:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de m’avoir invité à m’entretenir avec vous de salubrité des aliments.
Je le sais: si vous voulez nous parler à ce sujet, à moi et à mes collègues, c’est surtout parce que, en août dernier, Les Aliments Maple Leaf — une institution canadienne dont j’ai la responsabilité — a échoué dans ses efforts en vue de protéger les consommatrices et consommateurs canadiens. Elle a causé la mort de 21 Canadiennes et Canadiens. Elle a été cause de maladie et d’inquiétude pour beaucoup d’autres personnes.
Cela a été, de loin, l’événement le plus affreux de l’histoire de notre entreprise centenaire et l’une des pires catastrophes d’origine alimentaire au Canada. Je ne peux pas décrire adéquatement le sentiment écrasant de deuil et de responsabilité que nous avons toutes et tous éprouvé, que j’ai éprouvé moi-même. Une entreprise apprenant qu’elle a la responsabilité d’un tel événement entre en état de choc et de deuil. Seules ses valeurs peuvent alors lui servir de guide.
Notre première préoccupation a été de faire tout en notre pouvoir pour contenir d’autres risques, y compris fournir le plus possible de renseignements aux Canadiennes et Canadiens pour qu’ils puissent se protéger et protéger leur famille. C’est pourquoi nous avons immédiatement pris l’entière responsabilité de faire de la lumière sur une situation déconcertante et inquiétante pour les consommatrices et consommateurs. Nous avons pris des mesures extraordinaires, y compris la diffusion d’annonces télévisées, pour informer directement la population de ce qui s’est passé. Nous avons communiqué personnellement, par écrit et par téléphone, avec les sièges sociaux des clients des secteurs du détail et des services alimentaires, les distributeurs et les franchises d’importance — plus de 15 000 en tout — pour les informer au sujet des produits rappelés et pour leur donner des instructions concernant le retrait du produit. Cela s’est fait dans les heures suivant le moment où les conclusions de l’ACIA nous ont été transmises.
Ce n’est pas d’un grand réconfort pour vous, ni pour nous d’ailleurs, mais au moment de la poussée de listériose, nous pensions que notre programme en matière de salubrité des aliments était efficace. Nous avions notre propre programme en 40 étapes. Il définissait des normes opérationnelles plus élevées et couvrait toutes les étapes de la chaîne des approvisionnements, c’est-à-dire de l’achat des matières premières jusqu’à la transformation des aliments, l’emballage et la distribution. En plus de nous conformer à toutes les réglementations applicables, y compris celle de l’ACIA et de Santé Canada, nous avons investi des millions pour respecter les normes plus élevées que nous nous sommes imposées. En outre, des vérificateurs tiers évaluaient notre rendement chaque année.
Laissez-moi consacrer juste un moment aux analyses que nous faisions à l’époque — et n’hésitez pas à y revenir dans vos questions, après, si vous voulez. L’ACIA a récemment mis en application un nouvel ensemble de règlements — nous avons tous tiré des enseignements de ce qui s’est passé en août dernier — qui constitue une grande amélioration par rapport à ce qui s’appliquait auparavant. En août dernier, il n’était pas obligatoire pour les fabricants de produits alimentaires d’avoir ne serait-ce qu’un programme d’analyse environnementale pour détecter Listeria. Pourtant, Maple Leaf faisait des analyses complètes dans toutes ses usines de viandes emballées en vue de détecter cette bactérie. Nous faisions 3 000 analyses par année à notre usine du chemin Bartor, pour ne prendre que cette usine comme exemple. Tous ces résultats d’analyse étaient constamment à la disposition de l’ACIA. Chaque fois qu’une analyse révélait la présence de Listeria où que ce soit dans nos usines, nous nettoyions, désinfections et refaisions les analyses à l’endroit infecté. À chaque fois que nous refaisions des analyses sur les lieux infectés, Listeria avait disparu.
Cependant, il y a une chose que nous ne faisions pas à l’époque et que nous faisons maintenant — et c’est de recourir à des outils scientifiques perfectionnés d’enquête et de reconnaissance des constantes pour mieux identifier les causes fondamentales des problèmes. Cela nous aurait avertis plus tôt du problème en août dernier.
La conduite de Maple Leaf pendant le rappel a fait l’objet de beaucoup de commentaires. Notre propre jugement est plus critique. Nos pratiques établies en matière de salubrité des aliments ont échoué, et cela, en dépit du fait qu’elles étaient rigoureuses en comparaison avec les pratiques exemplaires de l’industrie et les normes contenues dans la réglementation. En conséquence, nous avons amélioré tous les éléments de notre programme.
Premièrement, nous avons mis en oeuvre des procédures de désinfection améliorées comprenant notamment le démontage et la désinfection en profondeur de tout l’équipement de tranchage, bien au-delà de ce qui est recommandé dans les directives.
Deuxièmement, nous avons doublé les analyses dans nos installations et nous menons des analyses plus rigoureuses des surfaces en contact avec la nourriture, ce qui constitue le moyen de détection le plus rapide à notre disposition.
Troisièmement, nous analysons chaque résultat positif et recherchons des constantes. Nous considérons l’ensemble du système chaque fois que les résultats sont positifs pour déterminer les causes fondamentales de ce résultat positif. Notre personnel technique étudie chaque cas, qu’il s’agisse de constantes relevées sur des chaînes en entier ou de récurrences régulières.
Quatrièmement, la direction, le personnel technique et le personnel d’exploitation examinent nos analyses de salubrité des aliments lors de conférences téléphoniques quotidiennes. Chaque résultat positif déclenche une recherche. Le Dr Huffman et moi-même participons aux conférences téléphoniques sur la question, chaque jour, à quelques exceptions près.
Cinquièmement, nous disposons maintenant de procédures de quarantaine. Nous retenons les produits à des fins d’analyse supplémentaire si nous avons des inquiétudes.
Sixièmement, nous avons donné une formation complète sur nos protocoles en matière de salubrité des aliments et nos procédures normales d’exploitation améliorées aux employées et employés de nos usines de viandes emballées. Pour être efficaces, nos programmes doivent s’appuyer sur un travail continuel de formation et de sensibilisation.
Permettez-moi d’être bien clair sur ce point. À mon avis, si nous avions su ce que nous savons maintenant et si nous avions fait ce que nous faisons maintenant, nous aurions peut-être pu sauver 21 vies. Cette tragédie a été un moment déterminant pour Les Aliments Maple Leaf et celles et ceux qui y travaillent. Nous sommes déterminés à tirer tous les enseignements de cette terrible faute. C’est notre obligation envers toutes les personnes qui sont mortes et leur famille.
Nous avons l’intention de nous acquitter de cette responsabilité de trois façons. Premièrement, en élevant nos propres normes en matière de salubrité des aliments pour donner aux consommatrices et consommateurs les meilleures garanties de salubrité possible. Nous devions nous améliorer, nous l’avons fait immédiatement et nous le ferons continuellement. Deuxièmement, en préconisant pour toute l’industrie des initiatives conçues pour élever le niveau des pratiques en matière de salubrité des aliments et en adoptant les pratiques en question. Nous sommes convaincus que les connaissances en matière de salubrité des aliments ne devraient pas constituer un avantage concurrentiel, qu’elles devraient être partagées dans le meilleur intérêt de toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. Et, troisièmement, en faisant ce que nous pouvons pour éduquer les Canadiennes et Canadiens en matière de salubrité des aliments, c’est-à-dire leur enseigner comment évaluer les risques et comment réduire au minimum les risques pour eux-mêmes et leur famille — les techniques qui permettent d’entreposer, de manipuler et de préparer les aliments correctement.
Une des mesures les plus importantes que nous ayons prises a été d’engager l’homme qui se trouve tout juste à ma droite, le Dr Randall Huffman. L’automne passé, nous avons créé le poste de directeur – salubrité des aliments, une première au Canada, je crois. Le Dr Huffman a le mandat de veiller à ce que les pratiques de l’entreprise Les Aliments Maple Leaf soient à la fine pointe à l’échelle mondiale. Nous sommes meilleurs aujourd’hui qu’il y a un an, mais tout comme les connaissances et les technologies qui évoluent sans cesse, nous serons encore meilleurs l’an prochain et meilleurs encore l’année suivante. C’est un processus d’amélioration continue.
Rien de tout cela n’est dit avec fierté. Les mesures que nous avons prises en vue de devenir un chef de file en matière de salubrité sont notre punition pour avoir causé la pire poussée de maladie d’origine alimentaire dans l’histoire canadienne. Nous tenons mordicus à ce que quelque chose de bon ressorte de cette tragédie, au-delà de nos propres pratiques. Nous voulons collaborer avec votre comité, avec les organismes gouvernementaux compétents et avec notre propre secteur industriel afin d’élever partout les normes en matière de salubrité alimentaire. En tant que secteur industriel, nous ne pouvons pas être plus forts que notre maillon le plus faible.
Les rôles du gouvernement et de l’industrie en matière de salubrité des aliments sont interdépendants. Il ne peut y avoir de système de production alimentaire sûr sans que les deux collaborent, chacun dans son domaine de compétence, à la poursuite du même but, c’est-à-dire des aliments salubres pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens. En fait, un organisme réglementaire fort et crédible administrant des politiques fondées sur les connaissances scientifiques est essentiel. Si on demandait à tous les partenaires de s’exprimer franchement au sujet de cet apprentissage commun, je pense qu’ils diraient comme nous que ce qui est arrivé l’été dernier est un échec au niveau des attentes, pas un échec au niveau de l’inspection.
Nous pensons que l’action du gouvernement devrait s’orienter vers la réalisation de quatre objectifs clés: premièrement, définir en détail en quoi consiste pour les exploitants un programme fort et efficace en matière de salubrité des aliments; deuxièmement, mettre en oeuvre des mécanismes d’inspection et d’analyse permettant de vérifier la conformité avec les attentes réglementaires et les valider ainsi que prendre des mesures rigoureuses à l’endroit de ceux qui ne répondent pas aux exigences réglementaires; troisièmement, mettre la réglementation en oeuvre et inspecter uniformément à l’échelle nationale ainsi qu’à nos frontières; et, quatrièmement, élaborer des politiques incitant les exploitants à se comporter de manière responsable et proactive.
Nous ne sommes pas experts en processus gouvernementaux, et l’élaboration des politiques est la responsabilité du Parlement, mais si l’exercice de ces responsabilités exige l’attribution de plus de ressources à l’ACIA, nous sommes certainement en faveur de l’idée. Lorsque vous êtes appelés à évaluer les différentes façons possibles de rendre plus sûrs les aliments des Canadiennes et Canadiens, nous vous demandons de garder deux choses à l’esprit. D’abord, on ne peut pas voir les bactéries. Les inspections visuelles ont donc une valeur limitée. On ne peut détecter leur présence qu’en consultant les résultats des analyses et les données réparties sur une période donnée. Deuxièmement, ces bactéries ne vivent pas partout. Elles ont un million de domiciles potentiels. Il s’agit donc de trouver où elles vivent — déterminer où elles ne vivent pas peut être assez facile mais trompeur.
Les politiques révisées de l’ACIA concernant Listeria qui viennent d’être mises en vigueur sont des moyens réglementaires plus rigoureux de surveiller la capacité de l’industrie de contrôler Listeria dans certains aliments prêts à servir. Elles décrivent un plan d’analyse réglementaire permettant de veiller à ce que l’industrie mette adéquatement en oeuvre les principes des politiques de Santé Canada concernant Listeria. Les politiques de Santé Canada reposent sur des bases scientifiques solides et sont reconnues de par le monde comme un ensemble de moyens adéquats de contrôle de Listeria. Le nouveau protocole d’analyse de l’ACIA suppose beaucoup plus d’analyses de l’environnement et des produits. Nombre de producteurs alimentaires canadiens devront s’y adapter et améliorer leurs moyens de contrôle de Listeria. Ce sont d’importantes améliorations que nous appuyons.
Pour que les politiques de l’ACIA portent fruit, il est essentiel que leur mise en application soit uniforme dans l’ensemble de l’industrie et que les détails à leur sujet soient communiqués adéquatement au personnel d’inspection et à l’industrie. La réaction aux résultats positifs dans le cadre du nouveau régime d’analyse doit être rigoureuse dans chaque lieu de production. Il faut interpréter avec soin les tendances relevées grâce aux analyses environnementales effectuées sur une certaine période, pour éviter les erreurs.
L’ACIA doit aussi vérifier adéquatement la salubrité des produits prêts à servir importés en appliquant également ses politiques révisées concernant Listeria à la frontière. Nous allons plus loin et préconisons que les politiques représentent la norme commune pour toutes les usines produisant des aliments prêts à servir à l’échelle nationale, qu’elles soient inspectées par le gouvernement fédéral ou les provinces.
La réglementation gouvernementale en matière de salubrité des aliments représente un minimum à respecter pour nous. Nous sommes aussi responsables devant la population canadienne, qui fait valoir tous les jours son droit de choisir en achetant ou non un produit. Notre travail en tant qu’industrie est de produire des aliments salubres tous les jours; de réduire au minimum les risques au niveau pratique le plus bas possible; et de mettre en oeuvre pour assurer la salubrité des aliments des systèmes et procédures qui soient exemplaires ou qui vont au-delà des exigences minimales du gouvernement. Nous sommes les fabricants des aliments. Le gouvernement doit établir les règles et veiller à ce que ces règles soient mises en application, mais, en dernier ressort, la salubrité des aliments dépend de l’entreprise alimentaire, et nous avons une obligation très importante de nous conformer.
