La Chambre reprend l'étude, interrompue le 14 septembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité, ainsi que de l'amendement et du sous-amendement.
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Madame la Présidente, j'ai reçu, de nombreuses personnes de ma circonscription, des lettres et des courriels m'invitant à voter contre le projet d'entente de libre-échange avec la Colombie qui nous est présenté aujourd'hui.
Il me sera facile de me rendre à ces demandes parce qu'elles correspondent aux convictions que j'ai moi-même acquises en étudiant tant le projet d'entente que la situation qui prévaut présentement en Colombie. J'ai eu l'occasion, d'ailleurs, de rencontrer un certain nombre de Colombiens, en particulier des réfugiés et des syndicalistes, qui m'ont confirmé également la terrible situation de violence prévalant dans leur pays et leur opposition totale à ce que nous adoptions un projet d'entente avec le régime actuel de Bogota. J'invite donc tous nos collègues de tous les partis à s'y opposer également, et cela pour deux grandes raisons.
Premièrement, l'accord aura peu d'effet sur les relations commerciales entre le Canada et la Colombie. Ce pays, en effet, est un très modeste partenaire commercial pour le Canada. Plusieurs en cette Chambre l'ont dit avant moi: la principale motivation du gouvernement canadien pour conclure cette entente de libre-échange ne concerne pas le commerce. Elle concerne les investissements. Le chapitre sur la protection des investissements constitue la vraie raison d'être de ce projet d'accord. En effet, si le commerce canado-colombien est de faible envergure, les investissements canadiens actuels et projetés, eux, sont très importants, surtout dans le secteur minier.
C'est sûrement du côté des pressions exercées sur le gouvernement canadien par des groupes d'intérêt de ce secteur qu'il faut chercher la source du présent projet d'entente. Or, si on en juge par tous les accords sur la protection des investissements que le Canada a signés au fil des ans, celui qui lierait la Colombie et le Canada sera conçu dans la plus droite ligne néo-libérale. En effet, tous ces accords précédents contiennent des dispositions qui permettent aux investisseurs canadiens de poursuivre le gouvernement du pays contractant dans lequel ils investissent dès lors que ce gouvernement adopte des mesures qui diminuent le rendement de leur investissement. De telles dispositions sont particulièrement dangereuses dans un pays où les lois relatives au travail ou à la protection de l'environnement sont, au mieux, aléatoires.
Un tel accord, en protégeant un investisseur canadien contre toute amélioration des conditions de vie en Colombie, risque de freiner toute mesure de progrès social ou environnemental dans un pays qui en a pourtant bien besoin. En effet, tout effort d'un gouvernement colombien pour améliorer ces conditions l'exposera aux poursuites des investisseurs canadiens.
Deuxièmement, en ce qui a trait aux droits de la personne, la Colombie connaît un des pires bilans au monde et certainement en Amérique latine. Pour faire progresser la situation des droits de la personne dans le monde, les gouvernements occidentaux, du moins ceux qui sont sensibles à la justice, utilisent généralement la carotte et le bâton. Ils soutiennent les efforts en vue d'un meilleur respect des droits de la personne et se réservent le droit de couper des avantages si la situation régresse.
Avec la conclusion de cette entente de libre-échange, le Canada se priverait de toute capacité de faire ainsi pression. En fait, non seulement il renoncerait à la possibilité d'utiliser la carotte et le bâton, mais il les donnerait carrément au gouvernement colombien.
Le gouvernement nous répète qu'il assortit l'accord de libre-échange d'un accord parallèle sur le travail et d'un autre sur l'environnement. Or ces accords sont notoirement inefficaces et ne font pas partie de l'accord de libre-échange, ce qui fait que certains investisseurs pourraient impunément détruire l'environnement colombien, procéder à des déplacements de population pour faciliter l'établissement de leurs mines ou continuer à faire assassiner ceux et celles qui résistent à leur projet, en particulier les syndicalistes. Depuis 1986, 2 690 syndicalistes ont été assassinés en Colombie.
Par ailleurs, on ne peut malheureusement pas compter sur les autorités colombiennes pour améliorer cette situation.
La filiale colombienne de l'organisme international Transparency International a publié l'été dernier un rapport décrivant la situation de la corruption en Colombie. D'après le rapport, qui résulte d'un projet financé d'ailleurs par le gouvernement britannique et celui des Pays-Bas, seulement 4 des 138 entités d'État en Colombie ont un faible niveau de corruption. C'est une étude très détaillée qui explique ce qu'il en est.
Parmi les organismes considérés par l'étude comme ayant un très haut niveau de corruption figurent le Congrès colombien lui-même. En outre, le ministère de l'Intérieur et de la Justice a, d'après l'étude, un haut niveau de corruption.
Toute personne capable de lire l'espagnol peut prendre connaissance du rapport détaillé de l'organisme sur Internet.
Le Bloc québécois n'accepte pas de troquer la capacité du gouvernement canadien de faire pression en faveur du respect des droits de la personne contre des capacités d'investissement à l'étranger pour les sociétés canadiennes.
La société civile colombienne s'oppose également à cet accord. En raison de la répression effectuée, il est pourtant plus difficile pour la société civile colombienne de s'organiser efficacement et de faire entendre sa voix. Néanmoins, le 11 février dernier, quatre de mes collègues, les députés de , de , de et Paul Crête ont rencontré la Coalition de Mouvements et Organisations Sociales de Colombie, COMOSOC. Cette rencontre était organisée par le CCCI. Rappelons que la COMOSOC regroupe l'Organisation nationale indigène de Colombie, l'Organisation Féminine Populaire, le Coordinateur National Agraire, le Mouvement des Chrétiens pour la Paix, avec Justice et Dignité, le Mouvement National pour la Santé et la Sécurité sociale, le Mouvement afro-américain des traces africaines, etc.
La délégation de la COMOSOC a voulu démentir les prétentions du gouvernement colombien et du gouvernement canadien: la situation des droits de l'homme ne s'est pas améliorée en Colombie. Au Québec et au Canada, de très nombreuses voix se sont faites entendre contre ce projet d'entente. Je vais vous citer le Congrès du travail du Canada, le Conseil canadien de la coopération internationale, Amnistie internationale, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, l'organisme catholique Développement et Paix, KAIROS, l'Alliance de la fonction publique du Canada, Avocats sans frontières, le Syndicat des communications, de l'énergie et du papier du Canada, le Syndicat des travailleurs et des travailleuses des postes, le Syndicat de la fonction publique, le Syndicat national des employées et employés généraux et du secteur public.
Comme on le voit, nous sommes nombreux à nous opposer à ce projet. J'invite de nouveau tous les membres de cette Chambre à voter contre le projet de loi.
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Madame la Présidente, comme je siège au Comité du commerce international, j'ai eu l'occasion de me rendre en Colombie, où j'ai rencontré le président et quelques membres de son cabinet. Je dois dire que je suis très impressionné par le nombre de personnes dont nous avons pu entendre le témoignage et par les obstacles que le pays a dû surmonter ces dernières années.
Nos collègues d'en face nous parlent de la violence dans ce pays. Il n'y a pas de doute que ce dernier a éprouvé de nombreuses difficultés, mais je suis convaincu que si nous ne lui donnons pas l'occasion d'effectuer plus d'échanges commerciaux grâce à cet accord de libre-échange, nous limiterons ses possibilités d'avenir.
Mes collègues d'en face se plaisent à parler de la violence et des crimes qui y sont perpétrés, ils ont cité les chiffres pour 2008-2009. Ce qu'ils ne reconnaissent et ne comprennent pas, c'est que depuis l'arrivée au pouvoir du président en 2002, plus de 30 000 membres des forces paramilitaires ont été démobilisés. Depuis 2002, le nombre d'homicides a diminué de 40 p. 100, le nombre d'enlèvements a chuté de 82 p. 100 et le nombre d'attentats terroristes a reculé de 77 p. 100.
Je dirais à mes collègues de l'autre côté que s'ils citent des chiffres, ils devraient les remettre dans leur contexte historique. Parlons de ce qui s'est passé depuis l'arrivée au pouvoir du président Uribe. Parlons de ce qui s'est passé depuis le début de son mandat, en 2002.
Y a-t-il toujours des problèmes en Colombie? C'est indéniable, mais, à mon avis, le libre échange est une des façons de contribuer au renforcement de la Colombie. J'estime également que c'est le Canada, grâce à son leadership et aux nombreuses et profondes relations qu'il entretient avec ce pays et avec l'hémisphère, qui a rendu cet accord possible. Je comprends que le Canada a l'occasion ainsi que la responsabilité de participer activement aux activités dans cet hémisphère, car tous les pays de la région ont d'importantes questions qui se présentent à eux.
J'aimerais aujourd'hui souligner les éléments clés de notre engagement envers les Amériques, qui renforce la détermination du Canada à accroître sa participation dans la région. Compte tenu des efforts que déploie la région pour se sortir de la crise économique mondiale, il est clairement opportun d'évaluer nos rôles et notre coopération dans la recherche de solutions.
Nous avons été présents dans cette région par le passé pour régler divers problèmes, qu'il s'agisse d'enrayer la pauvreté endémique ou les iniquités ou encore de promouvoir la sécurité commune et le développement économique. Le Canada entretient depuis longtemps des liens fructueux et variés avec les pays des Amériques. Nous avons créé des partenariats et des liens commerciaux privilégiés dans cette région depuis plus de 100 ans, et les résultats ont été mutuellement bénéfiques.
La Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes des Nations Unies a révélé l'an dernier que le Canada était devenu le troisième investisseur en importance dans la région. Les investissements étrangers directs du Canada dans les pays des Amériques, à l'exclusion du Mexique et des Bermudes, s'élèvent maintenant à environ 95 milliards de dollars. Pour mettre les choses dans une juste perspective, disons que cela représente environ le triple de la valeur des investissements canadiens en Asie.
Même si ces investissements concernent une foule de secteurs, la majorité d'entre eux visent les secteurs des services financiers et de l'extraction. Les banques canadiennes, présentes depuis longtemps dans les Caraïbes, apportent maintenant une stabilité et un crédit grandement apprécié partout dans les Amériques. De plus, les sociétés minières et d'exploration canadiennes appliquent les meilleures méthodes de responsabilité sociale d'entreprise qui soient.
À un moment où les investisseurs étrangers ne sont pas toujours aussi scrupuleux en matière de normes du travail, d'engagement communautaire ou de services à la collectivité, nous sommes fiers que les entreprises canadiennes servent de modèles dans cette région.
Nos relations commerciales étaient en forte croissance jusqu'au récent ralentissement économique. Nos échanges commerciaux avec cette région ont augmenté de près de 30 p. 100 en 2008. Cela est attribuable à divers facteurs, dont une forte demande pour les produits canadiens et nos prix concurrentiels, mais je crois que le message clair transmis par notre gouvernement au sujet de l'importance d'encourager le libre-échange et l'ouverture des marchés a joué un rôle clé.
Nous comptons certainement parmi les plus fervents partisans du libre-échange dans la région. Nous faisons fond sur nos fructueux accords de libre-échange avec les États-Unis, le Mexique, le Chili, le Costa Rica, et sur un récent accord de libre-échange conclu avec le Pérou, qui est entré en vigueur le 1er août dernier.
Le Canada a signé un accord de libre-échange avec la Colombie en 2008. Nous devons maintenant ratifier cet accord. Le Canada et le Panama ont également conclu leurs négociations le 11 août dernier. De plus, nous négocions actuellement avec la République dominicaine, la Caricom et d'autres pays de l'Amérique centrale.
L'Accord de libre-échange Canada-Colombie et ses accords parallèles de coopération dans le domaine du travail et sur l'environnement font partie d'une série d'instruments dont se sert le Canada dans ses rapports avec la Colombie. Ces instruments comprennent la coopération bilatérale et la coopération en matière de développement, ainsi que le Fonds pour la paix et la sécurité mondiales du ministère des Affaires étrangères. Toutes ces mesures viennent appuyer les efforts déployés sans relâche par la Colombie en vue d'accroître la paix, la sécurité et la prospérité, ainsi que d'assurer le respect intégral des droits de la personne.
Au cours des cinq dernières années, l'Agence canadienne de développement international, l'ACDI, a dépensé plus de 64 millions de dollars uniquement en Colombie. Les programmes mis en oeuvre par l'ACDI dans ce pays sont axés sur les droits des enfants et leur protection, sans oublier le soutien des initiatives destinées à protéger des personnes déplacées et d'autres populations vulnérables.
Lors de notre séjour en Colombie, nous avons eu la chance de constater de visu une bonne partie de l'excellent travail effectué par l'ACDI dans ces projets.
En tant que pays du continent américain, le Canada a tout intérêt à ce que les autres pays des Amériques réalisent des progrès. Notre succès économique, notre profonde croyance dans la démocratie et la règle de droit, ainsi que la sécurité nationale et la sécurité individuelle de nos citoyens, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos frontières, sont intimement liés au bien-être des voisins de notre hémisphère. Cette reconnaissance se situe au coeur même de l'engagement du Canada dans les Amériques.
En tant que membre engagé du système interaméricain, le Canada a la possibilité et la responsabilité de jouer un rôle actif dans les enjeux de l'hémisphère qui revêtent une importance cruciale pour tous les pays de la région. Notre engagement au sein des Amériques met en lumière les efforts déployés par le Canada à l'égard de trois objectifs interreliés et qui s'appuient mutuellement, à savoir: améliorer la prospérité des citoyens de la région, renforcer l'appui à l'endroit de la gouvernance démocratique dans l'ensemble des Amériques et bâtir un hémisphère sûr.
Permettez-moi de passer brièvement en revue chacun de ces points, à commencer par la prospérité.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la prospérité est difficilement atteignable depuis un certain temps, et ce, dans tous les pays de tous les hémisphères. Le Canada se débrouille mieux que la plupart des autres pays, mais les Canadiens ne sont pas à l'abri des répercussions négatives de la récession mondiale. Malgré l'incertitude économique qui persiste, la plupart des pays des Amériques sont sans doute mieux préparés maintenant qu'avant pour faire face au ralentissement planétaire. Depuis les années 1990, bon nombre de pays travaillent dur pour réduire leur dette. Ils ont maintenant un ratio d'endettement total inférieur, des taux d'intérêt réduits et des exigences accrues sur le plan du service de la dette. En fait, un grand nombre de ces pays jouissent d'excédents financiers.
Grâce à ces efforts, de nombreux pays seront mieux préparés à une reprise lorsque la conjoncture sera plus favorable; ils réussiront à relancer leur économie s'ils résistent à la tentation de mesures à court terme, qu'elles soient populistes ou protectionnistes. À cet égard, il est possible que le blâme de l'échec actuel du marché soit injustement attribué au capitalisme plutôt qu'à certains capitalistes qui, faute d'une supervision adéquate, ont contribué à ce gâchis.
Dans la région, on note le retour de certaines idées dépassées favorisant le remplacement des importations et rejetant la mondialisation. Il faut éviter cette voie. Il faut trouver et mettre en place des solutions réalistes.
Enfin, nous devons résister au protectionnisme dans tous les sens du terme. Je ne fais pas uniquement allusion à la protection tarifaire, mais également aux répercussions des mesures de dépenses et des plans de sauvetage. De toute évidence, il importe de gérer ces initiatives de façon à ne pas causer de préjudices à la participation aux échanges commerciaux dans les Amériques.
En matière de sécurité, on ne peut examiner isolément l'incidence de la crise économique. Celle-ci a des conséquences manifestes sur la sécurité et la gouvernance dans la région.
Il faut se pencher sur les répercussions à moyen terme de la baisse des remises, du retour des migrants au pays d’origine, de la hausse du chômage et de la diminution des recettes publiques. Certains sont tentés de qualifier la situation de « tempête parfaite ». Cependant, le Canada y voit plutôt une raison tout indiquée pour accroître son engagement à s’attaquer aux problèmes de sécurité dans les Amériques.
