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Bon après-midi à tous. Bienvenue.
Nous sommes ici aujourd'hui pour poursuivre notre étude sur la sécurité énergétique au Canada et nous revenons, encore une fois, sur le sujet des sables bitumineux.
Nous allons recevoir aujourd'hui un seul groupe de témoins, pendant une heure et demie. Ensuite, nous examinerons les travaux futurs du comité.
Nos trois témoins d'aujourd'hui sont Elizabeth Dowdeswell, ancienne présidente du Groupe consultatif sur les sables bitumineux. Bienvenue. Nous recevons aussi le président de ConocoPhillips Canada, Joe Marushack. Bienvenue. Peter Tertzakian, économiste en chef de l'énergie et directeur d'ARC Financial Corp. témoignera, par vidéoconférence, à partir de Calgary. Vous êtes également le bienvenu, monsieur.
Nous allons entendre les témoins dans l'ordre où ils figurent sur l'avis de convocation, en commençant par Mme Dowdeswell.
Veuillez commencer et limiter votre exposé à sept minutes, s'il vous plaît.
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Merci beaucoup et bon après-midi à tous. C'est un grand plaisir pour moi d'avoir été invitée à parler avec vous aujourd'hui.
Un des défis les plus complexes de notre époque est de répondre à nos besoins en énergie toujours croissants d'une façon raisonnable et viable sur le plan environnemental. Vous conviendrez, je pense, que toute analyse de l'état actuel de la géopolitique et du développement économique dans un monde faible en carbone révèle un sentiment d'insécurité généralisé quant à l'avenir de l'approvisionnement en énergie. Par conséquent, non seulement votre étude arrive à point nommé, mais elle a énormément d'importance.
Comme vous le reconnaissez vous-mêmes, toute discussion concernant les sables bitumineux du Canada doit obligatoirement tenir compte des faits et des preuves scientifiques qui doivent être à la base de tout développement responsable de cette importante ressource. Il s'agissait, sans aucun doute, du principe fondamental sur lequel reposaient l'analyse et les recommandations formulées en décembre par le groupe consultatif indépendant sur la surveillance de la rivière Athabasca et des cours d'eau avoisinants.
Comme vous le savez, à la fin de septembre 2010, l'ancien ministre de l'Environnement, l'hon. Jim Prentice, a posé une question très directe: le Canada a-t-il un système de surveillance de calibre international pour le secteur des sables bitumineux? Dans le cas contraire, quels sont les changements que nous recommandons d'apporter pour nous doter d'un tel système? C'était un mandat de 60 jours, un délai très court. Néanmoins, je pense qu'on demandait au groupe consultatif de répondre directement aux graves préoccupations émises par M. Schindler et ses collègues de l'Université de l'Alberta. Des avis scientifiques contradictoires mettaient en doute l'existence de données crédibles, ce qui est essentiel pour prendre des décisions politiques avisées, de même que pour faire appliquer les lois et les règlements. J'ai eu le privilège de présider ce groupe consultatif, de coordonner et de superviser le travail des cinq scientifiques éminents qui le constituaient.
Pendant la courte période dont nous disposions, nous avons examiné toute une série de documents, y compris les principales publications scientifiques évaluées par les pairs. Le groupe a pris connaissance, mais sans chercher à les répéter, des nombreuses études sur l'exploitation des sables bitumineux qui avaient été réalisées ou qui en étaient à divers stades d'achèvement. Nous n'avons pas entrepris non plus de recherches originales pour valider les observations et les conclusions contenues dans ces études. Toute cette documentation a été complétée par des entrevues et des discussions avec des experts du gouvernement, au niveau fédéral et provincial, des représentants de certaines premières nations, des universitaires experts dans leur domaine, des praticiens de l'industrie et des organismes non gouvernementaux ainsi, bien entendu, qu'une visite sur le terrain.
Notre étude visait à établir les principes de base pour la conception et la mise en oeuvre d'un système de surveillance efficace. Nous voulions également établir si le système actuel intégrait ou non ces principes. Autrement dit, ce système pouvait-il aider les décideurs à faire les bons choix et les bons compromis à la fois maintenant et à l'avenir?
