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Monsieur le Président, je suis heureuse de participer au débat sur les motions dont nous sommes saisis aujourd'hui. Comme vous venez de le lire, il y a 62 motions et je prends la parole au moment où 49 d'entre elles sont regroupées en une seule période de débat. Comme je n'ai que 10 minutes cet après-midi, je vais limiter mon intervention à deux articles en particulier, soit les articles 96 et 97 du projet de loi, et je laisserai à mes collègues le soin d'aborder certains autres articles.
Les articles 96 et 97 du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui doivent être supprimés parce qu'ils ouvrent la voie à une augmentation considérable du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien. Ce sont là deux des six mesures qui n'ont pas leur place dans ce projet de loi.
Le projet de loi omnibus sur le budget compte près de 900 pages. Il comporte 24 parties composées de plus de 2 200 articles. Il doit faire l'objet d'un débat à l'étape de la deuxième lecture, d'un autre débat à l'étape de la troisième lecture à chaque endroit, ainsi que d'un examen par un seul comité pour chacune des Chambres. Ces limites signifient que les députés de cette Chambre ne peuvent pas rendre compte avec justice des changements variés, profonds et fondamentaux qui sont proposés dans cette mesure législative.
La conclusion inévitable à tirer de ceci est que le gouvernement tente d'enfouir dans son projet de loi budgétaire toutes sortes de projets partisans malveillants, inconsidérés et impopulaires. En groupant dans un seul projet de loi ces mesures qui n'ont rien à voir avec le budget, la propension du gouvernement à étouffer le débat et à réduire au silence ses détracteurs atteint de nouveaux sommets. L'augmentation énorme et injustifiable du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien comprise dans ce projet de loi omnibus est un autre exemple de mauvaise politique publique présentée à la Chambre à la hâte et avec aussi peu d'examen que possible.
Le droit canadien pour la sécurité était déjà extrêmement élevé avant que cette augmentation ne soit proposée. En 2008, un sondage mené par l'Association du transport aérien du Canada afin de classer les frais pour la sécurité prélevés par 175 gouvernements dans des aéroports partout dans le monde a révélé que le droit canadien pour la sécurité arrive au deuxième rang, après celui des Pays-Bas qui est le plus élevé. On estime généralement que, grâce à cette augmentation, nous aurons l'honneur discutable de prélever les frais les plus élevés au monde, sans pour autant avoir quelque preuve que ce soit que notre pays sera plus sécuritaire.
À lui seul, le droit international fera l'objet d'une augmentation de 52 p. 100, passant de 17 $ à 25,91 $. Aux États-Unis, le droit international pour la sécurité est de 5 $. La question est simple. Sur quoi le gouvernement se base-t-il pour justifier la perception des frais les plus élevés au monde aux passagers aériens canadiens? Comment peut-on justifier une augmentation de 50 p. 100 du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien lorsque la taxe existante génère déjà un excédent?
De plus, il semble clair que le droit pour la sécurité actuel génère un excédent, mais nous ne savons pas avec certitude l'usage qui est fait de l'argent des contribuables, car il n'y a tout simplement pas de rapports de vérification, des rapports auxquels les Canadiens ont pourtant droit. Le dernier rapport de la vérificatrice générale sur le droit pour la sécurité remonte à 2004-2005. Le manque de reddition de comptes en ce qui concerne l'argent des contribuables est inacceptable.
Toutefois, l'Association du transport aérien du Canada a mené sa propre enquête en l'absence de renseignements vérifiés. Permettez-moi de citer le récent témoignage du président et chef de la direction de l'ATAC, John McKenna, devant le Comité permanent des finances:
Nous avons étudié les données fournies par l'ACSTA [l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien] ainsi que celles publiées par Statistique Canada.
