:
Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité de m'avoir invité ici aujourd'hui afin de discuter des possibilités et des défis relativement au développement des ressources dans le Nord canadien.
[Traduction]
Mes remarques aujourd'hui porteront sur le rôle intégral de l'électricité comme élément essentiel du développement.
[Français]
Chaque jour, les membres de l'Association canadienne de l'électricité, ou l'ACE, produisent, transportent et distribuent de l'électricité à des clients des secteurs industriel, commercial, résidentiel et institutionnel partout au Canada. L'énergie que nous produisons, acheminons et vendons est essentielle pour nos activités à la maison, au bureau et pour l'ensemble de l'économie.
Je veux mentionner, aux fins de votre étude, que la Société d'énergie des Territoires du Nord-Ouest et Énergie Yukon sont des membres actifs de l'association.
[Traduction]
Lorsque vient leur tour d'organiser des réunions de l'ACE, c'est toujours un moment marquant pour les autres membres et mes collègues qui ont la chance de se rendre dans le nord du Canada et de voir l'un des endroits les plus époustouflants et les plus extraordinaires au monde.
Aujourd'hui, je vais me concentrer sur la mise en valeur des ressources dans le Nord dans le contexte des défis auxquels doivent faire face les réseaux électriques au Canada dans leur ensemble.
Je crois qu'il est aussi important de noter que ces défis au nord du 60e parallèle ne sont pas différents de ceux auxquels doivent faire face les membres de l'ACE qui travaillent dans les régions nordiques, et parfois éloignées, de vastes provinces où d'importants projets de mise en valeur des ressources sont en cours, surtout dans l'industrie minière, un secteur auquel votre comité s'est déjà intéressé.
L'électricité est l'un des principaux piliers de notre économie.
[Français]
On parle souvent des ressources naturelles comme étant au coeur de l'économie canadienne, mais on parle rarement du rôle crucial de l'électricité. Le bulk power system du Canada, ou son réseau d'électricité, est le système interconnecté le plus vaste, le plus imposant et le plus complexe de l'Amérique du Nord. Il est sûr, robuste et d'une grande fiabilité. Nos tarifs concurrentiels, qui sont inférieurs à ceux de la plupart des autres pays du monde, continuent à être l'un des aspects dominants de notre système et procurent un formidable avantage concurrentiel aux entreprises canadiennes.
[Traduction]
Cet avantage est le fruit de la prévoyance dont ont fait preuve les générations de nos parents et de nos grands-parents qui ont construit les infrastructures d'électricité qui nous ont si bien servis pendant des décennies.
En ce sens, la politique canadienne en matière d'électricité au Canada est assimilable depuis bien des années à une véritable stratégie industrielle.
Alors quel est le profil du nord du Canada en matière d'électricité? Si vous regardez la carte sur le transport d'électricité à la première page du document que nous vous avons fourni, vous allez remarquer immédiatement que le nord du Canada est isolé du réseau haute tension nord-américain. Une bonne partie du Nord dépend de réseaux indépendants.
Le graphique de la page suivante donne un aperçu des différentes méthodes de production d'électricité utilisées actuellement dans le Nord. La grande majorité de l'électricité produite au Yukon et dans une bonne partie des Territoires du Nord-Ouest vient des ressources hydrauliques. Le Nunavut a presque exclusivement recours à la production au diesel.
[Français]
On produit actuellement un peu d'énergie solaire et éolienne dans ces trois territoires, mais cela représente une très faible partie de l'ensemble de l'électricité dans le Nord, tellement peu que Statistique Canada ne l'a pas incluse dans les données utilisées pour produire ce graphique. Il reste qu'il y en a quand même un peu.
La dépendance au diésel dans le Nord a des répercussions importantes sur le prix, la fiabilité et l'environnement. Cela représente également un défi énergétique de taille pour le Nord, en particulier pour les collectivités isolées. Les trois gouvernements territoriaux ont exprimé un engagement à l'égard d'une augmentation de l'utilisation des ressources renouvelables comme l'énergie éolienne, solaire ou marémotrice.
[Traduction]
Toutefois, bien qu'elles soient importantes, ces sources de production ne se prêtent pas bien aux grands projets de mise en valeur des ressources qui nécessitent une capacité plus grande, plus vaste et plus fiable.
Pour alimenter les grands projets de mise en valeur des ressources dans le Nord, il faudra une nouvelle infrastructure électrique plus vaste. Comme la carte que je vous ai fournie le démontre, pour se brancher au réseau continental et accéder à cet approvisionnement, il faudrait construire d'importantes infrastructures de transmission.