Le groupe consultatif a estimé, à l'unanimité, que le système actuel laissait à désirer. Nous avons constaté une fragmentation des efforts. Il y a également un manque de leadership et de coordination. Les activités ne sont pas intégrées. Les activités ne sont pas toujours crédibles parce qu'elles manquent de rigueur scientifique. Nous avons aussi constaté que les données brutes et l'information ne sont pas transparentes et rapidement accessibles pour permettre aux parties de tirer leurs propres conclusions et prendre des décisions. Nous n'étions pas certains que l'approche actuelle pourrait répondre aux besoins du secteur des sables bitumineux, un secteur très rapide, dynamique et de grande envergure, ou aux changements sur le plan technologique ou climatique, par exemple.
Nous croyons que tant que ces importantes lacunes ne seront pas comblées, le débat se poursuivra au sujet des données, des incertitudes et de la méfiance du public à l'égard, tant de la performance environnementale de l'industrie que de la supervision du gouvernement.
Par conséquent, notre principale recommandation, qui a été entièrement acceptée par le gouvernement par l'entremise du ministre John Baird, était d'élaborer, dans le cadre d'une collaboration entre les parties prenantes, une stratégie de surveillance commune alignant les priorités, les politiques et les programmes et d'élaborer et appliquer un système de surveillance et un cadre de gestion global et intégré. De plus, nous avons suggéré certains éléments clés de cette approche.
Nous étions conscients de la difficulté de gérer un projet dans un cadre multijuridictionnel, mais nous avons estimé que cette vision ambitieuse d'une initiative socioscientifique très impressionnante était simplement trop vaste, trop complexe et trop importante pour être réalisée par une seule autorité ou un seul secteur. Un nouveau modèle de gouvernance crédible, cohérent et coopératif s'impose pour renforcer la confiance du public. Le rythme et l'envergure des changements dans la région en question et les attentes de plus en plus grandes des parties prenantes n'exigent pas moins.
Le groupe consultatif a constaté qu'Environnement Canada dispose d'une capacité scientifique crédible considérable et reconnaît que les systèmes environnementaux sont intégrés et globaux et que les médias environnementaux comme l'eau, l'air et la faune interagissent et s'influencent mutuellement. Tout système de surveillance sérieux doit refléter cette réalité.
Lorsque nous avons présenté notre rapport, en décembre, le gouvernement s'est engagé à y répondre immédiatement, ce dont nous nous sommes réjouis. Plus précisément, Environnement Canada s'est engagé à exercer le leadership visionnaire que nous avions réclamé pour concevoir rapidement le premier élément d'un système de surveillance dans un délai de 90 jours, et cela en collaboration avec la province de l'Alberta et les autres intervenants. Je ne prétends pas connaître en détail la réponse d'Environnement Canada et je peux seulement dire qu'à ma connaissance le projet est en cours et en voie d'être terminé à temps.
Notre groupe consultatif considère comme un privilège d'avoir pu contribuer à ce dialogue et à l'élaboration de la politique à l'égard d'une question aussi importante. Nous croyons que l'établissement d'un système de calibre mondial est absolument essentiel non seulement pour la viabilité environnementale à long terme, mais aussi pour la viabilité économique et surtout pour renforcer la confiance des Albertains, des Canadiens et de la communauté internationale.
Merci, monsieur le président.
Bon après-midi, monsieur le président et membres du comité.
Je vous remercie de m'avoir invité à venir ici aujourd'hui pour vous parler de la façon dont mon entreprise conçoit la sécurité énergétique, particulièrement en ce qui concerne les sables bitumineux et le rôle crucial qu'ils jouent pour répondre à la demande future en énergie.
Je sais que l'Association canadienne des producteurs pétroliers et d'autres sont venus vous parler de la demande mondiale et du fait que nous avons besoin de toutes les formes d'énergie pour y répondre au cours des décennies à venir. ConocoPhillips partage cette opinion.
Toute économie dynamique et en expansion a besoin d'un approvisionnement en énergie sûr et régulier. Pour répondre aux besoins en énergie de notre pays et de notre continent, l'approvisionnement doit absolument être diversifié et il faut donc utiliser un ensemble de sources d'énergie diverses. Ces sources doivent inclure les formes d'énergie classiques et non classiques, le pétrole et le gaz naturel, le charbon, l'énergie nucléaire ainsi que les ressources renouvelables.
Les sables bitumineux canadiens joueront un rôle crucial pour répondre aux besoins mondiaux d'énergie supplémentaire.
Comme nous croyons que la demande d'énergie va augmenter au niveau mondial dans un avenir prévisible, nous invitons les gouvernements à mettre en place une politique énergétique équilibrée. Cette politique énergétique ne doit pas être discriminatoire envers les sources de combustible, car toutes ces sources d'énergie seront nécessaires pour répondre à une demande mondiale nettement plus élevée au cours des décennies à venir.
