Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait, tel que le propose le Bloc Québécois depuis longtemps et maintenant le député de Beauce, mettre fin au soi-disant pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence du Québec et des provinces, éliminer les programmes fédéraux qui violent la division des pouvoirs et transférer des points d’impôt aux provinces et ce, de la façon suivante : a) en éliminant toutes les dépenses effectuées par le gouvernement fédéral dans un champ de compétence du Québec et des provinces, à moins d’une autorisation expresse du Québec ou de la province; b) en prévoyant un droit de retrait systématique avec pleine compensation financière et sans condition, pour tous les programmes existants ou non, cofinancés ou non, qui empiètent dans les champs de compétence du Québec et des provinces; c) en transférant, à la demande du Québec ou d’une province, un espace fiscal sous la forme de points d’impôt et/ou de TPS afin de remplacer les sommes que cette province aurait autrement reçues en vertu du transfert canadien en santé, des programmes fédéraux dans ses champs de compétence, de même qu’en vertu du transfert pour les programmes sociaux et l’éducation postsecondaire au niveau indexé de 1994-1995.
— Monsieur le Président, en 1867, le peuple québécois n'a pas été consulté, à savoir s'il désirait ou non adhérer à la Confédération, mais pour lui dorer la pilule en quelque sorte, on lui avait promis qu'il serait souverain dans plusieurs domaines et qu'il pourrait utiliser cette souveraineté partielle pour se développer comme société. C'est d'ailleurs ce que laissait entendre l'emploi du mot « confédération » plutôt que « fédération ». C'est à cette condition que le Québec a adhéré au Canada.
Or, Ottawa n'hésite pas à envahir les champs de compétence exclusifs du Québec. La politique familiale, la santé, l'éducation ou encore le développement régional sont quelques-uns des exemples les plus frappants de l'ingérence du fédéral. En 2008-2009, le gouvernement fédéral a dépensé plus de 60 milliards de dollars dans les domaines qui relèvent du Québec et des provinces. Cette situation est clairement intolérable.
Rappelons que le gouvernement conservateur s'était engagé en 2006 à encadrer le prétendu pouvoir fédéral de dépenser, mais il n'a jamais agi jusqu'ici. La semaine dernière, son député de allait plus loin et proposait l'élimination pure et simple de ce prétendu pouvoir fédéral de dépenser comme solution aux chicanes constitutionnelles. C'est ce que le Bloc québécois réclame aujourd'hui dans le cadre de cette motion et c'est aussi ce que propose le projet de loi qu'a déposé ma collègue de en avril dernier.
La motion s'articule autour de trois axes. D'abord, l'abolition explicite du droit que s'est arrogé Ottawa de dépenser dans des domaines qui ne relèvent pas de ses compétences. Ensuite, nous demandons un droit de retrait systématique pour le Québec, inconditionnel et avec pleine compensation. Finalement, nous demandons une compensation qui prendrait la forme de points d'impôt afin d'éviter qu'Ottawa ne détermine les montants que le Québec consacre à ses différentes responsabilités.
La Chambre des communes a finalement reconnu que la nation québécoise existe. Or, reconnaître l'existence d'une nation, c'est plus qu'un acte symbolique. Les nations comme les personnes ont des droits fondamentaux et le plus fondamental d'entre eux, c'est le droit pour une nation de contrôler elle-même le développement social, économique et culturel de sa propre société, c'est-à-dire le droit à l'autodétermination. On ne peut pas, d'un côté, reconnaître que la nation québécoise existe et a le droit de faire des choix différents de ceux du Canada et, de l'autre, lui nier en pratique ce droit en maintenant le pouvoir fédéral de dépenser. Le pouvoir de dépenser, c'est la négation même de la nation québécoise.
Mais revenons à la récente déclaration du député de . Il est rare que je sois d'accord avec le député de , mais je constate qu'il s'est enfin rangé du côté du Bloc québécois et j'espère qu'il saura convaincre son parti d'appuyer enfin la motion d'aujourd'hui.
Voici ce que déclarait le député de le 13 octobre dernier. Il citait lui-même Sir Wilfrid Laurier. Le député de a dit que dans un discours prononcé devant l'Assemblée législative du Québec en 1871, Laurier a déclaré:
Pour que le système [fédératif] ne soit pas un vain mot, pour qu'il produise les résultats qu'il est appelé à produire [c'est Laurier qui parle], il faut que les législatures soient indépendantes les unes des autres, non pas seulement de droit, mais de fait; il faut surtout que la Législature locale soit complètement à l'abri de tout contrôle de la Législature fédérale. Si de près ou de loin, la Législature fédérale exerce le moindre contrôle sur la Législature locale, alors ce n'est plus en réalité l'union fédérative que vous avez, vous avez l'union législative sous une forme fédérative.
C'est la fin de la citation de Sir Wilfrid Laurier mentionné par le député de .
Le député de concluait:
Il est clair que ce que Laurier craignait est malheureusement devenu réalité. Ottawa exerce aujourd’hui beaucoup plus que « le moindre contrôle » sur les législatures locales. Le gouvernement fédéral intervient massivement dans les champs de compétence provinciale, en particulier en santé et en éducation, deux domaines où ses interventions n’ont absolument aucune légitimité constitutionnelle. Nous sommes loin des intentions des Pères de la Confédération. Le but de la loi de 1867 n’était pas de subordonner les gouvernements provinciaux à une autorité centrale, mais plutôt d’avoir des provinces souveraines dans les limites de leurs pouvoirs, s’occupant des questions locales qui touchent directement les citoyens; et un gouvernement fédéral souverain dans les limites de ses propres pouvoirs, s’occupant des questions générales d’intérêt national.
Il n'y a pas que le député de et le Bloc québécois qui contestent la légitimité et l'existence même du pouvoir fédéral de dépenser, mais aussi tous les gouvernements du Québec, et cela, peu importe leur allégeance. Pourquoi? Parce que les dépenses fédérales qui empiètent sur les compétences des provinces nient le partage des pouvoirs au Canada. En principe, les deux ordres du gouvernement du Canada sont égaux et aussi souverains l'un que l'autre, chacun dans leurs domaines respectifs. Le partage des compétences est supposé être étanche pour éviter que la nation majoritaire, la nation canadienne, n'impose ses vues à la nation minoritaire, la nation québécoise.
Le partage des pouvoirs de 1867 entre Ottawa et les provinces est assez simple si on le replace dans le contexte du XIXe siècle. Si une question touchait directement les gens et leur façon d'organiser leur société, elle relevait du Québec et des provinces. C'était le cas, par exemple, des lois civiles qui codifient les rapports que les gens entretiennent entre eux, de l'organisation de la société par le biais des programmes sociaux, de la santé, de l'éducation, des questions culturelles, etc.
Si, par contre, une question ne touchait pas directement les gens ou l'organisation interne de leur société, elle pouvait être fédéralisée. C'était le cas de la politique monétaire, du commerce international, et de la réglementation générale du commerce et de l'industrie. En 1867, le Québec n'était pas vraiment industrialisé et cette question ne touchait pas beaucoup les gens. Ainsi, les Québécoises et les Québécois pensaient avoir acquis l'autonomie nécessaire pour organiser eux-mêmes, sans ingérence extérieure, leur propre société. Et c'est sur cette base que le Québec a accepté d'entrer dans la fédération canadienne en 1867.
Or les dépenses fédérales qui empiètent sur les compétences des provinces remettent en cause le partage des pouvoirs et l'autonomie du Québec. En fait, c'est le pacte à la base de la fédération canadienne que le Canada nie quotidiennement depuis trois générations en s'ingérant sans compter dans les compétences du Québec.
Benoît Pelletier, l'ancien ministre québécois des Affaires intergouvernementales sous Jean Charest, mentionnait ce qui suit:
J'ai [...] beaucoup de mal à concilier les valeurs à l’origine de la fédération canadienne avec l’idée d’un pouvoir fédéral de dépenser qui ne soit nullement soumis au partage des compétences.
C'est pour cette raison que le rapport Séguin estimait à son tour:
Le « pouvoir fédéral de dépenser » répond à une logique unique: il s'agit pour le gouvernement fédéral, d'intervenir dans des champs de compétence des provinces sans avoir à obtenir pour cela l'adoption d'un amendement de la Constitution.
On pourrait ajouter « sans avoir à obtenir l'autorisation de l'Assemblée nationale du Québec ». Bref, le pouvoir fédéral de dépenser est la façon par laquelle le Canada anglais a unilatéralement mis fin au pacte en vertu duquel le Québec a accepté de faire partie du Canada. Par le pouvoir de dépenser, il a pu, unilatéralement, changer le partage des pouvoirs à son profit sans avoir à passer par la lourde procédure d'amendements constitutionnels.
Il y a maintenant un consensus au Québec. Le pouvoir de dépenser est illégitime. Le Québec a toujours estimé que le pouvoir de dépenser n'était rien d'autre qu'un pouvoir de mise en oeuvre, c'est-à-dire un pouvoir d'imposer des politiques, finalement.
C'est pourquoi le Québec soutient que le pouvoir fédéral de dépenser se limite au domaine où le Parlement fédéral a une compétence législative. Aussi, le Québec, tous gouvernements confondus, soutient-il avec constance que ce pouvoir qu'Ottawa prétend avoir de dépenser dans tous les domaines où il désire le faire n'existe tout simplement pas et que les interventions fédérales dans les domaines relevant de la compétence du Québec sont carrément contraires à la Constitution.
Les ingérences fédérales prouvent en fait que le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. Le déséquilibre fiscal, c'est le fait pour Ottawa de prélever plus d'impôt que ce dont il a besoin pour assumer ses propres responsabilités, ce qui fait, dans le cas du Québec, que le Québec ne dispose plus de l'espace fiscal nécessaire pour financer lui-même ses propres activités d'une manière autonome.
Tant qu'Ottawa a les moyens de dépenser dans des domaines qui relèvent des provinces, le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. Quand les députés conservateurs disent que le déséquilibre fiscal est maintenant réglé, ils n'ont rien compris. Il n'y a pas de règlement du déséquilibre fiscal si on ne met pas fin au pouvoir fédéral de dépenser dans des domaines qui empiètent dans les compétences du Québec et des provinces.
Comme le mentionnait la Commission Séguin, et je la cite:
[...] la problématique du pouvoir fédéral de dépenser est ainsi étroitement liée à toute discussion concernant le déséquilibre fiscal. L'utilisation du soi-disant pouvoir fédéral de dépenser se nourrit des ressources excédentaires que le gouvernement fédéral contrôle.
C'est ce que concluait la Commission.
Or, le Québec n'a pas l'intention d'être un simple sous-traitant d'Ottawa. Non, le déséquilibre fiscal n'est pas réglé, en fait, il empire. De plus en plus, à cause du déséquilibre fiscal et de son rejeton, soit le pouvoir de dépenser, le gouvernement du Québec est relayé au rang de sous-traitant du gouvernement fédéral. Par ses ingérences et ses transferts conditionnels, Ottawa dicte au Québec les priorités et les choix du Canada.
La situation a pris une telle ampleur que les revenus autonomes du Québec ont atteint un creux historique en 2009-2010, alors que le quart de l'enveloppe budgétaire du Québec était en fait contrôlée par le gouvernement fédéral. Il apparaît plus que jamais nécessaire que le fédéral cède au Québec la TPS ainsi qu'une partie de l'impôt des particuliers afin que le Québec puisse sortir de sa dépendance face aux transferts fédéraux et aux humeurs d'Ottawa.
En 2006, comme je le disais tout à l'heure, la Chambre des communes a finalement reconnu l'existence de la nation québécoise. Or, reconnaître l'existence d'une nation, c'est plus qu'un acte symbolique. Les nations, comme les personnes, ont des droits fondamentaux, et le plus fondamental d'entre eux pour une nation c'est son droit de contrôler elle-même son développement social, économique et culture, c'est-à-dire le droit à l'autodétermination.
On ne peut pas, d'un côté reconnaître, que la nation québécoise existe et a le droit de faire des choix différents de ceux du Canada, ce qui est le propre d'une nation, et d'un autre côté, lui nier ce droit en maintenant le pouvoir fédéral de dépenser. Le pouvoir de dépenser, en fait, c'est la négation de la nation québécoise.
Le prétendu encadrement du pouvoir de dépenser qu'on retrouvait dans le discours du Trône de 2007, qui avait d'ailleurs fait l'objet de promesses formelles de la part des conservateurs et qui continue à faire l'objet de telles promesses depuis, n'est que une phrase creuse.
Je cite le discours du Trône de l'automne 2007, où l'on dit:
[...] notre gouvernement déposera un projet de loi qui imposera des limites explicites à l'utilisation du pouvoir fédéral de dépenser pour des nouveaux programmes à frais partagés dans les compétences exclusives des provinces. Cette loi autorisera les provinces et les territoires à se retirer de ces nouveaux programmes, avec juste compensation, s'ils en offrent qui sont compatibles.
Or remarquons bien que l'offre ou l'engagement du gouvernement compris dans ce texte se limite aux nouveaux programmes, alors qu'il dépense déjà 62 milliards de dollars dans des domaines ne relevant pas de lui. C'est le chiffre de 2008-2009. Ce montant équivaut à peu près à l'ensemble du budget du Québec, qui était de 65 milliards de dollars pour la même année, de l'argent qu'Ottawa dépense dans des domaines relevant du Québec et des provinces. Le discours du Trône laisse tout cela se perpétuer. De plus, celui-ci ne traite que des nouveaux programmes à frais partagés, alors que ces derniers n'existent presque plus. Par exemple, comme l'agriculture est une compétence partagée, le Cadre stratégique pour l'agriculture n'est pas couvert par l'engagement du discours du Trône. Aussi, en ce qui concerne le Programme infrastructures Canada, comme le Québec a déjà obtenu le droit de sélectionner lui-même les projets, le discours du Trône ne vient rien y changer.
Il n'y avait donc rien, absolument rien dans le discours du Trône, que des phrases creuses. En fait, c'était une réédition d'un discours du Trône de Jean Chrétien, qui disait à peu près la même chose en 1996, et qui, bien sûr, n'a rien fait.
C'est la même chose que l'union sociale du député de , par laquelle les provinces canadiennes, sauf le Québec, ont accepté de confier le leadership à Ottawa en matière de politique sociale.
Le projet de loi que le Bloc québécois a déjà déposé est une offre d'accommodement raisonnable. Nous sommes conscients que les Canadiens ne veulent pas annuler complètement le pouvoir fédéral de s'ingérer. Lorsque je parle des Canadiens, je ne parle évidemment pas des Québécois, mais plutôt des autres Canadiens. Ceux-ci souhaitent habituellement que le gouvernement central puisse fixer les orientations et les priorités pour tout le pays, dans tous les domaines. Agir de cette façon n'est pas conforme à la promesse faite au Québec il y a 140 ans. Par contre, cela correspond à la vision qu'ont les Canadiens du Canada. Pour qu'Ottawa mette fin à ses interventions dans les domaines relevant des compétences du Québec, le Bloc québécois a donc soumis, en avril 2010, le projet de loi , dont je viens de parler, sur l'élimination du pourvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence du Québec.
En droite ligne avec notre projet de loi, la motion d'aujourd'hui propose un compromis en disant qu'Ottawa devrait au minimum accorder au Québec un plein droit de retrait pour toute dépense fédérale dans un domaine empiétant sur les champs de compétence des provinces. Les Canadiens pourront continuer à nier le partage des pouvoirs chez eux, mais pas au Québec.
