Que, de l’avis de la Chambre, vu que l’offre publique d’achat de la Potash Corporation fait douter de l’efficacité du processus d’examen des investissements étrangers prévu par la Loi sur Investissement Canada, le gouvernement du Canada devrait sans tarder modifier la Loi pour assurer la prise en compte des vues de tous ceux qui sont directement touchés par une prise de contrôle et la transparence des déterminations de l’« avantage net » : a) en rendant la tenue d’audiences publiques obligatoire dans le cadre du processus d’examen des investissements étrangers; b) en ouvrant ces audiences à tous ceux qui sont directement touchés et aux experts qu’ils chargent de témoigner pour eux; c) en rendant publics toutes les conditions dont est assortie l’approbation de la prise de contrôle ainsi que les engagements à contrôler le respect de ces conditions et à infliger des sanctions appropriées et exécutoires aux entreprises qui ne les respectent pas; d) en précisant qu’un des buts de la Loi est d’encourager les investissements étrangers qui apportent des capitaux neufs, créent des emplois et transfèrent des technologies nouvelles, augmentent la recherche et développement au Canada, contribuent au développement économique durable et améliorent la vie des travailleurs canadiens et de leurs collectivités et non des investissements étrangers motivés simplement par le désir d’obtenir le contrôle d’une ressource stratégique, et que la Chambre exprime son opposition à la prise de contrôle de la Potash Corporation par BHP.
Monsieur le Président, je suis heureux de me lever à la Chambre aujourd'hui pour débattre de ce sujet important. Je vais partager mon temps avec le député de .
[Traduction]
Les néo-démocrates croient qu'au Canada, le temps est venu d'adopter une position ferme au sujet des investissements étrangers et, plus particulièrement, de préciser qu'il incombe au de veiller à ce que le Canada tire avantage de ces investissements. Le rappel de la liste des échecs est dramatique: Inco, Alcan, Falconbridge, Stelco, Nortel. Ces ventes à rabais organisées par les conservateurs n'ont pas profité à la collectivité. Les travailleurs ont plutôt été laissés à eux-mêmes après avoir été mis à pied en dépit des promesses faites tant par le gouvernement que par les entreprises en cause.
Pensons aux collectivités de Sudbury, de Timmins, de Hamilton, de Miramichi, de Kenora, de Thunder Bay et de l'île de Vancouver, que ce soit dans le secteur minier ou forestier. À bien d'autres endroits, les travailleurs se sont retrouvés sans revenu pour subvenir aux besoins de leurs familles. C'est la conséquence du refus du gouvernement de tenir tête à ces multinationales, qui viennent ici et qui convoitent nos ressources, qui veulent s'imposer sur le marché mondial et déménager nos emplois à l'étranger. Elles échafaudent des plans infâmes, et le gouvernement gobe tout, sans discernement. Toutefois, la population de la Saskatchewan s'est mobilisée pour mettre fin à cette tendance. Nous lui en savons gré parce que le gouvernement n'a rien fait pour empêcher ces entreprises de faire sombrer les économies locales, d'envoyer des travailleurs au chômage, de s'en prendre aux pensions et de déchirer les conventions collectives.
[Français]
Le NPD ne s'oppose pas aux investissements étrangers, mais il veut s'assurer que ce sont de bons investissements, des investissements qui créent des emplois dans des domaines innovateurs, qui favorisent les pratiques durables et qui présentent d'autres avantages que recherchent les Canadiens et les Canadiennes.
Quand il est question de vendre des compagnies canadiennes d'importance, nous croyons que les Canadiens devraient savoir comment cela sera avantageux pour eux. Or, cela n'arrivera pas tant qu'on ne changera pas la Loi sur Investissement Canada.
[Traduction]
À l'heure actuelle, les décisions sont prises derrière des portes closes. Le gouvernement n'est pas tenu de nous informer. Nous sommes censés lui faire confiance aveuglément lorsqu'il approuve de telles prises de contrôle. Bien franchement, les Canadiens sont laissés dans l'ignorance en ce qui a trait à l'avenir de leurs ressources naturelles, des emplois et des industries clés pour notre économie.
Ottawa n'a pas un bon bilan à cet égard, notamment en ce qui concerne la confiance. Au cours des 25 dernières années, les deux partis qui ont été au pouvoir n'ont rejeté qu'une offre et ont sanctionné 13 500 prises de contrôle et investissements.
De toute évidence, les conditions que le gouvernement affirme mettre en place ne suffisent pas. Qui plus est, elles sont aussi rapidement ignorées qu'elles ont été mises sur papier. Il appert que la signature du gouvernement ne signifie pas grand chose quand il s'agit de défendre l'intérêt des Canadiens.
Cette situation doit changer.
[Français]
Le président de Sherritt International, Ian Delaney, a dit que, et je cite: « le Canada a perdu son titre de centre mondial de la finance minière. »
Ni les libéraux, ni les conservateurs ne sont intervenus quand Inco et Falconbridge avaient des problèmes. Il n'y a eu aucun effort pour les aider, pour travailler ensemble ou pour s'assurer que ces compagnies puissent avoir du succès et que les emplois soient protégés.
[Traduction]
Le gouvernement a tout simplement laissé faire les investisseurs étrangers qui arrivaient avec toutes sortes de propositions et de promesses alléchantes et leur a donné son aval. Il y a même lieu de se demander si le gouvernement prenait connaissance de ce qu'il signait.
Quoi qu'il en soit, je signale aux députés que c'est tragique quand les employés reçoivent leur avis de congédiement et qu'ils voient cette signature et doivent annoncer à leur famille qu'ils ont perdu leur emploi alors que le gouvernement leur avait donné de l'espoir en affirmant qu'il approuvait cet investissement étranger pour améliorer la situation économique. C'est tragique et les familles touchées en subissent les contrecoups. Des milliers de personnes sont maintenant confrontées à la perspective d'un hiver très froid.
Il faut remédier à la situation. Il suffit de penser au millier de travailleurs qui ont été licenciés chez Stelco, à Hamilton. Les députés savent certainement de quoi je parle.
La loi actuelle sur l'investissement étranger est inefficace. Soyons bien clairs à ce sujet. Cette loi ne fonctionne pas. Évidemment, lorsque nous avons exprimé des doléances à cet égard, le gouvernement a tout simplement ressorti ses formules idéologiques habituelles au lieu de prendre au sérieux les répercussions de ces décisions sur les Canadiens.
C'est la raison pour laquelle, en raison de tout cela, les gens de la Saskatchewan ont dit non. S'ils n'avaient pas vu ce qui est arrivé à Sudbury, à Timmins et dans les collectivités forestières d'un bout à l'autre du pays, après des prises de contrôle, ils ne se seraient pas tant inquiétés. Toutefois, ils ont vu le bilan du gouvernement actuel et ils se sont dits qu'ils ne pouvaient pas laisser la même chose se produire chez eux pour la potasse. C'est ce qu'ils ont dit.