Nos estimations sont fondées sur les 48 millions de passagers contrôlés par l'ACSTA dans 89 aéroports canadiens en 2008. Les données de l'ACSTA concordent avec les rapports de Statistique Canada, qui établit à 108 millions le nombre de passagers embarqués ou débarqués en 2008, et à quelque 54 millions le nombre de passagers embarqués, soit la clientèle de l'ACSTA. Statistique Canada nous indique en plus que 62,9 p. 100 des passagers avaient pris un vol national, 19,5 p. 100, un vol transfrontalier, et 17,6 p. 100, un vol international.
Sur la base de ces informations, il devient plutôt facile d'estimer les revenus générés par les DSPTA [les droits pour la sécurité des passagers du transport aérien]. La feuille de calcul que nous vous avons remise donne à penser que les revenus générés par les DSPTA dépassaient largement les crédits accordés à l'ACSTA, même avant l'augmentation [des DSPTA]. Selon ces calculs [les DSPTA recueillis en 2008-2009], plus de 70 millions de dollars ont été versés au Trésor, échappant à l'ACSTA.
Si l'on tient compte des augmentations des DSPTA et du fait que le budget accordé à l'ACSTA sera de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans, les revenus générés par les DSPTA produiront un surplus annuel de plus de 330 millions de dollars.
Il s'agit de 330 millions de dollars par année pendant cinq ans dont on n'a pas rendu compte, de l'argent des contribuables.
Où est l'excédent? Est-il versé tranquillement au Trésor? Pourquoi le gouvernement impose-t-il une taxe massive aux voyageurs alors que la caisse est déjà excédentaire? Comment le gouvernement compte-t-il dépenser l'excédent en pleine croissance qu'il demande aux Canadiens de financer? Comment le gouvernement peut-il dire aux Canadiens qu'il a présenté un budget ne prévoyant aucun nouvel impôt alors que son budget renferme une hausse fiscale massive et inutile pour les voyageurs?
L'ACSTA s'occupe de la mise en oeuvre des nouvelles mesures de sécurité, mais elle n'effectue aucune évaluation des risques. Ce type d'évaluation relève de la GRC ou du SCRS. Quel montant des revenus générés par le droit pour la sécurité des passagers est versé à Transports Canada? Quel montant est versé à la GRC ou au SCRS? Les Canadiens ont le droit de savoir. Comme l'Association du transport aérien du Canada l'a signalé au Comité permanent des finances, les Canadiens n'ont pas besoin d'autres niveaux de sécurité, ils ont besoin d'une sécurité plus efficace, d'une meilleure sécurité.
Le gouvernement va-t-il simplement augmenter le droit pour la sécurité des passagers chaque fois qu'on découvrira une faille dans la sécurité ou va-t-il procéder à un examen approfondi des mesures de sécurité dans le but de rendre le transport aérien plus sûr pour les Canadiens? Va-t-il simplement multiplier les mesures de sécurité ou va-t-il élaborer et mettre en oeuvre un processus de contrôle plus efficace, un processus visant à améliorer la sécurité, à réduire le nombre des étapes de contrôle et à réduire le nombre d'employés qui effectuent les contrôles de même que le temps qu'ils passent à effectuer ces contrôles?
Quiconque utilise le transport aérien sait que les mesures de sécurité actuelles sont inefficaces et que cela pose problème. Pourtant, le gouvernement s'entête à ne pas avoir de plan d'ensemble en matière de sécurité et il continue d'ajouter des mesures de sécurité ponctuelles dès que surviennent des incidents isolés. Les néo-démocrates sont d'avis qu'un plan canadien de sécurité aérienne devrait inclure une évaluation complète de la sécurité qui prend en compte les incidents passés, mais qui est aussi prospective. Il est essentiel de cerner les secteurs vulnérables à des attaques et de mettre en oeuvre des mesures de sécurité et d'intervention efficaces.
Nous devons revoir nos systèmes d'intervention et la conception architecturale de nos aéroports de manière à ce qu'il soit possible d'intervenir de façon efficace en cas de menace à la sécurité en nuisant le moins possible aux activités aéroportuaires.
