:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Je m'appelle Michael Binder. Je suis président de la Commission canadienne de sûreté nucléaire. C'est vraiment avec plaisir que j'ai accepté votre invitation à venir vous préciser aujourd'hui les activités auxquelles la CCSN prend part et la contribution qu'elle peut apporter à l'étude du comité sur la mise en valeur des ressources dans le Nord canadien.
[Traduction]
La CCSN est l'organisme de réglementation nucléaire du Canada. Elle est chargée de préserver la sûreté, la santé et la sécurité des personnes, de protéger l'environnement et de mettre en oeuvre les engagements internationaux du Canada en ce qui concerne l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Son mandat comprend aussi la diffusion de renseignements scientifiques objectifs. La CCSN s'acquitte de son mandat en vertu de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires.
La CCSN est une commission quasi judiciaire indépendante qui réglemente tous les aspects de l'énergie nucléaire au Canada, y compris l'extraction de l'uranium, la fabrication du combustible nucléaire, les réacteurs et les centrales nucléaires, la production et l'utilisation d'isotopes médicaux ainsi que le déclassement et la restauration des sites nucléaires.
Comme vous pouvez le constater, la CCSN s'occupe de plusieurs domaines liés aux activités de mise en valeur des ressources. Mais avant d'aborder cette question, je voudrais faire brièvement le point sur notre réaction à l'accident nucléaire survenu à Fukushima, au Japon.
Vous êtes évidemment au courant du tremblement de terre et du tsunami qui ont dévasté le Japon en mars 2011 ainsi que de leurs répercussions sur la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. La CCSN a immédiatement formé un groupe de travail interne chargé de déterminer s'il y a des enseignements à tirer de ces événements pour renforcer la sûreté des installations nucléaires canadiennes. Le groupe a présenté ses recommandations au tribunal de la commission le 3 mai. Même s'il était d'avis que, dans l'ensemble, les centrales nucléaires canadiennes sont sûres, il a présenté à la commission des recommandations visant à renforcer la sûreté des installations.
Mais je suis venu aujourd'hui pour vous donner un bref aperçu du point de vue de la CCSN sur la protection de l'environnement, l'extraction de l'uranium, la consultation des Autochtones et les petits réacteurs nucléaires.
[Français]
Comme je l'ai mentionné, la CCSN est un organisme de réglementation de la sûreté. Son mandat, aux termes de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires, comprend la protection de l'environnement, ce qui signifie que nous étudions toujours les impacts sur l'environnement pour toute demande de permis.
[Traduction]
Nous sommes des experts quand il s'agit d'évaluations environnementales. Depuis 2003, nous avons réalisé ou sommes en train de réaliser 66 évaluations environnementales. Nous venons de terminer, dans le cadre d'une commission d'examen conjoint, l'étude du projet de la nouvelle centrale nucléaire de Darlington. De plus, une commission d'examen conjoint procède actuellement à l'étude du projet d'enfouissement de déchets dans des formations géologiques profondes.
Le processus d'évaluation environnementale dans les trois territoires canadiens diffère un peu de celui du reste du Canada. Dans les territoires, les évaluations sont effectuées en vertu de lois particulières ou d'ententes relatives à des revendications territoriales, comme l'Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. Au Nunavut, la Commission territoriale chargée de l'examen des répercussions s'occupe du processus d'évaluation environnementale avec le soutien technique du personnel de la CCSN. Lorsque les résultats d'un examen environnemental permettent de donner le feu vert à un projet, la CCSN tient compte des recommandations de l'évaluation environnementale pour autoriser le projet.
La CCSN réglemente l'extraction de l'uranium au Canada depuis le milieu des années 1980. Le secteur canadien de l'exploitation minière a longtemps eu l'habitude d'abandonner les sites après l'épuisement des gisements. La CCSN s'est employée à réglementer les mines d'uranium abandonnées et à les assainir pour éviter qu'elles ne constituent un risque permanent pour la sûreté ou l'environnement.
Au Canada, la plupart des activités d'exploitation minière de l'uranium se déroulent dans le nord de la Saskatchewan, mais des propositions concernant le projet Matoush dans le nord du Québec et le projet Michelin au Labrador sont actuellement à l'étude.
[Français]
Ces dernières années, on constate un intérêt croissant pour les réserves d'uranium dans le Nord du Canada et les retombées économiques possibles associées à cette activité où 50 p. 100 des travailleurs proviennent habituellement de la région.
[Traduction]
Quoique d'autres projets soient envisagés, seul celui de Kiggavik a reçu le feu vert et fait actuellement l'objet d'une évaluation environnementale de la Commission du Nunavut chargée de l'examen des répercussions.
J'aimerais à nouveau souligner que la CCSN ne délivrera aucun permis à moins que ces projets ne soient jugés sûrs. La CCSN est un organisme de réglementation qui intervient directement pour s'assurer que les titulaires de permis exploitent leurs installations en toute sécurité et respectent les conditions de leur permis pendant toute la durée de leurs activités. Notre régime comprend des inspections annuelles qui font l'objet d'un rapport de conformité. Les titulaires de permis doivent présenter au préalable des garanties financières établissant qu'ils disposent des ressources nécessaires pour nettoyer adéquatement les sites au terme des travaux d'exploitation minière.
