propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, en tant que ministre de la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme, je suis heureux d'avoir l'occasion, aujourd'hui, de lancer le débat sur le projet de loi , Loi sévissant contre les consultants véreux.
Je suis fier de me lever pour appuyer cet important projet de loi, qui permettrait de modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés dans le but de renforcer les règles régissant les personnes qui offrent des conseils en matière d'immigration contre rémunération.
Comme mes honorables collègues le savent, les grandes valeurs qui gouvernement le Canada, soit la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit, font de ce pays l'une des principales destinations de choix pour les immigrants de partout au monde. Le Canada est également associé, malheureusement, à l'émergence de pratiques qui, trop longtemps, ont été synonymes de comportements sans scrupules quant à l'industrie de l'immigration.
[Traduction]
Nous savons tous que les candidats à l'immigration au Canada n'ont pas besoin de recourir aux services d'un représentant en immigration pour s'établir ici. Le gouvernement du Canada traite tous les demandeurs équitablement, qu'ils retiennent ou non les services de quelqu'un qui les représentera auprès de Citoyenneté et Immigration Canada dans le cadre de leur demande de visa de séjour ou de résidence permanente. Toutefois, en raison des difficultés inhérentes au déménagement dans un autre pays et du fait que les procédures d'immigration semblent souvent compliquées, bon nombre d'immigrants éventuels font appel aux services d'un consultant pour les aider à s'y retrouver.
Si la plupart des consultants en immigration travaillant au Canada agissent de façon professionnelle et conforme à l’éthique, la triste réalité est qu’il y en a un certain nombre qui agissent de façon malhonnête, voire illégale, pour profiter de ceux qui rêvent d’immigrer chez nous. C'est l'une des plus grandes préoccupations que me signalent les néo-Canadiens d'un bout à l'autre du pays. Lors de nombreuses rencontres avec diverses communautés ethnoculturelles de l'ensemble du Canada, j'ai entendu beaucoup histoires troublantes d'immigrés qui ont été dupés par des consultants en immigration malhonnêtes ou par des représentants sans scrupule.
Ces gens extorquent parfois des milliers, voire des dizaines de milliers de dollars à leur client. J'ai entendu l'histoire d'un homme d'origine chinoise qui avait versé plus de 100 000 $ en argent comptant à un consultant véreux qui lui avait faussement garanti qu'il immigrerait au Canada en tant qu'investisseur immigrant. J'ai également entendu des cas d'étudiants qui ont parfois payé plus de 10 000 $ pour avoir un statut au Canada, mais qui n'ont rien obtenu en retour. Bien souvent, ces consultants malhonnêtes soumettent sciemment de faux documents à l'appui d'une demande sans même se soucier que des fonctionnaires risquent de découvrir qu'il s'agit d'une fraude et de rejeter la demande de visa, ce qui pourrait compromettre les chances du demandeur de séjourner ou de s'établir au Canada durant au moins deux ans. Les consultants de mauvaise foi ne s'en préoccupent guère parce qu'ils ont généralement déjà soutiré l'argent et fait leur profit.
Il existe des milliers de ces représentants, qu’on pense aux consultants non autorisés, aux recruteurs de travailleurs ou aux agents pour étudiants, tant au Canada que dans le reste du monde. Nous voulons que les gens sachent que, malgré ce que certains représentants sans scrupules peuvent dire aux immigrants en puissance, personne n’a d’accès privilégié au gouvernement du Canada, et toutes les demandes sont traitées de la même façon. Il importe d’insister là-dessus, parce que beaucoup de canailles de cette industrie feront croire à leurs clients qu’ils ont une forme d’accès spécial aux décideurs du système d’immigration canadien, mais ce n’est jamais vrai. Il importe que les gens, ici et ailleurs, le comprennent.
Il importe aussi, pour les éventuels immigrants ou visiteurs au Canada, de savoir que, si quelque chose semble trop beau pour être vrai, c'est probablement le cas. Si quelqu'un offre une garantie d’immigration au Canada en échange de frais, il faut se sauver à toutes jambes. La fraude prend diverses formes dans le domaine de l’immigration. Les demandeurs du statut d’immigrant de toutes les catégories peuvent tenter de frauder notre système ou demander de l’aide à un consultant véreux ou à une tierce partie comme un recruteur de travailleurs ou un fabriquant de faux documents.