Nous devons promouvoir une plus grande coordination et un meilleur partage d'information entre les agences de renseignement et les services de sécurité des aéroports. Ainsi, les agents de sécurité pourraient rechercher activement les menaces potentielles et préparer des scénarios d'intervention dans le respect du droit à la vie privée.
Les Canadiens souhaitent que le gouvernement élabore un système de sécurité qui permette de vraiment protéger les voyageurs, qui soit conçu précisément pour la réalité canadienne et qui corresponde à nos besoins en matière de protection contre les menaces à la sécurité nationale.
De plus, le rendement de l'ACSTA doit être évalué par rapport à celui des organismes qui effectuent le même travail ailleurs. Comment le rendement de l'ACSTA se compare-t-il à celui de ses pendants sur le plan économique? Optimisons-nous les ressources? Le cas échéant, comment le gouvernement fait-il pour le savoir? Quels éléments de preuve ont été recueillis pour évaluer le rendement de l'ACSTA et où les Canadiens peuvent-ils obtenir cette information? Qu'en est-il de l'examen public de l'ACSTA et de ses finances que le gouvernement a promis l'an dernier?
Au lieu d'imposer aux voyageurs canadiens des hausses de taxe qui n'offrent que peu d'avantages ou aucun avantage évident, le gouvernement aurait été bien avisé d'appuyer le projet de loi d'initiative parlementaire que mon collègue d' a présenté. Cette mesure législative visant l'attribution de certains droits aux passagers aériens comprenait une charte des droits des passagers et prévoyait des indemnités en cas de surréservation, de départ indûment retardé, d'annulation de vol et de bagages égarés et traitait également des prix tout compris qu'annoncent les compagnies aériennes dans leurs publicités.
Cette mesure législative s'inspirait d'une loi de l'Union européenne qui a fait diminuer considérablement la surréservation. Les lois européennes s'appliquent déjà aux vols d'Air Canada à destination de l'Europe. Pourquoi les clients d'Air Canada seraient-ils mieux traités en Europe qu'au Canada?
La charte des droits aurait garanti que les passagers soient tenus au courant des changements touchant leurs vols, qu'il s'agisse de retards ou d'annulations. Les nouvelles règles auraient été affichées dans les aéroports, et les transporteurs aériens auraient été tenus d'informer les passagers de leurs droits et de la marche à suivre pour réclamer une indemnité.
Voilà le genre de changements que les consommateurs canadiens souhaitent que le gouvernement mette en oeuvre. Au lieu de cela, le gouvernement propose une hausse de taxe sans resserrement proportionnel de la sécurité, de la sûreté ou de la commodité.
Le gouvernement nous demande d'approuver une hausse massive de taxe alors qu'il avait promis qu'il n'y en aurait pas. Le gouvernement n'offre aucune justification à l'égard de cette hausse, ni aucune raison pour expliquer pourquoi le Canada devrait maintenant être le pays au monde où le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien est le plus élevé, et ne plus être en deuxième place à cet égard. Il y a apparemment un énorme excédent dans la caisse pour la sécurité des passagers du transport aérien, mais on ne peut pas en connaître exactement l'ampleur, ni savoir où il va, ni comment il est dépensé.
Les Canadiens ne savent absolument pas si l'organisme responsable de leur sécurité mène ses activités de façon efficiente et efficace. Le gouvernement demande aux Canadiens de payer davantage sans leur indiquer si le service sera amélioré. Tout cela est dissimulé dans un projet de loi d'exécution du budget qui, compte tenu de la peur presque paranoïaque du gouvernement à l'égard de tout examen public, ne fera pas l'objet de la surveillance et de l'examen appropriés que les Canadiens souhaitent.
Pour toutes ces raisons, je suis fier, au nom de l'ensemble du caucus néo-démocrate, de proposer la suppression de tous les articles du projet de loi qui portent sur le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien.
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Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour demander l'élimination des parties 19 et 20 du projet de loi . C'est ce que proposent nos motions n
os16 à 18 et 19 à 38.
