propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est avec intérêt et fierté que je dépose aujourd'hui en deuxième lecture le projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur l'assurance-emploi afin d'y rendre admissible les personnes ayant perdu leur emploi à la suite d'un conflit de travail, que ce soit un lock-out ou encore une longue grève.
À cause des changements imposés par les libéraux au régime d'assurance-emploi dans les années 1990, ce régime est devenu inefficace car il est peu accessible à des milliers de travailleuses et de travailleurs du Québec et du reste du Canada.
En effet, selon les chiffres du ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences dévoilés ici même à la Chambre, plus de la moitié des travailleurs et des travailleuses sans emploi n'ont pas accès à ce régime auquel ils ont pourtant cotisé.
Compte tenu de la crise économique que nous connaissons actuellement, et qui se poursuit, et des milliers de pertes d'emploi partout au Québec, le Bloc québécois maintient toujours que l'actuelle Loi sur l'assurance-emploi n'atteint pas ses objectifs et qu'elle devrait être réformée de façon globale.
Évidemment, le projet de loi que nous étudions aujourd'hui ne modifie pas en profondeur le régime d'assurance-emploi. Tel n'est pas l'objectif du projet de loi . Il vise plutôt à combler une omission majeure de la loi au détriment des travailleurs dont l'entreprise ferme à la suite d'un conflit collectif.
Actuellement, la Loi sur l'assurance-emploi établit des prestations en vertu d'un salaire donné sur une période de référence donnée. C'est ce qu'on appelle la période de référence, et elle est définie à l'article 8 de la Loi sur l'assurance-emploi. Seules les heures d'emploi assurables comprises dans la période de référence sont utilisées dans le calcul de la période des prestations dont les gens peuvent ainsi bénéficier.
Bien que la période de référence puisse être prolongée jusqu'à un maximum de 104 semaines si une personne est malade, emprisonnée, en formation ou en retrait préventif, la période de référence standard est d'un an, et elle se base sur le revenu assurable de l'assuré. En somme, deux critères sont retenus afin de déterminer la durée et le niveau des prestations: le nombre de semaines travaillées dans la dernière année et les cotisations faites au régime en fonction du revenu d'emploi.
Par conséquent, si une personne ne travaille pas au cours de la période de référence, elle ne cotise évidemment pas au régime d'assurance-emploi et n'est pas couverte par celui-ci, à moins qu'elle ne soit malade, en prison, en formation ou en retrait préventif.
Mais qu'arrive-t-il s'il y a un conflit collectif? La Loi sur l'assurance-emploi, à l'article 2, définit ainsi un conflit collectif:
Conflit, entre employeurs et employés ou entre employés, qui se rattache à l’emploi ou aux modalités d’emploi de certaines personnes ou au fait qu’elles ne sont pas employées.
Il s'agit de la définition telle que libellée dans la loi. Cette définition sert notamment à justifier, à l'article 27, que le fait de ne pas occuper un emploi à la suite d'un conflit collectif rend le travailleur inadmissible au régime, ce qui est anormal.
Un gréviste ou un travailleur mis en lock-out ne peut donc recevoir de prestations d'assurance-emploi.
En d'autres termes, on ne verse pas de prestations d'assurance-emploi à un gréviste ou à une personne victime d'un lock-out. Alors, que fait-on lorsque l'entreprise ferme au lendemain d'un conflit de travail?
Évidemment, si le conflit de travail est de courte durée, de moins de 52 semaines, le travailleur licencié pourra obtenir des prestations d'assurance-emploi. Toutefois, qu'arrivera-t-il à ce travailleur si le conflit de travail est de très longue durée, c'est-à-dire d'une durée supérieure à la période de référence telle que stipulée dans la loi? Même s'il a cotisé à la caisse d'assurance-emploi pendant plusieurs années, ce travailleur devra tout simplement se tourner vers l'aide sociale parce qu'il ne pourra pas bénéficier de prestations d'assurance-emploi.
Selon les données du ministère du Travail du Québec, de 1995 à 2004, on comptait 966 conflits de travail, et parmi ces conflits, 39 ont été de très longue durée, c'est-à-dire des conflits qui ont duré entre 361 jours et 721 jours. Fait intéressant, on remarquera que lorsqu'on compare ces données à celles de 1985 à 1994, on note que les conflits de travail ont diminué pratiquement de moitié, passant de 1838 à 966 pour l'ensemble des conflits, et de 52 à 39 pour les conflits de très longue durée. On constate donc une diminution des conflits de longue durée.
Au Québec, on calcule en moyenne un peu moins de quatre conflits de travail de longue durée par année. Or, très souvent, ces conflits peuvent se résoudre en évitant des pertes d'emplois, comme dans le cas du Journal de Québec après plus de 14 mois. Mais, comme je le disais précédemment, ce n'est pas toujours le cas. Le régime d'assurance-emploi ne prévoit rien pour le cas d'un très long conflit de travail qui se termine malheureusement par la fermeture d'une entreprise.
On connaît au Québec le cas des travailleuses et des travailleurs de Domtar à Lebel-sur-Quévillon, qui ont été mis à pied et privés d'assurance-emploi, même s'ils y avaient cotisé pendant plusieurs années. En effet, les 425 travailleuses et travailleurs de l'usine Domtar à Lebel-sur-Quévillon ont appris en décembre 2008 qu'ils perdraient leur emploi et qu'ils ne recevraient aucune prestation d'assurance-emploi. En lock-out depuis le 24 novembre 2005, Domtar a finalement annoncé la fermeture définitive de son usine à Lebel-sur-Quévillon le 19 décembre 2008.
