propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, c'est avec beaucoup de fierté que je présente encore une fois, en deuxième lecture, le projet de loi .
Ce projet de loi propose de modifier le Code canadien du travail afin d'octroyer un congé non rémunéré pouvant aller de 52 à 104 semaines aux employés qui doivent s'absenter pour l'une des raisons familiales suivantes: l'incapacité pour leur enfant mineur d'exercer ses activités régulières parce qu'il a subi un préjudice corporel grave à la suite d'une infraction criminelle ou comme conséquence directe de celle-ci; la disparition de leur enfant mineur; le décès par suicide de leur époux, de leur conjoint de fait ou de leur enfant; et le décès de leur époux, de leur conjoint de fait ou d'un enfant résultant d'une infraction criminelle ou comme conséquence directe de celle-ci.
Ce projet de loi apporte aussi des modifications à la Loi sur l'assurance-emploi afin que ces personnes puissent toucher des prestations qui pourraient s'échelonner jusqu'à 52 semaines, au lieu des 15 semaines actuellement prévues par le congé de maladie.
En décembre 2007, l'Assemblée nationale du Québec a fait figure de pionnière en la matière en adoptant la loi 58, qui prévoit pour les salariés et leur famille victimes d'actes criminels et ceux vivant le deuil d'un suicide ou d'un enfant disparu de prendre un congé non payé, en gardant leur lien d'emploi, pour une période allant jusqu'à 104 semaines.
Malheureusement, la législation fédérale actuelle crée une discrimination envers ceux et celles dont l'emploi est régi par le Code canadien du travail. En effet, ces travailleurs ne bénéficient pas de ce lien d'emploi, ils ne peuvent profiter que d'un congé de maladie de 15 semaines. Jusqu'à maintenant, l'inaction des législateurs à cet égard crée deux catégories de travailleurs: d'une part, ceux qui peuvent vivre cette période difficile en conservant leur lien d'emploi et, d'autre part, ceux qui ont le choix entre retourner rapidement travailler ou perdre leur emploi.
De plus, c'est une chose que de permettre aux gens de prendre un congé qui leur permet de revenir dans les mêmes conditions, mais si elles n'ont pas de revenu pour subvenir à leurs besoins entre-temps, le résultat sera le même: elles n'auront d'autre choix que de revenir au travail rapidement. Il est d'autant plus difficile pour elles de reconstruire leur vie. De l'avis du Bloc québécois, qui s'est toujours préoccupé du sort des victimes et de leurs proches, le palier fédéral doit emboîter le pas au Québec immédiatement pour de multiples raisons.
Il est bien connu que le suicide, les crimes violents et les disparitions constituent des évènements tragiques et extrêmement difficiles à vivre pour les proches des victimes. Ils sont cause de détresse psychologique pour bien des parents et des conjoints. L'attente, l'inquiétude, le deuil, et bien souvent la dépression, sont parties intégrantes du quotidien des familles des victimes, souvent sur une période prolongée. En effet, particulièrement dans le cas des assassinats et des disparitions, il peut s'écouler plus de deux ans entre le moment de l'acte criminel et la résolution de l'enquête. Durant cette période, les proches sont très affectés. Ils ne peuvent pas poursuivre leurs activités quotidiennes. Ils ont accès à du soutien et à de l'aide, mais n'ont aucun soutien monétaire. Des soucis financiers supplémentaires sont la dernière chose dont ils ont besoin.
Il est terrible de penser qu'ils soient abandonnés à leur sort et qu'ils doivent continuer à travailler pendant ce temps, comme si rien ne leur était arrivé, puisqu'ils doivent subvenir aux besoins de leur famille comme nous tous. Ces personnes ont besoin d'une période de répit pour traverser cette épreuve et les amener, à leur rythme, à un retour au travail progressif. Le nier et l'ignorer, c'est tout simplement ajouter l'insulte à l'injure.
Malheureusement, plusieurs cas de disparition et d'assassinat ont secoué le Québec au cours des dernières années. Je pense notamment à Cédrika Provencher, Nancy Michaud, Alexandre Livernoche, Julie Surprenant, Julie Boisvenu, Jolène Riendeau et Natasha Cournoyer. Nous pouvons aussi penser aux 14 victimes du drame de l'école Polytechnique de même qu'à la fusillade du collège Dawson durant laquelle la jeune Anastasia De Sousa a perdu la vie.
Dans ma circonscription de Compton—Stanstead, Isabelle Bolduc a été assassinée et violentée en 1996. Vendredi dernier, à Belleville, en Ontario, la fusillade qui a tué Whitney et Tracy Hannah est un autre exemple de ces drames très difficiles pour une famille.
Je n'ai nommé que quelques cas, mais c'est pour les parents, les amis et les proches de toutes ces familles que je me bats aujourd'hui et que j'en appelle à la collaboration de tous les partis. Après tout, les familles des victimes, par l'angoisse, la souffrance et les autres répercussions reliées à l'acte violent, ne sont-elles pas, elles aussi, des victimes? Une disparition, un homicide ou un suicide sont plus longs et plus complexes à vivre que d'autres formes de deuil, particulièrement lorsque des actes de viol ou de violence ont eu lieu. Les sentiments de frustration, de colère et d'impuissance sont davantage présents. C'est d'autant plus vrai lorsqu'un acte criminel ou un suicide en est la cause.