Le dernier élément de notre approche est l’éducation des consommatrices et consommateurs. C’est par nous que la plupart des Canadiennes et Canadiens ont entendu parler de Listeria pour la première fois, même si elle est largement répandue. La succession de rappels des derniers mois montre que le phénomène est bien loin d’être particulier aux Aliments Maple Leaf. Nous avons utilisé plusieurs méthodes d’éducation des Canadiennes et Canadiens au sujet de Listeria, des moyens d’évaluer ses risques et de les réduire au minimum quand les aliments sont à la maison. Nous continuerons à le faire. Il est difficile pour nous de parler de salubrité des aliments, mais nous croyons en avoir la responsabilité.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, l’entreprise Aliments Maple Leaf est déterminée à faire honneur à l’excellente relation qu’elle entretient depuis très longtemps avec les Canadiennes et Canadiens. Nous serons heureux de participer aux efforts que vous allez déployer pour comprendre ce qui a engendré la tragédie de l’an dernier et en tirer des leçons utiles en vue d’améliorer l’ensemble des mesures garantissant la salubrité des aliments au Canada. À cette fin, nous tenons certainement à vous inviter à visiter nos installations du chemin Bartor.
Voilà qui conclut cette brève allocution. Le Dr Huffman et moi serons heureux de répondre à vos questions et d’échanger avec vous.
:
D'accord, et nous allons continuer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de questions, j'imagine.
Monsieur McCain, merci d'être venu. Dès le départ, je peux dire que, à mes yeux, votre conduite en rapport avec toute cette affaire, cette crise, montre vraiment que vous êtes transparents et directs en ce qui concerne votre préoccupation opérationnelle, si vous me permettez de parler ainsi, et je crois certainement que, par votre honnêteté, vous montrez que vous êtes dignes de foi, vous-même et votre entreprise. Je tiens à dire cela pour que ça figure dans le compte rendu, étant donné que vos avocats, j'en suis assez sûr, vous ont probablement conseillé de faire autrement. Je crois que vous avez agi correctement face aux Canadiens en adoptant l'approche directe que vous avez adoptée, et je tiens à vous féliciter d'avoir agi ainsi
Dans l'exposé que vous avez présenté aujourd'hui, vous assumez vous-même une bonne part de la responsabilité, certainement. Je comprends cela, et je vous en félicite. Il y a tout de même un autre joueur dans cette affaire, si vous me permettez de m'exprimer ainsi, dans cette crise, et je parle du gouvernement du Canada et de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. En fin de compte, je me soucie de ce que nous ayons l'autorité générale pour agir au gouvernement du Canada, par l'entremise de quelque organisme que cela puisse être — c'est censé être l'ACIA et Santé Canada aussi dans le cas qui nous occupe. Il nous faut l'autorité générale sur ce point. Dans votre cas à vous, à votre usine, vous avez peut-être été en mesure d'affronter ce genre de crise, mais il existe beaucoup d'entreprises qui n'auraient peut-être pas été en mesure de l'affronter comme vous l'avez fait.
Je voulais simplement souligner cela au départ. Certes, je me soucie de ce que nous portions notre regard sur l'industrie dans son ensemble et non pas seulement sur Maple Leaf.
Dites-le-moi si je fais erreur, mais je crois comprendre que le problème de la listériose trouvait son origine dans une trancheuse. Si je comprends bien, pour avoir parlé à des gens du domaine de l'inspection des aliments — et vous avez respecté les consignes du fabricant, sans doute, et vous êtes libre d'aborder cette question comme il vous paraît convenable de le faire —, à un moment donné, avec le régime d'inspection des aliments que nous avions, il y avait des vérificateurs qui se rendaient vraiment sur place et poussaient plus loin l'inspection. Les vérificateurs de l'ACIA, enfin ce que ça pouvait s'appeler avant l'avènement de l'ACIA, se rendaient à l'usine même et procédaient à une vérification, une analyse, peut-être démontaient-ils l'équipement et peut-être ne tenaient-ils pas seulement compte des consignes du fabricant. Voilà ce qu'il en est; cela ne se fait pas maintenant. Vous pourriez peut-être nous parler de la machine particulière que l'organisme gouvernemental aurait inspectée par le passé, par rapport à la façon de procéder d'aujourd'hui et de ce que nous pouvons proposer pour l'avenir, pour que ce genre de problème ne se reproduise plus.
:
Voilà une excellente question.
Je suis d'accord avec vous pour dire que les leçons à retenir devraient s'appliquer à l'ensemble de l'industrie et au gouvernement, et que nous devrions voir ce qu'il en était avant la crise de listériose. Il serait peut-être utile que je décrive ce à quoi ressemblaient les protocoles avant 2008, par rapport à ce qu'ils sont aujourd'hui. Le contraste vous éclairerait peut-être.
Comme je l'ai dit pendant mon exposé préliminaire, avant 2008, rien — absolument rien — n'obligeait à avoir un programme d'analyse de l'environnement dans un établissement de fabrication d'aliments prêts à servir. Bon, je respecte que l'on puisse dire: voilà, c'est un élément de la déréglementation qui est en cause. Par contre, cela ne me paraît pas être une façon juste de décrire le problème, étant donné que la règle en question n'a jamais existé. Elle n'a jamais existé, mais elle a été éliminée; elle n'a jamais existé, mais on en a réduit la portée: la règle qui dit qu'il faut un programme d'analyse de l'environnement n'a jamais existé.
Ainsi, à l'établissement de Maple Leaf, nous appliquions un programme d'analyse de l'environnement. Nous avions un tel programme. Nous analysions 3 000 échantillons tous les ans. Nous avions notre propre plan « en 40 étapes » pour la salubrité des aliments. Nous avons investi plus de 20 millions de dollars, notamment pour la biosécurité, et nous avons confié des vérifications à un tiers —, mais, encore une fois, c'est dans un contexte où il n'y avait pas de programme d'analyse de l'environnement.
Quand il n'y a pas d'obligation de contrôle — c'est l'attente établie non pas par le gouvernement, mais plutôt par l'industrie et le gouvernement depuis la naissance même de l'industrie alimentaire il y a des siècles de cela — qu'il n'y en a jamais eu —, voilà d'où vient cette attente-là. Il n'y a pas d'inspection, qu'elle soit rigoureuse ou moins rigoureuse, qui aurait modifié la chose.
Je crois qu'il y a lieu ici de se poser des questions importantes sur la politique gouvernementale. Des questions importantes concernant la raison d'être des inspections, la raison d'être de la réglementation, l'analyse des produits par rapport à l'analyse de l'environnement. Ce sont là des questions très importantes. Tout de même, si on s'interroge sur la cause précise de l'éclosion en question, on constate que ce n'était pas un problème d'inspection. Ce n'est pas l'analyse des produits ou le manque d'inspecteurs qui est en cause. Le problème, c'est qu'on n'a pas analysé les données d'essais, que les gens n'étaient même pas obligés de rassembler — nous avons omis d'analyser ces données-là et d'analyser les causes premières du problème, pour enquêter sur les tendances individuelles et assurer le suivi à ce sujet, pour rechercher les constantes — de manière à repérer les bactéries que nous ne pouvions voir dans les établissements et arriver à un résultat différent. C'est donc que nous avons omis d'analyser les résultats de cette recherche des causes premières et que les protocoles appliqués ont fait défaut, davantage qu'un problème d'inspection en tant que tel.
Selon nous, l'ACIA devrait inscrire cette nouvelle politique sur Listeria dans un nouveau mandat, comme elle est en train de le faire en ce moment. Bon, je ne dis pas qu'il n'y a pas des questions très importantes que le comité pourrait étudier en rapport avec la salubrité des aliments, comme M. Easter le dit, au profit de tous les Canadiens et de l'industrie dans son ensemble. Il y a là des questions importantes, pour l'avenir. Par contre, s'il s'agit de nommer la cause première de l'éclosion, de l'origine du problème, ce n'est pas un de ces facteurs-là, à notre avis.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Encore une fois, merci d'être là, monsieur McCain.
Comme vous le savez, quatre rapports distincts ont été publiés depuis une semaine pour recenser les leçons à tirer de cette histoire — trois par des organismes fédéraux et un par le ministère de la Santé de l'Ontario, bien sûr — et tous comportent des recommandations. Je suis sûr que vous êtes au courant des recommandations que renferme chacun d'entre eux.
Selon une des critiques formulées dans les médias, c'est Maple Leaf qui a décidé de rappeler ses produits, sans que l'ACIA n'intervienne et ne décide à votre place. J'aimerais creuser cela un peu plus.
Je crois savoir que le ministre, ou l'ACIA, est habilité à décréter un rappel obligatoire d'un produit. Tout de même, s'il n'est pas nécessaire de le faire, si le produit fait déjà l'objet d'un rappel, c'est très bien. Si l'agence peut travailler de manière constructive avec l'entreprise, c'est très bien aussi, de fait. C'est la preuve d'un travail d'équipe et d'un sens des responsabilités de la part de la société, ce que nous avions vu dans le cas particulier de Maple Leaf.
Je sais que vous avez envoyé une lettre aux membres du comité il y a quelques semaines, lettre qui comportait des déclarations de votre cru et qui énonçait vos délais. Lorsque j'ai examiné le rapport en question, une des choses qui sont ressorties à mes yeux, c'est que vous avez coopéré avec l'ACIA et que, parfois, l'ACIA vous donnait un renseignement ou proposait une mesure, et puis Maple Leaf l'adoptait sans délai.
Je ne donnerai que quelques exemples. Je remarque que, le 16 août, par exemple, Maple Leaf a lancé un rappel, mais c'est après que l'ACIA a confirmé la présence de Listeria. Le 19 août, de même, Maple Leaf adopte d'autres mesures encore, mais après que l'ACIA lui a signalé d'autres résultats positifs aux analyses.
Certes, le sens des responsabilités de Maple Leaf et votre sens des responsabilités personnel en rapport avec la crise de la listériose m'impressionnent, mais j'aimerais savoir, il me semble: croyez-vous que vous, c'est-à-dire vous et Maple Leaf, avez respecté la marche à suivre qui mène à un rappel, votre propre marche à suivre, au meilleur de vos capacités?
:
Merci, monsieur le président.
À quiconque pourra le faire, vous pourrez répondre quand vous le voudrez. C'est davantage une précision que la réponse à une question que je veux obtenir. Vous avez plus ou moins donné l'impression que la réglementation sur l'analyse de l'environnement est très récente. J'aimerais que vous nous disiez, à titre de précision, ce qui existait avant les nouveaux protocoles généraux qui sont maintenant en place.
Plus je vous écoute, de fait, plus je m'inquiète de ce que les organismes gouvernementaux ne font pas leur travail. Cela ne fait aucun doute, l'industrie a une responsabilité en la matière, mais les ministres et organismes gouvernementaux exercent l'autorité et la responsabilité globales touchant la santé publique au pays. Ne perdons pas cela de vue. Nous avons vécu une période — et vous l'avez vécue vous aussi, monsieur McCain — où, du point de vue du gouvernement, il y avait l'idée de déréglementer, et l'industrie souhaitait réduire les coûts quant à elle; si la déréglementation fait donc partie du tableau, merveilleux. Ça a plus ou moins changé très récemment.
Je vais revenir à la question que j'ai déjà posée sur la trancheuse. Nous allons accueillir comme témoin le vérificateur des vérificateurs de l'ACIA. Il viendra témoigner devant notre comité. Selon lui, pour faire son travail, l'ACIA ne devrait pas se contenter d'examiner les paramètres du fabricant de la trancheuse; elle aurait dû prévoir le problème, à condition de s'astreindre au travail et de procéder aux vérifications voulues, du point de vue de la prévention.
Croyez-vous que nous devrions procéder comme cela? Y a-t-il une façon de mieux prévenir les problèmes dans ce cas, d'être plus prévoyant, avec une ACIA qui exercerait une autorité générale en la matière et appliquerait le principe de diligence raisonnable pour protéger les Canadiens, mais aussi pour vous protéger, au sein de l'industrie, contre les conséquences d'incidents comme celui de l'éclosion de listériose?
Je sais que vous acceptez la responsabilité de l'affaire, mais je crois qu'il y a ici une autorité supérieure qui a une responsabilité aussi et qu'il aurait peut-être été possible d'empêcher que cela se produise si l'ACIA avait été alerte.
:
Il y a bel et bien une autorité supérieure quant à la salubrité des aliments, et elle appartient à l'organisme de réglementation. Je ne crois pas que cela soit la première partie responsable dans le cas qui nous occupe. Je crois que nous avons accepté cette responsabilité première parce que l'incident s'est produit au sein de notre établissement à nous, sous notre surveillance.
J'ai présenté ce qui nous apparaît comme étant le rôle du gouvernement et de l'organisme de réglementation pour l'avenir, et je le répéterai. Premièrement, il s'agit de définir ce qui est attendu d'un exploitant d'une manière extraordinairement précise et détaillée, sous la forme d'un protocole de contrôle de la salubrité des aliments. Deuxièmement, il s'agit d'avoir les ressources et les procédés nécessaires pour valider la réglementation ainsi adoptée et vérifier qu'elle est respectée. Troisièmement, il faut veiller à ce que la réglementation soit appliquée de manière uniforme partout au pays. Quatrièmement, il faut encourager une conduite responsable de la part des exploitants. Nous croyons que, pour exercer ce mandat, il faut davantage de ressources, et non pas moins, à l'organisme de réglementation.
Pour une grande part, cela ressort des mesures que nous prenons aujourd'hui, mais que nous ne prenions pas auparavant, et de la nouvelle politique sur Listeria qui est en place aujourd'hui. Il reste maintenant à veiller sur la qualité de la mise en oeuvre partout au pays, pour que les choses se passent bien.
