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Merci beaucoup, monsieur le président.
Membres du comité, je vous remercie de m'accueillir ici aujourd'hui sur ces questions importantes que sont la sécurité énergétique et les sables bitumineux.
En français, nous n'avons pas le débat que vous semblez avoir sur la nomenclature des sables bitumineux. En français, ça s'appelle « sables bitumineux » et c'est comme ça pour tout le monde et chacun s'en accommode assez bien.
Pour nous à Équiterre, les questions de sécurité énergétique et des sables bitumineux sont deux questions tout à fait cruciales pour l'avenir énergétique, économique, environnementale et sociale du pays. Nous avons produit un rapport qui suggère comment le Québec pourrait être indépendant du pétrole d'ici 2030. Nous vous en avons fait parvenir des copies, mais seulement en français. Nous allons vous en faire parvenir une version anglaise qui pourra vous être distribuée.
À la lumière de toutes les données scientifiques que nous avons reçues au cours de la dernière décennie sur la question des changements climatiques, des rapports, qu'ils proviennent de la NASA, d'Environnement Canada ou du ministère des Ressources naturelles, d'ici et d'un peu partout sur la planète, il est clair que nous allons devoir, au cours des prochaines décennies, cesser à toutes fins pratiques l'utilisation de tous les combustibles fossiles.
Évidemment, il faudra commencer par les combustibles fossiles qui ont le plus haut taux d'émissions de gaz à effet de serre, soit par unité d'énergie ou par unité de PNB, peu importe. Comme nous le rappelait encore avant-hier un rapport de la Commission européenne qui a été déposé au Parlement européen, les sables bitumineux ont un contenu en gaz à effet de serre 25 fois plus élevé que les combustibles pétroliers traditionnels.
Pour nous, cela veut dire de deux choses l'une: ou bien nous devons rapidement réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux sables bitumineux — qui émettent des gaz à effet de serre, je vous le rappelle, de deux à quatre fois plus intensément que les combustibles traditionnels — ou bien, si on n'en est pas capables, réduire notre utilisation et donc notre production de pétrole issu des sables bitumineux.
Dans le rapport que nous déposerons devant le comité, nous démontrons que nous sommes bien conscients que les humains vont continuer d'utiliser du pétrole pendant encore un bon bout de temps. Par contre, nous croyons qu'il faut d'une part réduire notre dépendance au pétrole, mais aussi s'éloigner le plus rapidement possible des combustibles fossiles, conventionnels ou non, qui ont un très haut niveau d'émissions de gaz à effet de serre. Dans cette catégorie, les sables bitumineux sont clairement dans une catégorie à part.
Dans le rapport que nous allons vous faire parvenir, nous avons étudié le coût économique pour une province comme le Québec. Ce qu'on a fait pour le Québec, on pourrait le faire pour d'autres provinces. D'ailleurs, il serait intéressant que le comité s'y penche.
Le coût économique de notre dépendance au pétrole est de 74 $ le baril de pétrole. La fuite de capitaux vers l'extérieur d'une province comme le Québec s'élève à environ 10 milliards de dollars par année. Si le baril de pétrole coûte 105 $, la fuite de capitaux s'élève à près de 15 milliards de dollars. Enfin, si le baril est à 150 $ — comme ce que nous avons connu en 2007 —, la fuite de capitaux vers l'extérieur du Québec est de presque 20 milliards de dollars. Cela correspond, pour un budget, au deuxième poste budgétaire le plus important pour le gouvernement du Québec, soit le ministère de l'Éducation.
Or, nous croyons que nous avons beaucoup d'autres choses à faire avec notre argent, notamment l'argent public, que de l'utiliser pour encourager d'autres économies dans le monde. Nous croyons qu'on devrait plutôt encourager la nôtre.
Vous allez me dire qu'il est impossible de réduire notre dépendance au pétrole, que c'est impensable. Pourtant, des pays ont pris l'engagement de ne plus importer de pétrole d'ici 2025. Ces pays, comme la Suède, sont comparables au nôtre sur le plan du climat, de l'économie, des programmes sociaux et de l'éducation. Or, 2025, c'est bientôt. Si la Suède est capable de le faire, je ne vois pas pourquoi un pays comme le Canada ne pourrait pas le faire également si, bien entendu, on en a la volonté politique.
Je suis de ceux qui pensent que nous ne manquons pas de solutions, qu'elles soient techniques ou technologiques. Nous avons suffisamment de créativité et d'intelligence pour être capable de faire face à ces dossiers.