Je voudrais vous donner un bref aperçu général de mon entreprise. ConocoPhillips est une société d'énergie intégrée qui possède des intérêts un peu partout dans le monde. Nous sommes actifs dans le secteur de l'exploration et de la production, de même que dans celui du raffinage du pétrole et du gaz en produits utilisables.
Avec un effectif mondial d'environ 30 000 employés, nous sommes actifs dans plus de 30 pays, y compris le Canada. Le siège de nos opérations canadiennes se trouve à Calgary. Nous sommes l'un des principaux détenteurs de concessions de sables bitumineux et l'un des trois principaux producteurs de gaz naturel du pays. Nous disposons d'un important potentiel de développement futur dans la région de l'Arctique canadien et nous travaillons activement au projet de gazoduc Mackenzie. Nous participons aussi aux discussions actuelles de l'ONE sur les forages dans l'océan Arctique.
Au Canada, nous comptons environ 2 000 employés talentueux et dévoués. Ces employés se trouvent surtout en Alberta, mais aussi en Colombie-Britannique. Nous investissons d'importants capitaux dans nos opérations canadiennes. Nous avons investi au Canada entre 1 et 2 milliards de dollars par année au cours des quatre dernières années.
On me demande parfois quel est, selon moi, mon rôle le plus important en tant que président de ConocoPhillips Canada. Mon principal rôle consiste à faire en sorte que nos employés et nos entrepreneurs fassent de la sécurité au travail leur objectif quotidien le plus important. Nous sommes déterminés à minimiser les risques de blessures ou de dégâts environnementaux. Nous estimons qu'il est impossible d'avoir une entreprise vraiment efficace si les lieux de travail ne sont pas sécuritaires.
J'estime avoir aussi pour rôle de guider la façon dont nous voulons exploiter nos sables bitumineux et notre gaz.
Nous sommes très fiers de nos opérations canadiennes. Elles figurent parmi les meilleures de notre portefeuille mondial et nous voyons-là un énorme potentiel, surtout pour ce qui est des sables bitumineux.
En ce qui concerne l'exploitation des sables bitumineux, en tant que producteur in situ, nous utilisons uniquement le drainage par gravité au moyen de vapeur, le processus DGMV. Nous sommes probablement le deuxième producteur DGMV au Canada à l'heure actuelle.
Nous tirons environ 60 000 barils par jour, nets, de nos sables bitumineux et nous détenons à peu près 16 milliards de barils de ressource potentielle.
Nous sommes les exploitants des projets Surmont dans lesquels nous détenons une participation de concessionnaire de 50 p. 100. Nous avons une participation de 50 p. 100, en tant que non-exploitant dans les projets Foster Creek et Christina Lake et, de plus, nous détenons des baux dans la région de l'Athabasca.
Nous reconnaissons qu'il y a des défis environnementaux à relever et nous croyons que c'est la technologie qui permettra de les surmonter. Nous investissons dans l'amélioration et l'application de la technologie dans tous les aspects de notre entreprise.
Il y a eu d'importantes discussions au sujet du potentiel des sables bitumineux canadiens. Les sables bitumineux sont l'une des sources d'énergie à long terme les plus importantes et les plus fiables au monde et se classent au deuxième rang derrière l'Arabie saoudite. Ils représentent environ 14 p. 100 des réserves mondiales en pétrole et environ 51 p. 100 des réserves mondiales accessibles. Ils sont essentiels pour assurer la sécurité énergétique du Canada.
La sécurité nationale doit également tenir compte de l'aide que ces ressources apporteront sur le plan de la création d'emplois au Canada. Nous pensons que les sables bitumineux vont créer des milliers d'emplois bien rémunérés pendant des décennies et ajouter des milliards de dollars à l'assiette fiscale nationale.
Une des caractéristiques particulières de l'exploitation des sables bitumineux propres au Canada est que l'approbation du gouvernement dépend d'un régime de réglementation rigoureux sur lequel les citoyens canadiens ont un droit de regard.
Je voudrais parler un instant des avantages dont bénéficient les communautés locales, car nous consacrons beaucoup de temps et d'énergie à créer des débouchés directs et indirects dans la région.
Nous jouons un rôle très actif dans les communautés autochtones locales situées à proximité de nos concessions de sables bitumineux. Nous cherchons à donner aux membres de ces communautés la capacité de bénéficier pleinement de l'exploitation des sables bitumineux.