Par conséquent, le Canada appuie les efforts déployés par les pays de la région pour réprimer plus vigoureusement les activités criminelles, renforcer les systèmes judiciaires, les dispositifs de préparation aux catastrophes et de prestation de secours et trouver de meilleurs solutions aux problèmes de santé. En travaillant de façon concertée, nous pourrons certainement atténuer les effets de la criminalité, du trafic des stupéfiants, du terrorisme, des catastrophes et des pandémies sur les Canadiens et sur tous les citoyens des Amériques.
Dans le même ordre d'idées, entre 2006 et 2009, dans le cadre du Programme pour la paix et la sécurité mondiales (FPSM), le MAECI a investi plus de 14,5 millions de dollars dans des initiatives de prévention des conflits et de consolidation de la paix en Colombie. Ce programme appuie principalement des initiatives visant à promouvoir la vérité, la justice et la confiance et il favorise le dialogue politique et le renforcement de la sécurité et de la stabilité.
J'estime que tout porte à l'optimisme, en dépit de l'actuelle conjoncture économique. Je suis persuadé qu'en optant pour ce genre de partenariat, nous renforcerons la coopération dans l'hémisphère et que cela favorisera la paix, la sécurité et le développement et donnera des résultats à long terme dont nous bénéficierons tous.
Pour toutes ces raisons, je demande aux députés d'appuyer cet accord.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer à ce débat. Si cela peut éclairer les téléspectateurs, nous ne sommes pas en train de discuter de l'accord lui-même, de la proposition du ministre visant à renvoyer le projet de loi au comité. En fait, nous sommes en train de parler d'un sous-amendement à un amendement. Tant le sous-amendement que l'amendement à la motion suggèrent à la Chambre de ne pas procéder à une deuxième lecture du fait que le gouvernement a conclu cet accord pendant que le Comité permanent du Commerce international était saisi de la question. Je vais tenter de comprendre la position du Bloc et du Nouveau Parti démocratique. Comme le Sous-comité du commerce international est déjà en train d'examiner la question, nous ne devrions pas renvoyer l'accord car il en a déjà été saisi.
Bien que je sois un peu confus, madame la Présidente, je peux comprendre pourquoi. C'est parce que tout cela n'a aucun sens. Nous devons reconnaître que cet accord comporte de sérieuses lacunes qui justifient tant notre inquiétude que le débat actuel. Il ne fait aucun doute qu'une audience et un débat publics auxquels seront convoqués des experts compétents, de même qu'un débat éclairé au comité sont pleinement justifiés.
Afin d'anticiper les questions qui me seront sûrement posées par certains députés, je vais évoquer l'échange intervenu récemment entre le député d' et mon collègue, le député de , dans le cadre duquel il a été mentionné que des centaines d'assassinats ont été perpétrés. Nous pouvons contester les chiffres avancés, mais la question était en fait de savoir si nous appuyons l'assassinat de syndicalistes en Colombie. Bien entendu, la réponse à cette question est négative. Tout assassinat est en soi épouvantable. Toute situation où l'on assassine des personnes qui ne font qu'exercer leurs droits démocratiques est aberrante.
La question dont la Chambre est saisie et la question dont, je l'espère, sera éventuellement saisi le comité consiste à déterminer si un accord de libre-échange contribuerait à améliorer la situation d'ensemble en matière de droits de la personne et d'économie en Colombie ou si un tel accord n'entraînerait pas plutôt une détérioration et une aggravation de la situation des droits de la personne dans ce pays. C'est là une question factuelle. Il y aura bien des débats à ce sujet, mais il ne s'agit pas d'une question idéologique.
Prétendre, comme mon collègue du Bloc l'a fait dans son intervention, que des entreprises canadiennes approuvent l'élimination de syndicalistes ou laisser entendre qu'il ne déplaît pas à certains députés que des gens vivent dans des situations dangereuses et difficiles, voilà qui montre avec quel empressement, de part et d'autre de la Chambre, nous faisons des procès d'intention. Je suis aux affaires depuis assez longtemps pour m'abstenir de ces procès d'intention. Je présume que tous les députés réprouvent les assassinats. Je suis fermement convaincu que nous sommes tous attachés aux droits de la personne et souhaitons que ces droits s'étendent. Je n'accuserai personne qui serait en faveur d'un accord de libre-échange de s'opposer aux droits de la personne ou d'approuver des assassinats. C'est une absurdité, et cela abaisse le niveau du débat à un point tel qu'il est impossible d'avoir des échanges raisonnables et sérieux.
J'en reviens à la question fondamentale. Il y a quelque temps, le gouvernement de la Colombie a décidé d'essayer d'appliquer une stratégie économique qui lui permettrait de s'arracher à la situation où il se trouvait. Il s'agit d'un pays dont le marché intérieur n'est pas assez important. À la différence de son voisin, le Venezuela, la Colombie ne peut pas compter sur des réserves pétrolières et gazières pour se procurer des revenus énormes. Elle ne peut s'offrir le luxe du protectionnisme. Il lui fallait donc absolument établir des liens économiques avec le reste du monde. Cette démarche s'inscrit dans une stratégie qui remonte avant le président Uribe, mais que celui-ci a beaucoup contribué à élargir.
Les députés doivent comprendre que le Canada n'est pas le seul pays avec lequel la Colombie a réussi à conclure un accord de libre-échange ou est en train de négocier un tel accord. Les pays membres de l'Union européenne et ceux de l'Association européenne de libre-échange, qui sont tous des pays démocratiques, des pays qui ont un mouvement syndical dynamique et un profond attachement aux droits de la personne, des pays comme le Danemark, la Suède, la Norvège, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, sont actuellement en train de négocier avec la Colombie une entente de libéralisation des échanges. Les États-Unis en font autant, il va sans dire. La Colombie a déjà conclu des accords de libre-échange avec ses voisins des Andes.
Prétendre qu'il s'agit d'une sorte de conspiration visant à miner les organisations vouées à la défense des droits de la personne ou le mouvement syndical en Colombie, c'est non seulement une idée tirée par les cheveux, mais c'est aussi une idée qui, à dire vrai, ne résiste pas à une analyse sérieuse.
Il y a à la Chambre des partis qui, pour des raisons idéologiques, s'opposent à toute forme d'accord de libre-échange qui nous est proposée. Si on nous présente un accord avec l'AELE, ils s'y opposent. Si nous discutons un jour de l'Union européenne, je peux garantir qu'ils rejetteront tout accord de libre-échange avec elle.
Ceux d'entre nous qui n'ont pas ces œillères idéologiques doivent aborder la question de façon pragmatique. Une préoccupation parfaitement légitime est soulevée et sera soulevée encore: quelles seront au juste les conséquences de ce type d'accord pour les droits de la personne en Colombie?
Permettez-moi d'abord d'expliquer clairement comment, selon moi, il faut aborder cette question.
Nous avons déjà des échanges commerciaux avec la Colombie. Des entreprises canadiennes font des affaires en Colombie. C'est parfaitement légal. C'est un fait. C'est ce qui se passe. Il n'y a là rien de mal, à moins que certains ne prétendent que nous ne devons avoir aucun échange commercial avec la Colombie, qu'il ne devrait y avoir aucune relation économique avec ce pays, que le reste du monde devrait le boycotter et qu'il devrait y avoir un blocage international de tout investissement et commerce, de toute relation économique avec la Colombie. Si telle est la position préconisée par certains de mes collègues députés, je voudrais qu'ils l'énoncent. Je voudrais entendre leur analyse. Toutefois, le fait demeure que nous avons des échanges commerciaux à l'heure actuelle. Nos entreprises ont des échanges avec des entreprises colombiennes et vice-versa. Des fleurs coupées provenant de la Colombie se retrouvent sur notre marché. Tout cela se passe déjà en ce moment.
La question qui se pose donc est celle de savoir si nous souhaitons établir une série de règles pour assurer une plus grande certitude dans les relations commerciales que nous établissons.
Personnellement, je suis un partisan du multilatéralisme. Je suis en faveur d'accords multilatéraux plus vastes. Rien ne me ferait plus plaisir que de voir le cycle de Doha reprendre pour que nous puissions essayer d'instaurer un système fondé sur des règles qui soit plus solide pour régir nos échanges internationaux.
Nous appuyons l'Organisation mondiale du commerce. Je n'entends ni le Bloc ni le NPD proposer que l'on se retire de l'OMC ou que l'on réclame l'expulsion de la Colombie, pays qui est actuellement membre de l'OMC.
Cherchons donc à comprendre de quoi il retourne. L'expansion du commerce est-elle avantageuse pour nos deux pays? Cela présente-t-il un avantage mutuel pour nos deux pays de continuer à surveiller l'état des droits de la personne dans ce pays et, à vrai dire, chez nous aussi, à en discuter et à chercher à influer sur la situation dans deux pays souverains indépendants?
[Français]
Est-ce qu'il y a une bonne raison pour nous, en tant que Canadiens, de vouloir avoir une relation qui garantisse encore davantage la sécurité nécessaire aux investissements? Est-ce une bonne idée pour nous de donner l'opportunité aux compagnies colombiennes d'exporter davantage au Canada? C'est un pays qui a beaucoup de pauvreté, qui a besoin de développement économique. Alors, nous voulons l'avoir.
[Traduction]
Je suis d'avis qu'il conviendrait de renvoyer cette question, une fois le débat terminé. Cet accord commercial devrait être renvoyé à un comité. Il devrait faire l'objet d'une étude approfondie. Que le Comité du commerce international poursuive l'étude qu'il avait entreprise sur cet accord et qu'on le laisse faire son travail. Je crois que nous serions malvenus de décider dès aujourd'hui que nous ne permettrons pas la réalisation de cette étude, que nous n'étudierons même pas la question parce qu'une poignée de personnes se prétend plus avisée et dit savoir mieux que personne où cela mènera.
Je ne suis pas certain d'être en possession de tous les faits qui me permettraient d'en arriver à cette conclusion. J'aimerais simplement que la question soit renvoyée au comité au moment opportun.
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Madame la Présidente, je suis très heureux d’avoir l’occasion d’aborder aujourd’hui la question de la responsabilité sociale des entreprises dans le contexte de l’accord de libre-échange Canada-Colombie.
Je suis tout à fait d’accord avec le porte-parole libéral pour les affaires étrangères quand il dit qu’il y a certains d’entre nous qui appuient cette entente. Je suis également d’accord avec lui que les députés néo-démocrates frisent l’absurde en affirmant que soutenir cet accord revient à fermer les yeux sur le meurtre, les violations des droits de la personne et la violence qui se manifestent en Colombie. Le NPD se sert de ces affirmations trompeuses pour susciter la peur et rallier des appuis à sa position, qui a toujours été contraire à cet accord de libre-échange.
Pourquoi les néo-démocrates ne disent-ils pas ouvertement qu’ils s’y opposent par suite de leur idéologie? Prétendre que leur opposition est directement liée à la violence est tout simplement absurde. Je tiens à dire très clairement que ce n’est pas le cas.
Je veux aborder aujourd’hui la question de la responsabilité sociale des sociétés canadiennes qui ont des activités à l’étranger. L’accord de libre-échange avec la Colombie permettra à de nombreuses entreprises de chez nous de s’établir dans ce pays, de sorte que la responsabilité sociale devient un élément clé de leur fonctionnement et de ce que les Canadiens attendent d’elles.
Le gouvernement du Canada a procédé à une analyse aussi longue qu’approfondie de la responsabilité sociale des entreprises de concert avec des intervenants du Canada, y compris les ONG et les représentants du gouvernement et du secteur privé. Nous avons abouti à un code de conduite volontaire, que le gouvernement a maintenant présenté au Parlement. Cette analyse approfondie de la responsabilité sociale des entreprises faite par le gouvernement du Canada et tous les intervenants canadiens a jeté les fondations de ce qu’on attend des sociétés canadiennes quand elles ont des activités à l’étranger.
En avril dernier, je me suis rendu en Tanzanie et en Zambie, où travaillent des sociétés canadiennes. J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec leurs représentants au sujet de ce qu’elles font au chapitre de la responsabilité sociale. J’ai été très impressionné par les efforts qu’elles déploient dans ce contexte dans les domaines de l’eau potable, des écoles et des petits dispensaires que les administrations locales ne peuvent pas créer. Ces sociétés canadiennes dispensent ces services de base volontairement, ce qui donne de l’espoir à la population.
Les Canadiens peuvent être fiers de beaucoup de ces entreprises. La plupart d’entre elles font un travail exemplaire dans le domaine de la responsabilité sociale. Voilà pourquoi les sociétés canadiennes et les Canadiens en général ont une si bonne réputation partout dans le monde.
C’est une chose que le NPD devrait aller voir sur place. Mais ces députés ne voudront jamais aller dans les pays où des progrès sont réalisés. Ils choisiront plutôt les pays où sévit la violence afin de faire étalage de leur idéologie et de s’opposer aux accords de libre-échange.
Par suite des importantes consultations qui ont eu lieu, le gouvernement du Canada créera bientôt un nouveau bureau consulaire chargé de contribuer à la solution des problèmes qui peuvent se poser entre les sociétés canadiennes et les collectivités dans lesquelles elles travaillent. Une annonce sera faite à ce sujet très bientôt. C’est une façon de veiller à ce que chacun se conforme volontairement aux normes de conduite attendues, qui ont été définies au cours de la table ronde. Le gouvernement a pris ces mesures positives pour s’assurer que tous les intervenants respecteront les recommandations concernant la responsabilité sociale des entreprises.
Le gouvernement du Canada financera également un nouveau centre d’excellence. Extérieur à l’administration fédérale, cet organisme élaborera des outils de haute qualité pour promouvoir la responsabilité sociale des entreprises et établir des pratiques exemplaires. Il s’agira d’une initiative conjointe avec les intervenants. Ce sont quelques-unes des mesures positives que notre gouvernement a prises par suite du processus de consultation. C’est la bonne façon d’agir dans cet important domaine.
Cela m'amène à parler de l'approche adoptée par notre gouvernement dans ses rapports avec les diverses parties intéressées. Un projet de loi d'initiative parlementaire déposé par les libéraux, le projet de loi , a été soumis à l'étude du comité. C'est un projet de loi qui a été préparé à la hâte, sans consultation auprès des intéressés. Il est mal rédigé et il ne ferait que pénaliser les sociétés canadiennes qui font des affaires à l'étranger. Ce projet de loi est un autre de ces documents teintés d'émotivité qui a été rédigé sans consultation auprès des parties intéressées à la suite d'un accès d'émotion.
Ce n'est pas ainsi qu'un parlement devrait fonctionner dans le contexte d'un gouvernement minoritaire. J'aimerais que le porte-parole libéral en matière de commerce, dont j'ai lu le discours, et le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, qui vient de nous expliquer les avantages des accords de libre-échange pour notre pays, nous disent ce qu'ils pensent du projet de loi qui va à l'encontre de leurs propos. J'espère que le bon sens l'emportera chez nos vis-à-vis et que lorsque le projet de loi sera présenté au comité, ils le rejetteront. Ce projet de loi pourrait gravement endommager la bonne réputation des gens qui font des affaires à l'étranger.
Tout cela part d'une bonne intention. Nous sommes tous en faveur d'une plus grande responsabilité sociale des entreprises, mais compte tenu de la façon dont le document a été rédigé, présenté sans consultation et mené, il semble que l'on ne cherche qu'à tirer avantage de la situation minoritaire de notre gouvernement pour faire adopter un projet qui aurait des conséquences graves pour les sociétés canadiennes, les ONG et tous les autres. Il y a quelques ONG qui ont fait part de leur appui, mais je crois que dans l'ensemble, compte tenu de l'important exercice lancé par le gouvernement du Canada sur la responsabilité sociale des entreprises, c'est ainsi que nous devrions agir dans ce dossier.