Ce fait a été reconnu par plusieurs députés à la Chambre, ainsi que par des députés conservateurs. Par exemple, le député de a affirmé avec conviction éprouver de la compassion et de l'inquiétude à l'égard de la vie des victimes. Qui plus est, le et procureur général du Canada ainsi que le se sont engagés officiellement en avril 2009 à soutenir les proches des victimes. Voici ce qu'a dit l'ancien ministre de la Sécurité publique et député de :
Ce gouvernement convient que la criminalité impose un lourd fardeau aux victimes, à leur famille, aux collectivités et à la société dans l'ensemble. [...] Il faut un effort de concertation pour soutenir les victimes et ce gouvernement est déterminé à continuer de travailler avec nos partenaires pour aider les victimes [...]
Le a dit ceci:
Tous les députés ici présents sympathisent [...] avec les personnes dont les proches ont été victimes d'un crime violent. Cela ne fait aucun doute. Se remettre complètement de ce genre de tragédie peut prendre beaucoup de temps.
Des mesures à caractère symbolique sont venues avec ces belles paroles. Ce gouvernement a même initié la Semaine nationale annuelle de sensibilisation aux victimes d'actes criminels en 2005 et organise des symposiums à cette occasion. Ces événements remplis de bonnes intentions paraissent bien dans un calendrier et font de très belles photos, mais en quoi aident-ils concrètement les familles des victimes?
Non seulement ce genre de mesures ne suffisent pas, mais les députés conservateurs parlent des deux côtés de la bouche. Selon le :
[...] le programme d'assurance-emploi répond déjà aux besoins des Canadiens qui se trouvent dans ces circonstances difficiles. [...] la plupart des provinces offrent déjà une variété de mesures [...], comme le remboursement des dépenses médicales ainsi que l'accès à des services de consultation.
Je l'invite à aller en discuter avec des familles qui ont perdu un enfant ou un conjoint à cause d'un acte criminel, et à leur demander si les mesures de remboursement des dépenses médicales paient l'épicerie, le loyer et les dépenses courantes d'un ménage.
Qui plus est, ce gouvernement affirme que les mesures d'indemnisation provinciales, telles que l'IVAC, sont suffisantes pour ces familles. Toutefois, peut-on vraiment croire que 3 000 $ suffisent pour faire vivre une famille pendant des mois? En tant que mère de famille, je réponds non. Le gouvernement ment, quand il affirme que 15 semaines d'assurance-emploi assorties d'une mince indemnisation peuvent subvenir aux besoins d'une famille le temps qu'elle se remette d'une telle tragédie. La réalité, c'est que des personnes brisées par la douleur doivent, en 2010, retourner travailler comme si rien n'était arrivé.
Malgré cela, le en a remis:
[...] le ministère de la Justice offre [...] déjà une multitude de programmes et de services, y compris [...] les services de l'ombudsman fédéral des victimes d'actes criminels.
C'est bien beau, mais une structure qui coûte 1,5 million de dollars par année et qui sert à « garantir que le gouvernement du Canada s'acquitte de ses responsabilités », ce n'est vraiment pas assez. Ce dont les familles ont besoin, ce n'est pas de plus de structures administratives, mais de l'argent pour vivre. On engraisse la bureaucratie, mais les proches des victimes qui veulent s'absenter du travail pour s'occuper de leur famille et vivre leur douleur sont toujours aussi démunis.
À la suite du budget de la semaine dernière, le gouvernement prévoit une somme de 6,6 millions de dollars sur deux ans pour accroître le soutien aux victimes d'actes criminels. Non seulement cette somme est dérisoire, mais il est impossible de savoir ce qu'elle comprend et comment elle sera allouée.
Lorsqu'on pose des questions par courriel à la , elle nous envoie une fin de non-recevoir pour des raisons de sécurité.
Ce motif douteux est tellement utilisé à toutes les sauces par les députés d'en face qu'il est vidé de tout son sens.
Non seulement ce projet de loi est le plus avancé dans le processus législatif, mais il répond beaucoup plus adéquatement aux besoins des familles de victimes d'actes criminels que ne le fait le projet évoqué par les conservateurs dans le dernier discours du Trône et le budget. L'éventuel projet de loi conservateur — qui, je le rappelle, n'existe pas à l'heure actuelle — sera beaucoup plus restrictif puisqu'il donnera accès aux prestations spéciales strictement aux familles des victimes de meurtre. À l'opposé, celui du Bloc québécois englobe les familles des victimes d'actes criminels menant au décès et aux victimes de suicide.
Par ailleurs, l'éventuel projet de loi des conservateurs promet à ces gens d'avoir accès seulement aux prestations de maladie de l'assurance-emploi, c'est-à-dire à 15 semaines de prestations. Le Bloc québécois revendique pour sa part des prestations qui pourront s'étendre sur une période de 52 semaines là où la situation l'exige.
Le 10 décembre dernier, le gouvernement conservateur, celui qui crie sur tous les toits vouloir venir en aide aux victimes, a affirmé qu'il voterait contre le projet de loi . Il a ajouté qu'il présenterait son propre projet en excluant toute forme de nouvelles prestations d'assurance-emploi. Si une telle chose se produit, les citoyens comprendront avec raison que ce gouvernement préfère remplir les prisons avec des enfants mineurs que de venir en aide à ceux qui en ont réellement besoin. Il s'agit d'une grave erreur. Si le gouvernement conservateur est cohérent, il appuiera ce projet de loi sans aucune hésitation et transformera ses paroles en engagements concrets pour les familles affectées.