La mise en service d'une nouvelle capacité de production de base dans le Nord, dans le cadre d'un projet hydroélectrique par exemple, exigerait le déploiement d'une vaste infrastructure, y compris de nouveaux moyens de transmission pour desservir un grand nombre de localités et de projets.
[Français]
Dans les deux cas, on parle de projets importants. Toute discussion portant sur une expansion majeure des infrastructures d'électricité dans le Nord doit aussi inclure une discussion sur les défis similaires qui se posent dans le reste du pays.
Selon un récent rapport du Conference Board du Canada, il faudra faire des investissements de 347,5 milliards de dollars entre 2011 et 2030 pour répondre aux besoins en électricité et assurer l'avenir énergétique au Canada.
[Traduction]
C'est une priorité pour notre association et pour le secteur canadien de l'électricité.
Les obstacles au renouvellement des infrastructures sont amplifiés pour les projets dans le Nord, surtout pour ce qui est des coûts et, plus important encore, de l'obtention du permis social. Je parle surtout des nombreuses communautés autochtones du Nord qui doivent absolument accepter ces projets et y participer.
Le principal obstacle au renouvellement des infrastructures d'électricité au Canada se trouve dans la complexité législative et réglementaire accrue. Il y a deux volets.
[Français]
Premièrement, il y a les processus réglementaires interminables et souvent doubles pour les nouveaux projets.
Deuxièmement, il y a les exigences réglementaires inefficaces et disparates pour les installations en place.
Dans la documentation qui a été distribuée, on trouve également un tableau, créé par le Bureau de gestion des grands projets, qui donne une représentation visuelle intéressante des processus réglementaires qui peuvent s'appliquer pour les nouveaux projets énergétiques.
Pour les nouveaux projets en électricité, le processus excessivement complexe d'approbations fédérales entraîne souvent des retards inutiles pour les projets. Cela est dû au manque de coordination entre les ministères fédéraux et aux exigences fréquentes de fournir de l'information qui a déjà été fournie lors de processus provinciaux semblables.
[Traduction]
Ce dédoublement de processus n'entraîne aucune protection environnementale supplémentaire. Je noterai que depuis sa création en 2007, le Bureau de gestion des grands projets a contribué à réduire les pratiques non efficientes et les retards dans l'approbation de projets au sein des différentes entités fédérales qui jouent un rôle dans ce processus. Toutefois, il y a des limites aux améliorations qui peuvent être apportées dans le cadre actuel. Pour obtenir de vrais changements, il faudrait une refonte du système législatif et règlementaire.
Les membres de l'ACE ont fait des propositions détaillées visant à améliorer bon nombre de ces processus tout en gardant le cap sur la protection environnementale, l'objectif primordial. Ils veulent une réglementation prévisible, une application uniforme et, dans tous les cas, des résultats favorables à l'environnement.
[Français]
J'aimerais parler de deux autres défis importants relativement à l'augmentation de la capacité électrique dans le Nord en vue de permettre le développement des ressources, notamment le financement, et les risques des projets, en particulier ceux qui sont associés aux projets miniers.
[Traduction]
L'exemple d'une exploitation minière nécessitant la construction de nouvelles infrastructures d'alimentation électrique illustre bien quels éléments de risque importants peuvent être associés à la durée d'un projet. La plupart des mines ont un cycle de vie d'environ 15 ans. Les infrastructures électriques, quant à elles, ont une durée de vie qui est souvent de 40 ans ou plus.
Alors qui sera responsable des installations électriques abandonnées lorsque la mine n'en aura plus besoin? On pourrait notamment élaborer des microréseaux ou des miniréseaux reliant de multiples installations de productions de plus petite taille, hydroélectriques par exemple. Lorsque ces réseaux ne sont plus nécessaires pour alimenter une mine en électricité, ils pourraient être reliés à des plus grands réseaux et fournir de l'électricité renouvelable à des collectivités qui utilisent actuellement des sources à intensité carbonique élevée comme le diesel. Ce n'est qu'un exemple.
[Français]
Il s'agit du type d'options que devront prendre en compte les collectivités, les services publics en électricité et les gouvernements lorsqu'il faudra déterminer les avantages de chacun des projets de ressources. Aux fins de l'étude que vous avez entreprise, une question importante à considérer est la suivante: quel est le rôle du gouvernement fédéral en ce qui a trait à favoriser et à faciliter le développement des ressources dans le Nord?