Votre question, de fait, vise vraiment à savoir s'il y avait là une obligation ou non et si le problème aurait été détecté si quelqu'un avait fait quelque chose différemment. Au bout du compte, dans une affaire qui est aussi épineuse sur le plan scientifique, selon moi, personne ne peut vraiment revenir en arrière et affirmer ce qui paraît être une évidence aujourd'hui. Rétrospectivement, les choses de cette nature paraissent extraordinairement évidentes, pour nous et pour quiconque examinerait les données: « si je l'avais su à ce moment-là, j'aurais pu faire quelque chose. »
Dieu sait que c'est une montagne de données que nous rassemblions à ce moment-là. La question clé du point de vue de la réglementation, à notre avis, c'est qu'il n'y avait à ce moment-là aucune application relative à la collecte des données, et non pas que les données seraient interprétées de telle ou telle façon. Tout de même, quelqu'un peut-il arriver après coup et affirmer que les gens auraient pu analyser les données s'ils avaient eu le temps, les ressources, les compétences, la formation nécessaires, et tirer une conclusion? Peut-être; peut-être pas. Je sais que ce sont des données très volumineuses, très scientifiques et très difficiles à interpréter. Il faut consacrer tout le temps et l'énergie nécessaires à examiner l'ensemble et, rétrospectivement, nous disons que nous aurions dû savoir cela. Nous aurions dû avoir les systèmes en place pour détecter cela. D'autres en sont arrivés à la même conclusion.
:
Merci, monsieur le président.
Pendant quelques instants, j'aimerais qu'on se mette dans la peau des consommateurs. Ce n'est pas difficile, car nous sommes tous des consommateurs. On consomme vos produits et ceux de vos concurrents. On consomme des produits qui viennent du Québec, du Canada et d'autres pays. On a donc des raisons de s'inquiéter, lorsqu'il se produit des événements comme celui du mois d'août dernier et d'autres. La Listeria est une des bactéries, mais il y a aussi la bactérie E. coli. Nul doute qu'on a inspecté plusieurs produits, mais certains d'entre eux ont réussi à passer les inspections et les contrôles et se sont retrouvés sur les tablettes d'épicerie, causant ainsi des maladies et, malheureusement, des décès. Je ne parle pas seulement de vos produits. On pense aux épinards qui provenaient des États-Unis, au jus de carotte et au jus de poire. À un moment donné, toutes sortes de produits étaient contaminés d'une façon ou d'une autre et ont causé des malaises à des gens et parfois, malheureusement, des décès.
Les consommateurs qui suivent les travaux du comité ou qui lisent les journaux sont en droit de se poser des questions sur le nombre d'inspections et d'inspecteurs. Malheureusement, on ne pourra jamais empêcher de tels malheurs d'arriver et que certains de ces produits passent outre les contrôles. Les gens se disent qu'ils paient des taxes et des impôts au gouvernement pour qu'il les protège. Or, il arrive que cette protection n'ait pas lieu.
Lorsque les gens lisent dans les journaux que certains inspecteurs dont le travail est de les protéger passent plus de temps dans leur bureau à s'occuper de paperasse qu'à inspecter des aliments, ils sont en droit de se demander si leur sécurité est mise en jeu. Lorsqu'ils lisent qu'un employé de l'Agence canadienne d'inspection des aliments a dit que le gouvernement souhaite que les entreprises s'autoréglementent en procédant elles-mêmes aux inspections, ils se demandent à juste titre s'ils sont suffisamment protégés.
Vous avez dit assumer la responsabilité parce que c'est sous votre surveillance que ces événements se sont produits. Je tiens à vous corriger, monsieur McCain: ils se sont produits sous la surveillance du gouvernement également. Des employés et des inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments doivent être là. Ils doivent travailler en collaboration avec l'industrie afin, justement, d'éviter tous ces problèmes.
Voici un autre élément qui porte les gens à s'interroger. Jusqu'en avril 2008, on devait procéder à une vérification complète des systèmes des établissements de viande agréés par le gouvernement fédéral. Or, on a relâché les contrôles à cet égard. À l'usine de Maple Leaf où a éclaté la contamination de la listériose l'été dernier, il n'y a pas eu de vérification complète des systèmes au moins un an avant l'éclosion de la Listeria.
Je le répète, la responsabilité doit être partagée. J'aimerais que vous vous mettiez dans la peau des gens qui voient tous ces événements et qui en sauront sans doute plus après les séances de ce comité. Ils en sauront beaucoup plus qu'à la suite de l'enquête réclamée par le gouvernement menée par Mme Weatherill, laquelle a été faite sans qu'on sache exactement ce qui se passait. Si vous vous mettez dans la peau des consommateurs, vous allez comprendre qu'ils sont en droit de se poser des questions sur la santé publique, leur santé et la santé de leur famille.
:
C'est un champ d'action, un sujet qui est des plus importants à nos yeux. Notre organisation fait partie d'une industrie de consommation. Nous avons cultivé notre lien de confiance avec les consommateurs sur plus de 100 ans et, comme vous le savez bien, il suffit de quelques minutes pour rompre le lien de confiance bâti sur une centaine d'années.
Nous savons que les consommateurs canadiens nourrissent des préoccupations dont vous avez parlé. Nous ressentons cela très profondément. Certes, par respect pour ces préoccupations-là, pour les reconnaître, nous avons adopté les mesures que nous avons adoptées dans une situation très tragique, en faisant passer en premier les intérêts des consommateurs.
Nous admettons qu'il faudra du temps pour rebâtir cette confiance. La confiance qu'inspire le régime de salubrité des aliments en entier au Canada est touchée, et nous en sommes tout à fait désolés. Certes, nous avons joué le rôle prédominant dans l'incident à l'origine de ce problème, et nous sommes tout à fait désolés du résultat que cela donne.
Bien entendu, tout le monde a un rôle à jouer quand il s'agit de tirer des leçons utiles de l'affaire. Nous avons voulu dire clairement ce qui nous apparaît être les leçons à tirer du point de vue de l'organisme de réglementation. Nous avons essayé de faire valoir ce qui nous paraît être le cadre de réglementation indiqué pour l'avenir et nous avons dit très clairement que nous regrettons le fait que... si nous avions su à ce moment-là ce que nous savons maintenant, nous aurions peut-être réussi à sauver 21 vies. Dans le contexte, selon moi, nous agissons de manière à mettre au premier rang les intérêts des consommateurs et nous adoptons les mesures nécessaires pour nous améliorer avec le temps, comme les organismes de réglementation semblent le faire aussi selon moi.
Pour terminer ma réponse, simplement, — vous disiez qu'il y avait une inspection qui avait été éliminée, je crois —, si je ne fais pas erreur — et j'espère avoir bien compris votre question — vous faites allusion à l'inspection annuelle à laquelle procédait anciennement l'ACIA. En assurance de la qualité et en salubrité des aliments, il y a une pratique exemplaire qui est reconnue mondialement: le programme d'analyse des dangers et de maîtrise des points critiques, ou HACCP. Les programmes de type HACCP remplacent l'inspection annuelle par des inspections réalisées tous les jours.
M. Huffman peut l'expliquer avec plus d'éloquence que moi, mais je crois que l'approche réglementaire qui a été adoptée consistait à remplacer les inspections annuelles par une pratique exemplaire reconnue mondialement qui prend la forme d'un programme HACCP quotidien et hebdomadaire qui, essentiellement, remplace les vérifications ponctuelles annuelles par des vérifications et des inspections quotidiennes et hebdomadaires.
:
Merci, monsieur le président.
Si vous me le permettez, monsieur McCain, je vais citer les propos tenus par le vérificateur général en 2000 à propos de l'ACIA en particulier, et à propos du système HACCP, puisque vous venez tout juste d'en parler. Ainsi, à propos de l'ACIA, le vérificateur général a dit, et je cite: « [...] l'Agence n'a pas entretenu un dialogue suffisant avant les intervenants, surtout avec le Parlement et la population [...] », y compris en ce qui a trait à la mise en oeuvre du système HACCP, le système d'analyse des risques et de maîtrise des points critiques en matière de salubrité des aliments. En outre, il y a toujours eu un important débat quant au rôle que doit jouer le secteur privé, particulièrement en ce qui concerne la mise en oeuvre des systèmes HACCP.
Pour ce qui est du système HACCP que vous avez évoqué, d'après moi, ce qui soulève certaines préoccupations au sein de la population — et, selon l'endroit où est située l'usine et l'identité de son exploitant, ces préoccupations sembleront justifiées ou non —, c'est le fait que le tiers inspecteur, à savoir l'ACIA, délaisse certaines de ses responsabilités en matière d'inspection et permet aux exploitants eux-mêmes de mettre en oeuvre ce que vous appelez des pratiques exemplaires mondiales faisant partie intégrante du système HACCP. Le lien de confiance entre la population et les exploitants est parfois brisé, pour de bonnes ou de mauvaises raisons — et je parle non pas de Maple Leaf en particulier, mais, de façon générale, des usines de transformation des aliments partout en Amérique du Nord. Ainsi, selon moi, il s'agit là de l'un des points litigieux en ce qui concerne le système HACCP: il s'agit non pas tant de savoir si ce système impose bel et bien un plus grand nombre de tests, car certains diront: « En fait, nous n'avons fait l'objet que d'une seule vérification auparavant, mais nous pourrions en subir de nombreuses cette année », mais bien de savoir quelle est l'instance qui effectue le test, la vérification ou le contrôle, et quelle est l'instance responsable de toutes les étapes subséquentes du processus. Cela fait partie de la question.
Mais laissez-moi revenir sur quelques-unes des choses que vous avez mentionnées pendant votre déclaration préliminaire et dans le document que vous nous avez présenté. Vous parlez de sensibilisation, et je présume que vous parlez au nom de Maple Leaf, et je suis conscient du leadership que vous assumez en la matière. Vous indiquez votre intention de faire, et je vous cite, la « promotion d'initiatives s'appliquant à toute l'industrie conçues pour élever » — et je mets l'accent sur le mot « élever » — « le niveau des pratiques en matière de salubrité des aliments en y participant ». Vous soulignez le rôle de leader que vous entendez assumer à cet égard. Cela est louable, et j'estime que toutes les personnes ici présentes souhaitent que cela se produise au sein de toutes les entreprises qui produisent et transforment des aliments. Toutefois, vous poursuivez de la manière suivante: « Nous ne sommes pas experts en processus gouvernementaux, et l'élaboration des politiques est la responsabilité du Parlement, mais si l'exercice de ces responsabilités » — je viens juste d'en mentionner une, et vous en avez d'autres — « exige l'attribution de plus de ressources à l'ACIA nous sommes certainement en faveur ». Cela m'amène au noeud du problème, si je peux m'exprimer ainsi.
Vous parlez des inspections et des vérifications effectuées par des tiers et du fait qu'elles sont utiles pour votre entreprise. Je ne suis pas certain de savoir si, en disant cela, vous visiez l'ACIA. Vous avez mentionné qu'un tiers effectuait des vérifications pour votre compte. J'ignore si ce tiers s'ajoutait à l'ACIA, qui est également un vérificateur tiers. Quoi qu'il en soit, il me semble que nous devons aborder cette question de la vérification par une tierce partie, une procédure qui retire certaines responsabilités aux entreprises et qui accroît le niveau de confiance de la population à l'égard de l'industrie.
La population a parfois l'impression que les entreprises ne s'acquittent pas nécessairement de leurs tâches en matière de vérification de façon appropriée, et cela peut sembler injuste. Le fait qu'une vérification ait été effectuée par un tiers suscite une certaine confiance de la population, car on estime que le tiers n'a aucun intérêt particulier à fausser les données découlant de l'inspection — tandis que, de toute évidence, l'entreprise est intéressée — des problèmes pouvant être soulevés. Qu'il s'agisse du secteur de l'automobile ou du secteur alimentaire, cela importe peu: toute entreprise retire un avantage intrinsèque du fait de pouvoir affirmer qu'elle est la meilleure dans son domaine. Toutefois, lorsqu'il s'agit d'inspecter des aliments, nous nous engageons dans un processus autrement épineux, dans la mesure où vous êtes plus susceptible de vous empoisonner en consommant un aliment qu'en conduisant une voiture.
Je peux me tromper, mais je crois que vous êtes en train de nous dire, lorsque vous évoquez le fait que les entreprises ont uni leurs efforts pour échanger des connaissances et mettre véritablement en place des pratiques exemplaires mondiales — et je souhaite sincèrement que le Canada sera un chef de file en la matière —, que la seule façon de rétablir le lien de confiance avec la population est de mettre en place un système de vérification par des tiers au début et à la fin du processus, plutôt que de procéder à des vérifications ponctuelles en prenant des échantillons au hasard à un moment ou à un autre du processus.
Cependant, monsieur McCain, malgré votre leadership, je ne suis pas certain que vos concurrents accepteront tous de s'asseoir à notre table et de communiquer l'ensemble de leurs pratiques exemplaires. En mettant en place une politique, le gouvernement peut les obliger à le faire, contrairement à vous, monsieur. Et je sais que vous aimeriez probablement être en mesure de le faire, mais vous n'en avez pas le pouvoir, comme il a été mentionné plus tôt. Ce pouvoir, c'est nous qui l'avons.
Je sais que ma question ratisse large, mais si vous pouviez faire quelques commentaires, je vous en saurais gré.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être ici aujourd'hui.
Comme ceux qui m'ont précédé, il y a quelque chose que j'aimerais dire, mais je pense que je le ferai non pas en mon nom, mais au nom de la population de Brandon, où se trouve l'une des plus importantes usines de transformation du porc de Maple Leaf en Amérique du Nord, si je ne m'abuse. Ainsi, monsieur McCain, au nom de la collectivité de Brandon, je vous dis que nous sommes très fiers que vous ayez accepté d'assumer votre responsabilité et que votre entreprise ait accepté d'assumer sa responsabilité. À l'heure actuelle, avec la crise économique, nous voyons plutôt des cadres supérieurs qui fuient les problèmes. À mon sens, dans le cas qui nous occupe, nous avons vu un président qui est passé à l'action et qui a tenté de les régler.