Je suis allé en Inde, dernièrement, où nos représentants m’ont mis au fait de la situation en me montrant des centaines d’exemples reçus par le système d'immigration, parmi les milliers de documents contrefaits produits par cette industrie. On trouve de faux documents bancaires, de faux bulletins universitaires, de fausses déclarations de banques et de faux certificats de mariage, de décès ou de naissance. Il n’y a pas de limite. Certains paraissent faux mais, encore une fois, le faussaire et le consultant véreux ne s’en font pas parce qu'ils ont déjà empoché l'argent demandé.
Certaines fraudes se font ici, mais une grande partie des fraudes sont commises à l’étranger. Par exemple, on peut mentir à un agent en remplissant un formulaire, ou un conseiller peut recommander à une personne émigrant pour motifs économiques de demander le statut de réfugié. La fraude à la consommation pose un autre problème. Dans ce cas, des consultants, recruteurs ou agents véreux demandent un prix exorbitant à leurs clients, ou leur promettent des services qui ne sont jamais exécutés.
Je suis revenu ce matin d’un voyage dans des pays d’où proviennent la plus grande partie de nos immigrants, comme l’Inde, la Chine et les Philippines. C’était ma deuxième visite en Inde depuis que je suis ministre. J’y ai rencontré des hauts fonctionnaires du Pendjab pour discuter des progrès accomplis et de notre constante coopération sur cette question.
Les ministres fédéraux du gouvernement indien m'ont promis d'apporter d'importantes modifications à leur loi sur l'immigration afin de faciliter la lutte contre les conseillers en immigration peu scrupuleux en Inde. J'ai aussi réussi à convaincre le ministre de la Sécurité publique en Chine de nommer un représentant spécial de haut rang qui travaillera avec nous dans un groupe de travail pour lutter contre les fraudes en matière d'immigration dans ce pays.
Nous pensons donc que nous enregistrons des progrès à cet égard.
Pour donner aux députés une idée de l'ampleur du problème, je voudrais leur expliquer ce que nos agents dans notre bureau des visas à Chandigarh, au Pendjab, appellent le « mur de la honte ». Il s'agit d'un mur couvert de milliers de documents frauduleux, et notamment de faux certificats de mariage et de décès et d'itinéraires de voyage. Chacun de ces documents représente un rêve brisé. Il représente une personne qui a déboursé de l'argent, souvent des milliers de dollars, et tout ça pour finir par se faire avoir par un consultant.
J'ai aussi vu de mes propres yeux dans cette ville des panneaux d'affichage installés par des consultants et arborant un faux mot-symbole du gouvernement du Canada garantissant l'obtention de visas. Comme je l'ai dit, c'est un problème que nous devons régler.
J'ai aussi fait part de mes inquiétudes au président et aux hauts fonctionnaires des Philippines, lors de mon voyage dans ce pays où des consultants et des organismes peu scrupuleux constituent aussi un grand problème. J'ai reçu des dirigeants l'assurance que, dans ce pays aussi, ils soutiendront nos efforts.
[Français]
Le gouvernement du Canada est déterminé à protéger l'intégrité de son programme d'immigration contre la fraude. Nous sommes déterminés à sévir contre l'escroquerie en matière d'immigration et la malhonnêteté, les fausses promesses et les pratiques contraires à l'éthique, ainsi qu'à prendre des mesures contre les personnes qui commettent des actes frauduleux.
Premièrement, nous avons lancé une campagne d'information publique pour aider les immigrants potentiels à apprendre comment se protéger contre les fausses demandes fournies par des consultants en immigration et d'autres représentants véreux.
Nous avons également affiché des avertissements et des avis visant à sensibiliser la population dans 17 langues sur notre site Web, dans tous nos bureaux et toutes nos missions à l'étranger.
Deuxièmement, nous avons tenu des réunions à l'hôtel de ville pour consulter des personnes des quatre coins du pays, écouter leurs histoires au sujet de consultants véreux et solliciter leurs suggestions sur la façon dont nous pourrions protéger le système d'immigration du Canada contre l'escroquerie et la malhonnêteté en matière d'immigration.
