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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir l'occasion de réagir à la motion d'aujourd'hui, ne serait-ce que pour démanteler une fois de fois de plus l'argumentaire du Bloc, qui s'oppose de façon malavisée à nos efforts pour améliorer la réglementation du marché.
À la lecture de la motion, je dois conclure que le Bloc, sur son nuage, n'a pas du tout conscience de la crise économique qui sévit dans le monde et n'a aucune idée de ce qui doit être fait pour que le système financier du Canada continue à être parmi les meilleurs au monde. Compte tenu de la récession mondiale, notre gouvernement estime que nous devons moderniser le cadre de réglementation de nos valeurs mobilières pour protéger notre économie et les emplois qu'elle crée. Il s'agit pour nous d'un objectif prioritaire, surtout en cette période de difficultés économiques.
Contrairement au Bloc, nous comprenons très bien les enjeux d'ordre économique. Je me permets de rappeler à la Chambre les paroles inquiétantes de Carole St-Hilaire, l'ancienne députée du Bloc de , une personnalité importante de ce parti qui a quitté son siège au cours de la dernière législature. Voici ce qu'elle a déclaré:
« L'économie demeure notre bête noire. Nous sommes profondément mal à l'aise lorsqu'il s'agit de discuter d'économie. »
Le système financier du Canada a manifesté une stabilité exceptionnelle tout au long de cette crise et a servi d'exemple des meilleures pratiques bancaires. Nous représentons le nouvel exemple idéal grâce aux efforts de nos divers gouvernements. Le Forum économique mondial, a coté notre système récemment comme étant le plus solide au monde. Le président Barack Obama l'a lui-même reconnu lorsqu'il a déclaré:
[...] au beau milieu de cette énorme crise économique, j'estime que le Canada s'est avéré un fort bon gestionnaire du système financier de l'économie [...]
Cependant, les difficultés financières et économiques actuelles ont mis au jour une insuffisance très claire du cadre de réglementation des valeurs mobilières tel qu'il existe au Canada. Ce cadre doit être réformé sans délai, et ce pour diverses raisons. L'activité financière est aujourd'hui d'envergure planétaire et le système canadien doit être capable de réglementer les marchés canadiens sur le plan intérieur tout en collaborant avec les organismes de réglementation étrangers. Le Canada doit également être en mesure de faire valoir ses intérêts dans l'élaboration des normes de réglementation internationales.
Comme le soulignait récemment un éditorial du Toronto Star:
Compte tenu de la crise financière mondiale qui sévit aujourd'hui, le moment est bien choisi de créer un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières au Canada.
C'est un organisme national de réglementation des valeurs mobilières qui sera le mieux placé pour assurer la cohérence de la réglementation partout au Canada et pour représenter nos intérêts dans les négociations bilatérales et multilatérales portant sur les normes financières. Le Canada aurait avantage à être en mesure de coordonner plus efficacement ses actions avec celles de la communauté internationale.
C'est une idée qui a été défendue récemment au Comité des finances de la Chambre des communes, dont je suis membre. Voici en effet ce que l'Association des conseillers en gestion de portefeuille du Canada a déclaré devant le comité:
Le problème que pose le régime canadien de valeurs mobilières et la raison pour laquelle nous sommes le seul pays [...] qui n'a pas un organisme unique de réglementation [...] est que l'application de la réglementation n'a pas été suffisante [...] la coordination est plus difficile quand vous avez 13 groupes et organismes nationaux différents.
Le Canada est le seul pays industrialisé à ne pas avoir d'organisme national de réglementation des valeurs mobilières. Le système actuel est lourd et fragmenté, même le député libéral de l'a rapidement compris quand il a brièvement occupé le poste de ministre de Finances. Il a publiquement affirmé que le cadre réglementaire canadien était « fortement fragmenté et certainement moins perfectionné que ceux de la majorité des pays. »
En effet, en raison de sa nature fragmentée et de la nécessité de coordonner les décisions prises dans treize territoires différents, il est difficile pour les organismes canadiens de réglementation des valeurs mobilières de réagir rapidement et de façon décisive aux crises sur les marchés financiers. Quand les pays du monde ont restreint à titre temporaire la vente à découvert de certaines actions du secteur des services financiers afin d'assurer la stabilité des marchés lors de la crise de l'automne dernier, le Canada a tiré de l'arrière. Il était inquiétant de constater que les autres pays avaient une réponse coordonnée alors que le Canada n'en avait pas.
Notre système de compétences provinciales ne nous permet pas d'offrir la réponse nationale nécessaire aux perturbations des marchés financiers qui sont de plus en plus souvent d'envergure nationale ou mondiale. Il est très peu probable que les divers organismes de réglementation des valeurs mobilières au Canada pourront travailler efficacement, rapidement et de façon décisive au sein d'une équipe nationale de gestion du risque avec leurs partenaires mondiaux.
Il ne fait aucun doute que le système actuel nuit à l'intégrité des marchés financiers canadiens.
Comme on pouvait le lire dans un éditorial du magazine Canadian Business:
« Quand ça ne convient pas, ça ne convient pas. C'est vraiment la seule façon de décrire le système disparate d'organismes provinciaux de réglementation de valeurs mobilières que nous avons au Canada. Le système actuel n'a aucune qualité. Ce peut être une bonne chose de se démarquer à l'échelle mondiale, mais pas en ayant treize lois sur les valeurs mobilières et autant d'organismes de réglementation. »
Notre gouvernement conservateur croit qu'il est plus que jamais nécessaire de moderniser notre cadre de réglementation des valeurs mobilières autant pour protéger notre économie que pour permettre au Canada de réagir rapidement et de façon décisive aux événements boursiers. Notre gouvernement travaille énergiquement à cette fin depuis 2006.
Au bout du compte, il ne s'agit pas de la haute finance, mais bien des Canadiens ordinaires.
Nous sommes un pays d'investisseurs. Les travailleurs, familles et aînés canadiens investissent dans des REER, des comptes d'épargne libres d'impôts, des actions et des fonds mutuels et sont couverts par des régimes de pensions. Ces modestes épargnes représentent l'avenir financier des Canadiens. Elles représentent beaucoup pour les Canadiens, et elles deviennent de plus en plus complexes. Les Canadiens méritent les meilleurs règlements possibles pour protéger l'avenir de leurs investissements. Il s'agit de l'avenir de leurs familles et de leurs enfants.
Cela est également important pour les Canadiens sans égard à leur province de résidence. Cela est important au Québec. Cela est important en Alberta. Cela est important en Ontario. Cela est important aux quatre coins de ce merveilleux pays, et c'est ce qui compte.
D'aucuns ont dit que la solution n'était pas un régime de réglementation national, mais un régime de passeport. Nous ne sommes pas du tout d'accord avec eux.
Avec un régime de passeport, le Canada conserve 13 autorités de réglementation, 13 séries de mesures législatives et 13 structures de frais. Qui plus est, le régime de passeport omet la coordination des activités d'application de la loi à l'échelle nationale, si bien qu'il est difficile d'obtenir les meilleurs résultats qui soient pour cet élément essentiel du régime. En plus d'être inefficace, le régime protège mieux que d'autres certains investisseurs et certaines provinces.
Selon moi, ce régime est incompatible avec une valeur canadienne: l'égalité. À cet égard, je me permets de signaler la Loi canadienne sur la santé. J'attire aussi l'attention de mes collègues à la Chambre sur notre engagement en matière de péréquation.
Le régime de passeport ne va pas dans le sens de l'objectif visé depuis longtemps, celui d'assurer l'égalité aux Canadiens, sans égard à leur province de résidence.
Comme le dit l'Association des banquiers canadiens:
« Le régime de passeport est une solution de deuxième ordre. On maintient les mêmes coûts et frais d'infrastructure qui caractérisent le système de réglementation fragmenté actuel, et on risque de valider un mécanisme d'application qui pourrait semer la confusion et favoriser l'inefficacité. » Un éditorial du Vancouver Sun fait écho à cette impression. On y lit ceci: « Le régime de passeport est une solution de deuxième ordre par rapport à un régime de réglementation national. »
Le Canada et son économie méritent mieux qu'une solution de deuxième ordre, particulièrement maintenant. Les enjeux sont trop élevés et les risques trop grands pour qu'on accepte une solution de deuxième ordre.
La création d'une autorité de réglementation des valeurs mobilières nationale ne vise pas à créer un lourd appareil bureaucratique à Ottawa, mais bien à travailler avec et pour nos partenaires provinciaux de manière à ce que les marchés canadiens fonctionnent mieux et qu'on y mène des activités dans un meilleur climat de confiance.
Pourquoi est-ce important? De meilleurs marchés permettront à un plus grand nombre d'entreprises d'attirer un plus grand nombre d'investisseurs, partant, de créer un plus grand nombre d'emplois pour les Canadiens. La crise actuelle nous a enseigné une leçon en faisant ressortir le fait que des marchés des capitaux sains et une réglementation efficace sont le gage de notre prospérité.
Un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières doté d'un mandat clair en vue de la stabilité financière favoriserait la responsabilité à l'échelle nationale et contribuerait à réduire les chevauchements et le double emploi, à renforcer l'application de la loi et à mieux répondre aux besoins des investisseurs. Le Bloc ne comprend pas cela, et c'est regrettable.
Nous croyons que le Canada mérite ce qu'il y a de mieux et nous ferons en sorte qu'il obtienne ce qu'il y a de mieux. C'est pour cela que nous présentons une mesure basée sur les recommandations du groupe d'experts dirigé par M. Hockin en matière de réglementation des valeurs mobilières au Canada. C'est pour cela que nous travaillons en collaboration avec les provinces et les territoires dans le cadre de cette importante initiative.
La Loi d'exécution du budget de 2009, adoptée en mars, confère le pouvoir nécessaire à la création d'un bureau qui sera responsable de la transition vers un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières et de l'élaboration d'un plan de mise en oeuvre.
Le Bloc devrait également réaliser que la création d'un organisme national de réglementation des valeurs mobilières bénéficie déjà d'un certain appui au Québec. Comme la Gazette de Montréal le disait si bien en janvier:
Le gouvernement fédéral devrait garder le cap et prendre les grands moyens pour mettre en place un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières.
Il est absurde en cette période d'inquiétude financière sans précédent que 13 organismes différents, un par province et territoire, régissent l'achat et la vente des actions, obligations et autres instruments semblables au Canada. Dans le monde entier, on s'affaire sérieusement à prendre des mesures pour surveiller et contrôler les sociétés dans cette industrie d'une façon coordonnée, à l'échelle internationale. Pourtant, au Canada, chaque province, chaque territoire définit et fait plus ou moins appliquer ses propres règles.
Stephen Jarislowsky, fondateur de la firme de gestion de placements Jarislowsky, Fraser Limited, a déclaré: « Un organisme national de réglementation des valeurs mobilières serait une excellente chose. »
Pour récapituler, le secteur des services financiers du Canada est solide; il est présent dans l'ensemble du pays et il assure aux Canadiens des emplois de qualité bien rémunérés. Bien que le système financier du Canada ait été jugé le plus solide au monde, notre système, avec ses 13 organismes de réglementation, est compliqué et fragmenté. Les outils appropriés d'application des règlements lui font défaut.
