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Monsieur le Président, je suis très heureux d'intervenir dans le débat sur le projet de loi .
Nous avons aujourd'hui l'occasion d'aider les travailleurs expérimentés qui ont perdu leur emploi en raison du récent ralentissement économique. C'est la bonne chose à faire par soucis d'équité. J'espère que tous mes collègues, notamment les libéraux, se rallieront à notre position et accepteront d'appuyer le projet de loi à l'étape de la dernière lecture.
Avant de poursuivre, j'aimerais situer mes collègues de la Chambre en donnant un bref aperçu de quelques-unes des activités économiques des provinces de l'Ouest, d'où je viens.
C'est le moment de regarder ce qu'il en est vraiment. Même si beaucoup de mauvaises nouvelles circulent, il y a aussi quelques lueurs d'espoir. Nous continuons de prendre les mesures nécessaires pour aider les Canadiens qui sont éprouvés par la récession, mais nous entendons chaque jour de bonnes nouvelles. J'aimerais faire part à la Chambre de quelques-unes des bonnes nouvelles que j'ai entendues. J'irai d'ouest en est.
En Colombie-Britannique, par exemple, l'usine de pâte à papier rénovée Harmac a commencé un deuxième quart de travail en septembre et a embauché 265 des 500 anciens employés de l'usine Pope and Talbot, qui avait fait faillite et avait fermé ses portes.
L'usine de pâte kraft Crofton, de la société Catalyst Paper, envisageait de redémarrer ses activités il y a tout juste quelques semaines en rétablissant un de ses deux quarts de travail et en rappelant 104 des 375 employés mis à pied en février au moment de sa fermeture.
Il y a de bonnes nouvelles à Prince George également. Walmart s'agrandira pour devenir un super centre et fera passer le total de ses employés permanents de 70 à 310, en plus d'embaucher 40 employés temporaires pour sa grande ouverture.
En Alberta, le centre commercial CrossIron Mills a ouvert ses portes à Balzac en juillet et embauche 3 500 travailleurs.
Dans le Nord-Ouest la contribution de 71 millions de dollars au projet d'expansion du barrage hydro-électrique de 160 millions de dollars à Mayo, au Yukon, a été confirmée. Jusqu'à 300 personnes pourraient y travailler pendant les deux prochaines années.
Moins d'un an après la fermeture de Liquidation World, à Whitehorse, l'entreprise rouvrira ses portes et donnera de l'emploi à entre 12 et 20 personnes. SSI Micro, une entreprise basée à Yellowknife, a remporté un marché dans les millions de dollars pour la mise à niveau des services de traitement de l'information du gouvernement du Nunavut et l'entreprise prévoit embaucher de nouveaux employés.
En Saskatchewan, Enbridge a le projet de pipeline Alberta Clipper d'une valeur de 2,4 milliards de dollars qui procurera des emplois représentant environ 12 000 années-personne dont 5 000 emplois à temps plein et à temps partiel en Saskatchewan.
La première étape de l'aménagement des installations d'entreposage et de distribution de Loblaws d'une valeur de 350 millions de dollars fera appel à 500 travailleurs et, en 2017, jusqu'à 1 700 employés travailleront au centre de distribution.
J'ai donné ces renseignements parce qu'ils présentent une image réaliste de ce qui se passe. Il est vrai qu'il y a de mauvaises nouvelles, mais chaque semaine amène des raisons d'avoir toujours plus d'espoir.
Le gouvernement conservateur essaie de susciter toujours un peu plus d'espoir par ses mesures. Nous sommes certainement tous conscients qu'il y a des limites à ce qu'un gouvernement peut faire. Cependant, là où nous avons pu agir, nous l'avons fait et nous continuons d'agir. Le projet de loi est un exemple de notre action.
Le projet de loi vise à prolonger la durée des prestations d'assurance-emploi régulières versés aux travailleurs de longue date qui se retrouvent au chômage de sorte qu'ils soient prêts au moment de la reprise économique. Le projet de loi vise les Canadiens qui ont besoin d'un peu plus de temps.
Qui sont les travailleurs de longue date? Il s'agit de personnes qui ont travaillé et payé des impôts et des cotisations d'assurance-emploi pendant de nombreuses années. Ces gens ont contribué au système pendant longtemps. Ils n'ont pas eu besoin de beaucoup d'aide dans le passé, mais ils en ont besoin maintenant. Ils ont travaillé dur, mais se sont retrouvés tout à coup au chômage et ils doivent se remettre en selle pour profiter de la reprise économique.
La résilience est la marque de commerce des travailleurs canadiens, mais il nous incombe néanmoins de les aider à surmonter la crise actuelle. Le projet de loi est une mesure temporaire qui aidera les travailleurs qui ont cotisé à l'assurance-emploi pendant de nombreuses années mais qui n'ont jamais touché de prestations régulières ou rarement.
Le projet de loi offrira entre 5 et 20 semaines additionnelles de prestations; le calcul sera fait en fonction de la durée d'emploi et de cotisation au régime d'assurance-emploi. Cette mesure donnera un coup de main aux travailleurs de longue date jusqu'à ce que l'économie reprenne de la vigueur.
Cette mesure s'applique aux travailleurs qui ont versé au moins 30 p. 100 de la cotisation annuelle maximale pendant 7 années sur 10 et qui ont touché des prestations régulières pendant 35 semaines au plus au cours des cinq dernières années. Pourquoi avons-nous établi cette formule? Parce que nous reconnaissons que les travailleurs de certaines industries, notamment ceux des secteurs manufacturier et forestier, ont touché des prestations pendant les fermetures temporaires.
Pour ne pas que les députés croient que seule une petite minorité de travailleurs canadiens seront admissibles à ce prolongement de prestations, je me permets d'indiquer qu'environ 190 000 travailleurs de longue date bénéficieront de cette mesure temporaire. Ces travailleurs proviennent de tous les secteurs de l'économie. Plus d'un tiers de ceux qui ont perdu leur emploi à l'échelle du Canada depuis la fin janvier et qui ont demandé des prestations d'assurance-emploi sont des travailleurs de longue date. Bon nombre de ces travailleurs ont occupé le même poste ou ont oeuvré dans la même industrie toute leur vie et sont maintenant confrontés à la perspective d'une transition vers un nouvel emploi. Or, un tel changement n'est jamais facile et prend du temps.
Voilà pourquoi nous agissons. Nous offrons plus précisément un soutien continu à ces travailleurs pendant qu'ils cherchent un emploi dans un contexte de reprise économique. Cette mesure législative prévoit entre autres que les travailleurs qui ont payé des cotisations pendant 7 des 10 dernières années recevront des prestations régulières pendant 5 semaines supplémentaires. Chaque année additionnelle de contribution ouvrira droit à 3 semaines supplémentaires de prestations jusqu'à concurrence de 20 semaines.
Cette mesure entrera en vigueur le 4 janvier 2009, conformément à l'amendement que nous avons apporté, et elle restera en place jusqu'au 11 septembre 2010. Cela signifie que le versement de ces prestations prolongées continuera jusqu'à l'automne 2011 pour les travailleurs qui en auront besoin. Pour assurer une transition graduelle vers la cessation des prestations supplémentaires, celles-ci seront réduites par tranches de cinq semaines.
En prolongeant la période de prestations des travailleurs de longue date, nous donnons un coup de pouce à notre économie. Ces travailleurs ont beaucoup d'expérience. Avec quelques ajustements, ils pourront retourner sur le marché du travail et continuer d'être productifs. Nous trouvons cela juste. Ces travailleurs peuvent continuer de nourrir leur famille, de payer leurs factures de chauffage à l'approche de l'hiver et d'acheter des vêtements à leurs enfants. Cela aide les chômeurs qui ont travaillé fort au fil des ans et qui sont maintenant dans une situation de vulnérabilité. Nous avons la responsabilité de les appuyer dans leurs efforts pour passer à travers la récession. Nous sommes avec eux. Ils réussiront à se sortir du marasme actuel.
Évidemment, cette mesure temporaire n'est pas sortie de nulle part. Elle s'appuie sur d'autres initiatives que nous avons prises dans le cadre du Plan d'action économique du Canada.
Une des mesures les plus complémentaires que nous avons prises en vertu de notre plan d'action est l'initiative Aide à la transition de carrière. Cette initiative aide encore plus les travailleurs de longue date en les aidant à recevoir de la formation pour les emplois de l'avenir. Les travailleurs peuvent prolonger leur période de prestations pendant un maximum de deux ans pendant qu'ils suivent une formation prolongée. Cela sera très important lorsque la conjoncture économique s'améliorera.
Ils pourront également avoir accès plus rapidement à leurs prestations d'assurance-emploi s'ils investissent dans leur programme de formation en utilisant une partie ou la totalité de leur indemnité de départ. Ce programme est offert aux travailleurs de longue date et utilise les mêmes critères que le projet de loi . L'initiative Aide à la transition de carrière est complémentaire et intimement liée au projet de loi .
Nous appuyons aussi les Canadiens sans emploi par l'entremise d'autres mesures contenues dans notre Plan d'action économique. Nous accordons cinq semaines additionnelles de prestations régulières partout au Canada. La période maximale de versement des prestations a été portée de 45 à 50 semaines dans les régions où le taux de chômage est élevé.
Nous protégeons également des dizaines de milliers d'emplois grâce au programme de travail partagé. Nous avons apporté des changements au régime de façon à donner plus de souplesse aux plans de relance des employeurs. Des ententes ont aussi été prolongées de 14 semaines, jusqu'à un maximum de 52 semaines. Ce programme vient en aide à des employés qui seraient autrement mis à pied en leur permettant de réduire leur semaine de travail et de toucher des prestations d'assurance-emploi pour les journées où ils ne travaillent pas. À l'heure actuelle, plus de 167 000 Canadiens bénéficient des accords de travail partagé conclus avec près de 5 900 employeurs à l'échelle du pays. Nous travaillons pour les Canadiens afin que les Canadiens puissent continuer de travailler.
Nous consacrons également 1,5 milliard de dollars supplémentaires aux programmes d'amélioration des compétences exécutés par les provinces et les territoires.
Permettez-moi de mentionner un autre programme, l'Initiative ciblée pour les travailleurs âgés, qui s'adresse aux travailleurs de 55 à 64 ans. En vertu du Plan d'action économique, nous investissons actuellement 60 millions de dollars de plus sur trois ans afin d'aider les bénéficiaires à acquérir les compétences et l'expérience professionnelle dont ils ont besoin pour faire la transition vers de nouveaux emplois. En outre, nous avons élargi la portée du programme de façon à rendre admissibles les travailleurs âgés des grandes villes, de même que ceux des villes de moindre importance qui sont touchées par des réductions d'effectifs ou des fermetures.
Je tiens vraiment à mettre l'accent sur les méthodes et les objectifs concrets, positifs et constructifs de ce programme qui est tout l'opposé des prétendues solutions passives et médiocres que certains députés de l'opposition ont proposées pour nos travailleurs âgés. Nous avons foi en nos travailleurs âgés et en l'ensemble des travailleurs du Canada. Nous voulons les aider à tirer parti de leurs compétences et de leur expérience pour réintégrer le marché du travail et continuer à apporter leur contribution à la société.
Nos travailleurs âgés ont beaucoup à apprendre aux travailleurs plus jeunes, et leur apport au travail et à la valeur de nos entreprises est précieux. Nous allons les aider à rester au sein de la population active. Nous n'allons pas les abandonner.
Qui plus est, nous soutenons également des initiatives qui visent les Canadiens d'origine autochtone. Le Partenariat pour les compétences et l'emploi des Autochtones, ou PCEA, a reçu 100 millions de dollars additionnels sur trois ans pour offrir une formation professionnelle et des occasions d'emploi dans des secteurs tels que les ressources naturelles, la construction et le tourisme. Les initiatives financées au titre de ce programme reposent sur des partenariats entre les collectivités autochtones et les principaux employeurs du milieu.
En outre, ventilé sur deux ans, le Fonds d'investissement stratégique pour les compétences et la formation des Autochtones aidera quelque 5 800 Autochtones à obtenir les compétentes dont ils ont besoin pour profiter des retombées économiques actuelles et futures. Ce fonds favorise également un investissement accru dans la formation des Autochtones qui doivent surmonter des obstacles à l'emploi, notamment un faible taux d'alphabétisation et des lacunes en matière de compétences de base.
Le Plan d'action économique aide les Canadiens à se joindre au marché du travail de bien des façons, par exemple en gelant pour 2010 les cotisations au régime d'assurance-emploi à 1,73 $, soit le même taux qu'en 2009. Ce taux est actuellement à son plus bas niveau en 25 ans. En fait, ce gel du taux de cotisation à l'assurance-emploi représente une mesure de relance économique de 10,5 milliards de dollars, au moment même où l'économie en a le plus besoin.
Les employeurs et les travailleurs canadiens peuvent avoir la garantie que le taux de cotisation à l'assurance-emploi n'augmentera pas pendant cette période de ralentissement économique. Ça n'aurait aucun sens.
Nous respectons notre engagement d'améliorer la gouvernance et la gestion de la caisse d'assurance-emploi en instituant l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. Cet office, qui prendra la forme d'une société d'État indépendante, sera chargé de mettre en oeuvre un nouveau mécanisme de fixation des taux de cotisation à l'assurance-emploi pour que ses revenus et ses dépenses s'équilibrent avec le temps. L'office établira le taux de cotisation à l'assurance-emploi à compter de 2011.
Grâce à ces changements importants, les travailleurs canadiens pourront bénéficier de l'ensemble des cotisations à l'assurance-emploi lorsqu'ils en ont besoin. On pourra ainsi veiller à ce que ces cotisations, qui proviennent de l'argent chèrement gagné par les travailleurs canadiens, ne soient plus jamais utilisées pour financer des projets politiques de prédilection, comme ce fut le cas par le passé. Non, l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada veillera à ce que les cotisations à l'assurance-emploi soient utilisées convenablement et à ce qu'elles ne soient pas mal administrées comme elles l'ont été par des gouvernements précédents.
En terminant, permettez-moi de revenir au projet de loi . Cette mesure législative vise à venir en aide aux travailleurs de longue date touchés directement par les effets de la récession. Comme je l'ai expliqué plus tôt, le projet de loi propose une mesure temporaire, qui procurera aux travailleurs de longue date de partout au pays une aide dont ils ont vraiment besoin.
L'adoption de ce projet de loi améliorera le sort de ces travailleurs, ainsi que la vie de leur famille. Il aidera aussi l'industrie. C'est la chose à faire, et c'est pourquoi le gouvernement agit en ce sens.
Ces personnes s'efforcent depuis longtemps d'appuyer leurs familles et ont travaillé d'arrache-pied pour leurs employeurs. Aidons-les maintenant en ces temps difficiles pendant qu'ils se cherchent du travail.
Je demande à mes collègues d'appuyer ce projet de loi, qui viendra en aide aux 190 000 personnes qui attendent que les mesures qu'il contient entrent en vigueur.
Je prierais les députés d'appuyer ce projet de loi à l'unanimité.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir de nouveau dans le débat sur le projet de loi à la Chambre. Nous avons exprimé notre opinion sur la mesure lorsqu'elle a été présentée, et nous l'avons étudiée au comité.
Hier, la Chambre a tenu un vote sur un amendement que les libéraux ont appuyé. Une de nos plus grandes préoccupations à l'égard de ce projet de loi, une préoccupation que partagent même ceux qui appuient le projet de loi, c'est que cette mesure bafoue les droits d'innombrables travailleurs. Nous ne voulions pas que d'autres travailleurs voient leurs droits bafoués du fait que ce projet de loi doit franchir toutes les étapes du processus législatif.
On ne saurait se pencher sur le projet de loi sans tenir compte du contexte, de la situation dans laquelle le pays est plongé, des difficultés que nous avons affrontées au cours de la dernière année et demie au Canada et de la crise économique dont le projet de loi est censé atténuer les effets. Le contexte est le suivant: la crise économique a débuté l'an dernier. Au printemps, déjà, on a soulevé des questions tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Chambre quant à la possibilité que le Canada soit confronté à des difficultés économiques. Bien sûr, le , le et bien d'autres encore nous ont dit de ne pas nous inquiéter, que tout allait bien. Ils nous ont dit que le ciel n'allait pas nous tomber sur la tête et que le Canada n'était aucunement en difficulté.
J'ai en main un article du National Post, une grande institution affiliée au Parti libéral. L'article a paru le 30 mai et il est chapeauté par le titre suivant: « [Le ministre des Finances] nie que le Canada se dirige vers une récession ». Dans cet article, le ministre nous sert son discours habituel sur la solidité des fondements économiques du pays. Il dit que nous ne devrions pas nous en faire et que le Canada ne se dirige pas vers une récession. Il ne faut pas non plus craindre qu'il y ait un déficit fédéral, puisque ça n'arrivera jamais. Les finances sont en parfait état, grâce au legs robuste du Parti libéral. Le ministre des Finances nous dit de ne pas nous tracasser puisqu'il est impossible que les choses se mettent à aller aussi mal qu'on le dit.
Le 27 septembre, au milieu d'une campagne électorale fédérale, alors que les Canadiens se font du souci à propos de l'économie du pays, les États-Unis commencent à bouger. Le président Bush et le futur président, Barack Obama, affirment qu'il faut adopter des mesures de relance.
Le 27 septembre, la manchette du journal est la suivante: « [Le premier ministre] affirme qu'il n'y a pas de déficit fédéral, malgré les affirmations de l'opposition ». Voici les propos du :
L'opposition essaie de dire aux gens qu'il y a un déficit, alors qu'il y a un excédent. Elle prétend que le pays est en récession, alors que l'économie est toujours en croissance. Elle prétend que le nombre d'emplois diminue, alors qu'il y a de plus en plus de gens qui travaillent.
C'était il y a seulement un an. Le a assuré à la population canadienne qu'elle n'avait pas de souci à se faire, que les gens avaient des emplois, qu'il n'y avait pas de déficit et qu'il n'y en aurait pas, tout comme le pays ne basculerait pas dans une récession. Bref, tout allait bien. Puis, les élections ont passé.
Le premier ministre s'est servi d'une stratégie pour aborder la question avec les Canadiens. Premièrement, lorsque le cours des actions s'est mis à baisser, il leur a dit de saisir l'occasion d'acheter. Deuxièmement, il leur a présenté une mise à jour économique qui ne contenait rien d'autre que des tours de passe-passe politiques. Troisièmement, il a prorogé le Parlement. Quatrièmement, il a conjuré les coalitions de séparatistes et de socialistes. Enfin, en janvier de cette année, soumis aux protestations du Parti libéral, le gouvernement a fini par admettre qu'il devait faire quelque chose, et il a présenté un budget.