[Traduction]
En mai 2009, le site de Citoyenneté et Immigration Canada a publié un questionnaire en ligne pour collecter des informations sur les personnes qui ont fait appel à des représentants pendant le processus d'immigration. Il s'agissait pour le ministère de rassembler des informations sur la nature et l'envergure des fraudes commises dans le cadre du processus d'immigration et de nous faciliter le travail afin de resserrer les règles qui régissent les représentants et de prévenir les méfaits.
Les réponses de nombreux aspirants immigrants et néo-Canadiens, accompagnées du récit de leurs expériences, ont vraiment révélé l'étendue du problème. En écoutant les victimes et les parties concernées au cours de la dernière année, nous avons pu nous faire une image plus nette de la nature et de l'étendue du problème, et leur participation a influé directement sur le travail que nous faisons pour prévenir la fraude. Je voudrais remercier tous ces participants.
[Français]
Il est plutôt clair que la fraude demeure une menace importante à l'intégrité de nos programmes de citoyenneté et d'immigration et qu'elle nous nuit à tous.
Nous devons agir pour protéger les immigrants potentiels ainsi que l'intégrité du programme d'immigration du Canada. Le projet de loi représente une occasion de le faire en sévissant contre les consultants en immigration véreux.
Les changements que nous proposons renforceraient les règles qui régissent les personnes qui fournissent des conseils en matière d'immigration et des services de représentation, ou qui offrent de le faire, et amélioreraient la façon dont les consultants en immigration sont réglementés.
Ces changements s'aligneraient également sur les modifications que nous avons proposées dans la Loi sur la citoyenneté dans le but de réglementer les consultants en citoyenneté.
[Traduction]
Le projet de loi modifierait la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés de façon à ce que seuls les membres du barreau d’une province ou de la Chambre des notaires du Québec et les consultants membres en règle d’un organisme désigné par le ministre soient autorisés à conseiller une personne moyennant rétribution à toutes les étapes d’une demande ou d’une instance, y compris pendant la période précédant le dépôt de la demande ou l’introduction de l’instance. Par conséquent, quiconque offrant contre rémunération des conseils en matière d’immigration est considéré comme un professionnel et, en tant que tel, doit être membre en règle d’un organisme réglementaire autorisé.
Bien que la législation actuelle régisse les activités des consultants au moment du dépôt de la demande ou de l’introduction de l’instance, elle ne régit pas le rôle de ces consultants pendant la période précédant le dépôt de la demande. Voilà qui est important. En effet, cela signifie que des consultants sans scrupules ne sont pas tenus, à l’heure actuelle, de divulguer leur participation pendant la période précédant le dépôt d’une demande. Pourtant, c’est surtout pendant cette période que l'exploitation se produit.
Le projet de loi proposé par le gouvernement corrige cette grave lacune en exigeant que tous les services de consultation ou de représentation fournis ou offerts contre rémunération le soient par des représentants autorisés, membres en règle du barreau d’une province, de la Chambre des notaires du Québec ou de l’organisme désigné par le ministre pour régir les consultants en immigration.
Ainsi, en vertu du projet de loi, toute personne qui ne serait pas un consultant, un avocat ou un notaire et qui ferait des affaires à n'importe quelle étape d’une demande ou d’une instance commettrait une infraction. En ratissant plus large, on fait en sorte que les personnes non autorisées qui fournissent contre rémunération des services de consultation ou de représentation à n’importe quelle étape du processus soient passibles d’une amende ou d’une peine d’emprisonnement.
En outre, le projet de loi dont nous sommes saisis permettrait au ministre de divulguer des renseignements relatifs à la conduite éthique ou professionnelle d’un représentant aux autorités responsables d’enquêter sur cette conduite, en l’occurrence, l’Agence des services frontaliers du Canada ou, pour les questions relatives à la citoyenneté, la Gendarmerie royale du Canada. Voilà qui semble évident, mais la législation actuelle ne contient aucune disposition à cet égard.
Surtout, le projet de loi proposé est une réponse directe aux préoccupations et aux recommandations formulées par le Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre dans son rapport intitulé « Réglementation des consultants en immigration », présenté en juin 2008. Le rapport lui-même s’inspirait d’une consultation publique de grande envergure.