Les avantages d'un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières sont évidents et acceptés. Un tel organisme contribuerait à la stabilité du secteur financier du Canada, il permettrait une reddition de comptes plus claire et un processus de décision plus souple dans un marché financier qui évolue rapidement, et renforcerait la capacité du Canada de travailler avec des partenaires du monde entier pour améliorer l'efficacité des marchés financiers internationaux, dans l'intérêt des entreprises et des investisseurs canadiens. Il renforcerait aussi les mécanismes d'application des règlements et la lutte contre les crimes commis par des cols blancs. Enfin, il donnerait aux détaillants canadiens un accès élargi aux produits d'investissement, sans compter qu'il rendrait plus facile et moins coûteux pour les entrepreneurs et les entreprises du Canada d'avoir accès à l'argent des investisseurs d'un bout à l'autre du Canada et du monde entier.
Contrairement à l'affirmation du Bloc, un organisme national de réglementation des valeurs mobilières n'est absolument pas une intrusion. On y adhère volontairement. Selon le Plan d'action économique du Canada, le gouvernement conservateur s'est engagé à collaborer avec tous les partenaires bien disposés à créer un organisme de réglementation des valeurs mobilières qui respecterait les compétences constitutionnelles, ainsi que les intérêts et les connaissances des régions. Les provinces et les territoires sont tous invités à participer. Il y a déjà une masse critique de provinces et de territoires, y compris la Colombie-Britannique et l'Ontario, qui se sont dits prêts à participer à la création d'un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières.
Il est ici question de coopération et non pas de compétences. Il s'agit de mettre en place un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières qui permettra une reddition de comptes plus transparente à l'échelle nationale, réduira le chevauchement et le double emploi, renforcera l'application des règlements, répondra mieux aux besoins des investisseurs et contribuera à la stabilité du secteur financier du Canada.
Nous devons aux Canadiens de mettre en place un système qui protège mieux leurs économies. De plus, les faits tendent à montrer que la majorité des députés veulent que cette initiative formidable soit adoptée par le Parlement.
La mise en place d'un organisme national de réglementation a depuis longtemps reçu l'appui des députés du Parti libéral du Canada, plus particulièrement d'éminents libéraux comme le député de , qui est le porte-parole en matière de finances du parti, le député de , qui a été le dernier secrétaire parlementaire libéral du ministre des Finances, ainsi que le député de , qui a été le dernier ministre des Finances libéral. J'aimerais citer les propos du député de Scarborough—Guildwood, qui a dit à la Chambre il y a seulement quelques mois:
Nous avons 13 organismes différents dans treize provinces et territoires différents et Dieu seul sait ce qu'ils font [...] Nous pensons qu'un tel organisme [organisme national de réglementation des valeurs mobilières] est nécessaire. Le gouvernement propose une approche sensée pour remédier au système fragmentaire actuel [...] C'est un pas dans la bonne direction.
La mise en place d'un organisme national de réglementation devrait même obtenir l'appui du NPD. Nous pourrions penser que son appui irait de soi étant donné que des syndicats comme le Congrès du travail du Canada, le Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public et le Syndicat canadien de la fonction publique sont fortement en faveur de cette initiative.
La députée de , qui est la présidente du caucus néo-démocrate et l'ancienne porte-parole en matière de finances du parti, a dit que c'était un objectif louable. Même le chef du NPD a déclaré à la Chambre de commerce de Toronto en janvier qu'il serait en faveur de la création d'un organisme national de réglementation.
Toutefois, il semble que le député d', peut-être dans une tentative de couper l'herbe sous le pied du chef actuel du NPD, se bat contre son propre parti et tente de lui faire changer de position. Il semble qu'il veut se ranger du côté du Bloc et promouvoir des mesures de protection plus faibles pour les investisseurs canadiens en appuyant le maintien de notre système disparate. J'aimerais attirer son attention et l'attention de ses collègues néo-démocrates sur les propos tenus par les mouvements syndicaux canadiens à cet égard. Le Syndicat national des employées et employés généraux du secteur public, par exemple, a récemment dit ce qui suit:
Le Canada est le seul pays du Groupe des Sept à ne pas avoir de surveillant des valeurs mobilières. Il a donc une triste réputation au pays et à l'étranger en matière de lutte contre les crimes économiques et les actes répréhensibles dans ce domaine [...] Cette question est importante pour les travailleurs parce qu'un grand nombre d'entre eux ont besoin de marchés financiers solides pour avoir de bons fonds de pension.
Même s'il y aura peut-être des intervenants après moi, ce débat est, à toutes fins pratiques, terminé depuis longtemps. Le Canada mérite ce qu'il y a de mieux. C'est ce qu'il aura. Nous aurons bientôt un organisme national de réglementation.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, je partagerai mon temps avec ma collègue de . Nous sommes ici aujourd'hui pour débattre d'une motion présentée par le Bloc québécois et qui est la suivante:
Que, de l’avis de la Chambre, la réglementation des valeurs mobilières relève de la compétence exclusive du Québec et des provinces et qu'en conséquence, le gouvernement fédéral devrait définitivement renoncer à l'idée de créer un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières à l'échelle du Canada, respectant ainsi la volonté unanime de l'Assemblée nationale du Québec.
Ce n'est pas la première fois que l'on discute en cette Chambre de la réglementation unique des valeurs mobilières qui nous est présentée par le Canada. Il y a plus de 40 ans que l'on en discute. Depuis 40 ans, le Canada veut se doter d'une réglementation unique, d'une seule entité réglementaire en matière de valeurs mobilières. On sait très bien qu'il s'agit de l'offensive du gouvernement conservateur que de la mettre en place. En 2003, les libéraux y avaient déjà pensé. Ils ont alors créé un comité d'experts afin d'étudier la possibilité de mettre en place une seule agence réglementaire au Canada. Au départ, il s'agit donc du voeu des conservateurs, mais aussi de celui des libéraux. C'est extrêmement important de se rappeler cet élément dans le débat d'aujourd'hui.
Le gouvernement ontarien n'a jamais eu son propre système de réglementation des valeurs mobilières. Il a toujours été seul de son côté à ne pas en avoir, alors que toutes les provinces canadiennes ont une réglementation provinciale en matière de valeurs mobilières. En 2005, le gouvernement ontarien a donc mandaté un groupe d'experts afin qu'il étudie les avantages d'un système de réglementation unique en matière de valeurs mobilières. Évidemment, le rapport qu'a produit ce groupe d'experts est venu valider les arguments ontariens en faveur d'une commission unique des valeurs mobilières.
Le budget fédéral de 2006 a repris cette idée. Le ministre des Finances de l'époque annonçait que le gouvernement allait s'engager à travailler de concert avec les territoires et les provinces en vue de mettre sur pied un organisme commun de réglementation des valeurs mobilières. Il a réaffirmé cette position en novembre 2006 dans sa mise à jour économique ainsi que dans le budget de 2007. Par suite d'une réunion des ministres responsables des valeurs mobilières, le ministre des Finances annonçait qu'il mettrait sur pied un groupe de travail qui, en 2007, devait étudier les avantages d'une réglementation unique canadienne sur les marchés de capitaux mondiaux.
Or, en septembre 2007, voilà que le mandat du groupe de travail a été modifié de sorte qu'il devait se pencher sur la manière d'implanter un organisme de réglementation unique plutôt que de se pencher sur l'efficacité du système actuel. On s'est fait avoir, d'une certaine façon. Les conservateurs ont modifié le mandat du comité. Ils ont tranquillement fait leur chemin et ouvert des portes. Nous les regardions aller croyant en ce gouvernement, en la justice et en l'honnêteté de ce dernier.
Le 21 février 2008, le a confirmé son intention de changer le mandat de ce groupe de travail pour que celui-ci se concentre sur l'élaboration d'un modèle de projet de loi afin de créer une commission unique des valeurs mobilières. Le budget de 2008 est venu confirmer l'intention de ce gouvernement conservateur de mettre en place une commission unique des valeurs mobilières.
Entre-temps, l'Assemblée nationale du Québec, tous les députés et ministres confondus du gouvernement québécois, dénonçaient unanimement, tous ensemble, cette initiative du gouvernement fédéral et adoptaient une motion en ce sens qui disait:
Que l'Assemblée [nationale] demande au gouvernement fédéral de renoncer à son projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne.
Il faut bien spécifier que les pouvoirs en matière de valeurs mobilières appartiennent aux provinces. C'est dans la Constitution de 1867. Si le gouvernement actuel décide de créer une commission unique des valeurs mobilières, il vient tout simplement interférer dans la Constitution. Il vient de la changer, il vient de la violer pour son profit, son propre bénéfice.
Le gouvernement conservateur fait fi de la motion unanime des députés du Québec et son va réitérer son intention, dans la mise à jour économique et financière de novembre 2008, de mettre en place cette commission unique des valeurs mobilières.
À ce moment-là, pas plus tard qu'en janvier 2009, l'Assemblée nationale a adopté une deuxième motion où elle demandait qu'on cesse de vouloir établir une commission unique des valeurs mobilières. L'Assemblée nationale disait ceci:
Que l'Assemblée nationale réitère sa ferme opposition au projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne.
Finalement, le ministre, toujours en douce, a débloqué 150 millions de dollars afin de mettre en oeuvre son projet de commission pancanadienne, indépendamment de la Constitution et des champs de compétence du Québec et des provinces.
Le projet de loi de mise en oeuvre du budget 2009, présenté par les conservateurs et appuyé — j'insiste — par les libéraux, vient débloquer les sommes nécessaires à la mise en oeuvre de cette autorité unique.
Pour que le monde comprenne bien, les valeurs mobilières sont des titres négociables, interchangeables. Ce sont des titres qui peuvent être cotés à la Bourse. Il y a deux grandes catégories de titres: des actions et des obligations. Il en existe d'autres, comme des certificats d'investissement ou des bons de souscription. Ce commerce des valeurs mobilières au Québec est réglementé présentement par le Québec. Il est réglementé aussi par les autres provinces. Au Québec, c'est l'Autorité des marchés financiers qui voit à la réglementation de ces valeurs. Les autres provinces et le Québec font des affaires ensemble. Ils s'échangent la possibilité d'actions et d'obligations par un système de passeports.
Quand le secrétaire parlementaire nous disait tout à l'heure que cela ne marchait pas, ce n'est pas vrai, cela fonctionne très bien. La Banque mondiale et l'OCDE nous ont même félicité à ce sujet. Donc, on a l'Autorité des marchés financiers au Québec qui sert à appliquer les règles du jeu en matière de processus par lequel une entreprise va émettre des actions ou des obligations.
Tout à l'heure, j'entendais une députée, qui ne doit pas tellement connaître le sujet, poser une question sur le papier commercial. Elle demandait si on avait eu une commission des valeurs uniques pancanadienne, aurait-on pu arrêter la question du papier commercial? Non, parce que cela s'est fait aux États-Unis ou ailleurs dans le monde et cela s'est fait ici. Alors, ce n'est pas une commission unique des valeurs mobilières qui aurait pu empêcher cela.
Il faut dire que l'Autorité des marchés financiers a une voix au plan international. Il faut aussi protéger cela. Le Québec peut négocier avec d'autres pays au niveau international. Si on crée une commission unique des valeurs mobilières, non seulement on ne pourra plus gérer notre argent comme on veut, mais en plus on interfère dans un champ de compétence du Québec et on lui coupe sa voix au plan international.
Il va falloir que les libéraux et que les députés conservateurs du Québec y pensent bien comme il faut. On vient couper les ailes au Québec. C'est ce qu'on veut, j'imagine? C'est clair comme de l'eau de roche.
