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Nous entamons maintenant la 26
e séance du Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées, en ce mardi 19 octobre 2010.
À l'ordre du jour, conformément à l'ordre de renvoi du vendredi 24 septembre 2010, nous étudions le projet de loi .
[Traduction]
J'aimerais souhaiter la bienvenue à M. Kevin Gaudet, Directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables, et à Mme Sharon Rosenfeldt, présidente de l'organisme Victims of Violence. Je crois comprendre que Mme Ruth Gagnon, membre du conseil d'administration et directrice générale de la Société Élisabeth Fry du Québec n'arrivera pas avant 9 heures, mais je propose que nous commencions immédiatement la séance.
Aussi, je tiens simplement à vous rappeler que cette partie de la séance durera jusqu'à 11 heures. À 11 heures, et ce, jusqu'à 13 heures cet après-midi, nous allons discuter à huis clos du rapport sur la pauvreté et, on l'espère, terminer ce travail.
Nous allons commencer par M. Gaudet et Mme Rosenfeldt.
Monsieur Martin.
Bonjour, madame la présidente et mesdames et messieurs membres du comité.
Je m'appelle Kevin Gaudet; je suis le directeur fédéral de la Fédération canadienne des contribuables qui est un organisme national, non partisan et à but non lucratif comptant plus de 74 000 partisans partout au pays. Nous avons des bureaux en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, deux bureaux en Ontario — à Toronto et à Ottawa — et récemment, nous avons ouvert un bureau, nous sommes ravis de vous l'annoncer, au Canada atlantique. Ce bureau est situé à Halifax.
Le mandat de la Fédération canadienne des contribuables est de faire la promotion de baisse d'impôts, de la réduction du gaspillage et d'un gouvernement responsable. Nous y travaillons depuis longtemps maintenant, nous célébrons cette année notre 20e anniversaire.
Nous n'acceptons pas d'argent du gouvernement et n'émettons pas de reçus d'impôt pour activités de bienfaisance. Je profite de cette occasion pour remercier les partisans de la Fédération canadienne des contribuables qui ont fait des contributions généreuses pour m'aider à venir ici aujourd'hui puisque nous n'avons pas accepté l'offre d'aide financière du comité à cette fin.
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui au nom de la Fédération canadienne des contribuables pour m'exprimer en faveur du projet de loi , que nous appelons le projet de loi Clifford Olson.
La Fédération canadienne des contribuables a joué un rôle considérable dans la présentation de ce projet de loi. Je tiens à féliciter le gouvernement et les partis d'opposition pour la vitesse rare à laquelle ils ont donné suite à cette question une fois qu'elle a été rendue publique.
Si vous me le permettez, j'aimerais rappeler au comité comment nous en sommes venus ici aujourd'hui et le rôle que la Fédération canadienne des contribuables a joué à cet égard. À la fin mars, au printemps dernier, un article a été publié dans le Toronto Sun, dans lequel Clifford Olson s'était vanté auprès de Peter Worthington qu'il recevait la sécurité de vieillesse et le supplément de revenu garanti courtoisie du gouvernement fédéral et évidemment des contribuables fédéraux. On parle d'une somme de quelque 1 169,00 $ par mois, soit 14 000 $ par année pour lui et chaque prisonnier comme lui.
Dès que le reportage a été publié, mon organisme a commencé à recevoir des messages de nos partisans qui étaient atterrés par la situation. Ils étaient en colère de savoir qu'un criminel odieux reçoive un cadeau si généreux et inutile à leurs dépens.
Nous avons décidé qu'au nom de nos partisans, nous allions présenter une pétition demandant au gouvernement fédéral de mettre fin au paiement de la sécurité de la vieillesse et du SRG aux prisonniers comme Clifford Olson. Je dois dire que j'ai été surpris et impressionné par la réaction. Dans mes quatre ans d'expérience à la Fédération canadienne des contribuables, je n'ai jamais vu ce genre de réponse explosive par rapport à une pétition que nous avions présentée. Il ne nous a fallu qu'environ six semaines pour recueillir plus de 50 000 signatures. Par le passé, nous avons eu d'autres pétitions qui ont donné lieu à un soutien considérable, et qui ont même recueilli davantage de signatures, mais d'obtenir 50 000 signatures en six semaines c'est vraiment quelque chose de remarquable.
Nous avons présenté la pétition à Ottawa, plus précisément à la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, Diane Finley. Durant notre réunion avec la ministre, elle a promis de donner suite à la pétition et de préparer rapidement un projet de loi. Elle a tenu sa promesse, et nous voici en comité quelque six mois plus tard. Je sais qu'il s'agit d'une vitesse relativement herculéenne compte tenu du rythme auquel le Parlement fonctionne. Je crois que le gouvernement mérite d'être félicité dans ce contexte.
Les Canadiens et les partisans de la FCC devraient être ravis de certains des commentaires formulés par Mme Sgro, au nom des libéraux, qui a favorisé l'adoption rapide du projet de loi, et du soutien exprimé par M. Desnoyers du Bloc québécois ainsi que par M. Maloway, du NPD. Évidemment, la FCC est également ravie de constater encore une fois le soutien du gouvernement relativement à cette question.
Dans mon rôle de porte-parole de la FCC, je passe beaucoup de temps à critiquer le gouvernement. Toutefois, lorsque le gouvernement et les politiciens font les choses comme il faut, nous n'hésitons pas à les en féliciter, et c'est justement ce que nous faisons aujourd'hui.