Même si les membres de l'ACE ne réclament pas de financement fédéral pour le renouvellement des infrastructures en électricité, mais plutôt une réforme réglementaire comme je viens de la décrire, dans le cas des projets de production d'électricité dans le Nord, il ne faut pas oublier que plusieurs de ceux-ci se trouvent dans des régions isolées et ne sont tout simplement pas rentables.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral a récemment investi dans ce genre de projets. Les améliorations apportées à la centrale hydroélectrique Mayo B et le parachèvement de la ligne de transmission Carmacks-Stewart en sont deux exemples récents.
[Français]
En terminant, pour tout projet d'augmentation du développement des ressources dans le Nord, il faut d'abord reconnaître qu'il est nécessaire de procéder à une expansion importante des infrastructures d'électricité. Il faut d'abord éliminer les obstacles qui se posent actuellement partout au pays, en ce qui a trait au renouvellement des infrastructures d'électricité, avant d'aller de l'avant avec tout nouveau grand projet. Les récentes propositions du gouvernement en ce qui a trait à la réforme réglementaire constituent un pas en avant, mais il reste encore certaines préoccupations.
[Traduction]
Finalement, une intensification de la mise en valeur des ressources du Nord exigera de l'expérience et du leadership pour s'assurer le concours de toutes les parties, et plus particulièrement des Autochtones et des collectivités touchées. Les gouvernements provinciaux, les instances réglementaires et les agences délivrant les permis d'exploitation, de qui relèvent la planification et l'administration du réseau électrique, doivent aussi être pris en compte dans la vision à long terme de la mise en valeur des ressources dans le Nord canadien.
Je vous remercie et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui pour m'adresser au Comité permanent des ressources naturelles de la Chambre des communes. Je remercie les membres du comité de leur invitation.
Mes observations préliminaires vont vous donner un aperçu de Qulliq Energy Corporation (QEC) et de sa contribution au développement des ressources énergétiques du Nunavut.
Le 1er avril 2012, Qulliq Energy Corporation a célébré 11 années à titre de service public d'électricité du Nunavut. Qulliq Energy est chargé de l'approvisionnement en électricité des 25 localités du Nunavut. Le Nunavut est le seul endroit au Canada où la totalité de l'électricité produite est générée à partir de combustible fossile. Contrairement à ce qui se passe plus au sud, aucune de nos collectivités n'est branchée à un réseau. Chacune d'elles a son réseau indépendant. QEC exerce ses activités dans un environnement inhospitalier pour une entreprise de services publics, d'autant plus que nous devons desservir une région qui représente le cinquième de la masse terrestre du Canada, sur trois fuseaux horaires.
Dans le Nord, l'électricité a toujours été générée à partir du diesel, compte tenu de son bilan de longue date. Toutefois, avec l'augmentation des coûts des carburants fossiles, la production au diesel n'est plus économique, ni viable à long terme. Actuellement, le gouvernement du Nunavut paie, directement ou indirectement, environ 80 p. 100 des coûts de l'énergie. Ces coûts sont subventionnés par le truchement de programmes de subvention, mais aussi via le sous-investissement dans le renouvellement de notre capacité actuelle, dont une bonne partie arrive à la fin de son cycle de vie.
Les coûts des carburants fossiles et les exigences liées au remplacement des infrastructures font en sorte que le Nunavut a les tarifs les plus élevés de tout le Canada. Les tarifs résidentiels sont en moyenne de 75 ¢ le kilowatt; ils varient de 52 ¢ à Iqaluit jusqu'à plus de 1 $ à Kugaaruk. Ces tarifs suffisent au maintien des infrastructures en place, mais ne permettent pas leur remplacement
Les choix s'offrant à QEC pour la génération d'électricité sont plutôt limités, en raison du risque associé à la vie et au travail dans le Nord. Il est essentiel de pouvoir miser sur des sources d'électricité sûres, efficaces et fiables lorsque la température est de moins 40 et que le vent souffle. Les génératrices au diesel demeureront une nécessité dans le Nord pendant de nombreuses années encore, car on aura toujours besoin de systèmes auxiliaires fiables et d'une source constante d'électricité.
Comme le prix de l'électricité est élevé au Nunavut, l'énergie renouvelable peut sembler avantageuse. Toutefois, le coût des infrastructures nécessaires à la production d'énergie renouvelable est plus élevé en raison de la distance et des conditions environnementales dans lesquelles les infrastructures doivent être installées. L'objectif premier de QEC est d'assurer un approvisionnement sûr, fiable et efficace en électricité grâce à l'interaction souple et respectueuse de tous les intervenants. Compte tenu des ressources financières limitées de QEC et du gouvernement du Nunavut, qui est notre seul actionnaire, nous ne pouvons pas nous livrer à des activités de recherche et développement. Cela ne veut pas dire pour autant que QEC ne soit pas favorable à des sources d'énergie de rechange. Toutefois, compte tenu de ses ressources limitées, l'entreprise doit se concentrer sur son objectif premier. Tout financement pour des initiatives touchant les énergies de remplacement ne devrait pas miner la capacité d'investir dans la mise à niveau et le remplacement des infrastructures en place.