Le budget contenait quelques mesures, mais personne n'irait jusqu'à dire qu'elles étaient suffisantes. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir les réactions de la part du Caledon Institute, du Centre canadien des politiques alternatives, des syndicats et des autres réseaux s'intéressant aux politiques sociales pour voir qu'aux yeux de tous ces gens, les mesures contenues dans le budget ne suffisaient pas pour venir en aide aux Canadiens. Néanmoins, il y avait au moins la prolongation de cinq semaines.
Tous les chômeurs qui avaient présenté une demande de prestations étaient admissibles. Cette mesure n'a rien fait pour accroître l'admissibilité, qui était et continue d'être le principal problème de l'assurance-emploi, mais au moins elle offrait à tout le monde ces cinq semaines supplémentaires de prestations. J'ai demandé à deux députés conservateurs s'ils pouvaient expliquer le changement de position de la qui, dans le cadre de son Budget des dépenses déposé à la Chambre, a dit ce qui suit à propos des cinq semaines supplémentaires:
[...] notamment en ajoutant cinq semaines de prestations à tous les Canadiens, une politique que l’on appliquait uniquement dans certaines régions.
C'est l'un des éléments du budget de janvier dont la chantait les louanges. Elle a affirmé que le Canada avait des projets dans le cadre desquels les gens recevaient cinq semaines de prestations supplémentaires, et que l'ajout de ces semaines avait toujours figuré dans des projets de loi d'initiative parlementaire, des initiatives et des propositions présentées par d'autres personnes. Elle a précisé que ce n'était pas une solution universelle, mais que c'était une mesure que le gouvernement offrait à tous les Canadiens. On pourrait présumer qu'elle a tenu ces propos parce qu'elle était fière de cette mesure.
Il semblait presque qu'elle croyait en l'égalité et qu'elle pensait que tout le monde méritait également de recevoir de l'aide. Cependant, nous débattons maintenant d'un projet de loi qui va dans la direction opposée. Il divise les Canadiens en deux catégories, à savoir ceux qui méritent de l'aide et ceux qui n'en méritent pas. C'est tout un changement de position en seulement quelques mois.
Plusieurs projets de loi proposant une réforme de l'assurance-emploi ont été présentés à la Chambre, ces derniers temps. À la dernière législature, il y eut les projets de loi et , que nous avons étudiés. Que proposaient ces projets de loi? Ils réclamaient tous l'élimination de la période de carence de deux semaines. Comme les gens le constatent quand ils reçoivent leurs prestations, ce n'est pas vraiment la période d'attente. Mon collègue de serait d'accord avec moi pour dire que les gens qui perdent leur emploi n'attendent pas deux semaines, mais beaucoup plus longtemps, avant d'avoir leurs prestations. Dans certains cas, l'attente dure deux mois. Selon les normes de Service Canada, 80 p. 100 des demandes sont traitées dans les 28 jours. Nous avons souligné cela à la Chambre des communes, il y a 12 mois, et la ministre avait nié l'existence d'un problème. Puis, au printemps, elle a admis que c'était un problème, et elle a consacré 60 millions de dollars à engager du personnel. Toutefois, l'élimination de la période de carence de deux semaines demeure une possibilité.
Augmenter le taux des prestations est une autre possibilité. Ce taux est actuellement fixé à 55 p. 100. Un certain nombre de motions d'initiative parlementaire, des motions de l'opposition, ont proposé que ce taux soit porté à 60 p. 100, et des groupes à vocation sociale ont demandé la même chose. Une autre façon de faire serait peut-être de prendre les 12 meilleures semaines. On pourrait augmenter le maximum de la rémunération assurable. Une personne qui vient de perdre un emploi lui assurant un revenu de 70 000 $ et qui est admissible à l'assurance-emploi n'obtiendra pas 55 p. 100 de son salaire de 70 000 $, mais 55 p. 100 du maximum assurable, qui est d'un peu plus de 40 000 $.
On peut apporter différentes modifications à l'assurance-emploi si l'on veut réellement l'améliorer. Qui d'autre en parlait au printemps, et qu'est-ce qu'on en disait? Voici: « Avoir un régime comptant 58 régions distinctes aux fins de l'assurance-emploi, où un Canadien est traité d'une façon radicalement différente par rapport à un autre, cela me semble injuste. » C'est le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, qui appuyait en ces mots la proposition du d'adopter un seuil d'admissibilité national de 360 heures pour la durée de la récession.
Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, a pour sa part déclaré: « L'impact de la récession s'est fait sentir d'est en ouest, au Canada, et nous en ressentons maintenant les effets. » M. Wall appuyait la demande de M. Campbell voulant qu'on adopte une quelconque norme d'admissibilité à l'assurance-emploi qui soit uniforme au Canada.
Je rappelle que, le 29 mai dernier, le premier ministre Gordon Campbell a exhorté le gouvernement fédéral à mettre en place une norme nationale d'admissibilité à l'assurance-emploi au Canada. Son homologue ontarien a lui aussi déclaré qu'il faudrait une norme nationale pour l'ensemble du Canada et il a ajouté qu'un seuil d'admissibilité fixé à 360 heures serait raisonnable. Voilà ce que les Canadiens demandent. Le seuil d'admissibilité pourrait être de 420 heures, mais il faut instaurer une certaine équité dans le système.
Le Globe and Mail rapporte que le premier ministre Campbell a dit ceci: « Le gouvernement fédéral doit remanier un régime d'assurance-emploi qui est clairement discriminatoire pour donner un coup de main aux chômeurs dont le nombre ne cesse d'augmenter dans l'Ouest du Canada. »
Le premier ministre ontarien a réclamé une norme nationale d'admissibilité à l'assurance-emploi. Il n'est pas le seul à exiger une telle mesure. Christine Elliott, qui si je ne m'abuse à été candidate à la direction du Parti progressiste conservateur de l'Ontario, a tenu des propos plutôt sévères à l'endroit du , de qui elle est pourtant très proche, lorsqu'elle a dit ceci: « Idéalement, le gouvernement fédéral devrait rapidement procéder à une réforme de l'assurance-emploi pour mieux répondre aux besoins de l'Ontario. Le programme fédéral d'assurance-emploi est injuste pour l'Ontario. »
Quant au premier ministre Stelmach, il a dit: « L'Alberta se plaint du fait que les règles d'admissibilité varient. » Le premier ministre Stelmach est lui aussi intervenu, ce qui veut dire que toutes les provinces de l'Ouest ont parlé d'un problème. Ce n'était ni les libéraux, ni les néo-démocrates, ni les bloquistes qui ont dit que le système laisse à désirer. Ce sont des Canadiens, d'un océan à l'autre, qui l'ont affirmé.
Le 5 mars, les néo-démocrates ont présenté une motion de l'opposition qui exigeait de nombreuses modifications, notamment l'élimination du délai de carence de deux semaines, la réduction du seuil d'admissibilité à 360 heures, la participation des travailleurs autonomes au programme, mesure que nous examinerons dans quelques jours quand le gouvernement dévoilera son plan, et la bonification du taux de prestations à 60 p. 100 des gains assurables en fondant le calcul sur les 12 meilleures semaines. Toutes ces propositions ont déjà été présentées.
J'ai mentionné les projets de loi et étudiés lors de la dernière législature. Au cours de la présente législature, nous avons débattu du projet de loi , que nous examinerons aujourd'hui ou jeudi au Comité des ressources humaines. Cette mesure législative prévoit un seuil d'admissibilité de 360 heures, la bonification des prestations hebdomadaires et la réduction de la période de référence.
Le député de a présenté le projet de loi que le comité a examiné jeudi dernier et qui sera renvoyé à la Chambre. Cette mesure vise la suppression du délai de carence de deux semaines. Le député néo-démocrate de a pour sa part présenté un projet de loi qui portait sur les indemnités de départ et sur la façon dont elles sont traitées dans le cadre du régime d'assurance-emploi.
Les gens ont demandé un certain nombre de changements importants, dont certains très normaux. D'abord, ils ont voulu une norme nationale d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi de 360 heures et un délai de carence de deux semaines. Ils ont voulu examiner le taux des prestations, le maximum de la rémunération assurable et la manière dont les prestations sont calculées. Ce sont toutes des choses dont nous avons parlé. Je n'ai entendu aucun universitaire, ni aucun expert en politique sociale, ni qui que ce soit d'autre suggérer de verser des prestations supplémentaires pour réagir à la crise pour ensuite en limiter le versement à quelques personnes seulement.
Au printemps, le chef du Parti libéral a indiqué clairement que nous demanderions qu'une norme nationale d'admissibilité à l'assurance-emploi de 360 heures soit fixée. C'est ce que le a demandé, appuyé en cela par de nombreuses personnes dans tout le pays.
Nous avions prévu que cela serait naturellement une solution temporaire, pour résoudre un problème pendant une période difficile. Une chose qu'on perd souvent de vue dans ce débat, c'est l'effet stimulant que les prestations d'assurance-emploi ont sur l'économie. Les gens qui reçoivent des prestations d'assurance-emploi en ont besoin. Les gens qui reçoivent des prestations utilisent cet argent pour acheter de la nourriture et se loger, parce que leurs familles et eux-mêmes en ont besoin. Cet argent est réinjecté dans l'économie. Voilà un pays qui n'en avait que pour les mesures de relance économique en janvier et février. Tout le monde demandait des mesures de relance. Ceux qui évaluent les mesures de relance ont dit que la meilleure solution pour stimuler l'économie est d'investir dans les infrastructures sociales, en particulier dans l'assurance-emploi, parce qu'alors, l'argent est réinjecté dans l'économie. Ensuite vient l'infrastructure et, enfin, les réductions d'impôts, en particulier les réductions d'impôts qui ne donnent pas de manière disproportionnée de l'argent à ceux qui en ont le plus besoin, en l'occurrence les Canadiens à faible revenu ou à revenu moyen. Cela a un effet stimulant très appréciable.
Qu'est ce que le gouvernement disait de tout cela à ce moment-là? C'était décourageant.
À la fin du mois de janvier, après la présentation par les conservateurs du budget pour lequel ils ont été critiqués parce qu'ils n'avaient pas réglé les principaux problèmes liés à l'assurance-emploi, la a dit ceci:
Notre but est d'aider les gens à retourner au travail rapidement et qu'ils aient de bons emplois durables. Nous ne voulons pas qu'il soit lucratif pour eux de rester à la maison à ne rien faire [...]
La ministre ne s'est jamais rétractée. Ces propos ont provoqué une levée de boucliers partout au pays, surtout chez les prestataires de l'assurance-emploi, qui le sont par obligation et non par choix.
Il y a eu une campagne de salissage menée contre les prestataires de l'assurance-emploi. On a dit qu'ils ne travaillaient que neuf semaines par année, comme si ces gens cherchaient des façons de se faire mettre à la porte. Les députés ne devraient pas oublier que les travailleurs ne peuvent toucher de prestations d'assurance-emploi s'ils démissionnent. C'est un changement qui a été apporté. La ministre a laissé entendre que des travailleurs seraient prêts à se faire volontairement congédier pour pouvoir recevoir des prestations d'assurance-emploi équivalant à 55 p. 100 de leur salaire pendant une période maximale de 19 à 45 semaines, ou 50 semaines avec la prolongation. Il y a pas mal plus de gens vers le bas de cette échelle que vers le haut. Cela n'a aucun sens. Qui ferait cela? C'est une insulte à l'endroit des Canadiens qui ont perdu leur emploi.
La ministre a changé quelque peu de discours en juin, disant qu'il est « inutile de modifier les critères de qualification à l'assurance-emploi parce que les piètres conditions économiques actuelles en facilitent l'accès aux Canadiens ». Elle a aussi dit: « Si le taux de chômage augmente, il devient plus simple d'accéder à l'assurance-emploi. Puisque la plupart des régions du Canada vivent des difficultés en matière d'emploi [...], plus de gens peuvent s'inscrire à l'assurance-emploi et pour plus longtemps. »
Pensons-y un peu. Aux États-Unis, il y a l'espoir façon Barack Obama: égalité pour tous, prestations pour ceux qui en ont besoin. Au Canada, nous avons l'espoir façon Parti conservateur: « Ne vous inquiétez pas. La situation se détériore. Nous ne ferons rien pour vous aider, mais il sera plus facile pour vous d'être admissible à l'assurance-emploi, parce que la plupart de vos amis et de vos voisins vont perdre leur emploi eux aussi, le taux de chômage de votre région va augmenter et il sera plus facile pour vous d'être admissible. » C'est ça l'espoir selon le gouvernement conservateur: « Ne vous inquiétez pas. La situation se détériore. C'est une bonne nouvelle pour vous, mais une mauvaise nouvelle pour vos voisins, vos amis et tous les Canadiens. » C'est ce que nous dit le gouvernement.
Le Comité permanent de la condition féminine a publié en juin un rapport très important. Il a tenu des audiences concernant spécifiquement l'incidence du régime de l'assurance-emploi sur les femmes. À mon avis, ce n'est pas un secret que, dans le régime actuel, moins de femmes sont admissibles aux prestations de l'assurance-emploi et leurs prestations sont moins élevées. Il s'agit d'un problème inhérent au régime qu'il faut régler. Le a proposé une solution en recommandant une norme nationale de 360 heures. Cette mesure aurait aidé les femmes et les travailleurs à temps partiel.
Il a aussi demandé une réforme du régime de l'assurance-emploi. Or, c'est ce qu'il faut faire. On ne peut pas y aller de façon fragmentaire. Il y a des choses que nous devrions faire en période de récession, et nous avons réellement besoin d'une réforme du régime de l'assurance-emploi.
Des changements se sont produits et ont frappé certaines personnes. L'économie n'est plus ce qu'elle était. Nous sortions alors d'une récession et nous entrions dans une longue période de reprise économique durable sous les libéraux. Nous retombons aujourd'hui dans une récession causée par les conservateurs. Les choses ont changé. La vie est ainsi faite. Les circonstances ne sont plus celles des années 1990. Je pourrais discuter avec mes collègues de la Chambre de ce qui s'est produit au cours de cette décennie, mais ce serait en vain. Nous pouvons cependant agir aujourd'hui pour aider ceux qui en ont besoin en ces temps difficiles.
Pendant ses audiences, le Comité de la condition féminine a entendu un certain nombre de témoins, notamment Richard Shillington, qui a déclaré:
Imaginez l'assurance-emploi comme une série d'obstacles dans une course. Pour être admissible à vos prestations, vous devez tout d'abord avoir occupé un emploi rémunéré [...] Il faut que vous ayez accumulé un certain nombre d'heures d'emploi. Vous devez avoir quitté votre emploi pour la bonne raison — vous ne pouvez être congédié; il faut que ce soit une mise à pied.
Nous avons appris au printemps que 80 p. 100 des travailleurs admissibles recevaient des prestations d'assurance-emploi. Pourtant, un autre témoin a déclaré ce qui suit:
Le gouvernement se plaît à affirmer que 80 p. 100 des personnes qui ont actuellement un emploi auront droit à des prestations ordinaires d'AE si elles perdent leur emploi. C'est cependant négliger le fait que la perte d'emploi affecte surtout les personnes qui ont des emplois présentant des caractéristiques instables, telles que les travailleurs et les travailleuses qui ont des heures réduites avant la mise à pied ainsi que ceux et celles qui ont des emplois à temps partiel, des emplois temporaires ou qui travaillent à contrat. C'est également négliger le fait qu'un grand nombre de personnes au chômage n'ont droit à des prestations d'AE que pour une courte période et qu'elles épuisent rapidement leurs prestations.
Ces personnes ne recevraient aucune aide en vertu du projet de loi .
Un certain nombre de recommandations ont été formulées, toute une série en fait dont je ne donnerai pas lecture, mais je conseille à tous les députés d'y jeter un coup d'oeil. L'une de ces recommandations suggère à Ressources humaines et Développement des compétences Canada de mettre en place un critère uniforme d'admissibilité de 360 heures. Une autre suggère d'accroître la durée d'admissibilité maximale. Une autre concerne la période de carence de deux semaines. Certaines autres recommandations portent sur le travail autonome, un enjeu que nous devons examiner au cours des prochains jours pour déterminer si les mesures envisagées correspondent aux besoins de ceux dont les besoins sont les plus grands.
Pendant l'été, le groupe de travail sur l'assurance-emploi s'est réuni, et j'ai participé à ses travaux. J'ai traité de cette question à la Chambre à maintes occasions. Je ne tiens pas à embêter les gens avec ce processus ou avec mon emploi du temps pendant les vacances d'été. Cette période était décourageante.
Les chiffres totalement erronés fournis par le gouvernement avaient pour but de démontrer que la mise en place à l'échelle nationale d'un critère d'admissibilité de 360 heures coûterait 4,4 milliards de dollars. Une semaine plus tard, le gouvernement avouait toutefois qu'il avait fait une petite erreur et que le coût de cette mesure ne serait que de 2,5 milliards de dollars. Le coût réel, vérifié par le directeur parlementaire du budget, était en fait de 1,2 milliard de dollars, mais il se trouve encore des députés ministériels, y compris le , pour mentionner le chiffre de 4,4 milliards de dollars à la Chambre. C'est incroyable. Un document distribué au comité avec la mention « ne pas diffuser » avait pourtant déjà été transmis aux médias. Ce document contenait ces chiffres erronés.
Voilà ce qu'a été notre lot cet été. J'en ai déjà parlé auparavant. C'était plutôt irritant.
Je crois que le Parlement peut être efficace. Je crois que les Canadiens veulent que le Parlement soit efficace. J'avais espoir que si nous nous réunissions dans un autre contexte que celui de la période des questions et que nous utilisions les solides ressources du ministère des Ressources humaines, nous pourrions en arriver à des changements. Nous aurions tous pu mettre un peu d'eau dans notre vin et parvenir à une formule qui aurait aidé les travailleurs canadiens, mais ce n'est pas ce qui s'est produit, et c'est dommage.
À la reprise, à l'automne, le gouvernement a présenté le projet de loi . C'est le sujet du débat d'aujourd'hui. Le problème fondamental du projet de loi est qu'il est discriminatoire. Même le gouvernement devrait admettre que cette mesure législative désigne des gagnants et des perdants. La ministre elle-même a, au comité, parlé d'aider les travailleurs qui le méritent le plus.
C'est un projet de loi discriminatoire. Imaginez un gouvernement qui présenterait un régime de soins de santé en disant: « Nous avons un nouveau régime de soins de santé extraordinaire. Le seul problème, c'est que si vous avez déjà eu recours au régime de soins de santé, vous ne pouvez plus en bénéficier. Il n'est réservé qu'à ceux qui le méritent, aux Canadiens qui n'en ont jamais eu besoin. » Quelle serait la réaction? Les gens trouveraient cela tout simplement inacceptable. Les gouvernements n'agissent pas ainsi. Les gouvernements ne choisissent pas certaines personnes au détriment d'autres. Les gouvernements gouvernent pour l'ensemble de la population.