J'ai quatre questions à vous poser. Je vais vous les poser d'une seule traite et je vous laisserai y répondre ensuite. Je sais que votre temps est limité.
Quelques personnes ont laissé entendre que le fait d'augmenter le nombre d'inspections était peut-être la solution. Ma première question est la suivante: croyez-vous que cela aurait permis de déceler la cause fondamentale de l'incident qui a touché votre entreprise, au jour précis où il s'est produit? Vous avez mentionné que, selon vous, les ressources en matière d'inspection devraient être plus disponibles. Une entreprise de transformation comme la vôtre serait-elle disposée à partager les coûts liés à une telle mesure?
Au cours de votre exposé, vous avez mentionné les politiques appliquées par le gouvernement fédéral et les provinces dans toutes les usines produisant des aliments prêts-à-servir. J'ai deux questions à ce propos. Je me demande, d'une part, combien d'usines sont visées par cette politique et, d'autre part, si vous estimez qu'elle s'étendra ensuite à l'ensemble de l'industrie de l'abattage.
Ma dernière question est la suivante. Vous avez indiqué, comme cela était mentionné dans le rapport intitulé Leçons apprises, que le transfert de renseignements de votre entreprise à l'ACIA avait posé quelques difficultés et entraîné un retard. J'ose espérer, plus que toute autre chose, que ces problèmes ont été corrigés et que vos systèmes de tenue de dossiers respectifs sont à présent compatibles. Je vous demande de me dire si c'est le cas.
:
Je vais tenter de vous répondre le plus brièvement possible.
De notre point de vue, la chose la plus difficile à admettre était le fait que l'incident n'était pas attribuable à une seule cause. Nous estimons que l'incident est attribuable à une défaillance de l'ensemble de notre système de salubrité alimentaire, comme je l'ai indiqué plus tôt. D'une part, il me serait facile de dire que des inspecteurs supplémentaires n'auraient pas nécessairement permis de déceler le problème, mais d'autre part, je peux dire que l'ACIA aura besoin, selon moi, de ressources supplémentaires pour remplir sa mission dans l'avenir. J'espère que je me fais bien comprendre, car selon moi, ces deux observations sont tout à fait compatibles.
En ce qui a trait à la deuxième question touchant le partage des coûts, je dois dire, en toute franchise, que nous ne nous sommes pas penchés sur cette question. Notre objectif était de faire ce qui devait être fait, sans égard aux coûts. Selon moi, cette question ne présente aucun intérêt pour aucune des parties à court terme. La question du partage des coûts ne devrait être abordée que dans l'avenir. Notre principale préoccupation était d'assurer la santé publique et d'améliorer les systèmes de salubrité alimentaire du Canada.
Votre troisième question portait sur les distinctions entre les politiques provinciales et les politiques fédérales. Nous sommes conscients du fait qu'il s'agira d'une question très litigieuse. Nous croyons effectivement qu'il n'y a pas de frontière pour les bactéries, et les consommateurs canadiens ne connaissent pas parfaitement la différence entre les normes d'inspection provinciale et fédérale. Ils ont le droit de le savoir, et nous estimons que le temps est venu de le leur apprendre.
Quant à votre dernière question, qui concerne la transmission de renseignements et les retards à cet égard, je ne suis pas certain de l'avoir bien comprise.
Connaissez-vous la réponse à cette question?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur McCain, vous avez souligné qu'il est important que l'entreprise et l'autorité responsable aient chacun un rôle à jouer, et selon moi, cela est capital.
Si on se reporte en arrière, pendant la crise du SRAS, nous avons mis en commun nos connaissances, nous avons partagé les responsabilités et nous avons échangé les leçons apprises. Aussi, l'une de mes plus grandes inquiétudes réside dans le fait que, lorsqu'on se penche sur la chronologie des événements, on constate qu'il y a eu de nombreux retards entre le moment où les renseignements étaient recueillis et le moment où ils étaient échangés. Je vais fournir quelques exemples.
Le nombre de cas de listériose a augmenté en juin et en juillet. Les différents partenaires ont été avisés pour la première fois de l'éclosion de listériose le 29 juillet. Il y a eu des retards dans l'envoi d'échantillons. Le Service de santé publique de Toronto a envoyé 11 échantillons le 21 juillet, le laboratoire provincial de l'Ontario les a reçus le 22 juillet et, le lendemain, il les a envoyés au laboratoire de référence, qui les a reçus le 24 juillet. La Division de la santé publique a décelé une augmentation de cas déclarés de listériose le 25 juillet, et a demandé des données supplémentaires le 28 juillet.
Le 21 juillet, la division de la santé publique a demandé au laboratoire de référence en matière de listériose d'examiner en priorité les échantillons alimentaires fournis une semaine plus tôt. Le 24... Grâce aux renseignements supplémentaires qu'ils ont obtenus, les services de santé publique ont dépisté, a posteriori 16 cas de listériose pour le mois de juillet.
Y a-t-il eu un retard dans l'obtention de données? Est-ce qu'un nombre suffisant de données a été obtenu? Compte tenu du fait que, dans le cas d'une éclosion, une seule journée de retard peut avoir d'énormes conséquences quant à la suite des choses, les données ont-elles été obtenues dans un délai raisonnable?
Je vais vous donner quelques autres exemples. Le 11 août, le laboratoire central de santé publique de l'Ontario a annoncé que Listeria avait été décelée dans deux emballages ouverts de viandes froides. Le service de santé de la région de Halton a envoyé un communiqué à la population locale pour l'informer du fait qu'il existait peut-être un lien. Aucun autre avertissement n'a été donné. Le 13 août, l'ACIA a informé la division de la santé publique et l'ASPC du fait qu'il s'agissait de produits de Maple Leaf. Pourquoi cette information a-t-elle été communiquée deux jours plus tard?
Je pourrais continuer longtemps ainsi. Pourquoi l'ACIA n'a-t-elle affiché une mise en garde sur son site Web que le 17 août, cinq jours plus tard? Quelles autres mesures a-t-elle prises pour informer la population?
Je pourrais donner de nombreux autres exemples, mais je vais m'arrêter ici. Je veux revenir à vous. Vous avez affirmé que la responsabilité devrait être partagée. Vous avez parlé de votre responsabilité. J'aimerais vous entendre à propos des retards qui semblent être survenus à de nombreux égards.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureuse d’avoir l’occasion de me présenter devant le comité. Je m’appelle Carole Swan et je suis la présidente de l’Agence canadienne d’inspection des aliments, ou l’ACIA. Nous sommes impatients d’aider le comité dans le cadre de ses importants travaux.
Permettez-moi d’abord de souligner à quel point tous les employés de l’ACIA ont été attristés et décontenancés par les cas de maladies d’origine alimentaire survenus l’an dernier. Nous tenons à exprimer nos sincères condoléances aux familles qui ont perdu un être cher ou qui ont été touchées par la maladie.
Deuxièmement, je voudrais faire valoir que les employés de l’Agence, qu’ils soient inspecteurs, techniciens de laboratoire, enquêteurs de rappels d’aliments, scientifiques ou autres, sont des professionnels hautement qualifiés qui sont déterminés à protéger les Canadiens. Cette organisation a vraiment à coeur la salubrité des aliments.
Troisièmement, nous ne sommes pas parfaits. Les documents sur les leçons tirées de l’éclosion que nous avons publiés vendredi sont directs et honnêtes. Nous n’avons pas utilisé ce processus pour jeter le blâme sur d’autres. Notre objectif, c’est l’amélioration.
Aujourd’hui, j’aborderai brièvement trois points: premièrement, ce que fait l’agence; deuxièmement, les défis auxquels les organismes de réglementation font face dans le marché mondial de l’alimentation; troisièmement, ce que nous faisons pour continuer d’améliorer la salubrité des aliments. Je demanderai ensuite au Dr Brian Evans de décrire les mesures concrètes que l’ACIA a prises à l’égard de l’éclosion de listériose.
[Français]
L'ACIA est un organisme de réglementation à vocation scientifique ayant pour mandat de protéger l'approvisionnement alimentaire, la santé des animaux et les végétaux. Nos responsabilités relatives aux végétaux et aux animaux sont aussi liées à la salubrité des aliments puisque ces derniers proviennent de ces ressources.
Pour s'acquitter de son mandat, l'ACIA s'emploie: à cerner et à prévenir les menaces qui pourraient compromettre notre approvisionnement alimentaire, qu'il s'agisse d'aliments canadiens ou importés; à identifier et à contrer les maladies animales qui posent un risque pour la santé humaine, comme l'ESB, plus communément appelé maladie de la vache folle, et l'influenza aviaire; et à protéger les ressources animales et végétales du Canada, qu'elles se trouvent dans les champs ou dans les forêts, contre les maladies et les ravageurs provenant de l'étranger qui peuvent avoir un effet dévastateur sur l'approvisionnement alimentaire.
L'ACIA compte des inspecteurs, des vétérinaires, des chercheurs et d'autres spécialistes qui sont répartis dans presque 500 endroits à l'échelle du Canada. L'ACIA est présente un peu partout au pays: aux postes frontaliers, dans les établissements de transformation, dans les abattoirs, dans les laboratoires ainsi que dans les installations de recherche.
[Traduction]
L’ACIA fait partie d’un réseau national de la salubrité des aliments qui comprend Santé Canada, l’Agence de la santé publique du Canada, les ministères provinciaux et territoriaux de la Santé ainsi que les organismes locaux de santé publique établis dans les municipalités.
Santé Canada établit les politiques et les normes en matière de salubrité des aliments. L’ACIA applique ces politiques et ces normes par l’entremise de la réglementation, d’inspections et de mesures d’application de la loi. L’Agence de la santé publique du Canada, ou l’ASPC, met l’accent sur la détection, la déclaration et la prévention des maladies. Il s’agit du principal point de contact entre le gouvernement fédéral et les autorités provinciales en matière de santé publique. Nos activités recoupent celles de l’ASPC lorsqu’il s’agit d’une maladie d’origine alimentaire, puisque l’ASPC surveille de telles maladies et en fait état.
En ce qui a trait au rôle de l’ACIA en matière de salubrité des aliments, nous inspectons, analysons, vérifions et examinons la production des aliments pour veiller à ce que l’industrie respecte son obligation légale de produire des aliments sains. Lorsque des entreprises ne s’acquittent pas de cette obligation, nous prenons des mesures d’application de la loi pour qu’elles se conforment à la réglementation en vigueur. Nous menons des enquêtes lorsque nous croyons que la salubrité des aliments a été atteinte ou que nous sommes informés d’un problème. Nous effectuons des rappels d’aliments au besoin.
Tous les partenaires responsables de la salubrité des aliments se doivent de prendre des mesures constructives afin d’améliorer la protection de la santé humaine en mettant à profit les connaissances scientifiques, les pratiques exemplaires adoptées à l’échelle internationale et les nouvelles techniques. Nous sommes impatients d’entendre les autres témoins, ainsi que de prendre connaissance du rapport du comité et du rapport de l’enquêteure indépendante.
Comme tous les organismes de réglementation des aliments d’autres pays, l’ACIA fait face à de nouveaux défis. Le commerce et la transformation des aliments sont des activités plus complexes que jamais en raison de la mondialisation et de la multitude de pays d’où proviennent les ingrédients alimentaires utilisés dans les produits alimentaires transformés. Cette tendance économique est aussi dictée par les changements démographiques et les préférences des consommateurs, qui veulent des aliments frais, importés, pratiques et exotiques.
Depuis la création de l’Agence en 1997, la nature des défis auxquels nous faisons face a évolué, tout comme la fréquence des incidents ayant d’importantes répercussions sur la santé ou la salubrité des aliments. Par exemple, au cours des deux dernières années, nous avons dû relever plusieurs défis de taille, notamment la contamination de produits laitiers chinois par de la mélamine, de boeuf canadien et américain par la bactérie E. coli, de piments américains par la bactérie Salmonella, et plus récemment, d’arachides et de pistaches américaines par la bactérie Salmonella. Je cite ces exemples pour démontrer que l’ACIA, comme toutes les agences d’inspection des aliments de partout dans le monde, doit composer avec des pressions et des défis qui s’accentuent sans cesse.
L’éclosion de listériose causée par des aliments contaminés de l’entreprise Les Aliments Maple Leaf l’an dernier a mené au plus important rappel d’aliments de l’histoire du Canada. Les événements survenus l’été dernier ont fait ressortir des faiblesses dans la surveillance collective et le réseau national de protection. Dans l’examen sur les « leçons tirées » de l’Agence, notre but était de fournir une évaluation complète, honnête et sincère. Nous sommes conscients du fait que nous devons continuellement nous améliorer, et que ces améliorations continuelles sont essentielles en matière de salubrité des aliments. Durant le processus d’examen, nous avons déterminé où des améliorations immédiates pourraient être apportées et les avons faites. Mais il y a plus à faire, et nous serions heureux de bénéficier des conseils du comité et de l’enquêteure indépendante afin de faire avancer davantage ces efforts.
Compte tenu de la complexité croissante des défis liés à la salubrité des aliments, certaines étapes ont été franchies afin d’apporter des améliorations. Je vais vous fournir quelques exemples. En décembre 2007, le gouvernement a annoncé la création du Plan d’action pour assurer la sécurité des produits alimentaires et de consommation afin de renforcer le système canadien de salubrité et de sécurité des aliments et des produits. Au cours de la dernière année, l’ACIA a embauché d’autres inspecteurs pour assurer la protection de première ligne contre les risques pour la salubrité des aliments. L’année dernière, nous avons mis sur pied le Groupe consultatif d'universitaires, composé d’experts indépendants, afin qu’il se penche sur la salubrité des aliments et la protection de la santé publique. Nous avons ensuite créé un comité de vérification externe pour qu’il surveille les activités de l’Agence. En ce qui a trait à la lutte contre Listeria, nous avons mis en place des exigences additionnelles pour l’industrie qui offriront un système amélioré d’alerte rapide. Nous avons accru nos analyses pour assurer une surveillance de la conformité de l’industrie à ces exigences. Le Dr Evans vous donnera de plus amples renseignements sur le sujet.