Dans le cadre de différents programmes fédéraux, QEC a présenté des demandes pour divers projets d'énergie de substitution et obtenu des résultats variables. Parmi nos réussites les plus récentes, notons l'obtention de 50 p. 100 du financement nécessaire aux fins de la mise en place d'un réseau intelligent pour la ville d'Iqaluit. Ce projet nous permettra de compter sur des infrastructures de distribution à la hauteur des réseaux plus au sud et d'améliorer ainsi le service à nos clients. QEC n'a toutefois pas réussi à obtenir du financement pour le développement de l'énergie hydroélectrique. Celle-ci a pourtant fait ses preuves dans les climats nordiques et constitue notre meilleure chance de réduire rapidement, à peu de frais et de façon durable la dépendance du Nunavut à l'égard des carburants fossiles. Il y a de nombreuses centrales dans les régions circumpolaires et aux Territoires du Nord-Ouest, au Yukon, en Alaska et au Groenland.
Iqaluit est la plus grande ville du Nunavut, avec une population de presque 7 000 personnes. Un projet hydroélectrique envisagé depuis quelques années en est maintenant à l'étape de l'étude de préfaisabilité. Un financement estimé à 8 millions de dollars est nécessaire pour terminer les études de faisabilité et les études techniques. Ce projet fournirait de l'énergie propre et renouvelable à la ville d'Iqaluit pour les 100 prochaines années et réduirait la consommation de diesel pour la production d'électricité de 14 millions de litres par année, selon le taux actuel de consommation. Selon les estimations actuelles, ce projet exigerait des investissements en immobilisations de l'ordre de 300 à 500 millions de dollars.
La capacité d'emprunt de QEC est liée à celle du gouvernement du Nunavut, puisque toute la dette de QEC est considérée comme faisant partie de celle du gouvernement. Cette capacité d'emprunt est récemment passée de 200 à 400 millions de dollars. Un projet hydroélectrique n'est donc toujours pas financièrement à la portée du gouvernement du Nunavut et de QEC.
D'autres méthodes de financement ont été considérées, mais comme l'étude de faisabilité n'est pas terminée, aucun plan ne peut être mis de l'avant pour mener le projet à bien.
Les médias du Nord parlent quotidiennement des différents projets de mise en valeur des ressources minières. Le Nunavut regorge de gisements de minerais dont l'exploitation nécessite énormément d'énergie. QEC est en pourparler avec divers promoteurs miniers en vue d'établir des partenariats pour la génération de l'électricité requise à partir du diesel et des ressources hydrauliques.
Les délais d'exécution, le cadre réglementaire et la durée de vie du projet jouent tous un rôle déterminant quant à la possibilité de miser sur l'énergie renouvelable ou de remplacement aux fins d'un projet de mise en valeur des ressources. L'énergie renouvelable, comme l'hydroélectricité, a une durée de vie de plus de 50 ans, mais seulement au terme d'un période de mise en oeuvre de huit à 12 ans qui comprend toutes les évaluations géologiques, économiques, socioéconomiques et environnementales requises.
Pour leur part, les projets d'exploitation minière peuvent être mis en oeuvre beaucoup plus rapidement et ont habituellement une durée de vie plus courte. On avait d'abord indiqué que la mine Meadowbank d'Agnico-Eagle serait en exploitation de 2010 jusqu'à 2019. Ce n'est que récemment qu'on a appris dans les médias que sa durée de vie a été écourtée: la mine fermera ses portes en 2017.
Les considérations économiques régissant l'exploitation minière exigent des entreprises du secteur qu'elles se tiennent au fait de l'évolution de la conjoncture. Cette conjoncture changeante réduit les possibilités de synergie pouvant découler d'un travail en partenariat avec la mise en valeur des ressources énergétiques. Celle-ci exige en effet des conditions stables permettant de conclure des ententes fermes. Il ne faut pas non plus oublier l'emplacement géographique.
La plupart des projets de mise en valeur se déroulent dans des régions éloignées des collectivités du Nunavut. La situation est d'autant plus compliquée que les sites potentiels d'hydroélectricité ne sont pas à proximité des collectivités ou des projets de mise en valeur des ressources. Pour la majorité des sites, il faut tenir compte de l'infrastructure de transmission à mettre en place vers un site minier ou une collectivité.