J’ai moi-même entendu formuler de telles préoccupations et il semble évident qu’une nouvelle réglementation relative aux consultants en immigration est nécessaire.
C’est pourquoi le projet de loi proposé conférerait également au ministre l’autorité de désigner un organisme chargé de régir les consultants en immigration et d’instaurer des mesures qui permettraient au gouvernement de mieux surveiller l’organisme désigné.
L’organisme régissant les consultants devra le faire efficacement et il sera responsable de prendre les mesures nécessaires pour que ses membres fournissent leurs services d’une façon professionnelle et éthique.
Par conséquent, l'organisme désigné fournirait des renseignements au ministre, ce qui ne se fait pas à l'heure actuelle, pour assurer le maintien de l'intégrité du système d'immigration. Cette information permettrait au ministre d'évaluer si l'organisme régit ses membres dans l’intérêt public. Le comité parlementaire concerné et bon nombre d'intervenants ont exprimé certaines préoccupations quant au fait que l'intérêt public ne semble pas être privilégié.
Un rapport unanime publié en 2008 par le comité permanent révèle que bon nombre de consultants en immigration, de toutes les régions du pays, ont exprimé des doléances, notamment une vive insatisfaction au sujet de la gestion actuelle de la Société canadienne de consultants en immigration, ou SCCI.
Voilà pourquoi j'ai déjà pris des mesures pour remédier à la situation qui menace sérieusement le système d'immigration et qui engendre un manque de confiance du public à l'égard de la réglementation des consultants en immigration en général.
Dans l'édition du 12 juin dernier de la Gazette du Canada, j'ai annoncé l'intention de CIC de lancer un processus de sélection public pour désigner un organisme de réglementation afin qu’il soit reconnu en tant que régulateur de la profession de consultant en immigration en vertu du Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés.
L'avis de sollicitation invitait les Canadiens à faire part de leurs observations concernant le processus de sélection proposé. Ce processus est maintenant amorcé suite à la publication, le 28 août, dans la Gazette du Canada d'un avis sollicitant des soumissions de candidats intéressés à devenir l’organisme de réglementation de la profession de consultant en immigration. Les organismes intéressés ont jusqu'au 29 décembre prochain pour présenter leur soumission.
Nous cherchons un organisme de réglementation ayant la capacité d’appuyer les objectifs d’immigration immédiats et à long terme du Canada en plus de maintenir et de renforcer la confiance du public dans le système d’immigration canadien.
L'organisme retenu devra montrer qu'il a effectivement la capacité de faire enquête sur la conduite de ses membres et de sévir contre ceux qui enfreignent les règles. L'organisme désigné devra également comprendre l'importance de veiller à ce que les consultants respectent les lois canadiennes en matière d'immigration ainsi que les droits et l'intérêt des nouveaux venus.
Lorsqu'un organisme aura été choisi, nous proposerons, au besoin, un alignement réglementaire nommant un nouvel organisme de réglementation. Le cas échéant, des mesures de transition assureront la continuité de la prestation des services aux consultants et à leurs clients au cours de la période de transition.
[Français]
Parmi les autres améliorations non législatives liées aux changements proposés, les efforts pour sensibiliser les immigrants potentiels aux risques de l'embauche de consultants véreux se poursuivront.
Des services améliorés, y compris des outils Web et des vidéos pratiques, sont élaborés par CIC, lesquels aideront les demandeurs à présenter une demande d'immigration au Canada, et ce, en toute autonomie.
Aussi, je peux garantir à mes honorables collègues que le gouvernement du Canada continuera de se servir des occasions bilatérales et multilatérales pour régler le problème des activités frauduleuses des consultants en immigration à l'étranger.
[Traduction]
Comme je l'ai dit plus tôt, l'idée de sévir à l'échelle internationale contre les consultants en immigration véreux est venue lors du voyage que j'ai fait en Inde en janvier 2009. C'est à Chandigarh que j'ai saisi le ministre en chef du Punjab de la question. J'ai continué d'en parler lors de mon récent voyage là-bas.