Je suis très heureux de dire que le gouvernement du Canada prend très au sérieux la question de la responsabilité sociale des entreprises. Comme je viens de le dire, nous ferons bientôt des annonces sur notre nouveau conseiller et sur le centre d'excellence. Il est important de reconnaître que l'Accord de libre-échange et ses accords parallèles sur le droit du travail, l'environnement et autres, permettront d'assurer le recours à un système fondé sur des règles justes dans nos rapports avec la Colombie.
C'est ce que tous les Canadiens veulent parce que cela permettrait d'assurer l'établissement de liens solides entre le Canada et la Colombie. Nous pouvons en même temps discuter avec la Colombie de questions liées aux droits de la personne et autres.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir sur le projet de loi , qui porte sur l'accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie.
Pour me situer dans ce débat, je dirai d'emblée que ce projet de loi m'a posé un problème au départ. J'ai rencontré des délégations de Colombiens et de dirigeants syndicaux qui dénonçaient les problèmes de non-respect des droits de la personne dans ce pays. Je ne prends pas cela à la légère.
La Colombie est un pays violent. La corruption et les violations des droits de la personne y sont monnaie courante, ce qui n'a rien d'étonnant dans une narco-économie. Certes, il y a de l'instabilité en Colombie et il y a eu des violations des droits de la personne, mais il est aussi incontestable qu'il y a eu des progrès économiques, sociaux et sur le plan de la sécurité. Il faut donc faire la part des choses.
La question pour les Colombiens, c'est de savoir comment la situation peut s'améliorer. Si un pays comme le Canada tend la main à la Colombie, est-ce une bonne ou une mauvaise chose? Nous savons évidemment que le Canada n'est pas le seul et que plusieurs autres pays envisagent comme nous des ententes commerciales avec la Colombie.
Quand ils s'attaquent à un problème, les députés cherchent constamment à trouver le juste milieu. Nous cherchons l'équilibre entre les préoccupations locales et nationales, nous mettons toujours dans la balance ce que souhaitent nos électeurs et ce que nous considérons comme l'intérêt national. Le parti au sein duquel nous avons été élus a aussi son rôle à jouer.
Nous cherchons un équilibre entre le temps que nous consacrons à notre circonscription et celui que nous consacrons à des questions nationales ou à des responsabilités au sein de notre parti, que nous soyons ministre, porte-parole ou simplement membre d'un comité. Trouver le bon équilibre, c'est particulièrement difficile en politique.
Et dans les grands débats, il s'agit souvent aussi de trouver un équilibre. Ces débats nous interpellent. Il y a toujours le pour et le contre. Comment s'y prendre, au Parlement et même au sein de nos propres partis, pour promouvoir non seulement les intérêts du Canada, mais aussi ceux de nos interlocuteurs?
Je tiens à saluer et à remercier le porte-parole du Parti libéral pour le commerce international. J'ai eu avec lui de très sérieuses discussions sur diverses questions qui me préoccupaient et il nous est arrivé de ne pas être d'accord au début. Mais c'est grâce à notre travail commun et à son leadership au sein du caucus libéral que nous avons pu aboutir à des solutions logiques.
Sur le plan du commerce, nous avons eu pas mal de controverses, notamment la question de l'AELE. Pour moi, pour mon collègue de et pour tous ceux d'entre nous qui ont apporté un soutien actif à l'industrie de la construction navale, la négligence du gouvernement a été dure à avaler. L'un des points noirs de cette entente avec l'AELE, c'était ses retombées potentielles sur la construction navale au Canada. L'entente avec la Colombie pose un problème à cause des violations des droits de la personne dont on parle et qui sont certainement vraies dans ce pays.
Sur la question de l'AELE, le porte-parole du Parti libéral, le député de , le député d', le porte-parole de l'industrie, le député de et moi-même avons travaillé ensemble. Comment faire le bon choix? Ce qui nous inquiète, ce sont les retombées de l'AELE sur les chantiers navals.
Nous avons discuté avec notre porte-parole pour essayer de bien dégager le problème. Le problème pour la construction navale, c'est que nous n'avons pas de stratégie nationale alors que le Canada devrait en avoir une. C'est de cela que nous avons besoin par-dessus tout. C'est justement parce que la Norvège, pierre d'achoppement dans ces négociations avec l'AELE, a appuyé, encouragé et financé ses chantiers navals que nous avons maintenant un problème.
Mon collègue de , notre porte-parole en matière d'industrie et notre porte-parole en matière de libre-échange sont venus avec moi voir le chef de notre parti. Il nous a dit qu'il était tout à fait disposé à ce que le Parti libéral préconise une stratégie nationale de la construction navale. Nous pourrions envisager des moyens capables d'avoir un effet véritable sur la construction navale, comme les tarifs douaniers et le financement structuré.
Au cours de l'été, juste après l'ajournement de la Chambre des communes, en juin, nous avons tous les quatre rencontré des représentants du secteur de la construction navale: entreprises, associations et travailleurs. Nous avons convenu que nous étions en mesure d'agir pour aider le secteur. Nous ne devons rien laisser au hasard. Les travailleurs, les dirigeants d'entreprise et les associations du secteur peuvent s'entendre sur une stratégie de la construction navale dont un gouvernement libéral pourrait favoriser et diriger la mise en oeuvre. La construction navale pourrait ainsi conserver la place qui lui revient dans la structure industrielle du Canada.
Au sujet de cet accord, notre porte-parole et moi avons eu des discussions. Notre porte-parole en matière de commerce international et notre porte-parole en matière d'affaires étrangères ont consacré beaucoup d'efforts à ce dossier. Ils ont rencontré de nombreux Colombiens. Ils se sont rendus en Colombie, non pas avec des oeillères, mais pour étudier ce qui se passe dans ce pays. Ils ont rencontré des représentants commerciaux, des membres de centres d'étude et de réflexion, des syndicats, le président Uribe lui-même et le représentant en Colombie du Haut-Commissariat aux droits de l'homme des Nations Unies. Ils ont cherché à savoir si cet accord serait un facteur de progrès ou de régression.
Grâce à tout ce travail et grâce aux initiatives de nos porte-parole dans ce dossier, je suis en mesure d'affirmer que cet accord de libre-échange est susceptible d'améliorer la situation en Colombie, situation qui s'est du reste déjà améliorée dans une certaine mesure, comme l'ont souligné les députés de et de ainsi que d'autres députés.
Nous savons que nous devons être vigilants. Nous savons qu'il reste beaucoup de travail à faire. Nous savons que des gens ont été assassinés, tantôt des organisateurs syndicaux, tantôt d'autres personnes. Il faut néanmoins se demander comment il nous est possible de contribuer à l'amélioration de la situation. Comment pouvons-nous nous assurer que notre orientation est la bonne, non seulement pour nous, mais aussi pour les gens qui partagent avec nous la planète sur laquelle nous vivons?
Bon nombre de représentants des forces progressistes en Colombie demandent en fait au Canada de les aider et croient que cet accord peut réellement leur permettre d'améliorer le sort des citoyens de ce pays, d'améliorer la vie des gens en difficulté. Ils ont tenu de vastes consultations et ont fait preuve d'une grande ouverture d'esprit.
Comme nous l'avons entendu également, nous ne sommes pas le seul pays progressiste dans le monde. Bien des pays avec lesquels nous faisons des affaires et auxquels nous nous comparons pour ce qui est des droits de la personne, des conditions de travail, du juste salaire et du développement international négocient aussi avec la Colombie. Bien sûr, aux États-Unis, l'administration Obama a indiqué qu'elle était peut-être plus prête à s'engager dans cette direction maintenant qu'elle ne l'était auparavant, que c'est une question importante pour les habitants de ce pays tout comme pour ceux de la Colombie. Nous avons donc des buts semblables.
De façon générale, en tant que libéral, je suis en faveur de la libéralisation du commerce. Parmi les organisations qui appuient cet accord, je vois Canada Porc International et l'Association des éleveurs de bovins. Il y a dans notre pays des organisations qui, comme mon collègue de l'a souligné, ont besoin d'aide. Il a demandé la tenue d'un débat d'urgence sur l'agriculture plus tôt aujourd'hui. Ce sont là des organisations qui peuvent bénéficier d'un tel accord.
Nous devons appuyer la libéralisation du commerce. C'est ce que nous faisons en tant que libéraux, mais nous devons toujours nous assurer que nous avons une vue d'ensemble et que nous ne fermons pas les yeux sur certaines choses qui se passent dans un pays avec qui nous choisissons de faire des affaires. Nous croyons toutefois que cet accord peut avoir un effet positif pour ce qui est de réduire les violations des droits de la personne et d'aider à bâtir et à renforcer l'infrastructure sociale dans ce pays, à solidifier les assises sociales et à vraiment améliorer le sort des gens qui souffrent actuellement.
Au bout du compte, quel que soit le projet de loi portant sur le libre-échange à l'étude à la Chambre, il y a des députés qui s'y opposeront toujours. Il y en a peut-être aussi qui les appuieront toujours. Je crois qu'il est important que nous examinions chaque projet de loi à la fois dans une perspective mondiale et dans une perspective nationale. Nous devons tenir compte des gens dans le pays partenaire ainsi que dans notre propre pays. Nous devons nous assurer que nous agissons pour les bonnes raisons, que nous protégeons les gens peu importe où ils vivent dans le monde, au lieu de chercher uniquement ce qui est avantageux pour nous.
Appuyer l'industrie canadienne n'est pas une mauvaise chose, pas plus qu'appuyer l'industrie dans d'autres pays. Somme toute, d'après les discussions que nous avons eues, j'en suis venu à la très ferme conclusion que nous devons aller de l'avant avec ce projet de loi, et ce, dans les plus brefs délais.
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Madame la Présidente, j'apprécie les commentaires de mon collègue représentant la circonscription de Sidney Crosby.
Plus sérieusement, j'aimerais demander au député s'il croit réellement qu'un pays, un gouvernement et, oserais-je dire, un régime sous lequel un nombre considérable d'assassinats prouvés de syndicalistes et d'autres activistes sociaux ont été commis, devrait maintenant tenter de déterminer qui devrait bénéficier de l'économie de ce pays.
Mon collègue, le député de , a dit plus tôt que, lors du séjour de ses collègues en Colombie, 600 personnes avaient été abattues, et que le gouvernement de ce pays y était pour quelque chose.
Étant donné le comportement de la classe dirigeante de ce pays et son bilan à ce jour en ce qui concerne la répartition des richesses déjà limitées que le pays génère, si nous concluons un accord commercial qui augmenterait les revenus du gouvernement, croyons-nous que ces derniers seraient répartis plus équitablement?
Pas plus tard que le printemps dernier, Yessika Hoyos Morales, la fille d'un des syndicalistes assassinés en Colombie, est venue nous parler. Le député l'a peut-être rencontrée lui aussi. Elle nous a demandé de ne pas ratifier cet accord avant que les analyses et les évaluations ne soient réalisées, avant d'avoir l'assurance et la certitude que les gens ne seront plus assassinés, et ce, peut-être en plus grand nombre à mesure que les revenus augmenteront et deviendront plus tentants pour les dirigeants de ce pays. Est-ce là ce que nous constaterons lorsque nous réévaluerons cet accord dans, disons, cinq ou dix ans, si nous allons de l'avant aujourd'hui?
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Madame la Présidente, je vous remercie.
[Traduction]
Je suis ravie de prendre part au présent débat qui en dit long sur la direction qu'emprunte le Canada. En toute franchise, j'estime que ce n'est pas celle que la plupart de nos électeurs aimeraient que nous prenions ou appuyions.
Mon collègue de Burnaby—New Westminster a critiqué assez vigoureusement et à juste titre bon nombre d'accords de libre-échange que le gouvernement a négociés. Il a contribué à l'engagement d'un très grand nombre de Canadiens dans ce dossier. Le député de Burnaby—New Westminster peut dire à la Chambre que, au Canada, monsieur et madame tout le monde n'ont absolument pas réagi à cet accord comme l'auraient souhaité ses initiateurs. En fait, la grande majorité des Canadiens le désapprouvent catégoriquement.
À l'heure actuelle, la plupart des Canadiens s'intéressent peu aux tenants et aux aboutissants de la politique commerciale canadienne et aux accords commerciaux qui ne sont pas soumis à un examen public parce qu'ils sont préoccupés par la crise économique. Toutefois, ils interviennent généralement lorsqu'il s'agit de dossiers épineux comme celui du piètre accord que nous avons conclu sur le bois d'oeuvre.
Le problème que pose ce genre d'accords commerciaux, c'est que la plupart des gens participent au débat seulement lorsqu'il faut ramasser les pots cassés, non quand ils sont en cours d'élaboration. Il va sans dire que les Canadiens ressentent les contrecoups des fermetures d'entreprises attribuables au fait que nous souhaitons uniformiser les règles du jeu. Ils ressentent également la diminution de revenu réel des familles moyennes parce que la main-d'oeuvre désemparée est à la merci des dirigeants des grandes entreprises dans le jeu de la concurrence.
Les syndicalistes suivent le présent débat. Ils savent pertinemment que, dans l'hémisphère ouest, la Colombie affiche l'un des pires bilans en matière de violation des droits de la personne. Ils savent également que la Colombie est l'un des pays les plus dangereux du monde pour les syndicalistes. Alors que les syndicalistes nous demandent de faire marche arrière, les conservateur et les libéraux continuent de favoriser cet accord.
Au printemps dernier, les représentants des Métallurgistes unis d'Amérique sont venus au Parlement dans l'espoir d'amener les députés libéraux à reconnaître que les désavantages de cet accord dépassent de loin ses avantages et que le président Uribe et les groupes paramilitaires bafouent les droits fondamentaux des travailleurs colombiens.
Ils ont également souligné le fait qu'une des ententes parallèles prévoit l'imposition d'amendes dans le cas d'assassinat de syndicalistes, tellement ce genre de crime est courant en Colombie.
Ils demandent aux députés libéraux de respecter l'engagement qu'ils ont pris en juin 2008, j'en ai parlé il y a quelques minutes, à savoir qu'on fasse une évaluation indépendante, objective et complète des répercussions qu'aurait cet accord sur les droits de la personne avant que le Canada décide de conclure un tel accord avec la Colombie. Qu'à cela ne tienne, avec l'appui des libéraux le gouvernement veut expédier la conclusion de cet accord.
Aux États-Unis, le changement de leadership a induit un changement de mentalité à l'égard de ce type d'accord. On associe ce type d'accord à l'approche de George Bush à l'égard du commerce. L'année dernière, le Congrès a mis en veilleuse l'accord de libre-échange entre les États-Unis et la Colombie, et le président Barack Obama a déclaré qu'il ne signerait pas cet accord à cause des violations des droits de la personne.
Voilà un aveu sincère et peu commun de la part d'un pays qui est assurément le plus fervent partisan des accords de libre-échange. Enfin, la mentalité change, et avant de conclure des accords de libre-échange avec leurs partenaires commerciaux préférés les États-Unis aimeraient les voir apporter les changements qui s'imposent en vue de protéger les droits de la personne et les droits des syndicalistes. Voilà précisément ce que le Bloc et le NPD demandent.
On dirait que les États-Unis s'éloignent de l'idée selon laquelle les accords de libre-échange sont une panacée socio-économique, la solution miracle qui mettra fin aux violations des droits de la personne et à la pauvreté et qui permettra de protéger l'environnement. Ils commencent à rejeter la théorie des retombées économiques et le modèle de développement social de Ronald Reagan et de George Bush; ils semblent voir les accords commerciaux comme des récompenses pour bon comportement.