Dwain Lingenfelter, le chef du NPD en Saskatchewan, a soulevé avec vigueur ces questions devant l'assemblée législative. Je dois dire que le gouvernement là-bas, à l'époque, a tourné en ridicule l'idée qu'une prise de contrôle étrangère puisse susciter des préoccupations. C'est exactement ce que nous avons vu ici, en fait, lorsque nous avons soulevé des questions. Le a repoussé les commentaires du revers de la main en disant « Bof. C'est juste une compagnie australienne qui prend le contrôle d'une compagnie américaine. Qu'importe. » C'est pratiquement ce qu'il a dit. Qu'importe. Il se trouve que cela importe aux gens de la Saskatchewan et aux gens du Canada. C'est pourquoi nous devons faire quelque chose ici même aujourd'hui. C'est cela l'objet de la motion.
[Français]
Plusieurs premiers ministres provinciaux de tous les partis se sont opposés fermement. Des membres de la communauté des affaires au Canada ont publiquement averti le , et ce n'est pas la première fois qu'ils le faisaient.
[Traduction]
Dick Haskayne, président honoraire du conseil de l'Université de Calgary, dont la faculté de commerce porte le nom, et aussi actionnaire de la Potash Corporation, a dit qu'il s'opposait catégoriquement à cette prise de contrôle. Il dit que cela consiste à laisser aller une grande partie de nos ressources naturelles stratégiques. Une fois que nous les aurons laissé nous glisser entre les doigts, nous les aurons perdues pour de bon. Nous ne pourrons plus les récupérer.
[Français]
Aujourd'hui, nous déposons une motion qui aiderait les Canadiens à croire que leur gouvernement agit dans leurs meilleurs intérêts et qui donnerait un peu de bon sens politique à un gouvernement qui suit aveuglément les valeurs du libre marché.
[Traduction]
Nous pouvons modifier la Loi sur Investissement Canada, rendre le processus plus public, plus transparent, plus responsable, et exiger que les gouvernements démontrent que ce genre de transaction offre un avantage net.
Comment y parvenir?
Tout d'abord, notre motion demande de rendre le processus davantage public. Ensuite, ce processus doit être transparent afin que les Canadiens puissent en comprendre tout le raisonnement. Nous ne savons toujours pas quel a été le raisonnement du gouvernement en ce qui concerne PotashCorp. Enfin, il faut établir clairement la nature des avantages nets: emplois, technologie, recherche et développement, développement économique durable. Il faut s'assurer que les Canadiens ont accès à cette liste d'avantages, car si le gouvernement ne surveille pas ces entreprises, les Canadiens pourront le faire et s'assurer que ces avantages se concrétisent.
Il s'agit de faire preuve de discipline, et certaines entreprises canadiennes possèdent d'excellents gestionnaires, qui tentent de faire du mieux qu'ils peuvent. Souvent, toutefois, sous les pressions d'actionnaires qui veulent soutirer le plus d'argent possible de l'ensemble de l'entreprise, leur lointain siège social finit par dire à ces gestionnaires canadiens « Désolé, mais nous fermons votre usine. » Si ces gestionnaires pouvaient pointer l'entente avec le peuple canadien, qui serait du domaine public et que les Canadiens pourraient surveiller, cela aurait peut-être un impact. Il s'agit de pression morale appuyée par la loi, et c'est ce dont nous avons besoin.
[Français]
Nous demandons à ce gouvernement de prouver qu'il y a un avantage net, d'abord en rendant le processus public, et ensuite en s'engageant dans la voie de la transparence pour que les Canadiens voient le raisonnement complet. Enfin, définissons clairement ce qui est un avantage net: la création d'emplois, la technologie, la recherche et le développement, l'économie durable, etc.
[Traduction]
Des multinationales feront toujours des offres d'achat au sujet de nos ressources naturelles.
[Français]
Le NPD croit qu'il est temps que les conservateurs comprennent la différence entre les acquisitions étrangères hostiles qui ne sont qu'une tentative de contrôler nos ressources naturelles et les investissements étrangers qui créent des emplois, de l'innovation et des pratiques durables pour notre pays.
[Traduction]
Tout comme la motion, je vais conclure ainsi:
Notre motion demande à la Chambre de rejeter la prise de contrôle de Potash Corporation par BHP. Nous croyons que les gouvernements devraient être obligés de démontrer clairement que les investissements étrangers bénéficieront aux Canadiens et qu'il y aura des sanctions si ce n'est pas le cas.
C'est là le sens et la teneur de notre motion. Nous espérons que tous les députés l'appuieront, car nous pourrons ainsi permettre aux bons investissements étrangers d'aller de l'avant et de rejeter les mauvais.
:
Monsieur le Président, c'est un privilège pour moi d'appuyer la motion présentée par le député de .
Pour donner encore plus de poids à ce qu'il vient de dire, il suffit de prendre connaissance des plus récents commentaires du public, et pas seulement de la part de gens qui réclament depuis des années qu'on fasse la lumière sur ce problème, mais aussi de gens qui ne partagent habituellement pas les vues du NPD.
M. Joseph d'Cruz, professeur à la Rotman School of Business, de l'Université de Toronto, et qui dit lui-même qu'il n'est généralement pas un fan du NPD, a déclaré ceci aujourd'hui:
J'ai bien peur d'être d'accord avec les néo-démocrates, car pour une fois, je crois qu'ils ont raison. Je crois en effet qu'il serait sain de tenir des audiences publiques. J'ai toujours déploré que les engagements pris par les entreprises étrangères auprès d'Investissement Canada soient confidentiels et que le public n'en connaisse pas la teneur. Quand l'enjeu porte sur une importante politique publique, je crois que la confidentialité n'a pas sa place.
C'est grave, parce que de très nombreux emplois dépendent de la Loi sur Investissement Canada. Et pas seulement des emplois contrôlés par des entreprises canadiennes ou étrangères, mais des emplois à valeur ajoutée essentiels à la bonne marche de l'économie d'aujourd'hui.
Le Canada fait fausse route avec la Loi sur Investissement Canada. En effet, même si elle est en vigueur depuis 1985, nous avons quand même assisté à la liquidation en bloc d'un grand nombre d'industries.
Il est important de souligner qu'on a récemment réformé la loi de façon antidémocratique par le biais d'un projet de loi budgétaire. Le gouvernement conservateur a commandé le rapport Wilson qui a proposé une série de recommandations. Le gouvernement les a inclues dans un projet de loi budgétaire. Comme les libéraux étaient coincés à ce moment-là, ils ont voté avec les conservateurs. En conséquence, on a modifié la Loi sur Investissement Canada sans le moindre examen.
La motion proposée par le député de réclame une procédure qui a été escamotée, ce qui est stupéfiant quand on y pense. Alors qu'on assiste dans le monde à une concentration des entreprises axées sur les ressources naturelles, les minéraux et autres, nous avons négligé une occasion de mettre à jour et de moderniser notre loi de façon démocratique. Il aurait fallu organiser à la Chambre des Communes un débat comme celui que nous avons aujourd'hui avant de modifier la Loi sur Investissement Canada, car les changements qu'on y a apportés n'ont fait qu'ouvrir la porte encore plus.