Au chapitre de la consultation des Autochtones, la CCSN, à titre de mandataire de la Couronne, est déterminée à s'acquitter de l'obligation de consulter les peuples autochtones du Canada. Nous sommes fiers d'avoir une politique proactive et transparente de consultation des Autochtones. De plus, nous avons lancé en mars 2011 notre Programme de financement des participants pour faciliter la participation du public, y compris les groupes autochtones, aux délibérations publiques de la commission.
[Français]
La mise en valeur des mines dans le Nord nécessitera un approvisionnement électrique fiable, et une des solutions envisagées est le recours aux petits réacteurs nucléaires. La CCSN est prête à examiner une conception si un promoteur lui présente une demande à cet effet et à lui délivrer un permis si elle est d'avis que son produit est sûr.
[Traduction]
Jusqu'ici, deux fournisseurs, Babcock and Wilcox mPower et NuScale, nous ont présenté des modèles pour examen. Nous avons également eu des discussions très préliminaires avec d'autres fournisseurs. Toutefois, nous croyons qu'aucun des modèles proposés ne sera prêt à faire l'objet d'une demande de permis de construction avant trois à cinq ans.
De nombreux travaux sont en cours à l'échelle mondiale en vue de la mise au point de la technologie des petits réacteurs. Aux États-Unis, par exemple, le département de l'Énergie a affecté 450 millions de dollars pour permettre à la Commission américaine de réglementation nucléaire d'appuyer l'homologation de petits réacteurs de fabrication américaine et de démontrer la viabilité de la technologie.
Vous serez peut-être surpris d'apprendre que plusieurs petits réacteurs sont déjà en exploitation au Canada et que la CCSN a quelques dizaines d'années d'expérience de la réglementation et de l'autorisation de ces réacteurs. Je veux parler bien sûr des petits réacteurs connus sous le nom de SLOWPOKE, qui se trouvent dans cinq universités et établissements de recherche du Canada. En fait, le Canada est un pionnier de la mise au point des petits réacteurs de ce genre, qui sont sûrs et qui continuent à fonctionner d'une manière fiable.
[Français]
Pour terminer, la CCSN participe activement aux dossiers de mise en valeur des ressources dans le Nord du Canada.
[Traduction]
La sécurité est notre première préoccupation, tant du point de vue de la santé humaine que de l'environnement. Nous n'autoriserons aucune installation sans être convaincus qu'elle sera sûre.
Je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
:
Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de nous adresser à vous aujourd'hui.
Comme vous l'avez dit, je m'appelle Chris Mowry. Je suis le président de Babcock & Wilcox mPower, unité fonctionnelle de la Babcock & Wilcox Company. Je suis également président et président du conseil d'administration de Generation mPower LLC, filiale à participation majoritaire de B&W.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui de notre projet de petit réacteur modulaire innovateur, le B&W mPower. C'est un réacteur avancé à fiabilité passive, qui peut constituer un choix économique pour le marché canadien. Je concentrerais mes observations sur les caractéristiques techniques, la sécurité et les qualités économiques des petits réacteurs modulaires, sur leurs applications possibles au Canada ainsi que sur un certain nombre de questions connexes.
B&W a plus de 50 ans d'expérience continue en ingénierie nucléaire et en fabrication de réacteurs aux États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde. Nous offrons à nos clients des services de fabrication et des services connexes liés aux réacteurs nucléaires à partir de 17 installations situées un peu partout en Amérique du Nord. Nous exploitons également des établissements de fabrication nucléaire en Indiana, dans l'Ohio, en Virginie et au Tennessee, aux États-Unis, ainsi qu'en Ontario et en Saskatchewan, au Canada. Nous employons actuellement plus de 1 000 travailleurs dans notre filiale canadienne en propriété exclusive, B&W Canada, qui a son siège à Cambridge, en Ontario. Pour l'ensemble de l'Amérique du Nord, nous employons directement et dans le cadre de coentreprises près de 12 000 professionnels du nucléaire.
Les réacteurs nord-américains d'aujourd'hui ont un niveau remarquable de sécurité, qui fait des États-Unis et du Canada des chefs de file mondiaux en sûreté et en sécurité nucléaires. Au lendemain du séisme et du tsunami qui ont dévasté le Japon, donnant lieu à une situation d'extrême urgence à la centrale de Fukushima-Daiichi, la communauté nucléaire, y compris les organismes de réglementation, l'industrie et le grand public, évalue les couches supplémentaires de sécurité à mettre en oeuvre pour affronter les défis de ce genre. Les efforts que nous avons déployés ensemble pour tirer des enseignements de l'expérience japonaise nous aideront à rendre les technologies nucléaires de demain encore plus sûres que celles d'aujourd'hui.
