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Monsieur le Président, j’exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi , loi destinée à sévir contre la commercialisation du tabac auprès des jeunes.
La consommation de tabac au Canada constitue le plus grave problème de santé publique, par ailleurs évitable. Il est la cause d’états pathologiques mortels, comme l’emphysème, le cancer du poumon et les maladies cardiaques. Chaque année, ces états tuent des milliers de Canadiens et en font souffrir des milliers d’autres. Nous voulons réduire cette souffrance dans l’avenir en agissant pour que les jeunes Canadiens ne prennent jamais une première cigarette. C’est pour cela que notre gouvernement donne suite à un important engagement électoral et qu’il propose ces modifications fondamentales à la Loi sur le tabac.
Ces modifications contribueront à la protection de nos enfants en les mettant à l’abri de pratiques de commercialisation destinées à les inciter à fumer. En modifiant la Loi sur le tabac, nous ferons en sorte qu’un plus grand nombre de jeunes n’expérimentent pas cette pratique toxicomanogène. Ainsi, nous leur éviterons de tomber involontairement dans une assuétude dont ils seront prisonniers toute leur vie, avec les graves conséquences qu’elle pourrait avoir sur leur santé.
Avec ce projet de loi, nous adoptons une position plus ferme contre les produits du tabac qui sont conditionnés, tarifés et aromatisés pour séduire les jeunes. Le projet de loi vise, par exemple, à restreindre la publicité sur le tabac. Il cherche aussi à faire retirer des étagères des débits de tabac certains produits spécifiquement conçus et conditionnés pour les jeunes.
Par exemple, en 2007, on a vendu au Canada plus de 400 millions de petits cigares, des cigarillos. Beaucoup de ces cigarillos sont aromatisés au chocolat, à la gomme à claquer ou au punch tropical, autant de parfums destinés à inciter les jeunes à commencer à fumer. Les cigariers proposent maintenant aux jeunes des feuilles d’enveloppe parfumées, vendues individuellement ou en mini-paquets à faible prix.
Il faut mettre un terme à ces stratégies de commercialisation. Le tabac n’est pas un bonbon et il ne doit jamais être pris pour tel. Il est temps que nous reconnaissions ces produits pour ce qu’ils sont, soit de simples astuces pour séduire les non-fumeurs et les amener à opter pour une pratique qui entraînera peut-être une accoutumance durant toute leur vie. C’est pour cette raison que le projet de loi propose de prohiber l’aromatisation des cigarillos, des cigarettes et des feuilles d’enveloppe.
L’autre élément qui incite les jeunes à commencer à fumer est le prix des produits. Quand un produit est peu coûteux, il y a de fortes chances que les jeunes l’essaient. Il y a plus de 10 ans, la Loi sur le tabac a été modifiée pour exiger que les cigarettes soient vendues en paquets de 20 au minimum. Cette modification avait été apportée précisément pour que les paquets de cigarettes soient moins abordables pour nos enfants. Aujourd’hui, en vertu du projet de loi , nous essayons de franchir une nouvelle étape en proposant que la même règle s’applique aux cigarillos et aux feuilles d’enveloppe, et pour la même raison.
Ce projet de loi propose de nouvelles mesures afin d'interdire les arômes, et ce, dans le but de rendre le tabac moins attirant pour les jeunes. Il propose de nouvelles mesures pour le rendre moins abordable et par conséquent, moins accessible. En outre, nous proposons de nouvelles restrictions quant à la publicité afin que nos jeunes soient moins tentés.
C'est en effet notre but d'empêcher le retour de la publicité sur le tabac capable d'atteindre nos jeunes par l'intermédiaire de toute une série de publications. Sous sa forme actuelle, la Loi sur le tabac interdit presque toute la publicité; cependant, la publicité dans les publications qui soutiennent que leurs lecteurs sont des adultes dans 85 p. 100 au moins des cas est encore autorisée.
Au cours des première années qui ont suivi les dernières modifications apportées à la Loi sur le tabac, l'industrie n'a pas fait beaucoup de publicité, mais les choses ont changé. Au cours des deux dernières années, nous avons vu arriver une nouvelle vague de publicités visant les jeunes gens. Ce qui est particulièrement préoccupant, ce sont les nombreuses publications gratuites dont le contenu est orienté vers les adolescents que l'on trouve dans des boîtes en bordure du trottoir, dans les centres commerciaux et aux arrêts d'autobus dans quasiment toutes les collectivités au pays.
Ce qui est évident, c'est que dans les années qui ont suivi les dernières modifications apportées à la loi, l'industrie du tabac s'est adaptée. En cherchant à gauche et à droite, elle a trouvé la faille lui permettant de faire parvenir ses produits aux jeunes Canadiens. En faisant cela, l'industrie cherche à recruter une nouvelle génération de jeunes pour remplacer les centaines de milliers d'entre eux qui ont réussi, heureusement, à arrêter de fumer ou qui ont, malheureusement, perdu la vie prématurément.
Soyons clairs. Face à une industrie qui prend une nouvelle génération de jeunes pour victimes afin de protéger ses profits, en tant que secrétaire parlementaire du ministre de la Santé, je suis décidé à prendre des mesures qui protégeront la santé de ceux qui représentent l'avenir de ce pays et je suis heureux de dire que je suis loin d'être le seul dans ce cas-là. En fait, je suis un député parmi d'autres qui pensent de cette manière. Je le dis parce que la Chambre et le Comité permanent sur la santé comptent des députés dévoués, appartenant à tous les partis, qui prônent ardemment le genre de modifications que nous souhaitons dans le projet de loi .
En particulier, je veux souligner l'excellent travail entrepris par la députée de depuis qu'elle siège au Parlement. Bon nombre de ses idées sont incluses dans le projet de loi , et je tiens à la remercier de son soutien et de ses efforts dans le cadre de ce projet de loi.
Pour conclure, je vais résumer certaines des choses que nous savons sur cette question. Premièrement, nous savons que la vaste majorité des fumeurs adultes sont devenus dépendants du tabac durant leur adolescence. Deuxièmement, nous savons que, si on ne commence pas à fumer avant 19 ans, il est peu probable qu'on fume toute sa vie durant. Troisièmement, les exemples représentatifs que j'ai donnés montrent que l'industrie du tabac se porte bien et qu'elle tente par tous les moyens de tirer parti des lacunes de la loi pour cibler de plus en plus de jeunes en leur offrant ses produits afin qu'ils commencent à fumer. C'est pourquoi nous avons le devoir de moderniser notre loi pour rendre les produits moins attrayants, moins abordables et moins accessibles pour les jeunes.
Finalement, en ce qui concerne cette question et les problèmes que tente de résoudre le projet de loi , j'exhorte tous les partis à rechercher un fort consensus en faveur de ce projet de loi très important. Quelle que soit notre allégeance politique, la région dont nous venons ou la circonscription que nous représentons, nous sommes tous élus pour protéger la santé de nos concitoyens et l'avenir de notre pays. C'est exactement ce que vise le projet de loi C-32.
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Monsieur le Président, je suis très heureuse d'intervenir au sujet du projet de loi .
Le 23 avril, dans l'espoir que le gouvernement allait s'expliquer, j'ai demandé deux choses dans une question au Feuilleton.
Premièrement, quelle est la stratégie du gouvernement pour lutter contre le commerce illégal des cigarettes et garder le contrôle des produits du tabac?
Deuxièmement, qu'a fait le gouvernement pour donner suite à l'engagement pris le 17 septembre 2008 d'interdire les produits du tabac aromatisés susceptibles de plaire aux enfants et interdire toute publicité du tabac dans la presse et les médias électroniques que les enfants pourraient voir et lire?
Bien que le projet de loi ne semble guère répondre à ma première question, sur laquelle je reviendrai dans quelques instants, il est clair qu'il vise à modifier la Loi sur le tabac pour mieux protéger les jeunes contre les campagnes de commercialisation du tabac et les autres choses qu'a mentionnées le député.
Le projet de loi a été présenté jeudi dernier, peu avant la Journée mondiale sans tabac. Il s'inscrit aussi dans le cadre de la stratégie fédérale de lutte contre le tabagisme, le cadre stratégique du gouvernement pour réduire les décès et les maladies entraînés par le tabac, en vigueur jusqu'en 2011.
Je suis heureuse de constater que lors de la Journée mondiale sans tabac, l'Organisation mondiale de la santé a décidé d'appuyer la démarche fondée sur des preuves qu'avait suivie l'ancien ministre de la Santé, Allan Rock, pour l'utilisation de mises en garde illustrées sur les paquets de cigarettes. On sait que le tabac est la cause numéro un de décès qui pourraient être évités. Plus de 5 millions de personnes meurent chaque année à cause du tabac. C'est plus que toutes les victimes du VIH-sida, du paludisme et de la tuberculose réunies. C'est le seul produit de consommation légal qui tue quand on l'utilise exactement comme le souhaite son fabricant. Jusqu'à la moitié des fumeurs mourront d'une maladie liée au tabac. La fumée secondaire affecte tous ceux qui y sont exposés.
Les compagnies de tabac dépensent chaque années des dizaines de millions de dollars pour accrocher de nouveaux consommateurs et empêcher les fumeurs d'arrêter de fumer. Grâce à des campagnes publicitaires et de promotion, et notamment à des emballages conçus avec un très grand soin, l'industrie du tabac continue à détourner l'attention des effets mortels de ses produits. De plus en plus de pays ripostent en exigeant qu'on illustre les dangers du tabac sur les emballages, comme nous l'avons fait au Canada, et ont demandé à l'Organisation mondiale de la santé d'établir sa convention-cadre pour la lutte antitabac. Ils s'appuient sur le programme d'aide technique MPower conçu par l'Organisation mondiale de la santé pour exécuter leurs engagements dans le cadre de ce traité international.
Il a été démontré que de bonnes mises en garde sur les dangers pour la santé, notamment avec des images, incitaient les fumeurs à cesser de fumer et réduisaient l'attrait du tabac chez ceux qui ne sont pas encore accrochés. Malgré cela, neuf personnes sur dix vivent dans des pays qui n'exigent pas la présence de mises en garde illustrées sur les emballages de cigarettes.