Depuis leur prise de pouvoir, ces réformistes conservateurs ne cessent de répéter qu'il faut serrer la vis aux criminels. Pour eux, la loi et l'ordre ne constituent rien de moins qu'une priorité gouvernementale. Ils clament haut et fort qu'ils veulent le bien-être de la population et sa sécurité en focalisant leur discours sur la répression des criminels. Les mesures qui ont été adoptées avant la prorogation quant aux peines de prison ne visent que la loi et l'ordre. Les parents et conjoints des victimes sont laissés pour compte et trop souvent oubliés. Pour cette raison, il ne suffit pas de remplir les prisons, mais de donner un soutien concret aux proches touchés par ces drames.
Si, par ailleurs, des députés de cette Chambre s'opposent à ce projet, ils diront sans doute que ces nouvelles mesures coûteront trop cher à l'État en raison de la prolongation des prestations d'assurance-emploi de 15 à 52 semaines. Les députés d'en face affirment en effet que le projet de loi coûtera plus de 400 millions de dollars. Comme d'habitude, ils font mal leurs calculs ou alors ils mentent délibérément. Heureusement, le genre d'événements tragiques qui nécessiteraient des prestations de 52 semaines sont peu fréquents. La criminalité est en baisse régulière depuis quelques années, ce qui réduit considérablement l'occurrence de ces drames et par le fait même, le nombre de personnes qui auront besoin de prestations d'assurance-emploi pour 52 semaines.
Au même titre, les personnes qui deviendraient admissibles à l'assurance-emploi avec l'adoption de ce projet de loi ne sont pas nombreuses. Bien que le deuil soit personnel à chacun, on peut penser que la baisse de revenu n'est pas envisageable pour une certaine partie de la population admissible. Également, nous pouvons imaginer que le fait de continuer à travailler est, pour certains, une manière de reprendre une vie normale après un certain temps. De plus, une certaine partie de la population ne travaille pas ou n'a pas droit à un emploi assurable par le programme d'assurance-emploi, ou encore travaille un nombre insuffisant d'heures pour être admissible aux prestations. Pour toutes ces raisons, on est bien loin des 400 millions de dollars estimés par ce gouvernement. On est encore plus loin du budget militaire du gouvernement conservateur.
L'assurance-emploi est suffisamment financée par les employés et les employeurs pour permettre aux familles affligées par un événement aussi traumatisant de toucher des prestations. Le gouvernement, quant à lui, n'investit rien dans l'assurance-emploi. Lorsqu'on pense aux 56 milliards de dollars de surplus de la caisse de l'assurance-emploi qui se sont tout bonnement volatilisés, le faible coût de ce projet est encore plus évident. Il est clair que si ce gouvernement pense vraiment aux victimes et à leurs familles, il n'hésitera pas une seconde à voter en faveur de ce projet de loi.
Si toutefois il vote contre, la population le percevra — avec raison — comme un message d'indifférence totale envers les familles des victimes et s'en souviendra longtemps, puisque celle-ci s'est toujours montrée très sensible à cette cause.
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Madame la Présidente, la députée de démontre un grand intérêt pour ce projet de loi. Lorsqu'elle a lu la partie pertinente du discours du Trône, c'était loin d'être un message d'indifférence qu'elle présentait, mais bien un message de compassion.
J'interviens aujourd'hui à la Chambre pour parler du projet de loi . Ce projet de loi propose des amendements au Code canadien du travail et à la Loi sur l'assurance-emploi et il accorderait des congés non rémunérés aux employés relevant de la compétence fédérale dont un ou plusieurs membres de la famille ont été victimes d'un crime violent. La loi créerait également une nouvelle prestation d'assurance-emploi dans le but de fournir un revenu temporaire aux membres admissibles de la famille qui prendraient un tel congé non rémunéré.
Notre gouvernement compatit avec ceux qui ont perdu un être cher par suite d'un crime violent ou d'un suicide. Une perte aussi tragique peut être longue à surmonter. Les proches ont besoin de temps pour vivre les différentes étapes de leur deuil et apprendre à s'en sortir. Il n'y a pas de formule magique pour calculer le temps nécessaire pour se relever d'un tel drame. C'est tout particulièrement vrai lorsque les proches sont victimes de violence.
Nous devons donc adopter une approche suffisamment flexible pour pouvoir satisfaire aux besoins particuliers des familles dans ces circonstances. Nous devons adopter une approche de compassion, une approche qui soit aussi facile d'accès que possible pour ceux qui ont besoin d'une telle aide. Notre gouvernement accorde une grande priorité aux besoins des Canadiens qui sont victimes de violence et nous continuerons de le faire.
Comme je l'avais souligné dans les commentaires que j'ai formulés à la Chambre le 10 décembre 2009, notre gouvernement s'inquiète de la répercussion de la violence sur tous les Canadiens. Nous agissons de façon équilibrée et juste dans ce domaine. Bon nombre de commentaires ont souligné que ce projet de loi était basé sur une mesure législative récemment adoptée dans la province de Québec. Cette mesure démontre bien comment un gouvernement peut appuyer ceux qui ont été victimes d'un acte criminel violent. Je crois comprendre que la mesure qui a été adoptée au Québec est en grande partie attribuable aux efforts déployés par l'Association des familles des personnes assassinées, et plus particulièrement à son ancien président, Pierre-Hugues Boisvenu.
Les députés reconnaissent peut-être son nom car M. Boisvenu a été nommé au Sénat par le , le 29 janvier 2010. M. Boisvenu a participé hier avec le à l'annonce du projet de loi visant à renforcer le Registre national des délinquants sexuels et la Banque nationale de données génétiques. Il y a quelques jours, il a également participé à l'annonce de modifications législatives visant à renforcer la façon dont le système pénal traite les jeunes contrevenants violents et récidivistes. Nous lui souhaitons la bienvenue au Sénat et nous espérons que ses initiatives de défense des victimes d'actes criminels seront couronnées de succès et que tous les niveaux de gouvernement donneront aux victimes l'appui qu'elles méritent.