Le petit réacteur modulaire B&W mPower apporte des améliorations sensibles par rapport aux objectifs de sécurité d'aujourd'hui grâce à une architecture d'une plus grande sûreté inhérente et à d'importants systèmes de défense en profondeur. Ces caractéristiques de conception peuvent être résumées en cinq points. Premièrement, le réacteur comporte un système intégral d'arrivée de vapeur sans grande pénétration du circuit de refroidissement primaire, ce qui écarte la possibilité de la plupart des accidents catastrophiques de perte de réfrigérant primaire. Deuxièmement, le réacteur a un petit coeur à faible puissance volumique et à fort débit d'eau, qui offre une importante marge de sécurité en cas de difficultés de courte durée touchant le refroidissement du coeur. Troisièmement, l'enceinte de confinement et le bâtiment réacteur sont entièrement enfouis sous terre, ce qui assure une protection efficace du réacteur, de toutes les sources d'eau de refroidissement d'urgence et de tous les systèmes de sécurité contre des catastrophes naturelles et des menaces extérieures comme celles qui ont frappé le Japon. Quatrièmement, tous les systèmes de sécurité peuvent fonctionner sans être alimentés par le secteur, sans génératrices diesel d'urgence et sans pompes, la convection naturelle étant suffisante pour évacuer la chaleur de désintégration. Cinquièmement, le réacteur est doté d'un bassin entièrement protégé pour le combustible usé, contenant un très grand volume d'eau de refroidissement et profondément enfoui sous terre. Ainsi, le combustible usé est aussi protégé que le coeur même du réacteur.
Ensemble, ces caractéristiques de conception donnent un réacteur qui sera de deux à trois ordres de grandeur plus sûr que ne l'imposent les exigences actuelles de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis. Ce modèle permet d'attendre jusqu'à 14 jours avant qu'une intervention extérieure ne soit nécessaire pour maintenir le refroidissement du réacteur et assure plus de 30 jours de protection inhérente avant tout risque d'exposition du combustible usé entreposé dans le bassin. De plus, notre petit réacteur modulaire ne nécessite aucune intervention d'urgence dans les 72 heures qui suivent un arrêt automatique du réacteur, ce qui le classe en tête de tous les réacteurs avancés à eau légère, grands ou petits. Cette caractéristique permet à l'exploitant de concentrer ses efforts sur les mesures d'atténuation à long terme.
Les événements survenus à Fukushima sont attribuables avant tout à l'emplacement de la centrale. Le secteur des petits réacteurs modulaires est particulièrement bien placé pour intégrer dans ses modèles les enseignements tirés de l'accident de Fukushima, aussi bien au chapitre de la conception qu'à celui de la réglementation. Nous déployons en permanence d'importants efforts pour évaluer la conception du réacteur mPower dans le contexte des leçons apprises à Fukushima. Notre évaluation confirme que, sur le plan de la sécurité, notre modèle est particulièrement robuste face à des événements aussi extrêmes que ceux de Fukushima.
Je voudrais insister sur le fait que l'adoption de notre petit réacteur modulaire n'imposerait aucun changement susceptible d'affaiblir des règlements existants ou proposés à la lumière de l'accident de Fukushima. Même si la façon dont la conception de ce réacteur satisfait aux règlements puisse différer de celle des grands réacteurs, les exigences de sécurité sous-jacentes sont exactement les mêmes.
Nous avons entrepris un important programme d'essais destiné à fournir aux organismes de réglementation des données détaillées permettant d'évaluer la sécurité du réacteur mPower. Nous avons construit, exclusivement à cette fin, une installation d'essais intégrée consistant essentiellement en un prototype de réacteur sans combustible à l'échelle. Nous prévoyons faire des essais — ce qui représente un important investissement pour nous — pour démontrer aux organismes de réglementation, à d'éventuels clients et à des intervenants publics que le réacteur B&W mPower dépassera de loin les exigences de sécurité actuelles.
Nous travaillons actuellement de concert avec le CNRC et la CCSN en vue d'une préautorisation comprenant un examen préliminaire de notre modèle, avant d'entreprendre des démarches officielles pour obtenir un permis. Nous prenons actuellement des mesures qui doivent aboutir à la présentation d'une demande officielle d'homologation aux États-Unis avant la fin de 2013. Nous sommes déterminés à respecter un calendrier prévoyant la mise en service aux États-Unis des premiers réacteurs B&W mPower avant la fin de 2022. Nous devrions également être en mesure de mettre en service des réacteurs au Canada vers le milieu des années 2020.
Sur le plan économique, notre société n'aurait pas investi ses propres ressources dans cet effort si elle ne croyait pas pouvoir livrer un produit très compétitif et créer un modèle opérationnel rentable. Nos études de marché révèlent que le marché mondial accessible des petits réacteurs modulaires se situe entre 100 et 125 gigawatts jusqu'à 2020 pour l'électricité de base sans carbone. Les petits réacteurs modulaires répondent directement aux principaux défis que pose la construction de grandes centrales nucléaires, y compris les risques financiers, les incertitudes liées aux coûts et aux délais, l'engorgement de la production et les coûteuses mises à niveau du réseau électrique.
Cela est réalisable grâce à un changement de paradigme qui nous ferait passer des économies d'échelle au montage en usine de réacteurs entiers simplifiés. Grâce à cette transition, nous croyons être en mesure d'offrir à nos clients de petits réacteurs modulaires qui, relativement parlant, ne coûteraient pas plus cher à cause de leur petite taille. Nous sommes persuadés de pouvoir concurrencer n'importe quel modèle de grand réacteur de la nouvelle génération. Compte tenu de notre grande expérience dans la fabrication de petits réacteurs, nous croyons pouvoir atteindre nos objectifs de coût en construisant moins de 10 modules.