La nicotine entraîne une très forte dépendance. Si l'on prévient les gens des risques qu'elle entraîne, on peut réduire beaucoup cette dépendance. Les avertissements obligatoires sur les emballages de tabac sont un moyen simple, peu coûteux et efficace de réduire considérablement la consommation de tabac et de sauver des vies.
[Français]
Nous soulignons l'usage encore trop répandu du tabac et ses nombreux méfaits. Le tabac est responsable de la mort évitable de 37 000 Canadiens par année.
[Traduction]
De plus, en 2008, on a vendu plus de 3 milliards de cigarettes de contrebande de plus qu'en 2007 au Canada, 3 milliards de cigarettes qu'on tend aux jeunes Canadiens.
[Français]
La contrebande de cigarettes coûte chaque année au gouvernement canadien près de 2,4 milliards de dollars en revenus, revenus qui pourraient être investis fort utilement dans des programmes et dans des recherches en santé.
[Traduction]
J'espère que le gouvernement, en rédigeant le projet de loi et en menant des consultations exhaustives auprès des intervenants au lieu de se contenter de séances d'information, tentait d'améliorer la coordination interministérielle, de réévaluer la piètre stratégie d'application de la loi qui n'a pas empêché l'accroissement rapide du nombre de cigarettes de contrebande, et de mettre en oeuvre la stratégie efficace et peu coûteuse qui consiste à placer des mises en garde sur les produits du tabac. Il ne suffit pas que le gouvernement interdise une chose; il faut qu'il travaille auprès des autres pays d'où ces produits peuvent entrer au Canada, de la même façon que nous luttons si farouchement contre les cigarettes de contrebande.
Dans les terrains de jeu de l'Ontario, 48,6 p. 100 des mégots de cigarette trouvés sont issus de la contrebande. Ce sont des cigarettes illégales que les jeunes se font vendre dans les stationnements pour 6 $ la cartouche. C'est comme cela qu'ils deviennent accros. Ce projet de loi est un premier pas dans la bonne direction pour lutter contre le tabac aromatisé, mais il ne servira à rien tant que le gouvernement ne prendra pas des mesures beaucoup plus sérieuses pour régler directement le cas des cigarettes de contrebande.
Le projet de loi met fin à l’exception permettant la publicité des produits du tabac dans les publications dont au moins 85 p. 100 des lecteurs sont des adultes. Il interdit l’emballage, l’importation pour la vente, la distribution et la vente de petits cigares et de feuilles d’enveloppe, sauf dans des emballages en contenant au moins 20. Nous savons que le prix des produits du tabac compte beaucoup pour les jeunes. Nous avons éliminé depuis longtemps les mini-paquets et il est temps d'appliquer le même raisonnement aux cigares et aux feuilles d'enveloppe.
Le projet de loi interdit la fabrication et la vente de cigarettes, de petits cigares et de feuilles d’enveloppe qui contiennent certains additifs figurant dans une annexe du projet de loi, ainsi que l'emballage de ces produits d’une manière qui donne à penser qu’ils contiennent un de ces additifs interdits. Il interdit aussi la fabrication et la vente d’un produit du tabac à moins que tous les renseignements exigés au sujet de sa composition n’aient été transmis au ministre.
Le projet de loi vise aussi à protéger les enfants et les adolescents contre les pratiques de publicité des fabricants de cigarettes qui les incitent à utiliser des produits du tabac. Ces pratiques publicitaires comprennent l'utilisation de saveurs artificielles et d'additifs qui pourraient être attirants pour les enfants et les adolescents, la vente de petits cigares, de feuilles d’enveloppe, de feuilles, de tubes, de mini-paquets ou de tabac en petite quantité, de même que l'accroissement du nombre de publicités sur les produits du tabac dans les journaux quotidiens et les hebdomadaires gratuits sur les arts et spectacles.
Les petits cigares, appelés cigarillos, et les feuilles d'enveloppe sont aromatisés au raisin, à la cerise, à la pêche, au banana split ou au punch tropical et on y ajoute des additifs comme des vitamines et du sucre pour qu'ils goûtent le bonbon, ce qui masque le côté rugueux du tabac et plaît aux enfants et aux adolescents.
Des travaux de recherche faits aux États-Unis et des documents internes de l'industrie du tabac, qui ont été obtenus lors de procès, démontrent que l'ajout d'arômes de fruits et de bonbons aux produits du tabac les rend plus attrayants pour les nouveaux utilisateurs. Ces documents montrent que les arômes et les additifs accroissent l'envie d'essayer les produits.
Il ne fait aucun doute que la mise en marché de ces produits très sinistres prouve clairement le bien-fondé des annonces présentées en Californie où on voit des dirigeants de l'industrie du tabac rassembler des jeunes comme du bétail ou siéger dans une salle de conseil enfumée et déclarant: « Nos clients meurent, nous avons intérêt à attirer les jeunes. »
Le problème est croissant. La vente en gros de petits cigares est passée de 53 millions d'unités en 2001 à 403 millions en 2007, ce qui en fait le produit du tabac dont les ventes augmentent le plus rapidement sur le marché canadien. Le projet de loi modifierait la Loi sur le tabac pour interdire l'ajout aux petits cigares, cigarettes et feuilles d'enveloppe d'arômes de fruits et d'additifs attrayants pour les enfants et les adolescents. Les modifications interdiraient également la représentation par une photo ou un dessin de ces arômes et additifs sur les paquets.
La Loi sur le tabac modifiée donnerait aussi à Santé Canada la souplesse voulue, par l'intermédiaire des décrets en conseil, pour interdire d'autres additifs attrayants ou inclure d'autres catégories de produits dans les produits visés par l'interdiction s'il était démontré qu'ils servaient à attirer la clientèle des jeunes.
Pour ce qui est du minimum d'unités par paquet, contrairement aux cigarettes qui doivent être vendues en paquets de 20, les petits cigares et les feuilles d'enveloppe sont souvent vendus à l'unité pour aussi peu que 1 $. Le projet de loi modifierait la Loi sur le tabac pour exiger que ces produits soient vendus en paquets d'au moins 20 unités. Cela mettrait fin à une pratique de l'industrie, qui vend ces produits à l'unité ou en petits paquets qui sont attrayants pour les jeunes parce que cela coûte moins cher.
Par ailleurs, bien qu'il existe actuellement des restrictions sur la publicité des produits du tabac, en formats imprimés et électroniques, l'industrie a pris avantage d'une exception qui lui permet de faire de la publicité dans des publications dont le lectorat est composé d'au moins 85 p. 100 d'adultes. En raison de la résurgence récente de la publicité sur les produits du tabac, plus de 400 publicités ayant été publiées à l'échelle du pays entre novembre 2007 et décembre 2008, les jeunes sont exposés à tout un baratin publicitaire.
Des publicités en couleurs paraissent dans les quotidiens, les magazines et les hebdomadaires gratuits sur les arts et spectacles. Les journaux gratuits sur les arts et spectacles sont accessibles à tous étant donné qu'ils sont distribués gratuitement dans les présentoirs que l'on retrouve dans les lieux publics. Il est donc impossible d'empêcher les enfants d'avoir accès à ce genre de publication ou de déterminer si le lectorat est composé d'au moins 85 p. 100 d'adultes.
Entre novembre 2007 et décembre 2008, les compagnies de tabac ont dépensé environ 4,47 millions de dollars en publicités nationales imprimées, une hausse faramineuse par rapport aux 14 mois précédents. La loi proposée abrogerait l'exception autorisant la publicité sur les produits du tabac dans une publication dont le lectorat est composé d'au moins 85 p. 100 d'adultes.
La mesure visant à interdire les produits du tabac aromatisés est importante. Toutefois, elle rate la cible à bien des égards. Dans mon autre question inscrite au Feuilleton, je demandais si le gouvernement élaborerait une stratégie de lutte contre les produits du tabac de contrebande. Il est évident que le projet de loi ne ferait qu'ajouter des règlements et ferait peu pour empêcher que les produits du tabac de contrebande ne se retrouvent dans les mains des enfants. La mesure oblige un secteur qui agit dans la légalité à traiter un problème causé par le trafic illégal. Comme nous le savons, il est interdit aux enfants d'acheter des produits du tabac légaux.
Je suis d'accord avec des groupes d'intervenants tels que l'Ontario Korean Businessmen's Association, qui soutient que le projet de loi n'aura aucun effet sur le véritable problème, à savoir ce qui décide un enfant à commencer à fumer. Alors que c'est l'accès au produit illégal qui entraîne une hausse de la consommation, le gouvernement continue de ne pas sévir contre la vente de cigarettes de contrebande dans les écoles secondaires, qui coûtent, comme je l'ai dit, aussi peu que 6 $ la cartouche. Nous avons vu des circulaires annonçant à qui s'adresser pour acheter des cartouches de cigarettes. En fait, ce ne sont pas des cartouches, mais plutôt des sacs à ordures remplis de cigarettes bon marché qu'on livre à votre porte. Les organisations qui s'adonnent à ce commerce sont les mêmes que celles qui s'adonnent au commerce des armes et de la drogue. Cela doit cesser.
L'Ontario Korean Businessmen's Association affirme que les mesures prises ne fonctionnent pas. Lorsqu'une personne téléphone au service de police local, il faut six heures à un policier pour se rendre sur place. Ces commerçants peuvent voir les gens vendre leurs produits juste à l'extérieur de leurs magasins. Il faudrait à tout le moins créer un numéro d'information 1-800 et mettre sur pied une équipe d'intervention, comme la GRC l'a réclamé, où tous les corps policiers pourraient collaborer pour régler une fois pour toutes le problème de ce commerce dangereux et illégal.
La GRC a également préconisé le démantèlement des installations de fabrication illégales et la constitution d'une équipe d'intervention mettant à contribution toutes les autorités compétentes. Toutefois, le gouvernement a émis des licences à des groupes illégaux, et le groupe d'intervention ne s'est semble-t-il jamais réuni.