En vérité, les États-Unis deviennent aussi plus protectionnistes à l'égard du commerce en général. Nous avons vu comment les politiques d'approvisionnement du plan de relance national ont glissé entre les mailles de l'Accord de libre-échange nord-américain. Cet accord a été beaucoup plus long à façonner que celui dont nous débattons aujourd'hui, mais il renferme tout de même des échappatoires capables de laisser le Canada en plan à tout bout de champ.
Demandez-le à nos producteurs d'acier. Ils vous le diront. Mieux encore, venez faire un tour dans ma circonscription et demandez à mes concitoyens de vous parler du piètre accord sur le bois d'oeuvre que nous avons conclu avec les États-Unis. Ils vous brosseraient un tableau qui donne à réfléchir sur les répercussions réelles des mauvais accords commerciaux. Vous verriez les répercussions réelles qu'ont les mauvais accords sur les collectivités: l'incertitude engendrée par la fermeture des scieries et l'exil des travailleurs loin de leurs racines et de leurs familles.
Les citoyens de villes comme White River, Smooth Rock Falls, Opsatika, Hearst, Nairn Centre ou Drubreuilville craignent pour l'avenir de leur collectivité. C'est la même chose dans tout le Nord de l'Ontario. La population se sent trahie par les gouvernements libéraux et conservateurs successifs qui, tout en louant les avantages d'un libre-échange sans restriction, n'ont jamais livré que les pires conséquences des accords dans leurs collectivités.
Ces accords comportent des failles qui ont pour effet de dévaster nos collectivités. La subvention accordée pour la liqueur noire résiduaire en est un bon exemple. Aux États-Unis, un grand nombre de compagnies utilisent depuis toujours ce sous-produit de la fabrication des pâtes et papiers comme source de carburant. À l'heure actuelle, elles peuvent bénéficier d'une mesure incitative visant à promouvoir l'utilisation des énergies de remplacement tout en ajoutant de l'essence à ce mélange. Par conséquent, en brûlant plus d'essence que par le passé, elles sont dorénavant admissibles à des subventions massives qui mettent toutes les chances de leur côté.
Le gouvernement a réalisé les graves conséquences de cette subvention et a réagi à la crise, mais trop tard pour certains. En réalité, cette intervention n'aurait pas été nécessaire si nos accords commerciaux avaient fonctionné comme on nous l'avait promis. En fait, ils n'ont pas fonctionné. Comment ce projet de loi sera-t-il différent des précédents? Il concerne davantage les débouchés pour les investissements des bien nantis que le commerce équitable. Il conférera en outre une légitimité à un régime brutal et à des escadrons de la mort dans un pays où, cette année seulement, 27 syndicalistes ont été assassinés. Il aura pour conséquence d'exacerber la pauvreté en Colombie, qui est directement reliée au développement agricole.
En Colombie, le secteur agricole représente 22 p. 100 des emplois. L'élimination des droits sur les céréales, le porc et le boeuf canadiens aura pour effet d'inonder le marché de produits bon marché et de priver de leur emploi des milliers de Colombiens parmi les plus pauvres. Bref, cet accord sera exactement le contraire des ententes de commerce équitable que le Canada devrait plutôt conclure.
Qu'est-ce que le commerce équitable? C'est un ensemble de nouvelles règles et de nouveaux accords qui ont pour but de promouvoir les pratiques durables, la création d'emplois locaux et les conditions de travail saines, tout en nous permettant de gérer l'approvisionnement en marchandises, de promouvoir les droits démocratiques à l'étranger et de maintenir notre souveraineté démocratique au pays. Tout cela semble très civilisé. Je pense qu'il s'agit d'un modèle commercial que la plupart des Canadiens sont prêts à appuyer.
Le commerce équitable est plus durable sur le plan de l'environnement. Nous savons que si on leur en donne la possibilité, les gens vont choisir le commerce équitable à chaque fois. Les politiques en la matière protègent l'environnement en favorisant l'utilisation de biens produits à l'échelle nationale et locale, en réduisant le transport et la quantité de carburant et de carbone produits et en faisant la promotion de méthodes soucieuses de l'environnement auprès de producteurs qui exportent des marchandises au Canada.
Les politiques relatives au libre-échange sont exactement le contraire de cela. Même les politiques élaborées en tenant compte de l'environnement font peu pour empêcher les multinationales de polluer. Par exemple, l'accord parallèle de l'ALENA portant sur l'environnement s'est avéré dans une large mesure inapplicable, surtout lorsqu'on le compare à d'autres mesures de protection prévues pour l'industrie et les investisseurs.
Le commerce équitable favoriserait la croissance de l'emploi au Canada. On assisterait à la création d'emplois, et il s'agirait d'emplois de meilleure qualité. Des règles de concurrence loyale et des normes de travail plus sévères permettraient aux entreprises canadiennes d'être véritablement sur un pied d'égalité avec nos partenaires commerciaux et de ralentir le nivellement vers le bas à l'échelle internationale qui a entraîné la perte d'emplois dans le secteur manufacturier du Canada. Nous ne sommes pas allergiques à la concurrence. Nous sommes persuadés que nous pouvons soutenir la concurrence dans le cadre de règles commerciales équitables.
Par ailleurs, les règles du libre-échange nuisent à la qualité des emplois au Canada. Depuis 1989, la plupart des familles canadiennes ont vu leur revenu réel diminuer. Elles en souffrent depuis 20 ans. Nous avions sonné l'alarme à l'époque et nous en reparlons à tout le monde maintenant. Nous souhaitons éviter les erreurs du passé.
Le commerce équitable permettrait de protéger les droits des travailleurs en favorisant la création de coopératives de travailleurs et de syndicats. Les politiques en la matière, qui encouragent également la fixation de prix équitables, permettraient de protéger les travailleurs dans les pays en développement qui, autrement, seraient exploités. Comme on le voit en Colombie, les travailleurs sont exploités et, parfois, ils sont encore plus maltraités.
Grâce au commerce équitable, les producteurs canadiens n'auraient plus d'incitatifs pour exporter des emplois. À l'étranger, il faudrait qu'ils se conforment aux mêmes règles que celles en vigueur au Canada. Il n'y aurait presque plus de différences pour ceux qui préfèrent produire des marchandises à l'étranger.
C'est pourquoi nous ne pouvons pas appuyer cet accord de libre-échange...
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Madame la Présidente, non seulement la question que nous débattons aujourd'hui concerne la politique économique et commerciale du Canada à l'égard de la Colombie, mais elle se veut aussi un énoncé de l'orientation générale de notre politique étrangère.
Le gouvernement actuel est ouvert sur le monde. Nous ne sommes pas un gouvernement dont la politique étrangère est axée sur des considérations égocentriques. Nous sommes un gouvernement désireux de s'engager et de tendre la main au monde entier, comme le Canada l'a toujours fait fièrement tout au long de son histoire. Cela convient tout à fait puisque le Canada est composé d'individus et de familles. Notre histoire vient des quatre coins du monde. L'Accord de libre-échange Canada-Colombie fait partie de cette histoire. Il traduit la volonté de notre gouvernement de s'engager et de tendre la main.
Sous le gouvernement actuel, le Canada est devenu et continuera d'être un acteur de premier plan sur la scène internationale. Nous ne faisons pas cela uniquement en participant aux missions importantes partout dans le monde, comme celle en Afghanistan et certaines autres missions de maintien de la paix de l'ONU. Nous le faisons en tendant la main au monde entier, y compris à des pays d'Amérique latine comme la Colombie, le Pérou et le Panama, en travaillant avec ces pays pour bâtir notre économie et la leur, pour forger des liens économiques et culturels plus étroits.
Il est tout à fait à propos que ce gouvernement et tous les gouvernements canadiens continuent de conclure des accords de libre-échange et de libéraliser les échanges commerciaux avec d'autres pays partout dans le monde.
L'histoire du Canada est essentiellement celle d'un pays commerçant. Il suffit de penser aux goélettes, comme le Bluenose de la Nouvelle-Écosse, qui servaient au commerce avec les pays des Antilles, le long des côtes des Amériques, ou encore de penser à l'Ouest du Canada, ma région, le grenier du continent. Nous ouvrons la porte aux échanges commerciaux avec le monde entier.
Le blé canadien est bien connu partout dans le monde, tout comme notre bois d'oeuvre et les minerais que nous exportons. C'est le commerce qui a amené des gens à s'établir au Canada. Pensons au commerce des fourrures, à la Compagnie de la Baie d'Hudson, aux coureurs des bois, aux gens qui se sont établis dans le Nord-Ouest. Le commerce est l'assise sur laquelle notre pays a été édifié.
Pour assurer notre réussite à l'avenir, pour perpétuer notre tradition de prospérité, nous devons continuer de commercer. Nous devons poursuivre dans cette voie, où que nous allions dans le monde.
Lorsque nous examinons les éléments essentiels de l'accord commercial avec la Colombie, nous voyons des possibilités pour le Canada. Encore une fois, si je prends ma région comme exemple, nous pouvons regarder certains des produits agricoles que la Colombie importe du Canada. Les producteurs de légumineuses à grain de la Saskatchewan connaissent déjà beaucoup de succès dans leurs efforts de commercialisation en Colombie et ils veulent pouvoir faire encore mieux.
Une des choses qui intéressent le plus les Colombiens au Canada, ce sont nos techniques agricoles qu'ils se proposent d'appliquer à leur industrie du porc, qu'ils souhaitent développer. La Colombie s'intéresse aussi aux techniques agricoles canadiennes pour ses éleveurs de bovins. Elle voudrait apprendre les bonnes techniques de reproduction canadiennes afin de développer ses propres industries.
Nous cherchons des débouchés pour les producteurs de ressources naturelles et pas seulement pour les compagnies minières qui s'installent là-bas, extraient le minerai et rapportent leurs gains au Canada après avoir déployé des ressources là-bas, y avoir investi et avoir contribué à créer des emplois.
Nous envisageons aussi de transférer notre technologie dans le domaine du gaz naturel et du pétrole en Colombie parce que le Canada possède une des meilleures technologies qui soient dans le monde entier.
C'est fondamentalement un bon accord pour le Canada, mais aussi pour la Colombie. Le libre-échange est, par nature, un bon principe, partout et en tout temps. C'est un principe économique qui a été reconnu tout au long de l'histoire.
Quand l'Europe et le vaste monde ont commencé à prendre du recul par rapport au mercantilisme et à embrasser progressivement l'idée du capitalisme, nous avons vu apparaître une prospérité sans précédent. La révolution industrielle pouvait désormais s'accomplir.
La Colombie cherche à augmenter ses exportations vers le Canada. En ce moment, la Colombie concentre ses efforts sur des produits tels que le charbon et les fleurs fraîchement coupées, et nous connaissons tous le café colombien. Mais il y a beaucoup d'autres secteurs que le gouvernement, la population et les entrepreneurs colombiens souhaitent développer.
Les Colombiens aimeraient en particulier que les Canadiens investissent. Ils souhaiteraient développer leur industrie des biocombustibles et d'autres industries, et, pour ce faire, ils ont besoin de la technologie et l'ingéniosité déployées par d'autres pays. La Colombie va dans ce sens parce qu'elle souhaite améliorer son économie et construire un monde meilleur pour son peuple.
Certains députés dénoncent les effets appréhendés de l'accord sur les Colombiens. Mais, ils devraient jeter un coup d'oeil à certains éléments de l'accord. La Colombie doit démontrer au Canada qu'elle s'améliore dans certains domaines. L'accord inclut des accords sur la liberté d'association, les négociations collectives, la main-d'oeuvre et les droits des travailleurs. Ce sont des accords importants qui visent à rehausser les normes protégeant le peuple colombien.
Il faut souligner que personne n'a imposé de l'extérieur ces obligations. C'est la Colombie elle-même qui veut s'y soumettre. La Colombie est consciente de son difficile parcours historique. Elle veut montrer au reste du monde qu'il est important pour les Colombiens de changer la perception qu'a le reste du monde de leur pays.
Permettez-moi de réagir à certaines questions et à certains commentaires venus des députés de l'opposition qui sont contre cet accord. J'ai essayé de comprendre leur logique et je voudrais vous démontrer pourquoi leurs arguments doivent être rejetés dans le présent débat. Ils disent essentiellement que nous ne devrions pas ratifier cet accord parce que le président Uribe et son régime ne veulent pas protéger davantage les droits de la personne.
Lorsqu'on examine les statistiques, on constate que la tendance est à la baisse en Colombie concernant les meurtres, les enlèvements et d'autres crimes qui affligent ce pays. Le gouvernement fait de son mieux pour réduire la violence et pour mettre fin à la guerre civile. N'oublions pas non plus qu'il est dans l'intérêt du gouvernement et du président de faire respecter cet accord, c'est-à-dire de voir à ce que les droits de la personne soient mieux respectés, parce que cet accord n'est pas seulement important pour les relations de la Colombie avec le Canada, mais également pour ses relations avec le monde entier. Cet accord va démontrer, particulièrement aux États-Unis, que la Colombie a fait des progrès dans les domaines où elle faisait l'objet de critiques. Cette démonstration sera importante pour les Colombiens dans le but de leur ouvrir des horizons non seulement chez nous, mais également dans le reste du monde. Par conséquent, ils sont motivés à poursuivre les améliorations des dernières années.
Il ne faut pas oublier non plus que cet accord n'est pas conclu simplement avec un président qui a de bonnes chances d'être réélu l'année prochaine pour un mandat de cinq autres années, comme l'indiquent les sondages. C'est un accord qui recueille l'appui de la chambre basse et du Sénat de la Colombie. Les appuis viennent de divers partis politiques. Les syndicats du secteur privé y souscrivent aussi, comme on l'a déjà indiqué dans cette enceinte.
Étant donné que le débat à la Chambre tourne autour de la protections des droits des travailleurs et de la protection des dirigeants syndicaux, il est important de souligner que, dans l'ensemble, les syndicats du secteur privé de la Colombie appuient cet accord.
En outre, la logique voulant qu'il ne faut pas donner suite à un accord de libre-échange en raison de quelques critiques relatives au respect des droits de la personne, est défaillante, compte tenu de nos antécédents ou de l'approche que nous avons adoptée à l'égard d'autres nations. La question n'est pas tellement de savoir si tout est parfait dans un pays donné. Nous savons que même au Canada tout n'est pas parfait. Nous savons que dans le cas d'un bon nombre de nos partenaires commerciaux tout n'est pas parfait. Ce qui importe, fondamentalement, c'est la volonté du peuple et du gouvernement du pays signataire et la voie qu'ils veulent emprunter. Les Colombiens veulent améliorer la situation des droits de la personne et les normes de travail dans leur pays afin que la Colombie devienne un pays meilleur, où règnent la paix et la prospérité.
Si nous appliquions la même norme rigoureuse de perfection au Canada, aucun pays n'aurait, dans le passé, conclu d'accord commercial avec le Canada. Le Canada est à l'avant-garde de la défense des droits de la personne. Nous tendons la main au reste du monde et cherchons à améliorer la situation dans notre pays. Pourtant, dans le passé, nous n'avons pas été parfaits. Nous le savons et nous le comprenons. Si nous voulons et exigeons que les autres pays soient parfaits, en réalité, nous faisons preuve d'hypocrisie en ne demandant pas des autres pays qu'ils exigent la même chose de nous.
Je demande aux députés de la Chambre d'appuyer l'accord car il est bon pour le Canada. Il accroîtra nos échanges commerciaux et notre prospérité. Nous demandons aux députés de l'appuyer, car il est bon pour la Colombie. Il accroîtra ses échanges commerciaux et sa prospérité. Si nous exigeons la perfection au détriment du bien, nous ne ferons jamais de progrès.
Cet accord est tout à fait valable. Il respecte la tradition canadienne de promotion des droits de la personne, de la démocratie et des échanges commerciaux. Je suis très fier de l'appuyer. Je suis très fier que mon gouvernement ait noué des relations avec la Colombie en vue de conclure cet accord. Je serai fier de voter en faveur de cet accord au moment du vote final.