Dans mon esprit, on veut tout simplement tasser le Québec. On ne veut plus qu'il ait de voix sur la scène internationale.
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Monsieur le Président, la motion du Bloc québécois déposée ici aujourd'hui veut faire toute la lumière sur un enjeu très important qui aura des conséquences sur l'Autorité des marchés financiers au Québec et sa survie.
J'ai bien entendu les discours des différents députés du Parti conservateur qui ont pris la parole. On ne semble pas comprendre les répercussions qu'aurait une telle mesure au Québec et dans les autres provinces. Tout à l'heure, un député du NPD a parlé du Manitoba, qui a sa propre réglementation sur le marché des valeurs mobilières.
On voit bien que ce débat interpelle à la fois les libéraux et les conservateurs. Ce n'est pas la première fois que les libéraux essaient de créer une commission unique des valeurs mobilières pancanadienne, et c'est repris par les conservateurs. On dit souvent que les libéraux et les conserveurs, en ce qui concerne certains enjeux du Québec, c'est bonnet blanc, blanc bonnet, et qu'ils cherchent la centralisation. L'enveloppe ou l'emballage sont peut-être un peu différents.
L'emballage du Parti conservateur consiste à dire qu'il comprend le Québec et qu'il reconnaît la nation québécoise, mais en même temps, il ne donne pas au Québec ce qu'il voudrait.
Les libéraux, de leur côté, centralisent aussi. Ils disent reconnaître le Québec et sa nation, mais en même temps, ils ne veulent pas en donner plus au Québec et ils ne veulent pas faire de traitements de faveur. Or nous ne voulons pas de traitements de faveur, nous voulons être respectés et qu'on respecte les consensus qui se votent à l'Assemblée nationale du Québec.
On ne peut pas étiqueter le Bloc québécois parce qu'il est le seul à demander qu'on respecte la façon de faire des commissions des valeurs mobilières du Québec, ainsi que des autres provinces, il faut le dire.
On voit bien là que le Parti conservateur et les libéraux logent à la même enseigne, peu importe le chef et peu importe l'enjeu mis sur la table. Aujourd'hui, on demande de respecter le fait que:
[...] la réglementation des valeurs mobilières relève de la compétence exclusive du Québec et des provinces et qu'en conséquence, le gouvernement fédéral devrait définitivement renoncer à l'idée de créer un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières à l'échelle du Canada, respectant ainsi la volonté unanime de l'Assemblée nationale du Québec.
Cela dépasse l'étiquette politique d'un enjeu important.
Je vais faire une courte récapitulation de l'historique de cet enjeu. Ce n'est pas d'aujourd'hui que l'enjeu d'une commission des valeurs mobilières pancanadienne est débattu ici en cette Chambre puisqu'il refait surface de façon périodique.
En 2003, les libéraux avaient aussi créé un comité d'experts chargé d'étudier la possibilité de mettre en place une seule commission des valeurs mobilières. En 2006, malgré leurs beaux discours d'ouverture envers le Québec, comme je le disais tout à l'heure, lors de la campagne électorale de janvier au terme de laquelle ils sont arrivés au pouvoir, les conservateurs ont repris cette idée. On disait qu'on s'engageait à travailler avec les provinces et les territoires. C'était pendant l'élection, mais après l'élection, c'était devenu une toute autre histoire et on tenait un tout autre discours.
En 2007, le annonce en grande pompe qu'il mettra sur pied un comité de travail, chargé de voir au résultat, au principe et aux mesures de rendement qui encadreraient le mieux la réglementation des valeurs mobilières et la recherche d'un avantage canadien sur les marchés des capitaux mondiaux.
Dans son budget de 2008, le gouvernement conservateur manifeste encore la même intention. Il récidive donc afin de créer une commission unique des valeurs mobilières pancanadienne. À partir de là, un groupe d'experts a été mandaté par le ministre pour rédiger un projet de loi en ce sens.
On sait maintenant que le budget de 2009 comprend les sommes nécessaires à la création d'une autorité des marchés financiers unique et les dispositions législatives en ce sens. Faut-il rappeler, encore une fois, que les libéraux semblent favorables à la voie prise par le du gouvernement conservateur?
Aussi, on est à même de constater ce que valent les beaux discours creux de ce gouvernement. Il dit q'il est en faveur d'un fédéralisme d'ouverture et qu'il veut respecter les provinces. Or, en réalité, il ne se gêne pas, non seulement pour violer les compétences constitutionnelles du Québec et des provinces, mais aussi pour aller à l'encontre de la volonté unanime du Québec, qui s'oppose à la création d'une telle commission unique des valeurs mobilières pancanadienne.
À deux reprises, le 16 octobre 2007 et le 15 janvier 2008, l'Assemblée nationale du Québec a adopté à l'unanimité une motion exprimant clairement son opposition à la création d'une autorité des marchés financiers pancanadienne. Est-ce assez clair? Il s'agit d'une volonté unanime de tous les partis confondus, soit le Parti libéral du Québec, l'ADQ et le Parti québécois. Les souverainistes ne sont pas les seuls à le souhaiter. Que doit-on faire pour qu'une motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec soit respectée par le gouvernement conservateur?
Dans cet enjeu, les libéraux et les conservateurs démontrent la même vision centralisatrice, soit ce même je-m'en-foutisme, quant au respect des compétences du Québec et des provinces, malgré leurs voeux pieux en campagne électorale. On voit bien qu'autant les libéraux que les conservateurs se foutent de la Constitution de 1867. À l'instar de l'ensemble des députés siégeant à l'Assemblée nationale du Québec, le peuple québécois s'oppose à cette création d'une commission unique des valeurs mobilières.
Nous portons justement aujourd'hui en cette Chambre ce consensus québécois qui repose sur plusieurs arguments. On dit qu'on est ici pour défendre les intérêts du Québec et les consensus de l'Assemblée nationale du Québec. Or il est clair aujourd'hui que l'on est cohérents. On défend la même volonté de voir aux intérêts du Québec.
La réglementation en matière des valeurs mobilières est une compétence du Québec exclusive aux provinces. Cela scellera peut-être le sort de l'Autorité des marchés financiers du Québec ainsi que des commissions des valeurs mobilières des autres provinces qui siègent en leur nom et qui peuvent prendre la parole à l'Organisation internationale des commissions de valeurs. Avec une commission des valeurs mobilières unique, on nous dit que les provinces auront le droit d'avoir une voix et qu'elles pourront se faire entendre. Je ferais un lien avec l'UNESCO. On a dit que le Québec aurait une place à l'UNESCO. Ce n'est pas un siège que l'on a à l'UNESCO, mais plutôt un strapontin où le Québec n'a même pas le droit de parler de sa propre voix. Qu'adviendra-t-il si le Québec n'est parfois pas en accord quant à l'orientation que voudra donner cette commission unique? On fera comme on fait avec le comité sur la diversité culturelle à l'UNESCO et on dira au Québec de se taire, de s'asseoir sur son strapontin et, surtout, de ne pas faire de vagues.
Il y a donc de quoi être inquiets. On sait très bien que l'Autorité des marchés financiers du Québec est présentement celle qui a la parole à l'Organisation internationale des commissions de valeurs pour le Québec. Il est du droit de chacune de ces provinces de pouvoir se représenter sans intermédiaire au sein de cette organisation. Le Québec et les provinces doivent conserver cette voix qui leur appartient à l'échelle internationale. Si le gouvernement était honnête quand il parle de fédéralisme d'ouverture, il comprendrait ce que cela veut dire.
Le régime actuel fonctionne efficacement et repose sur un système de passeport qui fonctionne très bien. Il permet une approche coordonnée dans l'application des lois et une protection uniforme des investisseurs. On dit que les provinces ont opté pour ce système de passeport. Je vois dans une note que l'Ontario ne fait pas partie de cette entente. Maintenant, on veut faire une commission unique des valeurs mobilières pour aller la placer en Ontario. Cette province fait justement bande à part et serait récompensée d'avoir fait bande à part pendant tant d'années. Pourtant, l'existence de notre réglementation est louangée partout dans le monde. L'Union européenne s'inspire justement du modèle qui existe présentement en ce qui a trait au système de passeport où chacune des provinces peut aménager certaines priorités et manières de faire. Maintenant, on ne pourra plus gérer de cette façon.
J'aimerais que les collègues d'en face nous répondent. Si cela fonctionne si bien et si, ailleurs dans le monde, on trouve que le système qui existe aujourd'hui au Canada est bien fait et qu'il rapporte, pourquoi vouloir changer la donne?
La Constitution du Canada ne prévoit pas explicitement des questions telles que la réglementation des valeurs mobilières. Il ne serait donc pas prudent de faire d'importants réaménagements au système pour que ceux-ci soient par la suite contestés et invalidés par les tribunaux.
Voter pour cette motion, c'est présumer qu'il s'agit d'un domaine de compétence exclusivement provinciale. Voter contre elle, c'est présumer qu'il s'agit d'un domaine de compétence fédérale. Le Parti libéral ne présumera rien tant que la Cour suprême ne se sera pas prononcée.
Les lois régissant les valeurs mobilières du Canada et partout dans le monde ont deux objectifs principaux: protéger les investisseurs et veiller à ce que les marchés financiers soient efficaces, justes et transparents. Les divergences de réglementation entre les provinces pour ce qui est de la divulgation et de l'échange d'informations entre les entreprises et les investisseurs peuvent fausser les marchés et augmenter les risques chez les investisseurs —, deux conséquences indésirables pour la stabilité et la compétitivité économique.
Généralement, les organismes de réglementation des valeurs mobilières gèrent quatre domaines importants: la constitution de capitaux par la vente de valeurs mobilières, telles que les placements privés et les placements initiaux; la transparence des entreprises et la divulgation continue des informations pertinentes pour l'investissement; l'application de la réglementation des valeurs mobilières et la prévention des comportements trompeurs ou frauduleux; les qualifications des négociants en valeurs mobilières; leur bonne réputation et leur agrément.
Actuellement, l'Alberta, le Manitoba et le Québec s'opposent à l'idée d'un organisme de réglementation unique. Par contre, l'Ontario et la Colombie-Britannique y sont favorables. En octobre 2007, l'Assemblée nationale du Québec a adopté à l'unanimité une motion demandant au gouvernement d'abandonner son projet de commission nationale de réglementation des valeurs mobilières. Un des arguments présentés par les provinces est le fait que le contrôle des valeurs mobilières est une responsabilité provinciale d'après le paragraphe 92(13) de la Constitution sur la propriété et les droits civils. Le gouvernement fédéral ne devrait donc pas s'en mêler.
D'après la réglementation actuelle, les valeurs mobilières au Canada sont assujetties aux directives de plus de 13 autorités provinciales et territoriales, ce qui sème la confusion et freine les investissements dans les entreprises canadiennes.
Contre le système actuel, pour les entreprises qui tentent d'attirer des capitaux, il est très cher de se conformer à toutes les réglementations provinciales. Cela nuit particulièrement aux petites entreprises, croit-on, puisque les coûts fixes de mise en norme sont proportionnellement plus élevés pour ces dernières. Le temps est aussi un facteur important dans la constitution des capitaux, et la conformité aux multiples réglementations provinciales retarde le début des négociations. Les investisseurs des provinces les moins peuplées peuvent se voir refuser certains investissements puisque certaines entreprises ne traitent que dans les provinces les plus importantes. À cause des disparités et des particularités des réglementations actuelles, il est difficile de veiller à la mise en oeuvre. Il faudrait y consacrer plus de moyens.