Comme je l'ai souligné précédemment, les produits illégaux du tabac coûtent 2,4 milliards de dollars en revenus fiscaux perdus aux contribuables canadiens et affaiblissent les lois et règlements sur le contrôle des produits du tabac administrés par les gouvernements fédéral et provinciaux.
La vente illégale des produits du tabac est bien plus qu'une simple question liée à l'industrie du tabac. Ce commerce croissant touche tout le monde. Il prive les gouvernements du Canada de recettes importantes, il soutient d'autres activités criminelles, il entraîne des répercussions sur la santé publique et il fournit un accès non réglementé, facile et abordable aux produits du tabac.
Il y a de plus une corrélation directe entre la hausse de la consommation de tabac de contrebande et le changement survenu à la tête du gouvernement en 2006. En regardant les statistiques sur la croissance des ventes illégales de produits du tabac, on se rend compte que la moyenne nationale était de 33 p. 100 l'an dernier, alors qu'elle n'était que de 16,5 p. 100 en 2006. C'est plus que le double. En 2008, le pourcentage de ces ventes atteignait 48,6 p. 100 dans les cours d'écoles ontariennes, et 40,1 p. 100 au Québec.
Les libéraux avaient mis sur pied une stratégie et une approche à plusieurs volets pour régler ces problèmes, mais le gouvernement conservateur a laissé le taux de consommation des produits de contrebande croître de façon exponentielle. Nous apprenons maintenant que la secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, Janet Napolitano, ne savait rien de l'énorme problème de la contrebande de tabac avant sa rencontre avec le . Ce n'est qu'après que la question eut été soulevée par un journaliste qu'elle y a donné suite. C'est tout à fait irresponsable.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il de s’attaquer à la contrebande du tabac? La contrebande est pourtant la cause d’un énorme manque à gagner en recettes fiscales. N’a-t-il pas besoin d’argent? Il voit bien que de plus en plus d’enfants canadiens deviennent dépendants aux cigarettes bon marché, et il permet aux trafiquants et au crime organisé de profiter du commerce illégal de ce produit.
Comme je le disais, ceux qui font la contrebande de cigarettes sont exactement les mêmes que ceux qui trafiquent la drogue et les armes. C’est le crime organisé. Il faut tenir compte des statistiques. On estime que les Canadiens ont acheté 13 milliards de cigarettes illégales en 2008, contre 10 milliards en 2007.
Il est temps que le gouvernement se ressaisisse en matière de criminalité. S’il voulait vraiment réduire la consommation de tabac chez les jeunes, il envisagerait de les empêcher d’accéder à la cigarette. Le gouvernement se doit de mettre en place un plan ou une stratégie destinée à bloquer la vente au noir de tabac importé.
Dans le Hamilton Spectator du 30 avril 2009, on a pu lire que l’augmentation de la consommation de tabac est directement liée à la facilité d’accès aux cigarettes de contrebande détaxées qui sont vendues pour une fraction du prix normal. Dans cet article, Rob Cunningham, analyste principal à la Société canadienne du cancer, se dit très préoccupé par l’incidence que peut avoir sur la consommation de tabac l’accès à des cigarettes de contrebande peu coûteuses.
Les responsables de la santé publique estiment que 200 cigarettes de contrebande coûtent de 8 à 15 $, contre les 55 à 80 $ habituels. M. Cunningham poursuit en disant que l’augmentation des taxes sur le tabac a constitué la mesure la plus efficace pour réduire la consommation de tabac, mais que la présence quasi généralisée de tabac de contrebande bon marché a considérablement entravé les progrès que nous aurions pu réaliser par ailleurs.
Le gouvernement doit s’attaquer au fait que, pour un jeune, les cigarettes de contrebande sont les produits de tabac les plus faciles et les moins coûteux à se procurer. Je suis inquiète de voir dans la fiche d’information destinée aux médias que le ministère élude complètement cet aspect en affirmant que la contrebande relève du ministère de la Sécurité publique. C’est peut-être vrai, mais on fait alors entièrement fi du fait que toute une stratégie est sapée par le manque d’action du ministère, quel qu’il soit, chargé de lutter contre la contrebande, outre que cela démontre le mutisme avec lequel le gouvernement fonctionne, au détriment de la santé des Canadiens.
Je ne vous ai fait part que des réactions de quelques groupes d’intervenants que nous avons entendus jusqu’ici. Beaucoup d’autres, dont Médecins pour un Canada sans fumée et l’Association médicale canadienne, insistent pour que le gouvernement adopte des lois qui réprimeront la vente et la commercialisation de cigarillos.
Paul Thomey, président du comité des politiques sur le tabac à l’Association pulmonaire du Canada, est cité dans le communiqué de presse du gouvernement qui accompagne le projet de loi. Il déclare que ces dispositions sont utiles pour lutter contre le tabac et que des mesures résolues comme celles-ci permettront non seulement de protéger les enfants canadiens contre les effets délétères du tabagisme, mais aussi de contrer les tactiques déployées par l’industrie pour commercialiser ses produits auprès des jeunes de notre pays.
Je le répète, le simple fait d’interdire de tels produits au Canada ne donnera rien s’ils doivent arriver illégalement dans des sacs de voyage ou de sport, en provenance de l’autre côté de la frontière ou, comme cette industrie l’a déjà fait, s’ils doivent être d’abord exportés, puis rapportés au Canada pour être écoulés sur le marché noir.
Le président de l’Association médicale canadienne, le Dr Robert Ouellet, est également cité dans le communiqué de presse du gouvernement. Il y remercie le gouvernement au nom des médecins du Canada et de leurs patients, ajoutant que le fait de fermer les échappatoires actuelles constitue une étape importante pour protéger nos enfants contre les risques d’une assuétude mortelle au tabac.
Même s’il regrette que le projet de loi ne règle pas la question de la contrebande, qui est pourtant la principale cause de tabagisme chez nos jeunes, le Parti libéral appuiera ce projet de loi quant à son principe. Cependant, en comité, nous entendons poser des questions au gouvernement. Pourquoi ce projet de loi ne prévoit-il pas de restreindre l’usage du menthol dans les cigarettes et pourquoi accorde-t-on 270 jours aux propriétaires de débits de tabac pour qu’ils retirent ces produits de leurs étagères?
De plus, nous regarderons si l'interdiction d'arômes pourrait également s'appliquer au tabac à chiquer, au tabac sans fumée, qui cible les enfants, puisque le quart des consommateurs de ce produit a moins de 19 ans. Le tabac sans fumée à l'arôme de bonbons est un problème si similaire à celui des petits cigares aromatisés qu'il n'est pas logique de l'exclure du projet de loi.
Nous comprenons que le tabac sans fumée n'est pas un problème aussi grave que celui de la cigarette, mais il est assez grave pour s'en inquiéter. Un consommateur de tabac sur six consomme le tabac sans fumée. L'inclusion de ce produit dans le projet de loi n'exigerait qu'une modification très simple de l'annexe. Bien que cela puisse être précisé plus tard dans les règlements, il n'y a aucune raison d'attendre.
Le projet de loi est un pas dans la bonne direction en vue de protéger les Canadiens, particulièrement les jeunes, contre les campagnes de commercialisation du tabac. Les produits du tabac ne devraient pas être commercialisés comme étant inoffensifs. En interdisant la vente de cigarettes, de petits cigares et de feuilles d'enveloppe qui contiennent une série d'additifs qui ont des propriétés aromatisantes, et en interdisant un emballage qui donne à penser que ces produits contiennent l’un de ces additifs, le projet de loi vise à prévenir les pratiques commerciales trompeuses en ce qui concerne les produits du tabac.
En interdisant la publicité dans tous les types de revues et de journaux, quel que soit leur lectorat, le projet de loi fait en sorte que tous les Canadiens, surtout les jeunes, seront à l'abri des sollicitations publicitaires sur le tabac.
Toutefois, comme j'en ai parlé en détail, ce projet de loi n'enrayera pas complètement le problème du tabagisme chez les jeunes parce qu'il ne s'attaque pas au problème du tabac de contrebande, qui est une importante source d'approvisionnement pour les jeunes du fait que les produits de contrebande ne coûtent pas cher et sont facilement accessibles.
Malgré l'omission de l'élément des produits de contrebande, le Parti libéral appuiera le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture. Il nous tarde de faire l'étude plus détaillée du projet de loi au Comité de la santé. Nous tiendrons compte de l'avis des témoins au comité au moment de d'évaluer si ce projet de loi devrait être modifié.
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Monsieur le Président, je suis heureux de participer, à mon tour, au débat sur le projet de loi . Ce projet de loi a un objectif louable, celui de décourager le tabagisme chez les jeunes en restreignant la disponibilité et en réduisant les types de produits du tabac offerts sur le marché.
Inutile de dire que le Bloc québécois appuie ce projet de loi. D'ailleurs, on n'est pas les seuls. J'ai sorti, tout à l'heure, un communiqué qui date du 26 mai dernier de la part de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac qui accueille favorablement le projet de loi sur le tabac déposé par le gouvernement fédéral. Je cite M. Louis Gauvin, porte-parole de la coalition, qui dit:
Bien qu’elle n’aille pas aussi loin que nous l’aurions souhaité, la législation contient des dispositions essentielles qui vont considérablement augmenter la protection des jeunes contre les stratégies de marketing de l’industrie du tabac.
On sait que l'industrie du tabac cible les jeunes. En effet, en raison de la dépendance à la nicotine qui se crée, les jeunes risquent d'être accrochés pour longtemps. D'ailleurs, la députée de disait tout à l'heure qu'une personne qui est malheureusement dépendante de la nicotine devra probablement, à plusieurs reprises, tenter d'arrêter de fumer. Elle parlait de huit fois. Cela n'a pas été le cas pour ma mère qui fumait. Elle a essayé d'arrêter une fois dans sa vie et a heureusement réussi du premier coup. Toutefois, on constate que la dépendance est existante et c'est pourquoi les jeunes sont ciblés par les compagnies.