Présentement, en Suède, on construit des maisons qui n'ont pas besoin de système de chauffage. On va mettre quand même des systèmes de chauffage dans ces maisons simplement pour des raisons psychologiques, puisque les habitants de ces maisons ne croient pas qu'on puisse vivre en Suède dans une maison sans chauffage. Toutefois, ces maisons sont tellement performantes d'un point de vue énergétique que la seule chaleur qui va être produite sera la perte de chaleur par les habitants de ces maisons.
Il y a énormément de choses que nous devrions faire au Canada, par exemple sur le plan de l'électrification de nos transports, notamment les transports sur longue distance, le transport des personnes et le transport des marchandises. Cela nous permettrait de réduire de beaucoup notre consommation de pétrole au pays.
Vous me demanderez alors s'il y aura des gains si l'électricité de ces systèmes de transport est produites à partir de combustibles fossiles. Il y aura évidemment des gains très importants quand on tient compte du fait que le taux d'efficacité d'un engin électrique pour convertir l'énergie — dans ce cas-ci l'électricité en mouvement — est de 75 à 95 p. 100. En comparaison, un moteur à combustion interne a un taux d'efficacité d'environ 20 à 25 p. 100. Pour chaque véhicule qu'on électrifierait, l'efficacité énergétique triplerait, ce qui serait un gain très important.
Énormément de choses devraient être faites en matière d'efficacité énergétique. Hélas, le gouvernement de Stephen Harper a aboli à peu près tous les programmes qui existaient en matière d'efficacité énergétique, notamment pour les personnes à faible revenu. Équiterre est une organisation qui, comme beaucoup d'autres à travers le pays, a livré pendant des années des services en efficacité énergétique auprès des ménages à faible revenu pour les aider à réduire leur facture d'énergie.
Or, le gouvernement Harper a coupé 500 millions de dollars dans les programmes d'efficacité énergétique pour les ménages à faible revenu. Des centaines d'emplois ont été perdus à travers le pays. Dans ce domaine, on créait des emplois partout au Canada, dans les petites comme les grandes municipalités, au nord comme au sud, à l'est comme à l'ouest. Ce n'était pas seulement une partie du pays qui bénéficiait de cela.
On doit miser sur les énergies renouvelables. On pense bien sûr à l'éolien. J'ai présidé, pour la ministre des Ressources naturelles du Québec, une équipe spéciale sur les énergies renouvelables. Le mandat de notre équipe était de regarder le développement des énergies renouvelables émergentes, soit le solaire photovoltaïque, le solaire thermique, les biogaz et les biocarburants de deuxième génération.
En terminant, il y a un potentiel immense pour le Québec, l'Ontario et l'ensemble du pays. Hélas, nous sommes l'un des seuls pays de l'OCDE à ne plus avoir de programme incitatif pour le développement des énergies renouvelables.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Bon après-midi. Je vous remercie de m'offrir l'occasion de vous présenter, avec une certaine fierté, quelques nouvelles au sujet de l'exploitation des sables bitumineux in situ.
Laricina est une entreprise canadienne d'exploitation de sables bitumineux in situ dont l'engagement formel envers l'innovation appuie les objectifs de tous les Canadiens: une exploitation responsable des précieuses ressources du Canada pour répondre aux besoins énergétiques du pays, donnant lieu à des retombées économiques positives en équilibre avec la performance environnementale.
L'exploitation des sables bitumineux in situ représente l'avenir de la production pétrolière au Canada, et permettra de tirer profit de la ressource pendant longtemps. L'Agence internationale de l'énergie qualifie cette ressource de plus grand gisement de pétrole à l'extérieur de l'OPEP.
Il faut voir l'exploitation de sables bitumineux in situ comme une ressource forable, apparentée au pétrole classique. L'empreinte environnementale d'un puits horizontal foré dans les sables bitumineux ressemble beaucoup à celle d'un puits horizontal classique. Par exemple, même si la superficie requise à la surface est la même, jusqu'à 10 fois plus d'énergie pourra être produite.
Contrairement à bon nombre de projets pétroliers et gaziers classiques, à cette échelle, nous utilisons de l'eau non potable, non buvable et nous la recyclons.
On ne peut qu'être enthousiasmé à l'idée que l'ensemble de l'industrie collabore actuellement sur le terrain pour mettre à l'essai une méthode améliorée de récupération faisant appel à une combinaison de vapeur et de solvant, qui rendrait l'empreinte de carbone de chaque baril produit, sur un cycle complet, inférieure à celle de la majeure partie du pétrole brut importé par les États-Unis.