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Madame la Présidente, j'aimerais débuter en souhaitant la bienvenue à mes commettants et mes commettantes de la merveilleuse circonscription de Laval afin qu'ils puissent constater que malgré toutes les rumeurs qui courent, tous les députés, à la Chambre des communes et au Parlement, continuent de faire leur travail et le feront jusqu'à ce que le gouvernement tombe.
Ce qui me surprend le plus dans la discussion que nous avons aujourd'hui par rapport à ce traité de libre-échange, c'est que, d'un côté, on semble croire que maintenant le gouvernement, qui n'a jamais reconnu ou respecté les droit de personnes d'ici, les droits de personnes canadiennes ou québécoises qui vont à l'étranger et qui se retrouvent dans des situations dangereuses, s'arrangerait et s'organiserait pour que les droits des Colombiens et des Colombiennes soient respectés par le simple fait que nous signerions un accord de libre-échange avec eux et avec elles.
Au Bloc québécois, nous ne sommes pas contre les accords de libre-échange ou contre le commerce international, Cependant, nous sommes contre tout ce qui peut nuire, tout ce qui peut blesser les personnes vulnérables. On l'a vu trop souvent dans le passé. Le fait que le gouvernement n'ait pas pris la peine d'attendre que le comité ait rédigé et déposé son rapport blesse encore plus et démontre encore plus le manque de respect du gouvernement dans cette situation. C'est un manque de respect tellement évident qu'on se demande comment il se fait que mes collègues du Parti libéral appuie tout de même le fait que ce projet de loi franchisse la troisième étape, soit l'étape du comité. En effet, on voit bien qu'en aucune manière, il n'y a aucune façon de pouvoir s'assurer que les droits de Colombiens et des Colombiennes seront respectés.
C'est un accord de libre-échange dans lequel on ne retrouve aucune garantie pour les personnes qui seront déplacées et qui devront aller vivre ailleurs. Malgré ce que mon collègue disait tout à l'heure, depuis 2007, il y a une recrudescence des meurtres et des assassinats en Colombie. Quand je parle d'assassinats, je parle de meurtres politiques. Il y a une recrudescence des mouvements de personnes qui doivent quitter leurs terres parce que c'est trop dangereux de vivre là. Ce sont de petits propriétaires miniers qui se font déplacer par de grosses entreprises minières ou de petits agriculteurs qui se font déplacer par de grosses entreprises agroalimentaires. Quand ces personnes sont déplacées, elles le sont vers les grandes villes, comme Bogota, par exemple. On connaît la situation dans les grandes villes quand celles-ci se gonflent de gens qui n'ont aucune façon de gagner leur vie. On se retrouve avec des bidonvilles, comme au Brésil, où il y en a plusieurs. Là, les gens ne vivent pas, mais survivent.
Je ne pense pas que quand on signe un accord de libre-échange, ce soit les résultats que l'on veuille obtenir en vertu de cet accord. Je me demande comment il se fait que nous puissions croire que ces compagnies d'extraction minière agiraient d'elles-mêmes pour maintenir et respecter les droit humains des Colombiens ou des Colombiens alors qu'aucune règle ne les régularise et que rien ne les y oblige.
Cela fait déjà plusieurs années que tous les ans, l'organisme Développement et Paix nous visite et qu'on nous raconte et démontre ce qui se passe déjà avec les compagnies d'extraction minière dans d'autres pays. On voit que dans ces autres pays les droits humains sont aussi bafoués. Comment peut-on croire que ces compagnies se découvrent soudainement des valeurs sociales plus développées, plus ouvertes, pour s'assurer que les personnes qu'elles déplaceront seront au moins replacées dans des endroits où elles pourront vivre décemment? Je ne le crois pas. Je ne crois pas aux bonnes intentions de ces entreprises qui peuvent aller chercher des milliards de dollars.
La Colombie a un sol très riche. Il y a beaucoup de minerai. Il y a aussi des émeraudes. Je sais que les femmes aiment les émeraudes. Ce pays a un sol très riche et on peut aller chercher des milliards de dollars tous les ans. La seule façon d'arrêter et de sanctionner les entreprises d'extraction minière est de leur imposer des amendes qui atteindraient un maximum de 15 millions de dollars par année pour toutes les infractions.
Que représentent 15 millions de dollars quand on peut aller chercher des milliards de dollars? C'est absolument rien. Cela ne veut rien dire sur une échelle aussi large.
Si nous avions voulu vraiment nous assurer que le tout soit fait d'une façon juste et équitable, nous aurions, premièrement, attendu le dépôt du rapport. Deuxièmement, nous aurions écouté attentivement les Colombiennes et les Colombiens qui sont venus nous rencontrer. J'ai rencontré cinq Colombiennes au printemps dernier qui nous ont suppliés de ne pas ratifier cet accord de libre-échange.
On aurait dû, à tout le moins, écouter leurs préoccupations, écouter leurs doléances, réaliser que ce que nous faisons est de bafouer un pan de la population de la Colombie pour donner à quelques personnes de l'élite quelque chose dont ils pourront se targuer, soit d'avoir réussi à conclure une entente avec le Canada. C'est une entente qui leur donne plus à elles qu'à leur population et ils n'auront rien fait pour la mériter.
On a parlé du président Uribe qui se représentait. On sait qu'il souhaiterait pouvoir se représenter ad infinitum. Cela ne veut pas dire qu'il réussira, mais si, par malheur, il réussissait, que peut-on penser à ce moment-là des répercussions sur les droits humains? Comment peut-on croire que les droits humains seraient plus respectés? Je ne le crois pas. Aussitôt qu'une personne a des idées de dictateur comme on peut le percevoir dans ce personnage, on peut croire que les droits humains ne seront ni respectés ni soutenus et qu'on ne fera rien pour donner de la crédibilité aux organismes qui les défendent.
On a dit tout à l'heure qu'il y avait des rapports qui émanaient d'organisations fiables, crédibles. Ces derniers indiquaient que la Colombie était sur une bonne pente, que le pays avait fait des progrès. Cependant, cela dépend des organisations qu'on écoute. Il y a d'autres organisations, de l'autre côté, qui défendent les droits humains. Cinq en particulier nous disent que c'est faux et qu'il y a de plus en plus d'exactions de personnes qui travaillent pour les syndicats, de plus en plus de déplacements urbains, de plus en plus de personnes laissées pour compte et de plus en plus de disparitions.
Si on met les deux dans la balance, on doit accorder de la crédibilité aux personnes les plus vulnérables et être très exigeants dans ce que nous demandons quand nous concluons un accord de libre-échange.
On a vu ce qui s'est passé avec le dossier du bois d'oeuvre. Si nous sommes négligents dans la façon dont nous rédigeons les accords de libre-échange et si nous ne sommes pas suffisamment attentifs, nous allons nous rendre compte que les résultats obtenus ne sont pas nécessairement ceux espérés.
Si le gouvernement avait voulu vraiment être respectueux des gens de la Colombie, du Parlement, des parlementaires qui y travaillent et qui ont travaillé et participé au comité de façon exemplaire, il aurait, à tout le moins, attendu que le rapport soit déposé, que les recommandations qui y sont faites soient considérées.
Cela ne s'est pas fait. Je ne suis pas surprise de voir un gouvernement qui ne se soucie pas des droits des femmes d'ici et de ceux des soldats canadiens. On a vu ce matin des vétérans auxquels on a coupé les vivres. C'est un gouvernement qui ne soucie pas non plus des droits des Premières nations.
Comment peut-on penser qu'un gouvernement qui agit ainsi envers ses citoyens et ses citoyennes puisse agir autrement envers les citoyens et les citoyennes d'un autre pays pour lequel il n'a aucune considération?
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Monsieur le Président, je suis heureux d'appuyer cette importante initiative de libre-échange avec nos voisins sud-américains, les Colombiens, dans le cadre du projet de loi , ainsi que les mesures et les ententes relatives à l'environnement et à la main-d'oeuvre qui font partie de cet accord.
Le Canada a toujours été un pays commerçant. Une grande partie de notre économie et de notre richesse venait de la vente de marchandises extraites, produites et fabriquées au Canada. À l'époque de la Compagnie de la Baie d'Hudson, il y a des centaines d'années, notre richesse était fondée sur le poisson et les fourrures. Maintenant, elle est fondée sur des produits manufacturés et une industrie de pointe. Le Canada a toujours été en mesure de produire plus que ce dont les gens avaient besoin parce que nous avons les ressources nécessaires et que les Canadiens sont des personnes industrieuses.
Je pense à Daniel Massey qui, en 1850, a fondé l’entreprise de fabrication d’instruments aratoires Massey à Newcastle, en Ontario, et à son fils Hart, l'arrière-grand-père de ma mère, un homme d'affaires brillant qui a assuré la relève de l'entreprise familiale. Ayant mis au point la machinerie agricole la plus perfectionnée au monde, par exemple des moissonneurs et des batteuses qui ont été vendus partout au Canada, Massey Manufacturing a affronté avec succès la concurrence mondiale. Elle est devenue l'une des plus importantes entreprises de fabrication d’instruments aratoires du monde, et sa croissance s'est poursuivie.
Hart Massey était un des premiers maîtres de la prise de contrôle de sociétés. Il a réussi a acquérir la Ferguson Tractor Company et ensuite la société de production Harris pour créer la plus grande société de matériel agricole au monde, Massey Harris.
Il a accompli cela malgré les droits imposés. On ne peut qu'imaginer ce que Massey Harris aurait pu accomplir si les échanges avaient été réellement libres, comme ce sera le cas en vertu de l'accord.
Je pense également à une des principales entreprises canadiennes, Research In Motion, qui fabrique les Blackberry qu'on retrouve partout sur la colline et dans le monde des affaires partout sur la planète. C'est un des exemples actuels d'un entrepreneur canadien qui peut faire concurrence dans le monde et gagner, à condition que les règles du jeu soient équitables. Ces entrepreneurs ont toujours créé des milliers d'emplois au Canada, et de plus en plus, il s'agit d'emplois à valeur ajoutée dans la haute technologie, les emplois de l'avenir.
Souvent, notamment dans nos industries de la haute technologie et du logiciel, ainsi que dans celles de l'exploitation minière et des ressources, il est important que les gouvernements facilitent les choses à nos concitoyens les plus travailleurs et créatifs en éliminant les obstacles qui n'avantagent pas les économies des pays avec lesquels ils devraient intensifier leurs échanges commerciaux.
Cet accord ouvre les portes, en éliminant les obstacle, au blé canadien, aux produits du papier, à l'exploitation minière, au pétrole et au gaz naturel, à l'ingénierie et aux technologies de l'information. Je pense aux deux plus grandes sociétés d'ingénierie qui ont leur siège social dans ma circonscription, Oakville: Amec et Acres International. Elles sont déjà en tête de file mondiale. Elles sont déjà responsables de projets dans le monde entier, mais elles auront un meilleur accès aux entreprises colombiennes à mesure que nous devenons plus présents en Amérique latine.
Le commerce crée de nouveaux emplois et de la richesse. Prenons, par exemple, le pacte de l'automobile en Ontario, qui existe depuis les années 1960. Il s'agit d'un de nos premiers accords commerciaux. Dans ma circonscription, Oakville, nous fabriquons quatre modèles Ford, dont la Ford Edge. Quatre-vingt pour cent des voitures et soixante pour cent des pièces d'automobiles fabriquées en Ontario sont vendues aux États-Unis. Des milliers d'emplois en Ontario dépendent des voitures et des pièces d'automobiles vendues aux États-Unis. L'industrie automobile sait ce que nous savons, c'est-à-dire que les travailleurs canadiens sont fiables, travailleurs, bien formés, en santé et productifs.
Ce secteur est totalement intégré. Un de mes électeurs d'Oakville est chef d'une usine à Brantford, en Ontario, où on construit des collecteurs pour moteurs qui sont envoyés vers des usines aux États-Unis et au Mexique. Ils sont ensuite montés sur les moteurs qui reviennent à Oshawa et ailleurs pour être installés dans des voitures destinées au marché américain.
Voilà comment un accord de libre-échange peut intégrer un secteur et créer de la richesse. Voilà pourquoi un emploi sur quatre au Canada dépend du libre-échange. Le Canada a énormément profité du libre-échange.
Notre principal partenaire commercial, les États-Unis, a été durement touché par la récession. Son rapport dette-PIB est plus du double du nôtre. Nombre de ses institutions financières se sont écroulées. Nos ventes aux États-Unis sont à la baisse. Notre principal partenaire sur les plans du commerce et de l'emploi s'est affaibli.
Pendant des années, nous avons été trop dépendants du marché américain. L'économie américaine va s'en sortir, comme la nôtre, mais je me suis toujours demandé pourquoi l'ancien gouvernement, pendant ses 13 années au pouvoir, n'avait jamais tenté de conclure d'autres accords de libre-échange pour réduire notre dépendance envers nos voisins du Sud.
Nous avons maintenant un chef qui a une vision à long terme pour le Canada, le Stephen Harper, et un gouvernement qui travaille avec nos alliés démocratiques pour ouvrir des portes...
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Monsieur le Président, en novembre, le est allé au Pérou pour engager le dialogue avec les Péruviens sur un accord de libre-échange, et ce sujet fait actuellement l'objet de discussions.
Nous avons conclu une entente de libre-échange avec la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein. Les produits canadiens vont maintenant pouvoir entrer dans ces pays en franchise. Des produits moins chers, cela veut dire plus de ventes dans ces pays.
Si nos amis américains ne peuvent pas acheter les produits canadiens pour une raison quelconque, alors peut-être que les Européens ou les Sud-Américains le feront.
La perspective la plus prometteuse, c'est l'Union Européenne et ses 27 pays. Le gouvernement se prépare à entamer des négociations officielles avec l'ensemble de l'Europe, la deuxième économie du monde avec un marché de plus d'un billion de dollars. Avec un tel partenaire commercial, nous deviendrons moins tributaires du marché américain. Si l'économie américaine fléchit pour une raison quelconque, comme cela a été le cas avec cette récession mondiale — qui a d'ailleurs débuté aux États-Unis — nous aurons d'autres débouchés commerciaux. En multipliant ses partenaires commerciaux, le Canada deviendra plus indépendant.
Le dossier des droits de la personne en Colombie est très préoccupant, mais le gouvernement actuel de ce pays a montré qu'il voulait améliorer la situation. Si la vie des Colombiens s'améliore, le gouvernement deviendra plus stable et pourra se donner les moyens d'améliorer les droits de la personne. Il a par exemple signé un accord par lequel il s'engage à respecter les règlements et obligations de l'OIT, l'Organisation internationale du travail, en matière de commerce et de droit du travail, comme c'est déjà le cas au Canada. Des sanctions sont prévues pour les pays qui ne respectent pas ces accords.
Mais ce qui est peut-être le plus important, c'est que les dirigeants syndicaux de la Colombie sont pour cet accord. Ils estiment qu'il améliorera le sort des travailleurs en Colombie. Et ils sont les mieux placés pour en parler.
L'essentiel, c'est que la vie des gens en Colombie et au Canada s'améliore progressivement. Et nous avons de bonnes raisons de penser que ce sera le cas si nous avons des échanges avec la Colombie.
Le libre-échange est source de prospérité et d'emplois. Grâce à un dialogue commercial et à une interaction soutenue, nous ferons découvrir ce qu'il y a de mieux dans le Canada aux Colombiens les mieux placés pour influencer leur société. Cela prendra du temps, mais les Canadiens et les Colombiens qui ont des idées, qui ont de l'imagination et qui produisent d'excellents produits tireront tous profit de cet accord, de même que tous les gens qui travaillent dans leurs usines et leurs entreprises.