J'ai fait un aparté, mais je poursuis. Louis Gauvin nous dit que:
Dorénavant, l’industrie ne pourra plus dissimuler la nocivité de ses produits au moyen de saveurs de fruits et de bonbons. [...] Ces produits, introduits sur le marché il y a à peine 5 ans, sont, à eux seuls, responsables de l’augmentation du tabagisme chez les jeunes Québécois. Enfin, la mise en marché de ces produits mortels en mini-paquets amusants et multicolores aux saveurs de chocolat et de fraises sera interdite!
Je poursuis la lecture du communiqué:
Les recherches les plus récentes ont démontré que la consommation de tabac, même très faible, peut entraîner la dépendance. Les jeunes qui expérimentent les cigarillos [les espèces de petits cigares qui sont même vendus à l'unité] peuvent facilement développer une dépendance à la nicotine, dont le taux est similaire à celui contenu dans la cigarette. Ces jeunes risquent ensuite de se tourner vers les cigarettes qui, en grande quantité, sont nettement moins chères. En d’autres mots, « même si c’est un produit marginal et qu’il ne représente qu’une faible partie du marché, le cigarillo joue un rôle déterminant dans l’initiation au tabagisme chez les jeunes ».
On me permettra de partager une expérience personnelle. Lorsque j'avais 12, 13, ou 14 ans, comme bien des jeunes, certaines personnes dans mon groupe d'amis fumaient occasionnellement et d'autres un peu plus régulièrement. De plus, comme je le disais, ma mère fumait. Donc, oui, j'ai déjà volé des cigarettes à ma mère. On les apportait au parc et on fumait. Je veux seulement dire que ce qui a été attirant est lorsqu'on a découvert qu'on pouvait en acheter au dépanneur. Il faut dire qu'on n'avait sans doute pas l'âge légal pour le faire. Je ne sais pas quelle était la loi à l'époque, mais je suis certain qu'on ne pouvait pas acheter de paquets de cigarettes à 12 ou 13 ans.
Toutefois, il y avait de petits cigares qui avaient un bout filtre en plastique et qui sentaient le raisin. Ils étaient aromatisés au raisin. Il y avait même un dessin de raisin sur le petit paquet. Les cigarillos étaient vendus en paquet de quatre ou cinq unités, je ne me rappelle plus exactement. Quand on a commencé à fumer ces cigarillos, c'était beaucoup plus intéressant, parce qu'inhaler cette fumée avec cette odeur, cette arôme et ce goût de raisin était beaucoup moins difficile que d'inhaler la fumée de cigarettes ordinaires.
Par conséquent, je suis convaincu que ce genre de marketing était fait par les compagnies de tabac pour cibler les jeunes. Je me souviens qu'on préférait les cigarillos aux cigarettes, mais l'effet nocif était sans doute le même. Je vous rassure tout de suite, je n'ai pas continué dans cette veine. J'ai d'ailleurs complètement arrêté de fumer quand ma mère a arrêté de fumer, c'est-à-dire vers 14 ans ou 15 ans. Tout le monde était heureux dans la famille. Par contre, mon frère a malheureusement fumé longtemps, mais a finalement arrêté. À un certain moment, on finit par entendre raison malgré les efforts néfastes des compagnies de tabac.
Comme je le disais, le Bloc québécois est favorable au principe du projet de loi bien qu'il soit de peu d'utilité au Québec puisque les cigarillos font déjà l'objet d'un encadrement plus sévère par le gouvernement québécois.
Les cigarillos dont on parle et tous les autres produits du tabac devraient être soumis aux mêmes interdictions que les cigarettes.
Comme pour les cigarettes, il faut interdire la publicité des produits du tabac qui s'adresse aux jeunes de moins de 18 ans. Il faut aussi que le message indiquant les dangers du tabagisme soit appliqué sur tous ces produits et que ces produits soient dissimulés à la vue du public.
Les compagnies ont tenté de nous faire croire, sans le dire et juste par l'apparence du produit, qu'il était moins nocif, qu'il sentait bon et que le goût était beaucoup plus doux et agréable. Mes collègues et moi-même avons parlé de toutes sortes de saveurs telles aux fraises, au chocolat ou à la vanille. Je sais qu'on n'a pas le droit de brandir ici quoi que ce soit et je ne veux pas faire de la publicité, mais je tiens dans le creux de ma main ce genre de petit cigarillo à la vanille. Je ne veux pas le montrer et le brandir à l'écran, mais la facture de cet emballage est très agréable à voir. Cela ressemble à une friandise ou à un bonbon. Un jeune qui réussit à mettre la main sur ce produit a évidemment l'impression qu'il s'agit plus d'un bonbon qu'autre chose. Toutefois, loin de moi est l'idée d'en faire la publicité ou de l'allumer ici.
On a tous reçu ici, à la Chambre des communes, de la part d'une coalition anti-tabac, un petit paquet pour nous montrer que les compagnies de tabac se servaient de cette façon de faire du marketing pour dissimuler l'apparence de leur produit qui est en réalité nocif. On voyait d'ailleurs une image de bonbons et de véritables friandises où l'on avait mêlé les produits du tabac, qui étaient finalement présentés comme s'il s'agissait de friandises. C'est à s'y méprendre. Il n'y a d'ailleurs aucune indication comme quoi ce que je tenais dans la main tout à l'heure est mauvais pour la santé. On doit pourtant le faire pour les produits du tabac selon la loi québécoise. Heureusement, cela changera grâce au projet de loi .
Certaines des demandes que j'énumérais tout à l'heure sont en partie reprises par le projet de loi . Il faut tout de même ajouter qu'il faudrait des actions plus musclées de la part du gouvernement fédéral, notamment au niveau de la contrebande de cigarettes. Ces actions doivent être menées pour réduire au maximum l'offre de produits de tabac illégaux, qui sont aussi accessibles aux mineurs. Si l'on réduit l'offre, les jeunes auront évidemment moins accès aux produits du tabac, qui sont d'ailleurs souvent à moindre coût. Il va sans dire que c'est pour cette raison que l'on en fait la contrebande.
Si une action policière est essentielle, certains règlements doivent être modifiés de manière à décourager les contrebandiers. On parle d'éliminer la source d'approvisionnement, ce qui demeure, bien sûr, la meilleure façon de prévenir la contrebande. Il est proposé d'interdire l'approvisionnement en matière première et en équipements utilisés pour produire des cigarettes aux fabricants non licenciés. Il est aussi suggéré de révoquer les permis des fabricants de tabac qui ne respectent pas les lois et d'implanter un système efficace de marquage des paquets de cigarettes — on parle de traçabilité — permettant de surveiller de près les livraisons de tabac.
On parle aussi des efforts de persuasion auprès du gouvernement fédéral américain pour qu'il ferme les installations des fabricants illégaux situés du côté américain de la frontière. À certains endroits, il suffit de traverser en bateau. Tout le monde a vu des reportages à la télévision à cet égard. Il est très facile de traverser les frontières canadienne et américaine avec les produits de contrebande. On constate que tout le monde ne se fait pas prendre. Il faut donc des efforts de persuasion auprès du gouvernement américain.
Finalement, on propose l'augmentation de la somme nécessaire à l'obtention d'une licence fédérale de fabrication de tabac. On pourrait l'augmenter à 5 millions de dollars au lieu du montant dérisoire d'aujourd'hui qui est établi à seulement 5 000 $. Voilà donc quelques mesures proposées par le Bloc québécois qui pourraient favoriser la diminution de la contrebande.
Il y a à peu près un an, le 7 mai 2008, le ministre de la Sécurité publique de l'époque, qui est aujourd'hui , mettait en place ou annonçait une stratégie de la GRC de lutte contre la contrebande du tabac. Celle-ci visait trois objectifs. Par cette stratégie, on voulait démanteler les installations de production, perturber les réseaux d'approvisionnement et de distribution et saisir le tabac illicite et les produits de la criminalité connexes générés par le crime organisé. On n'a cependant jamais eu de détails sur l'application de cette stratégie et l'ensemble des moyens qui seront utilisés n'ont pas été clairement expliqués. Force est de constater que les résultats ne sont toujours pas à la mesure des attentes.
Pour sa part, depuis 2003 et même avant, le Bloc québécois n'a cessé d'interpeller les gouvernements, peu importe leurs couleurs, pour qu'ils prennent des mesures énergiques afin d'empêcher l'explosion de la contrebande de cigarettes. Le Bloc a même proposé des mesures pour lutter contre ce phénomène qui met en péril tous les efforts pour contrer le tabagisme, particulièrement chez les jeunes.
Comme je le disais, le constat après un an est que la stratégie est mal définie. Selon plusieurs études, les produits illégaux du tabac occupent près du quart du marché au Québec et en Ontario. Les gouvernements fédéral et provinciaux perdent près de 2 milliards de dollars en taxes par année. Aujourd'hui, au moment où l'on se parle, c'est peut-être plus. Le regroupement Médecins pour un Canada sans fumée a raison de souligner que le coût réduit des cigarettes de contrebande met en danger les progrès réalisés dans la lutte au tabagisme, et ce, particulièrement chez les jeunes.
Je parle des produits de contrebande parce que tous les efforts qu'on pourrait faire en cette Chambre comme parlementaires — par exemple par l'introduction de ce projet de loi ou l'introduction de d'autres mesures qui visent à réduire le tabagisme chez les jeunes —, seront vains si on ne s'attaque pas évidemment à la racine du problème qui est la contrebande de cigarettes.
Le Bloc québécois exige de la GRC qu'elle utilise tous les moyens prévus par la loi pour lutter efficacement contre cette importation illégale de tabac. Il faut absolument combattre le mal à sa racine en agissant autant sur l'offre que sur la demande. Si elle doit aller jusqu'à saisir les véhicules automobiles de ceux qui vont s'approvisionner dans les nombreux kiosques illégaux, qu'elle le fasse. Ce serait là évidemment un excellent moyen de dissuasion pour les revendeurs.
Ce problème coûte très cher aux contribuables québécois et canadiens et prive les commerçants réguliers, qui ont le droit de vendre du tabac — même si on essaie de réduire la disponibilité des produits du tabac et qu'on ne voit plus maintenant d'étalages de cigarettes dans les dépanneurs —, de recettes légitimes à cause de cette concurrence déloyale. C'est pour cette raison qu'il faut absolument s'attaquer à la contrebande de cigarettes.