Le monde des affaires, entre autres, a été tenu à l'écart des audiences.
Il faut écouter ce que disent les gens de Sudbury qui ont été mis à la porte et se sont mis en grève parce qu'on ne leur donnait pas leur prime liée au prix du nickel. Ils ont été victimes d'une entreprise brésilienne et on ne leur a pas laissé la chance de s'exprimer.
On n'a pas entendu la voix du secteur de l'investissement qui examine les conséquences des investissements sur le marché des actions et les possibilités commerciales que créent ces situations. On n'a pas entendu le secteur de l'investissement.
Le gouvernement a dit à tout le monde au Canada qu'il s'occupait de tout, que tout était sous contrôle. Il n'a pas changé la loi démocratiquement. Il a décidé de faire passer ses changements en force. C'est une politique à l'américaine que le gouvernement conservateur a suivie à plusieurs reprises, et c'est très néfaste pour le pays. Le gouvernement s'est servi de plusieurs projets de loi budgétaire pour le faire. Cela ne s'était jamais fait auparavant. Nous n'avons pas cessé de sonner l'alarme à ce propos.
Je voudrais remettre les pendules à l'heure sur plusieurs dates importantes. Il est essentiel que les Canadiens comprennent que, même si la question a pris de l'ampleur récemment, on en a déjà parlé dans la presse et nous l'avons soulevée précédemment.
Le 18 août, le député néo-démocrate de a soulevé la question dans un communiqué de presse. Je le remercie ainsi que le député de . J'ai eu l'occasion d'aller chez eux rencontrer les travailleurs qui faisaient du piquetage. Ces Canadiens ordinaires m'ont parlé de leurs problèmes. Pendant plus d'un an, ils ont été dans la précarité.
C'était à cause d'une prise de contrôle. Au lieu de créer une entreprise canadienne phare avec Inco et Falconbridgde, le gouvernement conservateur a préféré les vendre à l'étranger et il a pris bien soin de le faire en cachette.
Le s'est vanté de ce que le gouvernement ait opposé son véto dans un cas, celui de MacDonald Dettwiler. Je tiens à remercier Peggy Nash de la lutte acharnée qu'elle a menée pour que cette entreprise reste canadienne. Si elle n'avait pas fait tout ce travail, l'entreprise ne serait plus canadienne. C'est à elle qu'on doit cela.
Les conservateurs se vantent du procès intenté contre U.S. Steel. Ce n'est pas une victoire. Qualifier de victoire le fait d'intenter un procès à une entreprise qui a fermé ses portes, c'est pour le moins saugrenu.
Comment peut-il être formidable de se vanter du fait que nous perdons du travail à valeur ajoutée et que les gens doivent dorénavant traîner leurs partenaires d’affaires devant les tribunaux? Quel message cela envoie-t-il? C’est très important, car il y a eu des milliers et des milliers de prises de contrôle dans ce pays et nous n’avons jamais été mis au courant des modalités.
À toutes les étapes, ce ne sont pourtant pas les occasions qui font défaut. Nous pourrions notamment tenir des audiences en comité. Il y aurait un certain nombre de moyens à notre disposition pour avoir accès à certains des documents. Les documents sensibles n’auraient pas nécessairement à être rendus publics, mais il faudrait tout de même faire la lumière sur le processus. La reddition de comptes et le suivi sont essentiels.
Ce dossier a évolué pendant tout l’été et une partie de l’automne. Voilà qui est intéressant, car le 20 août, le chef du NPD demandait déjà au d’intervenir dans le dossier et de faire preuve de leadership. Cela ne s’est jamais produit. En fin de journée, hier, le ministre a malheureusement dit aux Canadiens que ses fonctionnaires n’ont aucune opinion sur la question. Lorsque 11 fonctionnaires d’un ministère examinent les documents pertinents, on pourrait quand même s’attendre à recevoir une opinion, oui ou non.
Il est évident que toute cette affaire cache certaines manœuvres politiques. Nous savons que le gouvernement refuse régulièrement d’accepter les conseils de ses fonctionnaires. Statistique Canada est un exemple. Nous avons perdu le statisticien en chef parce que le gouvernement a tenté de déformer ses propos.
Le gouvernement n’arrive pas à obtenir de recommandations de la part du ministère puis prétend que ce n'est pas dans l'intérêt supérieur des Canadiens, mais, en même temps, il se montre incapable de donner davantage d’information. Il a laissé la porte ouverte en accordant un autre délai de 30 jours pour permettre d’aller de l’avant avec la transaction concernant la Potash Corporation. Il est vrai que, selon la loi, ce délai de 30 jours doit être accordé, mais on peut discerner une certaine jubilation dans le ton du ministre lorsqu’il demande de revenir avec des conditions différentes. Je suis loin d’être convaincu que ce dossier est clos.
Le travail n'est pas terminé en ce qui concerne les Saskatchewanais et les Canadiens qui souhaitent une vision différente. Nous allons continuer de surveiller ce dossier. Nous allons continuer de soulever ces questions, car il ne s’agit pas d’un cas isolé. Il s’agit de la liquidation en bloc de l’industrie canadienne et de l’absence d’une politique industrielle pour le Canada. Le Brésil, la Chine et d’autres pays cherchent à acquérir des ressources naturelles dans différents secteurs pour favoriser leurs économies modernes. Le plan du Canada consiste simplement à liquider ses actifs, à se départir de certains de ses principaux atouts.
Les députés devraient écouter ce qu'en disent non seulement les néo-démocrates, mais aussi les experts en la matière. Voyons certains commentaires publiés dans le Financial Times:
Barrick [une entreprise canadienne] pourrait-elle racheter Norsk Hydro? Shenhua Coal? Rio Tinto? Non. Les Brésiliens, les Norvégiens, les Chinois et les Australiens ne toléreraient jamais une telle chose. Mais au Canada, n'importe quels intérêts étrangers peuvent acheter ce qu'ils veulent. Quiconque a les moyens de le faire pourrait racheter Barrick.
Voilà ce que disent les experts. Ils soulignent que ces autres pays ont une stratégie industrielle. Il est clair que le Canada a adopté une autre philosophie et que celle-ci se solde par un échec.
J'aimerais terminer en parlant des types d'emplois qui disparaissent au Canada. Il s'agit d'emplois à valeur ajoutée, emplois sur lesquels peut reposer une économie moderne. Il est important de le reconnaître, car ces emplois-là sont progressivement remplacés par des emplois à temps partiel sans régime de pension. Nous privons les travailleurs de la chance d'élever leurs familles avec dignité et intégrité de manière à permettre à leurs enfants de jouir d'une meilleure qualité de vie qu'eux. Nous avons perdu cette vision. Celle-ci nous laisse indifférents. Beaucoup d'étudiants terminent leurs études universitaires accablés par de lourdes dettes et se retrouvent sur un marché du travail qui ne leur donne pas les moyens de les rembourser.