Les entreprises canadiennes vont rester des leaders mondiaux. Je pense à Fifth Light Technology à Oakville, où un ingénieur brillant a mis au point un ballast pour ampoules fluorescentes qui permet de les mettre en veilleuse grâce à dispositif informatique dans une vaste usine. On peut ainsi obtenir une réduction de 70 p. 100 du coût de l'éclairage dans de grandes entreprises. Quelle économie d'énergie!
Selon les dirigeants de cette entreprise, si par exemple on équipait tous les édifices commerciaux de l'Ontario de ce dispositif, on pourrait faire l'économie d'un réacteur nucléaire.
Cette entreprise est un leader mondial. C'est le genre d'entreprise qui peut exporter sa technologie en Colombie ou en Europe ou n'importe ailleurs dans le monde, et devancer tous les autres pays tout en créant des emplois ici au Canada.
C'est un exemple de ce que nous pouvons faire à l'avenir en tant que pays commerçant: diffuser nos réalisations exemplaires dans le monde en abordant avec nos partenaires commerciaux les questions des droits de la personne et des principes humains.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'intervenir au sujet du projet de loi qui a pris énormément d'importance au Parlement cette semaine. À maints égards, cette mesure législative annonce aux Canadiens qu'une des alliances les plus improbables pourrait fort bien se conclure. Les conservateurs et les néo-démocrates s'efforcent par tous les moyens de faire bien paraître leurs volte-face.
Parlons du projet de loi lui-même. Cette mesure législative fait suite au sommet qui s'est tenu à Lima en novembre dernier. À cette occasion, le a parlé de « l’importance de garantir des marchés libres et ouverts pour permettre un redressement rapide de l’économie ».
Sans égard à ce qui s'est passé entre novembre et aujourd'hui, mes collègues et moi aimerions croire le sur parole et croire qu'il pensait ce qu'il a dit à ce moment-là. Toutefois, ceux d'entre nous qui ont examiné l'approche du gouvernement à l'égard des marchés asiatiques depuis trois longues années peuvent uniquement conclure qu'il s'agit d'un revirement de dernière minute. Si le avait cru ce qu'il a dit à Lima, les trois dernières années auraient été fort différentes. Il se serait entre autres intéressé à d'autres grands dossiers en matière de commerce international et à d'autres marchés que ceux de la Colombie et des Amériques.
Cette question a été soulevée plus tôt au cours du mois lorsque le chef de mon parti, en l'occurrence le chef de l'opposition, et moi avons rencontré certains des principaux intervenants canadiens des marchés d'exportations du littoral du Pacifique. En fait, les dernières négociations importantes avec un pays asiatique remontent à 2001.
Entre 2001 et aujourd'hui, trois gouvernements ont conclu six accords de libre-échange avec des pays des Amériques. La structure de ces accords est fort comparable à celle de l'accord proposé aujourd'hui avec la Colombie. Cependant, une recherche rapide permet de constater que les Amériques ne contribuent que pour 11 p. 100 à la croissance du PIB mondial alors que l'Asie y contribue pour 42 p. 100, compte tenu des taux de parité du pouvoir d'achat de 2008. Pour aggraver encore les choses, il y a au Canada presque deux fois plus de citoyens d'origine asiatique que d'origine américaine. Nous orientons mal nos efforts par rapport à l'importance de nos liens culturels.
Dans une conjoncture économique comme celle que nous connaissons, on ne peut s'empêcher de se demander si le Canada ne serait pas en bien meilleure position s'il s'était intéressé aux marchés asiatiques au cours des trois dernières années plutôt que de se concentrer sur ceux des Amériques.
Le a peut-être craint de devenir moins Canadien s'il passait beaucoup de temps en Asie ou que quelqu'un lui fasse de la publicité négative disant qu'il ne fait que visiter son propre pays.
Toutefois, je devrais peut-être voir le bon côté des choses. Le gouvernement fait au moins quelque chose pour ouvrir les marchés canadiens au monde. Si la signature d'un accord avec la Colombie est le moyen qu'il a choisi, nous devons nous atteler à la tâche et nous assurer de bien faire les choses.
La Colombie doit collaborer avec nous. Lors des 40 dernières années de son histoire, les groupes paramilitaires, financés par le trafic de drogues illicites, ont été engagés dans l'un des conflits les plus destructeurs de l'hémisphère. Ce conflit a entraîné des déplacements massifs, des meurtres et des violations des droits de la personne. Aucun député de la Chambre ne se fait de fausses illusions à propos du passé de la Colombie. Nous devons maintenant façonner son avenir.
Nous avons constaté que la question des violations des droits de la personne, que les conservateurs avaient utilisée comme excuse pour expliquer leur échec dans le dossier de la Chine, ne constitue plus un obstacle à la signature d'un accord. Et comme l'accord avec la Colombie fera l'objet d'un vote de confiance, cette question ne semble également plus être un problème pour les députés néo-démocrates. C'est toute une volte-face pour eux.
En effet, au mois de mai, ils tenaient les propos suivants: « Le NPD est solidaire de millions de Canadiens qui s'opposent au meurtre, à la torture et à la violation des droits de la personne. Nous dénonçons le fait que cet accord soit entaché du sang d'innocentes victimes. »
Je suppose qu'ils tiendront des propos différents à ces milliers de Canadiens au cours des prochains mois ou des prochains jours.
Les députés néo-démocrates prétendent également que cet accord tourne en dérision les droits de la personne. Je suppose qu'ils ne se rendent pas compte qu'ils tournent le Parlement en dérision lorsqu'ils s'associent aux conservateurs à la première occasion. On voit ce que valent leurs discours. Examinons les faits.
En tant que membre du Comité du commerce international, j'ai visité la Colombie l'année dernière avec mes collègues dans le but de rencontrer des Colombiens. Nous avons pu entendre les témoignages d'experts, de dirigeants d'entreprises ainsi que de représentants d'ONG, de syndicats et du gouvernement. Notre comité a constaté que des progrès ont été réalisés dans ce pays depuis l'élection du président Uribe, en 2002. La violence et les meurtres ont diminué de 50 p. 100, les enlèvements, de 90 p. 100, les assassinats de syndicalistes, de 70 p. 100, et les déplacements de population, de 75 p. 100. Des dizaines de milliers de membres de groupes paramilitaires démobilisés réintègrent la société civile, 92 p. 100 des enfants fréquentent l'école primaire et 30 000 hectares ont été reboisés. En revanche, des groupes paramilitaires continuent de violer les droits de la personne, les programmes environnementaux manquent de ressources et la corruption demeure un fléau.
Nous devons nous demander comment nous pouvons poursuivre nos progrès et convaincre la Colombie de porter une plus grande attention aux droits de la personne. Le Parti libéral a toujours cru que le resserrement des liens économiques permet au Canada d'user de son influence pour promouvoir le respect des droits de la personne. Les Colombiens que nous avons rencontrés abondent dans ce sens.
À Bogota, des représentants des Nations Unies nous ont dit que le Canada peut se servir de l'accord pour favoriser le dialogue et améliorer la reddition de comptes en matière de respect des droits de la personne. Des défenseurs des droits de la personne en Colombie ont dit au comité que les accords commerciaux sont un moyen efficace de faire pression sur le pays afin qu'il respecte ses obligations internationales en matière de droits de la personne.
En résumé, le gouvernement conservateur n'exploite pas le potentiel énorme que représente le marché asiatique et consacre tout son temps et ses ressources à l'Amérique.
Il est clair que la Saskatchewan est le seule province canadienne à avoir enregistré un excédent budgétaire l'année dernière, et cela, elle y est parvenue parce qu'elle est la seule province à exporter ses produits et ses marchandises ailleurs que vers l'Amérique. Nous devrions tous apprendre de cette province.
Dans le cadre de cet accord, le Canada doit soutenir les efforts de la Colombie pour s'attaquer au trafic de la drogue, au manque de sécurité et à la corruption. Veillons à ce qu'il en soit ainsi.
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Monsieur le Président, le Canada est l’une des plus grandes nations marchandes du monde. Nous comptons depuis longtemps sur le commerce pour nous assurer la prospérité et le niveau de vie que nous envient les autres pays. Au cours de cette période de crise économique, le Canada doit repenser sa façon de faire le commerce avec le monde.
À l’heure actuelle, 75 p. 100 de nos échanges se font avec les États-Unis. C’est une bonne chose certes, mais elle a des inconvénients. En concentrant 75 p. 100 de notre commerce dans un seul pays, nous devenons tributaires de son économie. Au cours de cette récession, nous avons pu constater que les graves problèmes économiques des États-Unis se répercutent chez nous.
Il y a quelque temps, les négociations de l’Organisation mondiale du commerce visant la conclusion d’un accord commercial mondial se sont effondrées. Cela a donné au Canada l’occasion d’établir des relations commerciales bilatérales avec différents pays. Ces relations renforceront notre économie, mais nous pourrons aussi exercer notre influence dans d’autres pays en développement afin de les aider à prospérer.
À cette fin, notre gouvernement conservateur s’est montré extrêmement dynamique en vue de la conclusion d’accords de libre-échange bilatéraux avec les pays du monde. Ainsi, pendant les quatre dernières années, notre gouvernement a ouvert des portes aux entreprises canadiennes en signant des accords de libre-échange avec la Colombie -- accord que nous débattons aujourd’hui -- ainsi qu’avec le Pérou, la Jordanie, Panama et l’Association européenne de libre-échange, qui comprend l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Liechtenstein. Et il reste encore beaucoup à faire.
Au Brésil, nous avons ouvert de nouveaux bureaux commerciaux. Le Brésil a la plus importante économie de l’Amérique du Sud. En 2008, nos échanges avec ce pays ont totalisé quelque 2,8 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 70 p. 100 par rapport à l’année précédente. C’est là une très bonne chose aussi bien pour notre économie que pour celle du Brésil.
En même temps, notre gouvernement a engagé des discussions visant un partenariat avec deux des plus importants groupes économiques du monde, l’Union européenne et l’Inde.
Il est évident que l’Europe ouvre d’énormes perspectives pour le Canada. Nous n’avons pas conclu d’accords de libre-échange avec des pays européens dans le passé, mais nous avons maintenant engagé des négociations à cette fin. Si nous signons un accord avec l’Union européenne, nous nous attendons à ce que les avantages pour le Canada soient de l’ordre de 12 milliards de dollars par an.
Nous sommes au milieu d’une récession qui touche tous les pays du monde. Nous avons en ce moment la possibilité de nous prémunir contre les effets de cette récession et peut-être contre des défis économiques futurs qui se manifesteront dans le monde. Un seul accord de libre-échange avec l’Union européenne peut nous rapporter 12 milliards.
L’Inde est un marché qui intéresse mes électeurs d’Abbotsford, puisque 20 à 25 p. 100 de la population locale est d’origine indienne. Quelque 25 000 Indo-Canadiens vivent à Abbotsford et se rendent assez souvent en Inde. Beaucoup d’entre eux sont des gens d’affaires ayant des activités un peu partout dans le monde.
Nous avons récemment engagé des négociations avec l’Inde en vue d’un partenariat économique complet. En même temps, des discussions sont en cours pour la signature d’un accord de coopération nucléaire entre les deux pays.
Nous avons aussi ouvert huit nouveaux bureaux commerciaux en Inde. J’ai eu le plaisir d’accompagner le en Inde en janvier. Nous avons eu l’occasion de visiter quelques-uns de ces nouveaux bureaux.
Les Indiens, et je parle d'expérience, sont ouverts à ces nouvelles relations commerciales. Ils savent qu'il est mutuellement avantageux, pour eux-mêmes et pour le Canada, de renforcer ces relations.
Nous ne nous sommes pas tenus uniquement à l'Inde et à l'Europe. Nous nous tournons également vers le Moyen-Orient. En effet, le gouvernement a signé avec la Jordanie un accord de libre-échange et de protection de l'investissement étranger. Nous avons également des entretiens avec le Maroc, avec qui nous envisageons la possibilité de négociations sur le libre-échange.
Je n'ai pas dit un mot de la Chine, l'économie émergente la plus importante du monde. La plupart des Canadiens comprennent à quel point la Chine compte pour notre prospérité et notre avenir économiques. Le gouvernement a accompli des progrès impressionnants dans les relations commerciales du Canada. Un bon nombre de ministres se sont rendus en Inde ces derniers mois et au cours des deux dernières années. La Chine, qu'on le croie ou non, est désormais le deuxième partenaire commercial en importance du Canada. Elle a délogé le Japon du deuxième rang. Nous manquerions à notre devoir si nous n'exploitions pas les possibilités économiques et commerciales offertes par ce pays.
Dans cette optique, nous avons ouvert récemment six nouveaux bureaux commerciaux dans différentes villes chinoises dans le cadre de notre Stratégie commerciale mondiale. C'est là une autre excellente nouvelle pour notre pays et pour notre prospérité économique. En échange, bien entendu, nous aidons la Chine, car il s'agit d'une économie émergente. La Chine veut prendre sa place dans le monde et se moderniser. Il va sans dire que le Canada est disposé à coopérer et à s'engager dans cette voie.
J'ai été déçu d'apprendre récemment que le libérale avait pris des dispositions pour se rendre en Chine, mais qu'il avait annulé ce voyage, davantage préoccupé par la recherche du pouvoir au Canada, puisqu'il menace de nous précipiter dans des élections. Voilà que nous avons l'occasion de renforcer nos relations, d'étoffer nos relations commerciales avec la plus grande économie émergente au monde, mais le chef de l'opposition, après avoir préparé un voyage en Chine, annule ce déplacement, plus soucieux de ses propres intérêts politiques que de ceux du Canada.
Le est résolu à se rendre en Chine en novembre. Il n'a pas annulé cette visite. Je suis étonné que le chef libéral ait agi comme il l'a fait.
En 13 ans, le gouvernement libéral a signé à peine trois accords de libre-échange. En 13 ans, seulement trois, alors que des accords de cette nature auraient renforcé notre économie et nous auraient mieux protégés contre des problèmes comme l'actuelle récession mondiale. En cette période de ralentissement de l'économie mondiale, les Canadiens peuvent compter sur le gouvernement conservateur pour s'opposer au protectionnisme et défendre un commerce ouvert et libre au niveau mondial. Voilà pourquoi, depuis trois ans et demi, il négocie de nouveaux accords de libre-échange avec différents pays, dont la Colombie. L'accord de libre-échange avec ce pays se traduira par de nouveaux emplois pour les Canadiens et les Colombiens, mais l'exploitation de nouveaux débouchés et l'amélioration des droits de la personne ne sont pas incompatibles.
Le Canada a l'un des bilans les plus respectés au monde en matière de droits de la personne. Il est ridicule d'attendre que d'autres pays parviennent à ce même niveau avant de nouer avec eux des relations commerciales. Il va de soi que, si nous voulons établir des relations avec d'autres pays non seulement sur le plan commercial, mais aussi pour aborder les problèmes de droits de la personne, il est judicieux de lier les deux dossiers. Voilà pourquoi l'accord de libre-échange conclu avec la Colombie établit ce lien. Il comprend des dispositions qui portent expressément sur le travail, les droits de la personne et même les exigences en matière d'environnement. Et l'accord prévoit également des dispositions exécutoires.
Je souhaite vivement que le gouvernement et le Parlement aillent de l'avant et accordent l'approbation finale à l'accord de libre-échange avec la Colombie, car il est dans l'intérêt du Canada et de la Colombie.
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Monsieur le Président, nous discutons cet après-midi du sous-amendement apporté par la députée de qui vient justement modifier l'amendement du député de qui, essentiellement, demande que cette Chambre refuse de donner son consentement à l'adoption du projet de loi .
En fait, par ce sous-amendement, la députée de demande de prendre en considération ce refus, « notamment après avoir pris connaissance de la vive opposition à l’accord exprimée par les organismes de défense des droits de la personne ». La députée demande donc à cette Chambre de refuser son accord sur la base de commentaires que nous avons reçus de groupes qui nous demandent de ne pas appuyer ce projet de loi. Je dois dire que ces groupes sont multiples, tant au Canada qu'en Colombie.