Vous avez probablement entendu parler du récent documentaire de la CBC sur les sables bitumineux, ou peut-être même l'avez-vous vu. Ce que cette émission a omis de préciser, ce sont toutes les mesures que l'industrie des sables bitumineux met en place pour atteindre les exigences canadiennes en matière de prospérité économique, de production énergétique et de performance environnementale responsable. J'aimerais d'ailleurs insister sur le fait que les progrès accomplis par les entreprises canadiennes doivent être, pour chacun de nous, source de fierté. Il y aura d'autres progrès et Laricina n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Laricina est une société privée fondée par des Albertains. Je suis né à Calgary et j'ai étudié à l'Université de Calgary en chimie, en génie et en commerce.
En un peu plus de cinq ans, nous avons mis en oeuvre des projets d'exploitation pétrolière visant à récupérer plus de 4,5 milliards de barils. Bien qu'il ne s'agisse que de l'un des éléments de l'exploitation des sables bitumineux in situ, notre nouveau projet vise les sables bitumineux carbonatés et va également représenter des innovations sur le plan économique et environnemental. Pour ce qui est des collectivités locales, cela représente des emplois mais notre contribution ne s'arrête pas à la création d'emplois.
Nous avons commencé des travaux de traitement à la vapeur dans le cadre de notre premier projet pilote de drainage par gravité au moyen de vapeur, ou DGMV, en décembre 2010, après cinq ans de délimitation, d'études et de recherches. La formation de Grosmont est un réservoir carbonaté formé de dolomite. Il diffère des réservoirs sableux exploités à Fort McMurray et s'apparente davantage aux grands réservoirs carbonatés pétrolifères du Moyen-Orient.
L'ERCB a déterminé que plus de 400 milliards de barils de bitume, soit 25 p. 100 du potentiel canadien, étaient contenus dans cette formation. Cette ressource représente donc une occasion de croissance matérielle pour le Canada. Nous estimons que la zone du projet contient quelque 150 milliards de barils de bitume récupérable, et cela s'ajouterait aux réserves déjà établies.
Les réservoirs carbonatés ont produit les champs pétrolifères classiques les plus importants et cette formation se compare au réservoir de Ghawar.
L'industrie des sables bitumineux est engagée sur la voie du changement. Plus de 50 p. 100 de la production est accomplie sous forme d'exploitation in situ ou d'autres techniques de forage et il s'agit du principal domaine de croissance pour l'avenir. Néanmoins, comme pour les réservoirs carbonatés, nous ne nous limitons au drainage par gravité au moyen de vapeur; nous étudions des techniques nouvelles. En ajoutant des hydrocarbures légers à la vapeur nous pouvons, comme je l'ai dit, réduire les besoins en énergie et augmenter du même coup la rentabilité.
Dans le cadre de son approche fondamentale en matière de recherche et d'innovation, Laricina a établi une étroite collaboration avec l'Université de Calgary. La technologie de production par forage a été élaborée dans les années 1980 par M. Butler, professeur à l'Université de Calgary. On le considère comme le père du DGMV.
Nous avons décidé d'aller encore plus loin. Laricina préside un consortium de 16 sociétés qui effectuent de la recherche fondamentale sur l'amélioration de la récupération par solvant. L'ajout d'hydrocarbures légers à la vapeur n'a rien de nouveau. Il y a 30 ans, l'Alberta était la principale autorité en matière de récupération améliorée dans les gisements de pétrole classiques au moyen de propane et d'autres hydrocarbures légers, dans la région de West Pembina.
Même si nous n'avions pas de flux de trésorerie ou de production, nous avons centré nos efforts sur le parrainage de la recherche et nous avons apporté près de 1 million de dollars à l'Université de Calgary. Cet été, nous embaucherons 15 étudiants et stagiaires qui composeront près de 10 p. 100 de notre effectif.
À Wabasca, où nous sommes situés, nous jouons un rôle positif au sein de la collectivité par des dons, du temps de travail et une contribution au développement économique. Nous travaillons en collaboration étroite avec la première nation des Cris de Bistone, l'association locale des Métis no 1935 et le district municipal d'Opportunity. Nous présidons le groupe local de développement de l'entreprise et nous avons établi notre premier plan d'entreprise. Cette première entreprise, qui appartiendra à des intérêts locaux, sera lancée prochainement.
Tout cela en plus des quelque 10 millions de dollars que nous avons injectés dans la collectivité, en 2010, par l'attribution de contrats pour nos travaux de construction et nos opérations sur le terrain.