Je tiens à remercier le député de et les membres de mon parti qui mènent la charge depuis tant d'années. J'ai soulevé la question de la Loi sur Investissement Canada pour la première fois en 2002, quand China Minmetals a voulu racheter une part du Canada. Cela fait plusieurs années que je soulève la question dans l'optique de la sécurité nationale. Il est ironique qu'un État antidémocratique puisse posséder des ressources canadiennes, alors qu'il est inacceptable que celles-ci appartiennent à des Canadiens.
:
Monsieur le Président, avec votre indulgence, je vais partager mon temps de parole avec le .
C’est assurément un honneur de prendre la parole à la Chambre pour participer au débat sur la motion proposée par le chef du NPD sur l’investissement étranger au Canada.
Avant toute chose, permettez-moi de saluer mes collègues conservateurs de la Saskatchewan. Je tiens à souligner leur comportement hautement responsable tout au long de la démarche que nous avons suivie. Ils ont probablement reçu plus que leur part de messages électroniques, d’appels téléphoniques et de visites à leurs bureaux de circonscription. Toutefois, ils ont reconnu, tout comme moi, que le gouvernement et moi, qui sommes leurs représentants, avons la responsabilité, aux termes de la loi, de prendre une décision relevant de la politique d’intérêt public sur l’offre de BHP Billiton, une décision qui soit dans l’intérêt supérieur du Canada, respecte les exigences de la Loi sur Investissement Canada, une décision dont on peut dire qu’elle repose sur des principes et, je le répète, qui est dans l’intérêt supérieur du Canada.
Les députés l’ont compris et ils ont agi en conséquence. Je tiens à les remercier, car je suis persuadé que cette décision les a vivement préoccupés, tout comme moi.
À propos de l’offre de BHP, je ne peux pas en dire beaucoup plus long qu’hier. Aux termes de la loi, j’ai pris une décision provisoire, pour reprendre les termes de la loi, la décision que l’offre n’était probablement pas à l’avantage net du Canada.
Cela a suscité quelques réactions dans les médias et sur les banquettes de l’opposition, car, aux termes de la Loi sur Investissement Canada, une période de 30 jours est laissée à l’entreprise pour faire valoir de nouvelles observations.
Je tiens à ce que tout soit clair, car je crois que le chef de l’opposition officielle, notamment, le chef libéral, a pris hier quelques libertés avec les faits. Peut-être connaît-il mieux la loi américaine en la matière ou la loi britannique, mais la loi canadienne ne lui est certainement pas familière. Devant les caméras, il a essayé d’insinuer que j’avais une certaine préférence ou une certaine latitude à l’égard de cette période de 30 jours, qu’il s’agissait d’une sorte de conspiration conservatrice et que je manquais de transparence avec les Canadiens.
Je tiens à dissiper tout doute dans l’esprit des Canadiens. La loi est très claire, et je dois la respecter. La Loi sur Investissement Canada dispose très clairement que je ne peux prendre pour l’instant qu’une décision provisoire. La décision finale viendra dans 30 jours à compter de l’annonce d’hier soir. La loi est limpide.
Je suis très déçu que le chef de l’opposition officielle, le chef libéral, n’ait pas été franc avec les Canadiens. Peut-être ne comprenait-il pas le fonctionnement de la loi. C’est également possible. Ou peut-être ne veut-il pas comprendre. Si tel est le cas, le député de , qui a plus d’expérience, puisqu’il a vécu au Canada plus longtemps que le chef de l’opposition officielle, aurait dû expliquer à son chef les rouages de la loi. Peut-être le fera-t-il plus tard.
J’ai également pris note des propos que le chef du NPD a tenus hier soir. Mon impression, une fois de plus, c’est qu’il refuse d’accepter telle quelle notre réponse comme une réponse fondée sur des principes, une réponse qui respecte la Loi sur Investissement Canada. Il allègue toutes sortes de conspirations.
Je peux réitérer mes assurances à la Chambre: j’ai pris ma décision en m’appuyant sur les faits qui m’ont été présentés et en tenant compte du devoir qui est le mien, c’est-à-dire évaluer l’offre selon le critère de l’avantage net pour le Canada et protéger ainsi les droits et les intérêts du Canada et des Canadiens. C’est ce que j’ai fait.
Je puis assurer à mes collègues que j’ai très hâte d’expliquer plus clairement les motifs de ma décision, à la fin de la période de 30 jours. Durant cette période, je n’ai pas le droit d’expliquer davantage les raisons de ma décision, mais je pourrai le faire dans environ un mois.
Je vais utiliser le reste de mon temps de parole pour décrire le contexte dans lequel cette décision a été prise. C'est l’importance des investissements étrangers au Canada qui est en cause.
Contrairement aux députés néo-démocrates, nous croyons que les investissements étrangers peuvent être utiles dans notre pays. Nous apprécions les investissements intérieurs et nous apprécions les investissements étrangers. En réalité, ceux-ci sont la contrepartie de certains des grands investissements que des sociétés canadiennes ont faits dans d’autres pays, aux États-Unis ou ailleurs, notamment en Australie.
Le fait est que nos grandes sociétés canadiennes investissent davantage à l’étranger que les pays étrangers n’investissent au Canada. Il est arrivé par le passé que certains analystes se disent préoccupés par cette situation. Nous sommes un exportateur net de capitaux, et l’écart est important. Nous sommes certainement heureux quand des entreprises canadiennes peuvent non seulement créer des emplois ici mais également faire croître leur bilan en faisant de judicieux investissements à l’étranger. De la même façon, nous sommes heureux d’accueillir des investissements à l’intérieur de nos frontières.
Je me limiterai à dire ceci. Les investissements étrangers faits chez nous doivent être conformes à la loi s’ils sont sujets à l’examen prévu dans la Loi sur Investissement Canada, car seuls les investissements qui satisfont à certains critères sont sujets à cet examen. Les investisseurs ont certaines obligations, et le ministre de l'Industrie en a aussi. Ce sont les règles du jeu. Je ne crois pas que ce soit trop demander que d’exiger que les investisseurs étrangers respectent nos règles si nous leur ouvrons nos portes.
Dans notre pays, nous respectons la primauté du droit et nous en sommes fiers. C'est même une valeur et un principe de notre démocratie que nous exportons. Nous croyons dans la primauté du droit, mais cela signifie que toutes les sociétés doivent respecter nos règles. Nous n’ouvrons pas tout grand nos portes à tous en disant « Faites comme chez vous, vous n’assumez pas de responsabilités en vertu de nos lois et vous n’avez pas à nous respecter. »
Ce n'est pas ce que nous disons ou pensons. Nous voulons qu'elles soient responsables et qu'elles respectent nos lois, y compris la Loi sur Investissement Canada. De plus, elles doivent respecter le critère de l'avantage net pour le Canada prévus par cette loi. En d'autres termes, si je puis me permettre d'être aussi présomptueux, eu égard aux dispositions de la Loi sur Investissement Canada, certaines transactions sont à l'avantage net du Canada, mais il arrive parfois que d'autres ne le soient pas. C'est le cas de l'offre d'achat présentée par BHP Billiton, comme je l'ai dit hier.