Je demande l'élimination de ces deux parties du projet de loi pour deux raisons que j'ai déjà mentionnées à la Chambre. Ces raisons concernent le processus d'élaboration des lois au Canada et les mesures de fond contenues dans ces parties.
Nous avons entendu des Canadiens de tous les coins du pays exprimer leur opposition à la décision du gouvernement. Nous avons entendu des représentants des agriculteurs, des organisations de protection de l'environnement et d'une longue liste d'organisations des Premières nations. Tous sont renversés de constater que, pour la deuxième fois, le gouvernement a décidé de se servir d'un projet de loi d'exécution du budget pour apporter des modifications de fond à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale.
Il n'y a eu aucune consultation au préalable, et ce, en dépit du fait que, pendant presque trois décennies, le gouvernement a pu disposer d'un comité consultatif sur la réglementation relativement à la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Or, ce comité n'a même pas été convoqué depuis un an et demi. Par conséquent, le gouvernement a décidé d'ignorer complètement l'avis d'un comité établi depuis longtemps — en fait, par les conservateurs eux-mêmes — et de faire adopter la mesure en question au moyen d'un projet de loi d'exécution du budget qui fera l'objet d'un vote de censure. Il a ensuite renvoyé la question au mauvais comité, bien que de nombreux membres du Comité des finances soient tout à fait en mesure d'examiner un projet de loi, peu importe sa nature. Toutefois, comme la Chambre le sait fort bien, il est déjà prévu que la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale doit être examinée à date fixe. Cette question est d'ailleurs inscrite à l'ordre du jour du Comité parlementaire de l'environnement et du développement durable.
Le gouvernement a décidé de court-circuiter la consultation publique, d'enfreindre ses propres dispositions législatives et de manquer totalement de respect à l'endroit du comité qui avait déjà été saisi de la mesure et qui tentait de faire avancer les choses le plus rapidement possible. Pourquoi? Parce que ce projet de loi a déjà été examiné par le Comité parlementaire de l'environnement et du développement durable. Par conséquent, pour assurer un examen uniforme, il était opportun de permettre au comité de poursuivre cet examen et d'autoriser des intervenants de l'industrie et des membres du public ou des Premières nations à comparaître devant le comité pour lui faire part de leur opinion au sujet des modifications proposées.
D'abord et avant tout, les Canadiens se sont fait entendre haut et fort, comme ils l'ont fait l'an dernier lorsque, dans le projet de loi d'exécution du budget, le gouvernement a affaibli la Loi sur la protection des eaux navigables. La dernière fois, il a pris un couteau pour éviscérer la loi fédérale sur l'environnement. Cette fois, il passe à la hache une loi que l'ensemble de la population canadienne, des représentants de l'industrie aux gouvernements provinciaux, territoriaux et autochtones, en passant par les organisations environnementales et communautaires, ainsi que les associations d'agriculteurs et de pêcheurs, a passé des années à façonner et considère comme une loi solide. De plus, de nombreux gouvernements dans le monde entier ont déjà vanté les mérites de cette loi.
D'un seul coup, le gouvernement a décidé d'aller à l'encontre de la procédure établie, du processus démocratique, que le gouvernement s'est engagé à respecter en vertu de l'Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l'environnement; en effet, aux termes de ce dernier, il doit donner préavis de toute nouvelle politique en matière de droit de l'environnement et donner la possibilité à quiconque en Amérique du Nord de faire part de ses commentaires à cet égard. Le gouvernement a complètement fait fi d'un document auquel il est assujetti.
Le gouvernement ne cesse de dire qu'il collabore à l'échelle nord américaine et que nous devrions voir les choses du point de vue de l'Amérique du Nord. Pourtant, il a complètement violé l'accord qu'il a signé en décidant d'ajouter ces mesures dans un projet de loi d'exécution du budget.