Nous avons tous entendu des histoires d'horreur au sujet de personnes victimes de combines et de machinations perfides de la part de consultants malhonnêtes. D'un bout à l'autre du Canada, les médias ont fait un excellent travail en braquant la lumière sur ces injustices. Je pense par exemple à la série de reportages intitulée Lost in migration, parue dans le Toronto Star, des reportages particulièrement percutants qui ouvrent les yeux.
Comme nous le savons, des personnes qui sont prêtes à tout pour immigrer dépensent des sommes faramineuses, parfois les économies de toute une vie, pour obtenir la promesse d'un emploi bien rémunéré, des visas de façon accélérée ou l'assurance d'obtenir des visas. Comme il arrive trop souvent, ces aspirants immigrants découvrent trop tard qu'on les a floués.
Ces cas de fraude et de tromperie sont trop fréquents, et ils ne devraient jamais être considérés comme étant inévitables. C'est pour cette raison que le gouvernement est déterminé à lutter contre toutes les formes de fraude en matière d'immigration et à prendre des mesures visant à mieux réglementer la profession de consultant en immigration. Le discours du Trône prononcé en mars réitère cet engagement.
J'aimerais ajouter que ce projet de loi important a été très bien accueilli, y compris par les victimes de fraude et les consultants en immigration légitimes. Par exemple, le président de l'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration a dit, et je cite: « Nous réclamons de tels changements depuis longtemps et nous les appuyons sans réserves ».
Le projet de loi a également reçu l'attention positive des médias, le 9 juin. Dans son éditorial, le Globe and Mail indique que les changements proposés constituent « un virage important par rapport au système d'auto-réglementation du secteur du conseil en immigration ». Et dans le Toronto Star, on a pu lire ceci: « Sévir contre les consultants en immigration véreux au Canada est une excellente idée et le gouvernement mérite des félicitations pour le virage qu'il amorce ».
Nous croyons que les modifications que nous proposons à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés au moyen de ce projet de loi protégeront mieux les gens des consultants malhonnêtes, partant, des préjudices et de la misère qu'ils causent.
J'espère que mes collègues de l'opposition accepteront de travailler de façon constructive avec le gouvernement afin que ce projet de loi soit adopté sans tarder à la Chambre, car en tant que législateurs, en tant que gouvernement et en tant que Parlement, nous avons l'obligation de défendre les personnes vulnérables et de faire en sorte que le Canada conserve sa réputation de pays ouvert aux nouveaux arrivants. Nous devons nous assurer que le système est fondé sur l'équité, la primauté du droit et la protection des personnes vulnérables. Nous croyons que ce projet de loi représente un grand pas dans cette direction.
:
Madame la Présidente, c'est avec grand plaisir que je prends la parole aujourd'hui, en qualité de nouveau porte-parole de l'opposition officielle en matière de jeunesse, de citoyenneté et d'immigration. J'ai déjà eu l'occasion de traiter de questions touchant la jeunesse à la Chambre, et parler aujourd'hui de la citoyenneté et de l'immigration, et plus particulièrement du projet de loi au sujet de la réglementation des consultants en immigration, est à la fois un honneur et un défi, car la façon dont nous traitons des questions touchant à la jeunesse et l'immigration aujourd'hui déterminera la prospérité future de notre pays.
La Chambre se querelle allègrement en ce moment à propos de la paperasse liée à l'enregistrement des armes d'épaule et du prix à payer pour certains avions et, bien que ces questions et d'autres soient légitimes et pressantes, je crains que, lorsque nous mettons autant d'énergie sur ce qui semble urgent, trop souvent nous négligeons le plus important.
[Français]
Le travail que nous faisons ici s'inscrit dans la longue histoire de ce beau pays qui est encore jeune. Au lieu d'essayer de toujours gérer au jour le jour, de crise en crise, nous nous devons de prêter plus attention à ce que nous bâtissons pour l'avenir. Une de nos plus grandes responsabilités dans cette Chambre est de préparer la relève, et cette relève se définit pas nos jeunes et nos nouveaux arrivants.
