propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Monsieur le Président, c'est pour moi un honneur de parler de ce projet de loi très important. Je remercie le leader du gouvernement à la Chambre d'avoir reconnu l'importance de ce projet de loi pour l'environnement du Nord, qui est sans prix.
La Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques est une petite mesure législative d'une grande importance symbolique. Notre vaste région de l'Arctique a toujours été un symbole du Canada dans le monde entier. Le gouvernement a pris des mesures historiques sans précédent pour assurer la sécurité du Nord. Le projet de loi est un autre exemple de ses initiatives dans ce domaine.
La protection des eaux de l'Arctique contre la pollution est l'un des principaux enjeux du gouvernement. L'amendement que nous proposons aurait pour effet de doubler la portée géographique de la loi, la portant de 100 à 200 milles marins à mi-distance entre le Groenland et les îles de l'Arctique canadien.
Actuellement, le rejet de déchets est autorisé à des niveaux internationalement convenus dans la zone située entre les limites des 100 et des 200 milles nautiques. Les amendements que nous proposons ont pour but d'interdire cette pratique et de renforcer le régime de protection contre la pollution dans la région de l'Arctique.
Le a pris cet engagement important lorsqu'il s'est rendu non seulement à Inuvik, mais aussi à Tuktoyaktuk, sur la mer de Beaufort, pour montrer combien l'Arctique et la protection de l'environnement lui importent. Cette augmentation de la zone permettrait l'application des lois environnementales et de la réglementation visant le transport maritime sur un territoire aussi vaste que possible, ce qui permettrait au Canada d'exercer un plus grand contrôle sur les bateaux franchissant le passage du Nord-Ouest.
Avec cette modification législative, nous voulons faire savoir au monde que le Canada est bien résolu à protéger sa souveraineté dans l'Arctique et à protéger les eaux du Nord contre la pollution. C'est un complément à d'autres mesures concernant l'Arctique que le gouvernement a déjà mises en oeuvre, sous le thème de la santé des océans, dans le cadre de la stratégie et des programmes nationaux sur les eaux. Ces mesures comprennent notamment l'équipement dont on dotera des aéronefs de surveillance pour que l'on puisse repérer les pollueurs.
En août 2008, le a eu l'occasion de se rendre dans les Territoires du Nord-Ouest pour y annoncer notre intention de passer à l'action dans cet important dossier. Aujourd'hui, comme toujours, le a donné suite de manière bien tangible à ce qu'il avait annoncé.
Notre a rappelé que notre souveraineté dans l'Arctique dépend de notre présence là-bas. C'est la politique que nous voulons suivre. Nous comptons faire respecter les règles canadiennes dans l'Arctique, et nous l'avons affirmé clairement.
Les revendications canadiennes dans l'archipel arctique ont été énoncées officiellement en 1986 et sont conformes à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982, ainsi qu'avec la Loi sur les océans, adoptée en 1996. Cette loi a eu pour effet d'étendre à 200 milles nautiques à partir des côtes du Canada la zone économique exclusive, y compris autour de l'archipel arctique. La protection et la préservation du fragile écosystème marin de l'Arctique relèvent du Canada, y compris dans les eaux couvertes de glace de la zone économique exclusive.
En 2003, le Canada a adhéré à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. L'article 234 de la convention permet à un État côtier d'adopter des dispositions spéciales de protection antipollution dans les eaux couvertes de glace de sa zone économique exclusive.
En faisant passer de 100 à 200 milles nautiques la zone d'application des dispositions antipollution, le Canada pourrait exercer davantage sa compétence en matière de contrôle de la pollution au nord du 60e parallèle. L'augmentation de cette zone serait conforme à l'article 234 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
De plus, le gouvernement fera en sorte qu'un nouveau règlement en vertu de la Loi sur la marine marchande soit en vigueur pour la saison 2010. Ce règlement nécessitera l'enregistrement obligatoire des navires qui pénètrent dans cette zone élargie. Il n'existe rien de plus fondamental que la protection de la souveraineté et de la sécurité du Canada, et le gouvernement continuera de défendre rigoureusement la place du Canada dans le monde de même que nos territoires légitimes, et l'Arctique ne fait pas exception.
[Français]
Les Canadiens voient dans le nord du pays l'expression de nos aspirations les plus profondes, notre sens de l'exploration, la beauté et la richesse de notre territoire, et notre potentiel illimité. Trop longtemps, le gouvernement fédéral a ignoré le Nord. Son potentiel reste inexploité.
[Traduction]
L'un de nos plus grands premiers ministres, John George Diefenbaker, a fait du Nord canadien une priorité absolue. En fait, il a été un des inspirateurs de la création d'Inuvik, où nous nous sommes rendus, le , plusieurs ministres et moi-même, en août dernier. Le premier ministre Chrétien avait aussi l'Arctique à coeur, mais le leadership le plus solide que nous ayons vu au cours des cent dernières années quant à la protection de la souveraineté du Canada dans le Nord est le fait du actuel.
Dans ce sens, le gouvernement a établi une Stratégie pour le Nord qui repose sur quatre grands objectifs prioritaires: promouvoir le développement économique du Nord, protéger l'environnement fragile du Nord, renforcer la souveraineté du Canada dans l'Arctique et permettre aux gens du Nord de mieux maîtriser leur destinée.
L'élargissement de la portée de la législation concernant la marine marchande dans l'Arctique est directement lié à cette stratégie qui engage le gouvernement à adopter une approche globale et à long terme à l'égard de la navigation dans l'Arctique.
[Français]
Le premier pilier, soit le développement économique du Nord, vise à encourager le développement responsable des ressources économiques prospères de cette partie du pays, à assurer la santé et la bonne gouvernance des collectivités du Nord ainsi qu'à procurer des emplois et à offrir des possibilités aux habitants de ces collectivités.
[Traduction]
Nos ressources naturelles étant très recherchées à l'échelle mondiale, l'exploration et l'exploitation de ces dernières dans l'Arctique canadien deviennent une activité de plus en plus viable. On estime que le Nord du Canada recèle 33 p. 100 des ressources restantes en gaz naturel récupérables de manière conventionnelle et 25 p. 100 du pétrole brut léger récupérable de manière conventionnelle. La quantité de gaz découvert dans le bassin arctique approche les 31 billions de pieds cubes et la quantité de pétrole, 1,6 milliard de barils. On pense que la quantité de pétrole et de gaz récupérables dans la région pourrait s'élever respectivement à environ 14,7 milliards de barils de pétrole et 433 billions de pieds cubes de gaz.
Le second pilier, soit la protection de l'environnement, vise à préserver pour les générations futures l'unique et fragile écosystème arctique. Nous devons restés vigilants, surtout dans le Nord. L'environnement dans le Nord est fragile, ce que les gens qui y vivent savent depuis toujours. La possibilité que les périodes ouvertes à la navigation soient plus longues et que l'exploitation des ressources dans le Nord s'intensifie signifie que l'activité maritime pourrait bientôt augmenter dans l'Arctique canadien et cette importante mesure législative, si elle est adoptée, aura un rôle à jouer dans ce contexte.
En 1970, nous avons reconnu que les eaux situées au nord du 60e parallèle étaient fragiles et uniques et nous avons pris des mesures strictes s'appliquant sur 100 milles nautiques au large de la côte, ce qui est plus que ce que les autres pays avaient décidé de faire à ce moment-là. Le champ d'application initial de la loi est maintenant trop restreint par rapport à la convention internationale et, par conséquent, le Canada ne peut exercer ses pleins pouvoirs conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. L'extension de la portée géographique de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques permettrait de combler cette lacune.
Le troisième pilier, à savoir la souveraineté, consiste à affirmer et à défendre la souveraineté du Canada dans l'Arctique et à en assurer la sécurité. Notre gouvernement reconnaît que, à l'avenir, le Canada pourrait affronter des difficultés en matière de souveraineté et de sécurité dans l'Arctique. Au cours des prochaines années, ces difficultés se feront plus aigües à cause des changements climatiques, et ce, parce qu'ils conduiront à une activité accrue dans cette région extrêmement fragile d'un point de vue écologique. La défense de la souveraineté du Canada et la protection de son intégrité territoriale restent la grande priorité de notre gouvernement.
[Français]
Afin d'appuyer la position du Canada à l'effet que les eaux dans les îles canadiennes de l'archipel Arctique, y compris les diverses voies de navigation connues sous le nom de « passage du Nord-Ouest », sont des eaux internes, le Canada doit exercer — et être perçu comme exerçant — un contrôle efficace sur la marine marchande étrangère dans l'Arctique canadien.
Un tel contrôle signifie qu'il y a la capacité d'interdire ou de faciliter la navigation dans les eaux arctiques et, au niveau le plus élémentaire, d'appliquer la loi canadienne dans les îles de l'Arctique et à l'intérieur de la mer territoriale du Canada et de la zone économique exclusive qui l'entoure.
[Traduction]
Les eaux de l'archipel Arctique sont des eaux intérieures canadiennes en vertu d'un titre historique. Cela signifie que le Canada est souverain sur elles. Le Canada doit donc rapidement affirmer et protéger sa souveraineté sur cet archipel, y compris sur les eaux navigables qui s'y trouvent. Nous nous employons à renforcer la sécurité maritime dans l'Arctique à l'avenir. Après tout, la circulation maritime est essentielle pour nos collectivités de l'Arctique. L'approvisionnement en essence, en aliments et en fournitures médicales et autres dépend de l'efficacité et de la fiabilité du transport maritime.
La sécurité dans l'Arctique est également essentielle pour la sécurité du Canada entier. Toutes ces mesures nous permettront de détecter et de prévenir des activités criminelles et terroristes qui présentent une menace grave à la sécurité nationale et internationale. Elles nous permettront aussi d'identifier ceux qui polluent nos eaux et nuisent à l'environnement du Nord. C'est dans cette optique que le gouvernement a déployé de nouveaux navires patrouilleurs dans l'Arctique et intensifié la surveillance aérienne afin de protéger le grand Nord canadien et le passage du Nord-Ouest.
Des fonds ont également été consacrés à la construction d'un nouveau brise-glace de classe polaire pour la Garde côtière canadienne. Mais avant tout, monsieur le Président, et je sais qu'il vous fera plaisir qu'on vous le rappelle, il portera le nom de l'ancien premier ministre du Canada John Diefenbaker et servira à tracer la carte du fond marin dans l'Arctique. Les modifications à la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques élargiraient de 100 milles marins notre zone de contrôle sur la pollution et la circulation maritime.
Le dernier pilier consiste à permettre aux habitants du Nord de prendre en main leur propre destinée.
[Français]
Les 19 000 Inuits qui vivent dans les 15 collectivités établies le long de la côte de la baie d'Ungava et de la rive est de la baie d'Hudson habitent un territoire ayant un énorme potentiel. Le Nunavut, riche en ressources et regorgeant de poissons et d'animaux sauvages, offre à sa population d'innombrables possibilités en matière de forage minier, de pourvoirie, de tourisme, de pêche, et plus encore.
Notre gouvernement est déterminé à s'assurer que les personnes qui y vivent, travaillent et élèvent des enfants, puissent profiter au maximum de ces possibilités importantes.
[Traduction]
Grâce à cette modification, notre gouvernement aidera à répondre aux préoccupations des collectivités inuites à l'égard de la pollution des eaux entourant leurs maisons et leurs lieux de travail. En faisant passer à 200 milles la portée géographique de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques, on accroît la capacité du Canada à empêcher la pollution causée par les navires, aidant ainsi à maintenir la propreté des eaux arctiques.
Les collectivités du Nord sont en faveur d'un développement économique durable et écologique dans la région, comme tous les Canadiens qui veulent protéger l'intégrité des eaux arctiques canadiennes.
Quand je parle à mes électeurs dans la circonscription d'Ottawa-Ouest—Nepean, qui est située très loin de l'Arctique, je perçois à quel point ils apprécient cette région et la considèrent comme une partie importante de notre merveilleux pays et une partie précieuse de notre monde. Ils croient que nous avons la responsabilité collective de nous assurer que cette région importante de notre pays reste propre et ne soit pas victime des erreurs que nous avons commises bien trop souvent au cours des 200 dernières années dans le Sud du Canada.
Le Nord est pertinent et important pour tous les Canadiens. Évidemment, il l'est surtout pour les habitants de cette région. La a fait valoir ce point de vue au Cabinet. J'ai également eu de bonnes discussions à ce sujet avec le député de et celui du .
Les députés de la Chambre ont la responsabilité importante de s'assurer qu'ils font tout leur possible pour promouvoir de saines pratiques environnementales et pour que nous affirmions notre souveraineté. Je ne parle pas seulement du point de vue militaire, du point de vue des ressources naturelles et du point de vue des pêches, mais aussi du point de vue environnemental. C'est pourquoi cette mesure législative a été présentée lors de la première session de la présente législature, et qu'elle a été présentée de nouveau lors de la deuxième session.
Je veux remercier les députés de tous les partis. Il y a eu de bonnes séances d'information et discussions. Je pense que les Canadiens seraient très heureux s'ils examinaient le travail effectué par le Comité des transports au cours de la dernière législature ainsi que le travail constructif qu'il a déjà commencé à l'occasion de la législature actuelle.
J'ai hâte d'entendre l'opinion de tous les députés de la Chambre et de faire progresser l'examen de cette mesure législative importante afin qu'on puisse l'adopter.
:
Monsieur le Président, je l'ai dit tout à l'heure dans une question et je le répète maintenant: au fond, nous sommes disposés à étudier ce projet de loi plus en profondeur en comité et éventuellement à l'appuyer.