Nous traduisons nos renseignements. Nous publions des bulletins de nouvelles. Nous présentons ces renseignements sous forme imprimée et visuelle, en cri.
Je pense que Laricina remplit la mission qui lui a été confiée par le Canada et qui est d'exploiter les ressources. En retour, nous demandons la stabilité, une réglementation forte et efficace, et non davantage de réglementation. À titre d'exemple, voici le projet pilote produisant 1 800 barils par jour dans le réservoir carboné de Grosmont qui représente plus de deux années de travail, dans le cadre de la réglementation en vigueur.
À côté, vous avez une demande de projet représentant une production de 30 000 barils de pétrole classique par jour. C'est un code de pratique. La production in situ n'est pas sous-réglementée. La gestion de l'eau est un enjeu important. Nos projets n'utilisent pas d'eau potable. Nous sommes dans des régions sur lesquelles l'information ne manque pas. Nous avons cartographié, testé et surveillé l'eau souterraine avant la production.
Comme toutes les entreprises, nous devons chercher à vendre notre produit et l'accès aux marchés asiatiques est important pour notre secteur. Cela protège notre souveraineté sur le plan de l'énergie. La diversification de nos marché est très importante pour les producteurs de pétrole canadiens de l'Ouest si nous voulons pour éviter les inconvénients d'un marché unique aux États-Unis.
Je pense que Laricina remplit son devoir: investir dans l'innovation et la technologie, collaborer avec les chercheurs, les universités et les pairs pour améliorer les méthodes de production et la performance environnementale. Nous sommes également fiers d'être le fer de lance de l'exploitation d'une des nouvelles sources de pétrole, le réservoir carbonaté de Grosmont.
Je vous remercie, monsieur le président et membres du comité. J'ai été honoré de m'adresser à vous aujourd'hui, et je serais heureux de répondre à vos questions.
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Le témoin s'exprime en cri.]
Je m'appelle Clayton Thomas-Muller. Je suis militant dans la campagne concernant les sables bitumineux de l'Indigenous Environmental Network.
IEN est un organisme autochtone non gouvernemental créé en 1990 pour examiner les questions touchant les droits des autochtones ainsi que la justice environnementale et économique.
IEN est devenu une figure de proue, au Canada et aux États-Unis, dans le dossier de la politique climatique et énergétique, aux niveaux local, national et mondial. IEN a lancé une campagne autochtone canadienne sur les sables bitumineux et travaille avec les dirigeants des premières nations et des Métis de la région touchée par l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta.
Le titre ancestral couvre de vastes superficies de terre dans l'ensemble du pays. C'est une expression juridique contenue dans les traités reconnaissant les intérêts autochtones sur les terres. Les premières nations ne sont pas simplement des parties prenantes ou des membres du public, mais des entités politiques et juridiques qui ont des droits issus de traités conclus avec le Canada.
Malgré les préoccupations des premières nations, les gouvernements de l'Alberta et du Canada n'écoutent pas. Ces questions préoccupantes concernent les Traités 6 et 8. Ce sont les traités qui empêchent d'enlever aux premières nations les terres qui leur appartiennent en procédant à un développement massif et incontrôlé qui menace leur culture et leur mode de vie traditionnel. La captation de l'eau des rivières et des ruisseaux pour alimenter l'exploitation des sables bitumineux constitue une menace pour la survie culturelle de ces communautés et la bataille au sujet de l'extraction des sables bitumineux, ainsi que les préoccupations de ceux qui investissent dans ce développement, soulèvent la question des droits humains fondamentaux des premières nations, le droit d'exister et d'avoir un avenir grâce à un environnement sûr, propre et sain.
Fort Chipewyan est situé à environ 250 kilomètres au nord ou en aval de tous les projets d'exploitation des sables bitumineux de la rivière Athabasca. Fort Chipewyan, connu également sous le nom de Fort Chip, est un petit village. C'est la communauté la plus ancienne de l'Alberta. On y accède par avion et par bateau pendant les mois d'été. L'hiver, il est accessible par des ponts de glace. La population de Fort Chipewyan se compose d'environ 1 200 personnes, principalement autochtones. La première nation Chipewyan d'Athabasca, la première nation crie Mikisew et les Métis composent cette belle communauté.
Fort Chip est situé dans le delta Peace—Athabasca, à la limite du parc national Wood Buffalo qui est notre plus grand parc du pays et qui est un site désigné par l'UNESCO comme patrimoine mondial.
