Je crois que le nom de notre ministère a changé au cours des derniers mois. C'est maintenant Affaires autochtones et du Nord canadien. Merci.
[Français]
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de présenter le point de vue de mon ministère sur l'exploitation pétrolière et gazière et les projets d'avenir dans le Nord du Canada, une région possédant un vaste potentiel pétrolier et gazier.
[Traduction]
L'approche fédérale à l'égard du développement économique favorise les activités responsables d'exploration et d'exploitation des ressources pétrolières et gazières qui contribuent non seulement à créer des emplois aujourd'hui, mais aussi à générer des retombées sociales, culturelles et économiques à long terme qui profiteront aux Autochtones et aux résidants du Nord pendant de nombreuses années. Cette approche appuie également les activités d'exploitation faisant appel à des pratiques efficaces de gérance environnementale. Ceci permet d'assurer que l'exploitation se fait dans le respect des traditions des collectivités autochtones et d'une manière qui protège l'environnement de l'Arctique dans l'intérêt des générations futures.
[Français]
Il incombe au ministère des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien d'octroyer les droits dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et dans les zones extracôtières au nord du 60e parallèle. Le programme sur les ressources pétrolières et gazières du Nord est régi par la Loi fédérale sur les hydrocarbures et la Loi sur les opérations pétrolières au Canada. Le et le se partagent la responsabilité de ces deux lois. L'Office national de l'énergie est responsable, en grande partie, de l'application de la Loi sur les opérations pétrolières au Canada. Les responsabilités sont donc séparées de sorte que les décisions de nature économique relèvent du ministère et les décisions touchant la sûreté et l'environnement relèvent de l'organisme de réglementation, c'est-à-dire l'Office national de l'énergie.
[Traduction]
Les fonctionnaires de nos bureaux travaillent à la création de conditions et de climats d'investissement positifs qui permettent au secteur privé d'affronter efficacement la concurrence dans le Nord. Un processus d'attribution de droits pétroliers et gaziers souple et axé sur le marché dont le but précis est d'atteindre cet objectif est déjà bien établi.
Le ministère s'appuie sur les relations fondamentales établies dans les accords de revendication territoriale conclus avec des groupes autochtones pour gérer les ressources en hydrocarbures dans le Nord. Avant chaque étape du processus d'octroi de droits, notre ministère mène des consultations auprès des groupes autochtones de revendication territoriale afin d'obtenir leurs observations sur les particularités environnementales et culturelles. Nous sommes conscients que le soutien à la concession par les collectivités et les organisations autochtones touchées est crucial pour les entreprises qui s'engagent dans des programmes d'exploration visant les concessions nouvellement acquises. Chaque année, depuis 25 ans, le ministère accorde des droits d'exploration dans le cadre d'un processus concurrentiel d'attribution de droits.
La contribution et l'appui des collectivités s'avèrent importants pour émettre des recommandations en ce sens à notre ministre et obtenir le consentement de ce dernier. Ce processus est aussi avantageux pour le milieu des affaires. Selon l'industrie, la certitude selon laquelle des appels d'offres pour l'octroi de droits ont lieu régulièrement contribue à accroître la confiance des investisseurs à l'égard des terres domaniales du Canada.
[Français]
En outre, notre gouvernement s'emploie à mettre en oeuvre le transfert des responsabilités dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Yukon, le transfert des responsabilités relatives à la gestion des terres et des ressources a eu lieu en 2003, alors qu'au Nunavut, des discussions à ce sujet se poursuivent. Un tel transfert donnera aux résidants du Nord un contrôle accru sur la gestion des terres et sur les décisions relatives à la mise en valeur des ressources à l'échelle locale. Ainsi, le processus décisionnel visant les ressources naturelles se rapprochera du lieu d'exploitation prévu et entraînera des retombées économiques à cet endroit.
[Traduction]
Si je peux prendre encore quelques minutes, j'aimerais attirer votre attention sur certaines des activités d'exploitation pétrolière et gazière les plus dignes de mention susceptibles de remodeler le Nord.