Pourquoi dis-je une telle chose? Je ne crois pas qu'on puisse trouver un seul Canadien qui pense que nous ne devrions pas affirmer notre souveraineté dans les eaux que nous avons toujours considérées comme étant les nôtres. Comme le ministre l'a dit, nous avons considéré ces eaux comme faisant partie de nos eaux intérieures. Elles font partie de l'archipel Arctique et, donc, du territoire canadien.
En ce qui concerne la partie plus éloignée, et réfléchissons-y un instant, d'un coup de crayon, nous affirmons de nouveau ce que tous nos partenaires des Nations Unies ont déjà accepté, soit qu'il s'agit de notre territoire et que nous avons le droit d'exercer nos pouvoirs sur l'ensemble des 200 kilomètres. C'est excellent. C'est ce que nous voulons faire. C'est bon pour nous. La souveraineté du Canada consiste entre autres à dire aux autres pays que ces eaux nous appartiennent.
Je tiens à vous le dire, monsieur le Président, vous qui provenez de cette province, que la superficie dont il est question équivaut à l'ensemble de celle de la Saskatchewan. C'est en effet la superficie que ce projet de loi propose au monde de considérer comme faisant partie d'eaux territoriales sur lesquelles l'État canadien exercera désormais sa compétence.
Je sais que les députés ont lu le projet de loi dans tous ses détails. Il tient à peu près en dix lignes. Pourtant, il a inspiré au ministre un discours d'environ 15 minutes. Je tiens à le féliciter. Je l'ai écouté au complet en espérant y trouver autre chose que de belles perspectives. Je crois avoir entendu le ministre — grand bien lui fasse, à lui et surtout à son parti — nous dire que le gouvernement voyait découler de l'adoption de la mesure législative toute une série de perspectives exaltantes.
Nous serions très heureux de faire avancer les choses. Ce faisant, toutefois, nous souhaitons poser quelques questions. Le ministre a parlé des quatre piliers sur lesquels reposerait cette mesure. Je me suis intéressé plus particulièrement aux mécanismes, aux processus, aux ressources financières et autres que lui et son gouvernement allaient mettre à contribution pour exercer, dans un premier temps, la compétence que nous revendiquons comme étant la nôtre aux termes des conventions de l'ONU, sur l'ensemble de ce territoire.
Par exemple, combien de navires de plus sommes-nous prêts à acheter ou louer pour assurer la protection d'un territoire qui, je viens tout juste de le dire, occupe une superficie comparable à celle de la Saskatchewan, une province dont la taille dépasse celle de pratiquement tous les pays du monde, à l'exception d'une dizaine environ?
Si nous n'affectons pas un plus grand nombre de navires à ces eaux territoriales, comment le ministre peut-il croire que les Canadiens seront convaincus qu'on assure une souveraineté accrue sur ces vastes étendues de nouveaux territoires? Il est bien établi que les Canadiens souhaitent le faire. Nous estimons que c'est notre droit, que cela fait partie de notre territoire que nous voulons protéger. Nous voulons exercer notre souveraineté sur ces étendues.
Nous souhaitons également, comme l'a proposé le ministre, bénéficier d'une sécurité accrue. À cet effet, exception faite des communications par satellite qui nous permettront de localiser les navires, il nous faudra non pas des blindés, ni des véhicules terrestres, ni des troupes, mais bien des navires océaniques, qu'il s'agisse de navires de surface ou de sous-marins. Or, rien n'indique que le gouvernement canadien et ses organismes chargés de l'application des lois disposeront des ressources nécessaires pour réaliser les objectifs énoncés dans le projet de loi. Or, sans de telles ressources, tout cela ne veut rien dire.
Dire que nous étendons notre souveraineté à des eaux additionnelles d'une superficie équivalente à celle de la Saskatchewan sans pour autant investir les ressources nécessaires à l'exercice de cette souveraineté, c'est parler dans le vide. C'est se contenter de regarder plutôt que d'agir.
Dans ma question au ministre, qui a la courtoisie d'être à la Chambre pour écouter le débat, j'ai mentionné un deuxième élément que je recherche dans le projet de loi. Il voudra peut-être en tenir compte.
Nous ne devons pas oublier que nous étendons notre souveraineté sur un territoire aquatique. S'il s'agit là d'un exercice pratique de développement économique, nous ne nous contenterons pas de revendiquer notre souveraineté sur cette vaste étendue d'eau, mais nous revendiquerons également la souveraineté sur les ressources des fonds marins.
Le ministre a laissé entendre que 33 p. 100 de tous les gisements de gaz naturel à exploiter dans la partie nord de l'hémisphère occidental se trouvent dans cette région. On peut imaginer que les données scientifiques ont permis de spéculer sur la localisation de ces gisements. Le ministre a aussi fait une observation semblable au sujet du brut léger que l'on pourrait y exploiter pour satisfaire les besoins énergétiques de demain. Pourquoi pas?
Ma question est d'autant plus pertinente. Dans le projet de loi, où sont donc les ressources qui permettraient de faire en sorte que les entreprises canadiennes et les résidants canadiens des trois territoires de l'Arctique et au-delà aient effectivement le droit d'entamer le développement de ces ressources naturelles? Où est le plan? Pouvons-nous examiner, spéculer et planifier? Bien entendu, mais où est le plan? Où sont donc les dispositions qui préciseraient comment le projet de loi assure le développement des intérêts futurs des Canadiens non seulement dans le Nord, mais n'importe où? Je n'arrive pas à y croire car je ne vois aucune allocation de ressources.
C'est un peu déconcertant nous en sommes justement au beau milieu d'un débat sur le projet de loi d'exécution du budget. Je sais que le projet de loi n'en fait pas partie, mais nous sommes à la Chambre pour adopter le projet de loi d'exécution du budget qui fera en sorte que le Parlement autorise le gouvernement à dépenser des dizaines de milliards de dollars pour relancer l'économie canadienne et pour développer les fondements futurs des ressources potentielles du Canada. Dans le projet de loi, il n'est pas question d'un cent, d'un dollar ou d'un quelconque élément de programme.
Il peut y avoir une certaine utilité à l'art oratoire, si je peux me permettre cette digression, mais dans le cas présent ce sont beaucoup de paroles non fondées. Je ne suis pas certain que ces discours rendront le gouvernement crédible aux yeux des Canadiens, qui voudraient tellement le croire quand il parle de réalisation de projets.
Le troisième pilier dont a parlé le ministre est l'environnement. Jusqu'à maintenant, il a été question de navires qui polluent les eaux en les traversant. Je ne suis pas certain que le ministre englobe les émissions de gaz à effet de serre dans cette pollution. Je pense qu'il parle surtout de la pollution causée par les rejets des navires dans l'eau, pollution qui nuit à la vie marine ainsi qu'aux gens qui en dépendent. Le ministre a longuement traité de cette question et a indiqué comment on préviendra cette pollution.
Les Canadiens, du moins ceux qui ont eu l'heureuse idée de voter pour moi, n'ont pas vu le gouvernement agir substantiellement, au cours de la dernière législature, pour réduire la pollution ou pour éliminer les polluants de nos milieux de vie.
Devons-nous croire les conservateurs maintenant, lorsqu'ils prétendent pouvoir attraper les pollueurs dans une zone maritime aussi grande que la Saskatchewan sans devoir y consacrer un sou? Devant tout le monde, à la Chambre des communes, ils vont défendre le projet de loi . Ils vont affirmer qu'ils sont capables de parvenir à leurs objectifs et que l'environnement est l'une des questions dont ils essaient de s'occuper avec le projet de loi . Alors, tout le monde va les croire et cesser de les critiquer. J'ai peine à le croire.
J'ai peine à le croire entre autres parce que même la personne qui ne fait que lire occasionnellement sur la question sait qu'au cours de l'été et de l'automne, d'autres pays ont manifesté un intérêt particulier pour les eaux de l'Arctique que le Canada revendique depuis toujours. Les eaux de l'Arctique sont voisines également de la Norvège, de la Russie, du Danemark, du Groenland et des États-Unis. Tous ces pays revendiquent une partie de ces eaux et entrent en concurrence les uns avec les autres sur cette question. Ils s'inquiètent tous à leur façon de l'environnement et de la pollution, un sujet qui les rassemble, mais qui cache aussi leurs intérêts et leurs ambitions de développement.
Je n'ai rien vu dans ce projet de loi qui dit que nous avons entrepris des discussions bilatérales avec l'un ou l'autre de ces pays sur la façon dont nous comptons faire respecter notre souveraineté, surtout en ce qui a trait à l'environnement et à la pollution dans l'Arctique et dans ces eaux en particulier. Je n'y vois rien de tel nulle part et nous n'avons pas entendu dire non plus que le gouvernement avait entrepris des discussions de ce genre. Rien n'indique que le gouvernement aurait soulevé la question auprès des Nations Unies.
Je sais que le est aux Nations Unies aujourd'hui. Au cours de la période des questions, un de mes collègues a demandé aux ministériels s'il avait un plan. Aucun de ces sujets ne faisait partie de ce plan, mais la question a été posée pendant la période des questions et non pendant la période des réponses. Le ministre voudrait peut-être nous donner plus de détails sur les questions relatives à ce projet de loi, et plus précisément à l'environnement et à la pollution, que le posera à ses homologues des Nations Unies pour que nous puissions obtenir le consentement des pays qui ont un intérêt plus direct à l'égard des régions visées par ce projet de loi.
Si nous ne disposons pas d'une tribune nous permettant de soulever ces questions avec un groupe de pays réceptifs, et il est très important qu'ils le soient, nous en revenons alors à l'une de mes premières préoccupations, c'est-à-dire quelles sont les ressources qui nous permettent de nous assurer que nous avons la capacité militaire nécessaire pour protéger la souveraineté que ce projet de loi réclame?
Avons-nous accru nos dépenses dans le secteur de la défense? Achetons-nous des navires supplémentaires? Je n'ai entendu parler que d'un seul nouveau navire pour la Garde côtière. Ajouter un navire à la Garde côtière serait, pour donner un équivalent, comme ajouter trois ou au maximum quatre semi-remorques à la flotte terrestre. Si nous laissions tomber trois ou quatre semi-remorques du ciel, l'une après l'autre, dans le milieu de la Saskatchewan, croyez-vous que quelqu'un s'en rendrait compte? Probablement pas. Ces trois ou quatre semi-remorques se suivant l'une derrière l'autre mettraient beaucoup de temps à patrouiller un territoire aussi grand que la Saskatchewan.
Nous n'avons même pas une seule indication nous permettant de croire que c'est ce que nous ferons. En cette période où nous demandons à tous les secteurs de dépenser des dizaines de milliards de dollars, voilà une mesure législative qui dit que le gouvernement s'occupera de la question. Ce territoire sera le sien. Il s'occupera de l'environnement, il attrapera tous les pollueurs et il assurera le développement de l'économie dans la région.
Nous pourrions probablement construire des infrastructures trois mois par année. Il faudrait donc compter beaucoup de temps pour des projets qui ailleurs prendraient trois ou quatre ans. Toutefois, il n'est nullement question des ressources. Dans quelle mesure peut-on prendre le gouvernement au sérieux à cet égard?
On nous sert les arguments habituels sur l'aide qu'on veut apporter localement. Oui, nous voulons aider les gens localement et nous voulons leur donner plus de pouvoir, mais nous ne devons pas perdre de vue que ce projet de loi traite du territoire aquatique. Le ministre a expliqué comment ces mesures seraient profitables pour les gens du Nord, surtout dans les zones où on trouve des habitants à environ 1 000 kilomètres de la rive. Nous voulons nous aussi faire en sorte que les économies et la souveraineté des peuples autochtones de la région soient protégées et accrues.
Toutefois, nous ne voulons pas leur mettre un écran de fumée devant les yeux en parlant d'autre chose. Nous voudrions discuter honnêtement des mesures prises pour accroître leur souveraineté, leur donner une plus grande autonomie et faire d'eux de véritables partenaires dans la réalisation de cet exercice économique qui est l'un des quatre piliers de ce projet de loi, selon le ministre.
Le ministre dit que le projet de loi nous donnerait le contrôle des routes maritimes commerciales, non pas qu'elles soient facilement accessibles. Elles ne sont pas praticables 12 mois par année à cause de l'épaisseur de la glace. Toutefois, le gouvernement nous a-t-il indiqué combien de navires empruntent ces routes maritimes? Comment les surveillerons-nous?
Par exemple, les députés se souviendront de l'intense piraterie qui a eu cours, encore tout récemment, au large des côtes de la mer d'Oman et de l'océan Indien. Il en est question tous les journaux dans les journaux. La première chose que nous disent tous les pays qui ont une marine marchande dans la région, c' est que l'océan est si vaste qu'il est impossible de contrôler tous ces pirates. Au Canada, nous parlons de pollueurs parce que c'est là-dessus que se concentre le ministre.
Où sont les ressources nécessaires pour veiller à la sûreté d'une étendue d'eau beaucoup plus vaste que les eaux au large de la Somalie et de l'Arabie saoudite? Le ministre a dit qu'il faut que nous protégions les Canadiens contre les terroristes et les organisations criminelles. Sait-il quels groupes posent problème? Nous a-t-il donné une idée des activités criminelles et terroristes qui ont lieu en ce moment et des mesures qu'il faut prendre pour y mettre fin?
Je suis interloqué. Si le ministre est en mesure de nous affirmer que toutes ces activités ont réellement lieu, pourquoi n'avons-nous rien fait jusqu'à présent? Est-ce qu'un projet de loi d'environ huit lignes, qui nous donne le pouvoir de légiférer sur un territoire qui nous appartient déjà aux termes d'une convention des Nations-Unies, réglera vraiment ce problème? J'en doute fort.