Le projet de loi ne répond pas aux besoins de la majorité des Canadiens. Il ne répond pas aux besoins de la majorité des Canadiens au chômage. Il ne répond même pas aux besoins de la majorité des travailleurs canadiens que l'on dit de longue date et qui ont perdu leur emploi. Ce projet de loi laisse à désirer. Il ne prévoit rien pour régler la principale préoccupation des Canadiens, soit l'élargissement de l'accès à l'assurance-emploi pour ceux qui en ont besoin.
Le projet de loi ne prévoit rien pour les travailleurs saisonniers des industries de la pêche, de la foresterie ou du tourisme qui se retrouvent sans emploi sans y être pour quoi que ce soit. Il ne prévoit rien pour les travailleurs à temps partiel. Nous ne pouvons pas appuyer un tel projet de loi.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir au sujet de ce projet de loi à l'étape de son adoption en troisième lecture. C'est un projet de loi, comme d'autres l'ont dit avant moi, qui est censé aider les travailleurs de longue date. Il est censé le faire, dis-je, parce que peu de travailleurs de longue date seront touchés par ce projet de loi. Je vais d'ailleurs en faire la démonstration.
C'est un écran de fumée pour nous faire oublier que les conservateurs comme les libéraux ne s'occupent pas des chômeurs. Je l'ai dit un peu plus tôt, je suis heureux que mon collègue de s'exprime de cette façon parce que je pense qu'il est sincère. Son parti pourra-t-il voter à toutes les étapes sur des projets de loi tels que le projet de loi , qui touche l'élimination du délai de carence, par exemple? Je le souhaite. Je sais qu'il travaille en ce sens. C'est un projet de loi de mon collègue du Bloc de , qui vise à faire en sorte que les gens ne soient pas pénalisés lorsqu'ils arrivent sur le marché des sans-emploi. Je dis le marché des sans-emploi parce que c'est presque devenu un marché pour le gouvernement qui fait des économies sur le dos des chômeurs avec la caisse comme telle.
Le Bloc québécois est contre le projet de loi pour les travailleurs de longue date. Le Bloc est contre parce que le projet de loi est discriminatoire. Le projet de loi sélectionne des bons et des mauvais chômeurs, en plus d'être un projet de loi vicieux dans sa forme même. C'est la raison pour laquelle nous ne sommes pas les seuls au Québec à être contre. Les centrales syndicales sont contre. Les centrales syndicales, à elles seules au Québec, représentent plus de 1,5 million de travailleurs sur les 4,5 millions de personnes en âge de travailler. Il y a une raison pour laquelle elles sont contre. Les chômeurs eux-mêmes et leurs organisations au Québec sont contre. Les chômeurs, les centrales syndicales, les églises, à certains endroits il y a des regroupements dans certaines municipalités de tous les groupes de la société qu'on appelle les Sans-Chemise, ces gens et ces organismes sont contre.
Des secteurs d'activité parmi les plus touchés par la crise économique et les pertes d'emploi se sont prononcés. Le secteur forestier est contre ce projet de loi. Il y a des raisons à cela. Il y a des raisons parce que c'est un mauvais projet de loi. C'est un projet de loi qui crée un écran de fumée pour tenter de faire oublier les faiblesses de ce gouvernement et son abandon des chômeurs.
Je disais que c'étais un projet de loi d'exclusion. Pourquoi d'exclusion? Parce que, pour bénéficier de ce projet de loi, il faut que cela fasse au moins sept ans que vous travaillez et, à l'intérieur de ces sept ans, que vous ayez au moins cotisé pour 30 p. 100 chaque année à l'assurance-emploi. De plus, il faut que pendant ces sept ans, vous n'ayez pas reçu d'assurance-emploi pour plus de 35 semaines. Là encore, c'est cinq semaines de plus et on va monter graduellement en fonction du nombre d'années que vous allez travailler, jusqu'à 15 ans. Cela n'a pas de sapré bon sens.
C'est une discrimination sur le temps de travail, sur la contribution à l'assurance-emploi et aussi sur l'usage que nous en faisons. Un des collègues disait en Chambre que c'était comme si on disait à quelqu'un qu'il n'aura pas le droit d'aller se faire soigner en vertu du programme d'assurance-maladie parce que qu'il y a déjà eu accès depuis sept ans. Il n'y a plus droit. Il y a eu accès pour un certain nombre de semaines, donc il n'y a plus droit. C'est le même principe. C'est une assurance que les gens se sont payés en cas de pertes d'emploi.
Le projet de loi est aussi discriminatoire parce qu'on cible carrément des gens pour les exclure. Même si quelqu'un a travaillé tout ce nombre d'années, je le rappelle, pour y être admissible, il faut avoir travaillé au moins sept ans.
Même si un individu a travaillé sept ans et plus, si cet individu est un employé dans un emploi précaire, c'est donc dire saisonnier, à temps partiel ou sur appel — et on parle maintenant d'une majorité dans la société —, il sera exclu, parce qu'au cours de toutes ces années, il a forcément reçu un cours à l'assurance-emploi. Ainsi, à chaque fois que cet individu a été mis à pied, il a probablement déjà eu droit à l'assurance-emploi. Maintenant, si cet individu n'y a pas eu droit, il n'y aura pas plus droit maintenant, parce que cela signifie que cet individu ne rencontrait pas les critères d'admissibilité. On voit donc ici tout le monde qu'on exclut. En plus d'exclure une masse d'entrée de jeu, on exclut aussi de façon ciblée des gens qui ont des emplois précaires.
Comme je le disais au début de mon allocution, ce projet de loi est vicieux, parce qu'on accorde, dans une loi, un statut à des gens sur la base de mauvais ou de bons chômeurs. On ne décide pas d'être un mauvais chômeur soi-même. Qu'est-ce qui fait qu'une personne devient un mauvais chômeur? C'est la loi qui exclut cette personne en fonction de la durée du temps qu'elle a travaillé, qu'elle a cotisé ou qu'elle a bénéficié de prestations d'assurance-emploi.
Cela n'a pas de bon sens. À cet égard, ce projet de loi est vicieux. Il instaure dans une loi un principe qui est tout à fait abominable. De plus, il est trompeur dans sa forme même ainsi que dans le propos du gouvernement et de son allié le NPD. Le gouvernement prétend qu'il touchera 190 000 chômeurs pour une somme de 930 millions de dollars. Le NPD dit que c'est plus que cela, il dit que c'est 1 milliard de dollars. Le NPD dit l'avoir demandé et être content de tout cela. Il faut être sérieux avec les gens que nous représentons. Il ne faut pas leur conter de blague. Sont-ils couverts ou ne le sont-ils pas? Il faut leur dire.
Nos citoyens de la péninsule gaspésienne ainsi que de la péninsule acadienne ont besoin de savoir s'ils sont couverts. Hier, dans des propos que j'ai entendus, on identifiait des entreprises qui devraient être assurées, mais qui ne le seront pas. J'ai regardé quelles étaient ces entreprises et la plupart des salariés ont eu recours à des prestations d'assurance-emploi au cours des sept dernières années. Ils ne seront donc pas touchés par cette mesure. Il faut le leur dire.
On dit que 190 000 chômeurs seront touchés. Dans l'étude de ce projet de loi, d'aucune façon le gouvernement et son allié, le NPD, qu'il s'agisse des fonctionnaires, de la ministre ou du secrétaire d'État n'ont été capables de nous expliquer comment ils arrivent à ce résultat. Lorsqu'on prend leurs chiffres et qu'on fait des calculs, on se rend compte qu'au mieux, 6 p. 100 des chômeurs de tout le Canada y auraient droit. Encore là, c'est au mieux, ce qui représenterait environ 300 millions de dollars.
Le député d' dit que même si ce n'est pas beaucoup, c'est au moins cela. Je comprends. Si c'était sur une base égalitaire, une base objective de traitement juste et équitable, je serais d'accord avec lui. Je dirais que c'est au moins cela de pris. Cela fait tellement longtemps que ces gens mangent du caca à cause des décisions du gouvernement. Je dis du caca parce qu'il y a des gens qui sont littéralement dans la misère lorsqu'ils perdent leur emploi, même s'ils ont droit à des prestations, ils ne les obtiennent pas. On a tellement comprimé les conditions d'admissibilité qu'ils n'y ont pas droit.
Je serais d'accord avec lui si c'était sur une base égalitaire. Or, ce n'est pas cela. Les gens au Québec, de façon unanime, partout, tous ceux qui représentent les travailleurs, les chômeurs et les secteurs qui sont censés être visés disent non, parce que c'est, dans sa forme même, un mauvais projet de loi qui crée des précédents inadmissibles. On ne peut pas accepter l'inacceptable.
Ce qui est inacceptable, c'est de créer des catégories de bons et de mauvais chômeurs et d'exclure des gens sur la base de secteurs d'activité et parfois même du sexe. On sait que ce sont surtout les jeunes et les femmes dans des emplois précaires qui seront touchés par cette mesure. C'est pour cela qu'on est unanimement en désaccord.
S'il y avait des sons de cloche différents de nous, on porterait attention. On l'a fait d'un bout à l'autre. Nous ne comprenons pas pourquoi, dans un Parlement, on accepte un tel projet de loi.
Je rappelle l'incapacité du gouvernement d'établir exactement sur quelle base il arrive aux chiffres présentés. C'est un baroud d'honneur et un baroud politique qui trahit les chômeurs. C'est de la poudre au yeux. Comme l'a mentionné un représentant de la FTQ de la région de l'Estrie, c'est de la poudre aux yeux.
Le comble, c'est que ce projet de loi excluait aussi des gens sur la base du temps que nous allions prendre pour en débattre et l'adopter en cette Chambre. On a dit que cela n'avait pas de bons sens parce qu'il fallait avoir le temps de l'étudier. La ministre a accepté de modifier cette disposition et de donner le temps à la Chambre de l'étudier avant qu'il soit renvoyé au Sénat et qu'il suive le parcours désigné.
Les modifications apportées sont accompagnées d'une disposition à la motion 1a(i) qui dit exactement ceci. Pour les gens qui sont prestataires le « nombre de semaines de prestation figurant au tableau de l'annexe 1 qui lui est applicable et majoré par application de l'un ou l'autre des paragraphes 12 (2.1) à (2.4):
(i) si, à la date où le présent paragraphe est réputé être entré en vigueur, une période de prestations établie à son égard le 4 janvier 2009 ou [pas « et » mais « ou »] à une date ultérieure n'a pas pris fin, [...] »
Qu'est-ce que cela veut dire? Depuis cette semaine, des régions tombent — si vous me permettez l'expression. Automatiquement, elles ne sont plus admissibles. Au moment où je parle, il y a Québec et Hull qui ne peuvent pas être admissibles. La semaine prochaine, ce sera au tour du Centre-Sud et de Sherbrooke. On continuera ainsi tant et aussi longtemps que ce projet de loi ne sera pas adopté. Il faut être très prudent lorsque l'on affirme que ce projet de loi aidera les gens. Probablement qu'il le fera, mais il en aidera très peu et à quel prix? Au prix de reconnaître dans une loi des principes et des statuts qui sont totalement inacceptables. Même les Québécois et les Québécoises qui pourraient y voir un intérêt disent que c'est inacceptable.
Je citerai l'exemple de la foresterie, car c'est un bon exemple. On pourrait donner deux exemples, un au sujet de la position du Canada et un autre au sujet de celle du Québec. Prenons le cas de la foresterie. Des représentants de l'industrie manufacturière en foresterie canadienne ont témoigné en comité pour nous dire qu'ils y étaient favorables, alors que le secteur forestier québécois n'est pas d'accord. Ont-ils consulté les gens du reste du Canada? Je ne le sais pas. Par contre je sais qu'au Québec, ils ont été consultés. C'est donc dire que ce n'est pas la même position. Tout comme le Parti conservateur et le NPD prennent présentement la décision d'ignorer le Québec, il y a des secteurs d'activités qui font la même chose. Pourtant, les représentants de l'industrie forestière canadienne ont reconnu que le Québec n'était pas d'accord. Toutefois, ils parlaient au nom de tout le Canada. Heureusement qu'on leur a fait spécifier. La même chose s'est produite au Congrès du travail du Canada, formé de gens que je respecte beaucoup et qui font un travail exceptionnel pour représenter les travailleurs. Le président et d'autres représentants ont dit être d'accord avec le projet de loi, tout en reconnaissant toutes les faiblesses qu'il comporte.
Cependant, au Québec, leur affiliée, la FTQ est contre, et ce, pour les mêmes raisons que nous.
Il y a des choses qu'il faut prendre le temps d'examiner très sérieusement. Est-ce que cela aide les gens, et qui? Si cela aide, c'est à quelles conditions, à quel prix et est-ce que cela en vaut le prix?
Ce qui est souhaitable et nécessaire, c'est une réforme en profondeur du régime d'assurance-emploi. Ce régime a été massacré au cours des 14 dernières années par les libéraux, et maintenant par les conservateurs, pour en interdire l'accès à un maximum de gens. Or, de toutes les personnes au chômage, environ 54 p. 100 en sont exclus, tel qu'il est reconnu par le ministère. Pourtant, ils ont payé des cotisations au régime d'assurance-emploi toute leur vie et lorsqu'ils ont le malheur de perdre leur emploi, ils sont sans revenu. Leur argent est à Ottawa et ce sont les provinces et le Québec qui sont obligées de subvenir à leurs besoins par le soutien de dernier recours, ce qu'on appelle le bien-être social.
On appauvrit le travailleur, mais on appauvrit aussi sa famille, la région et la province concernée et cela ajoute au déséquilibre fiscal. De cette façon, le gouvernement a dégagé des surplus de 57 milliards de dollars au cours des 14 dernières années et il les a utilisés à d'autres fins.
Donc, pour restaurer le régime d'assurance-emploi, il faut revenir à un nombre d'heures requis plus raisonnable pour y avoir accès. On parle des fameuses 360 heures qui font consensus ici dans l'opposition et qui faisaient consensus aussi lorsque les conservateurs étaient de notre côté, en tenant compte bien sûr de la variante régionale, en termes du taux de chômage. Il est question aussi des 50 semaines de prestations d'assurance-emploi. À l'heure actuelle, on a cette mesure temporairement, mais il faudrait la rendre permanente. Il faudrait également offrir un revenu de 60 p. 100 du revenu gagné au lieu de 55 p. 100.
La majorité des gens qui ont recours à l'assurance-emploi sont souvent de bas salariés. Dans une grande proportion, ces gens ont à peine le salaire minimum. Ils ont donc 55 p. 100 du salaire minimum. Cela ne fait pas un gros revenu. Il serait donc normal d'augmenter cela à 60 p. 100.
Il faudrait une réforme en profondeur tenant compte aussi de l'abolition du délai de carence. Il est anormal de pénaliser les gens parce qu'ils perdent leur emploi. Les deux semaines du délai de carence ne sont pas à être ajoutées à la fin, mais c'est pour permettre aux gens de recevoir leurs prestations de chômage, dès la perte de leur emploi. C'est là souvent que le choc est plus grand, à cause des obligations qui demeurent et la difficulté de pouvoir s'adapter à cette absence de revenus qui affecte ces personnes.
Il faut aussi pouvoir assurer les travailleurs autonomes. Heureusement, on nous annonce un projet de loi là-dessus. Nous allons l'étudier. À moins qu'il y ait des surprises comme dans le projet de loi et quelque chose d'irrespectueux pour le monde, s'il y a quelque chose d'intéressant, nous serons d'accord pour avoir des mesures pour les travailleurs autonomes.
Alors, comment va-t-on y arriver? C'est en changeant le discours et surtout en changeant la volonté politique de façon à améliorer le sort des chômeurs. Pour cela, cela passe par le « décadenassage » des cotisations. Le gouvernement a cadenasser le régime en gelant à 1,76 $ les taux de cotisation, alors que ce n'est pas la cotisation qui fait défaut, ce sont les prestations, donc les avantages qu'on donne par rapport à ce régime.
Il me reste peu de temps, je vais donc conclure et lors des questions, j'essaierai de revenir sur la situation des travailleurs âgés. En conclusion, il y a deux choses. Il faut décadenasser le régime et il faut faire en sorte de débattre ici d'une vraie réforme en profondeur qui respectera les chômeurs, leur famille et toutes nos régions également, en leur donnant effectivement des prestations pour qu'ils puissent regagner leur dignité même s'ils ont perdu leur emploi.
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Monsieur le Président, dans le débat sur le projet de loi , il est toujours difficile, comme l'a dit mon collègue du Bloc, de choisir les gagnants et les perdants, et il ne fait aucun doute que c'est ce que fait le projet de loi. Certaines personnes vont gagner, et d'autres, dont beaucoup d'amis personnels à moi, vont perdre. Ces gens sont des travailleurs canadiens de l'automobile dans ma région avec qui j'ai travaillé pendant de nombreuses années. Ils ne bénéficieront pas de ce projet de loi. Cela va sans dire.
Compte tenu du nombre de mises à pied ces dernières années et de ce qui s'est passé avant l'adoption de ce projet de loi, ils ne seront pas couverts. C'est aussi simple que cela.
Cela dit, nous n'avons malheureusement pas l'impression, à la Chambre, de pouvoir nous faire une vue d'ensemble et de pouvoir effectuer un examen approfondi du régime d'assurance-emploi. Nous y apportons ici et là des modifications depuis qu'il a été revu dans les années 1990. Lors de cette révision, on l'a vidé de sa substance. Après que le gouvernement libéral de l'époque l'eut vidé de sa substance, nous nous sommes retrouvés avec le régime actuel, une sorte de ramassis de mesures disparates qui devraient aider tous les Canadiens mais qui ne les aident pas tous.
En ce moment, nous ajoutons des éléments par-ci, par là. Tel élément ne nous plaît pas. Tel autre ne nous plaît pas non plus. Et on passe de l'un à l'autre.
Mon propre projet de loi d'initiative parlementaire qui aurait fait en sorte que les indemnités de départ et de vacances soient conservées par les chômeurs lorsqu'ils commencent à toucher des prestations d'assurance-emploi a été rejeté par les libéraux. Ils se sont prononcés contre ce projet de loi.
Pourtant, les libéraux prétendent vouloir réformer le régime. Et lorsqu'ils ont la possibilité de le faire, ils la rejettent. C'est dommage.