Pour en revenir aux fameux cigarillos — j'ai même donné mon exemple personnel —, c'est un attrait chez les jeunes que je qualifierais d'attrape en raison de ce que les compagnies de tabac ont réussi à faire, soit de présenter cela comme si c'était pratiquement une friandise. Les arômes variés des cigarillos font en sorte que cela paraît moins nocif pour les jeunes. Le truc, c'est la perception. Je crois qu'ils ont l'impression que c'est moins nocif puisque cela goûte et sent meilleur. Tous les goûts sont dans la nature, mais je crois que c'était exactement le but visé par ces compagnies, soit de faire en sorte que les jeunes soient moins rébarbatifs et qu'il y ait moins de mauvaises odeurs reliées à la cigarette pour les attirer. Cette attrape fait donc en sorte que les jeunes aiment beaucoup les cigarillos. Pourtant, les cigarillos représentent autant de risques pour la santé et de dépendance à la nicotine que les véritables cigarettes.
Une étude de Santé Canada, qui date de l'an 2000, concluait que les cigarillos dégageaient entre 67 p. 100 et 200 p. 100 plus de goudron que les cigarettes standards. De plus, les cigarillos sans filtre contiennent deux fois plus de nicotine.
Selon la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, plusieurs raisons expliquent l'attrait des cigarillos pour les jeunes. Premièrement, le prix unitaire est très accessible. On peut acheter un cigarillo au prix de 1 $ dans un dépanneur. On pouvait le faire, mais cela va changer. Au Québec, on ne peut plus le faire, comme je l'ai dit tout à l'heure. Il y a également les arômes et les emballages attrayants, comme j'en ai fait la démonstration tout à l'heure.
Il est interdit au Québec de vendre des cigarettes à l'unité. La raison est fort simple: les cigarettes et les cigarillos à l'unité sont plus accessibles au plan monétaire. Les jeunes ont généralement peu de revenus et l'achat de cigarillos devient plus facile et accessible quand cela coûte 1 $. Dans mon temps, c'était peut-être 10 ¢ ou 25¢, et nous étions tous capables de ramasser assez de sous dans notre petit cochon pour s'acheter des cigarettes ou des petits cigares à l'unité. Il n'y a pas très longtemps, cela se faisait également au Québec et cela peut se faire également au Canada — ce qui ne devrait pas se faire. Cela sera corrigé par la mise en vigueur du projet de loi .
La loi au Québec interdit la vente aux mineurs. Malheureusement, certains commerçants ne se conforment pas à la loi, et ce n'est pas seulement au Québec, j'en suis persuadé. Selon les données de Santé Canada, près de 86 p. 100 des commerçants se conformaient à la loi en 2007.
Il restait quand même 12 p. 100 de commerçants qui ne se conformaient pas à la loi et qui vendaient des produits du tabac à des mineurs.
L'enquête de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) évalue quant à elle à environ 38 p. 100 les élèves qui achètent eux-mêmes leurs cigarettes dans un commerce. C'est donc dire qu'à un moment donné, le mot se passe. Il s'agit de trouver le dépanneur ou le commerce qui accepte de vendre des produits du tabac et tous les jeunes vont y aller. Qui n'a pas dans sa bande, un jeune qui a toujours l'air plus vieux que les autres. Pour nous, c'était le cas, et ce n'était pas moi. On en trouve toujours un qui a l'air plus vieux et qui réussit à tromper le commerçant, et qui achète, soit des cigarettes, soit de l'alcool. Il y a toujours moyen de moyenner et les jeunes sont assez imaginatifs.
C'est donc au commerçant d'être très vigilant et d'exiger les cartes d'identité quand quelqu'un qui paraît jeune vient acheter des cigarettes ou des petits cigares.
En ce qui a trait aux des arômes, je répète que les saveurs des cigarillos sont très nombreuses. On en a énuméré tout à l'heure. J'en avais gardé une liste ici pour démontrer à quel point on visait probablement beaucoup plus les enfants et les jeunes en mettant en marché ce genre de produit. Ces arômes sont la framboise, la vanille, la cerise, la menthe verte, la fraise, la cannelle et même le rhum. On me dira peut-être qu'on veut attirer les adultes avec cela, mais quoi qu'il en soit, l'intention est vraiment très claire derrière cette mise en marché. L'aromatisation des produits du tabac encourage évidemment l'adoption du tabagisme en rendant les premières bouffées plus douces et plus agréables.
On a choisi des emballages attrayants. Le coup d'oeil, l'aspect visuel est très important. Les emballages de cigarillos évoquent des friandises et des bonbons. Aucune mise en garde n'apparaît sur les boîtes. Comme je le disais tout à l'heure, lorsqu'on les achète à l'unité, leur petit emballage ne porte absolument aucune indication sur le danger d'inhaler, de fumer finalement, et d'utiliser ces produits. On vend même du tabac à chiquer maintenant. On présente cela aussi comme un produit attrayant.
J'ai dit tout à l'heure que j'avais déjà fumé, mais je dois dire que je n'ai jamais essayé cela. Cela me rebute totalement, mais je pense que certains jeunes qui aiment essayer des choses, si c'est présenté de telle façon que cela ressemble pratiquement à une friandise, à un bonbon, vont certainement l'essayer. On imagine le désastre qu'il peut y avoir lorsqu'on se met cela dans la bouche. Aux États-Unis, on a fait certaines études et les gens qui chiquaient étaient plus susceptibles de développer des cancers de la bouche.
Je disais plus tôt qu'on a tous eu sur nos pupitres, de la part d'une coalition anti-tabac, certains éléments de preuve qui démontraient que ces produits étaient cachés parmi les friandises et qu'on tentait de les faire passer pour des bonbons. On nous avait aussi donné un certain dépliant avec des informations.
On dit que le marché des nouveaux produits de tabac aromatisé a connu une croissance de plus de 400 p. 100. En 2001, 50 000 articles ont été vendus, et en 2006, c'est plus de 81 millions d'articles qui ont été vendus. On voit à quel point on a réussi un coup de maître sur le plan du marketing, un coup diablement efficace mais, en même temps, dommageable et terrible pour la santé de nos jeunes.
J'ai mentionné l'Institut de la statistique du Québec. J'ai d'autres informations, notamment sur une enquête québécoise sur le tabac, l'alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire. On a recueilli des statistiques à l'automne 2006 auprès de près de 5 000 élèves.
L'ISQ a constaté que les élèves commençaient à fumer le cigare entre la 2e et la 3e secondaire, et autant de garçons que de filles consomment ces produits. Lors du mois précédant l'enquête, 22 p. 100 des garçons et 21 p. 100 des filles avaient déjà fumé un cigarillo. En 5e secondaire, plus du tiers des élèves auraient fumé un cigarillo lors du mois précédant l'enquête. Huit élèves sur dix fumant ou commençant à fumer la cigarette au quotidien ou occasionnellement ont déjà fumé le cigare. Un non-fumeur de cigarette sur dix a même déjà essayé aussi le cigare ou le cigarillo.
Avec ces statistiques, qui sont compilées non seulement au Québec mais un peu partout au Canada, on constate qu'il faut mettre en place une législation beaucoup plus ferme. Le projet de loi , même s'il n'est pas parfait, est un pas dans la bonne direction.
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Monsieur le Président, c'est pour moi un véritable privilège d'appuyer le projet de loi . C'est un jour faste pour les Canadiens.
Je suis heureuse que le gouvernement ait écouté les députés d'opposition du Nouveau Parti démocratique qui lui demandaient d'intervenir et qu'il ait écouté tous les Canadiens d'un bout à l'autre du pays qui réclamaient qu'on ferme une grave échappatoire favorisant le tabagisme.
J'ai écouté mes collègues de l'opposition et je reconnais que le gouvernement et le Parlement ont encore d'énormes problèmes à régler, comme celui de la contrebande ou le fait que nous n'avons pas encore réussi à empêcher les compagnies de tabac de concevoir de nouveaux produits sans fumée. Le travail des parlementaires n'est jamais fini, mais il faut s'attaquer pas à pas dans toute la mesure du possible à ces manoeuvres de commercialisation sordides et manipulatrices des grandes compagnies de tabac, car bien franchement, c'est de cela qu'il s'agit.
Nous sommes ici aujourd'hui parce que les grandes compagnies de tabac de notre pays ont trouvé une échappatoire dans la loi et les règlements sur le tabac qui essaient de restreindre la vente et la commercialisation de produits du tabac. Elles s'en sont servi pour concevoir des produits qui visent à créer tout un nouveau marché, une nouvelle génération de fumeurs. Comme leur marché se réduit, que leur part de marché régresse, leurs bénéfices sont moins importants qu'avant, et elles veulent donc s'emparer du coeur et de l'esprit d'un autre groupe de Canadiens pour les rendre dépendants du tabac toute leur vie.
On parle ici des produits les plus insidieux qu'on puisse imaginer. J'aimerais qu'on puisse utiliser des images à la Chambre. Je sais que c'est contre le Règlement, mais si nous pouvions, nous montrerions aux Canadiens de quoi il s'agit, nous ferions comprendre aux parents que le problème est grave et qu'il est important que la Chambre réprime la commercialisation de ces produits pour les enfants, ces petits cigarillos qui ressemblent à des bonbons ou des cosmétiques, qui sont imprégnés de toutes les saveurs possibles, de la barbe à papa au beurre d'arachides en passant par la banane, l'orange, la cerise, etc.
Ce sont des produits délicieusement parfumés qui sont conçus pour faire envie aux jeunes parce qu'ils ont l'air tellement inoffensifs et tentants. Les grands fabricants de tabac savent bien que, si ces jeunes fument ces produits, ils vont devenir encore plus dépendants qu'avec des cigarettes normales. Ce sont des produits plus dangereux que les produits ordinaires du tabac. Et le comble, c'est que ces jeunes deviennent dépendants du tabac avant même d'avoir l'âge légal pour fumer.