Il faut féliciter la députée de d'avoir saisi la Chambre de cette question. Nous comprenons tous que ce projet de loi vise à réconforter les familles qui sont dans une situation pour le moins déchirante. L'objet de cette mesure législative est fort louable.
Dans une famille, la mort d'un être cher est toujours douloureuse. Or, la douleur est presque inimaginable quand il s'agit de la perte d'un enfant. Je ne pense pas qu'un député ou qu'un de nos concitoyens s'attende à ce qu'une famille qui subit une telle perte reprenne une vie normale simplement après quelques jours de congé. Il faut plus de temps pour guérir une telle blessure et un plan complet s'impose pour aider les victimes de telles tragédies à faire face aux conséquences que ce genre d'acte criminel violent a sur leur vie. Pour être franc, j'estime qu'il faut adopter une approche plus vaste que ne le permet ce projet de loi.
Les députés de ce côté-ci de la Chambre comprennent la nécessité d'appuyer les victimes d'actes criminels. Voilà pourquoi notre gouvernement possède un si solide bilan pour ce qui est d'aider les gens dont la vie est fondamentalement changée par des actes criminels violents.
C'est notre gouvernement qui a créé le Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels pour mieux répondre aux besoins des victimes dans les secteurs de compétence fédérale. C'est avec grande fierté que, en avril 2007, le a nommé Steve Sullivan à titre de premier ombudsman. Les victimes peuvent communiquer avec le bureau de l'ombudsman pour obtenir de l'information sur leurs droits en vertu de la loi fédérale, pour connaître les services qui leur sont offerts, pour porter plainte contre un organisme fédéral ou pour avoir des renseignements au sujet d'une loi fédérale concernant les victimes d'actes criminels.
Outre son travail direct auprès des victimes, le Bureau de l'ombudsman veille également à ce que les décideurs et d'autres intervenants du système de justice pénale soient tenus au courant des besoins et des préoccupations des victimes. L'ombudsman peut également cerner des questions et des tendances importantes qui peuvent avoir une incidence négative sur les victimes. Au besoin, il peut en outre formuler des recommandations au gouvernement fédéral.
Notre gouvernement a investi 52 millions de dollars dans le Fonds d'aide aux victimes pour améliorer l'expérience des victimes au sein du système de justice pénale. Ce fonds fournit une aide financière d'urgence aux victimes d'actes criminels pour prévenir les préjudices indus lorsqu'elles n'ont à leur disposition aucune autre source d'argent. Il fournit aussi une aide financière aux membres de la famille des victimes d'homicide pour qu'ils puissent assumer les frais liés à leur présence aux audiences d'admissibilité à la libération conditionnelle anticipée ou aux audiences de la Commission nationale des libérations conditionnelles. Cette aide vient s'ajouter au soutien accordé aux ONG qui encouragent l'élaboration de nouvelles approches, qui facilitent l’accès à la justice des victimes d’actes criminels, qui améliorent la capacité des fournisseurs de services aux victimes, qui favorisent la création de réseaux d'aiguillage et qui sensibilisent le public aux services offerts aux victimes d’actes criminels et à leurs familles.
Dans le contexte de ce débat, il est important de se souvenir du rôle crucial que jouent les provinces, tant dans l'administration du système de justice pénale que dans la prestation de services de soutien aux victimes d'actes criminels. Ce projet de loi ne peut s'appliquer qu'aux secteurs sous réglementation fédérale, qui représentent environ 10 p. 100 de la population active canadienne. C'est pourquoi le volet « mise en oeuvre dans les provinces et les territoires » du Fonds d'aide aux victimes vise à favoriser la mise en oeuvre des dispositions législatives fédérales, provinciales et territoriales qui touchent aux victimes d'actes criminels. Cela inclut des dispositions du Code criminel comme celles relatives à la déclaration de la victime, aux dispositifs facilitant les témoignages et à l'aide fournie pour se conformer à la Déclaration canadienne des principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes de la criminalité.
Mais ce n'est pas tout. Nous nous sommes engagés à en faire plus. C'est pourquoi le discours du Trône comprenait le paragraphe suivant:
Notre gouvernement offrira également un appui concret aux innocentes victimes d’actes criminels et à leur famille. Les membres des familles des victimes de meurtre auront accès aux prestations spéciales d’assurance-emploi. Notre gouvernement présentera une mesure législative pour offrir aux employés des secteurs sous réglementation fédérale le droit à un congé sans solde si eux-mêmes ou des membres de leur famille sont victimes d’un acte criminel. Et pour mieux financer la prestation de services aux victimes, notre gouvernement déposera un projet de loi pour rendre obligatoire la suramende compensatoire.
Cela n'est pas un nouvel engagement de notre gouvernement. Au cours de la première heure des débats du 10 décembre 2009, lors de la deuxième session de la présente législature, j'ai dit que le gouvernement avait l'intention de présenter ses propres mesures législatives en vue d'aider les victimes d'actes criminels et leurs familles.
Bien que l'orientation générale du gouvernement et le projet de loi de la députée présentent des similitudes, je ne voudrais pas donner de faux espoirs à la députée. Lors de mon intervention dans le débat sur le projet de loi au cours de la deuxième session de la présente législature, j'ai indiqué que le gouvernement ne pouvait pas appuyer ce projet de loi. Cette position n'a pas changé. Nous avons un but commun, mais ce projet de loi renferme des éléments importants qui entraîneront, par inadvertance, une augmentation du coût d'un tel programme ou qui auront des conséquences imprévues.