Toutefois, dans l'ensemble, il y a de bonnes transactions. Statistique Canada a rapporté, au début de l'année passée, relativement à nos investissements à l'étranger, que les Canadiens possèdent et contrôlent des avoirs étrangers valant plus d'un demi-billion de dollars. Voilà qui illustre l'importance du commerce bilatéral. Par conséquent, je dirai à mon collègue que c'est une bonne chose pour le Canada et une bonne chose pour les Canadiens.
Lorsque des Canadiens investissent à l'étranger, ils respectent les règles en vigueur dans ces pays, notamment en Australie qui, je pourrais ajouter, possède une exigence similaire au critère de l'avantage net pour le Canada. En Australie, il y a le critère de l'intérêt national. En fait, ce critère est plus ou moins identique au nôtre. Les sociétés canadiennes respectent les règles lorsqu'elles investissent en Australie et il serait logique de penser que les sociétés australiennes en font autant au Canada. C'est de cette façon que nous créons de la richesse et des débouchés pour le Canada et les Canadiens.
Je sais que les néo-démocrates aiment imposer les sociétés à mort et qu'ils aiment les réglementer à mort, et qu'une fois qu'elles sont mortes, ils aiment les subventionner à mort. C'est le modus operandi du NPD, mais il n'est pas adapté à l'économie du XXIe siècle.
En conclusion, nous prenons nos responsabilités en vertu de la Loi sur Investissement Canada au sérieux. Nous avons l'occasion de débattre du principe et des dispositions de cette loi et j'ai hâte d'entendre la suite du débat.
:
Monsieur le Président, je suis heureux de me joindre à mon collègue, le , pour discuter non pas tant de l'offre de BHP et du dossier de la Potash Corporation of Saskatchewan que de la motion présentée par le NPD. La motion propose de modifier la façon dont la Loi sur Investissement Canada tranche ce genre de situations. Elle aurait aussi pour effet de priver le d'une dimension importante de son rôle dans la prise de décision. Nous travaillons en fonction d'un précédent jurisprudentiel. Si ma mémoire est bonne, ce document a fait surface pour la première fois autour de 1985, soit il y environ 25 ans. Par conséquent, une mise à jour complète s'impose. Cela ne fait aucun doute dans mon esprit.
Cela dit, en vertu de la loi, le et les ministériels, qui jouent un rôle dans toute région où cette décision peut avoir une incidence, sont assujettis à des contraintes d'ordre juridique. Je déplore, et le mot est faible, que certains députés de l'opposition — et je ne vais même pas me donner la peine de les nommer, parce qu'ils sont insignifiants — jettent les hauts cris, alors qu'ils savent pertinemment que, d'un point de vue légal, certaines mesures peuvent être prises et d'autres pas. À titre de député au sein de la démocratie que nous appelons le Canada, et à titre de ministre régional de la Saskatchewan, je considère comme un affront la façon dont certains représentants des médias et certains députés de l'opposition se sont comportés dans ce dossier. Ils ont dépassé les bornes dans leurs critiques et dans leurs exigences.
Comme nous le savons, ces deux sociétés sont des entités importantes sur la scène internationale. La Potash Corporation of Saskatchewan a des avoirs un peu partout dans le monde, tout comme la BHP, bien que ce soit à une échelle différente. La législation est élaborée de la façon que nous connaissons en raison des perturbations du marché. Entre autres conséquences, l'effet d'entraînement qui frapperait le marché enverrait des signaux incorrects et dévastateurs à un grand nombre d'investisseurs.
Je félicite le , mes collègues de la Saskatchewan, l’ensemble du Cabinet et du caucus de ce grand gouvernement d’avoir gardé cela entre nous. La décision ultime incombe au . Je sais toutefois qu’en ce qui concerne le caucus de la Saskatchewan, nous avons tenu 17 réunions avec toutes les parties prenantes, tous ceux qui avaient un rôle à jouer ou quelque chose à dire à ce sujet. Nous avons étudié tout cela, pris cette question à coeur et transmis les résultats au pour l’aider à prendre sa décision.
La politique joue un grand rôle dans ces discussions. C’est en tout cas ce que je constate du côté de l’opposition. Si nous réexaminons ce que ces députés ont déclaré et comment ils l’ont fait, c’était purement de la politique partisane. Je pense que les Canadiens le leur reprocheront. Lorsque la coalition décidera de faire tomber le gouvernement et d’aller aux urnes, je pense que les Canadiens se souviendront de la façon irrespectueuse dont il s’est comporté dans les circonstances.
Il s’agit là d’un cas particulier. On parle beaucoup des conséquences négatives que cela pourrait avoir sur la place du Canada dans le monde sur le plan de l’investissement étranger. C’est absolument ridicule. Chaque cas est traité individuellement. Il y en aura d’autres. Cela pourrait être aujourd’hui, demain ou la semaine prochaine. Nous l’ignorons. Toutefois, dans un contexte de libre marché comme celui du Canada où règne la démocratie et l’état de droit, nous sommes appréciés des investisseurs. Voyez la vigueur de notre dollar. Voyez la façon dont nous nous sommes sortis de cette récession. De nombreux pays investissent au Canada en raison de cette stabilité et nous nous en réjouissons.
Cependant, nous nous réservons certainement le droit de juger chaque cas individuellement conformément à la disposition de la loi qui exige qu'il y ait un avantage net. Voilà ce qui servira le mieux les intérêts du Canada à l’avenir.
Je peux parler du point de vue de l’agriculture. Grâce aux efforts de commercialisation que nous avons déployés dans le monde, pays après pays, en collaboration avec le secteur et mes collègues des provinces, en ouvrant des marchés, en régénérant des marchés, le Canada reprend sa place sur le marché mondial. Elle avait diminué depuis un certain temps. Nous ne faisions pas vraiment suffisamment d’efforts.
Quand nous arrivons dans un grand nombre de ces pays, on commence par nous demander où nous étions passés. Les Australiens, les Américains, les Européens, les Brésiliens et certaines économies émergentes comme la Chine et l’Inde font une commercialisation très dynamique et cela de plus en plus. Ces pays nous réservent un bon accueil. Ils reconnaissent la salubrité et la sécurité de l’approvisionnement alimentaire au Canada. Cette salubrité et cette sécurité sont également attribuables en partie à nos intrants. Si nous prenons une ressource stratégique comme la potasse, qui est l’ingrédient de base des engrais et d’autres produits dans le monde, nous faisons un excellent travail pour ce qui est d’approvisionner en potasse et en produits alimentaires, bien souvent ces mêmes pays, par exemple, la Chine, l’Inde et la Corée. Ce sont d’excellents marchés pour nos engrais, de même que pour nos produits alimentaires finis. Cela nous confère un pouvoir et une position stratégique dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale pour être un important fournisseur à la fois d’intrants et de produits alimentaire d'origine végétale et animale.