[Traduction]
Nous sommes un pays constitué d'immigrants. Que notre lignée familiale soit ici depuis des millénaires, des siècles, des décennies ou des semaines, nous sommes tous liés par un rêve commun, celui de bâtir une meilleure vie pour nous et pour les êtres qui nous sont chers. C'est la raison pour laquelle il peut être si décourageant de voir la politique de la division, le cynisme et la peur prendre autant de place dans notre discours national à un moment où nous devons nous inspirer de politiques axées sur l'espoir, les valeurs communes et la vision pour nous montrer dignes de ce que les générations qui nous ont précédés ont défendu, ont créé et nous ont légué.
Les discussions et les débats sur l'immigration ont toujours autant fait partie du paysage politique canadien que tout ce pour quoi nous nous sommes battus ensemble et il est toujours étonnant de voir à quel point les meilleurs d'entre nous ont toujours dit les mêmes choses. Si nous remontons 150 ans en arrière, quelques années avant la Confédération, Thomas D'Arcy McGee prônait un patriotisme canadien, pour tous ceux qui vivent dans notre pays, indépendamment de leurs origines. Je pense qu'il serait à propos que nous nous rappelions ses paroles maintenant:
Ô combien chers, et à juste titre, pour toute contrée sous le soleil, sont les enfants nés de son sein et nourris de son lait; mais quand l’homme d’un autre pays, où qu’il soit né, quelle que soit sa langue, de quelque confession qu’il soit, cherche un pays à servir, à honorer, et auquel il désire s’attacher, dans la joie comme dans le malheur, quand il lève l’ancre de son cœur pour quitter son port d’attache et aller présenter à la maîtresse de son choix — son nouveau pays — tous ses espoirs d’adulte accompli, il établit par sa dévotion un lien qui n’a rien à envier à celui des enfants de cette terre. Il est leur frère, né des entrailles sombres d’un navire d’outre-Atlantique qui lui redonne vie dans un monde nouveau; il devient, par son propre choix, un membre de la famille, et les gens de bien qui, au nom d’un patriotisme perverti, lui refuseraient tout ce qu’il demande seraient des esprits étroits et malavisés…
[Français]
Quelques décennies plus tard, Wilfrid Laurier expliquera que:
Nos compatriotes ne sont pas seulement ceux dans les veines de qui coule le sang de la France, ce sont tous ceux, quelle que soit leur race ou leur langue, que le sort de la guerre, les accidents de la fortune ou leur propre choix ont amenés parmi nous.
Si nous avions été créé en tant que pays par des identités multiples, nous sommes devenus aujourd'hui fort, non en dépit de nos différences, mais bien à cause d'elles. Notre avenir, l'avenir de notre société et de notre économie, l'avenir même de notre planète, dépendra entièrement de notre capacité de travailler ensemble, non pas pour éliminer ces différences, mais pour accepter ces différences et reconnaître que d'utiliser toute la diversité de perspectives et de propos qui nous entourent est la seule façon d'être à la hauteur de nos défis collectifs.
[Traduction]
Partout sur la Terre la mondialisation amène de multiples nationalités, identités, cultures, religions et groupes linguistiques à entrer en conflit avec les États tels qu'on les connaît maintenant. Quand les temps sont durs, on est tenté de faire jouer les différences, de blâmer les autres, ceux qui sont d'une autre identité, et de choisir de diviser pour régner au lieu de rassembler tous les intéressés. C'est une voie qui nous conduit aux plus grands dangers. Pour s’en convaincre, il suffit de penser aux terribles défis que nous devrons relever en tant que planète, concernant l’environnement, la pauvreté ou les droits de la personne, et aux difficultés normales que nous devrons surmonter du simple fait que nous devrons vivre ensemble, à neuf milliards d’individus dans un espace limité.
Le Canada peut et doit montrer que son identité nationale n’est pas une question de couleur, de langue, de religion ou même de culture. Les valeurs que nous partageons sont les fondements de notre identité nationale, des valeurs comme l’ouverture, la compassion, le respect d’autrui et la primauté du droit, enfin non seulement la volonté de travailler fort pour réussir, mais aussi le désir d’être là pour les autres en période de difficulté, de défendre les plus vulnérables d’entre nous. C'est ce qui définit les Canadiens d’un océan à l’autre. Plus nous ferons jouer nos différences, moins nous serons capables de nous élever à la hauteur des défis qui nous attendent.