Afin de répondre aux critiques, toutes les provinces et tous les territoires, sauf l'Ontario, ont créé les Autorités canadiennes en valeurs mobilières, un forum permettant aux organismes de réglementation des valeurs mobilières de coordonner et d'harmoniser le système de réglementation au Canada. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont mis en place avec succès de nombreuses initiatives, notamment un régime de passeports pour un accès par guichet unique et la possibilité de participer à tous les marchés des capitaux régionaux.
Le 17 mars 2008, le régime de passeports en valeurs mobilières est passé à la prochaine étape, et tout prospectus approuvé dans une province va être reconnu dans toutes les autres provinces, sauf l'Ontario. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont aussi mis sur pied un système électronique de données, d'analyses et de recherches pour divulguer l'information et un système d'inscription national simplifié pour les négociants en valeurs mobilières. Selon un sondage Ipsos-Reid, mené en 2004, 75 p. 100 des professionnels financiers qui y ont participé étaient en faveur d'un organisme national de réglementation. En 2006, le groupe d'experts Crawford, mandaté par le gouvernement de l'Ontario pour étudier la réglementation des valeurs mobilières, a recommandé l'adoption d'un organisme commun de réglementation des valeurs mobilières.
Le gouvernement a inclus la création d'un organisme national de réglementation dans son discours du Trône du 19 novembre 2008. À l'époque, le a proposé de permettre une exemption pour les provinces qui s'opposaient au projet, dont le Québec.
En janvier dernier, le groupe dirigé par M. Hockin a publié un rapport de 100 pages dans lequel il proposait la création d'un organisme décentralisé unique de réglementation des valeurs mobilières afin que le Canada protège mieux les investisseurs et s'intègre mieux dans le marché mondial.
Cependant, malgré une certaine reconnaissance des compétences provinciales en la matière et la promesse de maintenir une présence dans tout le pays, les ministres des Finances de l'Alberta, du Manitoba et du Québec se sont immédiatement opposés au projet. Ils ont menacé de poursuivre le gouvernement fédéral en justice s'ils perdaient leur autorité sur la réglementation dans le domaine. La Colombie-Britannique a officiellement appuyé le projet.
Notre position est claire. Avant d'aller de l'avant avec une commission des valeurs mobilières pancanadienne, nous devrions référer cette question à la Cour suprême afin de déterminer si c'est constitutionnellement possible. Cependant, nous ne pouvons pas appuyer sans réserve la motion d'aujourd'hui. Il n'est pas certain qu'une telle institution ne servirait pas mieux les intérêts économiques des investisseurs. C'est ce qui devra être déterminé si la Cour suprême décide que la Constitution permet la mise en place d'un tel organisme de réglementation.
Je suis d'accord avec ma collègue du Bloc québécois pour dire que le s'y prend mal pour moderniser et rendre plus efficace la réglementation des valeurs mobilières au pays afin de rendre nos marchés plus attrayant pour les investisseurs et les sociétés émettrices. Mais au nom de quelles spécificités culturelles les règles concernant la vente et l'achat d'actions et d'obligations devraient-elles être absolument différentes au Québec? Il n'y a pas de complot du reste du Canada pour déposséder le Québec de ces centres de décisions boursiers. D'ailleurs, de toute évidence, une nouvelle commission des valeurs mobilières devrait forcément avoir des bureaux à Montréal pour être présente sur le terrain et suivre l'évolution des divers courtiers sous sa surveillance.
Je ne suis pas ici pour appuyer la décision du gouvernement, mais tout simplement pour dire que le gouvernement a failli en ne prenant pas ses responsabilités de référer cette question à la Cour suprême.
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Monsieur le Président, je vais y aller par étapes. Lorsque le gouvernement a décidé de faire effectuer des études pour avoir une commission des valeurs mobilières pancanadienne, évidemment, l'Assemblée nationale du Québec a réagi très fortement et il y a eu un débat à ce sujet. Elle a adopté une motion unanime, c'est-à-dire venant de tous les partis politiques: les libéraux du Québec, qui sont au pouvoir, et les péquistes. Elle a présenté cette motion le 16 octobre 2007. Je vais lire la motion:
Que l'Assemblée [nationale] demande au gouvernement fédéral de renoncer à son projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne.
L'Assemblée nationale a aussi réitéré son opposition le 15 janvier 2009, par l'entremise d'une seconde motion unanime qui réclamait qu'elle réitère sa ferme opposition au projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne.
Si l'Assemblée nationale, par deux occasions, a déposé une motion en ce sens, c'est qu'elle voulait protéger son système de valeurs mobilières, ce qui est tout à fait raisonnable et normal. Pourquoi veut-on une commission des valeurs mobilières pancanadienne alors que cela existe déjà dans les provinces? C'est à n'y rien comprendre. Ce qu'on nous envoie comme message, c'est qu'on veut centraliser.
Il n'est pas souhaitable que ce soit centralisé. Les valeurs mobilières, cela fonctionne très bien au Québec, cela fonctionne dans d'autres provinces. On a entendu des intervenants de différents partis politiques qui nous ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis des valeurs mobilières dans leur propre province. On a un gouvernement centralisateur qui veut tout changer et qui veut nous amener des valeurs mobilières pancanadiennes, donc qui veut tout contrôler: notre économie au Québec, l'économie des autres provinces, les investissements. C'est vraiment inacceptable.
On n'aura plus de pouvoir chez nous, parce que le gouvernement prend toutes les décisions. On nous envoie cependant des messages contradictoires. On nous annonce qu'on est une nation dans un pays uni. Fantastique! Qu'est-ce que cela signifie pour les Québécois? Cela ne veut absolument rien dire. On nous dit qu'on a un siège à l'UNESCO. Ce n'est pas un siège qu'on a, c'est une chaise pliante derrière, et il faut dire la même chose que ce que dit le Canada. C'est exactement cela qu'on a, un petit tabouret pour le Québec derrière les représentants canadiens. Ce n'est pas vrai qu'on a une place à l'UNESCO, qu'on a un vrai droit de parole et on va le voir. Il y a une réunion présentement, on va voir ce qui se passe exactement. On va voir si c'est vrai qu'on nous donne un vrai droit de parole, on va voir si on va nous permettre d'être en désaccord avec le gouvernement fédéral. On verra dans les prochaines semaines comment cela se passera. C'est inacceptable.
Je vais lire une lettre, et je pense que c'est important. Je sais que je n'ai pas beaucoup de temps, mais c'est important, parce que c'est l'ex-ministre des Finances qui l'a écrite et elle l'a adressée au ministre des Finances actuel. C'est une lettre fort importante concernant les valeurs mobilières. Je la lis:
J’ai pris connaissance de la nomination de votre groupe d’experts chargé de formuler des conseils et des recommandations au sujet de la réglementation des valeurs mobilières au Canada.
Je tiens d’abord à vous réitérer que le système d’encadrement actuellement en place au Canada fonctionne adéquatement et répond à la fois aux besoins des participants pancanadiens et aux intérêts des diverses régions. Je vais donc continuer à m’opposer à la mise en place de tout modèle qui conduirait à la concentration des responsabilités de surveillance des marchés entre les mains d’une commission commune ou unique, peu importe comment vous pourriez la désigner.
Le régime de passeport que les provinces et territoires participants sont à mettre en place constitue une initiative d’importance et sans précédent pour simplifier encore davantage la vie des participants pancanadiens, dans une démarche de coopération entre les provinces et territoires, tout en leur permettant de continuer à veiller à leurs intérêts locaux. [Nos intérêts sont tous différents, elle le dit dans sa lettre.] Le refus systématique de voir les avantages d’un tel système m’amène à me demander si toutes ces manoeuvres visent véritablement à mieux protéger le public.
À ce sujet, je dois vous indiquer que le gouvernement fédéral ferait oeuvre bien plus utile s’il s’efforçait, dans ses champs de compétence, à améliorer la lutte aux crimes économiques plutôt que de tenter de s’imposer dans un champ de compétence exclusive des provinces.
Étant donné les résultats pour le moins mitigés qu’il a obtenus dans la lutte aux crimes économiques, malgré les sommes dépensées, le gouvernement fédéral m’apparaît ne pas suffisamment assumer ses compétences, notamment en matière de droit criminel.
Pour ce qui est du groupe d’experts lui-même, je constate que vous avez fait fi des propositions qui vous ont été faites par le Conseil provincial-territorial des ministres responsables de la réglementation des valeurs mobilières. Je crois qu’en ce faisant, vous avez manqué une bonne occasion d’obtenir un éclairage qui vous aurait permis de mieux comprendre le point de vue des provinces et territoires. Je ne vois malheureusement pas ce qu’un autre groupe, dont les conclusions nous semblent prévisibles, pourra apporter de neuf au débat que vous entretenez.
Croyez-bien que je regrette de vous voir investir vos efforts et votre bonne volonté, dont je ne doute aucunement, dans un projet si mal avisé alors que vos énergies pourraient être mises à profit de manière plus productive.
Cette lettre a été écrite par l'ancienne ministre des Finances du Québec, une ministre du Parti libéral. C'est donc une fédéraliste. Or on voit très bien qu'elle est entièrement contre cela, parce que cela va vraiment à l'encontre de nos champs de compétence, de notre achat local, du développement économique du Québec et de tout le travail qui se fait déjà.
De plus, on parle encore de redoublement. Les redoublements épuisent et coûtent cher en temps de crise économique, comme celle qu'on vit actuellement. Cela coûte une fortune. On n'a pas besoin d'investir dans cela à l'heure actuelle; on n'a pas besoin de gaspiller les deniers publics, l'argent de monsieur et madame tout le monde, qui sont présentement au chômage et qui connaissent des difficultés financières, pour créer une commission pancanadienne. Cela n'a pas de sens. Cela n'a pas d'allure. Les provinces et les territoires ont déjà un système admiré et respecté sur la scène internationale. Notre système de passeports, etc., s'est classé deuxième au monde et fonctionne bien.
On s'est donné un système qui fonctionne bien, mais le gouvernement conservateur, avec ses gros sabots, vient carrément saboter le travail qu'on a mis des années à réaliser afin de construire au Québec et dans chacune des provinces et chacun des territoires, des valeurs mobilières qui fonctionnent bien. Je vois la position du gouvernement conservateur et, encore une fois, il est prêt à outrepasser ses compétences.
Il ne me reste qu'une minute. C'est dommage qu'on m'ait coupée au début, j'aurais eu un peu plus de temps d'allocution.
On se battra contre cela. Je vois que les libéraux ont décidé de s'abstenir, alors qu'à l'époque, ils voulaient eux-mêmes changer le système. Un vent positif fera peut-être que notre motion sera adoptée. Je l'espère. Le NPD nous appuiera. Des députés néo-démocrates l'ont eux-mêmes mentionné tantôt. Certains libéraux nous appuieront peut-être.
En terminant, je souhaite simplement dire que j'ai parlé à certains députés libéraux qui m'ont dit être favorables à l'achat local et au développement local. Or cette motion est la base même de l'achat local. Elle permet de gérer nos choses localement, plutôt que de voir une commission des valeurs mobilières pancanadienne décider pour nous, chez nous, de ce qu'on doit faire.