Étant donné que le lock-out a duré plus de 104 semaines et que les travailleurs n'ont accumulé aucune heure travaillée au cours de cette même période, ils n'étaient pas admissibles à l'assurance-emploi. Ainsi, après la durée du conflit, aucune ressource financière ne leur a été accordée et les travailleurs ont eu recours à l'assistance publique et à l'aide sociale, même après avoir cotisé pendant plusieurs années.
En sommes, en lock-out depuis plus de trois ans, les employés de Domtar avaient toujours un lien d'emploi, mais ne cotisaient pas puisqu'ils percevaient de l'argent d'un fonds de grève. En vertu de l'article 27, ils n'étaient donc pas admissibles au régime d'assurance-emploi. Mais dès que l'entreprise a fermé, ceux-ci n'avaient plus de lien d'emploi et auraient pu être éligibles au programme s'ils avaient payé les cotisations pendant la période de référence, ce qui n'est pas le cas, évidemment, parce que le conflit a durée plus de 52 semaines.
Je regarde mon collègue du NPD parce que je crois qu'il a posé des questions à ce sujet hier. On explique donc plus en profondeur ce projet de loi. Cette situation est exceptionnelle, mais il s'agit là d'une lacune majeure de la loi sur l'assurance-emploi qu'il faut corriger dans les meilleurs délais.
Nous devons agir pour aider ces travailleurs et travailleuses qui sont laissés pour compte par le gouvernement fédéral. Je tiens d'ailleurs à remercier mon collègue, le député d', pour avoir été à l'origine de ce projet de loi et avoir voulu soutenir les travailleurs touchés par ce long conflit de travail dans sa circonscription.
Face à cette situation qui doit être corrigée, le projet de loi propose d'exclure de la période de référence la période couverte par un conflit collectif. C'est aussi simple que cela. Ce n'est pas compliqué.
Ainsi, le travailleur qui perdrait son emploi suite à la fermeture d'une entreprise suite à un lock-out ou à une grève verrait le calcul de ses prestations basé sur la période de 52 semaines précédant le conflit. C'est simple. Ces gens ont cotisé pendant une longue durée, ils ont vécu un lock-out ou une fermeture suite à un conflit de travail. S'il y a fermeture de l'entreprise suite à ce conflit et qu'ils ne peuvent pas réintégrer leur travail, ils auront droit à l'assurance-emploi plutôt que d'avoir malheureusement recours, trop souvent, à l'aide sociale.
J'estime que c'est une façon simple et efficace de régler ce qui nous apparaît comme une simple omission de la loi pour un problème qui, ne l'oublions pas, est très rare, mais qui est cependant profondément injuste pour ces hommes et ces femmes.
Comme je le disais au début de mon exposé, ce projet est un des éléments que propose le Bloc québécois afin de modifier ce régime.
Nous avons besoin d'une vaste réforme de l'assurance-emploi — de nombreuses questions ont été posées en Chambre à cet effet et différents projets de loi ont été déposés par le Bloc — afin de s'assurer que le régime puisse assurer sa première mission, celle de donner des prestations de façon équitable à tous, et pour une durée qui permettra aux gens de vivre dans la dignité.
N'oublions pas qu'il y a un lien entre pauvreté et un soutien adéquat de l'État par l'entremise d'un régime d'assurance-emploi.
Je voudrais signaler que 19 p. 100 des citoyens canadiens se retrouvent dans une situation de pauvreté, alors qu'en Suède, on parle aujourd'hui de 11,4 p. 100 de la population qui se retrouve dans la même situation. La France affiche un taux de pauvreté de 14,1 p. 100, la Belgique de 16,2 p. 100, le Royaume-Uni de 17 p. 100, l'Allemagne de 17,2 p. 100 et les États-Unis sont bons derniers avec un taux de 23,9 p. 100. En étant à 19 p. 100, nous avons du chemin à faire. Améliorer le régime d'assurance-emploi est une façon de le faire.
C'est simple, les États qui interviennent davantage pour leur population possèdent les taux de pauvreté les plus bas. C'est pourquoi il est essentiel que le gouvernement fédéral se dote d'une véritable politique de soutien à ses citoyens qui se retrouvent souvent démunis et sans emploi.
Voilà pourquoi le Bloc québécois propose une bonification complète du régime d'assurance-emploi, qui comprend notamment une amélioration de l'accessibilité et l'élimination du délai de carence. D'ailleurs, j'ai déposé à la Chambre une pétition signée par près de 4 000 personnes de Berthier—Maskinongé qui veulent également éliminer le délai de carence.
Évidemment, le projet de loi ne modifie pas en profondeur le régime d'assurance-emploi. Toutefois, comme je l'ai déjà dit, tel n'est pas l'objectif du projet de loi . Ce projet de loi vise à combler une omission majeure de la loi, mais profondément injuste pour certains travailleurs et travailleuses qui perdent leur emploi suite à un arrêt de travail dû à un long conflit collectif.
Ainsi, par souci de justice et d'équité, j'invite tous les députés de cette Chambre à appuyer ce projet de loi, que ce soit ceux du Nouveau Parti démocratique, du Parti conservateur, du Parti libéral et, bien sûr, du Bloc québécois, qui va l'appuyer puisque c'est une de ses initiatives. Je les invite à penser à ces gens qui ont travaillé de longues années et qui, à la suite d'un lock-out ou d'une fermeture d'entreprise, n'ont aucun autre recours que l'aide sociale.
Ils se retrouvent donc dans la pauvreté.
Nous voulons que la Chambre appuie cette mesure, parmi d'autres, du Bloc québécois.
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Monsieur le Président, d'après ce que je vois, le député n'a aucune raison valable de prendre cette position.