Selon moi, le ministre nous dira probablement que nous devons procéder ainsi, que nous devons dépenser ces centaines de millions ou de milliards de dollars pour établir avec fermeté la souveraineté du Canada et assurer la sécurité de tous les Canadiens dans cette région, et il nous expliquera comment. Il nous parlera des navires que nous utiliserons, des satellites dans lesquels nous investirons et des marins, des agents de la GRC ou des soldats qui seront envoyés dans la région. Il nous montrera le plan déjà en place pour développer l'économie dans l'espoir de créer un nombre X d'emplois et un nombre X d'activités qui feront tourner l'économie dans la région.
Après tout, le but de ce plan d'action est de faire en sorte que les dizaines de milliards de dollars que les Canadiens sont prêts à investir profitent aux Canadiens, aujourd'hui et demain, que l'on procède de façon à accroître la sécurité, que l'on tienne compte des préoccupations entourant l'environnement et la pollution, deux sujets d'actualité, et finalement que l'on fournisse aux populations indigènes qui vivent dans les territoires adjacents à cette vaste étendue aquatique l'avenir que nous voulons qu'elles prennent pour acquis.
:
Monsieur le Président, c'est pour moi un plaisir de prendre la parole, au nom du Bloc québécois, sur le projet de loi .
D'entrée de jeu, notre parti sera favorable à ce projet de loi, mais c'est comme jouer dans un mauvais film. On parle d'une Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques, ce qui veut dire que s'il y a un risque de pollution des eaux arctiques, c'est parce qu'il y a du transport maritime. Et s'il y a du transport maritime, c'est parce qu'il n'y a plus de glace. Et s'il n'y a plus de glace, c'est parce que, évidemment, la température se réchauffe.
Je veux que cela soit noté, parce que je ne voudrais pas que nos enfants et nos petits-enfants me reprochent d'avoir un jour parlé de ce projet de loi. Finalement, on se doit d'adopter ces mesures parce que le gouvernement conservateur actuel et les gouvernements précédents, libéraux et conservateurs, n'ont pas fait leur travail. On a donc aujourd'hui une planète qui se réchauffe et on a une situation dans l'Arctique qui se veut complètement nouvelle. On se doit d'adopter une réglementation et de protéger le territoire, parce que de plus en plus de navires circuleront et il y aura un potentiel de développement.
Cela me fait frémir d'entendre cela, parce qu'on veut développer, on veut aller chercher le gaz et le pétrole, mais nous sommes en train de discuter des dernières réserves mondiales. De la façon dont gèrent les conservateurs, un jour, la planète disparaîtra, et on saura pourquoi.
Mais en attendant, étant donné que la fonte des glaces ouvre de nouvelles voies navigables, il faut considérer que le Canada est dans son plein droit de prendre des mesures législatives afin d'asseoir sa souveraineté sur les eaux arctiques. Compte tenu que ce sera tout un canal de développement et que plusieurs pays se partagent ce territoire du pôle Nord, des discussions sont effectivement à prévoir.
En accroissant la zone d'eaux intérieures de 100 à 200 milles marins, le Canada s'assure un meilleur contrôle du trafic maritime dans ses eaux ainsi que sur la gestion des ressources naturelles qui s'y trouvent. Ainsi, par la force des choses, le fait que les glaces fondent ouvre tout un potentiel de développement. C'est donc normal que les pays limitrophes assurent leur protection géographique et, évidemment, leur nationalité et leur souveraineté. Un parti souverainiste ne pourrait être contre le fait que le Canada protège sa souveraineté. Au contraire, nous souhaitons avoir la nôtre au Québec. On ne peut donc pas être contre celle que le Canada veut se donner.
Évidemment, pour ce qui est de la question de la souveraineté du Canada en Arctique, nous affirmons que toute action future dans cette région doit être orientée en fonction de certains principes de base qui sont les suivants.
Tout d'abord, toute exploitation des ressources dans le Nord doit être suivie de près et encadrée afin que la région ne soit pas livrée à une exploitation sauvage des ressources. Évidemment, ce serait un peu faible de ne traiter uniquement que de la prévention de la pollution des eaux arctiques.
Les députés du Bloc québécois sont fiers de se lever tous les jours en cette Chambre pour défendre les intérêts des Québécoises et des Québécois. Compte tenu qu'une partie du Québec est dans le Grand Nord, c'est important pour nous que toutes les exploitations respectent un développement écologique, parce que, encore une fois, si on enclenche une catastrophe après l'autre, on ne réglera absolument rien. Il faut donc s'assurer d'une exploitation respectueuse de l'environnement.
Le deuxième grand principe veut que tout conflit frontalier soit résolu pacifiquement et diplomatiquement en respect du droit international. Ainsi, de porter de 100 à 200 milles marins les droits du Canada, c'est évidemment conforme au droit international. On souhaite le respect de ces questions de façon pacifique et diplomatique afin d'être capable de négocier avec les autres pays, parce que ce n'est pas évident dans cette situation géopolitique. La question du territoire du pôle Nord et de toute la région arctique n'est pas évidente non plus.
Le troisième grand principe est qu'il faut lutter contre les changements climatiques, grande source de problèmes pour l'Arctique. Il faut aussi protéger adéquatement l'extrême fragilité des écosystèmes. Or, ce n'est pas ce qui se dégage du discours des conservateurs. Évidemment, on me dira que c'est un projet de loi qui prévient la pollution. C'est vrai, on ne peut pas tout régler à cet égard.
J'ai posé la question au ministre. En cette Chambre, on devrait tous avoir la volonté de s'assurer de lutter contre les changements climatiques.
Il faudrait que le climat soit rétabli et il faudrait voir apparaître plus de glaces dans l'Arctique. Voici une image toute simple: il faudrait travailler très fort pour retrouver les glaces qui étaient là. Si on veut extraire du pétrole, il faudrait trouver d'autres moyens de le transporter que par navire. Il existe d'autres façons de faire. Il faudrait tout faire pour s'assurer que la température refroidisse dans le pôle Nord et dans l'Arctique afin d'avoir de nouveau des glaces, surtout pour que les populations animales puissent survivre. Les populations qui vivent dans ces régions, qui ont toujours vécu du froid et qui ont eu cette façon de vivre ne trouvent sûrement pas ça bien. Je vois beaucoup de reportages, mais je ne vois personne qui trouve agréable de voir les glaces fondre. Quand un peuple a vécu toute son histoire avec les glaces, il ne trouve rien de réjouissant à les voir disparaître.
Même si le ministre nous dit aujourd'hui qu'il va y avoir du développement et que les gens vont travailler, je ne pense pas que le but de ces communautés soit de travailler pour des entreprises pétrolières, même si c'est ce vers quoi on se dirige. Je pense qu'ils auraient préféré vivre comme ils vivaient auparavant.
Le quatrième grand principe est le suivant: toute action en Arctique doit tenir compte des populations qui y vivent. C'est ce qu'on dit. C'est bien beau d'essayer d'en faire des exploitants de pétrole, mais si ce n'est pas leur centre d'intérêt et si ce n'est pas ce qu'ils souhaitent, il faudrait essayer de tout faire pour qu'ils se sentent à l'aise. Ce sont quand même les populations qui ont occupé ce territoire. Si le Canada est aujourd'hui en droit de réclamer des droits internationaux, c'est justement parce que des communautés ont habité cette partie du monde qui est de notre juridiction. C'est de la juridiction du Canada maintenant. Il faut être capable de vivre en harmonie et choisir de défendre et de tenir compte de ce que ces populations souhaitent.
Le Bloc québécois va dénoncer et dénoncera toujours la militarisation du Nord et toute opération militaire qui pourrait s'y faire, que ce soit par navire ou autrement. On souhaite qu'on se dissocie de ça et qu'on opte plutôt pour une autre alternative pour asseoir la souveraineté. Il faut que ce soit un exemple pour le monde entier. On ne peut pas aller partout dans le monde essayer de régler des conflits et en créer un dans le Nord parce qu'on s'intéresse au pétrole. Il y a suffisamment de guerres dans le monde à cause du pétrole, j'espère qu'on n'en créera pas une nous-mêmes parce qu'on essaie de protéger un territoire.
On recommande, pour assurer une patrouille des eaux arctiques, que le Canada investisse davantage dans la Garde côtière canadienne. Toute autre façon de protéger l'Arctique serait, à nos yeux, une incitation à la guerre et à la violence, contre lesquelles on a toujours été.
La fonte des glaces aura pour conséquence la remise en question de la souveraineté canadienne dans cette région. C'est une des grandes raisons pour lesquelles on adopte des projets de loi. Je le disais tantôt, les glaces fondent. Le drame, c'est que le gouvernement fédéral, plutôt que mettre les bouchées doubles pour combattre les changements climatiques, met les bouchées doubles pour faire du développement économique dans l'Arctique. Je l'ai dit au début, tout le monde ici, à la Chambre des communes, joue dans un mauvais film. On ne devrait pas jouer dans ce film du tout, mais, encore une fois, ce sont les conservateurs qui mènent et c'est ainsi qu'ils mènent.
Donc, le Canada doit travailler avec les États arctiques dans le cadre du Conseil de l'Arctique. Il y a un Conseil de l'Arctique des États souverains qui longent ou qui bornent ce territoire. Ce conseil est habilité à protéger l'environnement et à assurer le développement durable. Il faudrait évidemment qu'il soit plus proactif par rapport au développement durable et à la protection de l'environnement.
Pour nous, toute solution dans l'Arctique va impliquer et mettre à contribution les Inuits qui y habitent. D'une part, il faut les intégrer au processus de négociation et, d'autre part, les aider à développer leur économie. Si le choix de cette population est de développer son économie autrement que par le développement pétrolier, il faut respecter cela.
Je prendrai quelques instants pour résumer le projet de loi , qui modifie la définition de « eaux arctiques » de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques afin de porter la limite de la zone de protection des eaux arctiques de 100 milles marins à 200 cents milles marins. Cette loi a été adoptée en 1970 et définit « eaux arctiques » comme suit:
Eaux contiguës au continent et aux îles de l’Arctique canadien à l’intérieur de la zone délimitée par le soixantième parallèle de latitude nord, le cent quarante et unième méridien de longitude ouest et une ligne en mer dont chaque point se trouve à une distance de cent milles marins de la plus proche terre canadienne [...]
L'objectif est donc de faire passer les 100 milles marins à 200 cent milles marins de la plus proche terre canadienne. L'accroissement de cette limite fait en sorte que les eaux à l'intérieur de celle-ci sont reconnues comme des eaux intérieures et non comme des eaux internationales ou une zone économique exclusive. L'image des 200 cent milles marins est présente, ainsi que l'autorité du Canada sur ce territoire. Tout ce qui était à l'extérieur des 100 milles marins devenait des eaux internationales. Maintenant, il s'agira de tout ce qui sera à l'extérieur des 200 cent milles marins.
Les eaux arctiques ont longtemps été considérées comme un désert de glace infranchissable pour l'être humain. C'est pour cette raison que je vous dis que l'on joue dans un mauvais film. C'était un désert de glace et rien ne s'y faisait. Les changements climatiques auxquels on assiste viennent évidemment changer la donne. L'Arctique est particulièrement touché par le réchauffement de la planète.
On prévoit qu'une hausse de 1 oC ou de 2 oC à l'équateur pourrait se traduire par une hausse de plus de 6 oC dans l'Arctique. Selon moi, si l'on ne s'attaque pas aux changements climatiques, ce sera une catastrophe naturelle, on l'aura compris, alors que pour certains, ce sera un grand développement dans le Nord et l'Arctique.
Il n'en reste pas moins que les changements climatiques ont de graves conséquences environnementales pour l'Arctique. Le climat de l'Arctique se réchauffe plus rapidement, ce qui provoque des changements encore plus marqués, comme un changement de zone de végétation et un changement dans la diversité, le rayon d'action et la répartition des espèces animales. Par exemple, on note un accroissement rapide dans le nombre de noyades chez les ours polaires parce que les distances entre les îlots de glace augmentent sans cesse.
Il s'agit de textes scientifiques, mais les personnes qui nous écoutent ont la chance de le voir régulièrement lors de reportages à la télévision; une foule de cinéastes en ont fait leurs choux gras et ont filmé ce désordre que crée le réchauffement planétaire. Les changements climatiques provoqueront aussi la désorganisation et la déstabilisation du transport, des bâtiments et des infrastructures dans le Nord. Pour les populations et les Inuits qui y vivent, tout est en train de changer. Ils n'utilisaient que la motoneige, mais il faudra dorénavant qu'ils lui mettent des roues. Ce sera peut-être cela, la réalité. On peut en rire, mais, pratiquement, c'est triste à en pleurer.
Le réchauffement climatique a donc un impact majeur sur le mode de vie des populations autochtones et provoque aussi l'élévation des rayons ultraviolets, ce qui touchera les animaux, les personnes et la végétation. Depuis 1960, la surface globale de la banquise permanente a diminué de 14 p. 100, dont 6 p. 100 depuis 1978. Son épaisseur s'est réduite de 42 p. 100 depuis 1958. Ces chiffres, de même que les notes explicatives et les références, sont dans notre énoncé.
Le litige, en ce qui concerne la souveraineté de l'Arctique, concerne le passage du Nord-Ouest et les voies navigables dans l'archipel Arctique. Le litige entre le Canada et les États-Unis à ce niveau est un litige de droit international, à savoir comment on peut définir les eaux entourant l'archipel Arctique. Il est à noter que la souveraineté canadienne sur les îles n'est pas contestée et qu'elle est reconnue. Pour le Canada, les îles constituent une extension de son plateau continental. Les divers détroits entre les îles sont donc considérés par le Canada comme des « eaux intérieures ». Cela dit, la limite des 200 milles marins s'applique donc au contour des îles.