Le Parlement procède rapidement pour mettre fin à cette injustice soit d'accorder des prestations à ceux qui ne les méritent pas. Je vous en remercie. Il faut bien être au Canada pour qu'une personne qui purge consécutivement 11 peines de 25 ans pour meurtre — je crois qu'elles sont purgées simultanément en fait, pardonnez-moi — se voit verser plus de 1 100 $ par mois de sécurité de la vieillesse et de supplément de revenu garanti, en l'occurrence Clifford Olson.
Ensemble, les détenus fédéraux et provinciaux reçoivent quelque sept millions de dollars par année de paiements non mérités, et ce, à des fins non justifiées — il faut selon nous mettre fin à ces paiements.
La sécurité de la vieillesse a été créée en 1951, et le supplément de revenu garanti a été ajouté en 1966. Il s'agissait, et il s'agit toujours, de programmes conçus pour aider les personnes âgées à joindre les deux bouts afin que les Canadiens qui ont peu ou pas de revenu aient suffisamment d'argent pour vivre. Robert Clifford Olson est un Canadien âgé de plus de 65 ans. Il aura 70 ans au jour de l'An. Il est admissible à la sécurité de la vieillesse et au SRG. Il mourra probablement en prison. Il n'a donc aucune dépense de subsistance considérable à payer.
Selon les statistiques les plus récentes sur le site Web du Service correctionnel du Canada, il en coûte en moyenne aux contribuables quelque 121 294 $ par année pour incarcérer un détenu comme lui dans un établissement pour hommes à sécurité maximale. Je dis bien 121 294 $ par année. Et c'était pour l'exercice 2006-2007.
M. Olson a été arrêté en 1981, et est incarcéré dans un établissement fédéral depuis 1982, soit depuis 28 ans. Les contribuables canadiens ont déjà assez payé pour le garder derrière les barreaux. C'est redoublé d'insultes que de le payer pour son incarcération et de lui verser d'importantes prestations de soutien qui ont été conçues pour aider les personnes âgées à joindre les deux bouts. Ces prestations n'ont jamais été conçues pour remplir les poches de gens comme lui.
Cette pétition est à l'origine de nombreux reportages dans les médias, et les gens ont eu l'occasion de faire des commentaires par courriels ou sur des sites Web. J'aimerais présenter au comité l'un des commentaires affichés sur l'un de ces sites Web. Il s'agit d'une victime de Clifford Olson. Je vais vous lire le bref message: « Je suis la belle-mère de l'une des victimes d'Olson. Je reçois le même montant que lui, mais je dois payer ma nourriture, mes vêtements et mes produits de premières nécessités. » Elle a rédigé ce message en lettres majuscules. « La soeur de Colleen a de la difficulté comme mère monoparentale à élever trois enfants, et il veut son argent. »
Une autre personne a indiqué sur le site Web que les deux millions de dollars devraient aller aux familles des victimes de ces crimes: « Remboursez le montant à la pension de la vieillesse et versez-nous un meilleur revenu. Il est terrible de penser que j'ai de la difficulté et que je doive payer des impôts pour lui, qui n'a besoin de rien. Je suis aussi d'accord pour dire qu'il fait encore une fois un spectacle. Il est triste de penser que certaines personnes croient que les prisonniers ont des droits. » Voilà ces commentaires. « Il a mis fin au droit de vivre de ma fille, ce qui nous a brisé le coeur. Notre société est vraiment très déplorable », dit-elle.
Elle dit à quel point il est scandaleux que les contribuables qui ont de la difficulté aient à payer deux fois, d'abord pour héberger de tels criminels et ensuite, pour leur remplir les poches de ces prestations. C'est une injustice à laquelle il faut mettre fin, et c'est ce que fait le projet de loi .
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui. Je serai ravi de répondre à vos questions, si vous en avez.
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Je vous remercie. Bonjour aux membres du comité et à tout le monde dans la salle.
Je m'appelle Sharon Rosenfeldt; je suis la présidente de l'organisme Victims of Violence. Victims of Violence a été fondé il y a 29 ans par mon regretté mari Gary, moi-même, et d'autres personnes qui avaient perdu un être cher aux mains d'un meurtrier. Nous avons constaté qu'il n'y avait pas de service pour les gens dans notre situation. Il n'y avait personne pour nous donner des réponses, et surtout, il n'y avait aucun soutien, et nous nous sentions seuls. Nous nous sommes tous retrouvés dans un système de justice que nous ne comprenions pas.
L'organisme a continué de croître, grâce à d'autres personnes qui ont communiqué avec nous pour trouver des réponses à leur situation particulière en ce qui concerne leur victimisation. Nous n'avions pas les réponses, mais nous avons fait notre possible pour les trouver. La plupart du temps, ce processus a mené à des changements à la législation, surtout au Code criminel.
Il va sans dire que les questions de justice pénale sont nombreuses, et dans la plupart des cas, très complexes. Parfois ces questions relèvent d'autres ministères, comme c'est le cas aujourd'hui.
Nous avons souvent observé que les questions que nous traitions et par rapport auxquelles nous demandions des changements étaient très controversées et parfois émotionnelles, simplement parce qu'elles touchent habituellement la vie d'êtres humains, de délinquants et de victimes innocentes de crime.
Aux noms de nos membres, j'aimerais vous remercier de me donner l'occasion de présenter au comité cet exposé sur l'importance du projet de loi . Je dois vous dire, je ne sais pas comment cette question est arrivée à notre organisme. Toutefois, c'est ainsi, et je suis ravie d'avoir été invitée ici aujourd'hui pour présenter notre point de vue.
Cela dit, j'aimerais remercier le journaliste Peter Worthington, qui a mis cette question importante en lumière, et à la Fédération canadienne des contribuables pour son travail pour ce qui est d'avoir obtenu 50 000 signatures de citoyens canadiens au titre d'une pétition.