Lors de la préparation et de la construction de Surmont 1, nous avons consacré plus de 60 millions de dollars à l'achat de services fournis par des entreprises et des entrepreneurs locaux et autochtones. Pour Surmont 2, nous comptons consacrer 175 millions de dollars à des services fournis par des entreprises et des entrepreneurs locaux et autochtones.
Nous veillons à avoir des contrats et des activités dont la taille et l'envergure permettront aux communautés locales de participer à la préparation de ces projets. Nous croyons qu'ainsi, avec le temps, des entreprises viables pourront prospérer dans ces communautés, et qu'elles pourront prendre de l'expansion et participer à une échelle encore plus grande à des projets plus importants. Nous fournissons également un financement important pour des programmes communautaires…
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Je vais ralentir, désolé.
Nous fournissons un financement important pour des programmes communautaires. Cela comprend d'importantes initiatives communautaires locales et des programmes de formation.
En ce qui concerne la technologie des sables bitumineux, nous comptons dépenser plus de 300 millions de dollars au cours des cinq prochaines années pour améliorer la technologie du pétrole lourd dans nos opérations mondiales. Une importante partie de cette somme sera dépensée dans le secteur des sables bitumineux pour améliorer la performance environnementale et économique de nos projets.
Notre développement technologique porte principalement sur la gestion des émissions de gaz à effet de serre, la réduction de l'utilisation de l'eau et l'atténuation de la perturbation du sol. Je pourrais vous citer plusieurs exemples et je le ferais avec plaisir, mais en général, chaque concept vise soit à réduire le ratio vapeur-pétrole, à accroître la production, à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, ou à réduire notre empreinte écologique. L'amélioration de notre performance environnementale présente un double avantage en ce sens que l'utilisation de moins d'eau, d'énergie ou de terrain améliore presque toujours la performance économique.
Notre programme technologique est très intéressant, mais nous poursuivons également d'autres activités pour réduire notre impact en lançant des pratiques exemplaires. L'accélération du repeuplement forestier en est un exemple. Nous avons planté jusqu'ici 130 000 arbres dans le cadre de ce programme pour la remise en état du terrain et nous allons élargir cet effort. Nous avons un site Internet détaillé et complet sur le développement durable dans lequel nous fournissons beaucoup plus de précisions au sujet de nos programmes. Je vous invite à le visiter.
En plus du rôle que joue notre industrie dans l'exploitation des sables bitumineux, il est évident que le gouvernement joue un rôle important pour assurer la valeur de ces ressources. Plus précisément, nous croyons que les pouvoirs publics devraient soutenir la poursuite d'un système de réglementation de calibre mondial et rentable, ainsi que l'établissement de politiques équitables pour l'industrie qui favoriseront une exploitation judicieuse et viable des sables bitumineux.
Une des principales qualités du processus de réglementation canadien est sa transparence. À notre avis, la politique gouvernementale doit assurer l'accès aux marchés et une concurrence internationale équitable pour le bitume. Nous sommes pour le maintien de régimes fiscaux concurrentiels qui permettent aux entreprises comme la mienne d'obtenir des capitaux, malgré la concurrence, dans le cadre de leur portefeuilles mondiaux. Nous croyons que les gouvernements ont la responsabilité d'élaborer des politiques coordonnées à l'égard du climat et de l'énergie pour promouvoir l'efficacité énergétique. Nous sommes prêts à discuter de la façon dont les gouvernements peuvent le mieux soutenir et faciliter les progrès technologiques.
Pour conclure, ConocoPhillips croit que l'exploitation des sables bitumineux augmentera la sécurité énergétique et économique du Canada. L'exploitation de ces ressources peut être faite de façon à renforcer notre économie nationale, préserver et créer des emplois et assurer une bonne qualité de vie aux Canadiens. Nous sommes fiers de jouer un rôle dans cet avenir prometteur. Je considère comme un privilège d'être ici avec vous aujourd'hui et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et membres du comité, de m'inviter à prendre la parole.
Pour vous situer brièvement le contexte, je suis économiste en chef de l'énergie et directeur d'ARC Financial. ARC Financial compte plus de 20 années d'existence. Au cours des 12 dernières années, elle a levé 2,7 milliards de dollars de capitaux canadiens et étrangers pour investir dans le secteur énergétique du Canada et surtout dans le secteur du pétrole et du gaz. Nous investissons principalement dans le pétrole et le gaz ainsi que dans les services pétroliers et gaziers, y compris les sables bitumineux, et nous continuons de le faire.