On aura compris pourquoi il y a des batailles de juridiction. Les États-Unis n'ont jamais reconnu que ces eaux étaient des « eaux intérieures » au Canada. Pour les États-Unis, elles constituent une « zone économique exclusive », sans plus. D'ailleurs, en janvier 2009, l'ancien président des États-Unis, George W. Bush, affirmait dans sa directive présidentielle sur l'Arctique qu'il s'agissait finalement d'une zone économique exclusive et non pas des « eaux intérieures ». Je vous fais grâce de la lecture de ce texte, mais il s'agissait de l'objectif.
On peut donc comprendre que le Canada souhaite clarifier la situation. Quant à savoir si ce projet de loi réussira à la clarifier, j'en suis moins sûr.
Pour cette raison, il faut prioriser toute négociation ou entente diplomatique. Il ne sert à rien d'essayer de faire flotter des navires militaires pour assurer la juridiction des eaux arctiques. Les États-Unis ne sont pas contents. J'espère que les conservateurs y ont pensé, car je ne crois pas qu'un jour on aura ne serait-ce que le quart du dixième d'une armée pouvant faire concurrence à celle des États-Unis. Je ne pense pas toutefois que ce soit l'objectif. Il faut donc pouvoir négocier de façon diplomatique.
Les « eaux intérieures » sont définies à l'article 8 de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer comme suit: « [...] les eaux situées en deçà de la ligne de base de la mer territoriale font partie des eaux intérieures de l'État ». Selon cette convention, un État côtier peut prendre toutes les mesures « pour prévenir toute violation des conditions auxquelles est subordonnée l'admission de ces navires dans ces eaux [...] ». En d'autres termes, l'État côtier est maître chez lui en ce qui a trait à ses eaux intérieures. Il est en parfait droit d'interdire le passage à tout navire étranger.
C'était finalement l'objectif: faire passer les 100 milles marins à 200, surtout autour des îles de l'Arctique, pour s'assurer que le Canada a l'entier contrôle des navires qui y circulent. Par contre, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer donne, à l'article 55, une définition de ce qu'est une « zone économique exclusive » — soit l'interprétation qu'en font les États-Unis: « La zone économique exclusive est une zone située au-delà de la mer territoriale et adjacente à celle-ci [...] ». L'article 58 dit: « Dans la zone économique exclusive, tous les États, qu'ils soient côtiers ou sans littoral, [...] jouissent des libertés de navigation et de survol et de la liberté de poser des câbles et pipelines sous-marins [...]
Encore une fois, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer avait prévu les pipelines et ce genre de situation. Il n'est donc pas surprenant que les États-Unis préfèrent l'article 58 et déclarent que ces zones sont économiques plutôt que des eaux intérieures. Car, en ce qui concerne les eaux intérieures, le pays qui en est le détenteur a le droit de contrôler le trafic maritime, d'exiger des redevances ou d'empêcher les gens de passer. Par rapport à l'exploitation pétrolière, je ne veux pas me répéter, mais on aura compris qu'il y a des guerres dans plusieurs parties du monde afin de faire passer le pétrole. Il s'agit en quelque sorte de la bataille juridique qu'on livre aux Américains à ce sujet.
Par conséquent, oui, il pourrait y avoir un accroissement du trafic maritime commercial parce que le passage du Nord-Ouest demeure la voie la plus courte pour passer de l'Asie à l'Europe. Pour preuve, voici des exemples d'itinéraires en kilomètres. Si l'on passe de Londres à Yokohama par le canal de Panamá, il faut 23 300 km, par le canal de Suez, 21 200 km, par le cap Horn — le grand détour — , 32 289 km, mais par le passage du Nord-Ouest, il faut 15 930 km. Il s'agit donc d'économies importantes. La distance de New York à Yokohama en passant par le canal de Panamá représente 18 000 km, par le canal de Suez, 25 000 km, par le cap Horn, 31 000 km et par le passage du Nord-Ouest, 15 000 km. De Hambourg à Vancouver en passant par le canal de Panamá, il faut 17 000 km, par le canal de Suez, 29 000 km, par le cap Horn, 27 000 km et par le passage du Nord-Ouest, 14 000 km.
Quand le gouvernement parle de développement économique, de potentiel et de création d'emplois pour les résidants ou les populations frontalières, il anticipe que ce passage sera de plus en plus disponible, et ce, 12 mois par année. Il souhaite que cela se fasse sans brise-glace, etc. Cela faciliterait évidemment le trafic maritime. À cause des distances entre l'Asie et l'Europe, de plus en plus on utiliserait ce passage.
Il faut donc comprendre que si le Bloc québécois appuie le projet de loi , ce n'est pas avec gaieté de coeur. Je le répète. Les députés du Bloc québécois qui se sont fait élire se lèvent tous les jours à la Chambre des communes pour défendre les intérêts des Québécoises et des Québécois. On joue dans un mauvais film, je l'ai dit. Il faudrait se lever tous les jours pour se battre contre les changements climatiques de façon à ce qu'il y ait de plus en plus de glace dans l'Arctique et de moins en moins de navires qui y passent si l'on veut protéger l'équilibre planétaire.
Cependant, aujourd'hui, on parle plutôt d'obtenir des droits sur des territoires et d'augmenter la souveraineté canadienne parce que, justement, de plus en plus navires circulent et qu'il y aura du développement économique, comme le souhaitent les conservateurs. Cela se fait encore une fois au détriment de l'environnement et de nos générations futures. J'espère que mes enfants et mes petits-enfants m'en excuseront.
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de loi . C'est un des nombreux projets de loi qui se retrouveront sans aucun doute devant le Comité des transports étant donné le bourreau de travail qui est à la tête du ministère, c'est-à-dire un ministre qui, dans bien des dossiers, se distingue plus par sa force de travail que par sa force de réflexion. Tous les porte-parole de l'opposition doivent s'assurer que les ministres réfléchissent suffisamment aux projets de loi à l'étude. L'acharnement au travail ne remplace pas une réflexion intelligente.
Le projet de loi est intéressant. Il a des qualités. Le gouvernement conservateur a consacré beaucoup d'énergie à la question de l'Arctique et des eaux septentrionales et c'est ce qui est à l'origine du projet de loi.
Par exemple, je pourrais parler du voyage du Cabinet à Inuvik en août dernier. Tout le Cabinet, compris, a pris le temps de visiter ma circonscription. Cette visite a créé des attentes au sein de la population, qui croyait que des annonces importantes seraient alors faites.
Lors de ce voyage du à Inuvik et à Tuktoyaktuk, nous avons eu droit à l'annonce du nom d'un brise-glace qui sera construit dans quelques années.
La population de Tuktoyaktuk vit sur la côte arctique et subit les ravages des changements climatiques, leurs terres étant graduellement emportées par la mer. Ces gens espéraient un peu plus de cette visite. Ils espéraient l'annonce d'un lien routier avec Inuvik, ce qui aurait permis un certain développement économique et ce qui leur aurait peut-être même facilité la vie sur la côte. Ils n'ont pas entendu une telle annonce. Le a émis un communiqué qui ne contenait à vrai dire rien.
Lorsqu'il a pris la parole à Inuvik, le a annoncé que le gouvernement rendrait obligatoire l'enregistrement des navires qui passent dans les eaux arctiques, ce que nous, du Nouveau Parti démocratique réclamons depuis deux ans. C'était une bonne mesure, mais certainement pas ce qu'espérait la population du Nord.
Le projet de loi à l'étude en ce moment est-il ce qu'attendaient les Canadiens pour protéger les eaux arctiques? Il élargit les limites territoriales, ce qui est une bonne chose, mais protège-t-il mieux l'Arctique ou s'agit-il simplement d'un autre geste posé par le Parti conservateur tout simplement parce que l'Arctique suscite un intérêt accru?
Les eaux de l'Arctique canadien se transforment rapidement. L'absence de glaces dans la zone de Beaufort et dans les îles arctiques prend une importance grandissante. Dans cette zone, les tempêtes sont de plus grande taille et elles sont plus violentes. Les dangers de la navigation sont plus nombreux que par le passé, lorsque la glace arctique couvrait l'eau durant une plus longue période. La banquise permanente était plus au sud du pôle. La situation a changé et, aujourd'hui, d'importantes perturbations météorologiques entraînent de très graves problèmes.
Cette mesure législative traite du transport dans l'Arctique durant une période difficile et changeante. Nous pouvons prendre cette initiative sous le régime de la Convention sur le droit de la mer de l'ONU et elle correspond à une pratique que le reste du monde jugera tout à fait acceptable. Cependant, une fois de plus, rien dans le projet de loi n'a rapport à notre capacité de protéger l'Arctique et à nos intentions à cet égard.
Également, une bonne partie de nos eaux arctiques font l'objet de différends. Quelle sera l'incidence de cette mesure législative sur notre différend actuel avec les États-Unis concernant une bonne partie de la mer de Beaufort? Qui aura la responsabilité de ces eaux? Où en sont les efforts diplomatiques concernant cette question, qui remontent à 1983? Où aboutiront nos efforts auprès des États-Unis concernant la ligne de démarcation entre l'Alaska et le Yukon?
Le fait d'accroître la taille de la zone protégée dans l'Arctique ne rime à rien sans un effort accru sur le plan des mesures d'application. Or, dans l'Arctique, les mesures d'application ne sont pas faciles à mettre en oeuvre; elles sont coûteuses. Elles exigent un effort que notre gouvernement ne me semble pas encore prêt à consentir.
Il existe cependant une façon de protéger les eaux arctiques: c'est la voie de la diplomatie internationale. J'ai eu l'occasion de me rendre, l'an dernier, à Ilulissat où j'ai pu voir les ministres des Affaires étrangères des grands pays de l'Arctique s'entendre sur l'application de la Convention des Nations Unis sur les droits de la mer à une question concernant des frontières entre pays. Le seul ministre des Affaires étrangères qui ne participait pas à cette rencontre était celui du Canada. Il était remplacé par le .
Nous ne participons pas activement à la diplomatie. Nous n'accordons pas la priorité à la diplomatie. Notre adopte une attitude agressive, une attitude d'affrontement, au lieu de chercher à résoudre certains de nos problèmes par la voie de la coopération internationale et de la diplomatie.
Il faut respecter les traités internationaux. Il faut établir une relation de travail au plus haut niveau entre les pays de l'Arctique si nous voulons atteindre nos objectifs en matière de protection de notre environnement arctique. Cela ne fait aucun doute. Ce devrait être l'élément principal de la stratégie canadienne dans l'Arctique.
Il nous faut des équipes de recherche et de sauvetage dans l'Arctique. Les autres pays en parlent. Les États-Unis et la Russie négocient même des ententes de protection du détroit de Béring et de coopération pour régler les problèmes liés à la navigation maritime dans ces eaux dangereuses. Nous devrions faire de même avec les États-Unis. En fait, nous n'avons pas d'autre choix à un niveau moins élevé de notre système. Il incombe aux plus hauts dirigeants de notre pays de faire valoir l'importance de la diplomatie internationale.
Il faut plus que l'enregistrement obligatoire des navires marchands pour protéger l'Arctique. Il faut aussi accepter les règlements de l'Organisation maritime internationale sur la navigation dans l'Arctique. Il faut faire en sorte que les navires de tous les pays qui traversent l'Arctique soient assujettis aux mêmes normes quant au type de coque et à l'équipement utilisés afin de protéger l'environnement et d'assurer leur propre protection. Il faut faire en sorte que les navires qui seront de plus en plus nombreux à naviguer dans l'Arctique disposent de la bonne technologie et de la meilleure technologie possible. C'est aussi de ce genre d'ententes internationales dont il faut disposer.
Ce ne sont pas des mesures de défense ou des actions militaires agressives qui résoudront nos problèmes dans l'Arctique. Ce ne sont pas des confrontations militaires qui résoudront nos différends avec les États-Unis au sujet du passage du Nord-Ouest et de la mer de Beaufort. La seule façon de régler ces différends avec les États-Unis passe par la diplomatie et les efforts déployés par notre gouvernement et le gouvernement américain pour en arriver à des ententes. Rien d'autre ne parviendra à régler concrètement quoi que ce soit dans ce domaine.
Un rapport international sur le transport des marchandises sera publié d'ici peu. Il traitera de l'utilisation des eaux de l'Arctique. Il a été rédigé par plusieurs pays. Il devrait être publié dès l'année prochaine.
Ce document pourrait aider les pays arctiques à savoir comment procéder avec les eaux de l'Arctique, comment les protéger et ce à quoi il faut s'attendre avec le développement de la pêche, de l'exploration minière, de l'exploitation gazière et pétrolière et du tourisme. Le nombre de navires de croisière qui sillonnent les eaux de l'Arctique a connu une croissance phénoménale.
Tous ces facteurs se conjuguent, et la communauté internationale se penche là-dessus à l'heure actuelle. Le Canada doit reprendre la direction de la diplomatie internationale et collaborer avec les pays concernés à la recherche de solutions pouvant se traduire par une politique sur l'Arctique qui, conjointement avec le reste du monde, protégera l'Arctique et fera de notre loi sur la protection environnementale un document efficace pour protéger notre zone de 200 milles.