C'est en 2011 que l'intérêt sans cesse croissant de l'industrie pour les ressources schisteuses du Canada s'est propagé à 500 kilomètres au nord du 60e parallèle, dans la partie centrale de la vallée du Mackenzie. Cet intérêt s'est traduit par la délivrance d'un nouveau permis d'exploration pétrolière dans la région du Sahtu, située dans cette partie de la vallée du Mackenzie.
En juin dernier, 11 nouveaux permis ont été délivrés en fonction de la valeur monétaire des travaux proposés dans les soumissions, laquelle représentait un engagement total de 534 millions de dollars sur cinq ans. Depuis l'automne dernier, il est évident que les sociétés d'exploitation pétrolière qui obtiennent des permis d'exploration se concentrent sur les formations schisteuses, même si les cibles pétrolières et gazières classiques offrent également un grand potentiel dans cette région.
Les nouvelles technologies de fracturation hydraulique pourraient permettre de rendre cette vaste réserve accessible. Il faut toutefois démontrer ce potentiel en effectuant des travaux d'exploration afin de pouvoir évaluer les aspects économiques de l'exploitation du schiste dans cette région. Le ministère a organisé des séances destinées à informer pleinement les collectivités du Nord au sujet de l'exploration du gaz de schiste, de la technologie déployée, des processus réglementaires et des règlements applicables aux principaux enjeux tels que la qualité et l'utilisation de l'eau. Nous surveillerons le rythme d'exécution des travaux et nous donnerons aux résidants du Nord la possibilité d'exprimer leurs préoccupations. Il s'agit là des seules activités pétrolières et gazières réalisées dans la région, à l'exception des activités d'exploitation continue du champ pétrolier de Norman Wells.
[Français]
Le regain d'intérêt de l'industrie dans cette région crée de nouvelles possibilités économiques, de même que des occasions d'emploi, de formation et d'affaires.
[Traduction]
Plus au nord, la région comprenant la mer de Beaufort et le delta du Mackenzie est reconnue pour être particulièrement riche en ressources pétrolières. D'ailleurs, plus de 60 découvertes y ont été faites. Depuis 2007, plusieurs sociétés ont obtenu des permis d'exploitation en eaux profondes dans la mer de Beaufort. Ces permis représentent un engagement total de près de 2 milliards de dollars.
Cependant, les événements dramatiques survenus dans le golfe du Mexique il y a deux ans ont suscité un nouvel intérêt pour la sécurité et l'état de préparation au sein de la population mondiale. Au Canada, l'Office national de l'énergie a décidé d'étendre la portée d'une étude déjà effectuée afin de mener un examen public des exigences relatives aux activités de forage extracôtier. Vous connaissez sans doute le rapport rendu public en décembre par l'Office national de l'énergie. On y confirme que le régime de réglementation de l'Office peut servir à régler des questions relatives à la sécurité des résidants et des travailleurs du Nord de même qu'à l'environnement. Nous constatons un intérêt renouvelé encore cette année. L'industrie a désigné six parcelles et l'appel d'offres qui vient d'être lancé prendra fin en septembre.
[Français]
Environ un cinquième seulement de la marge de l'océan Arctique a été exploré. Les ressources pétrolières et gazières classiques du Nord forment environ 33 p. 100 des ressources résiduelles de gaz naturel du Canada récupérables par des méthodes classiques, et 35 p. 100 des ressources résiduelles récupérables en brut léger. Chaque année, un rapport annuel de Pétrole et gaz du Nord portant sur l'administration des terres est présenté au Parlement. Le dernier rapport a été déposé le 2 mai 2012 et est publié sur le site Web du ministère.
La gérance de l'environnement constitue un élément clé dont nous devons tenir compte dans nos consultations concernant le pétrole et le gaz dans le Nord. Nous devons donner au public et au ministère l'assurance que les droits sont octroyés de façon responsable, en tenant compte des enjeux liés à la conservation et à la protection du patrimoine naturel du Nord. La science contribue de façon importante à la prise de décisions éclairées.