Une révision complète s'impose. Il faut que le régime d'assurance-emploi protège les chômeurs. C'est son rôle. C'est pour cela que les travailleurs versent des cotisations. Ils le font parce qu'ils croient que, s'ils ont la malchance de perdre leur emploi, ils toucheront des prestations d'assurance-emploi.
Le projet de loi garantira ce résultat pour un certain groupe de travailleurs, mais pas pour tous, malheureusement. Il ne protégera pas les travailleurs mis à pied en 2008, pas plus que ceux qui, sans qu'ils y soient pour quoi que ce soit, ont été mis à pied pendant de longues semaines dans les années antérieures. C'est regrettable. Aucun travailleur mis à pied ne touche des prestations du régime de son propre gré, car les travailleurs ne choisissent pas d'être mis à pied. La décision relève des employeurs.
En conséquence, si des travailleurs décident eux-mêmes de quitter leur emploi, ils ne sont pas admissibles. C'est une erreur que de sévir contre ceux qui ont été mis à pied sans qu'ils y soient pour quoi que ce soit. Au mieux, c'est une énormité.
Il faut considérer l'assurance-emploi dans sa totalité au lieu de voir les mesures à la pièce, comme nous le faisons maintenant. Cela n'est guère utile aux travailleurs et ne donne rien de bon pour les chômeurs.
Toutefois, le projet de loi aidera certaines personnes. Dans ma circonscription, les travailleurs de John Deere qui ont été mis à pied en 2009 parce que leur usine a fermé ses portes, malgré sa rentabilité. La production est passée au Mexique. L'usine rapportait des bénéfices à la société, mais celle-ci a simplement décidé de partir. Ces travailleurs qui devaient voir leurs prestations se tarir, à l'approche de l'an 2010, profiteront de l'aide prévue par le projet de loi. Tant mieux pour eux.
Malheureusement, les travailleurs de Henniges, à environ deux kilomètres de là, qui ont perdu leur emploi en 2008 n'auront pas les mêmes avantages. Eux aussi, comme leurs camarades de l'usine Deere, avaient travaillé pendant de longues périodes sans jamais être mis à pied.
Par conséquent, un groupe sera protégé, mais, malheureusement, l'autre ne le sera pas. Voilà le problème qui surgit lorsque nous essayons de greffer une mesure à la fois à un ensemble complexe de dispositions. Voilà pourquoi ça ne marche pas.
Si nous voulons veiller à ce que les travailleurs réduits au chômage soient protégés, il nous faut adopter un point de vue global. Nous pourrons ainsi réformer le régime au lieu d'ajouter une couche de complexité par ici et d'en enlever une autre ailleurs.
Mon collègue de a posé une question sur les 2 milliards de dollars injectés dans le fonds au moment de créer cette entité indépendante qui gérera le régime. Il est bien évident que 2 milliards, c'est bien trop peu, alors qu'il y avait 57 milliards de dollars dans le régime. Voilà pourquoi nous apportons des modifications à la pièce: nous ne fournissons pas un financement suffisant.
Pourtant, les travailleurs et les employeurs croient avoir adéquatement financé le système. Ils ont dûment acquitté leurs cotisations au fil des ans et ont ainsi accumulé un excédent. Malheureusement, l’excédent s’est volatilisé sous nos yeux par suite de la gestion inepte de la caisse d’assurance-emploi par les gouvernements successifs conservateurs et libéraux. Ils ont tout dépensé, de sorte que nous devons maintenant puiser dans les deniers publics pour payer les chômeurs.
Je vois le secrétaire parlementaire qui secoue la tête. Il a bien raison. Il faut maintenant recourir au Trésor pour renflouer la caisse d’assurance-emploi. Il y avait pourtant un excédent, que les gouvernements successifs ont gaspillé. Ce n’est pas une boutade. Ces deux partis ont décidé de dépenser l’argent -- qui appartient de plein droit aux chômeurs -- à des fins autres que l’assurance-emploi.
C’est honteux, parce que les chômeurs se demandent maintenant pourquoi le système ne les aide pas. Je ne crois pas que c’est parce qu’il y a des gens qui agissent méchamment. On nous répond constamment qu’il n’y a pas assez d’argent, même si nous en avions bien assez auparavant. Quelqu’un a décidé de placer cet argent ailleurs, ce qui est regrettable. Nous avons un gel des cotisations qui durera quelque temps, mais, à son expiration, nous demanderons aux travailleurs de payer davantage.
J’espère qu’avant que cela n’arrive, les travailleurs obtiendront un examen complet du système. Ainsi, s’ils ont la malchance d’être mis à pied après avoir cotisé pendant cinq ans, ils pourront toucher des prestations. L’argent n’aura pas été gaspillé comme la dernière fois.
Comme nous pouvons le voir, le projet de loi protégera certains travailleurs, 190 000, pour être précis. Les orateurs se lancent à la tête des nombres et des montants. Est-ce 935 millions de dollars? Ou bien un milliard? Personne ne le sait avec certitude. Bien sûr, le ministère et la commission essaient de donner des précisions sur les chiffres et les prestataires en se fondant sur d’autres statistiques. Mais nous ne connaîtrons pas les chiffres réels avant que les gens se prévalent de ces dispositions. Tout ce que nous savons avec certitude, c’est que les travailleurs ont besoin d’aide.
La plupart des économistes disent que nous aurons en 2010 une reprise sans emplois. Si c’est le cas, nous savons qu’il y aura des chômeurs. Ceux qui ont perdu leur emploi cette année resteront chômeurs l’année prochaine. La question est de savoir quel sera leur nombre. Personne ne le sait. Je crois que nous pouvons tous être d’accord sur une chose. Si le nombre des prestataires est non pas de 190 000, mais plutôt de 150 000 ou 100 000 parce que 90 000 chômeurs auront trouvé du travail, ce sera une bonne chose. Aucun d’entre nous, à la Chambre, ne dira que c’est une mauvaise nouvelle. Nous saurions que les gens ont trouvé du travail, qu’ils gagnent leur vie, remettent de l’argent dans l’économie et s’occupent de leur famille. Personne ne tient à toucher des prestations d’assurance-emploi.
Si on y pense, les travailleurs n’obtiennent que 55 p. 100 de leur salaire. Je suis sûr que la plupart des députés ne voudraient pas voir leur revenu diminuer à ce point. C’est ce qu’obtiennent les travailleurs qui sont mis à pied. Personne ne veut être chômeur, personne ne veut gagner moins d’argent. Tous ces gens préféreraient travailler.
Ces changements aideront certains groupes de travailleurs un peu partout dans le pays. Toutefois, il y aura des régions -- le Bloc signale à juste titre qu’il y aura des zones du Québec -- qui ne seront pas couvertes. Le secteur forestier est durement touché depuis un certain temps. En grande majorité, ses travailleurs ne seront pas protégés. En grande majorité, les travailleurs ontariens de l’automobile ne seront pas protégés non plus malgré ce qu’ils ont souffert.
Toutefois, les prestataires ne seront pas nécessairement dans nos circonscriptions. Il y en aura peut-être quelques-uns par-ci par-là. Il est presque certain qu’on en aura un certain nombre dans chaque circonscription. Nous trouverons probablement des poches plus importantes dans certaines régions que dans d’autres. Il s’agit d’un programme national destiné à nous tous. Il est censé nous protéger partout dans le pays, indépendamment de l’endroit où nous nous trouvons.
Des travailleurs mis à pied dans une région peuvent décider d’aller s’établir dans une autre pour trouver du travail pendant qu’ils touchent des prestations d’assurance-emploi. C’est un programme national que nous chérissions tous. Nous voudrions le chérir encore, à titre de travailleurs. Nous devons travailler fort ici pour que, à l’avenir, le système puisse fonctionner comme dans le passé, avant les réformes apportées par le gouvernement libéral dans les années 1990. Nous devons veiller à ce qu’il aide les travailleurs et les protège quand ils en ont besoin. Nous devons nous assurer qu’il n’est plus ce qu’il est devenu aujourd’hui, c’est-à-dire un ensemble disparate de mesures différentes dépendant de l’endroit où on se trouve.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer au débat sur le projet de loi .
Le taux d'emploi dans ma circonscription, Windsor-Ouest, est le plus élevé du pays depuis deux ans. Il avait toujours été élevé auparavant. Pendant de nombreuses années, j'ai sonné l'alarme à la Chambre, auprès du gouvernement libéral précédent et, maintenant, auprès des conservateurs, pour signaler qu'en l'absence d'une politique pour le secteur de l'automobile, ma région allait perdre des emplois. Nous avons assisté à une dégradation dans le secteur de l'automobile. Ce secteur s'est complètement effondré, les usines de montage du Canada ayant dégringolé du premier au dixième rang.
Le projet de loi n'aidera pas particulièrement le secteur et les travailleurs de l'automobile, comme le député de l'a, à juste titre, fait remarquer. Toutefois, je vais appuyer le projet de loi, car je sais ce que c'est pour les familles d'arriver à la fin de la période de prestations et de ne pas recevoir l'aide nécessaire. L'effet, non seulement sur les familles, mais aussi sur les collectivités, est terrible et peut être évité.
Le projet de loi comporte quelques éléments positifs. Si nous pouvons soutenir 150 000 ou 190 000 personnes pour la somme de 1 milliard de dollars, qui est le coût estimatif, ou pour toute autre somme, je veux bien voter en sa faveur. Mes concitoyens et moi ne voulons pas que d'autres vivent ce que nous vivons actuellement.
Nous faisons face à des complications encore plus grandes. Non seulement nous avons perdu des emplois, mais aussi tout un secteur d'activité, parce qu'il n'y a pas de politique pour ce secteur. Dans mes observations initiales, j'ai fait remarquer que le Canada n'avait pas de politique pour le secteur automobile. Le ministre a convoqué une réunion avec le CPSCA pour vendredi, ce qui est une bonne initiative. Enfin, il va se passer quelque chose.
Notre concurrent de facto, les États-Unis, vient de piquer un sprint grâce à une nouvelle économie d'énergie. En fait, George W. Bush, et non Barack Obama, a créé un fonds doté de 25 milliards de dollars pour le secteur automobile avant la chute de ce secteur et les répercussions subséquentes. Il s'ensuit que le Michigan, par exemple, aura deux nouvelles usines de montage de véhicules et quatre usines de fabrication de batteries parce que cet État n'a pas lésiné à offrir la technologie, le degré de développement et l'évolution nécessaires pour faire bouger les choses.
Le président du Syndicat des travailleurs de l'automobile mérite des félicitations, mais il y a également certaines difficultés à souligner. Encore une fois, il a négocié un investissement à Windsor, en Ontario, pour la fabrication d'un nouveau moteur. Malheureusement, l'usine de St. Thomas, dans la région de London, fermera ses portes et je suis très inquiet pour ses travailleurs. À 11 p. 100, le taux de chômage à London approche rapidement celui de Windsor. Je crains que les gens continueront d'être laissés pour compte.
Le projet de loi viendra en aide à ceux qui n'ont pas retiré de prestations par le passé. Il cible plus particulièrement certains groupes de travailleurs plus âgés, ce qui est très important. J'ai constaté le faux raisonnement qui sous-tend certaines politiques, particulièrement celles qui s'adressent aux travailleurs âgés. Le gouvernement a prétendu que ces travailleurs ont besoin de cours de recyclage, que tout ira bien et que le marché se rétablira de lui-même.
Il y a dans ma région un fabricant d'outils et de matrices qui est sans contredit le meilleur au monde. Il a apporté des changements à l'industrie et a été un chef de file mondial pendant plusieurs années. Toutefois, il est maintenant forcé de supprimer des emplois en raison des politiques commerciales et de l'absence d'application des règles dans plusieurs domaines, comme le dumping et tout le processus d'acquisition qui empêche souvent le Canada de participer.
J'aimerais parler d'un cas en particulier. Le ministère de la Défense nationale a sans aucun scrupule confié un contrat à Navistar International, qui construit maintenant des véhicules canadiens pour nos soldats au Texas, plutôt que de confier ce mandat aux fabricants de Chatham en Ontario. Des Canadiens et des Canadiennes auraient pu travailler à la construction de ces véhicules et il nous aurait coûté moins cher de rééquiper cette usine, ce qui n'aurait pas été une grosse affaire, que de verser des prestations d'assurance-emploi. Paradoxalement, alors que ces camions sont en construction au Texas, nos travailleurs doivent rester chez eux. Il est inacceptable que cette politique se poursuive.
Ce contrat d'approvisionnement a été autorisé en vertu de nos ententes commerciales actuelles, mais nous sommes le seul pays qui ne le fait pas. Les États-Unis y ont régulièrement recours et c'est inacceptable.
J'aimerais parler brièvement de ce que nous pouvons faire pour améliorer le régime d'assurance-emploi en accroissant les prestations et ce que cela signifie pour les travailleurs sans emploi. Ils pourraient garder leur maison, continuer d'envoyer leurs enfants à l'école, payer leurs factures en cette période difficile et jouir d'une certaine stabilité. Nous devons faire des choix quant à la façon d'utiliser nos ressources.
Le présent gouvernement et le précédent avaient l'avantage d'un excédent de 57 milliards de dollars dans la caisse d'assurance-emploi. Ce sont les travailleurs et leurs employeurs qui avaient constitué ce fonds avec leurs cotisations. Prendre cet argent, c'est du vol. C'est méprisant envers tous ceux qui ont cotisé au régime, surtout à un moment où ils ont besoin de cet investissement, comme maintenant, étant donné le ralentissement économique.
Le pire, c'est que ce n'est pas le coût des salaires et des pensions des travailleurs qui a engendré ce ralentissement. C'est plutôt la cupidité et la mauvaise gestion qui en sont la cause, et le problème a pris naissance en grande partie sur le marché immobilier, entre autres, aux États-Unis. Le problème a été inversé et on a maintenant une attaque en règle contre les salaires et avantages des travailleurs. On parle maintenant de coûts hérités pour désigner ces avantages, ce qui est un non-sens absolu.
Quand les gens s'assoient à la table avec un employeur pour négocier un régime de pension plutôt qu'une augmentation de salaire ou une amélioration d'un avantage social, il s'agit en fait d'une partie de leur salaire qu'ils mettent de côté pour plus tard, et ils devraient y avoir droit. Ces gens ont travaillé pour accumuler cette pension et ils méritent de l'obtenir, pour leur famille et eux-mêmes. C'est important que le Canada continue à améliorer ses régimes de pension. En tant que néo-démocrate, je suis heureux que nous ayons réussi à faire progresser les choses également sur cette question.
Comment pourrions-nous modifier la politique économique pour changer les choses, pour assurer des ressources qui permettront de bonifier le régime d'assurance-emploi afin que les gens puissent conserver leur maison, continuer à vivre et trouver un nouvel emploi?
Il y a un fait qui n'a pas été soulevé dans le débat public, et c'est très intéressant. Notre pays a fortement réduit les impôts des grandes sociétés depuis l'an 2000. J'ai demandé une étude sur cette question. Cet impôt passera de 29 p. 100 à 15 p. 100 d'ici 2012.
J'ai fait ma propre recherche, mais j'ai aussi demandé aux économistes et aux de la Bibliothèque du Parlement. Tous les députés ont droit à ces services. Je leur ai demandé d'évaluer ce que les réductions d'impôts des sociétés ont coûté depuis l'an 2000 et ce qu'il en coûtera, d'ici 2012, pour arriver au taux de 15 p. 100.
C'est très intéressant. Au cours de la première vague, de 2000 jusqu'à il y a environ deux mois, nous avons renoncé en tant que pays à quelque 85 milliards de dollars de recettes générales. Nous n'avons donc plus cet argent pour le réinvestir dans différentes mesures. La deuxième vague, celle qui reste à venir, nous coûtera 86 milliards de dollars. Pour que ce soit possible, il faudra couper ces 86 milliards ailleurs.
Ce qui est intéressant, c'est qu'actuellement le gouvernement emprunte de l'argent aux générations futures pour alléger la fiscalité des entreprises pétrolières et gazières, de certains groupes pharmaceutiques et des compagnies d'assurances qui sont rentables, n'ont aucun besoin de ce genre de stimulant et ne changeront pas pour autant d'attitude sur le marché.
Ce manque à gagner signifie non seulement que nous ne pourrons pas utiliser cet argent pour certains secteurs industriels ciblés, mais aussi qu'il faudra le rembourser avec intérêts. Nous empruntons actuellement à un taux plancher record, 0,25 p. 100. Il sera intéressant de voir comment nous rembourserons cet argent, surtout si nous avons un déficit structurel, comme c'est le cas, je le crois, parce que nous avons largement épuisé les moyens de nous sortir de ce marasme économique.
Il suffit de voir tous les gens qui espèrent une reprise du marché, une remontée des actions en fonction des spéculations sur le cours du pétrole et d'autres choses, alors que le chômage continue de s'aggraver.
Il y a eu une certaine reprise, par exemple à l'usine Ford avec les nouveaux investissements réalisés par les TCA à la table de négociation. Mais ce sont des choses qui se sont faites isolément, en l'absence du gouvernement. Ils ont réussi à faire augmenter le nombre d'emplois, sans atteindre tout de même le niveau historique qu'il aurait fallu pour pouvoir nous en sortir.
Pour le secteur de l'automobile en particulier, il s'agit d'un changement structurel et non cyclique. Il va y avoir des problèmes pour la relance dans l'ensemble.
Les Canadiens se demandent vraiment pourquoi diable on a besoin de donner encore des allégements fiscaux aux entreprises en ce moment. Puisqu'il y a eu des pertes record d'emploi dans le secteur manufacturier en Ontario et au Québec, il est manifeste que la baisse des taux d'imposition des sociétés n'a pas fonctionné. Il est manifeste que ces industries menacées par les politiques économiques et commerciales d'autres pays ne protègent pas des emplois concrets. En tous cas, le nombre d'emplois diminue.
Il faut renverser la vapeur avec de bonnes stratégies sectorielles. Ce qu'on peut faire en particulier, c'est investir dans la technologie verte au niveau non seulement des consommateurs, mais aussi de la recherche et du développement. Pour cela, il faudra des investissements. Où va-t-on les trouver?
À mon avis, il faudrait commencer par cesser d'emprunter à nos enfants pour alléger les impôts des sociétés qui n'en ont pas besoin actuellement. Au lieu de ça, il faudrait investir cet argent dans leur avenir pour qu'ils puissent participer à la solution au lieu d'être confrontés à ce problème qu'on entretient.
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Monsieur le Président, j'ignore s'il s'agit d'une persistance de leur arrogance ou s'ils n'arrivent pas à comprendre ce qui arrive aux Canadiens. C'est totalement illogique.