C'est pourquoi il est si important que notre approche en matière d'immigration soit juste, à la Chambre bien sûr, mais aussi lorsque nous en parlons comme collectivité dans nos foyers d'un bout à l'autre du pays. Nous devons éviter de céder facilement à la polarisation. Notre économie dépend de l'immigration, mais nous pouvons nous présenter comme exemple au reste du monde. Cela signifie que nous devons être justes et c'est pourquoi, de ce côté-ci de la Chambre, nous, députés libéraux, sommes ravis du projet de loi sur les consultants en immigration. C'est une question qui touche au coeur même de la justice du pays dont nous sommes si fiers.
Pensons aux citoyens de pays éloignés qui prennent la responsabilité de chercher une vie meilleure, pour eux et pour leurs proches. Ils peuvent prendre cette décision pour des raisons négatives, comme la guerre, l'oppression ou la famine, ou pour des raisons positives, comme la recherche de nouvelles perspectives ou la possibilité de réaliser leurs espoirs et leurs rêves. Ils prennent la décision difficile de se déraciner de tout ce qu'ils connaissent et de leur passé pour traverser les océans et commencer une nouvelle vie.
Il s'agit d'une période de grande vulnérabilité et d'incertitude, et il est parfaitement normal et naturel que les gens qui vivent cette situation cherchent de l'aide afin d'essayer de comprendre comment ils arriveront à s'en tirer dans un pays dont ils connaissent peu les coutumes et dont la langue leur pose des difficultés. Peut-être qu'ils ne comprennent même pas le processus. Dans ce moment de grande vulnérabilité où ils demandent de l'aide, ils peuvent malheureusement prendre des décisions qui, au lieu de les aider, les mèneront à l'écroulement de leurs rêves.
Je suis certain que nous avons tous rencontré des électeurs bien intentionnés, des gens qui demandent notre aide, qui ont suivi les conseils de consultants sans scrupules et qui ont trafiqué la vérité dans leur formulaire de demande ou fait de fausses déclarations au sujet de leur souhait de venir au Canada. Du coup, leur dossier est irrémédiablement entaché et tout espoir de faire partie de ce grand pays, de cette collectivité que nous avons bâtie pour l'avenir, est balayé.
Depuis ma récente élection, plus de 500 dossiers d'immigration sont passés par mon bureau de circonscription. Trop souvent, il s'agit de plaintes concernant le coût du processus. Les gens ne se plaignent pas des frais associés au traitement des demandes ou aux examens médicaux. Ils ne se plaignent pas non plus du travail difficile que nos fonctionnaires accomplissent dans nos bureaux à l'étranger. Leur irritation vient plutôt des sommes exorbitantes qu'ils avaient dépensées en faisant confiance à des individus qui leur avaient promis la lune, mais qui n'ont pas tenu leur promesse.
Il s'agit là d'un problème qui a longtemps été soulevé à la Chambre. C'est pourquoi, en 2002, le Comité de l'immigration s'est penché sur la question. Le gouvernement libéral a par la suite constitué en vertu d'une loi fédérale la Société canadienne de consultants en immigration, un organisme indépendant du gouvernement, sans but lucratif et chargé de réglementer les activités de ses membres qui offraient des conseils en immigration moyennant rémunération. Malheureusement, la SCCI n'a pas reçu le mandat d'enquêter et de prendre des mesures disciplinaires. Son mandat ne lui permet pas non plus de procéder à des vérifications, d'assigner à témoigner ou de saisir des documents. De plus, elle ne dispose pas des ressources nécessaires pour surveiller adéquatement les consultants en immigration.
Depuis la création de cet organisme, nous constatons malheureusement régulièrement que des individus peu scrupuleux, tant au Canada qu'à l'étranger, se font passer pour des consultants en immigration et bernent des immigrants en leur demandant des frais exorbitants. Ces consultants fantômes demeurent un problème et les consultants qui respectent les règles craignent que ces escrocs ne ternissent l'image de leur profession et nuisent à leur capacité de bien faire leur travail, qui consiste à protéger les immigrants au moment où les espoirs et les besoins de ces derniers sont les plus grands.