[Traduction]
Nous sommes toujours à la recherche de programmes novateurs qui favorisent le développement responsable et permettent au Canada d'approfondir ses connaissances sur le Nord. L'évaluation environnementale régionale de Beaufort, dans laquelle le gouvernement fédéral investit 21,8 millions de dollars sur quatre ans, en est un exemple. Ce programme vise à s'assurer que les gouvernements, les Inuvialuits, les organismes de réglementation et l'industrie sont prêts pour la reprise des activités pétrolières et gazières dans la mer de Beaufort. Toutes les parties en cause sont à l'origine de l'évaluation, à partir de sa conception même. L'évaluation, qui est maintenant mise en oeuvre, se déroule dans le cadre d'un partenariat unique réunissant les collectivités inuvialuites, l'industrie, les gouvernements, des universitaires et des organismes de réglementation qui travaillent ensemble pour définir les priorités et financer la recherche à l'appui des décisions en matière de réglementation. Cette approche de partenariat adapté au milieu comporte de nombreux avantages.
[Français]
Enfin, compte tenu du potentiel pétrolier et gazier d'envergure mondiale de l'Arctique, il est important que les travaux d'exploration continuent d'être réalisés de manière responsable et que les résidants du Nord participent activement à l'exploitation des ressources et en bénéficient.
[Traduction]
Surtout, j'insiste sur l'importance que notre ministère accorde au travail en partenariat. Comme l'illustrent les nombreux exemples que j'ai cités plus tôt, c'est notre façon de faire, car nous savons que c'est la clé de la réussite à long terme. Grâce à des partenariats productifs, nous pouvons optimiser les avantages économiques et sociaux extraordinaires de l'exploitation pétrolière et gazière responsable, dans l'intérêt des résidants du Nord et de l'ensemble de la population canadienne.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Comme M. Benoit vient de vous le dire, je m'appelle Gil McGowan et je suis président de l'Alberta Federation of Labour (AFL), la plus importante organisation syndicale en Alberta. Nous regroupons 29 syndicats des secteurs public et privé qui représentent plus de 145 000 travailleurs albertains, y compris plus de 25 000 qui travaillent directement dans le secteur énergétique de notre province.
Si je vous parle aujourd'hui, c'est parce que je suis profondément troublé par l'approche de mise en valeur des sables bitumineux préconisée par le gouvernement fédéral. Certains analystes ont qualifié cette approche de « stratégie de croissance effrénée ». Je dirais pour ma part que c'est une stratégie d'extraction sauvage digne du Far West.
Depuis qu'il a obtenu l'an dernier cette majorité qu'il recherchait depuis si longtemps, le premier ministre Harper a fait de cette nouvelle approche de la mise en valeur des sables bitumineux l'un des piliers centraux du plan d'avenir de son gouvernement. Cette approche se caractérise par un engagement à accélérer les processus d'approbation réglementaire pour les projets d'extraction des ressources, la construction de pipelines aux fins de l'exportation de bitume brut et l'accès des employeurs à une main-d'oeuvre étrangère temporaire bon marché pour la réalisation de ces projets et de ces pipelines.
La nouvelle approche du gouvernement se distingue également par les efforts déployés pour diaboliser et dénigrer quiconque soulève des préoccupations au sujet des sables bitumineux ou de la manière dont ils sont mis en valeur. Les critiques se font traiter de radicaux, d'adversaires du progrès et d'ennemis de l'Alberta. En un mot, le premier ministre a mis son gouvernement au service de l'industrie énergétique. Le gouvernement n'est plus un chien de garde chargé de veiller aux intérêts du grand public; il est devenu le plus fervent partisan de l'industrie en s'assurant de faire le nécessaire pour faciliter l'atteinte de ses objectifs étroits. Les outils et les mécanismes du gouvernement sont devenus ceux de l'industrie, et quiconque essaie de mettre des bâtons dans les roues de ces gens-là se verra ignoré ou renversé.