Comme dans la plupart des provinces et territoires du Canada, les infrastructures énergétiques du Nord en arrivent à la fin de leur durée de vie. C'est le cas pour 17 des 25 centrales du Nunavut. En outre, la croissance économique et démographique exerce des pressions sur le système existant, et un plan s'impose pour améliorer et remplacer les infrastructures qui fournissent un service essentiel aux résidents et aux entreprises du Nunavut.
De la création de l'entreprise jusqu'à 2010-2011, les plans d'immobilisations n'ont visé qu'à accroître la capacité et la production d'énergie afin de répondre à la demande croissante, mais n'ont rien prévu pour remplacer les infrastructures. Chaque année, les investissements prévus totalisaient entre 10 et 13 millions de dollars. Au Nunavut, la construction d'une centrale au diesel de taille moyenne coûte de 12 à 15 millions de dollars. Puisque 17 des 25 centrales en sont à la fin de leur durée de vie, un apport en capitaux est nécessaire pour pouvoir les remplacer.
Au Nunavut, les tarifs d'utilisation des services publics ne suffisent pas pour éponger les coûts de nouvelles infrastructures. Le plan d'immobilisations actuel de QEC est estimé à 25 millions de dollars par année au cours des 10 prochaines années. En général, ces capitaux ne serviront qu'à remplacer et améliorer les infrastructures de production d'énergie. Des fonds supplémentaires sont requis pour renouveler le réseau de distribution. En raison du manque de financement, c'est de façon ponctuelle seulement que des systèmes de distribution vers les collectivités ont pu être ajoutés et que des segments ont pu être remplacés. De nombreux réseaux de distribution locaux sont aussi vieux que les centrales de production et exigent un traitement similaire. Cette mise à niveau nécessitera de 2 à 3 millions de dollars par année pour une période de 10 à 15 ans.
En résumé, la mise en valeur des ressources du Nord doit pouvoir miser sur une infrastructure énergétique stable et saine ainsi que sur un contexte de réglementation prévisible. QEC s'efforce de garder contact avec les partenaires du secteur de la mise en valeur des ressources en vue de tirer le maximum de tout nouveau débouché qui se présente. Les liens noués avec nos partenaires et l'industrie facilitent des échanges d'information qui font de QEC un partenaire de choix dans la mise en valeur des ressources.
QEC se concentre surtout sur l'avenir des infrastructures actuelles, et des plans doivent être mis en oeuvre pour garantir aux habitants du Nunavut un approvisionnement énergétique sûr, fiable et viable sur le plan économique, et ce, pendant de nombreuses années. Nous devons composer avec des fonds limités malgré une population croissante, une économie en expansion et des infrastructures vieillissantes; c'est le plus grand défi auquel nous sommes confrontés.
Monsieur le président, j'aimerais vous remercier, vous et les membres du comité, de m'avoir invité à comparaître. Je serai heureux de répondre à vos questions.
Bonjour, honorables députés. Merci de m'avoir invitée à vous parler de la mise en valeur des ressources naturelles du Nord.
L'Alberta détient la troisième plus grande réserve de pétrole au monde, et la grande majorité de cette ressource se trouve dans ma municipalité régionale. Celle-ci est très vaste. Elle est plus grande que toute la province de la Nouvelle-Écosse et s'étend sur plus de 66 000 kilomètres carrés au nord-est de l'Alberta. Ma municipalité regroupe neuf collectivités rurales en plus de la ville de Fort McMurray.
Selon notre recensement municipal de 2010, notre population totale s'élève à 104 000 habitants et croît rapidement. Nos chiffres sont beaucoup plus élevés que ceux du recensement fédéral, ce qui nous préoccupe puisque les services et le financement sont offerts au prorata de la population. Bien qu'il y aurait tout lieu de discuter de nos inquiétudes relatives au recensement, je m'en abstiendrai puisque mon temps est limité.
Puisque les sables bitumineux sont en quelque sorte dans ma cour, ma région connaît une énorme croissance. Notre population a doublé au cours des 10 dernières années et devrait à nouveau doubler au cours des 20 prochaines années.