Un député du Parti conservateur a entendu l'appel du Bloc québécois. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Quelques mois seulement après le dépôt de notre projet de loi, le député de la circonscription de a repris, presque mot pour mot, les revendications du Bloc québécois. Il affirme:
Cependant, de nombreux autres programmes, des allocations familiales aux subventions aux universités en passant par l’assurance hospitalière, ont été mis en place malgré le fait que cela violait la division constitutionnelle des pouvoirs. [...]
Cette intrusion dans les champs de compétence provinciale a été réalisée par l’entremise du soi-disant pouvoir fédéral de dépenser.
Aucune clause constitutionnelle permettant de légitimer ce pouvoir de dépenser n’a jamais été adoptée. La Cour suprême ne l’a jamais explicitement reconnu non plus. Le gouvernement fédéral était sûrement conscient du fait que le pouvoir de dépenser dans des champs de compétence provinciale n’existe pas dans la Constitution, [...]
Mettre fin au pouvoir fédéral de dépenser, éliminer les programmes fédéraux qui violent la division des pouvoirs et transférer des points d’impôt aux provinces serait une solution idéale selon plusieurs points de vue.
C'est aussi le nôtre. Par conséquent, le gouvernement conservateur est invité à appuyer notre projet de loi . J'invite aussi les députés conservateurs et ceux de tous les partis à appuyer la motion que j'ai présentée ce matin.
:
Monsieur le Président, je remercie la Chambre de me donner l'occasion de dire que je suis contre — et j'insiste sur le mot « contre » — la motion présentée aujourd'hui par le Bloc québécois. Il s'agit d'une autre tentative très décevante et à peine voilée des députés du Bloc en vue de justifier désespérément leur présence à Ottawa après 20 longues années consécutives passées dans l'opposition. C'est d'ailleurs là qu'ils sont condamnés à rester s'ils continuent de présenter des motions comme celle-ci. Au cours de ces 20 longues années, le Bloc n'a obtenu absolument aucun résultat concret.
Je sais que le Bloc ne l'admettra jamais, mais après seulement cinq ans, notre gouvernement et nos députés conservateurs québécois, comme le député de , en ont fait beaucoup plus pour leur province que le Bloc n'arrivera jamais à en faire. De plus en plus de Québécois se rendent aussi compte de cela.
Le Bloc ne l'admettra jamais non plus, mais le député de , mon ancien collègue au sein du Comité des finances, fait un excellent travail pour ses électeurs au Parlement. Son rendement est tellement remarquable que, lors des dernières élections, pas moins de 60 p. 100 des électeurs de sa circonscription ont voté pour lui, alors que le candidat du Bloc devait se contenter des miettes, soit à peine 13 p. 100. De toute évidence, de plus en plus de Québécois tournent le dos au Bloc pour appuyer notre gouvernement conservateur, qui agit dans leur intérêt.
Nous faisons preuve de leadership en matière économique. Nous avons réglé le déséquilibre fiscal. Nous avons fait énormément de choses pour les Québécois et, en fait, tous les Canadiens.
En tête de la liste des réalisations du gouvernement conservateur figurent les mesures décisives que nous avons prises pour supprimer le déséquilibre fiscal au Québec et dans l'ensemble des provinces et territoires. Le gouvernement libéral précédent avait sabré l'appui aux provinces et aux territoires en réduisant littéralement de dizaines de milliards de dollars les transferts au titre de la santé et des programmes sociaux. Soyons clairs, Jean Chrétien et Paul Martin ont fait des coupes sans précédent dans les transferts, ce qui a entraîné des problèmes d'envergure dans les écoles et les hôpitaux d'un océan à l'autre. Il ne s'agit pas là d'un héritage positif.
J'ose espérer que l'ensemble des députés libéraux ont honte de cet héritage, mais je leur demande de réfléchir à ce que deux anciens premiers ministres ont dit à cet égard. Permettez-moi en premier lieu de citer les propos d'un ancien premier ministre de l'Ontario:
Quand le gouvernement fédéral [libéral] a décidé, dans sa grande sagesse, de faire des coupes unilatérales, surtout dans le domaine de l'aide sociale, cela a eu un effet dévastateur sur les gens de [l'Ontario].
En second lieu, un ancien premier ministre de la Colombie-Britannique a dit que les excédents budgétaires enregistrés sous la direction de MM. Chrétien et Martin avaient été réalisés aux dépens des provinces et des territoires au moyen de coupes dans les paiements de transfert.
Qui plus est, si les députés libéraux souhaitent en savoir davantage au sujet du véritable bilan des gouvernements libéraux, ils devraient s'adresser à ces deux anciens premiers ministres. Ils n'auront pas à aller très loin parce que cet ancien premier ministre de l'Ontario est un de leurs collègues du caucus libéral, en l'occurrence le député de , et que l'ancien premier ministre de la Colombie-Britannique, le député de fait lui aussi partie du caucus libéral.
Toutefois, si les députés libéraux n'accordent pas foi à ces collègues, ils peuvent s'adresser à un autre collègue libéral, auparavant porte-parole libéral en matière de finances, le député de , qui, pas plus tard que cette année, a dit ceci:
Rétrospectivement, je pense que le gouvernement Chrétien -- même si je suis député libéral -- a peut-être effectué des compressions trop importantes, et qu'il a trop refilé ses responsabilités. Cela a eu quelques répercussions négatives.
Si les députés libéraux ne croient pas non plus leur ancien porte-parole en matière de finances, ils peuvent consulter l'actuel porte-parole en matière de finances, le député de . Voici ce qu'il avait à dire sur la question:
Le gouvernement [libéral] a équilibré son budget en sabrant les transferts aux provinces, qui ont été forcées de faire des déficits [...] Les systèmes de santé et d'éducation ont été plongés dans une crise parce que le gouvernement fédéral a été incapable de s'imposer un régime d'austérité plus sévère et n'a pas su assumer ses responsabilités.
Sans aucun doute, le problème n'est pas présent aujourd'hui, mais c'est ce qui s'est passé sous le gouvernement libéral précédent. On voit encore des traces de l'héritage dévastateur laissé par les libéraux. En fait, chaque année lors des consultations prébudgétaires du Comité des finances, les témoins qui se succèdent parlent de la dévastation causée par les libéraux.
Voici ce qu'a dit le représentant de l'Alliance canadienne des associations étudiantes au Comité des finances:
Au milieu des années 1990, le gouvernement fédéral a choisi de sabrer dans le financement de l'éducation pour tenter de réduire le déficit budgétaire. À la suite de ces compressions, le Canada a vécu un exode de cerveaux....
Pour sa part, la Fédération canadienne des municipalités dit:
[...] les erreurs des années 1990, où les gouvernements fédéral et provinciaux ont effacé leur déficit en les refilant aux villes et aux collectivités. Le tort que cela a fait aux villes du Canada est toujours visible.
Empirant les choses, les députés libéraux ont nié et, ce qui est encore plus scandaleux, ils se sont moqués de l'existence d'un prétendu déséquilibre fiscal lorsqu'ils étaient au pouvoir. Permettez-moi de vous lire un communiqué de presse provenant de l'ancien ministre libéral des Affaires intergouvernementales, dans lequel le gouvernement se moquait cavalièrement des préoccupations des provinces et des territoires:
On verra que, plutôt que de déséquilibre fiscal, c'est de la responsabilité collective de nos gouvernements dont il faut parler [...] [L]e slogan : l'argent est à Ottawa, les besoins sont dans les provinces [...] ne correspond pas à la réalité. Il n'y a pas de déséquilibre fiscal.
Mais ce qui est étonnant et décevant pour les Québécois, c'est que le Bloc n'a pas réussi à freiner le gouvernement libéral et à régler le problème du déséquilibre fiscal. M'étant rendu compte que de plus en plus de Québécois avaient commencé à remettre en question l'appui qu'ils avaient accordé au Bloc devenu aussi dépassé qu'inefficace, je suis heureux de souligner que les Québécois ont tourné le dos au Bloc et aidé à élire un fort groupe de députés conservateurs de leur province, et ce faisant, un nouveau gouvernement conservateur ici à Ottawa.
Je suis également heureux de souligner qu'en deux ans à peine, nous avons fait un pas de géant pour régler le déséquilibre fiscal et augmenter considérablement les paiements de transfert aux provinces et aux territoires. En fait, en 2006, notre nouveau gouvernement conservateur fut le premier de toute l'histoire du Canada à reconnaître l'existence d'un déséquilibre fiscal. Un an plus tard seulement, dans le budget de l'année 2007, nous avons pris des mesures en vue de rétablir l'équilibre fiscal en adoptant un plan complet qui a permis d'assurer pour le long terme un appui du gouvernement fédéral aux provinces et aux territoires prévisible et fondé sur des principes, un plan qui garantissait que les provinces et territoires recevraient un financement et des paiements de transfert accrus.
Je note, à l'intention de mes collègues bloquistes, que l'ancien ministre des Finances du Québec, Yves Séguin, a loué les mesures que nous avons prises en affirmant qu'elles apportaient un redressement significatif au déséquilibre fiscal, un irritant de longue date.
Le respecté chroniqueur spécialisé en économie de La Presse, Claude Piché, a fait écho à ces éloges lorsqu'il a affirmé que les mesures prises abordaient la question des transferts fédéraux-provinciaux de manière crédible et cohérente.
En effet, sous la direction du gouvernement conservateur, le soutien fédéral aux provinces et aux territoires est resté fort. Il n'a jamais été aussi élevé et il continuera d'augmenter. Par exemple, Québec recevra en 2010-2011 un soutien accru grâce à d'importants transferts fédéraux totalisant 17,2 milliards de dollars, soit une augmentation de 5,2 milliards de dollars, ou 44 p. 100, par rapport aux montants versés par l'ancien gouvernement libéral. Cette somme comprend 8,5 milliards de dollars au titre de la péréquation, soit 3,7 milliards de dollars, ou 78 p. 100, de plus que sous les libéraux. Elle comprend également 6,1 milliards de dollars au titre du Transfert canadien en matière de santé, soit 1 milliard de dollars, ou 21 p. 100, de plus que sous les libéraux, et 2,6 milliards de dollars au titre du Transfert canadien en matière de programmes sociaux, ce qui représente une augmentation de 441 millions de dollars, ou 21 p. 100, par rapport au temps où les libéraux étaient au pouvoir.
Ce soutien à long terme aide à faire en sorte que le Québec dispose des ressources nécessaires afin de fournir des services publics essentiels comme les soins de santé, l'éducation postsecondaire et d'autres services sociaux.
Par ailleurs, comme nous l'avons répété à maintes reprises, contrairement au gouvernement libéral précédent, nous ne réduirons pas les transferts aux autres ordres de gouvernement en vue d'équilibrer le budget. C'est là un engagement opportun et rassurant que même le premier ministre Jean Charest a bien accueilli. Voici ce qu'il a dit: « Nous sommes satisfaits des assurances données par le fédéral. »
Pendant que le Bloc québécois présente des motions comme celle-ci, qui, comme je disais, ne sont rien de plus que des petits jeux politiques à peine voilés, le gouvernement conservateur se concentre sur ce qui compte vraiment aux yeux de tous les Canadiens, y compris les Québécois, à savoir l'économie. Nous reconnaissons tous que la reprise économique mondiale est fragile. Le Canada subira les contrecoups de la conjoncture économique par-delà nos frontières, notamment aux États-Unis. C'est pourquoi notre gouvernement fait de l'économie, et de la mise en oeuvre du Plan d'action économique du Canada, sa priorité centrale.
Le Plan d'action économique du Canada a manifestement un effet positif. Des fonds sont affectés à plus de 23 000 projets générateurs d'emplois, dont près de 97 p. 100 ont été réalisés ou sont en cours de réalisation un peu partout au Canada.
Notre plan d'action donne de bons résultats et il procure de la stabilité à notre économie. Nous avons contribué à créer 400 000 nouveaux emplois depuis juillet 2009. Nous avons accordé aux Canadiens des réductions d'impôt généralisées. Nous avons revitalisé nos infrastructures.
En effet, bien que la reprise demeure fragile à l'échelle mondiale, l'économie du Canada est relativement solide, à telle enseigne que le FMI et l'OCDE prévoient que le Canada aura la meilleure croissance des pays industrialisés cette année et l'année prochaine. Ce n'est pas un hasard.
Notre Plan d'action économique donne des résultats et il fait travailler des Canadiens d'un bout à l'autre du pays, y compris au Québec. J'aimerais évoquer quelques projets qui illustrent bien comment le budget de 2010, l'an deux du Plan d'action économique du Canada, aide les familles et les travailleurs québécois à traverser la crise économique.
D'abord et avant tout, le Plan d'action économique du Canada investit des sommes sans précédent dans les infrastructures au Québec. Voici quelques exemples de projets: des travaux au port de Trois-Rivières, notamment l'aménagement du site en vue d'améliorer la capacité d'entreposage et de rehausser la sécurité aux nouvelles frontières du port, l'agrandissement de la bibliothèque Monique-Corriveau, à Québec, et la réfection d'une piscine intérieure et d'un centre culturel, à Beauceville.
Les banlieusards de la région de Montréal bénéficieront des 50,5 millions de dollars additionnels, alloués sur les deux prochaines années à la société Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée. Ces fonds permettront à la société d'engager les dépenses en capital nécessaires pour maintenir la sécurité de ses ponts, qui comptent parmi les plus achalandés du Canada.
Les collectivités éloignées bénéficieront d'un investissement de 18 millions de dollars sur les deux prochaines années, investissement qui contribuera à financer les besoins en capital et les besoins opérationnels de Transport ferroviaire Tshiuetin, qui exploite un service ferroviaire voyageurs dans l'Ouest du Labrador et le Nord-Est du Québec. Des collectivités et des entreprises du Québec bénéficieront des 28 millions de dollars alloués pour l'exploitation de services de traversiers dans le Canada atlantique, notamment celui entre les Îles-de-la-Madeleine, au Québec, et Souris, à l'Île-du-Prince-Édouard.
À ma grande stupeur, le Bloc a voté contre le Plan d'action économique du Canada, partant, contre tous ces projets qui créent des emplois pour aider ces collectivités québécoises.
Et ce n'est pas tout. En effet, les collectivités et les entreprises québécoises bénéficient d'un investissement de 14,6 millions de dollars, par l'intermédiaire de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Cet investissement permettra de revitaliser les collectivités et d'aider les PME à rehausser leur compétitivité. Là aussi, le Bloc a refusé de soutenir la croissance de l'emploi.
Le Plan d'action économique du Canada affirme aussi l'engagement du gouvernement à collaborer avec certains secteurs, comme le secteur aérospatial, pour mettre en place les conditions dont ils ont besoin pour réussir et continuer à jouer le rôle important qui leur incombe dans l'économie. Le secteur aérospatial du Canada est un moteur économique d'une importance capitale. C'est une pierre angulaire de l'économie canadienne qui fournit des milliers d'emplois spécialisés dans tout le pays, employant quelque 83 000 professionnels, dont 42 000 personnes au Québec, dans plus de 400 entreprises.
Le secteur aérospatial canadien conçoit des technologies de pointe qui permettent à nos entreprises de jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale. Des entreprises comme Bombardier Aéronautique, CAE et Bell Helicopter forment ensemble un élément clé de l'économie canadienne et de l'économie de la région de Montréal et du Québec.