Pour conclure, je tiens à vous assurer que l’ACIA a à coeur la salubrité des aliments. La salubrité des aliments est notre priorité. En tant qu’institution et en tant que citoyens, nous sommes déterminés à accomplir notre travail du mieux possible.
Après les événements de l’été dernier, nous avons posé un regard réaliste sur notre organisme et avons commencé à apporter des changements. Nous n’avons pas attendu avant d’agir. Les événements survenus l’été dernier continuent d’orienter nos efforts visant à améliorer nos mesures de protection et de détection. Bien qu’il soit important de comprendre le passé, le travail ne sera pas terminé tant que nous n’aurons pas traduit ces connaissances en mesures.
Nous accueillons favorablement l’orientation offerte par le comité, ainsi que celle de Mme Sheila Weatherill, enquêteure indépendante, sur les améliorations que peuvent apporter tous les partenaires responsables de la salubrité des aliments.
Je vous remercie. Je cède maintenant la parole au Dr Evans.
Merci, monsieur le président.
Par respect pour les membres du comité et pour répondre à leur souhait, je serai aussi bref que possible.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureux de me présenter devant le comité et j'accueille avec plaisir votre contribution à nos efforts sincères visant à atteindre les normes les plus rigoureuses possibles pour protéger la santé des Canadiens.
Je suis le Dr Brian Evans, premier vice-président de l'Agence canadienne d'inspection des aliments et vétérinaire en chef du Canada.
Je tiens d'abord à présenter encore une fois nos plus sincères condoléances aux familles touchées. Il est clair que, collectivement, nous n'avons pas répondu aux attentes des Canadiens.
Je vais commencer en vous donnant un bref aperçu de la chronologie des événements liés au rappel d'aliments l'été dernier. Je vous parlerai ensuite un peu de notre cadre d'inspection des viandes. Puis, je vous dirai ce qu'ont fait l'ACIA et ses partenaires gouvernementaux pour renforcer notre système d'assurance de la salubrité des aliments en ce qui a trait à la prévention d'éclosions de Listeria et à l'intervention en cas de contamination, afin d'assurer un niveau élevé de protection.
En ce qui concerne la chronologie de l’éclosion…
[Français]
L'éclosion de listériose a commencé au début de juin et a été détectée par les responsables de la santé publique en Ontario au cours des sept semaines qui ont suivi. Le 6 août, à la suite d'un travail minutieux et appliqué, les autorités municipales et provinciales ont informé l'ACIA qu'il pouvait y avoir un lien alimentaire. Puisqu'il y a eu de la confusion à ce sujet, permettez-moi de mettre l'accent sur cette date. C'est le 6 août que l'ACIA a été informée qu'une enquête de santé publique avait été amorcée sur deux cas de listériose détectés dans un centre de soins infirmiers. Des échantillons prélevés 16 jours plus tôt sur la viande utilisée pour préparer des sandwichs au début de juillet dans cet établissement avaient obtenu des résultats positifs aux épreuves de dépistage.
Dès la réception de cette information, l'ACIA a immédiatement lancé une enquête semblable afin de confirmer la source de la contamination par différents moyens. Nous devions fournir aux Canadiens des renseignements connus pour qu'ils puissent prendre des mesures et des décisions éclairées.
[Traduction]
L'enquête visait à déterminer la source des produits de viande par l'entremise des dossiers d'achat et d'approvisionnement, et à cerner les produits précis, ainsi que leurs codes de lot et de production ayant été utilisés pour faire les sandwichs sur lesquels les échantillons avaient été prélevés. Une fois ces renseignements établis, nous avons entrepris, en collaboration avec les services de santé publique, une recherche plus poussée, fondée sur des dossiers relatifs à la distribution de produits à d'autres établissements, afin de trouver un emballage non ouvert du même type et du même code. Cette étape était essentielle pour établir si la contamination du produit avait eu lieu durant la manipulation et la préparation au centre de soins infirmiers ou si le produit avait été contaminé durant la production.
Un échantillon a été trouvé le 12 août et envoyé au laboratoire alimentaire de l'AClA à Scarborough. À la même date, l'ACIA a été avisée par un autre service de santé de district que deux autres cas de listériose avaient été signalés dans un hôpital dans la région de Halton et que deux échantillons de viandes de charcuterie servies à l'hôpital avaient donné des résultats positifs. Cependant, il semble que les patients n'avaient pas consommé ces produits.
À la lumière de ces nouveaux renseignements, le Bureau de la salubrité et des rappels d'aliments de l'AClA a tenu une téléconférence le 13 août afin de réunir les responsables de tous les ordres de gouvernement–municipal, provincial et fédéral– pour examiner tous les résultats de laboratoire et les renseignements épidémiologiques. Un plan d'échantillonnage détaillé visant tous les produits fabriqués sur les mêmes chaînes de production a été partagé avec toutes les parties afin de les aider à repérer et à recueillir des échantillons au cours des deux jours suivants à des fins d'analyses au laboratoire de l'ACIA à Scarborough. Les appels ont continué au cours des deux jours suivants afin de faciliter l’échange et l'analyse des renseignements, et de déterminer, collectivement, si les preuves justifiaient la diffusion d'une mise en garde ou un rappel d'aliments.
Le samedi 16 août au soir, le laboratoire de l'ACIA a confirmé la présence de Listeria monocytogenes dans l'échantillon prélevé le 12 août. Même si les résultats du typage moléculaire n'allaient pas être connus avant sept jours pour confirmer que l'isolat des produits de viande correspondait à ceux des cas de maladie, un avis public a été diffusé au petit matin le 17 août.
Je voudrais prendre quelques instants pour parler d'un élément de nos activités d'inspection qui a souvent été cité comme étant lié aux problèmes de listériose de l'été dernier.
L'une des techniques qu'ont adoptées les gouvernements du monde entier pour cerner et prévenir efficacement les risques liés à la salubrité des aliments s'appelle le système d'analyse des dangers et maîtrise des points critiques, ou HACCP.
[Français]
Son utilisation est obligatoire dans les établissements de transformation agréés par le gouvernement fédéral depuis 2005. Il s'agit d'un système normalisé reconnu à l'échelle internationale et utilisé par la plupart des pays développés. Il est absolument essentiel de mettre l'accent sur la prévention pour limiter la contamination potentielle des produits de viande par des pathogènes comme la bactérie Listeria étant donné leur présence dans l'environnement. Les méthodes d'inspection physique traditionnelles ne sont pas efficaces puisque la présence des pathogènes ne peut pas être détectée par les moyens sensoriels comme la vue, le goût, le toucher et l'odorat.
Le HACCP permet de déterminer à quelles étapes de la production alimentaire les problèmes de salubrité sont susceptibles de se manifester. Des vérifications de la salubrité sont établies à ces étapes afin de prévenir et de détecter rapidement les problèmes. Si un problème est constaté, des mesures correctives sont prises immédiatement. Ce processus met l'accent sur la prévention des risques plutôt que sur la détection « après coup » des problèmes dans les produits finis.
[Traduction]
Il ne s'agit pas là de privatisation. Cela sert à responsabiliser davantage l'industrie face à la salubrité des aliments qu'elle produit. Le rôle et les investissements du gouvernement n'ont pas été, ne sont pas, et ne seront pas diminués à cause de l'utilisation obligatoire du HACCP. L'établissement de normes, la vérification de la conformité et l'application de la loi par le gouvernement demeurent inchangés.
À l'ACIA, nous utilisons un cadre d'inspection et un ensemble d'outils appelés Système de vérification de la conformité, ou SVC. Ce système, qui est essentiellement une liste de contrôle détaillée pour les inspecteurs, assure la cohérence et l'uniformité de nos activités d'inspection et établit la fréquence de nos inspections. Encore une fois, le SVC ne change aucunement le rôle du gouvernement en ce qui a trait à l'établissement de normes de salubrité des aliments, à la vérification de la conformité avec les exigences en matière de salubrité alimentaire, et à l'application de la loi.
Je voudrais maintenant vous informer des mesures prises par l'AClA à la suite des événements de l'été dernier pour lutter contre la bactérie Listeria et améliorer la salubrité des aliments dans le cadre de notre engagement à l'égard de l'amélioration continue. Notre examen des événements de l'été dernier a fait ressortir la nécessité d'améliorer les protocoles et les activités afin de renforcer la protection contre ce pathogène potentiellement mortel. Nous devons, en même temps, poursuivre les travaux importants en matière de lutte contre d'autres microbes qui menacent l'approvisionnement alimentaire. Cela ne doit pas être une mesure ponctuelle.
Plus particulièrement, nous avons cerné un risque antérieurement inconnu, lié au fait que des matières organiques restent logées profondément dans les machines à trancher, malgré le nettoyage et la désinfection courants. Nous avons donc ordonné à l'industrie de nettoyer plus rigoureusement et complètement l'équipement utilisé pour trancher la viande. Nous avons amélioré la surveillance et la vérification directes, par l'ACIA, des activités de désinfection et d'entretien de l'équipement. L'analyse de l'environnement pour le dépistage de Listeria dans les établissements qui produisent des viandes prêtes-à-manger fait maintenant obligatoirement partie d'un plan HACCP approuvé. Les résultats de toutes les analyses de l'environnement, ainsi que les résultats de l'échantillonnage obligatoire des produits finis, sont examinés quotidiennement. Nous analysons les tendances lorsque les analyses de l'environnement donnent des résultats positifs pour la présence de Listeria. L'examen de l'ensemble des analyses de l'environnement sur une certaine période nous permettra de cerner rapidement les problèmes potentiels et de faire en sorte que des mesures correctives soient prises avant que la bactérie soit dépistée dans des aliments. L'analyse de l'environnement a été réintégrée dans les tâches d'inspection de l'ACIA. Cette analyse, ainsi que l'analyse des produits finis par le gouvernement, se font maintenant plus fréquemment. Des investissements ont aussi été faits au laboratoire afin de permettre la validation continue des nouvelles méthodes d'essai et d'augmenter la capacité d'analyse de l'empreinte génétique des isolats.
[Français]
L'ACIA a collaboré avec Santé Canada pour mettre à jour les directives relatives au contrôle de la bactérie Listeria dans les établissements de transformation de viandes prêtes-à-manger agréés par le fédéral. Les directives renforcées mettent l'accent sur la détection précoce et le contrôle de la bactérie Listeria dans l'environnement afin de prévenir le transfert de la bactérie aux surfaces en contact avec des aliments et aux aliments mêmes. L'ACIA a présenté les nouvelles directives et les stratégies de mise en oeuvre à des scientifiques en matière de salubrité des aliments, à des spécialistes de l'industrie, à des inspecteurs et aux syndicats concernés, afin d'en discuter et de les perfectionner.
La mise en oeuvre des nouveaux programmes gouvernementaux d'échantillonnage des produits et de l'environnement a été terminée le 1er avril 2009. L'ACIA encouragera également nos partenaires commerciaux à mettre en oeuvre des mesures équivalentes, en plus des vérifications additionnelles sur les produits importés au Canada.
[Traduction]
Prises ensemble, ces mesures aideront à atténuer le risque qu'une autre éclosion de ce type se produise. Elles amélioreront la surveillance des tendances et des changements relatifs à la présence de pathogènes microbiens dans les établissements de transformation des viandes agréés par le gouvernement fédéral.
Pour conclure, il faut souligner que Listeria, comme d'autres bactéries, se trouve couramment dans les environnements de production d'aliments. Elle peut et doit être contrôlée, mais elle ne peut pas être complètement éliminée. Le contrôle de cette bactérie exige un effort soutenu, ainsi qu'un engagement collectif. Nous apprécions le travail de votre comité ainsi que sa contribution visant à orienter les investissements futurs pour protéger les Canadiens.
Merci beaucoup de m'avoir accordé votre temps aujourd'hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président. Merci à vous tous d'être venus. Nous vous sommes reconnaissants de nous avoir fait part de vos observations.
J'ai du mal à comprendre l'absence de coordination en ce qui a trait à l'enquête. L'ACIA, Santé Canada et l'Agence de santé publique du Canada ont toutes participé à l'élaboration de la planification en cas de pandémie, par exemple. Les questions fondamentales demeurent les mêmes: quelle est l'autorité responsable? Quelle est la structure hiérarchique? Quel est le cycle de communication? J'ai l'impression que, pendant la crise de la listériose, nous avons commis les mêmes erreurs que pendant l'épisode du SRAS.
Nous venons tout juste d'entendre les représentants de Maple Leaf, qui ont invoqué la responsabilité conjointe de l'entreprise et de l'autorité gouvernementale. Dans le cas du SRAS, nous parlions plutôt de compréhension commune, de responsabilité conjointe et d'échange des leçons apprises. Je vous sais gré d'avoir expliqué en détails les mesures que vous prendrez dans l'avenir. Vous avez indiqué avoir examiné froidement ce qui s'était passé et avoir pris immédiatement des mesures. Je n'ai pas entendu le mot « responsabilité ».
Ma question portera sur le leadership et sur l'entité qui devait l'assumer. Quelle surveillance le gouvernement a-t-il exercée? Je vais vous donner quelques exemples. Je vais vous demander un peu d'indulgence puisque les dates diffèrent selon les rapports.