Le gouvernement a bien des idées au sujet de l'Arctique. Malheureusement, certaines ne sont que des idées sorties de la tête de quelqu'un plutôt que des idées issues du consensus nécessaire pour traiter des questions de l'Arctique. La recherche dans l'Arctique en donne un exemple. Le Canada vient d'annoncer la construction d'un grand établissement de recherche au Nunavut, ce qui est contraire à ce que veulent les chercheurs dans l'Arctique.
Le gouvernement fédéral a demandé à un groupe de chercheurs de l'Arctique de produire un rapport sur le meilleur endroit où établir le centre de recherche et sur la portée de ce dernier. Ils ont répondu que nous n'avions pas besoin d'un tel rapport, mais plutôt d'un rapport pour déterminer quelles initiatives de recherche sont nécessaires dans l'Arctique. En d'autres mots, nous n'avons pas besoin de nouvelles installations; nous avons besoin d'un plan pour la recherche dans l'Arctique, qui permettra à nos scientifiques de fournir l'information requise pour protéger cette région et comprendre les changements qui s'y produisent. Voilà ce qui devrait être la plus grande priorité du gouvernement, pas la construction d'installations.
À l'heure actuelle, les chercheurs ont des installations à leur disposition dans nos territoires. Les chercheurs s'en servent raisonnablement bien, mais non comme le gouvernement le prévoit. Ils s'en servent comme base principale pour étendre leurs recherches dans la région arctique. La plupart des chercheurs ont en abomination l'idée d'avoir un centre de recherche fixe. Ils préféreraient avoir un réseau de postes disséminés dans l'Arctique qui leur permettent d'effectuer leur genre de recherches.
En omettant d'avoir recours à des consultations, en présentant des politiques qui déterminent des orientations sans examiner ce qui est vraiment nécessaire et en proposant des idées qui consistent à ériger des monuments en l'honneur de notre souveraineté plutôt que de chercher les solutions qui nous permettront d'atteindre cette souveraineté, nous manquons à nos obligations envers les Canadiens.
Je pense au Colosse de Rhodes. Les conservateurs veulent peut-être construire un colosse à l'entrée du passage du Nord-Ouest pour indiquer que le Canada est propriétaire de la région. Ils pensent peut-être que les gestes grandioses sont plus importants que les efforts déployés par un gouvernement pour conclure des ententes internationales et commander à des chercheurs les travaux nécessaires sur la question, ce qui aurait un bien meilleur potentiel pour le Canada.
Il y a un autre aspect à la question. En ce moment, dans l'Arctique, nous élargissons l'utilisation de la mer de Beaufort. Nous avons ouvert de larges zones en mer à l'exploration pétrolière, et les travaux de forage ont débuté. Fait intéressant, les pires cas de pollution catastrophique que nous sommes susceptibles d'observer dans l'Arctique sont les gros déversements de pétrole, et nous n'avons pas les moyens d'y faire face. En ce moment, le gouvernement devrait probablement avoir comme grande priorité la recherche de moyens technologiques pour faire face à un déversement de pétrole dans les eaux arctiques.
Dès qu'il y a plus de 35 p. 100 de glace dans l'eau, les techniques de nettoyage en cas de déversement de pétrole restent très limitées. Il nous faut un programme pour nous doter des techniques nécessaires. Cela ferait davantage pour protéger notre environnement que tout projet de loi que nous pouvons adopter ici ou que tout centre de recherche sur l'Arctique installé à un seul endroit. Voilà le genre d'efforts qu'il nous faut déployer actuellement pour protéger l'Arctique.
Lorsque les sites de forage ont été vendus, que les entreprises ont obtenu la possibilité de mener des activités dans la mer de Beaufort, l'insuffisance des techniques de nettoyage a été signalée au gouvernement. Nous n'avons pas encore obtenu de réponse. Le gouvernement doit pourtant agir.
Notre capacité d'intervention est limitée. Nous n'avons pas les ressources humaines et technologiques nécessaires pour protéger l'environnement arctique. Nous n'avons pas la capacité de mener des travaux de recherche nous permettant de comprendre ce qui serait susceptible de se passer dans l'Arctique. Des installations ne nous donneront pas cela. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un plan clair de recherche sur l'Arctique et de fonds pour les travaux des scientifiques de partout au Canada qui veulent faire de la recherche dans l'Arctique.
Il faut également collaborer avec la communauté internationale pour éviter le dédoublement de la recherche. Il faut créer des liens entre les États pour permettre à la recherche d'avancer et pour que tous les pays de l'Arctique comprennent comment composer avec les conditions propres à leur réalité arctique.
Pour ce qui est de la défense de la souveraineté du Canada dans l'Arctique, il faut accorder la priorité à l'environnement. C'est la voie à emprunter. Il importe de protéger l'environnement non seulement dans la zone des 100 milles au large de nos côtes, mais également dans la zone de 200 milles au large de celles-ci. De plus, quand on sait que les glaciers de l'Arctique sont en train de fondre jusqu'au pôle Nord, il est également très important d'examiner comment protéger l'environnement jusqu'au pôle Nord. Il est impossible d'y parvenir sans des accords internationaux et une compréhension internationale des enjeux. Voilà le genre d'approche que doit adopter le gouvernement. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
La capacité est également importante. Il ne suffit pas de présenter cette mesure législative sans s'entendre sur la façon de la faire respecter, sur la façon d'appliquer la réglementation qui est en place, sur la façon d'avoir les réponses pour résoudre les problèmes environnementaux en cas d'accident, éventualité qui se produira vraisemblablement.
J'espère que nous nous pencherons dans un second temps sur ces questions. Le projet de loi est valable et il est important. Cependant, le gouvernement doit en dire davantage sur la question. Il doit présenter un plan plus détaillé en matière de protection des eaux arctiques. Lorsqu'il s'exécutera, nous aurons alors une solution à laquelle tous les Canadiens souscriront et qu'ils appuieront.
Je dis donc à notre dévoué ministre que si nous nous mettons sérieusement à la tâche ici, nous trouverons des réponses judicieuses pour les Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis heureux de pouvoir prendre la parole aujourd'hui devant la Chambre au sujet de ce projet de loi.
Pour commencer, je voudrais souligner que les autres députés de mon parti et moi allons appuyer ce projet de loi. Je suis d'avis qu'il s'agit d'un bon élément de politique publique et qu'il y va de l'intérêt du pays. Le projet de loi recevra certainement notre appui.
Comme le député précédent l'a indiqué, c'est un projet de loi très court. Il a précisé, je crois, que le projet de loi contient seulement 13 lignes et qu'il a pour effet essentiellement d'ajouter près de 500 kilomètres carrés au territoire dont le Canada est responsable dans l'Arctique, ce qui est manifestement une énorme superficie.
Cet ajout est conforme aux politiques internationales en la matière et aux paramètres établis dans la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, que le Canada a ratifiée en 2003. D'autres pays seront certainement favorables à cet ajout, à moins qu'il y ait un conflit absolu entre les zones qu'ils revendiquent et celles qui nous apparaissent constituer une extension du plateau continental du Canada.
Au cours du débat, nous avons entendu dire que ce projet de loi fait partie du prétendu train de mesures pour le Nord ou de la stratégie du Nord. Cependant, comme l'a expliqué avec beaucoup d'éloquence le député de , ce train de mesures n'existe actuellement qu'en paroles à Ottawa. En fait, il ne s'est encore rien passé dans le Nord, et c'est un sujet important de préoccupation relativement à ce projet de loi, qui est formidable, mais qui ne prévoit aucune ressource, aucune somme d'argent, ni aucun plan, programme ou projet. Le gouvernement ne précise aucunement comment il compte réaliser ce que le projet de loi prévoit.
En apparence, tout semble parfait. Nous sommes tous d'accord. Les Canadiens sont tous d'accord. Des annonces ont été faites, puis répétées parfois jusqu'à trois ou quatre fois. Néanmoins, les parlementaires et les autres Canadiens, y compris surtout les gens qui habitent dans les trois territoires du Nord, aimeraient voir beaucoup plus de mesures concrètes, ou, dans certains cas, un peu plus de ces mesures, par rapport à ce qu'ils ont vu jusqu'à maintenant. Récemment, il a été question de navires, d'une présence militaire, de ports de pêche et de développement économique. Mais, faut-il le répéter, nous n'avons pas vu grand-chose se réaliser jusqu'à ce jour.
Il convient de faire une parenthèse à propos de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui a un lien avec la présente question. Cette convention a été ratifiée par le Canada en 2003. D'ici 2013, le Canada doit soumettre aux Nations Unies une proposition sur la question des frontières. Il doit cartographier son plateau continental en entier.
L'année 2013 semble bien loin, mais, n'oublions pas, nous ne disposons que de quelques mois pour faire le travail. J'espère que les travaux sont en cours et que nous serons prêts à faire valoir notre position en 2013, car cela revêt une importance vitale pour la souveraineté du Canada. Je termine ici ma petite digression.
Ce programme, faute d'un meilleur mot, prévoit, entre autres, la construction d'un brise-glace, le Diefenbaker. On s'est déjà interrogé à la Chambre à savoir quels députés seraient encore ici quand le Diefenbaker sera mis à l'eau. Nous entendons beaucoup de grandes annonces portant sur des navires, mais quatre mois plus tard nous pouvons lire en page sept d'un journal, dans un article secondaire, que les projets ont été annulés à cause des coûts ou de toute autre raison.
Il y a eu de nombreuses annonces au cours des deux ou trois dernières années au sujet de navires, de brise-glaces et de frégates de la Garde côtière, mais à ma connaissance les travaux de construction n'ont pas commencé et aucun achat n'a été fait. Je ne compte pas trop sur le Diefenbaker. Je ne m'attends pas à être encore ici, mais peut-être le serez-vous, monsieur le Président, puisque vous êtes plus jeune. J'aimerais voir plus de mesures concrètes quant à la construction et à la mise à l'eau de ce navire.
Je ne viens pas du Nord, mais je m'efforce de suivre le dossier des pêches le plus près possible. On a annoncé qu'un port en eau profonde serait aménagé sur l'île de Baffin et qu'il y aurait des travaux de réparation et d'amélioration. Je me reprends. Il ne s'agissait pas de travaux de réparation et d'amélioration, mais bien de la construction d'un port. Bien des endroits comme l'inlet Pond n'ont pas de port. L'annonce concernait un port en eau profonde.
Je crois que l'industrie de la pêche est dynamique dans l'Arctique. Actuellement, cette industrie est exploitée principalement par des étrangers et des intérêts canadiens des provinces du Sud, notamment Terre-Neuve. Si je ne m'abuse, les prises sont envoyées au Groenland où elles sont traitées et emballées, puis envoyées sur les marchés du Sud. Toutes ces opérations devraient se faire au Canada. Il y a, selon moi, des arguments solides en faveur de la construction d'un port en eau profonde. Nous avons appris que Pangnirtung était un site possible pour un tel port et j'espère que cela se réalisera. La région a beaucoup de potentiel et les méthodes utilisées par les pêcheurs sur glace de la région sont certainement très écologiques. J'espère que l'on en tiendra compte dans le cadre de cette stratégie de développement du Nord. Encore une fois, il est temps d'arrêter d'en parler et d'agir.
Le Nord du Canada est la région la plus touchée par les changements climatiques. Après la visite du président Obama la semaine dernière, je suis devenu très cynique. Le gouvernement actuel a été élu en janvier 2006. On peut dire que, jusqu'à maintenant, nos efforts ont été insuffisants, que les efforts d'autres pays, dont la Chine, ont été insuffisants, mais là n'est pas la question. Nous avons l'obligation de faire ce que nous pouvons.
Le gouvernement actuel a été élu il y a plus de trois ans. Pendant un an et demi, la ministre conservatrice de l'époque a dit qu'elle allait présenter une approche proprement canadienne. Évidemment, comme les députés le savent, rien n'a été fait. Il n'y a pas eu d'approche proprement canadienne. Il n'y a pas eu d'approche du tout. Après un an et demi, la ministre a dû être remplacée par un autre ministre qui proposait de légiférer contre les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Évidemment, encore une fois, rien n'a été fait.
Selon les dernières nouvelles datant de la semaine dernière, nous allons entamer un dialogue avec notre partenaire du Sud, les États-Unis, pour traiter de toute la question des changements climatiques. C'est bon. Les Américains n'ont pas fait grand-chose, mais ils ont probablement fait plus que nous. La raison pour laquelle nous n'avons rien fait, c'est que le gouvernement des États-Unis n'a rien fait. Pardon, mais pourquoi n'a-t-on pas dit cela à la Chambre depuis trois ans? Pourquoi n'avons-nous pas été informés de ce fait? Nous voici trois ou quatre ans plus tard, et nous allons amorcer un dialogue. On ne peut pas blâmer le président Obama qui vient d'être élu il y a quelques semaines, mais, encore une fois, les Canadiens deviennent cyniques. J'espère que c'est un domaine où les choses ont un peu changé.
Cette partie du Canada et le monde entier subissent vraiment les effets des changements climatiques et de la fonte du pergélisol. Nous le constatons, nous le regrettons et nous espérons que le gouvernement va agir avant longtemps.
En conclusion, j'estime que c'est un bon projet de loi et une bonne politique gouvernementale. J'espère qu'il recevra l'appui de la Chambre. Je ne pense pas que le comité y consacrera beaucoup de temps. Encore une fois, ce projet de loi est inutile à moins d'être accompagné de mesures concrètes, d'un plan qui déterminera la manière de régler ces questions environnementales. Quelles ressources du Nord sont affectées à cet effort? Quelle est la stratégie? Quels ministères sont responsables de cette initiative? Comment les procureurs vont-ils intenter les poursuites?