D'un point de vue stratégique, nous sommes très bien positionnés au Canada.
Selon les critères liés à l'avantage net, il est certainement bien différent de confier l'exploitation à quelqu'un d'autre. L'Australie est un grand spécialiste de la commercialisation de bon nombre de produits alimentaires que l'on trouve aussi au Canada. Tout comme l'Australie, nous sommes un pays qui produit en grandes quantités. Si l'Australie avait pu se rendre en Inde et en Chine par exemple, et leur dire qu'elle pouvait contrôler leurs engrais, je crois que cela aurait été néfaste.
Je sais que le a pris tout cela en considération dans les décisions qu'il a prises avec son ministère. C'est la bonne décision à l'heure actuelle. Cela ne fait absolument aucun doute à mon avis. Je crois que les gens de la Saskatchewan ont reconnu le magnifique travail que mes collègues ainsi que le ministre de l'Industrie ont fait dans ce dossier. Je crois qu'ils ont aussi reconnu l'attitude douteuse de certains des députés de l'opposition qui ont tenté de faire de la politique partisane dans ce dossier.
En fin de compte, la décision est basée sur le critère qui vient directement du ministre, c'est-à-dire qu'on a pris la bonne décision.
À mesure que nous irons de l'avant dans ce dossier, je serai très heureux de discuter de la manière dont nous pourrions modifier notre façon d'évaluer ces questions qui deviendront certainement plus fréquentes et non l'inverse. Le Canada est un pays de richesses. Nous disposons de beaucoup de matières premières et de ressources importantes. À mesure que nous prenons des moyens pour rendre le Nord accessible, ce que le gouvernement actuel a fait pour protéger notre souveraineté, et que nous voyons ce qui se produit au niveau de notre approvisionnement en eau douce et la demande croissante un peu partout au monde, nous devons prendre conscience que le reste du monde voudra de plus en plus investir dans ce genre de biens ou les acheter tout simplement.
À l'heure actuelle, nous pouvons refuser parce que nous disposons de lignes directrices. Pourraient-elles être meilleures? Probablement. Nous nous penchons maintenant sur des choses qui sont en demande alors qu'elles ne l'étaient pas lorsque la loi a été rédigée en 1985.
Je suis heureux de l'occasion qui nous est offerte et de la motion que le NPD a déposée aujourd'hui. Je désapprouve toutefois certains des sous-entendus politiques qu'on y retrouve. La dernière ligne représente une réelle négation. Je ne crois pas que nous puissions faire une telle chose dans une société libre et démocratique à l'échelle internationale, une société dans laquelle nous sommes en train de devenir un acteur majeur.
Certains éléments sont prévus dans les politiques. C'est à nous qu'incombe la responsabilité d'élaborer les politiques et j'en suis fort heureux. J'aime cette arène où il nous faut jouer des coudes. C'est un peu comme une bonne partie de hockey. Il y a cependant des règles et les Canadiens sont les arbitres. Ce sont eux qui trancheront à l'égard de cette question. Nous sommes néanmoins conscients qu'un nombre grandissant d'entreprises et de ressortissants canadiens, partisans du libre commerce, appuient la décision dans sa forme actuelle.
Quand je lis les éditoriaux publiés dans certains quotidiens et les observations de certains analystes qui prétendent être dans le secret des dieux, je me demande comment il est possible de justifier de telles positions auprès des abonnés et des acheteurs de publicité. Qui plus est, quand je vois l'opposition voter en faveur de mesures comme le projet de loi , je sais que, dans le contexte mondial où évoluent les sociétés PCS et BHP Billiton, une telle mesure condamnerait et forcerait ces sociétés à résister à des attaques continuelles associées à diverses causes et des situations susceptibles de survenir n'importe où dans le monde. Il faudrait interrompre la production a nom de PCS et trancher la question.
Je regarde également la position de l'opposition à l'égard de l'augmentation de l'impôt des sociétés. Or, c'est notamment le faible taux d'imposition des sociétés qui attire les investissements. À la période des questions, les députés de l'opposition nous reprochent d'accorder des allégements fiscaux aux entreprises. Ils critiquent les grandes entreprises. Cependant, les petites entreprises bénéficient elles aussi des réductions d'impôt. Toutes les entreprises établies au Canada sont importantes. La croissance de l'économie dépend des entreprises; elles créent des emplois et elles constituent le moteur de l'économie. Il va sans dire que tout le monde comprend ça.
Pourquoi les députés de l'opposition condamnent-ils les réductions d'impôt au moment où nous émergeons de la récession? Le Canada affiche une nette croissance de l'emploi, contrairement à notre plus proche allié, les États-Unis. Au Canada, les institutions affichent de la stabilité alors que c'est la tourmente aux États-Unis. On voit également une acceptation grandissante du Canada sur la scène mondiale, notamment de notre capacité de faire davantage. Je n'arrive pas à comprendre la position des députés d'en face, si ce n'est qu'elle repose uniquement sur de l'opportunisme politique. Je condamne une telle attitude, mais je suis ravi de débattre cette question.
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Monsieur le Président, je suis ravi de participer aujourd'hui au débat sur la potasse, un produit de base dont peu de gens avaient entendu parler, du moins jusqu'à il y a six ou huit semaines. Mais, depuis, la potasse est devenue un symbole de la valeur que les Canadiens accordent au bien commun et aux intérêts stratégiques de leur pays. Ils ne veulent pas la vendre ni qu'on vienne la leur voler.
La potasse est une substance minérale nutritive essentielle dans les engrais, et 53 p. 100 des réserves de potasse connues dans le monde se situent en Saskatchewan. On utilise la potasse pour renouveler et enrichir les terres agricoles arables. Elle est indispensable dans la production alimentaire mondiale et le restera pour les générations à venir.
Les types de sol, ici au Canada, se distinguent de ceux de nombreux pays dans le monde. Si nous n'utilisons pas beaucoup la potasse ici, du moins pas encore, nous y aurons certainement davantage recours un jour. Entre-temps, elle revêt une valeur stratégique incontestable pour nourrir tous les habitants de notre planète et devient, chaque jour, une ressource de plus en plus stratégique et de plus en plus précieuse.
Il y a environ deux semaines de cela, beaucoup ont été surpris de la réponse superficielle et méprisante qu'a donnée le à une question sur la potasse. En référence à l'offre d'achat hostile de la Potash Corporation of Saskatchewan par le conglomérat australien BHP Billiton, le a répondu sur un ton qui, en gros, voulait dire: « Pourquoi faire tant d'histoires? Il ne s'agit que d'une société australienne qui tente d'acquérir une société américaine. Qui s'en soucie? » Voilà la réponse qu'a semblé donner le .
Or, il se trouve que des millions de Canadiens s'en soucient, et beaucoup. Le s'est trompé au sujet de la Potash Corporation. Il ne s'agit pas d'une société américaine puisque 49 p. 100 des actionnaires sont Canadiens et que seuls 38 p. 100 sont Américains. Surtout, le deux tiers des membres de son conseil d'administration sont des citoyens canadiens et des résidents canadiens. Le contrôle de la société reste donc au Canada, à Saskatoon, en Saskatchewan.