De plus, nous avons formé un consortium composé de 15 services publics américains et un conseil consultatif regroupant 28 services publics, dont trois sont canadiens. Nous travaillons en étroite collaboration avec le consortium et le conseil ainsi qu'avec notre partenaire en ingénierie, achats et construction pour confirmer la valeur économique de notre réacteur. Ce processus nous a permis de conclure non seulement que notre modèle peut concurrencer des réacteurs traditionnels, mais aussi qu'il assure des avantages économiques sensibles par rapport à des ressources renouvelables intermittentes.
Au Canada, la législation environnementale existante et proposée a mis en évidence le potentiel de l'énergie nucléaire dans les régions qui ont traditionnellement compté sur des centrales au charbon pour produire leur électricité de base. La décision du gouvernement de l'Ontario de fermer toutes les centrales au charbon de la province d'ici 2014 engendrera un déficit d'électricité de base dans les régions septentrionales de l'Ontario. En même temps, la croissance industrielle — comme en témoigne le projet récemment annoncé de Clifford Mines d'établir une usine de ferrochromite à Sudbury — devrait provoquer une augmentation sensible de la demande d'électricité de base fiable. De même, les provinces de l'Ouest qui comptent sur la production des centrales au charbon devront chercher les moyens de répondre à la croissance prévue de la demande. Ce sont exactement les besoins que le réacteur mPower de B&W est conçu pour satisfaire. Nous nous proposons de prendre contact avec les services publics et les promoteurs canadiens pour veiller à ce qu'ils tiennent compte de notre modèle dans leurs projets futurs.
Deux problèmes pourraient avoir des répercussions sur le déploiement de la technologie mPower au Canada: le régime actuel de responsabilité nucléaire et le processus d'évaluation environnementale des installations nucléaires.
Pour que le Canada s'aligne sur les normes internationales, il est essentiel que le Parlement adopte rapidement les modifications à la Loi de 1970 sur la responsabilité nucléaire et que le Canada ratifie la Convention sur la réparation complémentaire des dommages nucléaires, connue sous le sigle CSC. La CSC est une importante initiative de l'Agence internationale de l'énergie atomique destinée à amener la communauté internationale à respecter des normes communes élevées pour la réparation des dommages découlant d'accidents nucléaires.
Le plan d'action de l'AIEA sur la sûreté nucléaire, adopté en septembre 2011, invite les États membres à participer à un régime mondial de responsabilité civile en matière de dommages nucléaires. Les quatre projets de loi déposés depuis 2007 sont généralement compatibles avec la CSC, mais auraient besoin de quelques changements techniques pour être conformes aux exigences de la convention. Les États-Unis ont ratifié la CSC en 2008.
Une ratification rapide de la CSC par le Canada réglerait le problème relatif à la responsabilité nucléaire, inciterait les entrepreneurs internationaux à s'intéresser aux projets de rénovation de centrales nucléaires et de construction de nouvelles centrales et favoriserait les exportations nucléaires du Canada, auxquelles nous participerions, ce qui contribuerait à préserver les emplois et les infrastructures du secteur nucléaire canadien. La CSC a déjà été ratifiée par l'Argentine et la Roumanie, pays dans lesquels B&W Canada et d'autres fournisseurs nucléaires canadiens ont eu d'importantes activités.
Nous nous félicitons de la récente décision du gouvernement fédéral d'accepter les recommandations de la commission d'examen conjoint concernant la nouvelle centrale de Darlington. Tout en appuyant pleinement des évaluations environnementales sérieuses et approfondies, nous croyons qu'il est impératif d'avoir un processus prévisible et pratique. L'évaluation de Darlington avait commencé il y a six ans, mais le permis définitif de préparation du site n'a pas encore été délivré. Cela montre qu'il est nécessaire de veiller à ce que le processus soit avantageux pour tous les intéressés.
Je voudrais souligner, en conclusion, le leadership canadien dans le domaine de l'électricité nucléaire. La Commission canadienne de sûreté nucléaire est l'un des organismes de réglementation les plus respectés du monde. C'est un organisme indépendant qui n'est influencé par aucun groupe d'intérêt et qui veille à ce que tout projet réalisé sous son contrôle vise essentiellement un seul objectif, la sécurité du public canadien. Le Canada a un régime bien établi de réglementation nucléaire, que nous comprenons bien. Cela a donné à B&W la confiance nécessaire pour entreprendre des démarches de préautorisation de son réacteur mPower au Canada. Nous sommes persuadés qu'il fera, en temps opportun, l'objet d'un examen équitable, impartial et approfondi.
La longue expérience canadienne de la technologie nucléaire, y compris la conception de l'excellent réacteur CANDU, les progrès de la médecine nucléaire et l'établissement d'une robuste chaîne d'approvisionnement nucléaire, donne à B&W et au reste du monde la conviction que le Canada peut appuyer de nouvelles installations nucléaires aussi bien dans le présent qu'à l'avenir.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de présenter cet exposé au comité. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie d'avoir invité le WWF à comparaître pour contribuer à votre importante étude sur la mise en valeur des ressources dans le Nord canadien. Je me limiterai ce matin à parler de la mise en valeur du pétrole et du gaz extracôtiers dans les eaux arctiques, en m'inspirant de l'expérience acquise dans la vallée du Mackenzie et des travaux extracôtiers de mise en valeur effectués ailleurs.