Il s'agit donc d'éliminer cette échappatoire dont ont profité les compagnies de tabac. Le Parlement n'a jamais eu l'intention d'autoriser ce genre de produits dans ses lois et ses règlements, mais on ne peut pas prévoir l'inventivité des grandes compagnies de tabac pour créer de tels produits.
Qui aurait pu penser que les grandes compagnies de tabac de notre pays seraient à ce point sordides et assoiffées de profits, mépriseraient tellement la santé et le bien-être des gens qu'elles mettraient au point des produits destinés à créer délibérément une dépendance chez les jeunes? C'est incroyable.
Ce projet de loi, c'est quelque chose que de nombreux opposants au tabac réclament au Canada depuis des années. Ils se sont adressés aux députés de ce côté-ci de la Chambre, et nous avons répondu en disant que c'était une question grave et qu'il était temps de légiférer.
Le printemps dernier, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire. L'aspect important, c'est qu'il était le fruit du travail d'un grand nombre de jeunes d'un peu partout au pays.
Les jeunes qui ont été à l'origine de cette mesure législative doivent être félicités de ce qui s'est passé ici aujourd'hui. Ils doivent revendiquer une victoire. Les députés les ont vus faire des démarches à la Chambre la semaine dernière. C'est à eux que l'on doit d'avoir présenté à chaque député un petit porte-crayon, qui contenait deux produits de même nature. Ces produits avaient l'air sucrés et inoffensifs, ils avaient des couleurs affriolantes et sentaient bon. Il s'agissait dans un cas d'un produit du tabac et dans l'autre d'un produit de confiserie.
Nous avons tous pu voir jusqu'où les compagnies de tabac et les grandes sociétés à but lucratif peuvent aller pour inciter les jeunes à fumer pour le reste de leur vie. Elles savent que, si elles peuvent les piéger à cet âge, elles peuvent les avoir pour toute la vie et continuer d'engranger des bénéfices accrus. Nous n'avons rien de plus important à faire à la Chambre que de barrer fermement la route aux compagnies de tabac et aux produits attrayants qu'elles offrent aux enfants et aux adolescents.
Nous connaissons les faits. Certains députés pourront dire que la mesure ne va pas assez loin. C'est vrai. Le projet de loi pourrait couvrir d'autres aspects. Il pourrait s'attaquer à toute sorte de produits sans fumée. Il pourrait viser les produits à chiquer, consommés à l'heure actuelle par environ 1 p. 100 de la population, des jeunes dans bien des cas. Il s'agit de tabac à chiquer normal, mais auquel on a ajouté des saveurs. Je suppose qu'ils sont agréables à chiquer, mais ils provoquent une accoutumance. Nous reconnaissons donc que ce projet de loi est lacunaire.
L'une de ces lacunes a trait au fait qu'il vise la plupart des saveurs, mais pas le menthol, puisque le menthol existe depuis les années 1920. Nous aurions bien voulu que le projet de loi bloque toutes les échappatoires et sévisse contre tous les produits à saveur ajoutée et tous les types de produits, non seulement les cigarillos, mais nous devons avancer. Nous ne pouvons tout simplement nous contenter d'argumenter sans rien faire.
Nous devons saisir l'occasion. Nous devons toucher l'imagination des jeunes et les accompagner dans leurs efforts. Nous devons leur dire qu'ils ont fait une bonne campagne, qu'ils ont rendu un grand service aux Canadiens et que nous leur sommes reconnaissants de l'esprit d'initiative qu'ils ont manifesté.
J'ose dire que, n'eut été de ces jeunes et des groupes de lutte contre le tabagisme, je n'aurais pas présenté un projet de loi, le Parti conservateur du Canada n'aurait pas promis de reprendre mon projet de loi lors de la dernière campagne électorale, et la n'aurait pas présenté une initiative ministérielle qui inclut un bon nombre des dispositions de mon projet de loi d'initiative parlementaire.
Cette suite d'événements montre à quel point il est important d'écouter les Canadiens, d'être réceptifs et de prendre des mesures pour restreindre ou supprimer un produit qui est mauvais, qui est nocif et qui va à l'encontre de la notion même de santé.
C'est ce que nous faisons aujourd'hui avec cette mesure législative. Le gouvernement a présenté un projet de loi qui éliminerait les produits du tabac aromatisés du marché. Tous ces arômes qui attirent les jeunes, qui captent leur attention et leur imagination, et qui les incitent à essayer les cigarillos seront dorénavant interdits. En outre, les compagnies ne pourront plus tenter de convaincre les jeunes de commencer à fumer en vendant ces petits cigares à l'unité.
C'en est donc fini des produits aromatisés. Soit dit en passant, monsieur le Président, le slogan des jeunes qui ont travaillé si fort dans ce dossier, c'est-à-dire les membres de la Northwest Youth Action Alliance et de la Eastern Ontario Youth Action Alliance, est Let's Make Flavour... GONE! C'est à tous ces jeunes, qui luttent pour mettre un frein à la vente des petits cigares aromatisés, que revient le mérite du fait que le projet de loi interdit non seulement les produits du tabac aromatisés, mais aussi la vente de petits cigares à l'unité.
Même si ces petits cigares ne sont pas aromatisés, le fait qu'ils soient vendus individuellement sans un étiquetage approprié de mise en garde est une incitation à fumer. Ces produits sont aussi conçus pour attirer directement les jeunes.
Les jeunes vont au dépanneur et achètent ces petits cigares au coût de 1 $ ou de 2 $, parce qu'ils croient que ceux-ci sont inoffensifs. Ils se disent: « Pourquoi-pas? Essayons-en un pour voir. Après tout, les autres le font bien. » Et c'est ainsi qu'ils deviennent dépendants, avant même de s'en rendre compte. Dans le temps de le dire, le taux de tabagisme augmente chez les jeunes, et nous nous retrouvons avec un taux de maladie et de mortalité plus élevé que jamais au sein de la population canadienne. Cette situation n'a rien de drôle. Lorsque nous jetons un coup d'oeil aux statistiques, nous constatons que le problème est grave.
Le tabagisme est l'une des plus grandes menaces à la santé publique que le monde ait connues. Monsieur le Président, savez-vous qu'il y a plus d'un milliard de fumeurs dans le monde? Dans l'ensemble, la consommation de produits du tabac est en hausse, même si elle semble diminuer dans les pays à revenu élevé. Près de la moitié des enfants du monde respirent de l'air pollué par la fumée du tabac. Le problème se déplace vers les pays en développement, puisque plus de 80 p. 100 des fumeurs dans le monde vivent dans des pays où le revenu est faible ou moyen.
Nous savons que le tabagisme tue 5,4 millions de personnes par année. Cela représente une moyenne d'une personne toutes les six secondes. Dans le monde, sur dix décès d'adultes, un est attribuable au tabagisme. Le tabac tue jusqu'à la moitié de ceux qui en consomment et il constitue un facteur de risque pour six des huit principales causes de décès dans le monde.
Puisqu'il s'écoule plusieurs années entre le moment où quelqu'un commence à fumer et le moment où sa santé commence à s'en ressentir, l'épidémie de maladie et de décès ne fait que commencer. Il y a eu 100 millions de décès attribuables au tabac au XXe siècle. Si la tendance actuelle se maintient, il pourrait bien y avoir jusqu'à un milliard de décès au XXIe siècle.
Si on ne fait rien, le nombre de décès attribuables au tabac augmentera à plus de huit millions d'ici 2030 et 80 p. 100 de ces décès surviendront dans les pays en développement. Par conséquent, toute mesure que nous pouvons prendre pour empêcher les gens de commencer à fumer est absolument cruciale. C'est une question de vie ou de mort.
Si nous regardons le cas des cigarillos et constatons que les ventes sont passées de 50 000 unités à 80 millions ou plus, nous pouvons nous faire une très bonne idée de l'ingéniosité des cigarettiers et comprendre leurs intentions. Ce qu'ils veulent faire, c'est concevoir un produit qui attirera les jeunes et les accrochera à la cigarette pour la vie.
Les statistiques sur le tabagisme au Canada sont vraies, frappantes et horribles. Aujourd'hui, au Canada, environ 18 p. 100 des garçons de 15 à 19 ans fument tandis que ce pourcentage atteint 32 p. 100 chez les hommes de 20 à 24 ans. Les pourcentages sont un peu plus bas chez les filles, mais nous savons que les cigarettiers sont en train d'essayer de concevoir des produits qui attireront les jeunes femmes.
Le jour même où la ministre a présenté son projet de loi innovateur, le projet de loi , le réseau anglais de Radio-Canada a présenté une émission intitulée Busted. Il y était question de sociétés de tabac qui conçoivent des emballages visant à attirer différentes clientèles, comme un paquet élancé ayant une apparence sexy, des paquets s'ouvrant par le côté parce que c'est original, d'autres en couleurs claires parce que les gens peuvent penser qu'il s'agit de cigarettes légères puisque ces mots ne peuvent plus être utilisés, et d'autres encore en couleurs foncées pour montrer qu'il s'agit de produits robustes. La créativité des cigarettiers est sans limite. Nous devons toujours les arrêter dès que nous le pouvons.
Examinons les statistiques concernant les cigarillos. Chez les garçons de 15 à 19 ans, 30 p. 100 fument occasionnellement ou chaque jour un cigarillo. Chez les jeunes hommes de 20 à 24 ans, 57 p. 100 fument des cigarillos occasionnellement ou chaque jour.
Permettez-moi de quantifier la consommation de tabac chez les jeunes en nombre de décès qu'elle entraînera à l'avenir. Selon les statistiques de 2008 sur le cancer, le taux d'incidence chez les hommes est de 11 900, et de 5 500 chez les femmes. Pour les maladies cardiaques, le taux d'incidence chez les hommes est de 6 300, et de 3 900 chez les femmes. Pour les troubles respiratoires, le taux d'incidence chez les hommes est de 4 900, et de 3 500 chez les femmes. Le nombre total d'hommes qui souffrent de complication parce qu'ils fument est de 23 800, et de 14 500 pour les femmes.