Ce sont des questions très importantes. J'espère que, dans les jours et les mois à venir, nous irons de l'avant dans ce dossier et dans d'autres dossiers que les gens du Nord suivent de très près et qui, je dois l'ajouter, les déçoivent grandement.
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Monsieur le Président, c'est avec une grande joie que je prends aujourd'hui la parole au sujet du projet de loi , qui vise à repousser la limite de protection des eaux arctiques de 100 à 200 milles marins.
À mon avis, c'est un dossier important. La question reliée à l'Arctique est fondamentale. Voilà pourquoi nous en débattons aujourd'hui en cette Chambre. Ce n'est pas juste une question de souveraineté, comme certains pourraient le croire. Bien sûr, cette partie du Nord est de plus en plus sollicitée par plusieurs personnes, que l'on pense aux Russes, aux Danois, aux Canadiens, et, bien sûr, aux Américains.
Au fond, tous veulent l'obtenir et entreprennent des démarches pour que la souveraineté au regard de cette partie au nord de notre territoire puisse revenir à chacun des pays. Ce n'est pas juste une question de souveraineté. C'est aussi une nouvelle porte qui s'ouvre, une porte nord-ouest qui aura un impact considérable sur un certain nombre d'enjeux: les enjeux environnementaux, les enjeux internationaux, les enjeux économiques liés entre autres au transport maritime, les enjeux militaires. En effet, on sait qu'à la fin de la guerre froide, on a assisté au Nord à l'installation de différents radars; il fallait se positionner un peu comme des observateurs face à la menace soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais il y a aussi les enjeux sur le plan énergétique qui seront de plus en plus considérables.
Pourquoi seront-ils plus considérables? Ce projet de loi vise à modifier la loi de 1970. Que dit cette loi et comment définissait-elle les eaux arctiques? Ces eaux artiques sont des « eaux contiguës au continent et aux îles de l’Arctique canadien [...] à l'intérieur de la zone délimitée par le soixantième parallèle [...]. Pour sa part, le projet de loi de 2009 vise à éclaircir la définition des eaux arctiques, afin de les définir comme des eaux intérieures du Canada et des eaux comprises dans la mer territoriale du Canada et comme la zone économique exclusive du Canada. Cette partie du monde ne serait donc plus considérée comme une eau internationale, mais plutôt comme une eau intérieure.
Pourquoi sommes-nous appelés à redéfinir cette partie du monde? En raison, entre autres, de la démonstration de l'impact du réchauffement climatique. On a vu au cours des dernières années, notamment depuis 1960, la surface de la banquise permanente réduire de 14 p. 100. Depuis 1978, cette même banquise permanente s'est réduite de 6 p. 100. L'épaisseur de la banquise depuis 1958 s'est réduite de plus de 42 p. 100. Une étude de l'Université de l'Alberta a indiqué que l'épaisseur de la banquise permanente du Nord avait perdu 50 p. 100 de sa dimension en sept ans.
C'est la démonstration que la lutte contre le réchauffement climatique demandera bien sûr, comme le le disait plus tôt, une plus grande adaptation. Néanmoins, c'est aussi la démonstration que nous devons adopter ici, au Canada, une véritable politique de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Nous avons la démonstration, par ce débat que nous avons aujourd'hui, que le phénomène des changements climatiques est lié en grande partie à l'activité humaine. Comme l'a démontré le Groupe intergouvernemental d'experts sur les changements climatiques, ce changement dans nos comportements, particulièrement dans la période post-industrielle où nous sommes passés d'une révolution du charbon à une révolution pétrolière, a eu pour conséquence d'augmenter considérablement les émissions de gaz à effet de serre sur la planète, avec les conséquences que nous connaissons aujourd'hui sur le Nord.
Ce que le gouvernement doit comprendre, c'est qu'il ne doit pas simplement mettre en place une politique d'adaptation aux changements climatiques ni baisser les bras par rapport à ce nouveau fléau. Encore récemment, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, nous rappelait qu'il faut agir dans la lutte aux changements climatiques et qu'il faut absolument avoir une véritable politique. Entre-temps, force est de constater que les impacts seront majeurs dans le Nord. C'est ce qui fait en sorte que, pour la première fois depuis août 2008, nous avons vu un nouveau passage qu'on appelle le passage nord-ouest, une plus grande ouverture du passage nord-ouest et du passage nord-est. On estime que ce passage maritime dans le Grand Nord sera permanent à partir de 2040. Inévitablement, nous verrons le trafic maritime s'accroître considérablement dans les prochaines années.
Toutefois, il n'y a pas que des enjeux économiques comme le laisse entendre le projet de loi qui seront concernés par ce nouveau passage nord-ouest, il y a aussi des enjeux énergétiques. Qu'est-ce que cela signifie? Cela veut dire que de plus en plus d'accès seront ouverts afin d'exploiter les ressources naturelles qui s'y trouvent. Je pense entre autres à ces ressources pétrolières et gazières qui se retrouvent sous les glaces. On estime, selon une étude de la U.S Ecological Survey, que sous la glace, il y aurait la cinquième réserve d'hydrocarbures non découverte au monde. C'est 90 milliards de barils de pétrole qui se retrouveraient sous cette banquise du Nord. Cela représente la demande mondiale de pétrole pour les trois prochaines années, c'est-à-dire 86 millions de barils par jour. Ce qu'on a sous cette banquise, sous cette glace qui est sur le point de fondre, c'est une richesse naturelle, une ressource pétrolière importante qui correspond à la réserve totale du Nigéria, du Kazakhstan et du Mexique réunis. Qui dit richesses naturelles, qui dit ressources pétrolières et gazières, dit exploitation, exploration et développement de cette ressource. Quatre-vingt dix milliards de barils de pétrole s'y trouvent, 47 260 milliards de mètres cubes de gaz s'y trouvent aussi. C'est le tiers des réserves mondiales de gaz connus qui se retrouvent sous cette glace dans le Nord. Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'on verra des promoteurs dans les prochaines années vouloir exploiter cette ressource naturelle présente. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien non plus que lorsqu'il y a des ressources naturelles, il y a une exploitation, une exploration et du développement économique.
C'est pour cette raison que le passage Euro-Asie a fait en sorte que des entreprises comme Exxon, dans les derniers mois, particulièrement en 2007, a remporté un appel d'offres de 50 millions de dollars pour exploiter la mer de Beaufort. Que BP, en 2008, a fait un appel d'offres pour obtenir des droits d'exploitation dans la mer de Beaufort. Pourquoi? Pour pouvoir explorer et exploiter le pétrole qui s'y trouve.
Qui dit pétrole dit exploitation, et dit aussi augmentation du trafic maritime et donc, des pétroliers. Il faut que le gouvernement prenne conscience qu'il y a des risques et une menace environnementale directement reliés à ce passage Nord-Ouest qui fera en sorte que de plus en plus de pétroliers navigueront dans les eaux du Nord. Je ne suis pas contre le fait que le Canada revendique plus de souveraineté dans le Nord. Toutefois, il ne faudrait pas se cacher la réalité. De toute évidence, la réalité, c'est que le Canada veut demeurer propriétaire de ces ressources naturelles pour continuer cette dépendance pétrolière, continuer à exploiter des ressources et des combustibles fossiles polluants, alors qu'il devrait plutôt se tourner vers des énergies renouvelables.
Quand le gouvernement nous présente ce projet de loi sous prétexte de prévenir la pollution des eaux de l'Arctique, il a de quoi rougir. Il a de quoi rougir parce que, quand on regarde le dossier du Canada en matière de protection de l'environnement dans le Nord, il y a de quoi être déçu. Je rappellerai, comme je l'ai dit tout à l'heure, que le Nord a toujours été un territoire particulièrement utilisé par des organisations militaires. Il faut se rappeler que lors de la Deuxième Guerre mondiale, plus d'une soixantaine de radars ont été installés sur 27 sites au nord du 69e parallèle pour évaluer la menace soviétique. Ces radars, qui étaient sur place, ont été échangés. Des radars qui étaient sous la responsabilité américaine ont été transférés au Canada au milieu des années 1950 en échange d'équipements militaires d'une valeur de 100 millions de dollars, avec l'engagement de procéder à la décontamination de ces territoires du Nord.
Où en sommes-nous aujourd'hui? Le gouvernement libéral de l'époque, en 1995, a mis en place un programme de décontamination de ces milieux qui devait nous assurer de décontaminer ces sols. Cependant, quelques années plus tard — et c'est là qu'on voit qu'en matière environnementale, les libéraux ne sont pas mieux que les conservateurs —, le vérificateur interne du ministère de la Défense nationale du Canada a publié un rapport sur l'évaluation de ces sites. Que nous a dit le vérificateur interne? Il nous a dit que le programme de décontamination a connu une hausse importante de la facture globale du projet qui passe de 322 millions de dollars à 583 millions de dollars. Je cite le vérificateur interne: « Une application tardive de la politique du gouvernement a fait augmenter les coûts et soulevé des questions au sujet de la transparence et de l'équité de certaines décisions contractuelles ». C'est de l'irresponsabilité environnementale évidente de la part du gouvernement canadien envers des territoires situés au nord du 69e parallèle.
Aujourd'hui, on a un gouvernement qui voudrait plus de souveraineté dans le Nord et qui nous présente le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la prévention des eaux arctiques, en disant qu'on va faire de la prévention de la pollution dans le Nord une priorité. On ne le croît pas et on n'est pas les seuls à ne pas le croire. En effet, selon Yves Bélanger, directeur du groupe de recherche sur l'industrie militaire à l'UQAM: « Le ministère de la Défense nationale devrait procéder rapidement à une analyse sur le terrain pour voir si le boulot a été bâclé de la même manière que la gestion du projet l'a été. Le cas échéant, il faut tout recommencer. »
C'est ce que pensent les experts et le vérificateur interne du ministère de la Défense nationale du Canada en regard de la gestion de ces sites.
Un enjeu environnemental est donc lié. Il y a un enjeu énergétique, comme je l'ai dit, par le fait qu'il y a des ressources naturelles importantes, le tiers des réserves mondiales de gaz connues, mais il y a aussi un enjeu économique. Cet enjeu économique est, entre autres, lié au passage maritime parce qu'il y a là l'occasion, pour les grands armateurs du monde, de passer, de gagner du temps et du kilométrage. Au bout du compte, cela représente une réduction des coûts pour les grands armateurs. Je rappelle que la Chine souhaite utiliser de plus en plus le transport maritime, utiliser de grands conteneurs pour pouvoir expédier ses marchandises. Or, si on compare, la distance entre Tokyo et Londres par ce qu'on appelle la route de l'Arctique qui est appelée à se développer est de 14 000 kilomètres, alors que la route méridionale, c'est-à-dire la route actuelle entre Tokyo et Londres, s'étend sur 21 000 kilomètres. Ce sera plus court de passer par le nouveau passage Nord-Ouest que d'utiliser le couloir actuel. Cela représente donc une réduction des coûts pour l'entreprise.
Mais n'y a-t-il pas un danger évident de voir de plus en plus de bateaux franchir ce passage qui constitue une richesse maritime, une biodiversité unique, un territoire vierge inconnu qui nous révèle une faune aquatique inestimable dont on ne connaît pas encore la richesse? Accepter aujourd'hui de faire passer le développement économique sans en connaître les répercussions sur la biodiversité est en contravention directe avec deux principes internationalement connus qui s'appellent le principe de prudence et le principe de précaution.
Nous sommes favorables à ce que le Canada étende sa souveraineté. Et ce que je dis en regard des dangers et des menaces liés à l'augmentation du trafic maritime, je ne suis pas le seul à le dire. Le Conseil de l'Arctique, formé des cinq États membres, de l'Islande, de la Suède et de la Finlande, qui s'est dite très inquiète de l'exploitation des ressources naturelles et du trafic maritime, le dit aussi.
Cette discussion et ce dialogue ne pourraient se faire sans les populations inuites présentes qui seront affectées. Je pense entre autres aux zones de pêche qui risquent d'être troublées dans les prochaines années par l'arrivée d'un plus grand flot de bateaux, que ce soit des pétroliers ou des porte-conteneurs.
Je lisais récemment un article du ministre de l'Environnement du Nunavut, si je ne me trompe pas, qui estimait que dans ce dossier, tous les partenaires s'étaient comportés avec un paternalisme d'antan.
En terminant, je pense que ces discussions et ces débats doivent se faire en tenant compte des répercussions sur le territoire et des répercussions sur les plans énergétique, militaire et environnemental. Mais ils doivent aussi se faire en collaboration avec les Premières nations.
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Monsieur le Président, d'abord fidèle aux traditions, je veux remercier les électeurs du comté de . Il s'agit de mon premier discours en cette Chambre depuis le retour de la Chambre et du sixième mandat dans lequel ils me reconduisent. Je veux les remercier très sincèrement de la confiance qu'ils m'ont accordée et je leur promets de continuer de les défendre efficacement.
Les gens de Saint-Jean me demandent aussi de défendre efficacement le Québec. Vous comprendrez que lorsqu'on se fait répondre par la cassette traditionnelle du Parti conservateur qu'on ne sert pas à grand-chose, il faut avoir confiance en l'intelligence des électeurs. Lorsqu'ils réélisent majoritairement des députés du Bloc québécois, c'est vraiment parce qu'ils sont satisfaits de leur travail et qu'ils pensent que ces députés dans l'opposition, cela leur rapportera plus que si ces députés étaient assis et muets comme des carpes du côté du gouvernement. Il est donc normal que l'on réagisse un peu agressivement lorsqu'on se fait dire qu'on ne sert à rien. Je ferme la parenthèse, et je remercie mes électeurs.