Un de mes objectifs principaux est de créer une communauté où il fait bon vivre pour tous les résidents, qu'ils travaillent ou non dans le secteur des sables bitumineux. Mon expérience m'a démontré que le gouvernement et l'industrie sont très enthousiastes à l'idée de miser sur les ressources énergétiques, mais que l'on néglige souvent de mettre en place les systèmes nécessaires pour faciliter les choses aux travailleurs du secteur et à la région où ces activités sont entreprises. Il nous est toujours difficile de suivre le rythme de la mise en valeur des sables bitumineux. Nous connaissons une pénurie de terrains pour la construction résidentielle, commerciale et industrielle, et, de fait, pour toutes les formes de croissance. Nos infrastructures sont vieillissantes et inadéquates, et les commodités et services offerts aux résidents sont insuffisants.
Comme un nombre croissant de personnes mettront le cap sur Wood Buffalo, on devra bâtir davantage d'écoles, de cliniques médicales et d'installations récréatives. Il faudra aussi construire un centre municipal, des réseaux de transport appropriés — il faudra prévoir en particulier l'élargissement de l'autoroute 63 pour éviter qu'une tragédie comme celle qui est survenue à la fin avril ne se reproduise. Des améliorations aux infrastructures et une bonification des services gouvernementaux sont aussi nécessaires.
Un service gouvernemental qui attire particulièrement notre attention est celui qui a trait à l'immigration et aux travailleurs temporaires. Bien que nous voyions d'un bon oeil les annonces budgétaires récentes relatives au traitement accéléré des dossiers de travailleurs temporaires, il serait extrêmement avantageux que nous ayons des postes douaniers à notre aéroport, mais aussi des agents d'immigration affectés directement à Fort McMurray pour le traitement des visas et d'autres questions afférentes. Non seulement ces mesures profiteraient-elles à notre main-d'oeuvre, mais elles nous aideraient aussi à réaliser notre objectif de créer une collectivité accueillante et inclusive.
Chez nous, les gens ne travaillent pas de 9 heures à 17 heures. Nombre de nos résidents font de longues journées de travail suivant des horaires variables, et il peut être très difficile de prendre congé pour se rendre à Edmonton ou Calgary afin d'obtenir des services. Cette préoccupation s'exacerbe au fur et à mesure que la demande en main-d'oeuvre augmente à Wood Buffalo. Si nous voulons atteindre les seuils de production prévus en sables bitumineux, soit plusieurs millions de barils par jour, les gens derrière ce travail ne peuvent être laissés pour compte.
Wood Buffalo n'est pas une ville créée de toute pièce où les gens viennent faire fortune. Nous formons une communauté de gens travailleurs et ambitieux de partout au Canada et dans le monde qui méritent une meilleure qualité de vie. Nous sommes depuis longtemps une escale importante vers le Nord, et des gens s'établissent ici depuis de nombreuses générations. Si on veut faire des investissements judicieux dans les sables bitumineux, il faudra aussi investir dans notre collectivité.
À cette fin, la province de l'Alberta s'est engagée à verser quelque 2,4 milliards de dollars pour la construction et la remise à niveau d'infrastructures dans ma collectivité, et j'espère que le gouvernement fédéral lui emboîtera le pas.
Alors que d'autres grandes villes reçoivent des enveloppes importantes depuis des décennies pour bâtir leur collectivité, nous commençons à édifier la nôtre et nous assumons la presque totalité des coûts, sans aide aucune. Par exemple, notre aéroport est en voie de reconstruction pour répondre aux demandes de notre collectivité. L'an dernier, c'est l'aéroport qui a connu la plus forte croissance au pays, à raison de près de 7 p. 100. Au cours des quatre premiers mois de l'année en cours, nous avons aussi été les chefs de file avec une croissance de 9 p. 100.
Ouvert en 1986 et conçu pour transporter annuellement environ 250 000 passagers, notre petit terminal devrait, selon nos estimations, transporter plus de 820 000 personnes cette année. La municipalité contribue à ce projet, mais l'autorité aéroportuaire cherche toujours à obtenir des fonds des gouvernements provincial et fédéral. Et j'aimerais noter que, étant donné l'engagement de longue date du gouvernement fédéral en faveur de la construction aéroportuaire, il s'agit d'un projet qui mérite de l'aide. Notre aéroport est un projet essentiel qui nous lie non seulement au reste du Canada et à la main-d'oeuvre dont nous avons besoin, mais aussi au reste du monde.
Cela démontre aussi que, si l'on veut que le secteur énergétique puisse prospérer et croître comme nous le prévoyons, l'infrastructure nécessaire doit être en place. La mise en valeur des sables bitumineux pourrait être entravée s'il y a un manque de développement ou d'investissement dans ma collectivité.