On me permettra simplement d'en mentionner quelques-uns: le Congrès canadien du travail, le Conseil canadien pour la coopération internationale, Amnistie internationale, la FTQ, Développement et Paix, KAIROS, l'Alliance de la Fonction publique du Canada, Avocats Sans Frontières, le Syndicat des communications, de l'énergie et du papier du Canada, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, le Syndicat canadien de la fonction publique et le Syndicat national des employées et employés du secteur public.
Ce ne sont que quelques organismes qui, au Canada et au Québec, nous demandent de ne pas appuyer cet accord de libre-échange Canada-Colombie. Je dois dire que même en Colombie, la société civile tente de se mobiliser pour manifester son désaccord face à cet accord. Cependant, on conviendra qu'il est plus compliqué de s'organiser vu le climat un peu difficile qui règne en Colombie.
Je mentionnerais simplement qu'en février dernier, un certain nombre de députés de notre caucus ont rencontré des membres de la Coalition des organisations et mouvements sociaux de la Colombie qui regroupe l'Organisation nationale indigène de Colombie, l'Organisation Féminine Populaire, le Coordinateur National Agraire, le Mouvement des Chrétiens pour la Paix, avec Justice et Dignité, le Mouvement national pour la santé et la sécurité sociale, le Mouvement afro-américain des traces africaines et le Black Community Process.
Voilà un élément fort important dans une prise de décision, soit de vérifier auprès de plusieurs acteurs si on peut retrouver un certain consensus autour de cet accord. Malheureusement, dans le cas présent, je crois que plusieurs voix se sont élevées pour décrier cet accord.
En juin 2008, ici même au Parlement, le Comité permanent du commerce international a déposé un rapport intitulé Droits humains, l’environnement et l’Accord de libre-échange avec la Colombie. Dans ce rapport, un certain nombre de recommandations avaient été faites au gouvernement, recommandations qui n'ont pas été mises en vigueur par le gouvernement. Le gouvernement a donc décidé de procéder à la ratification de cet accord sans prendre en considération les recommandations fort judicieuses qu'avait soumises ce comité, soit de demander à ce que le Canada ne signe pas d'accord de libre-échange avec la Colombie tant que nous n'aurions pas de confirmation que les améliorations au niveau des droits de la personne soient maintenues et en hausse.
Le gouvernement a tout de même décidé d'aller de l'avant avec l'accord même si actuellement, selon les informations dont nous disposons, le bilan est toujours désastreux du côté de la Colombie.
Le comité recommandait également que les gouvernements mandatent une organisation indépendante pour mener des études d’impact sur les droits et l’environnement relativement à la signature d'un tel accord. Or, aucune étude n'a été faite jusqu'à maintenant par le Canada. À tout le moins, si certaines études ont été menées, le public n'en a jamais été informé.
De plus, le comité recommandait qu'un organe compétent soit mis sur pied afin de procéder à un examen indépendant, impartial et complet des répercussions sur les droits de la personne.
Tout cela s'inscrit dans un processus qui aurait amené le Canada à signer cet accord commercial en se souciant des répercussions que celui-ci pourrait avoir sur la population colombienne. Ces recommandations émanaient de parlementaires. Encore une fois, on remarque la propension du gouvernement conservateur à faire fi de propositions majoritaires émanant de cette Chambre. On a vu et nommé, ici même en cette Chambre, un certain nombre de propositions au cours des deux mandats conservateur. Je dois dire que le Comité permanent du commerce international n'en était pas à sa première rebuffade de la part du gouvernement. L'an dernier, le gouvernement a décidé de rejeter catégoriquement le rapport de ce comité l'enjoignant à exclure l'eau de l'ensemble des accords commerciaux.
Le gouvernement a décidé de ne pas tenir compte, encore une fois, de l'avis de cette Chambre. Comment veut-on qu'on cautionne, en tant que parlementaires, ce genre d'attitude un peu antidémocratique? Le Parlement est la voix de la population. Lorsque les parlementaires décident d'unir leurs voix pour faire des propositions au gouvernement, il me semble qu'il serait du devoir de ce dernier d'en prendre acte et d'agir en conséquence. Or, dans le contexte actuel de l'accord de libre-échange avec la Colombie, il est ironique que le gouvernement dise devoir mettre en avant cette proposition d'accord de libre-échange pour encourager les efforts démocratiques de la Colombie. Comment pouvons-nous croire le gouvernement dans la conclusion d'un accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie alors qu'il décide lui-même de ne pas écouter le parlement dont il est issu?
Bien sur, il est important de protéger les investissements dans les accords. On n'est pas contre cela. Cependant, il faut s'assurer que ces accords se font en tout respect des partenaires. Le gouvernement dit qu'il s'agit d'un accord de libre-échange, mais normalement, lorsqu'on établit des accords de libre-échange, on le fait avec des partenaires de taille similaire. Dans ce cas-ci, on croit plutôt que cet accord vise à protéger les investissements. C'est normal de le faire dans certains cas, surtout pour créer un environnement prévisible et s'assurer que l'investisseur étranger ne sera pas dépossédé de son bien lors d'une possible nationalisation. Dans le cas qui nous occupe, il faut s'assurer que ce type de protection ne se fait pas à l'encontre du pays où ces investissements se font.
On a vu, avec le chapitre 11 de l'ALENA, qu'il est maintenant permis pour certains investisseurs de poursuivre le pays si celui-ci veut modifier ou améliorer ses lois en ce qui a trait aux individus ou à l'environnement, par exemple. Il est clair que l'ensemble des éléments de ce qui est proposé ne respecte pas ce que les parlementaires de cette Chambre ont exprimé lors des travaux du comité. Il est déplorable de voir que le gouvernement fait fi de l'ensemble des éléments qui lui ont été proposés par les groupes de la société civile.
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Monsieur le Président, l’Agence canadienne de développement international a travaillé avec le gouvernement colombien pour améliorer la paix et la sécurité en Colombie.
La Colombie est une démocratie dont l’économie est en plein essor, qui a un gouvernement responsable, une société civile active et des institutions stables, mais qui subit les effets du conflit le plus long qu’ait connu le continent américain. Ce pays compte plus de trois millions de personnes déplacées. Toutefois, ces dernières années, les organismes de la communauté mondiale et les organisations internationales qui travaillent en Colombie ont constaté que la situation s'était améliorée pour les citoyens des villes sur le plan de leur sécurité personnelle.
Avec le soutien de la communauté internationale, les autorités gouvernementales et les organismes de la société civile prennent des mesures qui contribuent à accroître la paix, la sécurité et la prospérité. Il est important que le Canada continue à travailler pour la paix en Colombie et nous pouvons être très fiers de ce que nous avons accompli pour soutenir ce processus.
En fait, le Canada est le principal donateur en ce qui concerne les droits et la protection des enfants en Colombie. Les programmes de l’ACDI protègent les enfants contre la violence, empêchent qu’ils ne soient recrutés pour participer au conflit armé et les aident à retrouver leur place dans leur communauté. Nous cherchons à promouvoir une agriculture durable et nous fournissons, à ceux qui vivaient des cultures illicites, d’autres moyens d’existence qui contribuent à la sécurité alimentaire nationale.
Les relations du Canada avec la Colombie reposent notamment sur le soutien de la paix et de la démocratie, le renforcement des relations économiques bilatérales, un dialogue franc sur les droits de la personne, une coopération étroite sur le plan de la sécurité et des questions humanitaires, les activités antidrogue et l'action contre les mines terrestres.
Au cours des cinq dernières années, l'ACDI a déboursé plus de 64 millions de dollars en Colombie. Les programmes de l'ACDI sont centrés sur la gouvernance démocratique et plus particulièrement la protection et la promotion des droits de la personne pour les citoyens vulnérables touchés par le conflit, surtout les enfants, les adolescents et les personnes déplacées.
L'ACDI a versé une contribution de 8,8 millions de dollars pour aider les personnes déplacées à revendiquer leurs droits, renforcer les politiques et les programmes nationaux cherchant à améliorer le sort des personnes déplacées et aider à trouver des solutions durables qui faciliteront leur retour lorsque ce sera possible.
En fait, en février dernier, la a annoncé que l'ACDI dirigerait 80 p. 100 de ses programmes bilatéraux vers 20 pays dont la Colombie fait partie. De plus, le programme de MAECI pour la paix et la sécurité mondiales a consacré plus de 14,5 millions de dollars à des programmes de prévention des conflits et de renforcement de la paix entre 2006 et 2009. Ce programme est centré sur des initiatives visant à renforcer la justice et la confiance et vise à soutenir le dialogue politique et à améliorer la sécurité et la stabilité.
Le Canada est également un des pays qui soutient le plus la mission de l'Organisation des États américains à l'appui du processus de paix en Colombie. Cette mission a joué un rôle crucial en appuyant les efforts déployés par le gouvernement pour démobiliser les forces paramilitaires dans ce pays. Elle protège aussi les droits des femmes victimes de violence sexuelle ainsi que les victimes des conflits indigènes.
Entre 2007 et 2009, le Canada a versé plus de 10 millions de dollars au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin de protéger les personnes déplacées à l'intérieur du pays et celles qui ont trouvé refuge dans les pays voisins. L'ACDI travaille en collaboration avec ses partenaires multilatéraux tels que la Croix-Rouge et le Programme alimentaire mondial pour rejoindre ces personnes.
De plus, le programme de renforcement des capacités antiterroristes de MAECI apporte aux États une formation, un financement, de l'équipement et une aide technique et juridique pour prévenir le terrorisme. Depuis 2005, ce programme a financé des projets en Colombie à raison de 1,5 million de dollars.
Le Canada est également l'un des principaux donateurs du programme d'action contre les mines terrestres en Colombie. Entre 2003 et 2008 le Canada, qui a surtout travaillé par l'entremise de l'Organisation des États américains et l'UNICEF, a fourni une contribution de plus de 3,7 millions de dollars pour le déminage humanitaire, la destruction des stocks de mines, l'aide aux victimes, la sensibilisation aux risques présentés par les mines et la coordination du programme d'action contre les mines terrestres. Les efforts que déploie la Colombie pour améliorer la paix et la sécurité correspondent aux valeurs et aux intérêts du Canada.
Le gouvernement de la Colombie a pris des mesures positives qui témoignent de ses efforts continus visant à réduire la violence contre les syndicalistes, à combattre l'impunité des auteurs de cette violence, à promouvoir la sécurité et la paix en protégeant les droits de la personne et à établir un État de droit.
Dans le cadre de son programme international pour l'administration de la main-d'oeuvre professionnelle, le Canada consacre un million de dollars à des initiatives d'aide technique pour la main-d'oeuvre en Colombie. Ces initiatives ne sont pas négatives, mais aident au contraire le ministère colombien du Travail à développer la formation des dirigeants et à faire respecter la législation du travail. La Colombie a encore des défis à relever mais elle a déjà fait des progrès et le Canada va continuer à faire sa part pour l'aider à consolider la paix, la sécurité et le plein respect des droits de la personne.
J'aimerais brièvement évoquer les résultats des programmes de l'ACDI pour le développement de la Colombie. Par le biais du Haut-commissariat aux droits de la personne, l'ACDI aide le gouvernement et les organisations de la société civile à élaborer collectivement un plan national d'action sur les droits de la personne. Grâce à cela, on intègre maintenant les droits de la personne dans les activités des institutions gouvernementales colombiennes et de plus en plus de hauts fonctionnaires savent en quoi consistent les obligations internationales en matière de droits de la personne et peuvent les faire respecter. Par ailleurs, il y a une meilleure couverture des questions de droits de la personne dans les médias et le public est mieux informé des violations des droits de la personne et du droit humanitaire international.
Des bandes armées de hors-la-loi continuent néanmoins à recruter des garçons et des filles et à utiliser comme arme de guerre la violence sexuelle et fondée sur le sexe. Les programmes de l'ACDI pour y remédier insistent fortement sur les droits et la protection des enfants, et ils donnent des résultats. On estime que 15 000 enfants et adolescents ont pu ainsi échapper au recrutement par les forces armées, cependant que 260 enfants soldats démobilisés ont pu être réinsérés dans leur communauté d'origine.
Le pays a adopté une nouvelle loi sur les enfants et les adolescents, et plus de 12 000 fonctionnaires sont formés pour l'appliquer. Environ 6 000 adolescents ont acquis des capacités de résolution des conflits et d'autres aptitudes sociales à l'école, grâce à l'appui de 400 de leurs pairs formés à encadrer d'autres jeunes. Grâce aux efforts de l'ACDI, environ 70 p. 100 des enfants et des adolescents démobilisés peuvent bénéficier de meilleurs services de santé, d'éducation, de protection et d'intégration.
Comme le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de son territoire, soit 3 à 4 millions de personnes, place la Colombie au deuxième rang au classement mondial et que la Colombie est le pays du continent américain le plus ravagé par les mines et autres explosifs résiduels de la guerre, l'aide de l'ACDI permet d'améliorer la vie de nombreux Colombiens.
La Colombie a maintenant des politiques et des programmes visant à protéger et à garantir les droits des personnes déplacées. Ces programmes tiennent compte des besoins particuliers des femmes, des enfants et des minorités ethniques. Grâce à l'ACDI, on a aussi pu protéger 470 000 personnes déplacées à l'intérieur du territoire colombien qui étaient laissées pour compte parce qu'elles ne figuraient pas sur les registres nationaux. Les services de l'État civil ont remis des documents d'identité à plus de 100 000 de ces personnes déplacées qui peuvent désormais bénéficier des services auxquels elles ont droit.
À notre avis, la recherche par le Canada d'un accord de libre-échange et la volonté de promouvoir et de protéger les droits humains et syndicaux en Colombie sont deux objectifs qui se renforcent mutuellement et sont également importants. Le développement économique que permettra le renforcement des échanges commerciaux, parallèlement au renforcement des droits des travailleurs, contribuera à consolider les fondations sociales de la Colombie, à faire reculer la violence et à apporter plus de sécurité et de prospérité aux Colombiens.
La Colombie est un important partenaire stratégique en matière de commerce et d'investissement pour le Canada, et les entreprises canadiennes sont déjà très présentes en Colombie dans le secteur des mines, du pétrole et du gaz. Comme mes collègues le savent, j'en suis certaine, le mandat de l'ACDI consiste à réduire la pauvreté en encourageant le développement durable. La croissance économique est, avec les enfants et adolescents et la sécurité alimentaire, l'un des trois thèmes fixés par la ministre pour tous les programmes de l'ACDI. En Colombie, la croissance économique que suscitera l'accord de libre-échange permettra non seulement d'assurer l'avenir des adolescents actuels, mais aussi de garantir la stabilité, la sécurité et le développement durable.
J'invite mes collègues à reconnaître que la croissance économique que créera cet accord viendra épauler les efforts du gouvernement de la Colombie pour établir une démocratie plus prospère, plus équitable et plus sûre. Moi qui suis mère de cinq enfants, j'espère que tous mes collègues penseront à leurs enfants quand ils voteront. C'est une question importante non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour les Colombiens et leurs enfants. Je vous exhorte à appuyer ce projet. Votez pour et vous ferez progresser non seulement la situation humanitaire mais aussi la situation économique. Je félicite tous mes collègues qui se sont déjà prononcés en faveur de cette mesure aujourd'hui.
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Monsieur le Président, le Canada est un pays démocratique respectant la règle de droit, un pays où l'on respecte les droits de la personne. Nous devons nous assurer de soutenir les pays qui aspirent à l'atteinte de ces objectifs et qui travaillent en ce sens. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Canada doit chercher à conclure des accords de commerce bilatéraux pour accroître les perspectives économiques des entreprises de la Colombie. Il faut donc concilier cela avec la responsabilité de promouvoir les droits de la personne.
