. M. Lahey parle plus précisément de la nécessité d'effectuer une vérification des classifications.
La meilleure personne avec qui discuter de cette question, c'est la dirigeante principale des ressources humaines, parce que c'est maintenant carrément sa responsabilité, et non celle de la commission. Jusqu'à maintenant, certaines mesures ont été prises pour mettre à jour la norme, mais ça se fait au cas par cas. Autant que je sache, il n'y a pas de réels mécanismes de surveillance ni de véritable vérification du système de classification. La seule exigence concerne l'affichage de toute reclassification.
Le seul véritable mécanisme de contrôle des classifications concerne les postes de niveau EX-4 et EX-5 — il s'agit des postes de sous-ministres adjoints — le Conseil du Trésor limitant le nombre de postes de ce niveau. Il faut demander la création d'un nouveau poste de ce niveau dans le cadre d'une présentation au Conseil du Trésor.
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Merci, monsieur le président.
Madame Barrados, vous avez la responsabilité de protéger l'intégrité du processus de dotation. Vous pouvez à l'occasion, je pense, selon le mandat que notre comité peut vous donner, procéder à des vérifications et à des enquêtes afin de confirmer l'efficacité du système de dotation. Actuellement, de plus en plus de firmes privées auxquelles on laisse la gestion de différents secteurs, qu'il s'agisse du secteur des achats ou celui du recrutement de personnel, comme c'est le cas ici... Je vous ai dit plus tôt que des articles faisaient état de 140 entreprises privées qui s'occupent de recruter du personnel. Cela constitue un coût énorme et il y a une augmentation constante. J'ai ici les caractéristiques de l'effectif de la fonction publique. Il y a un marché de services d'aide temporaire, un marché de services d'emplois occasionnels. Dans les deux cas, l'article 30 de la Loi sur la fonction publique, qui stipule que les nominations doivent être fondées sur le mérite, ne s'applique pas, ce qui veut dire qu'on n'est pas certain que ces gens sont habilités à occuper le poste qu'ils occupent; il n'y a pas nécessairement d'exigences en matière de langues officielles; une enquête de sécurité n'est pas nécessairement faite; et ces gens n'ont pas à prêter serment comme tout employé de la fonction publique doit le faire. Alors, ce sont quatre éléments qui ne s'appliquent pas en matière d'intégrité du processus de dotation, si je ne me trompe. C'est très grave.
Ensuite, je pense que des gens qui travaillent grâce aux marchés de services d'aide temporaire et d'emplois occasionnels sont pris dans un engrenage où non seulement ils n'ont plus de sécurité d'emploi mais, comme le disait mon collègue, il peut exister dans un secteur de travail, un climat de travail qui soit malsain ou encore, il se peut que l'embauche d'un travailleur temporaire provoque un climat de travail malsain. J'ai présenté un projet de loi, il y a quelques années, sur le harcèlement psychologique au travail. Je peux vous dire que dans plusieurs ministères, des situations de ce genre se produisent parce que lorsqu'un employé arrive, il entre par la porte arrière, il occupe un poste pour lequel il n'est qualifié, on ne sait plus que faire pour s'en débarrasser et s'ensuivent des actions qui peuvent être inacceptables.
Finalement, madame Barrados, 80 p. 100 des emplois pour une période indéterminée sont, semble-t-il, comblés par des employés qui occupaient précédemment des emplois de durée déterminée. Encore là, cela ne correspond pas du tout à votre mission, votre vision, votre mandat. D'ailleurs, vous avez dit être très préoccupée. Vous trouvez que la situation est inquiétante, car il y une « tendance de recrutement s'effectuant au moyen de la main-d'oeuvre temporaire. » On dit enfin que vous êtes « préoccupée par la forte tendance des ministères et des organismes à l'égard de l'embauche de personnel temporaire pour bâtir un effectif permanent. »
Monsieur le président, devant tous ces éléments, je voudrais déposer une motion à l'effet que le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires puisse demander à Mme Barrados de faire enquête, de faire une étude plus poussée des conséquences de tous ces éléments que j'ai mentionnés, de sorte qu'on puisse, premièrement, l'aider dans l'excellent travail qu'elle fait actuellement; deuxièmement, avoir un portrait clair de ce qui se passe dans la fonction publique fédérale; et troisièmement, examiner la question des coûts. Il en 55 millions de dollars de plus au gouvernement canadien.
Merci, monsieur le président.
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Sur la question de l'embauche de gens appartenant à une minorité visible, nous avons eu l'occasion d'examiner deux rapports distincts — trois, si on inclut celui de la Commission de la fonction publique. Le premier, c'est celui de l'Agence de la fonction publique du Canada, qu'a déposé récemment le président du Conseil du Trésor. Pour des raisons qui n'ont pas vraiment été expliquées, le rapport porte sur deux années. Autrement dit, le rapport de l'année précédente a été retardé, alors celui-ci porte sur deux années. Le rapport sur l'équité en emploi au sein de la fonction publique du Canada était celui de 2006-2007 et de 2007-2008.
Il y a un autre rapport, qui nous a été renvoyé, et qui vient du greffier du Conseil privé, Kevin Lynch. Nous en avons tous pris connaissance. Ce sont deux rapports obligatoires de par la loi, comme votre rapport annuel. Nous attendons donc maintenant trois rapports. Ce qui est bizarre, c'est que, pour ce qui est des chiffres sur les minorités visibles, les données ne correspondaient pas. Je ne suis absolument pas prêt à dire qu'il y a de la mauvaise foi là-dedans. Ce sont deux organisations différentes, peut-être trois, qui génèrent leurs données de manières différentes.