Nous sommes d'accord sur le principe du projet de loi , que nous appuyons. Le principe du projet de loi C-31 est clair en ce sens que le programme de la sécurité de la vieillesse est financé au moyen des recettes fiscales générales et est conçu pour aider les personnes âgées à répondre à leurs besoins essentiels immédiats et à maintenir un niveau de vie minimal à la retraite. Puisque les besoins essentiels d'un prisonnier, comme la nourriture et l'hébergement, sont déjà satisfaits et payés par les fonds publics, il n'y aucune raison pour laquelle les contribuables canadiens doivent aussi financer un soutien au revenu pour les prisonniers au moyen de prestations de la sécurité de la vieillesse.
Nous ne sommes pas favorables au concept voulant que ce projet de loi ne s'applique qu'aux détenus reconnus coupables de plusieurs meurtres, comme le laisse entendre la motion numéro 507. Selon nous, cette motion vise simplement Clifford Olson. Cette motion ne tient pas compte du principe du projet de loi et de l'indignation des Canadiens.
Le nom de Clifford Olson n'est qu'un symptôme de la question dont nous discutons aujourd'hui. Son nom a mis la lumière sur cette question. Il faut se concentrer sur le principe du projet de loi .
Dans nos recherches sur d'autres pays, nous avons découvert que le Royaume-Uni a les mesures législatives les plus strictes relativement aux paiements de pension à des prisonniers condamnés. Au Royaume-Uni, les prisonniers condamnés n'ont pas droit aux prestations de sécurité sociale. Cette mesure vise aussi les pensions d'État, même si les gens y ont contribué pendant de nombreuses années. La mesure s'applique que le prisonnier soit incarcéré au Royaume-Uni ou ailleurs dans le monde. En règle générale, le prisonnier condamné au Royaume-Uni n'obtient aucune prestation de sécurité sociale, bien que le paiement de certaines pensions de guerre et de pension d'invalidité professionnelle soient suspendues jusqu'à un an et payées au moment de la libération.
Les pensions d'État ne sont pas non plus versées en Autriche, au Danemark, en Irlande et au Luxembourg durant la période d'incarcération. Les prisonniers ont droit à leur pleine pension au moment de leur libération.
La France ne verse pas de pension d'État, quoique son système soit quelque peu différent. La pension d'État est versée au compte du prisonnier; toutefois, 10 p. 100 est déduit et accordé au procureur, lorsqu'il y a lieu, et 10 p. 100 est mis de côté pour l'allocation de libération du prisonnier. Les prisonniers qui ont un travail rémunéré pendant leur incarcération paient des contributions qui sont prises en compte dans le calcul de leur pension d'État au moment de leur libération.
La Grèce ne verse pas de pension d'État à certains prisonniers condamnés. Les prisonniers qui ne sont pas admissibles à une pension d'État sont ceux condamnés relativement à des crimes d'ordre financier, comme la fraude, le vol, et les dommages à la propriété publique. Ils sont inadmissibles à leur pension d'État.
La province de l'Ontario, retire déjà aux détenus le revenu annuel garanti provincial, le crédit de la taxe de vente de l'Ontario, la prestation ontarienne de transition au titre de la taxe de vente et le crédit pour les coûts d'énergie.
Dans une déclaration, le ministre Bradley a indiqué:
Que ces prestations sont conçues pour aider les familles honnêtes et qui travaillent fort à payer les produits de première nécessité, et que ces prestations n'étaient pas versées aux prisonniers condamnés. Il a indiqué que les contribuables paient déjà la nourriture et l'hébergement des prisonniers.
Le directeur exécutif de la Société John Howard a dit croire que le gouvernement pourrait présenter un argument relativement aux détenus qui ne quitteront probablement jamais la prison et dont tous les besoins sont comblés.
Mais de récupérer la sécurité de la vieillesse est une autre question parce qu'il s'agit d'un droit du citoyen, et exigerait la présentation d'un amendement pour les « minorités méprisées ».
Nous croyons que l'aspect Olson présenté n'est qu'un écran de fumée. La citoyenneté fait partie des critères, et la prestation pourrait probablement être considérée comme un droit. Mais la plupart des personnes âgées qui sont admissibles à la sécurité de la vieillesse ne voient pas leurs besoins essentiels comme la nourriture et l'hébergement payés par les contribuables; ils ne peuvent pas non plus mettre en banque leur sécurité de la vieillesse et leur prestation de supplément de revenu garanti comme les prisonniers âgés peuvent le faire aujourd'hui.
Je ne crois pas que les prisonniers âgés soient perçus comme une « minorité méprisée ». C'est très brutal. Plutôt, il est logique de penser qu'on ne peut pas cumuler les avantages aux dépens des contribuables canadiens. C'est pourquoi les Canadiens sont en colère et indignés. Si on retirait le nom de Clifford Olson des grands titres, les contribuables seraient toujours en colère, simplement parce qu'ils paient deux fois. Ce projet de loi est important au titre du principe d'équité.
Pour terminer, j'aimerais vous parler d'un pensionné qui a dit que:
Si les personnes âgées vont à un centre de soins de longue durée et n'ont pas les moyens de payer, le gouvernement récupère leur pension et leur donne un petit montant d'argent de poche.
Les détenus âgés reçoivent hébergement et nourriture, et ils peuvent garder ou épargner près de 1 200 $ par mois de prestation de sécurité de la vieillesse et de supplément de revenu garanti. Aussi, ils reçoivent les meilleurs services médicaux, tandis qu'une personne âgée n'est admissible qu'aux soins de base.