Le sujet d'aujourd'hui est la sécurité énergétique, surtout en ce qui concerne les sables bitumineux. La sécurité énergétique a, je crois, un certain nombre de dimensions différentes. C'est un terme assez nébuleux. Nous pouvons concevoir la sécurité comme la sécurité canadienne, la sécurité continentale ou nous dire que, si le monde se sent en sécurité sur le plan de ses besoins en énergie, nous pouvons tous nous sentir en sécurité. C'est une question ou un contexte dont il est, je pense, assez difficile de faire le tour.
Je ne suis pas un expert environnemental des sables bitumineux. Mon domaine de compétence porte sur différentes dimensions. L'une d'elles consiste à comprendre comment les sociétés évoluent sur le plan de leurs besoins en énergie et comment elles répondent à ces besoins du côté de l'environnement, ainsi que les changements qui se produisent avec le temps lorsque surviennent des événements non viables. Je traduis ces tendances en thèses d'investissement à partir desquelles mon entreprise décide de la façon d'attribuer les capitaux aux différents types de systèmes d'énergie et de marchandises.
Je suis également de très près le secteur canadien du pétrole et du gaz sur le plan des flux financiers, la façon dont l'industrie canadienne du pétrole et du gaz a évolué au cours des 100 dernières années et ce qui la rend rentable ou non rentable. Les sables bitumineux y occupent une très large place.
Je vais parler des sables bitumineux, mais je dois vous dire que si l'on parle seulement des sables bitumineux, la conversation est très limitée. Je crois que vous devez vous pencher sur l'économie des hydrocarbures en général au Canada: le pétrole classique, les sables bitumineux et le gaz naturel. Je ne pense pas qu'on puisse séparer ces produits les uns des autres, car ils font tous appel aux mêmes sources de main-d'oeuvre et de capitaux. Comme je l'ai dit, on peut donc difficilement isoler les sables bitumineux du reste de l'industrie.
Je vais insister sur deux grands problèmes auxquels les Canadiens et l'industrie sont confrontés. Mais avant, je dirais que la vente de tous les hydrocarbures, soit le pétrole, les sables bitumineux et le gaz naturel, rapporte maintenant environ 100 milliards de dollars par année, soit 270 millions de dollars par jour. La vente des produits des sables bitumineux représente, sur ce total de 100 milliards de dollars, à peu près 36 milliards de dollars par année. En fait, c'est le principal produit commercial du Canada.
Ce qui préoccupe non seulement mon entreprise, mais aussi moi-même en tant que citoyen canadien, c'est que nous avons pris, depuis près d'un siècle, la décision d'exporter nos hydrocarbures. Je déplore vivement que nous n'augmentions pas au maximum la valeur de ces hydrocarbures dans un contexte mondial. Autrement dit, nous vendons nos hydrocarbures au rabais et, en tant que citoyens canadiens, nous n'en tirons pas la valeur maximum. Le principal problème est que nous vendons sur un seul marché, celui des États-Unis, où maintenant la demande est stable ou en déclin. Également, ce marché ne désire pas autant nos hydrocarbures que les autres joueurs internationaux.
La vente au rabais, que ce soit pour le gaz naturel ou le pétrole… pour prendre un chiffre conservateur, un rabais de 10 p. 100 représente une perte annuelle de revenus de 10 milliards de dollars. Chaque Canadien devrait s'en inquiéter, et il faut ajouter à cela la diminution des redevances et des taxes qui en découlent. Ces rabais ne sont pas en train de diminuer, mais plutôt de s'élargir.
Le deuxième aspect important à souligner est que les 100 milliards de dollars par année qui sont injectés dans notre économie, et surtout les revenus de 36 milliards de dollars des sables bitumineux qui vont en augmentant, constituent un capital très important. Et sur ces 100 milliards de dollars, 55 milliards sont réinvestis dans l'économie du pétrole et du gaz.
En Alberta, particulièrement, le réservoir de main-d'oeuvre est très limité. Cela veut dire que nous sommes très exposés à une inflation des salaires et des frais de services. Ces pressions inflationnistes sont de nouveau en train de se renforcer. Non seulement c'est au détriment des sables bitumineux, car les coûts augmentent et risquent de rendre nos produits non concurrentiels sur le marché mondial, mais de plus l'inflation se répercute sur les autres secteurs de l'économie, et en tout cas sur d'autres segments de l'économie des hydrocarbures. Nous devons nous préoccuper sérieusement de ces pressions inflationnistes. Elles se répercutent dans d'autres domaines comme celui des ressources humaines et notre accès futur à la main-d'oeuvre qualifiée et aux réservoirs de main-d'oeuvre.