Plusieurs personnes m'ont fait part de leurs commentaires. Le Comité des finances a reçu des mémoires de nombreuses personnes d'un bout à l'autre du pays qui critiquent le gouvernement pour avoir agi ainsi et demandent au Comité des finances de renvoyer ces questions au Comité de l'environnement.
Quant au fond du projet de loi, il est tout à fait répréhensible. Contrairement à ce que le ministre affirme fermement à la Chambre, on n'accorde pas des droits égaux aux gens qui pourraient avoir des préoccupations et qui veulent intervenir dans le cadre de l'examen des grands projets.
Dans la partie 19, on accorde à l’Office national de l’énergie et à la commission créée en vertu de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires le pouvoir discrétionnaire de songer à accorder une aide financière aux participants qui en font la demande. Cela va complètement à l'encontre des dispositions de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, selon lesquelles, si on entreprend une étude exhaustive, on doit verser une aide financière aux intervenants. Il ne s'agit pas là d'un traitement égal aux termes de la loi. En effet, on donne moins de droits à ceux qui interviennent dans les dossiers concernant les grandes installations nucléaires et les activités des grandes sociétés pétrolières et gazières.
En ce qui concerne les mesures de fond, le gouvernement ne tient absolument pas compte de la décision de la Court suprême du Canada en donnant au le pouvoir discrétionnaire absolu de restreindre la portée de l'examen des projets. Cela va à l'encontre de la raison, reconnue dans le monde entier, pour laquelle on fait des évaluations environnementales et de l'idée que, si on entreprend une étude exhaustive, il faut se pencher sur l'ensemble du projet. La nouvelle disposition accorde unilatéralement au ministre le pouvoir discrétionnaire de restreindre la portée de l'étude, ce qui annule la décision de la Cour suprême du Canada.
Cette partie du projet de loi exempterait également un grand nombre de projets financés par Infrastructure Canada avant même que le gouvernement ne détermine s'il y aura des répercussions importantes sur l'environnement. Cela donne une certaine marge de manoeuvre au ministre et lui permet d'annuler l'exemption s'il juge que les répercussions sur l'environnement sont suffisamment importantes. Mais comment serait-ce possible si les projets ont déjà tous été exemptés?
De sérieuses inquiétudes ont été soulevées à propos de ce projet. J'aimerais partager avec la Chambre quelques-uns des témoignages livrés devant le Comité des finances par des gens qui s'opposent à ce que cette mesure soit renvoyée au Comité des finances aux fins d'examen et qu'elle soit adoptée dans le cadre d'un projet de loi d'exécution du budget.
Madame Arlene Kwasniak, spécialiste reconnue du droit environnemental à la faculté de droit de l'Université de Calgary, a dit ceci:
J'oserais dire que les consultations liées à la LCEE se sont détériorées ces derniers temps et qu'on tente de contourner les exigences prévues par la loi, c'est-à-dire la tenue de consultations à l'égard des modifications de fond.
[...] cette disposition ouvre grand la porte à l'application inégale et inéquitable de la LCEE. Aucune disposition législative ne régit l'exercice de la discrétion du ministre [...].
Dans le discours du Trône et le projet de loi d'exécution du budget présentés cette année, le gouvernement a affirmé qu'il comptait simplifier les règlements et évaluations environnementaux dans le but de créer une certitude juridique; voilà toutefois que des juristes nous disent que la dernière chose qu'accomplira le projet de loi est de créer une certitude juridique.
M. Richard Lindgren, conseiller juridique auprès de l'Association canadienne du droit de l'environnement, a dit:
[...] compte tenu de notre expérience et du fait que nous défendons les intérêts du public, nous entretenons de sérieuses et fondamentales préoccupations à l'égard des dispositions du projet de loi C-9 qui visent à modifier la LCEE. [...] l'ACDE s'oppose au processus utilisé pour donner force de loi à ces modifications. Selon nous, les modifications proposées à la LCEE ne devraient pas être enterrées dans un projet de loi d'exécution du budget. Elles devraient plutôt être présentées et traitées sous forme d'une loi indépendante qui serait pleinement débattue au Parlement et qui ferait l'objet de consultations publiques dignes de ce nom. Jusqu'ici, il n'y a eu ni débat parlementaire ni consultation publique.