Les personnes âgées comprennent, c'est pourquoi les Canadiens sont indignés. Ils veulent que leur argent soit utilisé de façon responsable, mais surtout, avec respect.
Je vous remercie.
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Madame la présidente, membres du comité, je voudrais vous remercier, au nom de l'Association des services de réhabilitation sociale du Québec inc., de nous avoir invités à vous présenter notre position.
Les modifications proposées par le projet de loi comportent, selon nous, des difficultés majeures. D'une part, les modifications portent sérieusement atteinte au principe d'universalité des régimes de protection sociale. Au lieu de fournir des solutions, le projet de loi soulève une myriade de questionnements qui ne peuvent que nous inquiéter. D'autre part, le projet de loi ne tient pas compte des répercussions sur les personnes visées en présumant, de manière erronée, que tous leurs besoins fondamentaux sont déjà assumés par les contribuables.
Je vais maintenant aborder l'aspect systémique de l'atteinte. La Loi sur la sécurité de la vieillesse a été mise en vigueur afin d'instaurer un filet social visant à assurer que les personnes âgées peuvent subvenir à leurs besoins fondamentaux tout en respectant et en préservant leur dignité humaine. Cette loi reconnaît la précarité de la situation des personnes faisant partie de ce groupe en raison de leurs besoins spécifiques et de leurs limitations. C'est donc leur statut en tant que personne âgée qui enclenche cette protection et c'est uniquement cette particularité qui rend nécessaire l'instauration du régime de protection sociale, sans égard aux autres attributs que peuvent avoir ces personnes.
Le montant versé à titre de pension de la Sécurité de la vieillesse et de Supplément de revenu garanti ne vise donc pas uniquement à fournir un logement et de la nourriture, besoins pour le moins fondamentaux. Ces revenus minimaux sont également fournis afin que la personne puisse subvenir à certains besoins tels que l'achat de vêtements, de biens ou de services permettant son épanouissement en tant qu'être humain.
Le principe d'universalité des programmes sociaux, plus particulièrement la sécurité sociale et le droit à un niveau de vie adéquat, fait l'objet de nombreux instruments juridiques, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.
Le 24 septembre dernier, le député Jim Maloway, du NPD, mentionnait que le droit des détenus fédéraux à la pension de la Sécurité de la vieillesse et au Supplément de revenu garanti avait été introduit sous l'égide du gouvernement conservateur de Joe Clark en 1979. Ce droit s'est donc inscrit dans la foulée de reconnaissance des droits et libertés de la personne qui s'est soldée par l'adoption de la Charte canadienne des droits et libertés trois ans plus tard, soit en 1982.
Notre société canadienne prônait à l'époque et prône encore aujourd'hui le principe de l'inclusion et de l'abolition des mesures discriminatoires. Or, le projet de loi proposé est aux antipodes de ces valeurs pourtant si chèrement acquises et défendues. Il est proposé d'exclure un groupe de citoyens en raison de leur particularité, soit leur situation de personne détenue, alors que ces citoyens ont les mêmes besoins et limitations que leurs comparses du même âge. Pire encore, ces citoyens sont même dans une situation davantage précaire en raison de leurs conditions d'incarcération.
L'universalité du régime de pension de la Sécurité de la vieillesse présuppose l'égalité entre les personnes âgées. Exclure les personnes détenues de ce régime de sécurité sociale est non seulement discriminatoire, mais également contradictoire par rapport à l'essence même de la Loi sur la sécurité de la vieillesse, qui consiste à fournir le soutien nécessaire au groupe vulnérable que sont les personnes âgées. Cette atteinte au principe d'universalité est par ailleurs inquiétante. Quels seront les prochains groupes visés par une exclusion? Une brèche dans l'universalité peut s'avérer un terrain glissant où les précédents justifieront d'autres atteintes à ce principe.
En ce qui a trait aux conséquences sur le groupe visé, non seulement le projet de loi porte atteinte au principe d'universalité, mais il a également des conséquences pour le moins très importantes sur les personnes âgées détenues. Il serait totalement faux de prétendre qu'en les excluant du régime, l'État comblerait leurs besoins au même titre que les autres personnes âgées.
Je vais maintenant parler de la réalité des personnes âgées en détention. Selon le Service correctionnel du Canada, les personnes âgées détenues souffrent de plusieurs problèmes au cours de leur détention, principalement de problèmes de santé. En raison de leur mode de vie antérieur, de l'impact de l'incarcération ainsi que des problèmes de santé qui en découlent, les aînés en prison vieillissent plus rapidement que les autres Canadiens. Cette situation a été présentée au Comité sénatorial spécial sur le vieillissement par l'enquêteur correctionnel, M. Sapers, en 2008.
Nous ne reviendrons pas sur chacun de ces problèmes.
Le Service correctionnel du Canada fournit certains services aux détenus, soit le logement, la nourriture ainsi que les services de santé.
Néanmoins, tout ce qui se situe à l'extérieur des obligations du Service correctionnel du Canada doit être fourni par le détenu, à même ses fonds. C'est donc dire que tous les articles d'hygiène personnelle et ceux relatifs aux loisirs, par exemple, doivent être payés par le détenu. Cela comprend toutes sortes d'articles, allant du dentifrice aux vêtements, en passant par les produits d'hygiène de base et les articles de loisir. Bref, si un détenu désire des biens d'usage personnel, il doit les payer à même ses revenus et au prix du marché, et parfois à des coûts plus élevés, car les établissements ne s'approvisionnent qu'à un seul fournisseur, se privant ainsi de l'effet de la concurrence.