Le 13 août, l'ACIA a informé la division de la santé publique et l'ASPC du fait que Maple Leaf était le fabricant concerné. Pourquoi a-t-il fallu attendre deux jours avant que le service de santé de la région de Halton ne publie une mise en garde pour informer la population locale de la possibilité d'un lien entre les cas de maladie signalés et les produits Maple Leaf? Pourquoi l'ACIA n'a-t-elle pas affiché une mise en garde sur son site Web? Pourquoi n'y a-t-il eu aucune discussion entre les partenaires ni aucune communication de mise en garde au public le 13 août? Pourquoi l'ACIA n'a-t-elle affiché une mise en garde sur son site Web que quatre jours plus tard, le 17 août? Quelles autres méthodes a-t-elle employées pour informer le public? Pourquoi l'ACIA a-t-elle attendu jusqu'au 19 août avant de publier un avertissement de danger pour la santé informant le public de ne pas consommer 23 produits de charcuterie prêts-à-manger emballés à l'usine de Maple Leaf?
Ce que je m'apprête à dire concerne non pas l'ACIA, mais, encore une fois, la surveillance gouvernementale. Pourquoi le médecin-hygiéniste en chef a-t-il attendu jusqu'au 20 août avant de publier un communiqué à l'intention du public? Pourquoi le médecin-hygiéniste en chef a-t-il attendu jusqu'au 21 août avant d'indiquer aux RLISS qu'ils devaient veiller à ce que les produits inscrits sur la liste de l'ACIA soient détruits? Il a fallu attendre encore plus tard avant que le médecin-hygiéniste en chef ne demande l'élaboration de lignes directrices en matière de pratiques cliniques à l'intention des médecins. Il s'agit là de véritables préoccupations. Il s'agit de surveillance gouvernementale.
Je vais vous donner un autre exemple. Il s'agit d'un commentaire tiré d'un rapport des autorités de l'Ontario. Puisque les services de santé publique locaux et provinciaux ne participaient pas directement à l'inspection de l'usine, il était difficile pour eux d'obtenir des renseignements quant aux processus de production de l'usine et à la mesure dans laquelle des produits contaminés avaient été distribués dans la province. Pourquoi cela a-t-il été difficile? Qui a fait en sorte que cela soit difficile? Comment ces obstacles auraient-ils pu être surmontés?
Mes questions concernent effectivement la surveillance gouvernementale.
:
Je m'excuse auprès de ma collègue. Nous aurons peut-être l'occasion de nous reprendre à un autre tour.
Encore une fois, comme Carole l'a indiqué, ce qui est véritablement important, c'est de mettre tous les éléments en contexte, non pas seulement le rôle joué par chaque intervenant, mais également les renseignements dont disposaient les intervenants, pris isolément et pris collectivement. D'après les chiffres dont nous disposons, 22 personnes sont décédées, et 57 autres ont été intoxiquées, et cela est inacceptable. Cela est tragique. Des décès qui auraient pu être évités sont survenus, et cela est inacceptable. À l'ACIA, nous avons adopté la ligne de conduite selon laquelle toute intoxication alimentaire est inacceptable, bien qu'il s'agisse d'une norme probablement irréaliste.
Comme l'a indiqué vendredi le Dr Williams, les événements dont nous parlons se sont déroulés en temps réel. Une personne consomme un produit, contracte une maladie clinique et prend la décision de consulter un médecin — tout ce processus prend du temps. Ensuite, la communauté médicale doit décider, si elle reçoit des patients, de traiter les symptômes ou d'effectuer des tests. Si cette dernière option est privilégiée, il faut attendre avant de recevoir les résultats, de les analyser et de les rassembler. C'est un processus qui exige du temps.
Pour ce qui est de l'ACIA, nous avons appris une chose. Le 6 août, un service de santé publique nous a avisés du fait que deux personnes se trouvant dans un établissement étaient tombées malades. C'est à partir de cette information que nous avons déclenché diverses enquêtes. Comme pourraient vous le dire la plupart des experts en matière de salubrité des aliments, la majorité des intoxications alimentaires sont attribuables à la préparation et à la manipulation des aliments, et non pas à leur production. Ainsi, nous avons d'abord évalué que seuls quelques membres de l'établissement de soins infirmiers qui avaient consommé le produit en question, provenant d'une source unique, étaient tombés malades. Il n'y avait donc rien qui pouvait laisser croire que cela allait prendre de l'ampleur et entraîner les résultats que l'on sait, comme nous le dira, je l'espère, l'ASPC.
En fait, le premier cas confirmé de décès lié à cette éclosion a été annoncé le 23 août, une semaine complète après le début du processus de rappel. Comme nous l'avons indiqué, ce qui a amené les administrations à travailler de concert, c'est le fait qu'un second service de santé publique d'une autre région a communiqué avec l'ACIA le 12 août pour indiquer que deux patients malades étaient hospitalisés. Je tiens à souligner de nouveau que cela ne représentait pas une épidémie, au sens habituel du terme, au sein d'une population entière, ni même au sein de la population vivant dans les établissements en question. Avant de prendre la décision de publier une mise en garde et d'alerter la population, il était crucial de pouvoir fournir des renseignements dignes de foi permettant aux citoyens de prendre les mesures qui s'imposent pour se protéger et protéger leur famille, que ce soit en adoptant des comportements appropriés et en faisant des achats avisés.
Dans cette mesure, de notre point de vue, la décision de publier une mise en garde... Chaque administration concernée avait le pouvoir d'agir au moment où elle estimait que le point critique avait été atteint. Cela faisait partie des discussions au quotidien, et nous n'en sommes pas arrivés à un consensus sur la question de savoir si le moment était venu d'agir. Pour être honnête, si nous n'en sommes pas arrivés à un consensus, c'est principalement parce qu'il faut tenir compte d'expériences très récentes que nous avons traversées pour répondre à cette question. Nous avons parlé plus tôt de l'éclosion de salmonella Saintpaul aux États-Unis l'an dernier, qui a duré pendant sept mois environ. On a d'abord cru que cette bactérie se trouvait dans des tomates, alors que, en fin de compte, il s'est révélé qu'elle se trouvait dans des piments.
Nous nous sommes aussi inspirés du fait qu'une étude épidémiologique avait, il y a quelques années, mené à la conclusion que des fraises de Californie avaient été infectées par Cyclospora. Après la publication d'une mise en garde, la population avait modifié ses habitudes d'achat, se tournant vers d'autres produits. L'un de ces produits était les framboises. Au bout du compte, il a été déterminé que les framboises du Guatemala étaient la véritable source de l'éclosion.
Ainsi, nous sommes conscients du fait qu'il est important et capital de fournir des renseignements à la population au moment où nous estimons que ces renseignements les protégeront et leur permettront de prendre des décisions appropriées. Quant au fait de fournir des renseignements que nous ne pouvons pas valider et qui pourraient faire courir à la population des risques plus élevés encore ou entraîner des modifications de comportement... Je répète que la décision avait été prise non pas isolément, mais en consultation avec les plus éminents experts de diverses administrations.
:
Merci de votre question.
Au moment que vous avez indiqué, deux inspecteurs se trouvaient à l'usine de Maple Leaf du chemin Bartor. Il y avait deux quarts de travail. Un inspecteur se trouvait sur les lieux pendant le quart de jour, et l'autre, pendant le quart du soir. Il est vrai, comme vous l'avez mentionné, monsieur Bellavance, que l'inspecteur qui travaillait de jour avait sept installations à examiner. Sa principale responsabilité était l'usine du chemin Bartor, où se trouvait son bureau. Il travaillait depuis cette usine, où il passait la majeure partie de son temps.
En fait, quatre des sept installations évoquées n'étaient pas véritablement des usines. Il s'agit d'entrepôts frigorifiques enregistrés auprès du gouvernement fédéral, dont le contenu est composé de produits devant être certifiés avant d'être exportés ou de produits importés qui doivent être inspectés. Il s'agit d'un travail important, mais qui n'exige pas autant de temps que l'inspection d'une usine.
En ce qui concerne la charge de travail et les activités dans l'usine, les inspecteurs utilisaient le système de vérification de la conformité, évoqué par le Dr. Evans, qui énonce très clairement les tâches que doit effectuer chaque inspecteur et les secteurs de risque à cibler. Ce système concerne principalement certaines parties de l'usine et certaines fonctions, comme la désinfection, l'hygiène des employés et la construction — ce genre de choses. Dans l'usine en question, ces tâches ont été menées à bien par les deux inspecteurs dont je vous parle, conformément au programme. Ils ont certainement été très occupés, mais ils ont effectué toutes ces tâches, et nous avons des documents qui l'attestent.
Quant au temps passé dans l'usine, il s'agit d'un sujet dont nous avons beaucoup parlé depuis l'été dernier. Il semblerait que les inspecteurs n'ont pas la possibilité de circuler dans l'usine, d'examiner la construction, de discuter avec les employés et de vérifier le matériel. Tout cela fait partie intégrante du travail d'un inspecteur.
L'automne dernier, j'ai eu l'occasion de traverser le pays et de rencontrer plus de 100 inspecteurs. Avec eux, j'ai abordé ce problème et d'autres questions très importantes, et j'ai cherché à connaître leur opinion. La grande majorité des inspecteurs s'entendent pour dire que le système de vérification de la conformité est un bon système. Il y a eu quelques problèmes au départ, mais les inspecteurs ont pu passer suffisamment de temps dans l'usine. Selon nos dossiers, les inspecteurs y passent environ la moitié de leur temps. Ils examinent l'ensemble du système. Ils examinent les dossiers de l'usine et s'assurent de leur justesse. Ils se rendent dans l'usine pour vérifier que les pratiques sont en conformité avec les principes.
:
Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être venus.
Permettez-moi de répéter une phrase qui a été prononcée plus tôt: « C'est par nous que la plupart des Canadiennes et Canadiens ont entendu parler de Listeria pour la première fois, même si elle est largement répandue. » Cette phrase a été prononcée par Michael McCain plus tôt au cours de la soirée. Cela soulève la question, à tout le moins en ce qui me concerne, au nom des Canadiens... À titre de porte-parole et président-directeur général de Maple Leaf, M. McCain a assurément une responsabilité à assumer. Il avait peut-être envie d'en parler, et il l'a effectivement fait. Mais où se trouvaient les responsables des organismes gouvernementaux, par exemple l'ACIA, ou si vous préférez, le ministre de l'Agriculture, qui est responsable de l'ACIA, ou le ministre de la Santé, qui est responsable de la santé au pays? Où se trouvaient toutes ces personnes pendant le processus?
D'après moi, si vous vous rendez sur la rue Wellington et que vous demandez à dix Canadiens choisis au hasard de vous indiquer quelles instances les ont informés à propos de la listériose, ils vous répondront Maple Leaf ou Michael McCain. À mes yeux, le fait que le PDG de l'entreprise concernée soit considéré comme le véritable porte-parole représente une condamnation du travail effectué par le gouvernement et des systèmes que nous avons mis en place pour protéger les Canadiens. Si bien intentionné, si sincère et si honnête qu'il ait été, cela n'était pas sa responsabilité. Sa responsabilité consistait à parler au nom de Maple Leaf, et il l'a fait. Quant à nous, nous avions une responsabilité envers les Canadiens, et il me semble que nous avons échoué. J'aimerais obtenir une réaction à ce sujet.
Je vais m'adresser à M. Prince puisqu'il est le gestionnaire de l'exploitation. J'ai deux ou trois questions à vous poser. J'ignore si vous êtes en mesure d'y répondre à ce moment-ci, mais vous pourrez nous revenir là-dessus, comme l'a dit M. Bellavance. À la Chambre, le ministre nous a informés du fait que 200 nouveaux inspecteurs avaient été embauchés. Pouvez-vous m'indiquer combien d'entre eux sont affectés à l'inspection de la viande et combien d'entre eux sont affectés à l'inspection de l'usine?
Nous avons également entendu parler de l'embauche de 58 inspecteurs supplémentaires. Ont-ils déjà été embauchés et, le cas échéant, sont-ils affectés à l'inspection des viandes ou à d'autres tâches? Comme vous l'avez indiqué pendant votre déclaration préliminaire, vous effectuez bien d'autres tâches que la simple inspection des viandes, ce qui est de la plus haute importance. Vous examinez les produits importés, les végétaux importés et les espèces étrangères d'insectes qui pourraient avoir un effet dévastateur partout au pays. Vous effectuez donc toutes sortes de tâches. En outre, certains de vos spécialistes travaillent dans des laboratoires et à toutes sortes d'autres endroits. Lorsqu'on pense à un employé de l'ACIA, on pense parfois que l'effectif entier est affecté à l'inspection des viandes ou des aliments, mais ce n'est pas nécessairement le cas.
Pouvez-vous faire des observations sur ces deux questions?
:
Je remercie l'honorable député.
Très brièvement, sur la question abordée par M. Michael McCain, je crois, c'est-à-dire la sensibilisation des consommateurs, c'est un élément très important d'un bon système de vérification de la salubrité des aliments. Nous avons assurément l'obligation d'informer les Canadiens au sujet des risques auxquels ils font face et des mesures qu'on prend pour atténuer ces risques.
Pour ce qui est de la listériose, et la bactérie Listeria en tant que telle, la population a été avisée, en fait, et il y a des articles sur Listeria dans le site Web de Santé Canada depuis longtemps. La question qui se pose est la suivante: faisons-nous en sorte que l'information demeure à jour et que les Canadiens s'y intéressent? Je pense que c'est une question tout à fait valable que nous devons nous poser ensemble. Chose certaine, cependant, de l'information est offerte aux Canadiens sur le site Web et dans le site « Canadiens en santé » et sur les risques liés à Listeria, surtout pour les populations vulnérables, les personnes immunodéprimées, les gens âgés, les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Cette information est donc accessible, mais nous devons faire en sorte qu'elle demeure accessible et crédible en tout temps pour que les gens comprennent bien les risques qui existent et ce qu'ils peuvent faire pour s'assurer de bien manipuler les aliments, afin de se prémunir non seulement contre Listeria, mais je dirais aussi de la même façon contre E. coli, la salmonelle et la campylobactérie. Comme on l'a dit, ce sont des risques qu'on ne peut détecter à la vue, à l'odeur, au goût ou au toucher. Il faut donc savoir que ces risques existent, et il faut prendre toutes les précautions nécessaires.