Le WWF a pour mission d'empêcher la dégradation de l'environnement de la planète et de bâtir un avenir dans lequel les humains peuvent vivre en harmonie avec la nature. Grâce à nos 150 000 partisans du Canada et aux cinq millions d'autres que nous comptons dans le monde, nous avons des antécédents exceptionnels de partenariat avec le gouvernement et l'industrie aussi bien au Canada qu'ailleurs.
Aujourd'hui, tandis que nous nous adressons au comité, le WWF publie son huitième rapport Planète vivante dans les grandes capitales et les centres d'affaires du monde. La principale conclusion de ce rapport, c'est qu'en même temps que la demande mondiale de ressources naturelles doublait depuis 1966, la biodiversité baissait d'environ 30 p. 100. Le prix économique et humain d'une mauvaise intendance dans un monde de plus en plus peuplé pourrait anéantir les perspectives de la société et des économies mondiales.
Le WWF reconnaît le besoin d'un développement économique soigneusement planifié dans l'Arctique, et particulièrement un développement pouvant assurer des avantages durables à long terme aux habitants du Nord. Nous sommes également conscients du fait que le développement de l'Arctique est envisagé dans le contexte d'une croissance projetée prévoyant la mise en œuvre de quelque 500 nouveaux projets partout dans le pays au cours de la prochaine décennie, avec un apport de nouveaux investissements de l'ordre de 500 milliards de dollars. Plus que jamais, il est maintenant temps que notre gouvernement prenne l'initiative pour persuader les Canadiens qu'il a mis en place une politique et un régime réglementaire à la hauteur de la tâche consistant à planifier, évaluer et réaliser ces nouveaux projets dans le respect des grandes valeurs environnementales et culturelles et à minimiser les conflits avec nos autres objectifs sociaux, économiques et environnementaux.
Par exemple, parmi les objectifs de portée générale, il y a l'urgent besoin de prendre des mesures efficaces pour combattre les changements climatiques, mesures qui nécessitent un leadership national et une action mondiale concertée. Le WWF a publié une étude, Le rapport sur l'énergie: 100% énergie renouvelable en 2050, traçant la voie vers un avenir d'énergie renouvelable. Dans ce contexte, on pourrait juger qu'une politique publique prévoyant de nouveaux investissements dans la mise en valeur de combustibles fossiles coûteux et à risque élevé est d'une valeur douteuse, surtout si elle n'est pas accompagnée, à l'échelle nationale, de mesures d'atténuation des effets des changements climatiques qui soient plus efficaces que celles que nous avons vues jusqu'ici.
Les récentes modifications législatives prévues dans le projet de loi sont conçues pour accélérer le processus d'examen et d'approbation des projets. Une approche réglementaire efficace et rationalisée constitue certes un objectif louable, mais seulement si elle atteint les objectifs du processus d'examen: comprendre les effets négatifs possibles et chercher à les éviter, à les minimiser ou à les atténuer. Dans le cas de la mise en valeur de gisements extracôtiers de pétrole et de gaz dans l'Arctique, il y a des raisons de croire qu'une approche prudente est indiquée. Si elle est bien conçue, une telle approche peut être avantageuse.
L'année dernière, nous avons participé à l'examen de l'Office national de l'énergie sur la réglementation des gisements extracôtiers de pétrole et de gaz dans l'Arctique et avons présenté plusieurs mémoires détaillés. Nos principales recommandations sont résumées dans l'exposé que nous avons présenté à la table ronde de l'ONE en septembre 2011. Un exemplaire de cet exposé a été transmis au comité. Je noterai simplement ce matin quelques-unes des lacunes qui existent au chapitre des connaissances et de la technologie dans le contexte de l'Arctique.
On ne dispose que de relativement peu de données environnementales de base sur la répartition et l'abondance des espèces dans l'Arctique, par rapport aux autres régions du Canada. Ce facteur est aggravé par les incidences croissantes des changements climatiques dans les eaux arctiques et l'incertitude qui règne quant à la réaction des composantes de l'écosystème à ces changements. Les effets d'un développement sans précédent dans cette région intensifient cette incertitude.
Il est encourageant de noter que l'Évaluation environnementale régionale de Beaufort — qui est mal nommée parce qu'elle ne comporte pas de travaux d'évaluation — comblera beaucoup des lacunes de connaissances durant son mandat de cinq ans. De plus, le WWF a récemment produit un outil analytique permettant de déterminer les caractéristiques qui appuient le fonctionnement de l'écosystème dans une région arctique en évolution.
Les difficultés de fonctionnement dans cette région sont bien connues: capacités logistiques et de soutien terriblement insuffisantes, les équipes et les équipements techniques étant stationnés très loin et difficiles à mobiliser; conditions environnementales très rigoureuses qui réduisent les limites de rendement des personnes et du matériel; difficultés uniques en cas de déversement de pétrole dans les glaces. En nous fondant sur des recherches réalisées par l'ONE, nous avons estimé que, durant la courte saison estivale de la mer de Beaufort, les conditions seraient probablement trop rigoureuses pour permettre le déploiement du personnel d'intervention d'urgence entre 65 et 85 p. 100 du temps. Pendant le long hiver qui suit, il serait impossible d'obturer un puits en éruption ou d'effectuer des travaux de nettoyage. Même les traitements habituels — agents dispersants, confinement et combustion sur place — sont moins efficaces dans les eaux glacées de l'Arctique.