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Monsieur le Président, c'est avec beaucoup d'intérêt que je prends la parole aujourd'hui sur la motion d'opposition du Bloc québécois.
Le sujet que nous débattons aujourd'hui est très important pour le Québec car il dénonce l'obstination, je dirais même l'obsession, du gouvernement fédéral qui, avec l'appui des libéraux en cette Chambre, veut imposer une commission unique des valeurs mobilières en dépit de l'opposition claire et unanime de l'Assemblée nationale du Québec. Je parle d'appui des libéraux parce que si ceux-ci ne votent pas, on n'a qu'à faire le compte pour savoir que les conservateurs seront suffisamment nombreux pour battre le Bloc et le NPD mis ensemble. En ne votant pas, les libéraux votent contre la motion et laissent faire ce gouvernement ce qu'il veut dans le domaine des valeurs mobilières.
La motion déposée par le Bloc exige que les conservateurs et les libéraux renoncent définitivement à créer un organisme national de réglementation. Ce n'est pas d'hier que le gouvernement fédéral, libéral ou conservateur, souhaite regrouper à Toronto les activités en matière d'administration financière de l'ensemble du Canada, alors qu'il s'agit d'une responsabilité constitutionnelle appartenant au Québec. Ce champ de compétence nous appartient, et cela a été clairement défini dans la Constitution canadienne.
Depuis plus de 40 ans, l'idée de doter le Canada d'une seule entité réglementaire en matière de valeurs mobilières refait surface sporadiquement. Je ne comprends pas qu'en période de crise économique et de récession, on veuille faire une refonte structurelle d'un système qui fonctionne très bien. Le Fonds monétaire international et l'OCDE considèrent que le marché actuel des valeurs mobilières est le deuxième meilleur au monde. Pourquoi le refaire? Ce gouvernement n'a-t-il pas d'autres choses à faire dans les prochaines semaines? Le dossier des isotopes, par exemple, pourrait sûrement être sujet à quelques débats ou investissements d'énergie.
Au lieu de cela, le gouvernement va à l'encontre des députés du Québec et d'une motion unanime de l'Assemblée nationale du Québec. L'ensemble des acteurs économiques le disent: la commission des valeurs mobilières appartient au Québec. On ne veut pas décentraliser toutes nos valeurs mobilières à Toronto, qui aura alors le pouvoir de gérer nos entreprises québécoises. Cela va à l'encontre de nos valeurs québécoises et de notre autonomie financière et économique. En période de récession, il est important de maîtriser l'ensemble de nos leviers économiques et d'avoir la gestion de nos valeurs mobilières. C'est indispensable.
Cette volonté du fédéral de s'imposer dans un champ de compétence du Québec vise également, et j'en suis convaincu, à limiter encore une fois les choix et capacités d'action du gouvernement du Québec ainsi qu'à affaiblir son pouvoir économique pour mieux l'anéantir. Le Québec dit toutefois non. À deux reprises, l'Assemblée nationale du Québec a voté contre cette proposition du gouvernement conservateur. Le Bloc québécois se tiendra debout et fera en sorte que cette proposition ne soit pas adoptée. Heureusement que le Bloc québécois est là. Les députés conservateurs et libéraux du Québec vont à l'encontre de motions unanimes votées à l'Assemblée nationale du Québec, soit des personnes qu'ils représentent. C'est honteux. Heureusement que le Bloc est ici pour défendre le Québec. On le voit encore une fois aujourd'hui.
Enfin, il ne faut pas oublier que la création d'un organisme commun de réglementation mettrait en péril la survie des activités boursières à Montréal et favoriserait encore plus la concentration du marché financier à Toronto. Les députés du Québec sont-ils conscients de ce qu'ils font en votant comme leur gouvernement?
Comme je l'ai mentionné, ce n'est pas d'hier que le gouvernement fédéral souhaite créer une commission unique, mais nous avons toujours réussi à faire reculer le gouvernement sur ce type de proposition.
Toutefois, ce souhait s'est manifesté de façon très éloquente dans le budget de 2008 lorsque le a répété à nouveau qu'il avait la ferme intention de présenter un projet de loi afin de créer un organisme unique de réglementation.
Pour atteindre cet objectif, le ministre a confié au groupe d'experts un mandat très clair. Lorsque les travaux ont débuté le 21 février 2008, le a orienté les travaux du comité de manière très inquiétante en déclarant que le comité devra mettre au point un modèle de projet de loi commune sur les valeurs mobilières.
Clairement, en allant de l'avant avec un projet de loi, le gouvernement a décidé d'aller à l'encontre de la volonté unanime de l'Assemblée nationale qui avait dénoncé unanimement cette initiative du gouvernement fédéral, tous partis confondus. C'est une démocratie au Québec. Trois partis étaient là. L'Action démocratique du Québec n'est pas le Parti québécois. Il n'a pas les mêmes visées politiques. Les libéraux, qui sont des fédéralistes, sont contre cette proposition du gouvernement conservateur d'avoir une commission pancanadienne des valeurs mobilières. Par conséquent, pourquoi aller de l'avant avec cette proposition?
Le rapport du groupe conseil proposait à l'époque, comme prévu, la mise en place de cette commission. De plus, il prévoit un mécanisme qui permettrait aux entreprises d'outrepasser les lois adoptés par l'Assemblée nationale du Québec en leur autorisant à travailler directement avec l'organisme pancanadien.
Bref, ce rapport est en soit la volonté des conservateurs et des libéraux d'imposer cette commission unique malgré les objections légitimes du Québec.
Face à l'entêtement des députés fédéraux libéraux et conservateurs — le fait que les libéraux ne voteront pas sur cette proposition exprime une position —, l'Assemblée nationale du Québec a réitéré de nouveau son opposition le 15 janvier 2009, peu avant le dépôt du budget fédéral 2009, par une seconde motion unanime qui affirmait son opposition à la démarche du fédéral.
Pourtant, le gouvernement conservateur, lors du dépôt du budget 2009, a débloqué, en période de crise, 150 millions de dollars afin de mettre en oeuvre ce projet de commission pancanadienne. On n'a pas d'argent pour les chômeurs, on n'a pas d'argent pour le secteur manufacturier ou forestier, mais on a de l'argent pour investir dans un champ de compétence qui appartient aux provinces et au Québec.
Pour terminer, cette volonté fédérale de vouloir s'imposer dans un champ de juridiction du Québec vise également, et j'en suis convaincu, à limiter encore une fois les choix et capacités d'action du gouvernement du Québec. Le Bloc québécois est là pour empêcher cela. Enfin, il ne faut pas oublier que la création d'un organisme commun de réglementation vient remettre en péril la survie de nos activités boursières. Comme je l'ai déjà mentionné, ce n'est pas d'hier que le gouvernement fédéral veut faire cela. Ce n'est pas d'hier qu'un gouvernement fédéral, libéral ou conservateur, souhaiterait regrouper à Toronto pour l'ensemble du Canada des activités en matière d'administration financière, alors qu'il s'agit d'une responsabilité constitutionnelle du Québec.
Pour les libéraux et les conservateurs, cela répond simplement à un objectif commun, soit celui de donner au Parlement fédéral l'ensemble des grands pouvoirs économiques afin d'assurer au gouvernement central une plus grande liberté d'action. Contre cela, le Bloc est là et nous ne les laisserons faire. C'est une chance que le Bloc québécois est là pour représenter les intérêts des Québécois parce que l'ensemble des députés du Québec du Parti libéral et du Parti conservateur voteront en faveur d'une proposition qui ira à l'encontre des intérêts mêmes des Québécois.
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Monsieur le Président, quelle belle entrée en matière pour mon allocution. Je tiens à vous dire, d'entrée de jeu, que je vais m'opposer vigoureusement à cette motion, qui va à l'encontre des intérêts supérieurs du Québec. Je tiens à vous dire que j'ai écouté quelques allocutions des collègues qui m'ont précédé. Je les invite à faire de même, à m'écouter s'ils le veulent bien. S'ils veulent parler, ils peuvent aller à l'extérieur de la Chambre.
Ce qui m'a frappé dans leur allocution, c'est que, à aucun moment, un député de l'opposition du Bloc québécois n'a dit ce qui était bon pour les entreprises du Québec. C'est cela qui est derrière cette motion. On a oublié quel était l'intérêt des entreprises québécoises. La seule chose à laquelle on pense, c'est l'idéologie bloquiste d'un Québec replié sur lui-même et d'une vision rétrograde du Québec.
Je ne cautionne pas cette vision, je crois en un Québec ouvert et généreux, un Québec qui prend sa place au sein de la fédération canadienne et du monde.
J'en ai des noms d'entreprises qui veulent aller en Bourse: je pense à Rotobec, IPL, Prevost Car Inc., Exceldor, Côté, Knox, Poulies Maska, des entreprises qui ont besoin d'avoir accès à un marché de capitaux, à un marché stable. Pour cela, on fait affaire avec les institutions financières et les grandes banques. Les autres institutions financières, les institutions coopératives, comme le plus grand mouvement coopératif canadien, Desjardins, ont des règles, et c'est notre rôle, comme gouvernement, de les encadrer.
Au fédéral, on a le Bureau du surintendant des institutions financières. Ce cadre réglementaire donne de très bons résultats, à un point tel que, la semaine dernière, à Montréal, on a eu le 15e Forum économique mondial organisé entre autres par Développement économique Canada, qui a soutenu financièrement ce grand rendez-vous planétaire. Qu'est-ce qu'on y a vu? On y a vu le Fonds monétaire international reconnaître que notre système financier était l'un des plus solides de la planète.
Bien sûr, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable et s'asseoir sur nos lauriers. Il est de notre responsabilité d'identifier les points faibles de notre système, de retrousser nos manches et de travailler pour l'améliorer. L'un des points faibles de notre système financier est qu'on a un système de réglementation des valeurs mobilières fragmenté, qui est partagé entre 13 organismes différents.
Bien que le Fonds monétaire international reconnaisse qu'on a un très solide système financier, la lacune qu'il identifie, c'est notre système de réglementation des valeurs mobilières. Cela rejoint la grande majorité des observateurs qui reconnaissent que la meilleure solution réside dans un système de réglementation unique qui applique une loi unique sur des valeurs mobilières. Il faut s'entendre, loin de nous l'idée de créer des crises comme c'est souvent le cas des bloquistes, surtout à Ottawa, qui aiment bien créer des crises. Cela semble même être une de leurs recettes pour mettre un peu le tison dans le brasier.
Une chose est importante parmi tant d'autres. Il s'agit de s'assurer qu'en ce qui concerne la Commission des valeurs mobilières, on a une approche pancanadienne respectueuse des champs de compétence, et en collaboration avec les provinces. C'est donc tout à fait le contraire de ce que nous propose le Bloc québécois et de ce qu'il nous a dit cet après-midi. C'est un point de vue partagé par d'autres provinces. Entre autres, en 2009, dans notre budget, on a insisté sur le fait qu'on souhaitait collaborer avec les provinces et les territoires au sujet d'un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières qui respecte les secteurs de compétence. Vous voyez la différence entre un organisme pancanadien et un organisme fédéral qui respectera les intérêts régionaux et le savoir-faire. Toutes les provinces sont invitées à participer à ce processus de transition vers un organisme pancanadien de réglementation.