Les statistiques sont sans équivoque. Je pense que tous les députés savent que nous devons faire quelque chose. C'est la raison pour laquelle je recommande que nous appuyons le projet de loi, même s'il comporte quelques défauts, comme l'absence du menthol, même s'il exclut les produits sans fumée, comme les produits à mâcher et même s'il accorde aux fabricants de tabac et aux détaillants une période plutôt longue — jusqu'à 270 jours — pour retirer les produits de la vente. Certains diront que c'est beaucoup de temps et je suis d'accord. J'aimerais que les fabricants et les détaillants portent attention au débat d'aujourd'hui et concluent, j'espère, que la Chambre appuie unanimement cette mesure législative, qu'elle sera bientôt promulguée et qu'ils devront s'y conformer.
En fait, j'espère que les députés libéraux et bloquistes constateront, malgré leurs préoccupations, que je partage d'ailleurs, qu'il importe de procéder rapidement dans le cas de ce projet de loi, de le renvoyer au comité pour voir si des amendements sont nécessaires, ce qu'on pourrait régler rapidement, puis de veiller à ce qu'il soit adopté par les deux Chambres avant l'ajournement des travaux pour l'été. D'ici à ce que les enfants retournent à l'école, en septembre, beaucoup de ces produits pourraient avoir disparu des tablettes ou être devenus invisibles. Ainsi, ils ne pourraient plus tenter les élèves ou leur donner envie de fumer. Nous devons cela aux Canadiens. Nous leur devons d'être expéditifs et efficaces concernant ce projet de loi qui vise à empêcher que plus de jeunes ou d'enfants essayent ces produits attirants et à la mode, qui ne peuvent que leur apporter la maladie et la mort si les jeunes développent une dépendance au tabac. Or, on sait que ces produits créent une dépendance.
J'ai entendu plusieurs de mes collègues dire que ce ne sont pas ces produits qui posent le véritable problème et qu'il vaudrait mieux nous concentrer sur la contrebande. La contrebande est un très grave problème. Je sais combien de cigarettes arrivent chez nous dans des sacs verts et sont rapidement distribuées à bon marché. Je sais à quel point c'est nocif. Toutefois, je sais également qu'il faut traiter ces deux questions séparément.
En fait, les députés doivent savoir que j'ai présenté à la Chambre une motion qui a obtenu l'appui de tous les partis. Cette motion demandait au gouvernement de prendre des mesures immédiates pour lutter contre la contrebande. Les trois porte-parole de l'opposition en matière de santé ont écrit à la et au pour leur demander de prendre des mesures pour contrer ce fléau. Nous continuerons certainement d'exercer des pressions à cet égard.
Toutefois, ne nous y trompons pas. Les grandes sociétés productrices de tabac voudraient nous faire croire que le véritable problème est la contrebande du produit, et non le produit lui-même. Pendant que ces sociétés s'en prennent à la contrebande parce qu'elle leur enlève une part du marché, elles refusent d'admettre que leurs produits leur permettent d'exploiter certains créneaux et d'améliorer leur rentabilité. Il faut que ça cesse. L'industrie refuse de reconnaître ses torts, d'admettre qu'elle essaie quotidiennement de se tailler un nouveau marché avec de nouveaux produits attirants afin d'amener les gens à développer une dépendance au tabac, étant donné que sa survie et ses marges bénéficiaires en dépendent.
Tâchons de ne pas mêler les pommes et les oranges. Le projet de loi est conçu pour contrer les produits attirants pour les enfants. Il vise à limiter la vente de cigarillos aromatisés. Il dit que les cigarillos doivent être présentés en paquets d'au moins 20 unités sur lesquels figurent les mises en garde d'usage. C'est l'objectif du projet de loi.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je me joins au débat sur le projet de loi qui porte sur un sujet qui me tient à coeur en tant qu'ancienne enseignante dans le domaine de la santé, entraîneuse et juge, soit la réduction du tabagisme chez les Canadiens, notamment chez les jeunes. De nos jours, plus de 125 pays cultivent le tabac sur quatre millions d'hectares de terres. La récolte mondiale a une valeur annuelle de près de 220 milliards de dollars et permet de fabriquer cinq billions de cigarettes chaque année.
Il n'est pas étonnant d'apprendre que le tabagisme est en hausse et que d'ici 2020, huit millions de personnes en mourront chaque année si on ne met pas en place des mesures de contrôle draconiennes. La fumée de cigarette contient plus de 4 000 produits chimiques, dont 60 sont des produits cancérigènes connus ou présumés, comme l'arsenic, le DDT et le méthanol. Les adultes fumeurs risquent d'avoir une maladie cardiaque, le cancer du poumon, le cancer des sinus paranosaux ou une maladie respiratoire. Même les fumeurs légers sont à risque. Par exemple, une étude publiée en 2005 par le British Medical Journal montre que fumer seulement une à quatre cigarettes par jour augmente considérablement les risques de mourir d'une maladie cardiaque.
Les études montrent qu'il y a considérablement plus de cas de cancer du poumon chez les gens qui travaillent dans les bars, les restaurants et autres lieux enfumés. L'exposition à la fumée secondaire augmente également les risques de cancer du sein et du col utérin, de fausses couches et d'accidents vasculaires cérébraux. Les enfants exposés à la fumée secondaire sont plus à risque de souffrir d'induction et d'exacerbation de l'asthme, de bronchite, d'une insuffisance de poids à la naissance et de pneumonie, et d'être victime de la mort subite du nourrisson. On estime à plus de 1 000 le nombre de Canadiens qui meurent chaque année d'une maladie causée par la fumée secondaire, et certains avancent que ce nombre pourrait atteindre 7 800.
La plupart des fumeurs commencent à fumer dès l'enfance ou l'adolescence, et 90 p. 100 fument avant d'avoir 18 ans. Ceux qui commencent jeunes sont plus susceptibles de devenir des fumeurs quotidiens. Chaque jour, entre 82 000 et 99 000 adolescents commencent à fumer, en partie parce que l'industrie des produits du tabac les cible. Gro Harlem Brundtland, l'ancien directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé, a exprimé sa colère à ce sujet:
Ce n'est pas ce que l'on appelle la liberté de choix! Les pays civilisés protègent les jeunes de moins de 18 ans -- ils ne les laissent pas jouer avec un produit qui tue statistiquement 50 p. 100 des gens qui l'utilisent.
Cinquante pour cent des jeunes qui continuent de fumer mourront de causes liées au tabac. Le tabagisme est responsable de 90 p. 100 des cas de cancer du poumon et de 75 p. 100 des cas de bronchite et d'emphysème. Le tabac tue en moyenne 560 personnes à l'heure, 13 000 personnes par jour, 4,9 millions de personnes par année. Selon l'Organisation mondiale de la santé, aucun pays n'applique intégralement toutes les mesures antitabac. L'OMC a donc défini six stratégies désignées par l'acronyme MPOWER que les gouvernements peuvent adopter pour prévenir des dizaines de millions de décès attribuables au tabagisme d'ici le milieu du siècle en cours.
Les six stratégies en question sont les suivantes: surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention, protéger la population contre la fumée du tabac, offrir de l'aide aux personnes qui veulent cesser de fumer, mettre en garde contre les méfaits du tabagisme, interdire la publicité sur le tabac, la promotion du tabagisme et la commandite du tabac et hausser les taxes sur le tabac. Au Canada, les taxes représentent entre 63 et 79 p. 100 du prix d'un paquet de cigarettes, comparativement à 38 p. 100 dans l'État de New York. Malheureusement, les gouvernements du monde entier font chaque année 500 plus d'argent en percevant des taxes sur le tabac qu'ils n'en dépensent pour la lutte antitabac.
Le gouvernement du Canada a lancé de nombreux programmes visant à réduire le taux de tabagisme au Canada. Qu'il suffise de mentionner les programmes d'encouragement des Canadiens à appuyer l'idée de vivre sans fumée, d'augmentation du prix des produits sous l'effet de taxes, d'information des Canadiens sur les effets du tabagisme et de la fumée secondaire sur la santé, d'appui aux personnes qui décident de cesser de fumer, de réduction de l'accès des mineurs aux produits du tabac et de limitation de la publicité sur les produits du tabac et de la promotion de ces produits.
La consommation de tabac est une maladie transmise. Elle est transmise par les commerciaux, qui visent les besoins psychologiques des adolescents, et par les commandites.
Bon nombre des principaux fabricants de cigarettes vendent maintenant leurs produits dans des paquets qui ressemblent à de BlackBerries, à des téléphones cellulaires et à des lecteurs MP3. En présentant les produits du tabac comme des objets courants, on minimise les dommages causés par la consommation de tabac et on rend ces produits plus socialement désirables et plus branchés.
Une étude menée en 2002 a démontré que les compagnies de tabac considéraient l'emballage des cigarettes comme une partie intégrante de leur stratégie de marketing, un moyen de créer une présence importante dans un magasin et de communiquer une image de marque. Les résultats des études de commercialisation soulignent qu'une telle image est suffisamment forte pour influencer l'évaluation faite par un fumeur d'un même produit présenté dans un emballage différent.
C'est avec plaisir que j'appuie ce projet de loi et je suis très heureuse de constater qu'il a reçu un solide appui des groupes de promotion de la santé et de lutte contre le tabagisme. Rob Cunningham, analyste principal des politiques à la Société canadienne du cancer a dit: « Nous avons bon espoir que les députés adopteront rapidement ce projet de loi, qui représente un gain important pour nous.
Le projet de loi interdit la vente de cigarettes et de cigarillos aromatisés. Un tiers des jeunes et près de la moitié des jeunes adultes ont déjà fait l'essai de cigarillos aromatisés à la menthe et au chocolat, à la pêche, à la fraise et à la vanille, par exemple. Ces produits renferment autant si ce n'est plus de nicotine que les cigarettes, et ils risquent tout autant de créer une dépendance mortelle à la cigarette chez les jeunes. Ce sont également les produits du tabac dont la vente croît le plus rapidement sur le marché canadien puisqu'il s'en est vendu 53 millions en 2001 et que ce chiffre était passé à 400 millions en 2007.