Il est aussi nécessaire d'adopter une démarche plus globale à l'égard de cette question. Il est indéniable que les gens ont besoin de temps pour pleurer la mort des leurs. Toutefois, notre gouvernement a adopté une démarche plus participative à l'égard du système de justice criminelle. Nous avons fait un travail interministériel afin de répondre aux besoins des victimes d'actes criminels et de leurs familles. Sans révéler les détails d'une annonce que le gouvernement fera bientôt, je peux dire qu'il proposera une démarche plus globale à l'égard des besoins des membres de ces familles.
La députée d'en face se demande pourquoi nous ne pourrions pas nous contenter de modifier son projet de loi au sein du comité. Le problème, c'est que les modifications proposées par le gouvernement dépassent la portée du projet de loi de la députée. Or, si le projet de loi franchissait l'étape de la deuxième lecture, il serait ensuite impossible, au plan de la procédure, de le modifier à l'étape de l'étude par un comité. Il serait donc souhaitable que ce projet de loi traîne au Feuilleton ou qu'il soit rejeté à l'étape de la deuxième lecture et que les députés appuient le projet de loi que le gouvernement présentera à la Chambre.
Pour ces raisons, nous ne pouvons pas appuyer le projet de loi. J'invite les députés à la Chambre à retarder l'étude du projet de loi en attendant que le gouvernement ait l'occasion de présenter les mesures annoncées dans le discours du Trône.
Les Canadiens sont fiers de vivre dans une société qui se préoccupe du sort des plus vulnérables et qui offre de l'aide aux personnes qui vivent des épreuves. Bien que le projet de loi dont nous sommes saisis soit porteur à cet égard, je presse les députés d'attendre que le gouvernement présente une solution de rechange.
Le gouvernement compatit avec les familles des victimes d'actes criminels et notre bilan législatif le montre bien. En plus d'offrir aux victimes d'actes criminels violents les outils dont elles ont besoin, nous trouvons des solutions qui font en sorte que nos concitoyens ne soient pas victimes d'actes criminels.
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Madame la Présidente, je félicite la députée de d'avoir présenté ce projet de loi. Je la remercie pour son bon travail et d'avoir saisi la Chambre de cette question.
Je crois qu'il est injuste que nous attendions un projet de loi d'initiative ministérielle que nous n'avons jamais vu, comme le proposait le secrétaire parlementaire. Le gouvernement parle de ses intentions, mais je félicite la députée d'être allée au-delà des intentions et d'avoir présenté un projet de loi concret dont nous pouvons discuter et que nous pourrons étudier.
Je n'ai pas encore fait mon idée à propos du projet de loi de la députée, mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'une mesure législative importante qui profiterait d'une étude en comité. Je m'attends donc à ce qu'il soit renvoyé à un comité pour examen approfondi.
Les députés de l'opposition ont parlé des amendements qui seraient souhaitables. Je crois comprendre que la députée et son parti seraient disposés à écouter certaines propositions réfléchies.
J'aborde ce projet de loi moins comme député et plus comme pasteur de l'Église unie. J'ai travaillé auprès de familles qui ont subi d'immenses pertes, y compris à cause de la criminalité. J'ai travaillé auprès de victimes de la criminalité et de membres de familles de victimes. J'apprécie l'intention du projet de loi et le fait que la députée reconnaisse qu'il est important que nous sachions que la perte, la peine et la souffrance d'une personne touchent tout le monde et que nous devons, en tant que société, aider cette personne. Notre gouvernement peut le faire.
Je suis profondément convaincu que, quand je paie mes impôts, c'est une façon pour moi de partager. Quand je paie mes cotisations à l'assurance-emploi, c'est pour moi une façon de partager dans un cadre collectif, fondé sur notre reconnaissance commune que n'importe lequel d'entre nous pourrait être une victime et que, grâce à Dieu, la plupart d'entre nous n'en sont pas. Nous mettons donc nos ressources en commun pour aider les victimes de la criminalité ou ceux qui sont moins privilégiés à bien des égards.
Au fil du temps, notre perception des victimes et des délinquants a beaucoup évolué. Au début, dans la common law, on reconnaissait généralement qu'il y avait deux parties à tout crime, soit la victime et le délinquant. Avec le temps, nous nous sommes ravisés et nous avons considéré que l'acte criminel n'était pas seulement un crime contre la victime, mais qu'il était un crime contre Sa Majesté, un crime contre l'État.
Au cours des dernières années, notre perception a encore évolué. Nous avons fini par reconnaître qu'il y avait plusieurs acteurs qui intervenaient. Il y a notamment le délinquant, l'État et la victime. Le mouvement de défense des droits des victimes a pris de l'ampleur et on a fini par comprendre que les victimes avaient besoin qu'on s'occupe d'elles. Elles ont besoin de soutien. Elles ont besoin de compréhension. Elles ont aussi besoin de ressources financières.
Il est très important de comprendre qu'à divers moments, il faut modifier diverses parties de la loi pour que celle-ci cadre avec la nouvelle perception de la criminalité.
Le gouvernement est fier de dire qu'il prend la défense des victimes de crimes. Il a inséré quelques belles paroles à cet égard dans son discours du Trône. Nous allons donc attendre sa mesure législative. En revanche, le projet de loi dont nous sommes saisis mérite notre appui pour pouvoir franchir la prochaine étape, celle de son renvoi au comité.