Monsieur le Président, je vous remercie de me donner la possibilité de discuter du programme d'assurance-emploi et d'examiner plus en détail la manière d'établir la période de référence dans le cas d'un conflit de travail que prévoit ce projet de loi.
Tout d'abord, je pense qu'il est important de faire remarquer que l'assurance-emploi fonctionne comme n'importe quel autre régime d'assurance. Il est financé par les cotisations versées par les employeurs et les employés. Il est important de s'en souvenir. Son objectif est de verser des prestations aux personnes qui sont incapables de travailler parce qu'elles se retrouvent sans emploi sans que ce soit leur faute, parce qu'elles sont malades ou enceintes, ou encore parce qu'elles prennent soin d'un nouveau-né, d'un enfant adopté ou d'un membre de leur famille qui est gravement malade. Pour déterminer si une personne est admissible à ces prestations, il faut d'abord établir la période de référence.
Regardons comment cela fonctionne.
La période de référence est la période pendant laquelle le demandeur est tenu d'avoir accumulé suffisamment d'heures assurables pour présenter une demande de prestations. En général, cela correspond aux 52 semaines, soit l'année, qui précèdent le début de la période de prestations. Dans certains cas, la période peut être plus courte, à savoir quand il ne s'agit pas de la première demande de prestations du demandeur.
Les dispositions actuelles, par contre, permettent la prolongation de la période d'admissibilité jusqu'à 104 semaines, c'est-à-dire deux ans. Cette disposition vise à couvrir ceux qui sont dans l'incapacité de travailler pour cause de maladie ou de mise en quarantaine. Toutefois, elle ne couvre pas les conflits de travail, et ce, pour plusieurs bonnes raisons.
Une de ces bonnes raisons est que le régime d'assurance-emploi doit demeurer neutre pendant les conflits de travail.
Le projet de loi irait à l'encontre de ce principe fondamental.
Une voix: J'apprends quelque chose.
M. Ed Komarnicki: Monsieur le Président, le député a appris quelque chose.
Comme je l'ai dit au début de mon intervention, l'assurance-emploi fonctionne comme n'importe quel autre régime d'assurance et est financée par les cotisations versées par les employeurs et les employés. Il faut prendre garde de ne pas compromettre la neutralité du régime en cas de conflit de travail. Permettre que des employés en situation de conflit de travail touchent des prestations payées en partie par l'employeur romprait l'équilibre du système et ferait pencher la balance du côté des travailleurs pendant qu'ils négocient avec le patronat. Ce serait une situation pour le moins délicate. Le pouvoir de négociation des syndicats serait grandement amélioré au détriment des employeurs, qui paient 58 p. 100 des cotisations à l'assurance-emploi.
Une autre raison importante de ne pas prolonger indéfiniment la période d'admissibilité pendant les conflits de travail, comme ce projet de loi le propose, est que cela créerait des incohérences par rapport à la prolongation limitée accordée aux personnes malades ou mises en quarantaine.
Le projet de loi irait également à l'encontre du principe de base du régime d'assurance-emploi selon lequel le paiement des cotisations et le versement des prestations doivent être rapprochés dans le temps et être de juste valeur.
Une période d'admissibilité indéfinie tournerait ce principe en dérision au profit de travailleurs qui ne sont pas techniquement sans emploi, qui sont disponibles pour travailler, mais qui sont simplement en conflit de travail et ne se présentent donc pas au travail.
Il ne faut pas oublier le critère de la disponibilité pour travailler.
Il ne faut pas oublier non plus que les travailleurs, en vertu de l'actuelle Loi sur l'assurance-emploi, peuvent accepter un autre emploi pendant un conflit de travail afin qu'ils puissent accumuler suffisamment d'heures de travail pour établir une demande de prestations d'assurance-emploi.
Compte tenu de la norme d'admissibilité actuelle, le nombre d'heures de travail assurables ouvrant droit aux prestations régulières varie entre 420 heures et 700 heures, selon le taux de chômage de la région où habite le prestataire.
Il est primordial, surtout en cette période de turbulences économiques, que tout changement au régime d'assurance-emploi soit fondé sur une analyse solide des faits. Il faut en évaluer les coûts et les effets sur le marché du travail et sur le système en général.
Quand on jette un coup d'oeil à la nécessité de prolonger la période de référence au cours des conflits de travail, on constate que dans la majorité des cas, cela n'aurait aucune incidence sur l'admissibilité des travailleurs à des prestations d'assurance-emploi si l'entreprise fermait ses portes peu de temps après le règlement du conflit.
Au cours des six dernières années, la durée moyenne d'une grève et d'une fermeture d'entreprise a été de 110 jours. Pour ce qui est des lock-outs, elle a été de 116 jours. Dans les deux cas, la moyenne est d'environ 16 semaines, ce qui est nettement inférieur à la période de référence actuelle de 52 semaines. De plus, dans moins de 4 p. 100 des fermetures, les grèves ou les lock-outs ont duré plus de 52 semaines.
En outre, nous ne comprenons pas clairement l'incidence financière de cette mesure législative, mais nous savons qu'elle aurait des répercussions à cet égard. Il faudrait faire énormément de recherche et d'analyse pour en établir les coûts.
C'est d'ailleurs à la lumière de telles recherches et analyses que notre gouvernement a élaboré le Plan d'action économique du Canada grâce auquel les Canadiens bénéficient maintenant de toute une série de mesures.
Nous avons bonifié le régime d'assurance-emploi en accordant cinq semaines additionnelles de prestations régulières, partout au Canada, dans les régions où le taux de chômage est élevé.