Des provinces ont déjà appuyé ce processus. L'Ontario dit que ce serait important pour améliorer la position concurrentielle de l'économie canadienne, mais également, à l'autre bout du pays, la Colombie-Britannique reconnaît la nécessité de travailler en collaboration à ce projet. Le ministre des Finances de cette province, Colin Hansen, a dit au Vancouver Sun que « la Colombie-Britannique estimait que l'objectif d'une réglementation nationale était le bon objectif, la bonne direction ».
Si on veut un régime national de réglementation des valeurs mobilières, c'est pour permettre à nos entreprises d'avoir un vaste accès à un marché de capital. Nous espérons donc qu'au cours des prochains mois, d'autres provinces travailleront en collaboration, saisiront cette main tendue du gouvernement canadien et se joindront au projet, justement parce qu'en période de récession économique, c'est le temps de poser des gestes qui vont avantager nos entreprises manufacturières et les rendre plus compétitives.
Comme on l'a dit, l'Alberta et le Manitoba, entre autres, ont soutenu qu'un organisme unique de réglementation n'était pas nécessaire parce qu'il y avait un passeport. Je suis content de parler du passeport cet après-midi. D'abord, je reconnais que c'est une initiative louable qui a permis d'atténuer des différences réglementaires ainsi que d'harmoniser et de simplifier les lois sur les valeurs mobilières. Les initiatives sont importantes pour accroître l'efficacité et l'efficience du système de réglementation au Canada.
Par ces initiatives, les provinces ont indiqué qu'elles souhaitaient travailler ensemble et collaborer en respectant les champs de compétence en vue d'un engagement clair pour améliorer notre système de réglementation des valeurs mobilières.
Même si ces initiatives sont louables, elles ne vont pas assez loin et pas assez rapidement. On doit faire un pas de plus. En effet, avec le système de passeports, et bien que ce soit un pas dans la bonne direction, il reste encore 13 différentes séries de droit, 13 différentes séries de lois et 13 organismes, et ce pour un seul pays.
Cela ne sert pas bien le marché canadien. On le sait, les entreprises québécoises, manitobaines ou des maritimes sont souvent de petite taille, et les facteurs d'inefficacité réglementaire ont une plus grande incidence proportionnelle sur chacune d'elles puisque les coûts relatifs pour accéder à d'autres marchés sont plus élevés, toutes proportions gardées. La structure des passeports limite donc la capacité qu'ont les petites et moyennes entreprises de profiter de la totalité des marchés financiers du Canada. De plus, elle leur impose des coûts élevés.
Dans sa présentation au Comité d'experts sur la réglementation des valeurs mobilières, l'Association des banquiers canadiens a insisté sur ce point. L'association a signalé que si ces entreprises essayaient de trouver des capitaux dans 13 administrations plutôt que dans une seule, leur coût lié à la réglementation doublerait pour être portée à 16 p. 100 du capital dans le cas d'une entreprise qui cherche à obtenir 1 million de dollars. Pour obtenir 1 million de dollars, il faut donc dépenser 160 000 $ en paperasse. C'est ce que cela dit. C'est 4 p. 100 dans le cas d'une entreprise qui a besoin de 10 millions de dollars. C'est un frein pour nos entreprises manufacturières de petite taille qui cherchent du capital dans un marché plus grand. C'est cela la préoccupation qu'on doit garder en tête lorsqu'on analyse les lois qui sont adoptées ici, à Ottawa, dans l'intérêt du Québec et de tous les Canadiens.
Les entreprises d'autres pays n'ont pas à subir ce fardeau, et cette situation place donc les entreprises québécoises dans une position concurrentielle défavorable sur les marchés mondiaux d'aujourd'hui. C'est ici, à Ottawa, qu'on peut poser des gestes concrets pour aider nos entreprises québécoises.
Janet Ecker, présidente de la Toronto Financial Services Alliance, a déclaré qu'en cette période où le système financier international tout entier est engagé dans une course afin de créer des systèmes de réglementation coordonnés et uniformes, nous n'arrivons pas à créer ici un système national. Elle a aussi dit que si le Canada voulait être pris au sérieux sur la scène financière internationale, il devait se doter d'un système national. Évidemment, les collègues du Bloc se moquent de la compétitivité du Canada sur la scène internationale puisqu'ils sont trop occupés à essayer d'isoler le Québec en le séparant ou à créer des crises politiques.
L'idéologie bloquiste parle souvent du marché commun européen comme d'une belle utopie. Or les Européens cherchent à harmoniser leurs pays souverains nationaux et à abaisser les barrières tarifaires. Présentement, on négocie avec les Européens parce qu'on veut ouvrir nos marchés. On sait que c'est ce qui a permis aux entreprises québécoises, sous un gouvernement conservateur, d'accéder au marché américain et aux marchés de partout au monde. Le porc est exporté au Mexique. Les avions sont vendus en Chine, par exemple. On se rend compte qu'on a besoin d'uniformiser nos façons de faire plutôt que d'ériger des barrières. Il faut baisser les barrières autour du Québec au lieu d'en ériger.
C'est ce qui est important, soit d'avoir un Québec ouvert sur le monde pour qu'il puisse transiger, et cela passe ici, par Ottawa, par des lois fédérales qui sont adaptées, qui respectent les champs de compétence et qui tiennent compte des intérêts du Québec.
Il manque donc au système des passeports un mécanisme national de coordination des activités d'observation de la loi, si bien qu'il est difficile de maximiser les résultats relatifs à cet aspect crucial du système.
Dans sa présentation au comité d'experts, la Banque Royale a mis en relief cette lacune. Ses représentants ont mentionné qu'en raison de ressources insuffisantes et de la difficulté de coordonner les enquêtes entre les nombreux organismes, l'observation de la loi dans le secteur des valeurs mobilières au Canada a été perçue comme étant lente, et qu'elle a surtout été fructueuse quand les participants fautifs déclaraient eux-mêmes l'infraction.
C'est donc une perception qui fait mal au Canada dans l'application de la réglementation dans ce domaine. L'activité commerciale et de mobilisation de capitaux peut facilement se déplacer vers d'autres pays si l'observation de la loi est perçue comme étant inefficace ici.
C'est important aussi comme pays sur la scène nationale. On a vu que le Fonds monétaire international a reconnu que le Canada a été un moteur du G20 et qu'il a contribué à mettre en place des mesures qui aident l'économie mondiale à se sortir de la crise. C'est donc important que le Canada puisse aussi jouer un rôle de leadership au niveau des marchés financiers internationaux.
Selon l'Association canadienne du commerce des valeurs mobilières, une association nationale du secteur, une telle absence nous fait perdre de belles occasions. L'association soutient que l'approbation de nouveaux produits, de nouvelles règles et de nouvelles structures de marché est un processus désuet en raison du consensus qu'il requiert qui entraîne de longs retards.
C'est donc important que le Canada, qui est un seul pays, ait des mécanismes pour faire en sorte que les capitaux puissent circuler à l'intérieur de notre pays de façon adéquate, sans mettre des barrières chaque fois qu'un entrepreneur veut accéder aux capitaux qui sont disponibles dans une autre province.
Un organisme canadien de réglementation permettrait non seulement d'accroître la compétitivité des marchés canadiens, mais faciliterait aussi le développement et la commercialisation de nouveaux produits financiers et l'adaptation à l'évolution de la situation internationale. Et là, on entre justement dans le volet qui est le plus intéressant pour les institutions québécoises.
Certains ont également soutenu qu'un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières constituerait un organisme centralisé qui ne tiendrait pas compte des particularités régionales. C'est notre rôle comme parlementaires ici à Ottawa de faire en sorte que cet organisme pancanadien reflète les disparités régionales et les intérêts régionaux. Par exemple, on peut penser aux investisseurs de l'Atlantique qui ne veulent pas nécessairement aller à Ottawa ou à Toronto pour faire des affaires. Dans l'étude qui a été menée, le bureau de transition a prévu que cet organisme aurait justement une spécificité régionale. Je m'explique.
Le comité d'experts recommande dans son rapport que des bureaux régionaux, provinciaux et locaux soient maintenus et qu'ils viendraient « appuyer les mesures d'application prises à l'échelon local, serviraient de point de contact pour les plaintes au sujet d'actes fautifs de nature réglementaire et fourniraient des services généraux visant à combler les besoins des participants aux marchés locaux et du public. »
On a donc vu dans les médias que les critiques disent qu'un organisme canadien de réglementation ne tiendrait pas compte des secteurs propres à chaque province. C'est tout le contraire, parce que le bureau de transition souhaite justement cette collaboration avec les provinces afin d'établir un marché pancanadien.
Le groupe d'experts recommande que des bureaux locaux soient maintenus dans certaines régions du pays afin de composer avec ces marchés spécialisés. Le rapport précise que la Colombie-Britannique pourrait se spécialiser dans le secteur minier, l'Alberta dans l'industrie pétrolière et gazière, l'Ontario dans le secteur des services financiers et le Québec dans les instruments financiers dérivés.
On pense tout de suite à la Bourse de Montréal, qui a déjà développé un créneau spécifique dans les produits financiers dérivés. On voudrait tout simplement concentrer toutes ces activités à Montréal, au Québec, pour s'occuper de l'ensemble du territoire canadien. On voit donc que le Québec gérerait l'ensemble des instruments financiers dérivés des valeurs mobilières, et on sait qu'il y a là beaucoup de potentiel de croissance. C'est donc le Québec qui rayonnerait par sa spécialité dans ce secteur à l'échelle du pays.
On voit donc que dans l'application de ce système pancanadien, il est important de prendre notre place pour que le Québec puisse justement y jouer pleinement son rôle et y trouver son intérêt.
L'effectif des bureaux régionaux et locaux devrait, à l'origine, être constitué en grande partie des employés des organismes de réglementation provinciaux existants. Il faut reconnaître l'excellence et la compétence des services semblables que l'on retrouve dans toutes les provinces, et en particulier au Québec, afin de conserver les compétences en matière de réglementation et de fournir des services régionaux et locaux ininterrompus.
En ayant des bureaux décentralisés avec de telles spécifications régionales, dans sa nature même, ce système pancanadien tient compte des spécificités propres à notre pays et peut ainsi devenir un excellent outil justement pour avoir un seul système pour le pays et permettre aux entreprises d'avoir un service adapté à leurs besoins lorsqu'elles se rendent à un guichet.
Comme je l'ai mentionné, la récession actuelle a été déclenchée par des problèmes systémiques de l'appareil financier. Dans les derniers mois, le Canada et ses partenaires du G20 ont travaillé très fort afin de rétablir la stabilité financière partout dans le monde. Le monde continue toutefois de ressentir les effets de cette crise financière. Le Canada a tiré des leçons, comme tous les autres pays, selon lesquelles un risque systémique peut provenir de toutes les parties du secteur des services financiers et non seulement du secteur bancaire. On parle donc du marché financier.
Les bloquistes ont malheureusement voté contre le Plan d'action économique du Canada et ils nous ont indiqué qu'ils allaient encore voter contre celui-ci vendredi. Ils aiment mieux aller en élections et distribuer des pamphlets dans les terrains de camping et sur les plages d'Old Orchard au lieu d'investir de l'argent pour que notre économie travaille et que l'on ait des emplois. Voilà la réalité.
Dans son Plan d'action économique, notre gouvernement a adopté une série de mesures visant à renforcer la stabilité financière, notamment l'augmentation des pouvoirs du gouvernement et de la Société d'assurance-dépôts du Canada, ainsi que la mise sur pied d'un bureau de transition chargé de faciliter le passage à un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières auprès des provinces et des territoires participants. On investit donc dans nos structures pour abolir et abaisser les barrières, ce qui fait en sorte que nos entreprises puissent avoir un accès plus large à des capitaux plus importants.