Le projet de loi interdira également aux compagnies de tabac de faire de la publicité dans des publications, mettant fin à l’exception permettant la publicité des produits du tabac dans les publications dont au moins 85 p. 100 des lecteurs sont des adultes.
Si le projet de loi est adopté, la Loi sur le tabac révisée permettra aux compagnies de tabac de faire de la publicité uniquement de deux façons: sur des affiches à des endroits interdits aux mineurs et dans des publications livrées par la poste à des adultes.
J'espère que le financement sera soutenu et que la classe politique appuiera ces mesures. Une étude publiée récemment dans l'American Journal of Public Health a examiné les niveaux de financement des programmes de prévention du tabagisme et de renoncement au tabac des États, pour la période allant de 1995 à 2003. Selon cette étude, plus les États consacrent de l'argent à ces programmes, plus ils parviennent à faire diminuer le nombre d'adultes fumeurs. Les chercheurs ont également calculé que, si chaque État avait financé ses programmes aux niveaux recommandés par les Centers for Disease Control au cours de la période visée, le nombre de fumeurs aurait diminué de deux à sept millions aux États-Unis.
J'espère aussi que le gouvernement mobilisera des leaders d'opinion de haut niveau et des champions notoires pour qu'ils aident à produire les avantages importants pour la santé et l'économie qui découlent de la réduction du tabagisme.
Nous devons faire preuve de vigilance afin de déceler toutes les nouvelles formes de produits du tabac que l'industrie continue de mettre au point et de sensibiliser la population à ceux-ci.
Nous devons reconnaître que l'industrie du tabac nuit aux mesures efficaces de lutte contre le tabagisme et qu'elle continue de promouvoir les produits du tabac par tous les moyens possibles, dont le monde du spectacle, car les campagnes de marketing traditionnelles se font de plus en plus rares à la suite de la ratification, par 164 pays, de la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l'Organisation mondiale de la santé.
De nombreux travaux de recherche révèlent que les jeunes sont influencés par l'image positive du tabagisme véhiculée dans les films, où les célébrités leur servent de modèles. En fait, une étude récente suggère que les images de fumeurs dans les médias peuvent inciter fortement des adolescents à commencer à fumer, alors que les campagnes de marketing axées sur les produits du tabac peuvent les amener à devenir des fumeurs invétérés.
Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il pour enrayer le tabac de contrebande, qui représente 49 p. 100 des cigarettes fumées au Canada, les cigarettes au menthol et le tabac sans fumée?
Enfin, lors de l'apparition sur le marché du prochain produit — ce qui ne manquera pas de se produire —, agissons sans tarder pour le faire disparaître.
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Monsieur le Président, le 31 mai était la Journée mondiale sans tabac.
Il est donc naturel, compte tenu des efforts de tant de groupes de lutte contre le tabagisme, que nous débattions aujourd'hui des moyens d'empêcher les jeunes de devenir dépendants d'un produit qui cause chaque année la mort de milliers de Canadiens.
Je suis fier de prendre la parole aujourd'hui au sujet d'un projet de loi visant à modifier la Loi sur le tabac et à aider à protéger nos jeunes contre le tabagisme tout en incitant l'industrie du tabac à modifier ses pratiques de commercialisation.
J'ai récemment pris la parole à la Chambre afin d'appuyer une pétition signée par des centaines d'électeurs de ma circonscription, qui exigeaient que le Parlement prenne des mesures immédiates pour modifier la Loi sur le tabac. Les pétitionnaires demandaient des modifications afin de limiter et restreindre la commercialisation des produits du tabac à l'intention des mineurs.
Des études démontrent qu'une exposition accrue à la publicité sur les produits du tabac influe grandement sur la décision des jeunes de commencer à fumer ou à consommer ces produits. Nous savons aussi que 85 p. 100 des fumeurs réguliers ont commencé à fumer avant l'âge de 18 ans.
Il est juste d'affirmer que la publicité et la commercialisation à l'intention des jeunes ont contribué à la hausse de la consommation de produits du tabac parmi les jeunes.
Une récente recherche a démontré qu'une diminution de la publicité sur les produits du tabac a entraîné une réduction du nombre de jeunes fumeurs. Le fait de restreindre la publicité et la commercialisation des produits du tabac a toutefois ses limites.
Nous savons que le tabagisme est responsable du décès d'environ 37 000 Canadiens chaque année.
Le Parti libéral appuie le principe de ce projet de loi. Nous croyons qu'il aidera à protéger les Canadiens, les jeunes en particulier, contre la commercialisation des produits du tabac.
Nous croyons que la commercialisation des produits du tabac ne devrait pas s'adresser aux jeunes et que les publications pouvant être lues par les jeunes de moins de 18 ans ne devraient pas contenir de publicités sur ces produits.
Nous avons constaté une hausse du nombre de publicités sur les produits du tabac dans les quotidiens et les hebdomadaires de divertissement gratuits, qui ciblent davantage les jeunes. Nous croyons que l'interdiction de la publicité dans tous les types de revues et de journaux, peu importe leur public cible, constitue une première étape nécessaire.
Ce projet de loi vise à ce que tous les Canadiens, les jeunes en particulier, cessent d'être exposés à la publicité sur les produits du tabac. Le fait de limiter cette publicité est un début, mais je me demande si le gouvernement a pensé aux autres facteurs qui sont en jeu.
Par exemple, certaines des pratiques de commercialisation actuelles incluent l'utilisation de divers arômes et additifs visant à rendre les produits du tabac plus attrayants pour les enfants et les jeunes. Un nombre croissant de produits du tabac, tels que des petits cigares, des feuilles d’enveloppe, des feuilles ou tubes de tabac, sont offerts dans un vaste éventail de saveurs comme le raisin, la cerise, la pêche, la banane royale ou même le punch tropical. Il y a également des compagnies de tabac qui ajoutent à leurs produits des additifs comme des vitamines et du sucre pour qu'ils goûtent le bonbon, ce qui masque le côté rugueux du tabac et plaît aux enfants et aux jeunes.
Diverses sources, y compris des documents des compagnies de tabac, démontrent que l'ajout d'arômes de fruits et de bonbons aux produits du tabac les rend plus attrayants pour les nouveaux utilisateurs. Ces arômes augmentent considérablement l'envie des jeunes d'essayer les produits du tabac.
Aujourd'hui, les jeunes sont conscients du fait que les cigarettes et les produits du tabac créent une très forte dépendance, et les compagnies de tabac le savent. Par conséquent, elles doivent trouver des moyens nouveaux et novateurs pour inciter les jeunes à en faire l'essai même s'ils sont conscients des dangers. L'industrie du tabac cherche apparemment à stimuler l'envie d'essayer le tabac et à faire mousser les ventes en ajoutant des arômes et d'autres additifs pour rendre les produits plus intéressants.
Ceci m'amène au point suivant. Des données récentes révèlent que les ventes en gros de petits cigares sont passées de 53 millions d'unités en 2001 à 403 millions d'unités en 2007, ce qui en fait le produit du tabac connaissant la plus forte croissance sur le marché canadien. La situation est plutôt alarmante et il faut l'examiner.
La vente des petits cigares et des feuilles d'enveloppe à l'unité ou en petits paquets contribue à cette popularité. Contrairement aux cigarettes qui sont vendues en paquet de 20, les petits cigares et les feuilles d'enveloppe sont souvent vendus à l'unité pour aussi peu qu'un dollar.
Il est important de réglementer l'industrie pour que les produits du tabac soient vendus en paquets d'une quantité minimale, afin qu'il ne soit plus possible désormais de les vendre à bas prix, ce qui les rend plus abordables pour les jeunes.
Le projet de loi modifierait la Loi sur le tabac pour exiger que les petits cigares et les feuilles d'enveloppe soient vendus en paquets d'au moins 20 unités. Nous convenons que cette modification limiterait ou mettrait fin à une pratique de l'industrie, qui vend ces produits à l'unité ou en petits paquets souvent plus abordables et intéressants pour les jeunes.
Mon prochain point est que le projet de loi, dans sa version actuelle, ne tient pas compte du problème du tabac de contrebande, qui est une source importante d'approvisionnement pour les jeunes qui décident de commencer à fumer ou à utiliser des produits du tabac et de se les procurer par des voies illégales. La principale préoccupation est que les produits du tabac de contrebande sont bon marché et facilement accessibles, et que le projet de loi n'aborde pas cette question.
Il y a un lien direct entre l'augmentation de la consommation de produits de contrebande et le changement de gouvernement en 2006. Nous avions mis en place une stratégie et une approche concertée pour gérer le problème. Il semble néanmoins que le gouvernement conservateur ait laissé augmenter le taux de consommation des produits de contrebande, qui atteint presque 33 p. 100 à l'échelle nationale, 40 p. 100 au Québec et presque 50 p. 100 en Ontario.
La porte-parole libérale en matière de santé et ma collègue d' ont tenu des propos très fermes sur le sujet dans le passé. Cette mesure législative serait efficace pour limiter la vente et la fabrication de certains types précis de produits du tabac au Canada. Par contre, elle ne permettrait pas de réduire la consommation de produits du tabac chez les enfants, car elle omet un point essentiel.
En effet, les enfants n'ont pas la possibilité d'acheter des produits légaux et pour qu'ils aient accès aux produits légaux, un tiers doit enfreindre la loi. Par conséquent, le projet de loi n'aura aucune incidence sur un problème très réel. Tout le monde sait que la plupart des adolescents consomment des produits du tabac fabriqués par l'industrie illégale.
Plusieurs ministères sont concernés par le problème de la vente du tabac de contrebande, notamment l'Agence du revenu du Canada, Sécurité publique Canada, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, le ministère de la Santé, le ministère des Finances et le ministère des Affaires intergouvernementales.
Il faut noter que ce projet de loi, qui modifie la Loi sur le tabac, est un bon point de départ. Il devrait néanmoins inclure des mesures pour restreindre l'accessibilité des produits et les activités de commercialisation judicieuses qui incitent à la consommation.