La période maximale de versement des prestations a été portée de 45 à 50 semaines. Nous avons facilité la participation des employeurs aux ententes de travail partagé. En fait, à l'heure actuelle, plus de 5 800 accords de travail partagé protègent l'emploi et les compétences de près de 167 000 Canadiens. Nous aidons des jeunes à obtenir une accréditation dans un métier spécialisé et nous aidons des travailleurs âgés à faire la transition vers une nouvelle carrière.
Grâce au Plan d'action économique, le gouvernement conservateur a augmenté le financement consenti à l'amélioration des compétences dans le cadre des ententes relatives au marché du travail conclues avec les provinces et les territoires. Cet investissement additionnel aidera les prestataires de l'assurance-emploi à recevoir la formation professionnelle dont ils ont besoin dans un contexte de ralentissement économique. Le Fonds de transition et de formation stratégique aide les personnes qui ne sont admissibles ni à la formation prévue dans le cadre de l'assurance-emploi, ni à d'autres mesures de soutien.
La a récemment annoncé une mesure temporaire pour soutenir les travailleurs de longue durée qui ont perdu leur emploi à cause du ralentissement économique. Ces travailleurs ont travaillé, ils ont cotisé à l'assurance-emploi pendant longtemps et ils ont peu eu recours au programme. Cette nouvelle mesure prévoit le versement de 5 à 20 semaines additionnelles de prestations aux travailleurs de longue date; le calcul sera fait en fonction de la durée d'emploi et de cotisation au régime d'assurance-emploi.
Nous avions apporté des améliorations au programme avant de présenter notre Plan d'action économique. En instituant l'Office de financement de l'assurance-emploi du Canada, nous améliorons la gestion et la gouvernance du compte d'assurance-emploi. Nous avons pris cette mesure pour que les cotisations versées par les Canadiens qui travaillent fort ne se retrouvent pas dans les recettes générales et que de futurs gouvernements ne puissent s'en servir pour réaliser leurs projets politiques de prédilection ou pour fausser les chiffres se rapportant au déficit, comme des gouvernements libéraux précédents l'ont fait.
Ce que notre gouvernement a fait en cette matière est bon pour les travailleurs Canadiens. Nous avons également décrété un gel des cotisations pour cette année et pour la suivante, soit 2009 et 2010. Le maintien des cotisations d'assurance-emploi à ce niveau, le plus bas depuis près d'un quart de siècle, au lieu de lui laisser atteindre le seuil de rentabilité, devrait représenter, selon les projections, une stimulation de 10,5 milliards de dollars, au moment précis où l'on en aura le plus besoin.
Cette mesure maintient les cotisations à un taux inférieur à ce qu'il serait normalement. Non seulement une telle mesure incite-t-elle l'employeur à créer des emplois et à les préserver, mais elle laisse également plus d'argent dans les poches des employés, ce qui influe sur les dépenses de consommation.
Dans le cadre de notre Plan d’action économique, nous avons créé l'initiative d'aide à la transition de carrière. Celle-ci consiste à prolonger pour une période d'au plus deux ans l'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi des travailleurs de longue date qui suivent des formations prolongées. On pourrait offrir jusqu'à trois mois de prestations au terme de la formation afin que le prestataire dispose de plus de temps pour sa réinsertion.
De façon générale, grâce aux mesures que nous avons prises, le programme d'assurance-emploi répond aux besoins des Canadiens. Pour cette raison, sans oublier les points que j'ai soulevés, je ne peux pas appuyer le projet de loi .
Je peux cependant affirmer que notre gouvernement tiendra compte du problème dont il est question dans ce projet de loi et qu'il continuera de prendre des décisions stratégiques éclairées en surveillant de près le fonctionnement du programme d'assurance-emploi. Tout cela doit être examiné dans le contexte de ce que nous avons déjà accompli et de ce que nous projetons de faire.
Nous veillons sur les Canadiens qui ont le plus besoin de notre aide, ceux qui ont été le plus durement touchés, ceux qui ont fait rouler le système en travaillant pendant de nombreuses années, en versant leurs cotisations et en n'abusant pas du système, mais qui, malheureusement, se retrouvent maintenant sans emploi, même s'ils n'y sont pour rien. C'est à ces gens-là que nous venons en aide.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends ce soir la parole au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l’assurance-emploi, qui porte sur l'admissibilité à la suite d'un conflit de travail.
Notre pays traverse une crise économique majeure. Même s'il est question d'une reprise économique, il s'agit en réalité d'une reprise sans nouveaux emplois, et des gens continuent de perdre leur emploi.
Nous savons qu'en ce moment, plus de 700 000 Canadiens reçoivent des prestations d'assurance-emploi et que plus de 1,5 million de personnes sont sans emploi. Il n'est donc pas difficile de calculer combien sont admissibles à l'assurance-emploi et combien ne le sont pas.
L'inadmissibilité a bien entendu été un sujet important tout au long de cette crise. De nombreux Canadiens ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi, et beaucoup d'autres ont bien entendu épuisé leurs prestations et ne font pas partie de ce petit groupe que le gouvernement a retenu pour bénéficier d'une prolongation des prestations d'assurance-emploi. Je n'ai aucun objection à ce qu'on prolonge la période des versements, mais cette initiative devrait avoir une plus vaste portée et s'appliquer à tous ceux qui en ont vraiment besoin en ce moment.
Pour en revenir à ce projet de loi, nous savons tous que la loi actuelle ne précise pas ce qui se produit après un arrêt de travail. Ce n'est pas clair et il est important de le préciser. Quelles sont les répercussions de la période de référence pour les gens qui ont fait la grève pendant un certain temps et qui sont licenciés peu de temps après leur retour au travail? La loi n'est pas très explicite à ce sujet. Le projet de loi apporte des précisions à cet égard et permet aux gens d'être mieux informés.