Le Service correctionnel du Canada a toutefois mis en place des programmes de réinsertion sociale. Les détenus fédéraux ont la possibilité de travailler au sein de l'établissement carcéral. Selon leur rendement, les détenus peuvent gagner entre 5 $ et 6,90 $ par jour travaillé.
Le régime mise donc sur la réinsertion sociale. Il encourage fortement les détenus à travailler. Toutefois, une telle logique est difficilement applicable dans le cas des personnes âgées détenues, en raison de l'âge et de leurs problèmes de santé. Veut-on réellement les inciter, voire les forcer à travailler? La très grande majorité n'ont aucune économie, en général, pour assurer leur réinsertion sociale. Leur pension de vieillesse est donc salutaire pour s'assurer d'un logement, de la nourriture et des biens d'utilité lors de leur libération.
En fait, l'octroi d'une pension de la Sécurité de la vieillesse aux détenus cadre avec le régime législatif correctionnel en vigueur.
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Merci, madame la présidente. Je tiens à remercier les témoins qui ont pris le temps de comparaître ici aujourd'hui.
Je sais, monsieur Gaudet, que la Fédération canadienne des contribuables a joué un rôle actif relativement à cette question.
Et, madame Rosenfeldt, je sais que le ministre a parlé de vous et du travail que vous avez fait de même que l'attention que vous avez porté à cette question à la Chambre des communes.
M. Gaudet a dit à quel point nous avions procédé rapidement. Je crois que nous aurions pu procéder encore plus rapidement. Le 26 mars, on nous disait dans les médias que M. Olson touchait une pension. Mme la ministre Finley a dit le même jour à la période des questions qu'elle voulait présenter un projet de loi. Le projet de loi n'a été présenté que le 1er juin, puis la Chambre a été en congé d'été.
Notre porte-parole sur cette question, Judy Sgro, a indiqué bien avant que nous étions prêts à entamer le processus. En fait, dans son discours lorsque le projet de loi a enfin été présenté à la Chambre, elle a dit:
Malgré les divergences assez vives qui existent souvent entre les partis, nous examinons aujourd'hui une question qui devrait nous unir tous, indépendamment de nos affiliations politiques.
... Cela étant dit, je tiens à rester brève aujourd'hui parce que je crois que nous devrions travailler tous ensemble pour renvoyer le projet de loi au comité...
Voilà où nous en sommes aujourd'hui.
Nous voulons donc traiter de cette question aussi rapidement que possible, mais nous voulons aussi veiller du même coup à ce que ce processus qui touche Clifford Olson n'entraîne pas de circonstances imprévues qui pourraient nuire énormément aux conjoints et parents des gens qui ont commis des erreurs et qui paient pour ces erreurs.
Ma première question qui s'adresse à vous, monsieur Gaudet, porte sur la question des provinces. Je sais que vous avez fait du travail à cet égard également. Je crois que vous avez exhorté les gens de communiquer avec les provinces pour les inciter à donner leur accord à ce projet de loi. Nous avons récemment appris que de nombreuses provinces avaient donné leur appui, mais pas toutes.
Pouvez-vous nous donner une mise à jour sur la coopération des provinces relativement à ce projet de loi?
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Je vous remercie d'être ici aujourd'hui pour témoigner de votre expérience relative au sujet dont nous traitons.
Ce fut une surprise de découvrir cette situation. C'est un peu comme si cette situation avait été oubliée. Des gens se retrouvent en prison et profitent non pas de confort, mais du privilège d'être « nourri, logé, blanchi », en plus de recevoir la pension de vieillesse. À votre manière, vous avez soulevé des préoccupations similaires à celles de Mme Gagnon. Il importe aussi de ne pas aller à l'encontre de certains principes importants. Un accord spontané est survenu entre les partis pour dire qu'il y a quelque chose dont on doit s'occuper et que le fait d'être en prison, logé et nourri, ne constitue pas un privilège pécuniaire en soi. Je pense que Mme Gagnon avait aussi soulevé cet aspect. Cela va entraîner une question au sujet des amendements que Mme Gagnon, par exemple, pourrait suggérer à cet égard.
Par ailleurs, lorsque l'on prépare un projet de loi semblable, je m'étonne toujours du fait que l'on se dise préoccupé du sort des victimes alors que, chaque fois, on ne retrouve pas la place des victimes en ce qui concerne la correction de la faute commise à leur endroit.
Je m'explique. N'y aurait-il pas lieu, dans un projet de loi de ce genre, de saisir l'occasion de créer un fonds pour les victimes? Mme Rosenfeldt, je pense que votre expérience pourrait nous éclairer à ce sujet. Une personne qui a été victime d'un vol et qui reste handicapée ne peut plus gagner sa vie de la même façon. Donc, elle n'a plus le même revenu. C'est donc une perte de revenus à vie. Ne pourrait-on pas, grâce aux gains obtenus par l'entremise de ces mesures, créer un fonds pour indemniser ces victimes?
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Je peux essayer de vous éclaircir sur cette question.
Jusqu'à ce que toutes les provinces adhèrent, toute indemnisation ou programme d'indemnisation aux victimes d'acte criminel destiné aux victimes sont administrés à l'échelle provinciale. Autrefois, le programme était administré à l'échelle fédérale, ou bien financé par le gouvernement fédéral, mais depuis 1989 nous avons un fonds d'aide aux victimes qui est constitué par les amendes payées par toutes les personnes qui reçoivent une contravention pour excès de vitesse ou quelqu'autre contravention. Cet argent est versé dans un fonds, qui a vu le jour en 1989 en même temps que les déclarations sur les répercussions sur la victime.