Puisque je parle aéroport, j'aimerais aussi vous mentionner la lettre que nous avons récemment reçue de Transports Canada nous disant que le financement fédéral pour les activités de l'aéroport de Fort Chipewyan ne sera pas renouvelé. Fort Chipewyan, la localité la plus ancienne de l'Alberta, se situe à environ 250 à 300 kilomètres au nord de Fort McMurray et n'est accessible de décembre à mars que par une route hivernale. L'aéroport est le seul lien de transport pour cette collectivité de près de 1 300 âmes. Je trouve très décevant que l'on décide ainsi d'immobiliser les résidents et les entreprises de cette localité. Je demande au gouvernement fédéral de revoir sa décision.
J'espère que, au fur et à mesure que de nouveaux investissements seront consentis dans les sables bitumineux, des investissements proportionnels pourront être faits dans ma municipalité. À la lumière des liens que j'ai déjà exposés entre les projets et le développement de ma communauté, cette demande s'apparente davantage à une nécessité qu'à un souhait.
La dernière préoccupation dont j'aimerais vous entretenir touche la perception de notre réalité. Nous sommes constamment confrontés à des représentations erronées de notre quotidien à titre de collectivité. J'ai lu récemment dans le courrier des lecteurs d'un journal de la Floride la lettre d'un Canadien, selon sa propre indication, qui écrivait que la qualité de l'air à Fort McMurray est si désastreuse que la plupart des parents ne laissent pas leurs enfants jouer à l'extérieur. J'ai deux fils de huit et trois ans et je peux vous assurer qu'il s'agit d'une remarque grotesque. La Wood Buffalo Environmental Association, un organisme indépendant du gouvernement et de l'industrie, assure une surveillance constante de notre environnement. En moyenne, l'air est de meilleure qualité dans nos collectivités que dans la plupart des grandes villes.
Cependant, je crains que les critiques sur le plan de l'environnement et les fortes exagérations comme celle à laquelle je viens de faire allusion ne se multiplient au fur et à mesure que le secteur des sables bitumineux va gagner en importance. J'ose espérer que l'on pourra contrecarrer ces représentations trompeuses en misant sur un engagement accru de la part du gouvernement et de l'industrie en faveur d'un processus indépendant, ouvert et transparent de suivi et de mise en application des règles environnementales.
Comme nous l'avons fait dans le cas de nombreuses initiatives écologiques, nous avons appuyé l'annonce faite en janvier 2012 quant au programme mixte fédéral-provincial de surveillance des sables bitumineux et nous allons même plus loin en proposant qu'un institut soit créé ici même à Fort McMurray pour réaliser cet objectif. Un institut ou un centre de surveillance indépendant renforcerait l'engagement des gouvernements provincial et fédéral envers l'environnement et offrirait une occasion unique de diversifier notre base économique en créant une base du savoir.
En conclusion, les questions de qualité de vie, de main-d'oeuvre, de financement et de perception de notre collectivité ne sont que quelques-unes des préoccupations que nous avons quant à la mise en valeur des ressources énergétiques dans notre région du nord de l'Alberta. Bien que je sois là pour représenter ma région, je vous dirais que les activités de développement énergétiques menées ici ont des répercussions partout au pays. Selon le groupe d'experts à qui vous posez la question, on vous dira que l'apport au produit intérieur brut des sables bitumineux est actuellement estimé entre 6 et 10 p. 100. Ce chiffre ne va qu'augmenter.
Le Canadian Energy Research Institute nous apprend que, au cours des 20 prochaines années, les investissements, activités et dépenses dans les sables bitumineux vont apporter environ 2,1 billions de dollars au PIB canadien. Au cours des 25 prochaines années, les sables bitumineux vont créer environ 905 000 emplois directs, indirects et induits, à temps partiel et à temps plein. On estime que pour chaque tranche d'un million de dollars en capitaux investis ou dépensés dans les activités, 5,6 emplois sont créés partout au pays.
L'énergie du nord de l'Alberta profite non seulement à l'Alberta mais à tout le Canada de par les emplois, les matériaux, les services et la construction. Pour les entreprises et les entrepreneurs d'un océan à l'autre, il s'agit d'une réelle perspective de croissance canadienne.
Cette perspective a la chance de s'inscrire dans une nouvelle vision pour notre pays, un nouveau rêve national qui nous rappelle le chemin de fer de Sir John A. Macdonald qui a uni notre nation sur les plans géographique et politique. Ainsi, alors que vous étudiez les enjeux relatifs à la mise en valeur des ressources énergétiques du Nord canadien, je vous pose la question suivante: Quelle est notre nouvelle vision? Qui sera le prochain Sir John A?