Grâce au Budget de 2010, le Plan d'action économique du Canada a permis de continuer à soutenir le secteur aérospatial avec près de 500 millions de dollars pour la mission de la Constellation RADARSAT, la prochaine génération de satellites d'observation de la Terre du Canada. Claude Lajeunesse, président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada, a applaudi à cette mesure, disant:
Cette mesure permettra de stimuler le secteur spatial et conserver des emplois à valeur ajoutée au Canada, tout en servant les priorités du gouvernement.
Je n'arrive pas à croire que les députés du Bloc ont voté contre des mesures visant à soutenir des emplois de qualité dans le secteur aérospatial, mais malheureusement, c'est ce qu'ils ont fait.
Il y a tellement plus dans le Plan d'action économique pour donner du travail aux Canadiens d'un bout à l'autre du pays, y compris au Québec. Encore une fois, ce plan donne des résultats. En effet, en septembre, 15 000 nouveaux emplois ont été créés au Québec seulement, ce qui fait au total 130 000 emplois créés au Québec au cours des 15 derniers mois. Comme l'a dit le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand:
C'est la meilleure performance en Amérique [du Nord]. L'économie [du Québec] se porte relativement bien.
Pendant que le Bloc ne pense qu'à réaliser des gains politiques et à voter contre le Plan d'action économique, le gouvernement conservateur se concentre sur l'économie et la création d'emplois pour les Québécois. Qui plus est, lorsque les libéraux ont nié l'existence du déséquilibre fiscal, le Bloc n'a rien pu faire.
Le gouvernement conservateur a agi et rétabli l'équilibre fiscal pour le Québec et toutes les provinces. Ce n'est pas étonnant qu'un nombre croissant de Québécois élisent des députés conservateurs à Ottawa.
:
Monsieur le Président, je tiens à vous aviser que je partagerai mon temps avec ma collègue de .
Je suis heureux de participer au débat, aujourd'hui, sur la motion du député de . Cette motion, dont je nous épargne la lecture, nous permet d'avoir un débat qui offrira à tous les Canadiens une option et un choix clairs quant au pays dans lequel nous voulons vivre. Cette motion montre que les bloquistes et les conservateurs travaillent à la réalisation d'objectifs communs, une espèce de coalition en somme.
Tout d'abord, je me permets de dénoncer l'opportunisme dont fait preuve le Bloc québécois en soumettant à la Chambre une motion traitant d'un sujet aussi important. En effet, le pouvoir de dépenser a fait l'objet de nombreuses discussions politiques et constitutionnelles, notamment celles ayant nourri l'Accord du lac Meech. Les arrangements fiscaux entre les provinces et le fédéral, par lesquels le gouvernement du Canada exerce son pouvoir de dépenser dans des compétences provinciales, remontent à l'époque de la Confédération. Les provinces recevaient alors des subventions du gouvernement fédéral pour compenser la perte de certains pouvoirs fiscaux. Aujourd'hui, ces arrangements permettent notamment de modeler l'environnement économique et social de notre pays.
Un exemple notoire du pouvoir de dépenser du fédéral est très certainement le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux. Par ailleurs, d'autres institutions, telles que la Fondation canadienne pour l'innovation, permettent d'exercer le pouvoir de dépenser du fédéral dans les provinces.
Certains considèrent le pouvoir de dépenser du fédéral comme un empiètement par Ottawa sur les champs de compétence des provinces sans les avoir auparavant consultées ou encore sans avoir obtenu leur consentement. Cette situation a nourri le désir des provinces d'une autonomie accrue, tout particulièrement le Québec et l'Alberta.
Le Bloc québécois a saisi au vol la déclaration du député de , candidat à la chefferie conservatrice. Mais qu'est-ce que le député nous propose? C'est à la fois simple et complexe, et surtout lourd de conséquences. Il propose d'abolir le pouvoir de dépenser du fédéral. Il inclut aussi le retrait complet du fédéral dans le financement des programmes sociaux tels que la santé et l'éducation. On devine que le député est en mal de visibilité et qu'il a trouvé dans cette proposition un filon de premier ordre.
Le candidat à la chefferie du Parti conservateur et député de a déclaré qu'il faut abolir les transferts fédéraux pour la santé parce qu'ils violent la Constitution du Canada. Il dit aussi que cette opinion est celle du Parti conservateur. Outre l'ambition du député de Beauce, on peut se demander s'il existe une autre motivation à cette déclaration. Oui, il y en a effectivement une autre. On sait pertinemment que le gouvernement du Canada doit renégocier le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux. C'est là la véritable intention du gouvernement.
Mais pouvons-nous faire confiance au Parti conservateur pour négocier cet accord? Poser la question c'est y répondre. Seul le Parti libéral a prouvé à la population canadienne qu'il était digne de confiance. On peut en effet lui faire confiance pour renégocier l'accord avant la fin de l'expiration du délai, soit en 2014.
Des voix: Oh, oh!
M. Marcel Proulx: Monsieur le Président, je pense que vous devriez déléguer des pages de l'autre côté avec des seaux d'eau parce que certains sont en train de s'étouffer. Cela pourrait peut-être les aider à se rafraîchir la gorge.
Nous, les libéraux, malgré ce que mes collègues d'en face vous diront, nous sommes engagés à protéger un service de santé public et universel. Toutefois, le conservateur actuel avait affirmé que chaque province devrait générer ses propres recettes pour financer les soins de santé et que nous devrions remplacer le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux par des points d'impôt.
D'autre part, la a affirmé à la Chambre, il y a à peine deux jours, que le gouvernement respectait la Loi canadienne sur la santé et que ce même gouvernement était pour un régime public et universel de soins de santé. On me permettra toutefois de douter de l'affirmation de la ministre de la Santé.
L'historique de ce gouvernement conservateur en ce qui concerne sa limpidité est plutôt opaque. Les conservateurs ont la mémoire qui flanche, et la tromperie leur vient facilement. On n'a qu'à penser aux dépenses scandaleuses du G8 et du G20, au favoritisme dans des projets d'infrastructure, au contrôle du sur l'appareil gouvernemental et sur les organismes publics, à leur désir de construire des méga-prisons et à leur intention de dépenser des milliards de dollars pour des avions de chasse sans appel d'offres.
De telles déclarations de la part du gouvernement inquiètent la population canadienne et offrent l'occasion de se livrer à des spéculations fantaisistes et malheureuses.
Si le appuie la Loi canadienne sur la santé, pourquoi alors laisse-t-il ses députés faire la promotion de politiques contraires à la position de son gouvernement? Peut-être appuie-t-il la position du député de . Mais d'où provient cette vision du député de Beauce?
Qu'on me permette de lire un extrait d'une déclaration du premier ministre conservateur, qui a paru dans le National Post du 26 janvier 2001. Je le cite en anglais, puisque le quotidien publie en anglais:
[Traduction]
L’Alberta devrait également soutenir que chaque province devrait générer ses propres recettes pour financer les soins de santé, c’est-à-dire qu’elle devrait remplacer le Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux par des points d’impôts, comme le Québec le préconise depuis de nombreuses années. Les provinces les plus pauvres continueraient de compter sur la péréquation pour disposer de recettes suffisantes.
[Français]
Ce n'est donc pas nouveau que le gouvernement conservateur songe à sabrer le financement accordé à la santé. Pourquoi? Pour financer ses baisses d'impôts aux grandes entreprises, baisses d'impôt que le Canada ne peut se permettre, ainsi que son déficit record. Ce type de fédéralisme sonnerait le glas définitif de notre système de santé et de notre filet social.
C'est un autre mauvais choix pour la population canadienne. Il s'ajoute à une série de mauvaises décisions prises par un gouvernement conservateur gaspilleur. Ce gouvernement continue sur sa lancée de dépenses galopantes, en plus d'avoir plongé le Canada dans un déficit avant même la récession que l'on connaît. C'est simple. Que veut le gouvernement? Sabrer dans les dépenses, baisser les impôts des grandes entreprises et créer un déficit record.
Le porte-parole libéral en matière de finances a déclaré que le gaspillage et les dépenses excessives des conservateurs ont amené le Canada dans une situation déficitaire. Maintenant, le veut sabrer dans les transferts en matière de santé et d'éducation, tout en accordant des allègements fiscaux aux grandes entreprises, des allègements inabordables.
Peut-être le député de cache-t-il sa véritable intention, soit celle de créer un système de santé privé et la suppression de la capacité du gouvernement à faire appliquer la Loi canadienne sur la santé. Comment y parvenir? En réduisant les transferts fédéraux en matière de santé ainsi que les transferts sociaux dans leur intégralité. Il s'agit d'une diminution de 40 milliards de dollars des budgets des provinces — je dis bien 40 milliards de dollars.
La motion du Bloc québécois vise à restreindre le pouvoir fédéral de dépenser dans des champs de compétence provinciaux, à moins d'une autorisation expresse du gouvernement de la province. La motion prévoit aussi une clause d'exemption avec pleine compensation et sans aucune condition.
Nous croyons que le pouvoir de dépenser du fédéral est un moyen d'une importance capitale par lequel le gouvernement du Canada peut exercer sa responsabilité afin de sauvegarder et de consolider l'unité politique solide et durable du Canada. C'est dans cette perspective qu'Ottawa a fait usage du pouvoir de dépenser du fédéral sous les gouvernements libéraux. Nous avons exercé cette responsabilité afin de mettre en place des mesures pancanadiennes telles que le système de santé public, une mesure que nous apprécions et que nous chérissons.
Le Parti libéral s'engage à protéger l'universalité des soins de santé publics, à investir dans l'apprentissage et les emplois, et à redonner au Canada son rôle de chef de file mondial. On aura compris que le Parti libéral s'oppose à cette motion. Nous voterons contre cette motion.
:
Monsieur le Président, je souhaite remercier le député de de partager son temps avec moi pendant ce débat sur la motion du Bloc québécois.
Cette motion m'apparaît très curieuse en ce sens qu'elle prétend aborder un sujet de grande urgence pour le Québec, selon le Bloc québécois. Par ailleurs, elle tire son fondement idéologique de théories ultra-conservatrices que même le gouvernement réformiste qui nous fait face refuse d'aborder officiellement.
[Traduction]
Je vais d’abord parler du moment choisi pour présenter cette motion. Dans un discours qu’il a prononcé au club Albany, à Toronto, le mercredi 13 octobre, le député de a prétendu que le gouvernement fédéral intervenait dans les champs de compétence provinciale, en particulier dans la santé et l’éducation, deux domaines dans lesquels, dit-il en toute condescendance, le gouvernement n’a absolument aucune légitimité constitutionnelle.
[Français]
Il poursuit cette éloquente envolée en affirmant que nous devons concevoir une nouvelle façon de transiger entre le gouvernement fédéral et les provinces. Le méchant loup qu'est le gouvernement fédéral, tel que décrit par le député de , n'a pas à se mêler des faits et gestes des provinces.
C'est, de toute évidence, une façon simpliste de résumer la grande complexité entourant la gouvernance d'une fédération. Permettez-moi, monsieur le Président, de rappeler à mes collègues, qui semblent l'avoir oublié, que nous sommes encore un pays.
L'élément le plus cocasse de cette motion est bien la source dont s'est inspiré le Bloc pour en concevoir la portée. Et oui, ce fut bien auprès d'un député conservateur, autrefois ministre, et qui aspire maintenant à répandre à travers le pays la vraie doctrine conservatrice.
Avant de m'avancer dans les arguments contraires à cette motion et qui m'apparaissent d'une limpidité éclatante, je voudrais relever une autre incohérence flagrante de cette motion du Bloc québécois.
[Traduction]
Depuis quand ce parti, qui prétend être l’« authentique » défenseur des intérêts du Québec, a-t-il besoin d’un député conservateur-réformiste pour mettre sur l’écran radar ce qu’il considère maintenant comme un enjeu pressant? S’agit-il d’une tactique pour s’attribuer le mérite d’une initiative que quelqu’un d’autre a lancée?
[Français]
Abordons maintenant les arguments qui, à mon avis, remettent en question la pertinence — pour ne pas dire l'urgence — de cette question.
Actuellement, au Québec, cette question ne se pose même pas. Les concitoyens québécois ont vraiment des soucis autrement plus pressants — tel l'avenir de leur régime de retraite, de leur système de santé et de leurs emplois — que de faire cas de questions soi-disant constitutionnelles très ésotériques.
D'ailleurs, que vous soyez nationalistes ou fédéralistes, aujourd'hui comme il y a 15 ans, ce n'est pas une question qui occupe les discussions des Québécoises et des Québécois dans leur quotidien.
Au coeur des grands débats sur l'avenir du Québec que nous avons eus depuis 25 ans, il est question de langue, de culture, de fierté et de bien d'autres éléments identitaires. Ce que je n'ai jamais entendu, en dehors de la classe politique, ce sont des revendications sur les pouvoirs de dépenser des différents paliers gouvernementaux.
Maintenant, les députés du Bloc vont se lever en bloc pour clamer haut et fort que cette motion est essentielle parce que le gouvernement actuel ne respecte pas la division des pouvoirs prévue par l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique.
Je fais ici un petit détour pour souligner la subtilité de ma référence à cet acte constitutionnel, puisque je présume que, en raison de la non-signature de la Constitution en 1982 par le Québec, le Bloc québécois ne s'y réfère pas. Mais, à mieux y regarder, peut-être que je me trompe.
Le Bloc prétend que le gouvernement fédéral ne devrait pas assister les provinces dans les domaines de la santé et de l'éducation, parce que la Constitution prévoit que ces responsabilités relèvent de la juridiction provinciale.
Examinons donc les tenants et aboutissants entourant la Loi constitutionnelle de 1982.
[Traduction]
Le Bloc est en train de dire que le gouvernement fédéral a transgressé la Constitution à laquelle la province a refusé d’adhérer. D’autre part, il semble qu'il soit opportun de mentionner la Constitution tout en refusant d’admettre le bien-fondé de sa portée. Lorsque la Constitution est favorable au Bloc, il s’en félicite, mais lorsqu’il ne peut en retirer ce qu'il souhaite, il clame que c’est une aberration. De plus en plus, il semble qu’il veuille jouer sur les deux tableaux ou, comme nous disons au Québec, « avoir le beurre et l'argent du beurre ».
[Français]
Au coeur de ce débat sur le partage des pouvoirs et responsabilités gouvernementaux se trouve, selon moi, toute la question de l'équilibre très délicat que nous cherchons à atteindre dans toute gouvernance de nature fédérative. Cet équilibre est non seulement essentiel au bon fonctionnement de notre pays, il est aussi la raison fondamentale de notre succès depuis 143 ans.
Notre fédération est perfectible et nous, libéraux, en sommes parfaitement conscients, mais ses principes fondamentaux, dont la responsabilité fédérale d'assurer la plus grande équité pour tous les Canadiens, ne sont pas négociables.
Dans ce domaine, le Bloc québécois et les conservateurs réformistes sont la plus grande coalition jamais élue dans cette Chambre. Pour les deux, la meilleure forme de gouvernance pour le Canada serait un gouvernement fédéral réduit à sa plus simple expression, où tous les vrais pouvoirs seraient réservés à la juridiction exclusive des provinces.