Lorsque s'est présentée l'occasion de m'exprimer sur le projet de loi , j'ai été heureux de m'inscrire dans ce débat. Je vous dis pourquoi. J'occupe le poste de porte-parole en matière de défense depuis 2000. Avant, j'étais porte-parole en matière d'affaires indiennes et de développement du Grand Nord. Naturellement, j'y suis allé souvent, dans le Grand Nord. Je peux vous raconter un fait cocasse. Avant de partir pour le Grand Nord, alors qu'on était dans le coin de Saint-Jean, j'ai demandé à mes adjoints comment il fallait s'habiller pour aller dans le Grand Nord. Ils m'ont dit de m'habiller comme je m'habille lorsque je suis à Montréal. Je suis donc parti avec un complet et un petit imperméable.
À ma descente de l'avion, le thermomètre indiquait 30 oC au-dessous de zéro. Il a fallu que je trouve d'urgence un magasin pour me vêtir convenablement. Je n'avais vraiment pas l'allure d'un Nordique. J'avais plutôt l'air d'un gars du Sud qui débarque pour la première fois — et c'était le cas — dans le Grand Nord. Je me suis alors promené à Iqaluit, dans le village, j'y ai rencontré des gens et leur ai demandé comment ils vivaient, si la vie était toujours aussi difficile. J'avais d'ailleurs reconnu qu'il y avait un immense problème au regard du prix des aliments. En effet, les gens paient leur nourriture deux fois plus cher que nous alors qu'ils gagnent deux fois moins cher. On comprendra qu'ils ont un peu de difficulté à arriver.
Il était important pour moi de découvrir le Grand Nord. Je l'ai découvert de la façon dure. On constatait qu'il y avait tout de même une certaine solidarité dans ces villages inuits. Je me rendais compte aussi qu'il s'agissait de gouvernements municipalisés. Ce n'était pas comme les affaires indiennes ou les nations autochtones où l'on fonctionne par conseil tribal, etc. Les villages inuits étaient gérés à la municipale. J'avais été invité à la mairie d'Iqaluit pour discuter avec le maire et les conseillers. J'en ai appris énormément sur les dangers qui guettent le Grand Nord.
Beaucoup de dangers guettent le Grand Nord. On commence tout juste à s'y intéresser parce que, comme d'habitude, l'aspect pécuniaire prend le dessus et on se rend compte qu'il y a là des richesses. Personne ne s'en occupait avant. Il y avait quand même une réunion circumpolaire une fois par année ou tous les deux ans. On y examinait la « nordicité », c'était le terme que l'on employait à l'époque. Aujourd'hui, on va plus loin que la « nordicité ». Comment se fait-il que le passage continue sans cesse de s'ouvrir et que l'on pourra bientôt y aller tout au long de l'année? Cela a des impacts non seulement économiques, mais environnementaux. Mes collègues en ont parlé. En tant que Canadiens et Québécois, il faut absolument essayer de réglementer cela.
Je rappelle aussi qu'il y a maintenant de nouveaux territoires dans le Grand Nord. J'ai eu la chance d'assister à la création du Nunavut, en l'an 2000. Lors de la cérémonie, on avait décidé de trinquer à même un petit verre d'eau du Grand Nord. C'était une nouvelle façon pour moi de voir les choses parce que d'habitude, quand on trinque, ce n'est pas avec de l'eau, mais avec quelque chose qui y ressemble mais qui goûte souvent plus fort. Cette façon de faire voulait exprimer la pureté du Grand Nord. J'ai donc assisté à la fondation du Nunavut.
Je me suis aussi très impliqué dans le Nunavik, au Québec. Il ne faut pas penser que ce débat aujourd'hui est uniquement canadien. C'est aussi un débat québécois. Je dirais même que c'est un débat international. À partir de 2000, j'ai commencé à fréquenter les réunions Canada-OTAN.
J'arrive d'une réunion à Bruxelles où le Grand Nord était un sujet brûlant d'actualité. Il n'y a pas que nous qui voyons venir tout l'aspect commercial du trafic maritime qui sera révolutionné par l'ouverture du passage du Nord-Ouest. La planète le voit. Je parlerai tout à l'heure des différentes distances et vous dirai combien de kilomètres sauveront les armateurs qui franchiront le passage du Nord-Ouest. Il est question de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. C'est donc un aspect important.
Lors de mon passage en tant que porte-parole en matière de défense nationale, j'ai visité le Grand Nord, notamment, car beaucoup de choses dans le Grand Nord concernent le domaine militaire. De ce côté, on a quelques objections. On ne voudrait pas que soit militarisé l'Arctique. On voudrait que cela se négocie et qu'on applique les lois internationales.
La solution n'est certainement pas de bâtir des navires de guerre pour s'affirmer dans le Grand Nord. J'ai beaucoup de respect pour la marine canadienne, mais s'il fallait avoir un bras de fer avec la marine américaine ou la marine russe, je ne donne pas long à la marine canadienne avant qu'elle ne se retrouve au fond de l'Arctique. Ce n'est vraiment pas la solution. Il faut procéder autrement. Nous pensons même que la Garde côtière est probablement mieux placée pour patrouiller et affirmer la souveraineté canadienne.
La question militaire dans le Grand Nord est donc toujours importante. Maintenant, pour ce gouvernement, c'est évident que cela s'en vient. Le gouvernement ne fait pas d'efforts pour essayer de régler cette question fondamentale. C'est bien beau que le Grand Nord s'ouvre au trafic maritime pour des raisons économiques, mais cela a des répercussions non seulement sur la population, mais également sur la faune et la flore de l'Arctique. Par exemple, on constate actuellement un plus grand taux de noyade chez les ours polaires. Ils étaient habitués de nager d'une île à l'autre, mais les îles se sont distancées parce que le niveau de l'eau a monté. Cela a également une incidence sur toute la chaîne alimentaire des Inuits, et il ne faut jamais oublier cela.
Que fait le gouvernement pour régler cette question? Il se rend à l'évidence, il constate que le passage s'ouvre et il se questionne sur la façon de s'ajuster pour défendre nos intérêts nationaux. Il y a donc un problème et, à mon avis, ce problème devrait être réglé autrement. Il faudrait se demander quelles restrictions adopter sur le plan des gaz à effet de serre afin de ne pas spolier ce milieu, de ne pas spolier l'Arctique et de garder ce milieu intact.
Il ne faut pas que les préoccupations économiques l'emportent sur les préoccupations environnementales. De plus en plus de gens se rendent à cette évidence et comprennent que si l'on pousse du côté économique en négligeant complètement la portée environnementale, cela donnera aux futures générations une planète spoliée et gaspillée. Même si elles étaient milliardaires, elles ne seraient pas heureuses de vivre sur la planète parce qu'on y aurait trop laissé aller les choses.
Il faut se poser ces questions. Pourquoi le gouvernement ne tente-t-il pas de régler la question des gaz à effet de serre? Pourquoi ne règle-t-on pas cela par des mesures absolues plutôt que par des mesures d'intensité? Le gouvernement dit qu'il fera en sorte que pour chaque baril de pétrole produit, il y aura 20 p. 100 de moins de gaz à effet de serre. Toutefois, s'il permet aux pétrolières d'en produire 10 fois plus, on ne sera pas plus avancés et ce sera même pire.
On comprend donc que le Bloc québécois défend la question des gaz à effet de serre et de la règle absolue. C'est comme cela qu'on réglera la question et que les gaz à effet de serre diminueront, et non le contraire. On ne réglera rien en nous jetant de la poudre aux yeux et en disant qu'on va réduire de 20 p. 100 les gaz à effet de serre pour chaque baril de pétrole produit, alors qu'on va produire 10 fois plus de barils. Le problème demeurera entier. C'était donc l'aspect environnemental.
Je reviens maintenant à l'aspect militaire qui a aussi une portée. Je suis allé à ligne DEW, Defense Early Warning. C'est une ligne de radars qui s'étend du Labrador jusqu'en Alaska, en passant par le Yukon, etc. Il y a peut-être 70 unités de radar qui étudient justement le Grand Nord pour voir venir éventuellement une attaque de bombardiers russes.
À l'époque, c'était extrêmement important. Dans les années 1950, les Américains et les Canadiens ont convenu de faire ce réseau. À l'époque, seuls des bombardiers pouvaient apporter des armes atomiques sur le territoire américain ou n'importe où en Amérique, au Canada ou au Mexique. On voulait un réseau pour les surveiller. C'est un peu désuet parce que, aujourd'hui, il n'existe pas de défense contre les missiles balistiques intercontinentaux. Les Américains disent qu'ils en ont une, mais ça reste à voir. C'est sûr que s'il y avait une attaque massive, ils ne pourraient pas tous les arrêter. À l'époque, c'était important. Je me suis rendu à Hall Beach dans l'Arctique, sur le réseau DEW. J'ai loué un avion et j'ai vu une dizaine de stations radar. J'ai assisté à la catastrophe environnementale qui s'y est produite dans les années 1950 et qui n'a pas encore été corrigée. Je pense que mon collègue en faisait mention tantôt en disant que le gouvernement fédéral avait haussé la contribution pour la dépollution de 300 millions de dollars à 500 millions de dollars, mais il sera obligé de la hausser encore, parce que, à Hall Beach comme tel, c'est vraiment une catastrophe. Je ne parle pas d'une catastrophe seulement parce que c'est laid, mais parce que c'est en train non seulement de polluer, mais de contaminer toute la chaîne alimentaire des Inuits. On constate que les baleines souffrent et qu'elles ont beaucoup de maladies. Les oiseaux, les phoques, toute la flore et la faune de l'Arctique sont en train de se faire contaminer. C'est à cause du manque de contrôle qu'il y a eu.
À l'époque, on se servait d'un baril contenant des contaminants, et si le baril était à moitié vide, on le vidait à côté et on le laissait là. On constate maintenant que ce fut une erreur épouvantable. Il y a des problèmes de santé, non seulement dans la faune et la flore, mais aussi chez Inuits eux-mêmes qui, par tradition, se nourrissent de ces animaux, de cette faune. Il y a donc un problème majeur au réseau DEW et, selon moi, c'est loin d'être fini. Il faudra qu'on investisse encore beaucoup d'argent pour corriger la situation. Je me demande parfois s'il n'est pas trop tard.
Je suis aussi allé à la base Alert, qui est la base des Forces armées canadiennes la plus au nord. On peut comprendre qu'il y ait une présence militaire raisonnable. Mais si la tactique du gouvernement conservateur est de s'armer encore plus, je pense qu'on aura un problème, comme je l'ai expliqué tantôt.
Toujours du côté militaire, quand on veut prendre possession ou s'affirmer sur un territoire, la présence humaine est toujours importante. D'ailleurs, je pense qu'on étudie beaucoup le Grand Nord. Les gens veulent des études pour savoir comment se comporter et assurer leur présence. Il y a bien des tactiques en cours actuellement.
Nos amis russes ont lancé une bulle de titane contenant un drapeau russe dans le fond de l'océan. C'est un peu vétuste comme moyen. Avant, pour assurer la souveraineté d'un territoire, on plantait un drapeau. Les Russes ont lancé une bulle de titane dans le fond de l'océan pour dire que cela leur appartenait.
Des discussions sont en cours. Où s'arrêtent les eaux limitrophes du Canada? Je pense que lorsqu'on a des prétentions sur un territoire comme le Canada en a sur l'Arctique, il faut mettre en branle une série de mesures législatives ou de lois qui permettent d'assumer cette prétention. C'est ce que vise le projet de loi C-3. On agrandit l'aire de protection de 100 kilomètres à 200 kilomètres. Je suis d'accord avec cela.
Cela dit, il est certain que les Américains considèrent que ce sont des eaux internationales. Il n'y a pas que les Américains et les Russes, il y a également les Danois. Beaucoup de pays nordiques sont en train d'étudier leurs revendications. C'est pourquoi je dis qu'il faudra avoir recours à la gouvernance et à la diplomatie pour régler le problème fondamental. Il faudra des études scientifiques et que ce soit tranché par des cours internationales, la Cour de La Haye par exemple, qui pourrait finir par trancher en cas de différends. Il ne faut certainement pas que cela tourne, comme je le disais tantôt, en bras de fer entre les nations et qu'il y ait une guerre dans le Grand Nord. Il est certain que cela n'aura pas de sens.
Donc, les Rangers, qui sont un peu le bras des Forces canadiennes dans le Grand Nord, sont là pour cela. Ils patrouillent. D'ailleurs, je planifie d'aller patrouiller avec eux. Je ne vais peut-être pas parcourir la même distance qu'eux parce que ce sont des gens en excellente santé, qui marchent très loin et qui vont camper. Cela ne me dérange pas de camper. Je ne pense pas que ce soit dans des igloos, même s'ils sont capables d'en faire. J'ai hâte d'aller avec eux parce que quand les gens patrouillent un territoire, c'est une prétention sur celui-ci. C'est pour cela que des avions volent aussi au-dessus du territoire. Il y a une présence de la Garde-côtière dans le Grand Nord. Tout cela va venir appuyer fondamentalement la prétention du gouvernement d'être maître de l'Arctique. La présence militaire a donc une certaine importance, mais il ne faut pas qu'elle aille trop loin. Comme je le disais précédemment, elle ne pourrait pas résister longtemps face à un porte-avion américain ou un destroyer américain. Ils en ont beaucoup plus que nous.
Maintenant, pourquoi aussi ne pas regarder d'autres solutions pour la surveillance? Il y a actuellement toute la question des satellites qui est en train de se développer du côté de la défense. On va ainsi pouvoir assurer la surveillance de très grandes régions du Grand Nord et cela va être assez précis. D'ailleurs, NORAD a aussi cette responsabilité avec leurs satellites. Ils voient maintenant le trajet des bateaux et peuvent régir un peu leurs trajets. On peut communiquer avec eux pour leur dire: « Ce n'est pas ce que vous aviez dans votre plan de trajet maritime. Vous déviez de votre plan maritime. » En somme, toute la question des satellites devient aussi très importante.