[Français]
En 2008, le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration a publié un rapport qui faisait neuf recommandations pour améliorer le processus. D'abord, le comité reconnaissait que le Québec conserverait la responsabilité de gérer les consultants sur son territoire.
En ce qui a trait à une nouvelle approche pour la régulation des consultants, le comité a fait des recommandations afin, entre autres, de donner plus de pouvoirs d'investigation et de sanction envers ces membres qui ne méritent pas la confiance que placent en eux ceux qui désirent venir au Canada.
Le comité voulait aussi améliorer la capacité du gouvernement à veiller sur le travail que font ces régulateurs. On a aussi recommandé d'améliorer les communications avec des demandeurs potentiels qui sont, comme on l'a dit, si vulnérables.
C'est en réponse à ce rapport que le gouvernement dépose maintenant le projet de loi .
[Traduction]
Le gouvernement prétend que le projet de loi éliminerait certaines échappatoires qu'exploitent actuellement les consultants malhonnêtes et permettrait d'améliorer la réglementation visant les consultants en immigration. La mesure législative proposée modifierait la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés de telle sorte que seuls les avocats, les notaires et les consultants membres en règle d'un organisme autorisé par le ministre pourraient conseiller ou représenter des immigrants à l'une ou l'autre étape d'une demande ou d'une instance.
C'est important parce qu'en ce moment, la loi ne réglemente pas les activités des consultants pendant la période qui précède la présentation de la demande ni à l'étape de la demande. Même si cela ne se trouve pas dans le projet de loi lui-même, le gouvernement a déclaré publiquement que les peines pourraient être un emprisonnement maximal de deux ans ou une amende de 50 000 $ ou les deux. La mesure est positive, mais plutôt que de proposer une loi visant uniquement à créer un organisme de réglementation des consultants en immigration, comme le recommandait le Comité de la citoyenneté et de l'immigration, le gouvernement a décidé de modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en changeant la manière de réglementer les tiers. Il a lancé un processus public de sélection où les organismes, dont l'organisme de réglementation actuel, sont en concurrence pour devenir l'organisme indépendant de réglementation. Le projet de loi donne au ministre le pouvoir de désigner un organisme par voie de réglementation plutôt que par voie législative.
Beaucoup d'intervenants ont dit craindre que la décision de changer d'organisme de réglementation par règlement plutôt que par voie législative n'amènera pas le niveau de gouvernance et de surveillance nécessaire. On craint également que le nouvel organisme n'ait toujours pas le pouvoir de sanctionner les consultants en immigration qui n'en sont pas membres et qu'il n'ait pas les pouvoirs d'exécution suffisants face à ses membres.
Le projet de loi permettrait aussi à Citoyenneté et Immigration Canada de divulguer de l'information sur le comportement éthique et professionnel d'un consultant en immigration aux responsables de la surveillance de cette conduite et porterait le délai permettant d'intenter des poursuites contre des individus de six mois à cinq ans.
Ce sont là des améliorations. Nous restons cependant très préoccupés par le fait qu'aucune ressource n'ait été rendue disponible pour l'organisme de réglementation et l'Agence des services frontaliers afin, par exemple, d'exécuter les sanctions contre les faux consultants et les consultants légitimes, mais indisciplinés. Nous craignons de ne jamais voir les dispositions absentes qui donneraient à l'organisme un véritable pouvoir de réprimande de ses membres.
Toutefois, je suis en faveur du renvoi du projet de loi au comité parce que je crois à la sécurité de nos futurs Canadiens et des familles et amis des nouveaux Canadiens. Je voterai en faveur du projet de loi parce que je veux que nous protégions les immigrants vulnérables contre les individus peu scrupuleux qui utilisent le processus d'immigration pour s'emparer des économies des gens.
Je voterai en faveur du projet de loi en espérant que les députés de tous les partis collaboreront au comité et apporteront au projet de loi des amendements susceptibles d'en faire une bonne loi qui sert bien les intérêts du Canada. Les Canadiens et, plus précisément, les habitants de ma circonscription, , veulent que tous les parlementaires collaborent. C'est dans un tel esprit que j'appuierai le projet de loi parce que, dit simplement, une grande partie de notre identité canadienne c'est que nous faisons tout ce que nous pouvons pour protéger les plus vulnérables d'entre nous.