L'ironie de cette approche est que le gouvernement actuel exerce son pouvoir de dépenser de façon outrageuse, ayant généré un déficit d'opérations absolument faramineux, un dédain des plus complets pour la démocratie la plus élémentaire et une méfiance maladive envers tous les mécanismes de reddition de comptes prévus par notre système parlementaire.
[Traduction]
Voilà qui me ramène à la notion d’équilibre. L’équilibre est ce qui nous fait grandement défaut en ce moment. En effet, le gouvernement conservateur-réformiste refuse d’être financièrement responsable et socialement équitable. Il refuse d’être le partenaire équitable dont les provinces ont besoin et sur lequel elles comptent. L’équilibre est l’élément crucial d’une fédération solide et fonctionnelle. Seul l’équilibre permet de faire en sorte que toutes les parties soient également représentées, indépendamment de leur taille, de leur richesse ou de leur histoire.
[Français]
Les gouvernements fédéraux d'avant 2006, tous partis politiques confondus, ont essayé, chacun selon ses convictions, de travailler de manière harmonieuse avec les provinces. L'objectif a toujours été d'assurer des transferts équitables et justes en matière de santé et d'éducation. Il est clair que cela n'a pas toujours été facile ni que les provinces ont toujours obtenu la totalité de leurs revendications. Par contre, la recherche de cet équilibre a certainement été le facteur constant de ces 143 années de convivialité fédérative. Le Canada prospère et généreux du XXIe siècle est le résultat éclatant de l'équilibre fragile mais indéniable que nos gouvernements ont toujours cherché à atteindre.
Cela dit, en raisonnant mes arguments pro-fédératifs et résolument fédéralistes, je commence à comprendre, sans jamais pouvoir y adhérer, pourquoi mes collègues du Bloc québécois ont jugé qu'il était important de nous soumettre la motion que nous débattons aujourd'hui. Je peux entrevoir leur plaidoyer pour un gouvernement fédéral réduit à sa plus simple expression. Face à l'approche dictatoriale et réductrice du gouvernement réformiste conservateur, on peut facilement arriver à la conclusion que mieux vaut se débarrasser de toutes les possibilités d'exercice du pouvoir qui ignorent et méprisent la tradition de recherche d'équilibre à laquelle je faisais référence plus tôt.
[Traduction]
Le pouvoir fédéral de dépenser est l'outil essentiel qui permet au gouvernement de s’acquitter de sa responsabilité en faisant du Canada une entité politique viable et en lui donnant plus de force. Traditionnellement, sous les divers gouvernements libéraux antérieurs, c’est de cette façon qu’Ottawa utilisait son pouvoir de dépenser, auquel nous devons notamment le programme de Sécurité de la vieillesse, la Loi canadienne sur la santé et le régime d’assurance-emploi.
[Français]
Le Canada n'est pas l'Union européenne; le Canada est une vraie fédération, munie de mécanismes et de responsabilités constitutionnelles qui lui permettent d'assurer une certaine cohésion entre toutes ses composantes. Nos différences, qu'elles soient linguistiques, géographiques ou ethnoculturelles, sont source de richesse et d'innovation, colorent notre place dans le monde et nous permettent d'être créatifs dans la recherche de solutions. Comme quelqu'un qui quittait le Canada après un long séjour a dit un jour: « Le Canada est une solution à la recherche d'un problème! »
Le Bloc québécois a sa raison d'être et je sais pertinemment que je ne vais pas être celle qui leur fera changer d'idée. Par contre, moi non plus, je ne suis pas prête à abdiquer de la vision du Canada qui m'habite depuis 32 ans et qui m'inspire depuis lors à poursuivre l'aventure fédérative.
La fédération que nous avons formée en 1867 était on ne peut plus idéaliste. Je suis convaincue qu'il n'y avait pas beaucoup d'observateurs à l'époque qui auraient gagé sur ses chances de succès. Et pourtant...
Pouvons-nous oublier que pendant six années d'affilée le Canada s'est trouvé au premier rang des pays où il faisait le mieux vivre? Pouvons-nous oublier que c'est au Canada que l'on doit le concept du devoir de protéger, obligation qui est maintenant la philosophie maîtresse de l'Organisation des Nations Unies? Pouvons-nous oublier les sacrifices consentis par tous nos soldats qui se sont battus pour la démocratie.
Je comprends que l'intention du Bloc québécois était de marquer quelques points symboliques auprès d'une population qui a bien d'autres préoccupations en tête. Mais est-ce vraiment ce genre de motion qui va le mieux représenter les intérêts des Québécoises et des Québécois?
En tant que fière Canadienne et Québécoise, je ne le crois vraiment pas.
:
Monsieur le Président, tout d'abord, je vous indique que je partagerai mon temps avec le député de .
Il me fait plaisir de prendre la parole au sujet de cette motion déposée par le député de . Je prends acte de l'intention apparente du Bloc de vouloir faire avancer ce dossier important pour l'avenir du Québec et du Canada.
L'intransigeance de ce gouvernement, tout comme celle de son prédécesseur libéral, ne fait qu'aggraver une situation qui dure depuis trop longtemps. Ce débat a refait surface notamment à cause des coupures énormes dans les transferts sociaux que les libéraux de Jean Chrétien ont faites au milieu des années 1990. Ces coupures ont grandement affecté nos services sociaux et nos concitoyens. Elles ont obligé les provinces à réduire leurs dépenses, à couper dans les programmes. Elles ont fait mal à M. et Mme Tout-le-Monde.
[Traduction]
Ces compressions ont donné l'impression aux gens que leur gouvernement fédéral était arrogant et qu'il n'était plus à l'écoute de leurs besoins. Dans les années qui suivirent, les provinces ont fait savoir combien elles trouvaient injuste la façon dont le gouvernement fédéral s'était déchargé de ses responsabilités sur elles. Les municipalités et les collectivités en ont elles aussi ressenti les effets.
[Français]
En 2001, le gouvernement du Québec mettait sur pied la Commission Séguin. La commission avait pour mandat d'analyser les causes du déséquilibre fiscal entre les provinces et le gouvernement fédéral. Malgré ce déséquilibre, le gouvernement fédéral n'a rien fait. Et aujourd'hui, nous devons encore parler de cette question. Nous devons le faire car le gouvernement conservateur et les gouvernements précédents n'ont pas eu la volonté de trouver une solution. En 2006, le Parti conservateur promettait pourtant d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser. Quatre ans plus tard, le gouvernement conservateur n'a toujours rien fait.
En tant que chef du premier parti pancanadien à reconnaître la nation québécoise, je suis outré, comme le Bloc et bien d'autres Québécois, par le défaut du gouvernement conservateur de respecter son engagement à légiférer pour encadrer les dépenses fédérales dans les champs de compétence exclusifs du Québec. Le problème, c'est l'incapacité du gouvernement conservateur à travailler avec les autres. Le problème, c'est l'incapacité du gouvernement à bâtir des consensus avant de prendre les décisions. Le problème, c'est son manque de leadership.
C'est pourquoi, au NPD, nous croyons qu'il faut établir une synergie qui respecte les compétences respectives des gouvernements. C'est ce que j'ai dit au premier ministre du Québec. Nous croyons que le Canada peut mettre en avant un fédéralisme coopératif, respectueux et asymétrique. Ce sont des principes qui se retrouvent dans la Déclaration de Sherbrooke adoptée en 2005 par les membres du NPD. Cette déclaration propose une nouvelle relation entre les provinces et le gouvernement fédéral. Elle propose un système de souveraineté partagée qui implique le respect des champs de compétence. Cette déclaration guide les actions du NPD lorsque nous discutons des projets de loi qui impliquent des champs de compétence provinciaux. Notre projet de loi sur les services de garde en est un bon exemple. Le texte de la loi prévoit un droit de retrait avec pleine compensation au gouvernement du Québec. Voilà des solutions réalistes.
Mais nous avons entendu dernièrement une solution simpliste aux mésententes entre les provinces et le gouvernement fédéral. La semaine dernière, le député de proposait sa solution pour la fédération. Il proposait d'abolir le pouvoir fédéral de dépenser et proposait qu'Ottawa se retire complètement du financement des programmes sociaux. Il proposait que le gouvernement fédéral s'en lave les mains. Je suis déçu de constater que, dans le but de compter des points politiques et embarrasser les conservateurs, la proposition du Bloc prête aux options prônées par le député de Beauce une légitimité qu'elles ne méritent tout simplement pas. Nous ne pouvons pas croire que le Bloc endosse les propos irresponsables du député de Beauce.
Bien que nos formations aient différentes approches sur l'avenir constitutionnel du pays, je croyais partager avec les bloquistes un engagement ferme envers un certain nombre de valeurs sociales. Il est donc consternant de voir le Bloc s'allier à cette idéologie de droite et livrer le même combat pour démanteler l'État. Embarrasser les conservateurs au détriment de l'intérêt du public n'est pas très constructif.
Je constate également que cette motion, qui applique la même recette au Québec et aux provinces, passe outre la reconnaissance unanime de la spécificité de la nation québécoise par la Chambre. C'est une surprise de voir que le Bloc traite, dans les faits, le Québec comme toute autre province. Je comprends la volonté d'encadrer au Québec le pouvoir fédéral de dépenser, mais vouloir étendre cette approche aux autres provinces, qui ne l'ont pas demandé, me laisse perplexe. À l'exception du nouveau compagnon d'armes beauceron du Bloc québécois, personne au Québec ne veut voir le démantèlement du filet social dont bénéficie l'ensemble des citoyens de notre pays.
[Traduction]
L'approche destructrice qu'il a adoptée oblige les gens à se débrouiller seuls. Ce n'est pas ainsi qu'on fait les choses au Canada. Notre pays est fondé sur la solidarité. Il a été construit pour améliorer le sort de tous les Canadiens. La proposition du député demande au gouvernement de renoncer à ces valeurs, c'est pourquoi nous nous y opposons.
[Français]
Il ne faut pas que nos progrès, en tant que société, soient entravés par les conflits qui sont le résultat d'une mauvaise compréhension du pacte fédéral.
Nous savons que le gouvernement prétend vouloir rééquilibrer son budget d'ici 2016. D'ici là, trois transferts importants aux provinces devront être négociés à nouveau. Le gouvernement a déjà annoncé que les négociations étaient en cours.
Encore une fois, pour rétablir l'équilibre budgétaire, le gouvernement fédéral risque de couper de façon importante dans nos transferts sociaux. Pourtant, nous savons que les dépenses des provinces augmentent plus rapidement que l'inflation. Nous savons que les provinces n'ont plus de marge de manoeuvre budgétaire. Elles ne seront pas capables de compenser un manque à gagner.
Il faut que le gouvernement fédéral mette en avant des ententes flexibles qui reflètent et respectent les rôle et les responsabilités uniques des provinces. C'est de cette façon que nous pourrons offrir aux Canadiens et aux Québécois une fédération qui répond à leurs attentes.
C'est pour ces raisons que je ne peux pas appuyer la motion déposée par le Bloc québécois, telle que rédigée. C'est pour cela que mon collègue d'Outremont déposera un amendement.
:
Monsieur le Président, à la Chambre, il y a effectivement un certain nombre de choses, parfois fondamentales, qui nous séparent. Il peut s'agir de différences de fond en ce qui concerne l'économie ou l'avenir constitutionnel du pays. Par contre, j'ai toujours pensé que le Bloc québécois partageait, avec la majorité des députés de cette Chambre et avec la majorité des Québécois et des Canadiens, un certain nombre de valeurs fondamentales, une vision contraire à celle préconisée par le député de . À propos de cette vision libertaire du « chacun pour soi » et le démantèlement de l'État préconisé par le député de Beauce, j'aurais affirmé il y a encore quelques jours que cela était l'antithèse de ce que croit la majorité des bloquistes. Quelle fut donc notre surprise d'apprendre que le député de Beauce est l'émule du Bloc québécois, qu'il est leur nouvel idole. Dorénavant, c'est lui qui dictera leur vision sociale pour l'avenir du Québec et du pays.
Le député de , qui vient de prendre la parole, a changé un peu de propos et a évoqué comme la pire crise jamais vécue celle du registre des armes à feu. Plutôt que d'éluder la question, je vais m'y adresser directement, parce que cela constitue un autre exemple de la différence d'approche entre le Bloc et le NPD. D'ailleurs, cela illustre bien ce que l'on est en train de vivre aujourd'hui. La différence se résume de la manière suivante: lorsque le NPD voit qu'il y a une différence fondamentale, un clivage qui sépare l'urbain et le rural dans notre pays, il cherche une solution. Quand le Bloc a constaté la même division dans le pays, il a cherché à en profiter politiquement. Voilà la différence entre le NPD et le Bloc québécois.
Les députés du Bloc sont tellement aveugles au sujet des contradictions qu'ils vivent au jour le jour qu'ils ne se rendent même pas compte qu'en prenant exemple du député de , ils se discréditent auprès de l'ensemble des Québécois qui ont toujours voulu un filet de sécurité sociale, justement pour que les plus démunis, les gens qui en avaient le plus besoin, puissent toujours compter sur un État qui serait là pour les aider. À la place, ils sont en train de proposer son démantèlement. C'est du jamais vu. Ils vont vivre avec cela pendant longtemps, je le garantis. C'est la raison pour laquelle je suis tellement fier que le chef de la formation politique que je représente à la Chambre ait décidé encore une fois, plutôt que d'essayer de profiter d'une division, de jouer le tout de manière constructive, comme il le fait toujours. Comme il l'a mentionné, nous avons reconnu depuis cinq ans l'impérieux besoin d'un fédéralisme coopératif et asymétrique. On reconnaît qu'en ces matières, le Québec doit avoir sa propre voix.
Il y a trois choses fondamentales qui sont des failles dans la proposition du Bloc. Tout comme leur approche au sujet du registre des armes à feu, cela ne vise qu'un seule chose: un échec. Le Bloc québécois se nourrit d'échecs. Il faut que tout soit un échec. Si jamais il y avait quelque chose de concret, de constructif et de positif qui était fait aujourd'hui en ce qui concerne la restriction du pouvoir fédéral de dépenser, de quoi pourrait se lamenter le Bloc demain? Il faut que l'édifice de la lamentation, le mur total du Bloc, reste là. Il ne faut jamais enlever un bloc du mur du Bloc. Il faut toujours qu'il puisse chialer sur tout et en tout temps. Donc, il commence avec quelque chose qu'il sait être pertinemment inacceptable. Quel paradoxe! Il y a une seule province qui est reconnue comme nation. La spécificité de la nation québécoise est reconnue unanimement. Pour une fois, on peut faire quelque chose de concret pour y donner suite. Non, il propose que ça s'applique à toutes les provinces, même si elles ne l'ont jamais demandé. Les propositions de leur émule, le député de Beauce, sont pour nous inadmissibles. Le Nouveau Parti démocratique, toujours aussi constructif et désireux de protéger le filet de sécurité sociale pour les gens de notre pays, propose un amendement.