En ma qualité de dirigeant syndical aux premières lignes de l'exploitation des sables bitumineux, je suis à la fois furieux et inquiet de cette nouvelle approche que notre pays semble vouloir adopter en matière de croissance dans le secteur des ressources. Je suis fier d'être Albertain et je suis profondément blessé lorsque des membres haut placés du gouvernement Harper essaient de soutenir que je fais partie de ceux qui vont à l'encontre des intérêts de l'Alberta et de cette industrie si importante. Il n'y a rien d'anti-albertain ou d'anti-canadien à vouloir poser des questions pour savoir ce qui se passe dans le secteur des sables bitumineux. Au contraire, comme j'ai le sort de ma province vraiment à coeur, je ressens le devoir et l'obligation d'élever la voix pour exprimer mon mécontentement par rapport à ce dont je suis témoin. En outre, ce n'est pas pour semer la discorde ou s'attaquer de façon injustifiée à l'ouest du pays que l'on souhaite engager un débat réfléchi sur l'avenir des sables bitumineux. En fait, si certains se livrent à des jeux politiques dans ce dossier, ce sont les conservateurs du gouvernement Harper qui s'emploient systématiquement à faire ressortir les antagonismes naturels dans toutes les discussions concernant les sables bitumineux.
Pour les fins de la séance d'aujourd'hui, je vais laisser à d'autres le soin de traiter des inquiétudes environnementales très légitimes découlant de la mise en valeur des sables bitumineux. Dans le peu de temps à ma disposition, j'aimerais plutôt vous exposer les quatre raisons pour lesquelles je crois que l'approche sauvage actuelle guidée par l'industrie ne servira pas les intérêts à long terme de l'Alberta et du Canada. J'aimerais ensuite conclure en vous exposant brièvement une autre vision du développement qui privilégie les intérêts du Canadien moyen au détriment de ceux d'entreprises pétrolières appartenant principalement à des étrangers.
Notre premier motif d'opposition à l'approche actuelle découle de ses effets négatifs sur le marché du travail albertain. Les gouvernements provincial et fédéral ont approuvé à peu près toutes les propositions de mise en valeur qui leur ont été présentées, à un point tel qu'il y a maintenant 66 projets de plusieurs milliards de dollars qui ont été approuvés ou qui sont déjà en construction dans le secteur des sables bitumineux.
Dans les industries albertaines de l'énergie et de la construction, le niveau de l'emploi a déjà dépassé les sommets atteints lors de la dernière bulle, et on s'attend à ce que la demande de main-d'oeuvre continue à croître rapidement. À première vue, cela peut sembler une bonne chose, mais il y a un inconvénient important à ce développement accéléré. Que se passe-t-il quand des dizaines de grandes entreprises du secteur de l'énergie et de la construction recherchent en même temps des travailleurs qualifiés? Des pénuries de main-d'oeuvre, bien évidemment. Ces pénuries entraînent des retards et, par le fait même, des dépassements de coûts. Elles incitent aussi les employeurs à rechercher davantage de travailleurs, en commençant par les moins expérimentés, et à accroître leur recours à des travailleurs étrangers temporaires, lesquels sont souvent mal formés, et incapables de bien maîtriser la langue et d'être bien à leur aise avec les conditions de travail en vigueur au Canada. Cette course effrénée pour peupler les chantiers résulte en une baisse de productivité, un accroissement des erreurs commises et le besoin plus fréquent de revenir en arrière pour réparer les choses qui n'ont pas été faites correctement au départ, autant d'éléments qui font grimper les coûts.
La situation actuelle a notamment pour effet pervers d'aggraver les pénuries de main-d'oeuvre à long terme. En raison du rythme rapide de croissance et de développement, les employeurs sont réticents à accorder aux apprentis le temps nécessaire pour terminer leur formation théorique ce qui les confine au rang d'apprentis pendant de nombreuses années.
Plus important encore, en facilitant sans cesse l'accès aux travailleurs étrangers temporaires, le gouvernement Harper en fait un choix privilégié pour les employeurs, plutôt qu'une solution de dernier recours.