L'empiétement des projets d'exploitation des sables bitumineux du sud et leur impact ont commencé à se manifester dans la communauté de Fort Chip. Les déversements des bassins de résidus dans la rivière Athabasca ont alarmé les résidents de Fort Chipewyan. Fort Chipewyan se trouve en amont des sables bitumineux et de la rivière Athabasca.
Depuis environ quatre décennies, les peuples autochtones de cette communauté ont observé des différences notables dans l'environnement, la quantité d'eau, la qualité de l'eau et la migration des oiseaux, ainsi que des difformités, des tumeurs cancéreuses, des boursouflures et des mutations chez les poissons, une source d'alimentation essentielle et, plus récemment, une augmentation des problèmes de santé et un nombre confirmé de cancers inhabituels, rares et agressifs, de l'ordre de 30 p. 100.
Les sables bitumineux représentent le plus vaste développement industriel au monde et la deuxième source de déforestation la plus rapide après l'Amazonie. Les vastes gisements de bitume de l'Alberta, un hydrocarbure non classique qui se trouve sous la forêt boréale, sont la source d'un des combustibles fossiles ayant la plus grande intensité énergétique et carbonique au monde. Ils ont fait du Canada l'Arabie saoudite du monde occidental. Le Canada est l'un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre au monde, par habitant.
Les sables bitumineux de l'Alberta représentent une question de justice environnementale qui touche les droits issus de traités et les droits humains des premières nations autochtones de Fort Chipewyan et des autres communautés des premières nations de la région. Pour faire cesser l'exploitation des sables bitumineux, les premières nations invoquent leurs droits pour participer au processus officiel d'examen d'une multitude de demandes de projets d'expansion de plusieurs milliards de dollars. Les premières nations exigent de pouvoir mener leurs propres évaluations environnementales pour examiner les impacts cumulatifs et culturels. En affirmant leurs droits, les premières nations de Fort Chipewyan ont relevé les critères du processus de réglementation, y compris en ce qui concerne la qualité de la rivière Athabasca, obligeant le gouvernement de l'Alberta à établir une stratégie de gestion de l'eau pour la rivière Athabasca. Depuis 2006, les premières nations ont exigé un moratoire sur toute nouvelle expansion des permis existants.
Infrastructure et routes de transport des sables bitumineux. Les voies d'expédition sont représentées par une demi-douzaine de gros pipelines: B.C. Northern Gateway, Keystone XL et d'autres, y compris deux énormes projets de gaz naturel, le pipeline de gaz naturel de l'Alaska et le gazoduc de la vallée du Mackenzie. Les premières nations de l'Alaska et les nations indiennes de tous les États-Unis subissent les effets des dizaines de raffineries situées dans les autres États continentaux. Ces projets d'infrastructure représentent l'économie des combustibles fossiles de l'Amérique du Nord alors que nous devrions nous éloigner des combustibles fossiles en faveur de formes d'énergie sans carbone.
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Excusez-moi. Je sais que mon temps est limité et c'est pourquoi je parle vite.
La décision que le Département d'État américain doit rendre bientôt au sujet du pipeline Keystone XL a mis en lumière certains aspects du débat qui avait été laissés de côté. Le pipeline Keystone XL n'est pas nécessaire. Il y a une surcapacité de pipelines pour le pétrole provenant des sables bitumineux. Le pipeline Keystone XL va faire augmenter le prix de l'essence à la pompe aux États-Unis et les consommateurs paieront pour le gaspillage causé par la surcapacité. Il fera grimper le prix du pétrole brut dans le Midwest en envoyant le pétrole jusqu'au golfe. Cela pourrait faciliter les exportations de sables bitumineux canadiens vers l'Europe et d'autres marchés, ce qui va à l'encontre de l'argument en faveur de la sécurité énergétique américaine. Cet argument a également été invoqué dans le discours canadien sur la sécurité énergétique dans le contexte nord-américain.
Compte tenu de cette absence d'avantages sur le plan de la sécurité énergétique, voyons quels sont clairement les inconvénients. Ces pipelines et les sables bitumineux en général vont accroître les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance vis-à-vis du pétrole; favoriser une expansion imprudente d'une industrie sale; compromettre la qualité de l'eau propre et la sécurité publique dans six États; aggraver la dégradation du bassin hydrologique et de la qualité de l'air dans l'Athabasca et saper les droits des peuples des premières nations; tout cela en raison de l'expansion massive des opérations actuelles dans la région de l'Athabasca que ce projet et les autres projets d'infrastructure comme celui d'Enbridge va susciter.