J'ai donc l'honneur de proposer la motion suivante, secondée par le chef de notre parti, le député de :
Que la motion du Bloc soit modifiée par substitution aux mots suivant les mots « Que, de l'avis de la Chambre », de ce qui suit: dans le but de respecter l'engagement d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence exclusifs du Québec, vu la reconnaissance unanime par cette Chambre de la nation québécoise et vu le consensus historique au Québec en ce sens, le gouvernement devrait, afin de mettre en pratique le fédéralisme coopératif et asymétrique:
a) prévoir un droit de retrait systématique avec pleine compensation financière et sans condition pour tous les programmes, existants ou non, cofinancés ou non, qui empiètent dans les champs de compétence exclusifs du Québec;
b) éliminer toutes les dépenses effectuées par le gouvernement fédéral dans un champ de compétence exclusif du Québec après la conclusion d'une entente spécifique de gré à gré avec le gouvernement du Québec;
c) transférer à la demande du gouvernement du Québec un espace fiscal équivalent.
Voilà quelque chose de constructif qui pourrait rallier les gens et produire un résultat. C'est pour cela que les bloquistes vont probablement s'y opposer, mais le public canadien et québécois saura qu'encore une fois, le NPD a tout fait pour essayer de faire avancer les intérêts du Québec.
:
Madame la Présidente, j'ai entendu l'amendement de mon collègue le député d'Outremont. Il aurait dû être armateur. En effet, son amendement était tissé de câbles de bateau blancs tellement gros que cela ne faisait pas sérieux.
On a présenté cette motion parce qu'une fédération, cela existe entre des gens égaux. On n'est pas contre les fédérations; cela dépend comment les gens y sont traités. Généralement, les fédérations sont faites par des gens qui se considèrent égaux. Cela peut se faire entre amis, entre voisins ou entre commerçants; cela se fait entre gens différents mais qui ont, en toute égalité, décidé de mettre ensemble un certain nombre de choses. C'est le principe, et le principe de base, c'est qu'aucune des parties d'une fédération ne prime sur l'autre. C'est la base même de ce concept politique.
Reculons en 1867. On a déterminé, dans un certain nombre de territoires, que certains pouvoirs de gouvernance devaient demeurer proches des citoyens. Celles qu'on appelle maintenant les provinces, dont le Québec faisait partie, ont décidé de faire à leur manière que tout ce qui touchait directement et de près les citoyens. C'est ainsi que la création des Villes, par exemple, n'a rien à voir avec le fédéral. Ce sont des entités du Québec et des autres provinces, qui ont décidé de se créer des réglementations municipales.
On a décidé de garder chez nous l'éducation et la santé; de garder chez nous les affaires sociales; de garder la culture et la langue chez nous, particulièrement au Québec, pour nos relations commerciales avec nos entrepreneurs, nos épargnants, nos PME et nos entreprises, car on pense qu'on est la meilleure entité pour s'en occuper. Ensuite on s'est dit qu'on allait mettre en commun un certain nombre de choses qui ne touchaient pas directement les gens ou la population, comme l'armée, la défense et les frontières.
Je viens d'une famille d'entrepreneurs, d'épiciers, et quand j'étais tout jeune, mon père était un épicier indépendant. Il contrôlait son épicerie et personne ne pouvait lui dire quoi faire. À un moment donné, on a fait partie d'une coopérative, d'une fédération. Cela s'appelait Les Épiceries Lasalle. Par la suite, c'est devenu Les épiceries Metro, et on a mis en commun un certain nombre de choses. Mais je peux garantir que personne, ni de la fédération des Metro ni un autre épicier Metro, ne pouvait dire quoi faire au propriétaire de l'épicerie familiale, chez nous. Dans ce qu'on avait décidé ensemble, oui, pour ce qui est du reste, jamais.
En ce qui concerne l'appropriation du fédéral — et c'est là que je reviens à notre motion —, j'ai l'impression que le fédéral trouve plus facile de demander un pardon que d'obtenir une permission. Il envahit et se dit qu'on verra bien: si elles se plaignent, on va leur dire qu'elles n'ont pas à se plaindre; et si elles ne se plaignent pas, on va envahir un champ de pouvoir et ce sera un fait accompli. Il y en a eu beaucoup comme cela.
Je reviens à la nature du pouvoir. Avoir un ensemble de pouvoirs et les partager ou les garder, ce sont des principes. Mais là où ça devient un peu plus compliqué, c'est quand on veut mettre en application ces pouvoirs et les utiliser. Il faut de l'argent, des impôts, des taxes, des tarifs. C'est là qu'il commence à y avoir de la subtilité, parfois des discussions et, souvent, de la chicane.
Si l'argent vient d'ailleurs, surtout pas de nous, on est peut-être moins critique. Quand les enfants reçoivent un cadeau de Noël, il vient du Père Noël et non de chez eux. Quand ils sont tout petits, les parents, la source des fonds, décident de ce qui sera bien pour cet enfant. On entend souvent des enfants dire qu'ils aimeraient avoir ceci et cela, et le Père Noël ne les écoute pas pour leur bien. Cela va bien quand l'enfant est jeune et quand il n'a pas d'argent, mais qu'arrive-t-il à l'adolescence? C'est un peu plus difficile, et entre adultes, c'est différent. Tout le monde ici a eu affaire à des enfants et à leur donner des cadeaux. Que fait-on quand ils sont plus vieux? On leur donne de l'argent ou un chèque, et on leur dit de faire ce qu'ils veulent avec cet argent.
Donc, il y a une certaine maturité dans l'utilisation de ces pouvoirs, mais c'est un cadeau qui vient d'ailleurs. Quand c'est mon butin, mes impôts, mes taxes, mon argent, ce n'est pas quelqu'un qui va me dire quoi faire avec mon argent. Personne ne va me dire comment dépenser de mon argent. C'est là qu'on a de très graves problèmes. Il y a une différence entre se faire donner une maison, une auto ou un chalet avec ou sans hypothèque. À un moment donné, on demandera si on peut décider qu'on n'en veut pas et s'occuper soi-même du champ fiscal ou de l'hypothèque.
Au Québec, tous les gouvernements, que ce soit le gouvernement dont je faisais partie, le Parti québécois, ou le gouvernement libéral dont faisait partie le député d' lorsqu'il était à Laval, ont tous constaté avec constance que le pouvoir de dépenser n'a jamais été donné au fédéral de la manière dont il l'utilise ce pouvoir.
Cela a comme conséquence que le fédéral aime dépenser. Il décide de faire ceci ou cela parce qu'il décide que c'est pour le bien du Québécois, de la Québécoise, de la famille québécoise. Où prend-il son cash? Dans les poches des Québécoises et des Québécois. C'est là qu'il prélève des impôts. Une éponge ne peut être tordue plus que l'eau qu'elle contient. Le pauvre citoyen québécois, le contribuable québécois, à un moment donné, se demande quel est son gouvernement.
Si, en menant un sondage partout au Canada, on demandait aux Canadiens quel est leur gouvernement et qui est leur premier ministre, ils répondraient instinctivement le gouvernement du Canada. Au Québec, c'est le gouvernement du Québec, peu importe le premier ministre du Québec, peu importe le gouvernement au pouvoir au Québec. On s'associe beaucoup plus à l'ensemble québécois qu'à l'ensemble canadien.
Le fédéral envahit l'espace fiscal. Un espace fiscal est une plage où il y a des revenus et dans lequel un gouvernement peut décider d'en prélever une portion ou non. On aimerait mieux avoir un espace fiscal de taxation chez celles et ceux qui gagnent plus de 150 000 $ ou 250 000 $ et plus. On l'a dit l'an dernier lors de nos propositions prébudgétaires.
Si d'autres provinces ne veulent pas faire cela, c'est correct, qu'elles le fassent à leur manière, qu'elles utilisent leur espace fiscal à leur manière. Si l'ensemble des provinces canadiennes veulent fédérer plus de pouvoirs, qu'elles le fassent et, à ce moment-là, que ces provinces offrent au gouvernement du Canada un pouvoir fiscal. À ce moment-là, elles pourront le regretter. Au Québec, cela ne fonctionne pas ainsi. Au Québec, le déséquilibre fiscal est ce qui a entraîné l'utilisation forcenée par le gouvernement du Canada d'un espace fiscal exagéré. Au Québec, on a décidé de se payer des services sociaux, de l'éducation, des garderies, de la santé. À un moment donné, l'espace fiscal est restreint, il n'y en a plus. C'est ce qu'on appelle, quand deux gouvernements sont sur le même espace fiscal, un déséquilibre fiscal. Ce n'est pas une bête de la nature. Cela arrive quand des gouvernements ne s'entendent pas pour prendre faits et actes d'un espace fiscal et de l'utiliser à bon escient.
Quand on prélève un espace fiscal, c'est qu'on a le droit d'agir avec l'argent que l'on prélève. Quand il y a une capacité d'espace fiscal, c'est qu'on offre à son gouvernement de pouvoir prélever des impôts et de donner des services à ses contribuables. Quand une des deux parties n'offre pas mais impose des services et dit que ce sera ainsi, à sa manière, de cette façon, et qu'il finance ces aspects-là à même l'argent de nos poches, à un moment donné, cela crée un problème énorme. Le déséquilibre fiscal, n'en déplaise à nos amis conservateurs, n'a jamais été réglé au Canada. On le sait constamment au Québec. Je le répète, tous les premiers ministres du Québec, qu'ils soient péquistes, libéraux et — pour les plus vieux — unionistes, n'ont jamais accepté l'idée de dire que le déséquilibre fiscal est réglé. Jamais. C'est une illusion.
En attendant que les Québécoises et les Québécois soient majoritaires derrière l'idée d'utiliser tout l'espace fiscal avec un gouvernement et d'adopter ses propres mesures en santé, en services sociaux, en éducation, en culture, en matière de langues et tout le reste, qu'est-ce qu'on a fait au Bloc québécois? On travaille et, par exemple, sous le leadership de la députée de , on a présenté le projet de loi , qui est à la Chambre, qui est à l'étude ici. J'ai indiqué, lors de la conférence de presse que je faisais avec ma collègue, que c'était un accommodement raisonnable. C'est de dire oui, faisons cela en attendant que le Québec soit un pays souverain. Qu'est-ce qu'on dit là-dessus? On dit que, au Québec, on devrait avoir le droit souverain, inéluctable, de prendre l'ensemble de nos pouvoirs, d'empêcher le fédéral de permettre de nouvelles dépenses, de sortir le fédéral des juridictions qu'il empiète, donc d'arrêter d'avoir ce genre de comportement. De plus, il ne faut jamais oublier l'autre aspect, à savoir il faut que l'argent vienne avec ces mesures. Quel type d'argent? Ce n'est pas un chèque qu'on attend, mais de l'espace fiscal. Si quelqu'un est là tout le temps de sa vie à se dire qu'il a reçu de ses parents un chèque ou de l'argent comptant en cadeau — parce qu'il est devenu un adolescent ou un adulte — et qu'il attend toujours après cela pour vivre, à un moment donné, il va attendre longtemps. Que fait quelqu'un? Il se dit: « Je vais créer moi-même mon espace fiscal, je deviens indépendant et je fais moi-même ma richesse. »
C'est ce que veut le Québec. Le pouvoir fédéral de dépenser devrait se limiter à ce qu'il était à l'origine; il devrait se retirer de tout l'espace qui a été envahi depuis; et le gouvernement du Québec devrait avoir un transfert de points d'impôt pour pouvoir jouer avec ceux-ci, soit en redonnant cet argent aux contribuables, soit en les utilisant selon ses propres normes. On a déjà vu cela par le passé. Le gouvernement du Canada avait enlevé un ou deux points sur la taxe de vente. À cette époque — et c'est toujours le même gouvernement qui est là — le gouvernement du Québec l'a utilisé en retournant cela aux contribuables québécois. C'était sa décision. Était-on d'accord ou non? Ce n'est pas le problème. C'est le gouvernement qui a décidé. Personnellement, je l'aurais utilisé autrement, mais nous respectons l'autorité et le pouvoir du gouvernement du Québec. C'est là que le système fédéral nous pose un problème.
Tout à l'heure, on a fait des gorges chaudes sur le nouveau gourou du Bloc québécois, mais il faut dire qu'il y a de fausses lumières dans la vie. Parfois, il y a des éclairs. Parfois des gens voient des ovnis et ils sont convaincus de les avoir vus.
Or voici ce que le député de a déclaré:
[Traduction]
Mettre fin au pouvoir fédéral de dépenser, éliminer les programmes fédéraux qui violent la division des pouvoirs et transférer des points d’impôt aux provinces serait une solution idéale selon plusieurs points de vue.
[Français]
C'est ce qu'il a dit. Sur son site, il a traduit cela ainsi:
Au lieu d’envoyer de l’argent aux provinces, Ottawa réduirait ses impôts et les laisserait occuper l’espace fiscal laissé vacant. Un tel transfert de points d’impôt aux provinces leur permettrait d’assumer pleinement leurs responsabilités, sans contrôle fédéral.
Ce n'est pas un nouveau gourou cela, c'est quelqu'un qui a vu un ovni et qui dit que cela devrait être ainsi. On veut bien qu'il ait eu ce sentiment, mais cela ne marche pas. Le gouvernement du Canada ne veut tout simplement pas. Il nous dit que si nous ne sommes pas contents, de deux choses l'une, ou bien nous acceptons cela ou bien nous nous en allons, nous faisons notre souveraineté, notre indépendance.
Est-ce pareil partout au Canada? Non, certaines provinces acceptent peut-être la mainmise du fédéral sur un certain nombre de choses. Laissons-les faire. Nous, nous ne voulons pas. C'est là que nous sommes différents. Quand nous avons des transferts conditionnels, nous les refusons. Qui dicte le pouvoir à qui? C'est là la question.
Est-ce plus délicat au Québec? Peut-être pas. Est-ce différent au Québec? Oui, c'est différent parce que nous sommes différents. Il faut seulement l'accepter. Nous allons demeurer en Amérique du Nord. Nous continuerons de faire affaire avec les Canadiens et avec les Américains. Nous continuerons d'être des marchands. C'est grâce au Québec si le Canada est si ouvert sur le monde. Cependant, une nation ne laisse pas contrôler sa culture, son développement social, son éducation ou son développement économique par quelqu'un d'autre. Est-ce assez simple? On ne peut pas accepter que le Canada nous dise qu'on existe mais que c'est lui qui nous contrôle. Au Québec, nous disons que nous existons et que nous allons nous contrôler.
:
Madame la Présidente, il me fait grandement plaisir de me lever à la Chambre aujourd'hui afin d'aborder ce sujet important. J'aimerais remercier mes collègues d'avoir soulevé cet enjeu.
Il est intéressant de voir que le Bloc tente aujourd'hui d'appuyer une théorie à laquelle il s'oppose en pratique. Chaque jour, le Bloc se lève à la Chambre des communes afin de revendiquer un rôle plus grand et des dépenses plus grandes pour le fédéral. Un rôle plus grand pour le fédéral et en fait pour les Québécois.
Le Bloc veut que le fédéral dépense davantage et donc qu'il s'implique plus dans l'assurance-emploi, les arts, l'éducation, la santé, la péréquation, les sports. La liste continue. Chaque jour, on voit le Bloc se lever à la Chambre afin de demander davantage d'argent et de dépenses fédérales dans la vie de tous les Canadiens, y compris les Québécois.
En fait, je ne peux même pas penser à une seule fois où le Bloc a demandé une réduction des dépenses ou l'élimination d'un programme fédéral.
Avec ce bilan, il serait approprié de changer le nom de leur parti pour l'appeler le Bloc centralisateur. C'est vraiment l'un des partis les plus centralisateurs à la Chambre des communes. Il n'est vraiment pas difficile de comprendre pourquoi le Bloc est prêt à travailler en coalition avec les libéraux, un parti qui est aussi centralisateur, et les néo-démocrates, le parti le plus super-centralisateur à la Chambre.