Bref, il n'existe actuellement aucune capacité d'intervention pour affronter une importante éruption de puits ou un grand déversement de pétrole dans les eaux arctiques. Cette conclusion se retrouve dans un récent rapport d'une compagnie d'assurance internationale bien connue, la Lloyd's, selon lequel le nettoyage de tout déversement de pétrole dans l'Arctique présenterait « de multiples obstacles, qui constitueraient ensemble un risque unique difficile à gérer ». Le rapport de la Lloyd's exhorte donc les entreprises « à ne pas se précipiter… et à prendre du recul pour penser soigneusement aux conséquences d'une telle action ».
La Lloyd's n'est pas la seule entreprise à mettre en doute l'opportunité des forages pétroliers dans l'Arctique. La banque allemande WestLB refusera désormais d'accorder des prêts à l'égard de projets pétroliers extracôtiers dans l'Arctique. Voici ce qu'en a dit un porte-parole de la banque: « Plus on s'enfonce dans les régions glacées, plus tout coûte davantage et plus il y a de risques quasi impossibles à gérer. Nettoyer n'importe quel déversement coûterait une fortune. »
Comme vous pouvez le voir, les groupes environnementaux ne sont pas seuls à croire que nous ne sommes pas encore prêts à faire des forages extracôtiers dans l'Arctique. Toutefois, tout en essayant de combler les lacunes de connaissances et de technologies que nous avons mentionnées, nous pouvons et devons simultanément investir dans toute la gamme des préparatifs nécessaires pour nous rapprocher d'un développement durable dans l'Arctique.
Premièrement, il faut du temps pour élaborer et mettre à l'essai de nouvelles méthodes susceptibles d'augmenter la sécurité des opérations et l'efficacité du nettoyage des déversements d'hydrocarbures, pour renforcer l'infrastructure de soutien arctique, y compris les capacités de recherche, de sauvetage et d'intervention en cas de déversement, et pour donner la formation nécessaire aux habitants du Nord afin qu'ils puissent profiter du développement dans leur territoire.
Deuxièmement, il n'y a pas de raccourcis faciles quand il s'agit de consulter les parties touchées, et particulièrement les ayants-droit autochtones. À cet égard, je voudrais vous inviter à examiner la Déclaration des Inuits circumpolaires sur les principes de mise en valeur des ressources dans l'Inuit Nunaat, dont vous avez reçu des exemplaires. La déclaration a été rédigée par le Conseil circumpolaire inuit et ses groupes membres. Elle reconnaît qu'un développement responsable, portant notamment sur des ressources non renouvelables, peut « jouer un rôle important et durable dans le bien-être des générations actuelles et futures d'Inuits ». Toutefois, on se rend compte, à la lecture de la déclaration, d'une préoccupation générale: le rythme de développement ne doit pas dépasser la capacité des Inuits de participer utilement à la résolution des problèmes et de tirer parti des avantages des projets réalisés. Je vous exhorte à étudier la déclaration et à inviter des représentants du Conseil circumpolaire inuit à venir vous en parler.
Troisièmement, le processus d'examen réglementaire des activités pétrolières et gazières extracôtières pourrait se dérouler plus harmonieusement et entraîner moins de différends aussi coûteux que longs à régler s'il avait lieu dans le contexte d'une planification spatiale marine régionale faite au préalable. Cette planification tiendrait compte d'une façon intégrée de toutes les activités importantes et délimiterait explicitement les régions où des activités peuvent avoir lieu ainsi que les régions fragiles devant faire l'objet d'un examen particulier. Elle serait faite avec la participation de tous les intervenants et aboutirait à un processus décisionnel ouvert, transparent et responsable pouvant donner lieu à des décisions socialement acceptables. Ces conditions n'existent pas actuellement dans l'Arctique canadien, même s'il y a des processus de planification dignes de mention tels que le Partenariat de la mer de Beaufort, qui pourrait servir de modèle. De plus, l'évaluation environnementale stratégique constitue un outil permettant d'examiner les effets cumulatifs et de fixer des seuils globaux pour toute la région. En investissant d'avance dans une planification s'étendant à toute une écorégion, on peut réduire l'incertitude financière et politique.
Quatrièmement, nous avons une excellente occasion de renforcer le régime de gouvernance circumarctique s'appliquant à la mise en valeur des ressources extracôtières. Les déversements d'hydrocarbures ne respectent pas les frontières nationales. Par conséquent, c'est vraiment dans notre propre intérêt de mettre en place et d'appliquer une réglementation efficace et cohérente partout dans l'Arctique. Des mesures sont actuellement prises dans le cadre du Conseil de l'Arctique — dont le Canada assumera la présidence en 2013 — pour établir des règles internationales obligatoires régissant la mise en valeur du pétrole extracôtier dans l'Arctique. En participant à ces négociations, le Canada a l'occasion d'assurer le bien-être de ses populations septentrionales en veillant à ce que les activités de développement entreprises au Canada et dans les pays voisins respectent les mêmes normes élevées.