Voilà donc le contexte de certaines de mes réflexions. Comme je l'ai dit, les deux grands problèmes concernant l'économie des hydrocarbures, et surtout des sables bitumineux, sont d'abord que nous n'en tirons pas la valeur maximum à cause de l'augmentation des rabais pour le gaz naturel et nos produits pétroliers et, deuxièmement, le coût de l'inflation.
Je vais en rester là. Si la discussion nous entraîne vers d'autres questions problématiques, je pourrai également en parler. Mais compte tenu du temps dont je dispose, c'est tout ce que j'ai à dire pour le moment.
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Merci, monsieur le président.
Je suis impressionné par la qualité des témoins encore aujourd'hui. Madame Dowdeswell,
[Traduction]
vous avez parlé du manque de leadership et de rigueur scientifique. Vous avez également parlé du manque de surveillance. Et je suis d'accord. Je suis allé moi-même sur le terrain et c'est la première chose que j'ai constatée. Il y a le gouvernement fédéral. Il y a le gouvernement provincial. Certains membres de l'industrie disent que les deux devraient s'entendre. Les deux ont un rôle à jouer, bien entendu, en respectant les champs de compétence et les conventions.
Cette question peut paraître politique, mais elle ne l'est pas. Vu qu'à votre avis le processus de surveillance n'est pas très précis, si vous pouviez prendre une décision…? La productivité ne cesse d'augmenter. Il y a de plus en plus de projets. Je tiens à préciser que je suis contre un moratoire. Pensez-vous que nous devrions ralentir les nouveaux projets et attendre la mise en place de ce processus de surveillance pour préserver la qualité de vie ou dans l'intérêt de l'industrie afin qu'elle ne soit pas confrontée à un problème plus grave à l'avenir? Qu'en pensez-vous? Votre table ronde, votre groupe consultatif se sont penchés sur ce genre de questions. Si les données scientifiques ne sont pas très fiables, bien entendu…
J'ai également rencontré M. Schindler qui avait réuni certaines données. Que vous l'aimiez ou non, c'est un scientifique et un expert dans ce domaine. À mon avis, la meilleure façon de répondre à l'avis des experts est de présenter celui d'autres experts.
Comment voyez-vous la surveillance et la question des nouveaux projets?
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Je dirais que selon le groupe consultatif, certains principes fondamentaux devraient guider un système de surveillance de calibre international et même si nous avons dit que la situation actuelle laissait à désirer, nous nous sommes également empressés de dire qu'elle pouvait être améliorée.
À mon avis, ce n'est pas une question de temps, mais il faut avant tout que l'on soit prêt à agir ensemble de façon cohérente afin que chaque champ de compétence puisse faire ce que sa mission lui demande de faire, mais dans le cadre d'une stratégie et d'une vision communes quant à la direction à prendre. Ainsi, chacun saura quelles sont les règles du jeu et pourra aussi déployer les meilleures ressources à sa disposition. Dans certains cas, l'industrie a un rôle crucial à jouer pour assurer une certaine surveillance dans certains secteurs géographiques, et sa contribution au développement de la technologie est essentielle.
D'un autre côté, vous pourriez vouloir utiliser efficacement les ressources disponibles dans une collectivité locale, non pas de façon ponctuelle ou dispersée, mais plutôt de façon cohérente afin que les gens sachent où ils vont, vers quoi ils tendent et quel rôle ils ont à jouer pour y parvenir.
Certains des principes que nous avons suggérés concernaient la transparence et l'accessibilité afin que chacun sache ce que font les autres. Ce n'est pas le cas pour le moment, et c'est pourquoi il y a des lacunes au niveau, non seulement de la surveillance, mais de la compréhension des gens. Par conséquent, l'élément fondamental, selon moi, l'hypothèse fondamentale de notre travail était que si nous voulions une politique efficace pour l'environnement et pour l'économie, ainsi que pour le bien-être de nos citoyens, nous devions être certains de disposer tous de données fiables. Nous n'aurons ces données qu'à la condition d'avoir un bon système de surveillance.
Dans votre témoignage, vous dites que le système de surveillance laissait à désirer, que les données scientifiques étaient non fiables et que vous avez proposé des éléments clés pour essayer de remédier à la situation.