Les trois partis de la coalition appuient des programmes et des dépenses fédérales infiniment plus grandes. Ainsi, la motion du Bloc qui est à l'étude aujourd'hui interdirait presque toutes les revendications que le Bloc fait chaque jour.
Nous, les conservateurs, nous concentrons sur les vrais résultats au lieu de débats théoriques et contradictoires. Prenons les résultats que nous avons déjà livrés pour les Québécois, soit un siège à l'UNESCO, la résolution du déséquilibre fiscal et la reconnaissance parlementaire de la nation québécoise.
Aussi, nous sommes en train de compléter la mise en oeuvre de notre Plan d'action économique. Ce plan a extrêmement bien fonctionné. Ce plan est reconnu partout dans le monde pour avoir évité les pires conséquences de la récession mondiale, conséquences auxquelles les autres pays ont dû faire face beaucoup plus sévèrement que nous.
C'est à cause de notre plan et des actions de notre premier ministre que nous avons pu éviter les pires conséquences qu'on a vues dans les autres pays. Nous avons créé presque 400 000 emplois depuis que notre économie a commencé à récupérer les pertes de la récession.
Nous avons mis en place des milliers de projets partout au Canada, y compris au Québec. C'est intéressant et même encourageant que, après s'être battu contre ces projets, le Bloc québécois est en train de dire qu'ils devraient être prolongés.
C'est intéressant de constater que les projets que notre gouvernement finance au Québec en vertu de notre Plan d'action économique auraient été interdits par la théorie que préconise le Bloc québécois. Il est intéressant que le Bloc veuille interdire les mêmes projets qu'il veut maintenant prolonger. Je ne sais pas comment on peut prolonger un projet qu'on veut interdire. Ce sont les contradictions du Bloc québécois. C'est inexplicable.
Je vais continuer à parler des résultats concrets que livre notre gouvernement pour tous les Canadiens.
[Traduction]
Je veux parler du compte d’épargne libre d’impôt, qui est probablement l’une des modifications les plus révolutionnaires qu’on ait apportées au régime fiscal dans l’histoire moderne du Canada. C'est le plus important changement, au chapitre des économies d’impôt, depuis la création des REER.
D’après ce que je comprends, le Bloc québécois n’aime pas particulièrement le compte d’épargne libre d’impôt, mais nous, du Parti conservateur, avons offert ce mode d’épargne. Quels ont été les résultats? Les députés savent-ils combien de Canadiens ont ouvert un compte d’épargne libre d’impôt? Cinq millions de Canadiens l’ont fait, et une année après l’ouverture de ces comptes, ils avaient épargné 18 milliards de dollars.
Tous les intérêts, dividendes et gains en capital qui s’ajouteront à ces 18 milliards seront libres d’impôt, ce qui signifie que tout cela retournera dans la poche des Canadiens travaillants et responsables qui ont mis cet argent de côté pour leur avenir. Ces gens pourront retirer cet argent et l’investir dans une nouvelle maison ou dans une résidence secondaire, et remettre plus tard cet argent dans le compte sans qu'il y ait de pénalité. Après avoir redéposé cet argent, ils pourront encore une fois ramener leurs économies au niveau où elles étaient avant qu’ils retirent de l’argent et, bien sûr, encaisser à perpétuité des intérêts libres d’impôt.
Je viens de décrire les avantages pour les gens qui investissent dans ces comptes, mais qu’en est-il des avantages pour l’ensemble de l’économie? Il est préférable que les gens placent leur argent dans un compte d'épargne libre d'impôt que sous leur matelas, car ils investissent ainsi dans des entreprises, par l’entremise de sociétés de fonds communs de placement qui achètent des actions. Ces entreprises, ayant plus d’argent, peuvent alors engager plus d’employés, créer des emplois, générer plus de richesse et stimuler la croissance pour notre pays.
Parfois les gens placent cet argent dans un compte d’épargne à la banque. L’institution financière utilise alors cet argent pour faire un prêt à un petit entrepreneur ou à quiconque en a besoin. Elle réinjecte alors cet argent dans l’économie parce que la personne qui obtient le prêt crée des emplois et de nouvelles occasions pour l’économie. Par conséquent, ces 18 milliards de dollars sont un investissement dans notre économie, et c'est un avantage libre d’impôt qui engendrera des dividendes pour plusieurs générations à venir.
Nous avons aussi réduit l’impôt pour les créateurs d’emplois, et j’entends par là les entreprises qui engagent des milliers de personnes pour assurer leur fonctionnement quotidien. Nous réduisons leur taux d’imposition de 22 à 15 p. 100. Cela représente une réduction du tiers, et cela fera du Canada le pays du G7 ayant le plus bas taux d’imposition pour les entreprises, et quand je parle d’entreprises, encore une fois, je parle de créateurs d’emplois.
Grâce à ces politiques, nous avons créé 400 000 emplois. Comme le dit souvent le leader du gouvernement à la Chambre, 400 000 téléphones ont sonné et lorsque les gens ont répondu, l'interlocuteur à l'autre bout du fil a dit: « Vous avez l'emploi. Vous êtes embauché. » C'est probablement l'appel le plus réjouissant qu'un chômeur canadien puisse recevoir.
Nous nous concentrons sur la réduction des impôts des créateurs d'emplois pour que ceux-ci fassent ce qu'ils font le mieux. Autrement dit, nous estimons que le gouvernement devrait libérer les créateurs d'emploi pour qu'ils se concentrent sur la création d'emplois plutôt que de les assujettir à un fardeau fiscal qui les force à licencier des travailleurs. Voilà l'approche de notre gouvernement. Nous continuerons à créer des emplois grâce à notre politique de réduction des impôts.
Cependant, nos réductions d'impôts ne visent pas uniquement les créateurs d'emplois. Nous avons prévu des allégements fiscaux pour les consommateurs en ramenant la TPS de 7 à 5 p. 100. Nous avons également réduit l'impôt sur le revenu. Par surcroît, nous avons accordé des crédits d'impôt pour les activités sportives des enfants, les manuels des étudiants, les outils des gens de métier, les aînés et les laissez-passer d'autobus. Ces crédits d'impôts spéciaux aident les gens à économiser davantage tout en vaquant à leurs activités quotidiennes.
Notre crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire a été très apprécié et a permis de créer des milliers d'emplois dans le secteur de la rénovation, du recouvrement de toitures et de la menuiserie et, par voie de conséquence, dans le secteur forestier. Le Bloc québécois a voté contre cette mesure, mais, après coup, il a soutenu que c'était son idée au point de départ. En fait, les partis de la coalition ont tous voté contre le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire à diverses occasions pour plus tard en réclamer la paternité.
Je trouve pour le moins intéressant de présenter des idées en votant contre, mais enfin. Nous estimons que c'est encourageant. En fait, nous sommes plutôt flattés de constater que les gens qui se sont opposés à nos idées dans le passé souhaitent ensuite les présenter comme les leurs.
Nous avons pris ces mesures dans le but d'aider les gens de la classe moyenne, notamment les familles de monsieur et madame Tout-le-Monde et les travailleurs, à garder davantage d'argent dans leurs poches. Voilà pourquoi nous avons proposé une approche différente en matière de garde d'enfants en proposant la prestation universelle pour la garde d'enfants qui totalise 1 200 $ par année.
[Français]
Maintenant, le Bloc québécois veut présenter un projet de loi à la Chambre sur le pouvoir de dépenser, qui interdirait la Prestation fiscale canadienne pour enfants. Le Bloc québécois dit que le fédéral ne devrait plus donner cette prestation. Les députés du Bloc disent que ce programme empiète sur les compétences d'un autre niveau de gouvernement.
Avec cette motion, le Bloc aimerait annuler cette prestation pour enfants. Les députés québécois ayant travaillé pour que ce programme voie le jour, dont le député de Lévis et les deux députés de la Beauce, n'ont jamais mentionné que les Québécois avaient appelé à leur bureau pour se plaindre de cette prestation. Toutes les familles québécoises appuient la Prestation fiscale canadienne pour enfants. C'est la même chose dans ma circonscription. Tous mes électeurs appuient ce programme extrêmement populaire, qui a donné un choix aux enfants. Le Bloc veut leur enlever ce choix avec une motion qui interdirait le pouvoir de dépenser du fédéral dans ce domaine. J'aimerais savoir combien de leurs électeurs seraient heureux de voir annuler cette prestation, comme le propose le Bloc québécois.
Nous avons une belle occasion d'entendre un des meilleurs députés à la Chambre, celui de Lévis—Bellechasse. J'aimerais partager mon temps avec lui, et j'espère qu'il pourra continuer à parler de cela.
Le Parti conservateur va continuer à répondre aux attentes des Québécois et à respecter toutes les compétences des provinces, comme il l'a toujours fait. Nous allons continuer à répondre aux attentes des familles, des contribuables et de tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, le débat autour du pouvoir fédéral de dépenser qui se déroule aujourd'hui en cette journée d'opposition du Bloc québécois n'est pas nouveau.
Nous réclamons de limiter le pouvoir fédéral de dépenser depuis 1993. Les gouvernements du Québec, que ce soit celui de Robert Bourassa ou encore celui de Jean-Jacques Bertrand, ainsi que l'ensemble des députés du Parti québécois ont toujours réclamé de limiter le pouvoir fédéral de dépenser.
Je vais justement citer un ancien premier ministre du Québec. Il disait à l'époque: « Le Québec continue à croire que ce pouvoir de dépenser dans des domaines relevant de la compétence exclusive des provinces devrait tout simplement ne pas exister et que le gouvernement fédéral devrait y renoncer tout bonnement ».
Ce n'est pas un souverainiste qui a dit cela. Robert Bourassa, un fédéraliste, a fait cette déclaration en 1970. Ce n'est pas nouveau. On ne peut certainement pas étiqueter M. Bourassa de souverainiste, alors que j'entends les conservateurs, les libéraux et même le NPD, à quelques reprises, dire tout simplement que le Bloc propose cette motion pour promouvoir la souveraineté du Québec. Bien sûr, nous sommes des souverainistes. Toutefois, dans de cette motion, il est tout simplement question de limiter le pouvoir fédéral de dépenser.
Lorsque les gens voteront mardi prochain, j'espère que les députés — et surtout l'ensemble des députés du Québec — seront capables de saisir que cette requête visant à limiter le pouvoir fédéral de dépenser est faite depuis de nombreuses années par le Québec.
Il est important également de rappeler en cette Chambre, particulièrement aux députés québécois du parti gouvernemental et à ceux du Parti libéral qui semblent, à l'approche du pouvoir, adopter encore une fois des positions très centralisatrices, qu'il existe un fort consensus au Québec réclamant qu'Ottawa mette fin à ses interventions dans les domaines qui ne relèvent pas de ses compétences.
J'aimerais également mentionner ce que j'ai omis de dire au début de ce discours, à savoir que je vais partager mon temps avec le député de .
Pour revenir à ce débat, comme je l'ai dit, depuis les gouvernements de Jean-Jacques Bertrand et de Robert Bourassa jusqu'à celui de Jean Charest, en passant bien sûr par tous les gouvernements péquistes — qui sont des souverainistes qui veulent, eux, maîtriser l'ensemble des leviers pour pouvoir mieux agir auprès des citoyens et citoyennes du Québec —, tous se sont entendus unanimement sur le pouvoir fédéral de dépenser.
Au fil des ans, Ottawa s'est mis à dépenser allègrement dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence, mais bien de celle du Québec et des provinces. Or, ce pouvoir de dépenser qu'Ottawa s'est approprié dans tous les domaines qui sont censés relever exclusivement du Québec et des provinces pose des difficultés et de nombreux obstacles.
En effet, cela fait en sorte que le Canada dicte dans une bonne mesure au Québec ce qu'il doit faire ou ne pas faire dans tous ses champs de compétence. C'est le gros problème. C'est là que le bât blesse parce que, au Canada, il n'y a pas que la nation canadienne. Il y a aussi la nation québécoise, reconnue ici en cette Chambre de manière symbolique bien sûr, sans parler des nations autochtones.
Par ce pouvoir de dépenser, la nation canadienne impose ses vues à la nation québécoise. En effet, chaque fois qu'Ottawa met en place un programme ou effectue une dépense dans un domaine qui relève de la compétence du Québec, c'est le Canada qui décide de la manière dont la société québécoise sera organisée et structurée et comment les programmes seront mis en oeuvre au Québec. En de nombreuses occasions, on le sait, que ce soit en santé, en matière de développement régional ou en éducation, on parle de dédoublements à outrance.
On voit parfois débattre ici de grands programmes nationaux de prévention en santé mentale, alors qu'au Québec, l'ensemble des régions et des CLSC ainsi que le ministère de la Santé et des Services sociaux, par exemple, ont leur propre programme de prévention. On redouble, ce qui coûte des sommes exorbitantes, au lieu d'investir pour améliorer la santé. On gaspille de l'argent de manière exagérée. Chaque fois qu'Ottawa fixe des conditions avant d'effectuer un transfert au Québec, il oblige le gouvernement du Québec à mettre en oeuvre les priorités des Canadiens plutôt que celles des Québécois. On a toujours ce dilemme.
Prenons un exemple concret, celui des congés parentaux, un grand dossier que le Bloc québécois a débattu à la Chambre pendant de nombreuses années. Il y a près de 20 ans, le gouvernement du Québec souhaitait l'instauration d'un régime adéquat de congés parentaux. Le problème était qu'Ottawa utilisait déjà son pouvoir fédéral de dépenser pour intervenir par le biais de l'assurance-emploi. Pour créer son programme, le Québec devait donc obtenir l'argent déjà utilisé par Ottawa. À l'époque, Ottawa avait évidemment refusé. En 1996, l'Assemblée nationale du Québec s'est prononcée unanimement en faveur de tels congés parentaux. Ottawa a encore dit non. On se rappelle très bien du gouvernement libéral de l'époque, qui avait coupé dans les programmes sociaux. Malheureusement, aujourd'hui encore, il semble vouloir conserver ses politiques centralisatrices car tout semble indiquer que les libéraux vont voter contre la motion du Bloc québécois aujourd'hui, même si j'espère que non. Les libéraux n'ont donc rien compris. Les conservateurs ont fait de fausses promesses et les néo-démocrates, un peu comme les libéraux, ont des politiques centralisatrices et sont prêts à s'investir dans des champs de compétence qui ne les concernent pas.
Je reviens aux congés parentaux. Cinq ans plus tard, l'Assemblée nationale adoptait à l'unanimité le projet de loi créant les congés parentaux. On l'aura deviné, Ottawa, fidèle à son habitude, avait encore dit non. Il avait fallu patienter, à l'époque, encore cinq ans pour voir une poursuite du gouvernement du Québec et l'élection du gouvernement minoritaire de Paul Martin, talonné par le Bloc québécois pour que le Québec, après 23 ans de lourde bataille, réalise enfin son programme des congés parentaux. Tous les députés du Québec ici présents peuvent le confirmer. Ce programme est très populaire et ce n'est pas un hasard si le nombre de naissances est en hausse depuis son instauration. C'est un exemple, mais n'oublions pas qu'il n'y a pas un seul champ de compétence du Québec qui ne soit pas envahi par Ottawa.