Nous sommes d'avis qu'un accord de libre-échange encouragerait le gouvernement colombien à faire d'autres réformes en faveur de la croissance économique, de la sécurité et des droits de la personne. Depuis quelques années, la Colombie a fait de véritables progrès sur les plans de l'économie, des programmes sociaux et de la sécurité, mais le processus est fragile. Les terroristes des FARC, les narcotrafiquants et les attaques du régime Chavez, au Venezuela, sont autant de menaces constantes. La Colombie est un pays d'une grande beauté, peuplé de gens honnêtes et doté de nombreuses ressources naturelles. C'est un pays où la situation a été catastrophique pendant plus de 40 ans, qui a été paralysé et divisé par une guerre civile qui a commencé en affrontements idéologiques, mais qui s'est transformé en guerre sans le moindre fondement idéologique entre narcotrafiquants, une guerre qui n'a engendré que l'appât du gain, le désespoir et la violence.
Depuis 2002, des progrès énormes ont été réalisés, notamment en ce qui concerne la sécurité. Il y a huit ans, les gens avaient peur de marcher dans les rues de Bogota et 400 municipalités étaient encore sous le contrôle des FARC. Ces progrès doivent encore se poursuivre, mais ils ont été soutenus jusqu'à maintenant.
Certains intervenants de la société civile se sont dits opposés au projet de loi pour des raisons de droits de la personne. La corruption et les violations des droits de la personne existent en Colombie depuis des années. Toutefois, Human Rights Watch a noté que « sous la pression des États-Unis associée à l'accord de libre-échange, la Colombie a commencé à prendre des mesures positives pour lutter contre l'impunité de la violence antisyndicale », mais ces améliorations sont incomplètes.
Des progrès ont été réalisés depuis 2002, mais la violence persiste en Colombie. La corruption y est également chronique: plus de 30 membres du Congrès étaient en état d'arrestation en 2008, et plus de 60 faisaient l'objet d'une enquête car ils étaient soupçonnés d'avoir des liens avec les paramilitaires. Malgré ces enquêtes, il est important de noter que les paramilitaires sont financés par le trafic de stupéfiants de la Colombie et qu'ils contribuent aussi à perpétuer le trafic. Les intervenants de la société civile s'entendent pour dire que la Colombie ne peut pas lutter efficacement contre le trafic de stupéfiants, ni apporter des améliorations durables sur le plan de la sécurité et de la corruption, à moins que l'économie légitime du pays progresse et crée des emplois et des possibilités pour les laissés-pour-compte.
Le projet de loi est rejeté par les syndicats, qui se sont opposés à tous les accords de libre-échange du Canada, comme les Métallurgistes Unis et le Congrès du travail du Canada. Les syndicats canadiens soutiennent que le gouvernement colombien a implicitement encouragé la violence contre les syndicats et que la conclusion d'une entente de libre-échange avec la Colombie signifie que l'on accepte ces actes. Les groupes de défense des droits de la personne et de la main-d'oeuvre ne veulent pas « récompenser » le gouvernement colombien par un accord de libre-échange. Il reste encore beaucoup à faire en Colombie. Ce pays a besoin de notre aide.
Si nous fermons la porte à un pays comme la Colombie qui fait des progrès, en particulier au moment où les dirigeants de la société civile, les syndicats et les gouvernements ainsi que les victimes de la violence des groupes paramilitaires et de la guérilla des FARC essaient d'aller de l'avant, si nous isolons la Colombie dans la région andine et que nous laissons ce pays exposé et vulnérable aux attaques unilatérales et idéologiques du Venezuela de Chavez, nous permettrons au mal de prospérer.
Les Canadiens n'ont aucune justification morale pour ne rien faire. Si un seul député ou un seul Canadien est inquiet au sujet de la situation des droits de la personne en Colombie, nous avons l'obligation de pousser ce pays encore plus loin.
L'accord de libre-échange porte la création d'un système réglementé dynamique visant à surveiller les droits des travailleurs, les droits de la personne et les progrès réalisés dans le domaine de l'environnement en Colombie et à aider les Colombiens à gérer et à améliorer ces droits et ces progrès.
Les droits des travailleurs et les problèmes dans ce domaine sont survenus en l'absence de tout accord de libre-échange. Il y a déjà des liens commerciaux entre le Canada et la Colombie, mais il n'y a vraiment aucun système réglementé pour orienter cette relation.
Ce nouvel accord de libre-échange contient les dispositions les plus robustes qui soient en ce qui concerne les travailleurs et l'environnement. En fait, aucun des accords de libre-échange signés par le Canada jusqu'à maintenant ne contient de telles dispositions. Par conséquent, en tant que Canadiens, nous devons nous demander comment un tel accord pourrait faire autrement que de renforcer notre capacité à influencer positivement la situation en matière de droits de la personne et de droits des travailleurs en Colombie.
Dans l'ensemble, la plupart des personnes et des groupes, y compris les ONG des droits de la personne, penchent pour la ratification de l'accord de libre-échange avec le Canada. Ils ne pensent pas que cet accord aurait des répercussions négatives sur la situation économique ou sur la situation des droits de la personne en Colombie. Un grand nombre croit même que l'accord pourrait améliorer la surveillance exercée par le Canada sur les droits des travailleurs et des autochtones grâce à son cadre prévoyant des règles et aux deux accords parallèles dans les domaines du travail et de l'environnement.
Le Canada a constaté les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement Uribe dans sa lutte contre la production et le trafic de narcotiques et contre les FARC et les gangs criminels émergents. Le Canada a aussi observé des progrès dans le désarmement des groupes paramilitaires et une diminution de la violence en général et de la violence à l'égard des syndicalistes en particulier. Les sénateurs colombiens ont aussi parlé d'une commission tripartite en Colombie, une commission formée du gouvernement, des syndicats et des employeurs. Cette commission, sous la supervision de l'Organisation internationale du travail, aide la Colombie à respecter ses engagements envers l'Organisation internationale du travail. Lors de la réunion annuelle de l'OIT de 2009, elle a signalé que des progrès étaient réalisés en Colombie.
Enfin, et c'est ce qui est le plus important, la plupart des sénateurs que le Canada a rencontrés ont reconnu qu'un accord de libre-échange avec le Canada renforcerait et rehausserait les conditions de vie en Colombie. Un tel accord contribuerait à réduire la pauvreté, à prévenir la résurgence de groupes armés illégaux et à empêcher un plus grand nombre de Colombiens de dépendre de la narco-économie.
La délégation canadienne a rencontré un groupe d'économistes colombiens qui se sont dits favorables à un accord de libre-échange fondé sur des règles avec le Canada. Ils ont dit à quel point il était nécessaire que la Colombie conclut cet accord de libre-échange, d'autant plus que des pays comme le Chili et le Pérou avaient réussi à conclure de tels accords avec des partenaires commerciaux clés, dont le Canada. Ils ont souligné l'importance pour la Colombie de diversifier ses relations commerciales, loin de pays comme le Venezuela d'Hugo Chavez. La menace que représente Chavez pour la Colombie a été un thème récurrent lors de toutes les réunions que le Canada a eues en Colombie. Ils ont aussi appris que les guérillas de la FARC sont de plus en plus présentes au Venezuela, que le régime Chavez les protège de manière à ce qu'elles continuent de lancer des attaques contre la Colombie, contre des sociétés et des particuliers dans ce pays.
En fait, plusieurs syndicats du secteur privé en Colombie appuient le mouvement syndical. Dans ce pays, le mouvement syndical représente 6 p. 100 de la main-d'oeuvre et l'opposition à cet accord provient en grande partie du secteur public au sein de ce mouvement syndical. Ces syndicalistes du secteur public n'ont rien à perdre en s'alignant sur une idéologie rigide anti libre-échange. En revanche, ceux qui ont le plus à gagner de l'accord sur le libre-échange sont les travailleurs de l'économie parallèle qui représentent 56 p. 100 de la main-d'oeuvre.
En conclusion, puisqu'il me reste moins d'une minute, je tiens à dire qu'il est maintenant temps pour les Canadiens qui se préoccupent tellement du bien-être du peuple colombien d'offrir à ces gens la possibilité d'une participation économique et de ne pas les laisser tomber d'un point de vue idéologique. L'enfer est pavé de bonnes intentions. Les activités commerciales légitimes peuvent aider le peuple colombien à remplacer les forces du mal par les forces de l'espoir. C'est maintenant le temps pour les Canadiens de tendre la main aux Colombiens et de les aider à construire un avenir plus paisible, plus prospère et plus juste.
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Monsieur le Président, je suis heureux d'être de retour et d'entreprendre nos travaux de l'automne avec un sujet très important pour le Canada et la Colombie.
Les députés sont certainement conscients qu'il est impératif pour le Canada de garder ses portes ouvertes aux possibilités commerciales qui offrent un bon retour sur l'investissement, surtout en cette période économique difficile causée par la récession mondiale. Dans ma circonscription, Simcoe-Nord, des producteurs et des fabricants oeuvrant dans des secteurs qui pourraient prendre de l'expansion dans des marchés comme celui de la Colombie profiteraient directement d'un accord de libre-échange.
Je suis enchanté de prendre part à un débat qui porte sur des possibilités d'investissement et de croissance des affaires pour les Canadiens.
L'accord de libre-échange avec la Colombie s'inscrit dans les efforts constants de notre gouvernement pour accroître nos intérêts commerciaux. Comme on l'a mentionné plus tôt, le Canada a été actif sur plusieurs fronts, pas seulement en Amérique, mais aussi en Europe et en Asie. Tout cela est essentiel pour étendre la portée des entreprises et les rendre plus prospères en leur donnant accès à de nouveaux marchés et de nouvelles chaînes d'approvisionnement.
Dans l'ensemble, les progrès des dernières années sont éloquents. Depuis quatre ans, nous avons conclu des accords non seulement avec la Colombie, mais également avec le Pérou, la Jordanie et le Panama. Évidemment, nous nous rappelons aussi les négociations nous ayant permis de conclure l'Accord de libre-échange Canada-AELE.
En plus de nos efforts visant à conclure des accords commerciaux bilatéraux, nous maintenons ouverts un plus grand nombre de bureaux commerciaux dans les marchés en pleine croissance et dans les marchés ayant de toute évidence une importance vitale pour le Canada.
Nous stimulons les échanges commerciaux. Nous ouvrons des portes pour les entreprises canadiennes et nous favorisons les investissements, alors que le Canada traverse une période des plus critique. Compte tenu du désir du de promouvoir les relations du Canada avec les pays d'Amérique, les efforts à cet égard durent depuis près de trois ans.
J'ai parlé de certains marchés où les activités du Canada sont déjà en pleine expansion, mais les pays d'Amérique présentent un intérêt particulier pour le Canada du fait de leur proximité géographique. Aucun océan ne nous sépare d'eux.
L'Amérique est une région du monde où le Canada peut jouer un rôle de plus en plus vital, non seulement sur le plan commercial, mais également sur le plan de la défense et des efforts diplomatiques dans notre partie du monde. Lorsque des évènements se déroulent en Amérique, les intérêts du Canada sont plus directement touchés que lorsqu'ils se déroulent ailleurs. Par conséquent, nos efforts pour favoriser le commerce et pour resserrer les liens du Canada avec les autres pays d'Amérique sont grandement bénéfiques non seulement pour le Canada, mais aussi pour tous les pays d'Amérique.
Les députés et les personnes qui nous écoutent actuellement chez elles ne devraient pas perdre de vue le fait qu'en plus de rapporter au Canada des dividendes économiques, ces accords que nous concluons vont dans le sens de nos intérêts nationaux et renforcent la sécurité au Canada.
Permettez-moi de prendre un instant pour vous parler plus particulièrement de la Colombie.
Les députés ont entendu, sur la question actuellement débattue, des arguments de la part de ceux qui sont pour et de ceux qui sont contre. Les députés et les personnes qui nous écoutent chez elles ne doivent pas oublier que les accords de ce genre sont avantageux non seulement pour les Canadiens, mais aussi pour les Colombiens.
Quant à toute la question de la promotion des droits de la personne et de la reconnaissance de normes du travail et de normes de protection de l'environnement dans ces accords, il faut comprendre que la promotion des droits de la personne et les avantages économiques ne s'excluent pas l'un l'autre. C'est-à-dire que l'un peut profiter à l'autre. En fait, ce sont des activités complémentaires et nous devons oeuvrer sur les deux fronts, pas uniquement en faveur de l'économie.
Nous reconnaissons tous que la Colombie est encore en train d'assurer sa sécurité intérieure et de mieux reconnaître les droits de la personne. Certes, le Canada a fait activement la promotion de ces deux éléments. Le but n'a pas encore été atteint, mais quelque chose comme un commerce accru avec un pays comme la Colombie peut faire avancer les choses bien plus rapidement.
Il nous faut admettre que les droits de la personne en Colombie ne s'amélioreront pas beaucoup si ce pays était isolé par la communauté internationale. Cela n'irait pas dans le sens des intérêts du Canada. En fait, nous avons vu que la Colombie a également des discussions avec les États-Unis, l'Association européenne de libre-échange et en aura dans un proche avenir avec l'Union européenne également.
Nous reconnaissons que la situation n'est pas parfaite en Colombie, mais nous devons admettre que les choses s'améliorent et que l'engagement du Canada et d'autres pays envers la Colombie fera progresser la situation sur le terrain. Nous avons fait des progrès remarquables ces quatre ou cinq dernières années.
Quels sont les éléments directement contenus dans un accord de libre-échange? Je crois que certains éléments ont été couverts dans des discussions passées, mais je suis heureux de constater qu'il s'agit d'un accord qui libéralisera le commerce transfrontalier des biens et des services ainsi que les investissements dans le secteur des services financiers et les programmes d'acquisition gouvernementaux. À notre époque, nous savons que pour prospérer, les entreprises du Canada et de la Colombie doivent faire partie d'une chaîne industrielle intégrée qui produit des biens et des services pas uniquement pour leur marché intérieur, mais pour toute la planète.
Plus nous ouvrons nos portes à l'investissement dans d'autres pays, plus les entreprises canadiennes ici même seront en mesure de participer et de fournir des biens et services. La situation n'est plus la même qu'elle l'était il y a une dizaine d'années ou plus, quand nous cherchions des marchés isolés. Aujourd'hui, nos sociétés peuvent jouer un rôle plus important dans une chaîne d'approvisionnement mondiale en pleine expansion, et c'est d'ailleurs ce qu'elles font. Plus nous concluons d'accords comme celui-ci, mieux s'en portent nos entreprises.
J'aimerais revenir à un point que j'ai soulevé plus tôt à propos des avantages pour les Colombiens. D'entrée de jeu, un accord de libre-échange comme celui-ci réduira, ou éliminera entièrement, les droits imposés aux fabricants, producteurs et exportateurs colombiens. Ceci leur permettra d'intensifier leurs échanges avec le Canada et même de se lancer dans les marchés nord-américains, et ce, dans un proche avenir. La libéralisation des échanges accroîtra les investissements et créera plus de possibilités d'emploi pour les Colombiens. Qui plus est, il en sera de même pour les entreprises canadiennes qui participent à ces activités ici même, au Canada.
On me fait savoir que mon temps de parole est presque écoulé. J'aimerais terminer en disant que c'est précisément ce genre d'initiatives qu'il faut continuer d'entreprendre dans le cadre de nos priorités économiques. Elles produiront d'excellent résultats ici, au pays. Parallèlement, elles contribueront à la sécurité et aux intérêts de l'autre pays.
Tâchons de continuer à conclure de tels accords de libre-échange. Ils créeront un monde meilleur. Les exemples de ces dernières années nous prouvent que c'est vrai.
Je suis prêt à répondre aux questions des députés.