Il en résulte que les employeurs optent pour les travailleurs étrangers temporaires au détriment des apprentis en formation. Par le fait même, nous n'en faisons pas suffisamment pour former au Canada la prochaine génération de gens de métier, ce qui nous garantit des pénuries de main-d'oeuvre à long terme. Il va s'en dire qu'une telle attitude obligera les employeurs à se tourner de plus en plus vers la main-d'oeuvre migrante.
Parlons maintenant de la deuxième raison pour laquelle nous nous opposons à l'approche actuelle en matière de mise en valeur des sables bitumineux. Cette approche décourage les initiatives de valorisation et de raffinage, lesquelles sont d'après nous essentielles à la croissance économique et à la création d'emplois à long terme en Alberta. Les Albertains se sont d'ailleurs exprimés clairement à ce sujet. Sondage après sondage, une majorité écrasante d'entre eux ont indiqué qu'ils souhaitaient voir la province miser davantage sur la valeur ajoutée, plutôt que de voir ces emplois de haute qualité en valorisation et raffinage quitter par voie de pipeline vers des endroits comme les États-Unis ou la Chine.
À l'heure actuelle, environ 62 p. 100 du bitume brut est valorisé en Alberta. Ces activités créent des milliers d'emplois directs en plus de générer des milliards de dollars en retombées. Elles assurent la subsistance de familles et de collectivités entières. La presque totalité des projets actuellement en préparation dans le secteur des sables bitumineux ne visent toutefois que l'extraction, ce qui va faire chuter précipitamment la proportion de bitume valorisé au Canada. Selon les estimations du gouvernement albertain, cette proportion devrait baisser sous la barre des 50 p. 100 dans la province d'ici cinq ans.
Certains prétendent que cette situation est inévitable compte tenu des considérations économiques associées à la valorisation et au raffinage. Mais il n'y a rien d'inévitable à notre point de vue. Les écarts entre les coûts et les prix sont les éléments clés à prendre compte dans toute analyse du secteur de la valorisation.
Comme nous l'avons vu, le rythme rapide du développement fait grimper les coûts de telle sorte que seuls les projets moins coûteux ne visant que l'extraction sont intéressants pour les investisseurs. Parallèlement à cela, en approuvant la construction d'un plus grand nombre de pipelines pour l'exportation vers les États-Unis, et éventuellement vers la Chine, dans un effort pour obtenir des prix plus élevés, le gouvernement anéantit nos industries de valorisation et de raffinage. En effet, c'est l'accès à des matières premières relativement peu coûteuses qui a toujours constitué le principal avantage concurrentiel permettant aux industries canadiennes de prospérer.
En s'employant à supprimer l'écart de prix entre le bitume et le pétrole brut classique, les gouvernements de l'Alberta et du Canada ont miné notre principal avantage concurrentiel en matière de valorisation et de raffinage.
Si la valorisation n'apparaît pas logique pour nous selon les conditions du marché, c'est donc parce que nos gouvernements ont influé de façon négative sur ces conditions. Le développement rapide a entraîné une hausse des coûts qui n'incite pas la construction d'installations à valeur ajoutée, et la multiplication des pipelines pour le bitume brut a fait rétrécir les écarts de prix qui favorisent la prospérité de nos industries canadiennes de valorisation et de raffinage.
En bref, si les Albertains et les Canadiens sont privés des projets de transformation à valeur ajoutée qu'ils souhaiteraient voir se réaliser, c'est parce que leurs gouvernements faussent les données à l'encontre de ce type d'activités en suivant bêtement les diktats des intervenants de l'industrie.
Notre troisième motif d'opposition à l'approche actuelle concerne les redevances. À cet égard, il ne faut pas oublier que les redevances touchées par le gouvernement albertain sont établies en fonction des coûts, surtout au début des projets d'exploitation des sables bitumineux. Si ces coûts sont élevés et ne cessent de croître, comme c'est le cas dans ce contexte de développement sauvage, cela fait diminuer les sommes perçues en redevances et, par le fait même, les fonds pouvant être consacrés aux mesures que les Albertains et les Canadiens valorisent, comme les soins de santé et l'éducation.