Comme nous le savons, la période de référence correspond à la période de 52 semaines qui précède immédiatement l'entrée en vigueur de la demande de prestations ou la période écoulée depuis le début d'une demande de prestations précédente, si cette demande a été établie au cours de la période de 52 semaines. Si cette partie de la question est claire, il reste toujours à déterminer le sort des gens qui se retrouvent sans emploi en raison d'une grève. Il existe d'autres sortes de prestations pour d'autres groupes, comme des prestations de maladie, mais cet aspect n'est pas clairement traité. Le projet de loi à l'étude vise à préciser les détails de cette période de référence et je suis heureuse de ces précisions.
Les travailleurs ne devraient pas être pénalisés parce qu'ils ont fait la grève pendant une semaine, deux semaines, dix semaines ou autres, parce qu'ils n'ont pas le choix de faire la grève ou non. Il est évident qu'en cas de grève ou de lock-out, les travailleurs sont durement touchés.
Cependant, ils n'ont pas été congédiés. Aucun d'entre eux n'a reçu un avis de congédiement qui précise qu'il n'est pas un employé et qu'il peut donc faire une demande d'assurance-emploi. Ils ne peuvent pas le faire. Ils sont toujours considérés comme des employés de cette compagnie qui ont droit à des indemnités et autres jusqu'à ce qu'ils ne soient plus des employés.
Toutefois, s'ils sont congédiés sans que ce soit de leur faute après la fin du conflit, c'est-à-dire peu de temps après, et il arrive que cela se produise très rapidement, il n'est pas facile de déterminer si on peut calculer toute la période ou non. Dans la plupart des cas, bien sûr, c'est impossible.
Le projet de loi apporte des précisions à cet égard et prolonge la période de référence en tenant compte de la durée de l'arrêt de travail. C'est une très bonne mesure et je l'appuie. Comme je l'ai souligné plus tôt, je ne crois pas qu'un travailleur en grève ou en lock-out devrait être privé d'aide financière.
Les députés ministériels ont dit que ces deux éléments devaient être liés de manière à ce que l'employé ne soit pas favorisé au détriment de l'employeur et qu'il s'agissait d'un problème susceptible de causer des incohérences et des conflits.
Je ne vois pas les choses de cette façon, car qu'il y ait une grève ou un lock-out, les choses ne sont pas toujours très claires. Les travailleurs ne devraient pas être pénalisés. Comme je l'ai dit, les travailleurs n'ont pas été mis à pied. Ils n'ont pas reçu d'avis de mise à pied. Ils sont toujours à l'emploi de l'entreprise. Par conséquent, ils ne devraient pas être livrés à eux-mêmes. Une grève ou un lock-out ne devrait pas compromettre l'admissibilité des travailleurs à l'assurance-emploi s'ils sont mis à pied après que l'arrêt de travail prend fin.
La Loi sur l'assurance-emploi est complexe à plusieurs égards, car elle a été modifiée de plusieurs façons au fil des ans. S'il y a un arrêt de travail pendant une période de prestations d'assurance-emploi et que cette situation n'est pas expressément décrite dans la loi, cela pourrait poser problème.
Comme je l'ai dit, la loi peut être très difficile à interpréter et elle comporte d'innombrables aspects. En fait, le domaine qu'elle couvre est, dans une certaine mesure, ouvert à l'interprétation. La loi nécessite des clarifications. C'est la bonne façon de faire si l'on veut éviter les tensions qui se manifestent actuellement. Le projet de loi simplifie le processus et définit clairement la façon dont les demandes sont traitées lorsque les travailleurs ont été en arrêt de travail dû à un conflit collectif pendant la période de 52 semaines précédant leur mise à pied.
Si une personne perd son emploi en raison d'un long conflit de travail, elle ne peut pas accumuler le nombre d'heures requis au cours des 52 semaines précédentes. C'est la situation actuelle. Ce projet de loi lui permettrait d'être admissible à l'assurance-emploi, ce qui fait toute la différence. Essentiellement, il permettrait aux gens d'obtenir ce qui leur est dû.
Selon moi, cela n'équivaut pas à donner un avantage aux travailleurs par rapport à leur employeur, contrairement à ce que prétend le député ministériel. L'employé et l'employeur cotisent tous les deux à l'assurance-emploi. Je ne pense pas que les travailleurs feraient la grève plus longtemps simplement parce qu'ils savent que cette période continue de compter. Je ne crois pas qu'il s'agirait d'un facteur déterminant. Par conséquent, je ne vois pas en quoi cela avantagerait une partie plutôt qu'une autre.
En vertu de ce projet de loi, les prestations seraient calculées en fonction des semaines travaillées avant le déclenchement du conflit de travail, et ce, peu importe sa durée. Selon moi, les travailleurs sauraient ainsi qu'ils sont toujours des employés de la compagnie et que, au cours d'un lock-out ou d'un conflit de travail, ils ne seraient pas pénalisés sur le plan de l'assurance-emploi s'ils perdaient leur emploi peu après leur retour au travail.
Le député d'en face a déclaré que ce projet de loi avantagerait les travailleurs. Toutefois, l'employeur pourrait tout aussi bien décider de mettre à pied des employés à leur retour au travail pour des raisons pas forcément légitimes, afin de les punir ou de comprimer les effectifs. On pourrait aussi aller dans ce sens et présenter des arguments à cet effet. Je ne crois pas qu'on puisse prétendre que le projet de loi avantagerait une partie au détriment de l'autre.