Mais ce n'est pas tout. Le projet de loi reconnaît que certaines caractéristiques démographiques changent dans la population active et dans la société. Il tient compte du fait que lorsqu'un enfant, par exemple, a été victime d'un crime, l'aidant naturel n'est probablement pas une personne au foyer. Dans 70 p. 100 des cas, c'est un parent, un père ou une mère, qui participe activement au marché du travail. Par conséquent, l'aidant naturel a besoin d'une protection en vertu des lois du travail et des dispositions de l'assurance-emploi, de façon à pouvoir conserver son gagne-pain, car celui-ci est nécessaire pour assurer la subsistance de la famille.
Le député a présenté un projet de loi judicieux qui reconnaît l'évolution démographique au sein de la population active. Nous sommes en retard à cet égard. Nous avons tendance à penser, surtout de l'autre côté de la Chambre, que les femmes restent à la maison pendant que les hommes travaillent et que, advenant une tragédie familiale, la femme au foyer sera toujours en mesure d'aider. Ce n'est pas le cas dans la plupart des familles. Si c'est la femme qui a décidé de son propre chef de rester au foyer, c'est parfait. Cependant, la plupart des familles ont besoin de deux revenus pour maintenir leur niveau de vie.
Les modifications proposées aux lois du travail et au programme d’assurance-emploi montrent que nous devons reconnaître qu'une évolution démographique s'est opérée.
Cette mesure législative indique que notre programme d'assurance-emploi ne fonctionne pas. Il comporte des incohérences. Des possibilités qui existent dans une région du pays n'existent pas dans d'autres.
Il est intéressant, peut-être même un peu ironique, que la députée du Bloc québécois offre une solution québécoise à un problème national. Je la remercie de proposer que le Canada suive le modèle québécois en matière de lois du travail, car nous aurions avantage à mettre en place des normes nationales. Depuis longtemps, le Parti libéral fait valoir qu'il est essentiel d'avoir des normes nationales, de les maintenir dans les dix provinces et les trois territoires et de les célébrer. Je remercie la députée d'avoir reconnu que, pour le reste du Canada, la législation fédérale du travail n'est pas à la hauteur de la norme québécoise. On nous demande de rehausser les normes, surtout en ce qui concerne les organismes et les industries réglementés par le gouvernement fédéral.
Je veux que ce projet de loi soit renvoyé au comité. Cela nous permettrait de comprendre que l'assurance-emploi constitue un système de remplacement du revenu qui fonctionne comme un régime d'assurance. Nous lui versons des cotisations. À divers moments de notre vie, nous devons en retirer de l'argent. C'est un régime d'assurance-emploi, mais on ne comprend pas bien comment il fonctionne.
J'espère que, alors que nous ouvrons le débat sur l'assurance-emploi, nous comprendrons aussi que, en général, les travailleurs de l'Ontario sont défavorisés dans ce régime. Si nous lançons le débat sur l'assurance-emploi, nous pourrions l'élargir encore davantage. Nous pourrions commencer par voir que le nombre d'heures de travail requis pour être admissible aux prestations d'assurance-emploi est beaucoup plus élevé en Ontario qu'ailleurs au pays. Cela signifie que, en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec notamment, les demandes de prestations d'aide sociale augmentent parce que les prestations des gens tirent à leur fin.
Cela indique que le gouvernement refuse d'entamer un débat plus vaste au sujet de l'assurance-emploi, de reconnaître que l'assurance-emploi ne sert pas seulement à aider les gens au cours des cycles économiques importants, mais aussi à aider les personnes et les familles qui sont aux prises avec de vrais problèmes, comme ceux de se nourrir et d'avoir un toit.
Pour en revenir au projet de loi à l'étude, il est important de reconnaître que certaines des définitions de congés pour raisons familiales qui seraient offerts en vertu de la mesure posent toujours problème. Certains se sont demandé si un parent est aussi important qu'un enfant dans le contexte des victimes de la criminalité. Les membres de la génération sandwich ont peut-être des enfants ainsi que des parents âgés à leur charge et il se peut qu'ils doivent quitter leur travail. Ils auraient besoin d'une garantie qu'ils pourront retourner à leur emploi, et aussi d'indemnités de remplacement du revenu pendant leur deuil.
J'espère que la députée est disposée à revoir ces définitions et peut-être même à les étoffer et à les peaufiner. Nous aimerions discuter de cela avec elle au comité.
L'étude de ce projet de loi nous ramène au point de départ, c'est-à-dire à la reconnaissance que le Parti libéral est un parti qui défend les victimes de la criminalité. Le taux de criminalité nous préoccupe. Nous reconnaissons que la meilleure façon de le réduire est de prévenir la criminalité. Nous ne voulons pas être obligés de réparer les dégâts après le fait, chose parfois nécessaire parce que le gouvernement n'a pas réussi à prévenir le crime.
Il nous faut constamment surveiller tous les éléments de ce problème et reconnaître qu'il faut investir davantage dans les mesures de prévention des choses qui risquent de plonger une famille dans une situation financière difficile. Notre objectif est de veiller à ce que le gouvernement dépense tous les fonds alloués à la prévention du crime afin que nous puissions aider les victimes et nous montrer solidaires de ces dernières.
J'attends avec intérêt la poursuite du débat sur cette question.
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Madame la Présidente, je suis heureux d'intervenir aujourd'hui pour parler de ce projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi .
C'était seulement le 10 décembre dernier que nous étions tous rassemblés ici. Ce sont essentiellement les mêmes joueurs que ce soir-là qui font des discours aujourd'hui. À la fin de tout le processus, le a prorogé la Chambre et nous revoilà au même point pour reprendre là où nous en étions.