Je répète que nous admettons sans réserve qu'il est de notre devoir de sensibiliser et d'informer les gens, ainsi que de nous informer nous-mêmes.
Je comprends ce que vous dites au sujet du volet de sensibilisation, et c'est admirable, mais ne faisons pas l'erreur de penser que tout le monde a accès à Internet. Il y a beaucoup de Canadiens qui n'y ont pas accès. En fait, j'ai moi-même cessé d'utiliser ma connexion l'été dernier. L'époque de l'accès par ligne commutée est terminée. Et je sais très bien comment utiliser mon accès. Je possède l'équipement nécessaire. Je n'ai pas besoin d'aller à la bibliothèque, contrairement à beaucoup de gens.
C'est donc une autre question qui se pose, mais il est clair que, lorsque nous examinons la situation où Maple Leaf, lorsque Michael McCain, à titre de PDG de l'entreprise, a pensé qu'il devait faire quelque chose publiquement, contrairement à nous, il a communiqué ouvertement ce qu'il savait par tous les moyens auxquels il avait accès — par l'intermédiaire d'un site Web, des journalistes, de conférences de presse —, et il a pris la responsabilité du dossier de la listériose devant la population. Il s'agit d'un particulier et de la personne qui exploite une entreprise touchée par ce problème.
Où était notre responsable de ce dossier à l'échelle nationale, la personne chargée de s'assurer que nous diffusions l'information? Je l'ai dit à M. McCain, et je vais le répéter: je pense qu'il a fait tout ce qu'il était humainement possible de faire et qu'il a été aussi ouvert et honnête qu'il était humainement possible de l'être, mais c'est de son usine que venaient les aliments contaminés. Comment rétablir la confiance de la population, si ce n'est pas nous qui l'amenons à avoir foi et confiance dans le processus, lorsqu'une personne du secteur privé touchée par le problème dit... Nous aurions pu compléter... en fait, c'est nous qui aurions dû prendre l'initiative. Il aurait joint sa voix à la nôtre, et ça aurait été nous qui aurions expliqué aux gens ce qu'il fallait faire, ce qui se passait, le rappel, la suite du processus et nous aurions vraiment pu aider M. McCain et Maple Leaf en validant toutes les mesures pertinentes qui ont été prises. Ce n'est pas ce que j'ai vu, les gens de ma circonscription avec qui j'ai discuté m'ont dit que ce n'est pas ce qu'ils ont vu non plus. Je me demande pourquoi nous n'avons pas agi de la sorte.
:
Je pense que l'ACIA comme la population canadienne reconnaît le travail extraordinaire qu'a fait M. McCain pour communiquer les enjeux aux Canadiens en temps opportun et de façon très responsable et transparente. Il mérite des félicitations. Nous encourageons tous les dirigeants de l'industrie et du gouvernement à suivre son exemple.
Je suis en mesure d'affirmer en toute sincérité devant vous que les mesures prises pour informer la population ne sont pas limitées à Internet, c'est certain. Pendant la période en question, notre unité de rappel d'aliments a reçu plus de 400 appels des médias, je crois, auxquels des spécialistes de la salubrité des aliments de l'agence ont répondu dans le but de transmettre l'information à la presse. En outre, après la diffusion du premier communiqué, au moment où nous avons annoncé un rappel élargi, le 23 août, je crois, comme l'autre honorable député l'a souligné, à partir de ce moment-là, l'administrateur en chef de la santé publique, Dr David Butler-Jones, a commencé à tenir des séances d'information technique afin de communiquer l'information au sujet de Listeria et des événements qui se déroulaient.
Il y a eu aussi une séance d'information à laquelle ont participé le ministre Ritz et certains membres de notre personnel technique, et on a tenu des séances d'information technique quotidiennes pendant 14 jours, fin août, début septembre. Tous les jours, donc, des fonctionnaires étaient là pour répondre aux questions, les journalistes étaient avisés, et nous avons mis des gens à leur disposition pour diffuser l'information au sujet de la progression du rappel, des mesures prises, de l'identification des produits, dans le but d'aider les Canadiens, de leur rappeler... encore une fois, à cette période de l'année, si les gens se trouvaient au chalet et que, pour une raison ou pour une autre, ils n'étaient pas au courant du problème, il fallait leur dire ce qu'ils devaient vérifier. Il fallait leur dire de jeter un coup d'oeil sur le contenu du congélateur à la maison, et, pendant le long week-end, il fallait aussi qu'ils vérifient le contenu du réfrigérateur au chalet.
Je comprends donc qu'on dise que les messages n'ont peut-être pas été entendus, mais, chose certaine, il y a eu un effort concerté et des investissements considérables de la part de beaucoup de gens dans le but de répondre aux questions des médias et d'essayer de faire parvenir l'information aux Canadiens. La leçon que nous avons tirée de tout ça, c'est que, manifestement, nous n'avons pas été à la hauteur, et nous devons essayer de comprendre pourquoi.
:
Je peux vous donner un avis scientifique éclairé; je ne peux cependant pas m'avancer à dire que c'est sûr que nous aurions découvert le problème.
Encore une fois, je pense que, ce qui est difficile, par rapport aux conséquences de ce qui s'est produit l'été dernier, c'est qu'il y avait des inconnues quant à la possibilité que les trancheuses et l'équipement... Ce qui s'est passé l'été dernier était le fruit de plusieurs facteurs. Beaucoup de facteurs ont contribué à créer la situation. Je pense que M. McCain et d'autres, et même l'évaluation que nous avons nous-mêmes faite en plus de l'enquête menée par Maple Leaf, ont montré qu'un certain nombre de facteurs étaient en jeu à l'usine, c'est-à-dire le déplacement des produits, le déplacement des personnes, l'endroit où se trouvaient les ascenseurs, les déplacements en pression positive, ainsi que d'autres choses qui ont été relevées par rapport à l'équipement.
Cela dit, ce qui est capital, dans toute cette affaire, c'est ce qui a été découvert, au bout du compte, c'est-à-dire que, malgré le processus de nettoyage, désinfection et démontage de l'équipement, conformément aux spécifications du fabricant, au-delà des surfaces de coupe et de contact, une nouvelle menace, un nouveau problème a été relevé dans ce cas précis, quelque chose que nous ne connaissions pas et qui pouvait s'incruster profondément dans l'équipement et très loin des endroits où l'activité se déroule normalement. Tout ça, en plus du fait qu'un produit qui est véritablement connu pour avoir des répercussions plus importantes sur la santé des populations vulnérables...
Une partie de la tragédie, là-dedans, c'est que la vaste majorité des gens qui sont morts ou qui ont été malades l'an dernier appartenaient à une population vulnérable. Le fait que les produits en question étaient servis dans des établissements sans être cuits, avec d'autres facteurs, est un autre élément d'une importance capitale dans cette affaire.
Alors dire que le fait d'effectuer une analyse de l'environnement deux fois l'an aurait permis de détecter le problème... Je soupçonne que ça n'aurait pas enrayé ce problème à l'usine.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux également remercier nos témoins de s'être présentés.
Je dois m'opposer à ce que M. Easter a dit. Il voudrait que le ministre et les ministères fédéraux portent le blâme seuls et, essentiellement, il dit que certaines personnes ne jouent pas leur rôle. Eh bien, le ministre de l'Agriculture a tenu des conférences de presse chaque jour du 24 août au 5 septembre pour expliquer à la population ce qui se passait exactement.
Alors si M. Easter veut montrer des gens du doigt, il faudrait peut-être qu'il se regarde dans le miroir. Lorsqu'il était secrétaire parlementaire du ministre de l'Agriculture, en 2005, ce sont eux qui ont supprimé les fonds consacrés aux analyses de l'environnement obligatoires pour détecter la listériose. Donc, s'il souhaite vraiment avoir une vue d'ensemble sur la question, il faut aussi qu'il se place parmi les suspects, pour que nous puissions vraiment aller au fond de l'affaire.
Je veux revenir sur la remarque que le Dr Evans faisait. Je pense que la remarque que vous avez faite au sujet du HACCP est importante. Je sais que, dans le cadre de ce processus, l'été dernier, on parlait beaucoup dans les médias et dans l'opposition de ce que le HACCP est un exemple de privatisation. Je suis heureux que vous ayez dit qu'il n'y a pas de lien réel avec la privatisation. C'est une démarche qui est utilisée depuis 15 ou 20 ans, c'est-à-dire depuis que le protocole de HACCP a été mis au point et appliqué dans le secteur de la transformation de la viande et dans le secteur de la transformation des aliments. Nous en parlions même pour l'exploitation agricole, de faire ces choses en plus d'appliquer le HACCP dans les exploitations agricoles, en signalant qu'il s'agit essentiellement d'un accroissement de la responsabilisation et que ça laisse des traces écrites.
Si le HACCP n'était pas en place, donc, est-ce qu'on aurait détecté les cas de listériose et pris conscience de la situation plus rapidement, ou est-ce que c'est quelqu'un d'autre qui se serait penché sur le problème? Est-ce que ça aurait passé entre les mailles du filet et est-ce que ça vous aurait rendu la tâche plus difficile?
:
Merci, monsieur le président.
Je vais poser plusieurs questions. La première porte sur les analyses en laboratoire.
Y a-t-il un moyen pour le gouvernement fédéral de rationaliser les étapes de l'analyse relative à la listériose des hôpitaux et des laboratoires privés au Laboratoire de santé publique de l'Ontario et au Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, par exemple, pour ce qui est des empreintes génétiques? Quels sont les systèmes en place pour les cas où l'un ou plusieurs de ces laboratoires ne sont pas accessibles? Quelles sont les mesures que le gouvernement fédéral pourrait prendre pour accroître la capacité des laboratoires régionaux?
J'ai aussi quelques questions plus précises. Pourquoi a-t-on attendu — jusqu'au 13 août — pour demander des échantillons n'ayant pas été ouverts à Maple Leaf, si les premiers résultats concernant les aliments avaient été obtenus le 6 août?
Pourquoi l'ACIA, ou mieux encore, le médecin-hygiéniste en chef, n'a-t-il pas ordonné un rappel des produits de viande emballés? Pourquoi a-t-on laissé à l'entreprise le soin de le faire? Aussi, pourquoi ce rappel était-il volontaire?
Je me demande s'il y a une norme minimale, c'est-à-dire un nombre de cas, d'échantillons d'aliments contaminés, de décès, un nombre de cas plus élevé que la moyenne, qui auraient soulevé des préoccupations au sujet de la listériose et déclenché par la suite la diffusion d'avis sanitaires auprès de la population.
Si je peux poser une dernière question, je pense que nous sommes tous très satisfaits de la façon dont Maple Leaf a réagi. Il y a cependant une chose qui cloche. Maple-Leaf a fait un rappel volontaire, fermé temporairement l'usine et présenté des excuses à la population, le gouvernement ne l'ayant pas fait. Lorsque Maple Leaf a avisé des consommateurs choisis et leur a demandé de ne pas consommer les produits portant les mêmes codes que l'échantillon recueilli à Toronto, pourquoi ne pas avoir diffusé un avis public? Qu'a-t-on voulu dire par « consommateur choisi »? Est-ce que c'est l'ensemble des consommateurs? Sinon, qui était exclu? Quels sont les systèmes en place pour déterminer le nombre d'endroits et d'établissements ayant reçu les produits pendant la crise?
Merci.
:
J'aimerais répondre à la première question, celle qui concerne la capacité des laboratoires, puis je demanderais à Paul Mayers de répondre aux autres questions posées par la députée.
En ce qui concerne la capacité des laboratoires, la rationalisation des analyses, et ainsi de suite, ça revient en grande partie à la question que vous avez posée au sujet de la possibilité d'assurer une coordination. Comme nous l'avons dit, nous avons essayé d'être très francs dans notre rapport, puisque la situation exige que nous soyons très francs, compte tenu de ce qui s'est passé.
Nous avons des laboratoires en région. Nous avons un laboratoire spécialisé dans l'analyse des aliments à Scarborough depuis les événements en question, et ce laboratoire a joué un rôle essentiel dans l'analyse de certains échantillons d'aliments à partir du moment où l'ACIA a commencé à s'occuper du dossier, c'est-à-dire à partir du 6, parce que le laboratoire a la capacité de faire l'analyse de cultures pour vérifier la présence de Listeria. En vérité, c'est l'échantillon que nous avons soumis à ce laboratoire le 12 et qui nous a été renvoyé le 16, quatre jours plus tard, qui est à l'origine de l'avis que nous avons diffusé et du rappel volontaire.
Pour ce qui est des systèmes auxiliaires, non seulement nous avons accru la capacité de notre laboratoire, mais en plus, ce laboratoire peut fonctionner 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et c'est ce qui arrive lorsque nous menons une enquête. En outre, nous avons accru sa capacité en le faisant accréditer pour l'électrophorèse en champ pulsé ou pour l'analyse de l'empreinte génétique, de façon à ce que ça puisse être fait sur place, plutôt qu'à plusieurs endroits. À nos yeux, nous offrons donc un soutien fédéral dans la région, si l'administration provinciale décide de s'engager dans cette voie.
À l'ACIA, nous allons continuer de travailler en parallèle avec Santé Canada, parce que, ce qui ressort aussi de tout ça, c'est que nous devons continuer à investir dans la mise au point de méthodes d'analyse. Il faut que nous trouvions une méthode que nous pourrons appliquer soit aux produits alimentaires soit aux surfaces de contact et qui nous permettra d'obtenir des résultats plus rapidement que l'analyse des cultures, qui est la norme la plus élevée à l'heure actuelle.