Comme je constate que je vais manquer de temps, je vais résumer en vous disant que les gouvernements de l'Alberta et du Canada doivent cesser de se considérer comme de simples partisans de l'industrie pétrolière. Ils doivent plutôt comprendre que les ressources naturelles de notre pays, les sables bitumineux comme les autres, appartiennent aux Canadiens. Ils doivent saisir la différence entre les intérêts étroits des entreprises pétrolières et les intérêts plus vastes de la population. Nous croyons surtout que les gouvernements devraient songer à suivre le conseil de l'ancien premier ministre albertain Peter Lougheed qui avait déclaré que nous devons commencer à penser comme des propriétaires.
Les propriétaires responsables imposeraient un rythme plus raisonnable pour l'exploitation des sables bitumineux. Ils exigeraient la création d'emplois à long terme et des industries à valeur ajoutée. En outre, ils négocieraient de façon plus énergique pour obtenir des redevances équitables en échange de la vente des ressources publiques qui appartiennent à la collectivité.
Certains craignent évidemment que, si nous revendiquons plus énergiquement la création d'emplois à valeur ajoutée ou de plus amples redevances, on assistera à un déclin de l'investissement dans l'industrie. Or, nous sommes convaincus qu'il ne faut pas trop s'en inquiéter, simplement parce qu'environ 22 p. 100 seulement des réserves de pétrole disponible dans le monde sont ouvertes à l'investissement et aux activités de développement des pétrolières privées semblables à celles qui travaillent en Alberta. Et une bonne moitié de ces réserves se trouve en Alberta.
C'est ce que nous, du mouvement syndical, appelons le pouvoir de négociation. Des gens comme Peter Lougheed, Danny Williams, et même Sarah Palin, lorsqu'elle était gouverneure de l'Alaska, auraient quelques leçons à nous donner dans ce domaine. Ils ont adopté une approche musclée pour négocier la meilleure entente possible avec des compagnies du secteur de l'énergie, et celles-ci n'ont pas quitter la table. En fait, cet État américain et les deux provinces canadiennes en question ont profité d'une croissance rapide et d'une économie vigoureuse.
Au bout du compte, il est possible pour nous de monter dans l'échelle des valeurs pour créer des emplois, imposer un rythme plus raisonnable pour l'exploitation des sables bitumineux et faire en sorte que les Canadiens profitent de l'exploitation de ces ressources très importantes en obtenant à la fois des emplois et des redevances. Mais il faudra une volonté politique et une orientation différente de celle qui a été prise jusqu'à présent par le gouvernement actuel.
Je vous remercie.
:
En effet, beaucoup de choses entrent en jeu. Je suis d'accord avec vous.
Il y a beaucoup de potentiel, un vaste potentiel, comme je l'ai mentionné. Environ 35 p. 100 des ressources pétrolières et gazières conventionnelles qui restent au Canada se trouvent dans le Nord.
Divers cycles d'exploration ont mené à des découvertes majeures. Le taux de découverte a été passablement élevé, par exemple, dans le bassin Beaufort-Mackenzie. Une riche formation de schiste alimente l'important champ pétrolifère de Norman Wells, au centre de la vallée du Mackenzie. On explore actuellement le potentiel économique de cette formation schisteuse. On a découvert 19 gisements de gaz naturel dans les îles de l'Extrême Arctique, et des concepts ont été élaborés au cours des dernières décennies pour exploiter cette ressource.
Si vous me permettez de faire un retour en arrière, les groupes autochtones sont engagés très tôt dans le processus. Par exemple, parmi les Inuvialuits, les chefs sont très actifs et veillent à ce que leur communauté soit bien informée. Il n'est pas rare que l'industrie s'entretienne beaucoup plus avec les Inuvialuits qu'avec les gouvernements. Les Autochtones planifient pour conclure avec les compagnies des accords dans lesquels on intégrera la formation, les possibilités d'emploi et les occasions d'affaires.