Par conséquent, que veulent les peuples des premières nations? Ils veulent un moratoire sur toute nouvelle demande de permis ou d'expansion d'un projet existant tant que les répercussions sur le plan environnemental, culturel, social, sanitaire, écologique, ainsi que les droits issus de traités, n'auront pas été évaluées et atténuées. Ils veulent un programme de surveillance distinct, non assuré par l'industrie, détaillé et complet, à long terme et robuste pour le poisson et l'eau dans le bas de la rivière Athabasca et le delta Peace-Athabasca pour remplacer les organismes financés par l'industrie comme RAMP. Ce programme doit intégrer à la fois des experts de l'Ouest et des experts possédant les connaissances traditionnelles des premières nations. Les peuples des premières nations veulent aussi une étude épidémiologique et toxicologique évaluée par les pairs des taux de cancer et des niveaux d'exposition aux toxines environnementales dans les communautés situées en aval de la rivière Athabasca.
Le Canada doit assumer sa dette écologique envers les communautés qui ont souffert de façon disproportionnée du paradigme économique actuel régi par le régime des combustibles fossiles, tout en élaborant un modèle de transition équitable pour répartir les revenus générés par les mécanismes de la politique climatique du secteur public. C'est, par exemple, en imposant des pénalités aux émetteurs qui violent les lois établissant des plafonds d'émissions. C'est aussi en finançant d'autres programmes, par exemple, en réaffectant des dépenses militaires et des subventions au pétrole et au charbon à des des investissements dans des formes d'énergie sans carbone.
Le Canada et l'Alberta devraient adopter et respecter…
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Je vous remercie, monsieur le président.
Merci à vous trois d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
J'aurai le temps de poser seulement une question puisque je n'ai que deux minutes. Ma question s'adressera à vous, monsieur Guilbeault. Elle est strictement politique alors si vous n'êtes pas à l'aise d'y répondre, ne le faites pas.
Tout ce que vous avez dit au sujet de la façon dont les choses devraient se passer, je l'endosse à 100 p. 100. C'est ainsi que cela devrait se faire au Québec mais cela ne se fera jamais de cette façon parce qu'au Canada, où l'on se trouve, il y a une autre opinion dans l'Ouest canadien selon laquelle les choses doivent se faire tout à fait autrement. Je comprends cette opinion. Dans l'Ouest, les gens ont une richesse naturelle, soit le gaz, et c'est important pour eux. Ils font de l'argent grâce à ça, ils investissent des millions voire des milliards de dollars dans une structure et dans tout ce qu'il faut pour développer ça.
Je ne vois pas comment, à un certain moment, ils pourraient suspendre cette exploitation pour se lancer dans quelque chose que nous, nous voudrions faire. L'argent est concentré à Ottawa. Les lois, les règlements, les statuts et les traités seront tous faits pour développer cela et non pour ce que nous voulons développer. Vous rendez-vous compte qu'à l'intérieur du Canada, il est impossible pour le Québec de faire ce qu'il veut?
Ça ne fonctionne pas.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Bruce Hyer. Avant d'être député, je me suis notamment intéressé à l'écologie du milieu terrestre, j'ai été biologiste et scientifique.
En examinant mes notes concernant le témoignages d'Elizabeth Dowdeswell, à la dernière réunion, certaines choses m'ont frappé, surtout à propos de cette question de M. Guilbeault.
Je vais rapidement en mentionner une ou deux.
… il n'existe… aucun processus décisionnel statistiquement valide qui permettrait une gestion adaptée dans un environnement de développement rapide des sables bitumineux.
Le programme RAMP financé par l'industrie, le programme régional de surveillance du milieu aquatique:
ne produit pas de résultats scientifiques de renommée mondiale de manière transparente et dans un format évalué par les pairs, et il ne communique pas adéquatement ses résultats à la communauté scientifique ou au grand public.
Puis, la dernière déclaration:
… les sites d'échantillonnage représentant à l'origine une condition de base ont été rattrapés par le développement et ils sont désormais clairement touchés.
Autrement dit, ce sont les stations de surveillance de référence.
En tant que scientifique, cela m'inquiète; en tant que porte-parole du NPD pour l'eau, cela m'inquiète.
L'un d'entre vous, en commençant par M. Guilbeault, pourrait-il me dire s'il partage ma crainte que nous ayons non seulement de sérieux problèmes, mais que nous ne puissions même pas prouver ces problèmes faute d'avoir une base de référence ou des bonnes expériences scientifiques?