Cinquièmement, nous avons la possibilité d'élaborer une stratégie énergétique canadienne vraiment branchée sur l'avenir, qui tracerait la voie d'un développement aligné sur nos engagements relatifs aux changements climatiques et tenant compte des lacunes notées dans le récent rapport de la commissaire à l'environnement et au développement durable. Si nous ouvrons la porte à de nouveaux projets pétroliers et gaziers sans nous baser sur un plan énergétique à long terme visant la réduction de nos émissions de dioxyde de carbone, nous risquons de nous écarter encore plus de nos objectifs nationaux et de nos responsabilités internationales. Dans un monde qui s'oriente vers des réductions croissantes des émissions de carbone, cela peut nuire non seulement à la réputation du Canada, mais aussi à l'accès aux marchés de nos produits et services.
Je veux souligner, en conclusion, que nous n'avons pas actuellement les connaissances, les technologies et les infrastructures nécessaires pour procéder en toute sécurité à des forages dans les eaux arctiques canadiennes. Il faudra du temps pour combler les lacunes, mais cette difficulté peut se transformer en avantage si nous investissons collectivement en même temps dans la recherche, la planification, l'infrastructure et le dialogue, caractéristiques essentielles d'une intendance responsable. Le développement de l'Arctique pourrait prendre plus de temps, mais, quelle qu'en soit la forme, il sera mieux planifié, moins controversé, plus acceptable sur le plan social et moins risqué pour les investisseurs, le gouvernement, les collectivités et l'environnement.
Le WWF est prêt à collaborer avec le gouvernement et l'industrie pour préparer la voie à un développement durable et bien conçu de l'Arctique.
Je vous remercie encore de m'avoir donné l'occasion de vous présenter notre point de vue.
Je vais peut-être répondre en premier à votre seconde question en priant chacun de jeter un coup d'œil à la Déclaration des Inuits circumpolaires sur les principes de mise en valeur des ressources dans l'Inuit Nunaat. Vous y trouverez 57 principes qui présentent bien plus de détails que je ne pourrais en donner. C'est vraiment un excellent document que devraient examiner tous ceux qui s'intéressent à la mise en valeur des ressources. Il est conçu d'une manière très réfléchie.
Le Conseil circumpolaire inuit a eu beaucoup de difficulté à produire ce document. Le processus a été très long parce que les membres du conseil avaient des degrés variables de confiance et d'intérêt en ce qui a trait à la mise en valeur des ressources. C'est donc un document nuancé, mais c'est la raison pour laquelle je le trouve précieux.
D'une certaine façon, cela nous ramène à la première question concernant le Partenariat de la mer de Beaufort. Il s'agit d'un organisme multilatéral qui a élaboré un plan intégré de gestion océanique pour la mer de Beaufort, avec la participation de l'ensemble des grands organismes fédéraux et inuits de gestion des revendications territoriales et des différents autres intervenants, comme l'industrie, les organisations environnementales et les municipalités.
L'avantage du partenariat et, en quelque sorte, de ce qui est offert dans le cadre de cette initiative, c'est l'intention d'établir un plan spatial marin. Toutefois, le partenariat n'a pas réussi jusqu'ici à susciter l'intérêt voulu pour le faire. De plus, il agit d'une façon très soigneuse et très prudente.
Ce qui distingue le mode de fonctionnement du Partenariat de la mer de Beaufort en ce qui concerne le plan spatial marin, c'est qu'au lieu d'envisager chaque question particulière dans une optique sectorielle — comme le fait actuellement Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, qui s'occupe de la délivrance de permis dans les zones extracôtières, des baux spéciaux et des différends particuliers —, le partenariat examine tous les enjeux, y compris la navigation, la pêche commerciale et d'autres utilisations de subsistance, et les évalue tous ensemble dans le cadre d'un plan.
L'avantage, c'est que même si un plan mettant en cause différents intervenants peut être compliqué et long à établir, une fois qu'il est fait, il est, je dirais, solide sur le plan politique et susceptible de produire des décisions qui tiennent. Les politiciens aiment bien approuver des recommandations claires, nettes et précises. La probabilité d'en avoir est sensiblement plus forte si on a tenu compte au départ de l'ensemble des intérêts des intervenants.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous, mesdames et messieurs, de votre présence au comité aujourd'hui.
Vous avez tous les trois directement mentionné les évaluations environnementales.
Monsieur Binder, votre commission procède à des évaluations environnementales.
Monsieur Mowry, vous avez dit qu'il y a deux importantes questions à régler, l'une d'elles étant l'amélioration des évaluations environnementales.
Monsieur von Mirbach, vous avez mentionné à plusieurs reprises à la fois l'évaluation environnementale et l'évaluation environnementale stratégique.
Dans ce contexte, monsieur le président, puisque nous parlons d'énergie, de sa production et de son utilisation dans le Nord, il faut noter que le gouvernement est en train d'apporter quelques changements très intéressants aux procédures d'évaluation environnementale. Avez-vous été consultés à ce sujet?
Monsieur Binder, la CCSN a-t-elle été consultée au sujet de ces modifications qui figurent maintenant dans le budget?
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Eh bien, il y a un certain nombre de choses. Au sujet de votre premier point concernant le public, je dois vous dire que nous ne déterminons pas a priori qui peut ou ne peut pas se présenter devant nous. Tout le monde est le bienvenu à une audience publique. Nous en tenons beaucoup dans le cadre de nos processus de délivrance de permis et d'évaluation environnementale.