Mais ce fonds est géré par le ministère de la Justice. Il ne finance pas les organisations. Il sert au financement de projets. Ainsi, les organisations se trouvent toujours devant un dilemme lorsqu'il s'agit de projets. Quand on n'a pas d'argent pour payer le personnel, on ne peut pas réaliser de projets. Et lorsqu'on fait une demande de financement de projet, il faut s'astreindre à des règles et à des critères extrêmement stricts.
Nous avons fait deux demandes de financement et il semble que tout se déroule bien, même si c'est très difficile. Quand on demande du financement de la part du gouvernement il faut être très très... Par exemple, nous avons fait une demande pour la publication d'un bulletin, c'est quelque chose que nous faisions il y a de nombreuses années. Mais ce bulletin doit être surveillé et lu par le ministère de la Justice avant que l'on puisse le diffuser au public canadien. Par conséquent, il est vraiment très difficile d'obtenir du financement du gouvernement et d'être en mesure de réaliser le type de travail que nous à Victimes of Violence avons pu faire pendant de nombreuses années sans les contraintes gouvernementales.
Encore une fois, j'aimerais autant que cet argent puisse aider les aînés.
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Je voudrais attirer votre attention sur l'article 78 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Cet article permet à la personne détenue de contribuer aux frais de logement et de nourriture, dans la mesure où elle reçoit des indemnités. Alors, c'est actuellement prévu par cet article de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Autrement dit, il y a déjà une mécanique, dans la loi, pour permettre au Service correctionnel de prendre une part des indemnités que peut recevoir une personne âgée en prison, par exemple la pension de vieillesse, et amener celle-ci à contribuer aux frais de logement et de nourriture.
Par contre, jusqu'à maintenant, ce règlement n'a jamais été appliqué ou n'a jamais fait l'objet de directives. Pour quelle raison en est-il ainsi? Je ne pourrais pas vous le dire. Quoi qu'il en soit, en vertu de la loi actuelle sur le Service correctionnel, cet article pourrait être appliqué demain matin.
On dit que le projet de loi vise à rétablir une forme d'équité. En effet, je crois que la loi comme telle sur la pension de vieillesse, compte tenu de la situation des détenus dans les prisons, présente une iniquité par rapport aux personnes âgées dans la communauté. On pense cependant que ces modifications administratives seraient beaucoup moins draconiennes que le fait d'exclure totalement la personne détenue du régime de protection sociale. Ça aurait également l'avantage de ne porter aucune atteinte au principe d'universalité, tout en réduisant le problème d'iniquité.
Selon la réglementation actuelle touchant le Service correctionnel, la contribution demandée est de 30 p. 100, mais elle pourrait être de 40 p. 100, de 50 p. 100 ou de 20 p. 100. Je ne sais pas, c'est à nous de voir. Cela permettrait aux personnes âgées de contribuer aux coûts liés au logement et à la nourriture et aussi de garder un peu d'argent pour leurs dépenses personnelles. On pourrait même envisager qu'une partie de l'argent soit versée dans un fonds qui pourrait les aider lors de leur retour en communauté. Il est bien évident qu'une personne de 65 ans ou plus qui retourne dans la communauté n'a plus de logement, plus rien, et aura besoin d'aide. D'ailleurs, le reste de l'argent économisé pourrait tout simplement servir, comme vous le proposez — et je pense que les organismes qui viennent en aide aux personnes victimes...
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C'est exactement pour cette raison que cela devrait résister à une contestation constitutionnelle, du moins c'est ce que je pense à l'instar de bien d'autres personnes. Il s'agit essentiellement de faire passer les victimes et les contribuables avant les criminels. Voilà le principe de base.
Je vais peut-être situer cela dans le contexte. Je sais que M. Gaudet a indiqué qu'on peut économiser le coût lié aux détenus d'environ 121 000 $ par année. Je n'ergoterai pas sur les années ou la période, mais il s'agit d'un montant considérable qui est versé pour l'hébergement, la nourriture et ce genre de nécessités.
Parallèlement, vous présentez un pensionné qui a de la difficulté à joindre les deux bouts tout seul, à assurer son hébergement et avoir suffisamment de nourriture.
Je vous entends, madame Gagnon, lorsque vous dites que les prisonniers ont des droits. C'est vrai. Mais qu'en est-il du sort des victimes? Je ne peux pas imaginer comment se sentirait un parent qui a perdu un être cher suite à un crime et qui verrait le coupable obtenir, en quelque sorte, des largesses ou des fonds supplémentaires pendant qu'il purge sa peine pour ce crime.
Peut-être, madame Rosenfeldt, pourriez-vous nous dire comment vous percevriez cela ou vous vous sentiriez du point de vue d'une victime.
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Madame Minna, je crois que vous soulevez une importante question qui montre que vous mesurez bien l'importance de ce projet de loi. Par contre, je décèle énormément de compassion dans vos propos puisque vous voulez vous assurer que les Canadiens ne manquent de rien et c'est ce à quoi notre société s'est engagée. Le projet de loi permet à ces individus de recevoir des paiements pour le premier et le dernier mois de leur incarcération et ne les privent pas de leur prestation pendant ces mois en particulier.
Quant aux économies, permettez-moi d'aborder la question sous un autre angle pour voir si ça nous mène quelque part.
Je trouve malheureux que l'envers de cet argument équivaudrait à dire qu'un détenu qui n'a pas beaucoup de dépenses pourrait économiser cet argent et s'en servir pour améliorer sa situation à sa sortie de prison. Je pense que cela les désavantage, pour ainsi dire, compte tenu des services que nous assurons à ceux qui ne sont pas incarcérés. Dans une certaine mesure, ils obtiennent un avantage additionnel.