Le député conservateur m'a fait rire, lorsqu'il parlait de politique familiale. Il disait que si on limitait le pouvoir fédéral de dépenser, on allait interdire le versement de la prestation fiscale pour enfants. Or on ne parle que de transferts. Ces montants d'argent, versés par Ottawa, seraient mieux gérés par le Québec dans un programme d'allocations familiales, par exemple. Les députés conservateurs font la sourde oreille et jouent les hypocrites en indiquant qu'ils sont en faveur de la limitation du pouvoir fédéral de dépenser, comme le chef l'a indiqué en campagne électorale et dans différents discours par la suite, ce à quoi le député de Beauce semble adhérer. On voit ici que le gouvernement conservateur pourrait profiter de l'ensemble des positions qu'il a prises ces dernières années pour voter en faveur de la motion du Bloc québécois.
On parle de champs exclusifs du Québec, de politique familiale, de santé, d'éducation ou encore de développement régional. Ce sont des exemples de certaines erreurs du fédéral. En 2008-2009, le gouvernement fédéral a dépensé plus de 60 milliards de dollars dans des domaines qui relèvent du Québec et des provinces. Ce chiffre est très révélateur. Il démontre également que le déséquilibre fiscal n'est pas réglé. En effet, comme le mentionnait le rapport Séguin, la problématique du pouvoir fédéral de dépenser est ainsi étroitement liée à la discussion sur le déséquilibre fiscal.
En terminant, j'invite l'ensemble des députés de la Chambre à voter en faveur de cette motion, qui est réclamée par le Québec depuis de nombreuses décennies.
:
Madame la Présidente, c'est un grand honneur pour moi de prendre la parole dans le cadre de ce débat sur la motion du député de . D'ailleurs, j'ai eu l'honneur d'appuyer cette motion. Parce que c'est important, je m'attarderai principalement à faire la démonstration que l'amendement suggéré par le NPD va dans un sens totalement contraire à notre motion, à la position traditionnelle du Québec et à la promesse faite par le pendant la campagne électorale de 2006. Cette promesse semble d'ailleurs avoir été comprise par le député de .
Je me permettrai donc de relire la motion et d'en faire l'explication paragraphe par paragraphe:
Que, de l’avis de la Chambre, le gouvernement devrait, tel que le propose le Bloc Québécois depuis longtemps et maintenant le député de Beauce, mettre fin au soi-disant pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence du Québec et des provinces, éliminer les programmes fédéraux qui violent la division des pouvoirs et transférer des points d’impôt aux provinces [...]
Ces quelques lignes sont textuelles. Ce sont exactement ce qu'a dit le député de . Nous l'endossons complètement. Effectivement, il y a un pseudo-pouvoir de dépenser du fédéral qui n'a aucun fondement constitutionnel. C'est tout simplement à cause du déséquilibre fiscal que le gouvernement fédéral a été en mesure de s'immiscer, depuis des décennies ou plus précisément depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans des champs de compétence qui ne sont pas les siens mais ceux du Québec et des provinces. Il faut donc que cette situation soit corrigée.
Ensuite, le texte de la motion détaille la façon dont le gouvernement du Québec, la nation québécoise, le Bloc québécois et l'Assemblée nationale ont demandé de corriger la situation. La motion dit ceci:
a) en éliminant toutes les dépenses effectuées par le gouvernement fédéral dans un champ de compétence du Québec et des provinces, à moins d’une autorisation expresse du Québec ou de la province.
Ici, on a renversé le jeu traditionnel du fédéralisme canadien qui est un cul-de-sac à cet égard. Au lieu que ce soit les provinces qui demandent à ce qu'on n'empiète pas dans leurs champs de compétence, le gouvernement fédéral doit demander la permission s'il veut empiéter dans les champs de compétence des provinces ou du Québec. Si cette permission n'est pas donnée par la province ou par le Québec, cela n'aura tout simplement pas lieu. Je pense qu'à cet égard, le chef du NPD n'a malheureusement pas compris. Il a dit, au sujet de la motion que proposait le Bloc québécois — et je le cite dans la lettre qu'il a fait parvenir au député de , le chef du Bloc québécois —, que: « Il ne comprenait pas que notre motion [qui applique la même recette au Québec et aux autres provinces] passe outre la reconnaissance unanime de la spécificité de la nation québécoise en cette Chambre et vise à imposer au reste du Canada ce que le Québec veut. »
C'est totalement faux.
Il est très clair que l'on renverse la relation traditionnelle entre le fédéral et les provinces et le Québec en donnant le fardeau de la preuve au fédéral. Par contre, si une province veut que le fédéral empiète dans ses champs de compétence, libre à elle de le laisser faire. Encore une fois, si le Québec ou une autre province disait qu'il n'est pas question, par exemple, que sur le programme des garderies communautaires, le gouvernement empiète dans son champ de compétence relevant de la politique familiale, relevant du domaine social et dont la Constitution canadienne a délégué ce pouvoir au palier provincial, eh bien, ce serait non.
La suite dit ceci:
b) en prévoyant un droit de retrait systématique avec pleine compensation financière et sans condition, pour tous les programmes existants ou non, cofinancés ou non, qui empiètent dans les champs de compétence du Québec et des provinces.
Encore une fois, on oblige pas les autres provinces. On comprend très bien qu'étant donné que les provinces ne sont que des divisions administratives au sein d'une même nation, soit la nation canadienne, que cette dernière veuille faire du gouvernement fédéral son gouvernement central. Nous n'avons pas de problème avec cela. On le reconnaît. Par contre, le gouvernement central de la nation québécoise, c'est le gouvernement du Québec et son pouvoir législatif, c'est l'Assemblée nationale du Québec. Donc, si le Québec veut se retirer d'un programme étant dans ses champs de compétence, il doit pouvoir avoir non seulement un droit de retrait, mais il doit également être compensé adéquatement et sans condition. C'est la fameuse clause du opting out.
Je poursuis la lecture de la motion:
c) en transférant, à la demande du Québec ou d’une province, un espace fiscal sous la forme de points d’impôt et/ou de TPS afin de remplacer les sommes que cette province aurait autrement reçues en vertu du transfert canadien en santé, des programmes fédéraux dans ses champs de compétence, de même qu’en vertu du transfert pour les programmes sociaux et l’éducation postsecondaire au niveau indexé de 1994-1995.
Encore une fois, on n'oblige à rien les autres provinces, et ce que dit le chef du Nouveau Parti démocratique est totalement faux. Si les autres provinces ne veulent pas convertir en espace fiscal les transferts en espèce qui sont actuellement faits par le gouvernement fédéral, libre à elles.
À notre avis, nous serions gagnants parce que nous éviterions une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes lorsqu'un gouvernement fédéral a des problèmes. En ce moment, ils ont des problèmes avec le déficit qui atteint des sommets historiques. Des coupes sont donc à prévoir. Le se cache. Il est évident qu'il doit choisir une autre stratégie, comme éliminer les baisses d'impôt aux entreprises, ce qui était prévu et n'a pas été fait jusqu'à présent. Si on ne va pas du côté des revenus, on devra aller du côté des dépenses. La recette sera donc la même que celle des libéraux, c'est-à-dire piger dans la caisse d'assurance-emploi et couper les transferts aux provinces ou aux particuliers.
Nous préférons avoir un espace fiscal qu'on pourra gérer. On n'aura plus à craindre ce genre de décisions unilatérales, comme on l'a vécu dans le passé. Je me rappelle très bien de 1994-1995. On préfère donc avoir cette autonomie financière. Je rappelle que cela fait partie du plan que la Commission Séguin, le gouvernement du Québec, l'Assemblée nationale du Québec, le Bloc québécois et tout le monde au Québec réclament depuis extrêmement longtemps pour éliminer le déséquilibre fiscal.
Je rappelle que ce plan se divise en trois points. Premièrement, il faut ramener les niveaux des transferts à ce qu'ils étaient avant 1994-1995 en les indexant, en tenant compte de l'inflation depuis cette époque. On se rappellera que Paul Martin, le ministre des Finances du gouvernement Chrétien libéral de l'époque, avait alors décidé de régler ces problèmes de déficit en les pelletant dans la cour des provinces. Il faut donc ramener les transferts au niveau où ils étaient avant les coupes.
Deuxièmement, on transfère l'espace fiscal que représentent ces sommes d'argent indexées au niveau de 1994-1995 en points d'impôt et en points de TPS.
Troisièmement, pour être bien sûr de ne pas reproduire le déséquilibre fiscal et qu'il ne réapparaisse pas dans quelques années ou décennies, on doit faire plus qu'encadrer, on doit éliminer le pseudo-pouvoir de dépenser du fédéral dans les champs de compétence des provinces et du Québec.
Ce qu'on a proposé est extrêmement raisonnable. On n'oblige pas les autres provinces à se retirer des programmes fédéraux dans leurs champs de compétence. On ne les oblige pas à dégager l'espace fiscal qui correspond au transfert en espèces que fait le gouvernement, si elles veulent rester dans une situation de dépendance face au fédéral. Je les comprends, car pour ces provinces, l'État central, c'est Ottawa. Mais au Québec, c'est Québec qui est l'État responsable de gérer les affaires de cette nation, et on a mis en avant un projet de loi qui reprend l'élimination du pseudo-pouvoir de dépenser du fédéral. Il n'y a aucun fondement constitutionnel à ce pouvoir de dépenser. D'ailleurs, le député de le rappelle avec justesse.
L'évaluation des empiètements du fédéral dans l'ensemble des champs de compétence des provinces au Canada, c'était 62 milliards de dollars en 2008-2009. C'est beaucoup d'argent! C'est beaucoup d'empiètements dans des compétences exclusives des provinces et du Québec. Or, comme je viens de le mentionner, c'est un consensus au Québec.
J'aurais voulu citer Benoît Pelletier, un fédéraliste, qui a exactement écrit ce que je viens de dire dans Le Devoir du 19 janvier 2008, et je donne la date pour que mes collègues s'y réfèrent au besoin.
Je reviens à ce que nous proposait le chef du Nouveau Parti démocratique. Il voulait remplacer toute notre motion par:
[...] dans le but de respecter l'engagement d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser [alors qu'on ne veut pas « encadrer », on veut « éliminer »] dans les champs de compétence exclusifs du Québec, vu la reconnaissance unanime par cette Chambre de la nation québécoise et vu le consensus historique au Québec en ce sens, le gouvernement devrait, afin de mettre en pratique le fédéralisme coopératif et asymétrique:
S'il n'y a pas de fondement constitutionnel au pouvoir de dépenser du fédéral actuellement, c'est que la situation n'est pas conforme à la Constitution. Il n'y a donc pas à mettre en pratique un fédéralisme coopératif ou asymétrique, on n'a qu'à respecter la Constitution de 1867.
Je poursuis la lecture de la motion que nous proposait le chef du Nouveau Parti démocratique:
a) prévoir un droit de retrait systématique avec pleine compensation financière et sans condition pour tous les programmes, existants ou non, cofinancés ou non, qui empiètent dans les champs de compétence exclusifs du Québec;
On y est favorables, et c'est même la partie b) de notre motion.
b) éliminer toutes les dépenses effectuées par le gouvernement fédéral dans un champ de compétence exclusif du Québec après la conclusion d'une entente spécifique de gré à gré avec le gouvernement du Québec;
Cela veut donc dire qu'on laisse empiéter le fédéral, et s'il n'y a pas d'entente avec le fédéral, cet empiétement va rester ad vitam æternam. Ce n'est pas ce qu'on demande.
c) transférer à la demande du gouvernement du Québec un espace fiscal équivalent.
Mais équivalent à quoi? On ne le sait pas.
Notre proposition est beaucoup plus claire et, comme le disait mon collègue de , c'est tout simplement une astuce cousue de fil blanc pour voter contre notre motion. Au Québec, les gens n'accepteront pas cela.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat sur la motion de l'opposition présentée par le Bloc québécois. Cette motion vise essentiellement à restreindre le pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence des provinces et à accorder aux provinces un droit de retrait systématique avec pleine compensation financière et sans condition. Ce sujet n'a rien de bien nouveau. On en a discuté à bon nombre de reprises au cours des ans, tant à la Chambre que dans les comités de la Chambre et dans les rapports des comités.
Nous sommes un pays fédéré. Nous avons beaucoup de chance. À ce titre, nous croyons souvent que la nature même de notre Confédération est à la fois une bénédiction et un fardeau pour les Canadiens. Les choses ne sont jamais faciles. Je repense à ce célèbre commentaire qu'avait fait Winston Churchill sur la démocratie lorsqu'il avait affirmé que la démocratie était le pire système au monde, mis à part tous les autres. En réunissant confédération et démocratie, nous en arrivons au meilleur système au monde, mais ce n'est pas toujours simple. Le Canada est devenu un pays qui fait l'envie du monde entier sous plusieurs aspects.
Avant la Confédération, le Canada était un pays fondé sur des compromis, un ensemble de groupes qui se sont unis. En 1867, le Québec, l'Ontario, la grande, merveilleuse et alors riche province de la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick se sont unis. C'était une union exceptionnelle qui faisait l'envie de bon nombre de personnes partout au monde.
J'ai grandi au Royaume-Uni. Un jour, mon père a décidé de venir au Canada. Il a choisi ce pays pour une raison très précise. Il croyait aux objectifs que le Canada s'était fixés. Lorsqu'il est arrivé ici, à la fin des années 1960, comme il était médecin, il a participé à cette nouvelle expérience nationale qu'était le régime d'assurance-maladie, sous la direction de Lester Pearson et du gouvernement libéral.
Il existe un équilibre, bien qu'il soit fragile. Le Canada a démontré à bon nombre de reprises qu'il était plus que la somme de ses diverses parties dans des secteurs comme les soins de santé, le système national de pensions et même l'assurance-emploi. Le Canada a prouvé depuis longtemps qu'il pouvait avancer dans le cadre du modèle de fédération qui permet de se rencontrer autour d'une table pour trouver des solutions.
On a apporté un important changement au régime d'assurance-maladie en 2004 lorsque le premier ministre Paul Martin a conclu avec les provinces une entente consacrant 46 milliards de dollars sur 10 ans aux soins de santé, ce qui représente un investissement énorme. Cette entente a demandé beaucoup de négociation et de consultation. Les priorités du Canada ont été établies. On a déterminé qu'il fallait améliorer cinq domaines prioritaires. L'argent a été affecté aux soins de santé, et toutes les provinces étaient d'accord. Il faudra nous poser de sérieuses questions au cours de la renégociation de l'entente en 2014.
Le député de a laissé entendre qu'il faudrait réduire de 40 milliards de dollars les transferts fédéraux, et que le gouvernement fédéral ne devrait jouer aucun rôle dans ces transferts ou dans leur utilisation. Cela s'inscrit dans l'idéologie du . Il y a un certain nombre d'années, il préconisait ce qu'on appelle maintenant le « pare-feu albertain ». Il existe des précédents et il y a aussi un genre d'alliance entre les conservateurs au pouvoir et les bloquistes en ce qui concerne le rôle du Canada dans certaines de ces négociations.