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je pense que cela n'étonnera personne que je pose la plupart, sinon toutes, mes questions à la mairesse Blake.
Madame la mairesse, je vous félicite de vous être réveillée à l'heure de l'Alberta. Je m'amuse à faire des allers-retours entre l'Alberta et l'Ontario et à avoir à changer de fuseau horaire. J'aimerais également vous féliciter d'avoir reçu la Médaille du jubilé de diamant de la reine Élisabeth II. Vous le méritez bien avec tout le travail que vous avez effectué au cours des dernières années dans le Nord de l'Alberta.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de lire le mémoire sur le budget que je vous ai envoyé il y a environ un mois. Il décrivait le nouveau budget du gouvernement du Canada. Si vous l'avez vu, vous aurez remarqué que bon nombre de modifications ont été apportées vis-à-vis du chômage et de l'embauche et des problèmes qui s'y rattachaient. J'en parlerai en temps et lieu.
J'aimerais revenir au financement pour l'infrastructure qui a été établi depuis que nous formons le gouvernement depuis 2006. J'aimerais bien entendu souligner les 150 millions de dollars que nous avons versés pour élargir à quatre voies une partie importante de l'autoroute 63 et afin d'investir dans deux viaducs. Nous sommes bien entendu tout à fait emballés des deux plus récents échangeurs qui sont presque ouverts, soit ceux de Thickwood et de Confederation. Bien entendu, il ne faut pas oublier les patinoires de hockey et les autres choses que nous avons faits dans le Plan d'action économique du Canada. Le gouvernement fédéral a versé environ 500 millions de dollars au cours des six dernières années à la municipalité de Wood Buffalo.
Je ne vais donc pas vous parler aujourd'hui de la terre et de la capacité routière, car ces deux aspects sont de ressort provincial. Puisqu'il s'agit d'un domaine de compétence provinciale, tout ce que nous pouvons faire c'est de répondre à leur demande à titre de partenaire financier. J'aimerais également vous faire savoir que nous avons parlé avec Scott Clements. Il est le PDG de l'aéroport et a parlé il y a quelques mois avec le caucus conservateur de l'Alberta des questions portant sur l'immigration, les douanes et la proposition de financement pour l'élargissement de l'aéroport. C'est donc entre les mains du gouvernement qui va s'en occuper en conséquence.
Cela fait environ deux années que je travaille sur ces deux dossiers — cela fait plus d'un an que je travaille avec Scott. Il fait un excellent travail pour l'aéroport. Je pense que la plupart des Canadiens ne se rendent pas compte que même si nous accueillons 850 000 passagers dans notre aéroport, il y en a également 1,6 million dans notre espace aérien qui atterrissent dans d'autres aéroports au nord de l'Alberta. C'est considérable.
Mais j'aimerais que l'on parle aujourd'hui du phénomène « Tim Hortons ».
Si vous prenez certains projets qui ont eu lieu en régions éloignées, par exemple, dans la région de la baie James, et que l'on considère les obstacles auxquels on s'est heurté dans le cadre des grands projets hydroélectriques de cette région, et que vous les multipliez par quatre, cela vous donne une bonne idée de ce à quoi il faut s'attendre.
Plus on va au Nord, plus ces problèmes sont exacerbés pour ce qui est non seulement de l'exploitation du projet, mais surtout de sa construction. Il y a les problèmes de déplacement d'équipement, de construction d'infrastructures d'accès à ces installations, et des problèmes aussi simples que celui que M. Mackey a mentionné plus tôt, à savoir le fait de ne pas avoir de grues dans certaines de ces régions. D'emblée, on se heurte au problème de l'acheminement de l'équipement vers ces endroits, puis il y a toute la question de la géographie elle-même, qui, de toute évidence, pose beaucoup plus de problèmes que dans le Sud.
D'un autre côté, les avantages sont considérables. Bien que nous parlions plus tôt de la question de savoir si ces projets sont viables économiquement, du point de vue d'une analyse de rentabilité, il faut aller plus loin que cela. Il faut avoir une perspective plus large, holistique, des répercussions. Il ne faut pas s'en tenir seulement à la question du coût, par exemple, de construire une usine hydroélectrique dans le Nord et à la réduction des coûts associés au diesel.
Il y a un avantage plus large, pas seulement pour les clients qui ont ainsi accès à une source d'électricité plus fiable et plus abordable, mais aussi pour le bassin atmosphérique dans son ensemble du fait que l'on a moins recours au diesel. Ce n'est donc pas simplement un avantage pour les gens du Nord, c'est un avantage pour les Canadiens et, en fait, les gens du monde entier.