Je ne peux m'empêcher de compatir avec la députée quand le secrétaire parlementaire dit qu'il faut être patient, que le gouvernement va s'occuper de cette affaire, qu'il proposera un projet de loi qui lui plaira et qu'elle n'a qu'à laisser tomber son projet de loi pour donner les coudées franches au gouvernement afin qu'il présente son propre projet de loi. On en reviendra peut-être au même, une fois de plus. Le prorogera peut-être la Chambre ou peut-être y aura-t-il des élections et le gouvernement s'en sortira une nouvelle fois.
Je suis conscient que les programmes sociaux au Canada sont un peu en retard par rapport à ceux que l'on trouve dans d'autres pays. Le système national de santé en Angleterre, par exemple, a été mis en place en 1949, je crois, juste après la guerre, quand l'économie se portait mal. L'Angleterre a eu la prévoyance de mettre en place un programme national de soins de santé. Au Canada, on a attendu 1966 pour ce faire.
La France a un programme de soins de santé et un programme social formidables. Je pense que les députés qui n'ont pas vu le film Sicko de Michael Moore devraient le regarder. Il décrit le système français, où les gens qui ont le cancer reçoivent des traitements. Il y a un homme qui, après sa guérison, est envoyé sur la Côte d'Azur pour une période de trois mois pour se rétablir. En France, les femmes enceintes reçoivent de l'aide pour faire la lessive et préparer les repas. Les députés peuvent constater qu'il s'agit d'une façon de penser totalement différente, une approche différente à celle que nous avons en Amérique du Nord.
En France, dans les pays scandinaves et en Angleterre, la façon d'aborder la question consiste à essayer de rester en santé, car les gens vivent mieux et sont plus productifs s'ils sont sains de corps et d'esprit. L'Amérique du Nord semble aborder la question à l'inverse. C'est la course folle, le petit hamster qui fait tourner sa roue. Nous courons jusqu'à la fin de notre vie, faisons notre travail et le gouvernement s'en mêle le moins possible.
Les partisans de la droite canadienne, j'imagine qu'on pourrait les appeler les néo-reaganiens, essaient de retourner dans le passé. J'imagine à peine ce qui arriverait si ces gens formaient un gouvernement majoritaire. Le pays a déjà évité par deux fois une majorité conservatrice et j'en suis vraiment très heureux. J'espère que nous pourrons protéger le pays contre une majorité conservatrice dans l'avenir. Le programme des conservateurs consiste à retourner dans le passé. On le constate en ce moment avec la chute libre du taux d'imposition pour les sociétés. Il n'y a pas d'ennemi, mais il me semble que les conservateurs en voient un.
Aux États-Unis, le taux d'imposition des sociétés est de 35 p. 100. Qu'a fait le gouvernement conservateur? Il a réduit le taux à 15 p. 100. Cela est censé créer des emplois, mais il n'a aucune preuve que cela fonctionne.
Il suffit d'examiner les arguments du secrétaire parlementaire. J'étais ici lorsqu'il a pris la parole le 10 décembre dernier et j'ai lu le hansard. Il disait que ce projet de loi allait coûter 400 millions de dollars et que c'était effrayant, que nous ne pouvions pas faire cela. Tout d'abord, comment arrive-t-il à ce montant?
Selon le secrétaire parlementaire, tous ces projets de loi sur la criminalité présentés par le gouvernement conservateur vont faire baisser le taux de criminalité. Les coûts associés au projet de loi devraient donc être encore moins élevés. Mais ce n'est pas le cas. Il ne voit manifestement pas les taux de criminalité de la même façon, car alors que le parrain du projet de loi avance la somme de 50 millions de dollars, le secrétaire parlementaire parle plutôt de 400 millions de dollars. Son estimation est huit fois plus élevée. Est-ce parce qu'il pense que cela va multiplier par huit le taux de criminalité? Que ce projet de loi va entraîner des coûts supplémentaires?
Je recommande au gouvernement, et certainement à la Chambre, de faire passer ce projet de loi à l'étape de la deuxième lecture pour que nous puissions y apporter les amendements nécessaires et le faire progresser le plus possible pendant que le gouvernement examine ses options.
Je dois dire au gouvernement que, pendant qu'il examine ses options, il devrait jeter un coup d'oeil du côté de l'Angleterre, de la France et d'autres pays qui possèdent des programmes sociaux vraiment développés et tenter d'avoir des idées qui fonctionnent.
Nous savons déjà que la réduction des impôts des sociétés ne produit pas nécessairement les résultats escomptés. Nous savons que les peines minimales obligatoires, instaurées il y a 25 ans aux États-Unis par le gouvernement de Ronald Reagan, ont entraîné une prolifération de prisons privées remplies à capacité. Les taux de criminalité ont augmenté. Il y a tellement de prisonniers que le gouverneur de la Californie, que nous avons vu il y a quelques semaines à la conférence des gouverneurs, libère certains d'entre eux. Cet État ne peut plus se permettre tous ces prisonniers.
Ne pouvez-vous donc pas apprendre des erreurs des autres? Ne comprenez-vous donc pas que si vous construisez d'autres prisons comme on l'a fait en Californie et que vous les remplissez de prisonniers, vous allez ruiner le pays et que, au bout du compte, vous ne pourrez de toute façon pas garder tous ces gens en prison?
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Madame la Présidente, venir en aide aux familles des victimes d'actes criminels ou de suicide, voilà ce que propose ce projet de loi de ma collègue du Bloc québécois la députée de qui, depuis tout de même déjà trois ans, se bat pour que ce projet de loi devienne une loi.
Je peux dire qu'en tant que mère, c'est pour moi un grand honneur de prendre la parole sur ce projet de loi. Je tiens à mentionner que ce projet de loi a l'appui de plusieurs personnes et groupes, dont l'Association des familles des personnes assassinées ou disparues qui, par son président actuel, m'a confirmé son soutien et son désir de voir les conservateurs appuyer ce projet de loi.