Il faut nous poser de sérieuses questions quant aux soins de santé. Je suis le premier à dire que certaines de ces questions seront un peu compliquées. Il faut tenir compte des changements démographiques. Il faut considérer que les Canadiens vieillissent et que les soins de santé accapareront une part de plus en plus importante des fonds publics. Il faut définir le rôle du gouvernement fédéral.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer. Il n'a pas seulement la possibilité de participer; il lui incombe de prendre part aux discussions et de veiller à ce que les priorités du système de santé correspondent aux préoccupations nationales et que ces priorités puissent s'adapter aux intérêts provinciaux. Un modèle existe déjà.
Lorsque j'ai été élu pour la première fois à la Chambre, en 2004, le gouvernement, sous l'initiative du ministre du Développement social de l'époque, a créé un plan national de garde d'enfants en collaboration avec toutes les provinces. Voilà un exemple de la façon dont le gouvernement peut fonctionner au Canada.
Si vous le permettez, j'aimerais lire des extraits d'un communiqué paru le 28 octobre 2005, intitulé « Les gouvernements du Canada et du Québec signent le premier accord de financement sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants ». En voici le premier paragraphe:
Le premier ministre du Canada, monsieur Paul Martin, et le premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, en compagnie du ministre fédéral du Développement social [...] [le député de York-Centre], de la ministre de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine du Québec, madame Carole Théberge, de la présidente du Conseil privé et ministre des Affaires intergouvernementales, madame Lucienne Robillard, et du ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes, monsieur Benoît Pelletier, ont annoncé aujourd'hui qu'une entente historique a été conclue concernant le transfert au Québec d'une somme de 1,125 milliard de dollars sur 5 ans dans le cadre du programme Initiative d'apprentissage et de garde des jeunes enfants mis en place par le gouvernement fédéral.
Voilà qui indique comment le fédéralisme peut fonctionner et comment le gouvernement fédéral peut travailler avec les provinces afin d'améliorer la société.
Mon ancienne collègue, l'honorable Lucienne Robillard, a dit, et je cite:
Cette entente démontre la souplesse qui caractérise une fédération comme la nôtre, et qui permet de conclure des ententes qui s'adaptent aux différentes situations, réalités et besoins de la population d'une province donnée.
Quant au ministre responsable du Québec, le ministre Pelletier, il a déclaré ceci:
Cette entente, en plus d'être de nature asymétrique, respecte les compétences exclusives du Québec et les positions exprimées en la matière. Nous avons toujours cru qu'il était possible de s'entendre sur une formule qui reconnaît le travail déjà accompli par le Québec et qui, par conséquent, nous permet de toucher [à ces] sommes [...]
À maints égards, le Québec a plusieurs leçons à enseigner aux autres provinces canadiennes. Le programme des garderies à 7 $ est un modèle qui fait l'envie de toutes les autres provinces, car il donne des résultats sur le plan du développement de l'enfant. J'ai toujours trouvé étrange que l'on croie que les enfants commencent à apprendre lorsqu'ils commencent l'école, soit à l'âge de six ans. Les enfants commencent à apprendre à leur naissance, voire avant. Nous devons faire davantage et nous gagnerions à nous inspirer du modèle québécois.
Le Québec est aussi un chef de file dans le domaine de l'enseignement postsecondaire, dans lequel il a choisi d'investir. Au Québec, les frais de scolarité sont peu élevés, peu importe qu'on envisage de faire un baccalauréat ou des études supérieures. Il y a un prix à payer, nous en sommes bien conscients, mais c'est un investissement que la province de Québec a choisi de faire.
D'autres provinces ont suivi sur la même lancée dans le domaine de l'enseignement postsecondaire. À Terre-Neuve-et-Labrador, les frais de scolarité pour les étudiants de première année en arts ou en sciences s'élèvent à environ 2 500 $, alors qu'ils approchent davantage 6 500 $ chez moi, en Nouvelle-Écosse. Encore un élément qui témoigne du leadership du Québec.
Formation de la main-d'oeuvre, prestations parentales et de maternité, prestations de compassion et de maladie pour les travailleurs autonomes et les nouvelles mamans, voilà autant de domaines importants où le Québec a su se distinguer. Il a réussi à investir — à bien investir — dans les programmes qu'il jugeait importants. Bien sûr, il a dû faire face à un certain nombre de contraintes budgétaires, mais c'est ça, gouverner. C'est aussi ce que nous raconte le gouvernement pour justifier ses choix, mais disons que les choix en question sont diamétralement opposés.
Québec a su saisir la chance quand elle passait, et le Québec a toujours été respecté lorsqu'il prenait part à des discussions de nature fédérale, et c'est ainsi que ça doit être.
Je tiens à revenir sur un point qui a été soulevé aujourd'hui, à savoir les coupes qui ont été effectuées dans les années 1990 dans les transferts fédéraux aux provinces. Personne ne nie que, dans les années 1990, le gouvernement libéral de Jean Chrétien et le ministre des Finances, Paul Martin, ont coupé dans les transferts aux provinces. Le parti d'en face prétend aujourd'hui que ces coupes étaient trop draconiennes, mais ce n'est pas ce qu'il disait à l'époque.
Les gens étaient conscients que, lorsque le gouvernement libéral est arrivé au pouvoir au début des années 1990, le pays était aux prises avec un déficit insoutenable. Il fallait que les choses changent et je me rappelle, non sans une pointe d'humour, que l'ancien ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, Monte Solberg, disait souvent à la Chambre: « Voici le gouvernement qui a coupé dans les transferts », jusqu'à ce que je que lui rappelle les propos qu'il tenait lui-même dans les années 1990, à une époque où le gouvernement tentait de juguler le déficit, qui avoisinait les 40 milliards de dollars par année, et devait supporter l'énorme fardeau d'une dette écrasante.
Voici le conseil que Monte Solberg avait offert à ce moment-là:
Nous avons un déficit de 40 milliards de dollars et une dette de près de 535 milliards de dollars. Avant longtemps, les créanciers internationaux vont être écoeurés. Ils vont dire qu'ils en ont assez et qu'ils iront trouver un endroit où ils pourront investir en toute sécurité [...] J'exhorte le gouvernement à se rendre compte de la gravité de la situation, à revoir sa réforme des programmes sociaux et à faire des réductions importantes, dans un proche avenir, pour le bien de tous les Canadiens.
C'était, à l'époque, l'avis de députés dont certains siègent encore au sein du gouvernement mais, plus précisément, d'un député qui est devenu ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences.
Ce même député a dit en octobre 1994: « [...] nous avons remis au ministre des Finances une liste de compressions totalisant 20 milliards de dollars et nous proposons au gouvernement de l'utiliser dans sa lutte contre le déficit et la dette. »
Je le rappelle au secrétaire parlementaire, et il devrait y réfléchir.
Plus tard, M. Solberg a affirmé « [...] nous allons devoir sabrer davantage dans nos programmes sociaux. Il s'ensuit que nous ne pouvons pas laisser entrevoir de sitôt aux Canadiens un allégement fiscal. »
Bien sûr, nous avons rétabli l'équilibre budgétaire et investi dans les programmes sociaux.
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Madame la Présidente, ne vous faites pas de souci. Vous ne me rendez jamais nerveux. Je me sens très à l'aise quand vous occupez le fauteuil.
Mon collègue de a dit que vous m'aviez coupé la parole, tout comme les provinces se sont fait couper l'herbe sous le pied par le gouvernement fédéral actuel. Je pense que c'est un bon commentaire. Le gros bon sens de Cape Breton, comme on dit.
Madame la Présidente, nous avons entendu un peu d'histoire, mais je veux parler d'un autre domaine et j'espère que mes collègues me le permettront.
Cette motion aujourd'hui concerne toutes les provinces et non seulement le Québec. Dans les provinces de l'Atlantique, d'où je viens, nous adorons nous plaindre de tout et de rien, mais nous savons que le gouvernement fédéral a un rôle très positif à jouer dans le développement de notre région.
Il s'est produit des choses très positives dans les provinces de l'Atlantique au fil des ans, dont la création de l'APECA. Comme les gens le savent, il y a au Québec l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, quoique l'agence pour les provinces de l'Atlantique, l'APECA, créée en 1987, a été, si je ne m'abuse, la première agence de développement régional. Elle a été proposée par le premier ministre Brian Mulroney et maintenue par les gouvernements libéraux par la suite.
Elle a fait toute une différence dans les provinces de l'Atlantique, du fait qu'on y comprend la nature unique de cette région. L'agence travaille peut-être pour une région en particulier, mais elle joue un rôle important dans l'édification d'un pays comme le Canada. La création de l'APECA a donc été une mesure très importante.
Je me souviens qu’au début des années 2000, à l’aube de ce siècle, l’APECA a mis sur pied un programme, le Fonds d'innovation de l'Atlantique, qui faisait suite au rapport intitulé Cap sur l’avenir. Des intervenants comme le sénateur Willie Moore et l’actuel député de , qui prendra bientôt sa retraite au grand malheur de cette Chambre, ont participé à la conception de ce plan.
Ce plan reconnaissait que, dans le Canada atlantique, certains projets précis dépendaient de l’aide du gouvernement. Nous ne pouvons pas compter sur des masses d’investissements de capital de risque. Nous ne pouvons pas compter non plus sur la commercialisation. Le Fonds d'innovation de l'Atlantique a été mis en œuvre et il a vraiment aidé des entreprises à se développer. Son but n’est pas d’aider les entreprises non viables, mais de permettre à celles qui le sont de passer à un niveau supérieur.
En fait, il y a un certain nombre de ces entreprises dans ma circonscription. L’une d’entre elles, les Algues Acadiennes Limitée, récolte des algues. Il y a des années, les gens pensaient que M. Louis Deveau, l’un des grands entrepreneurs néo-écossais de la deuxième partie du XXe siècle, était fou. Il parlait de récolter les algues, de les transformer sur place, en Nouvelle-Écosse, et de les exporter. Il a développé un marché et je pense que son entreprise emploie actuellement plus de 500 personnes dans trois ou quatre régions du Canada atlantique.
Des organisations comme les Algues Acadiennes Limitée n'existeraient probablement pas et n'emploieraient pas autant de travailleurs sans le soutien du gouvernement fédéral.
La société Ocean Nutrition, dont certains ont entendu parler, a mis au point un procédé de microencapsulation des acides gras oméga-3. Ce procédé permet de les utiliser pour rendre les aliments plus sains. Cette société emploie également des Canadiens, développe de nouveaux produits et stimule l’innovation dans nos universités, nos laboratoires et nos entreprises privées. Voilà le genre d’organisations qui ont su profiter des interventions du gouvernement fédéral.
Celui-ci a donc un rôle à jouer. Nous tenons cependant au respect des champs de compétence du gouvernement fédéral et des provinces dans certains secteurs comme la pauvreté, le logement, les garderies et l’enseignement postsecondaire. Nous pensons que le gouvernement fédéral, conformément aux règles canadiennes en matière de compétence, a un rôle à jouer dans ces domaines.
En ce qui concerne la pauvreté, par exemple, le Sénat a publié juste avant Noël un rapport intitulé Pauvreté, logement, itinérance: les trois fronts de la lutte contre l’exclusion, dans lequel il demande au gouvernement fédéral d'agir pour lutter contre la pauvreté. Des députés du Bloc sont en faveur de cette intervention. Le député de a appuyé ce rapport avec ferveur. Il reste quand même quelques problèmes relatifs aux champs de compétence, mais nous les réglerons. Ce rapport sera déposé à la Chambre des communes d’ici un mois ou deux. Comme il s’agit encore d’une version provisoire, je ne la citerai pas.
On peut dire que le gouvernement sait comment utiliser les champs de compétence lorsque cela l'arrange. J'aimerais citer en exemple l'examen périodique qui a été réalisé par l'ONU en 2009 et qui demandait au gouvernement fédéral d'instituer un plan national de lutte contre la pauvreté. Le gouvernement fédéral a déclaré que cette question ne relevait pas de sa compétence. Pourtant, si on examine certains des éléments clés de l'infrastructure sociale — par exemple, l'assurance-emploi, les pensions et d'autres programmes du genre —, il apparaît clairement que le gouvernement fédéral a bel et bien un rôle à jouer en la matière.
Six provinces, dont le Québec, et un territoire disposent d'un plan de lutte contre la pauvreté dont ils peuvent d'ailleurs être très fiers.
Nous avons parlé de la question des garderies, mais il importe aussi de mettre en place une stratégie nationale sur le logement.
La députée de a présenté le projet de loi . Nous en avons débattu encore hier soir. Je sais que le Bloc appuie cette mesure législative. Nous tentons de trouver un moyen de susciter un appui unanime à cet égard, tout en respectant les compétences pertinentes.
Je sais que mon collègue de tient beaucoup au programme d'emplois d'été du Canada, dont le financement est assuré par le gouvernement fédéral. Mis sur pied à la fin des années 1990 par le gouvernement libéral, ce programme procure des emplois d'été à quelque 37 000 ou 38 000 étudiants tous les étés. Quand on sait qu'en ce moment, on dénombre plus de 100 000 emplois pour étudiants de moins qu'en 2008, il y aurait lieu de doubler, voire de tripler, la portée de ce programme. C'est une option envisageable, qui permettrait d'améliorer les choses.
L'assurance-emploi relève incontestablement de la compétence fédérale. C'est à contrecoeur qu'a été accordé le prolongement, partiel je dois dire, des projets pilotes comme le régime des 14 meilleures semaines ou le programme offrant la possibilité de travailler tout en touchant des prestations, proposé par Lucienne Robillard en 2004-2005. Le gouvernement a finalement prolongé ces programmes à contrecoeur, mais en a essentiellement marqué la fin. Si on s'intéresse aux régions qui en profitent, on constate que ces programmes aident des régions où le taux de chômage est élevé. Les paiements sont dirigés vers les gens qui y vivent. On compte 21 de ces régions, dont le Centre-du-Québec, Chicoutimi et Jonquière, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord, le Nord-Ouest québécois et Trois-Rivières. Ainsi, 6 des 21 régions qui profitent de ces programmes se trouvent dans la province de Québec.
J'ai mentionné plus tôt que le Canada est né d'un compromis et non de la guerre, que les Pères de la Confédération ont préféré les bulletins de vote aux balles de fusils et, de ce fait, ont jeté les base d'un pays qui fait l'envie du monde selon plusieurs. Notre pays n'est pas parfait; il est en évolution, mais notre histoire regorge d'exemples où des Canadiens se sont unis pour tisser des liens d'égalité et d'intérêt commun. Je crois que c'est cette volonté de rechercher l'intérêt commun et de travailler dans ce sens qui raffermit notre sentiment de citoyenneté. Je veux que notre pays soit davantage d'un regroupement de contribuables.
Aujourd'hui, il est question de points d'impôt, de transferts, de dette et de déficits. Ce ne sont pas vraiment les choses qui nous lient en tant que citoyens d'un même pays. D'une certaine manière, cela nous empêche de voir au-delà de nous-mêmes. Cela nous divise et nous empêche de voir l'intérêt commun qui nous permet de relever des défis considérables, comme le défi démographique auquel le Canada est confronté à l'heure actuelle.
C'est pour cela que je ne peux pas voter en faveur de cette motion aujourd'hui. Je crois qu'il faut respecter les provinces. Je crois qu'il faut reconnaître leur compétence. Elles doivent être assises à la table de négociations, mais le gouvernement fédéral doit aussi y être présent, en tant que partenaire énergique qui participe à la construction du Canada et nous permet de travailler ensemble pour réaliser pleinement le potentiel du pays.