Nous accueillons aussi bien des partisans que des adversaires du nucléaire. Nous avons Greenpeace et le Sierra Club, de même qu'Ontario Power Generation et Bruce Power. Ils se présentent tous devant nous et ont tous leur mot à dire. La commission fait la synthèse de tout ce qu'elle reçoit au cours de ces délibérations et rend une décision.
Lors de l'examen d'une demande ou des contacts avec un demandeur, il est toujours question de sécurité et des moyens de s'assurer que le fonctionnement sera sûr. C'est toujours une chose sur laquelle nous n'acceptons aucun compromis. Il incombe toujours au demandeur de présenter des arguments persuasifs. Nous avons beaucoup d'experts qui peuvent contester les hypothèses avancées et le modèle proposé. Nous demandons également quelles mesures d'atténuation sont prévues à l'égard de tout effet particulier sur l'environnement. Ce qui est encore plus important, nous faisons un suivi pour nous assurer que les promesses faites sont tenues.
Je voudrais simplement faire une mise au point à l'intention de M. McGuinty, quand il a posé sa question concernant le Nord. Je voudrais rappeler à chacun que, dans le Nord, la plupart des évaluations environnementales sont dirigées par des commissions composées de gens du Nord. Au Nunavut, par exemple, c'est la Commission du Nunavut chargée de l'examen des répercussions qui s'occupe des évaluations. Bref, celles-ci sont effectuées par des commissions indépendantes, composées la plupart du temps de membres des collectivités autochtones.
Nous n'avons donc absolument aucun préjugé au sujet de ceux qui peuvent comparaître devant nous. Tout ce qui nous intéresse, c'est la sécurité, et c'est sur cette base que nous rendons nos décisions.
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Il y a deux choses. La première, c'est que nous avons dépassé le stade d'une approche déterministe de la sécurité dans laquelle on essaie de déterminer les catastrophes possibles. Nous avons plutôt adopté ce que nous appelons une conception tenant compte du risque. Il s'agit d'une stratégie de défense en profondeur.
Examinons, par exemple l'accident de Fukushima. La centrale elle-même a survécu au tremblement de terre et au tsunami, et le réacteur s'est arrêté. Le problème, c'est que la centrale a eu besoin quelques heures plus tard d'une alimentation extérieure en électricité, en eau, etc. Il est donc clair que nous devons écarter ce que j'appellerai cette conception fragile, pour passer à des modèles plus robustes qui n'ont pas besoin d'intervention extérieure. Voilà qui se rattache particulièrement bien à notre discussion d'aujourd'hui concernant le Nord canadien.
Monsieur Binder, vous avez parlé de matériel qui n'est pas directement placé sur le site. C'est une approche conçue pour remédier à la fragilité de certaines des anciennes centrales. Elle n'est pas nécessairement pratique ni indiquée dans le Nord canadien, parce qu'il serait très difficile de la mettre en œuvre d'un point de vue logistique.
Nous préférons avoir un système de réacteur qui soit lui-même très robuste sur le plan de ce que j'appellerai le délai de résistance: notre réacteur est conçu pour survivre pendant deux ou trois semaines sans la moindre aide extérieure, après un accident du type le plus grave. On pourrait même considérer que ce matériel supplémentaire dont vous parlez est placé d'avance dans l'enceinte de confinement souterraine, où il est bien protégé. Nous avons donc différentes couches de défense. Voilà comment il faut penser pour créer un système vraiment sûr.
Dans l'industrie aéronautique, par exemple, les avions avancés d'aujourd'hui sont conçus pour avoir un accident une fois par 10 millions d'années de vol. Nous essayons, de notre côté, d'aller à un ou deux ordres de grandeur de plus. Pour être en mesure de le faire, il faut envisager la sécurité d'une manière différente. C'est ainsi que nous avons conçu les critères de sécurité que nous commençons à communiquer à la CCSN.
Je vais vous donner un exemple pour illustrer mon propos. Pour ce qui est l'électricité, j'ai mentionné que nous avons un système à fiabilité passive qui ne nécessite aucune alimentation. Bien sûr, nous voudrions ne jamais avoir à l'utiliser. Par conséquent, la première ligne de défense, c'est le branchement sur le réseau électrique. En cas de panne du secteur, par suite d'une tempête de verglas ou d'autre chose, nous passons aux génératrices diesel que nous avons sur place. Si les génératrices cessent de fonctionner, nous avons des batteries d'accumulateurs de secours. Et si les batteries tombent en panne, nous passons à la convection naturelle par gravité. Il y a aussi une autre couche de défense. Comme vous pouvez le voir, ces couches sont vraiment nombreuses.
L'essentiel, c'est que tout ce matériel de sécurité est placé dans l'enceinte de confinement souterraine. C'est une approche très différente. Elle s'écarte très sensiblement de ce que j'appelle une conception fragile ne pouvant fonctionner que très peu de temps sans avoir besoin d'une aide extérieure. Elle se fonde sur une conception très robuste comportant de multiples couches de défense et pouvant résister longtemps sans dépendre d'une aide extérieure immédiate. Toutes ces caractéristiques sont intégrées dès le départ. Encore une fois, c'est notamment pour disposer d'une option pratique adaptée aux sites relativement éloignés qui ne peuvent pas compter sur des capacités de soutien importantes.