Par ailleurs, le député a raison de rappeler les 57 milliards de dollars qui se trouvaient dans le régime. Aujourd'hui, selon le conseil de la FCEI, nous allons voir augmenter les charges sociales. C'est une répercussion regrettable de la nouvelle politique du gouvernement, qui a accordé 2 milliards de dollars, réserve qui est déjà épuisée. Le directeur parlementaire du budget a déjà calculé que cette hausse des cotisations se produirait. Le député d' a fait une excellente besogne pour nous dans ce dossier.
J'ai parlé un certain temps des réductions de la fiscalité des sociétés parce que, paradoxalement, nous allons avoir, à un moment où le secteur de l'automobile est en difficulté et ne bénéficiera pas immédiatement de ce type de politique, cette charge sociale qui sera imposée à des entreprises qui ont actuellement du mal à surnager. Le secteur forestier, le secteur de l'automobile, le secteur manufacturier, tous les secteurs qui éprouvent actuellement des difficultés seront soumis à un nouveau prélèvement. Une fois de plus, ils vont subventionner les banques, l'industrie pétrolière et les institutions qui se portent fort bien.
Il est insensé de proposer ce genre de politique en ce moment, car elle sera une entrave au développement économique.
Je peux dire aux députés que les investisseurs du secteur de l'auto et du secteur manufacturier se soucient des politiques de cette nature. Ils ne se préoccupent pas forcément de la réduction globale de l'impôt des sociétés. J'ai parlé du Michigan et de la façon dont les Américains ont aidé les usines beaucoup plus que nous ne l'avons fait ici.
Le ministre des Finances peut se vanter tant qu'il le voudra du fait que le taux de l'impôt des sociétés ne sera que de 15 p. 100 en 2012 et prétendre que nous avons un taux plus favorable que celui des États-Unis. La réalité, c'est que les emplois s'en vont ailleurs.
Au Michigan, les Américains ont pris un certain nombre de mesures pour leur secteur. Ils concurrencent maintenant notre industrie du film. Ils ont transformé d'anciennes installations de l'industrie automobile en une Mecque de l'industrie cinématographique. Ce développement économique sera très appréciable. Il y a là une source de concurrence pour Toronto.
Dans un certain nombre d'industries, nous accusons des pertes parce que d'autres types de programmes et de services sont offerts par notre concurrent, au sud de la frontière. Tout ce que nous pouvons faire, c'est dire que nous avons un taux d'impôt sur le revenu des sociétés qui est plus faible, et que les entreprises devraient donc venir s'installer ici.
En fait, la relance va mieux là-bas qu'ici. Cela est troublant car certains des développements ont lieu dans le domaine de la nouvelle technologie. C'est le cas dans le secteur de l'automobile, par exemple. Il n'y a pas qu'au montage des automobiles, que dans la production des véhicules, qu'on utilise cette haute technologie nouvelle. Le secteur des pièces et de l'approvisionnement évolue aussi et fait appel à cette nouvelle technologie. Ces nouvelles installations se regrouperont autour de ce développement. On peut préférer installer de nouvelles installations aux États-Unis plutôt que de moderniser celles qui existent ici, au Canada, ce qui serait nécessaire pour approvisionner les usines dans lesquelles on a investi aux États-Unis. Souvent, dans le passé, lorsqu'une usine s'implantait aux États-Unis, l'Ontario pouvait à tout le moins lui fournir des pièces et des services, de même que l'Ohio et le Michigan.
Toutefois, compte tenu de certaines technologies émergentes, ce qui me préoccupe, et cela se confirme, c'est que le secteur des pièces sera plus vulnérable que jamais, car les Américains se demandent s'ils devraient moderniser leurs installations ou tout simplement en construire de nouvelles aux États-Unis pour approvisionner les nouvelles usines. Si les États-Unis allaient dans ce sens, les contribuables et les collectivités au Canada en paieraient un prix très élevé.
Qu'on pense au corridor ou à la région allant de London à Windsor, en Ontario. Comme je l'ai signalé, le taux de chômage dépasse maintenant 11 p. 100 à London. II y a lieu de demander à ces députés où en est la politique que nous avons réclamée. Je remercie de nouveau le ministre, qui a à tout le moins convoqué le Conseil de partenariat pour le secteur canadien de l'automobile à une réunion, vendredi, mais cela demeure insuffisant.
Les États-Unis ont une politique de prêts à faible taux d'intérêt dans laquelle ils ont investi 25 millions de dollars. Au Canada, nous aurons une politique de 250 millions de dollars sur cinq ans, soit 50 millions de dollars par année. Paradoxalement, le secteur de l'automobile sait que ces fonds proviennent d'une nouvelle taxe que le gouvernement lui a imposée. Le gouvernement impose une nouvelle taxe pour financer son incitatif. Or, le secteur de l'automobile s'oppose à cela.
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Monsieur le Président, comme le député de , j'ai une certaine expérience du secteur de l'automobile et des pièces détachées. Il faut souligner que l'engagement du gouvernement à réduire les impôts est considérable. L'engagement à réduire les impôts des sociétés est considérable, et c'est ce qui fait que les entreprises mondiales et canadiennes choisissent de s'installer au Canada. Cette année même, une des entreprises les plus emblématiques du Canada a décidé de revenir ici grâce en grande partie à cet engagement à réduire les impôts des sociétés.
Pour le député de , le verre est à moitié vide. Pour nous de ce côté-ci, il est à moitié plein.
J'ai été encouragé hier par le rapport trimestriel de Ford, un constructeur d'automobiles du secteur dont a parlé le député de , rapport qui annonce un profit d'un milliard de dollars pour le dernier trimestre. Je suis sûr que les perspectives d'affaires au Canada s'améliorent chaque jour.
Mais je ne suis pas là pour discuter automobile, je suis là pour parler du projet de loi et c'est ce que je vais faire si vous le voulez bien.
Je reprends donc la parole sur le projet de loi . Nous avons aujourd'hui l'occasion d'aider les travailleurs expérimentés qui ont perdu leur emploi à cause de la récente tourmente de l'économie. C'est un moment important. Notre économie est encore fragile et la relance en est à ses balbutiements. Il faut prendre des mesures prudentes, responsables et dont nous avons les moyens pour que la relance poursuive son essor et que les Canadiens en profitent à court et à long terme.
Le projet de loi prolonge temporairement les prestations ordinaires d'assurance-emploi des travailleurs de longue date au chômage pour leur laisser plus de temps pour chercher un nouvel emploi. C'est un projet de loi prudent, responsable et dans nos moyens.
Qui sont ces travailleurs de longue date? Ce sont des Canadiens qui ont travaillé fort en payant leurs impôts et leurs cotisations d'assurance-emploi pendant des années sans jamais ou pratiquement jamais avoir recours aux prestations ordinaires d'assurance-emploi. Mais soudain, ils ont perdu leur emploi et ils doivent repartir à zéro. Dans une période comme celle-ci, une période d'évolution et de relance de l'économie, cela peut poser de sérieux problèmes.
Nous nous soucions de tous les Canadiens sans emploi, mais nous nous concentrons actuellement sur les travailleurs de longue date qui ont été particulièrement touchés par le récent revers de notre économie. Nous savons que les travailleurs canadiens travaillent fort. Nous savons qu'ils sont prudents et qu'ils s'occupent d'eux-mêmes, de leur famille et de leur communauté. Nous savons qu'ils veulent retourner au travail dès l'instant où ils perdent leur emploi. Ces Canadiens laborieux veulent s'en sortir, mais il est de notre responsabilité de les aider à franchir l'obstacle actuel.
Nous devons veiller à ce que le régime d'assurance-emploi, auquel ont cotisé ces travailleurs canadiens, soit souple pour répondre à leurs besoins. Après tout, ces travailleurs comme les employeurs ont cotisé au régime, et il est normal que le régime soit là pour eux quand ils en ont besoin. Le projet de loi est une mesure temporaire qui vise à aider les travailleurs qui n'ont jamais ou à peu près jamais touché de prestations normales d'assurance-emploi.
Le projet de loi permettra d'offrir de cinq à vingt semaines de prestations supplémentaires, selon la durée pendant laquelle le prestataire a travaillé et cotisé à l'assurance-emploi. Une fois qu'une personne répond aux critères définissant un travailleur de longue date, le calcul est simple: le nombre de semaines de prestations supplémentaires auxquelles cette personne aura droit sera fonction de la durée pendant laquelle elle aura travaillé. Plus une personne aura cotisé au régime d'assurance-emploi, plus elle en profitera. Cela concerne les travailleurs qui ont payé au moins 30 p. 100 des cotisations annuelles maximales pendant sept des dix dernières années civiles.
La plupart des personnes travaillant à plein temps ou presque depuis de nombreuses années n'auront aucun mal à répondre à cette exigence. Nous avons prévu qu'ils peuvent avoir reçu jusqu'à 35 semaines de prestations ordinaires au cours des cinq dernières années.
Cette partie du projet de loi prend en compte le fait que les travailleurs de certaines industries, comme les industries manufacturière et forestière, recevaient des prestations d'assurance-emploi pendant la fermeture temporaire de leurs entreprises. C'est ainsi que cela se passe dans notre économie et nous devons l'admettre. Il s'agit d'une mesure prudente dans le cadre du projet de loi.
Histoire d'en rajouter du point de vue de la prudence, nous nous sommes assurés que le fait de recevoir des prestations particulières d'assurance-emploi, comme les prestations de maternité et parentales, les prestations de soignant et de maladie, n'aura pas de répercussions sur l'admissibilité d'un travailleur. Aussi, soyons clair là-dessus.
Les travailleurs qui ont pris des congés et ont reçu des prestations spéciales ne seront pas sanctionnés dans le cadre de ce projet de loi. Ils seront admissibles au même titre que les personnes qui n'auront pas reçu de prestations spéciales.
Le projet de loi se veut aussi prudent par la couverture qu'il permet dans le cadre de notre économie. Ainsi, notre ministre et les fonctionnaires travaillant avec elle ont estimé que près de 190 000 Canadiens pourraient bénéficier des mesures contenues dans le projet de loi. C'est un groupe important de Canadiens, et une partie importante des chômeurs ayant perdu leur emploi à cause de la récession. En tant que tel, ce projet de loi permettrait d'aider des Canadiens et le Canada dans son ensemble.
Les travailleurs de longue date proviennent de tous les secteurs économiques, pas uniquement des secteurs forestier et manufacturier, mais également du secteur des métiers, de la technologie et des services. Il y en a également dans tout le Canada. Il n'y a pas une région du Canada qui n'a pas été touchée par la récession et pas un coin du pays où on ne trouve pas de travailleurs de longue date qui ont été mis à pied et éprouvent des difficultés en raison de la situation économique difficile.
Dans ma magnifique circonscription, Huron—Bruce, il y a beaucoup de travailleurs de longue date qui bénéficieraient du projet de loi. C'est pourquoi je l'appuie avec enthousiasme, avec toutes les mesures qu'il contient.
Comme beaucoup de mes collègues l'ont déjà mentionné, environ un tiers des personnes qui ont perdu leur emploi au Canada depuis la fin de janvier sont des travailleurs de longue date qui sont admissibles à l'assurance-emploi. Le projet de loi assurerait le soutien de ces travailleurs pendant qu'ils cherchent un nouvel emploi dans notre économie, qui reprend et qui se transforme. Selon le projet de loi, par exemple, les travailleurs qui ont cotisé à l'assurance-emploi pendant sept des dix dernières années obtiendraient cinq semaines supplémentaires de prestations régulières. Pour chaque année additionnelle de cotisation, le nombre de semaines de prestations augmenterait de trois semaines, jusqu'à un maximum de vingt semaines.
Je veux aborder les trois amendements que le gouvernement a proposés au projet de loi et qui ont été acceptés par la Chambre tout juste hier. Il y a des amendements de nature technique qui apporteront un soutien accru aux travailleurs de longue date et maintiendront la vaste portée du projet de loi.
Le premier amendement porte que l'admissibilité aux mesures contenues dans le projet de loi commence le 4 janvier 2009, peu importe le moment où le projet de loi recevra la sanction royale, ce qui est très encourageant. Cela donne un peu de certitude aux travailleurs de longue date. Cela garantira également que ces travailleurs qui ont perdu leur emploi en 2009 seront admissibles aux semaines additionnelles de prestations, peu importe le temps qu'il faudra pour adopter le projet de loi.
Avec les amendements, nous avons également voulu nous assurer que les Canadiens et les Américains qui travaillent au Canada, mais vivent aux États-Unis, peuvent toucher les prestations régulières d'assurance-emploi. La seule restriction c'est qu'ils doivent répondre aux critères d'admissibilité du régime d'assurance-emploi.
Un autre amendement est une disposition provisoire qui fait en sorte que les prestataires aient suffisamment de temps au cours de leur période de prestations pour toucher les semaines supplémentaires de prestations régulières prévues dans le projet de loi.
Ces amendements garantissent à tous les travailleurs de longue date admissibles à des prestations supplémentaires un plein accès à ces prestations. Bien qu'ils soient plutôt techniques, ces amendements sont essentiels au succès du projet de loi, et je suis heureux que la Chambre les ait appuyés.
En prolongeant le nombre de semaines de prestations pour les travailleurs de longue date, nous agissons dans l'intérêt de notre économie et des travailleurs canadiens. Grâce à certains ajustements, les chômeurs pourront réintégrer la population active et continuer d'être productifs.
Il est de notre responsabilité de soutenir les chômeurs qui tentent de surmonter la récente récession, tout comme l'économie dans son ensemble doit se sortir de la récession. Nous soutenons l'économie et les chômeurs. Ils se relèveront de la récession, et le gouvernement conservateur les aide à y parvenir.
Le projet de loi , qui est une mesure provisoire, comme beaucoup d'autres de nos mesures, s'appuie sur d'autres mesures que nous avons présentées dans le cadre du Plan d'action économique du Canada. Il s'agit d'une mesure temporaire pour remédier à une situation temporaire.
Il est certain qu'il s'agit d'une période difficile pour les chômeurs. Nous avons bon espoir que, par les mesures que nous prenons comme gouvernement, par les efforts des Canadiens et par ce que ce font d'autres pays, nous redresserons notre économie et nous aurons une population active saine, qualifiée et, surtout, de retour au travail.
J'aimerais présenter quelques-unes des mesures du Plan d'action économique du Canada, uniquement pour m'assurer que tous mes collègues se rendent compte de toutes les bonnes choses que fait le gouvernement conservateur pour les Canadiens. Je tiens également à rappeler certains faits récents. Je tiens à le faire non pas parce que mes collègues ne nous ont pas entendus, moi et d'autres députés, parler du Plan d'action économique, mais parce que bon nombre de mes collègues de l'opposition semblent mitigés à l'égard de ce plan et qu'ils pourraient donc avoir besoin de se faire rafraîchir la mémoire.
Je voudrais tout d’abord signaler que les libéraux d’en face ont appuyé le gouvernement conservateur et son plan d’action économique avant de s’y opposer. En fait, le n’a pas trouvé grand-chose dont il puisse se plaindre. Mais c’était avant qu’il ne décide à tort que les Canadiens avaient besoin de nouvelles élections. C’est ainsi qu’il a commencé par s’opposer à ces élections inutiles avant de changer d’avis pour les appuyer. Ce n'est rien de très prometteur de la part des députés de l’opposition libérale. Ces gens donnent l’impression d’être peu fiables et d’être incapables de se décider. Ils n’arrivent pas à s’entendre sur une ligne de conduite qui avantage vraiment les Canadiens. Ils semblent incapables de s’engager. Les libéraux ont l’air d’agir en ne pensant qu’à leurs propres intérêts. Ils semblent penser surtout à eux-mêmes, ce qui est regrettable, non pour notre gouvernement, mais pour les Canadiens.
Ce qui est prometteur, par contre, c’est l’appui que nous avons obtenu de nos collègues néo-démocrates au sujet du projet de loi . Bien sûr, nous avons eu des divergences d’opinion, mais ils semblent prendre à cœur les intérêts des Canadiens, comme notre gouvernement. Les députés du NPD semblent vouloir que les Canadiens profitent de l’aide que leur assure ce projet de loi. Nous convenons que les Canadiens ont besoin de cette aide. Nous sommes donc heureux que les députés du NPD aient décidé d’appuyer le projet de loi et l'intervention de notre gouvernement, même s’ils ne se montraient pas aussi coopératifs, il y a quelques mois.
Quant au Bloc, non seulement il ne peut rien faire pour les Québécois, mais voilà qu’il rejette des choses avantageuses pour le Québec et propose des mesures irresponsables que notre gouvernement ne peut tout simplement pas appuyer. Comme je l’ai dit plus tôt, je voudrais parler brièvement de ce que notre gouvernement conservateur fait pour aider les Canadiens dans le cadre du Plan d’action économique.
Tout d’abord, il a pris une initiative qui complète bien les dispositions du projet de loi . Je parle de l’aide à la transition de carrière grâce à laquelle nous appuyons encore plus les travailleurs de longue date en leur donnant accès à de la formation en vue d’emplois futurs. Les travailleurs peuvent recevoir des prestations d’assurance-emploi pendant une période supplémentaire pouvant atteindre deux ans s'ils suivent une formation à long terme. Ils peuvent également accéder plus tôt à l’assurance-emploi s’ils investissent dans leur formation une partie ou la totalité de leur indemnité de fin de service. Je voudrais signaler qu’un certain nombre de mes anciens collègues ont participé à ce programme et qu’ils pourront bientôt tirer parti de leur engagement envers leur propre avenir.
Dans le cadre du Plan d'action économique, nous fournissons aux chômeurs canadiens cinq semaines supplémentaires de prestations régulières d'assurance-emploi. Nous faisons passer la période maximale de prestations régulières de 45 à 50 semaines. Nous consacrons également des milliards de dollars à la mise en place de programmes d'acquisition de compétences pour les personnes qui reçoivent des prestations d'assurance-emploi et celles qui n'en reçoivent pas. Nous préservons aussi des emplois grâce au Programme de travail partagé. Nous avons donné une plus grande marge de manoeuvre aux employeurs, et la durée des accords peut maintenant être prolongée jusqu'à 52 semaines. Cela aide des employés qui seraient autrement mis à pied. Ils peuvent ainsi continuer de travailler, même si leur semaine de travail est réduite, et toucher des prestations d'assurance-emploi pour les journées où ils ne travaillent pas. Chose importante, cela permettra aux entreprises de se remettre rapidement sur pied lorsque la demande augmentera de nouveau, et je parle en connaissance de cause.
Il est important de garder les travailleurs compétents et qualifiés dans les emplois qu'ils occupent depuis de nombreuses années et dans la même entreprise. De cette manière, lorsque la reprise économique se produira, ce qui a déjà commencé, l'entreprise n'aura pas à engager un nouveau groupe d'employés et à les former, ce qui est extrêmement coûteux, surtout s'il est question de centaines d'employés.