Les intérêts du secteur privé, que ce soit pour l'exploration au large des côtes ou l'exploration des formations schisteuses, ont donc pris un important virage et la population locale est énormément mise à contribution. Non seulement on veut s'assurer de pouvoir profiter des possibilités qui s'offrent, mais on sait aussi qu'il faudra démontrer plus tard aux organismes de réglementation qu'on a tenu compte des préoccupations et qu'on a satisfait aux conditions de ce développement.
:
Les pertes d'emplois potentielles dans les secteurs de la valorisation et du raffinage sont vraiment ahurissantes. Nous avons engagé des économistes pour faire des évaluations et des prévisions. Rien que pour le projet de pipeline de Keystone XL, qui transporterait le bitume brut des gisements de sables bitumineux directement aux raffineries situées sur la côte du golfe américaine, nous avons estimé que si la même quantité de bitume était plutôt valorise et raffinée en Alberta, on créerait entre 30 000 et 50 000 emplois directs et indirects.
Si on examine la question sous un autre angle, il est, je crois, pertinent d'observer les projets à valeur ajoutée déjà mis en oeuvre en Alberta pour voir combien d'emplois ils permettent de créer. L'exemple qui me vient le plus rapidement à l'esprit est celui de Suncor, entièrement syndicalisé et dont les membres font partie de notre fédération. À Fort McMurray seulement, cette société emploie quelque 5 000 personnes, dont environ 3 000 travaillent directement à la valorisation. Ainsi, si on établit une mine sans usine de valorisation ou met en oeuvre des projets locaux à des fins d'exportation seulement, ce sont 3 000 emplois très rémunérateurs qui font vivre des familles et des communautés qui disparaissent dans le cas de Suncor.
L'augmentation de la quantité de bitume envoyé par pipeline aux États-Unis et en Chine a donc des répercussions sur des collectivités entières et pas seulement sur les personnes qui travaillent directement dans les raffineries et les usines de valorisation. Comme il s'agit de grands projets industriels, chacune de ces installations procure littéralement des milliers d'emplois dans les domaines de l'entretien et de la construction chaque année, et autant d'emplois chez les fournisseurs et les entrepreneurs qui leur offrent des services. Sans ces installations, il n'y a pas d'emplois d'exploitation ou d'entretien, ou d'activités indirectes. L'Alberta et le Canada essuient donc une perte économique énorme.
Pour ce qui est de redevances, je sais que les gens comme M. Calkins aiment balayer les arguments présentés du revers de la main et affirment que les entreprises n'investissent en Alberta et dans les sables bitumineux que parce que nous donnons les ressources. En fait, les sociétés pétrolières viennent en Alberta parce qu'elles peuvent faire de l'argent. Le prix du pétrole y est élevé, et comme on assiste à un tarissement des gisements à l'échelle mondiale, l'Alberta est l'une des rares régions où l'exploitation des réserves est rentable. Ainsi, que les redevances soient minimes, raisonnables ou même élevées, ces entreprises viendront quand même, car nous avons ce qu'elles veulent. Le monde entier convoite nos ressources, et notre gouvernement les donne tout bonnement sans même chercher à négocier.
Comme je ne suis pas certain de l'avoir clairement indiqué dans mon exposé, j'aimerais souligner...
:
Merci, monsieur le président.
Merci de témoigner, monsieur Chenier, madame Fortier et monsieur McGowan.
Selon moi, une bonne partie des grands discours qui fusent de partout ne sont pas particulièrement utiles aux Canadiens qui tentent de déterminer la meilleure manière de procéder.
Madame Fortier, le rapport intitulé Revue des forages extracôtiers dans l'Arctique canadien que l'office a publié en décembre dernier, dont il est question dans votre document, me donne l'impression que l'on s'est attaqué à un certain nombre de questions mises en lumière dans les 17 projets de recherche en cours dans le cadre de l'évaluation environnementale régionale de Beaufort, notamment les perpétuelles questions des évaluations environnementales. Vous avez poursuivi en soulignant les effets cumulatifs et de la préparation en cas de déversement d'hydrocarbures.
On s'entend généralement pour dire que le gouvernement conservateur a précipité la délivrance de certains permis il y a plusieurs années. J'avais, à l'époque, posé bien des questions exploratoires sur l'état de la technologie relative aux vessies de confinement de pétrole qui serviraient, par exemple, en cas de déversement dans la mer de Beaufort.