La deuxième objection porte sur le moment choisi pour soumettre les modifications. Il a décrit la situation et dit:
Comme le savent les membres du comité, ces modifications ont été présentées au moment où l'examen obligatoire de la LCEE, prévu après sept ans, s'apprête à commencer.
Je pourrais également citer la lettre de M. Ron Plain, des membres de la Première nation Aamjiwnaang et d'une vingtaine d'autres Premières nations de partout au pays. Ces gens réclament que le gouvernement retire du projet de loi C-9 la partie 20, qui porte sur la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, et ce, jusqu'à ce qu'il entreprenne un processus de consultation valable afin de tenir compte de l'intérêt des Premières nations concernant le maintien d'un processus fédéral rigoureux d'évaluation environnementale qui ferait en sorte que les Premières nations seraient consultées et que leurs intérêts protégés par la Constitution seraient pris en compte.
Ces gens veulent souligner le fait que le manque de consultations sur le projet de loi à ce jour va à l'encontre de l'article 19 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Voici ce que stipule l'article:
Les États se concertent et coopèrent de bonne foi avec les peuples autochtones [...] avant d’adopter et d’appliquer des mesures législatives ou administratives susceptibles de concerner les peuples autochtones, afin d’obtenir leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.
Ils font valoir qu'un grand nombre de projets industriels et d'infrastructure nuisent aux intérêts des Autochtones et que, comme le gouvernement fédéral entretient un rapport de fiduciaire avec les peuples des Premières nations, l'idée qu'il veuille examiner de près les projets industriels et exempter entièrement les projets d'infrastructure sans les consulter au préalable est discutable. L'honneur de la Couronne commande un processus de consultation valable sur cette partie extrêmement importante du projet de loi avant son entrée en vigueur.
Tous ces gens ont dit vouloir que ces dispositions soient retirées du projet de loi d'exécution du budget.
Même le comité sénatorial, qui a étudié le projet de loi, a recommandé que le gouvernement évite d'agir de la sorte, car les projets de loi d'exécution du budget devraient traiter d'aspects financiers et non servir à apporter des modifications de fond aux lois fédérales. La recommandation du comité a également été appuyée par une recommandation du Comité des finances du Parlement adoptée à la majorité lors de l'étude du dernier projet de loi d'exécution du budget.
Il est primordial que la Chambre appuie ma motion portant que le comité ait le pouvoir d'éliminer les parties 19 et 20 de sorte qu'il puisse les étudier de façon appropriée dans le cadre de consultations avec les groupes touchés.
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Monsieur le Président, je n'aurai pas le temps de répondre aux deux volets de la question du député, mais j'apprécie particulièrement le premier.
À mon avis, le gouvernement ne fait pas passer les intérêts économiques avant les intérêts environnementaux. Cependant, le gouvernement est complètement à côté de la coche en ce qui concerne l'interaction entre les intérêts économiques et environnementaux. Il adopte une perspective à courte vue sur les coûts susceptibles d'être engendrés par un projet.
Il ne faut pas oublier que l'évaluation environnementale a d'abord et avant tout pour but d'identifier à l'avance les principaux impacts, de façon à pouvoir les atténuer ou les éviter. De cette façon, c'est le promoteur qui doit payer la note. C'est l'essence même du principe du pollueur-payeur.
Le gouvernement dit simplement aux gens qu'un grand projet sera mis en oeuvre dans leur collectivité, mais qu'il ne l'évaluera pas. Tant pis si, plus tard, ils devront faire face à des coûts énormes. Le gouvernement dit à la population qu'elle devra assumer les coûts parce qu'il n'obligera pas le promoteur à le faire. Autrement dit, il vide l'évaluation environnementale de tout son sens. Il a pourtant signé des ententes dans le monde entier en s'engageant à procéder à une évaluation environnementale selon les règles, y compris en vertu de l'Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l'environnement.