Cette semaine, près de 7 000 accords de travail partagé au Canada protègent les emplois de plus de 167 000 Canadiens. Comme je l'ai dit, cette situation s'explique par le fait que nous sommes le dernier pays à avoir été frappé par la crise économique et que nous serons le premier à nous en sortir. Il en sera ainsi, entre autres choses, parce que 167 000 travailleurs de longue date qui participent actuellement au Programme de travail partagé vont reprendre leur semaine de travail complète et seront ainsi en mesure de contribuer pleinement à l'économie canadienne.
Permettez-moi de parler d'un autre programme, l'Initiative ciblée pour les travailleurs âgés, qui vise les personnes âgées de 55 à 64 ans. Dans le cadre du Plan d'action économique, nous investissons 60 millions de dollars supplémentaires sur trois ans pour aider les travailleurs âgés à acquérir les compétences et l'expérience professionnelle dont ils ont besoin pour faire la transition vers de nouveaux emplois. De plus, nous avons étendu le programme aux travailleurs âgés qui résident dans de grandes ou petites villes touchées par d'importantes réductions d'effectifs ou des fermetures.
Nous respectons aussi l'engagement pris par le gouvernement conservateur en vue d'améliorer la gouvernance et la gestion de la caisse d'assurance-emploi. Nous avons institué l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada. Cet office, une entité indépendante, sera chargé de mettre en oeuvre et d'améliorer le mécanisme de fixation des taux de cotisation à l'assurance-emploi pour que ses revenus et ses dépenses s'équilibrent avec le temps. L'office établira le taux de cotisation à l'assurance-emploi à compter de 2011.
Cette mesure est importante pour les travailleurs canadiens, car elle permettra de veiller à ce que leurs cotisations à l'assurance-emploi servent à financer uniquement le régime de l'assurance-emploi, afin qu'ils puissent en bénéficier lorsqu'ils en ont besoin. Les cotisations à l'assurance-emploi ne disparaîtront plus comme c'est déjà arrivé sous un gouvernement précédent. Les programmes de l'assurance-emploi ne seront pas utilisés à des fins qui n'étaient pas prévues initialement et ne serviront plus à financer des projets politiques de prédilection.
Cependant, permettez-moi de revenir au projet de loi . Cette mesure législative vise à venir en aide aux travailleurs de longue date touchés directement par la force et l'ampleur de la récession. Comme je l'ai expliqué plus tôt, le projet de loi dont nous sommes saisis propose une mesure temporaire, qui procurera aux travailleurs de longue date de partout au pays une aide dont ils ont vraiment besoin. L'adoption de ce projet de loi améliorera le sort de ces travailleurs, ainsi que celui de leur famille. Il aidera aussi notre économie.
C'est la bonne chose à faire pour ces Canadiens qui travaillent d'arrache-pied depuis longtemps et qui demandent toujours très peu en retour. Aidons-les maintenant en ces temps difficiles pendant qu'ils se cherchent du travail.
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Monsieur le Président, c'est à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi , et je le fais aujourd'hui avec grand plaisir.
Depuis le début, le Bloc québécois s'oppose au projet de loi , mes collègues l'ont dit à plusieurs reprises. Comme on le sait, ce projet de loi ne propose d'aucune façon d'ouvrir l'accessibilité au régime d'assurance-emploi, cadenassé depuis plusieurs années, depuis très longtemps. C'est la raison pour laquelle nous sommes contre le projet de loi C-50. Quand on propose, par exemple, l'abolition du délai de carence, c'est pour offrir rapidement des revenus aux gens qui perdent leur emploi, aux familles, à la mère de famille avec ses enfants ou au père de famille qui travaille à petit salaire. Le fait d'abolir le délai de carence leur apporte des revenus rapidement pour subvenir à leurs besoins. C'est cela que donne l'abolition du délai de carence. Pour bénéficier des cinq semaines de prolongation, encore faut-il avoir accès à l'assurance-emploi pour en profiter et encore faut-il se rendre jusqu'à la fin de ses prestations, puisque ces semaines ne s'ajoutent qu'à la fin des prestations.
Concernant le projet de loi , j'entends les conservateurs nous reprocher de nous être opposés à une mesure qui aurait pu aider certains travailleurs. J'insiste sur le mot « certains ».
J'aimerais aujourd'hui prendre le temps qui m'est alloué pour expliquer notre position à cet égard aux conservateurs, mais également aux députés du NPD. Nous avons étudié le projet de loi, nous avons rencontré à plusieurs reprises les fonctionnaires du ministère et nous leur avons posé des questions. Si nous n'avons pas pu nous résoudre à voter en faveur du projet de loi, c'est d'abord et avant tout parce que nous jugeons qu'il est discriminatoire et, forcément, inéquitable. D'une certaine manière, l'objet de la politique est d'abord la justice, comme l'écrivait et l'enseignait Platon, il y a de cela 2 500 ans. Je ne sais pas si une cité idéale ou une cité juste, comme il la dénommait, est possible ni même si elle est souhaitable, mais je sais par contre qu'il s'agit pour moi d'un principe qui guide les décisions que j'ai eues à prendre dans ma carrière politique, aussi récente soit-elle.
C'est donc à l'aune de la justice que je crois qu'on doit évaluer le projet de loi, et c'est précisément cet examen que le projet de loi a failli à notre avis. Notre refus n'est pas dû à un idéalisme un peu naïf, bien au contraire. D'une certaine façon, notre refus est pragmatique. Je m'explique: au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la conditions des personnes handicapées, et ici même à la Chambre, le NPD nous a reproché, dans une analogie avec des négociations entre un syndicat et son employeur, de refuser ce qui était sur la table. Selon eux, il faudrait forcément prendre la bonification qu'on nous offre parce qu'on peut toujours revenir à la charge pour en obtenir davantage par la suite.
À notre avis, voilà une position qui témoigne d'une grande naïveté, et je suis certaine que mes collègues du NPD s'en doutent et le savent. Qu'elle soit réelle ou feinte, que ce soit par conviction ou par électoralisme, c'est faire preuve de naïveté car il nous apparaît évident que rien d'autre ne viendra sur la table puisque nous sommes bien avancés dans cette crise économique, à tout le moins en termes de pertes d'emplois. Pourtant, ce gouvernement n'a rien proposé pour dénouer le problème le plus criant en matière d'assurance-emploi, soit son accessibilité qui demeure encore sous la barre des 50 p. 100. Simplement parce que ce projet de loi est sur la table, va-t-on le prendre parce qu'il répond à on ne sait trop combien de prestataires d'assurance-emploi? Simplement parce que ce projet de loi est sur la table, va-t-on l'accepter en se disant que plus tard, on pourra peut-être avoir autre chose qui nous sera proposé par le gouvernement? Cela me pose un énorme problème.
Selon quelle logique peut-on alors accepter ce qui est proposé? Si le seul argument pour justifier son caractère discriminatoire consiste à se dire qu'autre chose viendra, cela revient à dire que ce projet de loi est injuste, inéquitable et discriminatoire, mais que nous avons confiance qu'un autre projet de loi viendra rétablir par magie le déséquilibre que celui-ci causerait. Cependant, rien ne nous permet de penser que ce sera le cas, et ce n'est visiblement pas le projet de loi déposé ce matin qui changera quelque chose à la question sur l'admissibilité.
On reste donc avec la première moitié de l'affirmation: « Ce projet de loi est injuste, inéquitable et discriminatoire. »
On nous a également reproché de ne pas appuyer le projet de loi, supposément parce qu'il ne proposerait pas une refonte globale de l'assurance-emploi, comme nous le réclamons depuis plusieurs années. C'est tout aussi faux et je pourrais citer plusieurs projets de modifications au régime d'assurance-emploi qui auraient obtenu notre aval: abolir le délai de carence, rétablir un seuil unique d'admissibilité fixé à 360 heures, augmenter le taux de remplacement salarial à 60 p. 100, mettre fin à la présomption de culpabilité pour les gens qui ont un lien de parenté avec l'employeur, etc. Voilà autant de mesures qui auraient obtenu, sans une seule seconde d'hésitation, notre aval, et ce, même si elles ne faisaient pas partie d'une réforme globale.
Non pas qu'une telle réforme ne soit pas absolument nécessaire. Bien au contraire, nous le croyons toujours. Toutefois, nous aurions voté en faveur des mesures que je viens de citer parce que nous croyons qu'elles sont fondamentalement justes et équitables. Or, ce n'est manifestement pas le cas du projet de loi qui crée littéralement deux catégories de chômeurs: les bons et les mauvais.
C'est ainsi que la disait en comité que les chômeurs visés par le projet de loi étaient ceux qui avaient perdu leur emploi sans que ce soit leur faute. Est-elle au courant que depuis les années 1990, il est impossible de percevoir des prestations d'assurance-emploi si l'on quitte volontairement son emploi? C'est un peu ce que mon collègue d'en face disait tout à l'heure. Les travailleurs qui ont travaillé fort toute leur vie, qui ont payé leurs impôts et leurs cotisations, seraient donc éligibles aux mesures du projet de loi C-50. On est en droit de se demander ce qu'ils pensent des autres travailleurs qui ont malheureusement dû avoir recours à des prestations d'assurance-emploi. Essayait-elle par là d'insinuer que les autres chômeurs faisaient tout en leur possible pour frauder le régime d'assurance-emploi en magouillant pour masquer un départ volontaire? Voulait-elle dire que les chômeurs qui ont dû, par le passé, toucher des prestations d'assurance-emploi sont coupables d'avoir travailler, par exemple, dans les usines qui devaient fermer pendant l'été, faute d'avoir suffisamment de contrats? Par ses propos, la ministre trahit clairement le mépris qu'entretient ce gouvernement pour les travailleurs qui doivent recourir à l'assurance-emploi.
Entériner ce projet de loi reviendrait à consacrer l'existence de deux classes de chômeurs: les méritants et les non-méritants. Et ces méritants sont rares, très rares même. De l'aveu même du sous-ministre des Ressources humaines, les mesures proposées ne s'appliqueraient au mieux qu'à 6 p. 100 des chômeurs; autrement dit, 94 p. 100 en seraient exclus. C'est tout de même incroyable. En seront exclus, évidemment, et vous l'avez entendu depuis hier, la très grande majorité des travailleurs de la forêt, dont l'industrie subit depuis plusieurs années des contrecoups qui se répercutent, malheureusement, sur les heures travaillées et qui les obligent forcément à avoir recours à des prestations d'assurance-emploi. Or, ce projet de loi exclut tous ceux qui ont touché plus de 35 semaines de prestations au cours des cinq dernières années.
En seront également exclues, dans une très grande proportion, les femmes. Malgré le fait qu'elles occupent aujourd'hui une aussi grande place que les hommes sur le marché du travail, elles auront beaucoup plus de difficultés que les hommes à se qualifier face aux critères extrêmement restrictifs énoncés dans le projet de loi. C'est la même chose pour les jeunes qui ne pourront d'aucune manière se qualifier puisqu'il faut avoir été sur le marché du travail pendant au moins sept ans pour toucher la prolongation des semaines — cinq semaines au minimum — et avoir versé au moins 30 p. 100 des cotisations maximales. Car, rappelons-le, le projet de loi propose de 5 à 20 semaines supplémentaires. Cela est pour ainsi dire impossible pour un jeune, à moins qu'il n'ait travaillé à temps plein depuis l'âge de 16 ans.
Pourtant, les jeunes sont parmi les plus touchés par la crise économique. Comme le veut l'adage, dernier arrivé, premier sorti. C'est ce qui explique également que l'emploi étudiant ait connu son pire été depuis 1977, soit depuis que cette statistique est compilée.
Au fond, c'est une mesure temporaire qui veut répondre à une situation de crise économique. Comme le gouvernement l'a dit tout à l'heure, il y a déjà dans le budget cinq semaines de prolongation proposées aux prestataires d'assurance-emploi. Le choix qu'a fait ce gouvernement a été de proposer encore des semaines de prolongation sans tenir compte de l'accessibilité au programme d'assurance-emploi.
En situation économique difficile, pour aider les jeunes familles, les jeunes parents et les parents de tous âges qui travaillent à petits salaires et qui ont des enfants qui vont à l'école et des enfants à nourrir, la mesure à proposer en situation de crise économique temporaire aurait été d'améliorer l'accessibilité à ce programme.
Bref, le constat s'impose de lui-même. Le projet de loi est discriminatoire et ce caractère discriminatoire a également pour effet pervers de désolidariser les chômeurs.
Comment s'opposer à un changement qui apaiserait les malheurs de notre prochain? Mais comment, en même temps, ne pas envier celui à qui on donne l'avantage, alors même qu'on ne reçoit strictement rien?
Dans une même entreprise, des travailleurs auront accès aux dispositions de ce projet de loi alors que d'autres n'y auront pas droit. Ceux qui n'y auront pas droit auront peut-être travaillé de façon très intensive au cours des cinq dernières années. Ils auront travaillé fort et auront payé leurs cotisations et leurs impôts semaine après semaine. Toutefois, ils auront peut-être eu recours à plus de 35 semaines d'assurance-emploi et ne seront donc pas admissibles au projet de loi .
C'est comme si, dans cette Chambre, des deux côtés de la Chambre, nous étions affamés, qu'il n'y avait pas de nourriture depuis une semaine, qu'on décidait de nourrir tous ceux qui ont des bas rouges et que tous ceux qui ont des bas bleus devraient attendre. On se demande comment ce critère a été déterminé dans la population pour faire des choix. Le bateau coule, mais il n'y a pas assez chaloupes pour sauver tout le monde. On donnera donc la priorité à ceux qui ont payé leur billet un peu plus cher que les autres. On les sauve d'abord, et les autres, qu'ils sauvent leur peau du mieux qu'ils le peuvent. C'est un peu la même chose.
C'est ce qui explique que plusieurs organismes, qui se vouent exclusivement à la défense des droits des chômeurs, aient sévèrement critiqué ce projet de loi. Par exemple, Ian Forand, intervenant au Comité chômage de Montréal écrivait ceci dans Le Devoir du 24 septembre, et je le cite:
Le projet de loi C-50 présenté par le gouvernement conservateur le 14 septembre dernier est vicieux et il y a beaucoup d’escroquerie derrière cette [volonté] de prolonger les semaines de prestations. [...] il est bien malheureux de voir les porte-parole du NPD se rendre sur toutes les tribunes pour les défendre, non seulement sans recul critique, mais souvent en lieu et place des ministres du gouvernement, et s’appropriant même l’initiative. [...] Ceux qui connaissent la loi de l’assurance-emploi et son application, ceux qui ont combattu avec toute l’intégrité et la fougue que nous leur connaissons, et ils sont nombreux au NPD, savent que ce projet de loi est misérable et honteux pour notre population.
Je me permettrai également de citer le très respecté Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses:
[Dans le cas présent], il ne nous appartient pas de voter sur ce projet de loi [C-50], de le rejeter, de l'adopter, par contre, permettez-nous d'émettre l'opinion suivante, [...]
Et je cite toujours M. Céré:
Ce projet de loi, dans sa forme actuelle, est inacceptable. Il est discriminatoire. Il ne représente pas le type de solutions constructives et structurantes qui sont attendues pour réparer le régime d’assurance-emploi. Nous croyons, peut-être naïvement, que la politique doit servir à trouver des solutions aux problèmes et que les personnes occupant les plus hautes fonctions législatives doivent avoir la volonté de rassembler.
Je disais tout à l'heure que la politique était une recherche de la justice, soit de donner à chacun sa juste part. Sauf que ces parts sont limitées par la rareté des ressources. On doit donc, immanquablement, les redistribuer d'une certaine manière.
Je constate deux choses. D'abord, nous jugeons que les ressources allouées à l'assurance-emploi ne sont pas suffisantes pour les besoins actuels, considérant l'ensemble des ressources du gouvernement.
Ensuite, et en supposant qu'il serait impossible d'augmenter les sommes consenties au régime d'assurance-emploi, ce qui est évidemment faux, nous croyons tout de même qu'il est fondamentalement injuste de cibler aussi spécifiquement une catégorie de travailleurs, parce que cela se fait au détriment des autres et plus précisément au détriment de 94 p. 100 des travailleurs. Or, ce n'est pas tout. À l'évidence, ce projet de loi se veut une mesure d'urgence visant à répondre très timidement, il faut le dire, à la crise économique qui nous secoue.
Comment expliquer à un chômeur qui a perdu son emploi en octobre 2008, alors que les turbulences économiques entraînaient à leur suite des pertes d'emplois colossales, qu'il n'a pas droit à la prolongation des prestations que propose ici le gouvernement? Comment le gouvernement arrive-t-il à justifier qu'une mesure de crise ne s'appliquera pas à tous ceux et à toutes celles qui ont été affectés et touchés par la même crise économique?
Il y a une autre aberration. En dépit du fait que les travailleurs qui reçoivent des indemnités de départ doivent épuiser celles-ci avant de toucher des prestations d'assurance-emploi, un travailleur qui aurait perdu son emploi en octobre 2008, mais qui n'aurait commencé à toucher des prestations qu'à partir de février 2009, serait également exclus puisque, contre toute logique, on considérera le moment de la demande et non le moment du début des prestations pour déterminer l'admissibilité d'un travailleur. Ainsi, même parmi les rares qui auraient pu être admissibles aux critères restrictifs, on trouve d'autres facteurs discriminatoires et totalement arbitraires.
Voilà autant de raisons et de motifs très sérieux — est-il besoin de le rappeler — qui font en sorte que nous ne pouvons nous résoudre à voter en faveur de ce projet de loi. Oui, il permettrait certainement d'aider des chômeurs, mais les effets pervers qu'il entraîne de même que le principe fondamental inéquitable qui l'anime font en sorte qu'il est à nos yeux totalement inacceptable. Entériner ce principe reviendrait à accepter qu'il existe deux classes de citoyens, soit les méritants et les non-méritants. Et ça, jamais nous ne l'accepterons, au nom de la justice qui commande l'égalité entre les citoyens.
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Monsieur le Président, il est assez inhabituel que deux députés du même parti prennent la parole l'un à la suite de l'autre. Aujourd'hui, certains députés de l'opposition ont décidé de passer leur tour et de nous laisser le temps d'expliquer à la population le projet de loi et ses répercussions, y compris ses répercussions perverses.