Je ne dis pas que la prison est une partie de plaisir, mais les aînés qui ont des revenus fixes et qui ont de la difficulté à boucler leurs fins de mois n'ont pas la possibilité de mettre en banque une partie de leur revenu. Quand l'État subvient aux besoins de première nécessité, aux frais des contribuables, j'estime que les détenus ne devraient pas avoir cet argent qui ne sert pas à subvenir à leurs besoins.
C'est vrai qu'il est important de s'interroger sur ce que feront les détenus une fois libérés... Qu'il s'agisse d'anciens détenus ou d'aînés vivant avec des revenus fixes, j'estime qu'il est important que les parlementaires s'interrogent sur les moyens que doit déployer la société pour aider les gens à subvenir à leurs besoins.
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Merci, madame la présidente.
Merci à nos témoins d'être venus.
Les gens comprennent sans doute que cette question a revêtu une importance très grande en Colombie-Britannique.
J'aimerais citer quelques commentaires recueillis dans la province... il y aussi le fait que dans la circonscription de Richmond, je n'entends pas beaucoup de gens s'opposer au fait que Clifford Olson touche la SV et le SRG.
Permettez-moi de citer le whip du gouvernement à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique, M. John van Dongen.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique est fier du fait que notre province est la première à avoir publiquement appuyé l'initiative du gouvernement fédéral contre l'attribution injuste de prestations de soutien du revenu aux détenus.
C'était le 2 juin.
Ensuite, le chef du Service de police de Vancouver, Jim Chu — parce que la plupart d'entre nous comprenons que Clifford Olson habitera probablement dans le sud de la province — a applaudi ce projet de loi et a dit:
J'espère que les victimes innocentes ne se sentiront plus une nouvelle fois victimes lorsqu'elles verront leur agresseur recevoir des pensions de vieillesse après avoir été contraints de mettre fin à leur carrière de criminel. Je suis certain que cette modification législative sera accueillie favorablement par les nombreuses victimes de ces criminels.
C'était encore le 2 juin.
J'aimerais poser une question à ce sujet. Certains d'entre vous y ont peut-être déjà répondu mais j'aimerais de plus amples éclaircissements. Je pense que le projet de loi garanti aussi qu'un conjoint ou qu'un conjoint de fait à faible revenu d'un détenu ne perdra pas son droit aux prestations de sécurité de la vieillesse. Cela protège sans doute la famille du criminel qui ne devrait pas être victime aussi. Nous sommes d'accord là-dessus.
Par ailleurs, cette mesure sera mise en oeuvre sans tarder à l'égard des détenus dans les pénitenciers fédéraux. Nous travaillerons avec les provinces et les territoires pour aussi faire cesser le versement de prestations aux détenus dans les établissements pénitenciers provinciaux et territoriaux. Nous y travaillons.
Ma question est la suivante: croyez-vous qu'il soit équitable que les détenus puissent se prévaloir du programme de sécurité de la vieillesse pour accumuler des économies quand ce n'est pas le but du programme et que les Canadiens respectueux de la loi ne peuvent pas en faire autant? J'aimerais que vous me donniez une réponse plus étoffée là-dessus parce que le principe qui sous-tend le projet de loi est d'assurer un traitement équitable aux aînés respectueux de la loi.
Je vous signale en passant que 12,5 p. 100 des dépenses totales du gouvernement fédéral sont consacrées à la SV et au SRG.
Merci.
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Je voudrais partager avec vous mon expertise en tant que directrice d'un centre pour femmes judiciarisées, plus précisément en ce qui concerne la sortie de prison.
Il est bien évident, compte tenu de la façon dont le projet de loi est conçu, qu'on va devoir trouver des mécanismes, des amendements ou d'autres façons pour faciliter la réinsertion sociale de ces personnes. On parle d'aînés qui vont sortir de prison à l'âge de 70, 75 ou 80 ans. Pour ce qui est de la famille, ne vous en faites pas, ces gens n'en ont pas. Ils sont seuls. Aucun réseau social ou famille ne les attend à leur sortie de prison. Ce sont en grande majorité des hommes qui auront été incarcérés pendant de longues années et qui devront réintégrer la communauté. Si ce n'est pas l'État fédéral qui s'en charge, par exemple par l'entremise d'une pension de vieillesse réduite, les provinces vont le faire dans le cadre des programmes d'aide aux personnes sans revenu. D'une façon ou d'une autre, comme contribuables, nous allons devoir les aider à intégrer la communauté. Pour avoir accès à la pension de vieillesse, il faut présenter une demande six mois à l'avance. Il va y avoir une foule de problèmes administratifs. À mon avis, le fait d'amender cette loi ne se fera pas sans que des coûts bureaucratiques importants soient engendrés.
Je comprends qu'il faille rétablir l'équité. Je pense que le Service correctionnel est malheureusement en partie responsable du fait de ne pas avoir appliqué l'article 78 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. Or l'article est là et je pense qu'on pourrait arriver à un équilibre sans remettre en question le droit universel à la pension de vieillesse. Le Supplément de revenu garanti est une chose et l'accessibilité à la pension de vieillesse en est une autre. On peut dissocier les deux. Les personnes âgées qui sont en prison n'ont pas les mêmes besoins que celles vivant dans une communauté. Je le comprends, et ces personnes elles-mêmes sont d'accord, mais de là à les priver totalement du droit à une pension de vieillesse...