Malgré ce que les gens du gouvernement prétendent, quand on parle de l'enquête menée par Mme Weatherhill, ce n'est pas sa compétence qu'on met en cause mais bien le manque de transparence de cette enquête mise sur pied par le gouvernement. La dame, qui va mener ses interrogatoires en privé, n'est redevable qu'envers le ou le Bureau du premier ministre. C'est à lui qu'elle va remettre son rapport au mois de juillet prochain, semble-t-il. Or, ni la population ni les parlementaires ne seront vraiment au courant de ce qui se passe. Je voulais préciser cela parce que la transparence est en quelque sorte la raison d'être de ce sous-comité.
Dans le cadre des dossiers qui ont été établis depuis le début de la crise de la listériose, des interrogations, des zones grises persistent quant au rôle de l'agence, aux rencontres qu'elle a pu tenir et aux informations encore cachées. Vous êtes ici, monsieur Evans, et ça tombe bien parce que vous avez justement été au centre d'une controverse à cet égard. En effet, une rencontre avec les gens de Maple Leaf a eu lieu le 24 juillet 2008. Cette controverse n'aurait peut-être pas pris une telle ampleur si vous et les gens de Maple Leaf aviez admis qu'il avait été question de la listériose lors de cette rencontre. Il faut dire que celle-ci s'est tenue deux semaines avant qu'on apprenne que cet agent pathogène avait été découvert à l'usine Maple Leaf de Toronto.
Selon des articles que j'ai sous la main, les deux parties, soit l'agence et la compagnie, ont nié au départ qu'il avait été question de Listeria et de bactéries en général lors de cette discussion. D'abord, je me demande pourquoi vous avez nié cela pour admettre après coup qu'il en avait été question, mais que la discussion ne portait pas tout à fait sur ce dossier. Il reste que selon l'opinion publique, vous avez nié que cette discussion avait eu lieu.
De plus, des informations ont été rendues publiques à la suite d'une demande des médias en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, mais l'Agence canadienne d'inspection des aliments en avait masqué certaines. J'aimerais savoir si vous êtes prêt aujourd'hui à faire preuve de transparence en nous disant quelles étaient ces informations et pourquoi elles étaient masquées. Quelqu'un de l'agence a émis quelques commentaires, mais a ensuite refusé d'en dire davantage. Au bureau du ministre Ritz, on a refusé de faire le moindre commentaire. Il s'agit ici de transparence. On parle d'un événement ayant causé la mort de 21 personnes et de la confiance de la population envers notre système de salubrité alimentaire, qui a été mise à mal en raison de ce qui s'est passé.
Au sous-comité, on essaie de savoir ce qui s'est passé, mais on tient aussi à faire en sorte que, dans la mesure du possible, une telle chose ne se reproduise pas. On veut que tout le monde soit capable d'admettre ses erreurs et ses responsabilités. C'est pourquoi je vous demande aujourd'hui si vous pouvez nous dire de quoi il a été question pendant la réunion du 24 juillet dernier et, si des éléments sont encore cachés, pourquoi ils le sont. J'aimerais savoir si vous pouvez les divulguer. Je vous le dis, si on obtient des réponses satisfaisantes, on passera à autre chose.
:
Merci, monsieur Bellavance. C'est une question très importante.
J'ai comparu devant le comité à de multiples occasions. J'espère que celui-ci ne remet pas en doute mon engagement envers la fonction publique et envers les Canadiens.
J'aimerais préciser très clairement qu'il y a bel et bien eu une réunion, le 24 juillet, avec un représentant de Maple Leaf. L'information divulguée indiquait très clairement que cette réunion devait avoir lieu en février, plus tôt au cours de l'année, mais que, en raison d'autres engagements, elle avait dû être remise et annulée, parce que je n'étais pas disponible. C'était aussi dans l'information divulguée en vertu de l'AIPRP. En réalité, c'est une réunion qui avait été remise. Les représentants de Maple Leaf sont entrés en contact avec moi environ une semaine avant le 24 juillet. Ils m'ont dit qu'ils venaient en ville pour participer à d'autres réunions, et ils m'ont demandé s'il était possible que nous discutions des questions dont nous n'avions pas pu parler en février.
Dans la Loi sur l'accès à l'information et la Loi sur la protection des renseignements personnels, il y a des dispositions qui portent sur des problèmes pouvant toucher les intérêts des entreprises et des problèmes pouvant toucher... En réalité, nous avons abordé sept thèmes différents, et les notes de la réunion indiquent clairement que nous avons parlé de ces sept sujets. Il a été question entre autres de la restructuration interne de Maple Leaf, et les gens responsables de l'AIPRP ont jugé qu'il s'agit d'information confidentielle, ce qui fait que nous n'avons pas pu divulguer cette information.
La Loi sur l'accès à l'information tient aussi compte de l'incidence des enjeux sur les autres ministères. Dans nos discussions avec les représentants de Maple Leaf, nous avons parlé des négociations d'ordre technique concernant la salubrité alimentaire dans le monde auxquelles le Canada participe. Les représentants de Maple Leaf et nous avons été très clairs à ce sujet. Comme il a été question précisément des engagements pris auprès d'autres pays dans notre discussion, les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, entre autres, ont jugé qu'il s'agissait d'information confidentielle concernant les relations intergouvernementales.
Nous n'avons jamais nié avoir parlé de contamination microbienne. Les journalistes ont laissé entendre que nous avions parlé de Listeria et du problème que cette bactérie posait au Canada. Lorsqu'on nous a interrogés à ce sujet, nous avons dit très clairement qu'il n'avait pas été question de Listeria. Ce dont nous avons parlé — et je pense que M. McCain a dit ça ici aussi —, c'est du fait qu'il était très important pour le Canada de s'assurer que les normes s'appliquant à notre industrie, quelles qu'elles soient, devaient aussi s'appliquer aux produits importés.
Les membres du comité se rappelleront qu'à l'époque, nous avions eu un problème avec l'un de nos partenaires commerciaux, qui avait resserré ses contrôles à la frontière ou ses contrôles des produits importés, des produits canadiens, et l'objet de cette discussion, c'était de leur faire une description des activités que nous avions menées dans le but qu'il y ait réciprocité au chapitre de l'analyse microbienne. Nous avons parlé de Listeria, de E. coli, de la campylobactérie et de la salmonelle. C'est seulement dans ce contexte qu'il a été question de Listeria.
Je tiens à présenter personnellement mes excuses au comité, aux Canadiens et aux médias s'il a pu sembler que les représentants de Maple Leaf nous avaient fourni dans le cadre de ces discussions des renseignements qui nous auraient permis de savoir dès ce moment-là qu'il y avait un problème à l'usine. Comme nous l'avons mentionné, nous n'avons su que le 6 août qu'il y avait un problème de contamination à Listeria au Canada et que la contamination pouvait être d'origine alimentaire.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais plutôt dire quelque chose que poser une question, sur la première chose, puisque nous sommes en train de parler de cette question — et j'en ai parlé déjà — de la personne responsable du dossier devant la population. Comme vous avez rédigé un document volumineux sur les leçons apprises, peut-être qu'une des leçons à tirer, ce serait celle que nous a enseignée de son vivant la Dre Sheela Basrur, à Toronto, pendant la crise du SRAS. C'est vraiment elle qui avait pris les commandes du dossier, le dossier d'une épidémie très médiatisée. C'est à ça que j'essayais d'en venir dans les questions que je vous ai posées tout à l'heure au sujet de l'idée que vous vous faites de la responsabilité du dossier devant la population, et je pense qu'elle devient... En sa mémoire, à tout le moins, nous devrions peut-être examiner ce qui s'est passé à l'époque pour voir si nous pouvons en tirer une leçon.
Permettez-moi de parler encore un peu de cette idée des systèmes de vérification de la conformité. Je pense que c'est probablement une autre question qui s'adresse à M. Prince, mais si quelqu'un d'autre veut y répondre, soyez à l'aise.
D'après ce que je comprends, il y a un système du genre à l'ACIA, et vos inspecteurs font ce genre de choses, mais une chose qui a été portée à mon attention — et j'aimerais que vous me le confirmiez — c'est que, normalement, vous faites des vérifications de conformité préopérationnelle pendant l'été, lorsqu'il y a un ralentissement ou un arrêt de la production, mais que, l'été dernier, les heures supplémentaires de travail ont été annulées, et les inspecteurs qui font les vérifications de conformité ne se sont pas rendus dans les établissements où la production a été arrêtée. C'est ce que j'ai compris. Vous pouvez peut-être faire un commentaire là-dessus. Je ne sais pas si c'est M. Prince qui va le faire, mais j'aimerais que quelqu'un fasse un commentaire là-dessus.
:
Ma réponse à cette question, monsieur le député, se situe à deux niveaux.
Dans le cadre de discussions que j'ai eues avec le Dr Randy Huffman, qui, je crois, accompagnait M. Michael McCain plus tôt au cours de la journée, et à partir de sa vaste expérience, encore une fois... ces trancheuses — faute d'un meilleur terme —, parce que c'est comme ça qu'on les appelle, sont d'énormes machines. Elles sont informatisées. Ce sont des machines plus grosses que ma voiture. Laisser entendre que nous, à l'ACIA, avons la capacité ou les compétences en génie nécessaires pour les démonter ou pour aller au-delà des capacités du fabricant... Tout d'abord, je ne pense pas que les entreprises nous laisseraient faire ça, dans la plupart des cas, parce qu'on n'arriverait peut-être pas à remonter les machines une fois que nous aurions terminé notre travail. Il faut vraiment bien connaître les machines en question pour pouvoir enlever suffisamment de pièces pour trouver la source du problème qui est survenu.
En ce qui concerne la vérification, je peux vous dire en toute franchise qu'il y a eu une époque, si l'on remonte à 1999, où nous faisions des vérifications annuelles assez exhaustives. La conclusion à laquelle nous en sommes arrivés, évidemment, en 1999, c'est qu'il était plus utile de faire des vérifications trimestrielles que des vérifications annuelles, puisque ça nous permettrait d'examiner les choses de beaucoup plus près, et de façon plus régulière, que si nous attendions un an pour faire ce genre de choses.
Ainsi, en 1999, nous sommes passés des vérifications annuelles à des vérifications et à des inspections dans le cadre du PASA trimestrielles, de façon à augmenter la fréquence et à relever les problèmes plus rapidement. Ce programme a donc été en vigueur jusqu'au début de l'année, avec les vérifications trimestrielles. Puis, dans le contexte de la mise à l'essai du SVC, les principaux éléments de ce système de vérification ont été intégrés aux activités quotidiennes, hebdomadaires et mensuelles dans le cadre du programme du SVC.
Je pense qu'il serait erroné, monsieur, de conclure que, pour une raison quelconque, nous, à l'ACIA, démontions des trancheuses sans aide dans le passé.
:
Merci de votre question.
Je pense qu'il faut que les gens comprennent quel était l'objectif des leçons apprises. Comme Mme Swan l'a indiqué, nous avons un Bureau de la salubrité et des rappels des aliments. Ce bureau est ouvert 24 heures sur 24, sept jours par semaine, pendant toute l'année. Il ne ferme jamais. Il est ouvert à temps plein, en permanence. C'est donc un centre opérationnel capable de faire face à la plupart des situations d'urgence au moment où elles surviennent.
Une fois que nous nous sommes retrouvés dans la situation en question, au cours de la semaine du 14 août, et que nous avons commencé à recevoir de l'information indiquant qu'il s'agissait de plus qu'un établissement ou deux et de plus qu'une personne ou deux... Ce qui est arrivé, c'est que nous avons tenu des discussions avec les représentants de l'Agence de la santé publique, qui ont activé leur centre d'urgence, parce que, le 14 août, il a été établi qu'il y avait des cas de personnes malades à l'extérieur de l'Ontario. Le problème qui touchait auparavant la province est devenu un problème national. Nous avons donc assuré une présence à leur centre d'opération. Nous avons détaché des personnes auprès d'eux à temps plein pour nous assurer que nos activités étaient coordonnées, que nous échangions l'information et que nous savions quels étaient leurs besoins auxquels nous pouvions répondre directement.
Ce que nous avons compris, avec le recul, c'est que c'était la bonne chose à faire, et nous referions la même chose, mais le fait de ne pas activer notre propre centre d'opération d'urgence a eu pour effet que nous avons perdu notre capacité interne de suivi de l'information, de documentation de l'information en temps réel. Encore une fois, ça n'a eu aucune incidence sur la vitesse avec laquelle le rappel s'est fait. Ça n'a eu aucune incidence sur la vitesse à laquelle s'est déroulée l'enquête. Cependant, lorsque nous sommes revenus sur ce qui s'était passé pour tirer certaines leçons, nous avons dû reconstituer les événements à partir de multiples sources. Si nous avions activé un centre national d'urgence... on fonctionne dans ce cas à partir de ce qu'on appelle un « journal de guerre » qui décrit ce qui s'est passé de minute en minute, qui précise qui a parlé à qui, ce qui a été dit, et si une décision a été prise, ainsi que l'information qu'on possédait à ce moment-là et sur laquelle on pouvait fonder la décision.
Avec le recul, ce genre de récapitulation, qui est une chose très importante lorsqu'on revient sur ce qui s'est passé pour tirer certaines leçons... Nous avons dû reconstituer ça dans une certaine mesure, et c'est ça l'enjeu, au fond. Même si nous assurions une présence auprès de l'ASPC et que nous travaillions en étroite collaboration avec les gens du centre d'opération de l'agence, le fait que nous n'avions pas de moyen de rassembler toute l'information en un seul point a eu pour effet que, lorsque nous avons voulu examiner ce qui s'était passé, il a fallu tout regrouper à ce moment-là.