Il y a aussi la question des drones On n'est pas obligé d'avoir des bateaux et de payer des sommes faramineuses en essence pour patrouiller dans le Grand Nord. Avec un certain type de drones, on peut maintenant patrouiller pour faire en sorte que, justement, la surveillance va se faire de façon correcte.
J'avais promis tout à l'heure de parler un peu des distances. J'ai vu des distances très intéressantes. Le trajet que les gens vont utiliser va sauver des milliers et des milliers de kilomètres. Par exemple, si on va de Londres à Yokohama, en passant par Panama, on parcourt 23 300 kilomètres. Si on utilise le passage du nord, c'est 15 930 kilomètres. On comprendra que quand on commence à parler d'une dizaine de milliers de kilomètres de moins, il y a beaucoup d'argent qui sera épargné par les armateurs et le trafic maritime. Je pense que c'est ce que les gens regardent surtout. On ne se soucie pas assez de l'environnement. On se demande comment on va sauver de l'argent. C'est un peu le défaut de l'humanité. C'est souvent la cupidité qui va l'emporter sur l'aspect environnemental. Il faut réglementer ça.
C'est pour cette raison que pour ce qui est du projet de loi qui est devant nous — d'autres députés l'ont dit avant moi —, le Bloc québécois va l'appuyer. C'est quand même, comme je le disais tout à l'heure, une prétention sur un territoire. Si on est capable d'agrandir la zone de protection pour combattre la pollution, c'est une loi qui vient démontrer qu'on a un attachement pour cette région. Il y a aussi un attachement au Québec pour la partie nord. Là-dessus, je trouve que les Inuits et le gouvernement du Québec ont conclu d'excellentes ententes pour le Nunavik. Je pense qu'il faut veiller nous aussi, comme Québécois, sur cette capacité territoriale du Grand Nord qui se trouve chez nous. Là aussi, il y a des intentions et des velléités qui sont en train de se découvrir dans les parties impliquées. Là aussi, il y a des gens qui regardent ce que cela aura comme portée sur leur vie quotidienne. Tout ce qui se passe dans le Grand Nord et ce qui s'est passé aura-t-il un impact sur la chaîne alimentaire? Comment faisons-nous pour essayer de faire en sorte de régler définitivement le problème ?
Je répète que nous allons appuyer le projet de loi . Il est dommage que le gouvernement ne prenne pas le taureau par les cornes et ne dise pas: « Pour ce qui est des gaz à effet de serre, on va s'en occuper pour sauver le Grand Nord ». Toutefois, si cela devient inévitable, on a donné les pistes de solution que nous entrevoyons. Il ne faut pas militariser, il faut s'entendre dans les forums internationaux, faire en sorte que le Grand Nord soit accessible à tous et que le Canada ait sa juste part dans l'ensemble du Grand Nord et des régions circumpolaires.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de participer au débat sur le projet de loi . Ce projet de loi vise à accroître la protection de l'environnement dans l'Arctique canadien, ce qui est conforme à la position du Nouveau Parti démocratique en matière de souveraineté dans l'Arctique.
Plus précisément, le projet de loi étendrait la portée géographique de la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques jusqu’à la limite extérieure de la zone économique exclusive du Canada au nord du soixantième parallèle. Le NPD n'a pas changé de position et continue d'affirmer que le Canada doit accroître ses revendications sur les eaux des îles de l'archipel arctique et au-delà, en étendant l'application des lois sur la protection environnementale. Ce projet de loi étendrait la région soumise à la Loi canadienne sur la protection de l'environnement qui est plus sévère que ce que prévoit le droit international.
Il se peut que d'autres pays contestent le renforcement de ces mesures de protection. Toutefois, on s'attend à ce que la position canadienne reçoive beaucoup d'appuis dans la communauté internationale. Je tiens également à souligner que les mesures prises par le Canada sont conformes aux dispositions de l'article 234 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
Nous avons également eu l'occasion de discuter de ce projet de loi avec d'éminents experts canadiens dans ce domaine, et en particulier M. Michael Byers, un expert de renommée internationale sur les questions de souveraineté dans l'Arctique. M. Byers a étudié le projet de loi et en a recommandé l'adoption sans modification.
Le projet de loi redéfinit la limite extérieure des « eaux arctiques » de 100 à 200 milles nautiques afin d'aider à préserver les eaux canadiennes de la pollution provenant des navires. C'est une mesure importante.
Le projet de loi soulève les importantes questions de nos revendications à l'égard de la souveraineté dans l'Arctique et de l'importance que revêt cette région pour l'histoire, le patrimoine et le développement du Canada. De plus, elle soulève, de façon très directe, la question de l'immense importance de l'environnement et de l'urgent besoin d'exercer un contrôle sur les gaz à effet de serre au pays. J'en reparlerai dans un instant.
Je vais vous lire une partie du communiqué de presse dans lequel le gouvernement a annoncé cet amendement. Il y a une citation qui me préoccupe, des propos du qui dit:
Notre gouvernement s'engage à promouvoir le développement économique dans le Nord canadien tout en exigeant le respect de l'environnement dans cette région.
Ce qui me préoccupe, c'est la promotion du développement économique dont on a parlé. Les Canadiens ne veulent pas qu'on se mette à exploiter les ressources naturelles de l'Arctique. Ils préfèrent plutôt que la région soit protégée et conserve sa splendeur naturelle, et qu'elle ne soit pas considérée comme une autre région à exploiter par les sociétés pétrolières et gazières internationales.
Les effets du réchauffement de la planète sont particulièrement évidents dans l'Arctique. Les députés savent bien — et c'est d'ailleurs un cas de conscience pour les Canadiens — que l'habitat de nos ours polaires est gravement menacé. Les peuples autochtones des régions de l'Arctique nous disent que le climat est sérieusement perturbé là-haut, et que cela constitue un signe avant-coureur très inquiétant.
Le fait que le réchauffement de la planète entraîne la fonte des icebergs et de la banquise dans l'Arctique ne devrait pas être interprété comme une occasion de se ruer dans la région pour y extraire du pétrole, du gaz et des minéraux. Nous devrions plutôt y réfléchir longuement. Nous devrions réfléchir à la cause sous-jacente du problème, soit les émissions de gaz à effet de serre, qui provoquent les changements climatiques qui mettent le Canada et le monde entier en péril.
Je suis heureux que le gouvernement se soit mis à parler de la protection de l'environnement. C'est bien, nous devrions l'en féliciter. Cependant, c'est l'intention qui compte avant tout, et si l'intention est de préserver l'Arctique pour y permettre un plus grand développement économique plutôt que pour protéger l'environnement, j'estime que le projet de loi est malavisé et que le gouvernement fait fausse route.
Je vais parler brièvement de l'environnement et d'autres mesures que le gouvernement a prises ou n'a pas prises, des mesures qui menacent le climat et l'environnement dans l'Arctique.
Dans le dernier budget, le gouvernement a supprimé la remise pour la production d'énergie propre à partir de nouvelles sources. Il s'agissait d'un programme qui versait un cent le kilowattheure aux producteurs d'énergie verte. Qu'est-ce que le gouvernement a fait? Il a supprimé le programme.
Le gouvernement a supprimé ou n'a pas renouvelé le Programme de remise écoAUTO pour l'achat de voitures hybrides et électriques. Ce programme très efficace était une réussite, car il encourageait les Canadiens à acheter des voitures hybrides et des voitures plus éconergétiques, un geste extrêmement positif pour l'environnement. Qu'est-ce que le gouvernement a fait? Il n'a pas renouvelé le programme.
Lors de la dernière campagne électorale, le Nouveau Parti démocratique a parlé énormément de l'environnement. Un des principaux éléments de notre programme était la mise en oeuvre immédiate d'un système de plafonnement absolu et d'échange.
En 2002, le taxait l'accord de Kyoto de complot socialiste. Je suis heureux de voir qu'il s'est converti récemment à ce que les scientifiques des quatre coins de la planète nous disent depuis des années, soit qu'il est crucial que nous limitions maintenant les émissions de gaz à effet de serre.
Je me demande si le comprend exactement à quel point cela est important, car il soutient toujours que la réduction de l'intensité des émissions donnera le même résultat que le plafonnement absolu des émissions. Ce sont là deux concepts diamétralement opposés, assortis de résultats incontestables et différents. Seul un plafonnement absolu des émissions de gaz à effet de serre à l'échelle planétaire nous permettrait d'espérer limiter la hausse des températures et les changements climatiques.
Dans le budget, le gouvernement inclut dans l'expression « énergie propre » l'énergie produite par les centrales au charbon et les centrales nucléaires. Je crois que c'est pour cela qu'il investit autant dans le captage et le stockage du carbone, les programmes censés séquestrer le carbone. Le gouvernement croit qu'on peut utiliser le pétrole sale et le charbon et continuer de consommer ces carburants fossiles si on trouve une façon de limiter les émissions de dioxyde de carbone. C'est une grave erreur.
Je constate que, sur les presque 2 milliards de dollars alloués aux programmes prétendument verts dans le budget, la moitié, soit 1 milliard, est destinée à la capture du carbone et aux systèmes d'échanges, à l'expérimentation et aux subventions à l'industrie nucléaire.
C'est très significatif que le budget alloue à la production d'énergie propre moins de 1 p. 100 de l'aide financière prévue dans le plan de relance. Cela ne se compare en rien avec ce que font les Américains, dont le plan de relance prévoit consacrer quatre fois le montant des investissements par habitant à la production d'énergie propre.
C'est important parce que personne ne peut parler de l'Arctique, de la nécessité de préserver et de protéger cette région vitale du Canada, sans parler de protéger l'environnement.
Je voudrais aussi parler un peu de souveraineté. J'applaudirai toutes les décisions ou mesures que le gouvernement prendra qui permettront au Canada d'affirmer sa souveraineté dans cette région. Bien sûr, d'autres pays convoitent la région et nourrissent les mêmes ambitions, à savoir mettre la main sur les réserves en minéraux, en pétrole et en gaz que la région recèle afin de les exploiter au lieu de protéger cette région vitale pour le monde.
Je constate que le Danemark et le Groenland ont signalé leur intention d'exploiter certaines îles de la région, en particulier les grands champs de glace. Le Groenland a l'intention de récolter ces icebergs et de les vendre à un monde aussi assoiffé d'eau que de pétrole.
De son côté, le gouvernement danois investit des millions de dollars pour produire une carte complète montrant les traits géologiques de l'océan Arctique et cette carte présente un plateau continental qui part de son territoire et s'étend loin sous la mer de telle sorte que le Danemark puisse revendiquer une partie du pôle Nord.
Je n'ai pas besoin de rappeler aux députés que les États-Unis et la Russie semblent avoir les mêmes intentions que le Danemark dans la région. Par conséquent, il est crucial que notre gouvernement prenne toutes les mesures qu'il peut pour affirmer et conserver notre souveraineté dans la région.
Nous ne pouvons pas en faire trop en ce sens parce que des entreprises canadiennes et des hommes et des femmes politiques canadiens ont des objectifs semblables. Ils ne voient l'Arctique que comme une région économique de plus à exploiter plutôt que comme un trésor environnemental national qui joue un rôle crucial dans le système climatique planétaire.
Je souligne que EnCana, une entreprise canadienne, a comme stratégie de vendre ses possessions dans des régions dangereuses du globe pour se concentrer sur l'exploitation des réserves de gaz naturel de l'Amérique du Nord, principalement sous les fonds océaniques du détroit de Davis. Le plus gros détenteur de permis d'exploitation des ressources de la région est EnCana, une multinationale qui a son siège à Calgary, en Alberta.
Je tiens à mettre en garde tous les députés afin qu'ils s'assurent que les intentions qui se cachent derrière le projet de loi correspondent à la réalité.
Tâchons de ne pas oublier d'autres préoccupations concernant l'Arctique, comme les aspects culturels du Nord. Souvenons-nous que l'Arctique n'est pas une vaste région déserte. Il est habité par de nombreux peuples qui entretiennent des liens depuis des millénaires avec leur territoire. Nous devons veiller au respect de leurs besoins et aspirations et à la protection et à la préservation de leur mode de vie. Il est impossible de revenir en arrière quand on commence à altérer les modes de vie des peuples autochtones.
En ce qui concerne l'importance historique de l'Arctique, comme l'a dit plus tôt mon collègue de l'Arctique, il est important de surveiller le développement économique et le bien-être social des habitants de la région.
Les néo-démocrates estiment que cette région de notre pays a besoin, d'urgence, d'un appui financier, surtout de la part du gouvernement fédéral. Ses habitants ont besoin d'écoles, de centres communautaires et d'aide en matière de soins de santé. J'espère que la veillera à ce que le gouvernement mette fin au traitement effroyable des peuples autochtones, particulièrement dans le Nord, qui dure depuis des décennies et peut-être même des siècles, et cesse de faire la sourde oreille à leurs besoins en matière de santé.
Il me ferait plaisir que le gouvernement présente un projet de loi qui prévoie des dépenses et des investissements dans la protection et l'amélioration de la santé des peuples de l'Arctique. Il ne s'agit pas simplement de permettre aux navires de circuler sans contraintes dans l'Arctique; il est tout aussi important de prendre le temps de veiller à ce que les habitants de l'Arctique puissent se déplacer avec autant de liberté. Pour ce faire...