En plus d'être erronée, la réponse du a insulté beaucoup de Saskatchewanais parce qu'elle leur a laissé croire qu'on tenait encore une fois pour acquise la Saskatchewan, qu'on tentait de la flouer et qu'on pouvait facilement sacrifier les intérêts de la Saskatchewan au nom d'une idéologie ultra-conservatrice et les vendre à l'Australie parce que le avait un parti pris pour la prise de contrôle proposée.
C'est ainsi que la Saskatchewan a perçu la position des conservateurs il y a deux semaines. Le gouvernement n'était pas à l'écoute de la grande majorité des habitants de cette province, qui ne voulaient pas, et ne veulent toujours pas, rester les bras croisés et voir cette transaction devenir la plus grande liquidation de nos ressources de l'histoire. Ils ne veulent pas perdre le contrôle, de façon permanente et irrémédiable, de cette ressource stratégique et de toute une industrie.
À la fois insultée et galvanisée par la remarque stupide du , l'opinion publique s'est mobilisée. Le gouvernement et l'assemblée législative de la Saskatchewan ont fait front commun dans ce dossier. Pour ceux qui connaissent l'histoire politique de cette province, c'est un là événement rarissime.
Le premier ministre de la province, M. Wall, a reçu l'appui de ses prédécesseurs, MM. Calvert, Romano, Devine et Blakeney, et la vague d'opposition a déferlé bien au-delà des frontières de la Saskatchewan. L'ancien premier ministre de l'Alberta, Peter Lougheed, ainsi que les premiers ministres actuels de l'Alberta, du Manitoba, du Québec et du Nouveau-Brunswick se sont aussi mis de la partie. Le ministre des Finances de l'Ontario a prévenu le gouvernement fédéral qu'il ferait bien d'écouter attentivement ce que la Saskatchewan avait à dire. Et ici, à la Chambre des communes, en tant qu'opposition officielle, nous avons émis les mêmes avertissements pendant six longues semaines, jour après jour, une période des questions après l'autre.
La vague de l'opinion publique a déferlé au-delà du monde politique. Des chefs de file du monde des affaires canadien sont aussi montés aux barricades. Un des premiers à s'opposer à la transaction a été Stephen Jarislowsky, de Montréal, qui détient environ 9 millions d'actions de Potash Corp. À 130 $ l'action, il pourrait réaliser un bénéfice intéressant. Pourtant, il a dit « Non, ne faites pas ça. »
Le légendaire Dick Haskayne, de Calgary, dont l'école de commerce de l'Université de Calgary porte le nom, a émis le même conseil: « Non, ne faites pas ça. »
Puis, Roger Phillips, de Regina, un ancien vice-président d'Alcan lorsqu'elle était une société canadienne et ultérieurement le PDG d'IPSCO Steel, a dit non lui aussi. Après lui, la liste de ceux qui avaient de sérieuses réserves n'a pas cessé de s'allonger: Norman Keevil, de Teck Resources; Dominic D'Allesandro; Calin Rovinescu, d'Air Canada; Roger Martin, de l'école de gestion Rotman; Gerry Schwartz, d'Onex, Red Wilson et bien d'autres encore.
Ils ont posé essentiellement les mêmes questions. Si la Potash Corporation of Saskatchewan était vendue à BHP, le contrôle des opérations, actuellement du ressort d'un conseil d'administration basé à Saskatoon et dont les deux tiers des administrateurs sont canadiens, passerait en Australie, sous la gouverne d'un conseil d'administration dont un membre, peut-être, sur onze serait canadien. Comment cela peut-il être un avantage net?
Si la Saskatchewan risque de perdre des emplois et des investissements et si le gouvernement de la province risque de perdre des revenus totalisant de 3 à 6 milliards de dollars, comment cela peut-il être un avantage net?
Si le marché cause l'effondrement inévitable de la société de commercialisation Canpotex et que les autres joueurs comme Agrium et Mosaic sont écartés, comment cela peut-il être un avantage net?
Dans la plus grande braderie de l'histoire du Canada, si la potasse vient rejoindre Alcan, Inco et Falconbridge, tous d'anciens géants canadiens qui n'appartiennent plus à des Canadiens, qui sont passés sous contrôle étranger sous l'actuel gouvernement conservateur, comment cela peut-il être un avantage net?
Si la Saskatchewan et le Canada perdent toute influence véritable sur l'un des produits les plus stratégiques de la planète dans le domaine de la production alimentaire, particulièrement sur les marchés émergents que sont l'Inde et la Chine, à une époque où ces économies sont en train de devenir le moteur de l'économie mondiale, si nous renonçons à cette influence, comment cela peut-il être un avantage net?
Si, sur la scène internationale, le Canada a de plus en plus la réputation d'être une marionnette, une cible facile pour les prises de contrôle ou, comme l'a dit nul autre que l'ancien président de BHP, si les gens sont tentés de croire que « les politiques du Canada sont les pires [...] le Canada a déjà été relégué au rang de simple succursale de l'industrie minière et n'est guère plus qu'un figurant sur la scène mondiale de l'extraction minière », quel avantage net nous procurera cette prise de contrôle par BHP?
Nous avons posé toutes ces questions à maintes reprises à la Chambre des communes. Des chefs d'entreprises les ont posées aussi, tout comme la Saskatchewan l'a fait. Après des semaines de réflexion, le gouvernement a enfin reconnu qu'il ne pouvait trouver aucun avantage net lui non plus. Cela saute aux yeux depuis tellement longtemps qu'on se demande à quoi le gouvernement a réfléchi pendant tout ce temps.
Cela nous ramène à la réponse que le a fournie il y a deux semaines. Le gouvernement conservateur voulait dire oui et il comptait dire oui jusqu'au jour où il s'est senti menacé sur le plan politique.
Les conservateurs ont sondé les Canadiens comme des forcenés ce dernier week-end. Ils ont lancé toute une série de ballons d’essai en orchestrant des fuites dans les médias pour voir la réaction des gens. Ils se sont livrés à toutes sortes de tests pour déterminer quelle salade ils pouvaient vendre afin d’être en mesure d’éperonner leurs chevaux dans les deux sens en même temps, mais la réaction a été négative partout. Ils n’ont pas réussi à tirer de la farine de ce sac de son.
En fin de compte, c'est contraints et forcés qu'ils se sont ralliés à la grande majorité des Canadiens et à une majorité écrasante de Saskatchewanais et ont dit non. Même après l’avoir fait, leur position demeure un peu vague. Bien sûr, les règles accordent un délai de réponse de 30 jours à BHP, mais pour être équitable envers cette société, il ne faudrait pas l’inciter à faire de vains efforts.
Les gens de la Saskatchewan n’ont pas dit peut-être. Ils ont opposé un non sans équivoque. Le premier ministre de la Saskatchewan n’a pas dit: « Présentez-moi une offre plus alléchante. » Il a carrément dit non.