Bien franchement, ce qui compte avant tout, c'est de savoir si les employés font toujours partie de l'effectif de la compagnie, oui ou non. S'ils sont toujours des employés et qu'ils ne travaillent pas en raison d'une situation qui échappe à leur contrôle, ils devraient pouvoir continuer d'être admissibles à des prestations d'assurance-emploi pour cette période s'ils perdent leur emploi peu après leur retour au travail.
J'appuierai ce projet de loi. Il va dans la bonne direction. Je demanderais aux députés de l'examiner dans cette perspective et de l'appuyer aussi.
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Monsieur le Président, j'aimerais d'abord féliciter le député de d'avoir déposé le projet de loi , dont le texte modifie la loi sur l'assurance-emploi et la manière d'établir la période de référence dans le cas d'un arrêt de travail dû à un conflit de travail.
Je ne prétends pas être un expert de l'assurance-emploi, mais la période de référence est la période de temps où une personne a normalement travaillé, si elle a travaillé du mois d'octobre l'année dernière au mois d'octobre de cette année. La personne a travaillé le nombre d'heures requises pour se qualifier à l'assurance-emploi durant cette période de 52 semaines. Si cette personne est mise à pied, elle a normalement droit à l'assurance-emploi pour un certain nombre de semaines selon la région d'où elle vient.
Ce projet de loi fait référence à une grève ou à un lock-out qui surviendrait durant la période de référence. La personne ne travaillerait donc pas. Si la grève ou le lock-out dure 52 semaines, la personne n'aura pas cotisé au régime d'assurance-emploi pendant cette période et ne se qualifiera donc pas aux prestations de l'assurance-emploi pour le prolongement de l'assurance-emploi.
Il est intéressant d'écouter ce que le secrétaire parlementaire de a dit. Il disait qu'il y avait un non-sens dans le projet de loi du Bloc québécois. En effet, les travailleurs paient des cotisations à un programme d'assurance-emploi afin d'avoir droit à l'assurance-emploi s'il y a un manque de travail. C'est ce que le secrétaire parlementaire du gouvernement disait.
Dans ce cas, je ne comprends pas où sont allés les 57 milliards de dollars volés à l'assurance-emploi. Les travailleurs ont payé des cotisations à l'assurance-emploi qui se sont retrouvées dans les fonds généraux et qui ont payé la dette. Le secrétaire parlementaire dit qu'on est capable de payer la dette, par exemple. Les libéraux et les conservateurs le disent depuis des années. On peut payer la dette avec cet argent, mais on ne peut pas aider les travailleurs qui ont perdu leur emploi. Le secrétaire parlementaire a dit qu'il ne serait pas équitable pour l'employeur, qui cotise aussi, qu'un employé ayant décidé d'aller en grève ait ensuite droit à l'assurance-emploi.
L'allocution prononcée tout à l'heure par le secrétaire parlementaire de visait plutôt à protéger l'employeur. Mais l'employé qui a donné 20 ans ou 30 ans de service à la compagnie n'a-t-il pas droit à de l'aide?
On ne dit pas qu'il faut payer de l'assurance-emploi à cause de la grève ou du lock-out. Il y a un fond de grève pour cela. On dit que pendant ce conflit, le temps passe et le marché change. La compagnie dit, par exemple, qu'elle ne peut pas garder 100 p. 100 de sa main d'oeuvre à cause de la crise économique, et elle n'en gardera que 75 p. 100. Pourquoi les autres employés devraient-ils avoir recours à l'aide-sociale? La compagnie a payé des cotisations, mais l'employé aussi. Il aussi a payé des cotisations pendant 25 ans ou 30 ans. Pourquoi devrait-il se voir refuser l'assurance-emploi? Il ne doit pas toucher de l'assurance-emploi à cause de la grève ou du lock-out, mais bien parce que la compagnie dit qu'elle n'a plus besoin de ses services. Il n'y a rien de mal là-dedans. Ce n'est pas un péché d'aider les travailleurs et les travailleuses. Il semble que les gouvernements passés et présents considèrent qu'il est péché de donner de l'argent à un travailleur ou à une travailleuse.
Il y a déjà une ouverture dans la loi, qui donne la chance à quelqu'un en grève ou en lock-out de toucher de l'assurance-emploi. Je m'explique.
Prenons l'exemple de quelqu'un qui travaille pour une compagnie et qui se retrouve en grève ou en lock-out. La compagnie décide d'embaucher des briseurs de grève dans son usine et réalise 85 p. 100 de sa production. Tous les employés en lock-out ou en grève peuvent arrêter d'utiliser leur fond de grève et avoir recours à l'assurance-emploi. La loi est claire: si 85 p. 100 de la production se fait, l'employé a droit à l'assurance-emploi malgré la grève ou le lock-out. C'est dans la loi.
Je vois le secrétaire parlementaire qui hoche la tête en voulant dire que cela n'a pas de bon sens qu'on donne de l'assurance-emploi à des travailleurs. Cela doit être ce qu'il se dit. Je ne peux pas vraiment tout dire ce qu'il pense. De la façon dont il hoche la tête, ce n'est certainement pas un signe signifiant que cela a du bon sens. C'est comme si cela n'a pas de bon sens selon lui. Le secrétaire parlementaire est là, il écoute très bien et il a dit des choses précédemment.
[Traduction]
Je suis d'accord avec le secrétaire parlementaire. Il dit que les travailleurs et les entreprises paient des cotisations pour qu'on s'en serve lorsque des gens perdent leur emploi, et ainsi de suite. Je suis d'accord avec lui. Si je pouvais lui poser une question, je lui demanderais pourquoi le gouvernement s'est emparé de toutes ces cotisations et les a versées dans le Trésor, pour ensuite s'en servir dans le but de rembourser la dette, comme les libéraux l'avaient fait avant eux. Les libéraux ont commencé, mais les conservateurs sont au pouvoir depuis 2006 et ils ont fait la même chose. Les conservateurs l'ont fait et ne peuvent pas me contredire là-dessus. Ils affichent de larges sourires présentement. Ils ont réorganisé le système et disent qu'ils vont remettre 2 milliards de dollars dans la caisse, sur les 57 milliards qui y ont été puisés. Ils légalisent ainsi ce que les libéraux ont fait. Ils vont garder le reste de l'argent dans le Trésor et comptent ainsi clore le débat définitivement.