Cependant, les chiffres les plus importants que j'arrive à trouver, madame Barrados, sur cette question, viennent du rapport de Kevin Lynch, selon lequel, pour ce qui est de la question de la présence de minorités visibles, les chiffres sont de beaucoup inférieurs à la disponibilité sur le marché. Bon, d'après ce que vous avez dit, le nombre de gens qui appartiennent à une minorité visible au sein de la fonction publique est sous-estimé, et ça réglerait peut-être le problème en partie. Il y a une autre série de données, à la page 24 de la version anglaise du même rapport, qui montrent un taux assez élevé d'embauches de gens appartenant à une minorité visible. Le taux est de 17,3 p. 100, comparativement à la disponibilité sur le marché, qui est de 12,4 p. 100. C'est un écart important.
Je ne comprends donc pas. Nous recevons des données de toutes parts. À qui le comité devrait-il s'adresser pour régler ce problème dans les données? Qui doit porter le chapeau, si les objectifs ne sont pas atteints?
Juste pour que les députés comprennent bien, ma circonscription est composée à 80 p. 100 de gens appartenant à une minorité visible. C'est vraiment quelque chose qui leur tient à coeur.
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D'accord. Pour être juste, je veux dire que la dirigeante principale des ressources humaines n'est pas seulement une personne nouvellement nommée à un poste. En fait, c'est une nouvelle charge administrative, un amalgame d'autres fonctions, alors il ne s'agit pas seulement d'une nouvelle nomination. Il est clair que ça pourrait prendre du temps avant que tout fonctionne bien.
Je laisse les députés décider. S'ils sont d'accord sur le fait que nous devrions lui demander de venir témoigner au cours de l'été, qu'ils le disent.
L'autre point a trait à la séance de jeudi. Celle-ci portera sur les dépenses faites dans le cadre des mesures de stimulation. Il est prévu que ce sera une séance d'information, en fait, une séance de préparation à celle de mardi, après le congé de Pâques. J'ai même pensé que nous devrions tenir cette séance à huis clos, mais les deux témoins des ministères gouvernementaux ont dit qu'ils préféreraient que la séance soit publique. Je suppose que, s'ils doivent dire quoi que ce soit, aussi bien que ce soit public; ils ne veulent pas se retrouver dans une situation difficile. C'est ce qu'ils nous ont demandé, et si les députés veulent accéder à leur demande, c'est très bien.
D'une manière ou d'une autre, nous allons tenir cette séance. Il y a une chose que j'aimerais que les députés sachent bien: la séance devrait être vue comme une séance d'information, et non comme l'occasion d'aborder la question de la reddition de comptes par les témoins. Les questions de reddition de comptes pourront être abordées au cours de la séance suivante, c'est-à-dire le mardi après le congé, le cas échéant. J'aimerais que mes collègues promettent de traiter les témoins avec respect, comme d'habitude, du fait qu'ils viennent aider le comité à se préparer à la séance suivante, et que, si jamais ils ne peuvent pas immédiatement répondre à une question ou s'il y a un quelconque autre problème, que nous l'acceptions ou que nous en prenions note. Si nous leur posons des questions et qu'ils doivent y répondre au cours de la réunion suivante, nous pourrons aborder ces questions à ce moment-là pour ce qui est de la reddition de comptes.
Ai-je votre accord quant au fait que nous allons procéder de cette manière pendant la séance de jeudi?
Madame Bourgeois.
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Eh bien, je sais que les témoins qui vont venir ici vont essayer de se rendre utiles. J'ai l'impression qu'il y a un important manque d'information, de la désinformation, même, dans le monde mystérieux de l'autorisation des dépenses gouvernementales et de la façon dont cela se passe. Non seulement c'est vrai en général, mais, dans le cas qui nous intéresse, le processus adopté est en grande partie sans précédent. Mais il est conforme aux règles, et ainsi de suite, et j'ai pensé qu'il serait utile aux députés de se familiariser avec tout ça avant la séance que nous tiendrons au retour du congé. Si les députés sont d'un autre avis, qu'ils m'en fassent part.
Sinon, nous allons procéder comme si la séance avait pu se tenir à huis clos — et ce sera peut-être le cas. N'oubliez pas que la décision de tenir la séance à huis clos ou non nous appartient; ce ne sont pas les témoins qui décident. Dans ce cas-ci, ils nous ont demandé une séance publique, et si les députés sont d'accord, c'est ainsi que nous allons procéder. Est-ce que ça vous va?
Soit dit en passant, je vais essayer, comme président du comité, de faire en sorte que la séance s'inscrive dans un contexte d'information.
Il y a aussi une motion proposée par M. Calandra, qui souhaite que, lorsque nous nous occuperons des questions d'approvisionnement au cours des prochaines séances — il va y en avoir trois — que le comité invite l'Association canadienne de la technologie de l'information le 23 avril. Chers collègues, j'aimerais mieux ne pas choisir la date tout de suite, mais je suis prêt à accepter que nous demandions de venir témoigner à ce groupe de l'industrie, l'ACTI, à l'occasion de l'une de ces trois séances, dans le cadre approprié.
Si ça vous va, monsieur Calandra, nous allons demander à l'ACTI de venir témoigner à une date qui conviendra. Est-ce que ça vous va?