Tout d'abord, les gens qui se joignent à nous par le truchement de la télévision veulent savoir ce qu'est le projet de loi C-50. Je vais l'expliquer:
Le texte modifie la Loi sur l’assurance-emploi jusqu’au 11 septembre 2010 afin d’augmenter le nombre maximal de semaines pendant lesquelles des prestations peuvent être versées à certains prestataires. Il prévoit également l’augmentation du nombre maximal de semaines pendant lesquelles des prestations peuvent être versées à certains prestataires à l’étranger.
Avant d'aller plus loin pour décrier ce projet de loi, j'aimerais expliquer comment il se fait que ce projet de loi se retrouve ici, à la Chambre des communes. Les conservateurs ont déposé ce projet de loi, qui demandait un vote de confiance. Les libéraux et le Bloc québécois ont voté contre. Pour sauver le gouvernement en place, le NPD a voté en faveur de ce projet de loi. Pour les néo-démocrates, ce projet de loi était-il une mesure visant à aider les travailleurs? Les députés du NPD ont dit que non mais qu'il s'agissait d'un premier pas en vue d'aider les chômeurs. Qu'en est-il vraiment? À Maisonneuve en direct, il y a eu une entrevue avec M. Pierre Céré. Je rapporte ici un extrait de cette entrevue, si on me le permet.
Pierre Maisonneuve: Est-ce qu'on peut dire comme des partis d'opposition ont dit, c'est un pas dans la bonne direction?
Pierre Céré: Je dirais plutôt que c'est un espèce de petit jeu politique que le gouvernement conservateur est en train de faire avec les partis d'opposition puisqu'il n'était pas obligé de faire un projet de loi pour cette affaire-là. D'ailleurs la ministre du Cabinet avait fait une déclaration à cet effet-là que ça ne ferait pas l'objet de truc législatif.
Pierre Maisonneuve: Autrement dit, on aurait pu le faire sans avoir à faire voter...
Pierre Céré: En proposant un proposant un projet pilote, c'est administratif, c'est la décision de l'exécutif alors hier quand il était en conférence de presse, il aurait dû tout simplement annoncer la mise en place d'un projet pilote qui pourrait être fait immédiatement et voilà on passe à autre chose. Mais là, le projet de loi effectivement va forcer les partis politiques de l'opposition à se prononcer, à débattre, à voter.
Pierre Maisonneuve: Et à ne pas renverser le gouvernement.
Pierre Céré: Ils ne peuvent même pas en faire une question de confiance sur un projet de loi comme ça puisque ça doit être voté en plusieurs lectures, passer par un comité parlementaire, aller faire un tour au Sénat et etc. C'est quelque chose de très long, un mois et demi, deux mois. Ils font un petit jeu politique avec les partis d'opposition, c'est très clair. Alors si un parti d'opposition les appuie, bien là, ils viennent d'entrer dans la trappe.
Les conservateurs ont bien installé la trappe, et le NPD est tombé dedans. Aujourd'hui, nous voilà à discuter d'un projet de loi qui nous parle de cinq à vingt semaines supplémentaires de prestations. Mais qui aura droit à ces semaines supplémentaires? Est-ce pour l'ensemble de nos chômeurs? Non, cela vise directement un petit nombre de personnes qui pourront en profiter. Qui sont ces personnes?
Le Globe and Mail a dit que cette mesure favorise l'industrie de l'automobile de l'Ontario. C'est clair. En effet, l'industrie forestière québécoise ne peut pas en profiter car il s'y fait des mises à pied annuellement. Dès lors, ce projet de loi ne s'applique pas. Si des gens ont travaillé sept ans sur une période de 10 ans, ils peuvent faire valoir des semaines ajoutées par le gouvernement. Encore là, c'est nébuleux. Ce qui est aussi nébuleux, c'est que le gouvernement dit que cela touchera beaucoup de personnes. Selon lui, cette mesure coûtera 935 millions de dollars et touchera 190 000 travailleurs.
Au Bloc québécois, nous avons fait des démarches pour connaître les chiffres réels du gouvernement, pour savoir si ces chiffres sont véritables et si le projet de loi affecte autant de travailleurs.
On a posé un tas de questions afin de découvrir comment se fait le calcul des coûts et qui sont les travailleurs ciblés. Or cette mesure est encore nébuleuse. Même les fonctionnaires affirment que l'évaluation est possible à partir d'un programme d'aide à la transition de carrière mis en place à la suite du dernier budget. Mais au lieu de se questionner sur l'évaluation de ce projet de loi effectuée par le gouvernement, le Bloc a demandé des explications écrites de l'évaluation des coûts engendrés par ce projet de loi, ainsi que du calcul sur les travailleurs ciblés.
Or on n'a reçu aucune réponse!
Ce sont donc encore des chiffres lancés en l'air par le gouvernement, qui essaie de bien paraître devant l'électorat. Cela dit, je pense que ce n'est pas la vraie cible. À mon avis, on a essayé de cibler des gens qui perdent leur emploi après avoir travaillé 25 ou 30 ans. Ce programme s'appelle le Programme d'adaptation des travailleurs âgés (PATA).
Rappelons que les libéraux l'ont rayé de leur vocabulaire parce qu'à une certaine époque, les gens de 55 ans et plus travaillant dans le domaine du textile se sont prévalus de cette loi et de cet argent. Mais aujourd'hui, on assiste à un grand nombre de mises à pied un peu partout et surtout à des fermetures d'entreprises, et l'OCDE prévoit pour 2010 encore beaucoup de mises à pied, de fermetures d'entreprises et un taux de chômage au-delà de 8 p. 100 à 10 p. 100.
Le a dit à la Chambre que c'était un pont d'or pour les personnes âgées. Le pont d'or va se faire attendre encore, parce que s'ils avaient vraiment voulu aider les personnes âgées, les conservateurs auraient d'abord remis en place le PATA et ils n'auraient pas déposé le projet de loi ensuite. On n'aurait pas eu besoin d'en débattre et un projet pilote aurait suffi.
Le gouvernement veut seulement se donner bonne conscience, mais il ne mérite pas cette bonne conscience.
À mon avis, le PATA est important. Voici un exemple concret. Une personne de ma circonscription, que j'ai rencontrée lors de la dernière campagne électorale, m'a informé que l'usine qui l'emploie allait fermer. Or cette personne de 60 ans, qui travaille à la même usine depuis 35 ans, recevra une année de prestations d'assurance-emploi. Qui emploiera cette personne par la suite? On sait déjà qu'il y a beaucoup de fermetures d'entreprises. Comment cette personne, qui a eu une formation scolaire plus courte parce qu'elle a commencé très jeune à travailler, peut-elle se trouver un nouvel emploi? Que peut faire cette personne? Absolument rien!
Le Programme d'adaptation des travailleurs âgés ferait en sorte qu'une personne de 55 ans pourrait percevoir de l'assurance-emploi jusqu'à l'âge de 60 ans. De plus, lorsqu'elle aurait atteint l'âge de 60 ans, le Régie des rentes du Québec pourrait venir réduire les prestations d'assurance-emploi de cette personne, qui pourrait continuer de recevoir un certain revenu jusqu'à l'âge de la retraite à 65 ans.
Nous voyons bien trop souvent de ces gens, qui ont travaillé à la sueur de leur front, tous les jours, avec leur boîte à lunch, pour gagner le pain quotidien, pour faire instruire leurs enfants afin que ces derniers aient une meilleure qualité de vie qu'eux en allant à l'université et en ayant un emploi qui les tienne à l'abri du chômage.
Or ces personnes, à la fin de leur temps de travail, se retrouvent sans emploi, avec des enfants encore aux études et une maison à finir de payer.
Que vont faire ces gens? Un an plus tard, ils seront prestataires de l'aide sociale. Est-ce valorisant, pour un travailleur qui a travaillé toute sa vie, de se retrouver à l'aide sociale à la fin de sa vie et de devoir dilapider tous ses actifs, comme ses REER et son petit pécule amassé de peine et de misère pour acheter un chalet?
Il faut que cette personne fasse en sorte d'éliminer tous les actifs accumulés au cours de sa vie afin de réussir à joindre les deux bouts. C'est quelque chose que de joindre les deux bouts. C'est compliqué pour une personne qui est habituée à recevoir un salaire.
La députée de a fait état de ce projet de loi tout à l'heure et a bien mentionné tous les effets pervers. Dans son allocution, elle a vraiment mis le point sur la problématique de ce projet de loi. Il faut trouver une solution pour aider nos personnes âgées.
Certains députés de l'opposition ont dit que le Bloc québécois ne réussirait jamais à rien faire parce qu'il n'aura jamais le pouvoir. Je ferai remarquer qu'à cet effet, ils se trompent. On a souvent parlé du fait que les travailleurs autonomes devraient avoir droit de participer au régime d'assurance-emploi. En fait, c'est une des demandes du Bloc québécois. Étonnamment, aujourd'hui, les conservateurs ont décidé de régler ce problème afin que les gens puissent recevoir de l'assurance-emploi tout en étant travailleurs autonomes.
On voit donc la pertinence du Bloc québécois, ici en cette Chambre. Les idées de ce parti pour essayer d'aider les travailleurs et d'aider l'ensemble du peuple québécois sont importantes. On voit que les partis d'opposition reprennent les idées du Bloc québécois à leur compte et je trouve ingrat qu'ils disent être capables de faire ceci ou cela. Bien sûr, avec les idées des autres, c'est toujours plus facile, mais il y a des lois comme celle sur la propriété intellectuelle. Je pense qu'ils devraient prendre le temps d'y penser avant de s'approprier les idées des autres. Ils devraient dire à la population qu'ils ont pris une idée du Bloc québécois qui était très bonne et l'ont reprise pour la faire valoir en Chambre. Il me semble qu'il serait juste et équitable, en regard de la propriété intellectuelle, de dire ces choses.
Mais non, le gouvernement en fait fi. Selon lui, tout provient de lui. Il y a des gens à la maison qui nous écoutent, à tous les jours, dans ce débat. Ces gens voient ce qui se passe en cette Chambre des communes. Ils peuvent voir aussi tout le travail effectué par le Bloc québécois et repris par les autres partis. Ils doivent sûrement se dire qu'aujourd'hui le Bloc n'est pas là pour rien, mais qu'il est là pour protéger les intérêts du Québec.
À qui cela profite-t-il? Le Globe & Mail affirmait que l'Ontario et la Colombie-Britannique étaient susceptibles de profiter davantage du projet de loi des conservateurs. Le Conference Board du Canada annonçait, à la fin de 2008, que le Canada perdra 15 000 emplois dans le secteur de l'automobile, qui est surtout situé en Ontario.
Le président du Conseil de l'industrie forestière du Québec, Guy Chevrette, souligne que presque tous les travailleurs de la forêt sont en chômage au moins une dizaine de semaines par année. Il est donc très clair que cette manoeuvre électoraliste des conservateurs sert à attirer la sympathie des gens de l'Ontario. Lorsque le secteur de l'automobile était en déclin, le gouvernement a décidé d'injecter des milliards de dollars pour sauver cette industrie. Qu'a fait ce même gouvernement pour tenter de sauver l'industrie forestière en déclin depuis cinq ans? Zéro.
On me permettra d'aller plus loin. En fait, 70 millions de dollars, sur deux ans, pour l'ensemble du Canada. Cela fait toute une différence. En comptant les provinces et les territoires, on peut dire que c'est à peu près 2 millions de dollars chacun. On divise par deux parce que c'est sur deux ans, ce qui fait 1 million de dollars.
On est loin du compte des milliards de dollars qui ont été donnés en Ontario. À partir de ce moment-là, le but électoraliste des conservateurs est clair, comme je le disais tout à l'heure. Un projet pilote aurait pu faire l'affaire et aurait atteint le même but pour ces travailleurs. Au contraire, on a décidé de présenter un projet de loi, tout en pensant à se faire défaire en Chambre pour aller en élections. Le NPD, comme je le disais, se cache derrière les travailleurs pour ne pas aller en élections. Donc, le gouvernement a été sauvé. Cependant, est-ce qu'on aide vraiment les travailleurs dans ces circonstances? Je ne le crois pas.
Est-ce qu'on peut aller plus loin à cet égard? Peut-on parler pour les travailleurs qui cotisent à l'assurance-emploi? Ce n'est pas toujours évident, parce que ces travailleurs ont beaucoup de difficultés à joindre les deux bouts et le pire est encore à venir. C'est le cas non seulement au Québec, mais pour l'ensemble des Canadiens car ils ne pourront pas bénéficier de ces cinq à vingt semaines. C'est épouvantable de voir cela, de voir qu'un gouvernement pense aider des gens, mais qu'il ne les aide pas.
Ressources naturelles et Faune Québec a publié un document, le 15 août dernier, intitulé: « Enquête sur les pertes d'emplois dans l'industrie de transformation du bois et du papier ». Il est indiqué que 130 usines de cette industrie ont fermé leurs portes d'une manière permanente depuis le 1er avril 2005, 10 251 travailleurs ont été mis à pied, 89 industries ont fermé leurs portes de façon temporaire au cours de la même période touchant ainsi 5 585 travailleurs. Donc, bon an, mal an, 16 000 travailleurs ont perdu leur emploi. Le fait qu'il y ait eu des mises à pied chaque année fait en sorte que ces travailleurs ne pourront pas se qualifier pour bénéficier de ces surplus d'assurance-emploi.
Qu'en est-il du secteur de l'automobile au Québec? Je vais donner des exemples. Ils ont sauvé le secteur de l'automobile en Ontario, mais au Québec, nous avons aussi des gens qui travaillent dans ce secteur. L'Estrie a la plus grande concentration d'emplois dans le domaine des pièces automobiles au Québec, derrière la région de Montréal. Le fabricant de joints d'étanchéité pour portières de voitures a mis fin à ses activités estriennes en février 2008. L'entreprise avait déjà considérablement réduit son effectif depuis 2005 et a mis à pied plus de 1 500 travailleurs. Dana, dans la même région, a congédié 140 employés. À Rivière-Beaudette, dans la circonscription de Vaudreuil-Soulanges, la française Montupet a fermé son usine de pièces d'aluminium pour les moteurs: 195 personnes perdront leur emploi. À Trois-Rivières, Aleris et Dayco ont fermé leurs portes mettant à pied plus de 500 emplois à la fin de 2008. À Québec, Veyance Technologies a aussi fait des mises à pied. La majorité de ces emplois ont été perdus à la fin de 2008. Ces employés ne pourront toucher la prolongation suggérée par ce projet de loi.
Mais qu'en est-il encore du Bloc québécois? Je vais dire ce que le gouvernement pourrait faire et il pourrait même s'approprier la propriété intellectuelle du Bloc québécois pour arriver avec des projets de loi qui devraient être presque parfaits. Il pourrait instaurer un seuil d'admissibilité minimal de 360 heures pour toutes les régions, hausser de manière permanente la couverture salariale de 55 p. 100 à 60 p. 100, créer un programme PATA, actualiser le seuil de 2 000 à 3 000 et rendre éligible une base volontaire pour les travailleurs autonomes. C'est déjà fait, c'est dans nos cahiers. Le gouvernement pourrait reprendre ces mesures à son compte pour dire qu'il est le sauveur des chômeurs et des gens au Canada.
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Monsieur le Président, c'est avec grand plaisir que je me lève moi aussi pour prendre la parole en cette Chambre au sujet du projet de loi . Cependant, avant de débuter, j'aimerais, si vous me le permettez, prendre quelques instants pour offrir quelques félicitations à des personnes qui le méritent bien.
J'aimerais d'abord offrir mes félicitations à M. Gilles Vaillancourt, qui a été réélu maire de Laval le dimanche 1er novembre. J'aimerais également offrir mes félicitations à notre ex-collègue, M. Réal Ménard, qui a été élu maire d'arrondissement dans Hochelaga, à Montréal, et à Mme Caroline Saint-Hilaire, qui fut également une de nos collègues et qui a été élue maire de Longueuil, l'une des principales grandes villes du Québec. Je suis très fière de nos collègues qui décident d'aller sous d'autres cieux pour mener d'autres luttes, d'autres batailles. Lorsqu'ils remportent ces batailles, je suis d'autant plus fière parce que ce sont des personnes qui ont des convictions très fortes, des convictions qu'elles ont démontrées ici même en cette Chambre et qui ont pu apprendre comment se fait la politique et comment transposer ces notions dans un autre domaine politique, soit celui de la politique municipale.
Je me lève aussi pour prendre la parole parce que, ce matin, j'écoutais mon collègue de . J'ai été marquée quand il a dit que ce projet de loi n'est que de la poudre aux yeux de la part du gouvernement conservateur. Je me suis dit que, encore une fois, on est confrontés à un projet de loi qui n'est que de la poudre aux yeux, qui ne veut et qui ne cible que certaines personnes bien déterminées et qui n'a pour objectif que de répondre aux besoins de certaines personnes que le Parti conservateur voudrait bien voir voter pour lui.
Plutôt que de répondre aux besoins de l'ensemble de la population, on cible des groupes de personnes, comme on le fait dans plusieurs des mesures qui ont été mises de l'avant par le Parti conservateur, par le gouvernement. On cible des groupes de personnes et on se demande quel est le prochain groupe de personnes dont on a besoin. Si on manque de votes en Ontario, dans le nord et un peu dans le sud, on se demande quel est le comté dont on a besoin. Que manque-t-il à ces gens? Ces gens sont-ils sur le chômage ou veulent-ils avoir des enfants? Ces gens ont-ils besoin de mesures particulières pour leurs entreprises? De quoi ont-ils besoin exactement? Il ne faut pas se leurrer, le chef de ce parti est très rusé, pour dire le moins. Chaque fois, les mesures sont très ciblées et très pointues, et ce, afin de plaire à une partie de la population et pour s'assurer que cette partie de la population votera en faveur du gouvernement conservateur.
Le seul endroit où ils échouent dans leurs calculs, c'est au Québec. Les Québécois ne se laissent pas leurrer par de telles mesures. Les gens ne se laissent pas leurrer parce qu'ils en ont vu d'autres. En 1995, le Parti libéral a décidé que la caisse d'assurance-emploi ne constituait plus de l'argent mis de côté par les gens pour pouvoir se payer des prestations quand ils n'auraient plus d'emploi, mais qu'elle devenait désormais quelque chose qui appartenait au gouvernement. Les Québécois en ont vu d'autres avant le précédent Parti conservateur, qui leur avait promis mer et monde et qui n'a rien apporté. Ils en ont vu d'autres avec le Parti conservateur d'aujourd'hui. Ils ne se laissent pas leurrer par le Nouveau Parti démocratique. Il a réussi à faire élire au Québec un député à l'arrachée. Toutefois, le Nouveau Parti démocratique perd présentement des plumes, parce qu'il change d'idées comme il change de chemise, et cela n'est pas normal.