Nous avons reçu, du commissaire à l'environnement et au développement durable du Canada, une lettre à propos de l'impact des changements climatiques. Il dit:
L’absence de stratégie et de plan d’action du gouvernement fédéral a nui aux efforts des ministères pour coordonner leurs actions afin de faire face aux effets des changements climatiques. La vérification a révélé que, dans l’ensemble, les ministères ont recensé et évalué les impacts possibles des changements climatiques sur leurs actifs et leurs activités de programme, mais qu’ils ont pris peu de mesures concrètes pour y faire face, par exemple en ajustant ou en changeant leurs politiques et programmes.
Donc, on nous dit qu'il y a peu de mesures concrètes. Je fais le lien avec ce que vous nous avez dit, soit que vous aviez besoin de nouveaux modèles de gouvernance. S'il n'y a pas de stratégie ni de plan d'action gouvernemental et si on a besoin de nouveaux modèles de gouvernance, de qui viendra la solution pour remédier à cette situation?
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Vous semblez assez optimiste quant à la possibilité d'améliorer le système. Vous dites que les éléments nécessaires existent déjà.
Malheureusement, quand M. Schindler ou d'autres ont soulevé des inquiétudes, elles ont souvent été rejetées, à la fois par les sociétés pétrolières et par le gouvernement actuel qui les ont qualifiées de farfelues ou d'injustifiées. Néanmoins, dans votre rapport, vous dites, et je cite, qu'il n'existe « aucun processus décisionnel statistiquement valide qui permettrait une gestion adaptée dans un environnement de développement rapide des sables bitumineux ». Et vous ajoutez: « Il ne produit pas de résultats scientifiques de renommée mondiale de manière transparente et dans un format évalué par les pairs, et il ne communique pas adéquatement ses résultats à la communauté scientifique ou au grand public. »
Vous semblez confirmer que la surveillance des projets n'était pas suffisante, n'était pas transparente et n'était pas statistiquement valide. Ces doutes ne sont pas seulement une question de perception. Il s'agit de doutes légitimes au sujet des chiffres concernant la qualité de l'eau.
En ce qui concerne le rythme rapide du développement, que vous avez également reconnu, votre comité n'a pas formulé de recommandation quant à savoir s'il faudrait continuer à approuver des projets sans disposer de moyens adéquats pour les surveiller. Vous dites que les projets ont touché les sites établis pour surveiller la qualité de l'eau. Ces sites sont détruits par des nouveaux projets qui n'avaient pas été prévus lorsque vous les avez établis au départ, n'est-ce pas?
Tout d'abord, nous avons obtenu la coopération de tous ceux avec qui nous avons voulu parler ou à qui nous avons demandé des renseignements. Dans la plupart des réunions, quand j'ai parlé aux gens, je leur ai finalement demandé: « Comment puis-je vous aider? » Cela les a étonnés, mais je voulais savoir ce que je pouvais recommander pour les aider à supprimer des obstacles ou à préparer la voie d'un avenir plus certain sur le plan économique ou environnemental. Nous n'avons pas fait la distinction entre les deux; nous n'avons pas penché dans un sens ou dans l'autre. Ce n'était pas du tout notre intention.
Bien des gens se sentaient lésés par le manque de confiance des citoyens et étaient très fâchés des opinions exprimées dans de nombreux cercles internationaux. Ils se demandaient sincèrement comment y remédier, en disant que ces opinions étaient peut-être erronées et peu crédibles, mais qu'ils voulaient savoir comment faire pour pouvoir déclarer fièrement que nous avons un système de calibre mondial.
Quand j'entends ce genre de commentaires, je vois que les gens désirent sincèrement faire leur part. Pour ce qui est des détails de tout programme, tout plan ou tout concept, il y aura certainement des arguments pour et contre et bien des discussions.
Mais si vous me demandez directement si les gens étaient sincères, je dirais que oui.
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Oui. Je pense que c'était dans le contexte des pratiques commerciales loyales et des pratiques nationales équitables en ce qui concerne les normes du travail et ce genre de questions, car cela suscitait des inquiétudes. Mais nous allons laisser cela de côté pour l'instant.
Ma question s'adresse à Mme Dowdeswell.
Madame Dowdeswell, le rapport de la Société royale du Canada contenait deux recommandations auxquelles j'aimerais que vous répondiez. Quand nous avons parlé du gaz de schiste, nous avons parlé des effets cumulatifs et du fait que la réglementation n'établit pas une évaluation claire des effets cumulatifs des eaux usées et du contenu de ces eaux pour ce qui est de leur impact sur la nappe phréatique, etc.