Le fait de réunir à une seule table l'ensemble des intervenants au niveau des réglementations financières permettra d'améliorer la coordination des politiques et l'adaptabilité du cadre réglementaire canadien aux défis mondiaux. Cela nous permettra de mieux cerner les risques qui se profilent à l'horizon et de travailler ensemble à les atténuer.
Loin de constituer une intrusion dans un champ de compétence provincial — j'ai expliqué que l'on travaille en respectant les champs de compétence et dans un esprit qui place les entreprises d'abord —, la mise sur pied d'un organisme canadien de réglementation des valeurs mobilières représente un pas de géant pour les marchés financiers et les investisseurs québécois et canadiens. Tout cela se fait dans le respect des champs de compétence, des intérêts régionaux et du savoir-faire. Il s'agit d'un exemple concret d'un Québec qui se développe et qui joue son rôle au sein de la fédération canadienne dans un Canada uni.
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Monsieur le Président, c'est avec fierté que je prends la parole au nom du Bloc québécois. Je voudrais aussi féliciter l'ensemble de mes collègues qui ont pris la parole. L'ensemble de ces hommes et de ces femmes qui sont les seuls à défendre véritablement les intérêts du Québec dans cette Chambre.
On en a la preuve aujourd'hui par les propos du député conservateur de et aussi par ceux de certains députés du Québec du Parti libéral, qui n'oseront même pas se prononcer sur cette motion capitale pour le Québec. Un autre élément primordial pour mon collègue de et moi-même, c'est de préciser que je partagerai mon temps avec lui. Je ne voulais pas lui enlever la parole et faire en sorte qu'il ne puisse pas s'exprimer sur cette motion aussi importante.
Répétons cette motion rapidement pour que les députés du Québec du Parti conservateur et du Parti libéral puissent clairement comprendre le poids de la responsabilité qu'implique le vote contre cette motion. Elle se lit ainsi:
Que, de l’avis de la Chambre, la réglementation des valeurs mobilières relève de la compétence exclusive du Québec et des provinces et qu'en conséquence, le gouvernement fédéral devrait définitivement renoncer à l'idée de créer un organisme unique de réglementation des valeurs mobilières à l'échelle du Canada, respectant ainsi la volonté unanime de l'Assemblée nationale du Québec.
Quand l'Assemblée nationale du Québec se prononce d'une seule voix, il s'agit, comme je le disais tout à l'heure, de 125 députés du Québec qui disent non. Ils affirment que c'est un champ de compétence du Québec et ils veulent protéger leur système qui existe depuis nombre d'années et qui fonctionne.
C'est en ce sens que 49 députés du Bloc québécois, présents en cette Chambre pour défendre les intérêts du Québec, se prononcent aussi contre cette commission des valeurs mobilières pancanadienne.
Comme je le disais, l'Assemblée nationale est unanime. Les valeurs mobilières relèvent des compétences du Québec et des provinces. J'ai aussi dit tout à l'heure que deux provinces le précisent et veulent garder leurs commissions de valeurs mobilières. La création d'un organisme commun de réglementation viendrait mettre en péril la survie des activités boursières à Montréal et favoriserait la concentration du marché financier vers Toronto.
Je ne sais pas pourquoi les députés conservateurs, dont ceux du Québec, continuent et persistent à dire que c'est la meilleure chose à faire, quand la Banque mondiale et l'OCDE constatent que le système actuel fonctionne bien, qu'il est efficient et performant. L'efficience et l'efficacité ne veulent pas tout à fait dire la même chose. D'ailleurs le Parti conservateur en est la preuve vivante. Il est non efficace et non efficient. L'efficacité signifie de bien faire les choses et l'efficience est de faire les bonnes choses. Il ne sait pas appliquer les bonnes choses et lorsqu'il les applique, il n'est même pas efficace.
Certains députés du Parti conservateur nous ont dit depuis le début de la journée que les députés du Bloc québécois ne connaissaient pas l'économie. Par contre, l'histoire vient appuyer ce que je vais dire. D'année en année, le Bloc québécois a été le seul à dire comment il allait y avoir de surplus, comment les choses allaient réagir et quelles seraient les augmentations au chapitre du développement économique. Si toutes les politiques proposées par le Bloc québécois avaient été appliquées, nous ne serions pas dans cette crise aujourd'hui au Canada et surtout pas au Québec.
Sans aucune prétention et sans blesser l'humilité du député de , notre porte-parole en matière de finances aujourd'hui, ou celle de ceux qui l'ont précédé, que ce soit Paul Crête qui a quitté cette Chambre pour aller nous représenter à l'Assemblée nationale du Québec ou Yvan Loubier, ce sont tous des gens compétents qui connaissent l'économie. Si je le mentionne, c'est aussi pour faire référence au député du . Je suis persuadé que tous savent qu'il a été économiste en chef de la Banque Royale de 1994 à 2000. Il a été professeur d'économie à l'Université McGill, professeur d'économie à l'Université du Québec à Montréal, professeur à l'Université Simon Fraser et professeur à l'Université du Manitoba. Depuis 1976, ce gentil petit monsieur se dit donc économiste. Pendant tout ce temps, qu'a-t-il fait quand il parlait à ses étudiants ou aux chefs d'entreprises? N'a-t-il jamais dit que c'était des compétences du Québec? S'est-il jamais demandé si cela pouvait être changé par le gouvernement? D'ailleurs certains en parlent fortement depuis 40 ans. Depuis 2003, cela a été relancé. Le gouvernement ontarien a même fait faire des études pour appuyer ses arguments en fonction d'un commission unique.
Or, cet après-midi, le député de nous dit qu'il y a une incertitude juridique. Notre argumentaire s'appuie d'abord sur le fait que c'est une compétence du Québec et que, de plus, le système est efficient et performant. Il nous dit donc qu'il y a une incertitude constitutionnelle à l'effet de savoir si c'est de compétence du Québec et des provinces ou non. À cause de cela, le Parti libéral s'abstiendra. C'est complètement aberrant. Des députés libéraux du Québec vont s'abstenir. Un vieux dicton de chez nous disait: « Qui ne dit mot consent ». Dans l'inaction, ils consentent donc à ce que le gouvernement appuie sa politique d'une seule commission des valeurs mobilières pancanadienne. Cela va à l'encontre des intérêts du Québec, à l'encontre de toutes les responsabilités qui sont données à chacune des provinces et au Québec. Cela met le tout en péril. Il ne faut pas se le cacher car les intentions de l'Ontario sont claires, il n'en veut qu'une. Pourtant, il ne faisait pas partie du système des passeports. C'est donc sur une base individualiste que l'Ontario veut cette commission des valeurs mobilières unique pancanadienne, à l'encontre du Québec et d'autres provinces comme l'Alberta et le Manitoba.
Actuellement, les commissions de valeurs mobilières du Québec et des provinces peuvent prendre la parole à l'Organisation internationale des commissions de valeurs. Comme la Constitution confirme que les valeurs mobilières sont de compétence québécoise et provinciale, chaque juridiction a le pouvoir de se représenter sans intermédiaire à l'Organisation internationale des commissions de valeurs. Le Québec et les provinces doivent conserver cette voix qui leur appartient sur la scène internationale. On ne veut pas que cela devienne un siège comme celui du Québec à l'UNESCO. Comme on le disait tout à l'heure, à toute fin pratique, c'est une chaise pliante, et même éjectable car si on n'est pas d'accord avec le fédéral, on n'a plus un mot à dire et on n'a pas le droit de parole.
Les députés conservateurs appuient fermement la commission des valeurs mobilières pancanadienne. Je parle principalement des conservateurs du Québec. Quant aux députés libéraux du Québec, ils s'abstiendront. On vote, ou on ne vote pas, pour les priorités, les valeurs et le savoir-faire du Québec en économie. D'ailleurs, on l'a vu, la Bourse de Montréal a été vendue à Toronto. Un Canadien anglais est devenu président de la Caisse de dépôt et placement du Québec. On voit aussi les coupes dans les organismes à but non lucratif à caractère économique. On s'aperçoit que le gouvernement du Canada s'attaque directement, de front, aux intérêts économiques du Québec. Nous devons l'arrêter parce que la situation du Québec et même d'autres provinces du Canada, devient trop précaire.
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Monsieur le Président, je remercie mon collègue de d'avoir accepté de partager son temps avec moi dans le cadre de ce dossier très important, assez important pour que le Bloc québécois en fasse la thématique de sa journée d'opposition.
On a présenté cette motion pour des raisons bien particulières qui visent à faire respecter les intérêts du Québec, raisons que je peux énumérer: l'Assemblée nationale du Québec est unanimement contre la création d'un organisme pancanadien de réglementation des valeurs mobilières; les valeurs mobilières sont de compétence du Québec et des provinces; la création d'un organisme commun de réglementation mettrait en péril la survie des activités boursières à Montréal et favoriserait la concentration du marché financier à Toronto; et la Banque mondiale et l'OCDE constatent que le système actuel fonctionne bien, est efficient et performant.
On ne devrait peut-être pas s'étonner de la décision des conservateurs d'aller de l'avant malgré l'unanimité qui existe au Québec, tant du côté politique que du côté des marchés financiers, concernant leur idée de faire une commission unique. On sait que c'est un parti centralisateur. Les conservateurs bafouent ainsi la volonté du Québec.
Je revois le fameux syndrome du « Ottawa knows best ». J'ai même entendu un député québécois, il y a quelques instants à peine, le député de , se lever ici en cette Chambre et faire l'apologie d'une commission unique des valeurs mobilières, alors que cela va à l'encontre de tout ce qu'a demandé non seulement le gouvernement du Québec, mais tous les partis de l'Assemblée nationale du Québec et les responsables des marchés financiers au Québec. D'autres provinces, cela peut intéresser nos collègues du Parti conservateur, sont tout à fait contre ce marché unique et cette commission pancanadienne des valeurs mobilières.
Des députés se lèvent aujourd'hui pour parler contre la volonté du Québec en voulant imposer une commission unique des valeurs mobilières. J'aime autant ne pas faire de commentaire. Les gens de ces circonscriptions jugeront la décision des députés québécois du Parti conservateur.
Les libéraux ont déjà voulu faire la même chose. En 2005, dans le budget, il était question d'une commission unique des valeurs mobilières. Aujourd'hui, par contre, j'ai aussi été étonné d'entendre des députés du Québec nous dire vouloir s'abstenir de voter. Ils veulent donc rester assis sur leurs mains. Ils l'ont fait assez régulièrement avec leur ancien chef, mais je suis étonné de voir qu'ils ont la même idéologie de ne pas se prononcer. Or il s'agit d'un champ de compétence du Québec clairement établi, et de la décision du gouvernement du Québec et de l'Assemblée nationale du Québec de ne pas accepter cette décision du gouvernement conservateur.
Les libéraux viennent d'inventer quelque chose: c'est à la Cour suprême de décider. Or un article très précis de la loi constitutionnelle dit que c'est un champ de compétence du Québec et des provinces. Tout à coup, on veut renvoyer cela à la Cour suprême, s'en laver les mains et ne pas prendre de décision. Ces gens veulent former le prochain gouvernement, alors il y a matière à être très inquiet pour le Québec.