Le seul parti qui se tient constamment debout en cette Chambre, qui a les mêmes convictions et qui a toujours fait les mêmes réalisations, c'est le Bloc québécois. Pourquoi le Bloc québécois? Parce que la première préoccupation des membres et des députés du Bloc québécois est de s'assurer que les personnes qu'il représente soient bien représentées, et ce, peu importe le comté où il est, peu importe les personnes qui ont voté pour lui. Une fois que nous sommes élus, nous représentons l'ensemble de la population qui est la nôtre. Tous nos concitoyens et concitoyennes peuvent être assurés que nous les défendrons becs et ongles en cette Chambre.
C'est la raison pour laquelle, quand le député a dit ce matin que ce n'était qu'un projet qui voulait mettre de la poudre aux yeux, cela m'a interpellée immédiatement. Je me suis dit qu'effectivement, c'est un projet qui ne veut que jeter de la poudre aux yeux. Nous sommes dans une période économique où les gens ont bien besoin de soutien. Les gens ont vraiment besoin que leur gouvernement soit derrière eux avec de véritables mesures pour les aider à traverser une crise qui s'avère être la plus difficile que nous ayons connue, même plus difficile que celle de 1929.
Cette crise, dans mon comté, je la constate. Au Centre de bénévolat de Laval où on entreprend présentement la campagne de paniers de Noël, on dessert, bon an mal an, 52 organismes et on distribue 540 000 kilos de produits alimentaires afin que des familles puissent se nourrir. De plus en plus, les personnes qui ont recours aux produits du Centre de bénévolat ont également recours à ces organismes. Ce sont des personnes qui travaillent cinq jours par semaine, mais qui malheureusement ont un conjoint qui a perdu son emploi et qui n'a retrouvé qu'un emploi à temps partiel, à un salaire beaucoup moindre. Ils ne peuvent plus joindre les deux bouts et ils ne peuvent pas avoir accès à l'assurance-emploi, car l'accès est limité. Ce ne sont pas toutes les personnes qui peuvent avoir accès à l'assurance-emploi, même si tous paient des cotisations.
Parce que cet accès est limité, des personnes se retrouvent dans des situations déplorables, comme perdre leur maison, leur véhicule automobile, et même la possibilité d'envoyer leurs enfants à l'école. On se retrouve dans des situations où des personnes ont de la difficulté à choisir entre payer le compte d'électricité ou acheter de l'épicerie.
Ces personnes n'ont d'autre choix que de trouver n'importe quel emploi. Ce n'est pas que les gens ne soient pas courageux, ni qu'ils ne veulent pas travailler, ils ne peuvent pas continuer à travailler là où ils étaient parce qu'il y a tellement de mises à pied.
Le secteur le plus touché après la foresterie et le secteur manufacturier est probablement le secteur de l'industrie touristique. Au Québec, cela représente 30 000 entreprises, donc 300 000 personnes qui travaillent pour cette industrie. Dans le secteur de l'industrie touristique, ce sont majoritairement des femmes qui y travaillent, tant pour ce qui est de la restauration à 59 p. 100 que de ce qui est du secteur du voyage à 71-72 p. 100.
Quand on regarde ces données, on constate que c'est parmi elles qu'on va retrouver le plus de personnes qui vont souffrir du fait qu'il n'y a pas d'accessibilité à l'assurance-emploi. Malgré le fait qu'un projet de loi ait été mis en avant par le Parti conservateur, il aurait pu à la place présenter un projet pilote, tout simplement. Si on avait vraiment voulu aider les chômeurs et les chômeuses, on n'aurait pas fait cela sous forme de projet de loi. On se serait assurés que ce soit un projet pilote et que les gens puissent y avoir accès immédiatement.
Plusieurs personnes auraient peut-être pu en bénéficier, si cela avait déjà été adopté. On avait voulu, nous, au Bloc québécois faire cela fast track, se dépêcher. Malheureusement, je pense qu'on est les seuls ici qui voulons que les choses avancent, que les chômeurs soient reconnus et qu'ils aient quelque chose à se mettre sous la dent.
Malheureusement, mais heureusement aussi, tous les intervenants, tant au Québec qu'au Canada, sont du même avis que nous, même M. Ken Lewensa, qui dit que ce ne sont pas des mesures intéressantes pour les chômeurs, que cela va répondre seulement à un petit groupe. On est rendus au 3 novembre, c'est-à-dire que nous avons passé la date du 29 octobre où le projet aurait dû être adopté ou recevoir la sanction royale plus rapidement. Les gens auraient pu espérer bénéficier et profiter davantage de l'assurance-emploi pour plus de semaines. Présentement, les gens qui ont perdu leur emploi en janvier dernier ne sont pas admissibles.
On sait combien de personnes, depuis janvier dernier jusqu'à maintenant, tous les mois, toutes les semaines, tous les jours, perdent leur emploi.
Ce gouvernement ne veut pas réellement instaurer des mesures d'accès à l'assurance-emploi, comme nous le demandons depuis fort longtemps par des projets de loi que nous avons déposés honnêtement et rigoureusement. Nous avons fait le travail avec les personnes concernées, avec les groupes de gens qui s'occupent des chômeurs, avec les groupes de travailleurs qui sont concernés par les mesures d'accessibilité à l'assurance-emploi. Nous avons fait notre travail correctement. Malgré cela, le Parti conservateur a toujours refusé de voter avec nous pour ces projets. Pourtant, quand il était dans l'opposition et que nous parlions du PATA, par exemple, il était d'accord avec nous. Maintenant, il ne l'est plus.
C'est quand même étonnant que, lorsqu'on change de côté de la Chambre, on change d'idéologie, on ne croit plus aux mêmes choses, aux mêmes personnes, aux mêmes besoins, mais que les besoins changent en fonction de nos besoins partisans. C'est étonnant et c'est fâchant pour les citoyens et citoyennes qui croient qu'en élisant un gouvernement, ils seront en mesure d'être écoutés, entendus et défendus.
Présentement, ce gouvernement ne défend pas les citoyens. Sous prétexte de la loi et l'ordre, on nous présente toutes sortes de projets de loi qui touchent la justice. Certes, certains d'entre eux sont valables et nous votons en leur faveur, mais d'autres ne sont encore que de la poudre aux yeux, ne ciblant encore qu'une partie de la population. C'est identique à ce qu'on a fait dans le cas de la prestation pour les enfants. Plutôt que de développer un réseau de garderies comme nous avons au Québec, plutôt que de s'assurer que les mères peuvent aller travailler parce qu'elles ont une personne compétente à qui confier leurs enfants, on a préféré donner à ces mères 1 000 $ par mois par enfant.
Les mères qui, malheureusement, ne pouvaient pas recevoir de prestations de retrait préventif si cela mettait leur vie en danger, ont probablement été obligées d'utiliser des prestations d'assurance-emploi pour prendre les 17 semaines de maladie, même si elles n'étaient pas malades et qu'elles étaient enceintes. Si elles ont eu deux enfants au cours des deux dernières années, elles ont bénéficié deux fois des 17 semaines. Cela fait 34 semaines. Si elles ont été mises à pied pendant une semaine, elles ne sont même pas éligibles au programme. Pourtant, certaines parmi elles travaillent depuis fort longtemps.
Ce projet de loi n'a pas d'allure. Il ne tient pas compte des réalités des gens. Il ne tient pas compte du fait que les gens qui perdent leur emploi et vont en chercher un autre n'attendront pas 20 semaines, 45 semaines ou 50 semaines. Ils vont se dépêcher parce qu'ils ont besoin de travailler, ils ont besoin de cet apport financier. Aujourd'hui, on ne travaille pas parce qu'on veut se payer du luxe. Si les gens travaillent de nos jours, l'homme et la femme, l'homme et l'homme ou la femme et la femme, c'est parce qu'ils ont besoin des deux revenus. Ce n'est pas parce qu'ils veulent s'offrir plus de luxe. Ils veulent s'assurer que leur famille, leurs enfants ont tout ce qui est nécessaire à leur croissance et pour vivre convenablement.
Il est très décevant de voir qu'un gouvernement qui avait promis autant de transparence et autant d'écoute donne si peu. Pourtant, quand il s'agit de la défense et des pétrolières, il est prêt à investir. Il est prêt à perdre de l'argent, à leur laisser des chances inouïes de ne pas payer de taxes, à leur donner des crédits d'impôt comme nous n'en aurions pas. Pourtant, ce gouvernement est prêt à laisser des gens qui ont de l'argent dans des paradis fiscaux s'en tirer sans avoir à payer d'impôt.
Nous avons besoin de tout notre argent en temps de crise économique. Nous avons besoin d'un gouvernement qui soutient les gens plutôt que ses partisans.
Il est certain que nous voterons contre ce projet de loi. C'est le cas pour tous les projets de loi contre lesquels nous votons car ce ne sont pas des projets de loi qui sont adéquats pour répondre aux besoins des personnes que nous représentons.
Au Québec, comme je l'ai dit plus tôt, les gens ne se laissent pas leurrer et savent que les députés du Bloc québécois sont là pour défendre leurs intérêts et que nous le ferons toujours.
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Monsieur le Président, j'ai écouté attentivement le discours et les réponses de ma collègue, qui a très bien répondu à l'ensemble des questions posées par les collègues de la Chambre.
J'ai le plaisir de prendre la parole en cette Chambre pour dénoncer ce projet de loi et démontrer que l'assurance-emploi est devenue une machine à fric et un régime discriminatoire qui crée deux types de travailleurs, ceux qui ont droit aux prestations et ceux qui en sont exclus.
Cette supposée amélioration à l'assurance-emploi ne permettra rien de plus aux travailleurs qui sont déjà exclus de ce programme. Nous avons besoin d'une réforme en profondeur qui viendra modifier les injustices commises par les libéraux qui, en 1997, ont transformé l'assurance-emploi en impôt pour les travailleurs et les employeurs. Cette réforme est devenue « l'assurance-minable » en arnaquant les salariés à statut précaire, les travailleurs saisonniers et les étudiants. Tous y cotisent, mais ils ne peuvent être admissibles. Les chômeurs ont été les vraies victimes de la guerre au déficit menée par le gouvernement libéral, lequel a réduit son déficit aux dépens des travailleurs exclus de l'assurance-emploi.
Ces 54 milliards de dollars qui ont été volés aux travailleurs doivent aujourd'hui servir à ce pourquoi ils ont été perçues, c'est-à-dire à soutenir financièrement les chômeurs. Il faut rétablir une loi qui doit jouer pleinement son rôle, soit de protéger l'ensemble des travailleurs qui y cotisent. Tout autre utilisation constitue un détournement de fonds. Ces modifications relative à l'admissibilité à l'assurance-emploi, dénoncées à l'époque par le Bloc québécois, ont eu les conséquences prévues. Le ratio de prestataires est passé de 83 p. 100 en 1989 à 42 p. 100 en 1997. N'en déplaise à la , le ratio est toujours le même aujourd'hui. Si les conservateurs et les libéraux désiraient démanteler le régime, ils peuvent dire « Mission accomplie ».
Avec le projet de loi , le gouvernement veut accentuer la discrimination envers les travailleurs en permettant seulement à une partie de ceux-ci — ce que l'on appelle les travailleurs de longue durée — de profiter d'une prolongation de semaines de prestations allant de cinq à vingt semaines. Comme par hasard, lorsqu'on examine bien les critères d'admissibilité, on peut constater rapidement que ce sont les travailleurs du secteur automobile de l'Ontario qui seront favorisés par cette mesure.
De plus, ce même gouvernement veut nous faire croire que ce sont plus de 190 000 prestataires qui y auront droit. Encore une fois, le et sa tendent à nous duper. Ce n'est pas nouveau, c'est plutôt rendu une habitude. Le a affirmé en cette Chambre que si l'admissibilité à l'assurance-emploi était fixée à 360 heures, les prestataires retireraient 52 semaines de prestations. Il n'y a rien de plus faux. Ce même fixait à plus de 4 milliards de dollars le coût d'une telle modification, alors que le directeur parlementaire du budget la fixait, pour sa part, à 1 148 000 000 $. Évidemment, la répète à qui veut l'entendre les mêmes absurdités que celles évoquées par son .
Je me demande si la ministre comprend vraiment bien la loi qu'elle est censée administrer. Le 5 mai dernier, je lui faisais parvenir une lettre pour dénoncer la situation intolérable pour les travailleurs de Beaulieu Canada, situé dans ma circonscription. Dans cette missive, je lui demandais ce qui suit. « Vous qui contestez le chiffre de 40 p. 100 admissible, pourquoi empêchez-vous vos fonctionnaires de dire combien de personnes font une demande d'assurance-emploi par rapport à ceux qui se qualifient à en recevoir? »
Je vais lire la réponse de la ministre que j'ai reçue le 21 septembre dernier. En passant, il ne faut pas être pressé lorsque l'on attend une réponse de cette ministre.
Vous affirmez que seulement 40 p. 100 de ceux qui demandent des prestations y ont droit. Permettez-moi de préciser que ce nombre inclut des personnes se trouvent hors des paramètres de l'assurance-emploi, c'est-à-dire les gens qui n'ont jamais travaillé et, par conséquent, n'ont jamais cotisé à l'assurance-emploi, les personnes qui n'ont pas travaillé au cours de la dernière année, les personnes qui ont quitté leur emploi sans motif raisonnable et les travailleurs indépendants puisqu'ils ne cotisent pas au Régime
Pourquoi ne pas ajouter les députés, les sénateurs et même la gouverneure générale, quant à être des groupes qui ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi?
La ministre connaît-elle beaucoup de citoyens qui n'ont jamais travaillé ou des travailleurs autonomes qui vont frapper à la porte de l'assurance-emploi pour faire une demande? Dans mon comté, et dans celui de l'ensemble de mes collègues du Bloc québécois, je n'en connais pas. Ceux qui n'ont jamais travaillé savent qu'ils n'y ont pas droit.
Puisque la ministre ne connaît pas les catégories de travailleurs qui cotisent à l'assurance-emploi, je vais l'instruire en lui dévoilant ceux qui font partie des 60 p. 100 qui n'y ont pas droit. Ce sont les travailleurs à statut précaire dont la majorité sont des femmes, des travailleurs saisonniers du secteur du tourisme et de la pêche, des travailleurs de l'agroalimentaire et des étudiants. Ce sont eux qui n'y ont pas droit, les mêmes que les libéraux ont exclus par leur réforme de l'assurance-minable. Ce sont les mêmes que la ministre a laissé tomber, sans compter les travailleurs du secteur du bois qui ont subi, depuis plusieurs années, des mises à pied répétitives à cause de l'inaction et de l'incompétence de son gouvernement, un gouvernement générateur de chômage et de pauvreté.
Ce gouvernement a choisi délibérément de laisser tomber les victimes de la crise économique. Le Bloc québécois préconise un plan de relance réaliste. Notre parti propose plusieurs changements à l'assurance-emploi: une nouvelle approche qui présume de la bonne foi des demandeurs qui permettrait d'accélérer le processus d'obtention d'un premier chèque; l'abolition du délai de carence, qui est une aide immédiate aux travailleurs ayant perdu leur emploi; un seuil d'admissibilité de 360 heures qui ouvrira l'accès à l'assurance-emploi aux travailleurs à temps partiel; une hausse des taux de prestations hebdomadaires de 55 p. 100 à 60 p. 100; l'augmentation de la rémunération assurable à 42 500 $; des prestations calculées en fonction des 12 meilleures semaines, ce qui serait profitable pour les travailleurs saisonniers; la mise en place d'un programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés qui permettrait de faire le pont entre une mise à pied et l'obtention de leur pension de retraite; l'élargissement du droit, pour un prestataire, de toucher des prestations alors qu'il poursuit une formation; l'élargissement et l'adaptation du programme du travail partagé.
Ces mesures mises de l'avant par le Bloc québécois permettraient aux travailleurs ayant perdu leur emploi de faire face à la crise et de recevoir un soutien nécessaire en attendant la reprise économique.
Pour ce qui est des travailleurs âgés, ces derniers risquent de terminer leur vie dans la pauvreté avec les mesures que préconise le gouvernement conservateur. Lorsqu'ils étaient dans l'opposition, les conservateurs ont parlé de remettre en place le Programme d'adaptation des travailleurs âgés (PATA). Un tel programme permettrait aux personnes âgées de plus de 55 ans de recevoir des revenus jusqu'au moment de leur retraite. Au lieu de cela, le gouvernement appauvrit les personnes qui perdent leur emploi et qui vont se retrouver sans ressources financières, qui devront liquider leurs avoirs avant d'arriver à la retraite. Ils recevront alors le Supplément de revenu garanti, c'est-à-dire un montant inférieur au seuil de la pauvreté.
Ce n'est pas une belle façon de terminer sa vie. De plus, ce même gouvernement préfère garder les personnes âgées dans la pauvreté perpétuelle plutôt que de mettre en application la motion M-300 que j'ai déposée le printemps dernier et qui a été votée de façon majoritaire en Chambre. Est-il nécessaire de dire qui s'est opposé à cette motion? On peut deviner.
Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, le Québec a vu son économie attaquée par des mesures régressives: une diminution de la péréquation, un manque à gagner de 2,6 milliards de dollars pour l'harmonisation de la TPS, des compressions dans la culture, un futur déménagement de la Commission des valeurs mobilières en Ontario qui, comme par hasard, est favorisée par le projet de loi , et une future réforme parlementaire qui va encore diminuer le poids politique de la nation du Québec. Pour les conservateurs, la vraie priorité est de solidifier une base politique en Ontario pour consolider leurs votes, tout comme en Alberta.
Une fois de plus, ce sont les travailleurs du Québec, victimes de la crise économique et de l'incompétence de ce gouvernement, qui sont exclus. Il semble bien que ce gouvernement se soit donné comme objectif principal d'appauvrir le Québec et ses travailleurs.
Ce n'est pas vrai qu'on va laisser ce gouvernement bitumineux réduire le Québec à un État soumis au sein d'un Canada complètement chaotique.
Les conservateurs ont réalisé ce gâchis avec un gouvernement minoritaire. On peut imaginer ce que ce serait s'ils étaient majoritaires.
Nous poursuivrons cette lutte avec les groupes de défense des droits des chômeurs, tels que les Sans-chemise, les groupes de Mouvement Action Chômage et les grandes centrales syndicales, afin que les 54 milliards de dollars volés dans la caisse d'assurance-emploi soient redistribués aux travailleurs qui y ont cotisé.
Lors du vote sur ce projet de loi, je me tiendrai debout avec l'ensemble des membres du Bloc québécois et je voterai contre le projet de loi . Et ce sera ainsi pour tout ce qui ne tiendra pas compte des intérêts du Québec et cela, en attendant notre pleine indépendance comme pays.