Pourtant, le travailleur a versé des cotisations pendant 20 ou 25 ans. Ce n'est pas un péché si, lorsqu'il y a un conflit engendrant un lock-out ou une grève et lorsque tout est terminé, le travailleur rentre au travail ou reçoit des prestations d'assurance-emploi. Ce n'est pas un péché s'il manque de travail et si l'employeur licencie un travailleur parce que l'entreprise ne peut plus produire assez pour conserver tous ses employés.
Le secrétaire parlementaire et député de dit que l'argent leur appartient, que c'est leur argent. Pour quelle raison le gouvernement pourrait-il empêcher une personne de toucher cet argent? Pour quelle raison le gouvernement dit-il que c'est un péché de recevoir des prestations d'assurance-emploi, mais qu'il est permis de recevoir des prestations d'aide sociale? C'est ce que la personne devra faire. Pourquoi vouloir faire souffrir la famille de la personne? Ce n'est pas un péché d'être en grève ou d'être en lock-out. Ce n'est pas un péché si une telle chose se produit. Si des mécanismes existent et si les syndicats en font partie, les gens ont le droit d'agir ainsi et d'être syndiqués. Les mécanismes ont pour but de permettre la négociation. Si les négociations autour d'un contrat de travail achoppent, il existe des mécanismes pour qu'on puisse finir par obtenir un contrat de travail. Il n'y a pas de déséquilibre. Autant les employés ont le droit de faire la grève, autant l'employeur a le droit de décréter un lock-out. Les deux ont un pouvoir égal. Je n'ai jamais entendu un gouvernement, fédéral ou provincial, s'en prendre à une entreprise ayant décrété un lock-out.
[Français]
C'est comme de dire que c'est un péché si c'est une grève. Un lock-out, c'est comme si la compagnie a fait de bonnes choses.
Le montant d'argent qui est dans la caisse d'assurance-emploi — malgré qu'ils l'ont tout pris — est encore inscrit à la banque sur les documents. Malgré qu'ils l'ont pris, c'est de l'argent emprunté. En plus des 57 milliards de dollars, on ne parle jamais des intérêts qu'ils doivent sur ce montant parce que, selon la loi, ils doivent des intérêts sur cet argent.
C'est pour cela que je dis que ce projet de loi est un bon projet de loi pour aider les travailleurs au cas où ils perdraient leur emploi. Ils ne devraient pas être punis en cas de grève ou de lock-out. C'est dans la loi. Ce n'est pas illégal d'avoir une grève. Ce n'est pas illégal d'avoir un lock-out. S'il n'y avait jamais eu de grève ou de lock-out au Canada, le monde serait encore payé 50 ¢ l'heure parce qu'il n'y a personne qui aurait lancé son argent dans une assiette. C'est une partie de la loi. C'est une partie où on veut modifier la loi, mais il y a beaucoup d'autres modifications à faire pour aider les personnes, comme abolir le délai de carence, soit les deux semaines d'attente. Il y a les 360 heures et toutes ces questions. Il faut aider les travailleurs et la travailleuses car il n'y a seulement que 50 p. 100 et même moins que 50 p. 100 des travailleurs et des travailleuses qui sont admissibles à l'assurance-emploi. Au Canada, les gens reçoivent seulement 55 p. 100 de bénéfices d'assurance-emploi tandis qu'en France, c'est 80 p. 100. Mon collègue du Bloc québécois était là avec moi et a entendu quand j'ai posé la question.
C'est à souhaiter que le gouvernement change d'idée à ce sujet et appuie ce bon projet de loi, comme le NPD va le faire.
:
Monsieur le Président, parlons du Nunavik plutôt que du Nunavut. En effet, le Nunavut est trop loin pour moi.
J'aimerais répliquer au collègue de , qui a prétendu tout à l'heure qu'avant d'appuyer une telle mesure, il faudrait qu'il en calcule les coûts. Pour moi, c'est là que le bât blesse car, avant de calculer les coûts, il faut quand même calculer les revenus. On parle de travailleurs qui ont 35, 40 ou 43 ans de service dans certains cas, et qui n'ont jamais profité une seule minute de l'assurance-emploi, ou de l'assurance-chômage auparavant, pour même pas 52 semaines de revenus à l'assurance-emploi. En effet, la loi actuelle ne permet même pas d'obtenir 52 semaines. On est loin du compte.
Je parle d'une municipalité que je connais très bien, mise sur pied en 1966. C'était une ville monoindustrielle. En 2005, elle comptait encore 3 500 personnes. Aujourd'hui, elle en compte 2 300. Tous les jeunes couples ont disparu de la municipalité parce qu'il n'y avait pas d'autre emploi pour eux.
Il faut bien se dire aussi qu'à cause de l'évolution du système économique et des lois qui gouvernent le milieu du travail, la loi qui gouverne les modalités de l'assurance-emploi doit être revue complètement et dans les plus brefs délais, sinon les suites de la crise actuelle seront douloureuses et injustes pour la plupart des travailleurs de ce pays, mis à part ceux de l'Ontario, bien sûr.