Les responsables de BHP devraient savoir ce qui est en leur pouvoir et ce qui ne l’est pas. Peuvent-ils faire mieux pour le prix de l’action, les emplois, l’investissement, les redevances et les impôts provinciaux ou encore la taille de leur bureau de Saskatoon? Peut-être. Toutefois, comme l’a signalé le premier ministre Wall, comment pourraient-ils faire oublier les considérations stratégiques de base qui vont bien au-delà d’un marchandage sur le prix?
Autrement dit, comme la potasse de la Saskatchewan joue un rôle aussi stratégique, comment les responsables de BHP peuvent-ils enlever à cette ressource son caractère stratégique? Dans un monde affamé où la fertilisation des sols est vitale, comment peuvent-ils réduire la portée du contrôle de plus de 53 p. 100 de l’approvisionnement mondial en potasse? Si la potasse est spéciale, si elle est stratégique et que BHP ne peut rien y changer, alors pourquoi lui donner de faux espoirs? Oui, il convient de respecter le délai de 30 jours prévu par la loi, mais il ne faudrait pas susciter de faux espoirs et créer de l’incertitude en Saskatchewan. Dans le cas de la potasse, non, c’est non. C’est ce que plus de 80 p. 100 de la population de la province veut entendre.
Ces gens ne veulent pas qu'on leur dise qu'ils sont faibles ou mauvais parce qu’ils attendent de leurs gouvernements qu’ils aient le courage de protéger une ressource stratégique. Les commentaires extrémistes d’après lesquels la Saskatchewan est une république bananière dirigée par une sorte d’Hugo Chavez du Nord ne sont que des boniments idéologiques. La crème des chefs d’entreprises du Canada est d’avis que la défense d’une ressource stratégique et l’opposition à cette transaction ne sont pas des mesures contre la libre entreprise et l’investissement. C’est simplement la chose logique à faire.
Le Canada n’est pas réputé dans le monde pour la sévérité de ses décisions concernant les investissements étrangers directs. En fait, il est réputé pour la faiblesse qu’il manifeste à cet égard, à tel point que même l’ancien président du conseil d’administration de BHP se moquait de nous. Ni l’Australie ni aucune autre économie avancée n’approuverait automatiquement une transaction telle que la prise de contrôle de PotashCorp. Les élites conservatrices de droite qui prétendent le contraire sont celles-là mêmes qui se sont opposées à une réglementation financière ferme et qui ont défendu les fusions entre grandes banques, il y a une décennie. Si nous avions suivi leurs mauvais conseils, le système financier canadien aurait connu les mêmes problèmes que le système américain, et notre économie aurait subi les mêmes dommages au cours de la récession des deux dernières années. Un cadre juridique fort et une surveillance ferme ne sont pas mauvais pour les affaires, mais le processus d’Investissement Canada doit être amélioré.
C'est d'ailleurs ce que l'opposition officielle libérale a fait valoir au tout début du débat à ce sujet, il y a quelques semaines, préconisant quatre types de changements. Premièrement, il faudrait définir de manière plus précise ce qui constitue un avantage net en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Il n'y a rien de vraiment précis en ce moment. On nage dans le vague; c'est au gré du ministre et cela change selon son gré. Toutes les parties intéressées dans le débat sur l'investissement direct à l'étranger ont besoin de savoir plus précisément ce qu'on entend par avantage net. BHP croit toujours avoir répondu au critère, mais une grande majorité de Canadiens sont persuadés sans l'ombre d'un doute que ce n'est pas le cas et même que BHP en serait peut-être incapable. Pareille ambigüité ne sert les intérêts de personne dans une transaction commerciale importante et compliquée. Donc, il faut premièrement plus de clarté dans la définition de l'avantage net et des facteurs connexes.
Le deuxième changement à trait à la transparence. À l'heure actuelle, la façon de procéder d'Investissement Canada tient de la boîte noire parfaitement étanche. Personne ne sait quels renseignements elle contient ni quels arguments sont invoqués de part et d'autre. Personne ne sait si une analyse est effectuée ni n'en connaît la nature et personne ne sait sur quoi se fondent les recommandations qui sont formulées. On se trouve donc, dans l'affaire BHP, devant l'étrange situation où le ministre prétend qu'une analyse a été effectuée mais qu'aucune recommandation n'a été formulée. Une analyse sans recommandation, c'est d'un ridicule achevé. Il est également ridicule que les conditions auxquelles le gouvernement accordera son approbation, s'il y en a, soient également tenues secrètes. C'est franchement ridicule. Comment mesurer la performance si les conditions d'approbation ne peuvent être rendues publiques? Il faut incorporer à la mesure législative des dispositions garantissant une divulgation publique adéquate des renseignements nécessaires et une façon de procéder plus transparente dans l'intérêt du public.
Le troisième changement a trait à la mise à exécution. Comme on a pu le constater trop souvent depuis 2006, il arrive trop fréquemment que des entreprises qui font des offres publiques d'achat fassent, pour conclure le marché, de belles promesses qui sont rompues à peine quelques mois plus tard.
Dans la pratique, bon nombre de Canadiens ont été amèrement déçus sur ce front. Il ne suffit pas de dire « poursuivez-les en justice ». Qu'est-ce que cela nous donnerait? L'affaire traînerait devant les tribunaux pendant au moins dix ans, et pendant ce temps-là, les Canadiens perdraient leurs emplois. La loi doit être modifiée de façon à prévoir des recours pratiques, opportuns et facilement accessibles pour assurer le respect des promesses qui ont été faites.
Quatrièmement, comme nous l'avons vu dans le dossier de la Potash Corporation, cette compétence du fédéral en matière d'investissements étrangers directs peut carrément empiéter sur la compétence provinciale en matière de ressources naturelles aux termes de la Constitution. Le premier ministre provincial Wall était prêt à porter, au besoin, cette question devant les tribunaux, comme les gens de la Saskatchewan s'y seraient attendus.
Bien que la Loi sur Investissement Canada ne puisse résoudre toutes les questions de compétence constitutionnelle, elle pourrait au moins obliger les autorités fédérales à engager des consultations plus étroites et à permettre aux provinces touchées de près à prendre davantage part à la prise de décisions. Le statut des provinces doit être reconnu dans cette procédure.
La motion dont nous sommes saisis est loin d'être une panacée. Certaines des propositions qui y figurent sont utiles tandis que d'autres ne sont peut-être pas réalisables ou même souhaitables; toutefois, il importe de commencer au moins à discuter des façons d'améliorer la Loi sur Investissement de même que ses modalités, comme nous l'avons demandé il y a environ un mois. Cette discussion doit avoir lieu avant qu'une autre énorme prise de contrôle pointe à l'horizon. Le dossier de la Potash Corporation a mis en lumière le fait que le régime actuel ne convient pas, alors modifions-le.
En attendant, la dernière phrase de cette motion dit clairement qu'il faut empêcher la prise de contrôle par la BHP. Voilà le message principal de la motion et j'espère que tous les députés l'appuieront.