Le nouveau dit à ses troupes de ne pas voter sur une décision pouvant avoir des répercussions majeures pour le Québec. Cela fera d'ailleurs en sorte que le gouvernement conservateur pourra aller de l'avant. En effet, actuellement, il n'y a que le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique en cette Chambre qui aient décidé de se tenir debout et de respecter les champs de compétence.
Les libéraux pensent peut-être qu'ils vont pelleter en avant avec cette demande d'aller devant la Cour suprême, mais cela me semble être une histoire très acrobatique, des circonvolutions du pour éviter de se prononcer. Qu'on me pardonne l'expression, mais cela aussi va lui péter en pleine face, comme aux collègues québécois du Parti conservateur. Lorsqu'ils se promèneront dans leurs comtés, ils devront faire face à la colère des gens au Québec.
Les conservateurs vont à l'encontre de la décision du Québec, c'est clair. Pour ce qui est des libéraux, cela semble plus flou, mais c'est clair aussi parce que le résultat est le même. Ils n'ont pas le courage de voter et permettent ainsi aux conservateurs de battre notre motion, une motion qui reprend la volonté du gouvernement du Québec.
L'enjeu ici, c'est le respect de la volonté du gouvernement du Québec, de la volonté de l'ensemble de l'Assemblée nationale du Québec, du milieu financier québécois, de la Fédération des Chambres de Commerce du Québec, etc. Mes collègues ont fait mention lors de leurs allocutions que l'Assemblée nationale du Québec avait dénoncé unanimement cette initiative du gouvernement fédéral.
L'Assemblée nationale du Québec a dénoncé unanimement cette initiative du gouvernement fédéral. D'ailleurs, dès le 16 octobre 2007, il y avait une motion qui se lisait ainsi:
Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral de renoncer à son projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne.
On a réitéré cette demande le 15 janvier 2009. C'est donc tout récent. Une motion demandait de l'aide pour contrer les effets de la crise économique actuelle et, parmi ces éléments, on disait que l'Assemblée nationale réitérait sa ferme opposition au projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne. Deux fois plutôt qu'une, à l'Assemblée nationale, tous les partis qui y sont représentés se sont prononcés contre cette idée.
L'ancienne ministre des Finances, Mme Monique Jérôme-Forget, a d'ailleurs été assez virulente contre le projet du gouvernement fédéral. Elle a fait part de ses arguments contre cette création d'une commission unique des valeurs mobilières dans le journal Le Devoir du 2 octobre 2007. Je vais en lire quelques extraits. Le titre de l'article était: « Les arguments invoqués par le ministre fédéral des Finances ne tiennent tout simplement pas la route. » En fait, on nommait le ministre des Finances, mais vous savez que je ne peux pas le faire ici, monsieur le Président. Pour ce qui est des arguments du fédéral concernant la protection des épargnants, Mme Monique Jérôme-Forget rejetait cela du revers de la main. Elle disait ceci
En 2006, une étude de la Banque mondiale et de Lex Mundi a classé le Canada au troisième rang mondial au chapitre de la protection des épargnants. Les États-Unis étaient classés au septième rang, le Royaume-Uni au neuvième rang. Également dans son rapport de 2006, l'OCDE a classé le Canada en deuxième position en ce qui a trait à la qualité de la réglementation des valeurs mobilières, devançant encore là les États-Unis qui sont quatrième, le Royaume-Uni qui est cinquième et l'Australie qui est septième. C'est surprenant que, avec de tels résultats, les gouvernements fédéral et ontarien continuent de dénigrer le système réglementaire canadien, tant à l'intérieur de nos frontières qu'à l'étranger. C'est ce que j'appelle se tirer dans le pied.
On entend un peu moins cette dame maintenant parce qu'elle a démissionné, mais elle n'avait pas la langue dans sa poche. Elle a dit au ministre des Finances canadien de se mêler de ses affaires, de ne pas venir empiéter dans ses champs de compétence. C'était assez clairement exprimé. Voilà pour une partie de cet article qu'on retrouvait dans Le Devoir.
Mes collègues ont cité une lettre que Mme Jérôme-Forget avait envoyée au ministre des Finances. La situation est très, très claire. La position du ministre des Finances fédéral, selon Mme Jérôme-Forget, augmenterait les coûts puisqu'il propose un organisme unique avec des bureaux dans chaque province et un bureau-chef en Ontario. En d'autres mots, il croit diminuer les coûts en ajoutant un étage de bureaucratie. Cela ne tient pas.
Autre mythe soutenu par le ministre des Finances fédéral, les coûts de financement seraient supérieurs au Canada. C'est faux. Le coût direct total moyen d'une émission canadienne de petite taille de 1 à 10 milliards de dollars américains est inférieur à celui d'une émission américaine. C'est 15,98 p. 100 au Canada, 17,99 p. 100 au États-Unis. Le coût direct pour des émissions de plus grande envergure, plus de 100 millions de dollars américains, est similaire dans les deux pays. Voilà qui vient de détruire certains des arguments qu'on a pu entendre aujourd'hui de la part des députés du Parti conservateur.
Le Budget de 2008 constitue un mauvais souvenir concernant cette fameuse création d'une commission des valeurs mobilières pancanadienne puisque ce budget est venu confirmer l'intention du gouvernement conservateur de mettre en place une commission unique des valeurs mobilières. Dans le Budget de 2009, on est allé encore un peu plus loin puisqu'on a alloué 150 millions de dollars afin de mettre sur pied un comité visant à mettre de l'avant les recommandations d'un rapport d'un groupe d'experts nommés par les conservateurs. Évidemment, on y retrouvait des gens en faveur de la commission unique. Le projet de loi de mise en oeuvre du Budget de 2009, présenté par les conservateurs et appuyé par les libéraux, est venu débloquer les sommes nécessaires et a mis en oeuvre les dispositions législatives nécessaires à la création d'une autorité unique.
Je vais conclure là-dessus. Les conservateurs ont fait fi de toutes les demandes du Québec. Il est question depuis 40 ans de la création d'une commission des valeurs mobilières unique et depuis 40 ans le Québec s'y oppose. D'autres provinces s'y opposent aussi. Je m'étonne grandement de voir des députés québécois, tous partis confondus — évidemment pas le Bloc québécois, parce qu'on défend cette position du Québec —, des députés conservateurs, des députés libéraux du Québec également, qui se lèvent en cette Chambre ou qui parlent soit contre la position du Québec ou décident de s'abstenir. C'est aberrant, je m'insurge contre cela et les Québécois vont le faire également.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir dans ce débat sur la motion présentée par le député du Bloc.
Cette question ne date pas d'hier et elle a déjà fait l'objet de bon nombre de débats et provoqué beaucoup d'émotions, tant à la Chambre que partout au pays.
La question ne porte pas tant sur la structure que pourrait avoir l'organisation proposée que sur la façon dont les gens qui seraient chargés de l'administrer pourraient prendre des décisions positives pour les Canadiens.
Par exemple, la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui est très imposante, n'a réussi à obtenir que deux condamnations au cours des quelques dernières années, alors qu'il y a eu 1 000 condamnations ou plus aux États-Unis au cours de la même période.
Il est intéressant de souligner que Conrad Black, qui est actuellement détenu dans une prison de la Floride, peut-être pas pour longtemps, mais il y est actuellement, a commis son crime en col blanc au Canada. Ce ne sont toutefois pas les autorités canadiennes qui ont pris des mesures contre lui et qui l'ont emprisonné. Ce sont les Américains qui l'ont poursuivi et qui l'ont condamné à une peine de prison pour les crimes qu'il a commis ici au Canada.
Si cet exercice a seulement pour but de centraliser les activités d'une commission nationale des valeurs mobilières en Ontario, comme le député bloquiste l'a suggéré, s'il a seulement pour but de créer quelques emplois supplémentaires à Bay Street et de réduire un peu les coûts de conformité, il serait préférable de garder le système que nous avons maintenant.
Le Manitoba a une petite commission des valeurs mobilières qui fonctionne très bien. Il y a des députés à la Chambre qui savent que le système au Manitoba fonctionne bien. Les membres de la commission sont des gens du milieu, et ils savent ce qui se passe sur le marché local. Si une personne se plaint que quelqu'un vend des valeurs mobilières sans avoir soumis un prospectus à la commission des valeurs mobilières, les gens du milieu finissent par le savoir, et ils en informent la commission des valeurs mobilières pour qu'elle agisse.
C'est ce que le système est censé accomplir. Il doit protéger le public et s'assurer qu'il ne se fait pas exploiter et qu'il ne perd par d'argent à cause de personnes se livrant à des pratiques douteuses.
Il ne s'agit pas de réduire les coûts de conformité ou de faciliter le travail des grandes entreprises en leur permettant de soumettre un prospectus au lieu de 13. Il ne s'agit pas de créer plus d'emplois à Bay Street. Il s'agit de mettre en place un système exploité par des gens qui croient en l'application de la loi et qui font leur travail. Il ne s'agit pas de prendre des personnes de l'industrie et de les affecter à des postes d'autorité réglementaire.
Nous avons vu ce qui est arrivé récemment avec Bernard Madoff aux États-Unis. Harry Markopolos avait fourni tout un ensemble de preuves contre Bernie Madoff à la Commission des valeurs mobilières des États-Unis, et rien n'a été fait. Pourquoi? Parce que la commission était dirigée par des anciens vendeurs et dirigeants des sociétés d'investissement que la commission était censée réglementer. C'est le véritable problème.
Le public serait mieux servi si nous avions une structure efficace qui veillait aux intérêts du public plutôt qu'à ceux des sociétés qu'elle est censée réglementer.
Ce problème existe partout dans la société. Il n'est pas propre au secteur des valeurs mobilières. Cette situation existe partout où le gouvernement tente de réglementer les activités des entreprises. On m'en voudra peut-être de continuer à casser du sucre sur le dos du secteur de l'assurance, mais il existe un organisme de réglementation dans ce domaine. Il est sensé pour le gouvernement, lorsqu'il nomme quelqu'un à un conseil de réglementation de ce secteur, de tenter de choisir quelqu'un qui connaît le secteur. Il serait intéressant que l'on nomme des gens qui arriveraient sans idées préconçues, mais ce n'est pas ce qui se passe. Le gouvernement tente de nommer comme responsables de la réglementation des gens qui connaissent le secteur.
Donc, les gens qui sont choisis proviennent du secteur. En fin de compte, l'organisme de réglementation est composé de personnes qui, ni plus ni moins, tentent de contrôler et de réglementer des gens qu'ils connaissent bien. C'est la raison pour laquelle tout le milieu de la réglementation suscite tant de difficultés.
Nous devons aborder la question dans une toute autre perspective, c'est à dire dans l'optique de la protection du consommateur en choisissant des personnes dont les motifs sont nobles et francs, des gens qui veulent faire appliquer la loi et protéger la population. Voilà ce qui importe.
Je me soucie moins de l'aspect de la compétence provinciale que d'autres députés ici présents, notamment ceux qui ont présenté la motion.
Cela dit, le gouvernement s'apprête à imposer ses points de vue dans une situation où il est minoritaire et où les enjeux sont d'ordre constitutionnel. Nous savons bien où les questions constitutionnelles nous ont fait aboutir ces dernières années. Certains d'entre nous ont vécu le débat du lac Meech et celui de Charlottetown. Cela aurait dû au moins nous apprendre qu'il est préférable de laisser dormir ce genre de question.