Par ailleurs, la plupart des aînés vont retourner dans la communauté en tant que contribuables et citoyens, et il faudrait savoir quelles seront les conditions transitoires. Il s'agit de trouver un logement, notamment, et bien d'autres choses. Ça va être à considérer. Il faut aussi tenir compte des impacts.
Vous parlez beaucoup des délinquants dangereux, qui constituent une minorité. En effet, la majorité des aînés qui sont en prison ne sont pas des M. Olsen. Vous mettez beaucoup l'accent sur cette minorité. Je comprends que ce soit choquant. Je me mets à la place des contribuables canadiens et je comprends leur colère à ce sujet, mais ces gens constituent vraiment une minorité.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je signale que j'ai présidé la réunion en l'absence de Mme Hoeppner. Par conséquent, il n'y avait pas de membres du Parti conservateur, mais M. Komarnicki a représenté son parti durant la réunion.
Voici ce dont nous avons discuté. Pour commencer, vous savez probablement que le projet de loi doit être renvoyé à la Chambre le 5 novembre. Nous avons donc un assez grand retard dans l'examen de ce projet de loi. Nous proposons par conséquent que le projet de loi C-343 soit discuté le 4 novembre, et puisque la semaine suivante est une semaine d'ajournement, notre examen pourrait reprendre le 16, ce qui fait que nous serions déjà en retard. Si le comité accepte de poursuivre et de terminer son examen du projet de loi C-343 le 16 novembre, cela signifie que nous devrons demander à la Chambre de nous accorder une prolongation de délai. D'après le greffier — et nous sommes nombreux à en avoir déjà fait l'expérience — cela signifie que nous devons présenter une demande de prolongation à la Chambre et que cette demande doit faire l'objet d'un vote.
Quand nous en avons discuté au comité de direction ce matin, plusieurs députés ont affirmé que de telles prolongations ont déjà été accordées sans problèmes à de nombreuses reprises. Les membres du comité estimaient par conséquent qu'il n'y aurait pas de difficulté à obtenir une prolongation de délai.
Notre greffier a rédigé un texte, que je vais maintenant présenter au comité.
Mais avant de discuter de cette prolongation de délai, je vais vous parler de l'élément suivant de nos discussions, qui a trait aux motions.
Pour revenir un peu en arrière, si tout se passe comme prévu, nous examinerons le projet de loi le 4 et le 16 novembre. Nous passerons ensuite à la motion de Michael Savage sur le formulaire détaillé de recensement le 16 novembre, et nous continuerons cette discussion le 18.
Quant au 23 novembre, vous avez trois motions sous les yeux. Nous y avions apposé des points d'interrogation, car il fallait que nous en discutions. Le comité de direction a décidé de les traiter dans un ordre différent. Pour commencer, nous proposons l'étude sur l'adoption, car elle figure depuis longtemps à notre programme. Cette motion serait traitée en premier. Ensuite, nous pourrions examiner la motion de M. Lessard sur les conseils arbitraux de l'assurance-emploi. Cette étude pourrait nécessiter deux ou trois jours. Enfin, nous passerions à la motion de M. Tony Martin sur les obstacles qui nuisent à la qualité de vie des personnes handicapées. Nous avons décidé de les traiter dans cet ordre, mais nous n'avons pas fixé de dates, même si nous proposons cet ordre sachant que nous recevrons un certain nombre de projets de loi d'initiative parlementaire et peut-être même un projet de loi du gouvernement. Les projets de loi auront bien sûr la priorité.
Ce que nous proposons au comité, c'est un ordre d'examen des motions, et nous proposons que les dates de leur examen soient fixées au fur et à mesure, en fonction du nombre de projets de loi d'initiative parlementaire.
D'après les vérifications que j'ai faites il y a quelques instants, je suis en mesure de vous dire que le Parti libéral présentera probablement cinq ou six projets de loi d'initiative parlementaire prochainement. Ces projets de loi devront être discutés par notre comité. Il pourrait y avoir d'autres projets de loi d'initiative parlementaire présentés par d'autres partis. Voilà.
Donc le premier élément de mon rapport au comité, la demande de prolongation de délai pour l'examen du projet de loi , doit être adoptée. Le greffier a rédigé une ébauche, que je vais vous lire. Je vais vous la lire en anglais, et vous pourrez en écouter la traduction si vous le voulez.
Rapport du sous-comité. Il a été convenu (1) qu'un rapport soit adopté et présenté à la Chambre pour demander une prolongation de 30 jours de séance pour étudier le projet de loi C-343; (2) que le projet de loi C-343 soit étudié les 4 et 16 novembre 2010, comme je l'ai mentionné; (3) que les travaux du comité se déroulent dans l'ordre suivant: premièrement, la motion de M. Casson sur l'étude relative à l'adoption; suivie, deuxièmement, de la motion de M. Lessard sur les conseils arbitraux de l'assurance-emploi; et troisièmement, par la motion de M. Martin, sur les obstacles qui nuisent à la qualité de vie des personnes handicapées. Ces études vont se dérouler sans limitation de temps en termes de nombre de séances à condition que, si un projet de loi émanant du gouvernement ou un projet de loi d'initiative parlementaire est renvoyé au comité, le comité prenne le temps qu'il faut pour l'étudier et que l'étude en cours soit suspendue pour la durée de l'étude du projet de loi.
Alors voilà ce que je propose au comité. Si vous êtes d'accord, la prochaine étape sera que notre greffier rédige une soumission à l'intention de la Chambre, qui sera déposée par la présidente du comité. Cette soumission sera examinée selon la procédure habituelle, afin que nous ayons une prolongation de 30 jours.
Merci, madame la présidente.