J'espère avoir répondu à la question du député.
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Monsieur le Président, j'aimerais pouvoir dire que je suis ravi de prendre la parole au sujet du projet de loi , mais malheureusement nous examinons un projet de loi de près de 900 pages qui constitue un simulacre de justice et une véritable atteinte aux fondements démocratiques sur lesquels repose cet endroit.
Ces pages contiennent ce que certains ont appelé un cheval de Troie. On y trouve un ramassis de mesures que les conservateurs voudraient faire adopter, mais qu'ils ne peuvent pas, d'une part, parce qu'ils interrompent constamment les travaux de la Chambre, tuant par le fait même leurs propres mesures législatives, et, d'autre part, parce que les mesures entassées dans ce projet de loi sont impopulaires. Les conservateurs ont menacé de déclencher des élections et ils ont dit aux Canadiens d'accepter les choses telles qu'elles sont. Ils n'ont pas donné l'occasion à la Chambre de tenir un débat ouvert et démocratique sur certaines des questions fondamentales dont nous sommes actuellement saisis.
Nous savons que le gouvernement s'apprête en secret à augmenter les taxes imposées aux voyageurs dans les aéroports. Il cherche à vider les mesures environnementales de leur substance, ce dont ma collègue d'Edmonton vient éloquemment de parler.
Grâce à un projet de loi omnibus, le gouvernement cherche à rassembler tout ce qui lui tombe sous la main pour permettre au de disposer d'un pouvoir discrétionnaire presque divin lui permettant de décider ce qui mérite ou non de faire l'objet d'une évaluation environnementale. Il saura en quelque sorte à l'avance ce qui va causer ou non des dommages à l'environnement, faisant ainsi fi du fait qu'une évaluation environnementale vise justement à déterminer la nature des dommages éventuels. C'est pourquoi ce critère a été prévu dès le départ.
Nous payons pour des projets industriels qui ont mal tourné il y a déjà des années de cela: de vieilles mines, des puits de pétrole abandonnés. On a affirmé avoir tiré des leçons de tout cela et qu'on en tiendrait compte avant tous nouveaux travaux, afin de savoir quels seraient les effets sur l'environnement.
Ce qui se trouve dans le budget touche des vies bien réelles et a de véritables répercussions sur notre pays. C'est une honte et une supercherie de la part du gouvernement de prétendre qu'il agit de manière responsable et qu'il se préoccupe des principes démocratiques alors que du même coup il pose un tel geste.
Plus de 130 travailleurs d'EACL sont récemment venus ici pour être reconnus et demander aux députés ministériels de permettre la tenue d'un débat et d'un vote libres et démocratiques portant sur la vente d'EACL, la plus importante société d'État canadienne, et dans laquelle les contribuables canadiens ont investi plus de 22 milliards de dollars au fil des ans. Qu'ont-ils obtenu à la place? La vente d'EACL est enfouie dans les pages de ce cheval de Troie, de ce projet de loi omnibus. Nous n'avons droit à aucun débat, à aucune discussion. Ce gouvernement et la démocratie ne vont pas de pair.
J'ai discuté avec ces 130 travailleurs après la période des questions. J'ai écouté ce qu'ils avaient à dire. Ils sont inquiets, préoccupés et craintifs, mais surtout ils ne parviennent pas à croire qu'un gouvernement qui a fait son cheval de bataille de principes comme la transparence, la reddition de comptes et les fondements de la démocratie soit si opposé à ces mêmes principes dans la réalité. Les paroles du gouvernement ne correspondent pas aux gestes qu'il pose.
Il paraît que la lumière du jour est un puissant désinfectant. Il faut donc exposer ce dossier à la lumière du jour. C'est pourquoi les néo-démocrates proposent aujourd'hui de diviser ce projet de loi afin d'exposer ce dossier, d'en débattre et d'en discuter au Parlement, et de ramener ainsi la démocratie à la Chambre des communes.