Le secrétaire parlementaire a demandé à mon collègue, tout à l'heure, pourquoi on n'appuyait pas la réforme actuellement proposée par le gouvernement. C'est parce que les travailleurs forestiers du Québec ne sont même pas concernés. La loi n'est faite que pour les travailleurs de l'automobile en Ontario. Ces mesures s'ajoutent aux 10 milliards de dollars que le gouvernement a déjà donnés à l'industrie automobile en Ontario et qui ne servent absolument à rien pour les travailleurs du Québec. Le secrétaire parlementaire a l'air d'un saint homme, à le regarder comme cela, mais il est un homme de chiffres. Il ne prend pas en considération le bien-être des travailleurs de ce pays.
Ce projet se veut une correction rapide s'appliquant à une urgence évidente et démontrée par les effets de cette crise. L'impact de cette crise frappe soudainement, tel que démontré à Lebel-sur-Quévillon, dans mon comté, où 425 travailleurs ont été mis en lock-out pendant plus de 37 mois avant d'être avisés de leur congédiement. La loi prévoit qu'un employé en lock-out ou en grève demeure lié à l'employeur. En ce sens, il n'a pas droit à l'assurance-emploi. Pour cette raison, on dit qu'on n'a pas le droit de priver ainsi des travailleurs qui ont travaillé honnêtement pendant longtemps. Ce serait la même chose, même s'ils n'avaient travaillé que cinq ans. Toutefois, la plupart de ces travailleurs, que j'ai connus en 1966 ou en 1967, viennent de sortir de l'usine, le 19 décembre 2008, une semaine avant Noël. Imaginons quelqu'un qui était en lock-out depuis 37 mois et qui, le 19 décembre, se fait dire que l'usine ferme.
On me dira peut-être que c'est un droit de gérance de l'entreprise. Non, c'est tout simplement un abus de pouvoir et une démarche, en période de crise, pour économiser des salaires en période de restructuration. De plus, 6,5 millions de dollars prévus dans leur convention collective n'ont pas encore été payés à ce jour. Cette entreprise tente encore aujourd'hui d'économiser sur le dos de ses employés, et toutes les taxes qu'elle doit à la municipalité demeurent toujours impayées.
La réforme de l'assurance-emploi est rendue nécessaire à la suite de différentes actions posées, tant par les entreprises que par ces fraudeurs à cravates. En effet, en agissant de la sorte, elles ne sont pas meilleures que les fraudeurs à cravates.
Les lois relatives à la protection des travailleurs doivent évoluer avec la situation économique d'un pays. Toute loi doit respecter la justice envers toutes les couches de la population. On doit respecter le système économique, mais on doit aussi respecter ceux qui en font partie.
Pour ce qui est d'une période de référence par rapport à un lien avec l'employeur, les travailleurs en ont été privés pendant trois ans. La compagnie a bénéficié de trois ans de salaires pour tenter de se restructurer et cela a été fait volontairement, empêchant les employés de se prévaloir de leur droit à l'assurance-emploi, et ce, après 25, 30, 35 et même 42 ans de service ininterrompu dans la même entreprise. On a vu cette situation seulement parce que les employés ont toujours manifesté et maintenu leurs revendications très raisonnables, faut-il le mentionner. Ils avaient consenti beaucoup concessions à leur employeur dans l'espoir de maintenir en vie cette usine.
Notre projet de loi est simple. Nous proposons d'exclure de la période de référence la période couverte par un conflit collectif. Cela ne s'applique pas seulement au Québec ou à Lebel-sur-Quévillon, mais cela s'applique à l'ensemble du pays. Je vois mes collègues des provinces maritimes qui connaissent les problèmes reliés au chômage et au manque d'emploi. Dans ce coin de pays, que j'ai eu le plaisir de visiter, le travail est souvent saisonnier.
Le ou les travailleurs qui perdraient leur emploi à la suite de la fermeture d'une entreprise suite à un lock-out ou une grève verraient le calcul de leurs prestations basé sur la période de 52 semaines précédant le conflit, comme s'ils avaient été mis à pied la journée où l'employeur a décidé de les mettre en lock-out ou qu'ils avaient décidé de faire la grève. Cela serait calculé à partir de ce moment.
C'est une façon simple de régler ce qui nous apparaît une simple omission dans la loi à l'égard d'un problème rarissime mais profondément injuste.
Il y a des statistiques du ministère du Travail du Québec au cas où le député de aurait des craintes. Au Québec, de 1995 à 2004, sur 966 conflits, 39 ont été de très longue durée et 8 ont duré plus de 721 jours. Or, le conflit à Lebel-sur-Quévillon a duré 1 129 jours. Ce fut une perte totale d'emplois à la Domtar avec 565 mises à pied. Si on transpose cela à la population de Montréal, c'est l'équivalent de 55 000 pertes d'emplois dans cette ville. On peut imaginer l'impact de cette fermeture dans une petite ville mono-industrielle.
En 2005, la population de Quévillon était de 3 500 personnes. Il n'en reste que 2 300 aujourd'hui pour soutenir une infrastructure moderne qui était très attrayante. Qu'on s'imagine tous les efforts qui sont faits pour relancer cette entreprise avec tous les jeunes travailleurs qui ont presque tous quitté la ville, mis à part ceux qui occupaient des postes importants. Il y a actuellement un manque de personnel compétent, ce qui nuit énormément aux efforts qui sont faits pour tenter de relancer cette entreprise.
Si seulement les deux paliers de gouvernement s'étaient réunis pour aider les travailleurs de Lebel-sur-Quévillon autant qu'ils en ont fait pour le secteur de l'automobile en Ontario, nous aurions actuellement une ville prospère. Il est important d'occuper le territoire. L'histoire nous démontre cette nécessité d'occuper le territoire à moindre coût.