Je crois que lorsqu'on parle de la vie humaine et de la souffrance, il n'y a plus de partisanerie qui doit compter. Ce projet de loi est basé sur la reconnaissance d'une réalité humaine fondamentale puisque jusqu'à présent, des parents de victimes d'actes criminels ou de suicide doivent continuer à travailler malgré leur souffrance, comme si rien n'était.
Dans une société moderne comme la nôtre, il devient fondamental que les travailleuses et les travailleurs aux prises avec ce genre de tragédie puissent garder leur lien d'emploi. Le gouvernement fédéral doit donc emboîter le pas au Québec, qui depuis plus de deux ans, avec la loi 58, garantit au moins le lien d'emploi, qui peut aller jusqu'à deux ans. Avec le projet de loi , les travailleuses et les travailleurs sous juridiction fédérale seront protégés, comme ceux du Québec. Ce n'est donc que justice de toute manière.
Par ailleurs, le projet de loi va encore plus loin. Comme je l'ai dit, il vise à permettre ce lien d'emploi, mais il permet aussi à ces familles de pouvoir s'absenter et d'avoir des prestations d'assurance-emploi, qui pourraient s'échelonner jusqu'à 52 semaines. Cela permettrait à ces personnes de vivre leur souffrance et de guérir de leur deuil, même si cela peut prendre énormément de temps. Une petite part serait au moins faite pour ces personnes. Par conséquent, ce projet de loi vise aussi à modifier la Loi sur l'assurance-emploi.
À la face même, ce projet de loi est non seulement important mais il est fondamental pour les familles des victimes d'actes criminels. Comment peut-on voter contre? Je n'arrive pas à le comprendre. Qui pourrait voter contre ce genre de projet de loi, qui met en avant des mesures avantageuses pour ces familles? Qui? Les soi-disant champions de la loi et de l'ordre, ceux qui disent vouloir travailler pour les victimes et aider les victimes. Comme d'habitude: la parole, la parole et la parole! Quand vient le moment de poser des gestes concrets et d'appuyer un projet de loi qu'il est aussi normal d'appuyer, ils ne veulent pas. Ils sont absents.
Personnellement, et plusieurs députés du Bloc pensent la même chose, j'aurais cru que ce projet de loi aurait reçu l'appui d'au moins un conservateur — pas deux, un —, au moins celui qui l'a publiquement appuyé dès sa naissance et qui a participé à sa création. On appelle cela la cohérence, la logique des choses. Or, on apprenait hier que cet unique conservateur, M. le sénateur, celui qui aurait pu appuyer ce projet de loi, était revenu sur sa parole. Soudainement, le projet de loi n'est pas bon et, selon lui, il est tout à fait inutile. Il a ajouté que l'option conservatrice, dans le discours du Trône et le budget, est beaucoup mieux et que les conservateurs n'avaient plus besoin d'appuyer ce projet de loi qui est tout à fait inutile.
Par contre, c'est faux. Ce que proposent les conservateurs et ce qui est proposé dans ce projet de loi constituent deux choses différentes. Eux, ce qu'ils proposent — ou ce qu'on croit qu'ils vont peut-être proposer — c'est un ombudsman, comme mon collègue le mentionnait tout à l'heure. Jusqu'à présent, il a dit que le poste d'ombudsman était créé, alors qu'à la lecture, on constate qu'il sera créé. Il n'a donc même pas été créé.
Je ne sais même pas de quoi il parle. Je ne sais même pas s'il sait lui-même de quoi il parle. Il n'y en a pas d'ombudsman et s'il y en a un, j'aimerais le savoir. Nous aimerions tous le savoir.
Que nous propose-t-on? On propose 3,3 millions de dollars. Un ombudsman coûterait 1,5 million de dollars. Il restera donc 1,8 million de dollars pour les familles dont un enfant ou un membre de la famille a été assassiné. Par contre, il n'y a rien pour les familles dont un membre est victime de kidnapping. Bien sûr, il n'y a rien en ce qui a trait au suicide. Il n'y a rien pour les enfants qui auraient subi un préjudice corporel grave. Rien. Peut-on dire que notre projet de loi et ces propositions sont les mêmes? Non. La logique nous indique que ce n'est pas la même chose.
Notre projet de loi est beaucoup plus avantageux. D'ailleurs, je remercie les deux autres partis de l'opposition, qui le reconnaissent en toute honnêteté.
Notre projet de loi a été conçu avec cette personne. Dire que c'est tout à fait inutile revient à dire que ce projet de loi est inutile pour les personnes qui doivent vivre avec la disparition de mineurs; pour celles qui vivent le décès par suicide de leur époux, de leur conjoint de fait ou e leurs enfants, c'est inutile; pour les familles dont les enfants mineurs ont une incapacité à cause d'un acte criminel, c'est inutile, ce n'est pas important pour elles. Dire que ce projet de loi est tout à fait inutile relève d'un mépris envers toutes les familles des victimes de suicide et envers toutes les familles des victimes d'actes criminels autres que le meurtre. Je suis désolée de dire que je n'aurais jamais cru voir un tel niveau de partisanerie à la Chambre.
Soyons clairs. La proposition des conservateurs, annoncée dans le discours du Trône et dans le budget, est une minoune, comme on le dit dans le secteur automobile québécois. La réalité, c'est qu'on ne veut pas de leur minoune.
Comme je l'ai déjà mentionné, le nouveau président de l'AFPAD nous appuie.