Dispose-t-on d'une technologie pouvant contenir un déversement dans la mer de Beaufort, reconnue pour ses eaux agitées? Pouvez-vous me nommer une technologie qui permettrait aux Canadiens se savoir qu'ils peuvent intervenir en cas d'accident?
:
Merci, monsieur le président.
Je ne fais pas partie du comité, mais je suis très heureux de participer à la réunion d'aujourd'hui pour discuter du sujet à l'étude. Comme je viens de l'Alberta, je reconnais l'importance des ressources naturelles pour notre pays, pour l'économie de ma province et pour l'économie nationale. C'est pourquoi je suis si heureux d'être ici.
Les sables bitumineux de l'Alberta génèrent actuellement environ 144 000 emplois un peu partout au pays. On prévoit qu'au cours des 25 prochaines années, ils en généreront environ 900 000 de plus. Cela signifie 2,1 billions de dollars en retombées économiques pour notre pays pendant cette période, et environ 766 milliards de dollars en recettes fiscales pour l'ensemble des gouvernements. Il s'agit évidemment d'une partie très importante de notre économie nationale, et elle ne deviendra que plus importante au fil du temps.
Évidemment, notre gouvernement s'est engagé à veiller à ce que nous exploitions cette ressource de façon sécuritaire, responsable, et durable. C'est très important de le souligner. Notre gouvernement comprend qu'il est important d'exploiter ces ressources dans le plus grand respect de l'environnement, et il y veille. L'industrie le comprend aussi, et elle déploie tous les efforts nécessaires pour y arriver. L'industrie des sables bitumineux est à l'avant-garde des innovations sur le plan environnemental, et elle veille à ce que ses ressources soient exploitées de façon très responsable. Je pense, par exemple, à l'Alliance pour l'innovation des sables bitumineux, et à certaines des choses qu'on envisage d'accomplir par son entremise; notre gouvernement encourage également ce type d'initiative.
Je dois dire que je suis un peu préoccupé, aujourd'hui, d'entendre un Albertain déprécier nos ressources. Il semble reprendre les allégations d'une autre Albertaine qui siège régulièrement au Parlement, à savoir Linda Duncan, députée du NPD à Edmonton.
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Merci, monsieur le président.
Je trouve qu'au fil des années, l'industrie pétrolière et gazière a évolué de façon intéressante. Il y a seulement quelques années, nous parlions d'importer du GNL en Amérique du Nord, et maintenant, un article que j'ai consulté sur mon BlackBerry parle d'un prix — et cela date un peu — de 2 $ par million de BTU. Les choses ont bien changé.
En tenant compte de cela, j'ai trouvé intéressant que dans votre exposé, vous ayez indiqué qu'en juin dernier, 11 nouveaux permis ont été délivrés en fonction de la valeur des travaux proposés dans les soumissions, laquelle représentait un engagement total de 534 millions de dollars sur cinq ans. Cela représente 100 millions de dollars par année, ce qui n'est pas beaucoup d'argent, à certains égards.
Cela m'a fait réfléchir. Quels sont nos forces et nos points faibles dans le Nord, lorsqu'il s'agit d'attirer l'industrie là-bas, en tenant compte du prix actuel? Si j'étais à la tête d'Encana ou d'une autre entreprise, je m'intéresserais aux zones schisteuses de la Pennsylvanie, du Texas ou de l'Arkansas, ou à quelque chose de ce genre. Je connais quelques-uns des points faibles du Nord. Par exemple, le climat est un peu rude. De plus, c'est loin des marchés. Quels sont nos forces et nos points faibles relatifs dans le Nord du Canada? Je vous demanderai ensuite ce que nous pouvons faire pour améliorer nos forces relatives.
Énumérez-moi nos forces, car j'ai cerné certains de nos points faibles, et si j'en ai oublié quelques-uns, n'ayez pas peur de me les préciser, le tout en 60 secondes ou moins.