Je remarque que le rapport de la Société royale du Canada soulève deux questions. La première concerne l'impact cumulatif régional sur la quantité et la qualité d'eau souterraine, qui n'a pas été évalué, et c'est relié au processus d'évaluation environnementale.
La deuxième est la dernière recommandation — du moins celle que nous avons sous les yeux — selon laquelle il faudrait améliorer l'accès aux données environnementales pour évaluer l'impact cumulatif. C'est une déclaration générale concernant le régime général de réglementation de l'Alberta.
Étant donné ces réserves et ces inquiétudes, comment pensez-vous qu'on puisse obtenir la confiance du public, surtout pour les nouveaux projets, si l'on ne répond pas immédiatement aux préoccupations émises dans le rapport de la Société royale du Canada?
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Je suis d'accord avec tout ce qu'a dit M. Marushack au sujet du régime fiscal. Je suis également d'accord avec lui en ce qui concerne la main-d'oeuvre, sauf qu'à mon avis, il s'agit d'un problème immédiat. Je ne pense pas que nous ayons 50 ans pour le résoudre. Je pense que nous allons voir l'inflation augmenter dans ce secteur.
Vous avez mentionné qu'au creux de la vague, le taux de chômage était de 8 p. 100 en Alberta. Il se situe maintenant entre 5,5 p. 100 et 6 p. 100, mais c'est pour l'ensemble de la province. Je dirais que dans ce secteur, le taux de chômage est d'environ 0 p. 100. D'ici un mois ou deux, nous aurons probablement plus de 155 000 travailleurs dans le secteur du pétrole et du gaz, comme c'était le cas à son apogée, au début de 2008.
Je crois donc que le problème de la main-d'oeuvre est très sérieux. Les salaires commencent à augmenter, ainsi que le prix des services, mais il est ensuite difficile de les faire baisser. Par conséquent, nos prix nous excluent progressivement du marché mondial. Autrement dit, nous devenons le producteur de pétrole le plus coûteux au monde et nous sommes de plus en plus vulnérables à toute faiblesse des prix, à toute volatilité des prix.
J'estime donc que c'est un problème beaucoup plus urgent. Personnellement, je crois dans des politiques d'immigration intelligentes et rationalisées pour éviter les problèmes d'inflation que nous avons constatés entre 2005 et 2008.
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D'accord. Je vous remercie beaucoup.
La prochaine question sera pour vous, monsieur Tertzakian.
Je suis à 100 p. 100 d'accord avec vous quand vous dites que c'est une mauvaise chose que de n'avoir qu'un seul client. C'est aussi une mauvaise chose que de n'avoir qu'un seul fournisseur. Dans toute entreprise, la première chose à faire est de diversifier les activités, pour éviter les problèmes futurs.
Quand vous parlez de diversifier les activités, vous dites que nous ne maximisons pas la valeur de nos produits pétroliers. Voulez-vous dire que nous ne transformons pas suffisamment, ici, notre production, ou bien voulez-vous tout simplement dire qu'on n'a pas suffisamment d'ouverture internationale autre qu'américaine?
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais de nouveau souhaiter la bienvenue à tous les témoins, au nom de ma circonscription de Prince Albert. Croyez-le ou non, même si nous sommes en Saskatchewan, les sables bitumineux ont d'énormes répercussions pour nous.
La ville de Prince Albert a vu son usine de pâtes fermer ses portes, il y a quelques années. Je pense que la plupart de ses employés ont été absorbés par le secteur des sables bitumineux, mais leurs familles sont restées dans ma circonscription. Ces travailleurs sont restés à Prince Albert. Ils voulaient y élever leur famille. Ils passent une semaine à la maison et deux semaines au travail.
Vous avez fait preuve d'une grande souplesse en permettant aux employés d'adopter un mode de travail qui répond aux besoins de leur famille et à leurs besoins d'emploi.
Vous avez parlé de l'éducation, de l'emploi et du recrutement de travailleurs qualifiés. C'est une des choses que nous faisons au Cumberland College. Nous le faisons pour les travailleurs autochtones en faisant venir des jeunes des réserves du Nord pour leur apprendre à utiliser des outils de construction. Quand je parle d'outils, je veux parler des gros camions, des niveleuses, de l'équipement lourd.
Quels autres types de formation assurez-vous, ou quelles compétences recherchez-vous pour les nouveaux projets? Les universités vont-elles assurer la formation nécessaire? Les écoles de métiers dispensent-elles la bonne formation? À l'avenir, des idées de plus en plus complexes seront peut-être formulées. Avons-nous les compétences voulues pour y répondre?